Canonisation de Jean XXIII et JeanPaul II – 27 avril 2014

Transcription

Canonisation de Jean XXIII et JeanPaul II – 27 avril 2014
Dimanche 27 avril 2014
( canonisation de Benoît XVI et de Jean Paul II
et 800ème anniversaire du baptême de saint Louis, le 25 Avril 2014)
2eme Dimanche de Pâques « de la divine miséricorde »
1.La Révélation de la miséricorde.
Pendant cinquante jours Jésus ressuscité s’est manifesté aux femmes, aux
compagnons d’Emmaüs, aux douze et à une foule de disciples. Ceux-ci en ont
témoigné au péril de leur propre vie, ils ont donné leur vie en aimant comme
Jésus et avec lui. A eux seuls Jésus s’est manifesté, parce qu’eux seuls le
connaissaient vraiment, comme des amis connaissent leur ami. Mais leur
connaissance d’amitié était aussi une connaissance de foi, une foi fragile qu’ils
avaient perdue au moment de l’épreuve de la croix. La peine et la peur avait
obscurci leur regard, ils ne savaient plus que pleurer. Jésus vient ressusciter leur
foi en se faisant reconnaître à la fraction du pain, à la pèche miraculeuse, à sa
voix.
Ce qui est impressionnant c’est que Jésus ressuscité fasse lui-même observer les
stigmates de sa passion. En faisant cela, il attire l’attention sur les signes visibles
de la miséricorde du Père révélée à la Croix. Nous y avons été récemment
encore rendus très sensibles au moment de la venue de la sainte couronne
d’épines ici-même il y a un mois.
A travers cela, le Mystère de la miséricorde est pour ainsi dire comme
« expliqué » par le Ressuscité : l’amour de Dieu c’est le cœur transpercé de
Jésus, qui pardonne les péchés par amour pour les pécheurs et donne la grâce de
la foi qui justifie. Cette miséricorde est à la fois prévenante, fidèle, complète et
universelle et elle s’accompagne de l’offre de la foi, lumière dans les ténèbres, et
force dans les épreuves.
2. La miséricorde a été mise par Jésus entre les mains de l’Eglise,
Qui sert cette miséricorde mais ne la possède pas. En elle, le Christ se tient
invisiblement. Par son Esprit de sainteté, par les sacrements et les saints et la vie
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théologale et le ministère apostolique, la miséricorde se répand comme l’eau sur
les terres desséchées et sur les cœurs broyés.
Les saints ont compris et vécu la miséricorde. Ils ont su en parler et ils l’ont
reflétée.
A chaque génération, l’Eglise prend conscience de façon toujours plus grande de
la profondeur de la miséricorde divine. Ce n’est pas seulement un attribut divin
mais le centre même de la vie de Dieu qui pardonne et sauve. Des saints de notre
pays ont pour ainsi dire été en première ligne de cette prise de conscience :
pensons, au moment de la grande tentation du jansénisme, à saint Jean Eudes
et à Sainte Marguerite Marie, et à la dévotion au Sacré Cœur, qui représente le
meilleur de notre âme catholique et qui conduira à la fête du Sacré Cœur étendue
par Léon XIII à l’Eglise universelle.
Jean Paul II qui a institué comme Dimanche de la miséricorde le Dimanche de
l’octave de Pâques, a toujours dit que la clef de son pontificat était la
miséricorde. Il l’a mise en œuvre, notamment dans le développement des
relations interreligieuses et des relations œcuméniques. On peut dire la même
chose de Jean XXIII, qui, cinquante ans avant, a tellement rayonné la bonté de
Dieu et les dimensions universelles de cette bonté. Nous nous associons à la joie
de tous ceux qui à Rome célèbrent la canonisation de ces deux Papes, d’autant
plus que, comme vous le savez, deux des plus récentes constructions de notre
diocèse portent leur nom : l’Eglise Jean XXIII et le lycée Jean Paul II à
Sartrouville !
Puisqu’en ce jour nous célébrons, presque jour pour jour, l’anniversaire du
baptême de saint Louis ici même le 25 avril 1214, il y a 800 ans, nous évoquons
évidemment sa figure, à la fois haute et proche. Chez St Louis le pardon des
offenses et la justice traduisaient la bonté miséricordieuse de Celui auquel il
savait rendre compte et dont il savait qu’il recevait tout. En étant présent à la
messe chaque jour et en se confessant plusieurs fois par semaine, il puisait la
miséricorde à la source…
Au moins une fois dans l’histoire de notre pays un de nos rois a été en même
temps un chef politique courageux, pacifique et constructeur, un homme de
justice, un époux fidèle et un père de famille assez remarquable.
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Dire cela ne nous encourage pas seulement à espérer que ce qui a été possible
une fois puisse l’être à nouveau…puisque, nous en avons eu la preuve, « rien
n’est impossible à Dieu ». Mais cela nous provoque à une charité plus grande.
En effet la mémoire chrétienne ne se contente pas de commémorer le passé pour
exalter des hauts faits ou regretter l’hécatombe des guerres. Elle est action de
grâces à Dieu pour les bienfaits présents et passés, elle est demande de pardon
pour les péchés, et supplication pour le présent et l’avenir.
3. C’est ainsi que nous sommes invités à la prière instante pour le chef de l’Etat
et ceux qui nous gouvernent.
S. Paul (Rm 13,1 ; Tt 3,1) et S. Pierre (1P 2, 12,17) demandent qu’on fasse des
prières pour le chef de l’Etat et les gouvernants. Ils ne fixent pas de préalables à
cette prière. Ils ne posent pas comme condition que le chef d’Etat soit chrétien,
baptisé ou pas, catéchisé ou pas. Nous n’avons pas non plus à attendre pour prier
que les autorités nous le demandent, ou nous y autorisent!
En revanche le contenu de cette prière est ambitieux. Elle demande que le chef
d’état et les gouvernants exercent leur responsabilité au service du bien
commun, qu’ils aient d’abord à cœur de servir la justice sociale et l’unité entre
les concitoyens, qu’ils aient le courage et le désintéressement nécessaires pour
choisir la vérité et refuser le mensonge et les pressions, en veillant à éclairer leur
conscience.
Cette prière n’a rien perdu de son actualité ni de sa pertinence. Elle est d’autant
plus nécessaire que dans notre système démocratique la plupart de nos
gouvernants sont des élus, et qu’il revient aux élus de présenter et de voter des
lois.
Ces lois sont bonnes quand elles sont justes. Elles ne pas sont justes du seul fait
qu’elles soient votées. Elles sont justes quand elles servent le bien commun. Par
bien commun nous n’entendons pas seulement l’intérêt général et encore moins
l’intérêt de catégories particulières, mais ce qui est bon et constructif pour
l’ensemble du corps social. Et il n’y a pas de bien du corps social tout entier
quand les plus faibles ou les plus pauvres sont lésés, oubliés, avortés, jetés,
considérés comme des objets trop compliqués ou trop vieux, inutiles, qui pèsent
et coûtent cher au contribuable. Quand ne sont plus protégés que les désirs
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égoïstes ou quand les impératifs budgétaires priment sur tout, y compris sur
l’être humain, le bien commun n’est plus servi, la confiance diminue, la violence
grandit, tout simplement parce que l’homme s’autodétruit.
On comprend dès lors combien notre prière est importante pour nous chrétiens
citoyens de notre pays et habitants de notre pays et de l’Europe dont on ne peut
oublier les racines chrétiennes. Elle dit au Seigneur roi de l’univers notre désir
d’engagement dans la cité et notre solidarité, elle demande que notre conscience
soit éclairée, et que notre action soit bénéfique.
Que Saint Louis, Saint Jean XXIII et Saint Jean-Paul II intercèdent avec la
Vierge marie et tous les saints pour que règne en nos cœurs la miséricorde, faite
de pardon, de bienveillance, et d’humble lucidité !
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