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22
Critique
La Critique par la Critique
Nagflar
Fishbone
Dew Scented
Morbid Angel
+50 chroniques
Edito
Chose promise chose due, votre trentedeuxième numéro d’ARTeFACT est entre vos
mains avec un peu d’avance et encore plus d’articles sur lesquels nous vous invitons d’ailleurs à
réagir en nous écrivant comme certains l’ont
déjà fait*. Les courriers ou emails pertinents et
exploitables pourront même être publiés. Le
rendez-vous est donné début octobre pour l’habituel compte-rendu de quelques festivals et
une profusion d’interviews !
* “Nazi Punks Fuck Off” est bien signée Dead Kennedys et non
Napalm Death”
Sommaire
p.3
p.4
p.6
p.7
p.10
p.12
p.14
p.16
p.17
:
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Morbid Angel
Critique²
Fishbone
Chroniques heavy/thrash/death
Dew Scented
Chroniques extrêmes
Nagflar
Chroniques punk hardcore
Chroniques autres styles
Sur nos routes...
17/06 : BLACK LABEL SOCIETY - Elysée Montmartre. Paris.
25/06 : IRON MAIDEN + Within Temptation - Parc des Princes. Paris.
14/07 : NAPALM DEATH + Zuul FX- Noumatrouff. Mulhouse (68)
11/09 : INCANTATION + NILE + BEHEMOTH... - La Locomotive. Paris.
03/10 : VADER + Anorexia Nervosa + Rotting Christ - CCO. Lyon.
04/10 : VADER + Anorexia Nervosa + Rotting Christ - Maroquinerie. Paris.
13/10 : VADER + Anorexia Nervosa + Rotting Christ - La Laiterie. Strasbourg.
21/10 : FREAK KITCHEN - Elysée Montmartre. Paris.
Tous les mercredi, soirée métal / hardcore au Bar l’Underground. Nantes.
FURY FEST (24/25/26 JUIN) : SLAYER + MOTÖRHEAD + MEGADETH +
ANTHRAX + Obituary + Dimmu Borgir + Dissection + Arch Enemy +
Lacuna Coil + Napalm Death + Samael + Dark Tranquillity... / SICK OF IT
ALL + MADBALL + NEUROSIS + ENVY + 25TALIFE + Cult of luna + Walls
of Jericho... / JELLO BIAFRA with the Melvins + THE MISFITS + THE
EXPLOITED....
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GRASPOP (24/25/26 JUIN) : IRON MAIDEN + MEGADETH + ACCEPT +
SLAYER + SICK OF IT ALL + SYSTEM OF A DOWN + Within Temptation +
Dream Theater + Yngwie Malmsteen + Sirenia + Gorefest + Rose Tattoo
+ Grave Digger + Metal Church...
www.graspop.be
TERRE NEUVAS (1/2/3 JUILLET) : SCORPIONS + SKA P + TAGADA JONES
+ MASS HYSTERIA + reste de l’affiche pop
www.festival-terre-neuvas.com
WACKEN OPEN AIR (4/5/6 AOUT) : ACCEPT + NIGHTWISH + APOCALYPTICA + Zyklon + Within Temptation + Tristania + Overkill + Candlemass +
Marduk + Suffocation + Sentenced + Samael...
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Car au départ de Bretagne (29 et 35), 170euros tout compris, contactez
Seb au 06 61 30 61 24. voir www.bzh-live.com
LA ROUTE DU ROCK (12/13/14 AOUT) : THE CURE + Sonic Youth....
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Une question ? Une remarque ? Une suggestion ? Une proposition ?
[email protected]
ARTeFACT - Sylvain CASTEL - 24 boulevard Solférino, boîte aux lettres 7 - 35000 RENNES - Tél : 08 70 65 85 04
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Le Markis, Lord Evildead, Lord Spider, Qorox, The Butcher, The Undertaker, Zorglub - Photographe : Gwenola STRUILLOU
Publicité : Sylvain CASTEL - Courrier : [email protected]
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ARTeFACT est une publication de : ASSOCIATION ARTEFACT, association loi 1901 à but non lucratif
Numéro d’association : 8920 - Siège : chez M.CASTEL (Sylvain), 1, rue Sané, 29200 Brest - Président : Vincent MALIGE
Trésorier : Sylvain CASTEL - Secrétaire : Ronan MAZE
Distribution : ARTeFACT - Impression : SARL IDENTIC, BP11414, rue de la Carrière 35514 CESSON-SEVIGNE CEDEX
(France) - Tirage : 500ex - Dépôt légal : à parution - N° ISSN : en cours
2
Le 18/03/2005 à la Cité, Rennes
Par The Undertaker
2005 marque une étape importante
chez les pionniers du death brutal avec
le retour d'un de ses fondateurs, David
Vincent, au poste de chanteur / bassiste.
Cette figure emblématique de Tampa
replace donc Morbid Angel sous les projecteurs alors que le groupe achève simplement une tournée américaine avec
Soulfly, et commence en ce 18 mars
2005 une tournée européenne, sans
nouvelle sortie depuis " Heretic " en
2003. L'intéressé en personne remet
rapidement nos pendules à l'heure…
ARTeFACT : Comment vous sentez-vous
après cette tournée du retour avec Soulfly ?
David Vincent : Ce fut assez éprouvant à
cause des conditions météo aux Etats-Unis
en janvier et en février… il y avait un mètre
de neige partout, et quand nous sommes
rentrés en Floride les deux dernières semaines il faisait 30 degrés ! Et aujourd'hui nous
sommes tous épuisés avec le décalage
horaire du voyage…
A : Quels rapports entretiens-tu avec Soulfly
qui n'a pas du tout la même approche de la
spiritualité que toi (cf. interview ARTeFACT
#29) ?
D. V. : Ils peuvent croire ce qu'ils veulent du
moment que ça les rend heureux, je ne me
préoccupe pas de leur opinion, je suis en
paix avec moi-même et le satanisme n'est
pas au centre de mes préoccupations. Nous
avons fait cette tournée ensemble car nous
voulions rassembler un public
large, et ce fut l'occasion
de se retrouver après
toutes ces années. Max
Cavalera est quelqu'un
que j'apprécie pour son
parcours et son courage.
A : Comment abordes-tu
les choses aujourd'hui par
rapport au début de ta
carrière ?
D. V. : C'est évident que
nous avons aujourd'hui
plus de recul par rapport à l'euphorie de
nos débuts, mais notre attitude a toujours
été et reste très individualiste. Nous ne nous
sommes jamais préoccupés de ce qui se
passait autour de nous. En ce qui concerne
la scène de Tampa, j'ai de bonnes relations
avec les membres de Obituary, Deicide ou
Cannibal Corpse par exemple mais chacun
a créé son propre style isolément, nous
n'avons jamais passé tout notre temps
ensemble. Aujourd'hui on se dit bonjour
quand on se voit au restaurant, mais ça ne
va pas plus loin.
A : En est-il de même avec les personnes
des mouvements comme le thrash ou le
black métal ?
D. V. : Je ne me suis jamais vraiment intéressé au thrash, j'aime bien Slayer mais c'est
tout. Quant au black métal, j'ai eu l'occasion
de rencontrer beaucoup de
ces groupes norvégiens avec
qui je m'entends bien depuis
des années, cependant nous
n'avons pas vécu grand
chose ensemble de par l'éloignement
géographique.
Vers 1990 j'étais par contre
souvent en contact avec
Stéphane
Buriez
de
Loudblast, nous échangions
des cassettes et on se faisait
découvrir de nouveaux
albums
(cf.
interview
Loudlblast ARTeFACT #27).
A : Quel est ton sentiment
quand tu vois la multitude de
groupes de death brutal qui
existe aujourd'hui dans le
monde ?
D. V. : Nous n'avons pas la
prétention d'être les leaders
d'un mouvement, nous avons travaillé très
dur au début et nous avons eu la chance
d'avoir du succès. Aujourd'hui la situation
est encore plus dure avec Internet pour les
groupes qui se lancent, déjà que le death
metal est marginal dans l'industrie du disque, il devient très difficile de vivre de sa
musique. La seule chose que nous puissions
faire est d'acheter des albums pour que les
artistes puissent se consacrer uniquement à
leur musique. J'utilise Internet pour découvrir les groupes en téléchargeant une ou
deux chansons, et si ça me plaît j'achète le
disque. De toute manière il ne faut pas s'attendre à une explosion commerciale du
death metal étant donné son caractère
extrême, si l'on veut que le maximum de
groupes subsiste il faut que chacun fasse
l'effort d'y consacrer une partie aussi petite
soit-elle de son budget.
A : Prévois-tu d'écrire un nouvel album avec
Morbid Angel ?
D. V. : C'est possible en effet… (sourire)
(ndlr : l'homme fait comprendre que nous
n'en saurons pas davantage).
A : Comment te sens-tu à quelques heures
de ta première date en Europe depuis pres que dix ans ?
D. V. : Je suis très content de retrouver le
public français, c'est un endroit où il y a toujours une bonne ambiance et où l'accueil
est chaleureux. Je regrette de ne pas pouvoir rester plus longtemps profiter de la
bonne nourriture et du vin français, ce qui
m'ennuie le plus dans cette tournée c'est de
devoir recroiser la cuisine anglaise ! (rire)
ARTeFACT : Morbid Angel en trois mots…
David Vincent : Dévoué,
réel, pour toujours.
http://www.morbidangel.com
3
Par The Undertaker
Je me promène à travers les allées des
disquaires, du petit indépendant à l'industriel de la vente, et j'observe finalement toujours la même chose. De la
musique classique, du jazz, de la musique " populaire " ou de la musique du
monde, la taxinomie (en tant que
science de la classification) d'Aristote a
bel et bien traversé les millénaires
jusqu'à nos rayons. S'offre aussi à mes
yeux une zone en général moins achalandée : hard rock, metal, hardcore,
gothique, la terminologie est riche mais
les bacs se côtoient de près. Ainsi il est
fréquent de trouver par exemple un
disque de AC/DC non loin d'un autre
de Discharge, un The Cure près d'un
Sick Of It All, ou un Fishbone à proximité d'un Morbid Angel. Ces styles
n'ont pas plus en commun d'éléments
qu'un Eddy Mitchell n'en a avec un Mc
Solar, qui eux sont pourtant bien distingués.
Aristote serait ici frustré car il n'existe
pas de terme englobant uniquement
l'ensemble de styles auxquels nous faisons allusion. Certaines tentatives ont
eu lieu avec " underground " ou " musiques actuelles " mais le fait est que leur
sens littéral ne correspond pas exclusivement à ce que nous recherchons,
tout comme les mots " metal " ou " hard
rock " sont trop restrictifs*. Demandez
à un musicien de définir son genre, il
répondra neuf fois sur dix qu'il n'aime
pas les " étiquettes ". Au delà d'être un
raccourci pour contourner la question
et se donner l'air d'être vierge de toute
influence, cette réponse montre également qu'il ne sait pas lui-même en quoi
il appartient à une famille dont l'arborescence lui laisse une entière liberté.
Il convient donc d'identifier ce dénominateur commun inconnu. Les adjectifs
qui viennent définir un riff de guitare
comme un morceau dans son ensemble sont de deux natures : les uns ont
une origine dénotative appartenant au
vocabulaire technique du solfège et qui peuvent se traduire
mathématiquement par une ou
plusieurs
fréquences
d'un
volume donné en fonction du
temps, l'ère du numérique en a
fait son affaire ; les autres relèvent de la connotation et ne
seront jamais que le fruit de la
subjectivité de leur auteur,
qu'elle soit individuelle ou sous
l'empire de ce que " on " admet
en tant que tel. Deux approches de la description de la
musique (et par extension de
l'art) sont ainsi possibles. L'une
tendra vers le rationalisme et
l'autre vers l'esthétisme.
Le musicien possède un savoirfaire, une méthode, dans la
composition de la musique qui
est l'aboutissement d'années
d'apprentissage de connaissances théoriques et de formation
de l'oreille musicale. Ainsi il pos-
4
sède une double capacité d'analyse : il
sait traduire son inspiration en note sur
le manche de sa guitare aussi bien que
sur une partition par une brève application pratique, et il est également capable d'analyser techniquement n'importe quel morceau ou même n'importe quel son (oreille absolue).
Indispensable en écriture, cette démarche imposera par contre très vite ses
limites à l'écoute. Bien heureux le
mécanicien qui peut démonter sa voiture pour la réparer, seulement la musique est à prendre en tant que telle et la
dissection des lignes d'une chanson ne
fera qu'isoler les constructions qui ne
sont pas à la portée de celui qui les
analyse, une entreprise centrée donc
sur l'individu. Tout l'art va donc consister à convaincre à la fois un auditoire
d'initiés et mais aussi de non-initiés.
L'esthétisme possède lui un dessein
social, l'artiste cherche rassembler le
plus grand nombre autour de son
œuvre sans se soucier des compétences nécessaires pour y parvenir.
Les deux écoles ne font pas que co-exister de façon viable, les guitar-heroes
possèdent leur notoriété autant que les
Ramones, elles se mélangent aussi avec
plus ou moins de bonheur. Impossible
de critiquer de l'esthétisme objectivement, nous pourrions nous fier aux
chiffres de ventes qui frôlent parfois les
cent millions d'albums mais ils sont surtout l'affaire de facteurs promotionnels.
Le succès n'est pas fonction de l'approche privilégiée.
Notons que l'existence réelle d'un penchant pour le rationalisme ou pour l'esthétisme chez l'individu est scientifiquement prouvée. La programmation
neuro-linguistique a démontré que
l'hémisphère gauche du cerveau
héberge notre rationalité tandis que le
droit est celui de l'imagination. La
dominance d'un des deux hémisphère
détermine donc l'approche que l'individu va favoriser, de la même façon
qu'elle peut nous rendre droitier ou
gaucher.
Notre dénominateur commun inconnu
ne réside donc ni dans les rouages ni
dans l'enveloppe charnelle de la musique. En remontant aux sources psychologiques, un thème récurent apparaît. La
musique est très souvent conçue en tant
qu'exutoire. Substitution, refoulements,
pulsion d'amour, pulsion de mort, la
musique est un fourre-tout pathologique.
Nous en écoutons pour nous calmer
comme pour nous donner de l'énergie,
nous en écoutons pour nous " raccrocher
" à quelque chose, elle est un terrain d'expression pour affirmer une appartenance
à un groupe social, bref nous lui donnons un sens qu'elle n'aurait pas sans
notre entendement. Depuis la nuit des
temps l'homme s'interroge sur le monde
qui l'entoure, existe-t-il absolument ou
bien n'existe-t-il que dans nos sens ? La
musique elle en tout cas ne possède sa
noble dimension que dans nos frustrations. Quoi de pire que de ré-écouter le
disque préféré d'un proche disparu ?
Notre mémoire créé une analogie entre
l'objet (le disque) et un référent (la personne). La nostalgie dont il est question
renvoie au vide dont nous soufrons dans
le présent, la musique est ici un trait
d'union avec le passé. Ce vide peut être
de nature très variée, il peut s'agir simplement d'un comportement régressif
comme pour la mode des " adulescents ".
Nos frustrations ne sont pas tournées que
vers le passé mais aussi vers le futur, et
notamment avec la question de la mort.
Un bonheur n'est jamais entier car il
contient en lui la crainte sa propre fin.
Quand la musique nous fait revivre le
passé, elle nous fais aussi revivre la
crainte de la fin de ce moment. La nostalgie se conjugue donc au futur antérieur,
avec l'idée qu'une époque révolue ne se
reproduira pas. La sphère artistique
tombe dans l'océan de la pensée, où les
convictions intellectuelles et religieuses
sont mises en doute. Si les religions ont
au moins le mérite de tenter de libérer
l'individu de la peur de son retour à l'état
de poussière, chacun possède son petit
jardin où cultiver le doute, et le décalage
entre réalité et convictions prendra racine
dans la passion. Epicure en parlant de la
mort enseignait que " quand nous sommes là elle n'est pas là, et quand elle est
là nous ne sommes plus là ", seulement que signifie ce " nous " ?
Quand nous girons, notre voix se
sera tue mais ô combien supplantée par l'odeur. L'hédonisme est
enfin le dernier refuge où se
cacher, le culte de l'instant présent résume à lui seul la lâcheté
devant le reste.
C'est ainsi que la musique se promène de façon atemporelle. La
mode ne reflète que la faiblesse
du consommateur devant la
manipulation, la prégnance de la
musique dans la mémoire
dépend simplement du contexte
psychologique dans lequel se
trouve le récepteur.
Or n'est-il pas un domaine musical où l'hédonisme danse avec la
mort ? Le death metal en est la
preuve parfaite mais la formule
est extensible à toute cette "
rock'n roll attitude ". Derrière la
sacralisation du plaisir se trouve
l'idée plus générale de liberté. Si
les mouvements musicaux évoqués plus haut sont si différents
les uns des autres c'est bien qu'ils appliquent cette liberté dans l'écriture en favorisant l'immersion dans le monde de l'interdit et du tabou. Et comme le rappelle
Brian Johnson en parlant du message
d'AC/DC " il n'y a rien ". Malgré leur statu,
les musiciens ne sont pas à confondre
avec des philosophes, ils n'en ont d'ailleurs pas la prétention pour la plupart, et
un texte critique n'a donc pas à s'appuyer
sur une réflexion. La chronique se compose donc d'éléments biographiques et
d'éléments techniques, c'est-à-dire de la
paraphrase, et d'opinion personnelle.
Autant dire que la valeur intellectuelle du
texte est nulle en ce qui concerne un l'album en lui-même, l'intérêt pour le lecteur
sera juste de s'identifier à un critique qui
partage les mêmes convictions ce qui
nécessite un minimum de fidélité au support.
L'objectif d'ARTeFACT est donc de proposer des chroniques d'albums qui se
contentent d'une part de fournir le nécessaire d'informations objectives pour situer
un album au sein de la carrière d'un
groupe et éventuellement au sein d'un
mouvement musical avec quelques
notions techniques qui permettent de
visualiser la musique, et d'autre part de
faire partager le sentiment personnel
d'un auditeur particulièrement impliqué
dans le mouvement mais dont l'avis ne
sera pas souverain. Ainsi c'est au lecteur
lui-même de discerner les informations
qui lui seront personnellement utiles. Les
discutions de fond sont à réserver aux
entretiens avec les musiciens, à la condition que ceux-ci soient enclins à discuter
d'autre chose que de la promotion de l'album du moment ce qui est loin d'être
toujours le cas. Le journaliste essaiera
simplement d'orienter la discussion vers
des thèmes pertinents, et le lecteur
pourra constater par lui-même l'implication effective de l'artiste ou bien sa négligence voire son mépris. Autant ce dernier reste libre d'argumenter sur ce qu'il
veut tout comme il est libre dans sa création, autant le lecteur est seul maître de
ses deniers et possède en définitive la
véritable liberté.
5
Le 8/3/2005 à l'Ubu, Rennes
Par The Undertaker
Toujours en course après plus de
vingt ans de carrière, l'extra-terrestre
Fishbone continu de répandre son "
jazzcore " à travers les continents. Il
ne reste pourtant aujourd'hui que
deux rescapés du line-up de 1985 en
la personne de Norwood Fisher
(basse, chant) et celle de Angelo
Moore
(saxophone).
Les
San
Franciscains sont toujours attachés à
l'esprit punk, bien que leur musique
se soit toujours écartée de tout mouvement clairement défini, une ambiguïté qui n'en est pas une comme
nous l'explique le survivant…
ARTeFACT : Fishbone est cité comme
groupe référence par delà des horizons très
variés, non seulement le ska mais aussi le
jazz, le punk, le hardcore ou encore le
thrash… Comment expliques-tu le fait que
vous ayez pu influencer autant de styles ?
Norwood Fisher : (rires) Nous avons l'occasion de jouer dans des endroits très différents et c'est vrai que nous n'avons aucun
mal à nous fondre dans ces milieux là et
même le hip hop ou le r 'n' b… Beaucoup
de gens viennent me voir en me disant
qu'ils écoutent Fishbone depuis des années
et que nous avons beaucoup compté pour
eux, mais tout cela est totalement involontaire. Nous ne sommes guidés que par
notre liberté musicale et ce sont les médias
et la promo qui nous collent des étiquettes
dont nous ne voulons pas ! Au début, nous
étions signés sur des maisons de disques
plutôt axées punk et communication faisant
nous avons été associés à ce milieu.
Aujourd'hui nous sommes sur le label français " Terre à terre " qui garantit une meilleure intégrité de notre image, mais au delà
de ça l'important est que nous puissions
venir au contact du public.
6
A : Vous vous produisez d'ailleurs ce soir
dans un de vos bastions…
N. F. : Oui, Rennes est une des villes dans
lesquelles nous adorons jouer. Le public y
est extrêmement dynamique et c'est un
endroit où l'on ne s'ennuie pas ! Le concert
de ce soir est important pour nous car il va
nous permettre de nous présenter sous un
bon jour. La tournée précédente en 2003
n'était pas comme nous l'aurions souhaité,
nous pressentions l'implosion du groupe et
le cœur n'y était pas. Aujourd'hui les nouveaux membres sont frais et motivés, et le
plaisir est de retour.
A : Est-ce parfois difficile de trouver l'envie de
continuer ?
N. F. : C'est certain que les choses ne sont
plus comme au début où nous étions tout
jeunes, nous faisions la fête et c'était le rêve
de pouvoir s'en aller en tournée. Les premières fois sont toujours les meilleures et je
dois dire que ce n'est pas pour me rendre
heureux que de penser que ces belles
années sont déjà loin (long silence). Ce
n'est pas que ma vie ne me plaît pas
aujourd'hui, mais il est toujours plus sympa
de se sentir jeune !
A : Peux-tu nous parler de vos débuts à San
Francisco ?
N. F. : C'est une ville où il était très facile de
se mettre à jouer et d'avoir un public au
début des années '80. Le contexte social
faisait que les jeunes avaient besoin de se
défouler et n'importe quel bon groupe qui
organisait un concert était sûr d'attirer quatre cents ou cinq cents personnes. C'était le
cas de Metallica et Exodus dans le thrash,
ou des Dead Kennedies dans le punk.
Nous nous sommes lancés un peu plus
tard en 1985 et la notoriété est très vite arrivée. Certains fans avaient besoin d'entendre quelque chose de différents, avec d'autres sons que les grosses guitares, et nous
avons tout de suite eu un public fidèle. San
Francisco était célèbre dans tout le pays
pour sa scène underground et la côte est
n'a pas tardé à reprendre du poil de la
bête. Il y avait de bons groupes à New York
comme Anthrax ou Over Kill (cf. interview
ARTeFACT#31), et aussi le hardcore new
school qui est apparu là-bas avec Agnostic
Front (cf. interview ARTeFACT #29).
J'adorais déjà depuis longtemps la scène
New Yorkaise des années '70, elle m'a
beaucoup influencé.
A : As-tu eu l'occasion de côtoyer Metallica ?
Norwood Fisher : Oui, nous avons joué
pour la première fois ensemble en 1984 il
me semble, puis à plusieurs reprises sur
des festivals en 1985. Ces souvenirs sont
loin… J'ai eu l'occasion de discuter avec
eux mais nous n'avons jamais fait la fête
ensemble. On se voyait en coup de vent
et ils avaient tout le temps un avion à
prendre… C'est dommage car c'est un
groupe qui a vraiment compté pour moi
dans ma vision des arrangements et des
riffs. Quelle claque quand j'avais acheté "
Master Of Puppets " ! Il reste incontestablement un de mes albums de référence toutes catégories confondues.
A : Comment perçois-tu aujourd'hui l'émergence de styles comme le ska qui remporte
un grand succès auprès de jeunes qui ignorent totalement qui vous êtes ?
N.F. : Tant mieux si ce qu'on a fait a pu
contribuer à construire quelque chose,
mais je ne m'intéresse pas énormément à
ce qui se fait actuellement, je découvre
des choses sympas au fil de mes voyages,
comme Arsenic au Canada, mais j'ai toujours un temps de retard sur l'actualité !
Par contre, il y a des groupes complètement inconnus que j'adore : en ce
moment j'écoute beaucoup Flying Pool,
c'est un groupe de ska de Los Angeles
mais ils n'ont pas encore sorti d'albums sur
une maison de disque et la diffusion reste
confidentielle.
A : Fishbone en trois mots…
Norwood Fisher : Errr, mmm,
hum !
http://www.fishbone.net/
ALBUM DU TRIMESTRE
CHRONIQUES : mode d’emploi
1. Néant : Production & exécution pourries, et aucune personnalité.
2. Minable : La volonté est là...
3. Très faible : Lacunes, plagiats, mais volonté.
4. Faible : La médiocrité ne peut être compensée par d’éventuels bons côtés.
5. Moyen : Entre deux eaux, quelques points encourageants.
6. Bon : Pro, mais sans la “dimension supérieure”, du déjà entendu.
7. Très bon : Créativité, évolution, production.
8. Excellent : Album marquant l’année en cours
9. Chef d’œuvre : Une référence dans le style
10. Historique : Promis à perdurer dans la culture musicale collective du genre.
Holy Moses tient la cadence depuis son retour en 2001 avec " Master Of Disaster ", et HOLY MOSES : Strength, Power, Will, Passion
sort aujourd'hui le successeur de " Disorder Of The Order ". Dès les premières secondes
d'écoute, nous nous apercevons que la barre a été placée très haut. La production est aussi ravageuse que les riffs et il est clair que
nous jouons dans la même cour que Arch Enemy et autres pointures actuelles. Holy Moses possède un avantage considérable par
rapport à ses concurrents nordiques avec l'expérience emmagasinée en presque vingt ans d'existence. En effet, même si le groupe
ne fait pas la une de la presse spécialisée il impose le respect de part la qualité de sa discographie et son avant-gardisme. Sabina
Classen qui tient le micro depuis le début ne rentrait déjà pas dans le moule des rockeuses de diamants peuplant les années '80, à
l'image d'une Angela Gossow en contradiction avec Nightwish et ses dérivés. Même si le frère de Sabina ne tient plus la six cordes
depuis longtemps, " Strengh, Power, Will, Passion " est une vraie démonstration de puissance rythmique, et le chant death de la belle
aux cheveux rouges n'a rien à envier à ses virils confrères ! D'autre part, Holy Moses met particulièrement en avant son satanisme ce
qui est un peu étonnant dans la mesure où ils n'ont vraiment pas besoin de cela pour se faire remarquer. Un album à ne pas rater !
Armageddon Music / Underclass - www.holymoses.de
HEA VY/THRASH/DEATH
SATARIEL : Hydra
black symphonique
The Undertaker
8
Satariel s'était déjà démarqué des légions de groupes black suédois par ses deux précédentes sorties pour le
moins prometteuses. " Hydra " assoit maintenant cette tendance confortablement grâce à un style à la fois personnel et abouti qui ne s'interdit pas de transgresser librement les sombres règles du black. Le titre de l'album est
on ne peut mieux choisi car il illustre tout à fait le sentiment de fluidité agressive dans lequel baigne la musique
(l'hydre est un serpent des marais à sept têtes qui se régénèrent dans la mythologie) . La dualité des voix claires
et black masculines donne un relief saisissant que l'on retrouve dans l'opposition des rythmiques violentes avec
les passages mélodiques. Le tout est servi avec une variété dans les sons qui s'enchaînent avec logique et feeling
en rendant " Hydra " accessible non seulement à un public extrême mais aussi à la sphère heavy gothique ; les
amateurs de Sirenia y trouveront par exemple très bien leur compte. A l'heure où la floraison des groupes black
metal de toute part a tendance à enliser le mouvement, ce sont des albums
Regain Records
www.satariel.com
comme celui-ci qui savent apporter la bouffé d'oxygène dont nous avons besoin.
UNEARTH : The Stings Of Conscience
metalcore
The Butcher
7
Oui, cet album date de 2001, oui le groupe en a sorti un autre entre temps (" The Oncoming Storm "
en 2004) et oui le metalcore a le vent en poupe en ce moment. Qu'importe ! Ce premier album du
groupe est fort réussi et fera sauter partout n'importe quel coreux/thrasher qui se respecte à grands
coups de mosh parts. Composés avec une science du rythme certaine, les morceaux mélangent habilement charges thrash, syncopes hardcore, cavalcades heavy et mid tempo sur lesquels les guitaristes se
plaisent à faire sonner leur gros riffs râpeux servis par une production puissante et crunchy comme il
faut. Les lignes mélodiques et soli typiquement hardcore amènent un supplément d'âme, d'émotions et
d'ambiances à la musique du groupe tout en aérant un peu cette forêt de riffs et de rythmiques implacables qui tronçonnent à tout va. Le résultat est à la fois brutal et accrocheur, intense mais équilibré et
les 40' de l'album raviront tous les amateurs de gros riffs maniés avec intelCentury Media
ligence et maestria. Reste à mettre la main sur leur deuxième album…
www.unearth.tv
SHAAMAN : Reason
heavy metal
Dr Gonzo
4,5
Le dernier album des ex-Angra montre leur volonté de se démarquer du style de ces derniers. Mais Shaman nous offre ici un album d'une qualité plus que moyenne, bien sûr le
son est impeccable, la guitare a le gros son etc… cela doit-il excuser les compos ultraplates et le manque de recherche musicale ? Il manque une étincelle de vie à cet album. Coté
guitare le power chord est maître et les soli sont réduits à la plus simple formalité ; on a
déjà vu plus travaillé. Matos se taille au final la part du lion puisque les passages de clavier sont nombreux et sa voix est quasi-omniprésente ce qui enchantera ses fans. Au final
on peut dire que ce qui manque à Shaaman est resté dans Angra, c'est à dire Kiko Loureiro
et Raphael Bittencourt, car sans eux matos et sa bande s'embourAFM Records
www.shaaman.net
bent lamentablement dans la facilité, et c'est dommage.
7
DYLATH-LEEN : Insecure
death mélodique
The Butcher
7
Sorti à l'origine en 2002, ce premier album des français de Dylath-Leen est enfin distribué dans toutes les bonnes crémeries et c'est une bonne nouvelle pour les amateurs de métal original. En effet le groupe développe une musique personnelle aux racines plongeant dans un death metal
influencé par Carcass, période Heartwork, agrémenté d'une bonne dose d'éléments mélodiques, notamment de claviers discrets qui contribuent
bien à ambiancer le tout. Sur les passages mélodiques voir atmosphériques Kathy se fend d'une voix claire du meilleur effet ; le reste du temps elle
envoie un chant agressif vraiment impressionnant variant entre chant death, black et thrash bien secondée par la voix très gutturale de Igor. Les
compositions sont contrastées juxtaposant les divers chants et mêlant habilement les rythmiques agressives et les passages mélodiques, parfois éthérés, jamais simplets, toujours évocateurs. Le résultat est un métal hybride bien pensé et bien exécuté, plein de subManitou Music
www.dylath-leen.tk
tilités, variant les accroches tout en gardant un équilibre entre ombre et lumière, bref efficace et plaisant.
PARAGON : Revenge
german metal
Dr Gonzo
4
Le nouvel effort des Allemands de Paragon est un grain de sable dans la mare,
dénué de la moindre originalité, il se sacrifie à la tradition nationale de l'adoration
des clichés heavy métal et du culte de la banalité. L'album a été produit par Piet
Sielck de Iron Savior au Powerhouse, le son est donc sans surprise. Dès les premières notes, la ressemblance avec la formation du producteur est alarmante. Le
groupe aurait-il fait appel à lui en tant que compositeur lors d'une crise de manque
d'inspiration ? Bien sûr, le rendu général n'est pas mauvais, l'album se laisse écouter sans accroc et réjouira tous les fans du genre. Les guitares sont péchues et le
batteur s'avère être une bonne locomotive. Mais le groupe atteint ses limites sur la
reprise finale de " The Gods Made Heavy Metal " de
Remedy Records / Underclass
www.paragon-legions.de
Manowar, nous sommes à des lieues de l'originalité.
SOCIETY 1 : The Sound That Ends Creation
thrash indus metal
Lord Spider
4,5
Difficile, même après plusieurs écoutes, de coller une étiquette sur le style de ce combo américain
emmené par Matt "The Lord" Zane (personnage extrême à la tête d'un empire du X aux Etats-Unis et
1er artiste de l'histoire du rock à avoir chanté live suspendu à des crochets plantés dans son dos…).
Les compositions modernes de ce 3ème album alternent en effet entre métal indus ("It Isn't Me") et slow
grunge ("No Father") en passant par du heavy ou power thrash ("Touch A Girl"). Le chant est également varié, tantôt hurlé ("Lord"), tantôt hardcore ("6 Months"), voire même parfois légèrement goth ("I
Love Her")… Mais au final, cet opus (dont on pourrait dire avec une méchanceté un peu gratuite qu'il
porte bien son titre) n'est absolument pas convaincant. Le tout manque d'unité, sauf peut-être dans les
paroles, venimeuses à souhait et pas toujours très inspirées. Society 1 se disperse encore en cherchant
sa voie et devra clairement se montrer plus original s'il veut espérer user
Earache
un peu plus nos platines qu'avec "The Sound That Ends Creation".
www.society1.net
DIVINE EMPIRE : Method Of Execution
death metal
Brynjard
6
Avis aux fans de Malevolent Creation ! Effectivement, DIVINE EMPIRE est formé par les
anciens bassiste-chanteur guitariste et batteur de Malevolent Creation. De plus, la production est signée Jeremy Staska (Malevolent Creation entre autres). Leur quatrième album
offre toujours la même recette, c'est-à-dire du gros death brutal qui écrase tout sur son
passage, rappelant Vital Remains, Morbid Angel, Deicide, Obituary et consorts. Le son est
puissant, la voix pourrait effrayer Glen Benton, avec ses paroles gores. Les riffs malsains et
rapides alternent avec des passages d'une lourdeur indescriptible. Bref, ça mitraille de partout et c'est le but. Les fans de brutal death y trouveront leur compte, même si les morceaux rentrent par une oreille pour ressortir par l'autre. En effet, " Method Of Execution "
ne révolutionne pas le genre et les compositions sont plutôt
Century média
www.metalasylum.com/divine v o l a t i l e s m a i s i l r e s t e t o u t e f o i s u n a l b u m v r a i m e n t c o r r e c t .
TORMENT : Tormentation
heavy thrash
The Undertaker
7
L'habit ne fait pas le moine ! Vingt ans après sa formation en terres teutonnes, Torment adopte pour ce double cd anniversaire un look black metal. L'illustration de la pochette avec son démon est en effet loin de nous révéler le contenu
groovy et festif du thrash auquel nous avons affaire. Flirtant tantôt avec un heavy façon Motörhead (Torment a d'ailleurs
enregistré en album tribute : " Motörmorphösis "), tantôt avec un thrash à la Destruction, le groupe ne se refuse jamais
un zeste d'influence d'AC/DC, de Slayer et même de vieux Morbid Angel. L'idée prépondérante sur " Tormentation " est
la festivité, tout comme sur le cd bonus qui nous propose une rétrospective des deux décennies du groupe. Deux vidéos
live sont également présentes sur l'album dont une de nos trois compères au Metal Bash 2004 en très charmante compagnie… un argument qui a lui seul devrait convaincre nombre d'entre nous ! Au final Torment nous fournit ici trentequatre morceaux dont la moitié fraîchement pondue, Sabina Classen de Holy Moses figurant même en invitée sur "
Please Don't Touch ". " Tormentation " sera donc un investissement intéressant qui Remedy Records / Underclass
ne fera pas l'ombre d'une hésitation pour qui aime le thrash carré… mais jovial !
www.tormentation.de
8
AT VANCE : Chained
heavy speed mélodique
The Butcher
6
Sixième album At Vance qui a encore connu des changements de line up. Ce sont désormais John ABC Smith à la basse et
Mark Cross (ex-Metalium & ex- Helloween) qui se joignent à Mats Leven le chanteur et au capitaine du navire Olaf Lenk,
guitariste et clavier de la formation. " Chained " ne va pas révolutionner la face du métal, mais ravira les fans du groupe
et les amateurs de heavy à la fois rentre dedans, puissant et racé où les éléments néoclassiques côtoient les rythmiques
vigoureuses et des mélodies quelque peu mélancoliques. Ajoutez à cela un son fait au Finnvox studios ( Stratovarius,
Nightwish… ), un très bon chanteur et quelques preuves de la virtuosité guitaristique du sieur Lenk (lui aussi nous fait son
" hiver " de Vivaldi !) et vous obtenez un album de haut niveau, efficace et accrocheur à l'origiAFM records / Underclass
www.at-vance.com
nalité certes relative mais suffisamment efficace pour faire taire les mauvaises langues comme m o i .
THUNDERSTONE : Tools Of Destruction
power metal
The Undertaker
4
Les quelques milliers de spectateurs qui s'étaient déplacés voir Symphony X et
Stratovarius au Zénith de Paris en avril 2003 (cf. report ARTeFACT #24) se souviennent
peut être de Thunderstone qui se produisait en première partie. A peine dans le circuit
professionnel, le groupe s'offrait déjà l'opportunité d'une telle tournée. Ils ont depuis
sorti " The Burning " en 2004, et reviennent à la charge avec " Tools Of Destruction ".
Le style est inchangé avec la mise en avant du chant clair aigu, des soli basiques de
lead guitar, et des claviers " à clochettes ". La formation avait été bien inspirée d'ouvrir pour Stratovarius car ils confirment ce que nous craignions déjà : Thunderstone fait
de la sous-traitance de Stratovarius ! Il n'y a donc pas grand chose à retenir de cet
album, si ce n'est la bonne exécution et la recherche technique
Nuclear Blast
www.thunderstone.org
qui ne sont pas à la portée de n'importe qui (encore heureux).
INACTIVE MESSIAH : Inactive Messiah
électro nu death metal
Qorox
2,5
Les Grecs ont peut-être gagné la coupe de foot, mais ne vont pas remporter celle du metal extreme bien que cette patrie compte des groupes d'exception (Nocternity par exemple). Inactive Messiah est
un combo jouant, selon les termes employés par le groupe, de l'" electro nu death metal ". Tout
d'abord, même si la formation a bénéficié d'un mix et un mastering aux Finnvox Studios, cela n'empêche pas que l'album manque de puissance et d'aggressivité. En terme de tonus et de dynamisme, leur
batteuse, au champ restreint, est loin du compte : et l'opus baigne dans un mid-tempo qui endort à
l'écoute. L'électro n'est pas du tout ressenti, ni le death metal ; trop édulcoré, on ne s'y retrouvera pas.
Certes les mélodies sont agréables, mais peu originales et répétitives. La voix, elle, est d'une platitude
massacrante... Pour conclure, il ressort de cet album un sentiment de frustration. Sentiment d'être
trompé sur la " marchandise ", on croirait entendre une version malmenée Black Lotus / Season of Mist
d'albums de Pantera ou Korn...
www.inactivemessiah.com
RAINTIME : Tales From Sadness
heavy symphonique technique
The Undertaker
4
"Raintime est un nouveau sous-produit de Dream Theater", tel est la première chose qui nous vient à l'esprit après l'écoute de quelques morceaux… La comparaison s'arrête cependant au cliché car les moyens
de Raintime ne sont bien entendu pas les mêmes. Le groupe italien sort ici son premier opus et ne tente
que sa première percée dans le milieu professionnel, ce qui n'est pas plus évident pour des Transalpins
que pour des Français ! " Tales From Sadness " affiche beaucoup de bonne volonté avec sa construction
peaufinée dans le détail, mais le résultat tombe malheureusement dans la redondance stylistique des
groupes de heavy technique dopé aux claviers. Elément positif, le groupe ne se donne pas une image
de guerriers en slip fourrure et atteint même une bonne crédibilité. Sur ce point, nos amis suisses
Emerald sont battus (cf. chronique ARTeFACT #28). Comme toujours nous relevons une bonne exécution,
un son correct mais sans plus, mais rien de transcendant à rajouter, et
Arise Records / Adipocere
www.raintime.com
ce n'est donc pas Raintime qui apportera un peu de fraîcheur au style.
ROB ROCK : Holy Hell
heavy mélodique
The Undertaker
6
L'habit ne fait pas le moine ! Vingt ans après sa formation en terres teutonnes, Torment adopte pour ce double cd anniversaire un look black metal. L'illustration de la pochette avec son démon est en effet loin de nous révéler le contenu
groovy et festif du thrash auquel nous avons affaire. Flirtant tantôt avec un heavy façon Motörhead (Torment a d'ailleurs
enregistré en album tribute : " Motörmorphösis "), tantôt avec un thrash à la Destruction, le groupe ne se refuse jamais
un zeste d'influence d'AC/DC, de Slayer et même de vieux Morbid Angel. L'idée prépondérante sur " Tormentation " est
la festivité, tout comme sur le cd bonus qui nous propose une rétrospective des deux décennies du groupe. Deux vidéos
live sont également présentes sur l'album dont une de nos trois compères au Metal Bash 2004 en très charmante compagnie… un argument qui a lui seul devrait convaincre nombre d'entre nous ! Au final Torment nous fournit ici trentequatre morceaux dont la moitié fraîchement pondue, Sabina Classen de Holy Moses figurant même en invitée sur "
Please Don't Touch ". " Tormentation " sera donc un investissement intéressant qui
AFM Records
ne fera pas l'ombre d'une hésitation pour qui aime le thrash carré… mais jovial !
http://www.robrock.com
9
DEW SCENTED
Dew-Scented n'est pas seulement l'un
de ces groupes de la nouvelle génération de thrash metal très influencé
par le death ; c'est certainement l'un
des meilleurs, si ce n'est le meilleur !
C'est le très sympathique Leif Jensen
(chant) qui nous explique avec discernement et lucidité sa vision de
l'ascension du groupe et son fonctionnement.
Entretien téléphonique, le 25/05/2005
par Brynjard
ARTeFACT : Le 20 juin sortira votre nouvel
album qui s'appelle " Issue VI ". Encore une
fois, le titre commence par un " I ". A : Peut
être est-ce un concept, mais pourquoi cette
lettre ?
Leif Jensen (chant) : Oui ! [rires] Oh, c'est
juste venu comme une " marque " du
groupe. Je pense que nous avons essayé au
début d'avoir quelque chose qui était un "
thème ", quelque chose de marquant à propos du groupe. Et nous avons cette manie
de donner des titres en un seul mot…commençant par un " I ". C'est un peu un
concept qui précède l'album et son artwork.
Nous avons essayé d'obtenir quelque chose
de symbolique pour le groupe. Le " VI " ne
signifie pas seulement que c'est notre sixième
album mais c'est aussi en rapport avec les
paroles… Avec les façons de s'en sortir face à
tous les problèmes que l'on peut rencontrer.
Enfin, c'était un titre approprié pour cet
album.
A : " Issue VI " est, comme les précédents
albums, produit par Andy Classen. Cela signi fie que vous êtes satisfaits par son travail.
L : Enormément ! Il nous a apporté beaucoup sur le premier album que l'on a fait
avec lui, " Inwards ", qui avait un son hallucinant. Il a géré une production plus puissante
sur " Impact ". Et nous avons discuté avec lui
pour savoir si c'était vraiment une bonne
idée de faire un nouvel album avec lui, pour
développer un nouveau son, progresser. Et
on a trouvé le moyen de faire sonner la production comme on pouvait le faire au mieux.
Cet album a plus d'éléments, plus de clarté
que " Impact " car nous voulions avoir un son
clair mais toujours puissant. Et tu peux entendre tout ce qui se passe. Dans les passages
techniques, tout est distinct. Je pense qu'il
[Andy] est une pierre angulaire pour le
groupe car il offre une production très "
pêchue ". Il nous a offert ce à quoi nous
nous attendions avec notre musique. Il a su
créer le son " Dew-Scented ". Nous sommes
vraiment très, très contents de son travail, il a
su satisfaire nos attentes !
A : Mais avez-vous quand même pensé tra vailler avec quelqu'un d'autre ?
L : Oui ! En fait, nous en avons parlé. Parfois,
tu sais, tu dois changer, offrir quelque chose
de " frais ". Mais Andy fait tellement du bon
boulot que nous perdions notre temps à
chercher ailleurs. " Issue VI " est quand
même très différent et très inspiré. Nous sommes finalement heureux d'avoir encore fait
un album avec Andy. Beaucoup de critiques
vont dans son sens.
A : Et qu'en est-il de votre collaboration avec
Nuclear Blast ?
L : Oh ben… Tu sais, je pense qu'ils comprennent le groupe et savent que nous ne
sommes pas Nightwish ! [éclat de rires]
Depuis des années, ils font plein de choses
pour le groupe. Ils nous offrent beaucoup.
Ils nous ont énormément aidé pour l'album
et font un gros travail de distribution et de
promotion. Donc, on est très contents avec
eux et on va continuer pour un petit
moment…
A : Justement, pour cette promotion, vous
allez jouer au Japon, au Extreme The Dojo
volume 14 avec High On Fire et Misery
Signals. Puis vous jouerez au Minneapolis
Mayhem Festival avec Sodom, Sadus et
Usurper. Ensuite, vous commencerez une
tournée nord-américaine en Novembre.
Quel boulot ! Aurons-nous droit en plus à
une tournée européenne cet automne ?
L : Nous regardons toutes les possibilités dès
maintenant, nous avons plusieurs choix.
Nous ferons une tournée cet automne ou
plus tard, en Décembre. Nous essayons
juste de trouver les bonnes dates, car il y a
plein de propositions intéressantes tout de
suite. Nous allons devoir choisir très bientôt,
dans les deux semaines à venir. Mais quelle
que soit la tournée que l'on fera, ce sera "
fun ". On essayera de faire une tournée en
France. Je pense qu'on va faire beaucoup
de dates pour cet album et qu'on jouera
dans le plus d'endroits possibles. Tu sais,
c'est comme ça que le groupe fonctionne.
On est plus un groupe de scène que de studio. On a fait un gros travail sur cet album et
j'espère qu'on arrivera à retranscrire ça lors
de nos passages sur scène.
A : Je n'ai pas trop compris ce qui s'est passé
au niveau du line-up.
L : C'est très confus en fait ! [rires] Nous
sommes restés longtemps avec notre guitariste Florian mais quand nous écrivions cet
album, nous ne travaillions plus de la même
manière et quelqu'un appelé Marvin, qui est
un vieil ami du groupe, nous a rejoints sur
quelques dates en tant que musicien de session. Maintenant, nous avons toujours deux
guitaristes mais c'était Marvin qui chantait
sur cet album… euh non ! Qui faisait les
lead de guitare sur " Issue VI " ! [ndlr : lui
aussi semble s'y perdre !] Il s'occupe de la
vidéo et des éclairages sur scène depuis
huit mois, ce qui est très important. C'est un
membre à part entière. Il tient une grande
place dans le groupe. Ce qu'on peut surtout remarquer c'est que Alex, notre bassiste
est " nouveau " puisqu'il ne jouait pas sur
l'album " Impact " alors qu'il est dans le
groupe depuis 2002. Mais pour des problèmes personnels, il n'a pas pu enregistrer "
Impact " avec nous, c'est un des guitaristes
qui s'est chargé de la basse. Le groupe est
maintenant composé de Alex à la basse,
Hendrik à la guitare, Florian à la guitare,
Uwe à la batterie et moi même au chant.
A : Vous mentionnez que le dernier titre " Evil
Dead " n'est pas une reprise de Death mais
que c'est la reprise d'un autre groupe.
Lequel ?
L : C'est une reprise de Zeke, un groupe
punk. Euh. C'est un de nos groupes favoris
dans le courant punk. C'est très direct, très
extrême, très lourd et rapide. Cela faisait un
moment qu'un des guitaristes écoutait leurs
albums et nous disait : " Oh, on devrait
essayer cette chanson… " donc… Et le résultat sonne bien et nous aimons ce titre.
C'était destiné à être un titre bonus mais en
fait, nous avons décidé de le laisser sur l'album et nous avons décidé qu'il allait clore
l'album. Donc, nous avons fait d'autres
bonus, car nous avons pensé que ce serait
une fin surprenante pour l'album. Nous
sommes très contents de cette version.
AYERS ROCK CAFE
des concerts tous les soirs !
soirées métal; goth, indus...
Soirées Onde de Choc Roadrunner
7 rue de l’HARTEloire 29200 Brest
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10
A : A propos des autres bonus, " Full Blown
Revenge " et " The Torrent ", seront-ils disponi bles en Europe ?
L : Euh non, en fait. " Full Blown Revenge " est
le bonus sur la version japonaise de l'album. Et
" The Torrent " est le bonus nord-américain.
Mais l'album " normal " dure déjà à peu près 45
minutes et pour de la musique extrême, c'est
déjà suffisant pour les oreilles ! [rires] Et nous
avons une édition limitée pour la version nordaméricaine qui inclut un DVD bonus, qui
contient 17 live enregistrés à différents endroits
par Marvin ;des choses fin avril…des festivals…et deux shows en France, à Strasbourg…
A : Oui, à La Laiterie, ainsi qu'à La Locomotive
à Paris. Il y a également des concerts à
Ludwigsburg (Rockfabrik), au Summer Breeze
Festival et au Wacken Open Air.
L : Exactement ! C'est une combinaison de belles performances scéniques même si ce n'est
pas extrêmement " professionnel ". Je veux dire
que ça n'a pas été ré-enregistré en studio ou
quelque chose comme ça… C'est absolument
" underground " et je pense que ça va plaire à
certains. En plus, en supplément aux live, il y a
un clip pour la chanson " Turn To Ash ". Je
pense que c'est vraiment un DVD chargé et
j'espère qu'il plaira aux gens. Nous n'avions
jamais réalisé de clip avant. Nous étions un peu
critiques sur le fait de voir notre musique collée
sur un clip et de voir comment ça fonctionnerait. Nous avons faits appel à des artistes qui
ont travaillé sur des court-métrages et sur d'autres clips. Et ils ont eu des idées très " bizarres ",
mais très " cool " pour notre clip, qui incluaient
beaucoup de références symboliques à la couverture de l'album. Le mix avec la performance
du groupe est très " abstrait " mais ça rend réellement très bien. Je pense que beaucoup de
personnes seront surprises ! Nous avons été
surpris aussi ! [rires] J'espère qu'on le verra sur
quelques chaînes de télévision, ou sinon ce
sera sur le DVD et peut être sur une compilation, sur Internet. C'est un essai, tu sais, pour
présenter notre musique à un tout nouveau
public. Ce n'est pas pour gagner de l'argent
car la musique extrême n'est pas en bons termes avec la télévision.
A : En général, que penses-tu du métal actuel
?
L : Hmm, je pense qu'il y a différents mouvements et différents groupes de différentes qualités. J'ai découvert beaucoup de nouveaux
groupes et j'ai été impressionné par le haut
niveau qu'ils atteignent ! Il y a beaucoup de
bons musiciens maintenant et nous sommes
heureux de faire partie de cette génération. Il y
avait aussi des groupes de " tueurs " dans les
années 80, mais ce n'est pas pareil en 2005.
A : Tu es donc d'accord pour dire que vous fai tes partie d'une nouvelle génération de grou pes de thrash metal ?
L : Ouais, je dirais ça ! Quand j'écoute des
groupes qui réalisaient des albums bien avant
que nous ne commencions la musique, je
pense que nous faisons partie des groupes qui
sont nés grâce à l'influence de ces groupes.
Nous sommes à un autre niveau et à une époque plus moderne. Nous prenons des éléments des années 80-90 mais nous essayons
d'y ajouter ce que nous pensons être le métal
aujourd'hui avec notre propre style. Oh, je ne
dis pas que ce qui est nouveau est moins bien
et que ce qui est vieux est mieux ! J'essaie de
dire que c'est une nouvelle approche. C'est un
autre temps. Tout a une justification…
A : Penses-tu que l'Allemagne est un " bon "
pays pour jouer et écouter du métal ?
L : Nous n'avons pas à nous plaindre ! C'est
avec cet esprit que nous avons commencé et
nous continuons. C'est très convivial, tu peux te
balader partout entre tous les shows. Nous ne
sommes pas au milieu de nulle part. Nous le
faisons depuis longtemps, nous nous sommes
fait plein de bons potes, promoteurs et gens
des autres groupes. Je pense que ça aide vraiment notre style et qu'il y a aussi de la qualité
dans l'underground des nouveaux groupes.
A : Et que penses-tu du public français et des
groupes français ?
L : Nous avons rencontré le public français très
tard. Nous avons joué en France la première
fois en 2002. Avant, nous avions fait une tournée au Japon ! [rires] [ndlr : il faut reconnaître
que le public japonais réagit très bien !] Mais
quand nous avons commencé en France, je
pense qu'il y a eu quelque chose de spécial
entre Dew-Scented et la France. Nous avons
donné les deux dernières années quelque
chose comme 30 concerts en France. En très
peu de temps, nous nous sommes faits un
paquet d'amis :avec No Return, Scarve et Inside
Conflict (ndlr : qui vient de se séparer). Et nous
allons vraiment continuer à jouer en France ! Je
pense qu'il y a une bonne partie des gens qui
y apprécient la musique que nous faisons. Que
ce soit par chez nous ou sur la côte, nous
avons passé de très bons moments en France !
A : Dew-Scented en 3 mots ?
Leif Jensen : Inflexible,
Résolu, Passionné.
DEW-SCENTED : Issue VI
thrash death
Brynjard
8
Attention ! Tuerie de thrash en vue ! Les
Allemands nous prouvent une fois de
plus qu'il fait bon être un métalleux chez
eux… Dew-Scented n'a pas fini de vous
démonter le cou avec son thrash très inspiré par le death metal, à la manière d'un
The Haunted en cure de vitamines ! "
Processing life " introduit l'album en blastant, suivi de " Rituals Of Time " qui propose un jeu saisissant avec les panoramiques et les rythmiques. Les autres titres
ne sont pas en reste, on mentionnera en
particulier le fantastique " Turn To Ash ".
Vous l'aurez compris, " Issue VI " démarre
sur les chapeaux de roue et relance la
machine lorsqu'il le faut. La production
d'Andy Classen est toujours impeccable.
Chaque instrument est restitué à la perfection, ce qui permet de profiter au
maximum de la technique des Teutons.
S'il fallait un " mais ", il serait peut être
attribué à la voix, qui énervera certains.
Mais le reste est tellement génial qu'on
s'y fait très vite ! Das ist zuper !
Nuclear Blast
www.dew-scented.de
www.dew-scented.de
11
END OF DAYS : Dedicated To The Extreme
OUTCAST : First Call / Last Warning
death metal Brynjard 5,5
thrash death The Butcher 7,5
MIND RIPPER : Kahos Humana
Un long larsen et c'est parti ! Les
Allemands ne font pas dans la dentelle, mélangeant death brutal et
hardcore. La production est bonne,
signée Jacob Bredhal (chanteur de
Hatesphere) et Tue Madsen (producteur de Mnemic, The Haunted,
Hatesphere). Le groupe maîtrise parfaitement sa musique techniquement,
seulement les compositions ne suivent
pas. On sent les influences : Misery
Index, Morbid Angel, Cannibal Corpse,
Napalm Death, etc mais justement, on
les sent trop. Le chanteur imite à la
perfection John Tardy d'Obituary,
voire Roget Miret d'Agnostic Front.
Imaginez
un
peu
la
bête
!
Malheureusement
les
variations
blast/mid-tempo-qui-fait-headbanguer
deviennent lassantes et seul le titre "
Unbreakable " sait se démarquer, rappelant le défunt groupe Death. Il manque seulement un peu d'originalité.
Voilà un titre qui sied parfaitement à ce premier
album des français de Outcast. Technicité, subtilité, énergie, brutalité mais aussi intelligence et
sens de composition, le groupe réunit une belle
dose de qualités qui font de cet album une excellente surprise. Musicalement le groupe donne
dans le thrash moderne à la fois technique
(Messhuggah) et ultra-agressif (cf Dew Scented,
Scarve…) agrémenté d'éléments death (chant
guttural et blast beats de ci de là). Entre deux
charges d'artillerie lourde, Outcast équilibre son
album de passage plus délicats (chant féminin
éthéré ici, morceau atmosphérique là). Les titres
sont bien pensés et, outre des soli de dingue de
la six cordes (on pense parfois à Carcariass), ils
offrent une foultitude de changements de rythmes et de riffs tour à tour malsains, virulents,
accrocheurs ou propices au mosh qui confèrent
à l'album un intérêt constant sur toute sa durée.
Avec sa production aux petits oignons, Outcast
entre directement dans la cour des grands et
semble prêt à atomiser sans sommation tout ce
qui se mettrait en travers de son chemin.
Adipocere annonce du black metal,
chouette ! Mais Mind Ripper ce n'est pas
vraiment ça en fait... C'est même du death
mélodique et des français avec un chant en
français ! Ceci dit, la formation exécute un
death metal ingénieux et qui développe
des atmosphères prenantes : on lorgne vers
un lointain Secret of the Moon, un death
old school et ce style death metal que la
France est en train de définir : une patte
death saucée black. Les constructions se
révèlent travaillées et variées, dynamiques
et l'ensemble est aéré. Les riffs pêchent un
peu par leur conventionalisme et la voix,
pas vraiment gutturale... Là où celle-ci fait
plaisir, c'est que l'on comprend ce qu'elle
hurle et que le batteur a tout compris au
rythme, car son jeu est ouvert. Finalement,
on se fait plaisir dans cet excellent sixième
titre (plus black metal que les autres),
quand l'gent Smith de Matrix fait son apparition... Un Khaos Humana somme toute
bien fait. Un style à encore développer.
Century média
www.end-of-dayz.net
Thundering Records
http://outcast.music.free.fr
Adipocere
http://www.mindripper.net/
black death
Qorox
6
EXTREME
TOTAL DEVASTATION : Reclusion
death metal indus
Qorox
8,5
Le constat est sans appel : ce groupe est de la dynamite ! De l'énergie, de la puissance, du groove, de l'efficacité, Total Devastation fait le ménage par le vide et renvoie au placard nombre de formations misant tout sur la technique. Car il est clair
qu'en plus, le groupe finlandais se fait plaisir à jouer sa musique : un vrai régal. Les
riffs sont épais et catchy, la batterie martèle sec, lourdement et avec un feeling monstrueux - l'influence Morbid Angel est là, certes - de petites touches de synthé et quelques effets allègeant l'ensemble tout en contribuant à l'efficacité de la musique. Les
tripes en prennent un bon coup. Total Devastation avance donc ses sabots dans la
cour des grands - et ça fait du bien. Il y avait longtemps qu'un groupe de ce genre
n'avait pas frappé si juste. Un des meilleurs groupes du
Vile Music / Adipocere
genre, à suivre absolument.
http://users.kymp.net/p200043a/
PHAZM : Hate At First Seed
death’n roll
Zorglub
7
Voici un album sorti il y a quelques temps (Novembre 2004) mais qu'il n'est jamais trop tard de découvrir. Résolument
death, "Hate at first seed" n'en sort pas moins des sentiers battus et force l'admiration en proposant un éventail de
riffs, ambiances et tempos tout simplement jouissif. De "What a wonderful death" et ses rythmes chaloupés (presque
death/blues même !), au brûlot de deux minutes "Forest recipe" en passant par le rouleau compresseur qu'est
"Lonliness" ou par ce dernier morceau, "Dogs", que ne renierait pas un Motörhead sous anabolisants, impossible de
s'ennuyer. Pour ce qui est du concept de l'album, pour autant que je puisse en juger d'après la pochette (la maison
de disques n'ayant pas jugé bon de nous faire parvenir les paroles), il me semble que les arbres, et autres démons
de la forêt, ont décidés de faire un petit tour en ville pour arracher bras et têtes d'humains.. Passons. Côté production, rien à dire, le son est bon (mais peut être un peu trop "crunchy" à mon goût) et les morceaux sont intelligemment liés entre eux par de courtes ambiances malsaines. PHAZM nous livre ici
Osmose Productions
http://phazm.free.fr
un album solide qui devrait rencontrer son public sans problème.
HIMINBJORG : Europa
pagan black metal
Brynjard
6,5
Debout Gaulois ! Voici un album pour vous : une des rares œuvres de black français
digne d'intérêt ! Attention, il faut l'écouter attentivement et plusieurs fois pour l'apprécier à sa juste valeur, au risque de passer à côté du travail effectué. La production
intimiste " façon années 90 " y est peut être pour quelque chose. L'album met un peu
de temps à se réveiller puis nous offre un black vraiment plus qu'honnête par
moments. Himinbjorg nous rappellerait même les débuts d'Immortal ou d'Aeternus !
L'esprit pagan est très présent ; dommage que les chants clairs ne suivent pas… Les
soli sont trop heavy à mon goût mais exécutés parfaitement. Europa est globalement
un bon album, qui peut se targuer d'être de notre beau
Adipocere
pays : cocorico !
www.himinbjorg.fr.st
12
BLACK WITCHERY : Upheaval Of Satanic Might
" true " black metal
Qorox
6
Surfant sur la vague " true " black metal" et signés chez Osmose, grand dénicheur de talents, ces Américains qui en sont à leur deuxième opus
poursuivent leurs méfaits avec haine et satanisme. Jouant sur un son crade et live, avec une production étouffée, ils vont droit au but, malgré
9 titres : les miettes ne se comptent qu'en 26 minutes ! Bloqué sur le bouton " blasts ", le trio assène un black metal bestial, primaire et brutal, hautement malsain. Une basse bien grasse donne un petit charme à l'opus et les guitares se veulent ronflantes elles aussi... Inutile de chercher ici quelque chose de sophistiqué ou d'original : Black Witchery passe tel un ouragan, avec linéarité et constance - un titre de 26 minutes
aurait donné le même résultat. Un bon album mais qui ne ravira pas les amateurs de
Osmose Productions
nouvelles sensations. Pour les fans jusqu'au-boutistes de Blasphemy et Bestial Mockery. www.fmp666.com/blackwitchery/black_witchery.htm
CENTINEX : World Declension
black death
The Undertaker
6,5
Evoluant dans l'ombre des pointures du métal extrême suédois depuis 1991, Centinex sort
pourtant son neuvième album, seulement un an après " Decadence - Prophecies Of Cosmic
Chaos ". Le menu proposé est toujours aussi malsain avec ses neuf titres démoniaques subdivisés symboliquement en deux chapitres, " World Declension " souffre en effet d'une répétitivité
qui alourdit malheureusement l'écoute. Ceci est le seul reproche important qui serait à signaler car Centinex possède une personnalité forte grâce au caractère incisif des lignes de chant
death et black et au juste dosage du son entre puissance et distorsion. A la manière d'un
Behemoth, l'album sait capturer son auditoire sans pour autant faire de concessions sur la brutalité, manquent simplement à l'appel un ou deux titres phares
Regain Records
www.centinex.org
qui pousseraient la notoriété de nos Suédois vers le haut.
DEFLESHED_Reclaim the Beat
Death-Thrash-Punk
Qorox
5,5
Belle surprise que ce CD des germains signés chez Regain Records. Quelque part, ils font penser
au black-punk de Barathrum. Très agréable à l'écoute, avec un son et un groove old school,
Defleshed va droit au but sans passer par la case " sophistication ". Très utile pour headbanger,
il rend nostalgique des anciennes ambiances undegrounds de concerts de metal extreme, quand
celui-ci n'explosait pas comme aujourd'hui ! Les titres sont courts mais cela suffit : " court, vite et
fort " comme disent les punks! La batterie cogne bien, presque " live " mais les guitares sont néanmoins un peu trop en retrait : mais chacun trouvera son plaisir dans ce bel album. La voix possède un timbre original et elle est utilisée avec honnêteté. Defleshed ne révolutionne pas le style
mais au contraire ravive cette flamme qu'on croit à jamais perdue. A côté d'autres monstres du
label tels Marduk, Behemoth, Dismember ou Gorgoroth, Defleshed porte
Regain Records
l'étendard d'un passé glorieux et en manque de reconnaissance...
www.defleshed.de
SHADOW CUT : Pictures Of Death
black death metal
Brynjard
7
Brynjard
7,5
Ces Finlandais flirtant allègrement avec black et death metal ont tout pour plaire à votre entourage : un
visuel glauque, des riffs dévastateurs et un chant " growl " effrayant ! Les musiciens maîtrisent parfaitement
leur affaire, le son est vraiment propre, l'atmosphère est posée avec brio. Précisons que le combo compte
dans ses rangs Reima Kellokoski, batteur d'Impaled Nazarene et Mitja Harvilahti, guitariste lead de
Moonsorrow. Sans pour autant être très originales, les compositions font tout de même évoluer un style
qui a tendance à se répéter. D'accord, cet album n'est pas vraiment innovant mais il est diablement efficace ! Les morceaux sont essentiellement basés sur une rythmique 4/4 " headbangante " à souhait. "
Pictures Of Death " est vraiment entraînant bien qu'inquiétant. Ni trop brutal, ni trop mélodique, SHADOW
CUT réalise un album très honnête. En espérant que les gaillards se bonifieront avec leur prochain méfait
discographique et que les prestations scéniques vont suivre, je conseille
Firebox Records / Adipocere
ces sons et " images de mort " pour passer un été agréable…
FORGOTTEN TOMBS : Songs To Leave (réédition)
black doom suicidaire
Inutile de s'attarder sur la réédition en elle même puisqu'elle propose uniquement un morceau bonus loin
d'égaler le reste de l'album ! Les autres titres n'ont pas changé, ils n'ont pas été réenregistrés avec une
vraie batterie, par exemple. Le seul apport est donc un riff soporifique de 14 minutes, aucun intérêt… C'est
donc l'album que j'ai noté et non la réédition. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore Forgotten Tombs,
sachez que cet album a été réalisé il y a deux ans par l'italien Herr Morbid, seul à l'époque. " Songs To
Leave " officie dans un style des plus suicidaires, entre true black et doom metal. Les morceaux sont excellents, même si certains crieront au plagiat en écoutant " Brave New Murder Day " de Katatonia ou encore
les meilleurs méfaits de Burzum. Toujours est-il que si vous voulez en finir, c'est l'ultime album à écouter.
Arrêtez-vous donc avant le bonus si vous ne vous êtes pas encore jetés par la fenêtre. Je conseille également les charmants " Springtime Depression " et "
Adipocere
Love's Burial Ground " si vous vous êtes loupés…
www.forgottentomb.com
ONDSKAPT : DracoSit Mihi Dux
Black Metal Dépressif
Qorox
7
Anciennement licence Selbstmord - comme Zavorash - Adipocere se paie le luxe de rééditer deux fabuleux albums de black metal.
Onsdkapt est aujourd'hui sur la branche spécialisée " true black metal " du label, Oaken Shields. Le groupe suédois déroge-t-il à la
règle ? Je dirais oui : le son est clair ou presque, le groupe ne joue pas des blasts à tout va (il y en a quand même) mais mise sur les
ambiances (magnifique entrée en matière avec un choeur d'enfants) et sur un black bien dépressif ! Il me rappelle, dans les guitares
et la lourdeur, Shining. Les amateurs de black metal théâtral et lyrique en auront donc pour leur argent et leur déprime. La basse ronronne, la batterie se veut ouverte, les guitares oppressantes et le chant - mazette ! A lui seul, à côté des mélodies et des parties variées,
il vaut l'achat du CD. Par ailleurs, nous assistons à une fabuleuse expérience de cris de toutes sortes de la part de son auteur, qui évolue dans un spectre très large d'octaves graves commas aigües. Hypnotique et charismatique : je crois que seul le fou à lier de hurleur de Silencer le rejoint. Assurément la valeur ajoutée du CD qui peut cependant en
Adipocere
http://ondskapt.atspace.com
rebuter certains. Relevons un seul point faible : une certaine monotonie sur la durée.
13
NAGFLAR
Réalisant un bon compromis entre old
school black metal et métal moderne et
mélodique, Naglfar ne jouit pas d'une
grande notoriété. Pourtant, leurs productions sont vraiment dignes d'intérêt.
Kristoffer Olivius, qui remplace Jens Rydén
depuis quelques temps, nous explique les
choix du groupe refusant cette " célébrité "
et nous offre une partie de sa vision du
métal d'aujourd'hui.
Entretien téléphonique, le 19/05/2005
Par Brynjard
ARTeFACT : Votre nouvel album " Pariah " sort le
20 juin. Il a été enregistré au Ballarina Studio, en
Suède, et je trouve que vous avez réalisé un bon
compromis entre un " vieux " son de black metal
et une production plus moderne. Que peux-tu
nous dire sur ce choix ?
Kristoffer Olivius (chant, basse) : Oui, bien sûr,
nous avons trouvé que c'était un bon compromis. Bon, je ne sais pas…Certains feraient la
réflexion que l'on ne peut pas vraiment parler de
" vieux " black metal. En fait, nous voulons sonner
le mieux possible, même si nous jouons ce style
de musique. Avec notre album " Sheol ", nous
avions essayé d'avoir la meilleure production possible à l'époque. Je pense que c'est juste naturel.
A : Et que penses-tu des productions modernes à
la Dimmu Borgir, par exemple ?
K : Oh, je pense que c'est très difficile de nous
comparer à des groupes tel que Dimmu Borgir.
Parce que, tu sais, ils recherchent un son différent. Ils ont plus d'orchestrations et de synthétiseurs. C'est un groupe " orienté ", si tu vois ce que
je veux dire. Nous sommes plus axés sur les guitares, sur le côté métal. Mais je vois ce que tu veux
dire, tu sais, nous n'essayons pas de sonner le pire
possible. Quoi que tu fasses, quand tu es musicien, tu travailles très dur de toute façon.
A : Kristoffer, tu es un peu le " nouveau " chan teur, tu remplaces Jens Rydén. Penses-tu que
Jens a quitté Naglfar à cause de son projet Dead
Silent Slumber ?
K : Non ! Je sais qu'il ne l'a pas fait pour cela. En
fait, c'était surtout pour des raisons professionnelles. Il a préféré se préoccuper plus de cela que du
groupe, qui lui prenait beaucoup de temps. Je sais
qu'il va continuer son projet Dead Silent Slumber
mais ce n'est pas la raison pour laquelle il a quitté
Naglfar.
A : C'est toi Kristoffer qui chante donc sur le dernier
album et j'ai été agréablement surpris d'entendre
cette évolution du chant. Est-ce dû à des effets
que vous avez ajoutés sur ta voix ?
K : Non ! En fait, j'ajoute seulement un léger
delay mais sinon c'est ma propre voix. Tu sais, j'ai
été dans un autre groupe de black metal pendant des années, Setherial, avec lequel j'ai pu tra-
NAGLFAR : Pariah
vailler ma voix.
A : Je dis cela car ton chant me rappelle beaucoup les chants retravaillés comme celui de
Galder dans Old Man's Child, par exemple. Est-ce
l'une de tes influences ?
K : Non, ce n'est pas une influence. J'écoute pas
mal de Old Man's Child et un paquet d'autres
groupes mais je trouve mon chant différent d'Old
Man's Child.
A : Alors, par quels groupes penses-tu que Naglfar
est influencé ?
K : Je pense surtout à des groupes suédois. Bien
sûr, aussi les groupes de heavy metal avec lesquels
nous avons grandi, comme Iron Maiden ou
Accept.
A : " Pariah " semblent contenir des morceaux plutôt violents, au niveau des textes. Les paroles ont
l'air d'évoquer le gore. Que penses-tu des paroles
de black metal en général ? Est-ce que tu ne les
trouves pas un peu stéréotypées ?
K : C'est possible… C'est difficile pour moi de m'exprimer sur ce sujet, au risque d'en vexer certains.
Car contrairement à un bon nombre de groupes,
je peux dire que nous n'utilisons pas des paroles
typiques de black metal (ndlr : le gore étant plutôt
le rayon du death). Cet album parle surtout du fait
d'être un " hors-la-loi " et toutes les chansons parlent plus au moins de certains aspects de la haine.
A : Et est-ce que Naglfar évoque des sujets tel que
le satanisme ?
K : C'était le thème du dernier album " Sheol "
ainsi que différents sujets liés à l'Enfer. " Diabolical
", précédemment, été plus axé sur la chose.
Ouais, c'est vrai, nos paroles avant traitaient plutôt de tout ce qui entoure cela et donnait nos
points de vues sur la religion.
A : Pour promouvoir votre album, vous allez
jouer au Tuska Open Air et au Wacken Open Air.
Vous allez également faire une tournée euro péenne avec Finntroll et Amoral. Allez-vous jouer
en Suède aussi ?
K : Euh… Nous n'avons pas planifié de jouer en
Suède avant un bout de temps. Nous y avons
déjà joué. Mais je pense que nous devrions
jouer dans notre ville natale. Nous voulons jouer
ailleurs que chez nous. Nous voulons, en quelque sorte, voir du pays. En fait, je préfère surtout
jouer…devant un public qui…apprécie vraiment ce que nous faisons.
A : Donc, tu es d'accord pour dire qu'en Suède,
les structures souffrent de lacunes et que la scène
du métal extrême n'y est pas assez développée ?
K : [soupir] Ah, tu sais, il y a tellement de groupes
qui sortent de Suède. Il y a trop de groupes et il n'y
a pas une très bonne ambiance pour les concerts.
A : Et que penses-tu de la France à ce niveau,
de sa scène et de son public ?
K : Euh, j'aime jouer en France. Nous faisons quelques dates en France sur cette tournée. Je pense
black metal
que les personnes impliquées dans le black metal
en France semblent… prendre le mouvement très
au sérieux. Et cela, bien sûr, je l'apprécie beaucoup. Mais je ne m'y connais pas vraiment en
groupes de métal français. Euh…je connais par
exemple un groupe appelé Arkhon Infaustus qui
est français, je crois…Ai-je raison ?
A : Oui oui ! [rires]
K : Ils sont de…euh.
A : Paris.
K : Oui… Je connais un peu quelques groupes
français mais je n'ai jamais été en contact avec
eux. Tu sais, je préfère travailler seul, m'occuper de
mon propre " boulot ". Mais bon, ça a vraiment
été une surprise de les écouter car ils ont vraiment
réussi à capturer l'essence même du black metal à
mon avis. Alors, bon…
A : Ne penses-tu pas que le métal nordique est
en train de mourir doucement ? Je pense au
black norvégien, par exemple.
K : Oh, je n'ai pas trop suivi ce qui se passe en
Norvège mais je vois ce que tu veux dire. Je
pense que le problème a été qu'au début, au
milieu des années 90, beaucoup de groupes ont
émergé de Norvège et de Suède mais beaucoup
de personnes se sont engagées dans la musique
pour de mauvaises raisons. C'est pour cela que
leurs groupes n'existent plus. Si tu es un groupe,
tu as besoin d'une identité. Mais beaucoup de
groupes se sont inventés cette identité de toute
pièce. Pourtant, c'est très important si tu veux
réussir à survivre dans ce milieu. C'est la raison.
Les groupes qui sont restés sont de meilleure
qualité. C'est la chose la plus importante.
A : Naglfar n'a pas enregistré énormément d'al bums. Vous produisez tous les 2 ou 3 ans. Estce que des sorties plus nombreuses ne seraient
pas plus… comment pourrais-je dire…?
K : Judicieuses ? Une tactique de business ?
A : Oui, peut être.
K : Ouais, mais ce n'est pas la raison pour
laquelle je suis arrivé dans cette scène, alors…
Je pense que la qualité doit primer avant tout.
Si nous n'avons rien d'intéressant à proposer,
rien de qualité, il n'y a pas de raison pour nous
de faire une sortie. Il y a tellement d'autres groupes qui ne se soucient pas de cela…si tu vois ce
que je veux dire…
A : Tout à fait ! [rires]
Avez-vous prévu une vidéo ou quelque chose
d'autre ?
K : Ouais, nous allons tourner une vidéo pour le
titre " The Perpetual Horrors " du nouvel album.
La semaine prochaine, je pense. Ce sera
très…euh… " créatif ".
A : Elle sera disponible sur l'album " Pariah " ?
K : Elle ne sera pas disponible sur l'album mais
elle le sera sur…tu sais, des chaînes de télévision… " Video for Nations "…[rires]
A : Naglfar en 3 mots ?
Kristoffer Olivius : Fort, Debout, Pas "
emmerdant"
Brynjard
En ce moment, à défaut d'avoir du black norvégien, c'est de Suède qu'il provient. Et ceci n'altère en rien sa qualité ! Naglfar, qui ne jouit pas de la notoriété qu'il mériterait, réalise avec "
Pariah " un bon compromis entre un son typiquement black et une production plus moderne.
Le groupe a délaissé le côté épique de sa musique et les passages " pagan " et a opté pour
des atmosphères plus mystérieuses, empreintes d'un minimum de claviers. Les titres se sont
raccourcis mais ce n'est pas un mal. Cependant, dix minutes supplémentaires apporteraient
certainement une satisfaction encore plus grande. Les petites lead de guitares accompagnées
du chant diabolique de Kristoffer Olivius nous plongent dans les abysses insondables de
l'Enfer. Ce quatrième album est vraiment une réussite : domCentury Média
www.naglfar.net
mage que les Suédois n'en sortent pas plus souvent !
14
8
ECITON : Oppressed
death metal brutal Brynjard 5,5
GRAZED : Laughing To Death
thrash death Qorox 2,5
Sous accordage de rigueur, grosse double pédale, vocaux de " grizzly " d'une
demie heure : tout y est. Le son est
énorme, le jeu aussi ; c'est un vieux
Cannibal c'est ça ? Ah bah non, c'est sorti
cette année et ça s'appelle ECITON !
Inutile d'en rajouter… Comme de nombreux groupes de death brutal, le sujet
est maîtrisé mais les influences des grands
noms sont tellement présentes qu'on
tombe dans le plagiat pur et simple par
moments. Certes, il est difficile d'innover
lorsque l'on joue ce style mais ceci est en
partie dû au surplus de groupes qui
copient encore et encore les mêmes
structures musicale. Cela dit, " Oppressed
" est vraiment bien joué et bien enregistré. Saluons surtout la performance du
chanteur-goret (pardon pour lui). Voilà,
tout est dit : comme nombre de ses
congénères, ECITON n'invente rien mais
bon, si ça en intéresse certains… Ecoutez
plutôt les grosses pointures…
Si le son gras et le thrash-death old
school vous plaît, si les cheveux aux
vents, une bière dans chaque main et le
t-shirt crade sont pour vous un art de vire
: vous accueillerez les français de Grazed
les yeux fermés. Fermés, pas ouvert, car si
on les ouvre, ainsi que ses oreilles, on
s'apperçoit vite que le combo n'a pas
inventé l'eau chaude. Partisans vraisemblables d'une tradition oubliée et festive,
les Grazed à travers les 6 titres de ce minicd communiquent une musique lourde,
prévisible, avec des riffs certes un peu
malsain mais typiques. Grazed fait sa
popote dans son coin, émule d'un
Solekahn, lui porteur d'une flamme française à la traine. Il est étonnant qu'on
puisse se satisfaire de si peu. Le sixième et
dernier titre vaut lui seul le coup - mais
l'on tend là vers du " old... Radiohead " !
L'énergie est là, les tripes aussi - mais l'inspiration est passée à la trappe. Un beau
gâchis.
Adipocere
autoprod / Adipocere
FIINKY PIE : Free & Wild
hard extrêmement US
The Undertaker
7,5
"Free & Wild" pourrait être considéré comme un tribute band à la scène hard rock et glam des années
'80 et fin '70. Et quel hommage ! A entendre cet album, la seule envie qui nous passe par la tête est
d'acheter un pack et de foncer à un concert de AC/DC ! L'esprit est totalement rock'n roll et même si
l'album n'invente rien du tout, le plaisir d'écoute nous submerge tant le groove des riffs est bien senti.
La production et le son des instruments sont juste comme il faut : assez modernes pour être percutants,
et en même temps le timbre fait revivre toute une époque. Nos Français ne sont pas non plus tomber
dans la facilité avec un effort de recherche et d'approfondissement dans la création. Enfin le chant qui
fait souvent défaut dans ce genre de retour aux sources est ici très juste et reste dans des gammes masculines… Les fans de Def Leppard, Kiss, Ufo, Accept ou AC/DC seront donc ravis, et aucune hésitation
ne sera tolérée quant à l'acquisition de ce deuxième album. On
Brennus Music
espère retrouver Fiinky Pie sur nos routes le plus vite possible !
wwwfiinkypie.com
SUPERSTATIC REVOLUTION : Goodbye Mr Wanton
deathcore brutal
The Undertaker
5
Les musiciens de Morgue ne semblaient pas très enthousiastes quant à leur carrière dans la
musique il y a un an (cf. interview ARTeFACT #27), les voici pourtant de retour avec leur projet Superstatic Revolution. Changement radical de style, le trio a troqué son costume de bourreau du death gore au profit d'un hardcore polymorphe. " Goodbye Mr Wanton " est un album
complètement décousu où les breaks noise se frottent aux déchaînements aussi violents qu'inattendus. L'atmosphère est très malsaine et nous avons moult difficultés à rentrer dans la musique et à nous prendre au concept. Certains y trouveront très certainement leur compte, le style
regorgeant de disques bien moins recherchés que celui-ci.
Basement Apes / Overcome
A découvrir avant d'acheter…
www.basementapesind.com
15
PUNk/hardcore
25 TA LIFE : Hellbound Misery Torment
hardcore
The Undertaker
6,5
C'est après une tournée américaine que 25 Ta Life va venir nous rendre visite sur le sol européen, et notamment au
Fury Fest, pour défendre " Hellbound Misery Torment " disponible depuis janvier 2005. Formé il y a maintenant près
de douze ans, le groupe nous livre un album hardcore à la production des plus roots s'inscrivant rigoureusement
et en toute logique dans le style " NYHC ". La mélancolie rageuse dont sont empreintes les paroles est à l'image du
pessimisme qui émane de l'esthétisme global de la musique. Le premier titre " Abort " est un hymne contre l'avortement qui n'est pas sans révéler une certaine tonalité autobiographique. Le reste de l'album suit cette conduite en
portant un intérêt particulier au sens des paroles, ceci est d'autant plus louable qu'il y a de moins en moins de fond
dans le message des musiciens de nos jours ce qui est pourtant un élément de distinction fondamental entre les
musiques underground et la soupe radiophonique et télévisuelle. Enfin c'est un autre sujet ! 25 Ta Life et son chanteur tatoué des pieds à la tête nous attendent cet été pour nous The Age Of Venus Records / Overcome
mettre une claque sur leur terrain de prédilection : le live !
www.25talife05.com
THE BOILS : World Poison
punk
The Undertaker
6
Nous voici au cœur de la festivité punk ! Dans la ligné tracée par UK Subs vingt ans
auparavant, le groupe de Philadelphie incarne depuis dix ans le retour au punk originel en ayant tourné auprès de groupes comme The Casualties ou Oxymoron. " World
Poison " possède le son de nos bons vieux 45T, les craquements en moins, et ses seize
titres défilent à la vitesse d'un CRS au milieu d'un concert de C.R.A.S.S. ! L'esprit
contestataire est bien entendu présent ici, mais il est intégré de manière sous-jacente
à travers le textuel. Pas de corps déchiquetés ni de tank, The Boils n'ont pas choisi le
raccourci du spectaculaire. Il n'y a rien d'original à signaler côté composition, cet
album s'apprécie pour son caractère conservaThorp Records / Overcome Distribution
www.theboils.com
teur des bonnes choses…
L'ESPRIT DU CLAN : Révérence
deathcore
DrGonzo
8
L'esprit Du Clan est un groupe doté d'une volonté de fer. Ils ont écumé les salles européennes pendant trois ans et donné plus de deux cents représentations avant que ce deuxième
album ne voie le jour. Il a été mixé par l'incontournable Stéphane Buriez, leader de Loudblast
et producteur. " Révérence " est brutal, le clan a perdu ses illusions et offre ici une vision pessimiste de notre monde et de son avenir. C'est tout d'abord du livret que vient la meilleure
surprise, car le clan soigne autant le fond que la forme. Les textes sont crus, mais ils n'en sont
pas moins recherchés. Musicalement, la formation n'a rien à envier à certains groupes européens, la section rythmique est d'une lourdeur impitoyable, le batteur bénéficie d'un son
avantageux tandis que le jeu du bassiste peut nous rappeler celui d'un certain Robert Trujillo.
Les guitaristes se plaisent à osciller entre death et hardcore. Enfin
Enrage Productions
les soli sont une agréable surprise, ils sont courts mais tous justifiés.
www.espritduclan.com
DO OR DIE : Tradition
métalcore
The Butcher
6,5
Après l'écoute prolongée d'albums de heavy mélodiques à souhaits qu'il est plaisant de se faire ramoner les oreilles par un bon gros metalcore qui tâche ! Sens du gros riff et du mosh part, deux chanteurs qui se partagent hurlements et voix gutturale, rythmiques barrées ou groovy, petites aérations
mélodiques bien trouvées et gros son : tous les ingrédients sont réunis pour que nos amis belges fassent parler la poudre et rendent un hommage global à leur influences allant de Pantera à Killswitch
Engage en passant par Merauder, Sepultura et le chef de file du mouvement metalcore, Chimaira.
Aucun doute, ces gars là connaissent leur sujet et s'il faut bien reconnaître qu'il serait difficile de les
reconnaître lors d'un " blind test " metalcore, il n'en demeure pas moi que l'écoute de ce troisième
album du groupe va secouer des cervicales. Le thème de l'album tourne autour de la mafia, notamment des années 30, chose assez étrange qui va jusqu'à une intro
Alveran Records / Century Media
www.doordie.be
d'une minute en forme de tarentelle chantée en italien. Délirant !
BARCODE : Showdown
Hardcore
The Undertaker
5
Le line-up est enfin stabilisé pour Barcode avec ce quatrième album d'un hardcore fortement inspiré de la
famille New Yorkaise, et plus particulièrement de Sick Of It All. Difficile en effet de trouver sa propre identité
sonore dans un genre finalement restreint par la contrainte stylistique. Même si le hardcore consiste à ne suivre aucune règle pour briser le conformisme, Barcode nous prouve qu'en pratique cette doctrine agnostique
est bien difficile à respecter. Comment jouer un style de musique sans se conformer à sa définition musicale ?
Soit tout le monde fait du hardcore (c'est-à-dire fait ce qu'il veut), soit le principe s'autodétruit et personne n'en
fait. Il faut pourtant bien classer nos chers sous-genres sinon comment s'y retrouver ? Quoiqu'il en soit, les instruments sont ici identiques à ce qu'on a l'habitude d'entendre dans le hardcore, tout comme le son, et les
structures (sans parler de l'intonation du chanteur). Barcode a toutefois une approche moins violente que ses
confrères d'outre Atlantique, mais revendique exactement le même esprit. A
Nuclear Blast
réserver aux passionnés du genre, sinon rendez à César qui lui appartient !
www.barcodehardcore.dk
16
ZERO MENTALITY : In Fear Of Forever
hardcore The Butcher 6
AGENTS OF MAN : Count Your Blessings
nü metalcore The Butcher 5
HEADUST : Beyond Laws And Rules
grindcore The Undertaker 6
Pêchu, direct et sincère, le hardcore accrocheur des Allemands de Zero Mentality tape
dans le mile. La musique du combo va droit
à l'essentiel avec des morceaux de moins de
4 minutes, aux rythmiques qui claquent et
dont le dynamisme est bien mis en valeur par
la production du décidément très actif Tue
Madsen (Disbelief, The Haunted, Heaven
Shall Burn etc.). Malgré leur concision, les
morceaux ne se contentent pas de gros riffs
percutants et offrent de nombreux breaks,
soli, relances et changements de tempo ainsi
que des lignes mélodiques qui colorent et
ambiancent la musique du groupe lui conférant un côté désabusé et révolté à la fois. Le
chant, dans un registre quasi parlé change
du chant hurlé habituel dans le hardcore qu'il
soit traditionnel ou emocore, mais il manque
d'ampleur comme s'il avait du mal à sortir. Il
est au final un peu linéaire mais les refrains
repris en chœurs fraternels atténuent cette
impression. Au final ZM propose, sur ce premier album, 35 minutes d'un hardcore personnel et attachant, paradoxalement entraînant et sombre dans ce qu'il exprime et les
émotions qu'il traduit.
Formé d'ex membres de divers groupes de
hardcore reconnus (Train Of Thoughts, One 4
One…), Agents Of Man a su enrichir ses racines
musicales d'une touche pop accrocheuse qui
vient en contrepoint des riffs rugueux et du
chant hurlé très metalcore qui restent assez présents sur l'album. Les lignes vocales claires sont
efficaces, mais la juxtaposition des deux registres
est un peu téléphonée, déjà expérimentée à
maintes reprises et par moments confine au
putassier ; on pense notamment à The Lost
Prophets sur " Blood Money ". Heureusement
les morceaux gardent un côté hardcore prononcé et sont bien construits, dynamiques et
variés ce qui préserve l'intérêt de l'écoute bien
que les surprises ne soient pas vraiment au rendez-vous. Si le quintette du New Jersey développe son propre brouet musical, il se trouve
que d'autres avant lui ont joué du crossover et
la fraîcheur que ce mix d'influences a pu avoir a
ses débuts s'est quelque peu évanoui au fil des
ans et des sorties de disques. Il n'en demeure
pas moins que " Count Your Blessings " est un
bon album, réfléchi et équilibré, digne d'intérêt
même s'il n'a rien de transcendant.
Headust nous vient de l'est de la France
avec son premier album autoproduit qui
nous immerge dans un grindcore rythmé
mélangeant diverses influences dont le
néo-metal, le brutal death, le noise et bien
sûr le hardcore conventionnel. Le titre "
Beyond Laws And Rules " ne nous en
annonçait pas moins ! Le son ne possède
cependant pas l'énergie que les morceaux
attendent et nous restons sur notre faim,
surtout après avoir visionné les vidéos insérées sur le disque qui sont elles de bonne
qualité. Nous y découvrons Headust sur
scène mais aussi en studio, une manière
efficace d'établir une proximité avec ces
bons bougres. Côté multimédia c'est leur
site internet qui excelle avec une réalisation
superbe qui laisse derrière elle 99% des sites
actuels. Le jour où le groupe aura la capacité de s'offrir une production à la hauteur
de sa cyber-communication, le grindcore
français aura fait un grand pas en avant. En
attendant, nos amis devront faire leurs
preuves sur scène à plus grande échelle
afin de concrétiser ces bases prometteuses.
Overcome Records
www.zeromentality.com
Century Media
www.agentsofman.com
Overcome Distribution
www.headust.com
AUTRES
TUATHA DE DANANN : Trova Di Danu
prog médiéval
Dr Gonzo
8
Bienvenue dans le monde de la forêt et des lutins ! TDD a opté pour une formule musicale originale : nos gais lurons pratiquent un savant mélange entre musique médiévale
et progressive, renouant avec l'esprit de certains groupes comme Jethro Tull.
L'ensemble musical est jovial, les musiciens s'évertuent à faire régner la bonne humeur
tout au long de l'album. Les parties de flûte et autres binious se mêlent habilement
avec la guitare et créent des mélodies très entraînantes. Le chant joue aussi un grand
rôle dans l'identité sonore du groupe, donnant parfois l'impression d'entendre une
bande de lutins sous LSD. Les passages progressifs sont excellents, le groupe ne s'éternise pas dans de futiles démonstrations techniques comme la plupart de leurs contemporains. Ils font preuve d'un réel sens du psychédélisme et
Underclass
n o u s e m m è n e n t a v e c e u x d a n s u n f a s c i n a n t v o y a g e m u s i c a l . www.tuathadedanann.com.br
WOLVERINE : The Window Purpose
métal prog mélodique
Lord Spider
6
Initialement sorti en 2001 sur DVS Records avec un tirage limité, le 1er album de Wolverine n'avait alors pas touché un
public aussi large qu'il le méritait. Récemment réédité avec un titre bonus et diffusé à plus grande échelle par Earache,
"The Window Purpose" est en effet un opus de métal progressif mélodique homogène et de bonne facture. Emmenée
par ses fondateurs Marcus Losbjer (batterie, voix death) et Stefan Zell (chant), la formation suédoise exécute avec talent
des compositions variées suscitant régulièrement l'émotion. Passages techniques heavy prog rythmiquement complexes
ou ballades planantes et délicates, solis, morceaux instrumentaux ou acoustiques : tous les ingrédients du style sont réunis… mais malheureusement sans grande originalité ! Hormis la voix gutturale du batteur, réminiscence du passé death
metal du groupe venant de temps à temps compléter un chant clair très honnête, la majorité des sonorités ou structures
utilisées nous fait immédiatement penser à du Dream Theater, Pain Of Salvation ou autre Arena. Notons encore qu'il ne
s'agit là que d'un premier effort et qu'en le considérant comme tel, malgré des
Earache
www.wolverine-overdose.com
influences un peu trop marquées, nous ne pouvons que saluer la performance.
URGENT : Out Of Time
hard FM
The Undertaker
3
Urgent est le projet du guitariste David Petrone et du guitariste/claviériste Stéphane
Rabilloud, ce dernier ayant fait une apparition dans Nightmare lors de sa reformation
fin '99. Yves Campion, bassiste de Nightmare, a d'ailleurs mis la main à la pâte pour
monter Urgent il y a plus de douze ans… et ce n'est vraiment pas un trophée dans sa
carrière. Urgent serait plus un petit délire nostalgique entre amis qui veulent se remémorer la fin des années '70 avec des moyens amateurs. " Out Of Time " n'a aucune
chance de rivaliser avec quoi que ce soit, les compositions rétro peuvent avoir un côté
festif séduisant mais elles sont ici bien trop plates pour provoquer quelconque enthousiasme. Les morceaux ont l'aspect d'un mauvais tube qui serait passé à la radio il y a
vingt ans. Pour être un minimum crédible, la seule
Brennus Music
carte à jouer aurait été celle de l'autodérision.
www.urgentmusic.com
17
JESU : Jesu
slowcore drone metalLord Spider7,5
Le désormais légendaire et hyperactif Justin K
Broadrick (Final, Napalm Death, Godflesh,
Techno Animal, God, Ice, The Curse of the
Golden Vampire…) vient de récidiver. Aidé
cette fois par son vieux complice Ted Parsons à
la batterie, le multi-instrumentiste nous largue
ce premier album de Jesu, véritable bombe de
drone metal faisant suite au récent EP
"Heartache" déjà repéré comme potentiellement très dangereux (2 titres, 40'). "Drone
metal" ? Proche du doom en plus expérimental,
le genre est minimaliste (peu de variations, harmonies simples) et utilise une enveloppe
sonore saturée encore plus lourde.
Majoritairement aux frontières du slowcore et
de l'atmosphérique, les structures lancinantes
et étouffantes de Jesu ne nous laisseraient
aucune chance de survie si la voix aérienne de
Justin, portée par des samples et des guitares
aux sonorités intéressantes, ne venait s'y greffer
pour nous laisser respirer. Les longues compositions (9 min en moyenne), au premier abord
répétitives, sont au contraire parfaitement maîtrisées et d'une grande unité, captivant l'auditeur par de rares mais subtils changements.
L'univers de Jesu ne laisse pas indifférent.
Sombre et difficile d'accès, il garantira à ceux
qui prendront la peine de s'y plonger un vol
plané contemplatif et introspectif au-dessus de
terres désolées en quête d'espoir.
Hydra Head
www.avalancheinc.co.uk/jesu.html
DARK-N : Loading Complete
goth métal The Butcher 6,5
Dark-N (ex-Darken) sort avec " loading complete " sont 2ème album en presque 10 ans
d'existence dans l'underground français qui
ont fait évoluer sa musique vers un métal
gothique de bon aloi devant plus à Paradise
Lost (avant " Host " !) qu'à la nouvelle vague
de groupes pop-goth niais et geignards qui
pullulent ces temps-ci. Dark-N est résolument
métal et sait faire parler les guitares et la double grosse caisse pour nouer des ambiances
saisissantes et sombres exprimant mélancolie
et peine sans sombrer dans le misérabilisme
de supermarché. Le chant clair évite le registre pleurnichard et la musicalité des compositions ainsi que leur variété d'atmosphères et
leurs qualités de suggestion émotionnelle
font de l'album une réussite d'autant qu'il est
bien produit et ne souffre pas du syndrome
18
de la production " frenchouille " faiblarde. Un
soupçon de sonorités électronique complète
l'univers sonore du groupe pour un résultat
qui nous réconcilie avec le métal gothique. Il
était temps !
Thundering Records
www.dark-n.com
FALL OF THE LEAFE : Volvere
métal gothique Lord Spider 6
Après plusieurs changements de labels et de
line-up, Fall Of The Leafe nous livrait l'année
dernière un 4ème album intitulé "Volvere",
récemment réédité en digipack avec deux
bonus par Firebox Records. Loin du death
mélodique de leurs débuts, le métal aventureux des Finlandais sera maintenant qualifié
de "gothique", teinté ici ou là de quelques
accents pop / rock, voire prog. Rappelant
parfois certaines compositions d'Amorphis
ou de Katatonia, les treize titres de "Volvere"
auront cependant du mal à rester gravés
dans nos mémoires. En dépit d'un mélange
à l'origine intéressant de mélodies délicates
("Enemy Simulator"), catchy ("More Like A
Situation") ou ténébreuses ("Guilt Threat")
servies par des riffs heavy, des arpèges
mineurs aériens et un chant clair souvent
rageur, la sauce ne prend que trop rarement. L'ensemble, pourtant cohérent au
niveau du son et des atmosphères, a trop
souvent du mal à canaliser l'énergie insufflée
à la musique, laquelle nous semble alors
quelque peu uniforme et poussive. Le prochain effort studio de cette formation qui ne
manque sincèrement pas de talent devrait
lui
permettre
d'affiner
son
style.
Encouragements !
Firebox Records
www.falloftheleafe.com
ELEVARON : The Buried Crow
métal prog The Butcher 4,5
Troisième opus pour les nancéens de
Elvaron. Ce groupe propose un métal progressif tout en contrastes mêlant agressivité, musicalité et ambiances au sein de
compositions fouillées aux structures complexes sans être rebutantes. Une large
place est laissée aux passages instrumentaux très riches et en perpétuelle évolution
que se partagent une guitare aux riffs d'inspiration parfois thrash, une basse bien présente et un clavier évidemment limité sur
ses envolées symphoniques. Sont aussi
conviés nombre d'instruments classiques
véritables (flûte, violon, basson, clarinette,
hautbois etc.) qui colorent cet album de
façon intéressante. On oubliera cependant
le morceau purement folk médiéval qui clôt
le disque... Le chanteur explore différents
registres mais est souvent à la peine par
manque de coffre et probablement de technique même si la justesse d'interprétation
n'est pas en cause. Dans un style si exigeant
la moindre faiblesse coûte cher et le côté
encore " amateur " de plusieurs composantes de la musique du groupe et de sa production ne pardonne pas. Il n'en demeure
pas moins que Elvaron renferme un sérieux
potentiel qui s'exprimera d'autant mieux
qu'il aura les moyens de ses ambitions.
Thundering Records
EXTOL : Blueprint
popcore
The Butcher
6
Après l'excellent " Synergy " en 2003, délivrant une sorte de hardcore intriqué à la
fois beau et oppressant, les norvégiens
cathos reviennent avec un " Blueprint "
quelque peu décevant. Plus facile d'accès,
ce nouvel album abandonne quasiment les
rythmiques déstructurés et fait la part belle
aux mélodies et au chant clair très pop.
Rassurez-vous, il reste des guitares, des rythmiques plombées et des hurlements et il
faut admettre que le mélange des genres
est des plus fluides, les passages mélodiques se fondant très bien avec le côté hardcore de la musique du groupe. Cependant,
les mélodies bien trouvées et évocatrices
rappelant un Smashing Pumpkins époque "
Melon Collie And The Infinite Sadness " ne
sont pas légion. Les autres ont pour unique
résultat de diluer l'impact global de l'album.
L'équilibre est en effet délicat à trouver
entre les deux visages de la musique du
groupe et la balance penche un peu trop
vers ce côté pop souvent mou du genou,
relativement convenu et moins intéressant
que la face rageuse de ce " Blueprint "...
Dommage quand on voit toute l'émotion
que peut faire passer le groupe sur des titres
comme " The Death Sedative " ou " In
Reversal ". Le résultat final est donc mitigé,
avec de bonnes idées et d'autres plus discutables pour les amateurs de ce que proposait " Synergy ", à savoir un modèle de compacité, de technicité et musique torturée.
Century Media
www.extolweb.com
SUCH A SURGE : Alpha
hard 'n' roll
The Undertaker
7
Si votre discothèque est en manque de fraîcheur et d'originalité, Such A Surge viendra
combler cette lacune avec brio. Si le combo germanique s'exprime principalement
dans sa langue natale, l'amalgame n'est pas permis avec les clichés véhiculés par
Rammstein ou autre Böehse Onkelz. Such A Surge possède un style complètement à
part difficile à définir… Les gros riffs sont intégrés à une structure hard rock basique,
alors que le chant fluide qui fait souvent appel aux chœurs évoque le punk et parfois
même la fusion. L'ambiance est joyeuse et le style très actuel, pour un résultat étonnant (surtout sur les parties de chant en allemand). " Alpha " sera accessible à un
grand public, nous retenons d'ailleurs très facilement les airs grâce à la simplicité des
refrains. Depuis plus de douze ans que les musiciens survolent
Nuclear Blast
les styles, cet album est un nouveau témoignage de créativité.
www.suchasurge.de
CALLISTO : True Nature Unfolds
atmo doom metalcore
Lord Spider
7,5
Sorti il y a déjà un an sur le label Fullsteam, cet excellent premier album de Callisto n'était jusqu'alors distribué qu'en
Finlande, pays natal de la formation. La réédition de ce petit chef-d'œuvre par Earache, assurant une diffusion mondiale, devrait rapidement réparer cette injustice. Parfois comparée à celle d'Isis ou de Cult of Luna, la musique de
Callisto est loin d'en être une simple copie. En effet, la recette originale de ce "True Nature Unfolds" mélange avec une
simplicité et une efficacité déconcertantes des ingrédients variés tels que du riffing hardcore ou doom, des mélodies
glaciales à la Katatonia et du chant death hurlé. Une atmosphère très pesante et révoltée, remplie de larmes, règne
sur l'ensemble de cet opus aux tempi globalement modérés. De plus, les compositions captent continuellement l'attention de l'auditeur grâce à un bon équilibre entre passages plus agressifs et breaks mélancoliques intégrant chant
féminin, saxophone ou violoncelle. Callisto exécute donc un métal à la fois puissant, envoûtant et raffiné, servi qui plus
est par une excellente production dont la touche finale a été apportée par
Earache - Fullsteam
http://www.callistochaos.com
Peter In de Betou (Dimmu Borgir, Meshuggah, Entombed…). Go and get it !
SHANE COUGH : Intraveineuse
rock électronique
The Undertaker
7
Formé il y a cinq ans à Rennes, Shane Cough fait aujourd'hui un retour en force avec son deuxième album. Le groupe
est maintenant stabilisé et entend bien faire sa place sur la scène rock française et pourquoi pas européenne. "
Intraveineuse " a pour cela de quoi séduire : un style de composition tout à fait particulier à mi-chemin entre la musique électronique rapide et puissante, et les riffs de guitare métalliques et lourds. Le chant de Marianne est très poussé,
très physique, sans toutefois se frotter à la saturation d'une Angela Gossow. Le plaisir d'écoute réside néanmoins dans
le savant dosage de ces tendances contradictoires, et c'est là où Adam Kviman (Clawfinger, The Rasmus…) au mixage
et Bjorn Engelmann (Rammstein…) au mastering n'ont pas failli à leur réputation. En effet, " Intraveineuse " peut parfaitement séduire des aficionados des différents horizons musicaux explorés, avec bien entendu un minimum d'éclectisme. Il serait bien réducteur de s'essayer à comparer cet album à du pré-existant… La seule limite qui puisse réellement arrêter certains est justement ce caractère à part qui pourra radicaleEnrage Production
ment trancher les opinions. A retrouver incontestablement sur scène !
www.shanecough.com
V8WANKERS : The Demon Tweak
hard rock
The Undertaker
Attention ! Si nous sommes face à une pièce maîtresse du hard-rock pour chauffeurs de 44
tonnes au Texas, V8Wankers nous vient bien d'Allemagne pour honorer le mythe du
rockeur sur sa Harley Davidson. La production sent bon le gaz d'échappement et le seul
constat que l'on puisse faire est de voir que Nashville Pussy a fait des émules ! Les deux
groupes ont d'ailleurs partagé la scène par le passé. Le cliché qui serait totalement ridicule chez d'autres devient ici l'art de savoir prendre les choses au second degré pour
s'amuser. Tout fan de V8Wankers se devra de porter les lunettes de soleil façon Elvis et
de se faire tatouer tout le corps ! " The Demon Tweak " sera également parfaitement
adapté pour l'autoradio en allant à un concert de Motörhead… Bref, il est inutile ici de
chercher le sérieux, et cette formule est en fin de compte
Rude Records
www.v8wankers.de
beaucoup plus efficace que certains excès de technicité !
δ
7,5
ϕ
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Reviver, Secret Sphere, Thy Nemesis, Zavorash, Nomansland, Torture Wheel, Towersound, Despised Icon, Burn The 8 Track,
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qui organise contre vents et marées des concerts de folie !
La phrase du trimestre :
“Chacun a ses lunettes ; mais personne ne sait au juste de quelle couleur sont les verres”
Alfred de Musset (1810 - 1857)

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