Chambre & Sénat juin 2005 n°46 NOUS AVONS SIFFLÉ LE DÉPART, LA CHINE A PRIS LE DÉPART DE LA COURSE SANS FANFARE MAIS BILLES EN TÊTE!
Transcription
Chambre & Sénat juin 2005 n°46 NOUS AVONS SIFFLÉ LE DÉPART, LA CHINE A PRIS LE DÉPART DE LA COURSE SANS FANFARE MAIS BILLES EN TÊTE!
L M ' «1 11 .' ' ». S i AV EL A.JtU CHAMBRE & SÉNAT r REVUE FONDéE EN 1903 REVUE D'ÉTUDES ET D'INFORMATIONS DE L'ASSOCIATION NATIONALE DES COLLABORATEURS DE MINISTRES ET DE PARLEMENTAIRES Fondée en 1903 28, rue de Tronchet - 75009 PARIS Tél. 01 42 68 10 05- Fax 01 40 07 01 75 e-mail : [email protected] Président et Directeur de la publication : Philippe HERZOG fri / i inÿ i(V fflf ?Ji f *Hr V-, & P'* i. 9ÂQ Ont collaboré à ce numéro : Jean-Philippe BIRON, Directeur de la Rédaction, Monseigneur J.-Michel Di Falco, Gérard Pappalardo, Pierre Guenant, Léon Bertrand, Claude Laverdure, Christian Gambotti, Lucien David Langman, André Rouquié, Michel Hoëz, Géraldine Capdeboscq, Jean-Claude Ruf, Catherine Bioteau, Alain Bertrand, Professeur Gérard Huchon, Gérard de Marcillac, E. T, Jean Monneret, Dr Émile Benassayag. i Éditeur Conseil, Régie publicitaire : N°46 - Juin 2005 j Bl£NOlï*\Yi >li T J L'EUROPE SE FAIT AUSSI À LA BAULE LES ADDITIFS (suite) THÉORIE DE L'INSURRECTION PERMANENTE BDRE - 15-29, rue Guilleminot - 75014 PARIS Tél. 01 42 60 34 67 -Fax 01 42 96 39 95 - Conception réalisation : Les éditions DEMETER 13, rue de la Lionne 45000 Orléans Tél. 02 38 54 51 65 - Fax 02 38 54 51 76 e-mail : [email protected] Imprimé en France Toutes photos et images D. R. Couverture : Agence France Presse Chronique médicale : Iradj Gandjbakhch "CHAMBRE & SÉNAT" décline toute responsabilité quant aux opinions formulées dans les articles, celles-ci n'engagent que leurs auteurs. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite aux termes de la loi du 11 mars 1957 sur la propriété littéraire et artis¬ tique, et constitue donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du code pénal. Achever d'imprimer : 2' trimestre 2005 Dépôt légal : Juin 2005 ISSN 1272-5897 I Chambre & Sénat Emploi NOUS AVONS SIFFLÉ LE DÉPART, LA CHINE A PRIS LE DÉPART DE LA COURSE SANS FANFARE MAIS BILLES EN TÊTE ! Lucien-David LANGMAN, Président de la Compagnie Nationale des Experts MCTH Assesseur de la Commission de Conciliation et d'Expertise Douanière I accords multifibres (AMF) signés au début des années 74 ont encadré les importations textiles en provenance d'un certain nombre de pays à faible coût de main-d'œuvre, pays aux conditions sociales de travail des populations (jeunes enfants compris) peu recom¬ mandables du moins au cours des années passées, aux circuits de fabrication à la traça¬ bilité problématique, aux normes d'hygiène et de sécurité parfois aléatoires, à l’en¬ gouement jubilatoire pour la copie et la contrefaçon. es T j Voici maintenant quelques 10 an¬ nées, malgré les mises en garde des vrais praticiens de terrain que nous étions, il nous fut affirmé et garanti que le 1er janvier 2005 serait une date idéale pour libérer ces pays tiers, Chine en tête, de toute contrainte de quotas concernant les produits textiles habillement ! Les discussions entre monde poli¬ tique, organisations professionnel¬ les d'en haut, centrales syndicales souvent représentées par ce que l'on appelle généralement les ram¬ pants à la représentation bicéphale tout à la fois parlant un jour au nom du privé et un autre jour au nom du secteur public aux intérêts générale¬ ment divergents, le plus souvent plus imprégnées par l'ambiance des bureaux de leur siège que de celle des usines et du terrain, chacun étant conseillé par des économistes de papier sans accroche avec les ré¬ alités de l'entreprise et des produits manufacturés ou industriels, faisant des projections aléatoires à partir de statistiques virtuelles en compagnie de sociologues déconnectés de la vie du travail avec études faites en vase clos à l'appui, réalisées à la ta¬ ble de leurs bureaux boudoirs, cette armée de spécialistes nous présenta la transposition d'une histoire à ve¬ nir, promettant à les en croire à une victoire des pays occidentaux de par leurs travaux de création, leur pou¬ voir d'innovation aux techniques toujours les plus pointues face à ce monde sous-développé, pour cer¬ tains encore appelé le tiers-monde, voir le quart-monde, pays dont la ê* maturité et l'intelligence ne pour¬ raient à les en croire, ne pas nous inquiéter au terme de ces 10 an¬ nées. 1" janvier 2005 : nous y sommes : Certains crient au diable, lequel, ce¬ lui que l'on nous a promis c'est-à-di¬ re la liberté du commerce régie par des règles bien établies, loyales et équitables avec pour nouveau venu l'entrée de la Chine dans l'organisa¬ tion mondiale du commerce (OMC) et une date : la fin des accords multifibres (AMF) que ceux-là mê¬ mes qui crient au loup nous avaient analysée, expliquée, décortiquée au cours de ces dernières années com¬ me chose ordinaire. Que de pollutions sonores inutiles, que de manchettes de journaux qu'ils soient quotidiens grands pu¬ blics, hebdomadaires, journaux éco¬ nomiques, débats télévisés, du plus petit au plus grand des médias, ani¬ mateurs compris et chroniqueurs in¬ formés bien entendu qu'il ne s'égo¬ sillent répétant à la trahison d'une t Chambre & Sénat Chine infâme qui ne respecte aucun de ses engagements ! Cette grand-messe s'accompagne bien entendue, politique oblige de débats avec nos représentants poli¬ tiques qui en rajoutent à qui le mieux. Une belle histoire commence, l'ar¬ roseur arrosé : 1 PW-IHJ Le 1" janvier 2005 le monde poli¬ tique a très officiellement ouvert nos frontières ainsi qu'il s'y était engagé par accord dûment signé. Il semblerait que nos journalistes peu informés et peu intéressés à s'infor¬ mer soient à la recherche du sensa¬ tionnel se faisant un plaisir d'écrire avec moultes explications les contrevérités les plus choquantes permettant au lecteur d'être induit en erreur sur la portée réelle des ac¬ cords qui nous engagent. Un tel empressement à vouloir in¬ former faussement le public reste des plus blâmables, il semblerait que le monde de l'information et de la politique n'ait pas pris toute la mesure de ses responsabilités à vé¬ rifier, à investiguer avec la plus gran¬ de rigueur avant d'écrire, de dire, de parler et de commenter en tous sens un événement programmé et dont l'échéance leur a échappé mal¬ gré leur professionnalisme ! Clownesque n'est-ce pas ? ou sim¬ ple farce d’étudiants. Les chiffres lancés à la volée annon¬ çant des hausses d'importations pour le mois de janvier 2005 de + de 20 à 500 % laissent pantois. La plus élémentaire prudence aurait été de vérifier la véracité de tels pourcentages. Techniquement les arrivages de pro¬ duits sur le territoire européen en provenance de Chine transportée par bateau sur la première période du mois de janvier 2005 partaient du continent chinois au mois de dé¬ cembre 2004. Ces marchandises étaient donc encore soumises aux quotas de l'année 2004, ce qui rend non crédible et les projections annoncées et les excès quelque peu démagogiques développés par des journalistes, politiques et économis¬ tes en marge des réalités. La raison oblige en tout état de cause à rete¬ nir une fourchette basse et réaliste. Ces marchandises soumises à quo¬ tas, donc à licence en cas de dépas¬ sement quantitatif se trouvent blo¬ quées par les autorités douanières ne pouvant rentrer sur le territoire étant en infraction et de ce fait sou¬ mises à des pénalités et amendes, séquestrées en entrepôts sous douane et dans le meilleur des cas réexpédiées à l'envoyeur à ses frais ou à ceux du destinataire. À vouloir aller trop vite, à écouter uniquement des théoriciens et non les praticiens de terrain, l'on accu¬ mule les erreurs de jugement et sur¬ tout par manque de technicité des erreurs de calcul élémentaires. 32 Pourquoi ne pas collaborer avec ceux que l'on appelle les hommes de l'art en la matière, les experts de terrain qui pourraient apporter leur connaissance, leur savoir-faire per¬ mettant une meilleure appréhen¬ sion du terrain et des projections plus réalistes sur l'avenir concernant les secteurs d'industrie, de commer¬ ce, de services et de recherche tech¬ nique ou fondamentale qui sont leurs. Il y a 10 ans lorsque fut décidé la fin de l'encadrement des quotas le coût du travail en France n'était pas obéré par les réformes Aubry dont l'influence sur les industries de main-d'oeuvre que sont le textile cuir habillement permettent sans grande difficulté d'imaginer une hausse directe induite sur les coûts de la masse salariale au minimum de 10 à 20 %, une majoration qui se trouve cumulée à chacun des ni¬ veaux de la composante de transfor¬ mation des produits, le différentiel ainsi répercuté engageant dès lors les entreprises vers une délocalisa¬ tion des fabrications vers des sites L Chambre & Sénat extérieurs à l'hexagone sans pour autant que les centrales syndicales ouvrières n'informent leurs adhé¬ rents à cette époque du risque qu'ils leur faisaient courir. ... les mêmes aujoud'hui... Le plus surprenant aujourd'hui est d'entendre les mêmes nous annon¬ cer la fin programmée de la filière française textile habillement, des ac¬ tivités de mode, bien que Paris nous l'espérons restera encore la capitale incontestée du secteur mode et beauté, ce malgré là aussi une des¬ truction programmée du tissu ur¬ bain de la ville par une municipalité engagée dans des travaux destruc¬ teurs amenant à la fermeture de ce qui a fait la richesse de notre cité, l'artisanat, l'art, le commerce de pro¬ ximité et les services. ... Paris régresse... Nos visiteurs étrangers acheteurs de notre mode, de nos créations et de notre savoir-faire nous le disent Paris régresse, ils ne comprennent plus tous ces pieux enfoncés dans les trottoirs de la ville, ces tranchées désertes construites sur nos belles avenues. Ils ne comprennent plus pourquoi il leur est interdit lorsque chargés de bagages, de colis, d'a¬ chats ou de marchandises en voitu¬ re, ils ne peuvent plus librement cir¬ culer et s'arrêter pour décharger ou charger ces mêmes bagages, achats et marchandises. .. Oh surprise ! Nous suivons les pré¬ conisations de nos grands maîtres de l'économie et suivons leurs conseils, nous exportons notre sa¬ voir-faire et notre création vers ces nouveaux concurrents de l'Asie et leur demandons de réaliser clé en main le produit de nos recherches. Nous exportons dans la foulée sui¬ vant la mode et les modèles qui nous sont proposés par nos écono¬ mistes chéris le service après-vente, celui des renseignements, du dé¬ marchage. Combien d'heures gâchées en ap¬ pels téléphoniques surtaxés et répé¬ titifs, à la qualité médiocre, aux ré¬ sultats des plus aléatoires, souvent infructueux, ceci semblerait être une caricature mais cela est une réalité vécue à plusieurs reprises au cours de ces derniers mois bien que je sois un professionnel averti, aventu¬ res identiques et répétitives pour certains de mes confrères experts de qualité. ... Et si... Et si la France, l'Europe, hommes politiques de tous bords, journalis¬ tes, syndicalistes, défenseurs du ci¬ toyen communiquaient enfin loyale¬ ment pour que passe l'information sur le juste prix de la qualité des produits, des services que nous achetons et que nous consommons, que nous puissions connaître leurs origines afin d'avoir le libre choix, pour qu'enfin les citoyens que nous sommes, les consommateurs que nous représentons soient en mesu¬ re de connaître la nature exacte de ce qui nous est proposé, environne¬ ment social, hygiène de travail, com¬ position, ainsi que l'impact que nous devons en attendre en rapport avec notre emploi, notre santé et pour l'avenir de nos enfants. Il paraît difficile de faire tout à la fois la promotion d'une distribution de masse en grandes surfaces, au rap¬ port qualité-prix souvent défaillant pour l'acheteur, bas de gamme, par¬ fois contrefaisant les produits origi¬ naux, détruisant par milliers les em¬ plois de ceux là mêmes qui les achètent, le tout sans que organisa¬ tions de défense des consomma¬ teurs, journalistes, officines d'études économiques, n'en informent leurs lecteurs, auditeurs et citoyens. êê ... vouloir réapprendre... Vouloir réapprendre le plaisir de fai¬ re, de construire, de connaître, de savoir, d'analyser, de créer, d'inno¬ ver, de se dépenser, de travailler sans attendre que l'autre se substi¬ tue à vous semble être la meilleure parade à une invasion possible mais non certaine des produits venus d'ailleurs. Juste retour des choses, mettons tout notre savoir-faire en oeuvre, et sans prétention aucune, offrons à ce monde lointain les produits France et la griffe Paris, 2 mots magiques qui les font rêver mais qui se doi¬ vent d'être dignes de l'image, de la qualité que nous avons héritées de nos parents et qui ont fait la réputa¬ tion dont nous jouissons toujours. Confiance, ayons confiance en nous et en nos produits, en nos griffes, en nos marques, en nos créations, en nos tours de mains et affrontons tous ensemble ce vaste monde qui nous ouvre les bras. Être vigilant au jour le jour, à court terme, à long terme est une éviden¬ ce que nombre de nos responsables oublient. Avoir oublié que nous étions le l€r janvier 2005 pour tous ceux qui ont suivi de près les discussions ayant abouti à la suppression des accords multifibres, oblige à se demander si la confiance que nous voulons avoir en nos pays de démocratie reste une réalité. La somnolence qui nous entoure avec son silence interroge de plus en plus de citoyens qui ne comprennent plus le sens des mots qui leur sont transmis en rapport avec la vérité et la dureté de la vie qui est celle de chaque jour. La Chine se met au travail, la France s'est mise au repos, en week-end prolongé, en RTT... UN DOSSIER À SUIVRE !