L`Etoile Flamboyante.

Transcription

L`Etoile Flamboyante.
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A.L.G.D.G.A.D.L.U.
Sous les auspices de la G.L.D.F.
Franc-Maçon de R.E.A.A.
VM et vous tous mes Frères en vos degrés et qualités
L’Etoile Flamboyante.
Réel fut mon étonnement de constater les nombreuses évolutions du rituel du second degré de par
le temps. Sans avoir à remonter très loin, la lecture de l’ouvrage de Jules Boucher « La Symbolique
maçonnique », édition de 1985, permet déjà de prendre la mesure de ces changements.
Ainsi les tableaux de Loge du second degré a vu disparaître des symboles et d’autres apparaître. Le
nombre de lacs d’amour a varié, l’identité des 5 Grands Initiés rencontrés par le Compagnon lors de
l’un de ses voyages, a changé et des différences notables existent quant aux Outils attribués au
Compagnon lors des cinq voyages que comporte l’initiation au 2ème degré.
Mais s’il est un symbole qui semble ne pas être concerné par ces évolutions, c’est bien l’Etoile
Flamboyante.
Contrairement à de très nombreuses paires de symboles
rencontrées jusque-là, tels que le Soleil et la Lune, le Maillet et
le Marteau, le Niveau et la Perpendiculaire, les deux colonnes,
l’EF semble ne pas être associée à un autre symbole. Se situe-telle au-delà des deux polarités universelles, au-delà de l’actif et
du réceptif ?
L’EF n’est pas la première étoile que je croise. La voute étoilée
couvre symboliquement les travaux auxquels je participe
depuis que je suis apprenti, référence au fait que la Loge
s’étend jusqu’au zénith, c’est-à-dire jusqu’aux cieux.
Et il m’a été enseigné que les lumières situées sur les trois
piliers sont appelées « étoile ».
Géométriquement l'étoile à 5 branches est un pentagramme, 5
étant le Nombre du Compagnon.
En symbolique, on distingue le pentagramme inversé considéré
comme passif et maléfique (certains occultistes y inscrivant une
tête de bouc) et le pentagramme régulier avec une seule pointe
en haut, qui nous intéresse et qui se retrouve dans l’Etoile Flamboyante. Celui-ci est supposé actif et
bénéfique.
Rappelons que le pentagramme était déjà utilisé par Pythagore et ses disciples, qui le désignaient par
une périphrase « triple triangles recroisés ». Tracé comme signe de reconnaissance, il équivalait à «
porte-toi bien ». Les 5 lettres formant le nom de la déesse de la santé, Hygie, étaient placées à
chacune de ses pointes.
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Le manuel d’instruction qui est délivré à chaque Frère Compagnon, présente l’EF comme le grand
symbole du Compagnon.
Mais comment appréhender ce symbole ? Par quelle branche commencer ? Il est en effet possible de
lire tant de choses à son sujet. Le risque était grand alors que je préparais ce travail, de rester sur un
plan littéraire, en compilant les interprétations des nombreux auteurs qui ont réfléchi sur ce
symbole.
J’ai donc préféré une autre approche plus personnelle en essayant de répondre aux trois questions
suivantes :
1. Première question : Sur un plan temporel quand m’a-t-il été possible de « voir » l’EF ?
2. Seconde question : Sur un plan spatial, où se situe l’EF, et où me trouvais-je quand je l’ai vu ?
3. Troisième question : Sur un plan personnel, à la lumière des réponses apportées aux précédentes
questions, comment m’approprier ce symbole ?
Les deux premières questions peuvent surprendre. En effet nous savons que le Temple est un espace
sacré, une imago mundi car assimilé au Cosmos par la projection des 4 horizons à partir d’un point
central et par l’installation de l’axis mundi (du nadir au zénith)
et que les travaux se déroulent pendant un temps sacré (de
midi à minuit) donc hors du temps « historique ». Si cela n’est
pas contestable, il n’en demeure pas moins que l’EF ne m’est
pas apparue n’importe quand et qu’elle n’est pas placée
n’importe où en loge ou sur le tableau de loge.
Je vous propose donc pour poursuivre ma recherche de sens,
de développer toutes ces questions.
PREMIERE PARTIE. Quand m’a-t-il été possible de « voir »
l’EF ? Au terme de 4 épreuves et de 5 voyages
I. Apprenti je n’ai jamais vu le symbole de l’EF et pas connu la lettre G. Ne peut donc voir ce symbole
que l’initié qui a été purifié par les éléments et qui a dégrossi sa pierre brute.
1. Profane j’étais plongé dans les Ténèbres. Pour voir la Lumière il m’a fallu :
- connaître au cœur de la caverne, la « mort du vieil homme que j’étais », pour
renaître à la vie nouvelle,
- être éprouvé par l’Eau, source de toute vie,
- être éprouvé par l’Air, le souffle de la vie,
- enfin, être éprouvé par le feu, élément purificateur par excellence.
2. Après ces épreuves, j’ai pu alors porter le nom d’Ouvrier. Mes premiers outils m’ont
été confiés. Par analogie avec la maçonnerie opérative, je me suis trouvé devant le Temple, à
travailler la pierre, ma Pierre. D’abord maladroit, les coups du maillet sur le ciseau sont devenus plus
sûr, les deux outils étant tenus par une main plus ferme et le ciseau a su se positionner sur la pierre
de façon plus juste.
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II. Les maîtres de mon atelier ont alors estimé que je pouvais aspirer à l’honneur d’être reçu parmi les
Compagnons.
Mais l’EF ne m’est pas apparue immédiatement. Je ne l’ai découverte qu’à l’issue de mon cinquième
voyage.
Au cours des 4 premiers voyages :

muni du maillet et du ciseau, j’ai été invité à connaître ma nature profonde, à
comprendre ma façon de réagir à l’instruction qui m’était donnée.

J’ai médité sur les différents styles d’architecture et sur le temps qui passe. Une
première réponse peut-être aux changements dans le rituel que j’évoquais en introduction de mon
travail ? Les styles peuvent évoluer en fonction des contingences ou des gouts, l’objectif poursuivi
prime.

je me suis réalisé en employant les outils symboliques et j’ai commencé à construire
une réflexion et à l’exprimer aux moyens des arts libéraux.

je me suis inscrit dans l’œuvre initiée par nos Prédécesseurs, dans la chaîne
symbolique formée par les initiés de tous les temps et ma pierre a été éprouvée par l’Equerre pour
s’assurer qu’elle s’ajuste aux autres pierres.
Enfin j’ai effectué mon 5ème et dernier voyage de Compagnon. Ce voyage s’est fait les mains libres.
J’ai posé mes outils. J’ai ainsi pu lever la tête et prendre du recul par rapport à mon ouvrage, pour
regarder l’édifice en cours de construction dans sa globalité. C’est alors que je l’ai vue.
SECONDE PARTIE. Où me trouvé-je lorsque j’ai « vu » l’EF et où se trouvait celle-ci ?
Tout d’abord,
- Ma position lorsque je l’ai vu
Je fus conduit par le Maître des Cérémonies au pied de l’Orient. L’utilisation du terme « pied
» est intéressante. Je suis dans une position basse et si je veux progresser, il va falloir entamer une
ascension.
Mais comme avant toute ascension, j’essaye de m’imaginer le sommet et pour cela je lève
les yeux au plus haut que je puisse. Et je la vois.
Si lors de la tenue d’élévation une étoile est alors effectivement éclairée, je comprends que
le symbole ne peut être vu par l’organe de la vision que sont les yeux. Le Compagnon est sensé avoir
atteint un certain stade d’éveil qui lui permet de ne plus dépendre que de ses sens. Les épreuves et
voyages détaillés précédemment doivent permettre la formation de ce troisième œil.
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Sainte Hildegarde a parlé d’œil intérieur, Saint Paul d’œil du cœur. Il s’agit d’exprimer par
cette image, que l’homme mû par sa recherche de l’unité, a commencé à dépasser les points de vue
particuliers. Il serait, bien évidemment, présomptueux de considérer que je sois à même de voir
l’invisible. Mais je veux croire que mon cœur a commencé à ressentir les flammes de l’Etoile. L’Etoile
vient confirmer à chaque Frère qu’il est sur le chemin et qu’il progresse.
Apprécions à présent :
- La position de l’Etoile
Distinguons sa position dans la Loge de celle sur le tableau de Loge
1. Dans la Loge
L’Etoile se trouve à l’Orient, à la gauche du Delta Rayonnant et à proximité du soleil.
Notons que l’EF ne disparait pas devant le soleil comme les autres étoiles. Comme la lumière du
delta, je comprends que celle de l’Etoile est d’ordre principiel, contrairement à celle du soleil qui est
lumière du monde manifesté.
Dans la Loge, c’est à mon 4ème pas que je fais face à l’EF. Ce 4ème pas du Compagnon le mène à
s’écarter de l’axe. Alors que jusque-là son pied gauche le guidait, pouvant indiquer que l’Apprenti est
guidé par son coté réceptif (ce qu’illustre parfaitement son silence), avec le 4ème pas c’est le pas
droit qui prend l’initiative et donc la raison. Le Compagnon a plus confiance en lui-même. Il est dans
l’action. Mais il doit faire attention à ne pas penser qu’il n’y a rien au-dessus de la raison. Je vois dans
le flamboiement de l’EF le rappel à revenir dans l’axe.
L’Etoile vient pour la première fois de me guider. Nous
reviendrons sur ce rôle.
2. Sur le tableau de Loge
Dans le tableau de Loge tracé
aujourd’hui au centre de notre Loge, l’Etoile
Flamboyante est située à l’Orient. Par rapport au
tableau du 1er degré, elle s’est substituée au Delta
Rayonnant qui toujours présent en Loge, n’a plus
besoin d’être représenté sur le tableau. Le delta
rayonnant représente le GADLU, indéfinissable,
inconnaissable et immuable, principe de toute chose. L’EF traduit le Principe Suprême nous dit le
rituel. Saint Bernard résume si bien la situation de l’homme face au Principe de toute chose. « Il ne
nous est pas permis pour l’instant de voir Dieu autrement que par reflet et symbole ».
Il est possible de consulter dans différents ouvrages, des tableaux de loge utilisés par
les Frères qui nous ont précédés.
Vers 1745 la gravure d’une représentation d’une initiation au premier degré,
proposée par Jacques Chereau dit le Jeune, dans « les coutumes des francs-maçons dans leurs
assemblées », dévoile un tableau sur lequel figure une étoile à 5 branches sans le G, au centre du
tableau.
Sur un tableau extrait de l’ouvrage publié à Amsterdam en 1745 « L’Ordre des FM
trahi et le secret des MOPSES* révélés », attribué à l’abbé Gabriel Louis Calabre Pérau, la seule lettre
G, est présente, placée au centre du Tableau. L’Etoile flamboyante se situe un peu au-dessus,
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séparée du G, par une sphère armillaire. Mais dans le même ouvrage sur un second tableau, l’EF avec
la lettre G est située au centre du tableau de loge présenté comme étant au premier degré indiquant
qu’elle n’a pas toujours été le grand symbole des Compagnons.
Toutes ces réflexions sur le dévoilement du Grand symbole du Compagnon, me permettent-elles à
présent d’éclairer mon chemin ?
TROISIEME PARTIE. L’EF vient m’encourager à chercher en moi la résidence du Principe et par la
même à poser un autre regard sur l’autre
Le VM lors de la clôture des travaux au 1er degré nous invite, avant de nous séparer, à nous élever
ensemble, vers notre idéal. Qu’il inspire notre conduite dans le monde profane, qu’il guide notre vie,
qu’il soit la Lumière sur notre chemin. Compagnon cet appel du VM prend plus de sens avec la
découverte du symbole de l’EF. La Lumière vient de prendre forme. Et comme un prolongement à
l’invitation qui nous est faite, lors de la cérémonie d’initiation au
degré de Compagnon, le VM énonce que l’EF oriente le
Compagnon dans sa marche vers l’Idéal Initiatique, qu’elle brille
constamment devant ses yeux, et c’est vers elle que nous
devons nous diriger sans cesse.
Cet appel à m’élever je le retrouve dans la lettre G qui s’inscrit
au centre de l’EF.
Ce G connait différentes interprétations. Le Iod (premier signe
du Tétragramme et constituant à lui seul un Nom Divin) devenu
God, Géométrie (old Charges), l’idéogramme alchimique du sel
qui a été corrompu pour Oswald WIRTH…
* Cet ordre était placé sous le signe du chien, symbole de fidélité et
d'attachement : mopse en allemand signifie doguin, un petit dogue à poils ras
et au museau écrasé.
Le rituel du second degré confirme que comme tous les
symboles, la lettre G peut être interprétée de plusieurs façons.
Les anciens rituels donnent l’interprétation suivante de l’EF qui comprend en son centre la lettre G :
«Le Grand Architecte, créateur du Monde entier, ou bien celui « qui a été élevé jusqu’au faîte du
Temple sacré ». Comment ne pas y voir une allusion évidente à la Jésus ? Le « faîte du Temple »
renvoie au passage de l’évangile de Saint Luc (chapitre 4, verset 9) ou à celui de Saint Mathieu
(chapitre 4 verset 5), où Jésus est mis à l’épreuve par le Démon qui notamment « le conduisit à
Jérusalem, où il le plaça au faîte du Temple et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas […]».
Le Rituel compare plus loin l’EF avec l’étoile des Rois Mages, seconde évocation très claire de Jésus.
Jésus peut être vu comme un médiateur entre le ciel et la terre. Il a, en effet, en lui, à la fois de la
nature de l’homme et de la nature du Principe Créateur. La lettre G au centre de l'Etoile flamboyante
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peut être considérée comme le Principe résidant au Centre de l'homme. La matière peut être
surmontée de l’étincelle divine (le 4 +1 qui nous donne le 5 du Compagnon).
Si ma tête touche les cieux, j’ai les pieds sur terre. Tout homme peut prendre conscience de son rôle
de médiateur et je veux retrouver en tout homme le reflet de la Lumière principielle, qu’il soit initié
ou non.
Mais dans mes rapports avec mes pairs, voir en toute circonstance l’esprit derrière la matière s’avère
un exercice bien difficile au quotidien voire impossible pour moi aujourd’hui.
C’est pourquoi je me concentre sur mon seul comportement pour ne pas perdre toute espérance. Je
médite les paroles prononcées par Jésus. « Votre lumière doit luire devant les gens afin qu’ils voient
vos bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est les cieux». Mathieu chapitre 5. Verset 16. Mon
comportement, mes actes, mes paroles, sont-ils de nature à glorifier le GADLU ? Se poser sans cesse
cette question. « Rêver l’impossible rêve » est à ce prix-là.
Conclusion
Conscient que j’étais plongé dans les Ténèbres, j’ai demandé la
Lumière. Cette demande témoigne d’une insatisfaction à un
moment de ma vie. On peut ne jamais prendre conscience des
ténèbres qui nous entoure. Dans ce cas, aucune demande ne
sera jamais faite et beaucoup ne s’en porteront pas plus mal.
Me concernant ma vie s’écoulait plutôt agréablement. Alors
célibataire endurci, j’avais un travail qui me laissait le temps et
les moyens de mes loisirs. Au sein d’un groupe d’amis,
j’attendais le weekend avec impatience pour courir les soirées,
les festivals et autres rassemblements estivaux. Mais cela ne
me laissait un sentiment d’insatisfaction. J’ai souhaité ne plus
consacrer tout mon temps à mon emploi dispensateur
d’espèces sonnantes et trébuchantes et aux loisirs grands
dilapidateurs de ces mêmes espèces.
Demander la lumière c’est encore faire preuve d’humilité. Je ne
l’ai pas trouvée seul. J’ai donc admis que j’avais besoin d’être guidé et j’ai accepté de ne pas choisir
seul mon chemin. Ce guide peut être le REAA qui à chaque tenue me permet d’accéder au sacré en
compagnie de mes Frères. J’ai conscience que je n’avance pas seul et j’ai recours aux lumières de
mes Frères. « Malheur à celui qui est seul, car s’il vient à tomber, il n’aura personne pour l’aider à se
relever » prévenait Bernard de Clairvaux.
Demander la lumière c’est aussi la démonstration que l’on veut croire qu’il est possible de vivre
autrement ses rapports à l’autre. Je ne suis pas obligé d’exploiter l’autre, de l’obliger à croire à mon
credo, de le rabaisser en pensant que cela m’élève.
Pour conclure et contrairement à Garance dans les Enfants du Paradis, je pense que le Franc Maçon
ne doit pas craindre les courants d’air et avoir le cœur chaud et la tête froide.
L’Etoile par son flamboiement pourrait alors être à la fois lumière et chaleur, Intelligence et Amour.
J’ai dit V :. M :.