les cortals de cases-de-pene
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LES CORTALS DE CASES-DE-PENE QUELQUES MOTS SUR LE PETIT PATRIMOINE AGRICOLE DU VILLAGE (791 HAB.) 10 DECEMBRE 2014 POC A POC Balade d’après-midi dans les alentours du village, au pied de la Tour del Far, depuis le parking du cimetière avec retour par la ferme Bernard (à vendre) sur le CD9 de Cases-de-Pène à Tautavel. En chemin, le regard est attiré par les paysages et la géographie typiques du Roussillon, ponctués d’innombrables ruines anonymes de l’humble patrimoine agricole en pierre, disséminé dans les vignes et la garrigue. Vestiges de temps plus anciens, ils témoignent de la rude vie pastorale d’autrefois. On peut les dater dans une fourchette allant du XVIIe au XIXe siècle. Leur fonction est d’abord de servir de bergerie pour les ovins en grand nombre et les caprinés qu’on y parquait, mais pas seulement. 14h16 Cortals, le long du ravin del Badeilla « De plan carré ou rectangulaire, ces constructions agro-pastorales permettaient au berger de rester avec son troupeau près des pâtures et de se constituer un abri. » [34 Randonnées en Agly-Verdouble, Pays d’Accueil Agly-Verdouble, 2007] 14h24 Orri (ou orry) sur la pente. Basse cabane de pierre, souvent en pierre sèche, sans mortier, elle sert d’abri au berger lors d’intempérie et, selon sa taille, d’entrepôt pour le matériel agricole ou les récoltes parce que les collines étaient entièrement exploitées et que les paysans partaient, souvent à pied, pour la journée ou plusieurs jours. La construction de ces abris rudimentaires et temporaires (saisonniers) est très précise, savante et habile. Elle est le fait de travailleurs sans diplôme dont le savoir-faire technique est très maîtrisé. Par exemple, « la voûte est montée selon la technique de l'encorbellement : chaque dalle (ou « lausa » dans l'aire occitane) déborde de la précédente vers l'intérieur et est retenue à l'extérieur par le contrepoids formé notamment par une couverture de dalles choisies. » [http://fr.wikipedia.org/wiki/Capitelle] Cette architecture populaire s’accompagne parfois d’aménagements tels que enclos (corrals), terrasses, puits, fours ou sièges. Bergers et paysans utilisaient exclusivement le matériau local pour les bâtir, des pierres calcaires à Cases-de-Pène. Du côté de Planèzes, on les appelle des capitelles. Orris, capitelles ou casots, petits, carrés, circulaires ou semi-circulaires, surmontés d’une voûte conique, sont des noms vernaculaires désignant des habitats presque semblables qui ont souvent la même utilisation. Pierre Ponsich, historien catalan, « désigne l'orri comme un grenier à fromages ainsi que l'indique son étymologie latine (horreum = grenier)» pour en distinguer la fonction, à tort semble-t-il s’agissant de la Catalogne. En Auvergne, par exemple, on parle de buron (du germanique « bur », cabane), en Ariège, de borde et en Provence, de borie/bori. Ailleurs en France, d’autres synonymes les désignent et de même en Europe et dans le monde. 14h31 Probablement vaste cortal (abri pastoral). Dans le parler catalan des Pyrénées-Orientales, bergerie se dit cortal, que le bâtiment soit dans un village ou sur un lieu de pâturage, qu'il soit couvert d'une toiture de tuiles ou de chaume ou d'une voûte de pierre sous un revêtement de terre. [http://fr.wikipedia.org/wiki/Cortal] 15h29 Jaça d’en Dosset, 150 m. d’alt. La jasse indique un herbage plat, bercail pour le troupeau. La ruine possède des ouvertures construites comme des archères d’un château-fort (ouverture longue et étroite dans un mur pour tirer à l’arc ), ce qui nous étonne beaucoup. La meurtrière, au contraire, est une ouverture étroite pratiquée dans le mur d'un ouvrage fortifié pour permettre l'observation et l'envoi de projectiles. Archère Meurtrière https://www.google.fr/ Alors que sont les ouvertures du cortal ? Une petite recherche nous renseigne : « De rares et étroites fenêtres, les « fenestrons » de l'aire provençale et languedocienne, sont aménagées dans les murs ». [http://jeantosti.com/musee/cabanes.html ] Il devrait s’agir, pour la bergerie, d’orifices d’aération pour les troupeaux d’ovins. Ainsi, point de poste militaire avancé ni de vague d’invasions. Bien que ruinés, orri et cortals permettent aux randonneurs et aux photographes amateurs d’imaginer la Catalogne d’antan et d’apprécier l’étonnant savoir-faire des maçons anonymes. Ghislaine