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Anabases 6 (2007), p. 285-292. RÉSUMÉS Bertrand PRÉVOST Rome-Babylone. Ruine, corruption, colosse On tente d’éprouver l’hypothèse d’une homologie structurale entre la corruption morale et politique et la ruine. Il ne s’agit pas de dire simplement que la ruine est la conséquence de la corruption (châtiment divin par exemple), comme si l’une succédait à l’autre. La relation ne peut s’entendre que si les deux sont toujours co-présentes, autrement dit si la ruine est une transformation ou une manifestation de la corruption. Dès la fin du XVe siècle, l’anathème lancé par les futurs Réformés contre la corruption de la Rome pontificale aura trouvé un riche matériau figuratif dans le champ de ruines que présentait la Ville. De fait, l’association biblique de Rome avec la chute de Babylone ne pouvait que donner un écho supplémentaire au devenir-ruine de la Ville. Au milieu du XVIe siècle, une œuvre extraordinaire actualise cette idée : la Tour de Babel de Bruegel l’Ancien, qui fond l’image du Colisée et celle de la Tour. Plus encore, c’est une critique morale et esthétique du colosse qui permet – en peinture – de sous-tendre un tel rapprochement. This is an attempt to test the hypothesis of a structural homology between moral and political corruption and decay. The matter is not simply to say that decay is the consequence of corruption (a divine punishment for instance), as if one followed the other. The relationship can be understood only if the two of them are always co-present, in other words if decay is a transformation or manifestation of corruption. Ever since the end of the XVth century, the anathema cast by the future Reformers at the corruption of Papal Rome was to find a rich figurative material in the fields of ruins displayed by the City. As a matter of fact, the biblical association of Rome with Babylone's downfall could but give further echo to the ruin-in-process of the City. In mid-XVth century an extraordinary work gave actual shape to the idea: Bruegel the Elder's Babel Tower , conflating the image of the Coliseum and that of the Tower. Moreover, it is a moral and aesthetic criticism of the colossus which allows one to underscore-in painting- such a comparison. Mots-clés : ruine, corruption, colosse, Rome, Babylone, Bruegel, Colisée. Key words : decay, corruption, colossus, Rome, Babylon, Bruegel , Coliseum. Anabases 6 3/10/07 15:02 Page 286 RÉSUMÉS Julie CASTEIGT « Ce qui fut en lui était la vie » (Jn 1,3-4) . Que signifie une vie qui ne se corrompt pas ? Réflexion sur la vie dans le principe chez Albert le Grand et Michel Henry « Ce qui fut en lui était la vie ». Le verset Jn 1, 3-4 évoque une vie qui, dans la mesure où elle demeure dans le principe, ne serait pas soumise à la corruption. Que signifie une vie qui ne se corrompt pas ? Telle est la question inspirée de la tradition johannique qu’explorent, chacun à leur manière, Albert le Grand, dans son commentaire du prologue de l’Évangile selon saint Jean étudié ici à partir d’une édition critique en cours de préparation, et Michel Henry, dans son ouvrage Incarnation. Une philosophie de la chair, Seuil, Paris, 2000. L’enjeu philosophique consiste à prendre de la distance par rapport au couple de concepts physiques « corruption/génération », afin de les considérer plutôt unis et opposés ensemble à une vie dans le principe qui serait libérée de toute corruption. Cette « Vie absolue » est conçue à partir du concept de « verbe ». Le débat porte, par suite, à travers les enjeux noétiques liés à la théorie des idées dans le principe divin ou des implications métaphysiques portant sur le mode d’être du principe dans les théories aristotélicienne ou néoplatonicienne, sur la manière de concevoir ce verbe comme une idée ou comme un acte continu. La méthode adoptée procède à deux confrontations. Du point de vue des courants philosophiques et des disciplines, d’une part, l’enjeu consiste à confronter la perspective phénoménologique proposée par M. Henry à l’approche médiévale, à la fois exégétique, théologique et philosophique d’Albert le Grand. Du point de vue de la manière de forger des concepts, d’autre part, il s’agit de confronter l’interprétation albertinienne du verset Jn 1, 3-4 et de la question de la vie dans le principe qu’elle implique aux sources philosophiques à partir desquelles elle s’élabore, qu’il s’agisse des théories physiques aristotéliciennes sur la vie naturelle qui est engendrée et se corrompt ou des conceptions néoplatoniciennes formulées notamment par le Liber de causis. L’hypothèse à partir de laquelle l’étude de ces deux textes johanniques est menée naît de la question suivante : comment Albert le Grand, par la méthode qu’il propose et la théorie de la vie qu’il forge au moyen d’arguments noétiques et ontologiques, offret-il une réflexion critique qui ouvre une alternative à la voie gnostique que semble indiquer M. Henry et lutte-t-il avec ardeur contre l’hypothèse d’une vie qui serait transposée dans le principe pour dénier la vie soumise à la génération et à la corruption ? “In him was life”. The verse Jn 1,3-4 conjures up a life which, so long as it abides in the principle, would not be subject to corruption. What does a life mean which undergoes no decay ? Such is the question inspired by the Johannic tradition and explored, each in his own manner, by Albert the Great in his commentary on the prologue to the Gospel according to Saint John here studied in the light of a critical edition now under way, and Michel Henry in his work Incarnation. A philosophy of the flesh, Seuil, Paris, 2000. The philosophical point at stake consists in keeping at a distance the couple of philosophical concepts “corruption/generation”, in order to look at them as rather united and together opposed to a life in the principle that would be freed from all corruption. That “absolute Life” stems from the concept of “word”. The debate, through the noetic points at stake bound up with the theory of ideas in the divine principle or the mataphysical implications bearing on the mode of being of the principle in the aristotelian theories, bears consequently on the way one conceives that word, either as an idea or a continuing process. The method adopted leads on to two confrontations. From the point of view of the philosophical currents and the disciplines, on the one hand, the point at stake consists in confronting the phenomenological perspective propounded by M.Henry with Albert the Great's 286 Anabases 6 3/10/07 15:02 Page 287 RÉSUMÉS medieval approach, at once exegetic, theological and philosophical. From the point of view of the manner to work out concepts, on the other hand, the point consists in confronting the Albertian interpretation of the verse Jn 1,3-4 and the question of life in the principle it implies with the philosophical sources it develops from, whether they are aristotelian physical theories on natural life, generated and undergoing decay, or neoplatonic conceptions notably expounded through the Liber de causis . The hypothesis which runs through the study of those two johannic texts springs from the following question: in what way does Albert the Great, through the method he advances and the theory of life he works out by means of noetic and ontological arguments, propound a critical reflection that opens up an alternative to the gnostic way M.Henry seems to indicate and eagerly struggles against the hypothesis of a life that would be carried over into the principle in order to deny life subject to generation and decay ? Mots-clés : vie, métaphysique, exégèse médiévale, philosophie médiévale, phénoménologie, Albert le Grand, Michel Henry. Key words : life, metaphysics, medieval exegesis, medieval philosophy, phenomenology, Albert the Great, Michel Henry. Anne FROSTIN-GARRETA Vie et belle santé de la corruption dans la pensée politique de Pascal Il s’agit de s’interroger sur l’expression de « si bel ordre ». Quel est son statut ? Quelle est la consistance de cet ordre sachant que Pascal considère que l’on ne peut écrire de politique que pour un « hôpital de fous » ? Comment devons-nous évaluer les artifices qui permettent la régulation sociale ? Jusqu’à quel point le coup de force du règlement peut-il être affirmé comme signe de performance de la règle ? Entre apparence d’ordre et désordre réel, quelle est la possibilité d’action qui est laissée aux acteurs de cette pièce ? Faut-il en déduire que nous sommes condamnés à l’hôpital de fous ? L’ordre de la corruption peut-il engendrer un bel ordre ? The point is to query the phrase: “such a fair order”. What is its status ? What is that order's consistency considering the fact that Pascal thinks that you can write about politics only for a “hospital for lunatics” ? How are we to assess the devices which permit social regulation ? To what extent can the bid for power of the regulations be asserted as a pointer to the rule's performance ? Between apparent order and real disorder, what possibility of action is left to the actors of the play ? Are we to deduce that we are condemned to the lunatic asylum ? Can the order of corruption generate a fair order ? Mots-clés : force, justice, ordre, règle, concupiscence, corruption, définition de nom, définition de chose, apparence, artifice. Key words: force, justice, order, rule, concupiscence, corruption, name definition, thing definition, appearance, device. 287 Anabases 6 3/10/07 15:02 Page 288 RÉSUMÉS Thomas VAN DER HALLEN Corruption et régénération du politique chez Robespierre En associant corruption et régénération, nous avons délibérément choisi de prendre le contrepied du principe aristotélicien de génération et de corruption qui veut que tout ce qui naît et croît soit, tôt ou tard, condamné à dégénérer, à périr et à pourrir, induisant par là même une représentation cyclique du temps, dans laquelle il ne peut jamais rien y avoir de vraiment nouveau. À partir de l’étude de la pensée politique de Robespierre, notre intention a été de soulever la question inverse : comment le nouveau peut-il naître de la corruption, de la dégénérescence et du pourrissement de l’ancien ? Ce qui met en jeu une idée neuve à la fin du XVIIIe siècle, une idée qui est devenue une notion politique centrale de la modernité : la révolution, telle que nous l’entendons depuis la Révolution, au sens à la fois de rupture avec un passé périmé et de bond en avant vers un avenir meilleur. In associating corruption and regeneration we have deliberately chosen to take the opposite view of the aristotelian principle of generation and corruption which entails that everything that is born and grows should, sooner or later, be condemned to degenerate, perish and rot away, thereby inducing a cyclical representation of time in which there can never be anything really new. Starting from a study of Robespierre's political thought, our purpose has been to raise the opposite question: how can something new spring from the corruption, degenerescence and rotting away of something old ? Which brought into play a new idea by the end of the XVIIIth century, an idea that has become a central political notion of modern times: revolution, as we understand it since the French Revolution, meaning at the same time a rupture with a bygone past and a leap forward towards a better future. Mots-clés : corruption, régénération, révolution, Robespierre, morale politique. Key words : corruption, regeneration, revolution, Robespierre, political morality. Thierry MÉNISSIER L’usage civique de la notion de corruption selon le républicanisme ancien et moderne Cet article propose d’examiner de quelle manière la pensée républicaine, à la fois discours d’action et philosophie politique, comprend une idée civique de la notion de corruption. Un lien relie fermement Anciens et Modernes en fonction de l’exigence résultant d’une telle conception de la politique. Cependant, la reprise par les modernes de la morale politique ou de l’anthropologie typique du républicanisme ancien paraît équivoque, puisqu’elle s’est opérée d’une part en fonction d’une idée connue des anciens mais interprétée très différemment (l’idée d’égalité) et de l’invention d’une réalité inconnue d’eux (l’État), de l’autre dans le contexte de l’émergence d’un nouveau discours, le libéralisme (qui tend à récuser l’usage civique de la notion de corruption). Enfin, l’article se penche sur les catégories de corruption dans le droit pénal français, leur évolution récente suggérant une équivoque de la définition juridique des mœurs publiques, tendues entre morale civique républicaine et déontologie d’inspiration libérale. This article purports to examine in what way republican thought, at once discourse for action and political philosophy, includes a civic idea of the notion of corruption. A strong link connects 288 Anabases 6 3/10/07 15:02 Page 289 RÉSUMÉS up Ancients and Moderns in accordance with the exigency resulting from such a conception of politics. Still, the resumption by the Moderns of the political morality and the typical anthropology of ancient republicanism seems equivocal, since it occurred on the one hand in accordance with an idea known to the ancients but interpreted quite differently (the idea of equality) and with the invention of a to them unknown entity (the State), and on the other hand within the context of the emergence of a new discourse, liberalism (which tends to disclaim the civic use of the notion of corruption). Lastly the article ponders the categories of corruption in French criminal law, their recent development suggesting some kind of ambiguity in the juridical definition of public mores, strained between republican civic morality and a deontology of liberal inspiration. Mots-clés : corruption, république, républicanisme, vertu civique, Code pénal, déontologie. Key words : corruption, republic, republicanism, civic virtue, criminal code, deontology. Francine MORA Couple modèle ou couple maudit ? Hector et Andromaque dans l’ Iliade de Joseph d’Exeter L’Iliade de Joseph d’Exeter, une épopée médio-latine du XIIe siècle conçue comme le Roman de Troie de Benoît de Sainte-Maure, qui lui est un peu antérieur, à partir de la De excidio Troiae historia de Darès (VIe siècle), propose avec Andromaque et Hector un couple qui, plus nettement que chez Darès et Benoît, semble constituer à première vue un modèle de perfection héroïque. La présence de deux innovations propres à Joseph, un songe horrifique d’Andromaque et une comparaison d’Hector avec Henri III le Jeune Roi, fils aîné de Henri II Plantagenêt, roi d’Angleterre, amène toutefois à revenir sur cette première impression, en relation avec les problèmes que posait au XIIe siècle la violence de ceux qu’on appelait les juvenes, les « jeunes ». Joseph of Exeter's Iliad, a medio-latin 12th century epic, like Benoît de Sainte-Maure's Roman de Troie, a slightly earlier work, modelled on the De excidio Troiae historia by Darès (VIth century), propounds with Andromache and Hector a couple who, more clearly than with Darès and Benoît, seems at first sight to constitute a model of heroic perfection. The presence of two innovations proper to Joseph, a horrendous dream of Andromache and a comparison of Hector with Henry III, the young king, elder son of Henry II Plantagenet, king of England, leads one however to retract that first impression, in connection with the problem set in the XIIth century by those who were called juvenes the “young people”. Mots-clés : guerre, Troie, Andromaque, Hector, songe, épopée, héroïsme, juvenis. Key words : war, Troy, Andromache, Hector, dream, epic, heroism, juvenis. Enrica PAGANO Caylus e le pitture ercolanesi Les fouilles d’Herculanum, entreprises en 1738 sous le roi Charles de Bourbon, attirent l’attention du comte de Caylus, surtout pour ce qui concerne les peintures pariétales, détachées et exposées au palais royal de Portici. Caylus ne les connaît qu’à travers des dessins, exécutés de mémoire par ceux qui ont eu la chance d’être admis à la visite, et des morceaux exigus de paroi peinte qu’on 289 Anabases 6 3/10/07 15:02 Page 290 RÉSUMÉS lui a envoyés ; il en reçoit des informations par des pensionnaires de l’Académie de France à Rome et par Cochin et Barthélemy, qui, en 1750 l’un et en 1756 l’autre, examinèrent les peintures. La limite des connaissances n’empêche pas au comte de faire des peintures d’Herculanum une analyse ample et exacte, loin des faciles enthousiasmes de certains, et en donner un jugement entre art et antiquité médité et critique. C’est le cadre d’une peinture décorative exécutée par des artistes de second rang, avec plus de défauts que de qualités. Caylus s’intéresse surtout au choix des couleurs et à la façon de les employer, et c’est un des aspects les plus innovateurs de sa recherche. La peinture pariétale, pareillement aux autres objets retrouvés, devient témoin de la culture matérielle d’Herculanum, source précieuse de suggestions pour ce qui concerne les motifs décoratifs proposés à Paris. The Herculanum excavations undertaken in 1738 under king Charles de Bourbon drew the attention of the count of Caylus, chiefly concerning the wall paintings detached and exhibited at the Portici royal palace. Caylus knew them only from the drawings executed from memory by those who had been fortunate in being admitted to the visit, and the narrow pieces of painted wall sent to him; he gathered information about them through residents of the French Academy in Rome and through Cochin and Barthélemy, who, in 1750 for the former and 1756 for the latter, had examined the paintings. His limited knowledge did not prevent the count from developing an ample and exact analysis of the Herculanum paintings, removed from the facile enthusiasm of certain people, and from passing a critical and well-considered judgment, ranging from art to antiquity. The works fell within the framework of a decorative painting executed by second-rate artists, with more shortcomings than qualities. Caylus was chiefly interested in the choice of colours and the manner to use them, and that is one of the most innovating aspects of his research. Wall painting, together with other recovered artifacts, became a witness of Herculanum's material culture, a precious source of suggestions concerning the decorative motifs exhibited in Paris. Mots-clés : Caylus, Antiquité, Herculanum, peintures, couleur, technique. Key words : Caylus, antiquity, Herculanum, paintings, colour, technique. Adeline GRAND-CLÉMENT Hittorff, un architecte à l’école de la Grèce Jacques-Ignace Hittorff (1792-1867) apparaît comme une figure à la fois emblématique et singulière dans l’Europe du XIXe siècle. Cet architecte et archéologue originaire de Rhénanie, formé à l’École des Beaux-Arts, s’est installé à Paris pour y exercer ses talents d’helléniste et d’artiste. Il a contribué aux progrès de la science archéologique, en se faisant l’inventeur et le théoricien de la polychromie monumentale des Grecs. Renouant le lien entre l’architecture antique et l’architecture moderne sur des bases neuves, il a promu une réappropriation plus libre de la tradition classique et a contribué à précipiter la fin du règne du néo-classicisme, alors dominant en Europe. Il a ainsi mis à profit le fruit de ses recherches érudites pour concevoir des édifices qui portent la trace d’une greffe audacieuse de la bigarrure antique : c’est le cas du Cirque d’Hiver et de l’église Saint-Vincent de Paul. Pour autant, le rapport tissé entre ses activités d’archéologue et celles d’architecte n’est pas à sens unique : elles entretiennent une relation dialectique dynamique et 290 Anabases 6 3/10/07 15:02 Page 291 TITRE COURANT complexe. En effet, son travail d’historien a été pour une bonne part motivé et guidé par un désir de justifier et de faire accepter auprès des Parisiens ses propres projets polychromes. Jacques-Ignace Hittorff (1792-1867) appears as a figure at once emblematic and singular in XIXth century Europe. That architect and archeologist from the Rhineland got his formation at the Ecole des Beaux-Arts and settled in Paris to exercise his talents as a hellenist and artist. He contributed to the advances of archeological science by becoming the inventor and theoretician of the monumental polychromy of the Greeks. Reviving the link between antique and modern architecture on new foundations, he promoted a freer reappropriation of the classical tradition and helped to precipitate the end of the reign of neo-classicism then prevailing in Europe. He thus put to advantage his erudite research to conceive edifices that bear the trace of a daring grafting of the antique coloured pattern: this is the case with the Cirque d'Hiver and Saint-Vincent de Paul's church. Still, the relationship between his activities as archeologist and those as architect is not a one-way affair: they entertain a dynamic, complex dialectic relationship. As a matter of fact, his work as historian was for a large part motivated and guided by his desire to justify and make acceptable for the Parisians his own polychromic projects. Mots-clés : néo-classicisme, architecture, archéologie, polychromie, Grèce, Sicile, XIXe siècle, Paris. Key words : neoclassicism, architecture, archeology, polychromy, Greece, Sicily, XIXth century, Paris. Françoise VAN HAEPEREN La réception des Religions Orientales de Franz Cumont : l’apport des comptes rendus L’ouvrage de Fr. Cumont, Les Religions orientales, connaît un très vif succès dès sa parution. Cet article étudie la réception de ce « best-seller », maintes fois traduit et réédité, par le biais de la centaine de comptes rendus qui lui ont été consacrés. Si elles sont pour la plupart descriptives et élogieuses, certaines de ces recensions témoignent des débats que suscitent, en pleine crise moderniste, les idées de l’auteur en matière de rapports religions orientales-christianisme et des divergences marquées d’opinion entre les savants catholiques et les autres. Plus rares sont les critiques portant sur la méthode déployée par Cumont ou sur son appréciation des causes du succès des religions orientales, de la nature de la religion romaine ou de l’Orient. Fr. Cumont's work, Les Religions orientales was a great success ever since its publication. This article examines the reception of that “best-seller”, translated and republished over and over again, by means of the hundred odd reviews devoted to it. Although most reviews are descriptive and laudatory, some testify to the debates launched, at the heart of the modernist crisis, by the author's ideas regarding the relationships between oriental religions and Christianity and the marked divergencies of opinion between Catholic scholars and the others. Scarcer are the criticisms bearing on the method deployed by Cumont or his appreciation of the causes of the success of oriental religions, or the nature of the Roman religion or the Orient. Mots clés : historiographie, Franz Cumont, religions orientales, comptes rendus. Key words : historiography, Franz Cumont, oriental religions, reviews. 291 Anabases 6 3/10/07 15:02 Page 292 AUTEUR Frédéric HURLET Une décennie de recherches sur Auguste. Bilan historiographique (1996-2006) Cette chronique présente, de manière orientée et critique, un bilan de la production historiographique consacrée à Auguste durant la dernière décennie (1996-2006) et en propose un classement qui est fonction des perspectives adoptées. Les pouvoirs d’Auguste continuent d’être étudiés d’un point de vue institutionnel et ont fait l’objet de multiples travaux qui sont synthétisés dans la première partie, mais d’autres approches se sont développées en réaction à une analyse juridique qui s’inscrit dans la tradition de Mommsen. Les apports de la sociologie historique ont été tout d’abord exploités pour montrer dans quelle mesure un des fondements du pouvoir d’Auguste était son acceptation par différentes couches de la société romaine (deuxième partie, qui soumet à une analyse critique les travaux de Flaig sur le consensus). Les formes d’expression et de répression de l’opposition au pouvoir impérial ont été également étudiées (troisième partie, qui prend en compte les ouvrages de Dettenhofer, Rohr Vio et Cogitore). Le pouvoir augustéen se manifesta enfin à travers sa représentation ou son auto-représentation dans l’espace public de Rome et des cités de l’Empire (quatrième partie). This chronicle presents in an oriented and critical way an assessment of the historiographic production devoted to Augustus during the last decade (19996-2006) and proposes a classification in keeping with the adopted perspectives. Augustus' powers are still being studied from an institutional point of view and have been the object of a great many works which have been synthetized in the first part, but other approaches have developed in reaction against a juridical analysis in accordance with Mommsen's tradition. The contributions of historical sociology have in the first place been exploited to show the extent to which one of the foundations of Augustus' power was his admittance by different layers of Roman society (second part which submits to a critical analysis Flaid's works on the consensus). The forms of expression and repression of the opposition to imperial power have also been examined (third part which takes into account the works of Dettenhofer, Rohr Vio and Cogitore). Lastly, Augustus' power manifested itself through its representation or self-representation within the public space of Rome and the cities of the Empire (fourth part). Mots-clés : Auguste, principat, consensus, dissension, pouvoir (impérial), droit public, Imperium. Key words : Augustus, principate, consensus, dissention, (imperial) power, public law, imperium. 292