Le diagnostic cytologique
Transcription
Le diagnostic cytologique
Seite 1 von 4 l l e u t ak Info 10/2015 Le diagnostic cytologique :petit mémento pour la pratique courante L’ examen des lames au microscope se fait du faible grossissement (G x 100-200) au fort grossissement (G x400 puis à immersion G x1000). Au faible grossissement, il s’agit d’évaluer la cellularité (richesse et répartition cellulaires) et de vérifier la présence en quantité suffisante de cellules identifiables et/ou correspondant aux structures ponctionnées. Au grossissement moyen seront appréciés l’ aspect du fond de frottis et les proportions des différentes populations cellulaires (inflammatoires, monomorphes non inflammatoires, mixtes, trame de fond particulière) puis seront repérées les zones riches en amas cellulaires pour l’examen final au fort grossissement. Enfin, avec l’objectif à immersion seront examinés les détails cytonucléaires, en particulier sur les cellules atypiques, avec la recherche des critères de malignité. L’ identification des micro-organismes se fait également au fort grossissement. L’ examen cytologique des épanchements cavitaires, des masses superficielles ou profondes et des organes internes est devenu un examen complémentaire incontournable de plus en plus utilisé en pratique courante. Le diagnostic cytologique permet d’apporter des informations précieuses sur la nature du tissu et ses éventuelles anomalies morphologiques, aidant ainsi à l’établissement d’un diagnostic et d’un pronostic, et permettant d’orienter la décision thérapeutique. Principes de l’examen cytologique Appréciation de la qualité des étalements A l’œil nu, on peut évaluer la richesse du matériel déposé et étalé sur les lames séchées à l‘ air et le résultat de la coloration, et notamment la présence de gouttelettes lipidiques qui seront en partie éliminées par la coloration. Qualité des étalements Examen cellulaire (richesse, fond de frottis) cellules inflammatoires population mixte granulocytes neutrophiles macrophages lymphocytes plasmocytes granulocytes éosinophiles granulocytes basophiles Attention aux cellules atypiques et critères de malignité! cellules non inflammatoires origine épithéliale origine (neuro)endocrine origine mésenchymateuse cellules rondes mastocytes bénignité - malignité Abb. 1 1 Figure LABOKLIN LABOR FÜR KLINISCHE DIAGNOSTIK GMBH & CO.KG Steubenstraße 4 • 97688 Bad Kissingen • Telefon: 0971-72020 • Fax: 0971-68546 • E-Mail: [email protected] www.laboklin.com Seite 2 von 4 Les différents types cellulaires Classiquement, les cellules sont classées en deux grands groupes: les cellules inflammatoires et les cellules non inflammatoires monomorphes (voir figure 1). La classification des inflammations se fait d’une part, d’après le type de cellules rencontrées et d’autre part, d’après les microorganismes observés. La présence d’un fort contingent de granulocytes neutrophiles (ou PNN), à hauteur de 80 % et plus, indique une inflammation suppurée, qui peut être aseptique (ex: maladie à médiation immune, inflammation cancéreuse) ou causée par un micro-organisme. Lors d’infection bactérienne, les PNN sont souvent dégénérés (pyocytes) ou activés (cytoplasme spumeux, corps de Döhle, etc) avec des noyaux gonflés, et des bactéries en position intracellulaire (images de phagocytose) sont parfois visibles. Champignons et protozoaires sont aussi à l’origine d’inflammations suppurées. Attention: lors de contamination externe sur un prélèvement non analysé rapidement (ex: un épanchement), une multiplication bactérienne in vitro peut donner aussi des images de phagocytose comme dans une inflammation septique. Une inflammation éosinophile est évoquée quand les granulocytes éosinophiles dépassent 10 % du contingent inflammatoire. Ils sont rencontrés dans les infections bactériennes (rechercher des bactéries intracellulaires) ou certains processus néoplasiques, essentiellement des mastocytomes ou des lymphomes. Les étiologies courantes sont les maladies allergiques et parasitaires (phénomènes d’hypersensibilité), comme le complexe granulome éosinophilique. Les éosinophiles sont souvent accompagnés par des mastocytes ou des granulocytes basophiles, en quantité variable. Une forte proportion de mastocytes plus ou moins différenciés doit inciter à rechercher un mastocytome (voir figure 3). Figure 3: mastocytome Figure 2: Pyothorax, Actinomycètes Lors d’inflammation pyogranulomateuse (ou granulomateuse), la population est à la fois granulocytaire et macrophagique, avec jusqu’à 50 % de macrophages (ou plus de 50 % de macrophages), et traduit en règle générale un processus inflammatoire ancien. Exemples: réaction à un corps étranger, mycoses (à Trichophyton, Microsporum, Blastomyces, Cryptococcus, etc), infections par des protozoaires ou certaines bactéries (mycobactéries, leishmanies, actinomycètes- voir figure 2). Dans les inflammations lymphocytaires et lymphoplasmocytaires prédomine une population de cellules lymphoïdes: lymphocytes et plasmocytes (supérieure à 50 %). Il s’agit notamment d’inflammations chroniques, maladies à médiation immune, infections virales et aussi réactions d’hypersensibilité. Un fort contingent de plasmocytes peut indiquer la présence d’un plasmocytome (sécrétant ou non). Une forte proportion de cellules lymphoïdes immatures (blastes lymphoïdes) associée à une monotonie des détails cyto-nucléaires est en faveur d’une lymphoprolifération maligne (lymphome). D ’un point de vue cytologique, les cellules autres que inflammatoires sont classées en quatre familles: les cellules épithéliales, mésenchymateuses, rondes et les cellules d’origine neuro-endocrine. Pour toutes ces cellules seront appréciés les éléments «architecturaux» (isolés ou groupés en amas, types d’agencement). Les cellules épithéliales sont des cellules cohésives aux contours cytoplasmiques nets qui LABOKLIN LABOR FÜR KLINISCHE DIAGNOSTIK GMBH & CO.KG Steubenstraße 4 • 97688 Bad Kissingen • Telefon: 0971-72020 • Fax: 0971-68546 • E-Mail: [email protected] www.laboklin.com Seite 3 von 4 desquament généralement en amas. Elles sont de forme polygonale à ronde et avec un noyau rond. Des desmosomes sous la forme d’une ligne non colorée sont parfois visibles entre les cellules. Les néoformations malignes d’origine épithéliale sont des carcinomes. cas, les processus «bénins», ne peuvent pas être distingués à l’ examen cytologique. Même s’il n’existe pas de critère de malignité absolu, on recherche néanmoins des critères de malignité ou atypies cytonucléaires capables de caractériser une tumeur maligne. Les cellules mésenchymateuses sont des cellules non cohésives souvent observées isolées ou en petits groupes, et en faibles quantités dispersées au sein des autres populations cellulaires. Leur contour cytoplasmique est diffus et leur forme variable (ronde, ovoïde ou fusiforme), avec un noyau rond à ovale. Les néformations malignes d’origine mésenchymateuse sont des sarcomes. Les cellules saines d’un tissu présentent souvent une certaine uniformité dans leur taille, affinité tinctoriale et les caractéristiques de leurs noyau et cytoplasme (taille, aspect, couleur, contour, etc). Par contre, les cellules néoplasiques montrent des anomalies morphologiques d’intensité variable (atypies), de majeures (carcinomes) à subtiles (sarcomes, lymphomes). La première anomalie fréquemment rencontrée est une anisocytose (cellules de différentes tailles, microcytose ou cellules géantes, pléomorphisme). Puis viennent les atypies cytoplasmiques suspectes, parmi lesquelles: une (hyper)basophilie, des contours cytoplasmiques irréguliers, une vacuolisation hétérogène, une perte des grains de sécrétion. Les cellules rondes (ex: mastocytes, mélanocytes, histiocytes, lymphocytes) à contour net s’ exfolient de manière isolée, généralement en grande quantité. Selon leur degré de différenciation, certaines caractéristiques cytoplasmiques permettent souvent d’identifier leur origine (granulation brun-noirâtre des mélanocytes, petites granulations rougeâtres des mastocytes, etc). Les cellules d’origine (neuro)endocrine se présentent microscopiquement avec l’ image typique du «noyau nu dans une mer de cytoplasme». Avec un noyau rond et des contours cytoplasmiques diffus, elles apparaissent sous la forme d’ îlots lâches. En conclusion, le fond de frottis, les détails cytologiques et, quand disponible, l’ architecture vont pouvoir conduire au typage cellulaire (tumeur épithéliale, mésenchymateuse, histiocytaire, lymphoïde, etc). Cela n’est pas toujours possible, en particulier quand le matériel prélevé n’est pas représentatif de l’ensemble du tissu suspect. ou en présence d’une tumeur peu différenciée. Dans ces cas, le diagnostic définitif repose souvent sur un examen histologique à partir d’ un nouveau prélèvement. Finalement, ce sont les nombreuses et complexes atypies nucléaires qui sont les plus utiles pour déterminer le degré de malignité d’une tumeur. Seront recherchées en particulier: anisocaryose (noyaux de différentes tailles), à l’origine d’un rapport nucléocytoplasmique augmenté et/ou inconstant; plurinucléations, macro- ou plurinucléolations (variabilité dans les nombre, taille et forme des nucléoles), épaississement de la membrane nucléaire, aspect de la chromatine, activité mitotique augmentée et/ou mitoses atypiques. Les critères de malignité Une fois la nature des cellules ou du tissu identifiée, la question qui se pose est la suivante: sont-ce des cellules normales? ou hyperplasiques/métaplasiques? a-t-on affaire à une néoformation bénigne? ou à une tumeur maligne? En règle générale, les trois premiers Figure 4: critères de malignité (sarcome): anisocaryose, plurinucléation, plurinucléolation LABOKLIN LABOR FÜR KLINISCHE DIAGNOSTIK GMBH & CO.KG Steubenstraße 4 • 97688 Bad Kissingen • Telefon: 0971-72020 • Fax: 0971-68546 • E-Mail: [email protected] www.laboklin.com Seite 4 von 4 Cancer ou pas cancer? La présence d’ au moins trois critères de malignité sur la majorité des cellules suspectes examinées sera fortement en faveur d’une tumeur maligne. Cependant, cette règle est à nuancer lorsque un fort contingent inflammatoire est associé aux cellules atypiques. En effet, les cellules issues de tissus hyperplasiques ou métaplasiques inflammés présentent à cause de l’inflammation des atypies qui peuvent être aisément confondues avec un processus tumoral. Pour pouvoir qualifier un épanchement cavitaire de tumoral, il est nécessaire d’identifier au moins cinq critères de malignité sur des cellules suspectes, même en faible nombre dispersées dans un exsudat inflammatoire. La raison en est que dans un épanchement, des cellules épithéliales néoplasiques sont difficiles à distinguer des cellules mésothéliales réactives, notamment lors d’inflammation chronique. L’ examen cytologique sera diagnostique si en plus les amas de cellules atypiques observés dans l’épanchement peuvent être rattachés à organe. caractérisation des LM comme la cytométrie en flux (FACS) et la PCR (PAAR). Ils seront particulièrement utiles dans les lymphomes à petites cellules d’aspect non blastique du chat (Pour plus d’informations nous demander et lire le Laboklin actuel 02/14 «Approche diagnostique des leucémies et lymphomes chez le chien et le chat», sous http://www.laboklin. com/pages/html/fr/nouvelles/_actualite/uebersicht.htm) Enfin, certaines tumeurs plus rares, quoique d’aspect cytologique (voire histologique) bénin, présentent un comportement agressif. A cette catégorie appartiennent les tumeurs à différenciation neuro-endocrine (bien différenciées), les mélanomes ou encore les adénocarcinomes des glandes anales et autres glandes annexes cutanées. Figure 6: Adénocarcinome des glandes anales, aspect cytologique relativement bénin Conclusion Figure 5: Lymphome , figures de mitose Cas particulier des lymphomes La règle des «trois critères ou plus» de malignité n’est pas valable pour les lymphoproliférations malignes. En effet, il existe dans les structures lymphoïdes normales et aussi hyperplasiques un panachage cellulaire de lymphocytes de différentes tailles et divers degrés de maturation ainsi que des plasmocytes. C’est donc plutôt la monotonie des caractéristiques cytonucléaires, souvent subtiles, qui est péjorative. La cytologie, qui demeure l’examen de choix dans le diagnostic des lymphomes, est cependant loin d’être évidente et une certaine expérience est requise pour pouvoir confirmer la présence d’ un lymphome malin (LM), son grade et son immunophénotype (B ou T). D’autres examens non invasifs viennent à la rescousse pour aider à la L’ examen cytologique est un examen complémentaire de grande valeur en médecine vétérinaire, en particulier en cancérologie clinique. Il peut être effectué rapidement, à peu de frais et sa fiabilité augmente avec l’expérience du clinicien-cytologiste. Il permet de confirmer la présence d’un processus néoplasique dans une masse, organe ou un épanchement puis, le cas échéant, d’arriver à en évaluer le potentiel de malignité par la connaissance des atypies cytonucléaires. Dans de nombreux cas, la cytologie offre aux cliniciens, qui ne manquera pas de s’appuyer sur les informations cliniques et biologiques complémentaires, un diagnostic de certitude, contribuant ainsi à orienter la décision thérapeutique. C’est aussi un outil précieux dans le suivi et la surveillance d’une affection. L’examen cytologique n’a d’intérêt que s’il est positif. S’il est négatif par défaut ou si le diagnostic ne peut être établi avec certitude, il renverra à un examen histologique. LABOKLIN LABOR FÜR KLINISCHE DIAGNOSTIK GMBH & CO.KG Steubenstraße 4 • 97688 Bad Kissingen • Telefon: 0971-72020 • Fax: 0971-68546 • E-Mail: [email protected] www.laboklin.com