Meal Exchange
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Meal Exchange
Meal Exchange : Bâtir l’entrepreneuriat social chez les jeunes appuyer : des jeunes qui jettent un regard neuf sur d’anciens problèmes et y trouvent des solutions créatives; dans ce cas, des dollars consacrés à des repas non consommés servaient à nourrir des gens qui avaient vraiment faim. « Ces jeunes ne savent pas ce qu’ils font, et rien ne les arrête », plaisante Andrew Woodall, chargé de programme à la Fondation McConnell. « Ils réunissent leurs amis 2 Subventionneur : Fondation de la famille J.W. McConnell Bénéficiaire : Meal Exchange Sommaire : Favoriser l’entrepreneuriat social chez les jeunes. autour d’une idée et passent à l’action. Le personnel de la Fondation scrute le secteur bénévole à la loupe pour repérer des projets novateurs qui concordent avec notre mission. » Selon le jeune promoteur, les vieilles solutions ne mènent pas loin de toute manière. « Si on ne mise pas sur de nouvelles façons de régler les problèmes, alors les problèmes vont persister », fait-il remarquer. À la fin de 2000, Tim Brodhead, directeur général de la Les activités de l’organisme semblaient Fondation de la famille J.W. McConnell de Montréal, a lu un article correspondre aux objectifs de la Fondation : pro- de revue consacré à un jeune entrepreneur social du nom de mouvoir la générosité et le bénévolat et aider les Rahul Raj. Cet article a éveillé son intérêt. En 1993, Rahul Raj avait gens à s’adapter à des rôles et à des défis nou- fondé un organisme appelé Meal Exchange à l’Université Sir veaux. Tim Brodhead a rencontré Rahul Raj en Wilfrid Laurier, alors qu’il était étudiant en marketing. Les étu- personne et en a gardé une vive impression. Meal diants du campus étaient encouragés à donner un repas de leur Exchange était une excellente idée : le projet s’at- forfait alimentaire (valant environ 10 $) à Meal Exchange qui, en taquait au problème de la faim et encourageait la retour, utilisait ces fonds pour acheter de la nourriture remise à clientèle de plusieurs campus à faire du bénévolat. des organismes caritatifs de la communauté. Il y avait un lien très net avec la mission de la Tim Brodhead était intrigué par Meal Exchange, mais Fondation d’appuyer l’entrepreneuriat social. Quelques semaines plus tard, en mars 2001, la aussi par son fondateur. C’était justement le genre d’activité Fondation McConnell versait 96 000 $ pour faire entrepreneuriale que la Fondation McConnell souhaitait progresser le programme. 8 Mais comment une idée aussi novatrice que Meal l’université qui ne mangent pas à leur faim peut être Exchange avait-elle germé? Une grand-mère généreuse avait nouveau pour certains. » Cette initiation graduelle profondément marqué Rahul durant son enfance. Tous les jours, au bénévolat convient bien à la réalité des étudiants elle faisait ce qu’elle pouvait pour venir en aide aux personnes qui, souvent, essaient plusieurs activités bénévoles démunies de son entourage. Cette façon de penser et d’agir s’est avant d’y consacrer plus de temps. naturellement greffée au mode de vie du garçon : faire ce qu’il pouvait au jour le jour pour aider les gens dans le besoin autour Chaque jour, des millions de Canadiens de lui. En grandissant, il s’est demandé comment inciter les gens ont faim, et environ la moitié d’entre eux sont des qui n’avaient pas été exposés à ces modèles à suivre cette voie. enfants. Si ce constat est démoralisant, il reste que À l’université, il mangeait peu et n’utilisait pas tous les points- la faim compte parmi les problèmes sociaux qui repas prévus dans son forfait alimentaire. Or il savait qu’il n’était suscitent le moins d’opposition. Selon Rahul Raj, « le pas le seul; selon lui, c’était du gaspillage. Rahul et ses amis ont programme permet à quelqu’un de nouveau sur la songé à plusieurs façons d’utiliser les points excédentaires, mais scène bénévole de s’engager d’une manière non aucune ne leur semblait très bonne. Puis une idée prometteuse a menaçante. Ailleurs sur la planète, les étudiants se fait son chemin : Meal Exchange. La formule permettait aux étu- mobilisent autour de causes différentes. » diants de donner les points-repas inutilisés pour soulager la faim autour d’eux. Le jeune homme a convaincu l’université Depuis le début, Rahul Raj se donne corps que les avantages liés à l’image publique de l’établissement et âme à Meal Exchange. Il n’a pas hésité à sacrifier dépassaient largement les revenus provenant de repas payés son temps et son argent pour lancer le projet. Il a mais non consommés. pris la décision (et obtenu l’autorisation) d’écrire sa Non seulement Meal Exchange aide-t-il à répondre à la tion d’un organisme sans but lucratif (OSBL) sur le demande locale de nourriture, mais il contribue également à campus dans l’optique de faire de Meal Exchange bâtir une nouvelle culture du bénévolat en approfondissant la un organisme national d’ici la fin de ses études, en conscience sociale des jeunes et en leur offrant des occasions 1997. La Trillium Foundation lui a accordé 25 000 $ d’agir pour remédier aux problèmes. « Les étudiants représen- pour l’aider à réaliser cet objectif. Mais, à 21 ans, le tent un groupe-cible parfait : ils se situent à un point tournant jeune homme voyait plus grand que sa capacité à de leur vie où ils définissent leurs valeurs, leurs principes et réaliser tout ce qu’il avait en tête pour les 18 mois leurs actions hors du cadre parental, et ils évoluent dans un que couvrait la subvention. milieu suffisamment sûr pour vivre cette expérience. Meal Exchange ouvre leurs horizons », résume Rahul Raj. Andrew Woodall ajoute : « Le fait qu’il y ait des gens hors des murs de 9 thèse de quatrième année sur la création et la ges- Lorsque la Fondation J.W. McConnell est intervenue a vu la possibilité d’aider des jeunes à s’initier à pour appuyer Meal Exchange, la nouvelle a eu un impact énorme l’entrepreneuriat social et à plonger. Ça, c’est la sur le jeune promoteur. « Je croyais en moi, mais il me semblait formule traditionnelle. L’aspect nouveau est d’avoir que personne n’était prêt à m’appuyer. Puis la Fondation a misé poussé Meal Exchange à approfondir sa démarche. sur moi », évoque-t-il. « Cette main tendue a ajouté tellement de Ce n’est pas qu’une question de sous : il faut aussi poids et de crédibilité à Meal Exchange, ça n’a pas de prix. » réfléchir à la manière dont on fait les choses et aux Après ses études, Rahul Raj s’est partagé entre une car- raisons qui nous motivent à agir, puis à faire fructifier ces idées. » L’autre élément novateur tient au rière de spécialiste en marketing et Meal Exchange. Puis, un jour, rôle de mentor joué par la Fondation J.W. McConnell il a pris conscience que tous ceux qui avaient influencé la société auprès du jeune entrepreneur, notamment en le – Bill Gates, Walt Disney, Mahatma Gandhi, Martin Luther King – présentant à des acteurs d’importance sur la scène avaient un point en commun : la poursuite inlassable d’une seule bénévole et à des subventionneurs sensibles aux vision. Depuis ce jour, il se consacre à Meal Exchange à plein enjeux de la pauvreté. « Quand on est jeune et temps, employantses talents confirmés en marketing etsa remar- qu’on commence dans le milieu, ce n’est pas facile quable énergie à lutter contre des problèmes sociaux. « Ce que cet de se faire connaître », concède Andrew Woodall. univers a de si particulier, c’est qu’on tente constamment de bâtir quelque chose à partir de rien », constate-t-il. Meal Exchange a permis à des étudiants de donner plus de 200 000 repas pour soulager la faim dans plusieurs communautés. Quarante-cinq collèges et universités La Fondation a repéré une idée qui avait de l’avenir et a vu la possibilité d’aider des jeunes à s’initier à l’entrepreneuriat social. canadiens participent actuellement au programme, qui compte quatre volets : Skip-a-Meal (1er trimestre), Skip-a-Meal (2e trimestre), Trick-or-Eat (collecte d’aliments non périssables En 2002, la Fondation McConnell a accordé à l’Halloween) et Clear the Shelves (campagne de fin d’année). 550 000 $ de plus sur une période de deux ans pour Si tous les campus déployaient le même zèle que les cinq les permettre à Meal Exchange de solliciter et de coor- plus engagés, Meal Exchange permettrait d’amasser plus de donner la participation d’un plus grand nombre de 4 millions $ en dons d’étudiants. collèges et d’universités, de recruter davantage de Selon Andrew Woodall, la relation entre la Fondation bénévoles et de donateurs et de continuer à sensibiliser les étudiants canadiens aux réalités de la faim McConnell et Meal Exchange allie philanthropie traditionnelle et et de la pauvreté. Le défi sera de faire rayonner le nouvelle. « La Fondation a repéré une idée qui avait de l’avenir et programme hors du milieu étudiant pour rejoindre 10 toute la communauté, notamment les écoles secondaires et les Andrew Woodall est d’avis qu’appuyer organismes bénévoles. Des campus situés aux États-Unis et au Meal Exchange représente le genre de niche où les Royaume-Uni ont manifesté l’intérêt d’ouvrir des sections fondations peuvent le mieux faire jouer leurs forces, régionales de Meal Exchange, mais le programme n’en aura pas en aidant les idées prometteuses à faire leur chemin la capacité financière avant quelques années encore. de sorte qu’elles gagnent l’appui de sources peu enclines à courir des risques. « Les fondations peu- Fidèle à sa promesse, Rahul Raj garde le cap et se con- vent soutenir les initiatives aux premières étapes sacre à 100 pour cent à Meal Exchange. Il n’a rien perdu de sa critiques, jusqu’à ce qu’elles soient suffisamment motivation première : rechercher des moyens de mobiliser les solides pour que d’autres investisseurs s’y associent populations locales pour trouver des solutions aux problèmes de sans crainte », relève-t-il. « Meal Exchange est une leur milieu. Selon lui, dans ses grandes lignes, Meal Exchange réussite, mais la réussite sera plus grande si le pro- offre un modèle pour gagner l’appui du milieu étudiant et mettre gramme existe encore dans cinq ans. » au jour un courant de responsabilité sociale à vie, susceptible de servir d’autres causes de cette nature. Meal Exchange fera-t-il naître une nouvelle génération de jeunes encore plus engagés Les fondations peuvent soutenir les initiatives aux premières étapes critiques, jusqu’à ce qu’elles soient suffisamment solides pour que d’autres investisseurs s’y associent sans crainte. socialement? Le temps se chargera de nous le dire, mais il y a fort à parier que l’engagement de Rahul Raj et le soutien indéfectible de la Fondation de la famille J.W. McConnell et d’autres bailleurs de fonds formera une combinaison gagnante. Pour plus d’information, visitez le site Internet de la Fondation : www.mcconnellfoundation.ca. 11