Saïda : Entre mer et collines

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Saïda : Entre mer et collines
Saïda : Entre mer et collines
Saïda : Entre mer et collines
Julie Dumont-Paquet
Ville entre la mer et la montagne, Saïda se caractérise par son
territoire. Le développement, l’histoire et la culture de Saïda ne
peuvent être bien cernés et perçus sans une compréhension
préalable du territoire et de son évolution dans le temps. Relié à des
facteurs extérieurs tels les influences urbanistiques ou politiques, le
façonnement du territoire permet de situer les enjeux urbanistiques
actuels de Saïda. La sauvegarde de la vieille ville, le développement
de sa périphérie, le regard à la mer sont autant d’enjeux.
Saïda la vieille ville, Saïda la nouvelle ville, Saïda la ville double.
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Saïda : Entre mer et collines
Les perceptions urbaines occidentales sont à l’antipode de ce que la
ville signifie pour les orientaux ou du moins l’était puisque la plupart
des grandes villes du Moyen-Orient se sont transformées au contact
des visions urbanistiques venant de l’Occident. Les chemins de fer
ont souvent ouvert la voie à une colonisation européenne et des
villes comme Damas en Syrie, Le Caire en Égypte, Beyrouth au
Liban et d’autres villes d’Afrique du Nord comme Alger ou encore
Rabat, ont connu un véritable bouleversement de leur situation
existante. Les effets de la colonisation ont amené ces villes vers un
dualisme urbain entre des tissus anciens et nouveaux. D’autres villes
comme Ténès, Tiaret et Saïda ont été l’objet de créations urbaines
ou, plus communément, de villes dites nouvelles.
Saïda, ville côtière du Sud-Liban, s’est donc considérablement
transformée au contact occidental. Le phénomène de dualité entre la
vieille et la nouvelle ville est perceptible (CHALINE, p.42-43). Saïda
est souvent nommée par sa ville ancienne et sa ville nouvelle ou
encore la ville double.
Au 18e siècle, le paysage de Saïda et ses perceptions occidentales
étaient vus au travers les artistes et leurs œuvres romantiques et
pittoresques. Presque toujours, ces œuvres représentaient Saïda
vue de l’extérieur incluant la mer, des scènes de pêche et de
commerce, des vergers ou des jardins et l’enceinte de la ville
fortifiée. Selon Madina (1997), ces perceptions pittoresques de Saïda
n’étaient pas du tout semblables à celles du voyageur occidental qui
pénétrait l’intérieur même de la ville. L’occidental se sentait
désorienté, prisonnier de ces conduits, labyrinthes sans ouverture et
sans repère qui semblaient repousser et non pas inviter à une
progression. Saïda était perçue comme une multitude de cubes
serrés les uns contre les autres.
Voilà la perception d’un occidental qui, lui, est habitué à la hiérarchie
des villes européennes avec une place centrale et des axes
principaux. Pour le musulman, la ville et sa forme se portent vers
l’intérieur, vers son centre. Cette conception dérive de l’Unicité de
l’Islam : la maison est repliée sur elle-même et la cour au centre est
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le seul contact avec le ciel, ce qui fait référence à une ascension
spirituelle.
Source : Madina, 1997
Une ville, ici Saïda, est donc conceptualisée de façon complètement
différente dépendamment des cultures. Le territoire du Grand Saïda,
autrefois la médina, a évolué dans le temps selon les événements :
colonisation, troubles économiques, guerres et facteurs naturels. La
façon de gérer et de planifier la ville et son urbanisation, a été
largement influencée par les cultures étrangères surtout française et
européenne. En 2005, comment le territoire de Saïda se définit-il ?
Comment et par quoi est-il occupé ? Comment sont organisés les
usages ?
Le présent document traite du territoire de Saïda et de sa périphérie.
Il est divisé en 3 parties. La première portera sur le contexte
physique de Saida et de l’occupation actuelle du sol (industrielle,
agricole, agglomération urbaine, etc.). La deuxième partie abordera
l’évolution territoriale et urbanistique de Saïda. On y retrouve aussi la
question de l’influence du modernisme et du rôle joué par l’architecte
français Michel Écochard. Enfin, les divers enjeux et visions
urbanistiques actuels reliés au territoire et au paysage de Saïda
seront traités en relation avec des projets réalisés ou futurs.
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Saïda : Entre mer et collines
Le présent rapport présente et analyse des informations territoriales,
urbanistiques et historiques provenant de quelques sources
documentaires et internet fiables. Malgré les informations peu
nombreuses et difficilement accessibles, des sources fiables ont été
lues et, le document suivant, en présente une synthèse. Deux
périodiques, Saïda 1873-2001 et Saïda de Madina, sont les deux
sources principales et ont été produit par des gens du milieu. Les
autres informations importantes proviennent des sites internet des
organismes UNESCO et du Conseil de développement et de la
reconstruction présent au Liban. L’ensemble des références se
trouve dans une médiagraphie en dernière page du rapport.
Situation et contexte physique
Le territoire de Saïda se situe dans le Sud du Liban, à 40 km au sud
de la capitale Beyrouth. Il s’agit d’une ville du littoral limité à l’ouest
par la mer Méditerranée. Le contexte hydrographique joue un rôle
majeur dans la configuration de Saïda. Outre la mer, la ville est
limitée au Nord par le fleuve Awali et au sud par le fleuve Saïniq. Ces
deux fleuves prennent leur source dans la chaîne des Monts-Liban.
La ville de Saïda est formée d’une plaine étroite, qui accueille la plus
grande partie de la zone urbaine, et est entourée de 7 collines à l’est.
Saïda s’étend sur environ 750 hectares (4500 hectares avec les
collines), la plaine faisant en moyenne 1 km de largeur et la côte plus
de 6 km. La topographie a influencé de façon notable le territoire de
Saïda. La largeur de la plaine faisant à peine 1 km en largeur, le
développement ouest-est est restreint par les collines.
Contexte physique et routes de Saïda
Source : MADINA (1997) et Kalash (2001)
Topographie de Saïda
Source : synthèse des lectures et cartes (MADINA ET KALASH)
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Saïda : Entre mer et collines
La ville se compose administrativement de 3
circonscriptions :
-La vieille ville sur 20 ha
-Dekerman sur 495 ha
-Wastani sur 235 ha
Le Grand Saïda est aussi composé de plusieurs villes
et villages que l’on pourrait qualifier de banlieue. La
carte suivante montre la localisation de ses différents
villages : Bramiyey (El Bramiye), Hilaliyé (El Hlaliye),
Abra
(Aabra),
Salhié
(Salhiye),
Majdelioun
(Mejdalyoun), Haret Saida et Mieh et Mieh (Miye ou
Miye).
Le Grand Saïda a une population d’environ 125 000
personnes dont 70 000 à Saïda et 50 000 dans les
villages. Les villages les plus peuplés sont Mié et Mié,
Abra et Haret Saida. Le nombre d’habitants en
périphérie est donc sensiblement rapproché de celui
de la ville. Par contre, le nombre d’habitants total
exclu le camp réfugié palestinien Ain El Helwé qui
compte près de 65 000 personnes. La zone du camp
est située dans le sud-est de Dekerman juste à la
limite des collines. La densité de population atteint
800 personnes / hectare dans cette zone.
Saïda et sa banlieue
Source : KALASH (2001)
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Saïda : Entre mer et collines
Occupation du sol
Selon Kalash (2001), l’occupation actuelle du territoire de
Saïda se résume selon les quatre zones suivantes : Nord,
Centrale, Sud et Est.
« La zone Nord : du fleuve Awali jusqu’à l’Ancienne ville de
Saïda. Il s’agit de la circonscription de Wastani. Il s’agit d’une
zone fortement urbanisée. La proximité de la vieille ville et des
citadelles historiques, la présence de la plage publique, de la
corniche maritime, la rive Sud du fleuve Awali et le nouveau
stade municipal procurent à cette zone un rôle plus touristique
et de plaisance ainsi que résidentiel. »
« La zone Centrale comprend l’activité commerciale et les
services généraux de la ville. On y retrouve des souks, sérails,
une branche de la Banque du Liban, le palais municipal, le
palais de justice, les divers services et les banques privés. »
« La zone Sud : cette zone est surtout utilisée pour l’industrie
et le commerce en gros. On y retrouve la présence du nouvel
abattoir municipal, des halles, de l’ancienne cité industrielle et
d’usines privées. La zone est aussi en partie dédiée à
l’agriculture»
«La zone Est comprend la banlieue et est donc
majoritairement résidentielle. Cette zone comprend l’ensemble
des collines avoisinantes et donc est prisée pour les vues vers
la ville et la mer. »
Les routes occupent 20 % de la surface totale de la ville !
Occupation du sol
Source : Selon les onformations textuelles (KALASH, 2001)
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Saïda : Entre mer et collines
La Médina
La Médina s’étend actuellement sur 16 hectares. L’ancienne ville est
marquée de nombreux éléments construits issus des grandes
périodes de son histoire tels des mosquées, hammams ou châteaux.
D’un point de vue urbanistique, la vieille ville «ne présente pas de
séparation profonde entre les quartiers d’habitations et ceux à
caractère commercial » (Médina, p.48). Malgré les fortes poussées
démographiques, les logements sont tout de même encore répartis
sur l’ensemble de la médina en une forte densité. La médina est le
résultat de 10 quartiers dont chacun possède des parcelles de
surfaces semblables. Les deux catégories spatiales qui organisent
ces quartiers sont l’intérieur et l’extérieur, le dedans et le dehors.
Pour le musulman, la médina
se porte vers l’intérieur, vers
son centre contrairement aux
axes et ouvertures de la ville
occidentale.
Ces
deux
catégories sont régies par
des critères selon lesquels
on enfermerait dans un
intérieur
toute
forme
d’importance matérielle ou
symbolique
et
réciproquement. L’espace de
la vieille ville semble assez
homogène : «La médina
apparaît alors comme une
maison unique, un intérieur à
part
entière,
protégée
autrefois des vergers et de la
mer, et répondant au principe
nul n’entre ici s’il n’est pas
des nôtres.» (MADINA, 1997,
p.49)
La vieille ville, source : MADINA 1997
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La ville pour les habitants est le lieu d’échange et de la vie en
communauté. Le réseau de rues, de circulation est donc très
important. C’est aussi un lieu de rencontre formé par les souks et les
habitations contiguës. Les parcours de la ville sont impropres à la
circulation automobile, ils sont un tissu étroit qui avait comme
fonction première de protéger les habitants. Les parcours principaux
s’étendent du Nord au Sud et suivent la topographie. Ensuite se joint
à ces parcours tout un système d’impasses et de places.
La vieille ville, source : MADINA 1997
Une autre facette importante de la médina est la cour intérieure des
habitations. Au-delà des parcours se trouvent les cours, une autre
ville intérieure. La cour est un espace de repliement, à l’image de
l’organisation de la famille. Cette conception dérive de l’Unicité de
l’Islam : la maison est repliée sur elle-même et la cour au centre est
le seul contact avec le ciel, ce qui fait référence à une ascension
spirituelle. (MADINA, p.52-53)
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Saïda : Entre mer et collines
Le tissu de la Médina est davantage suggéré qu’appréhendé en
large proportion. Les perspectives horizontales sont rares et l’espace
ne se voit pas d’un simple coup d’œil. Ce dernier se découvre
progressivement par surprises. Les seules ouvertures se font par la
maison elle-même et tiennent de la verticale.
La ville double
La rue Al Chakriya sépare clairement la vieille ville de la partie
moderne de la ville. Le contraste urbain et architectural est très
marqué d’où le nom de ville double donné à Saïda. Avec le XXème
siècle, l’ancien urbanisme est supplanté par l’influence occidentale.
Le nouvel urbanisme, inadapté à la société et au climat libanais,
devient le mode de développement de la nouvelle ville. Les larges
avenues et les grands immeubles d’habitation se juxtaposent au
noyau resté médiéval. Toutes les activités du monde moderne
occidental se sont alors déplacées vers la nouvelle ville, celle-ci étant
mieux adaptée. Dans la médina se trouve maintenant une classe
sociale plus pauvre et donc moins apte à pouvoir conserver et
revitaliser la ville.
pression économique et politique. L’urbanisation en dehors de
l’enceinte s’est donc accélérée et progressivement, les habitants plus
aisés ont commencé à s’approprier les collines où les conditions de
vie sont meilleures (UNESCO, 2003).
Comme mentionné précédemment, la construction des routes a eu
un rôle important dans le développement de Saïda. En fait, avec la
construction de le rue Riad el Solh en 1949, c’est l’ensemble du SudLiban qui s’est connecté avec la capitale Beyrouth. Comme plusieurs
autres villes du monde, la présence d’une grande artère a déplacé
un nombre important d’activités et de commerces le long de celle-ci.
Évolution territoriale et urbanistique
La voiture et les routes
Historiquement, un grand nombre d’événements et de facteurs ont
influencé la composition territoriale de Saïda. Avant 1873, la ville
était restreinte aux fortifications de l’ancienne ville. L’élément
déclencheur du développement urbain a été, en 1873, la construction
de la route Chakiriah à l’extérieur de la muraille. La rue Riah El Solh,
axe nord-sud, a été construite 80 années plus tard et ensuite le
boulevard Dr. Nazih Bizri, 30 ans plus tard. L’arrivée de la voiture a
complètement transformé l’organisation de la ville, qui n’était pas
apte à recevoir ce mode de transport, et a rendu possible le
déplacement de l’habitation hors de la médina. La voiture est
probablement le plus grand facteur de la transformation urbaine et du
déclin de la vieille ville. De plus, avec le développement d’un
urbanisme moderne, la ville ancienne devenait donc inadaptable à la
Workshop_atelier/terrain Saïda 2005
Centre commercial années 50, source : Madina, 1997
Ensuite, en 1956, un séisme provoqua une forme naturelle de
transformation urbaine. Une importante partie de la ville fut affectée
et on fit appel à une aide extérieure. Michel Écochard, un architecteurbaniste français. Il présenta une toute nouvelle réflexion sur
l’aménagement de la ville. Il sera question de cette réflexion et des
influences amenées par Michel Écochard un peu plus loin. Ces
bouleversements et l’exode des gens aisés vers Beyrouth ou la zone
des collines contribuaient donc à une modification du territoire.
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Saïda : Entre mer et collines
Les Années 60
Les années 60 furent marqués par une accélération de l’influence
des modes de pensée occidentaux, et ce dans plusieurs domaines
tels l’architecture, les infrastructures, les services publics et
l’urbanisme. La rapide urbanisation amèna des constructions de plus
en plus nombreuses et de plus en plus hautes. Les vergers se
morcèlent de façon non contrôlée. De plus, la création du camp
palestinien Aïn El Helwé en 1948 devait être étendu faute d’espace.
Le camp palestinien de Saïda est le plus grand du Liban. Son
influence sur le territoire est notable de par sa grande surface et son
cloisonnement par rapport au reste de la ville. Ce développement
rapide a mené à un schéma d’urbanisme en 1967. Selon Madina
(p.64), ce plan préservait l’unité de la cité dans sa configuration :
aucun tracé de routes n’était prévu, et dans son ensemble, le plan
conservait les facteurs de dynamisme
de Saïda. Par contre, aucune zone de
protection des vergers y était incluse et
les
voies
déjà
prévues
se
développèrent
de
façon
disproportionnée.
populations commencèrent à s’y installer. Cette appropriation des
collines s’est effectuée de manière destructrice et malheureusement
les autorités n’ont pas réagi à temps. Les collines sont maintenant un
amoncellement de constructions défiant toute loi urbanistique.
La topographie a donc été primordiale dans le développement de
Saïda. Autrefois, lorsque la vieille ville était confinée aux remparts, la
presque totalité de la plaine entre la médina et les collines était
dédiée à un rôle agricole. La culture qui s’y faisait était surtout
composée de vergers, d’agrumes, de jardins et de nèfles. Seules
quelques habitations parsemaient la plaine. Ils se trouvaient aussi,
au nord et au sud, quelques industries. Jusqu’en 1920 la plaine était
encore presque entièrement agricole. Avec une urbanisation rapide
de Saïda, une partie de la plaine a été remplacée par la
La perte de la plaine agricole
Les vergers perdirent peu à peu leur
importance et disparurent presque
entièrement et ce, de par les
règlements
d’urbanisme
et
les
coefficients d’exploitation des sols
importants. De plus, les voies routières
et le chemin de fer morcelèrent encore
plus la plaine et celle-ci, n’étant plus
rentable d’une façon agricole, tenta de
se tourner vers l’industrie. Comme
mentionné quelques fois, les collines à
l’est
sont
maintenant
l’hôte
d’agglomérations résidentielles. C’est
dans les années 60 que les
Workshop_atelier/terrain Saïda 2005
1873
1960
1997
Zone urbaine et étalement (en gris) par rapport à la surface verte ou agricole (orangé) en 1873, 1960, 1997
Source cartes de base : KALASH, 2001
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Saïda : Entre mer et collines
nouvelle ville (Dekerman et Wastani). Ce qui restait de la plaine a été
pris en étaux entre la ville et les développements résidentiels dans
les collines. Actuellement, la plaine se compose d’un ensemble
désorganisé entre quelques poches urbaines, quelques zones
encore agricoles et des zones non appropriées, la plupart en friche.
guerre, plutôt que de ralentir l’urbanisation, en a accéléré le
processus. La façade maritime fût détruite et la construction de l’axe
urbain du front de la mer accélérée. Le plan d’aménagement de 1985
prévoyait cette voie routière et sa construction amena des espaces
résiduels qui devinrent des stationnements improvisés et des
surfaces de dépôt. Le port fut aussi agrandi et le littoral maritime
devint donc menacé et l’un des enjeux des décennies suivantes.
Colline d’Abra, source : Madina, 1997
Guerre : développement chaotique
L’arrivée de la guerre civile et de
l’invasion israélienne, apporta
son lot de changements ou plutôt
son lot de non-changement
puisque aucune planification ne
fut respectée. Un développement
chaotique et improvisé s’ensuivit.
Un
des
effets
de
ce
développement a été de masquer
toutes les vues d’ensemble qui
restaient de la ville ancienne.
Plusieurs constructions furent
effectuées près de la vieille ville
sans tenir en compte de l’échelle
et sans suivre de normes. La
Workshop_atelier/terrain Saïda 2005
Stationnements près du port, source : Madina, 1997
Par la suite, de grands projets pour la ville de Saïda furent mis sur
table. Entre autres, le projet de boulevard maritime et le nouveau
port commercial de 200 hectares (10 fois plus grand que la médina).
Une opposition se souleva et il y eut plusieurs protestations de la
part des citoyens, d’organismes et d’autres groupes. De tels projets
nécessitaient des réflexions et des études urbaines poussées.
Source : Madina, 1997
En 1996, un concours d’aménagement de toute la façade maritime
fût lancé dans le but de résoudre le mieux possible cette grande
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Saïda : Entre mer et collines
problématique du littoral maritime. En 2001, ce projet était encore en
étude.
Lois et décrets
Le développement de Saïda a été fortement marqué par des facteurs
dit extérieurs. Selon l’UNESCO (2003), «Les circonstances
régionales et politiques ainsi que les conditions de sécurité ont
beaucoup pesé. Un certain nombre de lois et décrets
gouvernementaux ont accompagné le développement urbain de la
ville». Une partie de ces lois ont contribué à définir l’espace de la
ville. Cependant, les guerres, la désorganisation qui s’en est suivi et
d’autres facteurs culturels ont empêché la bonne application de ces
lois.
économiquement parlant. À Saïda,
le projet de remembrement a
donné lieu à 52 hectares de
nouvelles parcelles, 9 hectares de
routes, 7 hectares de bâtiments
publics et 2 hectares pour un jardin
public.
Quelques lois et décrets parmi celles qui ont modifié le territoire
(UNESCO, 2003) :
-
Le décret-loi # 9016 en 1967 : Approbation du Plan Directeur
Général de Saïda. L’ancienne ville est décrétée Ville
Historique et les travaux de restauration et de réhabilitation
sont soumis au contrôle de la Direction des Antiquités.
Les décrets et lois suivants ont agi ou visaient à agir sur
l’urbanisation (son développement ou son ralentissement)
-
Le décret # 4966 en 1982 : Décret du remembrement d’une
partie de Wastani.
En ce qui a trait à l’évolution du territoire, le décret du remembrement
est particulièrement important. Le remembrement est un
aménagement foncier qui a pour but de substituer au morcellement
excessif des terres des parcelles moins nombreuses, plus grandes et
pourvues d’accès faciles. Le plus souvent, il s’agit de terres agricoles
et de lots rendus trop petits pour une exploitation efficace,
Workshop_atelier/terrain Saïda 2005
Plan du remembrement de Wastani,
source : KALASH, 2001
-
Les décrets-lois # 69 et #2189 en 1983 et 1989 : Ces deux
lois visent à aménager des zones agricoles ou naturelles à
les préserver, notamment en limitant ou en interdisant les
constructions.
En ce qui a trait aux zones agricoles et naturelles, plusieurs lois et
proposition furent établies afin de préserver ces zones. En 1958,
Michel Écochard proposait dans un plan d’aménagement des
dispositifs tels que la taille minimale des parcelles de 1 hectare, une
emprise de construction limitée à 1/50 de la surface et une
interdiction de lotissement. Ces dispositifs, trop exigeants, ne furent
jamais vraiment appliqués. (NASR et PADILLA, 2004)
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Saïda : Entre mer et collines
-
Le décret # 6552 en 1995 : Remanie et approuve le Plan
Directeur Général de la région de Saïda. (Voir ANNEXE 1)
Ce plan de zonage incluait des règlements de construction, de
lotissement, de remembrement et d’exploitation. Par exemple, des
superficies minimales de lotissement, des façades minimales, le
nombre d’étages maximal et des coefficients d’exploitation. (Tableau
de zonage, voir ANNEXE 1). Il est à noter que ce plan de zonage
divise Saïda en 11 différentes zones avec différents règlements s’y
appliquant. Les zones sont de type archéologique, résidentiel (selon
la densité), commercial, industriel et touristique. Aucune zone
agricole et naturelle n’est répertoriée.
L’histoire mouvementée de Saïda avec la guerre et le tremblement
de terre a favorisé l’urbanisation et le développement rapide de la
ville. Ceci a donc donné lieu à des possibilités urbanistiques toutes
nouvelles et des opportunités à repenser la ville de Saïda.
Michel Écochard et l’influence du modernisme
Après avoir travaillé au Service de l’Urbanisme de la Syrie, Michel
Écochard, un architecte-urbaniste français, s’intéressa en 1956 à la
ville de Saïda et à ses problématiques urbanistiques et territoriales.
Écochard joua un rôle plus que majeur sur la conception de la ville et
sur tout ce qui a trait à l’urbanisme au Liban, en Syrie et même au
Maroc. Il réalisa des plans d’aménagement pour la majorité des
grandes villes du Liban.
À la suite du séisme de 1956, il proposa des idées nouvelles
influencées par le mouvement moderne. Contrairement à l’urbanisme
en place, une séparation des fonctions dans la ville était nécessaire
selon Écochard. Il affirma :
« On devra refuser de la manière la plus absolue d’adopter le vieux
principe de construction qui veut que les rues soient des corridors
bordés de maisons jointives. » (MADINA p.72)
Workshop_atelier/terrain Saïda 2005
Les idées et propositions de Michel Écochard seront grandement
influencées par la Charte d’Athènes qui tire ses principes du
mouvement modernisme. Les études de Saïda réalisées reflétèrent
le savoir-faire qui se pratiquait en France. Pour Écochard, l’idée
dominante pour l’aménagement de Saïda était de s’attaquer
globalement au territoire autant la vieille ville que de l’arrière-pays et
de déterminer le statut que la ville devait occuper. Il affirma que la
ville devait reconvertir ses activités afin de se sauver et d’aider au
développement de la région. (MADINA, p73)
Ses trois grandes idées guides seront :
Aménagement à l’échelle régionale de Saïda
Remodelage de la vieille ville
Création d’une nouvelle ville
De plus, des études démographiques et historiques furent
effectuées, ce qui mena Écochard à aborder l’aspect archéologique
de la ville.
Pour ce qui est de l’aspect régional, Écochard proposa le projet
d’autoroute côtière, d’une route Nord-Sud séparée de la ville et d’une
route liant Saïda à Jezzine à la vallée de la Békaa. Ces routes
visaient à ouvrir Saïda à tous les pôles économiques. Il fallait tenir
compte de la montagne et de son rôle. Afin de bien organiser
l’espace, l’économie devait être absolument considérée. (Voir plan,
ANNEXE 2)
L’aménagement de la vieille ville, selon Écochard, trouvait ses
principes dans les idées de dédensification, d’assainissement et de
dégagement des monuments historiques. En résumé, il proposa la
création de voies de circulation reliant le port et la démolition de
certaines zones «taudis». Sur la question du patrimoine, il s’agit de
mettre en valeur les monuments en dégageant ce qui se trouvent
aux alentours. Quoique très réductrice, cette idée de sauvegarde du
patrimoine était tout de même la première venant d’un étranger. Par
contre, on peut y voir un paradoxe puisque Écochard défend les
idées du patrimoine tout en véhiculant le modernisme! Outre les
propositions mentionnées ci-dessus, Écochard proposait un hôtel,
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Saïda : Entre mer et collines
une zone commerciale et d’entrepôts, la possibilité de construire un
certain nombre d’immeuble de 4 étages et plus et un parking sur les
terre-pleins du port. (MADINA, p.76)
En 2005, l’urbanisme ne permettrait plus de tels projets pour une ville
de ce type. Par contre, dans le contexte de l’époque, les propositions
d’Écochard reflétaient l’idée du moderne qui cohabite avec l’ancien.
Écochard souhaitait une nouvelle ville tirée du modernisme à
proximité de la médina. Il situa son nouveau développement dans
l’aire de Aïn Héloué au début des collines ( Voir Plan, ANNEXE 3).
Le centre était l’axe routier menant à Jezzine et la nouvelle ville se
voulait le support du développement rural de la montagne.
L’aménagement tirait ses concepts de l’urbanisme français en
amenant des zones de commerce, d’industrie et des groupements
d’immeubles d’habitation dispersés sur la colline tout en conservant
de la vastitude dans l’espace.
L’idée de zonage prit forme à Saïda par le nouvel urbanisme
d’Écochard. Le zonage doit nécessairement s’appuyer sur une
législation permettant de contrôler les futurs développements de
Saïda. Son urbanisme impliquait un pouvoir central fort, un
consensus social et une réglementation. La difficulté d’appliquer et
de contrôler ces paramètres a fait que les plans d’Écochard étaient
difficilement applicables à la lettre. Par contre, l’influence de Michel
Écochard fut tout de même énorme. Les outils d’intervention,
l’organisation, la réglementation et les idées de fond de ses plans
d’aménagement ont survécu et influencent encore aujourd’hui
l’urbanisme et l’aménagement au Liban.
Vision Michel Écochard
source : MADINA, 1997
Enjeux et visions actuels
Actuellement, en 2005, quels sont les principaux enjeux
urbanistiques et territoriaux de Saïda? Comment concilier l’identité
de la ville tout en considérant les influences modernes ? Comment
rendre la ville viable économiquement tout en respectant un
aménagement harmonieux du Grand Saïda ? Différentes visions
urbanistiques et territoriales tentent de guider les projets actuels et
futurs du Grand Saïda.
Vision du Comité de Développement et de Reconstruction du Liban
(CDR)
Le Comité de Développement et de Reconstruction du Liban a eu
comme mandat de procéder à la mise en place d’un schéma
d’aménagement de tout le territoire libanais. Sans procéder à un
schéma complet de toutes les villes, le CDR a inclus des visions
urbanistiques de certaines villes comme Saïda.
Le CDR voit la ville de Saïda comme une ville-porte de Beyrouth vers
le Sud. C’est sa position géographique, à la fois proche de l’aire
urbaine centrale (Beyrouth), mais sans pour autant en faire partie,
qui la qualifie ainsi. Saïda doit donc tirer avantage de cette position
en misant sur la circulation de gens et de biens qui transitent par la
ville.
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Saïda : Entre mer et collines
Saïda dispose de nombreux atouts dont son patrimoine
historique, sa façade maritime, ses traditions culinaires,
ses fonctions commerciales bien développées ainsi que
de son ouverture sur le monde agricole. Par contre, la
proximité de Beyrouth sur le plan économique et culturel
peut nuire à la ville. Donc, pour le CDR, Saïda doit miser
sur ses fonctions touristiques et surtout commerciales. Il
insiste aussi pour inclure les activités commerciales de la
mer et agricoles. Saïda doit mettre en valeur ces atouts et
le développement industriel, qui se trouve surtout au Sud,
doit absolument être mieux maîtrisé. Pour ce qui est du
domaine résidentiel, le potentiel se trouve dans les
collines et ses sites en hauteur. Selon le CDR, Saïda doit
avoir une bonne maîtrise des prospects et des vues, en
particulier la coupure verte de la plaine afin de conserver
cet atout. De plus, il doit y avoir une rigoureuse
réglementation des hauteurs bâties sur les piémonts.
Vision des instances municipales de Saïda
La ville de Saïda vise surtout une sauvegarde de la vieille
ville, la médina. La ville souhaite concilier un
développement nécessaire et sauvegarde tout aussi
nécessaire. Le phénomène de ville double a amené avec
lui une différenciation des classes sociales et la vieille ville
est maintenant aux prises avec de graves problèmes de
délabrement et de non-restauration. La préservation de ce
noyau historique est primordiale puisque Saïda est
presque l’une des seules villes côtières libanaises à avoir
réussi à conserver ses vestiges. Au-delà de la sauvegarde
historique, il s’agit aussi d’utiliser ce potentiel afin de
promouvoir le tourisme.
Vision schématique du comité de développement et de reconstruction pour Saïda.
Source : Conseil du développement et de la reconstruction
Workshop_atelier/terrain Saïda 2005
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Saïda : Entre mer et collines
Selon KALASH (p.60-61), en 2001, les responsables de la ville
estiment que Saïda a besoin de :
-
Trancher la question du passage de l’autoroute à travers
Saïda;
Activer et développer les secteurs du tourisme, culturels et
sportifs;
Développer les secteurs industriels et des services;
Effectuer les études concernant les projets suivants : la
façade maritime, la station de traitement des déchets
solides, le jardin public, le centre touristique et le nouveau
port de Saïda.
Depuis Écochard, un projet d’autoroute était prévu tout près de
l’emprise existante du chemin de fer. Plusieurs études ont été fait par
la suite afin de déterminer lequel des deux tracés, soit celui de 1967
ou un autre plus à l’est, est le meilleur choix. En 1994, le choix
s’orientait vers le tracé original avec quelques modifications. Après la
mort du président Hariri, le tracé de l’autoroute a été déterminé.
Celui-ci passera directement au travers de la nouvelle ville.
Pour ce qui est du tourisme, la ville de Saïda prévoit plusieurs
projets :
La construction d’un hôtel
La réhabilitation de la zone du port actuel des pêcheurs
La construction et la réhabilitation de plusieurs places publiques
Favoriser l’établissement de restaurants
Exploiter de façon touristique l’île Ziré
La restauration des bâtiments historiques
La transformation du port actuel en port de plaisance après la
construction du nouveau port.
En ce qui a trait au secteur culturel et sportif, les projets suivants
sont prévus :
Favoriser le développement des universités
La création de maisons d’étudiants
Workshop_atelier/terrain Saïda 2005
La création de centres sportifs près du nouveau stade municipal
L’édification d’une école de plongée
Pour le secteur industriel, la ville souhaiterait :
La construction d’un nouveau port commercial pour libérer la zone
touristique
La création d’une zone industrielle équipée (déjà approuvé)
Pour ce qui est du secteur des services :
La création d’un complexe central et moderne de transport
L’encourager l’établissement de coopératives
La construction de motels et d’hôtels
Enfin, les projets de façade et de corniche maritime sont primordiaux
puisqu’ils se situent en zone touristique et historique. En 1997, un
concours a été lancé pour le traitement de la façade maritime, qui a
été détruite lors de l’invasion Israélienne: c’est un bureau
d’ingénieurs qui a gagné et qui est maintenant chargé d’exécuter une
étude complète.
La municipalité de Saïda possède une vision de son développement
urbanistique qui semble être orienté surtout vers le tourisme et
l’économie. Cette vision regroupe un grand nombre de projets, mais
présente plus ou moins une vision d’ensemble du Grand Saïda. La
vieille ville, plus problématique, est l’hôte de la plupart des projets. Le
territoire périurbain est peu mentionné ainsi que l’aspect
environnemental exception faite de la station de traitement des
déchets et des eaux usées. La plaine entre la ville et les collines, qui
joue encore un certain rôle agricole et de coupure verte, semble
aussi avoir été oubliée. Le développement durable ne semble pas
non plus être un concept abordé.
Par contre, il faut mentionner que la vision de Saïda par la
municipalité présentée ici date de 2001. Par la suite, un séminaire
sur le Développement urbain et Ressources en eau, Petites Villes
14
Saïda : Entre mer et collines
Côtières Historiques, s’est tenu et Saïda faisait partie des villes à
l’étude. Ce séminaire était un projet de l’UNESCO et semble avoir
joué un rôle important pour Saïda. Plusieurs recommandations
avaient été émises comme de procéder à une étude régionale du
Grand Saïda et de favoriser une meilleure relation entre la ville et la
nature. De plus, le rapport du séminaire favorisait aussi une
meilleure participation de la communauté et une meilleure
communication entre les différents organismes et intervenants
(UNESCO, 2001). Un bilan de 2003 affirme que l’application des
recommandations est encore limitée mais semble tout de même
avoir porté fruit surtout en ce qui a trait à la relation de la ville avec la
nature. (UNESCO, Bilan d’étape, 2003)
Conclusion
Les problématiques territoriales, urbanistiques et paysagères de
Saïda sont très complexes. L’histoire de Saïda est très riche et
mouvementée. Une multitude d’événement tels la guerre, le séisme
de 1956 ou encore l’influence de Michel Écochard, ont modifié de
plusieurs façons le paysage de Saïda. Contrairement à l’Amérique,
dont l’histoire encore très jeune amène moins de contraintes, Saïda
a été et est encore dans un dilemme important : histoire versus
développement moderne. L’urbanisme est un domaine très jeune et
qui a été apporté surtout par l’occident. Cette influence a marqué le
paysage de Saïda et Michel Écochard fait maintenant partie de cette
histoire. Les enjeux urbains et périurbains de Saïda sont nombreux
Saïda ville entre eau et terre, Saïda entre ancien et moderne, Saïda
la ville double.
Workshop_atelier/terrain Saïda 2005
15
Saïda : Entre mer et collines
Médiagraphie
Recueil / Périodique
KALASH Ahmad, SAIDA 1873-2001, Fondation HARIRI,
2001, 80 p.
Saïda,
MÉDINA-CITÉ DU MONDE, «Saïda», MADINA, Numéro 3, Paris,
1997, 173 p.
PADILLA Martine et NASR Joe, Interfaces :agricultures et villes à
l’Est et au Sud de la Méditerranée, Coédition DELTA et IFPO, 2004,
426 p.
PETIT LAROUSSE ILLUSTRÉE 1993, Les Éditions françaises,
Paris, 1992
UNESCO, Petites Villes Côtières Historiques, Bilan d’étape,
Essaouira, Maroc, 2003
Internet
CONSEIL DU DÉVELOPPEMENT ET DE LA RECONSTRUCTION,
Schéma directeur d’aménagement du territoire libanais,
http://www.cdr.gov.lb/sdatl/sdatl.htm, 2004
UNESCO, Saïda (Lebanon) : in search of integrated and sustainable
urban development, MOST-CSI project,
http://www.unesco.org/most/csisaida.htm, 2003, 6p.
UNESCO, Synthesis report and specific recommendations of the
workshops, Urban development: Finding a balance among Land, Sea
and people, http://www.unesco.org/most/csisaidaeng_rec.htm, 2001,
19p.
Workshop_atelier/terrain Saïda 2005
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Saïda : Entre mer et collines
Annexe 1
Zonage effectué en 1995, règlements relatifs (KALASH, 2001)
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Saïda : Entre mer et collines
Annexe 2
Proposition régionale d’aménagement par Michel Écochard
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(MADINA, 1997, p.74)
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Saïda : Entre mer et collines
Annexe 3
Plan d’aménagement général de la nouvelle ville d’Aïn el-Héloué par
Michel Écochard. (MADINA, 1997, p.78)
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