la chronique de fabienne pascaud
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la chronique de fabienne pascaud
28 SEPT/04 OCT 13 Hebdomadaire OJD : 613234 Surface approx. (cm²) : 254 N° de page : 83 Page 1/1 LA CHRONIQUE DE FABIENNE PASCAUD m Macbeth Tragédie Shakespeare I Sh I Mise en scene Laurent Pelly I Jusquau 13oct I Theatre Nanterre Amandiers Nanterre (92) I Tel 0146147000 ED Robin revient, tsointsoin One woman show Muriel Robin |1h45|Miseen scene Muriel Robin assistee par Clara Guipont | Jusquau 19 oct I Theatre de la Porte Saint Martin Paris 10e I Tel 0142080032 Rares sont ceux qui osent s'attaquer a la «piece écossaise», redoutant même de nommer Macbeth (1606), tant la trage die de Shakespeare est réputée porter malheur a quiconque s'y affronte Parce que les vers du poète contiendraient on ne sait quel langage sorcier mêle a ses métaphores teintées d'horreur et de fantastique ' Parce que la piece raconte l'hégémonie du Mal, la force de destruc Don tapie en chacun de nous - même le plus crétin (le vaillant general Mac beth) , pour peu qu'il soit porte par l'irrésistible attrait du pouvoir' En pleine maturité artistique, prompt au comique comme au tragique, a I ope ra comme au mélodrame, le patron du Theatre national de Toulouse Laurent Pelly n'a pas eu peur des meurtres sans fin auxquels va se livrer le premier des serai killers (pousse par sa femme), une fois prédite son accession prochaine a la royauté II monte la tragédie dans une sorte d'obscur et fantomatique laby rmthe mental qu'il a lui même conçu lumieres nocturnes, ambiances de eau chemar, murets oppressants, maison digne de polar, entre Fdward Hopper et Un Macbeth de cauchemar entre Hopper et Hitchcock Bruno Abraham Kremer dans la peau (et la pensée) de Jankelevitch CITE3 6980857300505/XHM/OTO/2 Alfred Hitchcock Dans cet espace de brumes, des sorcières sorties de eon tes millénaires manipulent Macbeth (Thierry Hancisse, étonnant de force brute) pour creer sur terre le chaos toujours recommence de la guerre et des illusoires conquêtes Est i) vraiment responsable, ce jouet de la deesse Hécate et de ses servantes, ce man sous l'emprise d'une épouse vampire dont la soif de pouvoir a rem place les enfants jamais nes (Marie So pme Ferdane, a la beaute vénéneuse) Est il encore libre, celui qui décrit lui même la vie, dans la limpide traduction de Jean Michel Deprats i, comme «un récit conte par un idiot, plein de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien » Sur le desastre du monde, sur la vam te de l'existence, la monstruosité des hommes, Shakespeare n'a pas fini de nous conter les plus terribles histoires, de nous les renvoyer en miroir Ne sommes nous pas tous des Macbeth en puissance ' On regarde Ie spectacle avec des effrois et des fascinations d'enfant, même s'il est outrageusement decoupe par de ronflantes musiques Sûrement Muriel Robin aurait pu jouer lady Macbeth Autrement Elle peut toutjouer, Robin Faire rire ou faire peur, émouvoir ou repousser Est ce de sa force masculine, et de sa séduction toute feminine, aussi, de mere sœur arme amante, qu'elle tire cette puis sance étonnamment bisexuelle ? Elle ne se cache plus d'ailleurs de son homo sexualité Dans Robin revient, tsom tsom, elle ne se cache même de rien Elle a choisi de se raconter De dire pourquoi, a 50 ans, elle n'a plus eu en vie, soudain, de continuer ces one man show qui firent sa gloire depuis la fin des annees 1980 Pourquoi, en proie a la de pression, a la boulimie, a l'alcoolisme, il lui a fallu tout arrêter, tenter de se re prendre en mam au fil d innombrables thérapies, et de rechutes toujours re commencées Huit ans plus tard, elle reapparaît seule en scene, donc Comme autrefois En plus sereine Elle explique comment elle s'est battue avec et contre elle même Ce n'est pas toujours drôle, Ro bin revient, tsom tsom fl y a même des scènes dérangeantes dans ces confes sions a peine sublimées par le rire Un rire noir Maîs avec quelle generosite la comédienne nous fait partager son par cours ' S'abandonne en pâture pour que nous tirions nous mêmes force de ses abîmes et de sa reconstrucuon Elle est magnifique quand elle se livre ainsi a son public (avec un redoutable savoir-faire de saltimbanque, pas de panique ') Et le public en redemande, qui l'ovationne debout des son entree Qui J'interpelle a lafin «Munel, on t'aime * Tu nous as man que, tu es belle, ils f ont tous pompée'» De memoire de critique, on avait rarement vu ça, comme ça C'était la premiere De vant le rideau, bouleversée, Robin a en core parle, remercie Le public lui ren dall l'amour qu'elle voulait, elle aussi, lui donner Maîs les grands comédiens sontils jamais assez aimes ' • i Jean Michel Deprats et Gisèle Venet viennent de diriger dans la collection Pléiade la suite de leur tres brillante traduction de Shakespeare ici un premier volume des comed es (60 € jusqu au 31 janv 1520 p ) Eléments de recherche : THEATRE DE LA CITE ou THEATRE NATIONAL DE TOULOUSE (31), toutes citations