Des sites Internet pour changer ses francs suisses à un meilleur taux

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Des sites Internet pour changer ses francs suisses à un meilleur taux
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LE MESSAGER - Genevois
Jeudi 15 octobre 2015
Genevois
Des sites Internet pour changer
ses francs suisses à un meilleur taux
Depuis quelques années, de
nouvelles sociétés proposent
de changer des devises à des
taux bien plus avantageux
que ceux pratiqués par les
banques ou les bureaux de
change.
C’est « l’ubérisation du change de
devises ». Sur son blog*, le spécialiste du travail en Suisse David Talerman ne compare pas les établissements bancaires aux taxis. Il souligne juste que, comme avec Uber
pour le transport de personnes, le
secteur du change de monnaies
évolue rapidement avec l’apparition d’entreprises qui utilisent les
nouvelles technologies pour proposer sans intermédiaire des services moins chers.
Quelle différence avec une banque ?
Pas de bureau ni de guichet,
tout se passe sur Internet car ces
sociétés sont basées à l’étranger : à
Londres pour WorldFirst ou
TransferWise, au Canada pour XE,
ou encore à Genève pour BSharpe.« Nous sommes en contact direct avec les salles de marché et nous
nous passons ainsi des banques », indique Jean-Marc Sabet, fondateur
de B-Sharpe. Sa société achète directement de grosses quantités de
devises étrangères qu’elle revend
à ses clients (des PME ou des particuliers) à un tarif très concurrentiel. « Nous sommes en moyenne
70 % moins chers que les banques ou
les bureaux de change », assure JeanMarc Sabet. Pour arriver à de tels
tarifs, ces sociétés de change ont
des frais de structure réduits mais
surtout elles jouent sont au plus
près des taux de change réels. Le
Certains sites proposent jusqu’à 90 % d’économies par rapport aux traditionnels établissements bancaires. Attention toutefois aux offres trop alléchantes.
cours des devises étant sans cesse
fluctuant, les banques appliquent
des marges autour de ce cours :
elles achètent les devises au plus
bas de ces marges et les revendent
au plus haut, prenant une commission au passage.
Est-ce sécurisé ?
C’est la question la plus importante à se poser. Les transferts ne se
font pas en liquide mais par virements. Avant de confier votre argent à une société de change, renseignez-vous sur elle, contactez-la
via son site Internet ou par téléphone. Certaines proposent des
gages de sécurité. « Nos transactions sont garanties à hauteur d’un
million de francs suisses », souligne
le dirigeant de B-Sharpe. Les
clients sont ainsi remboursés en
cas de fraude, de détournement,
de hacking. « C’est une mesure que je
paye mais qui est importante pour nos
clients », estime Jean-Marc Sabet.
Mais la confiance va aussi dans
l’autre sens : « Nous devons nous assurer de la provenance des fonds » ,
précise le dirigeant genevois qui
demande la fourniture d’une pièce
d’identité certifiée conforme à
chaque ouverture de compte afin
de respecter la loi suisse anti-blanchiment.
Combien j’y gagne ?
Les frais de transaction sont raisonnables (25 CHF pour une transaction de 5 000 CHF chez TransferWise, 8 CHF chez B-Sharpe par
exemple). Pratiqués sur le long
terme, les transferts de devises via
les sociétés de change peuvent
permettre d’économiser plusieurs
centaines d’euros. David Talerman
a fait le calcul : « Si vous changez
5 000 francs par mois, à la fin de l’année vous pouvez économiser jusqu’à
plus de 500 euros. Avec cette somme,
vous pourrez faire de beaux cadeaux
pour Noël ! » Mais l’argent n’est pas
la seule économie, surtout pour
ceux qui ont pour habitude de
changer leur salaire en liquide :
« Nos transactions se font en maximum 24 heures, indique Jean-Marc
Sabet. C’est autant de temps d’économisé à ne pas faire la queue dans un
bureau de change. » Et comme cha-
cun sait, le temps, c’est de l’argent.
« Le marché est en plein essor », atteste le gérant de B-Sharpe qui met
en avant son savoir-faire suisse
pour se distinguer de ses concurrents qui sont de plus en plus nombreux. La décision de la Banque
nationale suisse d’abandonner le
taux plancher du franc par rapport
à l’euro a été la meilleure publicité
pour ses nouvelles entreprises qui
visent spécifiquement une clientèle frontalière.
YVES GALLARD
*www.travailler-en-suisse.ch
« On peut continuer de faire confiance à la Suisse »
Marc Touati est économiste et auteur de “Guérir la
France, la thérapie de choc” (Editions du Moment).
Mercredi 14 octobre, il a donné une conférence à Archamps ayant pour thème : “Evolution du franc
suisse : quels enjeux pour les frontaliers ?”
Les sociétés spécialisées dans le change de devises peuvent-elles concurrencer les établissements bancaires traditionnels ?
Il faut être extrêmement prudent. Les banques sont
avant tout des conseillères, tout n’est pas une question de
prix. Avant de confier son argent à ces sociétés, il faut bien
se renseigner sur elles. Mais cela peut également créer une
saine concurrence avec les banques.
La décision de la banque nationale suisse
d’abandonner le taux plancher a-t-elle été une
bonne décision ?
Les Suisses n’avaient pas le choix : cela leur coûtait
trop cher de maintenir la parité qui avait été fixée entre le
franc suisse et l’euro. Il y a eu des conséquences négatives
comme la baisse du PIB suisse au 1er trimestre 2015 mais il
a raugmenté dès le 2 e trimestre. C’est la preuve que cette
décision a été digérée par l’économie suisse qui est résis- Marc Touati : « L’économie suisse a une forte capacité de résistance face aux crises et une législation
tante. Par contre en Europe, dès que l’euro s’apprécie trop moins rigide qui permet d’avoir un marché de l’emploi plus dynamique qu’en France. »
ME0303.
fortement, cela casse notre croissance et c’est notre problème numéro un. La Suisse a une économie modernisée,
dynamique, qui mise sur l’innovation, le développement.
Elle est mieux armée face aux crises mondiales.
A court terme les frontaliers ont vu leur pouvoir
d’achat augmenter mais est-ce une bonne chose à
long terme ?
Jusqu’à aujourd’hui c’est du “win-win” pour les frontaliers : la résilience de l’économie suisse leur garantit une
dynamique du marché de l’emploi et cela va durer. On va
vers un ralentissement de l’économie mondiale et la croissance de la Suisse restera supérieure à celle de la France
car elle a plus de marge de manœuvre. Mais pour avoir du
pouvoir d’achat, il faut déjà avoir un emploi et c’est cela le
vrai enjeu. Les Suisses ont su éviter l’erreur d’une trop
grande pression fiscale, d’un marché du travail trop rigide
comme en France.
Le franc suisse reste une valeur refuge ?
Complètement. Et ce pour trois raisons : une croissance
forte, un taux de change qui reste appréciable et une résistance face à la crise grâce à d’importantes réserves de
change. On peut continuer à faire confiance à la Suisse.
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR Y. G.

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