Présentation Paroles foraines au format PDF
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Présentation Paroles foraines au format PDF
Katherine Tewe. Moulin de la Porte 45480.Autruy-sur-Juine. France SACEM Sociétaire n° 481417 SCAM Membre n° 4.058 Tél: 08 77 79 14 00 e.maïl: [email protected] Auteur réalisatrice, musicienne, artiste du son, journaliste, romancière. Katherine Tewe signe un documentaire sonore de création de quatre heures « Paroles foraines » pour lequel elle a reçu le prix du meilleur scénario de la scam 2005. Cette enfant de la balle a parcouru la France pour mener sur un ton intimiste des interviews d’où ressurgissent d’éblouissantes sagas familiales, célébrées au long de ces récits L’ouvrage « Paroles foraines » raconte l’histoire du métier forain du passé récent à la modernité, il est présenté sous la forme d’un livre audio en coffret de trois CD, quatre volets trois plateaux cartonnés au graphisme illustré très soigné. Pour raconter leur histoire, des témoignages, des archives d’époque se font entendre, rentrent en résonance avec le sol mouvant de l’enfance, sur le chemin du monde récréatif du voyage, ce pays d’une incomparable attraction où la vie est foraine. S’attacher à retenir quelque chose de cette vie là dans l’accélération des temps, l’effondrement des repères, c’est garder dans la mémoire des traces de cette culture, de ce patrimoine immatériel amassé par des générations de forains, ces baladins des temps modernes, hommes libres. Qu’ils soient bohémiens, descendants de colporteurs savoyards ou hollandais volants, industriels, artisans, ils composent une corporation distincte, et méconnue ! Au fil des 43 épisodes du documentaire, Le forain la foraine et les petits voyageurs tissent le fil de leur historicité et donnent quelques clefs pour pénétrer dans leur milieu et le comprendre, l’imaginer encore. La redistribution des cartes économiques, la libre circulation des biens et des personnes, constituent un questionnement auquel ce travail contribue par le collectage de témoignages de première main. Pour dépasser confusions et assimilation, répondre au repli communautaire, à la formation de ghettos.Pour festive qu’elle soit avec la vocation de pérenniser ses valeurs, cette corporation traverse au tournant du siècle une mutation, une remise en question de ses usages. Sur un même champ de foire à bien observer, on fait le grand écart. C’est un territoire complexe sur lequel Katherine Tewe nous entraîne, nous guide en native des lieux. Cet essai par sa forme rejoint les créations dans le domaine de la radio innovante. Le film sonore est un média du réel et de l’imaginaire, qui sculpte le son, tend un filet à notre imagination dispersée, fait flèche de tous mots, exploite 1 le pouvoir d’évocation des voix et des sons quand ils sont dissociés des images. Monté comme un feuilleton abondant en illustrations musicales, avec une palette sonore, bruitages, interviews rapprochés, études des psychologies. Ces « Paroles foraines » répondent aujourd’hui à l’écho du passé où résonne l’endroit encore invisible du futur. Le film des 3 CD invite à quatre heures de voyage sur les traces du monde récréatif des forains, petit peuple premier du spectacle enfin célébré. Katherine Tewe écrit : « J’ai écouté et enregistré les forains, les foraines, leurs enfants, les anciens, les modernes pendant deux ans dans leur contexte de fête foraine. Ils ont fait leurs autoportraits, en contant leur saga familiale. C ‘était comme coller mon oreille sur leur cœur battant. J’avais un fil conducteur : retrouver les racines de mon enfance, le peut-être vrai pays de l’enfance, et le peuple nomade qui m’a faite, car seule au monde maintenant j’ai cherché à retrouver les miens quelque part. Au fond c’est un prétexte pour parler de moi. Mais ce qui est arrivé de plus profond dans ce parcours vient de l’image sonore que les forains ont projetée d’eux-mêmes simplement. Cette sourde mélancolie, cette légèreté, cette force sidérante qui ne les quittent jamais dans leur mode de vie voyageur. Au fond ils ont toujours été les héros de mon enfance, mon père syndicaliste forain entre 1948 et 1975, héritier d’une grande famille créateurs des Carrousels Salons Palaces et des Skooters Tewe depuis 1912, mon parrain le philosophe du Grand Huit, mes oncles saltimbanques musiciens, dans la ville mangeuse d’arlequins, mes cousins qui aujourd’hui continuent le métier avec les copains de ma jeunesse que j’ai retrouvé toujours aussi passionnés par leur métier. Si je suis allée jusqu’à l faire revivre de grands anciens avec des bandes d’archives, c’est pour mettre en évidence ces baladins nomades des temps modernes dans leur rôle de catalyseurs de poésie, de repères éblouissants, qui polarisent l’innovation, avec leurs objets de jeux et de loisirs, ils nous renseignent sur notre propre désir de rompre la solitude dans la société. Ils sont visibles et audibles leur manèges, leur « Moulins » comme on dit en Belgique se voient bien, mais qu’ont-ils à dire ces forains? A les entendre en arrière en avant chacun peut y reconnaître ses espoirs, ses rêves, ses ambitions, ces peurs du vide, du noir, du ciel, de l’enfer, cette envie de frôler les autres de plus près en prenant son courage dans ce grand échiquier de la fête foraine qui n’est étranger à personne finalement puisque c’est un « Lieu commun » où le vécu partagé s’oublie mais réapparaît plus loin renouvelé. -De générations en générations entend t’on souvent là-dedans. Rock & roll techno alors… « Il vaut toujours mieux partir d’un lieu commun que d’y arriver disait Vincent le peintre…… La nostalgie est un catalyseur puissant. Je donne la parole aux gens que j’aime et qui m’ont étonné par leur grâce, leur sincérité, leurs vérités, leur ténacité, leurs caractères bien trempés. A une époque de redistribution des cartes économiques où ils vivent leur métier dans de nouvelles difficultés, ils expriment avec une force sidérante leurs raisons d’exister, leurs traditions. Les enfants surtout ont cette raison d’exister, cette force en eux. Ce film sonore comme un opéra parlé, peut devenir un lien de plus entre les forains 2 et leur public au fond, une prise de parole audacieuse qui fait le point sur leur rôle dans la société contemporaine. L’esprit de corps qui s’exprime là entre les forains et leurs interlocuteurs naturels témoigne d’une réussite humaine, le placier seul chef d’orchestre après Dieu, et ses services techniques notamment, forcent l’admiration. Tous les organisateurs de la ville, ingénieurs systèmes qui sont près à mouiller leur chemise pour que la fête roule bien, cette mise en scène très belle qu’ils arrivent à faire ensemble, sur la foi d’ expériences et de connaissances drôlement pointues ! Pour que viennent s’y éclater les enfants de la télé. Tous les conteurs et conteuses du documentaire laissent échapper une poésie limpide à travers la rudesse de leur vie d’amuseurs, d’inventeurs de vertige. Au fond s’ils n’étaient que les derniers nomades libres du monde occidental ce serait déjà très bien, mais ils sont aussi un petit peuple qui vient de loin avec sa culture, ses histoires à raconter, sa place à défendre, leur mode de vie fascinant. Je me suis intéressé aux traits psychologiques des personnages qui me concerne aussi personnellement : l’amour du travail bien fait, l’esprit ludique, la créativité, et puis cette oscillation mélancolique entre le passé et le futur, avec entre les deux le présent festif, innovant, en ces temps de conquête technologique. En enregistrant aussi en complément des artistes qui vivent et travaillent en marge de la fête, peintre, photographe, DJ musicien, designer, j’ai provoqué une confrontation culturelle. Et ce qui en ressort est ce que j’ai senti depuis toute petite : un aller-retour d’influences entre le monde de la fête foraine et le monde des artistes sédentaires, inspiré surtout par les attentes du public. L’art forain n’est pas narcissique, il est la conséquence des désirs des gens de s’amuser ensemble, de partager la fête. Rien ne manque dans ce jeu de miroir sonore. J’ai suivi dans cette problématique un labyrinthe comme à l’intérieur d’un entresort forain qui promet de la magie à l’intérieur. Elle était bien là. Plus encore que je ne l’aurai imaginé, et ce fut le passage de l’ordinaire à l’extraordinaire Les forains sont des catalyseurs de poésie, de magie dans la ville avec leurs architectures ludiques éphémères. Si on leur en laisse la possibilité et les moyens techniques, Ils créent un terrain de jeu populaire, imaginaire, facile d’approche, un jardin de connaissances émotionnelles de parents à enfants, et vice versa. S’il y a une piste nouvelle à trouver dans la recherche du petit bonheur, elle passe depuis des lustres par la fête offerte par les forains, par les soupirs de leurs manèges qui fusent dans l’air des villes, par la fantaisie de leurs boniment, que j’ai collecté et mixé dans ce film sonore. Les forains, « ces déménageurs d’attractions » sont autonomes , démerdards, mécanos,électriciens, routiers, bonimenteurs, animateurs, pilotes de fusée, c’est drôle comme ils sont protéiformes, ils savent tout faire et en sont fiers, parfois certains plus délirants seraient tentés de croire qu’ils ont le droit de tout faire. Cest ainsi, ils sont nés dans le chahut de la vie et leur existence ne leur laisse guerre de répit, ils sont tout entier voués à leur métier, ils ont une affectation dans la société : distraire leur semblable, Ils forment le petit peuple premier du spectacle. Monsieur le directeur du musée de l’homme s’est placé dans leur sillage depuis assez longtemps pour abonder avec moi de sa docte manière sur cette idée. Trois épisodes lui furent nécessaires pour raconter comment le monde Forain a illuminé sa vie. Les forains baladins trouvent qu’ils ont une belle vie et goûtent au bonheur de faire ce qu’ils savent faire, avec leurs chiens savants, leurs crocodiles à six pattes, leurs ascenseurs pour les étoiles. Dans l’amour de leur métier et sa transmission à leurs enfants il y a une leçon de 3 géographie humaine et d’économie très intéressante. Une grâce passionnée les anime en même temps qu’une sourde mélancolie et à les entendre raconter nous pouvons y reconnaître nos propres souvenirs d’enfance, collecter avec eux d’irremplaçables moments de vie. C’est l’âge qui remet tout à sa place. Je devais faire ce documentaire sonore de création car je n’ai pas oublié mes racines personnellement et je voulais faire entendre la voix réelle des gens que j’aime, avec lesquels j’ai grandi. Ils se sont ouverts à mon projet sans tricher, comme si le projet merveilleux dont ils sont les artisans en laissait poliment l’instant. Au fond ce sont eux qui ont parlé de notre société moderne,à laquelle ils rendent de grands services en étant présents, actifs au cœur de leur métier extraordinaire, et comme moi, chaque enfant de tout âge s’accorde volontiers à dire le besoin qu’il en a encore. Je n’aime pas les ghettos, et il m’a paru intéressant à travers ce documentaire de passer un relais entre les deux mondes : le sédentaire et le forain nomade, ils ont des choses à se dire, des trésors culturels à partager, une économie à défendre, plein à innover encore, de grands services à se rendre mutuellement,car une société qui croit en son avenir aime la fête. Voilà pourquoi je viens de vivre un des plus beau moment de ma carrière de réalisatrice avec « Paroles Foraines. », en passant le relais. Katherine Tewe 4