Servitudes d`urbanisme dans le Parc de Maisons
Transcription
Servitudes d`urbanisme dans le Parc de Maisons
Des servitudes d’urbanisme dans le parc de Maisons-Laffitte Madame, Mademoiselle, Monsieur, Il m’est particulièrement agréable de saluer l’initiative prise par l’Association syndicale du parc et le Patrimoine pour rappeler à chacun les règles d’urbanisme à respecter dans le Parc, joyau de Maisons-Laffitte. Cher associé, La connaissance et le respect des règles d’urbanisme évitent bien évidemment des ennuis administratifs, voire judiciaires, mais au-delà du côté répressif, il faut surtout avoir conscience que ces règles ont d’abord et avant tout un seul objectif, conserver le caractère remarquable du Parc que nous avons la charge de transmettre préservé et embelli aux générations futures. Cela mérite bien au présent quelques efforts. L’ASP et le Patrimoine (Association de défense de l’environnement et du cahier des charges du Parc de Maisons-Laffitte) se félicitent de la coopération avec les services de l’urbanisme de la mairie pour maintenir le Parc dans son meilleur état. Bonne lecture. Très cordialement Claude Giraud Président-directeur de l’ASP Président du Patrimoine Jacques Myard, Député-maire Ce Parc nous a été légué, il nous faut le préserver ! Des servitudes d’urbanisme dans le parc de Maisons-Laffitte Le parc de Maisons-Laffitte, un site exceptionnel à protéger • Un peu d’histoire • Aujourd’hui aux côtés de l’ASP, le Patrimoine, une association agréée de défense de l’environnement La réglementation des constructions dans le Parc • Les clôtures • La zone des 6 m 50 Doctrine judiciaire et jurisprudence DES SERVITUDES D’URBANISME DANS LE PARC DE MAISONS-LAFFITTE 3 La municipalité, l’ASP et Le Patrimoine coopérent étroitement, chacun dans leur domaine respectif de compétences, pour faire respecter par les propriétaires privés les règles du POS et les servitudes du cahier des charges de Jacques Laffitte, plus particulièrement en ce qui concerne les clôtures et la zone des 6 m 50. De cette coopération dépend la préservation de notre environnement. Attention : Tout projet de construction ou de modification d’un bâtiment existant ou la mise en place d’une clôture doit obligatoirement faire l’objet d’une demande auprès du service de l’urbanisme de la ville (mairie annexe, 3 rue du Fossé à Maisons-Laffitte, tél : 01 34 93 12 60) qui délivre les déclarations préalables ou permis de construire conformément au Plan d’occupation des sols. 4 DES SERVITUDES D’U RBAN I SM E DAN S LE PARC DE M AI SON S- LAF F I T T E © Crédit photographique : Sympa Club DES SERVITUDES D’URBANISME DANS LE PARC DE MAISONS-LAFFITTE 5 Le parc de Maisons-Laffitte, un site exceptionnel à protéger Un peu d’histoire… Le parc de Maisons-Laffitte a été créé en 1834 par Jacques Laffitte dans l’intention d’installer des habitations privées au milieu des parcelles boisées et des pelouses du grand parc de son château. De ce domaine il fait deux parts, la première, 170 ha, qu’il vend par parcelles à des particuliers, la seconde, 136 ha, restant sa propriété. Avec l’instinct d’un visionnaire Jacques Laffitte accompagne la vente de son domaine d’un cahier des charges instituant à titre perpétuel un certain nombre de servitudes à la charge des terrains vendus afin de préserver cet ensemble architectural mi-naturel mi-urbanisé des dérives d’un urbanisme mal contrôlé. Il s’oblige, quant à lui, à construire des bassins, à entretenir les avenues, les places et les réserves boisées destinées à l’agrément des résidants et du public. En 1850 les héritiers Laffitte vendent ces 136 ha à une association de propriétaires privés représentant les 170 ha réservés à l’habitation. Afin d’en assurer l’entretien ces propriétaires constituent alors en 1851, puis en 1852, deux sociétés civiles. En 1865 la loi créant les associations syndicales autorisées conduit les sociétés civiles à transmettre la propriété foncière du domaine du Parc, et les 6 charges afférentes, à ce qui est aujourd’hui l’ASA (Association syndicale autorisée) du parc de Maisons-Laffitte. Ces 136 ha sont donc aujourd’hui la propriété de l’Association syndicale du parc (ASP), établissement public administratif ouvert au public. De ce fait l’ASP a un double statut : établissement public administratif placé sous la tutelle du préfet des Yvelines mais aussi propriétaire foncier titulaire des droits civils attachés à son domaine. Acte judiciaire de droit privé, comme l’a confirmé un jugement civil en 1975, le cahier des charges de 1834 s’impose et s’imposera toujours aux propriétaires privés qui doivent en respecter les servitudes, notamment l’interdiction de toute construction dans les 6 m 50 et l’obligation d’édifier des clôtures normalisées. Ces deux servitudes essentielles contribuent au caractère remarquable d’un ensemble résidentiel dont les avenues et les espaces verts sont classés à l’inventaire des monuments naturels et dont les propriétés ont fait l’objet d’une inscription. La protection du Parc réclame une discipline rigoureuse des deux partenaires que sont indissolublement l’ASP et ses associés-propriétaires privés. DES SERVITUDES D’U RBAN I SM E DAN S LE PARC DE M AI SON S- LAF F I T T E L’ASP gère le domaine du Parc et a pour servitude contractuelle de son propre cahier des charges de 1848 (reprenant les engagements que s’était imposés Jacques Laffitte en 1834) d’entretenir et embellir son domaine afin d’offrir aux résidants et aux promeneurs l’agrément de la promenade. Le non respect par les propriétaires des servitudes relatives aux clôtures et aux 6 m 50 constitue pour elle une atteinte préjudiciable à ses droits de propriétaire et à ses obligations statutaires de “mise en valeur des propriétés”. En effet, comment offrir l’agrément de la promenade si les efforts d’entretien et d’embellissement qu’elle consent sont contrariés par des constructions hétéroclites dans les 6 m 50 et par des clôtures mal entretenues ou délabrées ? Aujourd’hui aux côtés de l’ASP “Le Patrimoine” une association agréée de défense de l’environnement et du cahier des charges de 1834 L’ASP est un établissement public dont la vocation est statutairement limitée à l’entretien et à la défense du Parc ; elle n’est pas autorisée à intervenir sur les problèmes d’environnement et d’urbanisme. Les syndics élus de l’ASP ont donc créé, à titre privé, “Le Patrimoine” association agréée loi 1901 de défense de l’environnement et du cahier des charges de 1834 du parc de Maisons-Laffitte afin de lui permettre de s’exprimer en matière d’urbanisme dans le Parc. L’ASP, son conseil syndical, et le conseil d’administration du Patrimoine ont souhaité mettre à la disposition des propriétaires du Parc un fascicule décrivant ce qui est interdit et ce qui est autorisé, à la fois par les textes et par l’usage en matière d’urbanisme dans le Parc. Ne seront traitées dans ce fascicule que les servitudes du cahier des charges de 1834 concernant les clôtures et les 6 m 50, servitudes reprises dans le POS de la ville actuellement en vigueur. C’est donc Le Patrimoine, en symbiose avec l’ASP, dont elle exprime légalement les opinions, qui est juridiquement habilitée à défendre la qualité de vie et l’environnement des associés et à intervenir lors de l’élaboration des documents réglementaires d’application de la loi SRU – schéma de cohérence territoriale (SCOT) et plan local d’urbanisme (PLU). DES SERVITUDES D’URBANISME DANS LE PARC DE MAISONS-LAFFITTE 7 La réglementation des constructions dans le Parc D’une manière générale, toute construction dans le Parc doit répondre à la fois : • aux règles établies par le POS en vigueur (Plan d’occupation des sols) • aux servitudes du cahier des charges des propriétaires établi par Jacques Laffitte en 1834. C’est un document contractuel des servitudes, toujours juridiquement en vigueur aujourd’hui, que doivent impérativement respecter tous les propriétaires de terrains dans le Parc. (1) Le refus de respecter les obligations du POS et les servitudes du cahier des charges peut avoir des conséquences judiciaires pour les contrevenants : • concernant le POS, il importe au seul maire de traiter les contraventions et le procureur de la République peut traduire le contrevenant devant un tribunal pénal. • concernant le cahier des charges, tout propriétaire, ou association de propriétaires dans le domaine du Parc, ou l’ASP en tant que 8 propriétaire de son domaine et enfin Le Patrimoine, association de défense de l’environnement, peuvent porter plainte devant un tribunal civil pour non observation des servitudes contractuelles. Naturellement le respect de ces règles d’urbanisme implique une parfaite connaissance des textes en vigueur (disponibles soit à la mairie, soit à l’ASP). Dans ce document nous nous sommes limités aux seules règles applicables aux clôtures et à l’interdiction de construire dans les 6 m 50 à partir des avenues bordant les propriétés. Recommandation à savoir Toute construction doit faire l’objet d’une autorisation des services d’urbanisme de la ville. DES SERVITUDES D’U RBAN I SM E DAN S LE PARC DE M AI SON S- LAF F I T T E (1) Remarque : il est évident que le fondateur de la “colonie de Maisons” voulait que le Parc où se construisaient des habitations, conserve un aspect aéré (pas de constructions trop près des voies) et soigné (des clôtures dûment normalisées) afin d’offrir aux résidants et aux promeneurs “l’agrément et la promenade” suivant ses propres termes figurant dans le cahier des charges de 1834. Depuis sa création il s’impose à tous les propriétaires dans le Parc, ce qui a été confirmé par un jugement de 1975 soulignant son caractère contractuel de droit civil. Les propriétaires sont donc tenus de remplir leurs obligations contractuelles, dans un but esthétique de façon à compléter les obligations de l’ASP d’entretenir et embellir son domaine au sein des habitations. Ainsi chacun des “partenaires” est tenu de remplir ses obligations et de respecter ses servitudes. Les clôtures 1. Le cahier des charges de Jacques Laffitte “Chaque vente sera faite sous les charges, clauses et conditions ci-après exprimées, que chacun des acquéreurs sera obligé d’exécuter et d’accomplir, en tout leur contenu.” …dont l’article 4 : “de ne pouvoir se clore, sur la partie bordant les avenues, boulevards, places et carrefours, que par des haies, charmilles, sauts de loup ou murs à hauteur d’appui avec grille, derrière lesquelles ils pourront placer des persiennes et volets…”. 2. Le POS Pour les clôtures sur voies, l’article 11.4 du POS des zones UEa, UH, UHa, UHp en définit les règles : • La hauteur totale maximale de la clôture est de 2 m 20 par rapport au terrain naturel. Elles doivent être composées d’un mur-bahut, n’excédant pas une hauteur de 0 m 80, surmonté d’une grille métallique. Les grillages simple torsion, ou bordure parisienne ou bordure défensive ou équivalents sont autorisés avec ou sans mur-bahut, à la condition d’être “végétalisés” ou doublés d’une haie végétale. • L’occultation des grilles est autorisée pour former des pare-vue en tôle pleine ou ajourée. • La base de ces pare-vue doit être située à au moins un mètre du sol et leur sommet au maximum de 1 m 90 du sol. • Les portails pourront être réalisés en parties pleines et obligatoirement en matériaux homogènes. Documents d’urbanisme Le plan d’occupation des sols (POS) http://www.maisonslaffitte.fr/article/archive/181/ ou dans la rubrique www.maisonslaffitte.fr • au quotidien • urbanisme • documents d’urbanisme DES SERVITUDES D’URBANISME DANS LE PARC DE MAISONS-LAFFITTE 9 La réglementation des constructions dans le Parc Important à savoir avant de réaliser votre clôture La création, la modification ou la rénovation à l’identique d’une clôture doit impérativement faire l’objet d’une déclaration préalable de travaux en mairie. Les travaux effectués sans autorisation constituent une infraction au code de l’urbanisme. Les matériaux • Les matériaux de remplissage destinés à être enduits ne peuvent pas rester apparents (briques creuses, parpaings, carreaux de plâtre…), à moins que leur appareillage ne fasse l’objet d’un calepinage étudié. • Les bétons bruts ou maintenus apparents utilisés en façades extérieures ne peuvent être que des bétons architectoniques qui feront l’objet d’un traitement et d’un calepinage particulier : granulométrie, coffrage, couleur doivent permettre l’absence de revêtement de protection ; • Les imitations grossières de matériaux naturels sont interdits. • Les bardages doivent faire l’objet d’une étude préalable de coloration. 10 DES SERVITUDES D’U RBAN I SM E DAN S LE PARC DE M AI SON S- LAF F I T T E Par mesure de sécurité, l’occultation partielle sera favorisée de préférence à l’opacité totale sur toute la hauteur de la clôture. En effet, celle-ci a pour effet de créer une rupture dans le paysage et un isolement par rapport à l’environnement. L’opacité nuit à la sécurité des habitations et attire tags et graffitis. Les clôtures peuvent être végétalisées ou doublées d’une haie végétale protégeant entre autre des regards, du bruit et du vent. À ce propos, afin que la protection soit permanente, il convient de choisir de préférence des conifères ou des arbustes à feuillage permanent. Les clôtures Déclaration préalable Ce formulaire est disponible sur le site : https://www.formulaires.modernisation.gouv.fr/gf/cerfa_13404.do DES SERVITUDES D’URBANISME DANS LE PARC DE MAISONS-LAFFITTE 11 La réglementation des constructions dans le Parc non réglementaires, elles déparent le Parc... 12 DES SERVITUDES D’U RBAN I SM E DAN S LE PARC DE M AI SON S- LAF F I T T E Les clôtures ...réglementaires, elles l’embellissent DES SERVITUDES D’URBANISME DANS LE PARC DE MAISONS-LAFFITTE 13 La réglementation des constructions dans le Parc non réglementaires, elles déparent le Parc... 14 DES SERVITUDES D’U RBAN I SM E DAN S LE PARC DE M AI SON S- LAF F I T T E Les clôtures ...réglementaires, elles l’embellissent DES SERVITUDES D’URBANISME DANS LE PARC DE MAISONS-LAFFITTE 15 La réglementation des constructions dans le Parc 1. Le cahier des charges de Jacques Laffitte “Chaque vente sera faite sous les charges, clauses et conditions ci-après exprimées, que chacun des acquéreurs sera obligé d’exécuter et accomplir en tout leur contenu” … dont l’article 5, alinéa 2 : “la maison et ses dépendances ne pourront être construites à une distance minimale de 6 m 49 cm (ou 20 pieds) de la ligne de la clôture donnant sur les avenues, boulevards et places”. En d’autres termes, il s’agit d’une obligation attachée au contrat d’achat de toute propriété située dans le périmètre du Parc, défini par un arrêté préfectoral en 1968, au moment de la reconduction de l’ASP pour une durée illimitée. 16 Le caractère obligatoire de cette servitude a été confirmé par la jurisprudence des affaires contentieuses provoquées par des plaintes de propriétaires, ou d’associations de propriétaires à l’encontre des contrevenants. (cf. la jurisprudence in fine) 2. Le POS Le POS définit pour les zones UE, UEa, UH, UHa, UHp l’implantation des constructions par rapport aux voies et emprises publiques précise : “dans la zone UE et le secteur UEa, les constructions doivent être implantées à une distance minimale de 6 m 50 de l’alignement… (sauf les rampes d’accès aux garages en sous-sol, à condition que leur pente soit au plus égale à 5 %)”. Le POS, dans la partie de la commune constituée DES SERVITUDES D’U RBAN I SM E DAN S LE PARC DE M AI SON S- LAF F I T T E par le domaine de l’ASP et les terrains appartenant à des propriétaires privés ou publics, a repris l’interdiction du cahier des charges de Jacques Laffitte de construire une maison et ses dépendances à moins de 6 m 50 de l’avenue. Le respect de cette servitude imposée par le POS est donc du ressort des services de l’urbanisme de la mairie qui doivent en vérifier l’application, sous peine de poursuite éventuelle devant un tribunal pénal en cas d’infraction. La zone des 6 m 50 Sur le fond, il s’agit d’empêcher de détruire l’harmonie de l’espace qui entoure les habitations, de part et d’autre de l’avenue bordée d’arbres d’alignement qui ont besoin d’espace et de lumière pour se développer et créer leur majestueuse perspective. Toute construction dans l’espace existant entre l’avenue et la maison constituerait une rupture de l’harmonie recherchée qui nuirait inévitablement à l’esthétique du lieu et contrarierait l’agrément de la promenade en introduisant un chaos hétéroclite, sans relation architecturale avec la maison voisine. C’est le respect de cette servitude qui a conservé au Parc l’allure que nous lui connaissons aujourd’hui et qu’il faut absolument conserver. Malheureusement, pendant certaines périodes, (guerres et période qui a précédé la fin du statut centenaire de l’ASP, dans les années 60), l’absence de contrôle a laissé s’installer des constructions qui dégradent leur environnement. Il n’est pas possible juridiquement de les contraindre à la démolition, puisqu’elles ont plus de 30 ans, mais toutes celles qui n’ont pas dépassé cette durée peuvent faire l’objet d’une plainte judiciaire pour non respect de la servitude énoncée dans le cahier des charges de Jacques Laffitte. DES SERVITUDES D’URBANISME DANS LE PARC DE MAISONS-LAFFITTE 17 La réglementation des constructions dans le Parc Infraction à la servitude des 6 m 50 ayant plus de 30 ans d’existence 18 DES SERVITUDES D’U RBAN I SM E DAN S LE PARC DE M AI SON S- LAF F I T T E La zone des 6 m 50 Respect de la servitude de la zone des 6 m 50 DES SERVITUDES D’URBANISME DANS LE PARC DE MAISONS-LAFFITTE 19 Doctrine judiciaire et jurisprudence La doctrine judiciaire en matière d’application du Cahier des Charges d’une Association Syndicale Autorisée (ASA ) C’est l’intérêt de tous les résidants du Parc de lui conserver son aspect entretenu à leurs frais (comme associés de l’ASP) et les syndics de l’ASP, comme les administrateurs du Patrimoine, feront tous leurs efforts pour persuader les propriétaires en infraction qu’ils ont intérêt à respecter scrupuleusement leurs servitudes... avant d’engager une action judiciaire. constructions qui le méconnaîtraient. Le demandeur doit d'abord prouver une violation des clauses du cahier des charges, et le juge civil est pleinement compétent pour interpréter ce document. Une telle association de la loi de 1901 est recevable à agir à condition de pouvoir exciper d'un préjudice collectif, direct et personnel, distinct des dommages propres à chacun de ses associés (4). L'action est également ouverte aux ayants cause des attributaires de lots : sous-acquéreurs, locataires et autres titulaires de baux. 919. Le cahier des charges est un document contractuel et le juge judiciaire en sanctionne très sévèrement les violations. À la violation du cahier des charges est assimilée la méconnaissance des documents qui lui sont annexés ou auxquels il fait référence et qui, de ce fait, acquièrent également valeur contractuelle. 921. L'action contractuelle est ouverte à toutes les parties au contrat et seulement à elles. Le lotisseur peut encore être concerné s'il a conservé la propriété d'au moins un lot (1). Il arrive aussi que le lotisseur grève l'ensemble des lots de servitudes dont il est le seul titulaire. Il est recevable à saisir le juge pour obtenir leur respect par tout ou partie des colotis. J. MORAND-DEVILLER souligne qu'il peut agir “même s'il n'a conservé aucun lot” et que les servitudes en cause “s'éteignent avec lui” (2). En pratique, ce sont les colotis qui utilisent le plus souvent l'action contractuelle soit contre le lotisseur, soit contre les autres propriétaires de lots. 920. Toutes les parties au contrat disposent d'une action civile pour faire respecter le cahier des charges et obtenir, le cas échéant, la démolition des Chacun conserve son droit d'agir même s'il est membre d'une association destinée à défendre les droits des colotis (3). L’application des Cahiers des Charges dans les ASA a suscité une abondante littérature et des jurisprudences diverses, en raison de la multiplicité des types d’association syndicales (libres, autorisées, agricoles, foncières, d’assèchement ou d’irrigation, etc.). Citons ci-dessous le résumé de l’exposé du Professeur Cristini, professeur de droit public à la faculté de Nice. 20 DES SERVITUDES D’U RBAN I SM E DAN S LE PARC DE M AI SON S- LAF F I T T E (1) Cass. 3e civ. 27 mars 1979, Gaz. Pal. 1979. 2, somm. 332 (2) Droit de l'urbanisme, 2000 2001, Dalloz Action, p. 655, no 5503 (3) Cass. 1re civ. 30 juin 1964, JCP 1965. II. 14162, note Ch. Blaevoët (4) Cass. 3e civ.4 nov. 2004, Bellini c/ Association de défense des habitants de la Rue Hector-Berlioz, no 03-11.377 , RD imm. 2005. 210, note J.-L. Berge 928. Les demandeurs sont en droit d'obtenir du juge toute mesure permettant d'assurer le respect du cahier des charges : la mise en conformité des ouvrages litigieux, la cessation d'une activité interdite par les documents contractuels (1), la fermeture d'une installation classée pour la protection de l'environnement, la dépose d'une antenne parabolique (2), l'interruption des travaux (3) voire la réalisation de constructions supplémentaires si elles sont imposées par le cahier des charges (4). L'action d'un coloti peut simplement tendre à l'octroi de dommages et intérêts si la violation du cahier des charges lui cause un préjudice (5). Surtout, les colotis ont le droit d'obtenir la destruction, la démolition des constructions qui seraient réalisées en violation du cahier des charges. La Cour de cassation considère qu'il s'agit là d'un droit absolu en se fondant quelquefois sur l'article 701 du code civil (qui concerne la protection des servitudes) et le plus souvent sur l'article 1143 du code civil qui dispose que “le créancier a le droit de demander que ce qui aurait été fait par contravention à l'engagement soit détruit” (6). (1) Cass. 3e civ. 3 nov. 1981, Épx Rogez, Bull. civ. III, no 175 (2) Cass. 3e civ. 27 févr. 2001, Épx Cammaroto c/ Assoc. syndicale libre du Clos-Sainte-Honorine, no 99-14.807, AJDI no 5/2001, p. 464, chron. S. Porcheron (3) C1996, Sté Carioca, no 94-12.246 , ass. 3e civ. 7 mai (4) Cass. 3e civ. 15 mars 1977, Bull. civ. III, no 122 (5) CA Rouen, 2 févr. 1984, Épx Guyon c/ Épx Savary, AJPI 1984. 334, note P. Benoit Cattin (6) pour une condamnation à démolition fondée à la fois sur les articles 1143 et 701 du code civil, V. TGI Bordeaux, 3 juin 1996, Cts Dax c/ SCI Le Ligneul, JCP, éd. N, 1997. 971 929. Selon une jurisprudence constante et très ferme de la Cour de cassation, les juges du fond sont tenus de prononcer la démolition “dès lors qu'aucune impossibilité matérielle d'exécution de la décision n'est invoquée” (1). Peu importe si la “sanction” paraît disproportionnée par rapport au préjudice subi par le demandeur (2) , s'il existait une “tolérance” du demandeur (3) ou de l'Administration (4) si la construction litigieuse a été réalisée avant que le demandeur devienne propriétaire de son lot et s'il a eu alors connaissance de l'existence de la construction non conforme aux stipulations contractuelles (5)... Importe peu encore la durée d'existence de la construction litigieuse, tant que ne peut jouer la prescription trentenaire (6). (1) Cass. 1re civ. 18 déc. 1967, SARL Méjean, Bull. civ. I, no 587 (2) Cass. 3e civ. 19 mai 1981, Bull. civ. III, JCP 1981. IV. 280, no 101, AJPI 1982. 220 (3) Cass. 3e civ. 18 avr. 1969, Bull. civ. III, no 309, JCP 1969. IV. 138 (4) Cass. 1re civ. 29 mai 1969, Bull. civ. I, no 195, JCP 1969. II. 15982, obs. R. L. (5) Cass. 3e civ. 27 mars 1991, D. 1991, IR 114, Gaz. Pal. 1991. 2, panor. 219, JCP 1991. IV. 203 (6) Cass. 3e civ. 23 mai 1978, Bull. civ. III, no 213, D. 1978, IR 429 : pour une maison d'habitation construite et occupée depuis plus de vingt ans DES SERVITUDES D’URBANISME DANS LE PARC DE MAISONS-LAFFITTE 21 Doctrine judiciaire et jurisprudence La doctrine judiciaire en matière d’application du Cahier des Charges d’une Association Syndicale Autorisée (ASA ) 931. Lorsqu’une démolition est ordonnée par le juge judiciaire, elle échappe, le cas échéant, à l’obligation d’obtenir un permis de démolir (art.L.430-3). La démolition ordonnée par le juge peut être effectuée “à la diligence des parties bénéficiaires du jugement et sous contrôle de l’expert” (1), au frais du débiteur (2). L’injonction de démolir peut être prononcée contre des occupants qui ne sont pas les propriétaires de la construction litigieuse (3). (1) Cass. 3e civ. 2 oct 1980, Gaz. Pal. 1981. 1,panor.13 (2) C. civ.,art. 1143 ; Cass. 3e civ. 19 mai 1981, Épx Savary c/Guyon, Bull. civ. III, n° 101, AJPI 1982.220 Les dispositions du cahier des charges d'un lotissement restent applicables entre les colotis au-delà d'un délai trentenaire, mais l'action en démolition des constructions non conformes à ce document n'en demeure pas moins soumise à la prescriptions du droit commun de l'article L. 2262 du code civil, et elle est donc irrecevable pour des constructions remontant à plus de trente ans (2). L'article L. 480-13 n'étant pas applicable en la matière, le délai réduit à cinq ans qu'il prévoit ne concerne que les actions fondées sur la violation des dispositions réglementaires qui régissent le lotissement et ne joue pas s'agissant de clauses contractuelles. (3) Cass 3e civ. 5 févr. 1974, Bull. Civ. III, n° 56 932. Le délai de prescription de l'action civile est de trente ans, identique au délai de la prescription des servitudes créées par le cahier des charges (1). 22 (1) Cass. 3e civ. 18 mai 1989, Bull. civ. III, no 116, JCP 1989. IV. 267, Gaz. Pal. 1989. 2, panor. 137 (2) TGI Bordeaux, 25 janv. 2005, Baron c/ Merce et a., no RG03/08641, Constr.-Urb. no 3/2005, no 70, DES SERVITUDES D’U RBAN I SM E DAN S LE PARC DE M AI SON S- LAF F I T T E comm. P. Cornille, BJDU no 1/2006, p. 69, chron. E. Carpentier Lexique des abréviations juridiques AJDI Actualité Juridique de Droit immobilier AJPI Actualité juridique Propriété immobilière BJDU Bulletin de Jurisprudence de Droit de l'Urbanisme Bull civ Bulletin civil Cass. Cour de cassation Civ. Chambre civile d'un tribunal CA Cour d'appel Gaz. Pal. - GP Gazette du Palais JCP Informations administratives et juridiques (Jurisclasseur) RDI Revue de droit immobilier (Dalloz) TGI Tribunal de grande instance Plan d’Occupation des Sols de Maisons-Laffitte (POS) Association “Le Patrimoine” 13 avenue Cuvier 78600 Maisons-Laffitte Téléphone : 01 39 62 01 50 Télécopie : 01 39 62 66 22 Internet : www.parcmaisonslaffitte.org 12 avenue Corneille 78600 Maisons-Laffitte Téléphone : 06 28 05 47 57 Réalisation et Impression par Cydergies, titulaire de la marque Imprim’vert ASP Association syndicale autorisée du parc de Maisons-Laffitte (ASP) sur papier issu de forêts gérées durablement ont coopéré à la réalisation de ce livret