Les âges de la vie
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Les âges de la vie
Les âges de la vie Voir M5, p. 99 Les textes précédés du signe * sont donnés en français. Les références aux textes apparaissent dans le dossier. 1. les âges de la vie 2. Infantia une politique nataliste La naissance Les petits enfants 3. 4. Pueritia *la « bulla » A l’école *La dénatalité cause la perte des Etats *Les prolétaires *Les allocations familiales Avoir une nombreuse descendance : un sujet de fierté La marâtre nature Faire-part de naissance *Un petit être qui découvre le monde Le maître d’école ridiculisé Les maîtres vénérés Adulescentia le temps des amours Etre parents 5. Juventus Le mariage *L’amour des parents Quelles qualités requises par les parents ? Ne pas donner le mauvais exemple *L’éducation se dégrade Ne pas être trop sévère *Surveiller l’éducation des siens Les trois formes de mariage Un discours sur le mariage Célibataires mis à l’amende ! La vie conjugale Un modèle d’amour conjugal *Fidélité des femmes envers leurs maris Contre les femmes *La thérapie familiale La déesse Viriplaca Portraits de femmes *Les femmes savantes Les ivrognesses Les empoisonneuses Le divorce Le premier divorce à Rome La frénésie de divorcer Viviane Durussel, mai 2010 page 1 6. Seniores *La journée d’un vieillard (Pline, Ep. 3, 1) La transmission des valeurs ancestrales Les honneurs rendus aux vieillards 7. Senectus Non aux vieillards aigris ! *Anecdote de Sophocle âgé 8. La mort Mort des petits enfants Mort des jeunes gens Les funérailles La fête des morts Le suicide 1. Infans 5. Vir 9. Puella 13. Anus decrepita Viviane Durussel, mai 2010 Les Perses Epitaphe d’Erotion Stèle de Visellia Firma Les fils de Paul Emile Douleur d’Octavie à la mort de Marcellus Consolation à la mort de Tullia Oraison funèbre de Metellus Mort de Didon Suicide de Caton d’Utique 2. Puer 6. Senex 10.Virgo 3.Adulescens 7. Silicernium 11.Mulier 4. Juvenis 8. Pupa 12.Vetula page 2 1. Les âges de la vie Pour que se conserve le savoir du monde antique, Isidore de Séville, un évêque espagnol (602-636) compose une encyclopédie en 20 livres, les « Etymologies », où il parle un peu de tout, y compris des âges de la vie, qu’il catalogue en six périodes. Il donne des différentes étapes de la vie humaine des étymologies fantaisistes ! Isidore écrit dans un latin tardif : vocata est signifie bien « est appelée » ! 1 Gradus aetatis sex sunt : infantia, pueritia, adulescentia, juventus, gravitas 2 atque senectus. Prima aetas infantia est, quae porrigitur in septem annis. 3 Secunda aetas [est] pueritia, id est purao et necdum ad generandum aptao. 4 Tertia [aetas est] adulescentia ad gignendum adultao, quae porrigitur usque 5 ad viginti octo annos. Quarta [aetas] juventus, firmissima omnium aetatum, 6 finienso in quinquagesimo anno. Quinta aetas senioris, id est gravitaso, quae 7 est declinatioo a juventute in senectutem. Quae aetas, a quinquagesimo anno 8 incipiens, septuagesimo terminaturo. Sexta aetas senectus, quae nullo 9 annorum tempore finitur, sed post quinque illas aetates quantumcumque 10 vitae senectuti deputatur. Senium autem est pars ultimao senectutis, sic dicta 11 quod sit terminus sextae aetatis. 1 gradus, us, m. aetas, atis, f. le degré, l’étape la vie, la période de la vie 2/4 porrigo, is, ere, rexi, rectum s’étendre 3 necdum genero, as, are, rég. pas encore mettre au monde des enfants 4/15 gigno, is, ere, genui, genitum procréer 4-5 usque ad + Acc. jusqu’à 5 firmus, a, um solide, résistant 6 quinquagesimus, a, um senior, oris, m. cinquantième le vieillard (de 46-60 ans) 8 septuagesimus, a, um septantième 9 finio, is, ire quantumcumque + Gén. borner, limiter tout ce qui reste (de) 10/25 deputo, as, are, rég. (+ Dat.) senium, i, n. imputer à, assigner à le grand âge 11 terminus, i, m. le terme, la fin Viviane Durussel, mai 2010 page 3 12 Infans dicitur homo primae aetatis, dictus autem infans quia adhuc fari nescit, 13 id est loqui non potest. Puer a puritateo vocatus est, quia purus est et necdum 14 lanuginem genarum habet. Puella est parvula. Adulescens dictus est quod sit 15 ad gignendum adultuso. Juvenis vocatus est quod juvare posse incipit. Vir 16 nuncupatus est quia major in eo vis est quam in feminis, unde et « virtus » 17 nomen accepit. Mulier vero a mollitie sic appellata est. Virgo a viridiori aetate 18 dicta est ; virago sic vocata est quia virum agit, hoc est opera viriliao facit et 19 masculinio vigoriso est. Senior est adhuc viridior. Senes per nimiam aetatem 20 ita delirant sicut pueri qui per infantiamo ignorant quid faciant. Senex autem 21 tantum maculinio generis est, sicut anus femininio, nam anus dicitur sola 22 mulier (aut vetula, quia vetustao). Senectutis [aetas] autem multa secum et 23 bona adfert et mala. Bona quia nos ab impotentissimis dominis liberato, 24 voluptatibus imponit modum, libidinis impetus frangit, sapientiam auget, 25 maturiora consilia dat. Mala autem quia senium miserrimum est debilitate et 26 odio. 26 d'après Isidore de Séville, Etymologies XI, 2, 1-30 (avec de larges coupures) 12 adhuc, adv. for, faris, fari, fatus sum, dép. pas encore parler 13 necdum, adv. ne ... pas encore 14 lanugo, inis, f. genae, arum, f. pl. parvulus, a, um le duvet, la barbe naissante les joues tout petit 16 nuncupo, as, are, rég. et, adv. appeler aussi 17 mollities, iei, f. 17/19 viridis, is, e 1. la souplesse, la flexibilité 2. la douceur, la sensibilité 3. la faiblesse de caractère, le manque d’énergie vert = jeune, vigoureux 18 virago, inis, f. la virago (= la femme-homme) 19 nimius, a, um trop avancé, excessif 20 deliro, as, arre, rég. sortir du sillon = perdre la tête 21 anus, us, f. la vieille femme 22 vetula, ae, f. la petite vieille 23 impotens, impotentis, 3 g. immodéré, sans frein 25 maturus, a, um debilitas, atis, f. mûri par l’expérience la faiblesse physique odium, i, n. ici : la conduite odieuse Viviane Durussel, mai 2010 page 4 Document n° 1 Des termes spécifiques désignent les différents âges de la vie de l’enfant et de l’adulte. Pour les hommes, ils correspondent à des étapes importantes de leur vie de citoyens et de soldats ; pour les femmes, la distinction repose avant tout sur leur état civil. Garçons et hommes Filles et femmes. INFANS Ce terme s’applique aussi bien aux filles qu’aux garçons de moins de 7 ans. Pendant toute cette période, l’enfant est élevé par sa mère. Après la naissance, le nouveau-né est déposé à terre devant son père. Si celui-ci le soulève (tollit), il est admis dans la famille, sinon il est exposé (= abandonné). Le 8e jour pour les garçons, le 9e pour les filles a lieu la cérémonie de purification (dies lustricus) à la suite de quoi l’enfant reçoit la « bulle », portebonheur d’or ou en cuir contenant des amuelettes et des formules magiques. PUER Jusqu’à 17 ans, le « puer » garde la toge prétexte (bordée d’une bande poupre) et la bulla. De 7-11, les enfants (garçons et filles) vont chez le ludi magister, qui leur apprend à lire, écrire, compter. Entre 12 et 15 ans, les garçons suivent les cours du grammaticus : ils y apprennent le grec et lisent les grands auteurs grecs et latins. De 15-17 ans, les garçons apprennent l’art oratoire chez le rhetor. PUELLA / VIRGO ADULESCENS A 17 ans, le garçon dépose la bulla et la toge prétexte, qui sont consacrées aux dieux Lares. La toge virile (toute blanche) remplace la toge prétexte. La prise de la toge virile s’accomplit en mars, aux fêtes de Bacchus (Liberalia). Le jeune homme est mobilisable et a le droit de vote. UXOR / CONJUX L’âge idéal du mariage est fixé à 12 ans : en fait le mariage généralement a lieu plus tard. La veille des noces, la future épouse consacre aux dieux sa bulla et ses jouets de fillette. Elle passe sous l’autorité de son mari, mais ne change pas de nom. JUVENIS A partir de 30 ans, le jeune homme peut être élu comme magistrat. MATRONA Bien que mineure du point de vue de la loi, la matrona romaine est la compagne et la collaboratrice de son mari. Elle partage avec lui l’autorité sur ses enfants et les domestiques, elle participe même aux charges qu’il remplit dans la vie publique. SENIOR Les seniores peuvent encore être mobilisés en cas de besoin, mais ils se consacrent essentiellement à la vie de la cité. ANUS Ce terme désigne la femme âgée, qui ne peut plus avoir d’enfants. Les filles vont à l’école élémentaire avec les garçons. Les filles de noble famille poursuivent leurs études avec un professeur privé qui leur enseigne les lettres grecques et latines. Elles apprennent aussi à jouer de la cithare, à chanter et à danser. SENEX A partir de 60 ans, le « senex » n’a plus d’obligations militaires. Viviane Durussel, mai 2010 page 5 Infantia Infans dicitur homo primae aetatis, dictus autem infans quia adhuc fari nescit, id est loqui non potest. Naissance, Plaque funéraire de Scribonia Attica, vers 140 (nécropole de Portus Ostia Antica) Enfant au berceau, Monument funéraire de la nourrice Severina (Cologne) Viviane Durussel, mai 2010 page 6 2. Infantia Une politique nataliste La dénatalité cause la perte des Etats Rome avait vu la Grèce s’effrondrer devant elle et avait lu chez Polybe qu’une des causess de sa défaite était la dénatalité. Les gens de ce pays ont cédé à la vanité et à l’amour des biens matériels ; ils ont pris goût à la vie facile et ne veulent plus se marier ou, quand ils le font, ils refusent de garder les enfants qui leur naissent ou n’en élèvent tout au plus qu’un ou deux, afin de pouvoir les gâter durant leur jeune âge et leur laisser ensuite une fortune importante ... Quand il n’y a qu’un ou deux enfants, il suffit que la guerre en enlève un et la maladie un autre, pour que les foyers, inévitablement, se vident. Polybe XXXVI, 17 Les prolétaires Servius Tullius, sixième roi de Rome (578-535 av. J.-C.), organise la société et l’armée romaines en centuries, distinction fondée sur la fortune (le cens) des citoyens. Ceux qui n’ont rien donnent des enfants à Rome. Servius choisit avec soin même les noms et les termes à employer : il appela les riches « assidui » (contribuables), d’après l’acte de payer l’impôt en as. Ceux qui possédaient moins de mille cinq cents as ou qui n’avait comme cens que leur propre personne, il les nomma « prolétaires », pour faire comprendre qu’on attendaient d’eux qu’ils soient « prolifiques », en donnant des enfants à la cité. Cicéron, Rep. 2, 40 Les allocations familiales Après la saignée des guerres civiles, Auguste fonde 28 colonies en Italie et encourage la natalité, en accordant mille sescesterces aux plébéiens qui fondent famille. Pour encourager partout les gens de mérite et les familles nombreuses de la classe populaire, Auguste accordait les grades équestres à ceux qui les demandaient, simplement sur une recommandation officielle de leur cité et, quand il visitait les régions de l’Italie, tout plébéien fournissant la preuve qu’il avait des fils ou des filles recevait de lui mille sesterces par enfant. Suétone, Aug. 46, 3, 2 Avoir une nombreuse descendance : un sujet de fierté Junon demande à Eole, le roi des vents, de déclencher la tempête qui doit naufrager Enée et ses compagnons. Pour le convaincre, elle lui offre Deiopée, la plus belle de ses Nymphes, qui le rendra père d’une nombreuse descendance. Viviane Durussel, mai 2010 page 7 69 Incute vim ventis submersasque obrue puppes, 70 aut age diversos et disjice corpora ponto. 71 Sunt mihi bis septem praestanti corpore Nymphae, 72 quarum quae forma pulcherrima Deiopea, 73 conubio jungam stabilio propriamoque dicabo, 74 omnes ut tecum meritis pro talibus annos 75 exigat et pulchra faciat te prole parentem. = in ponto pro talibus meritis Virgile, Enéide 1, 69-75 69 incutio, is, ere, cussi, cussum submergo, is, ere, mersi, mersum obruo, is, ere, rui, rutum puppis, is, f. envoyer, inspirer submerger engloutir (la poupe), le navire 70 diversus, a, um disjicio, is, ere, jeci, jectum pontus, i, m. qui va dans toutes les directions disperser la mer 71 praestans, stantis, 3 g. remarquable 72-73 quarum Deiopeam, quae pulcherrima forma est, jungam 73 conubium, i, n. jungo, is, ere, junxi, junctum dico, as, are, rég. le mariage joindre, unir proclamer 74 merita, orum, n. pl. les services 74-75 75 annos exigo, is, ere proles, is, f. passer sa vie les enfants, la famille La naissance La marâtre nature Voici comment Pline commence son livre sur l’Homme : « On commencera à juste titre par l’homme, pour qui la nature semble avoir créé tout le reste, non sans grever ses nombreuses largesses d’un grand, d’un terrible tribut, si bien qu’on ne peut décider au juste si elle est pour l’homme une bonne mère ou une cruelle marâtre. » Viviane Durussel, mai 2010 page 8 1 Homo unum animal est quod natura alienis velat opibus. Ceteris animantibus 2 varie tegimenta tribuito : carapaces, coquilles, peaux, piquants, poils, soies, crins, 3 duvet, plumage, écailles, toisons ; truncos etiam arboresque cortice a frigoribus et 4 caloreo tutata est. Natura hominem tantum nudumo et in nudao humo natali 5 die abjicit, ad vagitus statim et ploratumo nullumque aliud inter tot animalia 6 ad lacrimas (factum est), et has [lacrimas] protinus vitae principio. Ab hoc 7 lucis rudimento homo habet vincula quae ne animalia quidem excipiunt et 8 omnium membrorumo nexus. Itaque felicitero natus jacet manibus pedibusque 9 devinctis, flens animal ceteris imperaturum, et a suppliciis vitam auspicatur 10 ob unam tantum culpam, quia natum est. d'après Pline l’Ancien, HN, 7, 2 1 velo, as, are opes, opum, f. pl. voiler, couvrir les richesses 2 varie, adv. de manières diverses 2 tegimentum, i, n. tout ce qui sert à couvrir : l’habit, la protection 3 truncus, i, m. cortex, icis, m. le tronc l’écorce 4 frigus, oris, n. tutor, aris, ari, dép. rég. ab le froid, le gel garder de, défendre de 5 natalis, is, e dies abjicio, is, ere, jeci, jectum vagitus, us, m. statim, adv. le jour de naissance laisser là, rejeter les cris, les vagissements tout de suite, aussitôt 6 lacrima, ae, f. protinus, adv. principium, i, n. la larme immédiatement après le début 7 rudimentum, i, n. (+ Gén.) vinculum, i, n. excipio, is, ere, cepi, ceptum l’apprentissage, l’initiation le lien recevoir 8 nexus, us, m. les nœuds, les entraves 9 devincio, is, ire, vinxi, vinctum fleo, es, ere, flevi, fletum auspicor, aris, ari, dép. lier, attacher pleurer commencer Faire-part de naissance Le 17 juillet 65 vient au monde le fils de Cicéron et de Terentia. L’heueeux père s’empresse d’annoncer la nouvelle à son ami Atticus. Puis il s’étend longuement sur ses manœuvres électorales. 1 Filiolo me auctum (esse) scito salva Terentia. 1 filiolus, i, m. augeo, es, ere, auxi, auctum Viviane Durussel, mai 2010 un petit garçon augmenter Cicéron, Att. 1, 2 page 9 scito (impératif futur) salvus, a, um tu sauras sain et sauf Les petits enfants Un petit être qui découvre le monde Cicéron nous livre un portrait psychologique de l’enfant qui témoigne d’une profone attention. Les enfants qui viennent de naître gisent comme si l’esprit leur faisait défaut. Quand ils ont acquis un peu de force, esprit et sens entrent en jeu : ils font des efforts pour se mettre debout, se servent de leurs mains, reconnaissent les personnes qui les élèvent. Puis ils ont du plaisir avec les enfants de leur âge ; ils se mêlent à eux, se livrent à des jeux, se laissent Viviane Durussel, mai 2010 mener par des histoires. Ils sont préoccupés de se qui se fait à la maison et cherchent à tout savoir. Ils commencent à faire leurs petites réflexions et à apprendre. Ils tiennent à ne pas ignorer les noms des gens qu’ils voient. Dans les compétitions qu’ils ont avec ceux de leur âge, avoir le dessus les transporte de joie, avoir le dessous les paralyse. Cicéron, De Finibus 5, 41 page 10 Pueritia Puer a puritateo vocatus est, quia purus est et necdum lanuginem genarum habet. Puella est parvula. Néron ou Britannicus ? Un jeune Romain avec bulla et robe prétexte Paris, Musée du Louvre Viviane Durussel, mai 2010 Jeune fille Paris, Musée du Louvre page 11 La bulla La « bulla » était un bijou en forme de cœur ou de croissant porté en sautoir. Sur son origine et sa fonction, les auteurs anciens hésitent, comme nous pouvons le voir chez Plutarque. Pourquoi met-on au cou des garçons des bijoux qu’on appelle « bulles » ? Est-ce un des nombreux usages qui ont pour but d’honorer l’enlèvement des Sabines et voulut-on distinguer ainsi les enfants qui naquirent d’elles ? Ou bien est-ce pour honorer la bravoure de Tarquin ? On dit en effet que, dans une bataille, ce prince, encore tout jeune, avait chargé les ennemis et que, étant tombé de son cheval, il n’en avait pas soutenu moins vigoureusement leur choc. Il reçut cet ornement du roi comme prix de sa valeur. Ou bien est-ce parce qu’autrefois il n’y avait rien de honteux à aimer les jeunes garçons esclaves, ainsi que le témoignent encore maintenant les comédies ? Or, comme on s’abstenait avec grand soin de toucher aux enfants de condition libre et qu’il eût été difficile de les reconnaître s’ils s’étaient trouvés nus, leur faisait-on porter une marque distinctive ? Plutarque, Questions romaines, 101 A l’école Le maître d’école Le statut d’enseignant n’était guère enviable : méprisés par les parents, les maîtres étaient, de la part des enfants, l’objet de toutes les insolences. 440 At nunc, priusquam septuennis est, si attingas eum manu, 441 extemplo puer paedagogoo tabula disrumpito caput. 442 Cum patrem adeas postulatum, puero sic dicit pater : 443 « Noster esto, dum te poteris defensareo injuria. » 444 Provocatur paedagogus : « Eho senex minimi preti, = pretii 445 ne attigas puerum istac causa, quando fecit strenue. » = ista supin de but Plaute, Les Bacchides, 440-445 440 septuennis, is, e attingo, is, ere âgé de 7 ans toucher 441 extemplo, adv. tabula, ae, f. aussitôt la tablette à écrire 442 postulo, as, are se plaindre 443 esto tu es 444 provoco, as, are, rég. ne atti(n)gas quando strenue, adv. provoquer, défier ne touche pas puisque vivement Ecolier. Viviane Durussel, mai 2010 page 12 Sarcophage d’enfant, vers 140-150 apr. J.-C. Marbre Paris, Louvre. Tout autre écho dans la Vie de Marc-Aurèle, qui vénérait ses maîtres jusqu’à leur porter un véritable culte. 1 Fuit a prima infantiao gravis. Ac ubi egressus est annis, qui nutricum foventur 2 auxilio, magnis praeceptoribuso traditus ad philosophiae scita pervenit. 3 Suivent les noms de ses maîtres et des disciplines qu’ils lui enseignaient. Quibus 4 omnibus ut disciplinarum auctoribus plurimum detulit. 5 Tantum autem honoris magistris suis detulit ut imagines eorum aureas in 6 larario haberet ac sepulchrao eorum aditu, hostiis, floribuso semper 7 honorareto. Julius Capitolinus, Histoire Auguste II, 1-2 et III, 5 1 egredior, eris, i, egressus sum (+ Abl.) sortir de nutrix, icis, f. la nourrice foveo, es, ere choyer, dorloter 2 scitum, i, n. auctor, oris, m. les maximes, les principes l’initiateur 4 defero + Dat. ici : avoir du respect pour 5 aureus, a, um d’or, en or 6 lararium, i, n. aditus, us, m. hostiae, arum, f. pl. le laraire , la chapelle domestique la visite les victimes (d’un sacrifice) Etre parents L’amour des parents Voici une vision caricaturale du rôle des parents : il était entendu traditionnellement que les mères offraient à leurs enfants des trésors d’affection et d’indulgence que les pères ne devaient pas leur offrir. Ne vois-tu pas quelle différence il y a entre la tendresse d’un père et celle d’une mère ? Le père surveille ses enfants pour les envoyer au travail, ne tolère même pas qu’ils se reposent les jours de fête, fait couler leur sueur, quand ce n’est pas leurs larmes. La mère, tout au contraire, les couve dans son sein, les garde dans son ombre, défend qu’on les chagrine, qu’on les fasse pleurer, qu’on les fatigue. Sénèque, de la Providence II, 5 On trouve un autre point de vue chez Horace : Comme fait un père pour son enfant, nous devons, nous, si un ami a quelque défaut, ne pas en éprouver de dégoût. Un fils louche : son père l’appelle « Œil en coulisse » ; il le nomme « Poulet » quand sa taille est ridiculement petite ; si l’enfant a les jambes tordues, s’il est mal posé sur des talons difformes, il lui susurre les surnoms de « Cagneux » et de « Pied-Bot » Horace, Satires I, 3, 43-50 Viviane Durussel, mai 2010 page 13 Quelles qualités requises par les parents ? Les parents peuvent aider lers enfants, pour autant qu’ils soient eux-mêmes instruits. 1 In parentibus vero quam plurimum esse eruditioniso optaverim. Nec de 2 patribus tantum loquor: nam Gracchorum eloquentiaeo multum contulisse 3 accepimus Corneliam matrem, cujus doctissimus sermo in posteros quoque 4 est epistulis traditus. Laelia C. filia reddidit in loquendo paternam 5 elegantiamo et Hortensiae Q. filiae oratio, apud triumviroso habita, legitur non 6 tantum in sexuso honorem. Nec tamen ii parentes, quibus discere ipsis non 7 contigit, minorem curam docendi liberos habeant, sed sint propter hoc ipsum 8 ad cetera magis diligenteso. d’après Quintilien, Institution oratoire I, 1, 6 1 quam plurimum (+ Gén.) le plus possible de 2/4 loquor, eris, loqui, locutus sum, dép. confero, fers, ferre, tuli, latum parler apporter 3 posteri, orum, m. pl. les enfants 4 5 epistula, ae, f. oratio, onis, f. la lettre, la missive le discours 7 contingit, contigit (+ Inf.) il arrive (de faire qqch.) Ne pas donner le mauvais exemple Quintilien juge sévèrement les parents qui associent leurs jeunes enfants à leurs propres débauches. Quoi d’étonnant si, quand ils arrivent à l’école, ils sont déjà amollis et pervertis ? 1 Utinam liberorum nostrorum mores non ipsi perderemuso ! Infantiamo statim 2 deliciis solvimus. Mollis illa educatioo, quam indulgentiamo vocamus, omnes 3 mentis et corporis nervos frangit. Quid non, adultuso, cupiet qui in purpuris 4 repsit ? 5 « conchylium» poscit. In lecticis crescunt. Gaudemus si quid licentius dixerint. 6 Verba ne poetiso quidem permittendao risuo et osculo accipimus. Nec mirum 7 (est) : nos docuimus, ex nobis audierunt. Nostras amicaso, nostros concubinoso 8 vident ; omne convivium obsceniso canticis strepit, pudenda dictu spectant. 9 Fit ex his consuetudo, inde natura. Discunt haec miseri antequam sciant vitia 10 esse : non accipiunt ex scholiso mala ista, sed in scholaso afferunt. Nondum prima verba facit, jam « coccum» intellegit, jam d’après Quintilien, Institution oratoire I, 2, 6-8 (avec des coupures), 1 statim, adv. Viviane Durussel, mai 2010 tout de suite, aussitôt page 14 2 deliciae, arum, f. pl. solvo, is, ere, solvi, solutum mollis, is, e les délices amollir souple, trop doux 3 nervus, i, m. purpura, ae, f. ici : la force la pourpe 4 repso, is, ere, repsi, reptum ramper, faire ses premiers pas nondum, adv. ne pas encore coccum, i, n. l’écarlate 5 conchylium, i, n. lectica, ae, f. licentius, adv. la pourpre la litère trop librement 6 osculum, i, n. mirus, a, um le baiser étonnant 8 canticum, i, n. strepit < pudenda dictu (Acc. n. pl.) le chant, la chanson inde, adv. et ensuite 9 des choses honteuses à dire L’éducation se dégrade Les mères délaissent leurs enfants pour les confier à des nourrices. Tacite fait le bilan de la situation dans les années 80 apr. J.-C. Autrefois chacun faisait éduquer son fils non pas dans le réduit d'une nourrice achetée comme esclave, mais sur les genoux et dans les bras de sa mère, dont la gloire était de veiller à sa maison et d'être au service de ses enfants. On choisissait une parente plus âgée, pour confier à ses moeurs irréprochables toute la descendance de la même famille ; devant elle, il n'était permis ni de dire quelque chose qui parût indigne ni de faire quelque chose qui ne parût pas honorable. Et elle réglait non seulement les études mais aussi les jeux des enfants. C'est ainsi que, nous l'avons appris Cornélie présida à l'éducation des Gracques, Aurélie à celle de César, Atia à celle d'Auguste. Cette discipline, cette sévérité visaient à ce que la nature de chacun, pure, intacte, n'ayant été déformée par aucune dépravation, s'approprie aussitôt de tout coeur des principes honorables. Mais aujourd'hui, le nouveau-né est remis aux mains d'une misérable esclave grecque, à laquelle on adjoint un ou deux de ses compagnons de servitude, les plus vils d'ordinaire, et les plus incapables d'aucun emploi sérieux. Leurs contes et leurs préjugés sont les premiers enseignements que reçoivent des âmes neuves et ouvertes à toutes les impressions. Nul dans la maison ne prend garde à ce qu'il dit ni à ce qu'il fait en présence du jeune maître. Faut-il s'en étonner ? Les parents même n'accoutument les enfants ni à la sagesse ni à la modestie, mais à une dissipation, à une licence qui engendrent bientôt l'effronterie et le mépris de soi-même et des autres. Mais Rome a des vices propres et particuliers, qui saisissent en quelque sorte, dès le sein maternel, l'enfant à peine conçu : je veux dire l'enthousiasme pour les histrions, le goût effréné des gladiateurs et des chevaux. Quelle place une âme obsédée, envahie par ces viles passions, a-t-elle encore pour les arts honnêtes ? Combien trouvez-vous de jeunes gens qui à la maison parlent d'autre chose ? et quelles autres conversations frappent nos oreilles, si nous entrons dans une école ? Tacite, Dialogue des orateurs, 29, 1-3 Ne pas être trop sévère ... Pline écrit à l’un de ses amis pour lui raconter une scène dont il a été témoin et l’encourager à faire preuve de bonté envers son fils. Viviane Durussel, mai 2010 page 15 1 Castigabat quidam filium suum, quod paulo sumptuosius equos et canes 2 emeret. Huic ego juvene digresso (dixi) : « Heus tu ! numquamne fecisti quod 3 a patre corripi posset ? Fecisti, dico ? Non interdum facis quod filius tuus pari 4 gravitateo reprehendat ? Non omnes homines aliquo erroreo ducuntur ? Non 5 hic in illo sibi, in hoc alius indulget ? » Admonitus severitatiso exemploo haec 6 tibi pro amore mutuo scripsi, ne quando tu quoque filium tuum acerbius 7 duriusoque tractares. Cogita et illum puerum esse et te fuisse, atque ita hoc, 8 quod es pater, utere, ut memineris et te hominem esse et hominis patre. Vale. d’après Pline, Ep. 9, 12, 1-2 1 castigo, as, are, rég. quod + Subj. sumptuosius, adv. punir, châtier sous prétexte que à trop grands frais, en dépensant trop d’argent 2 digredior, eris, gredi, gressus sum heus tu ! s’éloigner, s’en aller hé toi ! 3 corripio, is, ere, ripui, reptum interdum, adv. accuser, blâmer vivement parfois, de temps en temps 5 sibi indulgeo, es, ere admoneo, es, ere avoir de la complaisance pour soi-même, se pardonner à soi-même avertir, prévenir 6 mutuus, a, um quando = aliquando, adv. acerbius, adv. mutuel, réciproque un jour, une fois trop sévèrement 7 tracto, as, are, rég. cogito, as, are, rég. + prop. inf. traiter (quelqu’un) songer (que), avoir à l’esprit (que) 8 utor, eris, uti + Abl. user de, faire usage de ... mais surveiller l’éducation des siens Non content de rebâtir Rome, Auguste a voulu restaurer l’ordre et a veillé scrupuleusement à la bonne moralité des siens. Malheureusement ses efforts n’ont pas été couronnés de succès, puisque sa fille et sa petite-fille ont fini leur vie en exil pour inconduite notoire. Sa fille et ses belles-filles furent élevées avec tant de sévérité qu’il les habitua même au travail de la laine et leur défendit de cacher la moindre de leurs paroles ou de leurs actions, qui toutes devaient être relatées dans le journal de sa maison (diurni commentarii). Il leur interdit si rigoureusement tout rapport avec des étrangers qu’il écrivit un jour à L. Vicinius, jeune homme de la plus haute distinction : « Tu as pris une liberté excessive en venant saluer ma fille à Baïes. » Quant à ses petits-fils, c’est-lui-même, la plupart du temps, qui leur enseigna l’alphabet, la cryptographie, ou autres connaissances élémentaires, et il s’appliqua par-dessus tout à leur faire imiter son écriture. Il ne manqua jamais, quand ils dînaient avec lui, de les faire asseoir au pied de son lit et, lorsqu’ils l’accompagnaient en voyage, de les faire aller devant lui en voiture ou chevaucher à ses côtés. Suétone, Auguste 64, 5-6 Viviane Durussel, mai 2010 page 16 Adulescentia Tertia aetas est adulescentia, quae porrigitur usque ad viginti octo annos. Adulescens dictus est eo quod sit ad gignendum adultuso. Poète assis lisant. Fresque. Pompéi, Maison de Ménandre. Viviane Durussel, mai 2010 Poétesse (Sapho ?). Fresque. Pompéi. page 17 Le temps des amours Viviane Durussel, mai 2010 page 18 Juventus Quarta aetas juventus est, firmissima omnium aetatum, finienso in quinquagesimo anno. Le boulanger et sa femme. Fresque. Pompéi, Maison de Terentius Neo (ou Paquius Proculus), exèdre. Viviane Durussel, mai 2010 page 19 Le mariage Le mariage était envisagé chez les Romains comme un devoir à la fois religieux et social. L’obligation de prendre femme pour avoir des enfants découlait de la double nécessité de perpétuer le culte des morts et d’assurer la continuité de la cité. Aussi le célibat semble-t-il, à l’origine, avoir été interdit par les lois et le divorce autorisé si la femme n’avait pas d’enfants. Cette tradition de l’ancienne Rome d’obliger les citoyens à se marier ne se perdit jamais complètement. Auguste par ses fameuses « Lois Juliennes » récompensait les gens mariés selon le nombre de leurs enfants et infligeait des amendes aux célibataires. Les trois forme de mariage (Gaius, Institutes 110, 114) Les Romains connaissaient trois formes de mariages : le mariage par « usus » (par habitude) après cohabitation d’une année entière, dépourvu de formalités ; le mariage par « confarreatio », ainsi appelé parce que les deux époux offraient à Jupiter un gâteau d’épeautre, le « panis farreus ». Ce mariage était célébré devant le Grand Pontife, c’était le mariage essentiellement religieux et patricien ; le mariage par « coemptio », qui consistait en une vente fictive de la femme : c’était le mariage plébéien par excellence. Voici les textes de lois. 1 Olim tribus modis in manum conveniebant feminae : usu, farreo, coemptione. 2 Usu in manum conveniebat (femina) quae continuo nupta perseverabato ; nam 3 velut annua possessioneo usucapiebatur, in familiamo viri transibat filiaeque 4 locum obtinebato. Itaque lege XII Tabularum cautum est ut si qua [femina] 5 nollet eo modo in manum mariti convenire, ea quotannis trinoctio abesset 6 atque eo modo usum cujusque anni interrumpereto. Sed hoc totum jus partim 7 legibus sublatum est , partim ipsa desuetudineo oblitteratum est. 8 Farreo in manum conveniunt per quoddam genus sacrificiio quod Jovi farreo 9 fit ; in quo farreus panis adhibetur, unde etiam « confarreatio » dicitur. 10 Complura cum certis et sollemnibus verbis, praesentibuso decem testibus, 11 aguntur et fiunt. Quod jus etiam nostris temporibus in usu est ; nam flamines 12 majores, item reges sacrorum, nisi ex farreatis nati non leguntur, ac ne ipsi 13 quidem sine confarreatione sacerdotium habere possunt. 14 Coemptione vero in manum conveniunt per mancipationem, id est quamdam 15 imaginariamo venditionemo ; nam adhibitis non minus quam quinque testibus 16 civibus romanis, asse emit is mulierem, cujus in manum convenit. Gaius, Institutes 110, 114, 1 olim, adv. tribus (Abl. pl.) in manum convenire. 2 continuo, adv. Viviane Durussel, mai 2010 autrefois trois passer sous la puis-sance de leur mari sans interruption page 20 nupta, ae, f. la mariée 3 annuus, a, um usucapio, is, ere d’une année acquétir par pos-session prolongée 4 caveo, ere, cavi, cautum. ut stipuler que 5 quotannis, adv. trinoctium, i, n. chaque année l’espace de 3 nuits 6 quique, quae, quodque partim, adv. chaque en partie 7 tollo, is, ere, sustuli, sublatum oblittero, as, are, rég. enlever farreum, i, n. le far, gâteau de farine grossière Dat. de Juppiter 8 Jovi effacer, faire oublier 9/15 adhibeo, es, ere employer 10 solennel, consacré le témoin sollemnis, is, e testis, is, m. 11-12 flamines majores les prêtres majeurs 12 item, adv. de même 13 sacerdotium, i, n. la dignité d’augure 14 mancipatio, onis, f. la vente 16 as, assis, m. l’as (= pièce d’une valeur insignifiante) Conjunctio manuum dans le mariage par confarreatio Un discours sur le mariage Auguste fit, dit-on, lire au Sénat, ce discours de Métellus (vainqueur de Jugurtha en 109 av. J.-C., d’où ce surnom de Numidicus) « Sur les mariages» (De ducendis uxoribus), en vue de lutter contre le développement du célibat, dont les progrès lui paraissaient à juste titre inquiétants pour l’avenir de l’empire. Viviane Durussel, mai 2010 page 21 1 Multis et eruditiso viris audientibus, legebatur oratio Metelli Numidici, gravis 2 ac diserti viri, quam in censurao dixit « de ducendis uxoribus », cum populum 3 ad matrimonia capessenda adhortaretur. In ea oratione ita scriptum fuit : « Si 4 sine uxore esse possemus, Quirites, omnes ea molestia careremus ; sed 5 quoniam ita natura tradidit, ut nec cum illis satis commode, nec sine illis ullo 6 modo vivi possit, saluti perpetuae potius quam brevi voluptati consulendum 7 est. » Videbatur quibusdam Metellum censoremo, cui consilium esset ad 8 uxores 9 incommodisque perpetuiso rei uxoriae confiteri. [...] Titus autem Castricius 10 Metellum recte atque condigne esse locutum existimabat. ducendas populum hortari, non oportuisse de molestia d’après Aulu-Gelle, Nuits Attiques 1, 6 (avec des coupures) 2 disertus, a, um « de ducendis uxoribus » habile à parler voir introduction 3 matrimonia capessere adhortor, aris, ari, atus sum ad contracter mariage exhorter à 4 Quirites, um, m. pl. molestia, ae, f. les Quirites (= les citoyens romains de vieille souche) la charge, le désagrément 5 commode, adv. agréablement 6 saluti perpetuae brevi voluptati consulo, is, ere + Dat. traduisez par : au salut durable de la société traduisez par : à notre intérêt personnel éphémère veiller à 8 uxorem ducere hortor, aris, ari ad + Acc. se marier encourager à 9 incommodum, i, n. res uxoria confiteor, eris, eri de + Abl. Titus Castricius (vers 150 apr. J.-C.) l’inconvénient le mariage avouer, reconnaître (qqch.) l’un des maîtres d’Aulu-Gelle 10 condigne, adv. loquor, eris, loqui, locutus sum, dép. dignement parler Célibataires mis à l’amende ! « A quoi bon être actif hors de Rome si à l’intérieur on se conduit mal ? » Dès 435 av. J.-C., on voit apparaître deux censeurs, choisis parmi les anciens consuls. En charge pour 18 mois, ils répertorient les citoyens selon leur fortune (census), recrutent les membres du Sénat, en excluent les indignes ... et surveillent les mœurs. Les deux censeurs de l’an 403, Camille et Postumus, infligeaient une amende symbolique (stips) aux citoyens qui, au terme de leur vie, n’avaient pas donné d’enfants à Rome, et, s’ils osaient se plaindre, les invectivaient publiquement. Viviane Durussel, mai 2010 page 22 1 Camillus et Postumus censoreso cives qui ad senectutem caelibes pervenerant 2 aera in aerarium deferre jusserunt. Existimabant eos iterum punirio dignos 3 esse, si quo modo queri sunt ausi, et ita increpebant : « Ut natura vobis 4 nascendi [legem scribit], ita gignendi legem scribit parentesque, vos alendo, 5 nepotum nutriendorum debito vos alligaverunt. Fortuna longam praestandi 6 hujus muneris advocationem vobis dedit, cum consumpti sunt anni vestri et 7 maritio et patris nomine vacui. Ite igitur et exsolvite stipem utilemo posteritatio 8 numerosae. » d’après Valère Maxime 2, 9, 11, 1 senectus, utis, f. caelebs, caelibis la vieillesse célibataire 2 aes, aeris, n. aerarium, i, n. deferre iterum, adv. la pièce de monnaie le trésor public verser à nouveau, une seconde fois 3 quo modo queri (infinitif dép.) sunt ausi increpo, as, are, rég. = aliquo modo se plaindre traduisez par : ils osaient interpeller, apostropher 4 nascor, eris, nasci, natus sum gigno, is, ere, genui, genitum alo, is, ere alui, altum naître mettre au monde des enfants faire grandir, élever 5 nepotes, um, m. ou f. pl. nutrio, is, ire, ivi, itum debitum, i, n. alligo, as, are + Abl. praesto, as, are les petits-enfants nourrir le devoir astreindre à remplir 6 advocatio, onis, f. consumo, is, ere, sumpsi, sumptum le délai, le répit employer, épuiser 7 vacuus, a, um + Abl. vide de, dépourvu de exsolvo, is, ere, solvi, solutum + Acc. s’acquitter de stips, stipis, f. la petite pièce 8 numerosus, a, um nombreux La vie conjugale Un modèle d’amour conjugal Tiberius Sempronius Gracchus était très attaché à son épouse Cornelia, fille de Scipion l’Africain, et préféra sauver la vie de sa femme au détriment de la sienne. De fait, il mourra jeune, en 153. Veuve, Cornelia, mère de douze enfants, se consacrera à la gestion de son domaine et à l’éducation de ses enfants. Elle passe pour le modèle d’une mère exemplaire. Viviane Durussel, mai 2010 page 23 1 Tiberius Gracchus, anguibus domi suae mare ac femina captis, certior factus 2 est ab haruspiceo mare dimisso uxori ejus, femina [dimissa] ipsi celerem 3 mortem instare. Salutem conjugi potius quam sibi maluit : marem necari, 4 feminam dimitti jussit sustinuitque in conspectu suo ipsum interitu serpentiso 5 occidi. Corneliam nescio utrum feliciorem dixerim quod talem virum habuerit 6 an miseriorem quod amiserit. d’après Valère Maxime 4, 6, 1, 1 anguis, is, m. mar, maris, m. le serpent le mâle 1-2 certior fio, fis, fieri, factus sum être informé 2/4 dimitto, is, ere, misi, missum relâcher 2 celer, eris, 3 g. rapide 3 insto, as, are + Dat. neco, as, are, rég. menacer tuer 4 sustineo, es, ere, tinui, tentum conspectus, us, m. interitus, us, m. accepter (que, de) la vue la mort Fidélité des femmes envers leurs maris Tertia Aemilia est l’épouse de Scipion l’Africain, le vainqueur d’Hannibal. Elle couvre les égarements de son époux, pour éviter que la gloire du héros de Zama soit ternie par une liaison avec une petite servante. Voici donc Tertia Aemilia, la femme du premier Africain, la mère de Cornélie, mère des Gracques ; elle avait tant de bonté et de patience que, tout en sachant bien que son mari aimait l’une de ses jeunes servantes, elle le cacha, pour éviter que le vainqueur du monde, l’Africain, un grand homme, ne soit accusé par une femme de ne pas savoir dominer ses sens. La vengeance fut si étrangère à son esprit que, après la mort de l’Africain, elle affranchit la servante et la donna en mariage à l’un de ses affranchis. Valère-Maxime 6, 7, 1 Contre les femmes Lors de la seconde guerre punique (218-20 av. J.-C), entra en vigueur la loi Oppia, instaurant toutes sortes de restrictions pour soutenir l’effort de guerre. Sept ans après la fin de la guerre, la loi n’a pas été abrogée et les femmes de Rome manifestent pour obtenir sa suppression. Partisan du maintien de la rigueur, Caton l’Ancien fait un virulent discours : les femmes n’ont pas à se mêler de politique et leur donner la parole met en péril l’ordre et la moralités publics. Viviane Durussel, mai 2010 page 24 1 Majores nostri feminas nullam ne privatamo quidem rem agere sine tutore 2 voluerunt, in manu esse parentium, fratrum, virorum. Nos jam etiam eas rem 3 publicam capessere patimur et foro quoque et contionibus et comitiis 4 immisceri. Quid enim nunc aliud per vias et compita faciunt quam legem 5 abrogandamo [esse] censent ? Date frenos impotenti naturae et indomito 6 animali et sperate ipsas modum licentiae facturas esse. [...] Omnium rerum 7 libertatem, (immo licentiam, si vere volumus dicere), desiderant. Quid enim, 8 si hoc expugnaverint, non tentabunto ? Recensete omnia muliebra jura, quibus 9 licentiam earum adligaverint majores vestri per quaeque eas subjecerint viris. d’après Tite-Live, Histoire romaine 34, 2, 2 (avec des coupures) 1 tutor, oris, m. le tuteur, la personne responsable 2 in manu esse être sous la puissance (juridique) de 2-3 rem publicam capessere embrasser la vie politique 3 contio, onis, f. comitia, orum, n. pl. l’assemblée du peuple les comices (= assemblée du peuple où l’on vote) 4 immisceo, es, ere + Dat. compita, orum, n. pl. se mêler à, s’immiscer dans les carrefours 5 censeo, es, ere, censui, censum frenos dare impotens, impotentis, 3 g. indomitus, a, um conseiller, prescrire lâcher la bride qui n’est pas maître de soi, déchaîné indompté, sauvage 6 modus, i, m. licentia, ae, f. la mesure la liberté sans contrôle, les débordements immo, adv. vere, adv. desidero, as, are, rég. ou plutôt, ou mieux franchement désirer, rechercher expugno, as, are, rég. recenseo, es, ere, censui muliebris, is, e l’emporter, venir à bout (d’une entreprise) passer en revue des femmes adligo, as, are per quaeque = et per quae subjicio, is, ere, jeci, jectum +Dat. attacher, lier, enchaîner et par lesquels soumettre à 8 9 La thérapie familiale Quoi de mieux que l’ambiance chaleureuse d’un « repas de famille » (caristia) pour régler les conflits dans la joie et la bonne humeur? Nos ancêtres ont institué un type de festin solennel qu’ils ont appelé repas de famille et auquel ne participaient que les parents par filiation ou alliance, pour permettre, en cas de conflit entre personnes liées par de telles relations, de le résoudre au cours des cérémonies célébrées autour de la table, dans l’allégresse et grâce à la présence de personnes qui invitaient à la réconciliation. Valère-Maxime 2, 1, 8 Viviane Durussel, mai 2010 page 25 La déesse Viriplaca (d’après Valère Maxime 2, 1, 6) Les Romains avaient d’innombrables divinités, pour tous les actes de l’existence. Pour la vie conjugale, il y avait Juno Pronuba (protectrice du mariage), Afferenda (qui assistait à la réception de la dot et des cadeaux de noces), Manturna (qui obligeait l’épouse à rester dans la maison de son mari) et – si les choses se gâtaient – Viriplaca (qui réconciliait les époux désunis). 1 Quotiens vero inter virum et uxorem aliquod jurgium intercesserat, in 2 sacellum Deae Viriplacae, quod est in Palatioo, veniebant et ibi invicem locuti 3 quae voluerant, contentione animorum depositao, concordes domum 4 revertebantur. Dea hoc nomen a placandis viris fertur accepisse. Quae 5 venerandao quidem et praecipuis exquisitisque sacrificiiso colenda est, quia 6 cotidianamo ac domesticamo pacem custodit. d’après Valère Maxime 2, 1, 6 1 2 3 4 5 6 quotiens, subord. + Indicatif jurgium, i, n. intercedo, is, ere, cessi, cessum sacellum, i, n. invicem, indéclinable locuti contentio, onis, f. concors, concordis placo, as, are, rég. praecipuus, a, um exquisitus, a, um custodio, is, ire, ii (ivi), itum chaque fois que la querelle surgir le petit sanctuaire, la chapelle chacun à son tour traduisez par : « ayant dit » le conflit d’accord, uni de cœur apaiser particulier, spécial choisi, recherché garder, conserver, protéger Portraits de femmes Les femmes savantes (Juvénal, Satires 6, 434-442 / 448--456) Juvénal est stupéfait d’apprendre que son ami Postumus songe à se marier. Est-il devenu fou ? Point de femme qui ne soit vicieuse ou insupportable : voici le thème que le poète va développer en une série de petits portraits féroces. Plus assommante encore est cette autre qui, à peine à table, loue Virgile, justifie Didon prête à mourir, met les poètes en parallèle, les compare, suspend dans la balance Virgile d’un côté, Homère de l’autre. Les grammairiene mettent bas les armes, les rhéteurs s’avouent vaincus, tout le monde fait silence. Impossible à un avocat, à un crieur public, à une femme même, de placer un mot, tant est dru le flot de ses paroles. On dirait un tintamarre de chaudrons et de clochettes. [...] Puisse la femme qui partage ta couche n’avoir pas de style à elle, ne pas décocher en phrases arrondies l’enthymème tortueux, ignorer quelque chose en histoire et ne pas comprendre tout ce qu’elle lit ! Je déteste une femme qui reprend et déroule sans cesse la « Méthode » de Palaemon, sans manquer jamais aux règles du langage ; qui, férue d’érudition, me cite des ers que je ne connais pas et qui relève chez une amie ignorante des fautes axquelles des hommes ne feraient pas attention. Je veux qu’un mari puisse se permettre de lâcher un solécisme. Juvénal, Satires 6, 434-442/448-456 Viviane Durussel, mai 2010 page 26 Les ivrognesses Comme le montrent les exemples que cite Pline, l’interdiction faite aux femmes de boire du vin date du temps où les mœurs romaines avaient encore leur sévérité primitive. 1 Romae non licebat feminis vinum bibere. Invenimus, inter exemplao, Egnatii 2 Mecenii uxorem, quod vinum bibisset e dolio, interfectam esse a maritoo 3 eumque caedis a Romulo absolutum esse. Fabius Pictor in Annalibuso suis 4 scripsit matronamo, quod loculos in quibus erant vinariae cellae claves 5 resignavisset, a suis inedia mori coactam esse. Cato narravit fratres sororibus 6 et viros uxoribus osculum dare ut scirent an temetum olerent. Cn. Domitius 7 judex pronuntiavit mulierem videri pluso vini bibisse quam valetudinis causa, 8 viro inscienteo, ideoque eam pecunia multavit. Pline l’Ancien, HN, 14, 14, 1/2/7 bibo, is, ere, bibi, bibitum boire 1-2 Egnatius Mecenius patricien qui vivait sous le règne de Romulus 2 dolium, i, n. la jarre, le tonneau 3 absolvo, is, ere, solvi, solutum + Gén. acquitter de l’accusation (de) Fabius Pictor historien, né vers 254 av. J.-C. 4 loculi, orum, m. pl. vinaria cella, ae, f. clavis, is, f. la cassette, le coffret la cave, le cellier la clé 5 resigno, as, are, rég. inedia, ae, f. ouvrir le manque de nourriture 6 osculum, i, n. temetum, i, n. oleo, es, ere le baiser le vin pur sentir 7 pronuntio, as, are, rég. valetudinis causa rendre un arrêt (sens juridique) pour sa santé 8 ideo, adv. multo, as, are, rég. + Abl. pour cette raison, à cause e cela punir de Les empoisonneuses (Valère Maxime 2, 5, 3) Discours attribué à Camille 1 Veneficii quaestio, et moribus et legibus romanis ignota, compluriumo 2 matronarum patefacto scelere orta est. Quae, cum viros suos clandestinis 3 insidiis veneno interficerent, unius ancillae indicio protractae, pars capitali 4 judicio damnataeo sunt, quae centum et septuagenta (CLXX) explevit. d’après Valère Maxime 2, 5, 3, Viviane Durussel, mai 2010 page 27 1 veneficii quaestio, onis, f. ignotus, a, um 2 patefacio, is, ere orior, iris, oriri, ortus sum clandestinus, a, um 3 insidiae, arum, f. pl venenum, i, n. ancilla, ae, f. indicium, i, n. protrahere le procès pour empoisonnement inconnu découvrir, dévoiler avoir lieu pour la première fois qui se fait en cachette le piège le poison la servante la dénonciation dévoiler 3-4 capitale judicium, i, n. la peine capitale 4 atteindre le nombre de expleo, es, ere, evi + Acc. Les sorcières. Mosaïque de Pompéi. Musée archéologique de Naples. Le divorce Le premier divorce à Rome Dès le Ier siècle av. J.-C., les Romains divorçaient souvent. Pourtant cette coutume n’est apparue que vers 230 av. J.-C., comme nous le raconte Valère Maxime, et commença par faire scandale. 1 Nullumo repudium inter uxorem et virum a condita Urbe usque ad 2 vicesimum et quingentesimum annum intercessit. Primum autem Sp. 3 Carvilius uxorem sterilitatiso causa dimisit. Qui quamquam tolerabilio ratione 4 motus videbatur reprehensione non caruit, quia ne cupiditatemo quidem 5 liberorum conjugalio fidei praeponi debere arbitrabantur. d’après Valère Maxime 2, 1, 4 1 repudium, i, n. ab ... usque ad ... condo, is, ere, condidi, conditum le divorce depuis ... jusqu’à fonder 2 vicesimus et quingentesimus intercedo, is, ere, cessi, cessum cinq cent vingtième prendre place, avoir lieu 3 dimitto, is, ere, misi, missum renvoyer Viviane Durussel, mai 2010 page 28 4 reprehensio, onis, f. le blâme, la critique 5 praepono, is, ere, posui, positum arbitrabantur placer avant, préférer à traduisez par : on pensait La frénésie de divorcer Le poète satirique Juvénal dresse un portrait sombre des femmes. Si elles ne sont pas dépravées, elles sont inconstantes ! La femme fait donc la loi à son mari. Mais bientôt elle abandonne ce royaume-là ; elle change d’habitude. foule aux pieds le voile nuptial. Puis elle s’envole encore et s’en vient reprendre sa place au lit qu’elle a dédaigné. [...] C’est ainsi qu’on additionne les maris, jusqu’à huit en cinq automnes ! Juvénal, Satires 6, 224-230 (avec des coupres) Déjà Sénèque critiquait avec mordant la coutume de divorcer, très en vogue à l’époque de Néron, aussi chez les femmes. 1 Numquid jam ulla [femina] repudio erubescit, postquam illustres quaedam ac 2 nobiles feminae non consulum numero, sed maritorum [numero] annos suos 3 computant et exeunt matrimonii causa, nubunt repudii [causa] ? Sénèque, de Benef. III, 16, 2 1 numquid ? repudium, i, n. erubesco, is, ere + Abl. est-ce que par hasard ? le divorce rougir de 3 computare matrimonium, i, n. causa (précédé du Gén.) nubo, is, ere compter le mariage pour, en vue de se marier Viviane Durussel, mai 2010 page 29 Seniores Quinta aetas senioris, id est gravitaso, quae est declinatioo a juventute in senectutem. Senior est adhuc viridior. Portrait d’un homme âgé. Buste. vers 110 apr. J.-C. Genève, Musée d’art et d’histoire. Viviane Durussel, mai 2010 Portrait d’une femme âgée. Buste. vers 20 av. J.-C. Rome, Palais Massimo. page 30 La vieillesse La journée d’un vieillard (Pline, Ep. 3, 1) Discours attribué à Camille 1 extraits en français , 2 3 4 La transmission des valeurs ancestrales Les anciens (majores natu) sont les dépositaires des coutumes ancestrales (le mos majorum) et les transmettent aux générations plus jeunes. Il a été établi de tout temps que nos aînés nous apprennent non seulement par les oreilles, mais aussi par les yeux les usages que nous devons ensuite pratiquer à notre tour et transmettre, comme de main en main, à nos descendants. [...] A chacun l’auteur de ses jours servait de maître et, à qui n’avait plus de père, les hommes illustres et plus âgés en tenaient lieu. Pline, Ep. 8, 14, 4 et 6 On trouve le même écho chez Valère-Maxime, qui oppose la formation par l’exemple (à travers les carmina qui ont préparé l’épopée) à l’enseignement supérieur grec. 1 Majores natu in conviviis ad tibias egregia superiorum opera carmine 2 comprehensa pangebant, quo ad ea imitandao juventutem alacriorem 3 redderent. Quid splendidiuso, quid etiam utilius hoc certamine ? Juvenes canis 4 suum decus reddebant, defuncta viri cursu aetas ingredientes actuosam vitam 5 prosequabatur. Quas Athenas, quam scholamo, quae alienigena studia huic 6 domesticae disciplinaeo praetulerim ? Inde oriebantur Camilli, Scipiones, 7 Fabricii, Marcelli, Fabii, inde fulserunt Caesareso. d’après Valère Maxime 2, 1, 10 1 tibia, ae, f. superiores, um, m. pl. opus, eris, n. la flûte les prédecesseurs l’œuvre, les hauts faits 2 comprehendo, is, ere, di, sum pango, is, ere, panxi, panctum juventus, utis, f. alacris, is, e ad + Acc. exprimer célébrer, chanter, louer la jeunesse empressé à 3 certamen, inis, n. cani, orum, m. pl. le concours ceux qui ont les cheveux blancs 4 decus, oris, n. defunctus, a, um + Abl. cursus, us, m. ingredior, eris, i, ingressus sum+ Acc. la dignité, l’honneur traduisez par : qui a aaccompli ici . la carrière entrer dans, commencer Viviane Durussel, mai 2010 page 31 actuosus, , a, um plein d’activité, actif 5 prosequor, eris, sequi, dép. Athenae, arum, f. pl. alinegenus, a a, um accompagner ici : les écoles d’Athènes, les universités qui a lieu à l’étranger 6 praeferre inde, adv. orior, iris, oriri, ortus sum, dép. préférer de là naître 7 fulgeo, es, ere, fulsi, fulsum briller, se manifester avec éclat Les honneurs rendus aux vieillards ! Après une vie vécue dignement, les aînés (majores natu) jouissent de l’auctoritas, c’est-à-dire du prestige et des marques de déférence qui en découlent (reverentia). 1 Senectuti juventas ita cumulatum et circumspectum honoremo reddebat 2 tamquam majores natu adulescentium communes patres essent. Juvenes 3 senatus die aliquem ex patribus conscriptis aut propinquum aut paternum 4 amicum ad curiamo deducebant adfixique valvis exspectabant, donec 5 reducendi etiam officio fungerentur. d’après Valère Maxime 2, 1, 9 1 juventas, atis, f. cumulatus, a, um circumspectus, a, umn la jeunesse accumulé, répété plein de prévenance 2 tamquam, subord. + Subj. comme si 3 pater conscriptus le père conscrit = le sénateur 4 paternus, a, um deducere adfixus, a, um + Dat. valvae, arum, f. pl. donec+ Subj. de son père accompagner, escorter placé devant les deux battants de la porte, la porte jusqu’à ce que 5 officio fungor, eris, i, functus sum + Abl. s’acquitter (du devoir de) Viviane Durussel, mai 2010 page 32 Senectus Sexta aetas senectus, quae nullo annorum tempore finitur. Senium autem est pars ultimao senectutis, sic dicta quod sit terminus sextae aetatis. Portrait d’un homme âgé. Buste, Ier siècle av. J.-C. Marbre. Rome, musée Torlonia. Vieille femme. Marbre. Londres, British Museum. . Viviane Durussel, mai 2010 page 33 Non aux vieillards aigris Les vieillards sont parfois difficiles à vivre, mais les défauts que cite Cicéron sont donnés comme propres au caractère - et non à l’âge. 1 At sunt morosio et anxiio et iracundi et difficiles senes, si quaerimus, etiam 2 avario. Sed haec morum vitia sunt, non senectutis. Ac morositaso tamen et ea 3 vitia quae dixi habent aliquid excusationiso [...] quae probari posse videatur : 4 contemni se putant, despici, illudi ; praeterea in fragilio corpore odiosa omnis 5 offensioo est. [... ] Sic se res habet : ut enim non omne vinum, sic non omnis 6 natura vetustate coacescit. Severitatem in senectute probo, sed eam, sicut alia, 7 modicam ; acerbitatem nullo modo. Cicéron, Cato Major 18, 65 1 iracundus, a, um irascible, qui se met facilement en colère 2 senectus, utis, f. la vieillesse 3 probo, as, are, rég. démontrer, prouver 4 despicio, is, ere illudo, is, ere + Acc. praeterea, adv. mépriser, regarder de haut se moquer (de qqun) de plus, en outre 6 vetustas, atis, f. coacesco, is, ere l’âge devenir aigre, s’aigrir 7 acerbitas, atis, f. l’aigreur Viviane Durussel, mai 2010 page 34 Anecdote de Sophocle âgé Cicéron mentionne une Loi des XII Tables qui frappe d’interdiction juridique les vieillards qui dissipent leurs bien. Sophocle fut assigné en justice par ses fils pour cette raison et voilà comment il se défendit. 1 Sophocles ad summam senectutem tragoediaso fecit ; cum propter id studium 2 rem familiarem neglegereo videretur, a filiis in judicium vocatus est ut, ut 3 more nostro patribus male rem gerentibus interdici solet, sic illum quasi 4 desipientem a re familiari removerent judices. Tum senex dicitur eam fabulam 5 quam in manibus habebat et proxime scripserat, « Oedipum Coloneum », 6 judicibus recitavisse quaesivisseque num illud carmen desipientis [carmen] 7 videretur. Quo recitato, sententiis judicum est liberatus. d’après Cicéron, Cato Major 7, 22 1 Sophocles, is, m. senectus, utis, f. Sophocle la vieillesse 2/4 res familiaris, rei familiaris, f. judicium, i, n. le patrimoine, les biens familiaux le tribunal 3 interdici + Dat. frapper d’interdiction 4/6 desipiens, entis removere ab + Abl. judex, icis, m. gâteux, frappé de folie ôter l’usage de le juge 5 proxime, adv. tout récemment 7 libero, as, are, rég. ici . acquitter Viviane Durussel, mai 2010 page 35 La mort Quae si hoc tempore non periisset, paucis post annis tamen ei moriendum fuisset, quoniam homo nata erat. Viviane Durussel, mai 2010 page 36 Mort des petits enfants Les Perses Chez les Perses, les pères ne voyaient pas leurs enfants avant qu’ils aient atteint l’âge de 7 ans. 1 Nam Persarumo admodum probabile institutum fuit quod liberos suos non 2 prius adspiciebant quam septimum annum implevissent, quo parvulorumo 3 amissionemo aequiore animo sustinerento. Valère-Maxime 2, 6, 16 1 admodum. adv. probabilis, is, e institutum, i, n. tout à fait, parfaitement digne d’approbation, louable, recommandable l’habitude 2 prius ... quam ... septimus, a, um impleo, es, ere, evi, etum avant que septième remplir, accomplir Epitaphe d’Erotion Discours attribué à Camille 1 Hanc tibi, Fronto pater, genetrix Flaccilla, puellam Relief funéraire en provenance d’Ostie, représentant un enfant et une chèvre. oscula commendo deliciasque meas, 2 3 parvula ne nigras horrescat Erotion umbras 4 oraque Tartarei prodigiosa canis. 5 Impletura fuit sextae modo frigora brumae, 6 vixisset totidem ni minus illa dies. 7 Inter tam veteres ludat lasciva patronos 8 et nomen blaeso garriat ore meum. 9 Mollia non rigidus caespes tegat ossa nec illi, terra, gravis fueris : non fuit illa tibi. 10 L’enfant porte une « bulle » autour du cou 1 2 3 genetrix, icis, f. osculum, i, n. commendare, o deliciae, arum, f. pl. niger, gra, grum horrescere,o + Acc. Viviane Durussel, mai 2010 la mère le baiser confier, recommander les délices, les douceurs noir s’effrayer de page 37 4 5 6 7 8 9 9-10 Tartareus, a, um canis, is, m. implere, eo, plevi, pletum frigus, oris, n. bruma, ae, f. totidem (adj. inv.) ni minus lascivus, a, um patronus, i, m. blaesus, a, um garrire, io rigidus, a, um caespes, itis, m. tegere,o os, ossis, n. nec … fueris du Tartare, des Enfers le chien remplir, accomplir, achever le froid, les frimas l’hiver, l’année autant de à moins que, si folâtre, gai le protecteur qui balbutie dire en gazouillant dur, rigide le gazon, l’herbe recouvrir l’os et ne sois pas (impératif) Stèle de Visellia Firma (Regula Frei-Stolba et Anne Bielman : Musée romain d'Avenches. Les Inscriptions, p. 60) Ce sont peut-être les stèles funéraires qui expriment au plus juste les sentiments éprouvés lors de la perte d’un enfant. Celle-ci a été trouve en décembre 1987 dans la nécropole d’En Chaplix à Avenches. D(is) M(anibus s(acrum Viselliae Firmae Visel(lius) Firminus et Julia Secunda parente(s) infe(licissimi) vix(it) an(no) dieb(us) L Mort des jeunes gens Les fils de Paul Emile Paul Emile, le vanqueur de Persée à Pydna (168) eut le malheur de perdre tous ses enfants. Paul Emile représente aussi bien ce qui peut arriver de plus heureux que ce qui peut arriver de plus malheureux à un père de famille, puisque de ses quatre fils, qui avaient une beauté remarquable et d’excellentes dispositions, il a fait passer deux d’entre eux, par adoption, dans la famille des Cornelii et des Fabii, en se privant d’eux de sa propre initiative. Les deux autres, la fortune les lui a enlevés : l’un précéda le triomphe de son père par le cortège funèbre qui l’amenait au tombeau quatre jours plus tôt ; l’autre, qu’on avait vu sur le char triomphal, mourut trois jours plus tard. Ainsi cet homme, qui était allé jusqu’à faire cadeau de ses enfants - tant ils étaient nombreux chez lui -, se trouva tout à coup sans un seul d’entre eux. Devant cette situation, la force de son âme lui donna de quoi le supporter, le discours qu’il a prononcé pour rendre compte de son activité devant le peuple, avec le passage suivant qu’il y a ajouté, ne laisse rien de douteux à ce sujet : « Arrivé au sommet de la chance qui nous favorisait, citoyens, je craignais que la fortune ne prépare quelque malheur et j’ai demandé à Jupiter Très Bon Très Grand, à Junon Reine et à Minerve dans une prière de faire que, si quelque chose de mauvais menaçait Rome, cela tombe tout entier sur ma famille. Donc tout est très bien. Les Viviane Durussel, mai 2010 page 38 dieux ont exhaucé mes souhaits et fait en sorte que vous ayez à déplorer le sort qui me frappe, plutôt que moi à pleurer sur le vôtre. » Valère Maxime 5, 10, 2 Douleur d’Octavie à la mort de Marcellus M. Claudius Marcellus, le fils d’Octavie, la sœur d’Auguste, adopté par Auguste, époux de Julie, la fille de l’empereur, est un prince brillant, le successeur tout désigné d’Auguste. Il meurt à Baïes en 23 av. J.-C. à l’âge de 19 ans. Octavie se retranche de la société humaine pour se concentrer sur son chagrin farouche. 1 Octavia et Livia, altera soror Augusti, altera uxor, amiserant filios juvenes, 2 utraque spe futurio principis certa : Octavia [amiserat] Marcellum, cui et 3 avunculus et socer incumbere coeperat, in quem onus imperii reclinare 4 [coeperat], adulescentem animo alacrem, ingenio potentem, sed frugalitatiso 5 continentiaeoque 6 voluptatibus alienum, quantumcumque imponereo illi avunculus voluisset, 7 laturum. [...] Nullum finem flendi gemendique per omne vitae suae tempus 8 fecit [Octavia] nec ullas admisit voces salutare aliquid afferentes ; ne avocari 9 quidem se passa est, intenta in unam rem et toto animo affixa. Talis per 10 omnem vitam fuit, [...] secundam orbitatem judicans lacrimas amittere. 11 Nullam imaginem filii carissimi habere voluit, nullam sibi de illo fieri 12 mentionemo. Oderat omnes matres ... non mediocritero admirandaeo, patientem laborum, d’après Sénèque, ad Marciam consolationem, 2, 2 utraque ... certa l’une et l’autre avaient un espoir certain de le voir devenir prince 3 avunculus, i, m. socer incumbere + Dat. reclinare (in + Acc.) l’aïeul, le grand-oncle le beau-père se reposer sur se décharger sur 4 alacer, cris, cre vif 5 patiens, entis + Gén. endurant à 6-7 quantumcumque ... laturum capable de porter tout ce que 7 gemo, is, ere, gemui, itum gémir 8 salutare aliquid avoco, as, are un soulagement à sa douleur distraire 9 intentus, a, um (in + Acc.) affixus, a, um (in + Acc.) tourné vers accroché à 10 secundam orbitatem que ce serait perdre son fils une seconde fois 11 carus,, a, um cher, chéri Viviane Durussel, mai 2010 page 39 Consolation à l’occasion de la mort de Tullia En 45, Tullia, la fille de Cicéron, meurt en couches à 31 ans. Sa mort causa un immense chagrin à son père. Il lui arriva de tous côtés des lettres de consolation, mais aucune lettre ne dut le toucher plus vivement que celle qu’il reçut de son vieil ami Servius Sulpicius, qui gouvernait alors la Grèce. Voici ce qu’il lui dit : « De quel poids est la mort d’une jeune femme si l’on considère la ruine de villes autrefois florissantes et la mort d’hommes célèbres et influents ?» 1 At vero malum est liberos amittere. [...] Volo tibi commemorare quae res mihi 2 non mediocremo consolationemo attulerit, si forte eadem res tibi dolorem 3 minuere possit. Ex Asia rediens cum ab Aegina ad Megaram navigaremo, coepi 4 regioneso circumcirca prospicere ; post me erat Aegina, ante me Megara, dextra 5 Piraeeus, sinistra Corinthuso, oppida quae quodam tempore florentissima 6 fuerunt, quae nunc prostrata et diruta ante oculos jacent. Coepi ego mecum sic 7 cogitare : « Heu ! nos homunculi indignamur, si quis nostrum interiit autad Fam. 8 IV, 5) occisus est, quorum vita brevior esse debet, cum in uno loco tot oppidorum 9 cadavera projecta jacent ? Visne tu te, Servi, cohibere et meminisse te hominem 10 esse natum ? » Crede mihi, ea cogitatione non mediocritero sum confirmatus. Si 11 tibi videtur, effice ut hoc idem ante oculos tibi proponas : modo uno tempore tot 12 viri clarissimi interierunt, de imperio populi romani tanta deminutio facta est, 13 omnes provinciae conquassatae sunt ; in unius mulierculae animula si jactura 14 facta est, tantopere commoveris ? Quae si hoc tempore non periisset, paucis post 15 annis tamen ei moriendum fuisset, quoniam homo nata erat. d'après Cicéron, Lettres ad Familiares IV, 5 (avec des coupures), 1 vero, adv. commemoro, as, are, rég. vraiment, en vérité évoquer, rappeler 3 minuo, is, ere, minui, minutum Aegina, ae, f. Megara, ae, f. diminuer, alléger Egine Mégare 4 circumcirca, adv. prospicio, is, ere dextra, adv. tout autour de moi regarder, examiner à droite 5 Piraeeus, i, m. sinistra, adv. florens, florentis, 3 g. le Pirée (port d’Athènes) à gauche florissant, brillant 6 prosterno, is, ere, stravi, stratum renverser, abattre Viviane Durussel, mai 2010 page 40 diruo, is, ere, dirui, dirutum démolir, détruire 6/9 jaceo, es, ere ici : être en ruines 7 heu ! homunculus, i, m. indignor, aris, ari, atus sum hélas ! le petit homme s’indigner, trouver révoltant 8/13 unus, a, um (Gén. : unius) un seul 8 cadaver, eris, n. le cadavre 9 projicio, is, ere, projeci, projectum se cohibeo, es, ere abandonner se reprendre, se contenir 10 cogitatio onis, f. confirmo, as, are, rég. la pensée, la réflexion affermir, réconforter 11 videtur sibi proponere aliquid modo, adv. ici : il semble bon se représenter (quelque chose) il y a peu, récemment 12 de + Abl. imperium, i, n. deminutio, onis, f. ici : de, du ici : le pouvoir l’affaiblissement 13 conquasso, as, are, rég. in + Abl. jactura, ae, f. ébranler, bouleverser ici : à propos de la perte 14 tantopere, adv. commoveris = moveris à ce point, tellement Etude du thème : comparaison avec d’autres textes Après avoir traduit le texte de Cicéron, lisez cet extrait du Voyage au bout de la nuit, un roman de Charles-Louis Ferdinand Céline (1932). Le héros, Ferdinand, est découragé, entre autres parce que son ami Bébert vient de mourir. .Au bord de la Seine, il achète un livre à une bouquiniste, les Essais de Montaigne, qu’il « traduit » ainsi. "Sous le pont, l'eau était devenue toute lourde. J'avais plus du tout envie d'avancer. Aux boulevards, j'ai bu un café crème et j'ai ouvert ce bouquin qu'elle m'avait vendu. En l'ouvrant, je suis tombé sur une page d'une lettre qu'il écrivait à sa femme le Montaigne, justement pour l'occasion d'un fils à eux qui venait de mourir. Ca m'intéressait immédiatement ce passage, probablement à cause des rapports que je faisais tout de suite avec Bébert. Ah! qu’il lui disait le Montaigne, à peu près comme ça à son épouse. T'en fais pas va, ma chère femme ! Il faut bien te consoler !... Ca s'arrangera !... Tout s'arrange dans la vie... Et puis d'ailleurs, qu'il lui disait encore, j'ai justement retrouvé hier dans des vieux papiers d'un ami à moi une certaine lettre que Plutarque envoyait lui aussi à sa femme, dans des circonstances tout à fait pareilles aux nôtres... Et que je l'ai trouvée si joliment bien tapée sa lettre, ma chère femme, que je te l'envoie sa lettre !... C'est une belle lettre! D 'ailleurs je ne veux pas t'en priver plus longtemps, tu m'en diras des nouvelles pour ce qui est de guérir ton chagrin!... Ma chère épouse ! Je te l'envoie la belle lettre ! Elle est un peu là comme lettre, celle de Plutarque !... On peut le dire ! Elle a pas fini de t'intéresser !... Ah ! non ! Prenez-en connaissance ma chère femme ! Lisez-la bien ! Montrez-la Viviane Durussel, mai 2010 page 41 aux amis. Et relisez-la encore ! Je suis bien tranquille à présent ! Je suis certain qu'elle va vous remettre d'aplomb !... Vostre bon mari. Michel. Voilà que je me dis moi, ce qu'on peut appeler du beau travail. Sa femme devait être fière d'avoir un bon mari qui s'en fasse pas comme son Michel. Enfin, c'était leur affaire à ces gens. On se trompe peut-être toujours quand il s'agit de juger le coeur des autres. Peut-être qu'ils avaient vraiment du chagrin ? Du chagrin de l'époque ? Questions 1. l. 3-4 : ... une lettre qu’il écrivait à sa femme le Montaigne... l. 10-11 : ... une certaine lettre que Plutarque envoyait lui aussi à sa femme, dans des circonstances tout à fait pareilles aux nôtres ... Cherchez dans une encyclopédie qui est Montaigne, qui est Plutarque. Pourquoi Montaigne écrit-il à sa femme ? Pourquoi lui envoie-t-il une lettre de Plutarque ? 2. l. 6-8 (en gras) Montaigne n’écrit pas ce que cite Ferdinand : pourquoi Ferdinand résume-t-il ainsi le contenu de la lettre de Montaigne ? Trouvez un élément dans cette lettre qui nous fait comprendre qu’elle date du XVIe siècle. 3. Quels sont les arguments que donne Servius Sulpicius à Cicéron ? Montaigne à sa femme ? Plutarque à la sienne ? 4. Qu’en pensez-vous ? Sont-ils susceptibles d’apporter consolation et réconfort ? Motivez votre réponse par des exemples actuels. 5. Commentez le dernier paragraphe. Qu’est-ce que du « chagrin de l'époque » ? Qu’est-ce qui a changé ? Le chagrin ou l’époque ? Viviane Durussel, mai 2010 page 42 Oraison funèbre de Metellus Q. Metellus fait l’oraison fiunèbre de son père : selon lui, il a atteint les ix objectif auxquels peut prétendre un homme de bien. 1 Q. Metellus in ea oratione quam habuit supremis laudibus patris sui L. Metelli 2 pontificiso, bis consulis dictatoriso, magistri equitum, qui primus elephantos 3 ex primo punico bello duxit in triumpho, scripsit eum decem maximas 4 optimasque 5 consummavisse : [dixit eum] voluisse primarium bellatorem esse, auspicio suo 6 maximas res geri, maximo honore uti, summa sapientia esse, summum 7 senatorem haberi, pecuniam magnam bono modo invenire, multos liberos 8 relinquere. Haec omnia ei contigerunt nec ulli alii post Romam conditam. res, in quibus quaerendis sapientes aetatem exigerent, d’après Pline l’Ancien, HN, 7, 139-140 1 supremae laudes, f. pl. l’éloge funèbre 4 aetatem exigere (in) passer sa vie à 5 consumo, as, are, rég. primarius, a, um bellator, oris, m. auspicio suo employer de premier rang le guerrier, le combattant sous son commandement 6 uti + Abl. recevoir 7 haberi être tenu pour, considéré comme 8 contigit (+ Dat.) il est arrivé, il arriva (à) Viviane Durussel, mai 2010 page 43 La fête des morts (Ovide, Fastes 2, 533-556 / 565-570) Entre le 13 et le 21 février on célébrait les Parentalia (fêtes annuelles en l’honneur des morts). Durant cette période, les magistrats ne portaient pas les insignes de leur fonction, les temples étaient fermés, les mariages interdits. Le dernier jour avaient lieu les Feralia : on apportait de la nourriture aux tombeaux, destinée aux morts. 533 Est honor et tumulis animas placare paternaso, 534 parvaque in exstructas munera ferre pyras. 535 536 537 et = aussi Parva petunt Manes : pietaso pro divite grata est munere ; non avidos Styx habet ima deos. Tegula porrectis satis est velata coronis 538 et sparsae fruges parcaque mica salis, 539 inque mero mollita Ceres violaeque solutae. 533 honor, oris, m. tumulus, i, m. placo, as, are, rég. l’honneur (que l’on rend à) le tombeau apaiser 534 exstructus, a, um pyra, ae, f. édifié, élevé le bûcher 535 Manes, ium, m. pl. les âmes des morts, les Mânes 536 Styx, Stygis, féminin imus, a, um le Styx profond 537 tegula, ae, f. porrectus, a, um velo, as, are, rég. corona, ae, f. la tuile offert couvrir la couronne 538 sparsus, a, um fruges, um, f. pl. parcus, a, um mica, ae, f. sal, salis, n. répandu les produits de la terre modeste, petit la miette, le grain le sel 539 merum, i, n. mollitus, a, um Ceres, eris, f. viola, ae, f. solutus, a, um le vin amolli, trempé ici : le blé la violette épars = in + que Cimetière d’Isola sacra, près d’Ostie. Pour les pauvres, on se contentait d’enfoncer le cou d’une amphore audessus de leur sépulture pour pouvoir leur verser des libations en offrande. Viviane Durussel, mai 2010 page 44 Haec habeat media testa relicta via 540 541 nec majora veto, sed et his placabilis umbra est. Adde preces positis et sua verba focis 542 543 = in media via Hunc morem Aeneas, pietatiso idoneus auctor, 544 attulit in terras, juste Latine 1, tuas. 545 Ille patris Genio sollemnia donao ferebat : 546 hinc populi ritus edidicereo pios. 547 At quondam, dum longa gerunt pugnacibus armis, bella, Parentales deseruere dies. 548 549 = (e)didicerunt = deseruerunt Non impuneo fuit ; nam dicitur omine ab isto 550 Roma suburbanis incaluisse rogis. 551 Vix equidem credo : bustis exisse feruntur 552 et tacitae questi tempore noctis avi 1 sujet : populi = exiisse 540 testa, ae, f. la cruche, l’amphore 541 placabilis, e qui peut être apaisé 542 focus, i, m. le foyer, le bûcher, l’autel 543 auctor, oris, m. le modèle 545 genius, i, m. sollemnis, e le génie (dieu particulier à chacun) solennel, consacré 546 hinc ritus, us, m. de là la cérémonie religieuse 547 quondam, adv. pugnax, acis, 3 g. autrefois belliqueux, acharné 548 Parentales (dies) desero, is, ere, serui, sertum les Parentales (cf. introduction) abandonner, délaisser 549 550 omen, inis, n. suburbanus, a, um incalesco, is, ere, calui rogus, i, m. le présage aux portes de la ville, voisin de la ville s’enflammer le bûcher funèbre 551 equidem bustum, i, n. quant à moi le tombeau 552 tacitus, a, um questi avus, i, m. silencieux en faisant entendre des plaintes l’aïeul, l’ancêtre Latinus, fils du dieu Faunus et de la nymphe Marica, est un descendant de Saturne. Roi du Latium, il accueille Enée et lui donne sa fille Lavinia en mariage. Viviane Durussel, mai 2010 page 45 553 perque vias Urbis Latiosque ululasse per agros 554 deformes animas, vulgus inane, ferunt. 555 Post ea praeteriti tumulis redduntur honores 556 prodigiisque venit funeribusque modus. [...] 565 Nunc animae tenues et corpora functa sepulcris 566 erranto, nunc posito pascitur umbra cibo. 567 Nec tamen haec ultra, quam tot de mense supersint 568 Luciferi, quot habent carmina nostra pedes. 569 570 Hanc, quia justa ferunt, dixere Feralia lucem ; ultima placandis Manibus illa dies. = ululavisse = dixerunt s.-e. : est 553 Latius, a, um ululo, as, are, rég. du Latium, latin hurler 554 deformis, e vulgus, i, n. inanis, is, e difforme, hideux la foule, la multitude vide, sans consistance = desfantômes 555 praeterire, eo, ii, itum oublier, négliger 556 prodigium, i, n. funus, eris, n. modus, i, m. l’événement prodigieux, le fléau les funérailles, la mort violente ici : la juste mesure, la limite convenable 565 tenuis, is, e corpora functa sepulcris mince, chétif, délicat les corps dûment enterrés 566 pascor, eris, i + Abl. se repaître de 567 ultra, adv. mensis, is, m. au-delà, plus loin le mois 568 Lucifer, eri, m. pes, pedis, m. Lucifer, la planète de Vénus 2 le pied (d’un vers en poésie) 3 569 justum, i, n. Feralia, ium, n. pl. lux, lucis, f. ce qui est juste, ce qui est dû les Féralies (fêtes en l’honneur des morts) ici : le jour 570 ultimus, a, um placandis Manibus le dernier datif de but 2 Le « mois de Lucifer » est le mois de mars. Un distique élégiaque contient 11 pieds (un hexamètre et un pentamètre) et de la des Féralies (le 12 avant les calendes de mars) à la fin du mois, il y a 11 jours. 3 Viviane Durussel, mai 2010 fin page 46 Le suicide de Caton d’Utique xxxx 1 Tui quoque clarissimi excessus, Cato, Uticao monumentum est, in qua ex 2 fortissimis vulneribus tuis pluso gloriae quam sanguiniso manavit, siquidem, 3 constantissime in gladium incumbendo, magnum documentum dedisti, 4 quanto potior esse debeat probis dignitaso sine vita quam vita sine dignitate. Valère Maxime 3, 2, 14, 1 excessus, us, m. monumentum, i, n. 2 mano, as, are, rég. siquidem 3 constantissime, adv. incumbo, is, ere, cubui, cubitum documentum, i, n. 4 quanto probus, a, um Viviane Durussel, mai 2010 page 47