VOCATION DE LA FEMME

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VOCATION DE LA FEMME
WE BILLINGS - Versailles - 19 et 20 octobre 2013
Agnès Lozier – [email protected]
FORUM « VOCATION DE LA FEMME »
Introduction : lecture d'un texte de François Mauriac, extrait d'une conférence du 6 février
1931 sur l'éducation des filles. (cf. texte en annexe)
Mauriac disait cela en 1931 ! Au même moment, en Allemagne, une femme développe des
idées semblables, dans des conférences qu'elle donne à plusieurs reprises sur le thème de la
vocation humaine, de l'identité de la femme et de l'éducation des filles. Cette femme d'origine
juive, et qui est Docteur en philosophie, c'est Edith Stein qui va devenir carmélite sous le nom
de Sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix et mourir à Auschwitz en août 1942. Jean-Paul II la
béatifie en 1987 puis la canonise le 11 octobre 1998. En 1999, elle est déclarée co-patronne de
l'Europe avec Ste Brigitte de Suède, Ste Catherine de Sienne, Sts Cyrille et Méthode et bien
sûr St Benoît. (3 femmes et 3 hommes !)
Si on demande à Edith Stein, en Allemagne, de parler de la femme, et si en France, Mauriac
prend la parole sur le même thème, c'est qu'à cette époque déjà, au début du XXème siècle, les
idées ne sont plus très claires sur l'identité de la femme, sa place et son rôle dans la société et
dans le monde en général.
Progressivement les acquis des combats féministes ont permis l'évolution des lois civiles dans
le domaine du travail, de la santé, de l'éducation. Aujourd'hui, on assiste à une transformation
radicale de la famille et des mœurs…
Et véritablement, sous une apparence de progrès selon un processus d'évolution inéluctable,
jamais la femme ne s'est retrouvée plus éloignée de la réalité de sa nature, prisonnière des
artifices que l'air du temps lui impose Tout le contraire d'une libération !
Je voudrais donc, en reprenant trois expressions employées par F. Mauriac, examiner avec vous
trois questions qui me sont venues à l'esprit en lisant ce texte, et qui me semblent essentielles
non seulement pour la femme, mais aussi pour l'homme dont le bonheur est si étroitement lié à
celui de la femme.
1. Quelles sont les caractéristiques de cette "époque atroce" qui est la nôtre ?
2. La femme a-t-elle réellement une "vocation naturelle " différente de celle de l'homme ?
3. Y a-t-il vraiment pour la femme "quelque chose d'infiniment plus beau" ?
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I. Cette "époque atroce" qui est la nôtre.
1. A l'époque où écrivait Mauriac, la voie des études universitaires avait été largement
ouverte aux filles depuis que le même programme d'études était dispensé dans les lycées de
garçons et de filles (1924). Cela favorisait l'accession des filles aux mêmes diplômes et donc
aux mêmes métiers que les garçons (cf. début du texte de M.) Et c'était considéré comme une
conquête, celle de l'égalité H/F du point de vue de l'instruction et de la vie professionnelle.
C'était un des aboutissement d'une série de combats menés par des femmes depuis la
Révolution de 1789 , à la suite d'Olympe de Gouges qui avait publié en 1791 "La déclaration
des droits de la femme et de la citoyenne" , à l'imitation des droits de l'H et du citoyen, les idées
féministes étant largement ancrées dans celles du siècle des Lumières.
En 1792 était votée la loi autorisant le divorce (aboli en 1816, puis rétabli en 1884).
2. Au cours du XXème siècle, en France, mais aussi dans d'autres pays du monde,
progressivement, les mêmes droits furent donnés aux F et aux H, comme par exemple, en
France : - 1944 : droit de vote pour les femmes
- 1972 : égalité des salaires
On remarque aussi la formation de nombreux groupuscules féministes très actifs (MLF,
Chiennes de Garde, Ni putes ni soumises, La Barbe, Femen etc) qui ont fait pression sur les
politiques et qui se font connaître pas des actions scandaleuses, dans le but de transformer les
lois et les institutions, et qui voudraient changer la nature humaine elle-même.
Il ne s'agit pas ici de contester ce qui garantit aux H comme aux F une égale dignité en tant que
personnes, ce qui est juste en soi. Mais il est nécessaire de remarquer l'évolution de l'état d'esprit
dans lequel ces revendications ont été menées et obtenues. Sans doute légitimes au début et
pouvant représenter un progrès pour l'humanité, ces revendications sont actuellement dans une
dérive telle que l'humanité pourrait se trouver désormais en grand danger d'être
détruite…Examinons cette évolution pour mieux comprendre où nous en sommes.
3. Le mouvement féministe s'est développé en 3 étapes.
a. Du XVIIIème siècle aux années 60.
Recherche d'une réforme des institutions pour obtenir l'égalité H/F devant la loi dans le
domaine civil, social et professionnel (droit de vote, droit à l'instruction, droit de travailler avec
un salaire égal, droit de disposer de ses biens propres…)
- 1850 : création d'écoles communales pour les filles
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-1861 : Julie-Victoire Daudié est la 1ère femme à passer le baccalauréat es lettres (à 37 ans !)
- 1903 : Marie Curie reçoit le prix Nobel de Physique
- 1924 : les programmes scolaires sont identiques pour les garçons et les filles
qui passent le même baccalauréat.
- 1938 : suppression de l'incapacité juridique de la femme mariée
- 1944 : droit de vote et d'éligibilité pour les femmes
- 1956 : Fondation de « la maternité heureuse » qui devient en 1960 le Mouvement Français
pour le Planning Familial
b. Des années 60 aux années 90.
* Une volonté expresse d'émanciper la femme de l'autorité de l'homme, d'une sorte de joug
oppresseur dans lequel l'homme la tient depuis toujours .
(Réflexion sur le rapport de domination exercé sur les F, développement des concepts de
patriarcat et de sexisme. Le livre de Simone de Beauvoir, Le Deuxième sexe, paru en 1949,
avait largement préparé le terrain.)
On observe :
- un refus des attitudes courtoises habituelles que les H avaient jusque-là envers les F : tenir
la porte ouverte, céder sa place assise, porter les charges lourdes… et une volonté de montrer
que la F n'a pas besoin de cette aide ou de cette déférence de l'H qui la maintient dans une sorte
d'état de faiblesse, d'infériorité.
- une disparition de son allure féminine : port constant du pantalon (short ou bermuda en été),
de vêtements d'allure masculine, cigarette, cheveux courts et coiffure de moins en moins
apprêtée (après avoir pris sa douche, on sort avec les cheveux mouillés, sans avoir pris le temps
de les sécher et de les coiffer…), chaussures de sport même en ville etc.
- une sorte de lutte des sexes, à l'image de la lutte des classes développée par l'idéologie
marxiste : montrer que la F est aussi forte que l'H, qu'elle n'est pas le sexe faible, qu'elle peut
faire aussi bien et, pourquoi pas, mieux que l'H, dans tous les domaines jusque là réservés aux
H, et que maintenant c'est elle qui va commander !…
* Une volonté farouche d'émanciper la femme de sa fécondité en lui donnant la maîtrise
personnelle de son corps.
On observe : - un rejet de la vie féminine habituelle, en particulier du mariage et de la
maternité : union libre, mariage tardif, choix d'une carrière professionnelle ininterrompue
(surtout pas freinée par la maternité qui deviendra un projet tout à fait secondaire dans sa vie),
rejet de la fécondité (utilisation délibérée de la contraception et avortement en cas d'échec).
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- une distinction absolue entre la sexualité et la transmission de la vie qui
aboutit à une perte du sens de la sexualité. La sexualité est devenue un jeu, un loisir, une
expérience, une performance, une curiosité (recherche de toutes les sensations possibles). Elle
est désormais détachée de la fonction de procréation qui était jusque-là au cœur de la relation
H/F. La vie n'est plus considérée comme un don reçu dans l'amour, mais comme un produit
auquel on a droit, une envie, un objet de convoitise en somme.
Tout cela a lieu dans le contexte suivant :
1965 : Les femmes mariées peuvent exercer une profession sans l’autorisation de leur mari.
1967 : la Loi Neuwirth autorise la prescription et la vente de contraceptifs.
1970 : L’autorité parentale remplace la puissance paternelle.
1970 : naissance du MLF
1972 :
Reconnaissance
du
principe
«à
travail
égal,
- L’école polytechnique devient mixte : 8 femmes sont reçues
salaire
égal ».
1974 : Françoise Giroud première secrétaire d’état à la condition féminine
1975 : - la Loi Veil dépénalise l'avortement qui devient l’Interruption Volontaire de Grossesse
(IVG)
- réintroduction, dans la loi, du divorce par consentement mutuel
1976 : La mixité devient obligatoire pour tous les établissements scolaires publics.
1980 : Marguerite Yourcenar est la première femme élue à l’Académie française.
1981 : Yvette Roudy est ministre déléguée des droits de la femme.
1982 : L'IVG est remboursée par la Sécurité sociale.
1983 : la Loi Roudy pose le principe de l’égalité professionnelle entre les femmes et les
hommes.
1984 : Le congé parental est ouvert à chacun des parents.
1991 : Édith Cresson = première femme Premier ministre.
On sait combien les mouvements féministes comme le MLF
dépénalisation de l'avortement.
ont milité pour obtenir la
Tous ces combats sont essentiellement individualistes : les féministes envisagent leur vie
d'un point de vue essentiellement personnel. cf. le fameux slogan: "Mon ventre est à moi !"
Elles envisagent leur vie, leur carrière, leur corps, comme des propriétés privées qui ne
regardent personne d'autre qu'elles-mêmes. Elles semblent n'exister qu'en tant qu'individu, dans
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un monde qui n'a pas donné aux F la place qu'elles souhaitaient, et sur lequel elles prennent leur
revanche.
A partir de là on observe la construction de nouveaux rapports sociaux entre les H et les F, et
l'arrivée insidieuse de la notion de genre qui affirme que les différences H/F ne correspondent
pas à une nature mais à une construction sociale, à une détermination donnée par l'éducation et
la culture. C'est une nouvelle étape. Il s'agit de déconstruire ces stéréotypes archaïques qui
garantissaient la main mise de l'H sur la F.
c. Depuis les années 90
Une volonté d'émanciper la femme des stéréotypes qui l'obligent à se comporter comme
une F et d'en finir avec la complémentarité H/F .
La femme n'est destinée par nature ni à être mère ni à être épouse.
Pour la présidente du Planning familial, Carine Favier il s'agit de "déconstruire l'hétérosexisme", d'en finir avec la "logique binaire"…
Les H sont accusés d'avoir réduit les F à des utérus ; elles se vengent en les réduisant à du
sperme que l'on achète.
cf. le slogan des militantes lesbiennes d'Act-Up : "On veut du sperme !"
Pouvait-on imaginer une réduction aussi minimaliste de l'être humain ? Et que le corps humain
soit à ce point chosifié ? comme il va l'être dans son commencement si on commande un bébé
que l'on fera fabriquer dans un ventre loué à une femme, en attendant l'utérus artificiel ?
Conséquences :
* la banalisation (et même la recommandation !)de l'homosexualité qui devient non pas
seulement une tendance comme une autre, mais même un moyen privilégié de se libérer de l'H
* la volonté de l'homoparentalité : l'enfant n'est pas le fruit de l'amour d'un H et d'une F, c'est
un désir personnel, je dirai un caprice individuel…
* l'émergence de tous les fantasmes : l'H est une F comme les autres et la F est un H comme les
autres…On peut donc changer de sexe comme on veut et décider si l'on veut être un H ou une
F…
"Ultimement, la guerre des sexes vise l'abolition des genres" remarquait déjà Tugdual Derville
en 2011.
On admire l'intelligence éclairée de Fr. Mauriac qui avait déjà perçu ce qu'avait d'atroce pour la
F, et donc de dangereux pour toute l'humanité, ces nouvelles façons d'être. En fait, dans ces
combats d'idées et d' idéologies on lit facilement les blessures personnelles ou les fantasmes
individuels qui nient la réalité objective de la nature. Pourtant, Mauriac n'avait pas vu ce qui se
passe aujourd'hui, la déconstruction de la masculinité et de la féminité, la férocité d'une
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sexualité débridée, l'abolition progressive des interdits dans le domaine de la sexualité et de la
bioéthique, avec comme conséquences des situations de grandes souffrances, dans les familles
et chez les individus qui se retrouvent souvent seuls face à leur désarroi moral.
Alors posons-nous ces questions :
Pourquoi la femme n'est-elle pas plus heureuse après toutes ces conquêtes pour la libérer
de tout et finalement d'elle-même ?
Quel est cet "unique nécessaire dont elle est sevrée "?
La femme peut-elle "inventer" sa vie ou bien existe-t-il réellement une vocation féminine
? Où trouver la vérité?
II. La réalité d'une vocation.
Le 6 octobre 2008, dans son discours d'ouverture du Synode des évêques, Benoît XVI médite
sur quelques versets du Psaume 118. Ce qu'il dit est précieux pour nous qui cherchons la vérité.
Le psaume 118 fait l'éloge de la Parole de Dieu, affirmant sa solidité, et Benoît XVI ajoute :
"Elle est solide, elle est la vraie réalité sur laquelle fonder notre propre vie.(…) Pour être
réalistes, nous devons justement compter sur cette réalité. Nous devons changer notre idée que
la matière, les choses sensibles, qu'on peut toucher, seraient la réalité la plus solide, la plus
sûre. (…) Toutes ces choses ne sont qu'une réalité de 2ème ordre. (…) Seule la Parole de Dieu
est le fondement de toute la réalité.(…) C'est ainsi que ces premiers versets du psaume nous
invitent à découvrir ce qu'est la réalité et à trouver de cette manière le fondement de notre vie."
Lumineuses paroles qui m'assurent que si je cherche dans la parole de Dieu la réalité de l'être
de la femme, je trouverai la réponse à mes questions !
Et je sais où je dois chercher : dans le livre de la Genèse qui nous raconte l'histoire de l'origine
de l'H et de la F. Connaissance essentielle, car il manquera toujours quelque chose de
fondamental à celui qui ne sait pas d'où il vient. C'est la grande souffrance des enfants adoptés
qui ne peuvent pas connaître le nom ni l'origine de leurs parents biologiques. C'est parfois une
cause de grande instabilité et de fragilité affective.
1. La vocation humaine commune
Genèse I, 26-31 : (après avoir séparé la lumière des ténèbres et créé le ciel, la terre, les eaux,
les astres, les minéraux, les végétaux et les animaux durant les 5 premiers jours, Dieu
parachève sa création le 6ème jour.)
"Dieu dit : «Faisons l'homme à notre image, comme notre ressemblance, et qu'il domine sur les
poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, les bêtes sauvages et toutes les bestioles
qui rampent sur la terre.»
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Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa.
Dieu les bénit et leur dit : «Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la ;
dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la
terre.» Dieu dit : « Je vous donne toutes les herbes portant semence, qui sont sur toute la
surface de la terre, et tous les arbres qui ont des fruits portant semence : ce sera votre
nourriture. A toutes les bêtes sauvages, à tous les oiseaux du ciel, à tout ce qui rampe sur la
terre et qui est animé de vie, je donne pour nourriture toute la verdure des plantes.» Et il en fut
ainsi. Dieu vit tout ce qu'il avait fait : cela était très bon. Il y eut un soir, il y eut un matin :
sixième jour."
Notre vocation humaine est dans cette petite phrase : "Dieu créa l'homme à son image, à
l'image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa."
L'être humain est appelé à reproduire en lui l'image et la ressemblance de Dieu ! appelé à
représenter sur la terre le maître de la création, le Père qui donne la vie. Il est appelé à aimer ("h
et f il les créa"), à l'image de celui qui est Amour !
C'est pour cela que le chrétien cherche à imiter le Christ qui est l'Homme parfait, l'idéal de la
perfection humaine, pour s'approcher le plus possible de cette ressemblance avec Dieu qui est
celle du fils ou de la fille qui ressemble à son Père.
Dans cet extrait de la Genèse, apparaît bien la triple vocation naturelle de l'être humain :
- reproduire en lui l'image de Dieu (être / aimer)
- donner la vie ("soyez féconds, multipliez")
- dominer la création ("emplissez la terre et soumettez-la")
Sa vocation surnaturelle qui est la contemplation éternelle de Dieu, nous la découvrons dans
le chapitre 3 de la Genèse lorsque l'H et la F, à cause du péché originel, perdent ce cadeau de la
vie éternelle qui leur avait été fait.
Mais dès l'origine, il y a cette vocation commune à tous les êtres humains.
Ensuite, la distinction de l'être humain en homme et en femme, la différenciation sexuelle,
nous fait comprendre qu'il y a des missions respectives pour l'H et pour la F au sein même de
cette vocation humaine commune.
L'H et la F ont reçu les mêmes dons, car ils sont issus de la même chair (Genèse 2, 21-25).
Mais chacun de ses dons va être développé différemment chez l'H et chez la F dans une mesure
ou une proportion différente, avec toutes les variations possibles selon les personnes, puisque
chacun de nous est unique ! Et ce sont ces différences qui font notre complémentarité.
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2. L'homme
Genèse 2, 15 : "Yahvé Dieu prit l'homme et l'établit dans le jardin d'Eden pour le cultiver et le
garder."
Genèse 2, 19-20 : "Yahvé Dieu modela encore du sol toutes les bêtes sauvages et tous les
oiseaux du ciel, et il les amena à l'homme pour voir comment celui-ci les appellerait : chacun
devait porter le nom que l'homme lui aurait donné. L'homme donna des noms à tous les
bestiaux, aux oiseaux du ciel et à toutes les bêtes sauvages, mais pour un homme, il ne trouva
pas l'aide qui lui fût assortie."
1ère mission donnée à l'homme : dominer la terre, être le maître et le gardien de la
création.
En donnant un nom aux animaux, il prend le pouvoir sur eux. Et il va coopérer à la création en
l'organisant, en développant ses richesses naturelles…
Pour cela il a reçu des dons spécifiques :
- une force physique plus puissante (masse musculaire plus développée, des os plus gros etc)
dont il a besoin pour prendre possession du monde extérieur.
Il est fait pour la conquête extérieure, le combat, la domination des forces de la nature.
- un esprit rationnel pour prendre intellectuellement possession du monde dans lequel il a été
placé.
- une force de caractère et une puissance de réalisation pour façonner le monde, forger de
nouvelles réalités selon les besoins des créatures qui l'entourent, et commander aux créatures
placées autour de lui par Dieu pour son service (animaux, végétaux…) ; s'il commande à
d'autres hommes c'est pour leur rendre service : être chef, c'est normalement être serviteur de
ses semblables, ce n'est pas les écraser et se servir d'eux arbitrairement à son profit.
L'homme est fait pour protéger sa famille et lui assurer la subsistance et la sécurité.
Après le péché originel, l'homme est blessé dans cette réalité spécifique : il va devoir
gagner son pain à la sueur de son front, il va devoir lutter contre les éléments de la nature qui
eux aussi sont en révolte contre lui, de même qu'il a refusé de se soumettre à l'ordre du
Créateur. Le monde matériel lui est devenu hostile. Il doit travailler péniblement pour dominer
la terre, obtenir sa nourriture… Et cela lui est d'autant plus pénible qu'il a perdu la confiance
innée qu'il avait dans l'aide précieuse que Dieu lui avait donnée au Paradis et qui lui était
"assortie". La complémentarité de l'H et de la F n'est plus perçue comme telle mais comme une
inégalité entre l'H et la F. Dès lors c'est le règne de la loi du plus fort au sein du couple comme
dans la nature. Il va falloir attendre que la grâce restaure la nature déchue, ce que Dieu promet
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d'ailleurs en maudissant le serpent :"Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton
lignage et le sien, il t'écrasera la tête…"
3. La femme
Genèse 2, 18 et 21-25 : "Yahvé Dieu dit : «Il n'est pas bon que l'homme soit seul. il faut que
je lui fasse une aide qui lui soit assortie.» (…) Alors Yahvé Dieu fit tomber une torpeur sur
l'homme qui s'endormit. Il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place. Puis, de la côte
qu'il avait tirée de l'homme, Yahvé Dieu façonna une femme et l'amena à l'homme. Alors
celui-ci s'écria :
«Pour le coup, c'est l'os de mes os et la chair de ma chair ! Celle-ci sera appelée "femme", car
elle fut tirée de l'homme, celle-ci !»
C'est pourquoi l'homme quitte son père et sa mère et s'attache à sa femme, et ils deviennent une
seule chair. Or tous deux étaient nus, l'homme et sa femme, et ils n'avaient pas honte l'un
devant l'autre."
a. "Il n'est pas bon que l'homme soit seul" : quand on est seul, on n'a personne à aimer !
Dieu le sait bien lui qui est Trinité ! Il aurait pu estimer que sa seule présence puisse combler
l'homme ; ce qui est vrai. Mais l'H n'est pas un pur esprit comme Dieu. Aussi veut-il que
l'homme ait "une aide qui lui soit assortie" (ei adjutorium simile : une aide semblable à lui), de
même nature, c'est-à-dire qui soit aussi,comme lui, créée à l'image de Dieu. Adam n'avait
trouvé aucune créature semblable à lui parmi les animaux que Dieu lui présentait, parce que les
animaux ne sont pas à l'image de Dieu, dans le sens où ils n'ont pas d'âme destinée à partager
l'amour éternel de Dieu.
* Première mission de la femme : aimer et transmettre l'amour. Comment ? En étant
l'épouse de l'homme. L'épouse est la plus étroite associée de l'homme, la plus intimement
associée à lui, l'indispensable associée pour qu'il puisse remplir sa mission de procréateur :
remplir la terre d'enfants de Dieu qui jouiront avec lui du bonheur éternel ! Il n'y aucune
hiérarchie entre l'H et la F. Ils sont assortis l'un à l'autre, complémentaires dans leurs
différences qui leur permettent de s'aimer. Et Adam la prend pour épouse et l'aime : ils
deviennent une seule chair ! Or l'amour humain qui est à l'image de Dieu est source jaillissante
de vie. L'amour est diffusif de soi !
*C'est la deuxième mission de la femme : transmettre la vie, être la mère des vivants.
Vous savez que c'est le sens du mot Eve.
Pourquoi mère des "vivants" plutôt que mère des hommes ? Parce que les êtres humains créés à
l'image de Dieu ne sont pas destinés à mourir. Avant le péché originel, la mort n'existe pas.
Dieu nous a créé pour la vie. c'est pourquoi une société qui ne trouve que la mort comme
réponse à la détresse et à la souffrance humaine (avortement, euthanasie) va radicalement à
l'opposé du projet de Dieu sur ce monde qu'Il a créé pour la Vie.
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b. Les conséquences du péché originel nous confirment cette vocation de la femme qui va
être blessée dans ce qui lui est spécifique, sa mission d'épouse et de mère, dans la réalité de sa
nature pour remplir cette mission :
- elle est atteinte dans sa capacité à donner la vie et à devenir mère
cf. Genèse 3,16 : « Je multiplierai les peines de tes grossesses, dans la peine tu enfanteras des
fils.»
Ces peines de l'enfantement, nous savons qu'elles ne se limitent pas à la grossesse et à
l'accouchement ; elles englobent aussi toutes les difficultés de l'éducation, tous les soucis des
mères qui voient grandir leurs enfants…C'est aussi l'enfantement à la vie spirituelle dans la
transmission de la foi, douloureux aussi pour la mère croyante dont l'enfant rejette la foi.
- elle est atteinte dans sa relation à l'homme
cf. Genèse 3,16 : «Ta convoitise te poussera vers ton mari, et lui dominera sur toi.»
Au lieu d'être cette aide semblable à lui, image de l'amour de Dieu en chair et en os, elle l'a
détourné de Dieu en l'entraînant dans la désobéissance, trompée par le démon qui lui avait
menti. ("Vous serez comme des dieux" = c'est vous qui déciderez ce qui est bien et ce qui est
mal !)
A la suite d'Eve, la femme est donc marquée dans sa condition de femme par cette double
blessure :
- elle qui était faite pour transmettre la vie, dans la béatitude du paradis terrestre, elle souffre
désormais dans sa maternité accomplie ou non accomplie (car la souffrance de la stérilité
procède elle aussi de cette rupture de l'harmonie originelle).
- elle qui devait être la compagne parfaite, l'heureuse complice de l'homme attendue, cherchée
et enfin trouvée, la "chair de sa chair" qu'il devait chérir comme la sienne, elle va subir la vie
rude de son époux devenu méfiant envers celle qui l'a mal conseillé et qui lui a fait perdre la
douceur du paradis. Elle devient sa servante quand il rentre harassé par le travail qu'il doit
fournir pour gagner leur pain. Elle est reléguée au rang inférieur de la société, parfois enfermée
ou étroitement surveillée, selon les civilisations et les cultures, éternelle mineure jugée
incapable d'exercer des responsabilités…
L'arrivée du christianisme marque cependant un tournant radical dans la condition de la
femme, chaque fois que la Bonne Nouvelle est vraiment reçue et vécue en vérité, parce que l'H
et la F ont été rachetés du péché par le Christ, nouvel Adam, grâce à Marie, la nouvelle Eve.
Par contre, quand cette Bonne Nouvelle de notre salut n'est pas reçue, voire rejetée, considérée
comme de l'obscurantisme auquel il faut échapper, quand les seules lumières de la raison
humaine remplacent la Parole révélée, le risque est grand de tomber dans le déni de réalité, et
de remplacer le message universel du Christ que transmet l'Eglise par l'opinion individuelle ou
l'utopie de groupuscules.
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On voit bien que les demandes justes et raisonnables pour obtenir des droits civiques identiques
pour les H et les F, la même dignité et les mêmes capacités en tant que personnes devant la loi,
se sont ensuite coupées de la réalité, de la vérité de leur nature d'H ou de F. Mais n'oublions pas
que ces personnes qui brandissent le drapeau des revendications féministes les plus dures et les
plus dangereuses, comme l'avortement ou l'homoparentalité, sont des personnes blessées par le
péché originel et souvent par les comportements cruels ou dénaturés d'hommes qui les
méprisaient ou ne respectaient pas leur mère.
Nous croyons qu'il y a quelque chose d'infiniment plus beau que cette misère.
III. «Quelque chose d'infiniment plus beau…»
1. La Vierge Marie, modèle de la femme.
Souvent appelée "la nouvelle Eve", Marie conçue par une grâce spéciale, sans le péché originel
(Immaculée Conception), nous montre la femme originelle à l'image de Dieu. Sa féminité
parfaite, impeccable, restaure la femme dans sa féminité telle que Dieu l'avait voulue, et nous
montre les qualités que toute femme doit développer en elle-même :
- elle est la parfaite fille du Père : elle n'est pas à elle-même sa propre origine, elle ne
construit pas sa personnalité en choisissant d'être femme. Elle sait qu'elle a tout reçu de Dieu et
elle est soumise par amour à la volonté de son Père. Elle sait qu'elle n'est pas la mesure de
toutes choses et que la vie qu'elle a reçue gratuitement ne lui appartient pas, encore moins la vie
des autres. Elle ne décide pas elle-même ce qui et bien et ce qui est mal. C'est dans cette
attitude d'accueil et d'abandon qu'elle répond sans hésiter à l'ange Gabriel envoyé par Dieu,
chez elle, à Nazareth. Elle ne doute pas un instant de sa Parole contrairement à Eve qui, sous
l'influence du Trompeur avait douté de la mise en garde de Dieu par rapport aux fruits de l'arbre
de la connaissance du bien et du mal.
- elle est la parfaite épouse du Saint-Esprit : elle ne fait pas sa vie, au gré de sa fantaisie
individuelle, libre de tout engagement. Parce qu'elle se laisse sans restriction envahir par
l'amour divin qui donne vie, parce qu'elle ne garde pas sa vie pour s'accomplir elle-même, pour
faire ce qu'elle veut, comme un dieu ("Vous serez comme des dieux"), elle est vraiment
l'épouse du Saint-Esprit qui la prend sous son ombre. Dans l'AT, l'ombre ou la nuée signifie la
présence de Dieu. C'est ainsi qu'elle reçoit la vie de Dieu en elle, la présence même de Dieu qui
s'incarne. Elle est en relation complète et définitive avec la Sainte Trinité parce qu'elle a dit oui
à l'amour.
- elle est la parfaite mère du Christ : en recevant sa vie du Père et en la livrant à l'action du
Saint-Esprit, elle laisse jaillir la vie divine en elle, elle donne la vie à Jésus. Cet Enfant-Dieu
n'est pas sa propriété, ce dû qu'elle aurait réclamé selon son droit individuel à disposer de son
corps, c'est un don du Père : Jésus, vrai Dieu et vrai Homme, qui vient rendre la vie à
l'humanité toute entière. Ce salut passe par une femme inconnue, dans un village ignoré du
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reste du monde…Si Dieu avait méprisé la femme, comme certains le disent, aurait-il choisi la
petite Marie de Nazareth pour être sa Mère ?
Par sa maternité, Marie participe au plan créateur de Dieu le Père, elle est créatrice avec Lui.
Elle accomplit pleinement sa vocation de mère des vivants puisque par elle tous les hommes
peuvent être sauvés de la mort éternelle.
2. Les qualités naturelles de la femme.
Les dons naturels de la femme sont ordonnés à sa vocation d'épouse et de mère. C'est la
vocation commune la plus habituelle, quoi qu'on en dise aujourd'hui. Les femmes consacrées à
Dieu dans la vie religieuse ou dans le célibat consacré accomplissent la même vocation : elles
sont épouses du Christ et mères spirituelles. Il y a plusieurs sortes de don de soi et de
fécondité.
Quelques caractéristiques de la femme :
a. Physiquement : elle vit intimement avec son propre corps au rythme duquel elle est liée.
C'est pourquoi elle est sujette aux changements d'humeur, car son corps est en perpétuel
changement, durant sa vie féconde en particulier. (elle est plus stable avant la puberté et après
la ménopause).
Elle est capable d'endurer la fatigue et la douleur dans son corps, plus que l'homme que l'on dit
être "douillet", à cause de son rythme mensuel, de l'enfant qu'elle attend, du petit qu'elle veille
quand il est malade…Elle adapte sa vie et même se prive de sommeil, de divertissement…au
profit de son enfant qu'elle porte en elle, ou de son petit qui a faim la nuit, qui demande que l'on
s'occupe de lui, qui a besoin de la présence maternelle pour être en sécurité, ou de ses grands
qui ont besoin qu'on les écoute, qu'on s'intéresse à eux.
b. Intellectuellement : son esprit est moins rationnel, plus intuitif, parce que son domaine
naturel n'est pas celui des grandes questions abstraites, ni des concepts purement intellectuels,
mais celui de l'être, de la personne humaine, dans sa vie concrète, avec son corps et son âme.
Elle est douée pour comprendre la personne dans sa globalité et sa spécificité en même temps :
ainsi elle sait naturellement s'intéresser et s'occuper différemment de son grand garçon de 15
ans, de sa fille qui apprend à lire ou de son nouveau-né qui dort dans son berceau. Elle a ce
génie de la diversité : elle sait en même temps surveiller la cuisson du repas et aider son enfant
à faire ses devoirs, tout en répondant au téléphone à sa mère âgée qui s'ennuie…
c. Son sens affectif est très développé : c'est son domaine de prédilection puisqu'elle est faite
pour aimer et transmettre l'amour.
Elle a cette qualité particulière pour ce qu'Edith Stein appelle "l'intropathie", c'est-à-dire cette
capacité à deviner ce qui se passe en l'autre. Ainsi elle devine en voyant son enfant sortir de
classe que la journée s'est mal passée à l'école, que son mari a un gros souci, que cette amie
souffre de quelque chose, que sa grande fille est amoureuse…
"L'H a un amour, c'est le monde. La F a un monde, c'est l'amour"
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3. La femme et l'ordre de la Charité.
" Il ya quelque chose d'infiniment plus beau que de dépasser les hommes dans tous les
domaines : c'est de créer des hommes, de les porter, de les nourrir, de les élever au sens
profond du mot, et, après les avoir enfantés à la vie de la chair, de les enfanter à la vie de
l'esprit." Mauriac
Dans sa distinction des 3 ordres : ordre des corps, ordre des esprits et ordre du cœur, Blaise
Pascal met une hiérarchie. Dans l'ordre des corps il place la puissance des souverains : c'est le
domaine des biens matériels et de leur organisation. Dans l'ordre des esprits, il place la science.
Dans l'ordre du cœur, la charité ou amour de Dieu. Les ordres inférieurs doivent être éclairés
par l'ordre supérieur. Ainsi la charité représente la norme universelle pour la science comme
pour l'exercice du pouvoir, seul moyen d'échapper à la concupiscence de la chair ou de l'esprit
et de la volonté de puissance. La femme qui, par nature, est faite pour s'épanouir dans cet ordre
de la charité, détient de ce fait la clé du bonheur de l'humanité. Si sa vraie place n'est pas
reconnue (si elle est méprisée et avilie), si on l'empêche de jouer ce rôle (si on la transforme en
homme), il manque à l'humanité le sens de son existence.
C'est pourquoi Edith Stein pensait qu'il fallait organiser différemment l'éducation et les études
des filles de celles des garçons. Cela semble impensable aujourd'hui, au nom de cette fameuse
égalité des chances…En réalité, une véritable égalité des chances n'est pas de donner à tous les
enfants le même programme et le même régime, mais de donner à chacun ce qui va lui
permettre de développer ses dons et ses talents personnels. Donner une éducation différente aux
filles et aux garçons serait au contraire une vraie justice. Ce qui ne signifie nullement une
instruction au rabais pour les filles : elles sont tout aussi capables que les garçons d'étudier dans
tous les domaines. Seulement leur mission spécifique exige que l'on privilégie certains
domaines. D'où l'importance de l'éducation affective chez les filles, pour que ce sens ne soit pas
déréglé. D'où aussi l'importance de sa connaissance et de son sens de l'humain, dans sa
formation intellectuelle et dans sa formation morale, sociale…Et pour Edith Stein toujours,
l'importance de son éducation religieuse, puisque la charité c'est l'amour de Dieu, indissociable
de l'amour du prochain.
Une vraie justice, une véritable reconnaissance de la femme, un vrai féminisme, en
somme, serait de reconnaître que la vie professionnelle de la femme ne peut pas être pensée et
organisée comme celle d'un homme.
La femme qui généralement excelle naturellement dans les professions de l'éducation, de la
santé, du domaine social et de la communication, devrait pouvoir bénéficier de très grandes
facilités pour cesser son activité professionnelle durant ses années de jeune mère, afin de se
consacrer à ses maternités, à ses jeunes enfants qui ont absolument besoin de sa présence
constante. Elle devrait pouvoir ensuite reprendre son travail, si elle le souhaite ou si c'est une
nécessité économique pour la famille, à temps partiel tant qu'il y a des enfants, même grands, à
la maison, puis à plein temps éventuellement.
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Le véritable féminisme serait celui qui permet à la femme d'être pleinement femme, avec
toutes ses potentialités et ses qualités propres, dans la réalité de sa nature, celui qui reconnaît
que la femme a une mission spécifique dans la société humaine. Car la vraie libération de la
femme n'est pas de l'empêcher d'être femme ; c'est au contraire de lui permettre d'être différente
de l'homme et de reconnaître que l'H et la F se complètent et sont appelés à voir en l'autre non
un maître ou une servante, mais l'ami de dilection, l'alliée très précieuse, dont les qualités
complètent nos défauts, dans l'admiration des dons respectifs et avec une bienveillante
indulgence pour les faiblesses.
A ce titre, la méthode Billings permet ce véritable féminisme. C'est une méthode
foncièrement réaliste. En observant le cycle de la femme, au jour le jour, les époux choisissent
de tenir compte de cette réalité pour s'exprimer leur amour dans l'union la plus intime, ou dans
l'attente du moment le plus favorable pour préserver l'équilibre de leur famille, s'il doivent
attendre avant d'avoir un nouvel enfant. Ils respectent les potentialités de leur féminité et de
leur masculinité, sans les altérer ni les détruire : ils sont l'un devant l'autre, l'un avec l'autre,
comme Dieu les a créés, et ils respectent le sens de leur union la plus intime qui est de se dire
leur amour avec tout leur être, corps et cœurs unis, sachant que la vie peut jaillir de cet amour.
En enseignant cette méthode, nous sommes des témoins de la Charité, témoins de cette Vérité
de l'humanité pour laquelle le Christ a livré sa vie.
Vouloir rendre la femme indifférenciée de l'homme, ou l'homme indifférencié de la femme, par
son activité, son habillement, sa manière d'être, c'est mépriser profondément l'être humain. Il
me semble reconnaître la voix qui siffle ce discours à l'oreille du monde : "Vous serez comme
des dieux…Femme, tu seras comme un homme, et toi, l'homme, tu seras comme une
femme…regarde comme ce sera amusant de suivre sa fantaisie…Tu feras ce que tu
veux…C'est toi qui choisiras ton identité, ton orientation! vous serez les maîtres, vous ne
devrez rien à personne : ni Dieu, ni maître !…"
Au piège de ce discours trompeur, à ce monde artificiel qui cherche à créer de nouveaux êtres
asexués et stériles, dans l'obscurité d'un monde qui n'a ni sens ni but, où la moitié de l'humanité
(les F) serait en lutte contre l'autre moitié (les H), je préfère les lumineuses paroles du Christ
qui nous dit à plusieurs reprises à travers les évangiles : "Voici que je vous donne un
commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés" (St Jean
13,34)
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Texte de François Mauriac, extrait d'une conférence sur l'éducation des filles, 6 février 1931.
La femme d'aujourd'hui, la femme affairée, et qui jette des bouts de
cigarettes souillés de rouge, qui plaide, court les bureaux de rédaction, dissèque
des cadavres, je nie que ce soit une conquérante. Autant qu'elle réussisse dans ces
professions, elle n'y fait rien que faute de mieux, que faute de l'unique nécessaire
dont elle est sevrée par une époque atroce.
Car la question n'est pas de savoir si les femmes peuvent ou non
exceller dans les divers domaines qui étaient jusqu'aujourd'hui réservés aux
hommes. Pour mon compte, j'admets fort bien que le talent ni le génie ne soient le
privilège du sexe fort ; ce qui est surabondamment prouvé pour la poésie, pour le
roman et les arts plastiques, le sera peut-être un jour dans les sciences. Qu'il y ait,
et qu'il doive y avoir chaque jour en plus grand nombre des femmes remarquables
dans toutes les branches de l'activité humaine, pour moi cela ne fait pas question.
Mais ce n'est pas d'une élite qu'il s'agit ici : considérons la femme
moyenne, celle par exemple qui passe son bachot, sa licence, et dont les garçons
ne laissent pas d'être jaloux. Il restera toujours ceci qu'à intelligence égale elle
n'aborde la culture que faute de pouvoir suivre sa vocation naturelle. Elle me
semble avoir moins de chance que son camarade masculin de s'y adonner avec
désintéressement et de l'aimer pour elle-même.
Sans doute, au départ, la culture n'est qu'un moyen pour tous les
étudiants de l'un et l'autre sexe. Mais pour les meilleurs, pour les plus doués parmi
ces garçons, elle a chance de devenir peu à peu une fin. Ils s'y donnent en dehors
de toute question de réussite ; elle constitue le seul climat où ils puissent vivre ; la
vie intellectuelle, la vie spirituelle tend à devenir pour eux la vie véritable et
l'unique vérité.
Chez une fille également douée, la vie de l'esprit ne s'impose pas avec
la même force. Elle s'y adonne faute de mieux ; il y a toujours une autre chose
pour laquelle elle était faite, non inférieure certes, mais d'un autre ordre : ce que
Pascal appelle l'ordre de charité, celui qui vaut infiniment plus que tous les corps
ensemble et que tous les esprits ensemble. Il y a quelque chose d'infiniment
plus beau que de dépasser les hommes dans tous les domaines : c'est de créer des
hommes, de les porter, de les nourrir, de les élever au sens profond du mot, et,
après les avoir enfantés à la vie de la chair, de les enfanter à la vie de l'esprit.
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