Discours de son Excellence Monsieur Ali BONGO ONDIMBA

Transcription

Discours de son Excellence Monsieur Ali BONGO ONDIMBA
Communauté Economique et Monétaire
de l’Afrique Centrale (CEMAC)
-------------------------------12e Session Ordinaire
de la Conférence des Chefs d’Etat
DISCOURS DE SON EXCELLENCE MONSIEUR
Ali BONGO ONDIMBA,
PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE GABONAISE,
CHEF DE L’ETAT,
PRESIDENT EN EXERCICE DE LA CEMAC
EN LA SEANCE PLENIAIRE D’OUVERTURE DE LA
CONFERENCE DES CHEFS D’ETAT
----------------------Libreville, les 05 au 06 mai 2015
Excellences Messieurs les chefs d’Etats et chers
frères,
Monsieur le Président du Conseil des Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Monsieur le Président de la Commission de la
CEMAC,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Chefs
de Missions diplomatiques,
Messieurs les premiers responsables des organes et
institutions de la CEMAC,
Madame le Maire de la Commune de Libreville,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi d’abord de vous réitérer combien le Gabon
et l’ensemble des Gabonais se sentent honorés de vous
recevoir.
Votre présence à Libreville est l’illustration de la foi que
vous inspire notre Communauté. Elle témoigne de notre
engagement pour les idéaux qui la sous-tendent, comme
elle démontre votre disponibilité pour l’accomplissement
de notre œuvre Communautaire.
C’est donc avec toutes les ressources du cœur que je
vous exprime ici ma gratitude et vous souhaite un
agréable séjour en terre gabonaise.
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Excellences Messieurs les chefs d’Etats et chers
Frères,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
La 12ème Session Ordinaire de notre conférence s’ouvre
dans un contexte sécuritaire sous régional préoccupant.
La crise centrafricaine, si elle s’est atténuée à la faveur
d’une action politique intense et par l’effet de concours
financiers et militaires considérables, n’est pas pour autant
terminée. La complexité des enjeux ne facilite guère la
tâche des acteurs engagés pour la résoudre, notamment
le Médiateur dont l’action mérite ici d’être saluée.
Hommage dans tous les cas doit être rendu aux efforts
des Autorités de Transition, aux forces françaises ainsi
qu’aux troupes de l’Union Européenne dont nous savons
l’implication aux côtés des Casques Bleus dans le
processus de règlement de cette crise.
Toutefois, à la situation que vit la République
Centrafricaine s’est désormais ajouté un intégrisme
dévastateur et meurtrier, véhiculé par la Secte Boko
Haram. Terrorisme et barbarie occupent maintenant
l’actualité de notre sous-région en raison des menées
meurtrières répétitives et irrationnelles de ce mouvement.
Rien n’est plus clair : l’obscurantisme de la secte est un
péril manifeste aussi bien pour le fondement de nos Etats
que pour la civilisation elle-même.
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Partout dans le monde, ces forces rétrogrades font preuve
d’une radicalité inouïe dans leurs actes et leurs ambitions,
qui mettent à mal nos civilisations.
Pour les leaders politiques que nous sommes, l’heure est
à la prise de conscience : nous ne pourrons pas vaincre
ces forces d’un autre âge si nous ne faisons pas preuve
de détermination dans nos réformes.
Nous devons montrer à nos peuples que la voie de la
justice et de la prospérité partagée réside dans nos
modèles de développement et nos institutions basées sur
le respect de la vie humaine et du droit séculier ; pour
cela, nous devons redoubler d’efforts pour que nos
réformes soient couronnées de succès, sur le plan
sécuritaire, économique et social.
Au plan sécuritaire, la mise en place d’un mécanisme de
sécurité et de défense commune s’avère indispensable en
pareille circonstance.
La CEMAC doit parvenir à assurer la sécurité de ses
populations. L’initiative du Tchad au Nord-Cameroun est
un excellent indicateur qui mérite les compliments de toute
la Communauté.
La CEMAC, par solidarité mais aussi par devoir pour sa
survie, ne saurait tourner le dos aux efforts que déploient
le Cameroun et le Tchad pour contrer les ambitions
d’extension du terrorisme dans notre sous-région.
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Dès lors, manœuvres militaires communes, consultations
réciproques, stages de nos officiers autour de thématiques
de missions de paix seraient autant d’approches
susceptibles d’asseoir un projet de sécurité et de défense
communes.
Quoi qu’il en soit, l’expérience de mobilisation de nos
soldats ces vingt dernières années sur différents théâtres
d’opérations nous donne un appréciable point de départ.
Excellences Messieurs les Chefs d’Etat et chers
Frères,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
Le contexte économique sous-régional nous interpelle. En
effet, la diminution de la demande mondiale en pétrole a
entraîné ces derniers mois un effondrement brutal du prix
du baril.
Ce principal levier de la plupart de nos économies
perturbe nombre de prévisions budgétaires de nos Etats.
De même qu’il hypothèque la réalisation de nombreux
projets de développement, et les subventions sociales en
faveur de l’emploi, de la santé et de l’éducation.
Plus que jamais, la diversification de nos économies se
révèle être une nécessité absolue.
La quasi-totalité des Etats membres de la CEMAC s’est
dotée de plans de développement ambitieux pour la
mener à bien et assurer ainsi, une prospérité durable à
nos populations.
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Ces plans qui ont fait naître des attentes importantes et
légitimes chez nos concitoyens ne sauraient être différés.
C’est pourquoi, je souhaite que cette session ordinaire de
la Conférence des Chefs d’État soit l’occasion d’évoquer
des réformes structurelles.
Réformes qui devraient permettre de soutenir nos efforts
de développement économique, tels que décrits dans le
Programme Economique Régional ainsi que dans nos
plans de développement nationaux, à l’instar, dans mon
pays, du Plan Stratégique Gabon Emergent.
Au titre de ces réformes nous notons l’évolution du rôle de
la Banque des Etats d’Afrique Centrale qui ajouterait à sa
mission de maîtrise de l’inflation, celle de financer le
développement, comme le fait la FED aux Etats-Unis, ou
plus récemment, la Banque Centrale Européenne.
Ce financement de l’économie pourrait transiter via des
lignes de crédit directes à la Banque de Développement
des Etats de l’Afrique Centrale.
Celle-ci a été brillamment restructurée. C’est pourquoi,
ses capitaux propres doivent être davantage renforcés,
qu’elle puisse remplir au mieux sa mission, au regard des
innombrables besoins de financement en infrastructures
dans nos pays.
En effet, le succès de nos ambitieux plans de
développement repose en grande partie sur notre capacité
à mobiliser suffisamment de ressources financières pour
soutenir sur une longue période un investissement annuel
équivalent au moins 30% de nos PIB.
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A titre d’illustration, notre Programme Economique
Régional a été évalué ; son état d’avancement a été décrit
et les contraintes majeures qui limitent son action ont été
présentées, parmi lesquelles l’absence de ressources.
Même si la dimension de ce Programme requiert un
financement extérieur, il reste qu’une mobilisation de
ressources internes, tout aussi indispensables, soit
absolument nécessaire.
La relecture du Programme Economique Régional qui est
en cours appelle ainsi, non seulement à l’adapter aux
programmes nationaux de développement, mais aussi à
rendre plus pertinents les mécanismes de son
financement.
Au-delà de cette réforme se pose également celle relative
à notre politique commerciale commune, en lien
notamment avec les accords de Partenariat Economique,
les APE, avec l’Union Européenne.
Approfondir notre intégration, devient, tout le monde l’aura
compris, un impératif pour le développement soutenu de
notre communauté.
L’objectif de la création d’un marché commun au sein de
notre espace reste conditionné, je le rappelle, par la mise
en application de l’Acte Additionnel pris lors de la dernière
Conférence des Chefs d’Etat de la CEMAC en juin 2013 à
Libreville.
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Aussi, l’intégration Economique et Monétaire Régionale.
Repose sur un impératif de sécurité dans notre sousrégion. A cet égard, nous devons trouver le bon
mécanisme pour l’autonomie financière de notre
institution.
Car, la communauté pour laquelle nous œuvrons, et que
nous léguerons à nos enfants et aux générations futures,
doit pouvoir disposer des ressources nécessaires à
l’exécution de ses missions.
Excellences Messieurs les Chefs d’Etat et chers
Frères
Distingués Invités,
Mesdames et Messieurs,
Je ne puis passer sous silence la question primordiale de
l’environnement. Les travaux du Groupe d’experts
intergouvernemental sur l’évolution du Climat, le GIEC,
ont révélé les menaces que fait peser le dérèglement
climatique sur la planète.
Ne rien faire à cet égard entraînerait un désastre
irrémédiable pour l’humanité toute entière, et plus
particulièrement pour notre continent.
En effet, le rapport du Programme des Nations Unies
pour le Développement 2014 démontre que la fréquence
accrue des catastrophes naturelles ces dernières années
représente une alerte qui exige, de la part de tous, de
véritables actions de lutte contre le changement
climatique.
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Celles-ci, que nous devons impérativement mettre en
place, constituent, pour ma part, autant d’opportunités
d’adapter nos économies, de réajuster nos habitudes,
d’inventer de nouveaux modes de production et d’adopter
des modes de consommation compatibles avec les enjeux
environnementaux actuels.
La participation de nos Etats à la prochaine Conférence
sur le Climat à Paris, requiert dès maintenant l’élaboration
d’une stratégie communautaire, afin de faire valoir les
intérêts de notre sous-région, au regard du fabuleux
potentiel qu’offre notre patrimoine forestier dans la lutte
contre le changement climatique.
C’est pourquoi, je vous propose donc de concentrer nos
efforts de négociation sur les modalités de transferts de
ces technologies propres qui seront bénéfiques à nos
projets industriels et énergétiques. Tout le monde
s’accorde dans le contexte environnemental actuel, à dire,
que « sans énergie propre, disponible et accessible, il n’y
aura point de développement durable possible ».
La Commission devrait par conséquent se charger d’initier
des rencontres préparatoires afin d’optimiser nos chances
de réussite pour notre sous-région, à cette conférence dite
de la dernière chance.
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Excellences Messieurs les Chefs d’Etat et chers
Frères,
Distingués Invités,
Mesdames et Messieurs,
Je dois à votre confiance l’exercice de mon mandat que
j’ai rempli avec passion, engagement et détermination
pour la poursuite de la construction d’une Communauté
solidaire.
L’accompagnement dont j’ai bénéficié de la part du
Conseil des Ministres de l’Union Economique de l’Afrique
Centrale et du Comité Ministériel de l’Union Monétaire de
l’Afrique Centrale m’aura été précieux.
L’inestimable appui et la disponibilité constante du
Président de la Commission, Chef de l’Exécutif de la
Communauté, Pierre Moussa, que je tiens ici à féliciter et
à remercier.
A l’heure d’ouvrir la 12ème Session Ordinaire de nos
travaux, je mesure toute l’intensité du rêve et des
espérances qui ont porté les pères fondateurs de notre
Communauté, il y a cinquante ans. La passation de
charges prévue à l’issue des présentes assises témoigne
de la continuité de l’idéal d’Intégration en Afrique Centrale.
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Excellences Messieurs les Chefs d’Etat et chers
Frères,
Distingués Invités,
Mesdames et Messieurs,
Je déclare ouverts les travaux de la 12ème Session
Ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat de la
Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique
Centrale.
Vive l’intégration de l’Afrique Centrale !
Vive la CEMAC !
Je vous remercie.
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