la zone de sécurité prioritaire barbès-château rouge
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la zone de sécurité prioritaire barbès-château rouge
LES CAHIERS DE LA PRÉFECTURE DE POLICE LA ZONE DE SÉCURITÉ PRIORITAIRE BARBÈS-CHÂTEAU ROUGE DIRECTEUR DE PLUBLICATION Xavier Castaing COORDINATION Valérie Fusciardi RÉDACTRICE EN CHEF Agnès Canavelis RÉDACTRICE EN CHEF-ADJOINTE Laurence Picq RÉDACTEUR Stéphane Benaïm CONCEPTION GRAPHIQUE Delphine Askienazy PHOTOGRAPHIES Dominique Venière Sébastien Vitré Damien Lemellec ILLUSTRATION COUVERTURE Delphine Askienazy CONCEPTION ET RÉALISATION Service de la communication REMERCIEMENTS Jérôme Foucault, conseiller technique du Préfet de police, chargé des affaires de police opérationnelle. DIFFUSION Unité événementiel IMPRIMERIE DOSTL L A ZO NE DE S É C U R I T É P R I O R I TA I R E B A R B È S - C H Â T E A U R OU G E SOMMAIRE LES PRINCIPES DU DISPOSITIF.......................................................................................................................5 LA ZONE DE SÉCURITÉ PRIORITAIRE BARBÈS-CHÂTEAU ROUGE............................ 6 POINTS DE VUE..................................................................................................................................................................8 BERNARD BOUCAULT, PRÉFET DE POLICE FRANÇOIS MOLINS, PROCUREUR DE LA RÉPUBLIQUE DE PARIS DANIEL VAILLANT, MAIRE DU 18e ARRONDISSEMENT LE DIAGNOSTIC................................................................................................................................................................ 9 LE PLAN D’ACTION DANS LA ZONE DE SÉCURITÉ PRIORITAIRE.............................. 10 • L’INVESTIGATION JUDICIAIRE......................................................................................................................10 • UNE PRÉSENCE RENFORCÉE SUR LA VOIE PUBLIQUE.....................................................................14 • LA POLICE ADMINISTRATIVE......................................................................................................................... 18 LA CELLULE DE COORDINATION OPÉRATIONNELLE DES FORCES DE SÉCURITÉ INTÉRIEURE...........................................................................................20 • LE VOLET PARTENARIAL.................................................................................................................................26 • LA PRÉVENTION DE LA RÉCIDIVE CHEZ LES JEUNES DÉLINQUANTS..................................... 27 ÉVALUATION, RÉSULTATS ET COMPTE-RENDU À LA POPULATION.................... 34 GLOSSAIRE DES DIRECTIONS ET SERVICES DE LA PRÉFECTURE DE POLICE PARTICIPANT À LA ZSP BARBÈS-CHÂTEAU ROUGE..................................................................................................... 36 3 4 LES CAHIERS DE LA PRÉFECTURE DE POLICE L A ZO NE DE S É C U R I T É P R I O R I TA I R E B A R B È S - C H Â T E A U R OU G E 5 I nstaurées à la demande du ministre de l’Intérieur, les zones de sécurité prioritaires (ZSP) ont pour vocation de renforcer la sécurisation de certains territoires particulièrement touchés par une dégradation de l’ordre et de la tranquillité publics. Leur mise en place a pour objectif de lutter en profondeur contre ces phénomènes grâce à une coordination renforcée et suivie entre police, gendarmerie, Éducation nationale, collectivités territoriales et associations afin de permettre aux habitants de se réapproprier leur quartier et d’user librement de l’espace public. En septembre 2012, les premières zones de sécurité prioritaires ont été mises en place en France dont 3 en agglomération parisienne, territoire de compétence de la préfecture de police de Paris qui recouvre Paris et les départements des Hauts-de-Seine, de Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne. Ainsi, après celles de Saint-Denis et de Saint-Ouen (93), la première zone de sécurité prioritaire parisienne, la ZSP Barbès-Château Rouge (18e arr.), a été lancée le 29 septembre 2012, suivie, le 13 février 2013, de la ZSP Stalingrad-Orgues de Flandre. LES PRINCIPES DU DISPOSITIF • Les zones de sécurité prioritaires correspondent à des territoires bien ciblés sur lesquels des actes de délinquance ou d’incivilités sont profondément enracinés. • Les actions qui y sont menées sont concentrées sur un nombre restreint d’objectifs clairement identifiés à l’issue d’un diagnostic de manière à éviter une dispersion des moyens engagés : trafics de stupéfiants, économie souterraine, vols avec violence, cambriolages, nuisances sur la voie publique, incivilités diverses, etc. • Ces actions font l’objet d’un pilotage au niveau le plus fin à travers deux nouvelles structures locales : - une cellule de coordination opérationnelle des forces de sécurité intérieures codirigées par le préfet et le procureur de la République rassemblant les services de police et de gendarmerie et, si nécessaire, des unités mobiles (CRS ou escadrons de gendarmes mobile) ainsi que les GIR (groupes d’intervention régionaux (GIR)). Les groupes locaux de traitement de la délinquance (GLTD) existants s’intégreront dans cette cellule. Celle-ci est chargée de cibler les objectifs à atteindre, de définir et de déployer les moyens nécessaires de manière coordonnée et d’évaluer les résultats. - une cellule de coordination opérationnelle du partenariat dédiée aux actions de prévention réunissant notamment la ville de Paris, la préfecture de police, le parquet de Paris, la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), la préfecture de la région Île-de-France, l’Éducation nationale, l’UT Direccte, le service public de l’Emploi, la direction départementale de la cohésion sociale (DDCS) et les associations. Ces structures ont aussi pour mission d’évaluer les actions menées à l’aide d’indicateurs quantitatifs et qualitatifs. Objectif : appréhender l’évolution des formes de délinquance et leur ajuster les moyens nécessaires. 6 LES CAHIERS DE LA PRÉFECTURE DE POLICE LA ZONE DE SÉCURITÉ PRIORITAIRE BARBÈS-CHÂTEAU ROUGE L e territoire de cette ZSP, qui abrite 20 000 habitants et draine une importante population de passage, concentre de nombreux phénomènes de délinquance et problèmes de nuisances diverses entraînant une dégradation de l’espace public et, par voie de conséquence, un fort sentiment de mécontentement chez les riverains. La volonté clairement affichée des habitants du secteur de la ZSP Barbès-Château Rouge est de se réapproprier un espace public pénalisé par l’insécurité, les activités illicites mais aussi une propreté et des conditions de circulation jugées insuffisantes. Le diagnostic établi a abouti à la mise en place d’un dispositif fondé sur une synergie sans précédent entre forces de sécurité intérieures, autres services de l’État (justice, douanes, finances publiques, Éducation nationale), collectivités locales (ville de Paris, mairie du 18e arrondissement) et partenaires de l’arrondissement (bailleurs sociaux, associations, etc). Ce dispositif est codirigé par le préfet de police, le procureur de la République et le maire du 18e arrondissement et, au niveau local, coordonné par le commissaire central du 18e arrondissement qui fixe chaque semaine à tous les partenaires des objectifs, des méthodes et un calendrier. L A ZO NE DE S É C U R I T É P R I O R I TA I R E B A R B È S - C H Â T E A U R OU G E 7 Rue Ernestine me hom c i R Rue plat Rue Ca - t Rue Sain a de l Rue e la Chapelle Boulevard d Rue Affre Rue Cavé athieu Rue Saint-M runo Rue Saint-B Goutte d’Or Rue des Islettes Rue de la Goutte d’Or z Sue Rue des Gardes yrha Rue M de Rue Lu c Ru ed es Po iss on nie rs Ru eD eje an ghouat Rue de La enson Rue Stéph t ule o eP Ru Rue Léon Rue Pierre Budin eauville Rue Doud Rue Émile Duployé Rue Marcadet re nniè o b r Cha Rue de Jessai nt 8 LES CAHIERS DE LA PRÉFECTURE DE POLICE POINTS DE VUE BERNARD BOUCAULT PRÉFET DE POLICE La ZSP Barbès-Château Rouge consacre une nouvelle méthode de travail fondée sur un diagnostic propre au territoire, la mise en place de dispositifs d’évaluation innovants et la coordination des ressources, notamment des services de l’État et de la ville, autour d’objectifs partagés. Le maître-mot de la zone de sécurité prioritaire est la « synergie » des actions. Celle-ci s’accompagne d’un suivi très étroit des résultats sur le terrain à travers des tableaux d’indicateurs d’activité, un sondage des citoyens sur leur perception des actions menées ainsi qu’un diagnostic régulier sur chaque thématique de travail de la ZSP : insalubrité, ventes à la sauvette, trafics de cigarettes, prostitution sur la voie publique. Le suivi des résultats de la ZSP est aussi effectué à travers la réunion opérationnelle que je coanime tous les mois avec le procureur de la République et le maire du 18e arrondissement en présence de tous les partenaires du dispositif. FRANÇOIS MOLINS PROCUREUR DE LA RÉPUBLIQUE DE PARIS Je souligne l’engagement du parquet de Paris dans cette démarche qui doit constituer un nouveau départ. Le parquet connaît bien le 18e arrondissement à travers le travail engagé depuis plusieurs années dans le cadre des groupes de traitement local de la délinquance (GTLD). La ZSP Barbès-Château Rouge doit permettre de mieux lutter contre ces phénomènes qui mettent en péril ce quartier. Je tiens à souligner qu’à Paris la démarche a été consensuelle, véritablement partagée entre le préfet de police, le maire de Paris et le procureur, associés au choix du territoire et de la méthode. Nous sommes donc engagés dans une coproduction de sécurité où chacun a sa place avec ses compétences pour mieux prévenir et réprimer les problèmes de sécurité sur ce secteur. Nous nous attacherons à intensifier la réponse pénale à l’égard des multirécidivistes arrêtés sur le territoire de la zone de sécurité prioritaire et à assurer une exécution rapide des décisions de justice prononcées, qu’il s’agisse de prison ferme, de surveillance électronique, de réparation pénale ou de travail d’intérêt général. DANIEL VAILLANT MAIRE DU 18e ARRONDISSEMENT Parmi les 15 premières « zones de sécurité prioritaires », mises en place par Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, en août 2012, la première retenue dans Paris a concerné le quartier Barbès-Château Rouge. Cette décision est parfaitement légitime lorsque l’on connait la situation dans ce quartier. Si la bataille contre l’habitat insalubre et indigne que Bertrand Delanoë et moi avons lancé dès 2001 est en passe d’être gagnée, la situation ne s’est pas améliorée sur l’espace public : ventes à la sauvette, cigarettes de contrefaçon, prostitution, trafics de stupéfiants, vols avec violence. C’est pourquoi, dès la mise en place de la ZSP Barbès-Château Rouge, le 27 septembre 2012, j’ai signifié au préfet de police ma volonté que la mairie du 18e s’associe pleinement à ce nouveau dispositif et à ce travail partenarial. Cette volonté est bien sur partagée par le maire de Paris, Bertrand Delanoë et notre adjointe chargée de la prévention et de la sécurité, Myriam El Khomri, y revient dans ce document. Nous avons donc mobilisé l’ensemble des directions de la ville concernées. Cette mobilisation de toutes et tous montre que l’objectif est commun. Il s’agit de mettre en place une action de sécurité renforcée et partenariale sur ce quartier qui nous permette la reconquête d’un espace public dégradé, au service de la liberté et de la tranquillité citoyenne. Pour cela, l’ensemble des services concernés doivent travailler différemment et faire du neuf ! Car je veux le dire ici, nous avons tous un devoir de réussite ! L A ZO NE DE S É C U R I T É P R I O R I TA I R E B A R B È S - C H Â T E A U R OU G E 9 LE DIAGNOSTIC LE CUMUL QUOTIDIEN DE NOMBREUSES NUISANCES DÉGRADANT LA PHYSIONOMIE DU QUARTIER ET DE PHÉNOMÈNES DE DÉLINQUANCE ENRACINÉS DANS LE SECTEUR DE LA ZONE DE SÉCURITÉ PRIORITAIRE BARBÈS-CHÂTEAU ROUGE SUSCITENT DE FORTES ATTENTES DE LA PART DE SES RÉSIDENTS. LA DÉGRADATION DE L’ESPACE PUBLIC • LES VENTES À LA SAUVETTE Plusieurs centaines de vendeurs à la sauvette sont quotidiennement présents sur le secteur de la ZSP, notamment dans les quartiers de Château Rouge (produits principalement destinés à une clientèle africaine), de Barbès (contrefaçons ou contrebande de cigarettes), ce chiffre étant multiplié par dix les jours de marché dans les abords du boulevard de la Chapelle, où prolifèrent aussi les trafics d’objets volés. • LA PROSTITUTION ET LE RACOLAGE Une centaine de prostituées racolent en permanence sur la voie publique sous les fenêtres des riverains, effectuant leurs prestations dans les parties communes des immeubles ou des appartements. Bien que souvent « passif », ce racolage donne aux résidents l’impression d’une violation permanente de la loi. • LA CONSOMMATION D’ALCOOL SUR LA VOIE PUBLIQUE ET SES COROLLAIRES La vente d’alcool par toutes sortes de commerces non habilités (épiceries, restaurants, coiffeurs, etc.) dans des rues entières du secteur entraîne de nombreuses nuisances comme les regroupements, les tapages et mictions sur la voie publique, notamment en soirée. • LE NON-RESPECT DES RÈGLES D’HYGIÈNE ET DE SÉCURITÉ L’insuffisance d’hygiène et de sécurité dans les commerces alimentaires ou de soin à la personne impactent fortement la physionomie du secteur. De même, le non-respect flagrant des règles commerciales par les boutiques de téléphonie mobile, notamment boulevard Barbès, donnent l’impression que la loi est constamment enfreinte. • LE NON-RESPECT DES RÈGLES MUNICIPALES LIÉES À L’OCCUPATION DE LA VOIE PUBLIQUE L’entreposage d’ordures et les étalages exagérés des commerçants sur les trottoirs, le stationnement anarchique de camions servant de lieux de stockage ou encore les dégradations de la chaussée donnent à la population l’image d’un désordre permanent. L’insalubrité et le manque d’hygiène font partie des facteurs de dégradation des quartiers de la zone de sécurité prioritaire Barbès-Château Rouge. UNE DÉLINQUANCE FORTEMENT ANCRÉE DANS LE SECTEUR • LES TRAFICS DE STUPÉFIANTS Le secteur de la ZSP comporte de multiples points de deals de rue proposant cannabis, crack, héroïne et drogues de synthèse, le quartier boulevard Barbès-rue Myrha-square Léon abritant en outre de nombreux polytoxicomanes. • LES VOLS AVEC VIOLENCE Les vols avec violence, qui touchent surtout les téléphones portables (notamment les smarphones) et les bijoux en or, sont une forte préoccupation pour la police. • LES VOLS À LA TIRE ET LES RECELS Commis sur la voie publique et dans les stations de métro Barbès-Rochechouart, Château Rouge et Marcadet-Poissonniers, les vols à la tire et les vols avec violence, alimentent les recels d’objets volés. 10 LES CAHIERS DE LA PRÉFECTURE DE POLICE LE PLAN D’ACTION DANS LA ZONE DE SÉCURITE PRIORITAIRE SUR LA ZSP BARBÈS-CHÂTEAU ROUGE, LA PRÉFECTURE DE POLICE PRIVILÉGIE DEUX AXES : LE TRAVAIL POLICIER AVEC UNE ACCENTUATION DE LA VISIBILITÉ POLICIÈRE ET DE L’INVESTIGATION JUDICIAIRE ET UNE OPTIMISATION DU PARTENARIAT OPÉRATIONNEL ET PRÉVENTIF. IL SE DÉCLINE EN QUATRE VOLETS : L’INVESTIGATION JUDICIAIRE, UNE PRÉSENCE RENFORCÉE SUR LA VOIE PUBLIQUE, LA POLICE ADMINISTRATIVE ET UN VOLET PARTENARIAL. L’INVESTIGATION JUDICIAIRE La stratégie judiciaire conjuguée de la préfecture de police et duparquet de Paris vise à lutter contre les réseaux et à identifier les multirécidivistes. Une attention particulière est également portée à l’accomplissement de leur peine. Des groupes d’enquêteurs issus de différents services de la préfecture de police sont affectés à trois problématiques de délinquance : > LA LUTTE CONTRE LES STUPÉFIANTS LA PAROLE À… COMMISSAIRE PIERRE LECOZ, CHEF DE LA SECTION INITIATIVE ET STUPÉFIANTS DU 2e DISTRICT DE POLICE JUDICIAIRE (DIRECTION RÉGIONALE DE LA POLICE JUDICIAIRE) Quelle est la contribution de votre district de police judiciaire à la lutte contre les stupéfiants dans le cadre de la ZSP Barbès-Château Rouge ? La nouveauté de la zone de sécurité prioritaire (ZSP) est d’avoir modifié le protocole de partage des compétences entre le commissariat du 18e arrondissement et le 2e district de police judiciaire en matière de lutte contre la drogue. Ainsi, depuis fin septembre, la section Initiative et stupéfiants du 2e district est saisie des trafics de stups se déroulant sur ce territoire et de certaines affaires d’usage et de revente de drogue initialement réalisées dans le cadre du flagrant délit par les effectifs du commissariat. De même, notre section prend en charge toutes les personnes interpellées pour infraction à la législation sur les stupéfiants sur ce secteur quand il s’agit d’objectifs jugés prioritaires au cours des réunions hebdomadaires pilotées par le commissaire central du 18e arrondissement. Enfin, il faut rappeler que d’autres services de la direction de la police judiciaire (brigades centrales et territoriales) peuvent aussi être amenées à agir en matière de lutte contre les stupéfiants sur la ZSP. NS LES DIRECTIO ET SERVICES TURE DE LA PRÉFEC RTICIPANT DE POLICE PA ÈS-CHÂTEAU À LA ZSP BARB DÉCRITS NT SO E UG RO SSAIRE O GL LE DANS (P. 36) Le 2e district de police judiciaire gère donc à présent des dossiers traités auparavant par le commissariat du 18e arrondissement. Dans quel but ? L’objectif est triple. D’une part, permettre aux dossiers qui le méritent une exploitation judiciaire plus poussée. D’autre part, nous fournir des informations sur le secteur de la ZSP nous permettant de lutter encore mieux contre les trafics qui s’y déroulent. La reprise des enquêtes par le district permet en outre au commissariat d’intensifier sa présence sur la voie publique. La nouvelle organisation doit apporter une véritable plus-value pour la sécurité sur la zone prioritaire ; après un premier bilan, des modifications pourront le cas échéant être apportées au dispositif. Finalement, qu’apporte selon vous la mise en place de la ZSP Barbès-Château Rouge ? D’un point de vue purement policier, elle conduit à des relations étroites entre les acteurs quotidiens de terrain (commissariat du 18e) et les enquêteurs (2e district) permettant une rationalisation du travail des uns et des autres. Sur le plan judiciaire en général, l’implication du parquet de Paris dans le dispositif permet un suivi particulier des dossiers traités sur la ZSP. L A ZO NE DE S É C U R I T É P R I O R I TA I R E B A R B È S - C H Â T E A U R OU G E 11 > LA LUTTE CONTRE LES VOLS (AVEC VIOLENCE, À LA TIRE) ET LES RECELS LA PAROLE À… COMMISSAIRE MARIE LHOSTIS, CHEF DU SAIP* AU COMMISSARIAT DU 18e ARRONDISSEMENT (DIRECTION DE SÉCURITÉ DE PROXIMITÉ DE L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE) Quelles actions menez-vous pour lutter contre les vols et les recels sur la ZSP ? Nous effectuons un travail de synthèse sous la forme d’un tableau recensant l’ensemble des faits qui se sont déroulés sur la ZSP (jour, heure, lieu, mode opératoire, signalement des suspects) ainsi qu’une cartographie de la délinquance. Ces documents sont ensuite donnés aux effectifs de voie publique pour orienter leurs patrouilles et aux enquêteurs afin de leur permettre d’opérer des recoupements. Les effectifs de voie publique mettent également en place des dispositifs de surveillance vidéo (via les écrans de contrôle de la salle du plan de vidéoprotection de la ville de Paris) et des contrôles ciblés sur les secteurs sensibles, hauts-lieux de fréquentation des receleurs. Nous avons créé une cellule judiciaire dédiée aux vols avec violence, aux vols à la tire et aux recels (procédures de flagrant délit, traitement des procédures en préliminaire des plaintes contre X avec nouvelle convocation des victimes pour étayer le signalement des auteurs et leur mode opératoire, exploitation systématique de la vidéosurveillance et de la téléphonie.) Qu’apporte la mise en place de la ZSP dans ce domaine par rapport à ce qui se passait avant ? Elle conduit à une meilleure coordination des services de voie publique et judiciaires avec une attention plus soutenue des uns et des autres à ce type de délinquance, véritable fléau sur la ZSP. Comment sensibilisez-vous le parquet à la question des multiréitérants ? Nous avons transmis une liste des multiréitérants mineurs et majeurs agissant sur la ZSP au parquet de Paris par l’intermédiaire du magistrat référent ZSP (cf. interview d’Abdel-Akim Mahi, p.12) Parallèlement, l’ensemble des procédures judiciaires relatives à la ZSP sont «signalées» lors des comptesrendus téléphoniques à la permanence du parquet et lors des transmissions de procédures. * Service d’accueil et d’investigation de proximité du commissariat central du 18e arrondissement. > LA LUTTE CONTRE LE RACOLAGE ET LE PROXÉNÉTISME LA PAROLE À… COMMISSAIRE JEAN-PHILIPPE LENORMAND, CHEF-ADJOINT DE LA BRIGADE DE RÉPRESSION DU PROXÉNÉTISME (DIRECTION RÉGIONALE DE LA POLICE JUDICIAIRE) Quelles actions menez-vous pour lutter contre le proxénétisme sur la ZSP ? La vocation de cette cellule est, en premier lieu, la coordination de l’action des services en la matière. En second lieu, elle doit être le cadre du partage de l’information et de la mutualisation des moyens. Concrètement, les procédures de racolage établies par le commissariat permettent d’identifier géographiquement les lieux de prostitution. Sur cette base, la brigade de répression du proxénétisme essaie d’identifier les personnes mettant leurs appartements à la disposition des prostituées, car elles peuvent être poursuivies pour proxénétisme immobilier. D’autres enquêtes, notamment sur les réseaux structurés faisant venir en France des jeunes filles étrangères afin d’exploiter leur prostitution, prennent plus de temps. Comment travaillez-vous avec le commissariat du 18e arrondissement ? Chaque procédure de racolage établie par le commissariat donne lieu à un avis communiqué à la brigade de répression du proxénétisme (BRP). Des fonctionnaires du service peuvent alors se déplacer pour recueillir tous les éléments utiles. De la même façon, le commissariat transmet à la BRP toutes les doléances des habitants de l’arrondissement qui font systématiquement l’objet de vérifications. À ce titre, depuis la création de la ZSP, la BRP, sur la base des informations communiquées, a finalisé deux enquêtes pour des faits de proxénétisme aggravé aboutissant aux interpellations de sept mis en cause dont quatre ont été déférés à la justice. En quelques mots, qu’apporte selon vous la mise en place de ZSP à la lutte contre le proxénétisme et le racolage sur ce territoire ? La prostitution sur ce secteur génère des nuisances importantes pour les habitants de ce quartier. La concertation quotidienne entre tous les services permet de suivre au plus près le phénomène et d’être très réactif dans la mise en œuvre des enquêtes. 12 LES CAHIERS DE LA PRÉFECTURE DE POLICE LA PAROLE À… ABDEL-AKIM MAHI, VICE-PROCUREUR AU TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE DE PARIS, RÉFÉRENT DE LA ZONE DE SÉCURITÉ PRIORITAIRE BARBÈS-CHÂTEAU ROUGE POUR LE VOLET “JUSTICE”. Par quoi se manifeste l’action du parquet de Paris sur la ZSP ? Notre travail vise à adapter la réponse pénale aux thématiques de travail de la ZSP, c’est à dire à tenir compte de l’impact des infractions en termes de troubles à l’ordre public sur ce territoire. Cela se manifeste par un durcissement des réponses pénales avec des déferrements systématiques comme pour les prostituées « récidivistes », qui sont placées sous contrôle judiciaire avec interdiction de revenir dans le quartier de la ZSP, où elles ont leurs habitudes, sous peine de mise en détention provisoire. En effet, dans certaines rues de la ZSP sont alignées des dizaines de prostituées africaines attirant un flux de clients et toute une délinquance (vols violence, tapage…), et cela sous les fenêtres des riverains et de leurs enfants. L’attention du parquet se porte sur tous les phénomènes de délinquance concentrés sur la ZSP. Pouvez-vous citer d’autres exemples ? Dans le 18e arrondissement, nous avions déjà développé des réponses pénales extrêmement fermes avant la mise en place de la ZSP, notamment pour les vols avec violence, les vols à la tire, les recels, la consommation et le trafic de stupéfiants, avec demande de comparution immédiate et, à la clé, une incarcération immédiate. Cet arrondissement connaît en effet une délinquance concentrée dans certains quartiers devenus de véritables lieux de rendez-vous avec des auteurs souvent réitérants ancrés dans une délinquance d’habitude. Je citerai par “LA COMPARUTION IMMÉDIATE exemple le square Léon où se retrouvent dealers et toxicomanes avec toutes EST UNE RÉPONSE PÉNALE les nuisances que cela engendre : violence des consommateurs de crack dont le comportement est modifié par l’absorption de drogue, vols avec violence, EFFICACE QUI PEUT DÉBOUCHER etc. Pour toutes ces infractions, la comparution immédiate est une réponse SUR UNE INCARCÉRATION pénale efficace qui peut déboucher sur une incarcération immédiate. IMMÉDIATE.” Vous êtes le référent ZSP au parquet de Paris. Quel est votre mission à ce titre ? Le parquet de Paris a noué de nombreux partenariats à titre préventif dans des domaines comme la drogue et la prostitution. Ainsi, au titre des sanctions non pénales, le parquet permet notamment aux jeunes consommateurs de stupéfiants de suivre des stages de sensibilisation aux dangers des produits stupéfiants animés par différentes associations. Par ailleurs, les prostituées déférées devant le parquet se voient rappeler le caractère illégal du racolage (délit) et doivent rejoindre une association qui a vocation à les « sortir » de la rue et des mains de leurs proxénètes. Celles qui refusent cette démarche sont soumises à une politique de répression pénale plus sévère. Outre le travail de la section P12 que je dirige et qui traite du contentieux relatif aux vols avec violence, au racolage et aux trafics de stupéfiants, je coordonne les sections spécialisées du parquet chargées de gérer les infractions commises sur la zone de sécurité prioritaire : mineurs, trafics de stupéfiants, infractions en termes de santé publique, contrefaçons, insalubrité du logement, vols à la sauvette, proxénétisme, réglementation sur les débits de boissons, etc. Je les sensibilise à la problématique spécifique de la ZSP. J’assiste aussi à la réunion de coordination opérationnelle hebdomadaire du commissariat central du 18e arrondissement où je fais le point sur les affaires en cours avec les policiers et les enquêteurs relevant des autres administrations. Je récupère les informations qu’on me communique pour les retransmettre aux sections concernées. Je travaille en étroite coopération avec tous ces partenaires : tel est l’esprit de la ZSP. Quels sont les apports de la ZSP à vos yeux ? Le fait que la ZSP réunisse une fois par semaine tous les services de l’État pour leur permettre de discuter entre eux, de poser les problèmes de manière franche et tenter d’y répondre tant en matière de police judiciaire que de police administrative, constitue à mes yeux sa plus grande réussite. La ZSP a notamment créé une vraie synergie entre le parquet et la préfecture de police, qui se traduit par une plus grande collaboration entre services de police et de justice et une meilleure réponse aux attentes des services de police à l’égard de l’appareil judiciaire. Ainsi, quand le commissariat prépare une opération de police, le parquet y est associé. Cela a été le cas pour une opération d’interpellation pour racolage d’une dizaine de prostituées prévue sur la ZSP avant laquelle nous avons fait le point ensemble : j’ai donné mon point de vue sur le traitement judiciaire qui convenait dans cette affaire à partir de la problématique exposée par le commissaire central et nous avons décidé de déférer toutes ces prostituées au parquet de Paris. Sur les dix personnes interpellées, sept ont fait l’objet d’un rappel à la loi par le délégué du procureur car elles n’étaient pas connues des services de police, mais les trois qui avaient déjà été interpellées pour des faits similaires peu de temps avant ont été placées sous contrôle judiciaire avec interdiction de revenir sur la zone de racolage. Autre exemple, le proxénétisme. La ZSP permet une collaboration encore plus importante entre services de police pour identifier les proxénètes, les interpeller et les faire déférer devant la justice. J’ai en tête l’exemple d’un proxénète placé en détention provisoire immédiate après sa comparution et jugé peu de temps après. L A ZO NE DE S É C U R I T É P R I O R I TA I R E B A R B È S - C H Â T E A U R OU G E La ZSP cristallise la volonté commune à la police et au parquet d’éradiquer la délinquance locale. La synergie consiste à travailler de concert avec les policiers pour apporter un traitement judiciaire adapté et efficace dans chaque affaire. C’est ensuite à nous, représentants du parquet, de « porter la bonne parole » auprès du tribunal pendant l’audience en explicitant aux magistrats les objectifs de la zone de sécurité prioritaire, les problématiques spécifiques qu’elle abrite et les raisons qui nous poussent à demander telle ou telle peine. Nous sommes un relais nécessaire entre les policiers et le tribunal auprès duquel nous soutenons les dossiers. “NOUS SOMMES UN RELAIS NÉCESSAIRE ENTRE LES POLICIERS DE LA ZSP ET LE TRIBUNAL, AUPRÈS DUQUEL NOUS SOUTENONS LES DOSSIERS.” Pouvez-vous nous en donner une illustration concrète ? Dans le cadre d’une affaire de racolage sur la ZSP par exemple, lorsqu’on explique aux magistrats les nuisances quotidiennes subies par les riverains qui retrouvent des préservatifs usagés dans leur hall d’immeuble où les prostituées font leurs passes, ils comprennent que ce phénomène n’a rien à voir en termes d’impact avec le racolage au bois de Boulogne ou au bois de Vincennes où les femmes effectuent leurs prestations dans des camionnettes ou dans les sous-bois. Ils doivent juger une infraction commise dans un contexte particulier. Certaines procédures de racolage, comme d’autres liées à la consommation de crack dans certains quartiers de la ZSP, sont en outre étayées par des témoignages d’habitants : ceux-ci sont autant d’éléments de contextualisation permettant au tribunal de mieux comprendre la nuisance et de prendre sa décision pénale en conséquence. Cet effort de pédagogie auprès du tribunal s’avère payant : les réponses pénales sont bien adaptées à la problématique de la ZSP. 13 Les procédures judiciaires relatives à la zone de sécurité prioritaire Barbès-Château Rouge sont estampillées « ZSP ». Cela permet à Abdel-Akim Mahi, référent ZSP, de reconnaître les procédures en cours sur ce secteur avant qu’elles ne partent pour traitement dans les différentes sections duparquet de Paris concernées mais aussi de les recenser pour pouvoir les évoquer lors de la réunion de coordination opérationnelle hebdomadaire au commissariat central du 18e arrondissement. Le parquet de Paris s’attache à durcir la réponse pénale pour les actes de délinquance commis sur la zone de sécurité prioritaire. En cas de racolage répété, les prostituées interpellées sont systématiquement déférées puis placées sous contrôle judiciaire avec interdiction de revenir dans le quartier. 14 LES CAHIERS DE LA PRÉFECTURE DE POLICE UNE PRÉSENCE RENFORCÉE SUR LA VOIE PUBLIQUE Sous la coordination du commissaire central du 18e arrondissement, les forces de police et leurs partenaires mènent une stratégie d’occupation du terrain jour et nuit sur le territoire de la ZSP. Objectif : surveiller et prévenir les actes de délinquance ou d’incivilité. UNE VISIBILITÉ ACCRUE DES EFFECTIFS EN TENUE Les effectifs en tenue ont un rôle dissuasif et répressif. Leur présence se manifeste par : • DES PATROUILLES DU COMMISSARIAT LOCAL Le service de sécurisation de proximité du commissariat central du 18e arrondissement patrouille en permanence sur la zone. Une présence constante est assurée aux abords de la station de métro Château Rouge où s’installent de nombreux vendeurs à la sauvette. • DES RENFORTS DÉDIÉS À L’ORDRE PUBLIC ET À LA PRÉVENTION D’ACTES DE DÉLINQUANCE OU D’INCIVILITÉ Plusieurs services de police viennent appuyer les policiers du 18e arrondissement dans leur action contre les nuisances : consommation d’alcool sur la voie publique, éviction et verbalisation des vendeurs à la sauvette en évitant leur réinstallation, prévention des rassemblements perturbateurs nuisant à la tranquillité des riverains, etc. Outre la présence quasi-quotidienne de CRS, la ZSP bénéficie du renfort de la compagnie de sécurisation et d’intervention de Paris, de la brigade anticriminalité de nuit parisienne, de la brigade anticriminalité du district, de la brigade des réseaux ferrés et de la brigade canine. • LA MULTIPLICATION DES OPÉRATIONS DE SÉCURISATION Au moins deux opérations de contrôle d’identité sont organisées chaque jour en fin de journée et la nuit dans des lieux sensibles de la ZSP : halls d’immeubles, squares et stations de métro. Objectif : assurer aux riverains la liberté de circulation, la tranquillité et la salubrité publiques. Ces opérations sont menées par des effectifs du commissariat central du 18e arrondissement appuyés par la compagnie de sécurisation et d’intervention, la brigade anticriminalité de nuit parisienne, la brigade des réseaux ferrés et la brigade canine. Ces contrôles sont complétés par ceux des partenaires de la préfecture de police sur la ZSP : RATP pour le métro et direction de la protection et de la prévention de la ville de Paris pour les espaces municipaux (écoles, gymnases, squares, etc.) • UNE ACTION QUOTIDIENNE CONTRE LES STATIONNEMENTS ANARCHIQUES Les agents de surveillances de la ville de Paris du 18e arrondissement procèdent à une opération quotidienne de verbalisation et d’enlèvement des camionnettes utilisées pour le stockage des marchandises stationnées de manière anarchique et en toute illégalité sur la ZSP. • LA CIRCULATION ET LA SÉCURITÉ ROUTIÈRES La direction de l’ordre public et de la circulation de la préfecture de police dépêche chaque jour sur la ZSP deux équipes du service des compagnies centrales de circulation chargées de fluidifier les carrefours Barbès/Chapelle/Rochechouart et Barbès/Ordener/Ornano aux heures de pointe et de verbaliser les infractions au Code de la route, ainsi que deux binômes motocyclistes. Les jours de marché, la sous-direction régionale de la circulation et de la sécurité routières (SDRCSR) redéploie ce dispositif boulevard de la Chapelle. • LE CONTRÔLE DES VÉHICULES Au moins une fois par semaine, l’unité de contrôles techniques de la direction opérationnelle du soutien technique et logistique (DOSTL) de la préfecture de police contrôle des véhicules sur la ZSP afin de vérifier s’ils respectent les normes d’émission (pollution, bruit), la surcharge des véhicules, le défaut de visite technique et le contrôle de conformité des deux roues (débridage). L A ZO NE DE S É C U R I T É P R I O R I TA I R E B A R B È S - C H Â T E A U R OU G E 15 Les agents de surveillance de Paris (ASP) verbalisent quotidiennement les stationnement gênants, voire anarchiques. Le service de sécurisation de proximité du commissariat central du 18e arrondissement patrouille sur la ZSP. Un véhicule est implanté quotidiennement à proximité de la station Château Rouge pour dissuader et au besoin interpeller les vendeurs à la sauvette qui y affluent. Le territoire de la ZSP souffre d’une forte concentration de prostituées principalement issues de l’Afrique subsaharienne, avec un turn-over permanent. Des interpellations quotidiennes de prostituées sont effectuées, par la brigade de sécurité de proximité du commissariat central assisté de la compagnie de sécurisation et d’intervention. Une fois par mois, une opération d’envergure est organisée avec l’appui de la compagnie de sécurisation et d’intervention pour interpeller au moins une dizaine de prostituées considérées comme réitérantes à l’issue d’un travail de surveillance. Cette démarche est effectuée au sein d’un même quartier afin de l’assainir tout en offrant une visibilité de l’action policière aux riverains. Des procès-verbaux d’interpellation « contextualisés », c’est-à-dire étayés par une série de documents (procès-verbaux de surveillance et photos démontrant la permanence et la récurrence du racolage, procès-verbaux d’audition de riverains) sont transmis par les policiers au parquet. 16 LES CAHIERS DE LA PRÉFECTURE DE POLICE Chaque jour, des CRS patrouillent, exclusivement à pied, sur le territoire de la ZSP à la fois pour rassurer les riverains et dissuader la commission d’infractions. Une section de CRS est quotidiennement implantée dans le quartier Château Rouge afin de décourager et de contrôler les vendeurs à la sauvette, une autre s’installant dans le quartier de la Goutte d’Or (rue Lariboisière), en proie à une forte concentration de vendeurs à la sauvette. Afin de « fidéliser » les CRS sur le secteur de la ZSP, gage d’une meilleure connaissance de la délinquance et des quartiers sensibles, ce sont toujours les deux mêmes compagnies qui s’y relaient toutes les trois semaines. Depuis leur arrivée, le commissariat du 18e arrondissement enregistre une nette diminution du nombre d’infractions commises sur le territoire de la ZSP. Contrôle d’identité opéré par des effectifs du groupe de soutien de quartier du commissariat central du 18e arrondissement à la Goutte d’Or. Ce groupe d’une vingtaine de policiers en tenue a pour mission de contrôler les individus regroupés en nombre sur la voie publique, de mener des opérations de sécurisation sur la voie publique et dans les halls d’immeuble. Il intervient quotidiennement sur le territoire de la zone de sécurité prioritaire Barbès-Château Rouge. L A ZO NE DE S É C U R I T É P R I O R I TA I R E B A R B È S - C H Â T E A U R OU G E 17 LES EFFECTIFS EN CIVIL SOUTENANT L’ACTION JUDICIAIRE Les policiers en civil, grâce à la discrétion de leur présence, complètent l’action des policiers en tenue en interpellant les délinquants en flagrant délit ou en recherchant les auteurs d’actes délictueux. Ils participent à l’identification des réseaux de prostitution, de stupéfiants, de contrefaçons, de vente à la sauvette et de trafics de cigarettes. Dans le cadre de la ZSP, ils sont particulièrement mobilisés sur quatre problématiques : • LES USAGERS DE STUPÉFIANTS ET LES VOLS (« simples », à la tire, « à la roulotte » (dans les véhicules)) Les surveillances et interpellations sont assurées par les brigades anticriminalité du commissariat du 18e arrondissement, du district et de la brigade des réseaux ferrés appuyés par l’unité « cyno-stupéfiants » de la brigade canine. La vente à la sauvette de cigarettes contrefaites, moins chères mais beaucoup plus nocives, est un véritable fléau dans le 18e arrondissement. Au cours d’opérations ciblées, les effectifs du 18e arrondissement contrôlent l’identité des vendeurs tandis que les agents des douanes saisissent l’argent et les marchandises trouvées sur eux. • LES VOLS AVEC VIOLENCE Une stratégie particulière est élaborée contre ce phénomène par les policiers en civil de la compagnie de sécurisation et d’intervention de Paris et le groupe en civil du service de nuit de Paris. • LES VENTES À LA SAUVETTE Un groupe de policiers en civil formé chaque jour de volontaires issus de différents services du commissariat du 18e arrondissement est dédié à la lutte contre les ventes à la sauvette (devenue un délit), 7j/7, sur tout l’arrondissement et notamment sur la ZSP. Il est doté d’un camion banalisé destiné à récupérer la marchandise des personnes interpellées en vue de la détruire ou de la distribuer à des œuvres de charité. Avec l’accord du parquet de Paris, les policiers de l’arrondissement utilisent une procédure simplifiée leur permettant de remplir sur place un seul procès-verbal pour interpeller le vendeur à la sauvette, l’auditionner, lui faire un rappel à la loi, saisir ses produits et les détruire. À noter : la mise à disposition par la mairie de Paris d’un camion-benne pour évacuer les objets lors de ce type d’intervention. Plus de 9 500 procédures simplifiées ont été rédigées en 2012, soit environ 1 000 par mois. Composé de policiers volontaires, le groupe dédié à la lutte contre les ventes à la sauvette intervient dans tout l’arrondissement et notamment sur la zone de sécurité prioritaire afin de verbaliser et d’évincer les très nombreux vendeurs à la sauvette qui y sévissent. Parmi les sites récurrents : les sorties des stations Porte de Clignancourt, Porte de la Chapelle et Château Rouge. 18 LES CAHIERS DE LA PRÉFECTURE DE POLICE LA POLICE ADMINISTRATIVE L’irrespect des règles d’hygiène et de sécurité par les commerces du secteur se conjugue aux ventes illégales d’alcool ou de nourriture, génératrices de nuisances diverses (tapage, ivresse, mixtions sur la voie publique) et aux infractions au Code du travail. Sur les 1 400 commerces de la zone, 300 ne respectent pas la réglementation. La ZSP vise à coordonner l’action de tous les services de police ou administratifs compétents pour remettre ces commerces aux normes ou les faire fermer. Cette action s’articule autour de plusieurs axes : • L’HYGIÈNE DES COMMERCES D’ALIMENTATION ET DES DÉBITS DE BOISSONS Les contrôles mobilisent à la fois les inspecteurs vétérinaires de la direction départementale de protection des populations (DDPP), la brigade de nuit et l’unité de police administrative du commissariat central du 18e arrondissement. • LE CONTRÔLE DES COMMERCES DE SOINS À LA PERSONNE Il incombe à la direction des transports et de protection du public de la préfecture de police (DTPP) et à l’unité de police administrative du commissariat central du 18e arrondissement. • LA SÉCURITÉ DES BÂTIMENTS Les contrôles sont assurés par les commissions de sécurité pilotées par la DTPP. • L’HABITAT INSALUBRE La lutte contre l’habitat insalubre est une priorité sur le territoire de la ZSP. Elle repose sur des contrôles de la DTPP, de la mairie de Paris (direction de l’habitat et du logement) ou de l’agence régionale de la santé. Le respect des prescriptions imposées aux propriétaires par ces organismes (fermeture de l’établissement ou de l’immeuble) est contrôlé par l’unité de police administrative du commissariat. • LA RÉPRESSION DES VENTES ILLÉGALES D’ALCOOL PAR LES COMMERCES Les contrôles sont effectués par l’unité de police administrative du commissariat central (absence de licence ou dépassement des horaires autorisés). Les contrôles des commerces de la ZSP par les services de la préfecture de police peuvent être menés en commun ou en coordination avec les autres administrations du comité opérationnel de lutte contre la fraude (CODAF, voir ci-dessous) afin de faire jouer à leur encontre tout l’arsenal administratif. Ils sont autant que possible effectués rue par rue afin d’offrir aux riverains une meilleure visibilité de l’action publique. Contrôle conjoint de commerces situés sur la ZSP par l’unité de police administrative (UPA) du commissariat et l’URSSAF, ici rue Marcadet, sur la ZSP. À partir du Kbis et du registre des salariés de l’entreprise, les inspecteurs de l’URSSAF s’assurent que les personnels sont bien déclarés à l’URSSAF et que l’employeur s’acquitte de ses cotisations. En cas d’irrégularité, ces derniers sont tous convoqués au commissariat par les policiers de l’UPA pour être auditionnés dans le cadre du flagrant délit de travail dissimulé. La plupart du temps, le parquet, saisi par les policiers, cite le gérant à comparaître devant le tribunal correctionnel. L A ZO NE DE S É C U R I T É P R I O R I TA I R E B A R B È S - C H Â T E A U R OU G E LA PAROLE À… 19 ALAIN THIRION, DIRECTEUR DES TRANSPORTS ET DE LA PROTECTION DU PUBLIC Quel est l’apport de la direction des transports et de la protection du public (DTPP) à la ZSP ? Rappelons d’abord que l’objectif de la ZSP est à la fois d’améliorer la sécurité réelle sur ce secteur et le ressenti de la population en matière de bruit, d’occupation de la voie publique et d’activité des commerces. La ZSP doit donc aussi permettre aux habitants de retrouver des conditions de vie urbaine satisfaisantes. D’où l’idée de mobiliser les polices administratives, en sachant que la DTPP en applique 48, auxquelles il faut ajouter les 7 exercées en propre par la direction départementale de protection des populations (DDPP). Celles-ci concernent aussi bien la réglementation sur les chiens dangereux que celle sur le bruit, les débits de boissons, les hôtels (suroccupation, sécurité incendie et accessibilité), et les commerces dits de bouche (restaurants, commerces alimentaires, etc.), l’hygiène publique et toutes les professions réglementées (coiffeurs, etc.). C’est une formidable boîte à outils mise à la disposition de l’ensemble des services de police. Par quoi se traduit concrètement votre collaboration avec le commissariat central du 18e arrondissement ? Nous établissons avec le commissariat un programme de contrôles en matière de débits de boissons (ceuxci étant directement contrôlés par les policiers locaux), d’hygiène des commerces et de respect de la réglementation liées aux pratiques commerciales, “LA ZONE DE SÉCURITÉ assurés par des enquêteurs de la DDPP spécialisés dans la protection et la sécurité des consommateurs. PRIORITAIRE DONNE UNE GRANDE Pour raccourcir les délais de traitement des dossiers, le commissariat central, LISIBILITÉ À L’ACTION chargé de les instruire, nous adresse directement par mail ses propositions de DES SERVICES DE LA PRÉFECTURE sanction administrative. Notre réponse lui est renvoyée par voie dématérialisée. Une fermeture administrative peut ainsi intervenir dans un délai court après DE POLICE EN Y INTÉGRANT le contrôle d’un établissement de l’ordre de 15 jours à 3 semaines. LE CONTRÔLE DES COMMERCES Quelles sont les sanctions encourues par les commerces contrôlés ? ET DES DÉBITS DE BOISSONS.” Pour les débits de boissons, elles vont de l’avertissement préfectoral à la fer- meture administrative dont la durée dépend de l’infraction (de 9 jours à 6 mois). En matière d’hygiène, la DDPP peut rédiger à l’encontre d’un gérant une mise en demeure lui imposant de se mettre aux normes : si, à l’issue du délai, les mesures prises sont insuffisantes, une fermeture peut être imposée jusqu’à ce que des travaux soient effectués. Lorsque la situation met en péril la santé des clients, une fermeture de l’établissement peut être demandée dans les 48h. Quel est l’apport de la ZSP en matière de police administrative selon vous ? Le fait de concentrer l’action de plusieurs services de la préfecture de police investis d’une mission de police administrative (commissariat, DTPP) sur un territoire donné permet d’en renforcer l’efficacité et la rapidité. Il y a une très bonne articulation entre nos actions en termes de police administrative et le commissariat local : les services de police instruisent les dossiers pour les débits de boissons, notifient les sanctions de fermeture aux établissements. Cela donne une force et une cohérence d’ensemble à cette action administrative et policière. La zone de sécurité prioritaire donne une grande lisibilité à l’action de la préfecture de police en y intégrant le contrôle des commerces et des débits de boissons. LE CODAF Phénomène en forte croissance, les arnaques aux administrations (URSSAF, ASSEDIC, impôts, etc.) ont suscité la création dans chaque département d’un comité opérationnel de lutte contre la fraude (CODAF). Codirigé par le préfet de police et le Procureur de la République, celui de Paris rassemble, outre des représentants de plusieurs directions de la PP, une quinzaine d’administrations victimes de fraudes : cellule régionale de lutte contre le travail illégal, caisse régionale d’assurance maladie, caisse d’allocations familiales, la direction générale des finances publiques etc. Sa vocation : multiplier les échanges d’informations pour détecter les polyfraudeurs, mieux cibler les contrôles et renforcer les opérations conjointes. 20 LES CAHIERS DE LA PRÉFECTURE DE POLICE La coordination de l’action des forces de sécurité intérieure se fait dans le cadre d’une cellule spécifique qui se réunit mensuellement sous la codirection du préfet de police, du procureur de la République et du maire d’arrondissement accompagné d’un représentant du maire de Paris. Son action opérationnelle quotidienne se décline au niveau local sous l’autorité du commissaire central du 18e arrondissement, qui pilote le dispositif. Chaque semaine, il anime une réunion avec l’ensemble des services mobilisés au cours de laquelle il fixe les objectifs, les méthodes de travail et un calendrier. LA CELLULE DE COORDINATION OPÉRATIONNELLE DES FORCES DE SÉCURITÉ INTÉRIEURE EN DIRECT DU QG DE LA ZSP BARBÈS-CHÂTEAU ROUGE Réunion hebdomadaire de la cellule de coordination opérationnelle de la sécurité intérieure au commissariat central du 18e arrondissement. partenaires – autres directions de la préfecture de police, GIR de Paris, parquet de Paris, mairie de Paris, CRS, douanes, RATP–, ont pris place autour de la grande table en U au bout de laquelle, projetée sur grand écran, se dresse la carte du 18e arrondissement avec les contours bien dessinés de la zone de sécurité prioritaire. Une pluie de points multicolores, qui seront commentés plus tard au cours de la séance, désignent les lieux d’interpellations de prostituées et de proxénètes réalisées durant la semaine. Regards résolus, silence concentré : la mobilisation des uns et des autres autour de cet ambitieux projet est palpable. TOUR DE TABLE JEUDI, 10H, COMMISSARIAT CENTRAL DU 18e ARRONDISSEMENT Comme chaque semaine, dans la grande salle de réunion du 5e étage, tous les services participant à la zone de sécurité prioritaire Barbès-Château Rouge ont répondu présent à la convocation du commissaire central, coordinateur de l’action des services sur le terrain et pilote de la réunion de coordination opérationnelle hebdomadaire. C’est ce rituel implacable qui rythme pas à pas l’avancée du dispositif de la ZSP. Il permet de faire le point sur les actions de la semaine écoulée, de mesurer les premiers résultats, de faire remonter d’éventuelles difficultés, de les solutionner en commun, de confirmer ou de renouveler les objectifs de la semaine à venir. Aux côtés du commissaire central et de ses collaborateurs, une vingtaine de représentants des services Le commissaire central ouvre la séance par le volet judiciaire du dispositif ZSP. Il invite tour à tour les chefs des cellules « stupéfiants », « vols et recels » et « racolage et proxénétisme » à présenter l’actualité de leurs dossiers. Enquêtes en cours sur les trafics de drogue et les réseaux de proxénétisme, affaires de vols et de recels, interpellations récentes et en projet, évolution de la délinquance, besoins de renfort, tout est passé en revue dans les moindres détails. Le commissaire central ponctue chaque intervention de questions et de remarques, en confirmant, en supprimant ou en ajoutant si nécessaire des « objectifs », sans oublier les félicitations lorsqu’elles s’imposent. Les autres participants sont eux aussi conviés à s’exprimer sur les dossiers évoqués. Un représentant de la direction du renseignement (DRPP) indique que ses équipes ont identifié un revendeur de cannabis et cherchent maintenant à en savoir plus sur la « nourrice » (celui qui stocke la drogue) et le donneur d’ordre, et que ces renseignements seront transmis au 2e district de police judiciaire L A ZO NE DE S É C U R I T É P R I O R I TA I R E B A R B È S - C H Â T E A U R OU G E pour faire l’objet d’une procédure. Au chapitre du racolage, le magistrat du parquet référent pour la ZSP annonce que « le proxénète qui avait été déféré a été incarcéré et passe en jugement la semaine prochaine » ; il précise que « deux prostituées ont été placées sous contrôle judiciaire avec interdiction de réapparaître sur la zone » et précise que « les photos des lieux de prostitutions et les plaintes des riverains adjointes aux procès-verbaux d’interpellation des prostituées sensibilisent le juge de la détention et des libertés au racolage subi par les résidents de la ZSP ». Le commissaire central précise avoir diffusé la photo des deux prostituées concernées aux effectifs patrouillant sur la voie publique afin qu’ils s’assurent du respect de l’interdiction et demande à la compagnie de sécurisation et d’intervention et à la bac en tenue d’interpeller les mêmes prostituées plusieurs soirs de suite pour les dissuader de revenir sur la zone. Ici, l’on échange et l’on coopère sur tous les thèmes ! police et des douanes dans ces contrôles. Les services concernés sont invités à s’exprimer à leur tour. Rue par rue, adresse par adresse, la représentante de la DTPP évoque les dossiers ZSP : « S’agissant des débits de boissons, cinq fermetures effectives, six avertissements et six fermetures en cours pour infractions aux règles d’hygiène », recense-t-elle tout en signalant que les résultats d’analyse des prélèvements effectués ces dernières semaines dans différents commerces vont bientôt arriver. Certains produits, dit-elle, sont suspectés de contenir de l’hydroquinone. Elle en profite pour annoncer les dates des contrôles programmés pour les prochaines semaines. À son tour, le chef de l’UPA dresse le bilan des sanctions administratives à notifier aux établissements et des propositions de sanction récemment faite par son unité à l’issue de contrôle, puis la direction du renseignement enchaîne en évoquant les procédures en cours et en annonçant elle aussi son calendriers des contrôles, dont certains se feront en coopération de l’URSSAFF et des douanes. À l’évocation de tel ou tel dossier, le commissaire central cite un mail ou une lettre reçue d’un riverain, demande une précision ou reformule un objectif. ÉTABLISSEMENTS EN LIGNE DE MIRE C’est le volet « occupation de la voie publique » qui est ensuite abordé, toujours sous la dynamique houlette du commissaire central. « Nous allons bénéficier du renfort de deux véhicules venus des 1er et 3e district sur la ZSP », annonce-t-il d’emblée. Le représentant des CRS explique qu’un effort a été entrepris pour fidéliser une même CRS pendant trois semaines sur la ZSP, qui sera relayée par une autre au cours des trois semaines suivantes dans un souci de meilleure connaissance du terrain. Interviennent ensuite la compagnie de sécurisation et d’intervention, les douanes sollicitant l’appui du commissariat pour surveiller des box abritant probablement des produits contrefaits, la RATP évoquant les dispositifs de contrôles dans les stations de métro et l’unité de contrôles techniques sur le bilan des contrôles de véhicules et des verbalisations. « Les résultats sont prometteurs mais le combat continue !», lance cordialement le commissaire central au terme de deux heures d’échanges constructifs. Tous se donnent rendez-vous pour le jeudi suivant. Une pluie de points multicolores, qui seront commentés plus tard au cours de la séance, désignent les lieux d’interpellation de prostituées et de proxénètes réalisées durant la semaine. C’est à présent au tour du volet « police administrative » d’être passé au crible. D’emblée, le commissaire central salue le travail effectué par l’unité de police administrative de l’arrondissement (UPA) et celui de la direction départementale de protection des populations (DDPP), qui, souligne-t-il, « effectue un nombre de contrôles impressionnant avec une procédure d’une rapidité remarquable grâce à l’action coordonnée des services de la direction des transports et de la protection du public (DTPP) » ; « elle permet de notifier très rapidement des sanctions administratives aux commerces qui deviennent « parlantes » pour les riverains de la ZSP en termes de fermetures ». Il tient aussi à mentionner la grande implication de la direction du renseignement de la préfecture de TOUJOURS PLUS NOMBREUX SUR LE TERRAIN 21 22 LES CAHIERS DE LA PRÉFECTURE DE POLICE LA PAROLE À… NELSON BOUARD, COMMISSAIRE CENTRAL DU 18e ARRONDISSEMENT Quelle est la spécificité de la ZSP Barbès-Château Rouge ? Tout l’objet de l’action des services de l’Etat est de préserver la tranquillité et la salubrité du quartier en luttant contre la délinquance et en évitant les nuisances de toutes sortes, qui vont de la violation des règles d’hygiène aux ventes à la sauvette, en passant par la prostitution, les vols avec violence ou la vente et la consommation de stupéfiants. C’est vraiment une singularité très forte de la ZSP Barbès-Château Rouge : les problématiques y sont nombreuses, extrêmement variées, fortement implantées et requièrent une coordination quotidienne entre les administrations de l’Etat, les forces de sécurité intérieure et, plus globalement, avec de nombreux services de la préfecture de police, et de la ville de Paris. Nous devons entreprendre une démarche globale, avec des actions répressives visant à restaurer le « savoir-vivre ensemble », complétées par un volet préventif et éducatif. Qu’entendez-vous par « restaurer le savoir-vivre ensemble » ? Plusieurs populations très différentes se côtoient ici, qu’il s’agisse des habitants, des personnes qui y travaillent, d’autres qui y exercent une activité économique légale ou pas, celles attirées par la vie nocturne, ou encore des délinquants notoires. Château Rouge - Goutte d’Or est un quartier animé et populaire, qui possède une tradition et une activité culturelle très riches - il existe de nombreux blogs et sites internet dédiés à la vie locale. Le tissu associatif y est très dense, tout comme le tissu économique, notamment dans le secteur de l’habillement et de la mode. C’est un quartier extrêmement vivant la nuit, en raison de la présence de nombreux cafés, mais plus encore en journée. Il attire de nombreux amateurs de produits que l’on ne trouve qu’ici, vendus par des centaines de personnes sur les trottoirs, comme le safou*, le poisson séché, voire la viande de brousse dont la vente est totalement illégale. La majorité des vendeurs de cigarettes, des prostituées et des vendeurs à la sauvette “PLUSIEURS POPULATIONS TRÈS ne sont pas non plus des habitants du quartier : ils viennent d’autres arrondisDIFFÉRENTES SE CÔTOIENT ICI, sements ou de proche banlieue. Ces populations très différentes ont besoin de ET ONT BESOIN D’APPRENDRE trouver le bon équilibre, d’apprendre à vivre ensemble : au-delà du problème de la délinquance, il existe de forts problèmes d’incivilités et d’ordre public. À VIVRE ENSEMBLE : AU-DELÀ DU PROBLÈME DE LA DÉLINQUANCE, IL EXISTE DE FORTS PROBLÈMES D’INCIVILITÉ ET D’ORDRE PUBLIC. ” N’y a-t-il pas un risque de tuer cette vitalité en menant une action trop répressive ? Il ne s’agit absolument pas de mener une politique répressive à tout crin et de tuer toute activité économique, du moment qu’elle rentre dans un cadre légal. Par exemple, la Ville de Paris a mis en place un « carré des biffins », afin de permettre à un certain nombre de vendeurs, contre une somme dérisoire, de vendre leurs marchandises dans un cadre réglementé. Il faut qu’ils acceptent de le faire. A côté de l’action purement répressive, il existe des solutions pour lutter contre l’occupation indue de l’espace public et permettre aux habitants de se réapproprier l’espace public. L’enjeu est de taille, avez-vous déjà obtenu des résultats ? La ZSP a été officiellement installée le 27 septembre 2012. Elle a été effective dès le 1er octobre, mais il a fallu attendre quelques semaines avant d’obtenir les premiers résultats, notamment en termes d’amélioration de la physionomie du quartier, qui était l’objectif prioritaire à côté de la baisse de la délinquance. Parmi les effets les plus visibles, nous constatons depuis le début de l’année un net recul des vols la tire et des vols avec violence. C’est un réel progrès, mais nous devons rester extrêmement prudents quant à l’évaluation des résultats. La raison d’être d’une ZSP est de lutter contre les différentes facettes d’une délinquance fortement implantée sur un territoire. Nous devons nous montrer déterminés par rapport aux résultats que nous souhaitons obtenir et aux méthodes de travail à engager, mais il nous faut aussi rester réalistes et ne pas nous attendre à des résultats exceptionnels dès les premières semaines ! Si le quartier est classé en ZSP, c’est qu’une action forte de la police, en partenariat avec d’autres acteurs institutionnels et administratifs, est nécessaire à long terme. Quelques opérations ponctuelles ne peuvent pas régler un problème ancré depuis des années. Il faut prendre le temps, voir les phénomènes évoluer, adapter en permanence nos actions et sans cesse redéfinir nos objectifs à court terme. Certains phénomènes de délinquance et de violences doivent quant à eux être définitivement éradiqués à moyen voir à court terme et certaines nuisances rapidement résorbées. Pouvez-vous nous donner un exemple plus précis des problèmes à régler de façon définitive ? Le phénomène des ventes à la sauvette est source de nuisances considérables. Le long du marché Lariboisière, qui longe le boulevard de la Chapelle entre le métro Barbès et l’hôpital Lariboisière (10e arr.), * fruit typiquement africain qui se consomme cru, cuit ou séché. L A ZO NE DE S É C U R I T É P R I O R I TA I R E B A R B È S - C H Â T E A U R OU G E Les actes d’incivilité, comme l’abandon de poubelles et autres détritus en pleine rue, défigurent un quartier par ailleurs très animé et culturellement riche. il est arrivé que les véhicules d’urgence ne puissent même plus entrer dans l’enceinte de l’hôpital en raison du regroupement de près de 800 vendeurs illégaux sur le trottoir et la chaussée. Cela nous impose de mobiliser des moyens considérables, aussi bien en termes d’effectifs locaux que de CRS. De tels phénomènes ne sont pas tolérables. Tous les services de police sont très actifs sur la revente de produits de contrefaçon, qu’il s’agisse de cigarettes, de téléphones portables ou de titres de séjour, qui sont un peu la spécialité locale. N’oublions pas que Barbès-Rochechouart est surnommé le marché aux voleurs ! Mais les revendeurs sont de plus en plus prudents. L’activité très intense des services de police, notamment des effectifs des BAC d’arrondissement ou des autres unités qui viennent en renfort, comme la BAC 75, la CSI, les CRS, conduit à une hausse très importante du nombre d’affaires de recels. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce trafic de cigarettes qui est une des marques de fabrique de Barbès ? L’action combinée des policiers de l’arrondissement et des douanes a permis de faire reculer un peu le phénomène, qui reste toutefois très présent et très visible. Nous menons souvent des opérations conjointes avec les douanes, au cours desquelles nous saisissons des marchandises qui sont ensuite détruites et le numéraire dans le cadre des procédures douanières. L’activité permanente des policiers en tenue du commissariat, des CSI et des CRS pour procéder aux contrôles, à l’interpellation des revendeurs et à la saisie quotidienne de ces cigarettes contrefaites ou de contrebande demeure cependant indispensable face à ce phénomène de masse. Les revendeurs dissimulent leurs marchandises un peu partout, sur eux mais aussi dans les réverbères, les coffres de voiture, sous des plaques d’égouts, des étals de commerce, la station de métro, etc. Comptez-vous intensifier encore la présence policière sur la voie publique ? Qu’il s’agisse de la lutte contre la revente à la sauvette d’objets de contrefaçon, de produits de luxe, de cigarettes ou de denrées périssables, notre action ne se limite pas à aux actions de voie publique ; nous menons aussi des enquêtes conjointes avec la DRPP et les douanes, afin d’identifier les filières (suite au dos) 23 24 LES CAHIERS DE LA PRÉFECTURE DE POLICE d’approvisionnement et les lieux de stockage. Ces enquêtes ont déjà abouti à la saisie de milliers d’objets contrefaits, qu’il s’agisse de produits de luxe (sacs, lunettes, parfums, qui sont pour la plupart d’une facture très grossière), de cigarettes ou de produits de beauté, comme les crèmes de beauté blanchissantes qui sont extrêmement dangereuses pour la santé : on en trouve partout, c’est un véritable problème de santé publique. Et la toxicomanie ? C’est un problème très présent, même s’il est en recul, mais localisé, dans la mesure où il est de plus en plus cantonné à certains lieux. Les habitants se plaignent principalement de deux phénomènes : en premier lieu l’occupation de la voie publique par des guetteurs et des revendeurs de produits stupéfiants comme le cannabis, le crack et le Subutex, en second lieu la présence de toxicomanes dans certaines rues. Dans ce cas, la prise en charge de ces personnes en déshérence par les services sanitaires de la ville de Paris et les associations spécialisées est souvent plus appropriée que les actions de répression. C’est un des intérêts de la ZSP : tout se fait en étroite collaboration avec tous les acteurs. D’autres progrès, même relatifs, ont-ils été enregistrés en matière de racolage ? Les prostituées se sont adaptées à l’action des services de police et aux réponses judiciaires, notamment en délaissant le boulevard Barbès pour les petites rues de “LA ZSP DURERA LE TEMPS Château Rouge. Elles se montrent extrêmement prudentes dans leurs manières d’approcher les clients potentiels, et ce jusque dans leurs manières de se vêtir QU’IL FAUDRA : C’EST DANS – elles sont maintenant couvertes des pieds à la tête !-, ce qui rend le travail des CET ÉTAT D’ESPRIT QUE policiers plus difficile. En dépit de cette plus grande discrétion, les difficultés JE TRAVAILLE ET QUE TOUT persistent dans le quartier de Château Rouge, notamment la nuit : tapages, rixes entre prostituées, passes dans les parties communes des immeubles, et notamLE MONDE DOIT TRAVAILLER. ” ment dans les escaliers, etc. Malheureusement pour les riverains, elles exercent leur activité toute la nuit, avec un pic vers 21 heures, 22 heures, et jusqu’au petit matin. Des progrès ont été enregistrés par la BRP et le commissariat central d’arrondissement mais il reste fort à faire. Comment vous adaptez-vous à ces phénomènes mouvants ? Il fait partie de mon rôle de commissaire central, en tant que coordinateur de l’action des services de l’Etat au niveau local, d’adapter en permanence les choix d’action, les méthodes de travail, les modes de patrouille, les choix des services qui doivent intervenir. Faut-il envoyer des effectifs en tenue ou en civil ? Privilégier la voie répressive ou préventive ? Mener des actions coup de poing ou des opérations sur le long terme ? Privilégier telle ou telle infraction, tel ou tel type de délinquance, les ventes à la sauvette, la prostitution ou le trafic de stupéfiants ? Nous ajustons en permanence nos méthodes de la façon la plus fine possible, en fonction des réactions sur le terrain. Le questionnaire d’évaluation qui a été distribué aux habitants est de ce point de vue un outil très intéressant qui nous aidera à arbitrer entre telle ou telle priorité. Nous sommes aussi extrêmement attentifs à tous les phénomènes de report de délinquance et de nuisances : il ne s’agit évidemment pas de repousser les phénomènes hors du territoire de la ZSP et de nous en laver les mains. Nous travaillons en étroite collaboration avec nos collègues du 10e et du 19e arrondissement, mais aussi avec tous les services de l’Etat et les associations, ainsi qu’avec la justice, afin de trouver des solutions pérennes. Pouvez-vous nous indiquer un calendrier ? La ZSP durera le temps qu’il faudra : c’est dans cet état d’esprit que je travaille et que tout le monde doit travailler. Nous ne pouvons pas réfléchir sur le court terme et donner de faux espoirs aux habitants. La tâche est compliquée et nécessite un travail de longue haleine. Certains phénomènes sont légèrement en recul mais encore bien loin de disparaître, d’autres se déplacent. Un bras de fer s’est engagé entre les forces de l’ordre et les délinquants. Depuis la mise en place de la ZSP, les réactions par rapport aux forces de l’ordre sont extrêmement violentes, notamment sur le quartier Goutte d’Or-Barbès. Il est important de ne jamais baisser la garde. Nous vivons actuellement un moment clé de la vie de la ZSP. L A ZO NE DE S É C U R I T É P R I O R I TA I R E B A R B È S - C H Â T E A U R OU G E 25 Certains commerces, qui proposent aussi bien des denrées périssables, parfois importées illégalement, que de l’alcool sans y être autorisés, ou des produits d’hygiène parfois dangereux pour la santé, posent de véritables problèmes d’hygiène publique et font l’objet de contrôles fréquents pouvant conduire à des fermetures administratives. L’activité accrue des services de police en matière de ventes à la sauvette, notamment de téléphones portables, conduit à une hausse des affaires de recels. Le marché Lariboisière, avec ses produits exotiques et bon marché, attire énormément de monde le mercredi et le dimanche. Les contrôles de police y sont fréquents, notamment concernant les ventes à la sauvette de marchandises de toutes sortes. 26 LES CAHIERS DE LA PRÉFECTURE DE POLICE LE VOLET PARTENARIAL Ce volet implique différents partenaires relevant de la ville de Paris, de la mairie du 18e arrondissement et d’associations afin de travailler sur la prévention et l’environnement du secteur : Éducation nationale, propreté, voirie, espaces verts, direction de la prévention et de la protection de la ville, bailleurs, groupement parisien interbailleurs de surveillance… LA PAROLE À… ÉLISE BAS, CONSEILLÈRE TECHNIQUE DU PRÉFET DE POLICE, CHARGÉE DE LA PRÉVENTION DE LA DÉLINQUANCE Aux côtés de la cellule de coordination opérationnelle des forces de sécurité intérieure, une cellule de coordination opérationnelle du partenariat est prévue par la circulaire du ministre de l’Intérieur en date du 30 juillet 2012 sur la mise en œuvre des zones de sécurité prioritaires. Quelle est sa vocation ? Distincte du conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD), la cellule de coordination opérationnelle du partenariat a vocation à conduire des actions de prévention de la délinquance en privilégiant une approche spécifique de traitement des situations individuelles. La circulaire laisse à chaque préfet le soin de déterminer le pilotage et la fréquence des réunions de cette cellule, en fonction des spécificités propres à chaque zone. Pour les ZSP du 18e et du 19e arrondissements, le choix a été fait de mettre en place non une seule, mais plusieurs cellules du partenariat. Pourquoi ? Le diagnostic des ZSP du 18e et du 19e arrondissement a permis de faire émerger la nécessité de travailler sur ces territoires en priorité sur 4 axes, ce qui a conduit au choix de constituer 4 cellules opérationnelle associant les interlocuteurs-clefs sur chaque sujet concerné, plutôt qu’une seule cellule. Quels sont les thèmes d’action de ces différentes cellules ? Je citerai en premier lieu la cellule « éducation – parentalité – citoyenneté » pilotée par la mairie du 18e. Elle associe les services de l’État, de la Ville, l’Éducation nationale et des associations locales pour bâtir un projet commun (subventionné par le fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD)) en matière de prévention de la délinquance, afin “LA CELLULE DE COORDINATION de canaliser les jeunes posant problème dans l’espace public et dans les halls et parties communes d’immeubles. Elle doit proposer des actions complémenOPÉRATIONNELLE DU PARTENARIAT taires de celles menées dans le cadre de la politique de la ville. A VOCATION À CONDUIRE DES ACTIONS DE PRÉVENTION DE LA DÉLINQUANCE EN PRIVILÉGIANT LE TRAITEMENT DES SITUATIONS INDIVIDUELLES.” Il y a aussi la cellule « emploi-formation-insertion professionnelle » pilotée par l’Unité Territoriale 75 de la Direccte (Direction régionale des entreprises, de la consommation, de la concurrence, du travail et de l’emploi), qui associe opérateurs du service public de l’emploi, ville de Paris, Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), Éducation nationale, associations et chambres consulaires pour identifier le public résidant dans la ZSP et éloigné de l’emploi, et notamment les jeunes. Elle prévoit parallèlement un repérage des potentiels d’emplois puis un travail de préparation à l’emploi et de mise en relation permettant d’améliorer l’insertion professionnelle des jeunes ainsi repérés. C’est à ces derniers que s’adressent en priorité les 200 emplois d’avenir créés par la ville de Paris. La troisième cellule est dédiée à la « prévention de la récidive » : pilotée par le parquet, elle regroupe un représentant du tribunal pour enfants, de la PJJ, du service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP), de la mairie du 18e, du commissariat du 18e et du cabinet du préfet de police. La réflexion menée et les actions déployées visent les publics mineurs et majeurs domiciliés sur le territoire de la ZSP ayant déjà commis des actes délictueux. Parmi les axes d’intervention de cette cellule figurent la prise en charge sans délai des mesures ordonnées, le soutien à la parentalité et la lutte contre le décrochage scolaire. Dans un cadre assurant une parfaite confidentialité, l’échange d’informations doit permettre de faire émerger des solutions individualisées et pragmatiques pour un certain nombre d’individus connus à des titres divers par les différents partenaires. L A ZO NE DE S É C U R I T É P R I O R I TA I R E B A R B È S - C H Â T E A U R OU G E 27 Enfin, une cellule de prise en charge sanitaire et sociale des sans-abris et toxicomanes commune aux ZSP du 18e et du 19e (les acteurs de la prévention de la toxicomanie étant les mêmes) sera prochainement mise en place. Comment le suivi du travail de ces cellules est-t-il assuré ? Ces cellules opérationnelles du partenariat se réunissent à intervalles réguliers, généralement toutes les 6 à 8 semaines, et plus souvent dès que la situation le justifie. Elles travaillent également en coordination dans la mesure où plusieurs problématiques gagnent à ne pas être traitées en vase clos. Par exemple, des pistes d’insertion professionnelle pourraient être proposées par la cellule « emploi-formation-insertion professionnelle » à certains jeunes dont la situation serait évoquée dans la cellule dédiée à la prévention de la récidive. Ces cellules travaillent également en liaison avec le CLSPD du 18e arrondissement pour alimenter les réflexions et actions menées à l’échelle plus vaste de l’arrondissement. Quel rôle jouez-vous à l’égard de ces groupes de travail ? Mon rôle consiste à explorer avec eux toutes les solutions permettant d’améliorer la prévention des actes de délinquance sur le territoire de la zone de sécurité prioritaire, ce qui suppose de bien connaître tous les acteurs concernés et donc d’aller à leur rencontre et de les coordonner. Je souligne à quel point certaines associations sont motivées par l’enjeu que représente le volet préventif du dispositif ZSP : ma mission consiste aussi à rendre leur enthousiasme contagieux ! LA PRÉVENTION DE LA RÉCIDIVE CHEZ LES JEUNES DÉLINQUANTS Dans le cadre de la ZSP Barbès-Château Rouge, les partenariats noués par le parquet de Paris avec l’Éducation nationale, la Ville de Paris, la préfecture de police et les associations afin de prévenir et lutter contre la délinquance des mineurs, sont renforcés. PARMI LES AXES RETENUS : • un recours accru aux stages de responsabilité parentale ; • des alertes renforcées concernant l’absentéisme des élèves de collège et les incidents commis en milieu scolaire en partenariat avec la ville de Paris et l’Éducation nationale ; • une évaluation et un suivi des élèves ayant fait l’objet d’exclusion d’établissements scolaires sur la base d’une convention entre le Rectorat de Paris, le parquet de Paris, la Protection judiciaire de la jeunesse et l’Aide à l’Enfance, pour s’assurer qu’ils ne sombreront pas dans la délinquance. Cet audit éducatif s’appliquera en priorité à la zone de sécurité prioritaire ; • la mise en œuvre de mesures individuelles de répa- ration (parcours citoyen avec suivi du jeune par un mentor de la préfecture de police) ou en partenariat avec la mairie. Au titre de mesures « réparatrices », de jeunes délinquants multiréitérants suivent des parcours citoyens individualisés dans différents services de la préfecture de police. À travers différentes tâches (ici, travaux de manutention), ils sont sensibilisés à des notions indispensables à leur réinsertion comme la rigueur professionnelle, l’effort ou l’empathie. 28 LA PAROLE À… LES CAHIERS DE LA PRÉFECTURE DE POLICE MYRIAM EL KHOMRI, ADJOINTE AU MAIRE DE PARIS, CHARGÉE DE LA PRÉVENTION ET DE LA SÉCURITÉ, CONSEILLÈRE DÉLÉGUÉE DU MAIRE DU 18e, CHARGÉE DE LA PRÉVENTION ET DE LA TRANQUILLITÉ PUBLIQUE. En quoi les ZSP parisiennes représentent-t-elles des instruments intéressants pour la sécurité des arrondissements où elles sont mises en œuvre ? Les ZSP entraînent un vrai travail partenarial où s’impliquent à la fois le ministère de l’Intérieur, la préfecture de police, la préfecture de Paris, le parquet de Paris, l’Éducation nationale, mais aussi la ville de Paris et la mairie d’arrondissement, avec une enveloppe financière supplémentaire de plus de 50 000 euros pour des actions de prévention. Cette approche partenariale qui intègre missions régaliennes et missions municipales est à mes yeux un gage d’efficacité important. Quel rôle particulier jouent les services de la mairie sur le territoire de la ZSP Barbès-Château Rouge ? Il y a un vrai engagement du maire de Paris pour accompagner la ZSP. Dès sa mise en œuvre, quelques axes de travail ont été définis. Un volet important consiste à lutter contre la dégradation de l’espace public notamment due au phénomène des ventes à la sauvette : le maire de Paris a consenti un effort financier pour mettre à la disposition des services de police une benne, 70 heures par semaine, pour prolonger leur action de lutte contre la vente à la sauvette. Nous avons également prévu des passages beau“LA VILLE DE PARIS VA CRÉER coup plus nombreux des inspecteurs de sécurité 200 EMPLOIS D’AVENIR AU SEIN de la ville chargés de la mise en œuvre des arrêtés DES SERVICES MUNICIPAUX, AVEC municipaux, dont le règlement sanitaire déparUNE PRIORITÉ POUR LES JEUNES temental pour lutter contre les encombrants, les DES QUARTIERS POPULAIRES ET jets de détritus, mais également le respect des étalages et terrasses des commerces. Ils ont aussi pour DONC NOTAMMENT DES mission de verbaliser les personnes qui se livrent TERRITOIRES DES DEUX ZSP.” à des épanchements d’urine sur les trottoirs ; ce problème se pose notamment dans certaines rues ou de nombreuses personnes consomment de l’alcool à des heures tardives aux abords de débits de boissons. Nous allons d’ailleurs expérimenter, à la demande des habitants, l’installation d’urinoirs mobiles en complément des actions menées par les services de police dans ces rues. Nous avons aussi décidé de modifier les horaires des correspondants de nuit qui interviennent normalement de 16h00 à minuit : ils travaillent à présent le week-end de 14h00 à 22h00 pour mener une action importante en direction des jeunes sur ces horaires. Plusieurs autres mesures ont été prises, comme le réaménagement de l’espace dédié au marché Barbès pour faciliter l’action des services de police contre les vendeurs à la sauvette et faciliter la circulation des clients du marché. Quid du volet préventif ? La ville de Paris va créer 200 emplois d’avenir au sein des services municipaux avec une priorité pour les jeunes des quartiers populaires et donc notamment des territoires des deux ZSP. Nous travaillons également avec le parquet de Paris sur la prévention de la récidive. Ainsi, nous avons signé une convention le 7 janvier 2013 avec le parquet de Paris, la société Decaux et la Protection judiciaire de la jeunesse pour mettre en place des mesures de réparation pénale en direction des mineurs primodélinquants interpellés dans le cadre de dégradations de Vélib’, l’idée étant que même pour les primodélinquants, il y ait une réponse pénale afin de les responsabiliser. Dans cet esprit, quinze mineurs, dont certains issus des deux ZSP parisiennes, ont été désignés pour effectuer leur mesure de réparation pénale dans les ateliers de réparation Decaux pendant les vacances de mars 2013. Nous développons aussi nos offres de poste de travail d’intérêt général au sein des services municipaux avec le service pénitentiaire d’insertion et de probation. C’est une manière de les responsabiliser tout en protégeant l’espace public. Je pourrais citer d’autres actions que nous souhaitons expérimenter comme celles permettant d’enrichir la chaine éducative à travers une aide à la parentalité ou encore la prise en charge en nocturne des jeunes issus des ZSP par le dispositif Ville Vie Vacances. Les initiatives seront nombreuses. L A ZO NE DE S É C U R I T É P R I O R I TA I R E B A R B È S - C H Â T E A U R OU G E Comment s’articule l’action de la mairie avec celle des forces de l’ordre et le parquet ? La ZSP fait l’objet d’un suivi très régulier. Celui-ci s’exerce tant au niveau central par le secrétaire général adjoint de la ville de Paris, Philippe Chotard, chargé de coordonner la ZSP, que par la chef de circonscription de la direction de la prévention et de la protection de la ville de Paris, Laurence Houzard, qui gère le tableau de bord de toutes les actions menées par les services de la ville, et, bien entendu, au niveau local par le maire d’arrondissement, Daniel Vaillant, qui s’investit de façon remarquable dans ce dispositif. Celui-ci réunit une fois par mois tous les chefs de circonscription des différents services de la ville et le commissaire central pour faire un point sur tout le 18e arrondissement, le premier point à l’ordre du jour étant la ZSP. Ressentez-vous l’intensité de la mobilisation dans le cadre de la ZSP ? Absolument. Aujourd’hui, la ZSP redonne l’espoir à tous de voir s’améliorer la physionomie de l’arrondissement grâce la mobilisation de l’ensemble des services et à la régularité de leurs interventions sur ce territoire. Toutes les administrations doivent être convaincues de l’utilité de leur implication sur la ZSP, comprendre que celle-ci s’inscrit dans un contexte local s’apparentant à un « millefeuille » de difficul“AUJOURD’HUI, LA ZSP REDONNE tés et qu’il faut innover dans les méthodes d’intervention, coopérer le plus possible pour enrayer L’ESPOIR À TOUS DE VOIR ces phénomènes de délinquance. L’exploitation S’AMÉLIORER LA PHYSIONOMIE de la misère, par exemple à travers le phénomène DE L’ARRONDISSEMENT de traite des femmes nigérianes, est insupportable et son exposition aux yeux de tous est aussi une GRÂCE À LA MOBILISATION violence pour les enfants qui grandissent dans ce DE L’ENSEMBLE DES SERVICES quartier. Comme cette délinquance est difficile à ET À LA RÉGULARITÉ DE LEURS combattre, c’est sur la durée que le dispositif portera ses fruits. Ce quartier de la Goutte d’Or a aussi INTERVENTIONS beaucoup de ressources, d’atouts et de solidarités, SUR CE TERRITOIRE.” la jeunesse de sa population doit en être la force. L’accès à l’emploi et la lutte contre la précarité doivent être des leviers importants de cette nouvelle dynamique. Il me semble également nécessaire de créer des liens entre ces différents services et les habitants pour que toutes les administrations comprennent le sens de la « pression » mise par les habitants sur la ZSP. Les résultats obtenus devront aussi leur être communiqués. Plusieurs mois après la mise en place de la ZSP, les riverains perçoivent-ils une amélioration sur la ZSP ? Ils constatent qu’il y a une plus forte présence des services de l’État et de la Ville et reconnaissent que les choses s’améliorent dans certains domaines, tout en exigeant que l’action qui est menée soit durable afin que les choses changent vraiment. L’enjeu de cette ZSP est aussi de leur redonner confiance dans les institutions sur ces thématiques : ce ne sont pas les grands discours qui font l’efficacité, mais la conjugaison de toutes les actions, qu’elles relèvent de la police ou des autres institutions. 29 30 LES CAHIERS DE LA PRÉFECTURE DE POLICE THÈMES D’ACTION RELEVANT DE LA VILLE DE PARIS Pour lutter contre les dépôts « sauvages » d’ordure, stopper les épanchements d’urine dans la rue, arrêter les dégradations de mobilier urbain, chasser les vendeurs à la sauvette, réduire les nuisances sonores à la sortie de certains bars, contrôler la longueur des étals de magasins peu scrupuleux, etc. la Mairie de Paris a décidé de : • renforcer son dispositif préventif avec le déploiement sur le terrain d’inspecteurs de sécurité de 7h00 à 23h00(minuit jusqu’à 1h00 pour l’été), • multiplier les rondes dans les squares (square Léon…), ainsi que les équipes de médiateurs qui, composées de trois ou quatre agents, arpentent les rues pour aller à la rencontre du public et assurer une présence rassurante dans l’ensemble du quartier (de 16h00 à minuit en semaine, et de 14h00 à 22h00 le week-end), • verbaliser (ou avertir) les comportements irrespectueux sur la voie publique (excédents d’étalage de marchandise pour les commerçants, déjections canines…), • créer un contact toujours plus fort avec le tissu associatif, notamment avec l’association de développement de la culture et loisirs des jeunes de la Chapelle qui agit sur le secteur Goutte d’Or, ou encore l’association d’aide aux devoirs, d’ateliers culturels et d’activités sportives… Pour remédier aux problèmes d’épanchement d’urine, notamment aux abords des bars, des urinoirs de rue vont être expérimentés sur deux sites : au carrefour des rues Marcadet, Labat et Poissonniers et au croisement des rues de Panama et de Suez. Ils seront implantés par la ville pour 3 mois, éventuellement renouvelables. Au-delà des verbalisations, c’est un moyen concret de réduire les nuisances aux abords des nombreux cafés du secteur. Des urinoirs similaires ont déjà été installés pendant l’été par la mairie du 19e près du bassin de la Villette. Dépassements de terrasses, emprise excessive de commerces sur la chaussée, dépôts sauvages d’encombrants, déjections canines, épanchements d’urine et autres souillures représentent les principaux thèmes de la verbalisation menée par les agents de la ville de Paris. Ainsi, chaque jour, des inspecteurs de sécurité de la direction de la prévention et de la protection (DPP) sont mis à disposition de la lutte contre les incivilités. Ils se déplacent de préférence à pied ou en VTT et ont le pouvoir de verbaliser l’auteur d’une infraction pris en flagrant délit. L A ZO NE DE S É C U R I T É P R I O R I TA I R E B A R B È S - C H Â T E A U R OU G E 31 © cargol - Fotolia.com La première équipe de correspondants de nuit a été créée en 2004 dans le quartier du Bas Belleville, dans le 19e arrondissement. Présents de 16h00 à minuit en semaine (et de 14h00 à minuit le week end), 7j/7 et toute l’année, les équipes de correspondants de nuit travaillent en équipes de 3 à 4 agents, 7j/7, dans les quartiers sensibles de la capitale. Identifiables par leur tenue « Mairie de Paris », ils disposent de trousses de secours, de nécessaires à ramassage de seringues, de lampes et de gants. Leur mission : l’accompagnement physique des personnes ; la veille technique et résidentielle pour alerter sur des dysfonctionnements (voirie, éclairage, propreté, dangers imminents…) ; la veille sociale avec une écoute des personnes fragilisées, et notamment un contact quotidien avec les sans-abri ; prévention des nuisances et des incivilités, la prévention et la résolution des « petits » conflits entre usagers de l’espace public, entre personnes marginalisées, entre voisins, ou de conflits familiaux. UNE MESURE DE RÉPARATION INÉDITE Face à la forte recrudescence des actes de délinquance commis sur les Vélib’, la ville de Paris, le parquet de Paris, en lien avec la Protection judiciaire de la jeunesse, ont engagé un partenariat inédit avec la société JCDecaux. Celui-ci permet au parquet d’ordonner une mesure de réparation pénale à l’encontre de mineurs auteurs d’infractions en lien avec l’activité Vélib’ consistant, sur deux jours, à réparer des Vélib’ au sein des ateliers de la société Decaux. 32 LA PAROLE À… LES CAHIERS DE LA PRÉFECTURE DE POLICE VINCENT DEVATHAIRE, DIRECTEUR GÉNÉRAL DES SERVICES DE LA MAIRIE DU 18e ARRONDISSEMENT La ZSP Barbès-Château Rouge suscite de fortes attentes de la population. Pouvez-vous donner quelques exemples ? La ZSP connaît à la fois des problématiques de délinquance et de mauvais usage de l’espace public, qui engendrent un fort sentiment d’insécurité : nuisances autour des commerces (tapage, consommation d’alcool et mixtions dans la rue), encombrements, insalubrité. Les habitants nous font part de leur ressenti au cours des réunions de conseil de quartier ou de concertation organisées par la mairie. En outre, sur le secteur de la ZSP qui est un quartier dit de « politique de la ville », l’équipe de développement local, très proche de la population, fait bien remonter les difficultés exprimées par les résidents. Nous recevons également quotidiennement, par mail ou courrier, des réclamations, des pétitions. Nous connaissons donc rue par rue, parfois numéro par numéro, toutes les problématiques de ce secteur. La réunion mensuelle de « veille/circonscription » pilotée par le maire du 18e, qui comporte un volet « ZSP », vient encore compléter ce dispositif d’informations. En quoi consiste ce rendez-vous mensuel ? Il s’agit d’une réunion de coordination générale qui évoque l’ensemble des thématiques de l’action publique sur l’arrondissement : sécurité, propreté, voirie, jeunesse et sport, petite enfance, scolarité, culture, prévention etc. Elle réunit les nombreux acteurs de la vie locale concernés, dont le commissaire central du 18e arrondissement. Une séance spécifique « coordination ZSP » a désormais lieu en première partie de cette réunion en présence du secrétaire général délégué de la ville, Philippe Chotard, chargé de coordonner toutes les directions de la ville de Paris liées à l’usage de l’espace public : la direction “NOUS CONNAISSONS des parcs et jardins, celle de la voirie, celle de la RUE PAR RUE, PARFOIS NUMÉRO propreté ou encore celle de la prévention et de la protection. PAR NUMÉRO, TOUTES LES Par quelles actions se traduit la mobilisation de la PROBLÉMATIQUES mairie sur la ZSP Barbès-Château Rouge ? DE CE SECTEUR.” Nous agissons sur plusieurs axes : nous renfor- çons notre îlotage, préventif et répressif, avec notamment une verbalisation accrue des incivilités (consommation d’alcool sur la voie publique, épanchements d’urine, déjections canines…), des terrasses et étalages non conformes, de la salubrité et de l’occupation illicite de l’espace public. Nous renforçons également nos dispositifs et moyens de propreté et de voirie : actions complémentaires de nettoyage des rues, mise à disposition quotidienne d’une benne pour enlèvement des objets saisis dans le cadre de la répression des ventes à la sauvette, entretien accrue de la voirie et réalisation des améliorations nécessaires. En matière de prévention et de médiation sociale je citerai l’action des correspondants de nuit qui vont à la rencontre des usagers de l’espace public, notamment de la clientèle des bars, pour les inciter à limiter le tapage nocturne. Leurs horaires ont été adaptés, particulièrement le week-end, afin de répondre pleinement aux besoins. Nous portons également nos efforts sur les équipements publics et espaces verts du secteur en renforçant la surveillance et l’entretien. Sur le marché Barbès, afin de lutter contre les ventes à la sauvette, la circulation centrale a été élargie pour ne plus laisser de place pour des installations sauvages à l’arrière des étals. Enfin nous allons installer de façon expérimentale, des urinoirs publics dans deux secteurs particulièrement touchés par le fléau des épanchements d’urine. Nous évaluerons cette expérimentation après un trimestre et envisagerons de l’étendre le cas échéant. Toutes nos actions sur la ZSP font l’objet d’un suivi précis à travers un tableau de synthèse. Quel est l’intérêt de la ZSP à vos yeux ? Ce dispositif nous oblige à réfléchir, à prendre davantage en compte les avis et les besoins exprimés par les riverains, à travailler en meilleure synergie avec nos partenaires, à innover et à trouver de nouvelles méthodes de travail au service de la population. L A ZO NE DE S É C U R I T É P R I O R I TA I R E B A R B È S - C H Â T E A U R OU G E L’insalubrité et les encombrements font partie des nombreuses problématiques de la zone de sécurité prioritaire. L’action de la ville de Paris contre les nuisances et les incivilités se traduit notamment par un îlotage renforcé (ici, correspondant de nuit ). 33 34 LES CAHIERS DE LA PRÉFECTURE DE POLICE ÉVALUATION, RÉSULTATS ET COMPTE-RENDU À LA POPULATION LE DISPOSITIF DE LA ZONE DE SÉCURITÉ PRIORITAIRE PRÉVOIT UN SUIVI ÉTROIT DES RÉSULTATS OBTENUS, TANT EN TERMES QUANTITATIFS QUE QUALITATIFS. Les actions relevant du partenariat sur la ZSP font l’objet d’un suivi régulier lors de la réunion mensuelle de la cellule de coordination opérationnelle du partenariat. LES INDICATEURS QUANTITATIFS Ils sont de deux ordres : • l’outil 4001 et la main courante informatisée du commissariat central du 18e arrondissement, • les états comparatifs mensuels pour tous les thèmes du plan d’action. LES INDICATEURS QUALITATIFS • La population de la ZSP est associée au processus d’évaluation : un panel représentatif d’habitants est convié à la réunion trimestrielle organisée avec tous les services mobilisés par la ZSP afin d’échanger sur les thèmes de travail : racolage, etc. • Par ailleurs, un questionnaire a été adressé à un panel de riverains (habitants, salariés, commerçants, représentants et membres d’associations, etc.) par l’intermédiaire des responsables d’associations, en mairie, au commissariat d’arrondissement et par intranet afin d’évaluer l’impact de la ZSP et ses effets sur la population. Un officier coordinateur collecte et analyse les réponses du questionnaire sous la responsabilité opérationnelle du commissaire central du 18e arrondissement. (Voir article page suivante.) Réunion publique avec les riverains de la ZSP. La réunion publique trimestrielle organisée sur la ZSP réunit une centaine de riverains et de représentants d’associations. Après un point d’étape sur les objectifs et le travail effectué sur la ZSP Barbès-Château Rouge, un débat s’instaure entre le public et les représentants des services de l’État et de la ville de Paris. Pendant plus d’une heure, les résidents et représentants d’associations peuvent poser des questions, faire état de leurs préoccupations et émettre diverses remarques sur la mise en place de la ZSP. Le préfet de police, le procureur de la République, le maire du 18e arrondissement et leurs collaborateurs ont répondu point par point aux interrogations du public. Réciproquement, les résidents sont invités à faire remonter toutes les informations qu’ils jugent utiles ainsi que leur perception de l’action menée auprès du commissariat central ou de la mairie d’arrondissement. L A ZO NE DE S É C U R I T É P R I O R I TA I R E B A R B È S - C H Â T E A U R OU G E LA ZSP EN QUESTIONS Mise en place pour réattribuer l’espace public aux riverains et renforcer la lutte contre la délinquance, la zone de sécurité prioritaire Barbès-Château Rouge s’élabore de manière partenariale. C’est dans cet esprit qu’un questionnaire est adressé à un panel de plus de 1 000 personnes vivant ou travaillant dans ce quartier afin de recueillir leur perception générale sur la qualité des services publics, la sécurité et les actions mises en œuvre dans le cadre de la ZSP. Ce sondage constitue une démarche innovante associant directement les citoyens au dispositif de sécurité conçu en leur faveur. Envoyé aux intéressés six mois après l’entrée en vigueur de la ZSP, puis régulièrement tous les six mois, il a pour but de mesurer l’évolution de leur « ressenti » et de réorienter les mesures sur certaines thématiques prioritaires si nécessaire. UN LARGE SPECTRE DE THÈMES Coproduit par le parquet de Paris, la préfecture de police et la ville de Paris dans le cadre du volet partenarial de la zone de sécurité prioritaire, ce questionnaire rassemble 33 questions évoquant toutes les problématiques relatives au territoire de la ZSP Barbès-Château Rouge. En ce qui concerne le cadre de vie, les répondants sont invités à exprimer leur degré de satisfaction aussi bien sur la propreté, les nuisances sonores et l’éclairage public que sur la desserte des transports en commun, la proximité des services publics (police, écoles…) et la rénovation urbaine. Pour ce qui relève du sentiment d’insécurité, ils peuvent indiquer les lieux (voie publique, domicile, lieu de travail, équipements municipaux, transports) et moments de la journée où, lorsqu’il existe, celui-ci est le plus présent et cocher les phénomènes leur paraissant les plus préoccupants parmi une vingtaine d’items. Les thèmes évoqués vont des agressions physiques et des agressions sexuelles aux problèmes de salubrité et d’embouteillages en passant par les vols avec violence, les ventes à la sauvette, le racket, la toxicomanie, le racolage ou encore les regroupements et l’ivresse sur la voie publique. La perception des riverains sur les actions de lutte contre la délinquance et les nuisances est elle aussi étudiée à la loupe, à la fois à un niveau global (appréciation générale sur la mise en œuvre de la ZSP) et d’une manière détaillée par type de mesure (présence des policiers, surveillance des espaces verts, des écoles, des halls d’immeubles, etc.) ou d’acteur (police, inspecteurs de sécurité et correspondants de nuit de la ville de Paris, groupement parisien inter-bailleurs de surveillance, etc.). DES RÉSULTATS EXPLOITABLES SUR LE TERRAIN Les destinataires doivent souvent répondre sur une échelle de 1 à 10 afin de préciser leur ressenti le plus finement possible. Quelques questions ouvertes leur sont également proposées. Celles-ci portent sur les rues du quartier qui leur semblent les plus dangereuses et sur les actions qui sont prioritaires à leurs yeux, tant en matière de prévention que de répression policière, avec la possibilité de rédiger quelques commentaires. Les réponses sont évidemment étudiées à l’aune de certains paramètres comme l’âge, la profession et le secteur précis d’habitation ou de travail de la personne à l’intérieur de la ZSP. Afin d’obtenir des réponses fiables, les membres du panel disposent d’un mois pour remplir et renvoyer leur questionnaire. Effectué en commun par les institutions coordonnant la zone de sécurité prioritaire (préfecture de police, ville de Paris, parquet de Paris), le dépouillement des résultats permet d’affiner ou de compléter certaines actions sur le terrain ou d’accentuer la prévention de certains phénomènes. 35 36 LES CAHIERS DE LA PRÉFECTURE DE POLICE GLOSSAIRE DES DIRECTIONS ET SERVICES DE LA PRÉFECTURE DE POLICE PARTICIPANT À LA ZSP BARBÈS-CHÂTEAU ROUGE DIRECTIONS DSPAP (DIRECTION DE LA SÉCURITÉ DE PROXIMITÉ DE L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE) DOPC (DIRECTION DE L’ORDRE PUBLIC ET DE LA CIRCULATION) DRPJ (DIRECTION RÉGIONALE DE LA POLICE JUDICIAIRE) DTPP (DIRECTION DES TRANSPORTS ET DE LA PROTECTION DU PUBLIC) DDPP (DIRECTION DÉPARTEMENTALE DE LA PROTECTION DES POPULATIONS DE PARIS) DOSTL (DIRECTION OPÉRATIONNELLE DES SERVICES TECHNIQUES ET LOGISTIQUES) DRPP (DIRECTION DU RENSEIGNEMENT) Chargée de prévenir et de lutter au quotidien contre la petite et la moyenne délinquance (vols avec violences, vols à la tire, dégradations, etc.), cette direction de la préfecture de police gère l’ensemble des commissariats parisiens et de petite couronne (92, 93 et 94). Cette direction est chargée d’encadrer l’ensemble des événements revendicatifs, festifs et sportifs se déroulant sur la voie publique, de fluidifier et de sécuriser le trafic routier régional, de lutter contre la délinquance routière et de protéger les institutions. La direction régionale de la police judiciaire de Paris (DRPJ) est une direction rattachée à la préfecture de police de Paris. Située à Paris, au 36, quai des Orfèvres, elle est chargée de la lutte contre la criminalité et la délinquance organisée ou spécialisée, de la mise en œuvre et du contrôle des moyens de police technique et scientifique et d’identité judiciaire, des outils informatiques et des documentations opérationnelles d’aide aux investigations. Elle compte de nombreuses brigades de renom comme la brigade criminelle, la brigade des stupéfiants, la brigade de recherche et d’intervention, la brigade de répression du banditisme, la brigade de protection des mineurs... Elle prévient et lutte contre les multiples nuisances, risques et périls dont peuvent être victimes les Parisiens : insalubrité, nuisances sonores et olfactives, pollution, intoxications alimentaires, risques incendie, infractions liées à la salubrité. Elle joue également un rôle majeur dans la fixation des règles de stationnement et de circulation, dans la réglementation de l’espace public et coordonne la politique de sécurité routière à Paris. Relevant de la direction des transports et de la protection du public (DTPP) de la préfecture de police, la DDPP est compétente en matière de protection et de sécurité des consommateurs. À ce titre, elle assure une mission de veille (qualité, sécurité des produits et des prestations, hygiène et sécurité des produits alimentaires, santé et alimentation animales, protection des animaux) et de contrôle (répression des pratiques commerciales illicites, contrôle des produits importés et exportés, loyauté des transactions, etc.), et concourt à l’exercice de politiques publiques (surveillance des marchés, promotion des pratiques favorables à la préservation de la santé publique et de l’environnement, prévention des risques sanitaires). La direction opérationnelle des services techniques et logistiques répond à l’ensemble des besoins en équipements des directions de la préfecture de police ainsi que des services de police de la petite couronne (engins pour le maintien de l’ordre, hélicoptère pour la recherche des personnes disparues et le secours de victimes, flotte de la brigade fluviale, habillement, armes, véhicules, radars, etc.) dont elle gère également l’entretien et la réparation. Elle conçoit, installe et assure également la maintenance et la sécurité des systèmes d’information et de communication de la préfecture de police (informatique, télécommunications, vidéoprotection, etc.), et supervise notamment le plan «1 000 caméras». Face à la montée des violences urbaines, aux nouvelles formes d’extrèmisme politique ou à la persistance de la menace terroriste, la direction du renseignement de la préfecture de police est un rouage essentiel de la sécurité de la capitale et de la région francilienne. Elle a pour première mission la recherche d’informations susceptibles d’orienter le travail de terrain de l’ensemble des policiers (commissariats, police judiciaire, etc.). Il s’agit notamment, dans tous les quartiers sensibles, d’identifier des réseaux ou des délinquants locaux contre lesquels pourraient être menées des enquêtes criminelles. Outil majeur de la lutte contre les bandes et l’économie souterraine, la police de renseignement transmet quotidiennement ses informations aux autres directions de la préfecture de police. L A ZO NE DE S É C U R I T É P R I O R I TA I R E B A R B È S - C H Â T E A U R OU G E SERVICES AU SEIN DE LA DIRECTION DE SÉCURITÉ DE PROXIMITÉ DE L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE COMMISSARIAT CENTRAL (OU CIRCONSCRIPTION DE SÉCURITÉ DE PROXIMITÉ) DU 18e ARRONDISSEMENT/SAIP BAC (BRIGADE ANTICRIMINALITÉ) CSI (COMPAGNIES DE SÉCURISATION ET D’INTERVENTION) BRF (BRIGADE DES RÉSEAUX FERRÉS) À Paris et en petite couronne, chaque commissariat se compose d’un service de l’accueil et de l’investigation de proximité (SAIP) et d’une brigade des délégations et des enquêtes de proximité (BDEP). Chargé du traitement procédural des affaires judiciaires, le SAIP dispose d’une unité de traitement en temps réel, qui lui permet d’accueillir le public 24h/24 pour les dépôts de plainte. Il procède également aux enquêtes judiciaires à caractère local, qui concernent la très grande majorité des délits commis au préjudice de la population (cambriolages, vols d’automobiles, vols à la roulotte, vandalisme, etc.). Les BAC luttent contre la délinquance de voie publique, de jour comme de nuit. Spécialisées dans les interpellations en flagrant délit, elles sont présentes sur l’ensemble du territoire parisien grâce aux BAC d’arrondissement, aux trois BAC de secteur (coordonnant plusieurs commissariats d’arrondissement), à la BAC des transports et à la BAC de nuit, compétente sur toute la capitale. Les CSI ont pour mission de renforcer la sécurité dans les quartiers sensibles de Paris et de petite couronne et de venir en appui des services de police locaux, notamment en cas de violences urbaines ou d’événements sensibles. Au sein du service régional de la police des transports, elle est chargée de la sécurité des transports en commun franciliens (trains, RER, métros). BRIGADE CANINE Composée de maitres-chiens et de chiens spécialement dressés, cette unité de la DSPAP, grâce à son aspect dissuasif, contribue à assurer la sécurité des personnes et des biens. Elle comporte trois sections respectivement dédiées à la capture (animaux errants, blessés ou agressifs sur la voie publique ou chez les particuliers), à la recherche de stupéfiants et à la recherche d’explosifs. 2e DISTRICT DE POLICE JUDICIAIRE Au sein de la direction de la police judiciaire Comme les deux autres districts de police judiciaire (DPJ) de Paris, il est chargé du traitement des affaires graves ou complexes et de la lutte contre la délinquance organisée ou violente dans plusieurs arrondissements : le 2e district couvre les 10e, 11e, 12e, 18e, 19e et 20e arrondissements, soit le Nord et l’Est de Paris. GIR (GROUPES D’INTERVENTION RÉGIONAUX) Relevant de la DRPJ, créés à Paris et dans chaque département de la petite couronne, ils ont pour but de lutter contre la délinquance en utilisant l’ensemble des moyens législatifs et réglementaires dans plusieurs domaines : pénal, fiscal, douanier et administratif. 37 38 LES CAHIERS DE LA PRÉFECTURE DE POLICE GLOSSAIRE DES DIRECTIONS ET SERVICES DE LA PRÉFECTURE DE POLICE PARTICIPANT À LA ZSP BARBÈS-CHÂTEAU ROUGE (SUITE) DIRECTIONS BRP (BRIGADE DE RÉPRESSION DU PROXÉNÉTISME) La brigade de répression du proxénétisme (BRP) est essentiellement chargée de surveiller la prostitution et de lutter contre le proxénétisme, mais se consacre également à tous les délits d’ordre sexuel comme les viols et l’exhibitionnisme. Dans tous ces domaines, elle mène des enquêtes, récolte des renseignements, recueille des témoignages, met en place des dispositifs de « planque » et de filature, procède à des perquisitions et à des arrestations. Elle obtient également des informations auprès des prostituées afin d’étayer ses enquêtes sur leurs proxénètes, reçoit les plaintes des victimes de viols ou d’agression sexuelle et mène l’enquête pour retrouver et arrêter les coupables. Ses investigations se conduisent au niveau national ou international afin de remonter les filières et les réseaux de prostitutions, démanteler et lutter contre la traite des jeunes femmes du monde entier. BRIGADE DES STUPÉFIANTS La brigade des stupéfiants (dite « brigade des stups ») a en charge la lutte contre le trafic de drogue sous toutes ses formes, qu’il soit local, régional ou international. Dans ce dernier cas, elle agit en coopération avec l’office central de répression du trafic illicite de stupéfiants (OCTRIS) de la direction centrale de la police judiciaire. Elle coordonne l’action de l’ensemble des services de police parisiens et de petite couronne en matière de lutte contre le trafic de stupéfiants, notamment à travers le plan stups. Elle exerce aussi une action de préventionformation contre la drogue en milieu scolaire et professionnel. SOUS-DIRECTION RÉGIONALE DE LA CIRCULATION ET DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRES Au sein de la direction de l’ordre public et de la circulation Cette sous-direction régionale a pour mission d’assurer la régulation de la circulation et de lutter contre l’insécurité routière. Elle exerce aussi une action de prévention routière en milieu scolaire et professionnel. UNITÉ DE CONTRÔLES TECHNIQUES Au sein de la direction opérationnelle des services techniques et logistiques Cette unité assure le contrôle des véhicules en matière d’émissions polluantes et d’émissions sonores, relève les défauts de contrôle technique et lutte contre le débridage des deux-roues. Elle assure également des missions de police administrative avec le contrôle des magasins d’accessoires auto moto, de police judiciaire avec le traitement des infractions constatées, et d’assistance aux services de police (opérations conjointes avec la DOPC et la DSPAP de la préfecture de police et les CRS autoroutières d’Île-de-France). PRÉFECTURE DE POLICE • SERVICE DE LA COMMUNICATION • AVRIL 2013