Quand notre huile de friture devient du carburant

Transcription

Quand notre huile de friture devient du carburant
Métro News
6 avril 2014
Quand notre huile de friture devient du carburant
ENVIRONNEMENT – L’association "Roule ma frite 31"
récolte l’huile usagée des restaurants et établissements
publics du centre-ville de Toulouse. L’objectif : la
transformer en carburant bon marché pour des familles à
faible revenu et en détergeant industriel.
L'équipe de "Roule ma frite" veut améliorer le recyclage des 500 000 litres d'huiles usagées qui
finissent chaque année dans les canalisations à Toulouse. Photo : DT/Metronews
Et si l'huile de friture devenait... du biocarburant ? C'est le projet écologique un peu fou sur
lequel travaille Pascal Vallat depuis un an et demi. Cet ancien agent immobilier a décidé de
monter l’association "Roule ma frite 31" afin de récolter les huiles de friture usagées pour les
valoriser. Avec 1200 restaurants et 103 collèges lycées, le centre-ville de Toulouse représente
un incroyable gisement.
Relocaliser le recyclage
Car toutes les huiles produites n'y sont pas collectées. "Environ 500 000 litres d'huiles usagées
finissent dans les canalisations chaque année, estime Pascal Vallat. Les collectivités dépensent
7 millions d'euros pour les déboucher et traiter les boues en station d'épuration. Et quand
l’huile est récoltée par des professionnels comme Veolia ou Sita (groupe Suez), elle part en
Allemagne", où l’usage des biocarburants est beaucoup plus développé.
Pascal Vallat souhaite donc relocaliser le recyclage. Pour cela, sa cible principale sont les
restaurants et cantines des établissements publics du centre-ville de Toulouse où les
industriels du recyclage ne vont pas. Depuis quelques mois, Fabien Carrière, salarié de
l’association fait la tournée des restaurants, des kebabs, de la clinique Pasteur ou encore des
buvettes du Toulouse football club (TFC) les jours de match pour collecter leurs huiles de
friture usagées. En cinq mois, l'association en a ainsi récolté 25 000 litres qu’elle stocke dans
un hangar à Ramonville.
Un carburant à 80 centimes d'euros le litre
Prochaine étape, le transformer en carburant pour les moteurs diesel. Et même si, en France,
rouler à l'huile est interdit, Pascal Vallat a reçu le soutien financier de Toulouse Métropole.
"Nous ne faisons pas tout cela sous le manteau. Nous ne nous substituerons jamais aux
stations service. 15 % des huiles que nous récoltons seront transformées en carburant à bas
coût pour des familles à faible revenu". Le carburant leur sera revendu à 80 centimes le litre
en partenariat avec l'association "Un garage pour tous" basée à Bellefontaine.
Le reste pourrait être valorisé auprès de l'entreprise Sodeco à Montauban, spécialisée dans la
fabrication de détergeants industriels. "Nous voulons l'aider à remplacer son huile de base
issue de la pétrochimie par de l'huile végétale, moins polluante". En attendant, Pascal Vallat
multiplie les contacts avec de potentiels partenaires comme le Crous de Toulouse ou le lycée
professionnel Gallieni qui pourraient eux aussi confier leurs huiles à Roule ma frite.