Ces smartphones qui nous rendent dingues - IRTS Paris Île-de

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Ces smartphones qui nous rendent dingues - IRTS Paris Île-de
Mercredi 7 septembre 2011
Épreuve écrite d’admissibilité
Technicien de l’Intervention Sociale et Familiale – Niveau IV
Durée : 2 heures
Ces smartphones qui nous rendent dingues
Accros. Ces petites merveilles changent notre vie. Pour le meilleur ?
Vous dînez avec votre ami Franck. Un homme que vous avez connu courtois, cultivé, curieux des
autres. Or, ce soir, c'est peu dire que Franck porte une attention fluctuante à la conversation. L'œil
rivé sur son téléphone, posé à droite de son verre à vin, il dialogue sans vous regarder, tripote
maladivement l'écran, sursaute aux petits bips que produit régulièrement la machine. "Avant, le
soir, pour s'endormir, il lisait. Maintenant, il joue à " Fruit Ninja "", résume sa compagne,
consternée. Franck, depuis quelques mois, est propriétaire d'un smartphone.
Aux Etats-Unis, on a trouvé un nom pour ce genre de doux dingues : les crackberrys. Et que ceux
qui n'ont pas encore, à la lecture de ces lignes, tâté amoureusement la bête dans le fond de leur
poche leur jettent la première pierre. Vous n'êtes pas équipé ? Au train où vont les choses, cela ne
va pas tarder. Apparus à la fin des années 90, grignotant sérieusement le marché français depuis
2007, ces petits bijoux technologiques se répandent à une allure qui a surpris les opérateurs euxmêmes. Sept millions de convertis en 2009, déjà presque le double en 2010. En 2013, la majorité du
parc hexagonal de téléphonie mobile sera constituée de smartphones.
"Objets érotiques". Observez le métro parisien aux heures de pointe. La frénésie avec laquelle une
bonne moitié des passagers, à peine installés, dégainent leurs petites machines pour ne plus cesser
d'en triturer l'écran jusqu'à l'arrivée à destination. " Ce sont des doudous pour adultes", analyse
Michaël Stora, le fondateur de l'Observatoire des mondes numériques. "Les gens vérifient
constamment que l'objet est bien là, dans leur poche, dans leur sac, le touchent sous n'importe quel
prétexte, vérifier l'heure, envoyer un SMS inutile, consulter des mails qu'ils ont déjà regardés trois
fois. Cet usage compulsif est évidemment sexuel", ajoute-t-il - Michaël Stora est aussi, à sa
décharge, psychanalyste. La fonction tactile des iPhone, en particulier, en fait des objets
complètement érotiques.
Sevrage. Guillaume, avocat d'affaires, a choisi de se "sevrer". Il emploie ce terme-là sans rire, en
ouvrant son agenda papier avec volupté, un peu comme un alcoolique se servirait un verre de
Perrier. "J'ai rendu le BlackBerry fourni par mon cabinet il y a un an et demi, ça a été dur, mais ça
va beaucoup mieux. Je m'étais mis à travailler perpétuellement, dans le métro, l'ascenseur, la
voiture. Je n'avais plus jamais de conversation ininterrompue avec ma femme, avec mes enfants : ils
n'en pouvaient plus. Et pour vous dire la gravité des symptômes, il m'arrivait même de me réveiller
en sursaut pour guetter, dans l'obscurité, la lumière verte qui signale l'arrivée d'un mail. Je n'avais
en revanche plus jamais de moment de concentration." Douze minutes : selon une étude publiée en
novembre par la société Sciforma, c'est le laps maximal de temps de travail que peuvent désormais
s'offrir les Français entre deux interruptions "électroniques". C'est peu. Et la diffusion des
smartphones au sein de l'entreprise n'a rien arrangé." Avant, le trajet en TGV était encore une bulle
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préservée durant lequel les cadres pouvaient se plonger en profondeur dans leurs dossiers.
Aujourd'hui, avec le BlackBerry, c'est terminé, explique Romain Chevallet, chargé de mission
auprès de l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail. L'idée tenace selon
laquelle les nouvelles technologies en général et les smartphones en particulier nous font gagner du
temps dans notre vie professionnelle est un leurre. Les mails que l'on rédige discrètement en
réunion, les dossiers que l'on consulte à la va-vite dans le métro, les SMS que l'on envoie dans la
file d'attente du cinéma à ses collaborateurs sont souvent des travaux effectués de façon imprécise,
bâclée, auxquels il va falloir revenir. Il est prouvé que travailler en multitâches, un mode dont le
smartphone est l'outil privilégié, fait perdre 40 % de productivité." Et 10 points de QI, selon une
récente étude de l'Institut psychiatrique de Londres...
"Lapins crétins". D'ailleurs, à force de jouer, entre deux tweets, à "Lapins crétins" et à "Tom le
chat", avouez que l'angoisse nous étreint parfois : ces téléphones intelligents ne sont-ils pas en train,
ce serait un comble, de nous rendre complètement idiots ?" Se passer de ces outils merveilleux est
évidemment une cause perdue, dit Michel Lejoyeux, chef du service de psychiatrie à l'hôpital
Bichat. Mais il est vrai que leur usage compulsif peut s'apparenter à une forme de dépendance dont
il faut savoir repérer les signaux d'alarme. Ce ne sont pas tant les jeux auxquels nous jouons ou le
nombre de mails que nous envoyons qui doivent nous inquiéter, mais ce que tout cela nous empêche
de faire dans la réalité. Si nous commençons à décrocher du réel, il est temps de nous imposer des
plages obligatoires de déconnexion."
Vos enfants vous font des signes désespérés, au square, pour que vous leviez le nez de votre petit
écran et les regardiez glisser du toboggan ? Vous consultez l'appli météo au lieu de jeter un œil par
la fenêtre ouverte ? Votre bus passe presque tous les jours, dans votre dos, alors que vous cherchez
son horaire en flashcode ? Il est peut-être temps de déconnecter un peu. Et d'apprendre à votre jolie
bestiole qui, d'elle ou bien de vous, est vraiment le maître.
VIOLAINE DE MONTCLOS
Le Point - Publié le 22/03/2011
Travail à faire
1- Faites une synthèse rédigée en dégageant les idées essentielles de ce texte.
2- Selon votre expérience professionnelle et/ou personnelle, pensez-vous que l’utilisation des
téléphones portables, comme le précise le texte, peut vraiment s’apparenter à une
dépendance comme l’alcool, la drogue… ?
Si oui, comment aider ces personnes dépendantes ?
Épreuve notée sur 20 :
Perception des idées essentielles = 6 points
Construction d'un raisonnement, organisation des idées = 6 points
Richesse des idées, implication personnelle = 4 points
Expression écrite (style, orthographe, présentation générale et soin) = 4 points
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