WATCH EM BURN 5

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WATCH EM BURN 5
WATCH EM BURN
Zine post-marchand numero 5 gratuit
Chroniques
disques, concerts, livres
Interviews : Bokanovsky
Keny Arkana
Les Repentance’s Angels
(Rock Chrétien)
Fiche look tendance :
Les altermondialistes
altermondialistes
néonéo-hippies
Yo ! Bon c’est vrai que le numéro précédent était un peu à l’arrache, on s’en excuse
auprès de notre infidèle et tatillon lectorat. On a un peu refait le site internet
(http://watchemburn.c.la/) : les numéros précédents et les émissions radio sont désormais
téléchargeables (n’oublions qu’on est à Grignoble, obligés d’être hi-tech !). Dans ce
numéro, moins d’interview de groupes « sans message » mais plus de chroniques (avec
message subliminal quelquefois). On sait aussi que d’ordinaire il est de bon ton d’être
blasé de tout et de pratiquer le « mouais, bof… » sans vergogne, manque de bol une fois
encore on commet le crime d’avoir kiffé des trucs (groupes, skeuds, lectures, films) et
d’essayer de vous faire partager l’affaire… Et ça va pas aller en s’arrangeant. Un numéro
idéal pour vos fêtes de fin d’année, qui saura à coup sûr ravir vos invités sans passer par
la case « consommation » !
Trucs qu’on a écouté et plus + ou – aimé, à tel
point qu’on ressent le besoin viscéral d’en parler
(chroniques, quoi)
JOHN BALL – Society vs. Community
Voilà une belle surprise en provenance de République Tchèque (Tchéquie pour les
intimes), et plus exactement de la ville de Cesky Tesin, collée à celle de Cezyn, qui
elle est en Pologne, si bien qu’au détour d’une rue on passe la douane et on entre en
europe… Voilà pour le cours de géographie. Je sais tout ça parce que j’y suis allé,
et pas vous. Donc croyez moi. Alors à part ça, John Ball c’est du punk hardcore à
forte tendance emo, mais sans tomber dans les clichés, ce qui est balaise. Il y a
même un peu d’accordéon, c’est dire. En plus c’est énergique, bien ficelé, ça sent la
sincérité et cerise sur le gâteau, le son est nickel. Les visuels sont classes eux aussi,
genre gravures oranges sur fond noir. Les textes (retranscrits en tchèque, anglais et
russe, rien que ça !) sont dans la tradition DIY, politisés juste ce qu’il faut sans
qu’on tombe dans la récitation. Ces gens m’ont l’air d’une gentillesse incroyable, tout comme le pote polonais
qui m’a offert ce skeud. Pour preuve, cette phrase au dos du livret : how great can be the power of friendship ?!
for us and you. definitely with you. love. Je pense que c’est un disque pas super facile à dégoter dans le 3.8.,
donc le plus simple si ça vous tente, c’est encore d’aller faire un tour sur leur site http://johnball.wz.cz
DEFTONES – Saturday Night Wrist
Aller, pan ! Je me fends d’une chronique du dernier Deftones pour faire chier l’underground ! Car il est bien
convenu que du néo metal, personne n’en a jamais écouté, ou que les rares qui ont avoué leur faute ont été
pendus haut et court sur l’autel de la-musique-commerciale-pour-ados. Bien. Comme Watch’em burn a aussi
pour rôle de foutre sa merde, ne nous privons pas. Oui, Deftones a baigné mon adolescence. Pire : je suis
toujours fan, contradictions avec mon discours d’aujourd’hui comprises. Par exemple il y a cette pochette que je
trouve moche et un brin sexiste, il y a ces concerts dans des salles de 15000 places, il y a ces interviews moisies
dans la presse chewing gum style rocksound. Bon, il y a tout ça et bien d’autres reproches encore, ok. MAIS,
musicalement, ce « saturday night wrist » m’a une fois de plus scotché. Pas de bol ! Ont-ils un jour vraiment fait
du néo metal ? En tous cas au fil des années, Deftones a vraiment développé un son et un univers bien personnels.
Ça expérimente à tout va, du côté de l’electro, de la new wave, de la pop, même. Et toujours ce côté un peu
glauque, dépressif, nostalgique. Les lignes de chant sont proprement hallucinantes (on est en studio, là, hein,
parce que sur scène, y’a bien longtemps que ça vaut plus un kopeck). C’est un album qu’on trouve un peu louche
de prime abord, un peu bancal, et puis on y revient, et vers la 4/5ème écoute, ça commence à venir, comme pour
les deux albums précédents. Alors, quoi ? Je ne retournerai sûrement pas les voir en concert au Zénith mais je
pense que je m’arrêterai jamais de me mettre un bon vieux « be quiet and drive » (morceau de leur 2ème album)
les dimanches après-midi pluvieux, voire un « beware the water » issu de Saturday night wrist, tout en faisant du
« air singing » : « biiiiii ouèèèère ze wateur » !
CALAVERA – Spleen / Idéal
Un nouveau petit vinyle deux titres pour nos (notre ?) amis de Calavera, soit un long titre sur chaque face de ce
chouette 45 tours. Une pochette noire et blanche un brin chargée à mon goût, mais bon, là n’est pas l’intérêt
principal de l’objet. A l’intérieur on trouve bien évidemment les textes mais ils sont accompagnés de leurs
traductions en anglais et en espagnol : Calavera s’attaque au marché international, tremble 50 Cent, tremble !
Trêve de gaudrioles. Alors qu’ « Idéal » sonne comme du Calavera « classique », certains habitués pourront être
un peu dépaysés par la teneur de « Spleen ». En effet, le ton est beaucoup moins militant pour se tourner vers des
trucs plus introspectifs (comme Romain nous le confiait déjà dans l’interview
réalisée dans le watch’em burn n°3 – comment ça, on parle toujours des
mêmes ?!). Le flow et le beat se calment. On s’assoit, et on regarde (déjà) vers le
passé. C’est l’ami Piloophaz qui signe l’instru et on reconnaît bien sa patte :
ambiance lacrymale, une petite voix suraiguë qui traîne dans un coin, et un sample
de film qui respire la joie de vivre. Du coup j’ai une idée qui me vient, comme ça :
on se regroupe, à plein de gens, on attaque les locaux de skyrock, on pille tout ce
qui est recyclable avant de brûler le reste, et on reprend l’histoire de rap çaifran là
ou visiblement y’a eu comme un hic, t’as vu ? Vous me reconnaîtrez, je porterai
un t-shirt Calavera. Autant dire que j’aurai trop la classe.
NOIRS LES HORREURS démo 7 titres
Ca c’est un vieux groupe de Bordeaux. D’aucuns diraient qu’il est une mode pour certaines personnes (style
moi ?) qui tripent sur les groupes où s’époumone une jeune fille. Je pense que ce ne sont-ce que d’obscurs
mauvais racontars. Ma fois, je trouve ce hardcore bourrin fort sympathique et inspiré. Par ailleurs, on retrouve
quelques tubes, style deux, trois chansons. Qui restent bien en tête. Les textes sont « aériens » mais je trouve
(c’est mon avis, hein, tout le monde peut s’en foutre…) qu’ils vont bien avec la zique. Je redirais juste une
propension à faire des chansons un peu trop identiques au niveau de la base mélodique. Mais je chipote, quoique,
c’est mon avis alors je le dis…c’est comme ça. (y’a plus d’adresses qui marche, si tu le veux faut nous contacter)
LA HURLANTE
J’ai découvert La Hurlante sur scène, à la « Nuit de l’Anarchie », ce raout anar inabordable aussi fréquent que le
passage comète de Alley. Bon, c’est toujours mieux de jouer en soutien à la fédération anarchiste que sur le
podium cgt entre deux merguez à la fin d’une manif anti-cpe. Pas foncièrement mauvais, donc, les gens de La
Hurlante. Musicalement, c’est… du rock. Rien ne sert d’aller chercher trente mille qualificatifs. On pourrait peutêtre dire « rock français » (les textes sont écrits en français et la voix mise pas mal en avant, ce qui nous
rapproche même de la chanson « à texte », justement), mais ça ferait un peu vieillot, voire nationaliste ! On pense
par moments à Noir Désir, en particulier au niveau de certaines envolées vocales, comme dans le final de « le
geste et la parole » en compagnie de Jean de Un Tondu Un Chevelu. Au niveau des thèmes abordés, on retrouve
les classiques libertaires, mais tournés d’une façon légèrement plus poétique que si on avait affaire à du crust
vénézuélien. Il me semble que ce nouvel album est tout de même plus incisif que ce que j’ai pu écouter par le
passé. Les guitares se permettent quelques riffs bien plombés, par exemple dans « parler de rien », une
instrumentale à l’intro vaporeuse qui déboule sur un riff bien gras, puis sur une partie tendue à souhait, élue
meilleur riff de l’album. La quasi omniprésence d’arrangements de cordes apporte des sonorités malsaino-tristotragiques bien senties qui plongent le tout dans une froideur perpétuelle. En somme tout cela est fort bien fait,
certes, mais ça manque un peu de piment, et on reste dans quelque chose de finalement assez sage et policé.
PAVLOV
Quoi ?! Pavlov ont sorti un skeud et moi je n’étais pas au courant… En attendant de voir sur scène dans nos
contrées ce groupe de Montceau-les-Mines, je devais me contenter de deux morceaux sur le split vinyle Pavlov /
Chachi Arcola / Krap Nek / Booter. Autant dire que j’ai redécouvert l’expression « rester sur sa faim ». Une
petite visite au Lokal Autogéré et hop, je tombe sur l’objet tant désiré au détour d’un bac (ce qui en soi suffit déjà
à justifier l’existence de ce lieu). C’est la pochette qui m’attire en premier : épurée et explicite à la fois, tout ce
que j’aime. En regardant la chose de plus près on se rend compte qu’il s’agit d’un pliage tout bête, habillé d’une
sérigraphie tout ce qu’il y a de plus chouette : un homme dont les jambes sont des « racines » rampe en léchant
une ligne tracée au sol… Bon, passons à la zique (gravée sur cd-r : artisanat is the only way !). Emocore à foison,
les amis ! Des morceaux courts, et bien rapides, ça hurle, et ça sent le désespoir à plein né, une sensation
confirmée par un détour par les textes : la désillusion – la lucidité diront certains - est
au rendez-vous. Les chœurs, scandés ou hurlés, en remettent une couche. Mais ne
pensez pas que ces gens ne savent qu’envoyer le bois ! On a effet le droit à des
respirations salutaires sur certains titres, comme la fin groovy et chaleureuse à souhait
de « la meilleure arme ». Je voudrais bien trouver des saloperies à dire sur ce disque,
mais… Ah, si : seulement 5 titres, c’est l’arnaque, bande de flemmes ! Et puis peutêtre aussi que ça mériterait une production un peu moins roots, genre à l’américaine,
enregistré par Steve Albini et mixé par Alan Douches. Euh… diable, je m’égare…
Tout ça pour dire que Pavlov n’est pas que ce scientifique mort et sa théorie sur les
réflexes conditionnés, Pavlov c’est aussi un groupe qui tue, et qui en plus fait ça en
tout humilité. Des gentlemen pour ainsi dire.
CHAROGNE STONE - démo 7 titres.
Bon ben ça on la reçu pour la radio. Alors on en parle, ben c’est du bourrin que les plus lucides d’entre vous se
rappelleront avoir vu au 102 l’année dernière. Bon un peu remarquer une subtile finesse grindo-hardcoroschmurz. C’est pas mal trouvai-je, quoique guère original plus que ça, mais bon c’est très bien fait au niveau
technique. Bon peu de nouveauté et d’innovation en fait. ([email protected])
BLUE SKYBLACK DEATH presents THE HOLOCAUST – Babygrande 2006
Voici la grande surprise de cette fin d’année dans l’antre du hip hop ricain indépendant ! Il s’agit d’un projet
construit autour du duo de producteurs californien Blue Sky Black Death et du rappeur Holocaust déjà connu
sous le nom Warcloud, pseudo sous lequel il a déjà sorti deux albums particulièrement barrés. A noté que ce
dernier est
membre des West Coast Killa Bees (groupe affilié au Wu Tang) et qu’il est auparavant apparu au cotés de RZA
dans son projet Bobby Digital In Stereo et sur l’album Dirty Weaponry de Killarmy (rien que ça…). Concernant
The Holocaust, on a ici affaire à un disque d’une musicalité et d’une ambiance tout bonnement incroyable ! C’est
sombre, lourd, organique mais tout en finesse. La plupart des morceaux sont de conception plus que classique sur
le papier, c'est-à-dire violon/piano. Seulement cette formule que l’ont croyait périmée depuis perpet’ est
totalement remise au goût du jour par notre duo qui s’impose d’ores et déjà comme une valeur plus que sure de la
scène indé américaine. Concernant le coté vocal de l’album, on retrouve une voix d’outre tombe, nerveuse mais
rarement agressive, digne d’un conteur totalement plongé dans son histoire sans se soucier de son auditoire. C’est
en effet l’autre particularité de ce projet, les lyrics sont totalement abstraits même pour les anglophones, et
reposent sur des histoires sinistres, violentes et morbides. Ce qui en fait un cd plus que difficile d’accès pour les
aficionados de rap à texte mais de très, très grande qualité et d’une richesse hors du commun pour ceux qui
s’intéressent à la musicalité particulière proposée par le hip hop. Un album atypique et d’une qualité trop rare
pour passer a coté. À écouter absolument quitte à devoir sauter quelques repas pour se l’offrir….
ENVY – Insomniac Doze
Je l’ai dit à la radio (mais qui l’as écouté ???) et je le redis ici : Envy est le groupe qui a réussi à me faire pleurer
4 fois en un set de 45 minutes, qui plus en plein milieu d’un festival de grosses brutes. Pour les étourdis, je
rappelle qu’il s’agit d’un groupe japonais, et que c’est ce qu’on appelle du « screamo », variante de l’emocore
alternant passages tout doux et furibards (pour faire vite). Autant dire qu’on est bien loin des premiers
enregistrements du groupe, qui donnait à l’époque dans un punk hardcore pas des plus originaux. Pour
« Insomniac Doze », on lorgne même du côté du post hardcore (vague Isis / Cult Of Luna), voire du post rock
(vague Mogwaï, d’ailleurs c’est pas un hasard si le skeud est sorti sur le label dudit groupe). Les tempos
semblent se ralentir encore un peu plus que sur l’album précédent et on se prend moins de breaks monumentaux
au profit d’ambiances limite cotonneuses. Certains passages me semblent d’ailleurs verser un peu trop dans le
sentimentalisme (on frôle le kitschounet façon B.O. de la scène de rupture du 5368ème épisode des feux de
l’amour…). Est-ce l’influence néfaste d’une surdose de karaoké japonaise ? Je ne sais. Sinon, pas d’énorme
surprise, on reconnaît Envy au bout de quelques secondes d’écoute. Le chant en japonais, sur des textes plutôt
« poétiques », est toujours faits de chuchotements et de hurlements, y’a toujours les riffs de gratte d’une beauté
rare (4 fois j’ai pleuré, 4 fois !), le son est très très très (trop ?) propre, mais bon, sachant qu’ils ont pratiquement
le même sur scène avec 14 secondes de balance, je me vois mal leur reprocher ça (4 fois les larmes aux yeux,
mec !). Bon, l’ « artwork » n’est pas des plus aguichants non plus, mais retenez surtout que cet album est BIEN,
et qu’il s’adresse en priorité, c’est vrai, à ceux qui n’ont pas pu s’empêcher de verser une larme (ou 4) quand le
Docteur Green est mort (dans Urgences).
MEDEF INNA BABYLONE - requiem pour un baron
On tourne dans le folkpunk toulousain. Moi, je trouve que ça a la classe. C’est musicalement bien foutu avec des
paroles abordant des sujets intéressants pas toujours optimalisées mais bon….. Bon, mon avis est que les
explications sont mieux que les paroles proprement dites. Y’a aussi des pistes DVD avec un clip très drôles mais
bon, ils auraient pu éviter le « making off », super consensuel…….ah la la….mais ça vaut le coup.
(medef inna babylone / 20, rue Jean micoud 31500 toulouse / www.medefinnababylone.com)
DRAFT – slow motion suicide
Difficile d’émettre un avis tranché (ce qui est peut-être plutôt bon signe,
finalement…) concernant ce groupe en provenance du Havre. C’est de l’emocore
pur jus, ça, y’a pas de problème. Ou plutôt, c’est bien ça le problème : avec cette
mode – déferlante emo, comment sortir du lot ? D’ailleurs de nombreux aspects
paraissent un peu « téléphonés » chez Draft : la bio grandiloquente, la photo promo
dans le hangar désaffecté, les titres de chansons ironico-insensés ou encore le chant
faussement geignard par endroits… On a souvent l’impression d’être en terrain
(trop) connu. Par contre, il y a un truc bien original au niveau de la gratte : les 90%
de l’album sont en son clair, et là où les autres alternent poussivement passages
calmes et tempête saturée, Draft se distingue en proposant ce plan bien particulier,
frais et énergique, sans avoir besoin d’un mur de son. Sinon, ça braille en anglais (dommage, j’ai toujours un
faible pour les textes en français, plus risqués) sauf sur le dernier morceau, « spleen », qui du coup dénote un peu
avec ses grosses guitares et son intro au piano un brin too much. Alors, bon, pour se faire un avis définitif, le
mieux serait de les voir sur scène, et il parait qu’ils tournent au mois de décembre. PS : par pitié, laissez tous
tomber myspace, ce truc pour ado qui engraisse un milliardaire fasciste. Merci.
GORBATCHEVS – From neoliberalism to totalitarian capitalism
Alors, comment definir la zique de Lost Gorbatchevs ? Sur le flyer c’était marqué
« anarcho jazz », et c’était pas con. Le groupe est en effet formé d’un batteur, d’un
saxophoniste et d’un contrebassiste, quelquefois accompagnés par un guitariste, et
puis sur ce disque il y a aussi quelques bidouilles électroniques. Sur scène ça
défouraille grave et c’est complètement inclassable : ça va du jazz classique aux
envolées free jazz façon John Zorn en passant par des passages carrément metal,
voire le grind. Jouissif, donc. Les titres des morceaux sont géniaux (« jazz snob
system shit », « madonna serves imperialism »…) et bien engagés. Ils ont leur
propre label (« let’s go to war », dont le logo est… un espadon). Ah, et, ils sont
portugais. Bon, sur skeud c’est moins fendard que sur scène, mais ça vaut quand
même le détour ! www.letsgotowar.com
GRAVEDIGGAZ – 6 Feet Deep, 1994
Gravediggaz est un groupe formé sous l’initiative de Prince Paul (le fameux producteur se cachant derrière les
instrumentales de 3 Feet High and Rising de De La Soul entres autres – pour la petite info sachez que c’est lui
qui à inventé le « skit » aujourd’hui présent sur la plupart des albums de hip hop) et composé de RZA du Wu
Tang Clan, de Poetic et de Frukman. Gravediggaz se présente alors comme le premier groupe à pratiquer un
style bien particulier de hip hop : j’ai nommé l’horrorcore, qui plus tard engendrera de nombreux adeptes tels
que Necro, les Flatlinerz, ICP ou encore Piloophaz dans nos contrées. Un hip hop à base de samples morbides,
inspiré par l’ésotérisme, les allégories religieuses ou violentes servant de véhicule à un message beaucoup plus
profond enfoui sous cette débauche d’imagerie macabre. En effet il est question ici des thèmes récurrents et
« habituels » du hip hop dit conscient : drogue, pauvreté, exclusion, crime…. habilement dissimulés derrière un
univers percutant, voire choquant (allez voir les clips sur youtube.com), le tout agrémenté de paroles poétiques et
du charisme incontestable des membres du groupe (RZA, vraie légende du rap y pose ici certains de ses couplets
les plus agressifs de son immense carrière). Malgré tout ça, 6 Feet Deep reste un album bizarrement assez funky
donnant un certain coté très esthétique à la violence exacerbée du concept. Inutile de préciser que cet album est
un monument, dont le moment reste pour moi le titre Diary Of A Madman (en featuring avec Shabazz The
Disciple, affilié au Wu Tang), contant le procès d’un tueur qui brûle ses victimes sous l’influence du démon.
Morceau choisi :
« Je suis un témoin, quand j'exerce mon exorcisme
C'est le Malin qui se cache en mes pêchers, pratiquant son terrorisme
J'suis possédé par des esprits mauvais, j'entend la mort et ces plaintes
J'arrive avec le fossoyeur, la tête pleine de craintes
J'ai été examiné avant ma naissance
Ils ont pris un sonogramme et ont vus l'image du démon
Quand je suis né, les nourrices m'ont posées sur des épines
Et m'ont administrées les maladies du Mal
J'ai grandi en enfer »
partenaire de watch’em burn ce mois-ci !
Encore une interview à l’arrache, donc encore une fois les mêmes questions 110% originales. Mille
excuses à toi, lecteur amateur questions pièges et d’envolées lyriques. Le samedi 25 novembre j’étais
à La Colo, au Percy (ceux qui ne connaissent pas encore ce squat à canards – pour les animaux et
pour le froid – sont des barbares). Y’avait Abhora, Fuck da Tourist, les allumés de J’m’en Fous et
Bokanovsky, groupe toulonnais que je qualifierais de screamo (parce que je kiffe les étiquettes), formé
de gens diablement sympathiques qui nous ont envoyé en dernière partie de soirée un set dévastateur
(malgré les 37 cordes pétées, thème officiel de la soirée). Une musique intense, intelligente et
viscérale. Du coup, magnéto le lendemain matin pour marquer le coup :
Tout d’abord, depuis combien de temps jouez-vous ensemble, et qui fait quoi dans le groupe ?
Pierre : Je m’appelle Pierre, bassiste.
Clément : Alors ça fait un an qu’on joue ensemble, et moi c’est Clément, guitare.
Romain : Et moi de la batterie.
Cédric : …. Ah, et euh, Cédric, chant.
Je crois que vous avez un skeud en préparation.
P : Oui tout à fait ! On va aller enregistrer avec quelqu’un que nous ne connaissons pas mais qui a
enregistré des potes à nous. On va faire ça sur Marseille d’ici 15 jours / 3 semaines. Et c’est pour faire
un split avec un groupe lituanien qui s’appelle TESA.
R : Un groupe letton !
D’où sort le nom de votre groupe ?
R : En fait c’est tiré du livre d’Aldous Huxley qui s’appelle « Le Meilleur des Mondes ».
Cé : Que personne n’a lu…
P : Si je l’ai lu !
R : Et en fait, Bokanovsky c’est le procédé, comment dire…
P : C’est un procédé de division cellulaire qui permet à un ovule d’en produire un nombre, je crois que
le maximum c’est 17000 et quelques ovules similaires.
Cl : En vue d’une uniformisation du genre humain par classes.
P : Exactement, avec des classes alpha, beta…
Cl : Et des classes qui définissent ta place dans la société, avec ceux qui travaillent, etc.
Et au niveau des textes ?
P : Alors ça parle d’amour, ça parle de quand le chanteur s’est fait plaquer, quand notre chanteur a eu
du mal, parce qu’il a eu du mal d’être plaqué (rires).
Cé : Pas du tout !
Serait-ce emo !?
P : Non, du tout, du tout !
Cl : Plus sérieusement…
P : Plus sérieusement ça parle un petit peu de ce qui fait chier un petit peu tout le monde, y’a pas
forcément grand-chose d’original. On s’inscrit un peu dans une vague anti-cléricale, anti-mondialiste,
contre l’homophobie et le sexisme, anti-capitaliste… sans forcément y croire (rires). Les sujets peutêtre un peu bateaux mais qui sont quand même d’actualité.
Et du coup là vous êtes en train de faire une petite tournée…
(rires)
R : Ben vraiment petite alors !
P : Une tournée du weekend !
Ah bon, pardon (encore une preuve que watch’em burn est à la pointe de l’investigation, loin
devant Al Jazeera). Alors qu’avez-vous pensé du concert d’hier soir, par rapport peut-être aux
autres concerts que vous avez fait avant ?
P : Alors moi le premier groupe j’ai détesté ! (rires, ndlr : il se trouve que l’intervieweur mystère officie
dans ce premier groupe).
R : Le chanteur est nul !
P : Putain quel poseur, celui-là, en plus il explique ses textes, c’est nul ! (rires) Franchement je trouve
qu’on s’est tous bien éclatés, y’avait franchement que des bons groupes, c’était franchement
absolument nickel, un public qui était réceptif, attentif, super ambiance, tout le monde avait le sourire.
C : On a juste fait fuir tout le monde quand on a joué.
Et tout ça malgré les moult pétages de cordes !
R : Alors là je tiens à dire que pour une fois c’est pas moi qui ai merdé, j’ai pas perdu de baguette, j’ai
pas cassé de baguette, j’ai pas publié de partie, donc cette fois je devrais rien me prendre dans la
gueule.
Sinon, j’ai cru comprendre hier en discutant un peu qu’à Toulon, y’a beaucoup de gens dans le
trip hardcore tough guy. Du coup qu’est-ce que vous pensez de cette ville et comment vous
vous sentez là-bas, dans la scène musicale locale ?
Cé : A part, on se sent à part.
Cl : On se sent esseulés.
P : Ben disons que c’est une scène qui est à priori surtout fondée, en tous cas on va dire l’autre
pendant punk hardcore, est surtout fondé sur l’égocentrisme des groupes et la capacité que peut
fournir un groupe à se taper des minettes et récolter de l’argent pour se payer des instruments.
Cé : Y’a un exemple c’est les « rois du rock », Ils font ça tous les ans, ils organisent des concerts, et
l’entrée est…
P : L’entrée à 10 euros
Cé : Dans une salle…
P : Avec des agents de sécurité et tout, c’est pas super tu vois, donc nous on se sent un peu à part au
milieu.
Cé : Et nous quelquefois on organise des concerts sur Toulon, quand on organise on joue pas
forcément, et y’a des gens qui viennent qui râlent parce que c’est 3 euros, ils veulent pas payer parce
que c’est dans un bar, alors qu’on explique, alors qu’il vont aller voir leurs potes jouer dans une autre
salle pour bien plus cher…
Serait-ce sectaire, comme dans toutes les villes ?
P : Nous justement on essaye de faire un truc un peu différent, on va essayer d’en parler un peu sur
des tracts ou des choses comme ça, expliquer aux gens qui viennent aux concerts pourquoi 3 euros,
pourquoi on part sur une base de non profit, que tout est intégralement reversés aux groupes, pour
payer l’essence etc. Voilà, toutes ces choses-là et puis essayer de faire changer un peu les mentalités,
qui est a priori plutôt une mentalité sud qu’une mentalité purement toulonnaise, c’est ce que je disais
tout à l’heure, toujours l’égocentrisme et le profit, voilà pour la scène du coin.
Cé : Et il trippent sur les gamins qui se foutent sur la gueule, pfff…
Mouais, charmant… Bon dernière question par rapport à la longueur de votre set, qu’on peut
qualifier de court mais intense, est-ce que c’est volontaire, que vous n’avez pas envie de jouer
beaucoup de compos, ou que vous n’en avez tout simplement pas beaucoup ?
P : Je pense que c’est basé sur nos capacités sexuelles en fait (rires).
Intense et court ?
P : Surtout court !
Cé : C’est bizarre parce qu’on a un morceau qui parle de sexualité et c’est le plus long ! Non c’est
parce que…
Cl : On met du temps à composer.
Cé : Voilà, on est pas super rapides, et on a des vieux morceaux mais on les joue plus parce qu’ils ne
nous plaisent plus.
P : À partir de cet été en fait, tous les morceaux on les a virés et on est repartis à zéro. C’est vrai qu’on
est assez denses, pour nous tous c’est le premier groupe sérieux dans lequel on joue, et qui demande
du travail, et même si ça s’entend pas forcément on est relativement exigeants (rires). Après le côté
court et intense finalement ça nous déplait pas puisque physiquement on aurait du mal de faire plus
(rires).
Ok, bon, si maintenant vous voulez vous servir des médias pour un quelconque message…
R : Alors si vous retrouvez un ballon en mousse, il doit faire 30cm, il est plutôt jaune et il doit traîner
dans la région grenobloise…
P : Juste, c’est cliché mais moi j’aimerais bien encore remercier tous les gens de la Colo en fait, parce
qu’on a vraiment reçu un accueil énorme, on se rend compte de ce que ça peut être quand on
organise quelques dates, c’était franchement parfait, ça donne envie de se bouger, ça donne envie de
revenir, appel aux organisateurs (rire) ! Par contre on a pas de chaînes dans la voiture, donc on évite
l’hiver.
En tant qu’ intellectuels nous lisons énormément, et
vous feriez bien d’en faire autant
(si vous voulez être médecin ou avocat ou juste pour tuer le temps)
POURQUOI FAUDRAIT-IL PUNIR ? Sur l’abolition du système pénal Catherine Baker
Avant de parler du texte à proprement parler, quelques petites précisions autour de ce bouquin. Il est édité par
« tahin party », qui me semble être une crèmerie plus que conseillable. En effet, en bas de la première page, on
trouve les mentions suivantes : « pas de copyright pour le texte » et « le photocopillage tue l’industrie du livre, le
plus tôt sera le mieux. ». C’est assez rare pour être souligné, surtout quand on n’a pas affaire à une simple
brochure mais un « vrai » livre. Bref. Que nous raconte Catherine ? A l’aide de cinglants exemples et d’une
réflexion joliment poussée, elle démonte en moins de 200 pages l’idée même de punition, ou de « peine » comme
on dit au tribunal. Après avoir expliqué et taillé en pièce les principales positions idéologiques des défenseurs de
la prison, elle avance toute une série d’arguments qui permettent de déplacer la question actuelle du « comment
punir » à celle du « pourquoi punir », et là, d’un coup le débat s’élève d’un cran, et ça fait un bien fou. Au-delà
même d’un plaidoyer pour l’abolition de la prison, il s’agit ici de démontrer que c’est l’idée de base, celle de
« punir » qui est absurde et que la punition est avant tout une vengeance, une humiliation sociale. Donc, même
pour entrer légèrement dans la logique de ses défenseurs, on voit mal comment cela pourrait être « productif ».
Ne vous attendez pas par contre à trouver dans la suite du bouquin le plan I) II) III) de la-société-idéale-sanspunition, Catherine Baker se garde heureusement bien de nous le donner. Elle pose juste des questions qu’on a
pas l’habitude de croiser en les agrémentant de descriptions de situations tristement réelles qui montrent qu’elle
connaît bien le sujet – l’univers carcéral, entre autres. Et pour cellzéceux que ça intéresse, à la fin du bouquin,
y’a l’adresse d’un site de discussion autour de tout ça : http://abolition.prisons.free.fr et sinon, des prisons à
attaquer, y’en a partout autour de nous, qu’elles soient étatiques ou mentales…
Perpétuités, le temps infini des longues peines de Anne-Marie Marchetti
Voilà un ouvrage sociologique un peu à contre courant des pavés en vigueur, souvent remplis d’un charabia
élitiste. Anne-Marie Marchetti est allée rencontrer dans les prisons les « longues peines », ces individus dont la
justice a figé l’avenir. Nous rencontrons diverses personnes, hommes ou femmes qui racontent leur quotidien
carcéral, leurs angoisses, leurs regrets, leur devenir. Assassins, violeurs, prisonniers politiques… malgré les
étiquettes, tous seront écoutés et tous auront des choses à raconter. Anne-Marie Marchetti se livre, elle aussi,
dans des petits carnets de bord rédigés au fil de l’enquête et de ses rencontres. Elle y raconte son appréhension à
parler avec certains détenus, son rapport à la prison et ce témoignage décalé et inattendu en sociologie rompt
avec le discours hypocrite qui prône la plus absolue objectivité. Loin de décrédibiliser son enquête, cette sincérité
de la chercheuse éclaire l’ouvrage, le rend plus humain et plus accessible. Il faut s’attendre aussi à une lecture
violente, dans le sens où l’on ne sort pas indemne de Perpétuités. La prison n’est pas une « colonie de vacances »
(comme je l’ai récemment entendu sur les ondes) et les conditions de vie sont dégradantes, odieuses, sinistres.
On comprend bien en lisant ce livre que la prison n’est que la continuité logique d’une misère sociale, matérielle,
bien organisée hors les murs et souvent à l’origine de l’incarcération. Il ne s’agit pas là d’un raccourci réducteur.
Et comme le dit Gabriel Mouesca (La nuque raide), tous les prisonniers incarcérés sont des prisonniers politiques
si l’on prend en considération les raisons profondes qui les ont conduits à la « déviance », à la « délinquance ». Il
n’y a plus rien à ajouter, si ce n’est de comprendre les enjeux politiques de la prison pour mieux l’attaquer.
Noveccento : pianiste…pour débuter avec Baricco
Noveccento, c’est un pianiste virtuose qui joue des notes qui n’existent pas.
Noveccento, c’est un pianiste qui n’est jamais descendu du bateau où il est né et où il joue tous les soirs pour les
passagers.
Noveccento, c’est un pianiste étrange, un homme doux et pensif, un homme mystérieux qui goûte à la vie par
procuration, à travers les yeux des hommes et des femmes qui prennent le bateau pour rejoindre l’Amérique.
Noveccento, c’est un petit bijou de littérature, un minuscule roman qui, le temps de quelques pages, nous
emmène ailleurs jusqu’à nous abandonner brusquement au milieu de caisses de dynamites et d’un pianiste
déterminé.
Noveccento, c’est un avant goût…car une fois découvert, Alessandro Baricco nous offre d’autre morceaux de
poésie, glissées au fil des pages de Océan Mer ou de Château de la colère, comme un rêve cousu sur le papier. Et
l’on découvre alors une multitude de personnages, tous plus fous et attachants les uns que les autres, qui gravitent
dans des mondes parallèles. Des romans pleins de poésie donc. Mais de niaiserie, point. De pudeur, point. Juste
une finesse des sentiments et des émotions narrées à même le corps.
Et toujours sur la prison…
Puisque visiblement c’est chroniques spéciales prisons ce mois-ci, autant en rajouter une couche et parler d’une
brochure que j’ai trouvé très intéressante : La désobéissance en prison :
Celle de l’AP (Administration Pénitentiaire) et celle des détenus ; petits arrangements et conflits de vie ou de
mort. On apprend que dans l’institution totale carcérale, les petits gestes n’ont rien d’anodin et que la
désobéissance s’illustre par bien des manières. Cela va de la négociation détenu – gardien aux émeutes, en
passant par tout un tas d’actes individuels ou collectifs qui permettent la survie (enfin pas toujours…) en prison.
Et la désobéissance concerne aussi les gardiens qui se réservent des marges de manœuvres pour leur propre
intérêt ou plus largement pour maintenir la « paix sociale ». (Cette brochure se trouve sur infokiosques) A lire
aussi le témoignage de J-M Rouillan, Je hais les matins, qui livre le quotidien d’un prisonnier politique, entre
résistance physique et psychologique face à la machine pénitentiaire. Et tant que nous y sommes, je conseillerais
aussi de lire La grande maison de Michèle Sales qui relate son parcours d’intervenante « éducatif » en prison,
dans toute sa complexité et ses paradoxes. Témoignage très sincère, donc, entrecoupé de portraits et de situations
souvent tragiques. C’est un petit livre qui se lit rapidement mais dont on ne se défait pas facilement.
REPORTAGE AU PAYS DU NEOMETAL
(par un ex néometalleux : anarchopunks, fuyez maintenant) :
Hedpe + Sikh + Keisha + Douze 33 – Le CCO de Villeurbanne – 31 mars
2006
Tout d’abord commençons par dire que nous n’avons pas pu voir les premiers groupes (étant arrivés juste à la
dernière note du concert de Sikh) vu que notre pilote officiel était à coté de ses converses d’emo boy ce soir la.
Déjà, la salle est pleine, ce qui fait plaisir au neo metalleux nostalgique que je suis de savoir qu’il y a encore un
public pour cette scène oubliée et jadis oh combien effervescente…
Première anecdote, le roadie du label versus demande au souncheck de monter le son du micro car il semblerait
que ce soir, Jahred aie une petite voix… Dj Product, qui n’a pas changé d’un poil (look de vagabond et grosses
lunettes noires) débarque alors pour installer ses platines et la, le concert commence enfin ! Jahred, plus
menaçant que jamais avec sa casquette et son bandana sur la bouche à la manière des gangstas, entame le set par
un petit rap inédit précédant le titre The Truth (extrait du dernier album en date) et ses hurlements en intro ! et
dire qu’il était censé en chier vocalement… Que nenni ! le frontman d’ Hedpe se révèle être alors un des
chanteur les plus bestial dans ses cris qu’il m’aie été donné de voir, sans compter qu’il est également un rappeur
hors pair (ce qui fait souvent défaut au néométal). Les titres s’enchaînent sans se ressembler, on aura entre autre
le droit à Dangerous (sur Blackout) et Killing Time (que le groupe à foiré en milieu de concert pour la refaire en
rappel), un titre du premier album (non, ce n’est pas Serpent Boy) ainsi qu’une majorité de titres de Only In
Amerika.
Ils joueront également un petit reggae que sera entrecoupé d’une altercation entre Jahred et un spectateur qui
semblait ne pas apprécier le groupe (et qui le montrait on ne sait comment)… Jahred s’adressera alors
directement à lui en le sommant de sortir de la salle s’il n’aime pas la musique, et il obtiendra satisfaction !
Grand moment il faut le dire ! Le groupe reprendra ensuite le titre Wake Up de…. Rage Against The Machine,
mais oui ! Puis fera scander un « fuck pop music » au public ainsi que de nombreux « hey ho » ou « wohohoho ».
Hedpe s’est alors montré particulièrement proche de son public ce qui ne déplaira à personne, et n’avaient en
aucun cas une attitude de rockstars malgré le statut de légendes que beaucoup leur confère (comment oublier
l’album Broke ?)
C’était un concert monstrueux, bien qu’un peu court (environ une petite heure) mais très énergique. Jahred est
encore une fois un Mc / hurleur incomparable, Dj Product quand à lui était totalement barge (il dansait n’importe
comment sur scène la plupart du temps). On ne regrette pas nos vingt euros, ça c’est sur !
LES REPENTANCE’S ANGELS
Formé sur une idée folle survenue en plein
catéchisme, autour de Marie-Aldeberte De La Roche
Guenièvre (piano) et François-Xavier Galouzeau de Villepin
(vocaliste), bientôt rejoints par Bogdan Popescu (guitare
sèche), jeune immigré d’origine roumaine recueilli par la
famille De La Roche Guenièvre, le groupe voit le jour en
1995. Animés par la volonté de redynamiser l’église
catholique dans une optique prosélyte, nos trois jeunes
missionnaires en herbe décident de créer un groupe de rock
chrétien : les Repentance’s Angels. Grâce à la
compréhension de l’abbé Tadine, qui les a rapidement « pris
sous son aile », ils peuvent répéter dans la crypte de la cathédrale Maria
Magdalena. Ils se lancent ensuite, à bord de la 2CV de fonction de l’abbé,
dans une tournée triomphale des aumôneries des lycées privés de leur Haute
Vendée natale. Repérés lors d’un concert sauvage de soutien à l’association
« SOS Tout-Petits » par Philippe De Villiers, ils sont propulsés sous les feux
de la rampe pour assurer la première partie du meeting de Christine Boutin à
Chollet. C’est un énorme succès. Ils déclarent à l’époque : « Jésus lui
répondit : je te le dis en vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis.
Verset 43 ». Militants de la première heure d’un renouveau de l’intégrisme
assumé, ils assurent ensuite une série de concerts dans le cadre des
Journées Mondiales de la Jeunesse, ou leur premier album « Abstinence, vin
de messe et rock’n’roll » rencontre un franc succès commercial. Il n’est pas
rare alors que certains spectateurs entrent en transe extatique, subjugués par
la force du message, inspiré par les versets les plus « endiablés » de l’ancien
testament. L’année 2002 va marquer un tournant dans la carrière du groupe,
et c’est à cette époque qu’ils entament une tournée internationale et nouent
une amitié sans faille avec Les Petits Chanteurs à la Croix de Bois
(notamment le jeune Quentin, le chouchou de Bogdan). Il enregistrent alors
leur troisième album qui se détache clairement de leurs influences principales,
les groupes Glorious et Vae Victis. Il n’est pas étonnant alors que, quand on
les questionne sur leurs choix de vie, ils manifestent une pieuse ferveur et
s’exclament : « Car quiconque observe toute la loi, mais pèche contre un seul
commandement devient coupable de tous. Jacques : 10 ». Malheureusement,
les meilleures choses ayant une fin, une sombre histoire de consommation
hors mariage a couvert de honte Marie-Aldeberte, l’obligeant à se retirer dans
un couvent de Sœurs Bénédictines où elle compte bien expier ses pêchés,
tout en continuant à prêcher sur un ton rock’n’roll…
- « Ponce Pilate brûlera en enfer (comme tous les méchants) », 1996, autoprod
- « Abstinence, vin de messe et rock’n’roll », 1998, Soubirou Records
- « Remplissons le tronc » (compilation de soutien à la paroisse de Pouilly-les-Nonnins pour la
réfection de l’abbaye de St Paul), 2002, Canonisation Productions
- Et le nouveau concept album en collaboration avec les Petits Chanteurs à la Croix de Bois : « Les
pédés
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FICHE LOOK TENDANCE NOEL 2006
Je m’habille comme…
---------------------------------------------------Yeah ! On va enfin pouvoir
acheter plein de merdes
qui vont encombrer tout
le monde et faire fumer
C’
C’est
çca l’
l’esprit de noël !
notre carte bleue.
Le 15 décembre y’avait un concert de Keny Arkana au… Drac Ouest. C’est donc après avoir bravé les
130000 vigiles que l’on vous raboule cette interview qui s’est avérée fort sympathique. La rappeuse
marseillaise est vraiment montée sur 220 volts et même après un long concert, elle nous a longuement
répondu sur son rap, ses engagements…
La première fois que je t’ai vue sur scène, c’était quand tu es venue à Grenoble la dernière fois.
Ce petit concert convivial…
Et du coup c’était dans le cadre de la lutte contre Minatec, et c’était un petit concert entre « militants ». Je
voulais savoir si ce genre de concert de soutien ça te tenait à cœur.
Ouais, à fond. A choisir entre faire un gros festival et un petit concert de soutien, c’est clair que je préfère le petit
concert de soutien, quoi. Moi dans mon état d’esprit un artiste c’est fait pour mettre son art « au service de »,
donc dans cette perception là, forcément je suis contente quand je me sens « utile » ou utilisée par des « vrais
gens », pour des vraies causes, tu vois ce que je veux dire. Je préfère être utilisée par des vraies causes que par
leur système.
T’as eu un gros buzz avant la sortie de ton album, qui a mis assez longtemps avant de sortir, vu que la
mixtape « l’esquisse » est sortie je sais combien de temps avant.
Elle est sortie en avril 2005 et l’album en octobre 2006.
T’as ressenti de la pression, parce je suis vachement sur les forums et tout le monde attendait ton album.
Pas vraiment, tu sais je suis vraiment dans mon coin quand je fais ma musique. Hormis les scènes et tout ça, où
c’est vraiment là prend sens ma musique, n’étant pas à Paris, n’ayant pas internet, n’étant pas dans ce
microcosme, où justement il y a de la pression, moi j’étais vraiment déconnectée de tout ça. Le seul truc qui me
faisais chier c’était que dans « l’esquisse », y’avait marqué « entre ciment et belle étoile courant 2005 ». C’était
plus ça qui me rendait ouf, donc c’était plus de l’auto pression, parce que moi j’avais dit que ça sortirait avant
2006 et que c’est sorti et que c’est sorti fin 2006. Mais sinon les gens, non, t’as vu je fais mon truc dans mon coin.
Justement vu que tu as pris le temps pour faire ton album, t’es satisfaite du résultat final ?
Je sais pas si on peut être satisfait de ce qu’on fait. Je connais pas trop de gens qui arrivent à être satisfaits de ce
qu’ils font, donc je te dirais… non. Je te dirais que si je l’écoute, j’entends tous les trucs qui me dérangent,
forcément. Mais je l’écoute pas.
T’écoute pas ton album ?
Non. C’est trois ans de ma vie qui m’ont… faut tourner une page. Si, je le fais sur scène.
Sinon, comment tu te places par rapport à la scène française, où t’as quand même le côté euh…
Bling bling ?
Ouais, et d’un autre côté tous les trucs à la TTC (qui sont bling bling aussi ndr)…
Ouais alors il y a la hype d’un côté et le rap game, mais pour moi tout ça c’est pareil. Y’a tout ce qu’on appelle le
rap game à Paris, qui est plutôt quelque chose de droite, et puis y’a le hip hop, qui est plutôt dans la rue, qui est
quelque chose de gauche. Donc aujourd’hui c’est clair que le rap game il a pris le pas sur le hip hop. Mais le hip
hop il arrive. Tu sais, je dis chaque chose appelle son contraire. Ça fait quatre ans que c’est le rap bling bling à
fond, mais si tu regarde dans l’underground, y’a que du rap conscient qui est en train de remonter aussi, parce
que tout s’accélère, on est peu à avoir la parole, donc essayons de dire des choses un peu constructives, et
d’ouvrir un peu les yeux aux gens, justement puisqu’on a cette arme là qui est le micro. Et même aujourd’hui les
médias n’ont plus de liberté vraiment, finalement y’a que les artistes qui ont une liberté, donc il faut prendre cette
responsabilité au sérieux mine de rien. Enfin moi c’est comme ça que je le vois, après je juge pas pour autant
mon confrère qui voit la chose autrement. Je suis aussi pour la démocratie, chacun pense ce qu’il veut. Mais moi
personnellement ma vision des choses c’est quand tu ouvres ta bouche c’est pour dire quelque chose, sinon, tu la
fermes. Si c’est pour parler de ta voiture, de ton bling bling et que tu as fait 10 ans de placard, une fois ça va,
deux fois ça va, 15000 fois, pff…
Justement comment tu vois tout ce qui est abstrait dans le hip hop, les trucs qui parlent de rien, qui sont
juste pour la forme, qui sont une peu au taquet sur l’innovation, tu vois ce je veux dire ?
Ben je les écoute pas.
C’est pas ton délire ?
Non, tu sais moi j’avance avec les miens, et je suis pas en train de regarder dans l’assiette de mon voisin, « hop
tiens il a ça, alors… ».
T’écoute pas de hip hop chez toi ?
Si à fond ! Si mais j’écoute du hip hop que j’aime.
Par exemple ?
En rap français ?
Je sais pas, en n’importe quoi.
Je vais dire en rap français, pour te dire qu’il y a quand même du bon rap français. Moi je pense à Médine et tout
le Dim record, des rappeurs du Havre. J’aime bien aussi Mc Gregor, qui est la deuxième partie de Tandem, qui
est beaucoup plus consciente. J’aime bien le Rat Luciano pour sa grande intégrité, je crois que c’est la personne
la plus intègre que j’ai rencontré dans ma vie. Bon et puis plein de petits groupes : Beretta, Kalash Afro, c’est des
petits groupes de chez moi, tu vois, Carpe Diem… Enfin y’a du vrai hip hop qui est là.
Moi j’attends de te voir sur un morceau avec Soprano de Psy4 de la Rime.
C’est la famille ça !
Vraiment je kiffe ce qu’il fait et je vous trouve un peu dans le même délire, outre le côté marseillais et tout
ce qu’il y a à côté.
(grand sourire de Keny)
Moi je voudrais revenir sur le côté rap « conscient », peut-être que c’est une question fâche…
Non vas-y, vas-y !
Comme tu fais plein de références à dieu, ou j’en sais rien, quelle est ta position par rapport à ça, par
rapport à ton discours radical, de liberté, de libération…
Pour moi faut pas confondre spiritualité et religion. Je suis très croyante, j’ai pas de religion, j’ai du mal avec les
cases, et je te dirais j’ai du mal avec les institutions. Maintenant moi je crois en la force de la vie. Alors après tu
l’appelles « dieu », tu l’appelles « intelligence d’amour », tu l’appelles « énergie créatrice », peu importe. Moi
maintenant je crois en cette magie de la vie et je crois que ça a rien à voir avec l’asservissement que pouvait
avoir le vatican ou autre. Parce oui forcément religion, asservissement, ok, et encore ça dépende des gens parce
qu’il y a des gens c’est un outil pour pouvoir se « libérer ». Maintenant moi quand je parle de spiritualité c’est
plus un grand bol d’oxygène. C’est avoir la foi. C’est pas quelque chose de religieux. Je crois que trois quart des
gens ils ont la foi, et même trois quart des athées ils ont la foi, sauf que quand tu leur dit « foi », ils vont dire
« non, jamais de la vie ! ». Mais la foi c’est croire, que ce soit croire en dieu ou croire en ce que tu fais, croire en
toi-même, en tes idéaux, en tes convictions… Cette croyance qui est irrationnelle, c’est ça la foi. Après, oui les
religion se sont approprié la foi, mais la foi ça a rien de religieux à la base, c’est humain presque. Maintenant, oui,
il y a des gens qui ne croient en rien, ni en eux-mêmes ni rien, et puis ils finissent avec une piquouse dans le bras.
Mais la foi elle est en chacun de nous, je crois que c’est l’énergie de vie même. Faut pas l’emmurer dans la
religion. Faut pas faire l’amalgame quand tu parles de dieu, de la vie, de foi… C’est pas forcément une doctrine.
Moi c’est mon expérience de vie qui m’a montré que oui j’ai confiance en l’intuition, oui j’ai confiance en la
magie de la vie, oui je crois en la causalité, que si tu sèmes le bien tu récoltes le bien, que si tu sèmes le mal tu
récoltes le mal. Maintenant, le mot religion, à la base c’est fait pour relier les gens, c’est pas fait pour qu’ils se
niquent entre eux, à la base tous les livres sacrés appellent à la paix et à l’amour (mais ça dépend avec qui ! ndr),
donc c’est pas quelque chose de négatif non plus, au contraire, mais oui, ça a été récupéré par plein de gens. Mais
j’aimerais revenir sur un mot : « mécréant ». Ce mot là on entend souvent plein de gens, plein de religieux du
haut de leur intégrisme, qui vont parler de « mécréant ». Le mot mécréant ça veut dire « mauvais croyant », ça
veut pas dire « athée ». Donc quand dans les livres sacrés on parle de mécréant, on parle du mauvais croyant et
pas de l’athée. Les religions respectent l’athée, respectent le gars qui a pas envie d’avoir une religion, de croire
en dieu ou ce que tu veux. Mais le mauvais croyant, c’est celui qui se dit croyant et qui propage la haine, donc
tous ces intégristes qui parlent de mécréant, c’est eux les mécréants. C’était juste une parenthèse, parce que des
fois c’est bien de remettre le sens du mot. Donc pour moi la foi c’est quelque chose qui te pousse à la liberté et je
crois qu’il faut avoir la foi pour voir plus loin que le système, pour voir qu’il y a autre chose qui est possible.
Mais du coup, admettons qu’il y ait une église quelconque qui te dise « on a bien aimé telle chanson, est-ce
que vous voulez bien faire un concert de soutien ? Est-ce que vous voulez bien jouer pour nous ? » Tu
dirais quoi ?
Je te dirais que j’ai du mal avec les cases, que ce soit n’importe quelle église ou n’importe quel parti, quoi. Même
les communistes si demain ils viennent me voir, la LCR, je leur dirais non. Moi je suis pour le truc « alter », je
suis pas une réformiste, je me fous de leurs réformes, je suis alter, y’a tout qu’il faut revoir, faut revoir
l’organisation de A à Z, faut rebâtir des principes : le respect de l’être humain, le respect de la nature, le respect
de notre environnement, le respect de notre nature même. Moi je suis partante pour tous les trucs qui viennent du
bas, spontanés, citoyens, pas un truc de parti, pas un truc de religion, tu vois ce que je veux dire ? Et la seule case
dans laquelle je me retrouve vraiment entièrement, parce que pour moi c’est pas une case c’est un truc immense,
c’est le zapatisme, qui est très universel. C’est pour ça que j’ai voulu aller voir de mes propres yeux, est-ce que
c’est moi qui suis en train de fabuler. Je suis allée voir, et c’est encore plus beau que ce que je croyais.
Justement je voulais te parler de ton rapport à l’Amérique du Sud et à l’Argentine, avec cette chanson
« Victoria ». Je viens de voir le film « mémoire d’un saccage ».
Oh il tue, hein !
En tous cas il brasse…
Faut que tu voies la suite, c’est pas du tout le même auteur, c’est Naomi Klein, elle a fait après le saccage, ça
s’appelle « the take ».
Oui c’est sur des grèves d’ouvriers, non ?
C’est sur l’occupation des usines en fait. Forcément, étant d’origine argentine, je me suis intéressée à ce qui se
passe là-bas, et plus généralement à l’Amérique du sud et à cette conscience révolutionnaire qu’il peut y avoir. Et
est-ce que je peux replacer encore un mot dans le contexte ? C’est le mot « guérilleros ». J’aimerais aussi
remettre ce mot dans son contexte, parce que quand tu dis guérilleros, la connotation qu’on a dans nos esprits
c’est terroristes ou trafiquants de drogue. Alors moi je veux revenir sur le fait qu’en Amérique du sud, c’est à peu
près la même histoire dans tous les pays : des dictatures qui mitraillent le peuple, donc l’armée et la police qui
mitraillent le peuple. Quand ta propre armée ou ta propre police qui est censée te protéger te tire dessus, et ben
y’a des espèces d’armées spontanées qui se créent, et ça s’appelle des guérilleros. En Amérique du sud on dit que
l’homme le plus noble que l’humanité ait porté c’est le guérilleros, parce que le guérilleros c’est quelqu’un qui se
bat au nom de ses principes, au nom de la justice, de la liberté et du peuple. C’est quelqu’un qui n’est rien sans le
soutien du peuple et par rapport par exemple à un militaire qui lui a 40 millions de privilèges, une belle maison,
une belle voiture, un salaire de ouf par rapport au peuple, le guérilleros il a rien, il est pauvre, il est dehors, et si
les gens ils sont pas là pour lui donner à manger il a rien, parce que tout ce qu’il a c’est son courage et « la
satisfaction du devoir accompli ». Alors après les gens vont dire « le FARC… ». Les trafiquants de drogue en
Amérique du sud c’est des gens qui marchent avec le gouvernement, ça fait presque monter le PIB du pays,
même si c’est illégal ça crée des fonds, une économie, ça marche avec le gouvernement. Le guerilleros il a rien.
Donc je voulais juste remettre ce truc là, parce qu’en Amérique du sud on dit que le guérilleros c’est quelqu’un
de noble, qui a rien à part son courage et ses convictions. Mais c’est vrai que pour une fois il faut se remettre
dans le contexte, dans d’autres pays, en Afrique ça peut être des guerres entre ethnies, là c’est carrément ton
gouvernement contre toi. Encore une petite parenthèse pour remettre le sens du mot guérilleros.
Pour rester en Amérique, ce que tu dis ça me fait penser à ce qu’il se passe à Oaxaca, et aussi à la mort de
Pinochet, avec les pour et les contre, est-ce que tu as envie de dire des trucs sur un de ces deux sujets ?
Bah, sur Pinochet, j’aurais bien voulu qu’il morfle avant qu’il meure…
Et concernant Oaxaca, qui est clairement une insurrection populaire ?
Alors sur Oaxaca, moi j’ai des frères qui sont là-bas, vraiment des… (elle se tape sur le cœur). D’ailleurs je
flippe parce que là ça fait une semaine que j’ai pas de nouvelles alors que je reçois des mails tous les deux jours,
t’as vu. Donc je flippe, un peu, donc, bref. Ouais, Oaxaca c’est chaud. C’est beau ce que fait le peuple là-bas et
c’est chaud, forcément, quoi. Maintenant, je sais pas comment je peux développer plus…
C’était juste histoire de mettre en lien avec ce que t’as dit avant. J’ai l’impression qu’en amérique du sud,
y’a une espèce de « tradition » d’insurrection populaire, et j’ai l’impression qu’on a pas ou plus ça en
europe, ou qu’on en a peur.
Tu sais là-bas le slogan c’est « un pueblo unido jamas sera vencido », un peuple uni ne sera jamais vaincu, un
peuple qui avance ensemble, qui avance comme une entité sera jamais vaincu. Tu sais en Argentine, pareil,
quand ils faisaient des grands rassemblements, des trucs où ils se faisaient tirer dessus par les flics, bah c’était ça
quoi, des fois ils étaient pas armés mais ils étaient tellement nombreux que les militaires, avec leurs armes, ils
étaient obligés de reculer. Parce qu’ils étaient tellement déterminés, que ils savent très bien que ok, le militaire il
va vider son chargeur sur le premier rang, mais comment il va faire après ? Une fois qu’il aura vidé son chargeur,
comment il va faire après ? Ils étaient tellement…parce que c’est ça : celui qui est au premier rang, il sait, il va
dire « tire moi dessus, viens me tirer dessus. Tu vas voir les autres derrière ». Donc c’est vraiment cette
conscience collective qu’on a pas ici en France, ou qu’on a pas en europe, qu’on a pas en occident et même qui
existe que en Amérique du sud je crois,
malheureusement. A part quelques petits endroits indépendants dans le monde mais c’est vrai qu’en Amérique du
sud, cette conscience-là, collective, ouais c’est vrai que y a un héritage de cette conscience collective. Parce que
y a des preuves que ça marche et y a cette culture de « un pueblo unido jamas sera vencido », vraiment. Nous,
avec la Rage du peuple, c’est un peu cet esprit qu’on essaie de mettre en avant. La conscience collective.
En novembre dernier y a eu les émeutes dans les quartiers…et tu vois, à Oaxaca, ptête au début c’était les
instituteurs mais après, tout le monde était derrière eux et je me dis que si derrière les émeutiers de
novembre 2005 les gens avaient pris conscience que c’était un mouvement populaire et qu’ils avaient
besoin d’être soutenus par tout le monde…
Pourquoi le mouvement CPE, pourquoi le mouvement…anti privatisation, le mouvement…parce que ça a pété.
L’année dernière y a eu septembre, toutes les histoires avec la SNCM, est-ce que tu t’en rappelles ? Privatisation
de la SNCM, les ouvriers qui prennent le bateau, GIGN boom boum, y a eu ça. Deux mois après, les banlieues,
boom, aller, ça crame partout, boom boom révolte. Trois mois après, CPË, boom boom. Deux mois après, les
sans papiers et y a personne, c’est pas uni, c’est nul, quoi, franchement c’est nul. Est-ce qu’on a pas compris que
c’est ensemble qu’on doit avancer ? Qu’on a le même ennemi ? Eux ils aiment bien nous diviser avec des petits
trucs. Y a ça là-bas, eux ils vont se révolter là-bas, y a ça là-bas, ils vont se révolter là et puis finalement on
avance pas ensemble. Moi je dis que oui, il faut avancer ensemble. Quand y a un truc étudiant, et ben que les
quartiers viennent aussi, quand y a un truc dans les quartiers, que les étudiants viennent aussi, quand y a un truc
sans papier, que les étudiants, les quartiers, tout le monde vienne…et ainsi de suite…et là, on sera invincible.
C’est clair. Faut mettre des ponts entre les gens, y a trop de divisions…Mais le pire c’est que nos intérêts sont
communs.
Moi j’ai vu quand même, je sais pas à Marseille mais à Grenoble au CPE en tout cas y a eu des liens qui se
sont crées, des trucs qui se sont passés dans la rue en tout cas. Et que dans la lutte, dans la confrontation
directe, y a des gens qui se sont parlés qui se seraient pas parlés autrement…
Certes, certes…regarde, moi je te prends un exemple, à Marseille, la fac occupée. Dans le bâtiment en face y
avait un bâtiment occupé par les sans papiers. Nous on a essayé de faire venir les sans papiers à la fac. On a
commencé à parler avec des gens de la fac, « qu’est-ce que vous en pensez si on met tous les sans papiers dans la
fac , si on fait de la fac un lieu autogéré, on met les sans papiers, les sans logis, etc, et venez on fait un lieu
ensemble et on s’autogère ». Non, non. Ils étaient pas prêts : « non, non non, attends, nous on est dans un truc
étudiant, c’est notre première manif, non… ».
Mais le problème des syndicats…
Et pourtant c’était le bâtiment en face…mais les syndicats, les trucs comme ça, faut les envoyer bouler quoi,
c’est quoi ça ? Aller, au bout d’un mois, la grève est illégale on retourne au boulot…c’est quoi ça ? Les luttes,
légales ou illégales, on s’en fout, on lutte pour notre survie et toi tu nous parles de légalité ? mais de quoi tu me
parles ? la loi elle est en train de nous tuer et tu nous parles que là c’est illégal ? Parce que ça fait 31 jours ? Mais
attend, on s’en fout…ils sont là pour nous scléroser, franchement, ils sont là pour nous scléroser et attends, faut
pas faire l’amalgame non plus entre le jeune militant, plein de convictions tu vois qui va aller au Pc, à la LCR ou
dans n’importe quel syndicat…Moi je fais vraiment une différence entre les militants d’en bas et ceux d’en haut,
tu vois. C’est ceux d’en haut qui sont dangereux, c’est le double jeu du gouvernement, c’est les mêmes en haut,
c’est la droite qui dirige la gauche en haut, c’est les mêmes gens…En bas, allez c’est bien…en fait ils ont crée ça
pour dire « si vous voulez résister contre le système, si vous voulez vous révolter, vous allez là. Vous avez les
outils là pour le faire. » Mais c’est quand même le système qui contrôle ces outils-là donc attend, foutage de
gueule ou quoi ? Moi je crois qu’il faut enlever toutes ces…CGT, LCR, nanani nanana. Mais pas les gens de
dedans qu’ont les tripes, le cœur qui sont avec nous, au quotidien, dans les luttes, sur le terrain, eux non, mais
c’est clair qu’il faut leur expliquer que c’est l’heure maintenant de faire un truc vraiment citoyen, du bas vers le
haut. Parce que tant que ça restera sous une bannière, ça restera toujours du haut vers le bas. Et donc, y a rien qui
changera. Nous on a besoin d’un truc qui aille du bas vers le haut. Ce n’est pas au système de fabriquer une
société. C’est à la société à fabriquer le système qui lui convient. Donc, du bas vers le haut.
Ok…si t’as envie de rajouter un contact, n’importe quoi, ce que t’as envie qu’on dise, je sais pas…
La Rage du peuple, c’est un collectif mais c’est aussi un mouvement et un état d’esprit. Et ce que je veux dire,
c’est que ça nous appartient pas. La rage du peuple c’est à tout le monde et n’importe qui qui se sent la rage du
peuple, il est La rage du peuple. C’est juste ça que je voulais dire. C’est pas un truc fermé, c’est un truc que
même si on se connaît pas, si on est pas humainement…c’est pas grave. Si t’as tes tripes qui sont en harmonie
avec ça quoi, voilà…c’est plus un état d’esprit. Voilà, la conscience collective, quoi. La conscience collective.
Ça nous appartient pas.
lesnewslesplusexplosivesenveux-tuenvoilà !
Les Repentance’s Angels vous invitent à leur concert d’adieu dans le cadre de l’arbre de noël des ingénieurs de
Minatec. Portes ouvertes dès 18 heures. Concert de grind aux Bas-Côtés : Brutal Truth et Agathocles, avec
tartines rillettes et jus de fruit bio. Première partie : revue de presse. Conférence-débat à Antigone sur le
thème des mouvements sociaux des mineurs du plateau de la Matheysine entre 1872 et 1874 en présence de
Lucien, mineur décédé lors d’un coup de grisou en 1882 (dons de biafine bienvenus). Crass se reforme enfin
et jouera au Drac Ouest pour le banquet de l’IUT génie thermique. Venez nombreux. Soirée under-gre à
l’Heure bleue : conférence débat « médias, rock libertaire, et salles subventionnées, quel avenir ? ». Puis concert
de Everton + Mango Gadzi + François Corbier. Suicide collectif à L’Ecole Supérieure des Affaires suite à
une chute spectaculaire du cours des actions du tunnel sous la bastille. Mouvement social au café concert
Mistral Gagnant : le petit personnel se désolidarise de son PDG (Bernard Lavilliers) et saccage les locaux en
organisant des concerts de Street Oï. Visite breakdancée de l’exposition sur les nanotechnologies par le
collectif CH2 (performé par Geneviève Fioraso herself). Les graffeurs du collectif réaliseront pour l’occasion une
fresque géante de Michel Destot torse nu sur les murs de l’accélérateur de particules. Soirée speed dating au
bar PMU de La tronche. Un pastis sera offert pour tout détenteur d’un ticket de quinté +. Animation gogodancing
assurée par le guitariste de Vulgar (metal, gre noble). Napalm Death + Carcass le 1er janvier à Grenoble dans
le cadre des bals folk de l’adaep. Ca va guincher ! Soirée slam-à-la-mode-pour-faire-comme-tout-le-mondemais-un-peu-en-retard à la Bobine en présence d’une floppée d’altermondialistes néo-hippies (voir fiche look
tendance) qui s’y connaissent en culture populaire (non pas qu’ils soient pauvres mais ils ont fait un mémoire de
sociologie dessus).Une dépêche pour le moins sidérante : en fait les émeutes en banlieues n’auraient pas
commencé en novembre 2005 (mais bien avant) et ne se seraient pas terminées au coup de sifflet final de l’Etat
(mais continueraient toujours). Fichtre. Après un long travail d’investigation, encore un complot déjoué par
watch’em burn : le squat « La Masure Kâ » est en fait une zone pilote du ministère de la culture faisant partie
d’une expérience sur « les lieux de création artistique alternatifs ». Tout s’explique.
Rendez-vousmusicauxpétrisdeconvivialité
- Samedi 16 décembre au bar le St Arnaud, 1 place St Bruno, St Grenoble : JONAZ (rap chelou, Lille)
+ Golem Of Flesh (hip hop, Montbrison) + SUNDANCE KIDS (garage surf’n’roll, Grrr)
- jeudi 18 janvier à La Colo : PAVLOV (emocore, Montceau-les Mines) + Guests, prix libre
- du 26 au 30 décembre, à Lyon : Déshibernation Festival, avec moult concerts, ateliers, etc, notament
le samedi 30 avec ateliers sérigraphie, pochoirs, vélo, couture, fanzine collectif… et concert à pas
louper à L’Insoleuse : AMANDA WOODWARD (emopunk, Caen) + GASMASK TERROR (Punk) +
JMEN FOUS (freakpunk, Genève) + ENREGISTRE PAR STEVE ALBINI (freejazzpunk, Strasbourg) +
PASSION ARMEE (coldwar punk, Lyon), 5 euros ! http://deshibernation.blogspot.com
Ettoujours...
- écouter de la musique saine : tous les lundis soirs à 20h, sur radio kaléidoscope (l’insoumise), des
émissions radio trop cool (grippe à bière, lokal autogéré, et… watch’em burn, le dernier lundi du mois).
97 fm sur Grrr… et www.radio-kaleidoscope.net pour le reste du monde !
- enrichir notre collec’ de disques avec l’envie secrète
de passer à la radio : émission watch’em burn, radio
kaléidoscope, BP 422, 38018 Grenoble cedex 1
- contacter, commenter, encourager, insulter : [email protected]
- télécharger les anciens numéro du fanzine / les
anciennes émissions : http://watchemburn.c.la/
- devenir un vrai dandy punk : www.grenoblesouterrain.propagande.org
faire
trembler
le
dauphiné
libéré ! :
www.grenoble.indymedia.org
- s’expatrier dans le Trièves, pour un concert à La Colo
ou pour la vie : [email protected]
Saint Nicolas et l’équipe watch’em burn vous souhaitent
un joyeux noël !