28 La truffe de Bourgogne Organisée dans le cadre de la charte
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28 La truffe de Bourgogne Organisée dans le cadre de la charte
La truffe de Bourgogne Organisée dans le cadre de la charte forestière de territoire du Pays Seine-et-Tille, une nouvelle journée d’information sur la truffe de Bourgogne s’est déroulée vendredi 24 octobre 2014. Cette réunion, préparée par le CRPF de Bourgogne, fut un succès : 62 propriétaires forestiers, caveurs ou trufficulteurs ont répondu « présent ». Le matin, à Lamargelle, les participants ont eu le plaisir d’assister à une démonstration de cavage assurée par les représentants de la Maison des mille truffes et champignons (Céline Sachot et Jean-Pierre Blanchard) et leur chien « Gribouille ». Malgré une année pour l’instant décevante, quelques truffes de Bourgogne (tuber aestivum var.uncinatum) ont été découvertes. Ce fût l’occasion pour Alexandre Guerrier du CRPF de Bourgogne, animateur de la journée, de rappeler l’écologie de ce champignon hypogé. Céline Sachot, quant à elle, a pu apporter des éléments sur les techniques de dressage pour le cavage avec un chien. La truffe de Bourgogne vit en symbiose avec l’arbre au travers des mycorhizes, organes d’échange entre le champignon et les racines de l’arbre. Elle se développe préférentiellement sur sol calcaire, riche en calcium échangeable, bien drainé, à structure grumeleuse et sur terrain pas trop argileux. En terrain naturel, ses milieux de prédilection sont les friches, landes boisées et bois dans lesquelles elle trouve ombrage et fraîcheur. Des précipitations bien réparties toute l’année, et en particulier en période estivale, lui sont nécessaires pour le grossissement de son corps fructifère, la truffe. Elle se récolte et se consomme de septembre à janvier. Après le déjeuner, la journée s’est poursuivie en salle par un exposé d’Henri Frochot, de l’association de la truffe Côte d’Orienne, qui a présenté les méthodes de tri des truffes avant la consommation et, a fortiori, avant la vente. Pour valoriser au mieux ce champignon sur le plan culinaire et pour être en règle avec la législation dans le cas de la vente, la truffe doit être « canifée », triée et lavée. Après un nettoyage minutieux de la truffe, les sens du caveur sont mis en éveil : la vue, le toucher et l’odorat. Chaque truffe, présentant un 28 défaut est purgée des imperfections ou écartée de la vente. Une truffe de qualité doit être ferme au toucher et odorante. Cette journée fut l’occasion de préciser le cadre réglementaire du ramassage de ce champignon. Le cavage, c’est ainsi que l’on nomme le ramassage de la truffe, est interdit sans autorisation du propriétaire, et cela quelle que soit la quantité prélevée (article L163-11 du code forestier). Le contrevenant s’expose à 3 ans de prison et 45 000 € d’amende (article L 311-3 du code pénal). Les caveurs désirant «caver» en forêt peuvent louer le cavage au propriétaire du bois. Il est recommandé de formaliser l’autorisation par un bail ou une convention de cavage qui précisera la nature de l’autorisation, l’époque, le lieu, le bénéficiaire, le nombre de chiens autorisé, la fréquence de cavage et le prix de la location … En Côte d’Or, le cavage en milieu naturel est également réglementé par arrêté préfectoral. Le cavage est autorisé uniquement du 15 septembre au 31 mars au chien ou au cochon. Le piochage est interdit. Les vendeurs doivent aussi se conformer à la législation pour la présentation des truffes, la qualité et l’étiquetage. Dans le respect de la réglementation, l’association de la Truffe Côte d’Orienne organise des marchés aux truffes contrôlés pour offrir au consommateur une truffe de qualité. En fin d’après-midi, des notions de fiscalité appliquées à la truffe ont été présentées aux participants. Ce sujet est complexe et comporte de nombreux cas particuliers qui sont fonction de la nature de culture et du statut du contribuable (exploitant, caveur, retraité, actif, cotisant MSA …). Il est donc recommandé de se rapprocher des services fiscaux pour mieux connaître son statut. Le propriétaire forestier est obligatoirement imposé sur le revenu des coupes, selon les règles spéciales d’un régime de bénéfice forfaitaire. C’est ce qu’on appelle le forfait forestier, calculé sur la base du revenu cadastral. Celui-ci est déclaré chaque année, qu’il y ait eu ou non coupe de bois. 29 Le bénéfice provenant des produits accessoires, dont la récolte de la truffe fait partie, n’est pas intégré au revenu cadastral. Il doit donc être ajouté à celui qui résulte de la récolte de bois pour déterminer le bénéfice imposable. La récolte de la truffe peut être imposé forfaitairement ou au réel. Si le propriétaire du bois loue le cavage, les revenus sont à déclarer sur l’imprimé 2044. Le trufficulteur pourra dépendre de trois régimes d’imposition des bénéfices agricoles pour ses récoltes de truffes : le régime du forfait, le régime du réel et le régime du bénéfice réel normal. Ceux dont la moyenne des recettes des deux années précédentes n’excède pas 76 300 € sont imposables selon le régime du forfait. Article 64.2 du code général des impôts « Afin de tenir compte de la spécificité de la culture des arbres truffiers, les revenus issus de cette production ne sont des bénéfices imposables forfaitairement qu'à l'issue de la quinzième année qui suit la plantation. » Nous avons tracé ici le cadre général ; des particularités existent en fonction des départements : certains ont défini un forfait « culture truffe ». Il convient donc à chacun de se rapprocher des services fiscaux pour en savoir davantage. Les participants ont été ravis de la journée et les échanges avec le public ont été fructueux. La question du vol des truffes a particulièrement été abordée. Il n’y a pas de solution « clé en main ». Cependant, pour plus de présence en forêt et limiter les vols, il peut être recommandé de formaliser des autorisations de cavage. La présence d’un garde assermenté serait également dissuasive. Les propriétaires peuvent éventuellement se regrouper pour l’emploi de ce garde. La réunion s’est terminée vers 17 h 30. Alexandre Guerrier, CRPF de Bourgogne 30