H2O, LA MOLECULE CONVOITEE Ikram BOHOUT – Lycée

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H2O, LA MOLECULE CONVOITEE Ikram BOHOUT – Lycée
H2O, LA MOLECULE CONVOITEE
Ikram BOHOUT – Lycée Averroès – Lille - 2009
Mesdames, Messieurs,
Au nom du profit, des bénéfices substantiels et ponctuels, la construction d'un barrage gigantesque,
celui des Trois Gorges en Chine, destiné à rendre l'eau disponible aux paysans, est paradoxalement à
l'origine d'une pénurie d'eau qui concerne des milliers de personnes. Cet édifice de retenue
hydrographique est également responsable d'un bouleversement sans précédant des écosystèmes
aux alentours.
Non, Mesdames et Messieurs, vous le savez, ceci n'est pas un cas isolé ! Déjà, plusieurs attentats à
l’équilibre écologique ont ainsi été perpétrés partout dans le monde à des fins mercantiles sans que
l'on s'en émeuve durablement, nous qui sommes habitués à subir les lois du marché et de la
technocratie. La désastreuse liste des hold-up sur l'eau serait trop longue à énumérer et nous la
connaissons.
Aujourd'hui avec seulement 0,6 % d'eau potable et une demande exponentielle mondiale, force est
de constater que l'eau est la ressource la plus convoitée par les prédateurs financiers, car la plus
juteuse !
On l'appelle désormais « l'or bleu », plus rare que « l'or noir ». L'eau est la source de la vie sous
toutes ses formes. Il est simple pour nous d'ouvrir le robinet, ceci peut nous paraître anodin de faire
couler de l'eau claire et chlorée.
Mais sachez que des milliers de personnes démunies de Brasilia à Calcutta, sont réduites à puiser
directement les eaux polluées par les déchèteries des entreprises qui déversent leurs détritus
chimiques toxiques.
Bien consciente des dangers encourus, les populations indiennes, africaines et asiatiques, aux
moyens trop modestes pour s'offrir l'eau purifiée des canalisation payantes, sont contraintes de
s'empoisonner à petites doses quotidiennes, dans l'indifférence de tous.
Le constat est sans appel :
Bien plus que les ravages du sida, bien plus que les ravages des guerres, chaque année plus de deux
millions d'hommes, dont la majorité d'enfants de moins de cinq ans, meurent à cause de l'insalubrité
de l'eau.
Plus d'un milliard d'hommes, de femmes et d'enfants souffrent du manque d'eau et viennent gonfler
la cohorte des affamés de la planète.
Devant des situations comme celle du village de Saleah au Darfour où quelques 25 000 âmes se
partagent seulement deux puits, n'ayons plus peur des mots, Mesdames et Messieurs, car
aujourd'hui l'eau source de vie est la première source de mort dans le monde !
Nous ne pouvons plus continuer à appliquer des solutions du XXe siècle au plus grand défi du XXIe
siècle.
C'est pourquoi, aujourd'hui, moi qui ne représente qu'un fétu de paille, un David contre Goliath, au
nom des spoliés de l'eau,
je lance un appel à des Assises internationales à l'ONU car il est impératif de reconnaître un droit
fondamental d'accès universel à l'eau,
je lance un appel à l'ONU car il est impératif que le droit à l'eau forme le 31e article de la déclaration
des droits de l'Homme, assez de cynisme et de langue de bois !
En tant que citoyens et citoyennes d'une planète mère commune, nous ne pouvons nous taire
devant ceux qui s'accaparent notre propre sève. Nous ne pouvons laisser faire le Pouvoir et l'Argent
nous pomper la vie sans réagir !
L'eau comme l'air et la lumière du soleil sont des biens communs, des biens universels, ils font partie
du patrimoine de l'Humanité.
Notre cher président déclare dans son premier discours adressé à l'ONU que : « Les biens communs
de l'Humanité doivent être placés sous la responsabilité de l'Humanité toute entière. » Oui Monsieur
le Président,
Cependant les grandes entreprises et multinationales ayant la mainmise sur cette ressource naturelle
par le biais de dispositifs d'extraction et de distribution abusent de leurs prérogatives commerciales.
Notre corps comme notre planète est composé de 70 % d'eau ; L'eau fait partie de notre être.
Qui possède l'eau nous possède.
A l'heure où je vous parle, ces grandes entreprises que sont Pepsi, Coca Cola, Nestlé, Vivendi, Suez,
Veolia ou encore Thames Water soutenues par le FMI et la Banque Mondiale sont en train de
délocaliser des communautés entières afin de s'emparer des réserves d'eau sous couvert de les
aménager, laissant des populations assoiffées derrière elles, incapables de financer l'accès aux
canalisations qui monopolisent l'eau capturée.
Oui, c'est une clameur citoyenne qui vient secouer la résignation des peuples du monde.
Levons-nous, unissons-nous et réagissons !
Car il n'est plus temps de gérer le gaspillage et la pénurie de l'eau par des colloques savants et des
séminaires au caviar des cols blancs.
Il y a urgence, on ne peut plus accepter d'être spoliés par une poignée de privilégiés au nom du
hasard de la fatalité, de technologie et du profit !
Alors, j'accuse ! Les lobbies économiques et politiques de l'eau qui ont fait de ce bien commun une
marchandise, un monopole aux mains de quelqu'un qui nous asservi tous !
Alors, j'accuse ! L'irresponsabilité des décideurs internationaux qui se contentent de faire des
incantations symboliques et des appels à la charité.
L'eau est notre bien, nous n'avons pas à le quémander !
Demain, devrons-nous nous aussi négocier le prix de l'air et de la lumière ?
Oui, je le dis à tous, c'est un appel à la révolution des mentalités, à la prise de conscience, à un
bouleversement du fait accompli qui se croit inébranlable.
Mais on a vu, par le passé, des dictatures de fer s'effriter comme du sable. On verra donc, croyezmoi, s'écrouler comme un château de cartes, les montagnes politiques et financières balayées sous le
souffle de la colère, des assoiffés, des miséreux et des sans-grades qui n'ont plus rien a perdre,
puisqu'ils ont déjà tout perdus !
L'Histoire nous montre qu'il ne faut jamais pousser à bout la colère des hommes qui peut devenir un
cyclone destructeur qui balayera les puissances les plus établies sur son passage.
La propriété de l'eau comme celle de la Terre et du ciel sont des agressions contre l'humanité toute
entière, source de guerre et de famines.
On a su faire, par le protocole de Madrid en 1991, des glaces de l'Antarctique une zone appartenant
à tous... à la science et à la paix.
Poursuivons... Partageons... Protégeons l'avenir, il est encore temps !

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