Actes des Rencontres 2011 - Institut de la Concertation

Transcription

Actes des Rencontres 2011 - Institut de la Concertation
____________________________________________________
LES RENCONTRES NATIONALES DES PROFESSIONNELS DE LA
DÉMOCRATIE PARTICIPATIVE
ACTES. RAPPORT COMPLET
____________________________________________________
Les Rencontres nationales des professionnels de la démocratie participative se sont déroulées
les 17 et 18 novembre 2011 à la Maison Départementale des Syndicats à Créteil, à l’initiative
du Conseil général du Val-de-Marne.
250 personnes ont participé à ces Rencontres.
Essentiellement destinées aux agents territoriaux travaillant dans et pour le domaine de la
démocratie participative, elles ont été élaborées sur un format dynamique, participatif et
collaboratif autour de quatre questions essentielles :
1. Qui sommes-nous, acteurs travaillant dans la démocratie participative ?
2. Quel sens donnons-nous à nos activités, fonctions, métiers ?
3. Comment et avec quoi travaillons-nous dans nos métiers ?
4. Où voulons-nous aller et quelles suites à donner à ces Rencontres pour
professionnaliser ?
nous
Ces Actes restituent le plus finement possible l’ensemble de ce qui s’est dit, vécu, débattu,
échangé et produit lors de ces Rencontres, en mêlant images et retranscription écrite. Bonne
lecture !
Clémence Bedu pour la Mission démocratie participative
Conseil général du Val-de-Marne.
1
Le programme des Rencontres était le suivant :
Il s’organisait ainsi autour de quatre grandes « escales » :
Escale 1 : « Qui sommes-Nous ? »
Le jeudi après-midi était consacré en premier lieu la restitution d’une enquête destinée à
mieux saisir les profils des agents travaillant dans la démocratie participative, à mettre en
exergue leur diversité et à introduire les débats sur cette question.
Ensuite, une « enquête géante », durant laquelle chacun devient un « envoyé spécial »
chargé d’aller enquêter auprès des autres, avait comme but de faire se rencontrer les
participants, créer la dynamique du groupe, faire circuler les expériences, recueillir les
bénéfices et obstacles rencontrés dans ce secteur professionnel, en faisant travailler les
participants en groupes sur des thèmes pré élaborés.
Escale 2 : « Quel est le sens de notre travail ? »
Une conférence délibérative et contradictoire clôturait cette première journée en accordant un
véritable temps de réflexion critique aux questions suivantes : quel est le sens du travail dans
le champ de la démocratie participative au sein des collectivités en France aujourd’hui ? Fautil professionnaliser cette communauté, et par quels moyens ?
Un apéritif offrait la possibilité de prolonger les échanges sur cette première journée.
Escale 3 : « Comment et avec quoi travaillons nous ? »
Le vendredi matin, lors d’un « petit-déj’ expériences », six initiatives innovantes menées par
des collectivités territoriales et liées aux T.I.C ont été présentées en un temps de six minutes
chacune, puis un temps permettait au public d’échanger avec les porteurs de projet.
Ensuite, sept ateliers participatifs « à la carte » étaient proposés aux participants sur des
sujets divers, avec l’expérimentation d’une méthodologie d’animation spécifique et un temps
interactif avec des intervenants. Le vendredi après-midi a été consacré à un forum ouvert
durant lequel les participants ont pu travailler en sous-groupes sur des sujets proposés par
des « porteurs d’envie », tant pour réfléchir aux suites à donner à ces Rencontres qu’à la
professionnalisation des métiers de la démocratie participative.
2
SOMMAIRE
LANCEMENT DES RENCONTRES.....................................................................................................................................................4
ESCALE 1. QUI SOMMES-NOUS ?................................................................................................................................................8
ESCALE 2. QUEL EST LE SENS DE NOTRE TRAVAIL ?..............................................................................................39
ESCALE 3. COMMENT ET AVEC QUOI TRAVAILLER DANS NOS METIERS ?.................................................45
ESCALE 4. OÚ ALLONS-NOUS ? QUELLES SUITES ?.............................................................................................106
CLÔTURE DES RENCONTRES.....................................................................................................................................................137
MURS DE TAGS...................................................................................................................................................................................141
3
LANCEMENT
DES
RENCONTRES
I. MOT D’ENGAGEMENT ET PRESENTATION
GUILLAUME, VICE-PRESIDENT EN CHARGE
DE
L’ESPRIT
DES
RENCONTRES
PAR
DIDIER
DE LA DEMOCRATIE PARTICIPATIVE ET DE LA VIE
ASSOCIATIVE
Bonjour à tous. Je vous souhaite la bienvenue au nom du Président du Conseil Général du
Val-de-Marne à ces Rencontres Nationales des Professionnels la Démocratie Participative.
Lorsque la démocratie se résume essentiellement à des rendez-vous électoraux, lorsqu’elle se
cristallise sur des enjeux d’intérêts, bien souvent personnels, lorsqu’elle est trop peu citoyenne
et quasiment jamais implicative, lorsqu’en outre, les résultats ne sont que rarement au rendezvous des promesses et des engagements il ne faut pas s’étonner du désenchantement
aujourd'hui grandissant de la population à l’égard du fait politique et du discrédit de la
politique « bling-bling ». J'ai pour ma part la conviction que la politique peut être porteuse
d’espoir et que le temps électoral peut reprendre sens, à condition que l’action de la
réalisation soit enrichie en amont par des aller-retour fréquents et construits entre élus et
habitants. C'est là le défi de la participation citoyenne qui est déstabilisante. Cette démarche
exigeante se revendique d’être lente, parfois chronophage, toujours interactive et partagée.
4
La démocratie est définie comme le régime public dans lequel la souveraineté est exercée par
les peuples. Cette définition peut néanmoins susciter de nombreux débats. Ceci étant, les
éléments politiques qui surviennent dans le monde ainsi que la crise sociale qui s’aggrave
démontrent qu’il n’existe pas d’issue sans réponse démocratique. Evoquons ce qui se passe en
Europe où certains dirigeants font très peu de cas de la souveraineté des peuples face au
pouvoir des techniciens de la finance. Il ne doit pas exister d’opposition entre la démocratie
participative et la démocratie représentative mais une complémentarité. La démocratie
participative ne doit pas être un « gadget » inutile : elle n’a de raison d’être que si elle
constitue un gage d’efficacité dans la réponse publique destinée aux populations. Ce n’est pas
une question de méthode mais bien un objectif politique selon lequel la politique appartient à
nous tous, élus, agents territoriaux et populations. Nous avons pour vocation de faire avec les
citoyens plutôt qu’en leur nom. Il s’agit de transformer notre culture politique pour favoriser
une réelle implication de toutes les couches de la population.
J'ai la conviction que cette démarche ne craint ni le débat ni le conflit dans le sens où elle
suppose de valoriser les différents points de vue librement exprimés, justement car ces
espaces de dialogue ont trop souvent été étouffés. Le Président du Conseil Général du Valde-Marne a conduit cette conviction et a lancé en 2003 la grande campagne « Imagine le
Val-de-Marne », destinée à recentrer nos actions au plus près des préoccupations des
habitants. Un programme d’actions sur 5 ans a été élaboré après une année de rencontres,
de débats et d’ateliers. De ce programme d’actions est née la délégation à la Démocratie
Participative, créée dès 2004 pour améliorer le lien et l’efficacité des services publics avec la
population. Les membres de la mission Démocratie Participative auront l’occasion de
développer avec vous le travail réalisé dans différents domaines autour de parcours
démocratiques et citoyens.
S’engager dans un tel processus revient à faire le choix d’une démocratie lente. Alors que
notre société est mue par la démocratie d’opinion et médiatique, très souvent changeante, par
la culture de l’instant, voire de l’instinct, par la dictature de l’immédiat qui oublie les grands
enjeux de l’avenir, il faut résolument militer à contre-courant. Il faut cheminer et interroger les
paramètres d’une décision publique pour intégrer ce qui en fait la spécificité et la difficulté. Il
est essentiel de commencer par affirmer le sens donné pour chaque sujet abordé : quelle
finalité ? Quelle valeur ? Quel objectif ?
Faire le choix d’une démocratie participative, c'est aussi opter pour la complexité, l’altérité et
le temps long de « l’agir public ». Aucun sujet abordé dans « l’agir public » n’est simple et
aucune réponse n’est évidente ni immédiate. Le temps long de « l’agir public » consiste à
prendre acte de ne plus rien décider qui soit préjudiciable aux générations futures. Il nous
faut donc être vindicatifs et revendiquer une démocratie lente qui parle vrai et s’énonce
clairement à l’ensemble des membres qui n’ont pas le même niveau d’appropriation et ne
partagent pas le même sens des mots. Une démocratie doit prendre le temps de voir au loin.
Ce parcours citoyen est une initiation, un cycle plus ou moins long d’information, de
consultation et de formation, une démarche exigeante qui s’inspire totalement de l’éducation
populaire à mes yeux. Nous souhaitons inscrire la participation citoyenne dans le Val-de-Marne
comme force de changement et de transformations personnelles et sociales. Si nous estimons
que la démocratie participative peut contribuer à répondre aux difficultés et aux
préoccupations des individus, nous considérons également qu’elle revêt une grande importance
pour leurs envies et leurs projets. Nous nous demandons alors quelles transformations
sociales elle doit amener pour les habitants, les élus, les parties-prenantes et les territoires.
5
Enfin, nous avons besoins de nous indigner mais aussi de rêver et de nous engager pour
changer la société et les mentalités. Que serait en effet l’engagement dans la vie publique
sans l’utopie qui est au cœur de notre motivation ? Que serait la gestion sans la capacité
renouvelée de nous indigner, sinon l’acceptation de toutes les compromissions ? Que serait le
rêve s’il refusait de prendre en compte la réalité, sinon un espace pour s’y réfugier et s’y
complaindre ? La volonté de changement implique de prendre en compte le réel, soit les
budgets contraints et le désengagement de l’Etat vis-à-vis des collectivités locales et
territoriales, pour mieux le transformer. La démocratie gagne lorsqu’elle s’enrichit de manière
interactive de ces ressources inexploitées que sont le rêve, l’indignation et l’engagement. Je
souhaite que l’ensemble des discussions de ces journées répondent à notre volonté de
favoriser les échanges d’expériences, la confrontation des méthodes et la mutualisation des
savoir-faire. Il faut aussi que ces échanges répondent à vos attentes.
Au nom du Président du Conseil Général, je vous souhaite de bons travaux et vous remercie
pour votre attention.
II. LE
MOT DES ORGANISATEURS
Sophie LARGEAU décrit le rôle de la Mission démocratie participative du Conseil général du
Val-de-Marne
Je suis chef de projet à la Mission démocratie participative (MDP). Nous accompagnons nos
collègues au sein du Conseil Général en élaborant des processus de concertation, en les
mettant en œuvre et en les évaluant. Nous assurons aussi une mission de conseil, d’appui et
de formation pour développer la culture de la démocratie participative dans le département.
Nous sommes, tout comme beaucoup d’entre vous, des agents territoriaux et nous
travaillerons avec vous sur ces questions de la démocratie participative.
Clémence BEDU rappelle la motivation des Rencontres
Je suis également chef de projet à la MDP. Nous sommes très heureux de vous accueillir
aujourd'hui autour de ces Rencontres qui constituent une première. Nous avions envie de
créer un espace d’échanges et de discussions réservés aux professionnels de la démocratie
participative afin de mieux nous connaître. Nous espérons que ces Rencontres seront à la
hauteur de vos attentes.
Régine DE POORTER remercie les partenaires des Rencontres
Je suis aussi chef de projet à la MDP. Bienvenue à tous. Nous avons été très bien
accompagnés dans l’organisation de cette manifestation, notamment par le Centre National de
la Fonction Publique Territoriale (CNFPT), l’Association pour la Démocratie et l’Education
Sociale et locale (ADELS) et la Fondation Internet Nouvelle Génération (FING). Nous avons
aussi reçu un support privilégié du Comité d’appui des Rencontres, qui réunit des agents
territoriaux, des membres d’organismes de formation et des universitaires. Nous les remercions
tous très vivement.
Xavier PEZERON introduit le programme des Rencontres
6
Voici quel sera le programme de ces Rencontres. Nous commencerons par la restitution de
l’enquête « Qui sommes-nous, agents territoriaux qui travaillons dans la démocratie
participative ? » réalisée par l’Institut de la concertation, avant de travailler en sous-groupes.
Cette journée se terminera par une conférence avec le sociologue Gilles JEANNOT et le
politologue Loïc BLONDIAUX. Demain, vendredi 18 novembre, la Fondation Internet Nouvelle
Génération nous présentera des porteurs de projets avant de travailler en ateliers sur des
thématiques que nous avons prédéfinies. Enfin, un forum ouvert sur nos envies pour le futur
clôturera ces Rencontres.
7
Jeudi 17 novembre 2011.
ESCALE 1. QUI SOMMES-NOUS ?
I. RESTITUTION
DE L’ENQUETE
PARTICIPATIVE
« QUI
SOMMES-NOUS, QUI TRAVAILLONS SUR LA DEMOCRATIE
? »
Par : Sophie Largeau (Mission démocratie participative), Judith Ferrando Y Puig et Pierre-Yves
Guihéneuf (Institut de la concertation)
Sophie LARGEAU
Nous vous restituons ici les résultats de l’enquête qui était en ligne sur le site sur lequel vous
vous êtes inscrits, http://participons.cg94.fr/. Nous avons organisé cette enquête avec l’Institut
de la concertation dont deux représentants, Pierre-Yves GUIHENEUF et Judith FERRANDO Y
PUIG, présentent les résultats.
Pierre-Yves GUIHENEUF
Bonjour à tous. Nous vous présentons ici une synthèse des résultats de l’enquête menée sur
le site du Conseil Général du Val-de-Marne. Une version plus détaillée de ces résultats est à
votre disposition. Il est à noter que les éléments présentés devront être complétés au cours
de ces journées, d’une part parce que tous les participants n’ont pas répondu à l’enquête, et
d’autre part, parce que du dialogue naissent de nouveaux points de vue et idées qui devront
être mûris.
Judith FERRANDO Y PUIG
Bonjour à tous. 113 fonctionnaires ou agents territoriaux ont répondu à ce questionnaire.
Nous avons cherché à définir les profils des répondants. Il s’avère qu’il s’agit majoritairement
de professionnels relativement jeunes, de catégorie A et davantage féminins. 79 des 113
répondants sont des femmes. 52 % des répondants ont entre 26 et 40 ans et 9 % ont moins
de 25 ans. La grande majorité des répondants sont de catégorie A. en effet, nous ne
totalisons que 19 agents de catégorie B et très peu d’agents de catégorie C. Nous avons été
surpris par la grande variété de collectivités représentées. Parmi les répondants :
 36 travaillent dans des communes de plus de 50 000 habitants ;
 21 dans des intercommunalités ;
 21 dans des Conseils généraux ;
 17 dans des communes de moins de 20 000 habitants.
Nous voulions aussi déterminer si les professionnels de la concertation sont davantage
rattachés à des directions thématiques sectorielles ou la direction générale de leur collectivité.
Il apparaît que la répartition est relativement équitable bien qu’une légère majorité des
répondants soient rattachés à la direction générale.
8
Pierre-Yves GUIHENEUF
Nous vous avons laissé définir quelles sont vos activités de concertation. La mission la plus
souvent citée correspond à l’animation d’instances de concertation. Suivent deux autres
missions très importantes que sont d’une part l’élaboration de la stratégie de concertation et
d’autre part,
l’appui méthodologique aux autres services et l’invitation à développer des
pratiques de concentration. Enfin, la mission du suivi et de l’évaluation de la concertation et
la mesure de ses effets est souvent citée. Ces quatre missions ont été citées tant par des
professionnels travaillant dans des services dédiés à la concertation que par des
professionnels travaillant dans d’autres services. Dernièrement, les trois missions suivantes sont
plus spécialement citées par des agents insérés dans des services dédiés à la concertation :
 la coordination ;
 la veille extérieure et l’innovation ;
 la promotion extérieure.
En ce qui concerne la formation et les compétences, il était demandé dans le questionnaire si
la concertation avait fait partie de la formation initiale des professionnels concernés. Or ce
n’était pas le cas pour près de 70 % des répondants. Nombre d’entre eux ont toutefois
signalé qu’ils se sont formés à la concertation par la suite sur le terrain. Enfin, 29 % des
répondants estiment bénéficier des compétences nécessaires pour développer leurs activités
dans le domaine de la concertation et 52 % estiment ne pas disposer de suffisamment de
ces compétences.
Judith FERRANDO Y PUIG
L’enquête comportait quelques questions plus subjectives portant sur votre point de vue sur la
concertation dans les collectivités ainsi que sur les difficultés et les réussites perçues.
Vous avez évoqué un certain nombre de conditions de réussite, à savoir :
 la nécessité d’un fort portage politique et d’une véritable ambition politique, de sorte
qu’un élu dédié ou un collectif d’élus portent cette question ;
 le besoin de mise en place d’une méthodologie spécifique que l’administration
s’approprie et qui soit diffusée au sein de la collectivité, mais aussi d’un cadre clair
pour définir les rôles de chacun et les limites de la concertation ;
 un sentiment de maturation, ce qui prouve la capacité des collectivités à se doter d’une
culture commune ;
 assurer des effets concrets afin que la concertation s’inscrive dans un cercle vertueux
qui ait un effet d’entraînement.
Les difficultés rencontrées au quotidien correspondent pour leur part à :
 la mobilisation de la population, notamment de certaines catégories de population plus
éloignées du dispositif de concertation, soit les jeunes et les catégories populaires ;
 le manque d’ambition ou de clarté de la commande publique ;
 le décalage entre la culture participative et la culture hiérarchisée et technocratique des
collectivités – il n’est en effet pas évident de mettre en place des démarches qui
bousculent le partage du pouvoir et les conceptions de la légitimité d’action et de
parole de chacun ;
 l’intégration de l’avis des citoyens ;
 l’articulation entre les services, les élus, les acteurs et les habitants.
9
Nous avons enfin classé les éléments qui aideraient les professionnels de la concertation à
poursuivre leur action. Ont été mentionnés :
 le besoin de diffusion des expériences, d’échange des pratiques et de partage de
méthodes ;
 une meilleure reconnaissance des métiers de la concertation pour les collectivités
locales ;
 le besoin de formations, tant pour l’administration que pour les élus, sur les méthodes
de concertation, l’animation et la gestion des conflits ;
 une culture de la concertation davantage partagée au sein de la collectivité.
Voilà quels sont les premiers résultats de cette enquête. Merci pour votre attention.
Applaudissements.
Sophie LARGEAU
Merci pour votre travail. Ces premiers résultats de l’enquête sont à votre disposition et seront
en ligne sur le site internet http://participons.cg94.fr/. Cette enquête peut d’ailleurs faire
naître d’autres initiatives.
10
II. ENQUETE GEANTE « ACTEURS
SOMMES-NOUS ? »
ET ARTISANS DE LA DEMOCRATIE PARTICIPATIVE
:
QUI
… Quels que soient notre parcours, notre métier, nos fonctions, nos pratiques, nos missions…
Pour cette enquête géante, les participants sont en sous-groupes ; chaque groupe découvre le
thème sur lequel il va « enquêter ». Dans un premier temps, les participants travaillent à
partir de ce thème trois questions qu’ils vont aller poser aux autres personnes d’autres
groupes. Ensuite, chacun part en « envoyé spécial » questionner ses pairs. Puis chaque
groupe travaille collectivement à restituer ce que les membres ont entendu, vu, compris de
cette enquête.
Voici la liste des 15 thèmes proposés :
1.
Mon parcours professionnel et la démocratie participative
2.
Mes expériences dans la démocratie participative
3.
Ma collectivité, les élus et la démocratie participative
4.
Mon activité, mes missions en rapport avec la démocratie participative
5.
Mon service, les autres services et la participation citoyenne
6.
Mes conditions de travail
7.
Moi et ces Rencontres
8.
Moi, un militant ou un technicien de la démocratie participative ?
9.
Mon travail, la démocratie participative et l’administration
10.
Mes compétences, mes besoins par rapport à la démocratie participative
11.
Mes contraintes et mes points d’appui pour la démocratie participative
12.
Mes outils, trucs et astuces dans mon travail
13.
Mes craintes, mes peurs, mes doutes et mes raisons d’être confiant dans mon
travail
14.
Ce que j’aime et ce qui m’énerve dans mon travail
15.
Mes envies pour la démocratie participative
Le rapport restitue ici les productions finales de chaque groupe après que les envoyés
spéciaux ont mené leur enquête auprès des autres participants.
La galerie de photos et le diaporama offre un bon aperçu du temps de l’enquête elle-même.
11
1.
Mon parcours professionnel et la démocratie participative
Le premier groupe dédié à la thématique « Mon parcours professionnel et mes expériences
dans la démocratie participative » présente le résultat de ses réflexions. Il a établi un
parcours-type sous forme de frise chronologique. Il est important d’identifier l’élément
déclencheur qui entraîne la réalisation d’un parcours dans la démocratie participative. Force
est de constater qu’il n’existe pas forcément de
formation dédiée à la démocratie
participative. Ainsi, la motivation personnelle et l’implication dans la démocratie participative
représentent un élément déclencheur important. Des opportunités se présentent ensuite au fur
et à mesure du parcours et chacun gagne en professionnalisation et en expertise pour
devenir un acteur de la démocratie participative qui traite de problématiques de fractures
avec le citoyen et d’instrumentalisation de la démocratie participative. Dernièrement, l’individu
opère généralement une remise en question perpétuelle, souvent perçue comme positive. En
revanche, la situation d’attente auprès des élus et le fait d’avancer dans l’inconnu constituent
des points négatifs.
Applaudissements.
12
Le second groupe « Mon parcours professionnel et mes expériences dans la démocratie
participative » présente le résultat de ses réflexions. La première question qui est ressortie de
ces travaux portait sur la formation initiale et continue. Un nombre minoritaire d’acteurs de la
démocratie participative a été formé aux démarches participatives. La plupart d’entre eux
accordent une grande importance au militantisme et aux postures individuelles. Deuxièmement,
il est apparu de l’enquête que les principales difficultés rencontrées en matière de démocratie
participative sont dues au manque de reconnaissance et de légitimité de la démarche
participative, et ce à tous les niveaux. Enfin, malgré les formations et les outils, rien n’est
jamais acquis dans ce type de processus. Les pratiques professionnelles s’apprennent au
quotidien et diffèrent en fonction de l’environnement et des différents publics. C'est là ce qui
fait l’intérêt de ce processus.
Applaudissements.
13
2.
Mes expériences dans la démocratie participative
Le premier groupe « Mes expériences dans la démocratie participative » expose le résultat de
ses réflexions, où la démocratie participative est représentée comme un jeu de société dans
lequel plusieurs acteurs ont des rôles et statut différents. Le groupe a ainsi matérialisé les
rôles de l’habitant, de l’élu, du technicien et de l’animateur qu’est le chargé de mission à la
démocratie participative. Ce dernier joue un rôle de relais et est force de proposition puisqu’il
va à la rencontre de l’habitant pour l’inciter à participer en restant authentique et « force de
création et de contre-pouvoir ». Se pose alors la question de l’influence des liens qui se
créent et se pérennisent entre ces différents acteurs. Enfin, il est à noter que l’instauration
d’une relation de confiance est indispensable au fonctionnement de la démocratie
participative. Il faut que cette confiance s’établisse dans le temps tout en restant dynamique.
Applaudissements.
14
Le deuxième groupe « Mes expériences dans la démocratie participative » présente le résultat
de ses réflexions, axées sur l’identification de besoins liés aux expériences récoltées lors de
l’enquête. Trois types de besoins sont soulignés :
 le besoin d’obtenir une plus grande diversité des publics et de disposer d’un soutien
méthodologique pour toucher les publics les plus éloignés ;
 le besoin d’un pilotage politique fort et du portage de la démocratie participative par les
élus ;
 le besoin d’une intervention qui s’adapte aux différentes échelles allant du quartier au
département, en fonction des diverses thématiques.
Applaudissements.
15
3.
Ma collectivité, les élus et la démocratie participative
Le premier groupe « Ma collectivité, les élus et la démocratie participative » présente le
résultat de ses réflexions. Le rôle de l’élu dans la démocratie participative est positif puisque
la démocratie participative doit être portée par l’exécutif, soit par un ou plusieurs élus, afin
d’assurer une transversalité dans les services et dans l’exécutif. Il est néanmoins vrai que les
élus risquent de se désengager de la question de la démocratie participative si celle-ci est
prise en charge par un seul individu1. Se pose alors la question d’un portage politique
collectif. S’ajoute à cela un risque d’effet d’annonce de la concertation. Dans la pratique de la
démocratie participative, il est très positif qu’un élu donne un mandat clair avec une
labellisation des initiatives. La présence des élus durant les phases de restitution et de mise
en œuvre, ainsi qu’au moment des bilans et évaluations, est pertinente. Il faut prendre en
compte un risque d’instrumentalisation de la démarche et de fausse concertation, ainsi qu’un
risque de cantonnement de la dynamique de la concertation au niveau des techniciens si
jamais la démarche n’était pas portée par l’exécutif.
Applaudissements.
Les notes d’un étudiant sont éclairantes sur ce point qui a fait débat au sein du groupe : « le rôle
des élus référents à la démocratie participative a été très largement discuté. Selon certains, la présence
d’un unique élu référent est négative : puisque son rôle officiel est de faire de la démocratie
participative, les autres élus ne se sentent absolument pas concernés par la démocratie . » Enfin, il note
que « dans la quasi-totalité des cas, la démocratie participative est portée par l’exécutif ; elle est
institutionnalisée, même si elle ne ressemble pas toujours à ce qu’on voudrait »....
1
16
[Photo
du poster indisponible]
Le second groupe « Ma collectivité, les élus et la démocratie participative » présente le
résultat de ses réflexions. Il s’est demandé pour quelles raisons un élu lancerait une démarche
de concertation alors qu’il pourrait légitimement s’en passer. Il faut aussi s’interroger sur son
rôle dans le pilotage des démarches de concertation et sur son positionnement. Il apparaît
qu’un élu se lance dans une démarche de concertation pour des raisons parfois très
différentes :




par recherche de légitimité pour lui-même ou pour la politique qu’il mène ;
pour améliorer les politiques publiques ;
par volonté électoraliste ;
en vertu de la valeur démocratique et de la croyance en l’intelligence collective.
En amont, le rôle de l’élu consiste à cadrer et être force d’impulsion de la démarche ainsi
qu’être à l’écoute. Pendant la démarche de concertation, l’élu doit rester en retrait pour
laisser la place aux échanges entre citoyens et être présent lors du débat politique pour
apporter des réponses. En aval, il doit assumer ses décisions prises seul ou collectivement et
assurer un retour vers les citoyens.
Applaudissements.
17
4.
Mon activité, mes missions en rapport avec la démocratie participative
Le premier groupe « Mon activité, mes missions en rapport avec la démocratie participative »
présente le résultat de ses réflexions. Il faut toujours concevoir les démarches de démocratie
participative et les mettre en œuvre ; l’idéal consiste à prendre en charge ces deux types
d’activités. La conception d’une démarche doit être tant étudiée en amont qu’en aval car la
réalisation d’un bilan est primordiale. Enfin, il apparaît globalement que les relations avec les
élus et les services se déroulent plutôt bien.
Applaudissements.
18
Le second groupe « Mon activité, mes missions en rapport avec la démocratie participative »
présente le résultat de ses réflexions suite à l’enquête sur le positionnement des missions de
démocratie participative. Cette mission pourrait s’apparenter à un OVNI dans le paysage
politique. Si les acteurs de la démocratie participative ne partagent pas cette perception dans
la mesure où leurs missions sont claires, bien définies et portées par les élus et par la
Direction Générale, il n’empêche que certains autres services demeurent parfois dubitatifs face
aux porteurs de la démocratie participative, considérés comme des « épileurs de chenille ».
Ceux-ci doivent parfois agir en force car leur démarche dérange et entraîne un véritable choc
des cultures, spécifiquement en interne. Il est cependant manifeste que les pratiques et
habitudes professionnelles évoluent progressivement. Il est clair qu’il est nécessaire d’être à
l’aise dans le rapport de force. La démocratie participative est généralement portée par un
service qui lui est dédié autour duquel gravitent d’autres acteurs de manière à créer une
communauté informelle autour de ce service légitime.
Applaudissements.
19
5.
Mon service, les autres services et la participation citoyenne
Le premier groupe « Mon service et les autres services et la démocratie participative » a
construit son enquête autour de deux questions : Comment se construit la légitimité au
niveau de votre fonction et votre organisation ? Quels sont les outils et méthodes que vous
avez mises en place comme vecteur de la participation ? La légitimité du métier de la
démocratie participative au sein des services repose sur :
 un fort portage politique ;
 le positionnement du service dans l’organigramme ;
 un appui sur un apport extérieur ;
 l’ancienneté du dispositif.
Applaudissements.
20
Le second groupe « Mon service et les autres services et la démocratie participative »
présente le résultat de son travail sur les services avec lesquels les collectivités ont le plus
souvent travaillé et sur les difficultés du travail en transversalité. Selon un participant, la
première phase de présentation de chaque membre du groupe a permis de fructueuses
comparaisons entre la situation des différents services de démocratie participative représentés.
Les différences les plus saillantes se sont révélées être : l'ancienneté du service ; le nombre
de personnes travaillant dans le service par rapport au nombre d'habitants de la collectivité
en question ; les rapports avec les autres services - certains étant institutionnalisés, d'autres
peinant à « accoucher » ; et enfin l’existence ou non d'une dynamique de la participation
citoyenne
A partir de ces points les plus saillants, les membres du groupe ont élaboré 3 questions qu'ils
sont allés poser aux autres participants: Combien êtes-vous dans votre service ? Avec quel
autre service travaillez-vous ? Quels problèmes rencontrez-vous dans votre service et avec les
autres services ? Ce qu'il est tout d'abord ressorti des réponses recueillies par les reporters,
c'est la variation du nombre de personnes travaillant au sein des services démocratie
participative des différentes collectivités représentées. La composition des services peut en
effet varier de trois à une dizaine de personnes selon les collectivités.
Deux constats se sont imposés pour le groupe : 1) la taille du service démocratie participative
n'est pas proportionnelle à la taille de la ville ; 2) la taille du service est en générale
proportionnelle à son ancienneté. Il faut alors se demander combien d’agents dédiés à la
démocratie participative travaillent dans les collectivités pour un nombre d’habitants donné.
Enfin, il faut travailler avec l’ensemble des services malgré les difficultés rencontrées qui
concernent généralement le manque de coopération, la diversité de cultures et de
temporalités. Une écoute réciproque est nécessaire.
Applaudissements.
21
6.
Mes conditions de travail
Le groupe « Mes conditions de travail » présente le résultat de son enquête. Pour certains,
les acteurs de la démocratie participative constituent une plateforme qui offre d’intéressants
retours du terrain aux élus. Le fonctionnement de la démocratie participative s’appuie sur les
moyens suivants :
 un portage politique ;
 la création d’instances ad hoc ;
 des moyens humains pérennisés pour bénéficier d’une relation constante avec les
mêmes interlocuteurs ;
 la formation à la démocratie participative ;
 des méthodes et outils adaptés.
Selon la perception des autres, le point positif d’une mission à la démocratie participative
réside dans sa dimension relationnelle (relais et réseaux) et son point négatif dans le fait
qu’elle ne fait rien de concret. Les conditions de travail sont liées au positionnement des élus.
Applaudissements.
22
7.
Moi et ces Rencontres
Le groupe « Moi et mes Rencontres » a souhaité déterminer ce que chacun pouvait apporter
aux autres avec son savoir-être et son savoir-faire. Les acteurs de la démocratie participative
doivent ainsi entre autres :
 savoir utiliser les nouvelles technologies ;
 être présents sur le terrain ;
 utiliser les réseaux de proximité et le contact téléphonique pour être au plus près des
habitants.
Les valeurs dont ils doivent faire preuve sont entre autres la polyvalence, la réactivité, la
capacité à travailler dans l’urgence et la capacité d’écoute. Enfin, la reconnaissance du métier
par les institutions et par les collègues dans le contexte de travail n’est pas toujours assurée.
Applaudissements.
23
8.
Moi, un militant ou un technicien de la démocratie participative ?
Le premier groupe « Moi, un militant ou un technicien de la démocratie participative ? »
présente le résultat de son enquête. Il est difficile de définir précisément ce qu’est un militant
ou un technicien « pur ». Il est évident qu’il faut être un militant de la démocratie
participative pour travailler dans ces processus bien que technicité et militantisme
s’entremêlent. En effet, il semble difficile d’agir sans avoir foi dans la démarche engagée. Du
point de vue du technicien, plus une démarche est encadrée, plus elle est productive. Il est
donc impossible d’opposer technicité et militantisme car ils sont au service l’un de l’autre.
Applaudissements.
24
Le second groupe « Moi, un militant ou un technicien de la démocratie participative ? »
présente les conclusions de son enquête sous forme de scénette théâtralisée avec différents
rôles. Se demandant si les élus et/ou les citoyens attendent des acteurs de la démocratie
participative que ces derniers soient militants, il élabore les questions suivantes pour son
enquête : Est-ce que la posture de militant est demandée par votre employeur ou par les
citoyens ? A quel titre peut-on intervenir auprès de son élu pour l’accompagner à tenir une
posture cohérente avec la démocratie participative : technicité ou militantisme ? La technicité
s’oppose-t-elle au ou enrichit-elle le militantisme ?
Si la démocratie participative repose sur une forte conviction, cela ne correspond pas à la
demande de la collectivité locale. Il semble difficile d’être soit militant, soit technicien : l’agent
travaillant dans la démocratie participative est alors plutôt un « mili-techni ». Peut-être faut-il
être davantage médiateur et conciliateur que militant. Les élus ont néanmoins compris qu’il
s’agissait d’un enjeu important et qu’il fallait impliquer les citoyens pour assurer une meilleure
prise de décision. Certains estiment que les techniciens seraient de fait militants alors que
d’autres considèrent que les techniciens doivent faire preuve de neutralité.
Applaudissements.
25
9.
Mon travail, la démocratie participative et l’administration
Le premier groupe « Mon travail, la démocratie participative et l’administration » construit son
enquête en partant des difficultés que l’administration impose aux services de concertation,
tandis que les élus eux, « jouent les élus » au lieu de réellement discuter avec le service. Les
trois questions élaborées sont : A votre avis, faut-il qu’il y ait un seul service de concertation
au sein d’une mairie, rattaché au cabinet du Maire, ou bien un service transversal au sein de
la Mairie ? Comment légitimer la démocratie participative au sein de tous les services
administratifs ? Vos compétences sont-elles reconnues au sein des autres services ?
La restitution se fait sous forme d’un dessin comportant de multiples symboles : la
démocratie participative est représentée sous la forme d’un bateau, voire d’une galère, où l’élu
est à la vigie et le directeur général à la barre. Le chargé de mission, lui, rame pour
atteindre les services techniques qui ne travaillent pas toujours de concert. Pour leur part, les
habitants nagent et tentent de grimper sur le bateau de la participation.
Applaudissements.
26
Suite à son enquête, le deuxième groupe « Mon travail, la démocratie participative et
l’administration » estime qu’il faut passer d’un service de démocratie participative à une
culture de démocratie participative dans l’ensemble des services afin d’assurer une
transversalité et un croisement entre décisions ascendantes et descendantes. L’administration
peut formuler une proposition aux élus et ceux-ci peuvent aussi passer commande à
l’administration. Les points d’appui correspondent à la formation et au soutien logistique, voire
à un recours à des cabinets spécialisés.
Applaudissements.
27
10.
Mes compétences, mes besoins par rapport à la démocratie participative
Le premier groupe « Mes compétences et mes besoins par rapport à la démocratie
participative » présente son travail. Les compétences à avoir pour travailler dans la
démocratie participative relèvent à la fois du savoir-être et du savoir-faire. Les qualités de
savoir-être correspondent à la capacité d’écoute, à la dimension relationnelle, au respect et à
la passion du métier, tandis que le savoir-faire consiste en la capacité de mise en réseau, la
communication et l’animation. Les besoins portent d’une part sur les outils et les méthodes
permettant d’entrer en relation avec les habitants, et d’autre part sur le portage politique.
Applaudissements.
28
Suite à son enquête, le second groupe s’est interrogé sur les compétences attendues des
habitants en matière de démocratie participative et sur la manière dont les agents de la
démocratie participative vivent leur métier : tels des équilibristes. Il apparaît que les habitants
attendent une proximité, une disponibilité, une connaissance du territoire ainsi que des
compétences d’écoute, d’animation et de neutralité. Il faut toujours maintenir un équilibre
entre les attentes des habitants, des élus et des techniciens.
Applaudissements.
29
11.
Mes contraintes et mes points d’appui pour la démocratie participative
Le premier groupe « Mes contraintes et mes points d’appui » présente le résultat de ses
réflexions. Les leviers sont entre autres l’intérêt général, les associations, les habitants, la
proximité et la formation. Les freins correspondent pour leur part aux résistances politiques,
aux questions de temps, aux investissements des uns et des autres et au pilotage. De
nombreux acteurs accompagnent et valorisent la démocratie participative, à savoir le tissu
associatif, les élus ou les services techniques. Il faut que tout le monde soit sur un pied
d’égalité dans la démocratie participative dans laquelle la dimension humaine prime.
Applaudissements.
30
Le second groupe « Mes contraintes et mes points d’appui »présente le résultat de ses
réflexions. Le portage politique et administratif peut être à la fois un appui et une contrainte.
Si la complémentarité entre élus et administration est positive, il arrive que des élus entrent
en rivalité, ce qui devient une contrainte. En ce qui concerne la lisibilité de la démarche,
si une démarche de feed-back peut être mise en œuvre tant en externe auprès des citoyens
qu’en interne auprès des autres services, il faut prendre garde aux effets d’annonce et
s’assurer que les outils soient adaptés à la cible. Enfin, l’évaluation permet de créer des
points d’appui pour l’avenir bien qu’un manque de méthodologie soit parfois remarqué.
Applaudissements.
31
12.
Mes outils, trucs et astuces dans mon travail
Pour le groupe « Mes outils, trucs et astuces dans mon travail », la principale difficulté
rapportée par les enquêtés réside dans la collecte et le traitement de la parole des habitants.
Pour assurer la collecte de la parole, il faut aller vers les habitants (porteurs de parole,
« machines à utopie »), occuper le domaine public et varier les médias utilisés (théâtre
forum, hotline citoyenne…). Le traitement de la parole recueillie doit s’appuyer sur des
procédures prédéfinies, une méthodologie efficace et partagée, des acteurs référents en
interne et une compétence d’animation afin de favoriser l’expression collective. Il faut travailler
sur la fonction même de l’animateur, former les agents et les élus à l’animation et à la
conduite de réunion et accepter qu’une démarche nécessite du temps.
Applaudissements.
32
13.
Mes craintes, mes peurs, mes doutes et mes raisons d’être confiant dans
mon travail
Le premier groupe « Mes craintes, mes peurs, mes doutes et mes raisons d’être confiant » a
souhaité « dresser un état des lieux de ce qu’est la démocratie qui se dit participative
aujourd’hui ». Il a demandé aux personnes enquêtées si elles étaient guettées par
l’épuisement, étant donné les fortes résistances au changement dans les collectivités. Il
apparaît que chacun reste motivé par son travail, bien que des risques d’épuisement aient été
identifiés, à savoir la solitude et les rythmes de travail (« les semaines de 35 heures sont
très rares ; l’animation et l’évaluation des réunions prennent un temps fou »). Interrogés sur le
sens du travail effectué et les finalités de la concertation, de nombreux individus font valoir
que ces métiers servent à créer du lien social et à rendre le citoyen acteur. Enfin, il apparaît
que la démocratie participative est universelle, elle ne correspond à aucune couleur politique
et peut être appliquée dans l’ensemble des collectivités.
Applaudissements.
33
Le second groupe « Mes craintes, mes peurs, mes doutes et mes raisons d’être confiant »
montre que les craintes et les doutes des enquêtés portent sur l’échec, la démobilisation des
habitants, des techniciens et des élus, le maintien de la confiance des citoyens suite aux
prises de décisions et les problématiques d’interférence politique. Dès lors, la participation est
conditionnée à la confiance. De plus, la formation et l’éducation à la citoyenneté sont
indispensables, tout comme l’est la lisibilité du contrat initial. Sont également nécessaires la
convivialité, la clarté des règles appliquées, la diversité des instances, la maturité, la nonprésence permanente des élus, la qualité de l’écoute, la transparence et l’obligation de rendre
compte aux citoyens dès lors qu’ils ont été consultés. La création d’un comité de suivi
indépendant a également été proposée.
Applaudissements.
34
14.
Ce que j’aime et ce qui m’énerve dans mon travail
Le premier groupe « Ce que j’aime et ce qui m’énerve dans mon travail » a mené son
enquête autour des trois questions suivantes : Vivez-vous votre travail comme un
engagement ? Envisagez-vous de changer de travail, si oui pourquoi ? Travailler avec les élus,
c’est quoi ? Il restitue son enquête sous forme statistique. Il est vrai que l’engagement dans la
démocratie participative est lourd et la grande majorité des répondants se sentent engagés
dans leur travail. A la question « Souhaitez-vous changer de travail ? », 13 personnes ont
répondu ne pas le vouloir, 3 ont indiqué le souhaiter par volonté d’évolution hiérarchique et
de renouvellement et 3 restent indécises. Pour la majorité des enquêtés (14), travailler avec
les élus revient à parcourir « un sentier découverte ». Trois autres considèrent que c’est une
« traversée du désert » ; pour un autre, c’est une « ballade paisible » ; quatre trouvent que
c’est une « traversée du désert ». Trois autres trouvent qu’en fonction des élus, cela varie
(un «accompagnement », une « randonnée »…).
Applaudissements.
35
Le second groupe « Ce que j’aime et ce qui m’énerve dans mon travail » présente le résultat
de son enquête sous forme de « labyrinthe de la démocratie participative » dans lequel les
agents doivent cheminer. Suite à la question « Qu’est-ce qui fait que vous avez passé une
journée réussie ? », il apparaît que les acteurs de la démocratie participative sont diversifiés
et mobilisés et qu’ils s’inscrivent dans une dynamique de groupe et de réseaux. A l’inverse, les
points de blocage suivants ont été identifiés : la dimension d’ « usine à gaz », la lourdeur
administrative, l’absence, le manque ou le changement de portage politique. Au final, il est
très positif de répondre, d’orienter et d’accompagner les habitants, de les informer et d’être
entendu.
Applaudissements.
36
15.
Mes envies pour la démocratie participative
Pour le premier groupe « Mes envies pour la démocratie participative », il est primordial de
toucher les publics les plus éloignés. Il faut :
 s’appuyer sur les événements de l’espace public ou en créer de nouveaux pour toucher
les habitants là où ils se trouvent ;
 diversifier le langage et les supports d’information ;
 passer par des relais à l’exemple du tissu associatif ;
 rendre les résultats et les projets visibles.
Applaudissements.
37
Le deuxième groupe « Mes envies pour la démocratie participative » insiste sur le portage
politique et les motivations citoyennes à participer pour « donner l’envie d’avoir envie ». Il
rapporte qu’il faut que les élus soient moteurs, volontaires, convaincus, engagés, clairs et
précis, confiants dans leurs équipes et jusqu'au-boutistes dans l’application du processus de
démocratie participative. Il faut aussi donner envie aux citoyens de participer en leur donnant
le pouvoir d’agir sur les décisions publiques. La question de l’octroi d’une gratification a été
évoquée dans la mesure où celle-ci permettrait de capter des publics éloignés pour les
amener à un engagement plus pérenne.
Applaudissements.
38
Jeudi 17 novembre 2011. 18h30-19h30
QUEL EST LE SENS DE NOTRE TRAVAIL?
CONFERENCE DELIBERATIVE ET CONTRADICTOIRE
Participants :
Loïc BLONDIAUX,
Professeur des Universités au Département de science
politique de la Sorbonne (Paris I), chercheur au Centre
Européen d’Etudes Sociologiques et de Science Politique de la
Sorbonne (CESSP) et au Centre de Recherches Politiques de la
Sorbonne (CRPS)
Gilles JEANNOT,
Sociologue et urbaniste, chercheur de l’équipe Réseaux
Institutions et territoires du laboratoire Techniques, Territoires
et Sociétés
La conférence est animée par Judith FERRANDO Y PUIG, Sociologue et consultante à Missions
Publiques.
Judith FERRANDO Y PUIG
Bonsoir à tous. Nous entamons cette conférence sur le sens de notre travail. Nous accueillons
Gilles JEANNOT qui étudie notamment la place du travail dans l’action publique ainsi que la
notion de « métier flou ». Nous accueillons également Loïc BLONDIAUX qui s’intéresse depuis
quelques années aux questions de démocratie participative et a même mis en place des
cursus universitaires portant sur cette thématique.
Nous avons déjà parlé à plusieurs reprises aujourd'hui du sens de la démocratie participative.
Nous pouvons alors nous interroger sur le sens du service public et sur le sens des métiers
de la concertation. D’ailleurs, pouvons-nous parler d’une professionnalisation des métiers de la
concertation dans la fonction publique territoriale ainsi que de leurs particularités, notamment
par rapport aux élus ? Nous pouvons aussi nous interroger sur la posture des métiers de la
concertation qui a souvent été évoquée au cours de vos travaux. Ces métiers relèvent-ils du
militantisme ? Sommes-nous à l’aube la construction d’une communauté professionnelle
regroupée autour d’un référentiel ?
39
I. EXPOSE
1.
DES INTERVENANTS
Loïc BLONDIAUX
Je n’ai pu assister à l’ensemble de vos travaux de cet après-midi mais ai pu en mesurer la
richesse durant leur restitution. J'ai réfléchi au titre de cette conférence, qui correspond à la
rencontre des professionnels de la démocratie participative. J'ai alors tenté de comprendre ce
que cela impliquait et de mobiliser les aspects qui m’intéressent, à savoir les questions de
démocratie, de légitimité et de compétence, pour réfléchir à la professionnalisation de la
démocratie participative.
Pourquoi avoir choisi l’expression de « démocratie participative » ? N’oublions pas que les
termes ont de nombreuses implications. J’estime qu’il est problématique de parler de
professionnels de la démocratie participative. En effet, compte tenu des dégâts causés par la
professionnalisation de la politique, nous pouvons nous demander s’il est nécessaire de
professionnaliser la participation. Un soupçon légitime émerge autour de cette notion de
professionnalisation et de professionnels de la démocratie participative. En effet, la démocratie
est soit l’affaire de tous, soit l’affaire des élus. Les élus se prévalent de la capacité à faire
vivre la démocratie et à créer un lien avec le terrain. Pourquoi alors aurions-nous besoin d’un
autre type d’intermédiaires ? Le soupçon est donc légitime. Prenons aussi en compte le risque
induit par la professionnalisation, soit un risque d’encadrement, d’ingénierie de la participation
et d’instrumentalisation la démocratie participative. Ce risque est intrinsèquement lié à la
notion d’expertise.
Ces risques doivent cependant être relativisés et il ne faut pas oublier que nous n’en sommes
qu’au balbutiement de cette professionnalisation. La reconnaissance de l’existence même de
professionnels prendra du temps. La sociologie des professions utilise la notion de juridiction.
Ainsi, les professionnels de la participation n’ont pas véritablement encore la maîtrise de la
juridiction de leur propre champ de compétences.
Ce champ de compétences est d’ailleurs contesté par les élus. L’acceptation, de la part des
élus, de donner aux professionnels la main sur la participation avec les citoyens reviendrait à
reconnaître qu’ils ont perdu une part de cette maîtrise. Nous serons toujours face au risque
que les élus refusent de reconnaître cette perte de capacité à entrer en contact avec la
population. Toute évolution nécessitera du temps. Je vous propose une analogie entre les
métiers de la démocratie participative et les métiers de la communication publique qui en
sont à leur deuxième décennie d’introspection et de réflexion sur leur légitimité. La dimension
temporelle n’est donc pas à négliger. De plus, la légitimation des professionnels de la
participation passe par la capacité à évaluer la plus-value apportée à l’action publique. La
difficulté de la démonstration de l’apport de plus-value et de légitimité de l’action publique est
assez spécifique à ce domaine.
Ma seconde réflexion porte sur les raisons d’une professionnalisation de ce type d’activités.
Tout d’abord, il n’existe pas d’avancées réformatrices dans un domaine de l’action publique
sans que des militants de la cause en question n’interviennent. Nous nous trouvons peut-être
dans un contexte de « nébuleuse réformatrice » dans laquelle nous devons mettre en place
une coalition d’acteurs qui soient à la fois militants et techniciens, ces deux caractéristiques
étant indispensables.
40
Deuxièmement, ce type d’activités doit être professionnalisé car il est nécessaire de construire
la position du tiers-garant en démocratie, afin que des acteurs prennent en charge la
question de la qualité du débat démocratique. Celui-ci n’est pas une valeur en soi mais revêt
toujours une dimension instrumentale car il permet de poursuivre l’objectif recherché. Est-ce
aux professionnels de la démocratie participative d’occuper cette position dans les collectivités
locales ? Cela n’est pas évident car il faut rappeler que ces derniers ne sont pas autonomes
par rapport à leur institution et doivent créer cette autonomie.
Enfin, il faut revenir aux fondements de la démocratie participative pour comprendre pour
quelles raisons la professionnalisation est nécessaire. La démocratie participative représente un
enjeu central pour l’avenir de nos démocraties car il n’existe pas de démocratie sans
citoyenneté active. Or tout conduit de nos jours à éloigner le citoyen de la prise de décision
et nous sommes gouvernés par des pouvoirs sur lesquels les citoyens n’ont plus de prise et
dont ils ne comprennent plus la logique. L’idée de renforcement d’une citoyenneté active est
donc très importante. De plus, la démocratie délibérative représente un fondement essentiel
car pour légitimer des décisions en démocratie, il faut que tous ceux qui sont affectés par
une décision aient pu participer à la discussion en amont de cette décision.
Pour atteindre ces objectifs, il est nécessaire :
 de se connaître soi-même et de se reconnaître les uns les autres ;
 d’être des techniciens maîtres des dispositifs mis en place et d’être en capacité
d’apporter une ingénierie ;
 de jouer de
 d’accepter de se situer dans une position intermédiaire entre les élus et les citoyens et
d’être perçus comme des outsiders qui ne jouent pas le jeu de la collectivité ;
 de ne pas oublier l’éthique et d’aller chercher des alliés à l’extérieur.
Applaudissements.
Judith FERRANDO Y PUIG
Merci beaucoup. Gilles JEANNOT souhaite sans doute réagir à son tour.
2.
Gilles JEANNOT
Si Loïc BLONDIAUX est un professionnel de la démocratie, je suis pour ma part un
professionnel des métiers, dont des métiers en émergence. J'ai assisté à vos travaux de cet
après-midi et j’estime que vous vous êtes en bonne voie, car vous vous êtes basés sur les
épreuves. En effet, un métier correspond à une succession d’épreuves pratiques. Le passage
de l’enthousiasme militant à la résolution de problèmes pratiques permet de créer un métier.
Vous avez évoqué de nombreux problèmes pratiques, à l’exemple de la manière de se situer
par rapport aux techniciens, éviter la manipulation ou de toucher l’ensemble des populations,
ainsi que les réponses à y apporter. Je salue le fait que vous ne vous soyez pas trop
engagés dans la voie hasardeuse de la définition de fonctions qui consisterait à indiquer que
votre métier correspond à une fonction de médiateur, d’animateur, de coordinateur… Dans ce
cas, nous parlons en effet bien moins du métier que de ses difficultés.
41
Les sociologues du travail ont développé un modèle de la compétence selon lequel la
compétence correspond à un niveau de prise de responsabilité. Ainsi, des niveaux de
compétences peuvent être mesurés pour chacune de nos activités. La démarche qui consiste
à s’adresser à une population vers laquelle l’élu ne se tournerait pas naturellement correspond
à une forme de militantisme. Cette démarche devient un métier lors du passage du
militantisme à la compétence. Cela induit néanmoins un risque d’éloignement des tâches
premières. Il faudrait alors peut-être conserver l’épaisseur de l’action en oubliant la dimension
de militantisme.
Le deuxième sujet en réflexion concerne la position. Je suis en effet quelque peu sceptique
quant à l’image de la profession sur le modèle des médecins ou des avocats qui seraient
autonomes et autocontrôlés. Il faut analyser les situations telles qu’elles sont, par exemple en
étudiant vos parcours et les statuts. L’expression de « métier flou » repose sur le constat
d’associations entre :
 des injonctions floues et globales ;
 une position institutionnelle peu claire ;
 un statut flou et la précarité de l’emploi.
Je ne sais ce qu’il en est dans le champ de la démocratie participative mais il existe
cependant un enjeu de stabilisation des emplois. Dans ce cas, il faut se demander si la
meilleure manière de stabiliser une profession ne passe pas plutôt par l’obtention d’une
reconnaissance au sein de la fonction publique territoriale en créant un groupe spécifique.
Applaudissements.
II. DEBAT
AVEC LA SALLE
Judith FERRANDO Y PUIG
Souhaitez-vous réagir ou formuler des commentaires ?
De la salle
Je ne suis pas d’accord avec vous en ce qui concerne la professionnalisation car cela
impliquerait que les autres acteurs ne seraient plus concernés dès lors qu’une personne se
professionnalise. Cela serait très problématique. Où irions-nous si nous commençons à créer
des services spécialistes de démocratie participative ? J’estime pour ma part que le travail de
démocratie participative vise avant tout à assurer aux citoyens l’accès aux droits.
Judith FERRANDO Y PUIG
Effectivement, la professionnalisation crée-t-elle des pré-carrés et dédouane-t-elle en
conséquence les autres services de l’intérêt de la place des citoyens ou aide-t-elle au
contraire à développer cette prise en compte ?
Loïc BLONDIAUX
Avant que chacun n’intériorise cet impératif pour en faire un réflexe, il faut dans un premier
temps que des militants rappellent chacun à l’exigence de ses droits. Or ce travail ne se fait
pas forcément spontanément. Le déclic doit alors venir de cette catégorie d’acteurs. Il ne
s’agit pas pour autant de former des professionnels qui ne travailleraient qu’en vase clos et
ne feraient que reproduire des procédures sans rien changer à l’action publique. Au contraire,
leur vocation consiste à disséminer des pratiques et des démarches et de rappeler en
permanence qu’il est impératif que les habitants soient consultés sur telle ou telle politique.
42
De la salle
Si la notion de tiers-garant me plaît, sa création semble être particulièrement complexe. Quelle
instance pourrions-nous créer de sorte qu’elle soit à distance du pouvoir politique tout en
ayant la capacité de le remettre en cause par moments ? Quel élu pourrait prendre ce
risque ?
Gilles JEANNOT
Le thème de l’apprentissage organisationnel est très important. Des dynamiques militantes,
créatrices et innovatrices font face à des routines bureaucratiques. Ces deux dimensions
peuvent cependant apprendre l’une de l’autre, par exemple en stabilisant des éléments
inventés de manière informelle par un mode créatif et en les poursuivant sans les écraser. Il
ne faut pas opposer la création au monde institutionnel mais chercher à transformer petit à
petit les institutions en intégrant ce qui est créé de manière informelle.
Loïc BLONDIAUX
J'ai bien conscience du caractère encore hypothétique, utopique et très complexe de la
construction de ce tiers-garant. Ce dernier ne serait pas forcément une institution mais peut
prendre la forme d’un dispositif inscrit dans une procédure pour imposer des règles et des
contraintes. Il est cependant évident qu’un tiers-garant serait perçu par les élus comme un
cheval de Troie. Cette démarche reste donc d’une grande complexité dans la mesure où
l’immense majorité des élus ont peur de la participation.
De la salle
Pourriez-vous revenir sur la notion de démocratie délibérative afin de nous faire part de
quelques pistes d’action en la matière ?
Loïc BLONDIAUX
Cette notion de démocratie délibérative renvoie à un courant de pensée très présent dans la
philosophie politique internationale, quoique peu en France. En effet, les élus n’apprécient pas
l’idée de démocratie délibérative car ils estiment que la notion de délibération, soit la
décision, leur appartient. Selon la démocratie délibérative, une décision ne peut être légitime
que si elle a été approuvée par l’ensemble de ceux qu’elle concerne. Elle impose donc une
autre vision du processus de prise de décision. Cette démocratie délibérative repose sur les
trois principes suivants : l’inclusion, la transparence, et enfin l’argumentation pour explorer
l’ensemble des points de vue et faire entendre tous les arguments.
Cette décision sera ainsi plus légitime et mieux fondée que la décision prise en tête-à-tête
entre les experts et les élus.
De la salle
Il a souvent été question du rôle du politique. Ne manque-t-il pas en France en ce moment
une réelle impulsion politique autour des questions de démocratie participative ? En effet,
nous ne parvenons pas, depuis dix ans, à avancer sur ce sujet. Il faudrait une loi qui impose
davantage de participation.
Loïc BLONDIAUX
La volonté politique n’est certes pas très claire et ne l’a sans doute jamais été. Il ne faut pas
tout attendre de la volonté des élus pour que cette démocratie participative se renforce. Ainsi,
43
je ne sais pas si une loi sur la participation serait suffisante ni pertinente. Il faut que les
citoyens fassent aussi la preuve de leur volonté de participation.
De la salle
J’émets quelques inquiétudes sur la conjonction d’effets. Peut-être jouons-nous le rôle d’alibis
ou d’écrans de fumée. En effet, nous mettons en place une démocratie participative locale au
niveau des collectivités tandis que les grandes décisions ne font pas l’objet d’une démocratie
participative. Il faut donc être vigilant sur ce point.
Didier GUILLAUME
Nous ne devons pas camper sur nos positions mais assurer une complémentarité entre les
élus, les agents et les habitants quand bien même nous ne tenons pas les mêmes rôles. Nous
réfléchissons cependant tous en fonction d’un cadre de références, d’une culture, d’une
histoire, d’expériences et de savoir-faire. Voilà quels sont les éléments sur la base desquels
nous devons travailler collectivement. Nous développons toujours la démocratie participative en
vue d’une finalité précise. Dans notre cas, nous souhaitons nous inscrire dans une démarche
collective qui vise à créer du lien et à apporter des transformations sociales afin de permettre
aux habitants de retrouver leur capacité d’agir. Cela est essentiel. La démarche de la Mission
démocratie participative du Val-de-Marne n’est en rien opposée aux actions des militants
associatifs syndicaux et politiques.
Nous pouvons en effet nous interroger sur la notion de l’autonomie des peuples à l’heure
actuelle en Europe. Il faut alors défendre les droits et travailler à l’accès à de nouveaux
droits, ce qui passe certainement par des démarches de référendums locaux.
De la salle
Gilles JEANNOT a indiqué que plusieurs communautés professionnelles s’interrogent sur leurs
besoins de professionnalisation. Nous avons pour notre part observé lors de nos travaux que
nous ne nous ressemblons pas forcément et sommes sans doute quelque peu gênés par cette
notion de professionnalisation, dans la mesure où nos parcours, nos formations initiales et
nos champs d’intervention diffèrent. Cette extrême variété de métiers pourrait autant faire
obstacle à la professionnalisation que la favoriser.
Gilles JEANNOT
L’absence de ressemblance n’est pas gênante. Il apparaît que vous songez davantage à la
finalité et à la défense de la démocratie participative qu’à ses métiers et statuts.
Loïc BLONDIAUX
Une intervenante a fait part de ses craintes quant à une « fonction alibi ». Je suis très
critique sur les démarches engagées à l’heure actuelle car l’idéal participatif peut en effet être
dévoyé dans la pratique.
44
Vendredi 18 novembre 8h30-13h.
COMMENT ET AVEC QUOI TRAVAILLER DANS NOS METIERS ?
La journée commence par une projection retraçant la journée du 17 novembre 2011 et
réalisée par deux photographes. Après avoir exprimé sa satisfaction devant la réussite de la
journée du 17 novembre, riche en propositions, M. Pezeron rappelle l’esprit de ces rencontres
professionnelles de la démocratie participative : celles-ci sont placées sous le signe de
l’échange et de la mutualisation des expériences dans la convivialité.
I. 9H15-10H30 : «
PETIT-DEJ’ EXPERIENCES
»
A l’initiative de la Fondation Internet Nouvelle Génération, six expériences innovantes menées
par des collectivités territoriales et liées aux TIC sont présentées.
Denis PANSU
Je suis en charge du programme Innovation Démocratique au sein de la FING. Depuis un an
et demi, nous travaillons sur des scénarios d’usage, avec les territoires de Val-de-Marne, de
Seine-Saint-Denis et de Paris, à l’instigation de la région Ile-de-France. Nous avons souhaité
expérimenter des dispositifs associant agents, élus et citoyens. Nous allons vous présenter les
six expériences qui ont été sélectionnées.
ARMEL LE COZ
Avant de laisser la parole aux porteurs de ces expérimentations, je souhaite vous présenter le
fonctionnement de la « boîte démocratique », une initiative portée par le programme
Innovation Démocratique au sein de la FING. Cette « boîte » répond à l’enjeu suivant :
échanger sur nos bonnes pratiques « numériques » en matière de démocratie participative. Il
s’agit d’un site, www.boite-democratic.fr, sur lequel nous vous invitons à enregistrer vos
expériences à travers des fiches outils et fiches idées.
45
1.
1ère initiative : Un cyber-débat à l’initiative de la Ville de Paris, présenté par
Sandrine PEREIRINHA, chargée de mission à la Mission Démocratie Locale de
la Ville de Paris
Tout a commencé avec la création du Printemps de la démocratie locale en 2003, qui
réunissait des conseillers de quartier parisiens. Au fil des éditions, l’événement est sorti du
cadre institutionnel et s’est ouvert aux citoyens. En 2011, divers événements ont été organisés
durant une semaine, à plus grande échelle, avec de nouveaux publics. L’objectif était
l’extension de la participation citoyenne, selon deux axes :

une extension sociologique par le biais du numérique ;

une extension géographique à l’échelle métropolitaine (à savoir sur un périmètre ParisCréteil-Clamart).
Nous souhaitions en outre mettre en débat la question suivante : comment les pratiques
locales peuvent-elles contribuer à la mobilisation citoyenne à l’échelle de la métropole ? Ce
dispositif expérimental, mené avec la FING, comportait deux volets. L’un, présentiel, était
constitué de trois ateliers créatifs réalisés sur les sites internet paris.fr, créteil.fr et clamart.fr,
en partenariat avec des porteurs de projets innovants sur la démocratie participative
parisienne. Le but était de mettre en œuvre un scénario idéal de projet de concertation à
l’échelle de la métropole. Un plateau de jeu, visible par les internautes, a été conçu à cet
effet par des designers de la FING. L’autre, distanciel, constituait en la restitution de ces
scénarios sur une plateforme numérique (web tv en multiplex), les internautes pouvant alors
intervenir sur un chat.
Cette expérience a duré 4 mois. En termes de méthode, de public atteint, de pratiques et de
réseau, elle a apporté de bons résultats. Les timings resserrés ont néanmoins conféré un
aspect légèrement artificiel au « raccord » entre le volet présentiel et le volet distanciel.
46
2.
2ème initiative : le Wiki-Brest :
animatrice du Wiki-Brest)
enregistrement
sonore
de
Gaëlle
FYLI,
Le site www.wiki-brest.net est le service internet et
multimédia de la ville de Brest. Il s’agit d’un site
collaboratif, sur lequel nous avons scénarisé des
parcours de connaissances pour les usagers. Dans ce
cadre, 3 000 articles ont été écrits par 1 300
collaborateurs. Parallèlement, les usagers peuvent faire
évoluer le site en permanence, en complétant les
articles, soit en autonomie, grâce au portail d’aide,
soit grâce à mon intervention dans des ateliers
d’initiation en groupe.
A la fin de l’atelier, j’invite vivement les citoyens à solliciter mon accompagnement à distance,
par mail ou téléphone, ou à l’occasion d’un atelier individuel. Je travaille ensuite sur la
modération des articles, les relis et les catégorise.
La valorisation des contributeurs est réalisée lors de présentations publiques, ce qui participe
à créer du lien social. Ces contributeurs sont très variés : bibliothécaires, habitants, membres
d’associations, responsables de journaux de quartier, artistes, des enseignants et leurs élèves…
Un espace est ouvert à l’intérieur du site pour que les habitants puissent s’exprimer. J’ai
retenu quatre exemples concrets de cette démocratie participative au sein du site :

une ballade sonore à l’initiative d’un groupe d’habitants voulant s’impliquer dans la
rénovation urbaine de leur quartier ;

un projet de mémoire effectué par un contributeur de 75 ans sur le navire « Ocean
Liberty » ayant explosé après-guerre dans le port de Brest, qui a permis la rencontre de
témoins de l’époque ;

une modélisation en 3D du quartier du Plateau des Capucins avant sa transformation ;

le projet d’un groupe de citoyen autour d’un éco-quartier.
Ce projet de mise en commun de contenus bouscule les habitudes de publication classique.
L’animation est un moteur de ce projet.
47
3.
3ème initiative : les outils en ligne de l’Observatoire égalité hommes/femmes
du Conseil Général du Val-de-Marne, présentés par Françoise DAPHNIS,
responsable de l’Observatoire
Nous avons tenté de répondre à la question suivante : « que devient mon avis après une
concertation ? »
Cette question émane d’un atelier citoyen constitué d’une trentaine de citoyens ayant travaillé
sur la question de l’égalité femmes/hommes, et qui s’interrogeaient sur la prise en compte de
leur avis dans la décision finale et le vote.
Nous avons mis en place un blog pour y répondre afin que les citoyens puissent continuer de
participer au débat entre avril (date des réunions) et décembre (le moment du vote). Ce blog
expérimental comporte une frise chronologique réalisée grâce à un logiciel libre, montrant les
étapes de l’évolution de l’action publique, ainsi qu’un organigramme retraçant le parcours de
l’avis des citoyens dans les services départementaux. Les citoyens qui n’étaient pas familiers
de l’utilisation d’internet ont été avisés par voie postale afin d’obtenir une assistance à la
participation en ligne.
Le plan d’action de cet observatoire ayant été adopté par l’assemblée, cet outil devrait
pouvoir suivre sa mise en œuvre. A l’avenir, il serait souhaitable d’intégrer cet outil dès le
début du projet afin que les citoyens se l’approprient. De même, les services départementaux
ne se sont pas encore approprié ce blog. Nous avons utilisé les outils proposés par le site
www.prezi.com, qui permet de créer un blog très facilement modulable.
48
4.
4ème initiative : l’outil Léon Mérignac, présenté Franck DESCOUBES, directeur
de cabinet de la ville de Mérignac
Mérignac est une ville de 70 000
éclaire certains paramétrages de
population se renouvelle tous les
travers l’usage des services publics
habitants, à la surface relativement étendue (cette donnée
notre outil), en fort développement, dont 25 % de la
5 ans. La problématique de l’intégration dans la ville à
municipaux est centrale.
L’initiative que je vais vous présenter est issue de la direction de la communication de la ville.
Dans notre stratégie de communication politique, nous ciblons particulièrement une population
urbaine (des jeunes foyers).
L’outil LEON a été lancé en janvier 2011, en partenariat avec un prestataire internet. Il s’agit
d’un outil de géolocalisation qui permet aux usagers de signaler des problèmes rencontrés sur
le territoire de la ville, soit directement sur le site, soit via leur smartphone. Ce qui était
d’abord une expérimentation est devenu un usage, une nouvelle forme de relation entre les
administrés et les services municipaux.
En premier lieu, l’usager s’identifie sur le site. Ensuite, un échange par mail se met en place
entre l’usager et un référent dans le service concerné. Il peut ainsi suivre la date de
résolution des problèmes (voirie, gestion des espaces verts…) et l’évolution du statut de sa
demande.
Nous recevons quatre ou cinq alertes quotidiennes, ce qui s’avère parfaitement gérable pour
les services. Je précise que l’expression des usagers émane de l’ensemble du territoire et non
pas de quartiers spécifiques.
49
5.
5ème initiative : site internet « Ma ville demain », présenté par Sandra
RATAUD, Directrice de la Mission dialogue citoyen et Nathalie GIRAUDON,
Chargée de communication à la Ville de Nantes
Cette commande politique passée par les 24 maires d’agglomération auprès de l’agence
d’urbanisme supposait de relever plusieurs défis : faire de la prospective dans une dimension
participative, qui puisse inclure les 580 000 habitants de la métropole nantaise. Cette
démarche prendra deux ans et s’achèvera fin 2012.
Les communes sont nos partenaires. Nous avons multiplié les outils afin de « polliniser » ce
projet auprès des institutions, acteurs, structures, etc. Nous cherchons en outre à hybrider le
numérique et le physique : dans ce sens, les sites internet et les espaces collaboratifs et de
forum sont nos outils principaux.
La première phase a consisté à interroger individuellement les habitants sur les enjeux liés à
l’avenir de leur ville, à travers un questionnaire papier et numérique, qui a fait apparaître 9
thématiques.
La seconde phase consiste à recueillir ces contributions, l’enjeu étant que tout habitant de
l’agglomération puisse participer à cette réflexion à grande échelle. Trois outils ont été mis en
place : un kit de jeu de cartes, un kiosque sur la Place du Commerce, lieu de démarches, de
discussion et d’échanges, qui incarne physiquement le projet dans la ville, et le Café 2030,
lieu de débat et d’échanges.
Plus tard, viendront les étapes d’analyse par l’agence d’urbanisme, la construction du scénario
avec un groupe de citoyens et, enfin, le temps de la restitution aux élus et au grand public
par le biais de présentations.
50
6.
6ème initiative, présentée par Alexandre DESROUSSEAUX, Conseil Régional du
Nord-Pas-de-Calais
Je vais présenter 6 projets répondant à des scénarios d’usage qui hybrident le numérique, le
postal, les rencontres etc. :

un site web utilisé pour compléter les informations papier lors d’une concertation sur
l’éolien (dans ce cadre, la contribution des citoyens à l’agenda en amont a permis de
pacifier la réunion) ;

la charte d’un conseil de quartier conçue en 3 mois grâce à une synthèse des conseils
précédents que chacun était invité à élaborer ;

un sondage via internet mis en place pour les habitants de Valenciennes, l’avantage de
cet outil étant la réactivité et son principal inconvénient l’individualisme ;

la création d’un extranet où les élus et les habitants pouvaient consulter les comptes
rendus des conseils de quartier et par lequel les élus pouvaient diffuser un certain
nombre d’informations et de délibérations ;

une enquête de santé afin de connaître le ressenti des habitants sur l’offre de soin sur
leur territoire (Cette enquête s’articulait autour de quatre thèmes et de soixante questions.
5 500 personnes y ont répondu ce qui, pour une population de 200 000 habitants,
constitue un bon score.) ;

l’organisation à travers des vidéos d’une concertation des habitants sur un projet de
révision d’une charte de parc, la synthèse de ces échanges ayant été élaborée de manière
collaborative ;

la mise en place d’une politique de démocratie participative à la demande d’une élue.
Dans ce cadre, nous avons réalisé des ateliers et nous sommes dotés d’outils numériques qui
présentaient tous les événements et comptes rendus afférents. Lors de la collecte des
propositions, chacun pouvait soumettre des suggestions en ligne et dialoguer avec les autres
internautes.
51
II. 10H30-13H. ATELIERS
PARTICIPATIFS
Liste des ateliers
Round 1
1
Démocratie ascendante : initiatives citoyennes reconnues ?
2
Participation et lien avec la décision... Oui, mais comment ?
3
Une charte... et après ?
4
Le numérique et la démocratie participative, quel couple ?
5
Les démarches participatives : quel équilibre entre cadrage et flexibilité ?
6
Aménagement et environnement : quelle place pour les savoirs citoyens ?
7
Blocages, conflits et difficultés : quelles solutions collectives ?
Round 2
1
Inclusion sociale : participation des plus éloignés... de quoi ?
2
Participation et lien avec la décision... Oui, mais comment ?
3
Une charte... et après ?
4
Démocratie numérique : outils et inclusion
5
Les démarches participatives : quel équilibre entre cadrage et flexibilité ?
6
Aménagement et environnement : quelle place pour les savoirs citoyens ?
7
Blocages, conflits et difficultés : quelles solutions collectives ?
□ □ □ □
52
1.
Atelier 1
reconnues ?
Round
1.
Démocratie
ascendante :
initiatives
citoyennes
Atelier animé par Pascal AUBERT, Président de l’ADELS. Comme
l’atelier 1 est constitué de deux « rounds » qui sont éclairés de
manière différente mais complémentaires, Pascal AUBERT invite
les présents à participer aux deux rounds.
Intervenants :
o Loïc BLONDIAUX, Professeur des universités au département de science politique de la
Sorbonne (Paris I), chercheur au CESSP et au CRPS
o Damien MONNERIE, Président de l’association Innovons pour la Concertation sur Internet
(ICI).
Pascal AUBERT
Le fort potentiel de la société française en termes de compétence, de capacité d’agir et de
savoir-faire est difficilement reconnu comme légitime. Il suscite au contraire le doute et la
défiance. En outre, les initiatives citoyennes sont parfois transformées en supplétifs bénévoles
des agents des collectivités locales.
Ce type de démarches peut-il fonctionner ? Ne crée-t-on pas les conditions mêmes d’une
articulation impossible entre participation citoyenne et décision administrative ?
Loïc BLONDIAUX
On constate une double défiance : celle des élus et des techniciens à l’égard des initiatives
des habitants, et celle des habitants à l’égard du pouvoir.
Un réflexe culturel en France conduit à considérer que ce qui n’est pas contrôlé par l’Etat ne
relève pas de l’intérêt général et possède un potentiel dangereux. Dans notre pays, on
observe une méfiance à l’égard de la structuration des communautés, ce qui n’est pas le cas
en Angleterre par exemple, ce qu’ont montré les travaux de Jacques Donzelot notamment. En
France, si l’autogestion se montre efficace, elle effraie l’administration.
Parallèlement, les habitants critiquent l’institutionnalisation. Preuve en est le mouvement des
Indignés, qui essaie à tout prix de s’en protéger.
Nous sommes à un tournant dans l’histoire de nos démocraties : nous prenons en effet
conscience qu’elles n’ont plus de démocratie que le nom. Toutefois, l’affaiblissement des
structures politiques et administratives représente une chance historique pour la reprise en
main de l’action publique par les citoyens. En France, toutefois, cette démarche sera
certainement très difficile en raison de la centralité historique de l’Etat.
La France risque néanmoins de connaître une évolution semblable à celle de la GrandeBretagne, où le parti conservateur au pouvoir tient le discours de l’autogestion et de la
reprise en main des services sociaux par les citoyens, pour cautionner la destruction des
services publics. Il s’agit donc une fausse responsabilisation.
Damien MONNERIE
Nous observons la multiplication des initiatives de démocratie ascendante. Nous avons créé il
y a un an une association, Innovons pour la Concertation sur Internet (ICI).
Nos initiatives ciblent des populations en fracture numérique (dans les 19ème, 20ème et
11ème arrondissements de Paris) afin de leur permettre de proposer leurs avis. Nous nous
53
rendons dans les espaces publics numériques et proposons aux personnes une aide pour
trouver de l’information concernant leur territoire sur internet. Nous leur expliquons également
quelle est la posture participative. Malheureusement, ces ateliers peinent à intéresser leur
public. De même, en assurer un suivi se révèle difficile
Avec mon association Aurore, nous recueillons la parole des sans domicile fixe sur le grand
projet Bercy-Charenton, à travers des questionnements vidéo, internet et l’intervention d’un
architecte. Cette démarche vise à ce que leurs avis puissent avoir un impact sur la décision
finale. Ce projet est ambitieux, expérimental et porté politiquement.
Je suis persuadé que les outils participatifs peuvent être bénéfiques pour pallier la crise de la
représentativité.
Pascal AUBERT
La discussion
interventions ?
est
ouverte
au
regard
de
vos
expériences.
Que
vous
évoquent
ces
Intervenant 1, Agent de développement pour une mairie et ex-chargé de mission d’un Conseil
Général
Je remarque que le filtre de l’association et de l’organisation est toujours présent dans les
expériences qui nous sont présentées. Sur le terrain, les élus demandent aux citoyens de
s’organiser en association pour discuter avec eux. En revanche, on ne prend pas les individus
en considération.
Damien MONNERIE
L’outil numérique permet justement de sortir de ce cadre administratif.
Intervenante 2, ville de Montreuil, chargée de mission pour le logement et l’habitat
Il faut reconnaître à tout citoyen, quelles que soient ses conditions de vie, une compétence
citoyenne. Nous travaillons sur les logiques de chacun des habitants et nous situons en
dehors des outils de travail traditionnels. Les plus démunis sont des acteurs. Or il manque
une action publique pour les reconnaître.
Intervenant 3, Villiers-le-Bel
Après les émeutes de 2007, des collectifs de jeunes demandant des comptes à la Mairie sur
ses relations avec la police ainsi que des collectifs d’habitants ont été créés.
Je souscris aux propos de la présentation. La posture de l’agent est effectivement délicate.
Comment résister à la pression politique, comment rassurer ? Il est nécessaire d’avoir une
formation pour le tiers garant.
Marcela PEREZ, Association Permis de Vivre la Ville
J’exprime, à travers l’association dont je fais partie, le souhait de ne pas toujours être dans
une logique ascendante.
Intervenant 5
Comment redonner confiance dans l’action politique et publique, comment lutter contre cette
méfiance ? On sait que l’Etat va se retirer peu à peu des collectivités locales, que les
citoyens vont devoir être acteurs. Comment organiser cette implication avec l’administration
qui restera en place et avec la société civile ? Comment maintenir le rythme de mobilisation ?
54
Loïc BLONDIAUX
L’activité du public est intermittente. Il est cependant impossible d’institutionnaliser la
démocratie participative. Il faut donc accepter que les citoyens ne se constituent pas
nécessairement en association et qu’ils ne disposent pas des savoirs exigés par
l’administration, que ce ne sont pas des citoyens idéaux, qu’ils ne sont pas formés. Cela
multiplie certes les contraintes, mais tout se joue sur des épreuves, c’est-à-dire des
expériences qui révèlent le degré auquel on peut faire confiance à l’autre.
Les élus ont également besoin d’une certaine lisibilité dans leurs relations avec les habitants,
afin d’être rassurés. La démocratie participative devrait être le lieu de cette clarification et où
l’on rend possible ces épreuves de légitimité.
La culture politique est intériorisée par les représentants de l’Etat, tandis que les citoyens
manquent d’imagination pour contourner les structures officielles. C’est là un fait culturel
spécifique à la France.
Damien MONNERIE
Nos ateliers doivent aider les personnes à connaître les outils qui peuvent leur permettre de
faire entendre leur voix dans le débat public.
Intervenant 6
Il existe une notion de risque, car sur le long terme, des changements culturels sont en
cours. On constate un conflit dans la zone d’interface entre élus et citoyens. Quels sont les
outils pour éviter de tels conflits ?
Intervenante 7, chargée de mission sur la démocratie participative dans une ville de SeineSaint-Denis
Deux discours me semblent ressortir de ces échanges. Tout d’abord, les services se sentent
pris en otage entre les politiques et les habitants. En outre, la démocratie participative ne
devrait peut-être pas se concentrer excessivement sur la qualité des services rendus dans la
mesure où une telle approche risque de tendre vers la destruction du service public. Nous ne
sommes jamais dans le politique au sens noble, il ne s’agit jamais de « penser sa ville » ou
de « penser sa cité ». Enfin, les services vont-ils perdre en qualité ?
Intervenant 8, direction commerciale de la mairie de Valenton
Quelle est la définition du mot « citoyen » ? A mon sens, c’est celui qui participe. A l’inverse,
l’habitant qui ne participe pas est uniquement un usager.
Nous avons élaboré notre budget en sollicitant les habitants par le biais du porte-à-porte,
tout en réalisant en parallèle un budget « officiel ». Nous avons obtenu 46 % de
participation. En outre, je maintiens que la démocratie participative ne sera pas pleinement
effective tant que les étrangers n’auront pas le droit de vote, au moins au niveau local.
Pascal AUBERT
Votre intervention introduit la seconde partie de cet atelier : comment obtenir le point de vue
de ceux qui ne viennent pas ?
Je suis étonné qu’en un temps aussi court, nous ayons recueilli autant d’éléments
enrichissants. La société non institutionnalisée participe de l’intérêt général. Pourtant, en
France, notre culture nous porte à penser que seuls les pouvoirs publics défendent l’intérêt
général. Or nous constatons bien que tel n’est pas le cas.
Comme cela a été indiqué, nous nous trouvons à un tournant. En France, en partant d’un
système très institutionnalisé, il est possible d’aller vers une plus grande implication de la
55
société civile, sans entraîner la destruction des services publics, comme en Angleterre. Nous
sommes d’ailleurs condamnés à cet optimisme.
Des outils comme Internet et les TIC, ne sont pas institutionnels. Ces espaces, qui par leur
conception, autorisent le réseau et l’informel, échappent à nos structures. Appliqués à la vie
citoyenne locale, peuvent-ils toutefois être efficaces ?
Il existe un fort potentiel citoyen, un fort potentiel d’amélioration de la vie locale dont on ne
se sert pas. Pour les professionnels des démarches participatives, leur prise en compte, en
concertation avec les élus, représente un véritable enjeu. Il faudrait essayer d’inciter,
d’appuyer, sans être dans le contrôle ni la récupération par les politiques publiques. On est
sûrement à un tournant, c’est le bon moment de se poser les questions, pour le meilleur et
pour le pire, afin de confirmation qu’un pouvoir d’agir existe.
En tant qu’agents, animateurs de ces démarches, pour être des chefs d’orchestre de musique
expérimentale, il nous faut jouer sur des postures hybrides, car l’objectivité est un piège.
□ □ □ □
56
2.
Atelier 1 Round 2. Inclusion sociale : participation des plus éloignés... de quoi
?
L’atelier est animé par Pascal AUBERT (ADELS). Intervenants :
o Marion CARREL, sociologue, Université Lille 3
o Marcela PEREZ, association Permis de vivre la ville
o Bruno MASUREL, ATD Quart Monde.
Pascal AUBERT
Nous allons évoquer le rôle de la société civile dans le cadre général de la participation. Très
peu de personnes sont concernées par la démocratie participative. De même, le public présent
est peu représentatif de la sociologie du territoire et s’avère en général déjà « averti ». On
peut donc estimer à 99 % la proportion des « sans voix ».
Les intervenants vont à présent évoquer leurs expérimentations.
Marion CARREL
Nous avons réalisé une enquête dans une ville du Nord. A ce niveau, les citoyens présents
dans le conseil de quartier sont ceux qui votent déjà. A l’inverse, les classes pauvres et les
jeunes sont très peu représentés. Ceux qui ne viennent pas sont ceux qui sont trop en colère
et en survie quotidienne, des habitants déçus par leurs expériences passées de démocratie
participative ou des personnes qui sont en situation d’extrême pauvreté et éprouvent de la
honte à parler en public. En tant qu’agents, nous devons porter les valeurs de justice sociale
et contribuer à ouvrir le débat public, sur les questions de justice sociale, le logement social,
etc. Par ailleurs, la question de la contre-expertise n’est pas culturellement développée en
France. Cependant, ne pourrions-nous pas prendre des risques dans les collectivités et
organiser cette confrontation d’expériences ? Dans ce sens, diverses pistes sont possibles : le
tirage au sort ou le recours à des techniques d’animation avec des tiers garants pour mettre
les personnes en situation d’égalité.
Marcela PEREZ
J’ai été invitée à participer à cet atelier afin de présenter mon association, qui existe depuis
vingt ans. Nous avons formé une équipe pluridisciplinaire (sociologues, architectes…) qui repère
sur le terrain les compétences sociales en termes de communication et de fédération.
57
Jouer la carte de la verticalité ne nous satisfait pas complètement : en effet, l’énergie à
déployer pour se faire entendre doit l’être d’abord sur le terrain. Par exemple, les jeunes qui
filment aujourd’hui sont issus des Hauts-de-Seine, grâce à un chantier d’insertion à notre
initiative. Nous sommes donc dans l’action. Nous souhaitons favoriser un espace fluctuant,
sans scénario préconçu. Quand nous arrivons sur un territoire, nous avons en tête un certain
nombre de pistes. Si un lieu nous est attribué, nous sommes tout de suite moins visibles.
Nous sollicitons les bons interlocuteurs. Nous nous efforçons de relier les générations, les
sexes et d’être positifs en proposant aussi des initiatives de loisir. Nous ne souhaitons pas
être dans la participation des usages.
Bruno MASUREL
Je suis membre permanent de l’association ATD Quart Monde, pour laquelle l’accès au savoir
constitue une condition fondamentale d’un combat émancipateur contre la pauvreté et
l’exclusion, permettant l’apprentissage de la citoyenneté. En apprenant, on gagne en estime de
soi et on devient donc citoyen et participant. Notre association considère les personnes
défavorisées non pas uniquement comme les bénéficiaires d’une assistance, mais comme les
porteurs de leurs propres expériences.
Je travaille en Bretagne depuis cinq ans sur un projet intitulé « En associant leurs parents à
l’école, tous les enfants peuvent réussir ! ». Les inégalités scolaires s’aggravent en France.
Comment permettre à un enfant né dans un milieu pauvre de s’émanciper ? Si le fossé
culturel est un élément d’inégalité, la compétition scolaire et les notes dévalorisent aussi
l’enfant. L’enjeu de notre projet consiste à construire l’éducation avec les parents, même les
plus exclus. En effet, le désir de voir son enfant intégré dans la société est un important
levier d’implication des parents dans le processus. Dans cet esprit, nous avons mené une
expérience dans deux écoles publiques à Maurepas, durant cinq ans : nous avons sollicité les
parents peu impliqués, leur avons redonné la parole et laissé comprendre que leur avis
pouvait compter. Une quarantaine de rencontres entre parents ont été enregistrées et
retranscrites, puis entendues par les enseignants. Pour certains parents, c’était la première fois
qu’ils étaient écoutés. Nous avons créé des systèmes de co-formation, qui permettent une
égalité entre les professionnels et les habitants ayant vécu l’exclusion. L’école doit participer
et les enseignants doivent se former à connaître les milieux défavorisés. Dans le quartier de
Maurepas, nous avons associé tous les acteurs de l’éducation du quartier pour collaborer.
Pascal AUBERT
Je vous propose maintenant d’intervenir au sujet de ces trois présentations.
Intervenant 1, Direction commerciale de Valenton
Nous avons évoqué le terme de « valorisation ». Elle passe par tous les outils que peut créer
la ville. Le magazine de ma commune est un « magazine municipal d’information », traitant
des actualités de la commune, de France et du monde, qui inclut également une vingtaine
d’interviews d’habitants. Nous allons donc les trouver afin de les convaincre de participer aux
sujets présentés.
Intervenant 2
Comment solliciter les « indifférents » ?
58
Marion CARREL
Nous sommes en démocratie, ce qui suppose aussi le droit à ne pas prendre part à toutes
les injonctions de participation. Ces personnes s’expriment peut-être par le vote. Elles sont
probablement surtout résignées.
Pascal AUBERT
Pourquoi les gens sont-ils indifférents ? Nous remarquons que le choix des questions crée une
motivation différente : s’il s’agit de la réussite des enfants, le taux d’indifférence baisse. La
survalorisation des questions urbaines met à mal une approche portant sur des
préoccupations plus familières.
Intervenant 3
L’une des principales difficultés tient au fait que souvent, les personnes les plus en retrait
sont également éloignées des structures dans lesquelles nous voulons à tout prix les inclure.
Dès lors, dans la pratique, on ne touche alors que les plus investis. Or il faut accepter des
conditions plus déstructurées pour récolter la parole. Le porte-à-porte réalisé à Valenton pour
discuter du budget, par exemple, constitue une bonne initiative. Nous devons nous demander
qui réalise ces démarches : s’agit-il des techniciens des différents services selon la thématique
des questions qui émergent ou des professionnels de la démocratie participative ? Nous
devons aller sans a priori à la rencontre des habitants.
Marcela PEREZ
On note un décalage entre la demande politique et la réalité. Par exemple, la convivialité et
le lien social au sein des quartiers sont très forts mais, parce qu’ils n’entrent pas dans les
schémas préconçus des formations en urbanisme, on les ignore et l’on est déçu.
Intervenant 4
Dans ma commune, des « barbecues sauvages » réunissant jusqu’à 200 personnes ont été
interdits. Or on me demande à présent de créer des conseils de quartier où les habitants se
réuniraient à l’occasion de repas. Les nuisances et les plaintes ont entraîné l’interdiction que
je viens d’évoquer alors même que les habitants étaient demandeurs de ces manifestations de
convivialité.
Intervenant 5
Nous ne devons pas tenir un discours trop angélique. Je ne suis pas certaine que tous les
habitants approuvent ces événements. On ne peut pas non plus nier que ces territoires
connaissent aussi des problèmes.
Intervenante 6
Je voudrais témoigner du bénéfice de la co-formation, à Angers, entre cadres territoriaux et
familles en très grande pauvreté. Ma position de professionnelle a été réajustée, le risque
étant en effet de parler au nom des habitants sur leurs besoins, leurs attentes, etc. Cette coformation a prouvé la nécessité impérieuse de cet échange sur les représentations, sur cet
écart et cette complémentarité, qui redonne une légitimité à chacun : celle du professionnel
et du technicien sur son poste, celle de l’habitant dans ses capacités citoyennes.
59
Intervenant 7
Dans la commune de Clichy-sous-Bois, après avoir testé différentes instances de participation
formatées, nous nous apercevons que nous devons revisiter nos pratiques professionnelles,
afin de mieux connaître les habitants du territoire. Les sujets sont parfois trop
technocratiques. En outre, il faut déplacer les espaces d’échange, n’imposer ni le cadre ni
l’objet, pour favoriser la mobilisation des habitants. Nous devons partir de l’individu pour aller
vers le collectif.
Marion CARREL
Concernant les pratiques professionnelles, la question de dispositifs temporaires me paraît
essentielle. Par ailleurs, ne sommes-nous pas en train de réfléchir à la question du travail
social communautaire ? En termes de posture du professionnel, l’enjeu n’est-il pas d’être au
service de l’habitant ? Il ne s’agit pas de tomber dans la démagogie mais d’intervenir dans
l’encouragement à la contre-expertise et au contre-pouvoir, même si ces termes sont
effrayants.
Marcela PEREZ
Il faut être capable d’observer la réalité, dans le but de repérer les personnes-ressources, qui
peuvent être aussi les enfants. Arriver dans un territoire, c’est ne pas avoir d’a priori, être
ouvert et attentif. Il faut également s’efforcer de répondre dans l’action à des besoins qui
peuvent relever du loisir.
Bruno MASUREL
Il est important de pouvoir tisser des liens entre les habitants. Dans le quartier où nous
travaillons, 40 nationalités sont présentes. Or le principal problème dans ce contexte est le
manque de connaissance mutuelle. On devient davantage citoyen quand on ressent un lien
avec les autres. Or la création d’un tel lien nécessite un travail approfondi pour susciter la
rencontre. La participation vient ensuite.
Pascal AUBERT
Je retiens différents éléments en conclusion de cet atelier. Tout d’abord, le regard que l’on
porte sur les habitants des quartiers populaires est essentiel : quelle reconnaissance leur
capacité à être contributeur peut-elle trouver ? Ensuite, les sujets proposés ne doivent pas
seulement émaner de l’administration. Enfin, la question du pouvoir est centrale : pourquoi
venir participer bénévolement à des débats qui ensuite ne sont pas pris en compte ?
Plutôt que d’attendre que les habitants se rendent dans les espaces ouverts par les agents,
ne faudrait-il pas « décaler le jeu » en organisant du porte-à-porte, des tirages au sort, du
repérage, des co-formations, ces dernières étant de très bonnes expériences pour casser les
représentations a priori ?
Intervenant 7
Je viens d’un territoire rural et me demande comment travailler le lien avec le territoire
urbain. Je me sens démunie.
60
Pascal AUBERT
Les déterminations sont les mêmes, que l’on soit dans le territoire urbain ou très rural.
□ □ □ □
61
3.
Atelier 2 Round 1 et 2. Participation et lien avec la décision : oui, mais
comment ?
L’atelier est animé par Sophie Largeau, chef de projet de la mission départementale
« Démocratie participative » au Conseil Général du Val-de-Marne.
Intervenants Round 1 :
o Didier Guillaume, vice-président du Conseil Général du Val de Marne en charge de la
démocratie participative et de la vie associative
o Emmanuelle Gueugneau, de la Communauté urbaine du Grand Lyon
o Julien Talpin, chercheur en science politique au CNRS.
Sophie LARGEAU invite en préambule les participants à choisir une image symbolisant au
mieux pour eux la démocratie participative.
Une des finalités de la démocratie participative est le lien à la décision. La démocratie
participative change en effet les modes de faire et de décider. Cette question a déjà été
abordée hier, où nous avons commencé à nous interroger sur la manière de rendre compte
des avis des citoyens, afin qu’ils irriguent la décision.
Je vous propose de réfléchir à une question : à quelles conditions et comment faire pour que
les avis des citoyens enrichissent réellement les décisions finales ? L’atelier se déroule en
deux temps : les réflexions de la première partie (Round 1) viendront enrichir la seconde
(Round 2). Cette première partie se divisera en cinq sous-parties avec : 1) une présentation
des participants, 2) le recueil des attentes de chacun, 3) une phase de diagnostic et de prise
de température, 4) le témoignage des intervenants et enfin 5) une collecte d’idées.
Les participants se présentent sous la forme d’un portrait chinois. Ils inscrivent ensuite sur un
papier leurs attentes, leurs questions et leurs souhaits.
Sophie LARGEAU
Parmi les attentes des participants, figurent :
 décrire la manière dont se prennent réellement les décisions ;
 rendre visible aux citoyens la prise en compte de leur avis ;
 définir ce qu’est une décision publique, ses processus, ses auteurs et ses enjeux ;
 retour d’expérience sur la formalisation des propositions citoyennes ;
 rôle du technicien de la démocratie participative ;
 comment intégrer la concertation dans un processus de décision déjà complexe ?
 sur quels leviers agir pour rassurer les élus et les services, dans le but de
favoriser la concertation ?
62
 quelle
prenantes ?
méthodologie
adopter
pour
améliorer
l’action
des
différentes
parties
 de quelles sphères de décision s’agit-il ?
 quels outils, supports de prise de parole, suivi et restitution ?
 comment améliorer le travail entre les élus et les citoyens en amont de la prise
de décision ?
 comment redonner à l’élu, qui est le représentant, sa légitimité ?
 comment ne pas décevoir les habitants ayant participé ?
 comment satisfaire le besoin de reconnaissance des habitants ?
 quelle forme de participation est-elle acceptable pour les élus ?
 comment rendre compte du travail des élus ?
Sophie Largeau propose à chaque
participant d’échanger avec son voisin
sur la photo choisie, puis les invite à
l’expliquer au groupe.
De la salle
J’ai choisi une photo de chocolat. En en effet, la concertation, c’est comme le chocolat. Si on
en mange trop, il n’est pas possible de le digérer. Souvent, la concertation connaît une phase
très active pendant trois mois, avant de grandes périodes sans que rien ne se passe. En
outre, il est peut-être nécessaire de mieux choisir les sujets de concertation en fonction de
l’implication que peuvent réellement avoir les citoyens, afin de ne pas faire de déçus. Enfin, il
est nécessaire que tous les services d’une collectivité s’emparent de la démarche.
Sophie LARGEAU
Je vous propose à présent d’écouter les trois intervenants : Didier Guillaume, Vice-président
du Conseil Général du Val de Marne en charge de la démocratie participative et de la vie
associative ; Emmanuelle Gueugneau, de la Communauté urbaine du Grand Lyon ; Julien
Talpin, chercheur en science politique au CNRS.
Didier GUILLAUME
Je souhaite vous parler d’un document d’orientation politique concernant le travail spécifique
que nous menons dans le Val de Marne sur l’eau. 47 communes sont en contact avec l’eau
dans le département. En outre, 75 % des habitants habitent à moins de deux kilomètres de
l’eau. Il était donc important d’élaborer un document sur la politique de l’eau. Une démarche
participative a été adoptée pour la mise en place de ce document. Afin de recueillir des
idées, nous avons offert la possibilité à chaque citoyen, en 2007 dans le cadre du Festival de
l’Eau, d’apporter son point de vue via des « oreilles ». Une synthèse de l’ensemble des
messages a été réalisée. Des ateliers ont ensuite été mis en place sur trois thématiques. Les
techniciens du département ont travaillé en parallèle sur ces questions. Lors du Festival de
l’eau 2008, un retour sur le travail a été réalisé.
Les propositions des citoyens ont permis de réaliser le Plan Bleu Val-de-Marne, qui se décline
en dix orientations et en objectifs. Certaines décisions qui en sont issues sont encore mises
en œuvre aujourd'hui. L’objectif à présent est de travailler avec les habitants pour faire revivre
la Bièvre.
63
Sophie LARGEAU
Il est à noter que l’élu délégué à l’eau a pu prendre connaissance des propositions des
citoyens à travers un jeu de cartes. Ce moyen ludique lui a permis de choisir parmi la
multitude de propositions.
De la salle
Quelles sont les actions qui ont été réalisées par rapport aux propositions qui avaient été
faites ?
Didier GUILLAUME
Les berges de la Seine ont notamment été réaménagées dans un quartier d’une ville, afin
d’être redonnées aux habitants et qu’ils se réapproprient le fleuve.
Emmanuelle GUEUGNEAU
Je souhaite vous présenter une démarche de concertation qui s’est terminée il y a peu sur un
système de traitement des déchets dans la Communauté urbaine du Grand Lyon. Les élus
n’étaient pas très confiants au départ sur cette démarche de concertation, mais ils ont pris
conscience qu’au vu de l’importance du sujet, ne pas prendre le risque de la concertation
faisait courir un risque encore plus grand. Un processus a été mis en œuvre avec d’un côté
les débats politiques et de l’autre un groupe de travail composé d’associations, de citoyens et
d’organismes publics. Des temps d’échange se sont mis en place entre les deux groupes. Ces
passerelles ont permis des ajustements au cours de la démarche, qui a duré moins d’un an.
Les élus n’avaient au départ pas envie d’afficher leurs débats sur la place publique. Mais ils
ont joué le jeu et au final, les mêmes questionnements se sont posés dans les deux groupes.
Sur ce type de dossier, l’incinération pose généralement le plus problème. Mais dans ce cas
précis, les débats se sont politisés et ont davantage porté sur la prévention. La décision été
arrêtée sur un schéma qui n’était pas celui prévu initialement. Les propositions qui en sont
ressorties ont été prises en compte dans la délibération politique, ce qui a permis au conseil
communautaire un débat très riche et un vote à l’unanimité. Au final, le risque pris par les
élus s’est traduit par un énorme succès, aussi bien pour la majorité que pour l’ensemble de
la communauté urbaine. En outre, nous menons une démarche que nous appelons la
pédagogie de la décision. Une instance inter-services au niveau des directeurs a notamment
été créée, visant à présenter les décisions qui ressortent de la concertation, afin de rassurer
les élus en amont et de rendre des comptes aux participants de la démarche de concertation
en aval.
Julien TALPIN
La question du lien à la décision est essentielle pour la démocratie participative. Les
participants ont souvent le sentiment de ne pas être entendus. Comment assurer un lien à la
décision ? Deux canaux principaux existent. La démocratie participative repose en premier lieu
sur des formes de codécision voire de participation directe (budget participatif, référendums
locaux, etc.), qui dépendent de la volonté politique des élus. La question du lien à la décision
est avant tout une question politique. Mais les agents peuvent également jouer un rôle pour
accroître le lien des citoyens à la décision, en ayant recours à la consultation. Celle-ci peut
n’avoir aucun impact. Mais elle peut parfois se traduire par la modification de certaines
décisions. Il est important à cette fin de travailler pour que les avis et les propositions
citoyennes soient le plus précis possibles, afin d’être traduits en propositions politiques très
concrètes. Il est également nécessaire d’intégrer les conséquences décisionnelles des
propositions des citoyens. Offrir un retour précis sur les propositions émises est en outre
64
primordial. Offrir un retour précis sur les propositions émises est en outre primordial. Ce
retour implique de présenter les raisons pour lesquelles certaines propositions citoyennes ne
sont pas prises en compte. Les citoyens sont en effet souvent prêts à entendre que leurs
décisions ne sont pas prises en compte si une justification leur est apportée.
Didier GUILLAUME
Les conséquences d’une décision co-construite ne se mesurent pas au départ. La démarche
que nous avons menée a par exemple permis aux élus de réaffirmer l’importance d’un service
public de l’eau dans le Val-de-Marne. En outre, la démarche ne s’arrête pas aux portes du
service public départemental. Toute la région est entraînée, de même que les entreprises de
l’eau.
Fin du 1er round, entrée de nouveaux participants.
□ □ □
65
Intervenants round 2 :
o Loïc Blondiaux, Professeur des universités au département de science politique de la
Sorbonne (Paris I), chercheur au CESSP et au CRPS ;
o Françoise Daphnis, responsable de l’Observatoire de l’Egalité du Conseil Général du Val
de Marne.
Sophie LARGEAU
Je vous propose de réfléchir à une des finalités de la démocratie participative, à savoir le lien
à la décision, à travers la question suivante : à quelles conditions et comment faire pour que
les avis des citoyens enrichissent réellement les décisions finales ?
Cet atelier se déroule en deux temps. Des idées ont déjà émergé de la première partie.
Les participants se présentent sous la forme d’un portrait chinois. Ils inscrivent ensuite sur un
papier leurs attentes, leurs questions et leurs souhaits.
Sophie LARGEAU
Parmi les attentes et les questions des participants, figurent :
 des retours d’expérience et des témoignages ;
 le rapport avec les élus ;
 la compréhension de la fabrication d’un processus décisionnel ;
 des outils, bonnes pratiques et méthodes pour faciliter une meilleure interaction
avec les élus ;
 dans les processus de consultation, qui prend les décisions finales ?
 quels leviers et quelle visibilité sur le suivi de l’action des services suite à un avis
citoyen ?
 quels outils pour garantir la concrétisation des idées en jeu ?
 pourquoi la démocratie participative ?
 plus qu’enrichir, peser sur la décision ?
 comment identifier l’enrichissement de la participation dans la décision finale ?
 comment faire avec les différences de langage ?
Sophie Largeau propose de « prendre la température » de la démocratie participative selon le
schéma météo suivant : soleil ; soleil et nuages ; couvert et pluie ; orageux. Personne ne se
positionne en faveur du soleil et de l’orage. Les avis sont partagés entre soleil et nuages et
couvert et pluie.
Sophie LARGEAU
Je vous propose à présenter d’écouter les deux intervenants : Loïc Blondiaux, Professeur des
universités au département de science politique de la Sorbonne (Paris I), chercheur au CESSP
et au CRPS ; Françoise Daphnis, responsable de l’Observatoire de l’Egalité du Conseil Général
du Val de Marne.
Loïc BLONDIAUX
Le résultat de cette prise de température est rassurant. La démocratie est nécessairement
quelque chose d’insatisfaisant. Je considère personnellement que la démocratie participative
vise davantage à enrichir plutôt qu’à peser ; enrichir signifie contribuer à l’amélioration de la
décision.
66
La question est-elle soluble ? Elle ne l’est pas. L’équation est en effet impossible : dans un
contexte de démocratie représentative où les élus disposent du pouvoir de décision, il est
absolument nécessaire de démontrer que les procédures de démocratie participative pèsent
dans la décision, afin que les citoyens leur accordent une crédibilité. Or les élus continuent à
penser qu’ils sont les seuls à détenir la légitimité. Ils ont le sentiment d’être les porteurs de
l’intérêt général. Reconnaître le contraire constitue une démarche douloureuse pour eux. Mais
les élus ont compris que la démocratie participative pouvait enrichir. L’acceptation d’une
maîtrise d’usage fait son chemin. Quant à la légitimité de la participation, elle n’est pas
encore reconnue.
Enfin, la lisibilité et la visibilité renvoient à l’une des finalités de la participation à laquelle il
faut être attentif. La participation oblige les élus à justifier leurs décisions. Le suivi et la
restitution de la décision sont impératifs, même s’ils constituent une mise à l’épreuve des
choix effectués par les élus.
Sophie LARGEAU
Merci Loïc. Françoise, peux-tu nous expliquer ce que tu as pu mettre en œuvre pour que les
avis des citoyens recueillis dans l’atelier Egalité Femmes/Hommes enrichissent les décisions ?
En outre, comment as-tu travaillé la question du rendre compte ?
Françoise DAPHNIS
Dès le départ, nous avons formalisé un engagement réciproque entre les citoyens, qui
s’engageaient à participer à l’ensemble de l’atelier et l’élue en charge de l’égalité, qui
s’engageait pour sa part à analyser l’avis et rendre des comptes. Nous avons pu rendre visible
le cheminement de l’avis à travers un blog. Faire que l’avis irrigue la décision finale a été
difficile. J’ai rencontré des difficultés avec les autres élus et Directions du Conseil général,
sachant que l’avis concernait beaucoup de politiques départementales. Un Comité de suivi
mixte de l’avis a été mis en place, après l’exposition par les citoyens de leur avis, en
présence des élus et des représentants des Directions. Nous avons utilisé un certain nombre
d’outils, dont un film retraçant l’atelier citoyen, le blog et toute une série de fiches techniques
se basant sur les propositions.
Au final, le plan d’action voté possède une structure identique à celle de l’avis citoyen, à
savoir deux grandes thématiques et plusieurs sous-thématiques. La restitution a permis de
montrer aux citoyens ce qui avait été réellement pris en compte et ce qui ne l’avait pas été,
en expliquant à chaque fois les raisons. Les citoyens ont très bien compris pourquoi certaines
propositions n’avaient pas été retenues.
Réactions de la salle
- A mon sens, une des conditions de la réussite d’une telle démarche est la mise en
place d’un temps d’échange direct entre les émetteurs de l’avis et les décideurs, à travers un
réel moment d’écoute mutuelle et une ouverture à la délibération en direct de la part des
élus.
- Nous oublions souvent, lorsque nous menons des actions avec les habitants, d’examiner
la manière dont nous travaillons concomitamment avec les élus et les services. Nous
rédigeons nombre de documents qui ne servent à rien car ils ne sont pas partagés. Les outils
doivent être une production collective interne et ne pas être uniquement issus de
professionnels de la démocratie participative.
- Il est très important de fixer dès le départ le niveau de participation des habitants,
notamment dans les conseils de quartier. En cas de consultation, il est nécessaire de fixer
des règles du jeu sur l’avis qu’ils émettront et la restitution.
67
- Nous avons souvent tendance à retenir les avis des personnes qui représentent une
force ou qui s’expriment bien. Or il est nécessaire de veiller à écouter l’ensemble des avis. Il
est en outre primordial de multiplier les supports, sachant que le support écrit n’est pas
satisfaisant. Enfin, il est important d’être présent aux endroits où les gens s’expriment, y
compris dans des temps informels.
- Comment articuler les calendriers techniques et politiques ?
- Je souhaite vous faire part de trois propositions. La décision n’est pas une affaire d’élus
mais de démocratie. Dans ce contexte, il est nécessaire de permettre aux citoyens d’avoir
accès à l’enjeu budgétaire (soit en les associant au débat budgétaire, soit par des budgets
participatifs dans les quartiers). En outre, les espaces où il existe encore des actions à
construire en commun doivent être clairement définis. Enfin, il est important de favoriser
l’appropriation d’une culture démocratique véritable, par la formation des citoyens et des élus.
Sophie LARGEAU
J’aimerais vous poser plusieurs questions : quelle est la place de l’élu dans le dialogue avec
les citoyens ? L’élu est-il un décideur, un animateur ou une courroie de transmission ?
Comment l’élu s’approprie-t-il ce qui se travaille avec les citoyens ?
De la salle
L’élu est également citoyen. Dans les espaces de démocratie participative, il est important qu’il
sache s’il est présent en tant qu’élu ou en tant qu’habitant.
Loïc BLONDIAUX
L’élu est dans une situation d’insécurité fondamentale par rapport à ce type de dispositif. Il se
sent remis en cause dans sa légitimité, dans un pays qui cultive le culte de l’infaillibilité de
l’Etat et de l’élu.
En outre, pour les citoyens qui participent à de telles démarches, il est clair que la décision a
déjà été prise ou sera prise ailleurs. Il faut donc leur démontrer le contraire.
Enfin, si la formation est indispensable, former et informer n’amène pas à croire. Or ce type
d’activité exige un certain niveau de croyance, de la part des élus mais également des
citoyens. Il ne faut pas tout attendre de la formation. Nous avons perdu des compétences
démocratiques : savoir échanger, savoir écouter l’autre, etc. Les apprendre ne suffit pas.
De la salle
Je ne crois pas que l’élu puisse participer à une réunion en tant que citoyen. Pour la
population, il est considéré comme un élu pendant toute la durée de son mandat.
De la salle
Comment organiser ce passage de la stratégie à la preuve ?
Loïc BLONDIAUX
Le processus est très compliqué. Il faut généralement qu’un élu important prenne des risques.
Très peu d’exemples sont disponibles.
Françoise DAPHNIS
Nous avons passé beaucoup de temps avec l’élue à l’égalité avant la concertation. Un travail
entre l’élue à l’égalité et l’élu à la démocratie participative a également eu lieu. L’élue à
68
l’égalité était présente à l’ouverture de l’atelier pour délivrer le mandat, elle a participé au
comité de pilotage de la concertation et a organisé la restitution.
Sophie LARGEAU
Le risque était élevé, car il s’agissait d’un projet transversal.
De la salle
En France, nous ne sommes pas habitués à écouter les gens qui ne partagent pas les mêmes
avis. Or ce sont souvent eux qui apportent le plus dans les réunions.
□ □ □ □
69
4.
Atelier 3 Round 1 et 2. Une charte…et après ?
L’atelier est animé par Sami Kouidri, responsable de la mission démocratique locale de la ville
de Paris, et Yannis Camus de l’association Alter Ego, spécialisée dans le conseil aux
collectivités et l’animation de démarches coopératives.
Premier round
Sami Kouidri
Je suis responsable de la Mission Démocratie Locale de la Ville de Paris. Pour cet atelier, je
serai aidé par la sociologue Margie Bruna, membre de la commission parisienne du débat
public, et par Yannis Camus, auquel je cède la parole.
Yannis Camus
Je travaille pour l’association Alter Ego, spécialisée dans le conseil aux collectivités et
l’animation de démarches coopératives. Je vais vous présenter les outils coopératifs que nous
utilisons. Je vous propose tout d’abord de nous installer en cercle pour inclure tout le monde
et permettre une meilleure fluidité du dialogue. Pour mettre en place ambiance coopérative, je
vous suggère un premier jeu. Je salue un participant en lui serrant la main. Nous échangeons
nos prénoms et notre définition d’une charte. Je continue avec un deuxième participant. Je ne
peux lâcher la main du premier que lorsque j’ai pris la main d’un autre. Vous disposez de
trois minutes pour dire bonjour au maximum de personnes dans la salle.
Le jeu se déroule.
Yannis Camus
Asseyez-vous où vous voulez, sauf à la place où vous étiez assis précédemment. Cela permet
de changer de point de vue et de faire baisser la tension. Il est ainsi plus facile de créer une
ambiance coopérative. Nous allons maintenant jouer à un jeu dangereux. Je vous invite donc
à la prudence. Que tous ceux qui aiment le chocolat se lèvent et changent de place. Le
dernier debout devra se présenter.
Le jeu se déroule.
Yannis Camus
Vous voyez que nous avons transformé le jeu compétitif de la chaise musicale en jeu
coopératif. La personne au centre peut poser une question à tout le monde. Chacun change
de place en passant par le centre du cercle.
Réactions des participant(e)s
- Que ceux qui se souviennent de ce qu’est devenue la charte de l’environnement restent
assis.
- Que tous ceux qui ont déjà participé à l’élaboration d’une charte se lèvent et changent
de place.
- Que tous ceux qui pensent que les groupes d’action municipale n’ont servi à rien se
lèvent et changent de place.
Personne ne bouge.
- Que tous ceux qui rencontrent aujourd'hui des difficultés dans la mise en œuvre de leur
charte changent de place.
70
- Que tous ceux qui pensent qu’une charte doit être un texte court qui pose des valeurs
changent de place.
- Que tous ceux qui pensent que tous les signataires d’une charte doivent la respecter se
lèvent et changent de place.
- Que tous ceux qui pensent qu’une charte fixe les règles du jeu concrètes de la
démocratie sur un territoire se lèvent.
Personne ne bouge.
- Que tous ceux qui connaissent une charte construite avec plus de 10 habitants se
lèvent et changent de place.
- Que tous ceux qui pensent qu’une charte est une tarte à la crème se lèvent et
changent de place.
Personne ne bouge.
- Que tous ceux qui pensent qu’une charte est une patate chaude se lèvent et changent
de place.
Personne ne bouge.
Yannis Camus
Passons au jeu du positionnement. Mettez-vous debout face à moi. Je vais monter sur cette
chaise et vous poser des questions fermées. Ceux qui sont d’accord se placeront à gauche,
ceux qui sont opposés, à droite, et les indécis au milieu, en vous plaçant d’autant plus à
l’écart que vos convictions seront fortes. Lorsque les arguments échangés font évoluer votre
position, vous vous déplacez pour le montrer. Nul ne peut se couper la parole, sauf moi. En
revanche, vous pouvez utiliser des gestes pour manifester votre opposition ou votre adhésion
aux propos.
« Une charte, c’est vraiment nécessaire. »
Réactions des participant(e)s
- Je suis d’accord. Il est nécessaire de disposer d’un document commun, partagé, qui
uniformise la démarche et garantit les valeurs. Peu importe sa désignation.
- Une charte rigidifie le fonctionnement. Elle est élaborée à un instant t : au temps t+1,
elle n’est plus forcément adaptée.
- Si elle est définie d’un commun accord, une charte permet de fixer des règles du jeu
partagées et consensuelles.
- Une charte peut être utile, mais il est possible de s’en passer tout en réalisant un bon
travail de terrain.
Yannis Camus
« Elaborer une charte de manière participative, c’est compliqué. »
Réactions des participant(e)s
- Il est difficile d’élaborer une charte. Sans méthode de travail définie et sans cadre de
référence, le document ne comportera pas de ligne directrice, mais uniquement des
compromis, et il ne servira pas à grand-chose.
- C’est un exercice parmi d’autres dans le domaine de la démocratie participative. La
difficulté consiste à réussir collectivement à prendre des décisions.
- La phase d’élaboration me paraît la plus agréable. Elle permet le débat d’idées et
valorise l’ensemble des suggestions. La phase la plus compliquée est celle de la mise en
place.
71
- C’est un processus d’élaboration complexe qui permet de rassembler toutes les parties
prenantes : habitants, élus, services de la collectivité, intervenants extérieurs, sur un projet
commun.
Sami Kouidri
Il est compliqué d’élaborer une charte de manière participative : l’élu a des attentes précises,
et le fonctionnaire lui doit obéissance. Il lui est donc difficile de se positionner entre sa
conviction et son devoir.
Un participant
Ces difficultés peuvent être surmontées si la charte répond à un principe de clarification des
enjeux et des valeurs. Elle doit être souple, vivante et mobilisatrice. Son élaboration doit être
coopérative et inclure toutes les parties prenantes.
Yannis Camus
Peut-on garantir une mise en œuvre effective de la charte ?
Une participante
Notre rôle ne consiste pas à discipliner les habitants.
Sami Kouidri
Quand une charte est élaborée de manière participative, il est possible de créer des outils
garantissant sa mise en œuvre effective, par exemple un tiers extérieur, ou un comité de suivi.
Réactions des participant(e)s
- Une charte engage sur des valeurs, pas sur des actions. Mesurer son efficacité paraît
donc compliqué.
- Pour moi, garantir la mise en œuvre de la charte est la suite logique de son
élaboration. Il faut y dédier les moyens nécessaires : dans le cas contraire, une charte relève
de l’utopie ou de la démagogie.
- Se doter d’une charte et de structures de suivi de sa mise en œuvre n’implique pas
d’adopter un fonctionnement rigide. Il faut instaurer une obligation de moyens et créer des
garde-fous pour que les valeurs générales de la charte soient respectées.
- Nous respectons tous de nombreuses chartes au jour le jour, sans forcément en avoir
conscience. Une charte n’est pas forcément un outil coercitif : c’est un code, mais qui peut
évoluer.
Yannis Camus
Asseyez-vous à une autre place. Le dernier outil s’appelle le « je prends-je laisse ». Comment
avez-vous vécu cet atelier ? Comme nous fonctionnons sur un mode coopératif, il faut
partager les éléments positifs, ce qui permet de créer du lien. Nous devons aussi partager les
éléments négatifs : les thématiques oubliées, ou les éléments sans intérêt ou contredisant
l’esprit de la démarche. Il s’agit d’éviter que les vraies réunions aient lieu après les réunions. Il
est donc interdit de critiquer cet atelier après son terme, sauf si vous le critiquez maintenant.
Enfin, je vais positionner une bombe virtuelle au centre du cercle, qui explosera si personne
ne prend la parole en trois secondes.
72
Réactions des participant(e)s
- Je souhaitais obtenir des réponses sur le contenu en lui-même d’une charte. Cette
thématique n’a pas vraiment été abordée.
- J’ai apprécié la méthodologie d’animation, mais je me demande comment l’utiliser avec
un groupe d’habitants, sachant que notre groupe n’est pas représentatif, puisqu’il était
constitué de participants motivés.
- La méthode d’animation m’a plu, mais j’ai le sentiment que le jeu a pris plus de place
que le fond. Je n’ai pas entendu assez d’avis.
- La question du format est essentielle. Il faut innover : les réunions trop formelles
étouffent le dialogue. Nous pourrons nous rencontrer ultérieurement pour approfondir les
discussions sur le contenu.
- Ce genre de pratiques peut être mis en place dans des situations très diverses, dans
des formats un peu plus long.
- Cette réunion montre que nous sommes nombreux à nous interroger sur la question de
la démocratie participative et sur l’outil de la charte, même si nous n’y avons pas apporté de
réponse.
□ □ □ □
Second round, changement de groupe.
73
Sami Kouidri
Pour cet atelier, nous avons choisi un format coopératif afin de vivre de manière agréable un
moment d’intelligence collective. Je m’engage à garder un lien avec vous pour vous
transmettre la synthèse de l’atelier et vous permettre d’échanger sur les problématiques non
traitées.
Yannis Camus
La démocratie participative m’intéresse moins que la démocratie coopérative. Pour créer une
ambiance coopérative dans cette salle, il convient d’abord de veiller à la mise en scène en
créant un cercle. Mieux vaut le prévoir de petite taille, quitte à l’agrandir ensuite, afin
d’instaurer une dynamique de progrès. La première étape consiste à se dire bonjour, pour
créer une atmosphère conviviale. Chacun va faire connaissance avec un autre participant en
lui serrant la main et en échangeant avec lui sa définition d’une charte. Il ne pourra lui lâcher
la main que lorsqu’il en serrera une deuxième. Nous disposons de trois minutes pour dire
bonjour au maximum de personnes.
Le jeu se déroule.
Yannis Camus
Il est interdit de reprendre sa place initiale, car symboliquement, la problématique se trouve
au centre du cercle. Chaque acteur a son point de vue. Changer de place permet d’accéder à
des dimensions différentes du problème, de mieux se comprendre et de s’enrichir du partage.
Passons au deuxième jeu. Vous êtes en retard, vous devez vous dépêcher, mais sans vous
toucher. Au top, créez des groupes de quatre.
Une participante
Nous ne sommes que deux.
Yannis Camus
La charte prévoit que vous soyez quatre. C’est le résultat d’un long travail d’experts. Quelles
solutions proposez-vous ? A quoi bon fixer des règles si elles sont évolutives ?
Réactions des participant(e)s
- Les grands principes doivent être fixés, mais les méthodes ou les modalités peuvent
évoluer.
- La charte engage-t-elle ceux qui n’ont pas participé à son élaboration ?
- Le chef de projet doit la faire respecter.
- Il est possible de prévoir un avenant à la charte.
- Nous pouvons aussi rédiger une partie précisant les valeurs et les modalités générales
de fonctionnement, dont pourrait ensuite découler un règlement interne.
- Une charte doit être réalisée avec toutes les parties prenantes afin que chacun y
adhère.
- Les élus souhaitent souvent imposer leurs vues.
Yannis Camus
Que se passe-t-il si les citoyens font des propositions contraires aux intentions des
politiques ?
74
Une participante
Et si les politiques écoutaient les citoyens ?
Yannis Camus
Je vous propose un nouveau jeu. Debout sur cette chaise, je vais vous poser des questions
fermées. Vous vous positionnerez dans l’espace en fonction de votre réponse et de l’intensité
de votre conviction. Chacun explique sa position. Si les arguments des participants font
évoluer votre point de vue, reflétez-le dans l’espace. Il est interdit de s’interrompre. Par contre,
vous pouvez utiliser des gestes codifiés pour exprimer votre accord ou désaccord. Il s’agit
d’un jeu d’influence, qui permet aussi à l’animateur de cadrer le débat en donnant la parole
aux différentes positions.
« La charte, c’est nécessaire dans une démarche participative. »
Réactions des participant(e)s
- Je suis d’accord : elle fournit un cadre et permet de définir des modalités de
fonctionnement.
- Je pense qu’il s’agit d’un élément nécessaire, mais qu’elle doit rester souple et
adaptable à la population concernée.
- Pour moi, une charte est un élément utile, mais pas indispensable à une démarche
participative, et je pense qu’il est difficile de l’adapter dans le temps.
- Il faut définir des règles et des modalités adaptées à chaque temps de concertation,
sans forcément rédiger une charte, qui risquerait de trop rigidifier le fonctionnement.
- Je pense qu’une charte trop contraignante
citoyennes. Elle doit plutôt porter sur des principes.
risque
de
décourager
les
initiatives
Yannis Camus
« Elaborer une charte de manière participative, c’est compliqué ».
Réactions des participant(e)s
- Je suis d’accord. Les techniciens doivent à la fois prendre en compte les besoins des
politiques et les aspirations des citoyens, qui demandent à être consultés et tenus informés
des suites.
- Trop souvent, les chartes viennent d’en haut, supprimant la dimension participative.
- Il est très difficile de mobiliser la population.
- Une charte est participative par essence. Son élaboration est toujours difficile, mais très
intéressante.
- Une charte concertée et coproduite avec les citoyens est plus facilement appropriable.
Si elle est imposée d’en haut, elle devient inopérante et contre-productive.
Yannis Camus
« La charte, heureusement qu’elle est là. »
Réactions des participant(e)s
- La charte n’est qu’un outil. La démocratie participative existe en dehors d’elle.
- Nous ne pouvons pas faire reposer la démocratie participative uniquement sur une
charte. Ce serait se fourvoyer.
- La charte fournit un cadre et une méthode très utile dans le travail quotidien.
- Une charte est utile à condition qu’elle soit respectée.
75
Yannis Camus
« Il est facile de garantir la mise en œuvre effective de la charte. »
Réactions des participant(e)s
- Une charte résulte d’une concertation et correspond à une commande politique. Sa mise
en œuvre devrait être relativement aisée si le principe de participation a été respecté.
- Il arrive que les élus rédigent une charte - sans les citoyens - puis ne la respectent
pas.
- Même si les habitants sont impliqués dans l’élaboration de la charte, les instances
évoluent et intègrent des personnes n’y ayant pas participé. La mise en œuvre est donc
toujours difficile.
Yannis Camus
Je précise que chacun ne peut prendre la parole qu’une fois, pour donner la parole à tous.
Nous allons maintenant expérimenter un outil coopératif d’évaluation : le « je prends-je
laisse ». Dans les réunions classiques, tout n’est pas dit. Dans un mode coopératif, il faut
fixer des règles assez serrées, d’autant plus s’il règne un climat de tension. Ce cadre vise à
sécuriser et peut être assoupli une fois la confiance établie. Il faut dire à la fois le positif et
le négatif. Si vous ne vous exprimez pas ici, interdisez-vous de critiquer la démarche audehors.
Réactions des participant(e)s
- Je retiens que la technique d’animation doit permettre un cadre plus propice à
l’échange.
- L’atelier était intéressant, mais ce genre de technique peut être difficile à utiliser avec
des personnes peu désireuses de se mobiliser ou préférant rester dans l’ombre.
- Ce type de jeux pourrait être utilisé au début des réunions pour créer un climat de
coopération.
- L’interdiction de reprendre la parole permet à chacun d’entendre des arguments plus
divers et d’évoluer plus facilement à la rencontre des positions des autres.
Yannis Camus
J’ai été ravi de partager ce moment avec vous, malgré sa brièveté. Il est toujours intéressant
de voir jusqu’où la démarche coopérative peut être appliquée. Nous avons joué sur la règle
en dépassant l’horaire prévu. Cela étant, une souplesse excessive de la règle finit par peser
sur ceux qui sont chargés d’en garantir l’application.
□ □ □ □
76
5.
Atelier 4 Round 1. Le numérique et la démocratie participative, quel couple ?
L’atelier est animé par Jacques-François MARCHANDISE de la FING. Intervenants :
o Nicolas ANTOINE, Chef de projet à la Ville de Nanterre,
o Alexandre DESROUSSEAUX, Chargé de mission au Conseil régional de la Région NordPas-de-Calais
o Nathalie GIRAUDON, Chargée de communication à la Ville de Nantes.
Jacques-François MARCHANDISE
L’objectif de cet atelier est de réfléchir à vos attentes et questionnements au regard de la
thématique du numérique et de la démocratie participative. Certains d’entre vous ont-ils une
expérience plus avancée en matière de démocratie numérique participative ? Qu’en est-il de
ceux d’entre vous qui souffrent de difficultés importantes en la matière ? La plupart des
participants expriment des attentes fortes en matière de numérique et s’interrogent notamment
sur leur capacité à le rendre accessible à tous.
Nous avons décidé de tirer parti des projets qui ont été présentés lors du petit-déj’
expériences. Je suggère donc de commencer cet atelier par un échange assez court, avant
d’envisager une expression collective des attentes, besoins et craintes concernant le
numérique, la construction d’une telle démarche et les pré-requis qu’elle suppose.
Nicolas ANTOINE
Je suis chef de projet sur la gestion de la relation au citoyen et je conduis en parallèle un
projet de développement des outils web dans le cadre de la démocratie participative.
Il s’agit de replacer cette démarche dans un contexte historique. L’espace démocratique est
un espace de liberté, dont l’expression doit différer de l’expression politique. Depuis la
première loi de liberté de la presse de 1881, la presse est devenue le quatrième pouvoir.
Mais cette liberté tend à se fragmenter. Le journalisme est une démarche commerciale
tournée vers le profit. Dans ce magma d’information, la presse, dans son rôle de réflexion et
de fond, a perdu sa place par rapport aux effets de buzz. Certains hommes politiques
privilégient d’ailleurs ces effets. Pour que la démocratie reste un espace de publicité, la
constitution d’un cinquième pouvoir est devenue inévitable et repose sur l’émergence de la
démocratie participative numérique. Il existe désormais une critique civile de l’institution via de
nouveaux moyens de communication technologique. Le citoyen est totalement libre, et cette
liberté s’exerce d’ailleurs pour le meilleur et pour le pire. En particulier, les jeunes participent
via les outils numériques (Facebook, Youtube), même si le champ politique reste en marge de
ces outils. La volonté existe, mais elle ne se réalise pas. Par ailleurs, l’évolution de
l’administration doit être prise en compte, car elle tend à se saisir de cette tendance.
L’administration devient de plus en plus participative, voire délibérative. Il n’y a plus de
décision sans débat. Enfin, la loi tend à imposer de plus en plus la consultation de
l’administration, ce que confirme le Conseil d’Etat, via la mise en place obligatoire de
systèmes de participation numériques. Il convient donc de trouver des réponses rapidement.
Il émerge donc trois questions : qu’apporte le numérique en général et une application
numérique en particulier ? Comment le numérique s’inscrit-il dans les autres formes de
participation ? Qui s’empare de l’outil numérique (l’institutionnel, le civil…) ?
Le projet Agora est basé sur ces différents questionnements et a abouti à la conclusion selon
laquelle la principale problématique porte sur le retour dont bénéficie le citoyen qui joue le
jeu de la démocratie participative. Il a donc été décidé d’instituer un forum électronique à
destination des élus, avec des outils permettant une analyse des différentes interventions. Le
citoyen peut ainsi suivre l’évolution du projet et l’intégration de ses propres préoccupations. Il
possède la garantie d’avoir connaissance de la prise en compte ou non de ces propositions.
77
Faïza OMAR
Comment se manifeste cette garantie ?
Nicolas ANTOINE
Cette garantie se manifeste dans les outils que sont la médiation et la modération dans
l’utilisation des outils. Un tiers de confiance intervient dans le cadre de la consultation des
citoyens, via notamment la CNDP. Qui peut devenir tiers de confiance ? Des partenariats
peuvent être mis en place avec la CNDP ou avec le tissu associatif local.
Jacques-François MARCHANDISE
Les questions portent aussi bien sur les publics (éviter les exclusions, intégrer les publics
isolés, ne pas se focaliser sur les seuls geeks). Les doutes se focalisent essentiellement sur
les vertus démocratiques des outils numériques. Les problématiques d’enclavement social ou
territorial sont également mises en exergue. Enfin, les outils nécessaires et le kit de base
interrogent les participants, ainsi que le lien entre ces outils et les systèmes d’information. Les
coûts suscitent également des interrogations, brossant ainsi un tableau assez large
d’inquiétudes et de questions plus concrètes.
Alexandre DESROUSSEAUX
Le projet territorial mis en œuvre dans la région Nord accompagne cinq territoires pilotes,
avec la mise en place d’un site pour capitaliser les expériences. Sur la base des tendances
constatées, des besoins ont été mis en évidence, ainsi que des outils plus ou moins efficaces
en matière de démocratie participative. Il convient alors de solliciter un prestataire extérieur
pour mettre en place les outils idoines, puis réaliser la démarche de démocratie participative.
37 territoires ont ainsi été accompagnés, dont 15 à 16 ont sollicité des subventions. Deux
territoires supplémentaires ont mené à bien leur projet. L’essentiel reste de systématiquement
se baser sur un acteur de la démocratie participative, et non se limiter à une intervention
d’un communicant.
En effet, Internet peut être considéré comme dangereux par de nombreux acteurs de la
démocratie participative, ce dont il a résulté une forme de désengagement. Il ne faut pas
hésiter à les former, car ce sont ces acteurs qui doivent piloter le projet.
S’agissant des publics visés, seuls 80 % des Français ont certes accès à internet, mais
organiser des réunions entre 17 et 19 heures contribue également à exclure des publics. Les
jeunes utilisent les sites web, mais l’on peut surtout séduire des jeunes actifs ou des femmes
au foyer. Quant aux outils, ils sont nombreux, imaginatifs, mais la question porte surtout sur
leur utilisation. Le processus participatif doit d’abord être mis en œuvre, et c’est seulement in
fine que l’on doit s’intéresser à l’outil. Il s’agit de facto de se baser sur les objectifs du débat
participatif. En l’occurrence, les forums internet ne sont pas idéaux.
Nathalie GIRAUDON
Il ne faut pas prendre la décision de mettre en place un blog sans avoir au préalable défini
les objectifs. A Nantes, l’outil extranet a été relancé avant que les résultats du conseil de
quartier ne soient définitivement connus.
Alexandre DESROUSSEAUX
Effectivement.
Jacques-François MARCHANDISE
78
Sur le plan concret, qu’en est-il des difficultés que vous rencontrez ou redoutez dans votre
travail quotidien ?
Jean-Marc THIAUX, Saint-Herblain
En qualité de chargé de la problématique
peinons à les faire vivre, à les dynamiser
Par ailleurs, les élus ne contribuent pas
animent pas. L’outil Wiki Patrimoine permet
quartier, mais il est complexe à utiliser.
de l’accessibilité, nous disposons des outils, mais
et à permettre aux citoyens de se les approprier.
à apporter des éléments collaboratifs et ne les
à chacun d’accompagner l’histoire et la vie de son
Jacques-François MARCHANDISE
Comment faire vivre de tels outils ? Comment assurer l’émergence d’une réelle participation ?
Nathalie GIRAUDON
Nous nous interrogeons pour notre part sur les profils de poste. L’administration se focalise
ainsi sur un community manager, mais de mon point de vue, il s’agit surtout de clarifier ces
nouveaux postes relevant de l’animation numérique, mais aussi de nouveaux métiers.
Jacques-François MARCHANDISE
La question de la nature du métier d’animateur numérique est effectivement posée. Derrière
cette question se profile la nécessité de s’interroger sur la caractéristique numérique de ces
métiers.
Alexandre DESROUSSEAUX
Dans le principe, le numérique s’inscrit dans le prolongement du métier des animateurs, mais
en pratique, une formation est a minima nécessaire. Cette communauté de métiers doit
intégrer de nouveaux métiers, qui peuvent cependant induire un gain de temps.
Nicolas ANTOINE
Il faut s’interroger sur le lien entre l’administration et les élus, et savoir qui joue le rôle de
moteur. Qu’en est-il de l’indépendance du modérateur vis-à-vis du pouvoir politique ?
Jacques-François MARCHANDISE
L’approche de Nanterre est en l’occurrence différente, puisqu’elle considère que les outils web
doivent intégrer l’aspect participatif.
Nicolas ANTOINE
Des sites ponctuels de participation sont régulièrement mis en place, mais en dépit de
l’événementiel mis en place, il est difficile de faire participer le public. Par ailleurs, la
démarche de modération pose parfois problème, car elle s’inscrit trop souvent dans une
proximité excessive avec le pouvoir politique.
Alexandre DESROUSSEAUX
Je constate que la plupart des expériences que j’accompagne consistent en la création d’un
tiers espace, et non dans le prolongement du site de la collectivité. En effet, que faire en cas
de propos diffamatoires ? Cette démarche contribue à légitimer la modération.
Nathalie GIRAUDON
79
Nous avons constaté que le dispositif ne fonctionne pas toujours, puisque nous avons créé un
espace extranet contributif à destination des élus, qui n’a cependant suscité aucune
contribution après six mois de fonctionnement. Quid de l’apport du numérique pour faciliter la
participation ?
Alexandre DESROUSSEAUX
Il convient de remplir plusieurs conditions, dont l’accessibilité, la simplicité des outils,
l’association avec une réunion publique et l’accompagnement des acteurs. Ce n’est certes pas
un nouveau métier, dans la mesure où les compétences existent.
Stéphane LENFANT, Rennes
Je nourris le sentiment que cette démarche participative ne peut fonctionner que sur un
projet précis. Quels outils permanents peut-on mettre en place ?
Alexandre DESROUSSEAUX
Par exemple, la mise en ligne d’un outil formulaire d’avis.
Jacques-François MARCHANDISE
La problématique des identifiants peut être évoquée dans le cadre de la mise en place d’un
outil numérique, mais la gestion du pseudonymat peut expliquer le fait que les outils extranet
soient privilégiés. Dans la plupart des projets présentés, il apparaît que la gestion du temps
suscite souvent un vif débat. Il en ressort la nécessité de s’appuyer sur une famille d’outils, et
non sur un outil seul, dans le cadre de la démocratie participative numérique.
Didier BAZIN, Côtes d’Armor
Une collectivité départementale rencontre également le souci de la démocratie participative en
interne, mais ce n’est pas pour autant que les différents acteurs participent davantage.
Maroin KHAIR, Blois
Je me demande si le questionnaire n’est pas plus intéressant pour le public qu’un forum. Ce
dernier ne répond que rarement à la question posée. Je tends donc à préférer l’utilisation des
questionnaires.
Alexandre DESROUSSEAUX
Je suis d’accord : le forum n’est pas un bon outil, alors que le questionnaire reste
essentiellement une démarche individuelle. Il n’existe de facto pas réellement de bons outils.
Lisa BRIEL, Feyzin
Nous avons mis en place un comité de gestion des conseils de quartier. Or l’introduction de
l’outil numérique a finalement eu tendance à éloigner les élus de leurs conseils de quartier,
ce qui n’était pas le but recherché.
Jacques-François MARCHANDISE
Il résulte de ces échanges que le numérique ne possède pas de vertu intrinsèque.
□ □ □ □
80
6.
Atelier 4 Round 2. Démocratie numérique : outils et inclusion.
Cet atelier est animé par Fabienne GUIBE et Armel LE COZ de la FING. Intervenants :
o Damien MONNERIE, Président de l’association ICI,
o Alexandre DESROUSSEAUX, Chargé de mission au Conseil régional de la Région NordPas-de-Calais
o Jacques-François MARCHANDISE de la FING.
Fabienne GUIBE
A l’heure actuelle, 2 à 3 % de la population a accès à la démocratie participative, ce qui
induit qu’une grande majorité n’y a pas accès.
Alexandre DESROUSSEAUX
Le premier round a porté le questionnement suscité par l’outil internet, qui se concentrait
notamment sur l’accessibilité d’internet, sur les outils disponibles, sur la démarche à privilégier
et sur les méthodes pour assurer le succès du processus participatif. In fine, il apparaît
nécessaire de se focaliser sur les objectifs à atteindre, avant d’envisager les outils à
privilégier. Trop souvent, ce sont les informaticiens et les communicants qui prennent la main,
aux dépends des acteurs de la démocratie participative.
Jacques-François MARCHANDISE
Cinq familles de contribution ont été mises en évidences :

les outils de la démocratie participative versus les outils du numérique et leur mise en
place ;

l’émergence des nouveaux métiers du numérique et de cultures différentes ;

les relations à l’administration, aux élus et à la modération ;

la mise en place d’outils génériques communs (identification des participants, gestion de la
ligne de temps, favoriser les micro-contributions) ;

l’existence de court-circuit numériques, induisant des risques d’exclusion.
81
Armel LE COZ
Nous allons vous demander de travailler sur le sujet du numérique. Dans un premier temps,
nous allons réaliser un focus sur la boîte démocratique (www.boite-democratic.fr) et la
confronter à vos expériences, dans un souci d’échanger sur les bonnes pratiques. Cela doit
vous inspirer pour choisir de bons exemples, aussi bien en France qu’à l’international. La
question des usages et de la combinaison des outils pour répondre à un contexte particulier
se pose en effet souvent. Le numérique peut être utilisé dans un but de consultation, de
veille ou de retour. Il en résulte l’importance de la conception de l’outil, pour faciliter sa mise
en place et sa combinaison avec d’autres outils
Damien MONNERIE
A Amiens-Métropole, nous avons développé l’outil www.participons.fr. L’objectif de la
concertation se focalisait sur les transports en commun et sur la validation d’une dizaine
d’axes stratégiques importants. Nous avons entrepris un vote coloré. Les citoyens ont voté et
reformulé des affirmations.
Les dix affirmations reflétaient les dix axes stratégiques envisagés par la collectivité. La
première exigence était d’éviter de recenser les mêmes commentaires sur le site que sur le
Courrier Picard. Dans cette perspective, il était proposé de voter avant de formuler d’éventuels
commentaires et affirmations dans le site. La première phase du vote ne nécessitait pas
d’inscription, contrairement à la contribution écrite, qui devait être nominative, afin d’assurer
une démarche de modération. Ce dispositif nécessitait peu d’animation et était prévu pour un
temps restreint. Les affirmations étaient ainsi limitées à 255 caractères maximum, dans un
souci d’efficacité et de simplicité.
L’outil était ouvert à l’ensemble du grand public. Facebook et Twitter ont été utilisés pour
communiquer sur cet outil et la collectivité d’Amiens a distribué des flyers. Le territoire
englobe environ 130 000 habitants. Au final, 460 personnes ont participé à cette démarche.
Le sujet concernait les transports et les réseaux de bus. L’outil utilisé était donc
www.participons.fr, site sur lequel a été intégrée notre technologie URL, et ce dans une totale
transparence.
Nous avons décomposé la démarche en deux étapes. Dans l’onglet projet, une page pouvait
être ouverte sur www.participons.fr. Un menu était proposé, avec les dix affirmations évoquées
précédemment, les votes disponibles et un espace permettant de rédiger une affirmation qui
était publiée. La page présentait également une frise chronologique, une charte et un onglet
explicatif, le site étant en consultation libre.
Fabienne GUIBE
Une démarche similaire a été entreprise sur Nantes, afin de réduire le temps nécessaire à
l’organisation des réunions présentielles. Une charte a ainsi pu être rédigée en trois mois.
L’enjeu du lien entre le physique et le virtuel devient fondamental pour les agents de
collectivité animant la démocratie participative. Cela suppose des démarches de formation et
de montée en compétence. Je vous propose de nous présenter des projets que vous avez
menés ou que vous souhaitez mener dans le domaine du numérique et d’évoquer ainsi vos
freins et vos réussites, afin d’en retirer un retour qualitatif.
Nicolas ANTOINE
82
A Nanterre, nous avons mis en œuvre plusieurs expériences en matière de démocratie
participative. Elles sont très ponctuelles et se fondent notamment sur les outils numériques :
Assises de la Ville dans le domaine de l’écologie ; bilan du mandat… Le problème de la
participation sur ces sites se pose néanmoins, car elle reste peu développée, et nous
recherchons d’autres outils ou méthodologies pour faire participer les citoyens.
Damien MONNERIE
Notre association explique la méthodologie mise en place, car il existe une déperdition des
collectivités dans l’utilisation des e-mails. Comment gérer et optimiser les e-mails disponibles ?
Il faut savoir ce qui intéresse le titulaire de l’e-mail, car sinon le risque est de désintéresser
la personne. Il convient au contraire de privilégier des sujets précis et de développer une
méthodologie pour catégoriser les citoyens en fonction de leurs centres d’intérêt, et de
réaliser des tests dans cette perspective si besoin.
Fabienne GUIBE
Dans votre quotidien, ces problématiques se posent-elles ?
Leila MELAZ, Gennevilliers
Je suis en charge du développement local dans le quartier des Grésillons. J’ai une vision du
quartier s’agissant de la communication avec les habitants. Il en ressort que les habitants
communiquent très peu par mail. Il est alors nécessaire de rédiger des courriers. Quant à la
multiplication des informations, les citoyens reçoivent la même information de différents
services ou des informations qui ne leur sont pas destinées. En conséquence, ils croulent sous
le poids des informations. Mon objectif est donc de mieux cibler les citoyens en fonction de
leurs intérêts lorsque j’en ai connaissance.
Fabienne GUIBE
A Gennevilliers, le Maire porte cette démarche de démocratie participative. Comment est-elle
gérée au niveau transversal au sein de la Mairie ?
Leila MELAZ
Il faut aussi évoquer le rôle de la seconde adjointe. En tout état de cause, le service de la
démocratie participative n’est pas un acteur majeur et ne peut donc pas s’appuyer sur une
vision globale des services, laquelle relèverait plutôt du service de la communication.
Matthieu PILLARD
Je travaille au sein de la collectivité de Villeurbanne. En termes de communication, ma
principale préoccupation, disposant d’un listing de 900 adresses mail, est d’être sollicité par
d’autres services, notamment par le service de communication, et par certains habitants. Or
ce n’est pas mon rôle. Par ailleurs, les gens chargés d’animer la démocratie participative me
demandent de plus en plus de revenir au papier.
Damien MONNERIE
L’idéal serait de savoir qui préfère recevoir les informations par mail et qui privilégie l’outil
papier.
Fabienne GUIBE
Il est vrai que parallèlement, de plus en plus de gens utilisent le Smartphone ou Facebook. Il
est donc intéressant de savoir si les demandes varient selon les services ou selon les publics.
83
Matthieu PILLARD
Certains services ne disposent pas de listing établi, et ont choisi d’utiliser l’outil Facebook. Or
cette démarche n’a pas réellement généré de contenu exploitable.
Leila MELAZ
Nous nous interrogeons également sur la mise en place d’une plate-forme d’échanges pour
informer les citoyens sur les dates de réunion et permettre aux gens de réagir. Or un citoyen
a créé un outil similaire.
Damien MONNERIE
S’agit-il d’élargir le champ de l’information ?
Leila MELAZ
Oui, mais aussi de l’enrichir. Cette démarche vise notamment les jeunes et de favoriser
l’émergence de commentaires, notamment de la part d’un public qui n’a pas le temps de
participer aux réunions physiques. Toutefois, il faut prendre en considération la peur de l’élu
concernant la modération.
Fabienne GUIBE
Malheureusement, de tels outils ne déchaînent pas l’enthousiasme des citoyens. Il faut en
avoir conscience.
Leila MELAS
La question est également de savoir qui est chargé de l’animation d’un tel outil.
Matthieu AUFORT, Rennes
Les services de la Mairie s’échangent des informations au sujet des conseils de quartier et les
transmettent aux habitants, mais cette démarche suscite fréquemment un retour hostile des
habitants concernés. Il faut savoir quels sont les citoyens qui préfèrent l’information papier et
ceux qui privilégient l’information numérique.
Fabienne GUIBE
Un système de filtre pourrait être institué.
Marie-Hélène NOUGAREDE
Il est prévu la révision du PLU au cours du premier semestre 2012. Nous souhaitons en
informer et sensibiliser les membres des conseils de quartier, soit 150 personnes. Comment
enrichir une telle démarche via internet ? Faut-il prévoir une reformulation ou un vote ?
Comment solliciter l’avis des citoyens ? S’agissant d’un enjeu aussi important, la reformulation
me semble hasardeuse, de même que le fait de demander un avis de trois lignes.
Vanessa MAURIN, Ville de Paris
Il y a deux ans, nous avons mis en débat la Charte parisienne de la participation sur
www.paris.fr. Des réunions présentielles ont été organisées, ainsi qu’un forum pour les élus.
Nous n’avons pas atteint un taux de participation phénoménal, mais les retours enregistrés
ont permis la réalisation de la charte, grâce à la reformulation des thématiques envisagées.
84
Fabienne GUIBE
Il serait intéressant de s’appuyer sur un retour d’expérience en la matière. A titre d’exemple,
les associations mettent en débat une thématique à leur niveau, puis intègre le contenu de
ces débats sur une plate-forme.
Damien MONNERIE
C’est aussi aux 150 personnes sollicitées d’exprimer leurs propres attentes et suggestions.
Matthieu AUFORT
En fonction de l’urgence de la concertation, certains outils peuvent être plus ou moins
adaptés.
Armel LE COZ
Les outils numériques doivent être utilisés selon le même protocole afin de favoriser
l’émergence d’une prise d’habitude. Quant à la gestion du temps, elle varie en fonction du
sujet traité.
Fabienne GUIBE
Il est fondamental de bien intégrer la temporalité au niveau du citoyen. Le temps de
l’administration et le temps de l’élu interviennent dans un second temps.
Damien MONNERIE
En conclusion, la phase de réflexion a nécessité six mois de travail. Ce temps de conception
est incompressible, et ce quelle que soit l’urgence de la concertation.
□ □ □ □
85
7.
Atelier 5 Round 1 et 2. Les démarches participatives : quel équilibre entre
cadrage et flexibilité ?
Le round 1 est animé par Judith FERRANDO Y PUIG, sociologue et consultante à Missions
Publiques. Intervenants :
o Clémence BEDU, cheffe de projet au Conseil général du Val-de-Marne
o Christophe Beurois, consultant à Médiation et Environnement.
Judith FERRANDO Y PUIG
Qui parmi vous travaille dans une commune, dans une intercommunalité, dans un
département, dans une région, dans une association, ou dans une société ? Qui est
étudiant ?
Les personnes concernées lèvent la main à tour de rôle.
Qui dispose d’un référentiel commun dans sa collectivité, tel qu’une charte ou un guide de
méthodologie ?
De la salle
Nous disposons d’une charte des conseils consultatifs de quartier.
Clémence BEDU
Une charte de la participation existe au Conseil Général du Val-de-Marne.
De la salle
Les délibérations peuvent également remplir ce rôle de cadrage.
Paul Cloutour, Chargé de mission à Nantes Métropole
La ville de Nantes dispose d’une charte et d’un guide méthodologique, mais l’intercommunalité
ne bénéficie d’aucun cadre, afin d’éviter toute ingérence entre les 24 communes.
De la salle
Le conseil de développement dispose d’un règlement intérieur.
Judith FERRANDO Y PUIG
Quel est le niveau d’usage de ces documents ?
86
Réactions de la salle
- Il est généralement peu connu des services en interne, mais reste fortement utilisé par
les habitants.
- C’est l’inverse à Nantes. Les services s’en servent, mais les habitants n’en connaissent
que peu l’existence.
- Ce document constitue un cadre symbolique de référence au Conseil Général du Val-deMarne.
- Une démarche participative a-t-elle été observée lors de l’élaboration de ces chartes ?
- Le document existait déjà au Conseil de Développement. Nous avons procédé à un
travail d’autoévaluation, et le document a été validé par le Conseil puis par l’Assemblée
Plénière.
- La charte des conseils de quartier résulte d’une démarche participative.
- Ce travail de formalisation de la démarche participative est en cours à Bruz. Nous
avons eu recours aux évaluations que nous menions déjà auprès des habitants. Nous
soumettrons dès demain aux Bruzois les principes généraux ainsi déterminés.
- Notre charte a été coproduite par les habitants et par les élus à Grenoble.
Judith FERRANDO Y PUIG
Je note un véritable paradoxe dans la démocratie participative. Il est nécessaire de fixer des
règles pour encadrer la spontanéité de la production collective.
De la salle
Il pourrait être intéressant de comparer l’efficacité d’une charte élaborée par les habitants
avec celle d’un texte qui leur serait exogène.
De la salle
Notre charte a été co-construite, mais son efficacité reste relative.
Judith FERRANDO Y PUIG
Je vous propose d’identifier les points forts et les points faibles des procédures de sur
mesure et de cadrage.
Les participants inscrivent les avantages et les inconvénients des deux approches sur un
tableau.
Judith FERRANDO Y PUIG
Vous avez souligné que le cadrage permet de savoir jusqu’où la démocratie participative peut
être effective.
De la salle
Le cadrage délimite la marge de manœuvre des habitants et le lien à la décision.
Judith FERRANDO Y PUIG
Le cadrage apporterait également plus de visibilité sur les objectifs et sur les moyens
accordés aux habitants, et garantirait une plus-value technicienne.
De la salle
87
Un cadre permet de déterminer à l’avance les horaires de réunion et les temps de parole.
Christophe BEUROIS
La problématique du cadrage diffère selon qu’elle est traitée sous l’angle du processus ou des
outils constituant le processus. Un système démocratique nécessite la définition de règles du
jeu, et le sur-mesure constitue à mon sens une marge de manœuvre.
De la salle
Une approche en sur-mesure n’implique cependant pas nécessairement qu’aucune règle n’est
définie.
Judith FERRANDO Y PUIG
Vous avez souligné que le cadrage risquait de rigidifier le niveau de participation et de
parvenir à une situation de « formatage technocratique ».
Le sur-mesure permettrait selon vous d’apporter des réponses adaptées aux projets, de
respecter l’emploi du temps des habitants, et de prendre en compte les spécificités
territoriales. Le sur-mesure favoriserait aussi la créativité. Le risque réside cependant dans
l’instrumentalisation du dispositif par les élus, par les services ou par les habitants.
Clémence BEDU
Je me réfère régulièrement à la Charte de la participation du Conseil Général, mais je dois la
relire fréquemment pour m’en imprégner.
Cette charte est structurée en un préambule et en trois chapitres. Le premier chapitre est
consacré à la définition des conditions d’une participation utile, le deuxième chapitre traite
des conditions de réussite de la démocratie participative, et le troisième chapitre revient sur
le principe de publicité des résultats de la participation.
Judith FERRANDO Y PUIG
Cette charte est donc très ouverte.
De la salle
Ce texte confond les problématiques de processus et d’outillage. Il ne se positionne pas sur la
plus-value démocratique recherchée.
De la salle
Une charte peut-elle compenser la baisse de civilité des habitants qui ne vont plus voter ?
Judith FERRANDO Y PUIG
Il faut en premier lieu s’interroger sur l’existence d’une corrélation entre ces deux phénomènes.
Je vous propose de vous répartir en quatre sous-groupes, afin de mener une réflexion sur les
deux questions suivantes :

Qu’est ce qui doit être cadré, et pourquoi ?

Qu’est ce qui doit être flexible, et pourquoi ?
Les participants travaillent en sous-groupes.
88
Judith FERRANDO Y PUIG
Le premier groupe considère que le cadre global garantit une plus grande compréhension des
citoyens, mais qu’il ne doit pas exclure l’existence de règles spécifiques aux projets. Un cadre
formel peut être construit en dialogue avec les utilisateurs. Ce groupe a également proposé
que chaque collectivité dispose d’un observatoire s’assurant du respect des règles du jeu.
Le deuxième groupe a souligné que le cadrage est obligatoire de fait lorsqu’il répond aux
exigences règlementaires. Il vise à mettre en ligne les objectifs et les finalités des processus,
et permet de construire des processus plus souples.
Pour le troisième groupe, les obligations légales, les objectifs et les critères d’évaluation
doivent être cadrés. Il faut cependant rester flexible dans certains domaines.
Le quatrième groupe a estimé que la commande politique devait être suffisamment précise en
termes de niveau de participation et de finalités. Le cadre formel doit cependant s’adapter au
projet de démocratie participative.
□ □ □ □
Deuxième round, changement de groupe.
89
Le second round de l’atelier est animé par Sandra RATAUD, Directrice de la Mission Dialogue
Citoyen de la Ville de Nantes.
Sandra RATAUD
La question du cadrage ou de la flexibilité de la démarche de participation constitue un sujet
de controverse. Il faut cependant déterminer si nous évoquons des notions d’outil, de
méthode, de procédure, de processus ou de logistique.
Qui parmi vous considère qu’il travaille dans un environnement cadré ?
Les personnes concernées lèvent la main.
Réactions de la salle
- Nous disposons d’une procédure d’avis sur l’ordre du jour dans le conseil de quartier
où je travaille.
- La flexibilité constitue notre cadre. Nous n’avons donc pas adopté de charte dans les
deux conseils de quartier que je gère.
- Une charte existe dans ma collectivité d’Argenteuil. Le cadrage permet également
d’accéder à une certaine flexibilité, en fixant les règles du jeu.
- Le Conseil Général du Gard dispose d’une charte construite par les citoyens. Elle se
prononce sur des sujets d’éthique. Un guide de méthodologie a été élaboré à destination des
directions.
- Les élus signent un mandat à Amiens. Ce document définit les objectifs et les marges
de manœuvre pour chaque projet.
Christophe BEUROIS
Le cadre politique constitue une première base pour identifier les finalités de la démocratie
participative et les règles du jeu. Les élus doivent s’engager à tenir compte des propositions
des citoyens. Ils doivent notamment justifier leur décision de ne pas suivre ces pistes, le cas
échéant. Des cadres plus techniques peuvent porter sur les modalités d’engagement de la
démarche participative, afin d’écarter les projets excessivement théoriques. Il est également
nécessaire de déterminer à qui s’adresse le cadre. Le dispositif de démocratie participative
peut viser une communauté spécifique, ou être élargi à l’ensemble d’une population. Le cadre
doit en dernier lieu garantir la qualité du débat.
De la salle
Le cadre de la démocratie participative s’identifie en priorité dans la démocratie
représentative. Ses limites résident donc dans les élus désignés sur la base d’un programme.
Les citoyens ne peuvent pas prendre la place des élus.
90
Les réunions publiques de mon conseil de quartier accueillaient plus de 200 participants
lorsqu’elles portaient sur la mise en place de la démocratie participative. Les habitants ne
viennent désormais qu’en fonction de projets précis.
De la salle
Il faut déterminer si le cadre n’intègre que les saisines, ou s’il inclut également les auto
saisines. Le cadre peut également être proposé aux services. Ceux-ci n’ont pas à l’heure
actuelle l’obligation de s’interroger sur la place de la concertation dans leur action. Je déplore
que ce réflexe ne soit pas systématique.
Judith FERRANDO Y PUIG
Les chartes sont des documents très pauvres au regard des débats qui les ont nourris. Il est
nécessaire de s’interroger sur les raisons présidant à la mise en œuvre d’une démarche
participative. Les élus ignorent régulièrement ce point en toute bonne foi. La plus-value des
citoyens doit impérativement être identifiée. L’engagement de l’exécutif en la matière est
essentiel pour parvenir à une nécessaire transparence. Cette problématique relève à mon sens
du courage politique. Le cadre de chaque processus doit également être défini. La démocratie
participative ne doit pas viser à agréger les points de vue, mais à composer une nouvelle
construction collective.
De la salle
Certaines démarches relèvent effectivement parfois de « figures imposées ». Leur apport n’est
pas clairement défini. L’organisation des débats des habitants doit également être encadrée. Il
est également nécessaire que le dispositif de participation et le cadre soient identifiés
clairement.
Sandra RATAUD
La Société Française de l’Evaluation a structuré un process pour déterminer ce que doit être
une évaluation à visée démocratique. Ce protocole permet aux acteurs de situer leur action
par rapport à un référentiel national.
Existe-t-il selon vous un référentiel de processus de démarche participative ?
De la salle
Il est essentiel de professionnaliser cette démarche, afin de la distinguer des simples réunions
de groupes d’usagers. Je souhaite donc que nous nous appuyions sur des définitions précises.
L’organisation des réunions de démocratie participative doit être encadrée afin de ne pas
constituer une démarche démagogique et vide de sens. Je ressens le besoin d’expliquer à
mes collègues et aux citoyens ce que nous faisons précisément.
De la salle
Je partage cet avis. Nous avons besoin d’une définition claire de l’information, de la
consultation, de la co-construction et de la concertation. Ces sujets devraient être fixés au
niveau national.
Sandra RATAUD
Il serait donc aidant de disposer d’un référentiel national.
De la salle
91
La démocratie participative et la concertation recouvrent deux notions différentes.
Sandra RATAUD
Je n’ai pas ce ressenti, mais nous avons retenu le terme de dialogue citoyen à Nantes.
Réactions de la salle
- Je suis très étonné du titre donné à ce séminaire. Le terme de démocratie participative
n’existe plus selon moi depuis la défaite de Ségolène Royal en 2007.
- Le ministère du Développement durable a proposé des définitions de l’information ou de
la concertation.
- Elles ne me paraissent plus opérantes.
- J’estime par ailleurs que les référentiels ne doivent pas être nationaux mais
internationaux. Je pense notamment au guide méthodologique d’évaluation des processus
participatifs développé avec l’université de Barcelone. Cet outil peut être employé en amont
pour définir la construction d’une démarche participative.
Judith FERRANDO Y PUIG
Les chercheurs emploient régulièrement le vocable de démocratie délibérative, et le terme de
dialogue civil est retenu au niveau européen. Il faut cependant se demander si l’enjeu est
d’identifier un référentiel commun, ou de mener des négociations sur le référentiel local.
La notion de démocratie participative n’apparait que peu dans le programme du Parti
Socialiste, mais elle reste très vivante au périmètre local. Je ne pense pas que les élus
fassent preuve de démagogie sur ce sujet, mais plutôt d’impensé.
De la salle
La définition évolue fortement selon les sources. Le baromètre de la concertation définit la
démocratie participative comme « la mise en place de réunions, d’ateliers citoyens, de forums
sur internet ou de questionnaires permettant notamment de demander l’avis des citoyens
avant une prise de décision par les élus ».
De la salle
J’estime que cette définition déresponsabilise les habitants, qui sont consultés mais qui ne
participent jamais à des concertations.
Judith FERRANDO Y PUIG
Cette situation résulte d’un déficit de cadrage politique et méthodologique.
De la salle
La municipalité de Caen a changé lors des dernières élections, et le rôle des conseils de
quartier a été réévalué. Les collectivités doivent s’organiser pour répondre aux demandes des
citoyens, et pour leur proposer des instances dans lesquelles ils peuvent s’exprimer.
Sandra RATAUD
La loi de 2002 nous incite à associer le sujet des conseils de quartiers aux instances, et non
à la qualité des sujets traités.
De la salle
Il est impératif de procéder à un changement de culture dans tous les services.
92
Sandra RATAUD
L’énergie mobilisée par les villes pour faire fonctionner les conseils de quartier devrait
davantage être consacrée à la thématique de la concertation.
Réactions de la salle
- La question fondamentale est pour moi celle de la marge de manœuvre des citoyens.
- Il faut également gérer les problématiques de proximité dans la démocratie participative.
L’objet de la démocratie de proximité est très différent de celui de la démocratie participative
à mon sens.
- La hausse du nombre de conseils de quartier s’inscrivait initialement dans la démocratie
de proximité, et elle est désormais associée à la démocratie participative. Je considère que
ces deux concepts diffèrent fortement. Il me parait cependant possible d’inclure de la
participation dans la démocratie de proximité.
- Je doute que les habitants veuillent traiter exclusivement de leurs problématiques locales
en conseil de quartier. Je signale par ailleurs que 50 % des habitants ne participent jamais à
ces réunions. La démocratie participative se définit pour moi en premier lieu par la possibilité
de participer.
- Je considère par ailleurs que la qualité d’une information dans une réunion de dix à
quinze personnes réside avant tout dans l’interaction. Les questions des participants peuvent
paraitre saugrenues, mais elles se croisent parfois avec d’autres sujets essentiels.
- Je suis responsable du service Démocratie de proximité à Saumur. Cette entité s’appelait
autrefois « service Démocratie participative », mais je n’ai identifié aucun changement dans
notre activité.
- Il est nécessaire de se demander comment nous pouvons donner envie aux habitants de
se projeter dans un avenir commun. Nous ne disposons plus d’espaces de confrontation.
- Il ne faut pas réfléchir en termes d’instance ou de conseil de quartier. Ce cloisonnement
n’a pas lieu d’être à mon sens.
Sandra RATAUD
La colère exprimée lors des doléances peut être utilisée comme un outil pour identifier de
nouvelles solutions.
Il faudrait donc adopter une démarche de plan guide.
□ □ □ □
93
8.
Atelier 6. Aménagement et environnement : quelle place pour les savoirs
citoyens ?
L’atelier est animé par Guillaume FABUREL, chercheur et enseignant à l’IUP de Créteil. Il n’y a
pas deux rounds à proprement parler dans cet atelier. Intervenants:
o Alessandro ELLI, chercheur collaborateur au laboratoire Aménités ;
o Etienne BALLAN, sociologue à l’association Arènes ;
o Marianne DUPERT et Félix GRUCKER de l’association Vivacités Ile-de-France
o Virginie LANNE, chargée de mission à la Ville de Blanquefort.
Guillaume FABUREL
Je vous propose de ne pas perdre de temps en matière d’introduction afin de pouvoir
discuter des cas concrets qui vont être présentés par les intervenants.
Je suis enseignant-chercheur dans un institut d’urbanisme. Nous constatons un manque de
lien entre les expériences de la démocratie dite « environnementale » et la démocratie
urbaine. Les champs sont cloisonnés et les bonnes pratiques ne sont pas échangées – je
précise que je n’aime pas les termes que j’emploie. Il s’agit donc aujourd'hui de travailler dans
l’interchamp.
Il faudrait également, sans imaginer des pratiques totalement innovantes, user d’outils et de
méthodes qui permettent de prendre en compte les savoirs et expériences dont les habitants
sont porteurs, mais que les dispositifs mis en place ont du mal à soutenir ou à exploiter.
Enfin, ce qui constitue les savoirs est très divers. Les termes employés sont multiples (savoirs
« citoyens », savoirs « habitants », savoirs « pratiques », savoirs « profanes », savoirs «
ordinaires », etc…), ce qui montre la difficulté à qualifier et à penser les savoirs citoyens. La
participation des habitants est en général cantonnée à des « petits je ne sais quoi » à
l’échelle microlocale ou limitée à des pratiques d’usage. Les dispositifs ne permettent pas de
les interroger sur des visions larges, telles que des schémas d’aménagement. Je pense
qu’environnement et urbanisme permettent de se saisir de cette problématique.
94
Alessandro ELLI
Bonjour, je travaille au sein du laboratoire de recherche « Aménités », en charge de
questions relatives à l’environnement et à la participation. Nous menons une conférence
citoyenne qui s’inscrit dans une démarche d’ensemble dont l’objectif est de produire une autre
géographie du territoire concerné par la construction d’une ligne HT en Champagne-Ardenne.
o
Démarche d’ensemble de la conférence citoyenne
La conférence citoyenne doit permettre de recueillir la parole des citoyens afin d’en faire une
force de proposition sur une échelle large et dans un temps long. Tout d’abord, une phase
de formation des citoyens a été menée par des experts, puis nous avons formé des groupes
et des forums de discussion. Enfin, une vision partagée du territoire a été co-construite.
o
La conférence citoyenne
La conférence s’inscrit dans un temps long (6 sessions) et est itinérante. Elle s’est en effet
déplacée dans trois villes, dont Charleville-Mézières et Reims.
Nous avons dans un premier temps décidé de laisser le sujet dans un champ large et de le
resserrer progressivement, afin de permettre aux connaissances des habitants de s’exprimer.
Les participants étaient très motivés. Ils ont été recrutés grâce à des questionnaires et dans
la rue.
Nous avons proposé un jeu d’affirmations sur différents thèmes : environnement, paysage,
habitat, déplacements, économie et emploi, évolution des villes, agriculture, tourisme,
équipements, services, etc. Ce jeu nous a permis de recueillir les jugements des habitants sur
leur territoire. Les affirmations ont ensuite été classées et hiérarchisées.
De la salle
Qu’est-ce qui est subi dans les négociations ? Quel est l’objectif de celles-ci ?
Alessandro ELLI
Il s’agit de savoir comment mieux insérer la ligne HT dans le territoire et d’arriver à un
compromis évitant les conflits. La ligne ne devait pas déranger les lieux qui font sens pour les
habitants. Ensuite, les habitants ont formulé une demande d’informations complémentaires sur
certains sujets, à savoir l’écologie et le paysage, l’économie et la dynamique du territoire, et
l’énergie. Ces informations ont été dispensées par des experts, car ceux-ci ont une vision
globale du territoire.
Le premier temps de la conférence citoyenne a abouti à élaborer un diagnostic partagé. Nous
avons demandé aux habitants de dessiner des cartes mentales afin de connaître les lieux qui
font sens pour eux. Ensuite, une phase de production de cartographie participative a été
initiée en s’appuyant sur deux retours d’expérience étrangers : les ateliers de planification
participative mis en place en Californie et les ateliers de cartographie participative organisés
en Italie. Les productions obtenues ne relèvent pas de la cartographie classique, car elles
intègrent par exemple des dessins et des photos. Les habitants ont participé à des jeux de
rôles en incarnant différents protagonistes (maires, agriculteurs, représentants associatifs
commanditaires…). Les participants ont proposé des mesures d’accompagnement négociées
liées à l’économie territoriale, à l’environnement, au paysage et à la nature, ainsi qu’au
patrimoine. Certaines villes sont apparues comme des pôles à soutenir et à dynamiser. Enfin,
le croisement des différentes informations produites a abouti à une carte montrant les lieux
qui font sens pour les habitants et les enjeux que ceux-ci projettent sur le territoire.
La conférence citoyenne a permis d’utiliser les différents registres des savoirs des habitants.
Elle a abouti à élaborer une nouvelle géographie des lieux. La carte des habitants propose un
modèle de développement territorial qui concerne l’ensemble du territoire. Elle n’est donc pas
95
uniquement axée sur le développement métropolitain, comme les cartes classiques. La vision
du territoire obtenue est plus complète.
De la salle
Qui est le commanditaire de l’enquête ?
Alessandro ELLI
Il s’agit de RTE. L’entreprise avait déjà mis en place une forme de concertation classique avec
les élus, mais elle a fait appel à nous pour ouvrir les espaces de parole aux habitants.
De la salle
Cette démarche va bien au-delà du tracé d’une ligne HT. Elle pourrait alimenter la
construction de documents d’urbanisme tels que les SCOT.
Alessandro ELLI
Nous envisageons en effet de valoriser la démarche auprès des collectivités territoriales.
De la salle
Quel est l’intérêt de RTE dans cette démarche ?
Guillaume FABUREL
Le chef de projet voudrait ouvrir son plan d’accompagnement de projet et ne se satisfait pas
des démarches classiques. Il dispose de quelques moyens pour ce faire, ce qui ne signifie pas
que toutes les demandes aboutiront. Par ailleurs, la démarche est un levier essentiel pour
rencontrer les acteurs territoriaux. Par exemple, le partenariat avec le PNR s’est nourri du type
de productions élaborées par la conférence citoyenne.
De la salle
Les débats ont-ils influencé le tracé de la ligne ?
Alessandro ELLI
La carte des lieux élaborée par les habitants pourrait permettre de modifier le tracé de la
ligne, car le but du commanditaire consiste à mieux insérer celle-ci dans le paysage.
Guillaume FABUREL
Il existe en fait deux tracés concurrents.
Alessandro ELLI
A la fin de chaque journée, une restitution des travaux menés avait lieu auprès des habitants.
Celle-ci était suivie d’une validation. Demain, la restitution globale permettra de mesurer
l’impact de la démarche participative sur le commanditaire.
Ce dernier tient à la possibilité d’ouvrir des champs de réflexion via des partenariats conclus
avec des collectivités ou d’autres acteurs.
Guillaume FABUREL
La temporalité des restitutions n’était pas prévue à l’origine, mais le chef de projet est proactif en ce domaine.
96
De la salle
N’existe-t-il pas un risque de déception pour les habitants ?
Combien de personnes étaient impactées par le tracé parmi celles qui participaient à la
concertation ? N’était-ce pas une stratégie du commanditaire que de convier le plus de
participants possible à la conférence citoyenne ?
Guillaume FABUREL
Les habitants étaient au fait des règles du jeu. Ils savaient que deux tracés concurrents
existaient.
Alessandro ELLI
La moitié des participants était impactée par le projet. Les autres étaient originaires d’autres
territoires, afin que la démarche bénéficie de la vision d’ensemble la plus large possible.
De la salle
Quel est l’avis des élus ?
Guillaume FABUREL
Les élus qui sont en lien avec le commanditaire ont a priori une opinion positive quant à la
démarche menée. Cependant, ils ne disposent pas encore d’une vision globale, car la
restitution aura lieu demain. L’opérateur annoncera à cette occasion ce qu’il souhaite et ne
souhaite pas intégrer à son projet. La confrontation du projet avec les PLU ou les SCOT
devrait permettre aux relations entre les élus et RTE de s’intensifier. Par ailleurs, des réunions
publiques ont déjà été engagées.
Etienne BALLAN
Je suis sociologue et je travaille au sein de l’association Arènes, à Marseille. Depuis 1999,
nous aidons à concevoir, animons, et évaluons des projets de participation et de concertation
dans le domaine urbain et environnemental. Par ailleurs, je suis également enseignant en
sciences humaines à l’école nationale supérieure du paysage de Versailles. Enfin, je suis
impliqué dans la convention d’Aarhus au sein du Ministère de l’Environnement.
Il s’agit d’une convention régionale des Nations-Unies (zone Europe et Asie centrale) qui date
de 1998. Elle édicte, en matière d’environnement, les principes de l’accès à l’information, de la
participation du public et de l’accès à la justice. La législation française n’est pas encore
complètement en conformité avec la convention. La loi de 2002 sur la démocratie de
proximité consacre cependant le droit à la participation dans les termes de la convention
d’Aarhus. Selon l’un des articles de la convention, le public a le droit de participer à
l’élaboration des décisions au moment où il peut encore exercer une réelle influence sur
celles-ci. Nous pouvons hélas constater que la plupart des démarches de participation menées
en France sont encore largement éloignées de cet objectif.
o
Démocratie urbaine et mouvement environnemental
La démocratie urbaine est relativement ancienne. Elle est en grande partie liée à l’histoire de
la révolution française, de la Commune de Paris et du mouvement ouvrier. Elle s’est
concrètement matérialisée dans les années 1970 via les ateliers d’urbanisme participatifs.
Le mouvement environnemental est beaucoup plus récent. Il naît dans les années 1950 du
conflit relatif aux stations de sports d’hiver. Ce mouvement est porté par la classe moyenne
urbaine, tandis que la démocratie urbaine n’est plus portée par grand-monde, car les classes
97
moyennes n’habitent plus les logements sociaux depuis les années 80. Les ateliers populaires
d’urbanisme sont à présent supportés par des personnes qualifiées et militantes et se sont
également professionnalisés. En revanche, le mouvement environnemental est porté par une
base beaucoup plus large. Son idée de départ n’est pas la démocratie, mais le désir de faire
une place à l’environnement dans les choix politiques.
o
Processus fermé ou ouvert ?
Une conférence de citoyens est un processus fermé. Elle repose sur un panel de participants
et permet à la maîtrise d’ouvrage et aux élus d’obtenir des remontées rapidement. Elle est
adaptée aux grands territoires dans lesquels les élus sont éloignés des citoyens. La région
Rhône-Alpes a ainsi organisé des conférences citoyennes tous les ans depuis les années
2000, sur tous les thèmes importants de l’actualité régionale.
Les processus ouverts consistent à faire appel à l’ensemble de la population. Ce corps social
étant informe, il s’agit de réfléchir aux moyens de le mobiliser.
o
La peur, élément commun à la démocratie environnementale et urbaine¬
Il existe des parallèles entre la démocratie environnementale et urbaine très intéressants,
notamment en ce qui concerne la peur, à savoir la peur ressentie à l’égard des habitants. Les
élus ont ainsi tendance à mettre à distance le corps social qui les a élus.
La mise à distance est également instituée dès le départ au sein de l’ANRU, qui considère les
habitants comme des ralentisseurs de projets. Chaque convention de financement prévoit la
concertation à l’article 3, mais cette concertation ne peut avoir lieu qu’après la définition du
projet, puisque la convention est déjà signée. Elle n’a donc guère de sens. Il est clair que le
temps de l’élaboration du projet n’est pas celui du dialogue, car l’ANRU veut progresser
rapidement.
Les symptômes de la peur sont divers. Premièrement, le technicien prétend toujours connaître
à l’avance les résultats des concertations. Il s’agit d’une première mise à distance.
Deuxièmement, lorsque les habitants produisent un document ou établissent un diagnostic, le
technicien avance que ce diagnostic a déjà été posé par l’ingénierie sociale de la ville. Par
conséquent, la parole des habitants n’est pas perçue.
L’expertise d’usage connaît un réel succès dans le bâtiment, mais elle interdit la
généralisation. Les citoyens doivent se limiter à réaliser des cartes d’usage, et non des cartes
prospectives. Les cartes se bornent aux pratiques des habitants sur leur territoire, c'est-à-dire
aux lieux dans lesquels ils circulent et au microlocal. Les habitants n’ont pas le droit d’être
des citoyens dont la vision est prise en compte. La limite de la concertation réside donc dans
le monopole technique de l’expertise.
Les démarches participatives devraient être inclusives, ce qui suppose le conflit. Les habitants
devraient pouvoir corriger les projets.
Quelques avancées ont néanmoins eu lieu. Ainsi, la loi de 2002 permet à la Commission
Nationale du Débat Public de réclamer des contre-expertises techniques. Malheureusement, la
structure ne peut financer ces démarches que sur ses propres deniers. Il faut espérer que la
maîtrise d’ouvrage prendra en charge ces contre-expertises dans le futur.
Deux impératifs sont à respecter pour faire émerger les savoirs citoyens dans le champ de
l’urbanisme et du développement. D’une part, les itérations entre les individus et les groupes,
ou encore entre les citoyens et les politiques, sont fondamentales dans un processus de
concertation. D’autre part, l’échange doit construire le projet en vertu d’un accord posé dès
l’origine de la concertation avec la maîtrise d’œuvre.
98
Marianne DUPERT
Je voudrais illustrer la démarche de l’association « Vivacités Ile-de-France » grâce à deux
exemples de projets. Je suis accompagnée de Félix GRUCKER, l’un des adhérents de
l’association. La particularité de notre structure est d’être un réseau de professionnels qui
développe des actions de sensibilisation à l’environnement urbain grâce à des démarches
éducatives. Il s’agit d’inciter les citoyens à s’intéresser à l’environnement et à être acteurs de
celui-ci. L’association travaille également de manière transversale, en collaboration avec les
différents acteurs de la concertation. Nous essayons de changer le regard des habitants sur
le cadre de vie urbain, souvent plus envisagé en termes de nuisances que de richesses. Nous
visons également à permettre à ceux-ci d’appréhender la complexité du tissu urbain grâce à
des outils pédagogiques concrets. Enfin, nous souhaitons créer du lien social au sein des
quartiers.
Parmi nos différents projets, je peux tout d’abord citer les ateliers urbains de sensibilisation à
l’environnement urbain destinés aux enfants. Nous proposons également des balades urbaines,
par exemple des balades sonores. Elles nous permettent de croiser les informations détenues
par les personnes ressources (architectes, paysagistes, géographes etc..) et par les habitants,
sous forme de déambulations à travers la ville. Je vais détailler brièvement deux exemples.
Premièrement, nous avons proposé deux balades urbaines co-construites avec le comité de
quartier d’Ivry Port. Celles-ci précédaient la concertation officielle qui devait être organisée au
sujet du renouvellement urbain. Le chef de projet urbanisme, l’élu du comité de quartier et
des habitants du quartier ont participé à la balade. Deuxièmement, un bailleur social a fait
appel à nous pour élaborer un kit pédagogique sur la propreté comprenant des outils
ludiques et prévoyant des actions éducatives.
Les acteurs de notre réseau sont des professionnels et des structures morales : associations
de tourisme participatif, d’éducation à l’environnement et au développement durable, collectifs
d’artistes, services de collectivités territoriales et de Conseils généraux, etc. Cette diversité
d’acteurs nous permet de faire le lien entre les remontées du terrain et les collectivités
territoriales, et de susciter des partenariats.
Pour finir, j’évoquerai un dernier exemple. La sensibilisation des habitants est devenue
obligatoire en matière de rénovation thermique. Les acteurs professionnels tels que les
bureaux d’étude ont donc tout intérêt à développer des liens avec les associations éducatives
telles que la nôtre.
Félix GRUCKER
Je suis animateur de processus de concertation. Je travaille toujours en équipe, car ce type
de processus requiert de faire appel à l’intelligence collective. J’ai pour habitude de collaborer
avec le Cabinet Hinterland quand il s’agit d’un projet urbain. Ce dernier analyse notamment la
validité des démolitions envisagées par les projets menés par l’ANRU. Quand il s’agit de
processus du quotidien tels que la gestion urbaine de proximité, je travaille avec une
association dédiée aux politiques sociales. Enfin, s'agissant des démarches de concertation, je
m’associe à l’association « Arpenteurs ». Nous pensons que la concertation a toujours une
utilité, même quand les conventions sont signées.
Je vais détailler un exemple d’outil animé en collaboration avec « Arpenteurs ». Il s’agit de «
la Fabrique ». Elle concerne le projet d’aménagement en éco-quartier des hauts des Montreuil.
La commande prévoit une co-construction du projet avec les partenaires, dont les habitants.
Dans le discours, ces derniers sont placés au même niveau que la maîtrise d’œuvre, les
techniciens et les élus. Les temps de rencontre entre ces acteurs sont inscrits dans la durée.
Ils ont déjà eu lieu pendant un an et demi, et sont reconduits pour trois ans. L’enjeu est de
partager le même niveau d’information afin que les habitants puissent avoir un réel effet levier
sur les projets. Les documents de travail sont mis en ligne sur notre site internet.
99
De la salle
Où pouvons-nous trouver des informations sur la Fabrique ?
Félix GRUCKER
Vous pouvez vous renseigner sur internet. Saisissez par exemple « Fabrique de Montreuil »
dans un moteur de recherche.
De la salle
Disposez-vous
communes ?
d’outils
qui
pourraient
servir
à
développer
les
balades
dans
d’autres
Marianne DUPERT
La démarche pédagogique de la balade peut s’inscrire dans tous les types de territoire. Les
balades de notre association se déroulent à 90 % en Ile-de-France, mais nous capitalisons
toutes les balades urbaines au sein de notre pôle ressource. Deux groupes de travail se
consacrent en outre à deux thématiques : « balades urbaines et TIC » et « balades urbaines
et accessibilité pour les personnes handicapées ».
Virginie LANNE
Je suis Chargée de Mission « développement durable et citoyenneté » au sein de la
commune de Blanquefort. Nous désirions créer des sentiers de randonnée sur le territoire de
celle-ci. J’ai organisé une première réunion en présence d’habitants et d’associations de
randonnée pour essayer de déterminer leur tracé. Cependant, les propositions des participants
partaient dans tous les sens. C’est pourquoi j’ai ensuite fait appel à un collectif de
paysagistes, « Alpages ». J’essaye à présent de m’inspirer de leur approche. Au lieu de réunir
les personnes en salle, les paysagistes ont invité les participants à participer à une balade de
18 km par voie d’annonce dans la presse locale. La balade a permis de se rendre compte,
dans une ambiance conviviale, de la diversité des paysages communaux : Garonne, bois, ZI,
marais, etc…
Lors de la deuxième réunion, nous nous sommes demandé si tous les paysages avaient le
même intérêt pour des sentiers de randonnée, et comment les hiérarchiser. Lors des réunions
ultérieures, nous avons réfléchi aux usagers des sentiers, aux temps de parcours, aux liens
entre les quartiers que les sentiers pourraient développer, et à l’utilité de ces derniers pour
les déplacements quotidiens des habitants.
Nous n’avons tracé les sentiers qu’à partir de la quatrième réunion. La démarche a été
réellement co-construite avec les citoyens. Les paysagistes ont également élaboré des outils,
par exemple des cartes postales qui portaient au recto une photo de la balade et au verso
des questions (par exemple : est-il intéressant de randonner dans les villes ?) que les
habitants pouvaient compléter et renvoyer à la mairie.
Une nouvelle balade a été organisée à l’occasion de la sixième réunion afin de vérifier les
tracés sur les cartes IGN, et de prendre en compte les conflits d’usage, par exemple ceux qui
pourraient survenir avec les agriculteurs ou les chasseurs. Enfin, nous avons élaboré la
« Charte des rêves en marche », accessible sur le site de la mairie de Blanquefort.
Pour conclure, je tiens à souligner que ce genre de démarche requiert vraiment beaucoup de
préparation et que la démocratie participative peut se heurter au problème de la temporalité.
En effet, si les participants sont au départ très motivés, ils peuvent en revanche être déçus
par les délais de réalisation des projets. Dans notre cas, la concertation a débuté en 2008 et
le balisage des sentiers n’a commencé qu’en 2012. Aujourd'hui, la boucle a été inaugurée. Il
faut à présent trouver le moyen de maintenir la motivation des participants.
100
De la salle
Les associations de randonneurs ont-elles été associées au balisage et à l’entretien des
sentiers ?
Virginie LANNE
Les deux associations de randonneurs de la commune ont été intégrées au groupe de travail.
Cependant, le balisage relève d’une procédure particulière, qui dépend du Conseil général.
De la salle
Il existe un vrai problème en matière de temporalité entre les citoyens et les décideurs.
Comment avez-vous construit les itinéraires ? Avez-vous fait appel à des randonneurs experts
au préalable ? Par ailleurs, la participation est souvent assise sur des appartenances
territoriales. Ici, la démarche est thématique. Est-ce que cette approche thématique pourrait
être généralisée ? Enfin, peut-il y avoir des conflits entre les citoyens experts que sont les
randonneurs et les autres habitants ?
Virginie LANNE
Notre projet a débuté ex nihilo. Il n’existait aucun sentier. En outre, je ne connaissais pas
encore très bien la commune. Je vous assure que les identités territoriales ressortent toujours,
même lorsque le travail est thématique. Par exemple, dans notre commune, il ne faut pas
s’aviser de confondre les Quéchacais avec les Blanquefortais ! Il est nécessaire de prendre
ces identités en considération dans le processus de concertation. Nous avons associé tous les
types de participants dans les groupes de travail. Je pense que nous avons réussi à
construire une vraie démarche commune entre les citoyens, les élus et les techniciens.
De la salle
Je vous félicite pour cette démarche. Je suis chargée du développement de la participation
des habitants au sein de ma commune. Les élus ont obtenu que la ville garde la maîtrise de
la dépense des budgets de quartier. Ils ont également donné leur assentiment à ce que les
habitants décident des travaux à réaliser, ce qui a constitué une formidable opportunité pour
la démocratie participative. Cette année, nous avons commencé à évoquer des travaux
concernant la ville, et non plus les seuls quartiers. Chaque quartier a élaboré des propositions
et celles-ci ont été étudiées en fonction de leur faisabilité. Les habitants ont bénéficié d’un
retour sur les décisions prises. Les différentes propositions n’ont pas suscité de conflits
d’usage entre les quartiers, car les critères de choix avaient été définis en coordination entre
ceux-ci. En outre, une prise de conscience a émergé quant à l’intérêt général au niveau de la
ville. Cela montre que l’association des habitants et des techniciens, si elle est réalisée
suffisamment en amont des projets, et en étant clair sur les ambitions de la consultation,
peut fonctionner de manière satisfaisante.
Virginie LANNE
Les choix arbitraires sont souvent reprochés aux politiques publiques. Il faut donc partager la
construction des critères des choix, ce qui n’est pas facile pour les élus et les techniciens. Il
s’agit d’une manière de surmonter les conflits.
Guillaume FABUREL
La question des savoirs techniques par rapport aux savoirs citoyens est centrale en termes de
démocratie participative.
101
Jean-Jacques PERRIER
L’association « Vivagora » a été créée en 2003. Elle est spécialisée dans les sciences du
vivant et estime que les citoyens ont une expertise même dans les sujets scientifiques. Notre
action est basée sur plusieurs principes.
Premièrement, un processus de concertation doit être installé dans la durée. Rien ne peut être
construit sur les bases d’un simple débat ponctuel. Plus un sujet est complexe, plus les
personnes ont besoin de temps pour se l’approprier, échanger, et être reconnues comme
ayant droit à la parole. Nous procédons donc par cycles de débats étalés sur plusieurs mois.
Deuxièmement, nous ne concevons pas la réflexion sans pluralisme. Tous les acteurs
concernés par une question doivent participer à la discussion et aux comités de pilotage des
projets. Nous essayons également d’être en relation avec les acteurs locaux du territoire.
Troisièmement, notre réflexion suppose de prendre en compte des incertitudes. Nous avons
travaillé sur des thèmes tels que les OGM, les nanotechnologies, les biologies de synthèse ou
encore l’énergie, c'est-à-dire tous sujets dont les conséquences sociales, économiques,
environnementales, sanitaires, sont incertaines. En outre, les scientifiques sont considérés
comme les seuls experts sur ces questions. Pour notre part, nous parlons d’« expertise
citoyenne » pour désigner les savoirs des citoyens, mais également les perceptions de ceux-ci.
L’« irrationalité » et les représentations méritent en effet d’être entendues. Cette « expertise
citoyenne » doit être prise en compte, même lorsque les sujets les plus complexes sont
évoqués.
Quatrièmement, les concertations doivent nécessairement reposer sur un contrat social tacite.
Tous les participants doivent être responsabilisés afin de jouer le jeu de la transparence, du
débat, du conflit, et de l’incertitude. Il faut cependant se garder de croire que la concertation
va permettre de changer les décisions politiques. Elle ne peut servir qu’à les éclairer et/ou à
les influencer, ce qui est toujours intéressant pour la démocratie.
En partant de ces principes, nous avons procédé à des expérimentations en organisant des
débats et des co-expertises sur des produits de haute technologie tels que le nano titane, qui
pose des problèmes environnementaux. Nous avons procédé par itération pour produire des
avis qui prenaient en compte des aspects scientifiques, sociétaux, et environnementaux.
Nous avons également un projet portant sur les nouveaux OGM produits par la biologie de
synthèse. Un scénario écrit par un écrivain de science-fiction sera soumis à des personnes
sélectionnées afin de faire émerger leurs représentations et de questionner les pratiques des
laboratoires.
Nous essayons de former l’ensemble des acteurs (collectivités territoriales, scientifiques…) à la
concertation, en particulier sur les questions technologiques. Ce sont des sujets complexes
pour les collectivités territoriales, et il faut en outre faire comprendre aux scientifiques qu’ils
ne sont pas les seuls experts dans ces domaines.
De la salle
Je me pose la question de la formation des citoyens. Comment assurer celle-ci ?
Jean-Jacques PERRIER
La formation des citoyens demande du temps et requiert d’accepter d’échanger avec les
autres.
102
Virginie LANNE
Faut-il du reste former les citoyens ? Il me semble intéressant de ne pas les mettre au même
niveau que les scientifiques. La réelle formation réside selon moi dans les échanges qui
permettent de modifier les représentations.
De la salle
Les citoyens se sentent souvent inquiets de ne pas maîtriser les sujets.
Jean-Jacques PERRIER
Le terme de « formation » est ambigu. Je considère pour ma part que les citoyens doivent
posséder quelques connaissances de base pour oser participer aux débats et pouvoir peser
dans ceux-ci.
Félix GRUCKER
La question des savoirs citoyens ne serait-elle pas un alibi des techniciens et des politiques
pour conserver le pouvoir ?
De la salle
Votre démarche est intéressante en ce qu’elle offre la possibilité de briser la frontière entre
les profanes et les scientifiques. Elle permet également de modifier les représentations de
chacun, et de créer du sens ensemble.
Jean-Jacques PERRIER
Il faut être très vigilant quant à la manipulation possible des citoyens, car la montée en
compétence de ceux-ci
peut être utilisée pour rendre plus acceptable socialement une
technologie.
De la salle
Comment les citoyens peuvent-il s’engager dans le débat s’ils ne sont pas assurés de peser
dans la décision ?
Jean-Jacques PERRIER
Vous avez raison. Le contrat social que j’évoquais précise que les citoyens doivent laisser une
trace dans le processus de réflexion.
Les sujets sont complexes et les décisions sont souvent déjà prises, par exemple en ce qui
concerne les nanotechnologies. Notre seule marge de manœuvre réside dans
l’accompagnement des citoyens. Nous essayons de faire en sorte que les politiques les
écoutent. Cependant, il ne faut pas être naïf : nous n’influencerons pas les projets en cours,
surtout dans un pays aussi hiérarchisé que la France.
Etienne BALLAN
Je suis tout à fait ouvert à la formation des citoyens, quitte à les rendre experts d’une
question. Il me semble important d’amener ceux-ci à un certain niveau de connaissances. Cela
dit, il faut réinventer le savoir des élus car ils sont dans la même vacuité que les citoyens.
Lors des concertations sur les nanotechnologies, les citoyens avaient bien compris qu’ils
n’influeraient pas sur les projets, mais qu’ils avaient en revanche la possibilité de peser sur le
financement de ceux-ci.
103
9.
Atelier 7. Round 1 et 2. Blocages, conflits et difficultés : quelles solutions
collectives ?
L’atelier 7 est animé par Pascale Verdier de la Compagnie Tic-Tac Théâtre. Dans cet atelier,
qui s’inspire du théâtre-forum, l’idée est d’échanger « joyeusement » (en dimension
3 :
Corps, Cœur, Tête), de se voir et de s’écouter sur ce que chacun rencontre dans sa posture
professionnelle.
Les 2 rounds de l’atelier n’ont pas été couverts par un retranscripteur. Cependant, une
étudiante en Master « Ingénierie de la concertation » a transmis les notes qu’elle a prises
pour faire le récit du 1er round de cet atelier 3D.
Pour ce 1er round, 21 personnes participent à l’atelier.
Sur des post-it, les participants sont conviés à inscrire les problématiques relationnelles qu’ils
rencontrent dans leur activité professionnelle. Après quelques secondes de réflexions, certains
inscrivent leurs idées tout de suite, d’autres prennent leur temps…
La liste des thèmes inscrits sur le tableau est la suivante :
- Le manque de reconnaissance
- La transversalité
- La peur de l’élu de la concertation
- La communication
- Le manque de participants
- Les intérêts
- L’exaspération de l’usager
- Le mépris réciproque entre citoyens et élus
- Le manque de confiance élus/partenaires
- La peur que le citoyen demande l’impossible
- La relation inter-services
Les post-it sont alors regroupés selon 4 thèmes :
- la peur
- les présupposés
- le temps et le manque de transversalité
- les bénéfices
Les participants se regroupent autour d’un thème et réfléchissent à une situation pour illustrer
la question dans une scénette. Ils ont 7 minutes.
 Le premier groupe sur « les bénéfices »
o La scénette
4 personnes - 2 techniciens, 1 habitant et 1 élu -, mettent en scène l’absence de
communication et de visibilité des habitants ; l’élu laisse parler sans vraiment écouter.
o Débriefing
L’animatrice interrompt la scène et demande aux autres : « quels sont les besoins ici ? ».
o La solution ?
Entendre les habitants et résoudre les malentendus de la communication. La question qui se
pose est alors : que peut-on faire pour provoquer la vraie rencontre ? Prévoir quelque chose
en amont, anticiper la prise de parole, être moins dans une posture de justification ?
o Scénette bis
104
La scène est rejouée avec l’intervention d’un tiers qui favorise la rencontre.
 Le deuxième groupe sur les présupposés
o Scénette
3 personnes - 1 technicien, 1 adjoint et 1 citoyen -, mettent en scène d’un élu débordé qui
ne gère pas la situation, ne connaît pas le projet, à qui on lui explique les enjeux une heure
avant la réunion…
o Débriefing
L’animatrice : « Qu’est ce qu’on a ? » ; le groupe : « Des expertises différentes, un élu peu
investi et un technicien qui n’aide pas ».
o La solution ?
Un partage de la présentation élu/technicien avec un animateur lors du débat avec un
support visuel. Eviter de commencer en disant « c’est un projet super complexe… ». Idée de
partager, de protection, de bien rappeler les règles du jeu, de rester solidaire.
Par manque de temps, la scène n’est pas rejouée.
 3ème groupe : la peur
o Scénette
7 personnes en deux blocs : les citoyens (3) et la mairie (4). La troupe met en scène un
projet déjà ficelé à la mairie et des élus qui ont peur de se faire agresser pendant la
réunion, donc qui ne veulent pas y aller. Les citoyens s’organisent de leur côté pour lutter
contre le projet.
o Débriefing
L’animatrice : « Qu’est ce qu’on a ? » ; le groupe : « une incompréhension mutuelle et une
déresponsabilisation des élus ; une mobilisation des citoyens pour créer un rapport de force ;
une responsabilité est renvoyée entre les élus et les habitants ».
o La solution ?
Réduire le manque d’engagement des élus ; montrer que le technicien peut aider, rassurer,
parler de la méthode. Diminuer la position défensive de chacun.
Par manque de temps, la scène n’est pas rejouée.
 4ème groupe : le manque de transversalité et de collaboration
o Scénette
6 personnes mettent en scène une réunion de préparation d’une réunion publique. Sont mis
en avant le manque de communication, la contrainte budgétaire, un dossier bouclé, flou sur
le statut de la réunion (information ou concertation ?) ; des préjugés sur les habitants, qui
sont ignorants et incapables de voir l’intérêt général : quoi qui se dise, le projet sera fait …
o Débriefing
L’animatrice : « Qu’est ce qu’on a ? » ; le groupe : « un véritable choc des cultures ! »
o La solution ?
Le Directeur général intervient pour expliquer l’intérêt de la concertation et comment la mettre
en place.
105
Vendredi 18 novembre après-midi. 14h-17h30
OÙ ALLONS-NOUS ? QUELLES SUITES ?
FORUM OUVERT
Vos envies, vos énergies, vos préoccupations, ce qui vous tient à cœur pour soutenir la
professionnalisation de la démocratie participative après ces Rencontres
I. DEROULEMENT
DU FORUM OUVERT
: 4
TEMPS
1. Le Cercle pour la récolte des envies et la construction du programme de travail
2. La Place de Marché avec l’ensemble des envies portées ; les porteurs d’envies invitent
les autres participants à joindre leur groupe...
106
3. Une production collective en sous-groupes volontaires
4. La galerie d’exposition présentant les résultats des différents groupes de travail.
Quatorze groupes ont travaillé sur des envies durant ce forum ouvert :
 « Réfléchir sur le lien entre convivialité et participation »
 « Communiquer et valoriser la démocratie participative »
 « Créer un réseau des Rencontres pour expérimenter les outils de la participation »
 « Compétences, activités, formations, emplois, métiers ? »
 « Boite
participative »
à
outils
collaborative
des
expériences
et
démarches
de
démocratie
 « Be démocratie participative ! Be sexy ! »
 « Devenir plus professionnel en restant ouverts, à l’écoute et créatifs, en posture
d’accompagnement et pas de ‘sachants’ »
 « Tirer parti des ‘échec stories’ pour améliorer les processus participatifs »
 « Appropriation de la démocratie participative par le citoyen dans son parcours
éducatif »
 « Comment travailler et inventer des formules sur des ‘sujets qui fâchent’ »
 « Diffuser la culture de la démocratie participative pour qu’elle devienne un processus
naturel »
 « Permettre aux habitants de témoigner avec les professionnels de la réussite des
démarches participatives »
 « Aller plus loin pour la prise en compte des productions citoyennes dans les processus
de prise de décision et sur la décision publique »
 « Partager des expériences avec d’autres collègues des collectivités »
Pour chaque groupe, nous restituons ici :




Le porteur d’envie et ses contacts
Des photos des participants et des posters produits
La liste des participants et leurs contacts
Les commentaires du porteur d’envie et/ou de participants expliquant et retraçant :
l’origine de l’envie ; les étapes et modalités d’élaboration du poster ; les finalités et suite
envisagées pour cette production collective.
Pour rester fidèle au travail effectué par les participants, la partie commentaires n’a été que
très peu retouchée et uniquement au niveau formel.
107
II. POSTERS
1.
AVEC COMMENTAIRES
« Réfléchir sur le lien entre convivialité et participation »
Envie proposée et portée par : Thomas Mercet
Participants :
Prénom Nom
Thomas Mercet
Collectivité
Etudiant en Master
Alexis Haouadeg
Gennevilliers
Omar Faïza
Lyon
Genvieve Laurent
Nevers
Christine Walid
Brest
Laurence Gervais
Bruno Hervouet
Marseille
Gennevilliers
Chantal Parent
Rennes
Lynda Lebbad
Brest Métropole
Océane
Contact
[email protected]
[email protected]
01 40 85 48 50
04 72 10 38 09
[email protected]
06 75 37 03 25
[email protected]
02 98 00 85 79
[email protected]
[email protected]
[email protected]
02 23 62 19 70
[email protected]
06 45 17 04 82
Commentaires de Thomas Mercet, porteur de l’envie
 Origine de l’envie :
o Constat d’une participation citoyenne qui reste souvent polarisée sur des intérêts
particuliers plutôt que sur des intérêts collectifs du fait du caractère individualiste de notre
société qui favorise l’entre soi et la méconnaissance des différences.
108
o Idée que la convivialité peut être le moteur d’une meilleure interconnaissance entre les
individus dans le sens où cela favorise un respect des différences et permet ainsi d’avoir au
sein des dispositifs participatifs des débats plus ouverts considérant l’ensemble des avis de
manière égalitaire.
 Les étapes et modalités d’élaboration du poster :
o Conduite des discussions dans l’espace buffet des rencontres autour d’une boisson
chaude ou froide.
o Choix fait par les participants de procéder en deux temps :
1. Un constat : réflexion sur les facteurs sociétaux aboutissant à un appauvrissement des
discussions au sein des dispositifs de participation citoyenne, les participants restant souvent
fermés sur leurs intérêts propres.
2. Des pistes : réflexion autour de la dimension de convivialité et sur ce qu’elle pourrait
apporter si elle était davantage mise en avant dans les dispositifs participatifs.
 Les finalités et suites envisagées pour cette production collective :
o Conclusion générale que la convivialité peut être un bon moyen d’ouvrir davantage les
débats au sein des dispositifs participatifs et de rendre ces derniers plus attractifs car plus
agréables pour les participants.
o Engagement implicite des participants à prendre en compte autant que possible
l’importance de la convivialité dans leurs travaux en cours ou à venir.
109
2.
« Communiquer et valoriser la démocratie participative »
Envie proposée et portée par : Delphine Eslan
Participants :
Prénom Nom
Collectivité
Delphine Eslan
Lille Métropole
Laure Huin
Paris
Guillaume Orillon
Persan
Paul Lorente
Paris
Valérie Raynaldi
Paris
Sandrine Pereirinha
Paris
Vanessa Maurin
Paris
Sami Kouidri
Paris
Contact
[email protected]
03 20 63 33 68
[email protected]
01 53 27 12 80
[email protected]
01 39 37 48 80
[email protected]
01 44 68 13 52
[email protected]
06 69 10 45 39
[email protected]
01 42 76 74 66
[email protected]
01 42 76 74 29
[email protected]
01 42 76 76 46
Commentaires de Delphine Eslan, porteuse de
l’envie :
 Origine de l’envie :
Informer/communiquer/faire savoir et faire
connaître les pratiques de la démocratie
participative
(acteurs,
processus,
territoires/villes engagées…) et ce que ces
dispositifs peuvent produire. L’objectif étant de
« donner l’envie » de mettre en place ce type
de dispositif sur un territoire pour renforcer le
dialogue citoyen, favoriser les échanges entre
les citoyens, les élus et les services, …
 Les étapes et modalités d’élaboration du
poster :
Les échanges au sein du groupe ont porté sur
la
problématique
suivante :
« Comment communiquer/informer ? »
o Des outils :
Nécessité d’avoir des outils communs à disposition des techniciens, des élus, des services,
des réseaux de démocratie participative : plaquette, guides des pratiques, affichage,
formations, séminaires, …
o Des relais :
S’appuyer aussi sur les « relais d’opinions » susceptibles de sensibiliser les élus à ces
pratiques : partis politiques, associations d’élus type Association des Maires de France,
Association des Communautés urbaines de France, Association des Maires des Grandes Villes,
etc.
110
o Des messages pragmatiques :
Donner des exemples concrets, partager ses expériences, s’appuyer sur des témoignages
d’élus, d’acteurs locaux, de citoyens : valoriser l’intérêt à agir, le lien social, l’efficacité, la
capacité de peser sur les décisions, …
o Un « cadre de référence »
de la démocratie participative :
Le groupe s’est rapidement posé la question du QUI ?
QUI pour animer la communication autour de la démocratie participative ? QUI pour produire
les outils ? >> Nécessité de se coordonner et d’avoir un « cadre de référence » de la
démocratie participative à un niveau national.
 Les finalités et suite envisagées pour cette production collective
La question de la coordination et du cadre de référence va plus loin que le sujet de la
communication.
Il est apparu au groupe et lors des Rencontres en général, la nécessité pour les
professionnels de la démocratie participative de se structurer en réseau pour échanger avec
d’autres professionnels mais aussi avec des élus, des citoyens, …, pour avoir une
méthodologie commune, pour communiquer et valoriser les pratiques de la démocratie
participative,…
Le petit groupe de travail propose que soit créée une Association des Professionnels de la
Démocratie Participative et de Proximité (APDP²) qui serait un pôle ressources
sur la
démocratie participative, qui mettrait en réseau les acteurs, qui pourrait pérenniser des
rencontres comme celles organisées par le Conseil Général du Val de Marne.
Les modalités de création de cette association (définition des missions et de l’animation,
portage financier,…) pourraient être l’objet d’un travail avec des professionnels volontaires et
associant des réseaux similaires déjà existants (ex : l’IRDSU).
111
3.
« Compétences, activités, formations, emplois, métiers ? »
Envie proposée et portée par : Dominique Sinner
Participants :
Prénom Nom
Collectivité
Jean-Paul Vogel
INSET Montpellier
Contact
[email protected]
04 67 99 76 10
Anne Chevrel
Conseil Général du Val-deMarne
Etudiante
Alain Barthas
Millau
Judith Ferrando Y Puig
Consultante Missions
Publiques
José Dhers
Adhers
Rabah Ghomrane
Région Nord-Pas-de-Calais
Véra Brodu
INSET Montpellier
Frédéric Dumay
Reims
Chercheuse CERAPS
Université d’Avignon
06 34 13 58 21
[email protected]
03 28 82 79 26
06 26 62 18 34
[email protected]
04 64 99 76 48
[email protected]
[email protected]
06 09 63 48 99
[email protected]
Consultante ACP
[email protected]
Roullet Anne-Marie
Magali Nonjon
Dominique Sinner
01 41 94 39 88
06 16 81 44 58
[email protected]
05 65 59 50 84
06 89 37 05 64
112
Commentaires d’Alain Barthas, participant à cette envie :
 Origines de l’envie :
Vu les échanges d’idées et les nombreuses questions sur notre métier, soulevés lors des
débats, ce thème et ces interrogations ont trouvé rapidement leur place.
 Etapes et modalités d’élaboration :
Chaque participant a rapidement et spontanément fait part de ses préoccupations et a
souhaité apporter sa réflexion, son expérience, au sein du groupe.
 Finalités et suites envisagées :
La finalisation de ces actes est un premier travail, je pense que dans la foulée, des contacts
plus réguliers seront établis et devraient permettre une réelle avancée.
 Observations :
Je regrette pour ma part de ne pas avoir pu participer jusqu’au bout à l’élaboration des
posters, (horaires train…) que je viens de découvrir dans leur ensemble. Cela explique le peu
d’arguments et d’idées formulés dans mes commentaires... Il est vrai, comme évoqué, au
cours de la discussion, que le plus important est de donner du sens à toute cette démarche.
C’était un joli travail... Juste un peu de mal à reconnaître Shiva dès le départ…
Commentaires de Dominique Sinner, porteuse d’envie :
Deux axes de réflexion se complètent, mais parfois se confondent :
 Celui de la construction d’une réflexion et de repères partagés autour des pratiques de
la démocratie participative, afin d’aller vers une reconnaissance de « métier -s- ?» de
la démocratie participative et de la concertation ;
 Celui autour d’une démarche et de besoins en formation.
113
Bien évidemment l’un ne va pas sans l’autre, puisque la formation dans un processus réflexif
doit former des professionnels de manière cohérente par rapport aux postes et fonction
professionnels, mais aussi alimenter une réflexion et soutenir l’évolution des pratiques.
L’atelier a oscillé entre ces deux orientations. Les flous entre concertation et démocratie
participative ont été prégnants dans nos échanges ; cela mériterait d’être clarifié aussi.
Il semble important de constituer une base « métier » commune d’où peuvent se déployer
plusieurs emplois et/ou fonctions différents, des services dédiés à des fonctions définies, en
passant par l’animation d’actions ponctuelles.
Le premier schéma montre la multiplicité des champs de compétences que sollicite une
pratique professionnelle de mise en œuvre et d’accompagnement de la démocratie
participative.
Comme l’illustre le second schéma, la démocratie participative est multidimensionnelle ; elle ne
peut se suffire de compétences techniques ni relationnelles et elle interpelle toujours et
régulièrement la dimension du politique et de la vision de la citoyenneté. C’est un concept
vivant et mouvant qui ne se suffit pas d’une définition.
Encore et toujours au boulot !!!
114
4.
« Créer un réseau des Rencontres pour expérimenter les outils de la
participation »
Envie proposée et portée par : Anne-Marie Quillet
Participants :
Prénom Nom
Collectivité
Anne-Marie Quillet
Ville de Pau
Mathilde Vigna
Ville de Grenoble
Virginie Lannes
Ville
Blanquefort
François Tardy
Conseil général
du Val-de-Marne
Didier Bazin
Conseil général
des Côtes
d’Armor
Anne-Laure
Raimbault
Mairie du
Kremlin-Bicêtre
Nathalie Escudier
Mairie de Vitrysur-Seine
Laurent
Ziegelmeyer
Choisy-le-Roi
Fabrice Floch
Conseil général
64
Laila Melaz
Ville de
Gennevilliers
Emilie Ramos
Ville d’Ivry
de
Fonction
Chef de Projet
Ateliers de la Cité
Chargée de
participation des
habitants
Chargée de
mission
développement
durable et
citoyenneté
Chargé de mission
auprès de la
Direction générale
Responsable
service Education
jeunesse
Chargée de
mission
concertation
Vie de quartier,
démocratie et
citoyenneté
Elu à la
démocratie
participative
Agenda 21
Agent de
développement
social et culturel
Contact
[email protected]
05 59 98 78 13
[email protected]
[email protected]
[email protected]
[email protected]
[email protected]
[email protected]
[email protected]
[email protected]
[email protected]
[email protected]
115
Commentaires d’Anne-Marie Quillet, porteuse de
l’envie, et du groupe :
L'envie étudiée dans ce groupe est partie de 2
constats.
 D'une part il existe beaucoup de pratiques
intéressantes
en
terme
de
démocratie
participative, mais elles émanent
souvent du
terrain, et de ce fait sont éparpillées sur le
territoire, restent confidentielles, et il n'existe
pas ou peu de formation à la diversité de ces
outils.
 D'autre part, on peut parfois en entendre
parler (sur internet, ou lors de rencontres), mais
il est difficile de se former à partir d'un simple
descriptif ou témoignage et de passer de la
théorie à
la mise en place d'un outil
opérationnel dans sa propre pratique.
Ainsi pour partager les expériences de chacun
sur des outils ludiques, innovants, attrayants ou
simplement adaptés à un contexte et un problème donné, j'ai proposé de créer un réseau
visant monter des temps d'échanges pour non pas seulement voir ou parler d'outils, mais les
expérimenter et les tester en direct. Bref, mettre la main à la pâte et revenir avec du concret
dans son territoire!
Une fois le groupe constitué (une dizaine de personnes), la première étape a consisté à se
présenter individuellement et exprimer ses attentes et sa perception de cette idée.
Puis nous nous sommes attachés à nous mettre d'accord sur les mots et les concepts. En
commençant par reformuler l'idée en un titre plus parlant: « partage et expérimentation
d'outils participatifs », puis en identifiant les objectifs, et la nature des échanges envisagés.
Nous sommes arrivés à deux sortes d'échange possibles:
 une rencontre purement pédagogique, organisée spécifiquement pour tester un/des
outils choisis pour l'exercice en simulant/reproduisant comment l'outil a été déployé dans la
réalité
 une immersion sur le terrain: suivre un collègue dans sa pratique, assister/participer
des ateliers organisés par un collègue, en situation réelle.
Puis nous avons réfléchi à
pragmatisme et de faisabilité
s'investir pour faire évoluer
apparue primordiale pour ne
plateforme d'échanges.
à
comment le mettre en oeuvre concrètement, et le souci de
a rapidement posé la question du portage: qui pourrait porter et
cette idée? La nécessité d'appui sur un réseau existant est
pas perdre nos énergies à créer et faire vivre un réseau et sa
Une fois ce cadre posé, nous avons identifié 5 étapes simples et opérationnelles pour lancer
de tels échanges:
 échanger nos mails pour créer un
groupe de travail
 contacter des réseaux existants pour se greffer à eux
116
 créer le groupe de travail via le réseau identifié
 créer la plateforme
d'échange via le réseau identifié
 organiser les temps d'échange
Grâce à l'enthousiasme de plusieurs participants, nous avons tout de suite pu passer les 2
premières étapes par la récolte des mails, et par l'identification du réseau : le collectif
www.concerter.org, qui dispose d'une plateforme internet et offre la possibilité de créer des
groupes de travail sur la démocratie participative.
Quelques jours après, la liste des membres a été transmise à tous.
Reste à créer la plateforme et le groupe de travail, puis à lancer nos premiers rendez-vous,
peut-être lors des prochaines rencontres de la démocratie participative si elles sont
renouvelées ?? »
117
5.
« Be démocratie participative ! Be sexy ! »
Envie proposée et portée par : Yannis Camus
Participants :
Prénom Nom
Yannis Camus
Charmelle Nisame
Jean-Philippe Rico
Marion Toulat
Sébastien Diaz
Maxime Duval
Collectivité
Consultant Alter Ego
Etudiante
Etudiant
Etudiante
Pau
Etudiant
Alain Predour
Rezé
Corentin Gautier
Antoine Peter
Etudiant
Amiens Métropole
David Gallardo
Argenteuil
Vincent Havage
Saint Denis
Isabelle Nadal
Gennevilliers
Nelly Gillet
Brest
Laïla Melaz
Gennevilliers
Laure-Agnès Suita
Holia Boulemsamer
Conseil général du
Gard
Conseil général de la
Seine Saint Denis
Anne-Cécile Klur
Grand Besançon
Lucas Brabant
Etudiant
Anaïs Hayot
Morsang-sur-Orge
Sylvie Guérineau
Villejuif
Contact
[email protected]
[email protected]
[email protected]
[email protected]
[email protected]
[email protected]
[email protected]
02 40 84 42 75
[email protected]
[email protected]
[email protected]
01.34.23.44.71
[email protected]
01.19.33.70.25
[email protected]
06 12 23 15 06
[email protected]
02 98 00 85 53
[email protected]
01 40 85 60 40
[email protected]
04 66 76 77 66
[email protected]
[email protected]
03 81 65 06 98
[email protected]
[email protected]
01 69 51 54 68
[email protected]
01 45 59 21 28
118
Commentaires du poster par le porteur d’envie,
Yannis Camus :
La communication auprès des citoyens et des
acteurs d’un territoire peut/doit être fun ! Le recours
au slogan qui accroche le regard et fait sourire peut
donner beaucoup plus envie que de longs discours
sur l’importance des démarches participatives. Il ne
s’agit pas là de racoler mais de donner envie. Il
faudra alors que la forme des rencontres citoyennes
reprenne la même idée : du vivant, du fun, du
passionnant ! Un beau programme pour changer
notre bonne vieille démocratie du 20e siècle et
passer à un modèle plus contemporain, plus actuel,
plus convivial.
On peut bien sûr imaginer une sorte de « Vis ma
Vie » géant mais cela semble un peu difficile dans
la mise en place. On pourrait imaginer que les
écoles ou le service civil permette à chaque jeune
français de vivre des stages dans des réalités très
différentes… Mais pour ceux qui ne sont plus à
l’école et trop vieux pour le Service Civil, on peut
aussi tout simplement imaginer développer des
modes de réunion où on s’écoute tout simplement.
Commentaires du poster par le porteur d’envie,
Yannis Camus :
Les modes de gouvernance coopératifs (tels que la
sociocratie) permettent aux parties prenantes de
s’entendre et de se comprendre. Les gens n’ont
même pas besoin de changer de chaussures ou de
costume pour cela : il leur suffit (mais ce n’est pas
donné à tout le monde de le réussir) de s’écouter
pour comprendre que les uns et les autres ont des
contraintes, des idéaux, des attentes, des besoins…
Derrière cette idée, je crois que c’est la notion de
Coopération qui doit se développer : modes de prise
de décision par consentement ou consensus,
élections sans candidat, évaluation des salariés
solidaire, gestion des conflits pour un résultat «
gagnant/gagnant »… autant d’outils qui peuvent
vraiment faire la différence dans notre démocratie
qui deviendra non seulement participative mais
COOPERATIVE.
119
Commentaires du poster par le porteur d’envie,
Yannis Camus :
Finis les power points chiants à mourir ! Terminée
les démarches participatives qui ressemblent à des
conférences ou à du travail scolaire. On se doit de
rénover nos manières de faire. Les gens possèdent
le FOND des questions qu’on soulève… à nous d’être
concentrés sur la forme à donner à ces rencontres.
Oui il faut donner du rythme, oui il faut aussi rendre
les choses agréables, apporter de la convivialité et
pourquoi pas du suspens, des surprises, du
spectacle… tout ce qui peut rendre intéressante une
démarche participative. Cela ne signifie surtout pas
d’en oublier le fond ! Non ! La forme agréable doit
être au service du fond… mais pour éviter que ce ne
soit toujours les mêmes qui monopolisent la parole,
il y a des formes à inventer !!!
Récit de la production par un étudiant en master :
J’ai suivi le groupe « rendre la démocratie participative sexy », car j’avais envie d’un sujet un
peu plus « léger ». Le groupe a commencé par un exercice de théâtre, assez peu nécessaire
(à mon avis).
 Phase 1 : donner ce qui pour nous est sexy.
 Phase 2 : donner ce qui pour nous est absolument pas sexy dans la démocratie
participative. (ex : un powerpoint laid)
 Phase 3 : donner ses envies les plus folles pour rendre la démocratie participative sexy,
sans tenir compte de n’importe quelle contrainte. (exemple d’idées données : aller sur la lune
et dire aux gens comment vivriez-vous ici maintenant, avoir une baguette magique pour
transformer les gens qui râlent en personnes intelligentes, pouvoir mettre les jeunes dans la
peau des vieux et vice versa pour une journée etc.)
3 sujets ont été pris et le groupe s’est divisé en 3 sous-groupes, donc 3 paper board ont
été réalisés. Le mien a travaillé sur « transformer les râleurs en quelque chose d’intelligent :
comment rendre cette utopie réelle ? ». On a proposé notamment organiser des voyages
collectifs pour se rendre compte comment la démocratie peut fonctionner ailleurs, créer une
ouverture d’esprit.
En parallèle, on a travaillé sur des slogans pas trop rébarbatifs sur la démocratie
participative.
Ma conclusion : c’était un travail plaisant à faire et très créatif, un peu cathartique peut
être, les gens avaient envie de se défouler du côté revêche que peut inspirer la démocratie
locale parfois. Cela manque peut-être de fond certes, mais il y a eu un gros travail pour
tenter de montrer que des propositions d’abord utopiques pouvaient être traduites dans le
réel. Evidemment, je note que le porteur d’idée est parti après la phase 3, mais cela ne nous
a pas empêché de faire ce dont on avait envie.
120
6.
« Devenir plus professionnel en restant ouverts, à l’écoute et créatifs, en
posture d’accompagnement et pas de ‘sachants’ »
Envie proposée et portée par : Michèle Pasteur
Participants : liste non connue à ce jour
Prénom Nom
Michèle Pasteur
Collectivité
Conseil général des Côtes
d'Armor
Contact
[email protected]
0296626301
Commentaires de Michèle Pasteur, porteuse d’envie :
Cette envie a été générée, pour ma part, au fur et à
mesure de ces deux journées de formation, par un
propos qui me semblait se généraliser dans
l'assistance et qui soulignait qu'il y aurait dans les
collectivités, des « professionnels » de la démocratie
participative.
A mon sens, il me semble important de nous
préserver d'une telle dérive car je crois que la
démocratie participative n'est pas un savoir technique
en soi, comme peut l'être une technicité en
assainissement, en gestion comptable… mais plus
sûrement un mode opératoire spécifique des relations
entre une collectivité et les personnes, physiques et
morales de son territoire. La démarche participative ne
doit donc pas être un savoir aux mains de quelques
techniciens éclairés et donc "sachant" mais bien une
pratique partagée, au sein de la collectivité, par tous
les agents qui sont amenés à développer des relations
de groupe avec des usagers ou des habitants. La
démocratie participative, c'est bien un état d'esprit.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas des techniques d'animation spécifiques à acquérir, par la
formation et par la formation/action.
Avec cette envie ici exprimée, je souhaitais souligner que les agents en charge de la
démocratie participative dans une collectivité doivent plus sûrement être en posture de
formateur et d'accompagnateur des animateurs des instances possibles de concertation d'une
collectivité (représentées ici par les post-its de gauche sur le panneau) que d'en être les seuls
et uniques animateurs et détenteurs.
Cela suppose donc que ces agents (dont je fais partie pour ma propre collectivité) soient
certes formés aux techniques d'animation participative (leur savoir spécifique), mais qu'ils
acquièrent aussi et surtout des compétences pédagogiques pour faire en sorte que le plus
grand nombre d'agents, voire d'élus s'approprient ces techniques d'animations participatives. Il
semble aussi important qu'ils soient en capacité d'analyser finement les contextes dans
lesquels ils interviennent pour apporter les formations et les outils les plus adéquats, d'où la
nécessité d'être aussi très à l'écoute et ne pas être en posture de sachant imposant un
savoir technique pour au contraire, privilégier le fait d'accompagner le sens des démarches,
par leur approfondissement ou leur développement dans une dynamique plus participative.
Enfin, les responsables
doivent être en veille pour capter les innovations et les bonnes
pratiques, qui sont parfois sous-jacentes ou peu visibles, mais fruit d'une génération spontanée
dans différents cercles.
121
7.
« Tirer parti des ‘échec stories’ pour améliorer les processus participatifs »
Envie proposée et portée par : Jacqueline de Bony
Participants :
Prénom Nom
Collectivité
Jacqueline de Bony
Chercheuse CNRS
Marie-Claire Lacaze
Brive
Stéphanie Guillemot
Conseil général du Gard
Damien Monnerie
Association ICI
Anna Jarry-Omarova
Sevran
Marie-Noëlle Canard
Nevers
Marie-Christine Vieux
Nevers
Patrice Diatta
Chercheur Université
Paris 13
Amandine Babarit
Ville de Nantes
Marie Villata
Ville de Brest
Lucie Gineau
Communauté de
communes du Pays
d’Ancenis
Contact
[email protected]
06 42 84 55 52
[email protected]
05 55 18 15 25
[email protected]
04 66 76 77 66
[email protected]
01.40.03.64.54
06.07.47.10.98
[email protected]
06 24 49 45 80
[email protected]
03 86 71 62 71
[email protected]
06 87 79 55 40
[email protected]
06.34.51.31.78
[email protected]
02 40 41 97 59
[email protected]
04 73 42 36 55
[email protected]
02 40 96 44 79
Commentaires de Jacqueline De Bony, porteuse
de l’envie :
 Origine de l’envie
Le discours sur la démocratie participative est
souvent très positif et enthousiaste ce qui
empêche
d’en
aborder
les
paradoxes
et
contradictions.
Lorsqu’une
expérience
de
démocratie participative se traduit par un échec,
on aura tendance à
minimiser l’échec
ou à
pointer les circonstances voire les erreurs
humaines. Rarement la démocratie participative est
elle-même mise en face de ses propres paradoxes
et contradictions. Le nom de cet atelier « tirer
parti des échec stories » tente de concilier le
positivisme de rigueur (tirer parti de) et une
approche plus
objective et critique de la
démocratie participative, ceci afin de ne pas
survendre les projets participatifs.
 Etapes et modalités d’élaboration du poster
Les participants ont raconté très
ouvertement
122
leurs échecs et difficultés et ont manifesté leur satisfaction de pouvoir en parler en groupe :
« Souvent, lorsque nous rencontrons nos homologues d’autres collectivités ou que nous
les appelons pour avoir des informations sur un processus de concertation, il semble
souvent que leurs processus sont parfaits, faciles à mettre en œuvre, ayant produits des
effets incroyables…. Cela donne parfois l’impression d’être seul(e) à galérer. D’un autre
côté, au sein même de nos collectivités, la volonté de convaincre les élus et collègues de
recourir à la concertation et la défense de nos convictions personnelles peuvent aussi
nous inciter aussi à ne parler que des éléments très positifs des processus participatifs
mis en œuvre (voire à modifier un peu la réalité à politique du nombre), et à occulter ce
qui parfois pourrait laisser penser que la participation est inefficace (réunions ratées), ou
‘gadget’ : peu de participants, toujours les mêmes ».
Les uns ont raconté leur propre expérience, les autres ont demandé des conseils et échangé
des « ficelles de métier ». Ceci nous a conduits à retenir la métaphore de l’iceberg : la
partie cachée/immergée symbolise ce qui n’a pas fonctionné (réunions foirées, politique du
nombre…). La partie visible est consacrée aux idées pour capitaliser sur ces échecs …. Idée
centrale : s’autoriser les échecs, se donner le droit à l’erreur…
 Problèmes et solutions
Concernant les problèmes, nous avons dégagé les réunions foirées, la politique du nombre («
je triche sur le nombre de participants »), les blocages politico techniques, la « notabilisation
» des instances de la démocratie participative, le manque d’indulgence.
Concernant les solutions, nous avons parlé de prendre son temps, de la formation des élus,
de faire réseau, positiver ses expériences, du droit à l’expérimentation.
Co évaluer : la démocratie participative et sa mise en œuvre sont relativement nouvelles pour
de nombreuses collectivités et nécessitent de repenser les pratiques, les postures,
l’organisation et la gestion des projets en interne. L’évaluation permet une réelle capitalisation
de l’expérience, objectivée par l’analyse. La mise en relation entre la qualité du processus et
les résultats permet de relativiser les échecs vécus (on peut avoir « raté » une réunion mais
le processus en lui-même peut avoir produit des effets positifs) ou identifier des échecs que
nous n’avions pas perçu (des citoyens qui parlent de manque de transparence, par exemple).
Par ailleurs une évaluation juste et pertinente serait une évaluation partagée avec toutes les
parties prenantes du processus : habitants, agents, élus…
Tirage au sort : moyen pour « renouveler » les membres des instances participatives.
Politique du nombre : Des projets participatifs, on peut entendre en interne dans nos
collectivités, qu’il coûte du temps, des moyens… que ce n’est pas indispensable… Donc c’est
difficile de donner à voir des « échecs », d’autant que le critère quantitatif (nombre de
participants) prime sur le qualitatif. Aussi, pour ne pas délégitimer une démarche participative
on peut « tricher » sur le nombre ! »
Commentaires de l’élaboration du poster par un étudiant en master :
« Les participants ont échangé leurs différentes expériences des échecs. Ils ont cherché à
définir la notion d'échec en fonction des perceptions de tous les acteurs impliqués dans la
concertation (élus, service techniques, participants...) Enfin, ils ont cherché à donner une forme
imagée à la réflexion collective.
 Liste des idées qui ont émergé :
o Tous s'accordent sur la difficulté à parler d'échec dans la profession aujourd'hui.
o Importance de communiquer sur l'échec et de le valoriser comme expérience (ne pas
avoir honte de l'échec). Il faut lutter contre la peur de l'échec et assumer quand une réunion
a "foiré". Une participante avoue avoir parfois gonflé les chiffres de présence lors de la
communication interne pour conserver le soutien de sa hiérarchie.
123
o Besoin d'apprendre à qualifier l'échec et savoir l'évaluer. L'échec
uniquement en interne et dans son rapport à l'administration.
est pensé ici
o Reconnaitre le droit à l'échec. Il faut arrêter de considérer la démocratie participative
uniquement à travers un prisme idéaliste.
o Ne pas survendre la démocratie participative. Elle n'est pas une solution à tous les
problèmes, le sentiment d'échec vient souvent d'attentes trop fortes. Il faut impérativement
insister sur l'honnêteté de la démarche.
o L'idée d'échec est fortement liée à celle du manque de moyen. Certains dénoncent
l'hypocrisie de la hiérarchie qui stigmatise l'échec sans reconnaitre leur part de responsabilité
dans le manque de soutien et de moyens.
Au terme de cet échange d'idées, les participants se sont situés dans la partie immergée de
l'iceberg, froide et obscure.
 Pistes explorées :
o Défendre le droit à l'expérimentation. Il n'y a pas que des échecs ou des réussites, la
démocratie participative est un processus qui ne faut pas penser dans cette logique binaire.
o Faire participer sur l'échec. Il s'agit de ne pas abandonner les gens qui sortent en cours
de processus : il s'agit de garder le contact avec ces individus en mettant au point des outils
permettant d'évaluer les causes de sortie du processus.
o Faire un guide des mauvaises pratiques.
Trois formes visuelles ont été envisagées pour traduire cette discussion :
 Mettre la liste des idées dans un paysage entre ciel et terre.
 Dessiner
d'embûches.
le
processus
de
la
démocratie
participative
comme
un
chemin
semé
 La métaphore de l'iceberg
La forme de l'iceberg a finalement été retenue pour jouer sur l'opposition entre les parties
visibles et invisibles de la démocratie participative.
Le mot de la fin revient à une participante : « Je ne savais pas qu'on était tant de
professionnels sur ce sujet et rien que ces rencontres, ça me fait du bien ».
124
8.
« Comment travailler et inventer des formules sur des ‘sujets qui fâchent’ »
Envie proposée et portée par : Sylvie Barnezet
Participants :
Prénom Nom
Collectivité
Contact
[email protected]
04 76 59 58 89
Sylvie Barnezet
Grenoble Alpes Métropole
José Mastrodicasa
Ville de Voiron
[email protected]
0674883187/ 0476672765
Christelle Briatte
Amiens Métropole
[email protected]
03 22 97 12 06
Karen Burban-Evain
Ville de Nantes
[email protected]
02 40 41 68 08
Sophie Lefevre
Conseil général d'Ille et
Vilaine
[email protected]
02 99 02 34 84
Christophe Beurois
Consultant Médiation et
Environnement
[email protected]
06 72 84 79 32
02 43 45 27 25
125
Commentaires de Sylvie Barnezet, porteuse d’envie :
L’atelier s’est déroulé de manière très ludique et
dynamique.
On s’est très vite mis d’accord sur une liste des
sujets qui fâchent : ils abondent ! On aurait pu
encore l’allonger…
Puis on s’est interrogés sur l’intérêt de les aborder
dans des démarches participatives pour conclure : «
il faut que la démocratie participative s’en empare »
et on a essayé de dire pourquoi : pour lutter
contre les représentations, repérer et relativiser les
intérêts catégoriels et reposer la question de
l’intérêt général, enfin anticiper (et non éluder) les
crises.
Enfin, on a cherché par quelles méthodes on
pouvait traiter au mieux ces sujets. Parmi les
conditions ou les outils adaptés, on a relevé l’idée
de recourir à un tiers garant, à un médiateur, de
trouver
des
relais,
de
travailler
sur
les
représentations, de négocier, de compenser par des
contreparties… Voici toutes les idées collectées sur
le poster récapitulées dans un tableau :
IDENTIFIER
 




Les
Les
Les
Les
Les
lieux
échelles
niveaux de conflit
parties prenantes
relais
PRECISER
  Le champ
 Les règles
 L’information
PREPARER
  Les élus
 Les relais
 Les parties prenantes
METTRE EN
PLACE
 




L’animation
Des groupes de pairs
Un tiers garant
Un médiateur
L’écoute, la reconnaissance de l’altérité
METTRE EN
DEBAT
 



Des données objectives
Des représentations (travailler sur)
Négocier, reformuler
Reconnaître le préjudice, compenser
On pourrait encore en discuter des heures pour affiner, compléter, illustrer par des exemples…
Bref, un atelier très stimulant et concret.
126
9.
« Diffuser la culture de la démocratie participative pour qu’elle devienne un
processus naturel »
Envie proposée et portée par : Manon Rivaud
Participants :
Prénom Nom
Collectivité
Manon Rivaud
Quiberon
Ana E Silva
Paris
Aurélie d’Aste Echelard
Les Ulis
Chantal Rémond
Grenoble
Michaëlla Rahard
Ville de Saumur
Anne Paris
INET
Lydie Montacq
Ville de Dunkerque
Christophe Olivo
Conseil général du
Morbihan
Sylvie Baste
Ville de Montreuil
Christian Leduey
Valenton
Contact
[email protected]
02 97 30 24 25
[email protected]
01 53 72 10 00
AD'[email protected]
01 69 29 34 94
[email protected]
04 76 69 45 86
[email protected]
02 41 83 30 68
[email protected]
06 80 52 19 98
[email protected]
06 14 85 66 02
[email protected]
02 97 54 58 50
[email protected]
01 48 70 68 27
[email protected]
01 43 86 37 37
Commentaires de Manon Rivaud, porteuse de l’envie :
Cette envie est née de deux constats apparus lors
des échanges de ces rencontres. Le premier constat
porte sur le positionnement de la démocratie
participative et le second est davantage tourné vers
les publics qu’elle concerne.
 1er
constat :
le
positionnement
démocratie participative
de
la
Je suis responsable d’un service communication, la
démocratie participative n’est donc pas mon cœur de
métier,
j’interviens
en
accompagnement
des
démarches existantes et propose la mise en place
d’outils
permettant
d’améliorer
la
participation
citoyenne. Le premier constat a porté sur le fait que
la démocratie participative n’était pas « acquise » :
services, élus, population… en somme les citoyens
n’étaient que peu familiers avec ce terme. Il s’agissait
donc, avant toute chose, de diffuser la culture de la
démocratie participative. Comment ? Pour y répondre,
j’ai comparé la situation de la « communication » il y a quelques années et les difficultés
que les communicants avaient eu à se positionner. [Si les communicants se sont positionnés
127
en techniciens, je suis convaincue que la démocratie participative ne doit pas faire de même].
Ce qui est cependant intéressant, c’est la démarche pédagogique que les communicants ont
dû avoir pour que des outils et des supports d’information soient mis en place. [Et la
participation citoyenne ne peut se faire sans information].
 2e constat : amener les publics « naturellement » vers la prise de parole citoyenne
Pendant ces deux jours, beaucoup d’entre nous ont fait part de leurs difficultés à mobiliser
les publics. Comment toucher les actifs, les jeunes ? Comment faire en sorte que ça ne soit
pas toujours les mêmes ? Est-ce que ces derniers ne deviennent finalement pas des « experts
» et sont-ils encore représentatifs ?.... Plutôt que d’essayer d’aborder ces points, mon souhait,
en portant cette idée, était de réfléchir à la façon dont nous pouvions faire en sorte que les
publics de demain soient naturellement enclins à la prise de parole citoyenne.
En somme, préparer l’avenir pour ne plus rencontrer les mêmes freins et donc « diffuser la
culture de la démocratie participative pour qu’elle devienne un processus naturel ».
Les personnes qui m’ont rejoint m’ont beaucoup questionnée sur ma façon de concevoir cette
envie, ainsi le groupe avait des attentes et des approches très différentes liées à nos
positionnements dans nos collectivités respectives. L’un des participants souligne par exemple
qu’il a rejoint le groupe pour travailler sur « l’amélioration du fonctionnement des institutions
» alors que selon lui « d’autres membres du groupe voyaient davantage le sujet comme une
question de société au sens large : qu’est-ce que la démocratie ? Qui y participe ? »
 L’élaboration du poster
Après confrontation de nos points de vue et de nos manières de faire, nous nous sommes
lancés sur l’élaboration du poster. Il me semble que l’idée de l’arbre est venue très
spontanément, puisque nous étions dans une idée de quelque chose qui se diffuse, qui
grandit. Notre poster s’est ensuite construit rapidement. L’arbre a des racines, celle de la
démocratie (participative) sont celles de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen
qui met en place des droits, des besoins, des principes et des valeurs. Notre objectif est de
diffuser la culture de la démocratie participative, pour que le sens du mot démocratie inclue
spontanément la prise de parole citoyenne. Ce processus passe par des étapes : création d’un
collectif, transversalité des services, valoriser les résultats de l’action collective s’appuyant sur
des mots clés guidant la démarche : pédagogie, clarté, partager, ouvrir, contribuer.
La date de 2030 ne représente rien de particulier (il me semble). Je crois me rappeler que
nous avions évoqué 2014 pour les prochaines échéances électorales, mais cela nous semblait
trop ambitieux.
128
10.
« Aller plus loin pour la prise en compte des productions citoyennes dans
les processus de prise de décision et sur la décision publique »
Envie proposée et portée par : Clémence Bedu
Participants :
Prénom Nom
Collectivité
Clémence Bedu
Conseil général du Valde-Marne
Sylvaine Rault
Saint-Herblain
Sarah Deslandes
Amiens
Roland Dinner
Sevran
Françoise Daphnis
Conseil général du Valde-Marne
Rosica Tomova
Tremblay-en-France
Patricia Lauriol
Caen
Daouya Agoune
Région Ile-de-France
Jean-Marc
Courbarien
Etudiant en Master 2
« Ingénierie de la
concertation »
Communauté de
communes Loire &
Sillon
Conseil général de la
Haute-Vienne
Jean-Marc Thiau
Saint-Herblain
Benoit Agard
Brigitte Grasland
Contact
[email protected]
06 20 98 22 29
01 56 72 89 26
[email protected]
06 60 57 33 81
[email protected]
03 22 97 40 59
[email protected]
01 41 52 48 32
[email protected]
01 56 72 89 38
06 21 49 48 19
[email protected]
06 85 49 84 34
[email protected]
02.31.82.36.91
[email protected]
01 53 85 50 78
[email protected]
09.51.61.53.53
06.65.31.61.26
[email protected]
02 40 56 81 48
[email protected]
05 44 00 10 19
[email protected]
06 64 49 45 03
02 28 25 23 06
129
Commentaires de Clémence Bedu, porteuse d’envie :
Cette envie résulte d’un étonnement, mais aussi d’une
inquiétude... En effet, les démarches participatives et
délibératives se multiplient, mais leur portée sur la
décision publique est loin d’être assurée. Or il me
semble fondamental que les effets des procédures
participatives soient à la hauteur des ambitions que les
participants nourrissent à leur égard et de s’efforcer de
réduire le décalage souvent marquant entre l’ambition
rhétorique et la modestie des réalisations. Cela passe à
mon sens, avant tout par la mise en place d’un système
de « service après-vente », de garantie de la prise en
compte des productions et outputs de ces démarches
dans le circuit décisionnel.
Avec le groupe, nous avons tout d’abord échangé sur
nos propres expériences, nos doutes mais également nos
attentes en la matière. J’ai personnellement fait part du
travail entrepris par ma collègue Françoise Daphnis, à
l’Observatoire égalité Femme-Homme du Conseil général
du Val-de-Marne, qui consiste à organiser une traçabilité
du cheminement d’un avis citoyen résultant d’un atelier
sur la question de l’égalité Femme/Homme.
Nous avons décidé de créer un groupe de travail qui aurait pour objectif d’être force de
proposition en ce sens auprès des personnes engagées dans les processus de décision
publique. Ce groupe de travail, qui pourrait constituer une sorte de garant « post démarche
», permettrait de :
 Valoriser la participation citoyenne
 Avoir un retour argumenté pour mesure les impacts des processus participatifs et
argumenter les refus
 Anticiper, voire de manière optimale éviter la frustration des participants
 Répondre à une nécessité d’évaluation et de bilan des démarches
 Respecter l’exigence de traçabilité des démarches
 Faire de l’action publique locale « réellement et autrement »... autrement dit, garantir
une fabrique participative effective de l’action publique locale
Nous avons ainsi reposé les grands traits de légitimité d’un tel projet, légitimité admise du
seul fait que les participants et le grand public sont en droit de savoir exactement ce qu’il
advient des outputs citoyens.
Nous nous sommes ensuite posé la question du « comment ». Nous avons déterminé 4
étapes ou grands principes, ‘as a start’ :
1. Réfléchir collectivement, recueillir, analyser, partager et faire des bilans sur des
expériences « fortes », significatives et innovantes pour l’évaluation et le suivi des produits de
la concertation.
2. Réfléchir sur les traceurs et les indicateurs pertinents pour suivre la trajectoire d’une
production citoyenne
3. Proposer des formes de production et de leur évaluation variées, car « il n’y a pas
que des avis citoyens qui ressortent des démarches participatives »
4. Réfléchir à et proposer des formes et pratiques de suivi, de traçabilité et d’instruction
adéquates, notamment avec les services.
130
Ces quatre principes doivent être travaillés plus en finesse, c’est ce à quoi je proposerai à
mes collègues d’envie de s’atteler.
Enfin, nous avons terminé cette séance de forum ouvert avec le recensement de quelques
phrases-clés :
 « Valoriser la participation pour soi et pour les autres »
 « Faire passer la pilule, ce n’est pas notre boulot ; c’est plutôt celui des élus. Mais
garantir un retour, c’est le minimum à faire respecter »
 « La traçabilité fait partie de la concertation »
Commentaires additionnels d’un étudiant en master :
On commence par un tour de table, chacun se présente et explique pourquoi il a choisi ce
groupe ; enfin, il énonce ses attentes. Il en ressort qu’il est nécessaire de tracer l’avis des
citoyens afin de justifier les réponses négatives que les élus peuvent prononcer suite aux
processus de concertation. Il faudrait combiner un suivi de l’avis citoyen, une argumentation
des élus à propos de cet avis et de sa réalisation ou de son rejet (partiel). Il s’agit pour les
membres du groupe de capitaliser les résultats des dispositifs. Concernant le titre, « Groupe
de vigilance sur les productions citoyennes » est proposé puis rejeté ; le groupe s’accorde
ensuite sur « aller plus loin pour la prise en compte des productions citoyennes dans les
processus de prise de décision ».
131
11.
« Partager des expériences avec d’autres collègues des collectivités »
Envie proposée et portée par : Chantal Grasset-Prian
Participants :
Prénom Nom
Chantal Grasset
Léonille Munyarugerero
Etienne Ballan
Collectivité
Conseil général du Val-deMarne
Conseil général du Val-deMarne
Sociologue
Contact
[email protected]
06 17 72 57 23
[email protected]
06 23 71 66 03
[email protected]
06 61 79 36 77
Commentaires de Chantal Grasset-Prian, porteuse de
l’envie :
La réalisation de plusieurs ateliers thématiques a
permis d’échanger avec les intervenants et les
participants. Ma proposition s’intitule « Partager mon
expérience avec d’autres collègues des collectivités »
car j’ai ressenti l’envie de partager les moments de
cette journée avec les collègues de mon service, des
autres services et collectivités. Etienne et Léonille,
membres de mon groupe, et moi-même avons porté
notre réflexion sur la suite de ces rencontres.
Sur le poster nous avons attribué une couleur de
repère pour les personnages représentant des
individus ayant un même outil de communication :
l’écoute, la parole, l’échange. La couleur bleue
désigne la Mission Démocratie Participative lié à son
rôle formateur auprès des agents de la collectivité. La
couleur noire correspond aux agents ayant un rôle
de transmission auprès du public (usagers, partenaires
associatifs ou autres). La couleur rouge désigne la
population. Aussi ce travail en commun nous a
permis de constater qu’un salarié, un employé, un agent d’une collectivité se considère
d’abord comme un citoyen. Et qu’il serait intéressant de mettre en place un forum accessible
à tous les citoyens.
132
III. POSTERS
1.
SANS COMMENTAIRES
« Une boite à outils collaborative
démocratie participative »
des
expériences
et
démarches
de
Envie proposée et portée par : Alain Sartori
Participants :
Prénom Nom
Collectivité
Alain Sartori
Villiers-le-Bel
Matthieu Pillard
Mathieu Aufort
Isabelle Chaignon
Sophie Guiraudon
Villeurbanne
Rennes
Villiers-le-Bel
Ulis
Vincent Mesenge
Montivilliers
Armel Le Coz
FING
Contact
[email protected]
06 31 82 35 62
04 78 03 69 79
02 23 62 21 64
06 87 34 16 96
06 16 92 90 34
[email protected]
02 35 30 28 15
[email protected]
133
2.
« Appropriation de la démocratie participative par le citoyen dans son
parcours éducatif »
Envie proposée et portée par : Céline Martin
Participants :
Prénom Nom
Collectivité
Céline Martin
Conseil de
développement de Haute
Mayenne
Jacques Tapin
Ville de Niort
Cédric Tuil
Jouy le Moutier
Simone Ertz
Rennes
Elise Courtas
Gennevilliers
Contact
[email protected]
02 43 04 64 58
[email protected]
05 49 78 73 47
[email protected]
06 64 99 44 47
[email protected]
06 79 75 83 32
[email protected]
06 21 11 27 48
134
3.
« Permettre aux habitants de témoigner avec les professionnels de la
réussite des démarches participatives »
Porteur et participants non connus à ce jour.
135
Clôture des Rencontres
L’animatrice propose à chacun de confier à son voisin ce qui l’a le plus touché au cours de
ces deux journées. Ensuite, chacun est invité à s’exprimer publiquement.
I. INTERVENTIONS
DE LA SALLE
o Merci pour l’organisation et pour ces rencontres innovantes et créatives.
o Merci à tous, et particulièrement à tous ceux qui ont travaillé dans les coulisses de ces
rencontres, cameramen, photographes, etc.
o Il serait tout à fait souhaitable que nous ayons l’assurance que ces rencontres soient
renouvelées ! Un compte-rendu de nos interventions sera-t-il disponible ?
o Ces rencontres portaient bien leur nom, leur déroulé a été exceptionnel. Je voudrais
pouvoir obtenir la liste des participants, afin que nous puissions nous recontacter. Bravo
encore pour ce forum innovant !
o Il serait intéressant de
professionnelles et nationales.
convier
des
élus
et
des
citoyens
à
ces
rencontres
o Merci pour toutes les formes d’animation proposées. Si les rencontres sont reconduites,
il serait judicieux d’y convier élus et citoyens, afin que ces démarches soient « pollenisées »,
pour reprendre un terme employé à plusieurs reprises au cours de ces deux jours.
o Merci aux organisateurs. Ces échanges m’ont permis de me ressourcer. Le fait que ces
rencontres restent professionnelles nous permet aussi de nous exprimer différemment.
o Je suis un représentant des habitants. Je souscris à l’idée de faire participer habitants
et élus, mais admets que ces rencontres professionnelles ont leur propre efficacité.
o Que deviendront nos échanges à la suite de ce forum ? Pour ma part, je souhaiterais
par exemple poursuivre un projet initié ici.
o Montons un réseau national de démocratie participative.
o Merci aux organisateurs. Je regrette seulement que ces rencontres aient été centrées
sur l’échange d’expériences. Une approche plus critique aurait été la bienvenue. Il serait bon
de connecter ce réseau de professionnels aux organismes dont les métiers sont plus
transversaux.
o Un grand merci à tous. Ce forum est très novateur. Je suis un élu et souscris à l’idée
d’associer les élus à ces rencontres. Nous avons tout intérêt à écouter ce que vous,
professionnels de la démocratie participative, avez à nous apprendre.
o Merci à tous. J’ai pu constater que l’organisation même de ces rencontres obéissait en
tout point aux règles de la démocratie participative.
o Merci à la FING d’avoir présenté les outils qui peuvent intervenir dans la vie citoyenne.
o Ces rencontres ont été trop denses à mon avis. Je le regrette car elles sont par ailleurs
très intéressantes. Le programme d’hier était par exemple trop chargé.
o Merci à tous les participants et aux organisateurs. Ces rencontres auraient peut-être pu
se tenir sur trois jours au lieu de deux. En termes de représentativité, nous avons rencontré
peu d’acteurs privés. Or leur perception différente pourrait aussi nourrir les débats.
136
o Alors que je me sens isolée dans ma situation professionnelle, venir ici m’a redonné de
l’énergie. Je reprends donc le chemin de ma mairie ressourcée. Je souhaite ajouter que les
questionnaires que vous nous avez transmis pourraient comporter des cases « ne sait pas »,
car la non-participation est aussi une forme de participation.
o Je vous annonce que des rencontres nationales des conseils de développement sont
prévues à Nantes les 4 et 5 février 2013.
o Ces rencontres répondaient à un besoin et ce fut pour moi une joie d’y participer. Il
faut à présent proposer des perspectives et évoquer les changements à apporter.
o Nous retrouver entre nous, partager nos réussites et difficultés est très agréable.
Cependant, peut-être serait-il souhaitable d’organiser des forums interprofessionnels.
L’animatrice
Tous ces échanges vous appartiennent désormais : les films, les enregistrements,
comptes rendus seront pour vous un matériel utile à la poursuite des débats.
les
Xavier Pezeron, chef de projet à la Mission démocratie participative CG94
Le Conseil Général du Val-de-Marne a ouvert un espace où nous pouvons continuer nos
débats et entretenir les relations tissées ici. En voici l’adresse : [email protected]
Ce site internet a permis de recueillir vos problématiques en vue de la définition du
programme. Il peut donc avoir vocation à définir des suites et à offrir une plateforme pour les
professionnels, au-delà de son objectif premier qui consiste à offrir un lieu de concertation
aux habitants du Val-de-Marne.
Je me fais également le relais d’une proposition d’Alexandre Desrousseaux : celui-ci propose
d’ouvrir une page facebook pour tous les professionnels présents aujourd’hui afin d’envisager
des suites à ces rencontres.
Sophie Largeau, cheffe de projet à la Mission démocratie participative CG94
Afin de clore ces rencontres, j’évoquerai l’image d’un jardin : nous avons trouvé un terrain
inexploité et laissé à l’abandon, que nous avons défriché. Il appartient désormais à chacun de
se l’approprier.
Clémence Bedu, cheffe de projet à la Mission démocratie participative CG94
J’ai coordonné ce projet et suis très émue de voir son aboutissement et son succès. C’était
un véritable pari. Je vous remercie d’être venus jusqu’à Créteil. Je remercie également notre
élu qui nous a soutenus dans l’élaboration du projet ainsi que toutes les personnes qui nous
ont aidés en interne, tout particulièrement Catherine et Pascale. Catherine nous a
accompagnés dans des moments de joie et de doute lors de la préparation. Je remercie
aussi mes trois collègues.
Je souhaiterais enfin qu’un passage de relais ait lieu et que d’autres espaces soient ouverts
afin de reprendre les problématiques abordées ici, dans une mise en perspective.
137
II. ALLOCUTION
DE CLOTURE DES
RENCONTRES
DEMOCRATIE PARTICIPATIVE ET A LA VIE
DIDIER GUILLAUME, VICE-PRESIDENT A LA
ASSOCIATIVE DU CONSEIL GENERAL DU VAL-DEPAR
MARNE
Il me revient à présent de clore ces rencontres. La tâche est difficile, tant les échanges sur
nos expériences et nos pratiques ont été riches et divers. Vous tous, agents des collectivités,
élus, chercheurs, avez témoigné de l’engagement qui nous anime tous. Enfin, un tel exercice
est difficile car la démocratie est un mouvement auquel il est impossible de prétendre mettre
un terme.
Je vous ferai part de mes impressions au regard de ces deux jours. Tout d’abord, le lieu où
nous nous trouvons n’est pas neutre : c’est la Maison des Syndicats de notre département, un
lieu de rencontres, d’action et de réflexion pour les citoyens et les élus œuvrant à la défense
des droits. C’est aussi un lieu de vie départemental riche en histoire et en espoir.
Si nos sociétés en crise connaissent des actions de repli individualiste, elles développent aussi
le besoin de communiquer afin de construire de nouvelles manières d’agir et de vivre
ensemble. Or l’action gouvernementale se durcit chaque jour davantage, notamment vis-à-vis
de l’action publique, jusqu’à remettre en cause l’existence même des communautés locales
territoriales. Ce sont autant de menaces pesant sur les conditions de vie de nos concitoyens,
particulièrement sur celles des plus démunis. Ce durcissement risque de fragiliser davantage le
difficile exercice de la démocratie locale et de mettre à mal la précaire relation de confiance
tissée entre élus et habitants. Ceci nous conduit plus que jamais à expliquer, élaborer nos
choix en toute transparence avec nos concitoyens.
138
La démocratie participative et les pratiques que nous mettons en œuvre contribuent à porter
une identité politique spécifique. En Val-de-Marne, nous y sommes très attachés. Notre charte
de participation n’a de sens que si les engagements qu’elle nous conduit à prendre ne restent
pas lettre morte. En effet, à quoi servirait une démocratie participative qui produirait des
résultats déconnectés des attentes des habitants ? Nous, élus, avons besoin d’une implication
citoyenne, populaire, pour davantage de démocratie et de service public. Nous l’affirmons haut
et fort, ce qui compte avant tout en Val-de-Marne, c’est l’humain.
Voici à présent quelques points que j’ai relevés au cours des travaux de ces deux jours, en
observant au plus près des participants.
Tout d’abord, ces rencontres ont répondu à un réel besoin de discussion entre professionnels.
Le trépied élu-habitant-agent doit reposer sur un socle de confiance. Mes observations
m’incitent à considérer sans cesse la pratique des professionnels et à revisiter mes propres
représentations. En outre, la démocratie participative, c’est aussi l’acceptation d’un processus
lent, même si le timing de ces rencontres était serré et parfois pesant. La question du
pouvoir est également centrale : les élus doivent accepter d’en perdre une partie, car le
débat, l’acceptation de la confrontation, de l’affirmation de convictions sont au cœur de la
démocratie. En tant qu’élu, il est important de s’engager à assumer les décisions, à expliquer
pourquoi certains projets sont retenus plutôt que d’autres. De plus, la démocratie, c’est
permettre aux citoyens de retrouver leur capacité d’agir, quelle que soit leur situation sociale.
Les citoyens doivent aussi être un contre-pouvoir, tandis que les agents doivent stimuler les
élus.
Enfin, nous devons être « contagieux », par notre volonté de travailler dans la transversalité
des services. Voilà qui nous incite à devenir des « andragogues », des pédagogues pour
adultes. Cette volonté suppose que la formation soit au cœur du trio élus-agents-habitants
afin d’encourager la transmission de savoir-faire. La question des réseaux compte également. Il
convient cependant de savoir qui elle concerne et à quels moments.
Nous n’avons pas qualifié ce forum de « premières » rencontres et j’invite chacun à en
proposer de nouvelles. Je serais d’ailleurs heureux de recevoir une telle invitation. Enfin, je
remercie l’équipe de la logistique départementale, le service communication, les agents des
missions de la démocratie participative et de la maison des syndicats. Tous ont été efficaces.
Ils sont l’image d’un service public de proximité et de qualité, que nous défendrons toujours
dans notre département. Je remercie tous nos partenaires pour leur contribution ainsi que les
deux animatrices Catherine et Pascale.
Merci à vous tous d’être venus et d’avoir contribué à la réussite de ce forum.
Nous aurons, à n’en pas douter, d’autres lieux d’échange et de débat pour faire rebondir
l’implication citoyenne. Ecouter, transformer, innover sont trois verbes que je vous invite à
conjuguer dès demain pour construire le futur. Merci et bonne route.
139
MURS DE TAGS
1.
« Mes pires...ou comment rater sa concertation ? »
 Toutes les expériences vécues, les ratés, les essais-erreurs, les apprentissages ou conseils
sont les bienvenus pour enrichir notre expérience collective.
Considérant que les Rencontres ne consistaient pas seulement à parler des réussites en
matière de démocratie participative, ce mur de tags proposait aux participants de partager
leurs pires expériences, ou encore de tagguer ce qu’ils considèrent comme des facteurs
d’échec ou écueils à éviter « à tout prix », sous peine de « rater sa concertation ».
Quelques exemples de ces « ratés » :
 « Des élus qui veulent tout maîtriser »
 « Se limiter à une obligation légale [de participation, ndlr]
 « Les élus qui reviennent sur leurs décisions en permanence, à nous d’assumer
derrière ! »
 « ‘Ce que tu ne fais pas avec les citoyens, tu le fais contre les citoyens !’, d’près
Mandela »
 « Vouloir faire vite ! »
 « Inviter trop tard »
 « On ne fait rien des avis citoyens après ! »
 « Se tromper dans ses horaires et inviter deux groupes en même temps... »
 « Parler au nom des habitants »
 « Concerter sans vouloir/pouvoir faire évoluer le projet ensuite »
 « Jargonner ! Recourir abusivement aux sigles ! »
 « Ne pas aller jusqu’au bout »
 « Participer sur la couleur du nouveau tram et non sur le fond du projet »
 « S’intéresser à la démocratie participative la veille des élections »
140
2.
« Travailler dans / pour la démocratie participative, ça a quel sens pour
vous ? »
Ces mur de tags visaient à recueillir, sous forme de dessin, les considérations des participants
sur le sens qu’ils donnent à leur travail ou encore leur représentation de ce qu’est la
démocratie participative.
Les traductions visuelles sont très variées, des formes circulaires aux représentations de
collectifs d’humains, en passant par diverses métaphores (fleurs composées de plusieurs
pétales, soleil et orage, etc.)
141
3.
« Température. Ces deux jours pour vous, c’est... »
 Vos souhaits, ressentis, ambitions, réactions, impressions
Sur ces murs de tags, les participants pouvaient exprimer leur « température » lors de ces
Rencontres. Un peu moins fournis que les autres, ils n’en recèlent pas moins d’éléments
parlants pour saisir le pouls et l’ambiance de l’évènement, des attentes qu’il génère, mais
également de la densité du programme, jugée excessive pour certains :
 « Apaisement »
 « Ouverture »
 « Bonne frustration. A quand la prochaine ? »
 « Et si on revenait accompagnés de nos élus la prochaine fois, pour décloisonner la
démarche ? », « Bonne idée ! »
 « Moins de quantité pour plus de qualité »
 « On survole mais on n’approfondit rien »
 « Changeons d’échelons !? »
 « On continue ! »
 « Les restitutions où les gens expliquent leurs échanges, c’est chiant ! Donnons du
dynamisme et de la couleur ! »
 « On continue ! »
 « 37°2 (le matin)... »
 « C’est quoi ce lobbying de l’innovation démocratique ? »
Mission démocratie participative
Conseil général du Val-de-Marne
142