FACULTE DE PHARMACIE ANNEE : 2006 THESE N° POLLUTION
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FACULTE DE PHARMACIE ANNEE : 2006 THESE N° POLLUTION
FACULTE DE PHARMACIE ANNEE : 2006 THESE N° POLLUTION ATMOSPHERIQUE ET SANTE : LES SUJETS A RISQUE EN LIMOUSIN, ETATS DES LIEUX DES ATTENTES LOCALES POUR UNE INFORMATION PLUS CIBLEE. THESE POUR LE DIPLOME D’ETAT DE DOCTEUR EN PHARMACIE Présentée et soutenue publiquement le 20 septembre 2006 à 17 H 30 par Anne-Laure BORIE Née le 6 décembre 1982 à TULLE (19) JURY Madame Marie-Françoise DREYFUSS, Présidente Madame Catherine FAGNERE, Juge Monsieur Rémi FEUILLADE, Juge Monsieur François VINCENT, Juge UNIVERSITE DE LIMOGES FACULTE DE PHARMACIE ANNEE : 2006 THESE N° POLLUTION ATMOSPHERIQUE ET SANTE : LES SUJETS A RISQUE EN LIMOUSIN, ETATS DES LIEUX DES ATTENTES LOCALES POUR UNE INFORMATION PLUS CIBLEE. THESE POUR LE DIPLOME D’ETAT DE DOCTEUR EN PHARMACIE Présentée et soutenue publiquement le 20 septembre 2006 à 17 H 30 par Anne-Laure BORIE Née le 6 décembre 1982 à TULLE (19) JURY Madame Marie-Françoise DREYFUSS, Présidente Madame Catherine FAGNERE, Juge Monsieur Rémi FEUILLADE, Juge Monsieur François VINCENT, Juge 1 Remerciements Je tiens à remercier Madame Marie-Françoise DREYFUSS pour m’avoir fait l’honneur de présider et de diriger ma thèse d’exercice. Je tiens à lui exprimer ma profonde reconnaissance pour ses conseils et sa sympathie. Je remercie également Monsieur Rémi FEUILLADE, directeur de LIMAIR, pour m’avoir accueillie au sein de l’association. Merci Monsieur FEUILLADE de m’avoir fait découvrir votre activité avec autant de passion, merci pour toutes les connaissances environnementales que vous m’avez transmises avec gentillesse, patience et disponibilité. Un grand merci à toute l’équipe de LIMAIR, Marianne, Lionel et Didier pour leur accueil, leur aide, leur dynamisme et leur bonne humeur quotidienne. Merci à Madame FAGNERE ainsi qu’à Monsieur VINCENT d’avoir accepté de faire partie de mon jury. Merci à tous les professionnels qui, grâce à leur aimable collaboration, ont permis l’aboutissement de ce travail. Merci à toutes les personnes, amis et famille pour leur présence de chaque instant. Je dédie ce mémoire à Claire et Younès « La connerie, c’est la décontraction de l’intelligence ! » Serge Gainsbourg 2 UNIVERSITE DE LIMOGES FACULTE DE PHARMACIE DOYEN DE LA FACULTE Monsieur le Professeur HABRIOUX Gérard ASSESSEURS Madame le Professeur CHULIA Dominique Monsieur COMBY Francis, Maître de Conférences PROFESSEURS BENEYTOUT Jean-Louis BIOCHIMIE-BIOLOGIE MOLECULAIRE BOTINEAU Michel BOTANIQUE-CRYPTOGAMIE BROSSARD Claude PHARMACIE GALENIQUE BUXERAUD Jacques CHIMIE ORGANIQUE-CHIMIE THERAPEUTIQUE CARDOT Philippe CHIMIE ANALYTIQUE CHULIA Albert PHARMACOGNOSIE CHULIA Dominique PHARMACIE GALENIQUE DELAGE Christiane CHIMIE GENERALE-CHIMIE MINERALE DREYFUSS Gilles PARASITOLOGIE DUROUX Jean-Luc PHYSIQUE-BIOPHYSIQUE GESTHEM Axel BOTANIQUE-CRYPTOGAMIE HABRIOUX Gérard BIOCHIMIE FONDAMENTALE LACHATRE Gérard TOXICOLOGIE MOESCH Christian HYGIENE-HYDROLOGIE-ENVIRONNEMENT OUDART Nicole PHARMACODYNAMIE ROGEZ Sylvie BACTERIOLOGIE-VIROLOGIE MAITRES DE CONFERENCES ALLAIS Daovy PHARMACOGNOSIE BASLY Jean-Philippe CHIMIE ANALYTIQUE BATTU Serge CHIMIE ANALYTIQUE ET BROMATOLOGIE CALLISTE Claude BIOPHYSIQUE CARDI Patrice PHYSIOLOGIE 3 CLEDAT Dominique CHIMIE ANALYTIQUE COMBY Francis CHIMIE THERAPEUTIQUE DELEBASSEE Sylvie BACTERIOLOGIE-VIROLOGIE DREYFUSS Marie-Françoise CHIMIE ANALYTIQUE ET BROMATOLOGIE FAGNERE Catherine CHIMIE ORGANIQUE FROISSARD Didier BOTANIQUE-CRYPTOGAMIE JAMBUT Anne-Catherine CHIMIE THERAPEUTIQUE LAGORCE Jean-François CHIMIE ORGANIQUE (en disponibilité) LARTIGUE Martine PHARMACODYNAMIE LIAGRE Bertrand SCIENCES BIOLOGIQUES LOFTI HAYAT TOXICOLOGIE MARION-THORE Sandrine CHIMIE THERAPEUTIQUE MARRE-FOURNIER Françoise BIOCHIMIE MOREAU Jeanne IMMUNOLOGIE PARTOUCHE Christian PHYSIOLOGIE POUGET Christelle PHARMACIE GALENIQUE ROUSSEAU Annick BIOMATHEMATIQUES SIMON Alain CHIMIE PHYSIQUE ET CHIMIE MINERALE TROUILLAS Patrick BIOMATHEMATIQUES ET INFORMATIQUE VIANA Marylène PHARMACIE GALENIQUE VIGNOLES Philippe INFORMATIQUE PROFESSEUR CERTIFIE MARBOUTY Jean-Michel ANGLAIS ATER COURTIOUX Bertrand Sce M. le Professeur DREYFUSS DUMETRE Aurélien Sce MM. les Professeurs DREYFUSS et MOESCH FAURE Sébastien Sce Mme. le Professeur OUDART YAHIAOUI Samir Sce M. le Professeur. BUXERAUD 4 Sommaire Introduction 11 1° PARTIE : Etude bibliographique 14 1. La pollution atmosphérique 14 1.1. Genèse de la pollution atmosphérique 14 1.1.1. Origine de quelques polluants 16 1.1.2. Une pollution présente à l’intérieur des habitats 17 1.2. Impact sanitaire de la pollution atmosphérique 1.2.1. Un risque clairement établi 20 21 1.2.1.1. Le programme ERPURS 21 1.2.1.2. Le projet APHEA 23 1.2.1.3. L’absence de seuil de dangerosité 23 1.2.1.4. Le programme APHEIS 25 1.2.2. Les « différentes » pollutions et la santé 25 1.2.3. Description des effets sanitaires de quelques polluants 27 1.2.4. La pollution atmosphérique comme co-facteur de certaines maladies 30 1.2.4.1. L’asthme 30 1.2.4.2. Les pathologies cardio-vasculaires 32 1.2.4.3. Les cancers 34 2. Qu’est qu’une personne sensible ? 2.1. Qui sont les personnes sensibles à la pollution atmosphérique ? 2.1.1. Les enfants 36 37 37 2.1.1.1. Une physiologie différente de l’adulte 37 2.1.1.2. Les enfants cliniquement sains et la pollution atmosphérique 39 2.1.1.3. Pollution atmosphérique et pathologies respiratoires de l’enfant 41 2.1.1.4. Cancers infantiles et pollution de l’air 43 2.1.1.5. Activité sportive de l’enfant et pollution atmosphérique 44 2.1.2. Les personnes âgées, second groupe particulièrement sensible à la pollution atmosphérique 2.1.3. Les femmes enceintes 44 47 2.1.4. Pathologies respiratoires et cardio-vasculaires préexistantes et pollution atmosphérique 2.1.4.1. L’asthme 49 50 5 2.1.4.2. Pathologies cardio-vasculaires 2.1.5. Corrélation entre personnes diabétiques et pollution atmosphérique 51 53 2.1.6. Pratique d’une activité physique et exposition aux effets de la pollution atmosphérique 54 2.1.7. Fumeurs et exposition à un air pollué 55 2.1.8. Insuffisants rénaux et pollution de l’air 56 2.2. Synthèse 57 2°PARTIE : Contexte régional : environnement et sujets à risque 59 1. Contexte 60 1.1. Politique environnementale 60 1.1.1. A l’échelle mondiale 60 1.1.2. Au niveau national 61 1.1.3. PRSE 2005-2008 en Limousin 63 1.2. L’environnement en Limousin 64 1.2.1. Présentation de la région 64 1.2.1.1. La population 64 1.2.1.2. Environnement économique et infrastructures de communication 66 1.2.2. La surveillance de la qualité de l’air dans la région 66 1.2.3. L’information sur la qualité de l’air, en Limousin 67 1.2.3.1. Nature de l’information 67 1.2.3.2 Outils de communication 69 2. Les sujets sensibles en Limousin et les professionnels qui les côtoient 2.1. La santé de l’enfant en Limousin 70 70 2.1.1. Femmes enceintes et natalité 70 2.1.2. Pathologie de l’enfant 71 2.1.3. Soins de l’enfant 72 2.1.4. Accueil des enfants en âge pré-scolaire 72 2.1.5. La scolarisation des enfants en Limousin 73 2.2. Les personnes âgées en Limousin 74 2.2.1. Répartition sur le territoire 74 2.2.2. Hébergement des personnes âgées 74 2.3. Les pathologies respiratoires en Limousin 75 2.3.1. Mortalité et pathologies respiratoires 75 2.3.2. Les cancers de la trachée, des bronches et du poumon 77 2.4. Les affections cardio-vasculaires en Limousin 77 6 2.5. Les diabétiques en Limousin 78 2.6. Les insuffisants rénaux en Limousin 79 2.7. Les fumeurs 79 2.8. Panorama des différentes pathologies en Limousin 81 2.9. Les professionnels de santé en Limousin 85 3° PARTIE : Etude qualitative : état des lieux des attentes locales pour une information plus ciblée 86 1. Cheminement préalable à l’élaboration d’un questionnaire 88 2. Rédaction du questionnaire 89 3. Exploitation du questionnaire 90 3.1. Nombre d’envois et taux de réponses 90 3.2. Le questionnaire 92 3.2.1. Item 1 : Perception de la pollution atmosphérique 92 3.2.2. Item 2 : Connaissances en terme de pollution atmosphérique 97 3.2.3. Item 3 : Impact de la pollution atmosphérique sur votre santé 103 3.2.4. Item 4 : Perspectives de communication 109 3.2.5. Bilan du questionnaire 115 4. Entretiens individuels 116 Perspectives de communication : qualité de l’air et santé 119 1. Axes de communication prioritaires 119 1.1. La brochure et les affiches informatives 120 1.2. Formation professionnelle 123 1.2.1. Professionnels de santé et formation 124 1.2.2. Formation du personnel enseignant 125 1.3. Diffusion de l’adresse électronique du site de LIMAIR 2. Outils de communication à développer 126 127 2.1. Rôle des médias 127 2.2. Autres 128 Conclusion 129 Annexes 131 Bibliographie 163 Glossaire 171 Listes des abréviations 173 7 Liste des annexes - Annexe 1 : Seuils réglementaires - Annexe 2 : Recommandations du Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France 132 - Annexe 3 : Fiches descriptives des effets sanitaires de quelques polluants atmosphériques 131 136 - Annexe 4 : Classification du CIRC 148 - Annexe 5 : Classification de l’Union Européenne 149 - Annexe 6 : Rang de classement des actions PNSE déclinables sur le plan local (Limousin) 150 - Annexe 7 : La région Limousin, superficie et démographie 151 - Annexe 8 : Axes routiers majeurs et distribution du peuplement en Limousin 152 - Annexe 9 : Carte de prévision ozone en Limousin, LIMAIR 153 - Annexe 10 : Les personnes âgées plus présentes en milieu rural 154 - Annexe 11 : L’hébergement des personnes âgées en Limousin, au 01-01-2006 155 - Annexe 12 : Une densité de médecins généralistes libéraux plus faibles en milieu rural 156 - Annexe 13 : Questionnaire 157 - Annexe 14 : Brochures Ile de France 160 - Annexe 15 : Brochure Comité National contre les Maladies Respiratoires (CNMR) 161 8 Index des tableaux Tableau I : Concentration moyenne en NO2 à l’intérieur et à l’extérieur des domiciles selon la distance aux axes routiers 19 Tableau II : Comparaison du système respiratoire de l’enfant et de l’adulte 38 Tableau III : Prévalence des pathologies des voies aériennes profondes 41 Tableau IV : Résultat pour un échantillon de 82 enfants 42 Tableau V : Mortalité et pollution atmosphérique de 1986 à 1994 aux Pays-Bas 46 Tableau VI : Catégories de sujets à risque et facteurs de sensibilité 58 Tableau VII : Indice Atmo 68 Tableau VIII : Garde d’enfants d’âge préscolaire en Limousin 73 Tableau IX : Nombre annuel moyen de décès par maladies respiratoires selon l’âge et le sexe 76 Tableau X : Taux annuel moyen de mortalité pour 100 000 habitants d’une classe d’âge donnée, en Limousin, 2002 82 Tableau XI : Les professionnels de santé, au 01-01-2004 85 9 Index des figures Figure 1 : Relation « Exposition aux polluants-risque de mortalité totale » 24 Figure 2 : Pyramide des âges, Limousin 65 Figure 3 : Part des décès potentiellement liés au tabac dans la mortalité générale par groupe d’âge en Limousin (1997-1999) 80 Figure 4 : Principales pathologies d’entrée en ALD en Limousin, pour les plus de 35 ans, en 1999. 81 Figure 5 : Nombre d’envois et de retours du questionnaire 90 Figure 6 : Taux de réponses 91 Figure 7 : Les problématiques environnementales 93 Figure 8 : Connaissance de l’existence d’une AASQA 94 Figure 9 : Connaissance de LIMAIR 95 Figure 10 : Moyens de connaissance 95 Figure 11 : Consultation des données sur la qualité de l’air en Limousin 96 Figure 12 : Données sur la qualité de l’air 96 Figure 13 : Impact de la pollution atmosphérique sur la santé 97 Figure 14 : Substances polluantes à l’origine de pathologies 98 Figure 15 : Satisfaction de l’information 100 Figure 16 : Les personnes sensibles 101 Figure 17 : Les personnes sensibles selon chaque catégorie de professionnels 102 Figure 18 : Modification dans le secteur d’activité 103 Figure 19 : Modification de l’activité des médecins spécialistes 104 Figure 20 : Nature des modifications 105 Figure 21 : Pourcentage de variation 106 Figure 22 : Médecins spécialistes et pourcentage de variation 107 Figure 23 : Besoins d’information du public 107 Figure 24 : Sentiments des professionnels quant à l’information 108 Figure 25 : Besoins et attentes des professionnels 110 Figure 26 : Propositions de communication 111 Figure 27 : Outil de communication le mieux adapté 112 Figure 28 : Autres moyens de communication 113 Figure 29 : Intérêt d’un relais d’information 114 Figure 30 : Intégration d’un relais de communication 114 Figure 31 : Relais d’information et professionnels de santé 115 10 Introduction L'air est un élément primordial à la vie, il est composé de 78% d'azote, de 21% d'oxygène et de 1% d'autres gaz. Bien que connue de longue date, la pollution atmosphérique n'a pris une place importante dans la vie sociale qu'à partir des années 1950, marquées par une série d'épisodes majeurs ("smog" londonien en 1952, accident de SEVESO en 1976, ...). Les décennies suivantes ont alors été ponctuées par la prise de conscience des risques sanitaires liés à la pollution atmosphérique et des mesures de prévention qu'ils impliquent. Les connaissances sur les phénomènes de pollution de l'air et leurs conséquences biologiques et sanitaires ont été rapidement évolutives. En France, ces avancées ont conduit à l'élaboration en 1996 de la Loi sur l'Air et l'Utilisation Rationnelle de l'Energie (LAURE) [1]. Cette dernière, dans son article 2 a défini la pollution atmosphérique : «constitue une pollution atmosphérique au sens de la présente loi l’introduction par l’homme, directement ou indirectement, dans l’atmosphère et les espaces clos, de substances ayant des conséquences préjudiciables de nature à mettre en danger la santé humaine, à nuire aux ressources biologiques et aux écosystèmes, à influer sur les changements climatiques, à détériorer les biens matériels, à provoquer des nuisances olfactives excessives». De plus, la législation reconnaît dans l'article premier de la LAURE, un droit fondamental pour le citoyen : "respirer un air qui ne nuise pas à sa santé". En application de cette loi, la réglementation française a établi des seuils de recommandations et d'information, et d'alerte pour trois polluants : l'ozone, le dioxyde d'azote et le dioxyde de soufre. Les seuils d'information et de recommandations correspondent au seuil des risques sanitaires pour des personnes spécialement sensibles (enfants, personnes âgées, asthmatiques, allergiques, déficients respiratoires chroniques, insuffisants respiratoires, ...) (Annexe 1). 11 La notion de sensibilité individuelle apparaît alors et ce terme soulève des interrogations quant à sa portée. D'un point de vue étymologique, le terme sensible vient du latin sensibilis qui signifie « qui peut sentir » [2]. Le caractère sensible est défini comme la propriété d’un être vivant ou d’un organe d’être informé des modifications du milieu extérieur ou intérieur et d’y réagir par des sensations. La sensibilité d’une personne correspond à une prédisposition, à une réceptivité voire à une vulnérabilité vis-à-vis de certains stimuli tels les polluants de l'air. Il se distingue ainsi certains groupes d’individus dont la fragilité et la sensibilité les prédisposent davantage à l’impact de la pollution atmosphérique. Ces différents groupes sont constitués d’enfants, de personnes âgées, de déficients respiratoires et cardiaques, de femmes enceintes, de sportifs, ... Parallèlement aux directives du code de l'environnement, le Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France [3] attire l'attention des professionnels de santé, notamment des médecins généralistes, pédiatres, allergologues et pneumologues, sur l'existence d'une sensibilité individuelle aux polluants atmosphériques, pour un enfant comme pour un adulte. Il définit ainsi une liste de recommandations destinées spécifiquement aux personnes sensibles en cas d’épisode de pollution. (Annexe 2). Néanmoins, ces messages surviennent uniquement lors des "pics" de pollution. C’est une vision erronée de la réalité d’un point de vue sanitaire. En effet, hormis les pics de pollution, le problème en matière de pollution atmosphérique et de santé publique est celui d'une exposition chronique de l'ensemble de la population à de faibles concentrations en polluants. Ainsi, la politique de communication dans ce domaine, repose sur une problématique ambitieuse : informer, sensibiliser, prévenir et susciter une contribution des différents acteurs en santé publique. Dans ce cadre, ce travail a pour finalité d'établir une communication la plus efficace possible, destinée aux personnes les plus fragiles, grâce à des relais d'information sous l'égide des professionnels au contact de ces personnes. Une large diffusion de 12 l'information, structurée et ciblée, semble nécessaire afin d'harmoniser la politique de santé publique. Dans un premier temps, les connaissances bibliographiques en terme de pollution atmosphérique et d'impact sanitaire ainsi que la présentation des personnes sensibles, seront exposées. La deuxième partie exposera le cadre politique et le contexte régional dans lequel est effectué ce travail. Le dernier chapitre s'attachera à cerner au plus près les perceptions, les besoins et attentes en terme d’information sur la pollution de l’air et son impact sanitaire, des différents corps de métiers en relation avec les personnes sensibles. A cette fin, une enquête qualitative sera diligentée. Au terme de cette étude et en regard des différents éléments recueillis, les perspectives de communication à privilégier dans la région seront finalement décrites. 13 1° PARTIE : Etude bibliographique 1. La pollution atmosphérique 1.1. Genèse de la pollution atmosphérique Les sources de la pollution atmosphérique sont de deux types. Il existe une pollution naturelle et une pollution anthropique. Tout d'abord, l’émission dans l’atmosphère de polluants gazeux ou particulaires peut être d’origine naturelle (volcans, érosion des roches, remise en suspension de poussières du sol, embruns marins, feux de brousse, ...). Elle génère par exemple du soufre, du dioxyde d'azote, du dioxyde de carbone, ... La seconde origine de la pollution atmosphérique est liée aux activités de l'homme. Elle englobe la production et l'introduction, par l'homme, de différentes substances dans l'environnement. Il s'agit de la pollution anthropique. Elle représente plus des 2/3 des origines de la pollution de l'air. Cette dernière est une notion relativement récente qui s'est façonnée au fil des siècles. Les prémices de la pollution de l'air sont apparues avec le développement des villes. Les sources étaient alors majoritairement le chauffage au bois et au charbon. Cette pollution s'est accrue largement avec la révolution industrielle. Les industries utilisaient intensivement les machines et de nouveaux types d'énergie étaient découverts, comme le pétrole. Aujourd'hui, suivant le développement des nouvelles technologies, les polluants émis dans l’atmosphère ont été modifiés. Ainsi, le charbon est remplacé en partie par une industrie moins polluante pour l’air, toute chose égale par ailleurs, l’énergie nucléaire. Le chauffage des maisons individuelles au gaz ou à l’électricité a également contribué à la baisse des polluants dans l’atmosphère. De plus, l'emphase a changé les problèmes de la pollution 14 atmosphérique provoqués par l'industrie vers ceux associés aux émissions des véhicules à moteur. Ainsi, les différentes sources de pollution de l'air sont constituées aujourd'hui par : - le chauffage urbain : les combustibles utilisés vont générer différents polluants tels que le dioxyde de soufre (SO2), le monoxyde de carbone (CO), des particules fines et ultrafines en suspension (PM : Particulate Matter), le dioxyde d’azote (NO2), pour les principaux. - les activités industrielles : les industries sont des sources de pollution à la fois par les rejets dus à la combustion, mais aussi par des émissions de chlore, métaux lourds, composés organiques volatils, particules en suspension,… qui sont caractéristiques de l’activité de l’industrie. - la circulation automobile : les moteurs vont rejeter des oxydes d’azote (NOx), des oxydes de carbone (COx), du dioxyde de soufre (SO2), des particules fines, des hydrocarbures,… . Le secteur des transports a un impact notoire dans la mesure où il intervient pour une part conséquente dans les émissions de polluants réglementés. - les activités agricoles sont, elles aussi, à l’origine de pollution, notamment par l’utilisation de plus en plus importante de pesticides et d’herbicides dont les effets sanitaires sont encore mal connus. Les phénomènes de pollution atmosphérique présentent donc de multiples facettes. Ils se manifestent à tous les niveaux : à l'intérieur des locaux (par exemple : cuisinières à gaz, revêtements de sol, ...), à l'échelle locale (environnements urbains et industriels), régionale et continentale (pollution photochimique par l'ozone : O3, pluies acides...) ou planétaire (effet de serre, couche d'ozone...). 15 1.1.1. Origine de quelques polluants L'air est ainsi composé de nombreux polluants dont les sources sont multiples. Le trafic routier génère une source considérable de polluants. En effet, la présence dans l'atmosphère des oxydes d'azote, des particules en suspension et des hydrocarbures aromatiques monocycliques (et notamment le benzène) est principalement due à l'automobile. De plus, les batteries automobiles représentent à elles seules 65 à 70% des utilisations du plomb dans le monde occidental [4]. Par ailleurs, l'activité industrielle représente une autre source d'émission de polluants. Le dioxyde de soufre, le monoxyde de carbone, le cadmium, le nickel, le mercure et l’arsenic résultent majoritairement du tissu industriel. L’ozone (O3) quant à lui, est un polluant secondaire qui résulte de la transformation photochimique de polluants primaires tels que le dioxyde d'azote (NO2), les composés organiques volatils (benzène,…), sous l’effet des rayonnements ultraviolets. Les pesticides constituent un vaste ensemble de produits utilisés dans l’agriculture pour leurs propriétés herbicides, fongicides et insecticides. Ils sont issus de différentes familles chimiques (triazines, organophosphorés, carbamates, pyréthrinoïdes, organochlorés,…). Les dioxines (polychlorodibenzodioxines ou PCDD) et les furanes (polychlorodibenzofuranes ou PCDF), regroupés sous le terme de dioxines, sont des hydrocarbures aromatiques polycycliques chlorés. Ils sont principalement issus des activités d’incinération de déchets ménagers (rejetant également du mercure), de la métallurgie et de la sidérurgie. Les hydrocarbures aromatiques polycycliques sont présents dans l'atmosphère de façon naturelle (combustibles fossiles). Leur présence est aussi d’origine anthropique : raffinage du pétrole, utilisation du goudron, du charbon, du kérosène, revêtements routiers, fumée de cigarette, huile de moteur, carburants, aliments fumés ou grillés au charbon de bois, huiles, graisses,… 16 Toutefois, la composition chimique de l’air en polluants ne se limite pas à ceux cités précédemment. Selon l’environnement industriel, certains sites peuvent présenter d’autres polluants plus spécifiques, d’origine chimique ou bactérienne, en concentration non négligeable. L’ammoniac (NH3) est émis lors de l’épandage du lisier sur les terres agricoles ou lors de la fabrication des engrais ammoniaqués. L’acide chlorhydrique (HCl) et le sulfure d’hydrogène (H2S) sont des polluants rencontrés dans les émissions des usines chimiques qui utilisent ces composés. De plus, les végétaux dispersent dans l'air quantité de pollens (cyprès, graminées, platane, ambroisie, ...) qui peuvent provoquer des troubles sanitaires, à ce titre, on les classe également dans les polluants de l'air. 1.1.2. Une pollution présente à l'intérieur des habitats La pollution atmosphérique extérieure a des retombées conséquentes. En effet, des études ont mis en évidence des phénomènes de transfert de polluants vers l'intérieur des locaux. La pollution ainsi générée à l'intérieur des habitats n'est pas négligeable. Les deux études rapportées ci-dessous, ont cherché à évaluer la part de la pollution extérieure dans les teneurs intérieures en polluants. L’Université de la Rochelle et l’Association Régionale pour la Qualité de l’Air en PoitouCharentes ont obtenu une base de données expérimentales sur l’exposition aux particules des enfants en milieu scolaire [5]. Les concentrations à l’intérieur et à l’extérieur des salles de classe ont été enregistrées. Le CO2, la température et l’humidité intérieure, la pression différentielle entre l’intérieur et l’extérieur, l’occupation des locaux et l’ouverture des fenêtres ont été mesurés simultanément. Huit écoles ont été sélectionnées afin de diversifier l’exposition géographique (centre ville, périphérie de l’agglomération, bord de mer, proximité du trafic automobile ou d’industries, …). Dans chaque établissement, les enregistrements ont 17 été effectués pendant 15 jours, une fois en période hivernale et une fois en période estivale. De manière générale, les concentrations en particules sont plus fortes à l’intérieur des bâtiments qu’à l’extérieur. Les particules les plus nombreuses dans l’air intérieur comme dans l’air extérieur sont celles de très petites dimensions. La majorité des ratios concentration intérieure/extérieure (rI/E) est supérieure à 1. La valeur des ratios augmente avec le diamètre des particules. Les concentrations intérieures les plus élevées (et les rI/E) correspondent aux périodes d’occupation des classes ce qui montre l’influence majeure des phénomènes de remise en suspension sur les teneurs intérieures en particules. En conclusion, cette étude souligne le fait que les teneurs intérieures en particules dépendent principalement des transferts de pollution de l’extérieur. Par ailleurs, dans le cadre d’une étude épidémiologique montpelliéraine [6], des mesures de l’exposition individuelle au dioxyde d'azote et à l'ozone, accompagnées de mesures à l’intérieur du domicile, ont été effectuées. L’objectif général était de déterminer les effets potentiels des oxydants photochimiques sur les taux d’antioxydants plasmatiques chez des sujets exposés à des niveaux variés de ces deux polluants. Trois groupes de sujets issus d’une population urbaine, d’une population périurbaine et d’une population professionnellement exposée (chauffeurs de bus) ont participé à cette étude. Pour les 3 populations, parallèlement aux mesures à l’intérieur des habitats, des mesures ont été réalisées à l’extérieur immédiat du domicile. La campagne de mesures réalisée à l’intérieur du domicile en fonction des données de pollution extérieure en NO2 montre que les teneurs intérieures augmentent en relation avec les concentrations extérieures en NO2. Les auteurs ont également étudié la relation entre les teneurs intérieures et l’orientation de l’habitat par rapport à un axe de grande circulation. La distance à une voie à grande circulation a été classée en trois catégories : < 50 m, 50-100 m et > 100 m. Les concentrations en NO2 dans l’habitat augmentent inversement avec la distance des lieux de résidence aux axes à fort trafic (tableau I). 18 Tableau I : Concentrations moyennes en NO2 (µg/m3) à l’intérieur et l’extérieur des domiciles selon la distance aux axes routiers. Distance du lieu de résidence aux axes à fort trafic Nombre de domiciles (%) Teneurs intérieures m ± ET Teneurs extérieures m ± ET > 100 m 33 (70,3) 21,7 ± 10,0 15,4 ± 17,0 50 – 100 m 9 (19,1) 23,6 ± 15,0 22,2 ± 20,0 < 50 m 5 (10,6) 31,7 ± 15,0 31,9 ± 22,0 (m +/- ET = moyenne +/- écart-type) Le troisième type de sous-population retenu dans cette étude est constitué de participants vivant dans un lieu en retrait des axes à grande circulation. Comme pour la population professionnelle, les concentrations intérieures varient dans le même sens que la pollution extérieure. Il existe une relation significative entre les teneurs extérieures et intérieures en NO2 (r = 0,89 ; p < 0,001). (Avec p = pourcentage d'erreur). Afin d’étudier un échantillon de population plus important vivant dans un environnement différent, les chercheurs de l’équipe montpelliéraine ont appliqué leur protocole d’étude à une population francilienne. 294 volontaires ont participé à la campagne de mesures qui s’est déroulée sur deux périodes, en hiver (de février à mars 1998) et en automne (de septembre à octobre 1998). Ces travaux montrent l'existence d'une corrélation entre les concentrations extérieures en NO2 et les teneurs dans les habitats. Cette concordance est meilleure en période hivernale (r = 0,51 ; p < 0,01) qu’en automne (r = 0,29 ; p < 0,01). On observe en revanche que la pollution intérieure est liée à la proximité d’une voie à grande circulation. Un même constat avait été dressé pour les populations montpelliéraines. De plus, l’analyse des origines des teneurs intérieures a montré que sur l’ensemble des facteurs étudiés, 44 % des variations des teneurs intérieures peuvent être expliquées par l’utilisation du gaz pour la cuisson, la pollution de fond en NO2, l’équipement en appareils de chauffage à gaz et la distance de l’habitat par rapport au trafic automobile. 19 L'incidence de la pollution atmosphérique est considérable. Ces études ne viennent que confirmer les fortes présomptions de facteurs de risque : plus un domicile est proche d’un axe routier, plus les teneurs intérieures en NO2 sont élevées. En outre, les résultats d’une campagne « pilote » menée sur 99 sites (de mars à juillet 2001) attestent le fait qu’il existe une spécificité de la pollution intérieure [7]. Un certain nombre de substances est uniquement retrouvé dans les environnements intérieurs ou avec des concentrations plus élevées à l’intérieur par rapport à l’air extérieur. Pour exemple, les rapports de concentration intérieure (cuisine-chambre)/concentration extérieure en composés organiques volatils (benzène, aldéhydes, …) sont tous supérieurs ou égaux à 1. Ces composés sont largement utilisés dans la fabrication de nombreux produits et matériaux (produits d’entretien, colles, peintures, bois agglomérés, fumée de cigarette, …). Le plus souvent, les résultats du CO montrent que les valeurs les plus élevées sont rencontrées à l’intérieur des logements (avec une concentration en CO < 0,1 mg/m3). Les allergènes d’animaux (acariens, chats et chiens, …) sont quant à eux caractéristiques des environnements intérieurs. La population dans son ensemble est ainsi fortement exposée à la pollution de l’air et aux risques sanitaires qu'elle peut occasionner. 1.2. Impact sanitaire de la pollution atmosphérique L'air constitue le premier des éléments nécessaires à la vie. Chaque jour, environ 15 000 litres d'air transitent par nos voies respiratoires. Il est maintenant établi que la pollution atmosphérique constitue une menace pour l’Homme, les écosystèmes, l’agriculture, la sylviculture et le patrimoine bâti. La qualité de l’air est reconnue comme un déterminant important de l’état de santé des populations et de la qualité de vie. Les risques sanitaires ont été identifiés par de nombreuses études. 20 Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, « trois millions de personnes meurent chaque année sous l'effet de la pollution atmosphérique, soit 5 % des 55 millions de décès annuels dans le monde » [8]. 1.2.1. Un risque clairement établi : étude ERPURS, projet APHEA, programme PSAS-9 et APHEIS. 1.2.1.1. Le programme ERPURS (Evaluation des Risques de la Pollution Urbaine pour la Santé) Ce programme [9] a été lancé en 1990 à la demande du Préfet de Région et du Président du Conseil Régional d'Ile-de-France. A la suite d'une première étude écologique temporelle rétrospective, publiée en 1994, et portant sur la période 1987-1992, une nouvelle analyse a été menée par l'Observatoire régional de santé d'Ile-de-France (ORS) sur la période 1991-1995. Elle devait évaluer, au sein de la population générale, les liens à court terme entre les fluctuations de la pollution atmosphérique et le nombre journalier de décès, d'hospitalisations, de visites médicales à domicile, de consultations aux urgences pédiatriques et d'absentéisme professionnel. Les données relatives à la pollution atmosphérique ont été fournies par le laboratoire d'hygiène de la ville de Paris et Airparif, à partir du réseau de mesure de la pollution urbaine de fond. Les indicateurs de pollution étudiés ont été les particules (indice de fumée noire et particules fines de diamètre aéraulique inférieur à 13 µm), le dioxyde de soufre, le dioxyde d'azote et l'ozone. La période prise en compte par l'étude s'étend de janvier 1991 à octobre 1995. L'étude a calculé les risques pour la santé liés à des variations de pollution pour deux saisons : l'hiver (du 1er octobre au 31 mars), où les niveaux de dioxyde de soufre, d'oxydes d'azote et de fumées noires sont plus importants, et l'été (du 1er avril au 30 septembre), caractérisé par de fortes émissions de monoxyde d'azote. Deux situations ont 21 également été distinguées pour chaque saison : l'une où le niveau de pollution est « moyen », c'est-à-dire atteint ou dépassé pendant 50 % des jours d'une saison ; l'autre où le niveau de pollution est « élevé », c'est-à-dire atteint ou dépassé les neuf jours de plus forte pollution. Enfin, pour chaque indicateur de santé, la relation avec un indicateur de pollution a été étudiée avec un décalage dans le temps variant de 0 à 3 jours. L'étude a donc porté sur les effets à court terme de la pollution atmosphérique urbaine. Selon les principaux résultats obtenus en hiver, lorsque l'on passe du niveau de base au niveau moyen de pollution, les augmentations peuvent atteindre : 2 % de la mortalité cardiovasculaire, en corrélation avec l'accroissement de la concentration en dioxyde de soufre ; 11 % des hospitalisations pour asthme chez les enfants à l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), en corrélation avec le dioxyde d'azote ; 15 % des visites pour asthme effectuées par SOS-Médecins Paris, en corrélation avec les particules fines ; 3 % des consultations pour bronchiolite aux urgences pédiatriques de l'hôpital Trousseau, en corrélation avec l'indice de fumée noire ; 10 % des arrêts de travail à EDF-GDF pour affection des voies respiratoires inférieures, en corrélation avec le dioxyde d'azote. Les résultats pour la période estivale sont encore plus significatifs. Lorsque l'on passe d'un niveau de base à un niveau moyen de pollution, les augmentations peuvent aller jusqu'à : 8 % de mortalité respiratoire, en relation avec le dioxyde d'azote ; 25 % des hospitalisations pour asthme chez les enfants à l'AP-HP, en relation avec l'indice de fumée noire ; 22 % des visites pour asthme effectuées par SOS-Médecins Paris, en relation avec le dioxyde d'azote ; 10 % des consultations pour asthme aux urgences pédiatriques de l'hôpital Trousseau, en relation avec le dioxyde d'azote ; 23 % des arrêts de travail à EDF-GDF pour causes cardiovasculaires, en relation avec le dioxyde d'azote. 22 L'impact sanitaire à court terme de la pollution atmosphérique urbaine semble être bien établi par cette étude. Ses résultats sont d'ailleurs cohérents et concordants avec de nombreuses autres études épidémiologiques, dont celle du projet APHEA. 1.2.1.2. Le projet APHEA (Air Pollution and Health : an European Approach) Le projet APHEA [10] avait pour objectif de fournir des estimations quantitatives de l'impact à court terme de la pollution atmosphérique urbaine sur la mortalité et la morbidité hospitalières. Un protocole d'analyse a été élaboré dans quinze villes européennes. Les conclusions montrent que pour une augmentation de 50 µg/m3 des niveaux journaliers de pollution, on constate dans les jours qui suivent une augmentation : de 1 à 3 % de la mortalité totale non accidentelle, de 1 à 4 % de la mortalité pour causes cardio-vasculaires, de 1 à 3 % du nombre journalier d'hospitalisations pour causes respiratoires chez les patients âgés de 65 ans et plus, de 1 à 8 % des hospitalisations pour asthme chez les enfants et de 1 à 4 % des hospitalisations pour broncho-pneumopathies chroniques obstructives. Là encore, une association est établie, sur le court terme, entre fluctuations de la pollution atmosphérique urbaine et événements sanitaires. 1.2.1.3. Absence de seuil de dangerosité Par ailleurs, la première phase d'une étude épidémiologique sur les effets de la pollution de l’air sur la santé (PSAS-9 : Programme de Surveillance Air & Santé – 9 villes [11]) a montré l'existence d'une association de type linéaire, sans seuil entre les variations de pollution atmosphérique et la mortalité quotidienne, cardio-vasculaire et respiratoire. Le réseau PSAS-9 repose sur neuf pôles locaux implantés dans les villes de Bordeaux, Le Havre, Lille, Lyon, 23 Marseille, Paris, Rouen, Strasbourg et Toulouse et une coordination nationale assurée par l’Institut de Veille Sanitaire (InVS). Ainsi, il n’a pas été mis en évidence de seuil en deçà duquel la pollution photochimique n’aurait pas d’effet sur la santé, y compris pour des taux inférieurs au seuil d’information. Le graphique suivant illustre la relation énoncée précédemment à savoir l'absence de seuil polluants-effets sanitaires. Il décrit l'excès de risque de mortalité totale corrélé à une augmentation de quatre polluants atmosphériques : le dioxyde d'azote (NO2), les fumées noires (FN), le dioxyde de soufre (SO2) et l'ozone (O3). Figure 1 : Relation « Exposition aux polluants-risque de mortalité totale » Ainsi, il est aujourd’hui clairement établi que même à des niveaux faibles, la pollution peut avoir des effets néfastes sur la santé. 24 1.2.1.4. Le projet APHEIS (Air Pollution and Health : an European Information System, 1999) Une autre approche a été étudiée dans le cadre du programme APHEIS [12], basé sur un réseau de 26 villes européennes. En effet, la deuxième et la troisième phase de ce projet sont consacrées à l'estimation de la mortalité anticipée et du gain espéré en espérance de vie dans l'hypothèse d'une réduction des teneurs en particules. Ainsi, pour toutes les villes étudiées, 5547 décès auraient pu être évités annuellement si l'exposition à long terme aux concentrations ambiantes des particules (PM10) était abaissée de 5µg/m3 dans chaque ville. De plus, les chercheurs estiment que 21 828 décès par an seraient évités, sur une exposition à long terme à des niveaux en PM10 réduits à 20 µg/m3. Enfin, l'estimation du gain obtenu en espérance de vie, si les teneurs annuelles en PM2,5 n'excèdent pas 15 µg/m3, serait, en moyenne, compris entre 2 et 13 mois. 1.2.2. Les "différentes pollutions" et la santé On distingue deux approches de pollution atmosphérique. D'une part les "pics" de pollution et d'autre part l'exposition chronique à de faibles doses de polluants. La question des risques pour la santé de la pollution atmosphérique se résume souvent à celle de l’impact des "pics" de pollution. L’habitude prise de parler des "pics" de pollution nous vient de l’histoire des connaissances scientifiques sur les effets de la pollution atmosphérique sur la santé. En effet, les "archives" de la pollution atmosphérique sont marquées par des épisodes dramatiques survenus dans les années 30 et 50 (Vallée de la Meuse, Londres, Donora...). Pour exemple, lors de l’épisode du smog londonien [13], au cours de l’hiver 1952, les fumées noires ont atteint des concentrations maximales journalières de 2 650 µg/m3 et le SO2 de 1260 µg/m3. On a pu estimer que cette situation a occasionné un excès de l’ordre de 3 500 à 4 000 décès 25 par rapport aux années antérieures et à d’autres villes britanniques. Plus de 80 % de cet excès de mortalité ont été attribués à des causes cardio-respiratoires, et plus des 2/3 des décès survenus alors concernaient des personnes âgées de plus de 65 ans. En effet, hormis les pics de pollution, le problème en matière de pollution atmosphérique et de santé publique est celui d'une exposition chronique de l'ensemble de la population à de faibles concentrations en polluants. Cette exposition n'a rien de volontaire, personne ne peut choisir l'air qu'il respire. Des travaux sur les effets chroniques (à long terme) de la pollution de l'air ont cherché à quantifier les effets d'une telle exposition. Ainsi une étude américaine de l'American Cancer Society publiée en 2002 [14] et réalisée sur 20 ans et 1,2 millions d'américains a mis en évidence une hausse de la mortalité. L'augmentation de 10 µg/m3 de la concentration en particules est corrélée à la survenue de 4% des décès toutes causes confondues, de 6% des décès dus à des pathologies cardio-vasculaires et 8% dus au cancer du poumon. Les effets à long terme de la pollution atmosphérique seraient quinze fois plus importants que les effets à court terme par comparaison avec une autre étude américaine [15]. Cette dernière a évalué la mortalité dans les jours qui suivent l'exposition à la pollution atmosphérique (effets à court terme). Elle l'a estimée entre 0,24 et 0,41% pour une augmentation de 10 µg/m3 des particules « PM10 » sur 90 villes américaines. Sur ce point, une étude similaire européenne publiée dans la revue médicale britannique " The Lancet " [16], donne des résultats semblables. Cette étude menée en Suisse, France et Autriche, avait pour objectif d’estimer l’importance des coûts sanitaires liés à la pollution atmosphérique et en particulier, la part liée à l’automobile. Selon les auteurs, la pollution atmosphérique, pour une exposition à long terme, serait la cause de 6 % de la mortalité totale dans les trois pays considérés, soit plus de 40 000 décès par an. Près de la moitié de ceux-ci serait attribuable à la pollution d'origine automobile. Cette dernière serait en outre responsable de plus de 25 000 cas de bronchites chroniques chez les adultes, plus de 290 000 épisodes de 26 bronchites chez les enfants, plus de 500 000 crises d'asthme et enfin plus de 16 millions de journées d'activité réduite. L'étude estime, par ailleurs, que le nombre de décès liés à la pollution atmosphérique serait le double de celui causé par les accidents de la route. Tous ces travaux mettent donc en évidence l'importance en terme de santé publique des effets à long terme de la pollution atmosphérique. 1.2.3. Description des effets sanitaires de quelques polluants (Annexe 3) La pollution atmosphérique est ainsi un mélange complexe de centaines, voire de milliers d’espèces chimiques. Chacune d’elles a ses propres effets sur la santé, auxquels s’associent ceux des polluants émis ou formés avec elle. Les études épidémiologiques ont permis d’identifier les principaux effets nocifs des différents polluants. Les effets sanitaires des polluants atmosphériques sont multiples. Ils dépendent avant tout du mode de pénétration dans l'organisme. En effet, certains polluants s'introduisent dans l'organisme via les voies respiratoires, ils peuvent y persister ou passer dans le sang par diffusion à travers les membranes alvéolo-capillaires. Ce mode d'absorption se retrouve avec la majorité des polluants. Néanmoins, certains d'entre eux sont assimilés par voie digestive tels le plomb (également absorbé par voie pulmonaire) et l'arsenic. Les mécanismes de toxicité sont de diverses natures et certains sont communs pour plusieurs polluants. Les phénomènes inflammatoires représentent un risque fréquent, souvent à l'origine d'affections des voies respiratoires. L'effet sanitaire des particules est essentiellement lié au déclenchement d'une inflammation. Ce mécanisme est également observé avec l'ozone. 27 La toxicité des polluants se retrouve principalement au niveau pulmonaire. Ceux-ci jouent un rôle important dans la survenue de bronchites chroniques, de crises d'asthme, d'infections pulmonaires (notamment chez l'enfant avec le NO2), d'emphysème, de fibrose pouvant aller jusqu'à la survenue de cancers pulmonaires. En outre, certains d'entre eux, comme l'ozone et le dioxyde d'azote, diminuent le seuil de réactivité aux allergènes chez l'asthmatique. Par ailleurs, un autre mode de toxicité couramment observé consiste en la formation de radicaux libres. C'est le cas notamment lors des intoxications à l'ozone, au dioxyde d'azote, aux particules, au benzène, au plomb, au HAP et aux dioxines-furanes. Ainsi, la pénétration dans l'organisme de ces polluants, peut induire des réactions d'oxydation (peroxydation des lipides membranaires par exemple) et la formation d'intermédiaires réactifs. Ces derniers sont capables de se lier aux molécules d'ADN, d'ARN et aux protéines. Il s'ensuit un dysfonctionnement de la synthèse protéique, conduisant dans la majorité des cas à des effets mutagènes, cancérogènes et tératogènes. Le potentiel cancérogène de certains polluants est inscrit dans la classification du CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) et/ou de l'Union Européenne. De surcroît, certains polluants ont une affinité particulière pour des tissus ou des organes. Par exemple, le benzène, molécule lipophile, a une forte affinité pour les graisses et la moelle osseuse. Il est de ce fait responsable de dysfonctionnements au niveau de l'hématopoïèse et de la survenue de leucémie. Les dioxines-furanes ont eux aussi une affinité pour les graisses (demi-vie de 7 ans). Le plomb, quant à lui a une affinité pour l'os, sa demi-vie à ce niveau est de 9 ans environ. Le relargage du plomb dans le sang et les tissus est donc, essentiellement lié à la résorption osseuse physiologique. D'autres métaux lourds ont également tendance à s'accumuler préférentiellement dans des organes (reins, foie, pancréas, glandes salivaires et thyroïde, ...). Par exemple, la demi-vie du cadmium dans les reins est de 20 à 30 ans. Ainsi, selon les différentes voies de toxicité, la pollution atmosphérique peut générer de nombreux troubles physiologiques. Elle est notamment responsable de troubles cardio- 28 vasculaires (troubles du rythme cardiaque, angine de poitrine, infarctus du myocarde, ...) avec le mercure, le monoxyde de carbone, les particules en suspension (modifications du compartiment sanguin) ; les dioxines-furanes seraient à l'origine d'une augmentation de la mortalité cardio-vasculaire, ... . De plus, l'atteinte de la fonction rénale (néphropathie irréversible, insuffisance rénale chronique, ...) est observée à la suite d'une intoxication par les métaux lourds (mercure, plomb, cadmium, ...), par le monoxyde de carbone, ... . Des troubles neurologiques, à savoir un retard psychomoteur, des troubles de la mémoire, des syndromes dépressifs, des neuropathies périphériques, ont été décrits après une exposition au plomb, au mercure, aux pesticides, et avec bien d'autres polluants. Par ailleurs, l'apparition de troubles digestifs est connue lors d'une intoxication au plomb ("colites" de plomb) caractérisées par des douleurs abdominales intenses accompagnées de nausées et de vomissements et d'une hypertension artérielle. Il a également été noté une atteinte des organes des sens : irritations oculaires avec l'ozone, des troubles de l'audition avec le plomb, des diminutions de la perception visuelle avec le monoxyde de carbone, ... . La pollution atmosphérique peut, en outre, être la cause de troubles cutanés (dermatoses eczématiques avec le nickel) et squelettiques (interférence du cadmium avec le métabolisme calcique). Enfin, certaines études ont évoqué des affections du système reproductif (plomb, dioxines-furanes). De surcroît, l'impact sanitaire des polluants peut différer selon qu'il s'agit d'une exposition à court terme ou une exposition chronique. En effet, il a été observé, avec l'ozone, un phénomène de tolérance responsable de troubles respiratoires chroniques (bronchopathie, emphysème, fibrose). Par ailleurs, les effets du benzène et du cadmium sont surtout dus à une exposition à long terme. Quant aux expositions à long terme aux polluants de l'air, le recul est, dans la majorité des cas, insuffisant. L'évaluation de l'impact sanitaire devra être confortée par des travaux futurs. 29 Au demeurant, un fait important à considérer est l'exposition professionnelle à certaines substances chimiques (plomb, nickel, benzène, pesticides, ...). Pour exemple, l'intoxication au plomb, dénommée saturnisme est reconnue comme maladie professionnelle depuis 1919. 1.2.4. La pollution atmosphérique comme co-facteur de certaines maladies Une autre approche consiste à considérer la pollution atmosphérique comme co-facteur de pathologies. Il sera fait état ici de certaines maladies : asthme, pathologies cardio-vasculaires et cancers. 1.2.4.1. Asthme Le contact des polluants atmosphériques avec la muqueuse des voies aériennes peut être pourvoyeur d’affections respiratoires. Ces dernières englobent les pathologies aiguës (rhinite, sinusite, bronchite, …) et les maladies chroniques des voies aériennes inférieures (asthme, infections pulmonaires, emphysème, …). Il sera fait état ici du rôle de la pollution atmosphérique dans la survenue et l’aggravation de la maladie asthmatique. En France, 20 à 25% de la population générale présente un terrain atopique. L’importance et l’augmentation de la prévalence des pathologies allergiques respiratoires comme l’asthme et la rhinite perannuelle et saisonnière, notamment chez l’enfant, constituent un problème de santé publique majeur. Cette prévalence a doublé depuis une vingtaine d’années dans les pays industrialisés. L’asthme est la plus fréquente des maladies infantiles chroniques. D’après l’étude ISAAC (International Study of Asthma and Allergies in Childhood), réalisée dans le but de mieux connaître les facteurs de risques de ces affections, la prévalence de l’asthme est de l’ordre de 7% chez les enfants (6-7 ans) et de 10,6 % chez les adolescents (13-14 ans) [17]. 30 De plus, il est admis que dans 10 à 20% des cas d’asthme de l’adulte, l’exposition professionnelle est impliquée. Les travailleurs sont souvent jeunes et même après la suppression de l’agent causal, la maladie perdure fréquemment. Au sein de la population générale, le rôle de plusieurs facteurs environnementaux est démontré dans le déclenchement ou l’aggravation de la maladie asthmatique. En synergie avec les facteurs de risque spécifiques (allergènes), le rôle des facteurs non spécifiques (irritants) dans la genèse de cette augmentation de fréquence a été soulevé. Parmi ces derniers figurent les polluants atmosphériques dont la concentration s'est élevée, ou dont la nature s’est modifiée (pour certains du moins) durant ces dernières années. L’exposition aux pollens, fluctuant selon les régions et les saisons est responsable de pollinoses de plus en plus courantes. Par ailleurs, l’exposition aux particules fines, provenant du trafic automobile constitue un facteur de potentialisation de la réponse allergique des voies respiratoires. Chez les personnes asthmatiques, une étude [18] a montré qu’une augmentation de 10 µg/m³ de PM10 était associé à une augmentation des crises d’asthme (+3%), de l’utilisation d’un bronchodilatateur (+2,9%), de visites aux urgences (+3,4%) et d’hospitalisation pour crise d’asthme (+1,9%). L’ozone, par le déclenchement d’une réaction inflammatoire, tel énoncé précédemment, est reconnu comme toxique respiratoire. Une hypothèse a également été développée selon laquelle la pollution (principalement les oxydes d’azote et l’ozone) augmenterait le potentiel allergisant des pollens et de ce fait le pollen constituerait un risque plus élevé qu’en absence de pollution atmosphérique. De faibles concentrations d’ozone pourraient, en effet, augmenter le seuil de sensibilité bronchique aux allergènes. Plusieurs études ont montré le rôle synergique de l’ozone sur la réponse bronchique spécifique à l’allergène. La dose d’allergène de Graminées et d’Herbacées nécessaire pour provoquer une chute du VEMS (Volume Expiratoire Maximum Seconde) de 15% était deux fois moindre après inhalation d’ozone. Ceci est particulièrement important 31 lorsque l’on sait que des pics de forte concentration de pollens de Graminées (mai, juin, juillet) peuvent coïncider avec des périodes de forte concentration d’ozone. [19] D’autres substances s’associent encore à l’effet des polluants extérieurs. En effet, l’exposition aux allergènes d’animaux, à la fumée de tabac, aux émanations de produits domestiques, … constitue un co-facteur de risque important dans l’apparition ou l’aggravation d’asthme. L’environnement extérieur joue donc un rôle non négligeable dans la survenue de maladies allergiques. Il est également impliqué dans d’autres pathologies respiratoires telles que la toux, les rhinites, les broncho-pneumopathies chroniques obstructives, les cancers pulmonaires, … 1.2.4.2. Pathologies cardio-vasculaires L’impact de la pollution atmosphérique sur la santé cardio-vasculaire est devenu un enjeu considérable en matière de santé. La fonction respiratoire n’est pas la seule cible des polluants de l’air. Le nombre de pathologies incriminées est conséquent. Il s’agit d’hypertension artérielle, de cardiopathies (infarctus, angor, …), de maladies artérielles (athérosclérose, …), et veineuses (thrombose, …), d’accidents vasculaires cérébraux et d’affections cardio-pulmonaires. Le lien entre pathologies cardio-vasculaires et pollution atmosphérique a été évoqué à la suite de l’épisode de la vallée de la Meuse en 1930 et du smog londonien en 1952 [13] (plus de 80 % de l’excès de mortalité ont été attribués à des causes cardio-respiratoires). Dès lors, de nombreuses études se sont succédées afin d’étayer cet impact de la pollution. Ces études épidémiologiques s’appuient sur des indicateurs de morbidité (essentiellement) et de mortalité. 32 Pour exemple, le programme PSAS-9 [11], portant sur neuf villes françaises, a estimé le nombre de décès anticipés attribuable à la pollution atmosphérique. Pour ce faire, ce nombre de décès a été calculé avec l’hypothèse d’une réduction des niveaux d’exposition. Ainsi, le nombre de décès dans les neuf zones est de 265 pour la mortalité totale dont 107 décès pour causes cardio-vasculaires et 23 pour causes respiratoires. De plus, le projet APHEA [10] montre que pour une augmentation de 50 µg/m3 des niveaux journaliers de pollution, on constate dans les jours qui suivent une augmentation de 1 à 4 % de la mortalité pour causes cardio-vasculaires. Une étude américaine [20] rapporte que l’exposition aux particules (PM10) et au monoxyde de carbone est corrélée au risque d'admissions hospitalières pour pathologies cardiovasculaires. L’augmentation des admissions est de 2,75 % [CI = 0,52 % - 5,04 %] pour une hausse de 23 µg/m3 en PM10 et de 2,79 % [CI = 0,51 % - 5,41%] pour une augmentation de 1,66 ppm en monoxyde de carbone. En revanche, l’association avec les autres polluants était moindre. Le monoxyde de carbone, par son mécanisme de toxicité, fait partie des polluants ayant des effets ciblés sur le système cardio-vasculaire. En effet, tel qu’il a été décrit précédemment, le CO a une affinité pour l’hémoglobine 220 fois plus forte que celle de l’oxygène. La quantité en oxygène au niveau des organes et notamment du cœur se trouve alors amoindrie, avec tous les méfaits que cela peut entraîner. Le dioxyde d’azote induit également des troubles cardio-vasculaires. Cette association a été mise en évidence dans de nombreux travaux, notamment dans l’étude APHEA [10]. Dans les villes d’Europe occidentale incluses dans le programme, une augmentation de 50 µg/m3 des concentrations quotidiennes de SO2 s’accompagne d’un accroissement de 4% du nombre de décès quotidiens par pathologies cardio-vasculaires (IC : 1 - 6 %). De plus, à la suite d’une intoxication au plomb, les colites générées sont fréquemment accompagnées d’hypertension artérielle. 33 Par ailleurs, la toxicité des polluants sur la fonction cardio-vasculaire peut être due soit à un effet direct sur le cœur et le compartiment sanguin ou bien être la conséquence d’une diminution de la capacité pulmonaire. En effet, la défaillance de la fonction ventilatoire (diminution du volume expiratoire, inflammation, …) induit une diminution du taux d’oxygène dans le sang. Ainsi, la teneur en oxygène qui arrive au cœur via les veines pulmonaires est moindre. Le cœur va alors réagir automatiquement afin de retrouver des conditions physiologiques optimales. Le rythme cardiaque sera accéléré, conduisant à une fatigue du cœur et générant des pathologies de la sphère cardio-vasculaire (maladies ischémiques, insuffisance cardiaque, ...). Tous les polluants ayant un effet sur la fonction respiratoire sont susceptibles d’entraîner, à plus ou moins long terme, des troubles cardiovasculaires. Les personnes dont la fonction cardio-vasculaire est déjà affaiblie seront particulièrement affectées par les effets des polluants. En conclusion, il est confirmé que la pollution atmosphérique a un rôle non négligeable de cofacteur dans l’apparition de pathologies cardio-vasculaires. En revanche, la pollution n’est qu’un facteur de risques cardio-vasculaires parmi de nombreux autres. En effet, le tabagisme, le stress, l’obésité, … sont des facteurs notoires dans l’apparition et l’aggravation de ces maladies. 1.2.4.3. Cancer En France, au cours de ces vingt dernières années, l’augmentation de l’incidence des cancers a été estimée à 35%. Les cancers sont la première cause de décès chez l’homme. En 2000, ils correspondaient à 32,5% des décès masculins contre 23% des décès féminins. L’augmentation des cancers de la prostate chez l’homme et du cancer des poumons chez la femme prédomine. 34 Néanmoins, d’autres cancers sont également en hausse, tels que, les mélanomes, les cancers du foie, de la thyroïde, des reins, les lymphomes malins non hodgkiniens et les tumeurs du système nerveux central [21]. Cependant, les risques de certaines tumeurs sont encore mal identifiés, ce qui laisse présager une influence des facteurs environnementaux. Ainsi, des études ont montré qu’il existe une relation entre cancer et pollution atmosphérique. Un rapport publié dans le "Journal of the American Medical Association" (Jama) [22] met en évidence les relations entre l’exposition à long terme aux particules fines émises par les véhicules et l’augmentation des cancers du poumon. Les résultats affirment que les particules et les oxydes de soufre sont responsables de l’augmentation des cancers du poumon et de la mortalité cardio-pulmonaire. L’augmentation de 10 µg/m3 des particules fines dans l’air accroît le risque de mortalité lié aux cancers de toutes natures de 4%, aux accidents cardiopulmonaires de 6% et aux cancers du poumon de 8%. Environ 10% des quelques 10 000 décès annuels par cancer du poumon seraient attribués aux particules fines [23]. L’évolution des connaissances scientifiques a permis de classer le potentiel cancérogène de certains polluants selon deux classifications : la classification CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer, rattaché à l’OMS) et celle de l’Union Européenne [24]. (Annexe 4 et 5) La population générale est donc potentiellement exposée à de nombreux agents cancérogènes. Les risques les plus fréquents liés à l’exposition à la pollution atmosphérique ambiante concernent les cancers des voies respiratoires et les cancers sanguins. Parmi les cancers pulmonaires, le poids sanitaire du tabac a une place de co-facteur d’aggravation prépondérante. 35 Par ailleurs, il convient de distinguer l’apparition d’un cancer due à une exposition ambiante ou celle due à une exposition professionnelle. En effet, certains cancers ont été reconnus comme maladies professionnelles. Les cancers incriminés sont principalement les cancers broncho-pulmonaires, les mésothéliomes, les cancers naso-sinusiens, les tumeurs pleurales et les leucémies. Les substances responsables sont essentiellement l’amiante, les poussières de bois, le benzène (dont les effets sont décrits précédemment) et les rayons ionisants. Il est donc très vraisemblable que les facteurs environnementaux contribuent à l’augmentation du risque de cancers, même si la part qui leur est attribuable est difficile à évaluer. 2. Qu’est ce qu’une personne sensible ? Pour un même niveau de pollution, la grande majorité des individus ne ressentira aucun symptôme tandis que certaines personnes peuvent voir leur santé s’altérer, soit parce qu’elles sont "fragiles", soit parce qu’elles sont exposées à d’autres pollutions qui vont aggraver l’effet de la pollution atmosphérique. La sensibilité vis à vis de la pollution atmosphérique est donc très variable selon les personnes. Avant de caractériser une personne sensible à la pollution atmosphérique, il est important de définir l'exposition. En effet, l'exposition est le contact entre un agent chimique, physique ou biologique et un organisme vivant. On détermine ainsi la sensibilité d'une personne aux polluants de l’air, en examinant dans quelle mesure cette dernière est affectée, négativement ou positivement, par les polluants atmosphériques. Le degré de sensibilité tient à plusieurs variables dont, l'importance du danger et l'état de santé préexistant. Les études des effets sanitaires de la pollution atmosphérique, doivent tenir compte de cette susceptibilité individuelle. 36 2.1. Qui sont les personnes sensibles à la pollution atmosphérique ? D'après les postulats précédents, certains groupes sont considérés pour diverses raisons comme possédant une susceptibilité accrue à la pollution atmosphérique. Ainsi, un risque supérieur, par rapport au reste de la population vis à vis des effets délétères de la pollution atmosphérique sur la santé est attribué aux enfants, aux personnes âgées, aux individus fragilisés par une pathologie cardio-vasculaire ou respiratoire, aux femmes enceintes, aux sportifs, ... . Dans le souci de cibler de manière rigoureuse les personnes les plus vulnérables aux effets de la pollution atmosphérique, la suite de cette étude est consacrée à l'analyse de différents travaux réalisés sur cette problématique. 2.1.1. Les enfants De nombreuses études sont consacrées à l'impact sanitaire de la pollution atmosphérique sur les enfants. 2.1.1.1. Une physiologie différente de l'adulte Une étude américaine [25] s’est intéressée à la fragilité des enfants face à la pollution atmosphérique. Ces travaux montrent l’impact significatif des polluants atmosphériques sur les poumons durant la période de vie pré ou post-natale. En effet, le développement des poumons débute durant l’embryogenèse et se poursuit lors de la phase fœtale. A la naissance, 80% des alvéoles sont formées, la multiplication des alvéoles 37 pulmonaires se poursuit jusqu’à l’âge de trois ans. La croissance et la maturation pulmonaire sont très fortes jusqu’à l’âge de huit ans et le processus s’arrête à l’âge de 18 ans. De plus, il a été montré que l’exposition aux particules atmosphériques est corrélée avec l’accélération de la maturation de cellules spécifiques des poumons du fœtus. Les effets engendrés par ce phénomène chez l’adulte ne sont pas connus. Par ailleurs, étant donné que la maturation et la division des cellules pulmonaires se poursuivent durant la période postnatale, l’exposition aux polluants influence la différenciation, la prolifération des cellules et la croissance des tissus. Il en ressort que le développement anormal des fonctions pulmonaires, dû aux polluants et survenant durant la période périnatale est acquis et persiste chez l’adulte. Le tableau II propose une mise en parallèle entre le système respiratoire d'un enfant et celui d'un adulte. Ces différences mettent en exergue la vulnérabilité importante des enfants. Tableau II : Comparaison du système respiratoire de l’enfant et de l’adulte Surface alvéolaire (m²) Fréquence respiratoire (inspiration/min) Volume ventilatoire (mL/kg/min) Enfants de moins de 8 ans Adultes 3 75 40 15 133 2 En outre, beaucoup d’enzymes ayant un rôle fondamental sur le métabolisme pulmonaire ne sont pas complètement développées à la naissance. Une partie de ces enzymes est responsable de la détoxification des xénobiotiques. La glutathion-S-transférase, l’époxyde hydroxylase, les superoxide dismutases, les catalases, la glutathion peroxydase, par exemple, apparaissent durant la période prénatale. Une autre famille d’isoenzymes, essentielle à la détoxification des xénobiotiques, les cytochromes P450 mono-oxygénases, se forme à la fin de la gestation et au début de la période postnatale. L’exposition aux toxiques environnementaux durant cette période de la vie, altère considérablement ce groupe d’isoenzymes et limite ainsi les phénomènes de détoxification essentiels à la protection de l'organisme. 38 Une étude de l’OMS, [26] a également mis en évidence l’immaturité du système respiratoire de l’enfant, lui conférant une grande fragilité. En effet, la fréquence respiratoire des enfants est plus élevée que celle d’un adulte. Cette dernière est d’autant plus importante qu’elle est associée à la pratique d’une activité physique. La ventilation des poumons est alors accrue, la quantité d’air brassée est supérieure par rapport à celle d'une personne sédentaire (quantité d’air entrant dans les poumons par kg de poids plus forte). La diffusion des polluants dans l’organisme est donc plus importante. Par ailleurs, le système de métabolisme est immature durant la première année de vie de l’enfant, ces résultats rejoignent ceux de l'étude précédente (carence enzymatique, …). Enfin, l’étude souligne que la petite taille d’un enfant rend l’interaction avec le milieu physique plus étroite (proximité des pots d’échappement, …) ce qui contribue à accroître la vulnérabilité des enfants face à la pollution atmosphérique. 2.1.1.2. Les enfants cliniquement sains et la pollution atmosphérique Une étude italienne [27] a exploré l’impact sanitaire du trafic routier (véhicules lourds) chez des enfants. Les résultats témoignent d’une augmentation de 40% des maladies respiratoires précoces (avant l’âge de 2 ans). Ainsi, il a été mis en évidence une forte corrélation entre le trafic routier et ces pathologies précoces : bronchites récurrentes (OR : 1,69, CI = 1,24-2,30), bronchiolites (OR : 1,74, CI = 1,09-2,77) et pneumonies (OR : 1,84, CI = 1,27-2,65). La forte densité du trafic est également corrélée avec un accroissement de 30% des pathologies respiratoires de l’enfant (de plus de deux ans) : bronchites sévères avec des sifflements persistants durant 2 mois (OR : 1,68, CI = 1,14-2,48), sévères sifflements respiratoires perturbant l’élocution (OR : 1,86, CI = 1,26-2,73). 39 Par ailleurs, lors du 87e congrès annuel de la Société de Radiologie d'Amérique du Nord, de nouvelles informations ont été apportées. Les enfants qui grandissent au milieu des villes polluées encourent un risque de lésions pulmonaires, alors même qu'ils apparaissent en parfaite santé. Les précédentes recherches avaient souligné un risque plus important de troubles respiratoires (en particulier l'asthme) chez les enfants vivant dans des zones de forte pollution atmosphérique. Mais cette étude va plus loin en comparant les radiographies pulmonaires de 241 enfants vivant à Mexico. Les chercheurs américains et mexicains ont réalisé également des scanners chez les jeunes présentant des changements anormaux. Bien que tous les enfants paraissaient en bonne santé : 63 % des enfants en zone urbaine présentaient des inflammations excessives des deux poumons ; plus de la moitié (52 %) ont montré des quantités anormales de marques interstitielles, signes d'anomalies pulmonaires futures. Les anomalies constatées (hyper-inflammation et marques interstitielles) ont été statistiquement reliées aux niveaux de pollution atmosphérique liés aux particules atmosphériques volatiles et au niveau d'ozone. Durant les 20 mois d'étude, les limites en ozone étaient dépassées au moins quatre heures par jour et celles liées aux particules volatiles étaient au-dessus des seuils américains. En 2003, le CIRS (Comité International de la Recherche Scientifique) [28] a approfondi l’impact de la pollution atmosphérique sur les enfants. Les enfants vivant en air pollué encourraient un risque cinq fois supérieur de fonctions pulmonaires cliniquement basses, soit moins de 80% de la fonction attendue à leur âge. Dans ce sens, une étude européenne [29], portant sur près de 1 000 enfants de 8 ans environ, résidant pendant au moins 3 ans dans 9 communes autrichiennes a évalué l'impact de la pollution atmosphérique sur la capacité vitale forcée. Des tests fonctionnels ont été pratiqués sur les enfants tous les 6 mois, en dehors des pointes d’ozone saisonnières. Les résultats sont inquiétants, la croissance de la capacité vitale forcée au fil des 3 années est réduite (moins de 40 2 % en moyenne) pour des écarts de concentration moyenne d’ozone de 10 µg/m3. Sur la période, les niveaux d’ozone étaient assez modestes en moyenne (entre 36 et 80 µg/m3 en 1994). La pollution de l’air entrave donc le développement pulmonaire et limite la capacité respiratoire pour le restant de la vie. 2.1.1.3. Pollution atmosphérique et pathologies respiratoires de l'enfant De nombreuses études ont mis en exergue le rôle de co-facteur des pathologies respiratoires préexistantes chez l’enfant dans la survenue d’effets secondaires à une exposition aux polluants atmosphériques. Les travaux d’une équipe hollandaise ont développé cette hypothèse [30]. L’analyse porte sur un panel d’enfants atteints ou non d’une hyperréactivité bronchique et ayant une concentration élevée (>90 KU/L) ou normale en immunoglobulines E (IgE). Les résultats sont regroupés dans le tableau qui suit. Tableau III : Prévalence des pathologies des voies aériennes profondes : Enfants : Taux IgE > 90KU/L Taux IgE normal Avec hyperréactivité bronchique Sans hyperréactivité bronchique - 32 à 139 % pour une augmentation de 100 µg/m3 des PM10 - 28 à 149 % pour une augmentation de 40 µg/m3 (SO2) - 6 à 31 % pour une augmentation de 40 µg/m3 (FN, SO2, NO2) - 28 % pour une augmentation de 40 µg/m3 (FN) Pas d’association significative Pas d’association significative Cette étude souligne la vulnérabilité des enfants présentant une fragilité respiratoire. De plus, deux chercheurs américains, Dockery et Pope [31] ont corrélé leurs résultats avec ceux de l’étude hollandaise. Ils estiment à 3% l’augmentation de prévalence de troubles respiratoires 41 profonds pour une augmentation de 10 µg/m3 des PM et à 0,7% celle concernant les pathologies des voies aériennes supérieures avec les PM (diamètre < 10µm). Une étude allemande [32] a développé l’impact des polluants atmosphériques chez des enfants asthmatiques (hiver 1991-1992). Les variables analysées sont le volume expiratoire, les symptômes tels que fièvre et toux, la prise de médicaments et l’absentéisme scolaire. Le risque est important, il est caractérisé par une diminution du volume expiratoire (- 0,08 % pour une augmentation de 10 µg/m3 en PM10) et une symptomatique pulmonaire (augmentation de 35% de la toux pour des concentrations en SO2 de 200 µg/m3 et en particules acides de 4,8 µg/m3). Les cas de fièvre, d’augmentation de la prise de médicaments contre l’asthme et d’absences scolaires répétées, sont peu fréquents. Des travaux [33] réalisés par des chercheurs français étayent les avancées précédentes concernant les effets d’une pollution modérée (NO2, O3, PM10 et FN) sur la fonction respiratoire d’enfants asthmatiques. Tableau IV : Résultats pour un échantillon de 82 enfants Symptomatique Prévalence (%) Crise d’asthme Toux nocturne Essoufflement Infections respiratoires Irritations oculaires Irritation de la gorge Irritation du nez 1,9 7,9 9,2 0,8 9,0 10,0 17,1 La crise d’asthme est associée à une augmentation en ozone, surtout lors de synergie avec une exposition aux pollens et lors de fortes chaleurs. La prévalence des infections respiratoires est associée à une exposition aux fumées noires, au dioxyde d’azote et à l’ozone. Les irritations surviennent avec tous les polluants. 42 Enfin, les facteurs environnementaux pourraient contribuer à la survenue d’une bronchiolite au cours d’une primo-infection à VRS (virus respiratoire syncytial humain). Cependant, ils apparaissent plus vraisemblablement comme facteurs de récidives plutôt que cause initiale de la pathologie. La pollution est un facteur aggravant de cette maladie. Dans ce contexte, les chiffres de l'Institut de veille sanitaire [34] rapportent que la bronchiolite, maladie rare il y a de cela quelques décennies, augmente de 9 % par an et affecte aujourd'hui dans notre seul pays plus de 450 000 enfants. Ces données sont à associer aux résultats obtenus dans le cadre de l'étude ERPURS (citée précédemment) où il est observé une augmentation de 3 % des consultations pour bronchiolite aux urgences pédiatriques en corrélation avec l'indice de fumée noire. 2.1.1.4. Cancers infantiles et pollution atmosphérique Une étude américaine [35] confirme les conséquences désastreuses de la pollution atmosphérique chez les plus jeunes enfants, exposés in utero ou après leur naissance. Selon ce travail, ils seraient particulièrement exposés aux cancers infantiles. Le travail des chercheurs révèle une augmentation du risque de cancers chez les jeunes enfants habitant dans un rayon de 300 m à 1 Km autour d'une source de pollution, tout particulièrement liée aux gaz d'échappements de moteurs. Bien qu’il existe un risque relatif excessif avec les PM10, les NOx, le benzène, les dioxines, …, le butadiène et le CO figurent parmi les principaux coupables. La proximité (< 0,5 Km) des gares routières, des chemins de fer, des installations de stockage de produits pétroliers et des centres industriels de transport augmente le risque de développement de cancer chez l’enfant. L’exposition au 1,3-butadiène et la proximité d’une gare routière entraînerait un risque relatif de cancers infantiles de 12,6 (d’après les données de mortalité par cancer des enfants nés de 1955 à 1980). 43 La conclusion de l'étude est sans appel : les cancers des enfants sont fortement déterminés par des expositions in utero ou post-natales aux gaz provenant de la combustion du pétrole. 2.1.1.5. Activités sportives de l'enfant et pollution atmosphérique Une étude publiée « The Lancet » [36] a exploré la relation entre des cas nouvellement diagnostiqués d’asthme et les sports d’équipe dans une cohorte d’enfants (âgés de 9 à 16 ans sans antécédents asthmatiques) exposés à différentes concentrations de polluants atmosphériques. Les enfants sont suivis pendant 5 ans. Dans les communautés à haute concentration d’ozone, le risque relatif (RR) de développer un asthme chez des enfants pratiquant au moins 3 sports est de 3,3 par rapport à des enfants ne pratiquant aucun sport. Le risque d’asthme est augmenté chez les enfants pratiquant au moins un sport d’activité intense en comparaison avec l’absence d’activité sportive (RR = 1,6). Le temps passé à l’extérieur est associé à une plus grande incidence d’asthme dans les endroits où la concentration d’ozone est plus élevée. Les auteurs concluent que la pollution atmosphérique combinée aux activités à l’extérieur peut contribuer à la survenue d’asthme chez l’enfant. 2.1.2. Les personnes âgées, second groupe particulièrement sensible à la pollution atmosphérique De nombreuses études décrivent une forte prévalence d'effets sanitaires indésirables dus à la pollution atmosphérique chez les personnes âgées. Une des raisons de cette sensibilité accrue pour ce groupe d’individus est liée à la physiologie de l’organisme. En effet, les moyens de défenses respiratoires commencent à décroître dès 44 l’âge de trente ans et ce d’environ 10 % par décennie. La susceptibilité vis-à-vis de la pollution atmosphérique est d’autant plus forte que les personnes sont âgées. En 2003, une équipe de chercheurs, à partir du projet européen APHEA [10] (Air Pollution : a Health European Approch), a publié dans l’European Respiratory Journal, les résultats d’une estimation des effets à court terme de la pollution atmosphérique sur la mortalité journalière des personnes âgées de plus de soixante cinq ans. Ces résultats montrent que pour une augmentation de 50 µg/m3 des niveaux journaliers de pollution, on constate, dans les jours qui suivent une augmentation de 1 à 3 % du nombre journalier d'hospitalisations pour causes respiratoires chez les patients âgés de 65 ans et plus par rapport à la population générale. D’autres travaux [37] ont décrit une corrélation statistiquement significative (RR de 1,006 à 1,014 par ppb selon le motif d’admission) entre le nombre d’admissions hospitalières pour troubles cardiaques (angine de poitrine, insuffisance cardiaque, infarctus du myocarde), et respiratoires (bronchique aiguë) chez des patients de plus de soixante cinq ans et une augmentation du niveau moyen de NO2. De plus, une hausse des admissions hospitalières pour asthme, bronchite chronique et pneumonie est observée chez des personnes âgées lors d’une exposition aux PM10 (RR = de 1,300 à 1,014 par µg/m3 de PM10). Une nouvelle étude : [38] a montré que l’exposition des personnes âgées (entre 60 et 80 ans) en bonne santé (sans pathologies cardio-vasculaires et respiratoires chroniques diagnostiquées) à des niveaux modérés de particules (PM2,5, concentration comprise entre 21,2 et 80,3 µg/m3) dans l’air entraîne une diminution de la variabilité du rythme cardiaque (baisse de 35,7% des hautes fréquences, diminution de 16,5% de la durée de la systole ventriculaire). Certains sujets ont présenté une augmentation de cycles anormaux (extrasystole, bradycardie). Il n’a pas été constaté de différences significatives de variabilité 45 de la fréquence cardiaque chez des sujets jeunes (de 18 à 45 ans) et en bonne santé, exposés aux mêmes conditions. Les troubles du rythme cardiaque ont été mis en relation avec une augmentation du risque de maladies coronaires et de mort subite qui évoqueraient une diminution du contrôle par le système parasympathique. Les mécanismes à la base des effets délétères cardio-vasculaires sont peu ou mal connus (altération du système nerveux parasympathique, augmentation de la viscosité sanguine). Une étude hollandaise [39] a permis, à partir de données de mortalité recueillies pour la période de 1986 à 1994 (mortalité par maladies cardio-vasculaires, par pneumonies et par broncho-pneumonies chroniques obstructives) et des données atmosphériques (concentrations en FN, O3, NO2, SO2 et CO) de confirmer les données précédentes. Pour exemple, les résultats obtenus sont les suivants : Tableau V : mortalité et pollution atmosphérique de 1986 à 1994 aux Pays-Bas Nombre médian de décès par : Age < 45 ans De 45 à 64 ans De 65 à 75 ans > 75 ans Nombre médian de décès quotidiens 12 50 74 192 pathologies cardio-vasculaires 2 17 31 90 bronchopathies pneumonies chroniques obstructives 0 0 1 0 4 1 10 8 Enfin, l’hypothèse d’un lien entre une hyper-réponse pulmonaire, un taux élevé d’immunoglobuline E, et l'exposition aux polluants atmosphériques (fumées noires, SO2, NO2) des personnes âgées de 50 à 70 ans, a été approfondie lors de récents travaux hollandais [40]. L’incidence sur les fonctions biologiques pulmonaires est nette. Le taux d’immunoglobuline E est très élevé (49%) et une hyperréactivité bronchique est observée (27,5% des personnes). De plus, à ces troubles sont associés des symptômes tels que toux, troubles des voies aériennes supérieures et chute matinale du volume expiratoire. 46 2.1.3. Les femmes enceintes Les femmes enceintes présentent une susceptibilité vis à vis de la pollution atmosphérique très importante. La prévention de ces personnes est fondamentale d’autant que l’impact sanitaire se répercute sur deux individus. Depuis les dernières années, on se préoccupe de plus en plus de la pollution de l'environnement et des effets sur la santé au Canada [41]. Les résultats d'études effectuées dans le bassin des Grands Lacs et dans la région du fleuve Saint-Laurent ont révélé que la présence de certains métaux lourds à de faibles concentrations peut modifier la taille et le poids des nouveau-nés, leur développement neurologique et le développement de leurs fonctions immunitaires. Ainsi, il est démontré que l'embryon, comme le fœtus, est exposé aux polluants avec lesquels la mère sera mise en contact pendant sa grossesse, par son environnement et son alimentation, puisque certains composés peuvent traverser la barrière placentaire. Par exemple, il a été prouvé que le cadmium, le manganèse, le mercure, le plomb et certains polluants organiques traversent la barrière placentaire. La bioaccumulation de produits chimiques dans les tissus humains, qui sont ainsi transmis de génération en génération, laisse croire que les enfants d'aujourd'hui sont beaucoup plus touchés que ceux des générations précédentes. De surcroît, cette étude atteste que les contaminants extérieurs contribuent à la survenue de certaines anomalies neurologiques et congénitales ainsi qu'au déclenchement de maladies comme l'asthme, les infections respiratoires, le cancer et l'infertilité. Le placenta contrôle les échanges gazeux entre la mère et le fœtus et produit les hormones nécessaires à la croissance du fœtus et au bon déroulement de la grossesse. En plus d'apporter au futur nourrisson les calories dont il a besoin, il agit également comme un filtre. Il élimine 47 notamment l'urine et les excréments du fœtus et les toxines, tel que les contaminants environnementaux, provenant de la mère. De plus, le placenta exprime certains récepteurs, tels que les récepteurs cholinergiques, sérotoninergiques et dopaminergiques identiques à ceux présents au niveau cérébral ce qui permet d'étudier in vivo ces molécules, qui sont des biomarqueurs de la toxicité. Le placenta assure donc la croissance du fœtus et son développement normal. En raison des changements physiologiques rapides survenant pendant la grossesse, de l'augmentation de l'absorption intestinale et de la mobilisation sanguine des toxines accumulées dans les tissus maternels, le placenta est exposé à une importante gamme de contaminants, qui peut générer des modifications de sa physiologie et de sa structure. Ainsi, des chercheurs lituaniens ont mis en évidence une relation entre l’exposition aux polluants de l’air pendant la grossesse et la survenue de naissances prématurées et de bébés de faible poids [42]. Les travaux ont montré un accroissement significatif des naissances avant terme (25 % pour une augmentation de 10 µg/m3 de NO2), d’enfants de faible poids de naissance (OR= 1,54, CI : 0,80–2,96), de retard de croissance intra-utérine, des cas de mortalité néo et postnatale, lors d’une exposition durant la grossesse au NO2, SO2, aux particules en suspension et au formaldéhyde. Les mécanismes biologiques avec lesquels les polluants atmosphériques interfèrent avec le développement prénatal ne sont pas clairement élucidés. Des hypothèses incluant une susceptibilité maternelle aux infections, au stress oxydatif, certaines variations de facteurs hématologiques (viscosité sanguine) et l’effet direct des polluants sur l’ADN et sa transcription ont été avancées. De surcroît, de nouveaux travaux [43] montrent que l'exposition à une augmentation de 12 ppb en O3 durant le deuxième et le troisième trimestre de la grossesse est responsable d'une perte de poids du nourrisson de 47,2 g (CI = 27,4 – 67 g). Une différence de 1,4 ppb en CO 48 durant le premier mois de grossesse est associée à une perte de poids de 21,7 g (CI = 1,1 42,3 g) et à une augmentation de 20 % des retards intra-utérins. De plus, une hausse de 20 µg/m3 des PM10 durant le troisième mois de grossesse est corrélée à une perte de poids de 21,7 g (CI = 1,1 - 42,2 g). Par ailleurs, des recherches [44] réalisées de 1997 à 2000 en Caroline du Nord mettent en évidence une association entre l'exposition au CO et la survenue d'une tétralogie de Fallot (OR = 2,04, CI = 1,26 - 3,29); l'exposition aux PM10 et une communication interauriculaire (OR = 2,27, CI = 1,43 - 3,6) et une association entre l’exposition au SO2 avec une communication interventriculaire (OR = 2,16, CI = 1,51 - 3,09). Ainsi, il apparaît clairement que l'exposition aux polluants atmosphériques durant la grossesse fait courir au nouveau-né de nombreux risques de malformations cardiaques. 2.1.4. Pathologies cardiaques et respiratoires préexistantes et pollution atmosphérique L’existence de pathologies sous jacentes (pathologies respiratoires ou cardio-vasculaires) s’inscrit comme co-facteurs de risque. L’inhalation de polluants peut aggraver l’état de santé des personnes qui présentent des troubles cardiaques ou respiratoires chroniques ou d’autres maladies pulmonaires et circulatoires. En particulier, des antécédents d’angor, d’asthme, d’emphysème ou de bronchite chronique peuvent accroître la sensibilité aux effets indésirables de la pollution atmosphérique sur la santé. Des travaux canadiens [45] ayant pour objectif d’identifier les personnes avec une susceptibilité accrue vis à vis des polluants atmosphériques se sont déroulés entre 1984 et 1993. Il s’avère que les personnes atteintes de cancers, de pathologies des voies aériennes basses et de pathologies cardio-vasculaires (insuffisance cardiaque congestive, troubles 49 coronariens) sont plus sensibles aux différents polluants atmosphériques (augmentation de la mortalité totale de 6,7% pour une hausse de 100 µg/m3 de particules en suspension). Cette même observation est retrouvée chez les diabétiques et les personnes de plus de 65 ans. De plus, la pollution de l’air (PM10) est corrélée avec une augmentation du double des admissions hospitalières pour troubles cardio-vasculaires chez des sujets ayant des infections pulmonaires à répétition. Le risque est également élevé chez des personnes souffrant de troubles de la conduction cardiaque [46]. Ainsi, les personnes souffrant de troubles cardiaques et respiratoires sont particulièrement sensibles à la pollution atmosphérique. 2.1.4.1. Asthme L'asthme est l'expression clinique d'une hyperréactivité bronchique, c'est à dire d'une capacité exagérée des bronches à réagir à une agression. La crise d'asthme nécessite donc la rencontre d'un aéro-contaminant agresseur et d'une bronche hyper-réactive. Tout type d'aérocontaminants est susceptible de la déclencher. Ainsi, la pollution atmosphérique et l'asthme semblent étroitement liés [47]. Chez les asthmatiques sévères, les PM2,5 augmentent les scores d'asthme. Chez les enfants asthmatiques, il existe une relation significative entre le niveau de particules PM10 et la diminution du débit de pointe, l'augmentation de la prévalence des symptômes respiratoires et la consommation médicamenteuse. Les études de panel ont montré que la pollution atmosphérique constitue un facteur déclenchant de crises d’asthme et de symptômes respiratoires chez des patients asthmatiques. Ainsi, une étude menée à Paris, par l’Unité 408 de l’INSERM [48] chez des patients asthmatiques, suivis en milieu hospitalier, montre l’existence d’un lien à court terme entre des niveaux moyens de pollution hivernale et l’apparition et la durée des symptômes, tant chez les adultes que chez les enfants. Pour un accroissement de 50 µg/m3 de SO2 ou de particules, 50 cette étude montre une augmentation d’environ 30 % de la fréquence des crises d’asthme, de 35 à 70% des sifflements, de 35 à 60% de l’incidence de la toux nocturne et de 33 à 55 % de la gène respiratoire. Des diminutions de l’ordre de 2 à 4% des volumes respiratoires ont également été mises en évidence, en relation avec la pollution atmosphérique, notamment chez les enfants. Chez les sujets asthmatiques, l’enquête montre des chutes de 4 à 8% des performances ventilatoires en relation avec des augmentations de 50 µg/m3 des indicateurs de pollution. De plus, une étude [49] des effets à long terme de l’ozone a été conduite durant 15 ans sur un échantillon de 3091 non-fumeurs âgés de 27 à 87 ans. Durant cette période, des nouveaux cas d’asthme ont été diagnostiqués : 3,2% chez les hommes et 4,3% chez les femmes. Pour les hommes, on observe une relation significative entre l’effet de la pollution par l’ozone et l’apparition d’asthme. (RR : 2,09 pour une augmentation de 27 ppb d’O3). Cette relation n’a pas été mise en évidence chez les femmes. Par ailleurs, le dioxyde d’azote est associé à la mortalité quelles que soient les causes de décès chez les patients asthmatiques ayant fait l’objet de plus d’une admission en service d’urgence. L’association est particulièrement importante pour les causes respiratoires. L’ozone augmente aussi le risque de décès des patients asthmatiques durant le printemps et l’été [50]. 2.1.4.2. Pathologies cardio-vasculaires Concernant les affections cardio-vasculaires, des études récentes [51] ont montré un lien entre les particules atmosphériques et l’infarctus du myocarde [FN : 2,5% (p = 0,003 ; CI : 0,8% 4,3%); NO2 : 2,7% (p = 0,002 ; CI ; 0,8% - 4,6%); CO : 2,1% (p = 0,001 ; CI : 0,7% - 3,5%) 51 et SO2 : 1,7% (p = 0,0006 ; CI : 0,7% - 2,6%)] par le biais d’une diminution de l’oxygénation périphérique et d’une altération de la coagulabilité sanguine. Le monoxyde de carbone, en tant qu’indicateur de pollution automobile, joue un rôle indépendant dans l’aggravation du risque cardiaque. La fonction ventilatoire représente une mesure objective des effets de la pollution sur la santé. Chez le sujet sain, les effets sont modestes et réversibles mais cela ne préjuge pas ni d’un impact au niveau de la population dans son ensemble ni d’un impact éventuel à long terme. Chez les sujets malades, la diminution des volumes respiratoires peut déclencher une décompensation aiguë pouvant conduire au décès. Des chercheurs américains [52] se sont penchés sur l’association du risque de mortalité chez des personnes âgées atteintes de troubles cardiaques avec le niveau de PM10. Les résultats suggèrent une sensibilité accrue (deux fois plus forte) à la pollution particulaire pour les sujets avec des antécédents d’infarctus du myocarde, de diabète et d’insuffisance cardiaque congestive. Les résultats, très semblables, obtenus pour des antécédents de diabète et d’infarctus du myocarde soulèvent l’hypothèse de mécanismes pathogéniques proches. Les atteintes de la fonction endothéliale, la diminution de la variabilité du rythme cardiaque et les réponses inflammatoires systémiques sont des mécanismes cohérents avec une sensibilité accrue des diabétiques. Enfin, les décès précipités des sujets avec des antécédents de diabète, d’infarctus du myocarde et d’insuffisance cardiaque congestive pourraient être dus à des atteintes de l’endothélium pulmonaire dues à la pollution particulaire et associées à un déséquilibre sympatho-vagal. Enfin, dans le cadre d'une nouvelle étude [53], des chercheurs ont examiné l’impact des polluants de l’air (O3, CO, NO2, PM10) sur des personnes atteintes ou non d’arythmie ou d’insuffisance cardiaque congestive. Les résultats montrent que l’élévation de la concentration des polluants est associée à une augmentation des admissions pour problèmes cardiaques chez les personnes atteintes de congestion cardiaque (3,60%) et d’arythmie (2,99%). 52 2.1.5. Corrélation entre personnes diabétiques et pollution atmosphérique Certaines études ont mis en exergue la fragilité des personnes diabétiques vis à vis des polluants atmosphériques. Une étude [54] de la mortalité et des admissions hospitalières a mis en évidence la vulnérabilité des diabétiques, notamment en regard des atteintes cardio-vasculaires. Les variables étudiées sont : les marqueurs inflammatoires sanguins tels que protéine C réactive, TNF-alpha, endothelin-1, ICAM, VCAM, la mesure de la pression sanguine, des tests hépatiques, une analyse des lipides, le dénombrement des plaquettes, la quantité d’hémoglobine et d' HbA 1c ainsi que le contrôle de la glycémie. Une augmentation de la teneur en polluants est associée à une élévation du taux de trois marqueurs de l’inflammation : CRP (45 % avec les PM2, 5 et 52% avec les fumées noires), ICAM et VCAM. Ce lien avec les marqueurs inflammatoires sanguins illustre l’impact de la pollution dans le déclenchement de l’inflammation et de risques cardiaques potentiels (notamment chez les diabétiques) ainsi que l’aggravation de pathologies cardiaques préexistantes. Des travaux récents [55] confortent les résultats précédents en étayant le postulat d’une vulnérabilité des diabétiques vis-à-vis des effets cardio-vasculaires dus à la pollution atmosphérique. En effet, la fonction vasculaire et l’endothélium des diabétiques sont altérés, ce qui est à relier à l’élévation du risque cardio-vasculaire. Lors de cette étude, les chercheurs ont examiné si la réactivité de l’endothélium était liée aux particules atmosphériques chez des personnes atteintes de diabète et des personnes saines. Les résultats ont mis en évidence une diminution de la réactivité de l’endothélium vasculaire (-7.6 %, CI : -12.8 à -2.1 avec une augmentation des PM2, 5) et du débit sanguin (-12,6 % CI = -21.7 à -2.4 %) pour une augmentation en CO chez les personnes souffrant de diabète. De plus, il est apparu que les 53 effets sont plus marqués chez les individus atteints d’un diabète de type II que ceux souffrant de diabète de type I. Enfin, une autre étude [56] complète les avancées précédentes. Les variables sont les données d’hospitalisation pour troubles respiratoires et cardiaques chez des patients diabétiques et non diabétiques, l’âge et la concentration atmosphérique en PM10. Une élévation du taux de particules atmosphériques est combinée à une augmentation significative des admissions pour problèmes cardiaques chez les personnes diabétiques. Les PM10 (augmentation de 10 µg/m3) sont associés au risque d’augmentation de pathologies cardiaques (2,01 %) quelque soit l’âge de l’individu pour seulement 0,94 % chez les non diabétiques. Néanmoins, le diabète a un effet plus fort sur les admissions pour pneumonie des personnes jeunes tandis que les admissions pour broncho-pneumopathie obstructive chronique sont plus marquées chez des personnes âgées. 2.1.6. Pratique d'une activité physique et exposition aux effets de la pollution atmosphérique. Chez le sportif, pendant un exercice physique, les besoins de l'organisme en oxygène sont plus élevés. Cela se traduit, entre autre, par une augmentation du volume d'air inspiré et expiré toutes les minutes. Chez un adulte au repos, ce débit est d'environ 12 litres par minute. Lors d'un exercice intense, chez un athlète de haut niveau, il peut monter à plus de 160 litres par minute. Or, cette augmentation a aussi pour conséquence de faire pénétrer dans les poumons une plus grande quantité de polluants présents dans l'air. Avec toutes les conséquences pour la santé qui en découlent [57]. 54 Une étude a été réalisée afin d’établir un lien entre différents polluants atmosphériques (CO, NOx, O3, PM10, SO2, COV : Composés Organiques Volatils) et le risque spécifique aux sportifs [58]. Trois raisons confèrent aux athlètes une sensibilité plus importante. Tout d’abord, il existe un lien de proportionnalité entre la quantité de polluants inhalée et la fréquence respiratoire. De plus, la fraction d’air inhalée par la bouche est plus importante que celle passant par les voies nasales. Une partie des polluants n’est donc pas soumise à la filtration des grosses particules se déroulant à ce niveau. Enfin, la vitesse accrue de la circulation de l’air permet à certains polluants d’atteindre des régions plus profondes du système respiratoire. De plus, il a été démontré que la diffusion pulmonaire des particules inhalées est plus importante lors d’un exercice physique. Globalement, un certain nombre de facteurs est modifié durant l'exercice : le débit cardiaque, la fréquence et le débit respiratoire ainsi que l’épaisseur de la muqueuse pulmonaire, ce qui est source d’une diffusion accrue des polluants dans l’organisme avec les effets délétères qui s’en suivent. 2.1.7. Fumeurs et exposition à un air pollué Le froid, comme la pollution, augmente le risque d'infarctus. Un constat connu depuis quelques années. Mais cela concernerait plus particulièrement certaines catégories de personnes : les hypertendus et les fumeurs. C'est le résultat de l'étude qu'a menée, depuis deux ans, l'équipe de Jean-Pierre Besancenot du laboratoire « Climat et Santé » de Dijon (Côte d'Or) [59], qui travaille sur l'influence de l'environnement sur la santé. Cette étude, en collaboration avec les cardiologues du département, a permis, en effet, de constater qu'en cas de pics de pollution, les fumeurs sont beaucoup plus sujets à l'infarctus que les non-fumeurs. Ces résultats ont été obtenus grâce à un registre réalisé par l'Observatoire des infarctus de Côte d'Or (Rico), qui recense tous les cas d'infarctus répertoriés par les hôpitaux, les cliniques 55 et les médecins libéraux du département. La qualité de l’air serait transformée en prévisions de risques d'infarctus. Les médecins pourraient alors prendre des dispositions vis-à-vis des populations à risque. La pollution atmosphérique est dangereuse pour l'appareil respiratoire, mais également pour le cœur puisqu'elle augmente, à court terme, le risque cardiaque. Celui-ci est encore plus important chez les fumeurs. Les hospitalisations sont plus nombreuses les jours de pollution. Selon une étude dijonnaise [60], réalisée de janvier 2001 à décembre 2002, le nombre d'infarctus du myocarde s'accroît de 160% lorsque l'air est de mauvaise qualité, tandis que ce chiffre atteint les 250 % chez les fumeurs. Parallèlement, le nombre d'hospitalisations pour crise cardiaque s'est accru de 91%, ce taux étant fortement majoré chez les fumeurs. Les pics de pollution jouent donc un rôle considérable dans le déclenchement des attaques cardiaques, et les fumeurs sont davantage exposés. Durant cette période, l’indice Atmo (représentation synthétique de la qualité de l’air) est resté inférieur à 4 (air de bonne qualité, 85 % du temps) et a dépassé 6 (qualité de l’air médiocre) pendant 5 % de la durée de l’étude. 2.1.8. Insuffisants rénaux et pollution de l'air Certaines substances, comme les hydrocarbures et les métaux lourds présents dans l’air inhalé, peuvent être responsables de l’apparition et de l’exacerbation de certaines formes de glomérulonéphrite. Les individus présentant une insuffisance rénale sont donc particulièrement sensibles à la pollution atmosphérique [61]. 56 2.2. Synthèse Résultat des interactions entre tous les déterminants de la santé, l'âge, l'état de santé et le niveau d'activité physique constituent ainsi les facteurs clé à prendre en compte pour mesurer le degré de vulnérabilité d'une personne aux effets de la pollution atmosphérique. Quoique insensibles à des pics de pollution peu fréquents, certaines personnes peuvent s'avérer très sensibles à des événements récurrents et sérieux. On retiendra que toutes les personnes qui sont exposées à un facteur de risque ne développeront pas nécessairement la maladie et, en corollaire, que les personnes particulièrement vulnérables peuvent développer des problèmes dans des conditions où la grande majorité ne réagit pas (notion de susceptibilité individuelle). Ce constat est à relier au fait qu’il n’y a pas de seuil en deçà duquel la pollution atmosphérique n’est pas néfaste pour la santé. Le nombre d'individus concernés au sein de l’ensemble de la population est donc élevé, et la qualité de l’air doit être telle que ces personnes soient protégées contre ce qui pourrait compromettre leur développement normal ou aggraver leur état. (Tableau VI), présenté page ci-après. 57 Tableau VI : Catégories de sujets à risque et facteur de sensibilité Facteurs de sensibilité Exposition pré et postnatale Immaturité du système respiratoire jusqu’à 8 ans Immaturité du système métabolique jusqu’à 1 an Fréquence respiratoire élevée Enfants Personnes Femmes âgées enceintes + + + + + + Activité physique + Pathologies respiratoires + + Pathologies cardiaques + Diabète Insuffisance rénale + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + Diminution des moyens de défense respiratoires (10% à partir de 30 ans) Forte diffusion des polluants Fragilité pulmonaire et cardiaque Fumeurs + Faible stature Age Sportifs + + + + + + + + Passage transplacentaire + + 2° et 3° mois de grossesse + + + + 58 2° PARTIE : Contexte régional : environnement et sujets à risque L'étude approfondie des données bibliographiques a permis de mettre en exergue la problématique des personnes fragiles vis à vis des effets délétères de la pollution atmosphérique. De plus, les travaux ont démontré qu’il n’existait pas de seuil en deçà duquel la pollution atmosphérique n’était pas nocive pour la santé. Ces constats mettent en évidence l’intérêt de développer une approche communicationnelle, abordant ces questions environnementales, notamment à destination des personnes sensibles. Pour ce faire, il apparaît judicieux de s'appuyer sur un réseau de professionnels et de personnes compétentes qui, au quotidien sont au contact du public et des personnes les plus vulnérables aux facteurs environnementaux. L'objectif de cette étude, étant de sensibiliser ces différents corps de métier afin de susciter une adhésion et une contribution aux efforts de communication et d’information dans ce domaine. Il sera fait état, dans un premier temps du contexte institutionnel dans lequel est ancrée cette étude, avec un accent particulier sur les caractéristiques régionales en terme de qualité de l’air et de communication. La seconde partie s’attachera à décrire les populations sensibles en Limousin et les professionnels qui les côtoient. 59 1. Le contexte 1.1. Politique environnementale 1.1.1. A l’échelle mondiale Le concept du développement durable existe de longue date, mais c'est lors de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement, tenue à Stockholm en 1972, que la communauté internationale s'est réunie pour la première fois afin d'examiner l'environnement mondial et les impératifs du développement. Le Sommet de Rio de Janeiro en 1992 a mis les enjeux de l'environnement et du développement en avant. Ensuite, le Protocole de Kyoto a été négocié au Japon, en décembre 1997. Il s'agit d'un traité international, signé à Kyoto par 180 pays. Dans ce traité, 38 pays industrialisés s’engagent à abaisser leurs émissions de gaz à effet de serre entre 2008 et 2012 à des niveaux inférieurs de 5,2 % à ceux de 1990. En France, l’entrée en vigueur s’est traduite par le décret n°2005-285 du 22 mars 2005, permettant la mise en œuvre des modalités de fonctionnement au niveau de l’Union européenne [62]. Par ailleurs, dès 1989, l'Organisation Mondiale de la Santé a mis l'accent sur les relations entre l'environnement et la santé. Ainsi, une première définition de l'étendue de la santé environnementale a été rédigée lors de la Conférence d'Helsinki en 1994 : "la santé environnementale englobe les différents aspects de la santé humaine, incluant la qualité de vie, qui sont déterminés par les facteurs physiques, biologiques, sociaux et psychosociaux de l'environnement. Elle concerne également la politique et les pratiques de gestion, de résorption, de contrôle et de prévention des facteurs environnementaux susceptibles d'affecter la santé des générations futures et actuelles." 60 1.1.2. Au niveau national Considérant les différentes dispositions internationales, les facteurs de risques sanitaires liés à l'environnement et les sources de préoccupation qu'ils génèrent au sein de la population, la France a souhaité nécessaire, au cours de ces dernières années, d'établir des politiques de prévention en Santé Publique. A cette fin, un projet de loi sur la qualité de l’air a été déposé, et la LAURE (Loi sur l’Air et l’Utilisation Rationnelle de l’Energie) est entrée en vigueur le 30 décembre 1996. Cette dernière rend obligatoire la surveillance de la qualité de l’air sur l’ensemble du territoire national et elle contribue à donner véritablement corps au droit à l’information du public. Parallèlement, d’une part, le Conseil National de l’Air a été créé, auprès du Ministère chargé de l’environnement, en 1997. Ce dernier examine toutes questions relatives à la surveillance et à l’amélioration de la qualité de l’air. Il émet des avis et des recommandations concernant les problématiques environnementales. Pour exemple, dans un avis relatif aux mesures d'information et d'alerte, le Conseil National de l'Air émet une série de recommandations (15 octobre 2003) [63]. Il préconise une harmonisation des messages d'information et de recommandations au plan national. De plus, il insiste sur la nécessité d'une plus large diffusion de l'information, notamment en direction des personnes sensibles (enfants, personnes âgées, asthmatiques, insuffisants respiratoires, ...) et des institutions les plus concernées, à savoir les écoles, les crèches, les hôpitaux et les institutions pour personnes âgées. Il recommande l'implication de tous : administrations, collectivités locales, opérateurs d'infrastructure, médias et associations agréées de surveillance de la qualité de l'air. 61 Par ailleurs, à la suite de la proposition de directive du Parlement européen et du conseil du 21 septembre 2005 sur la qualité de l'air ambiant et les particules atmosphériques, le Conseil national de l'Air émet les propositions suivantes. Il souligne que le plafond de concentration en PM2,5 fixé à 25 µg/m3 en moyenne annuelle, à atteindre en 2010, n'est pas de nature à garantir un bénéfice pour la santé, conformément à la loi sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie. En outre, il ne correspond pas à l’approche de prévention qui doit être appliquée. Le conseil souhaite donc l'instauration d'un plafond de concentration inférieur et encourage vivement le développement d'études concernant l'exposition des populations aux PM2,5. Il recommande également une amélioration de l'information au public et souligne l'importance d'informer les personnes les plus fragiles (personnes âgées, parents d'enfants en bas âge, femmes enceintes, personnes présentant des pathologies chroniques cardiaques ou respiratoires, ...). Il souhaite, qu'en complément, une information soit transmise au public lorsque la pollution par les particules dépasse un certain niveau et préconise que des réflexions soit engagées afin de déterminer ce niveau ainsi que les modalités d'information adéquates. D’autre part, dans le cadre de la politique environnementale communautaire, la France, comme de nombreux états membres de l'Union Européenne, a élaboré un Plan National Santé Environnement (PNSE). Ce dernier, évoqué par la Charte de l'environnement de juin 2003, s'inscrit dans la stratégie nationale de développement durable [64]. La conception de ce projet s'est appuyée sur un diagnostic préalable sur la santé environnementale. Ce dernier a permis d'esquisser des thématiques prioritaires en terme de santé publique. Ces thèmes fondamentaux sont retenus en raison de la gravité des effets possibles sur la santé, du nombre de personnes potentiellement exposées et des moyens d'action envisageables. L’ensemble du Gouvernement et particulièrement les ministères chargés de la santé, de l’environnement, du travail et de la recherche ont donc mis en commun 62 leurs compétences, sur la base du diagnostic des experts. Ils ont ainsi identifié et conçu les principales actions à mettre en œuvre entre 2004 et 2008 afin d’améliorer la santé des personnes en lien avec la qualité de leur environnement, dans une perspective de développement durable. Ce programme a ainsi vocation de prévenir et de maintenir un niveau élevé de protection de la population. C’est un premier pas qui appelle un suivi et une mise à jour au vu de l’évolution des connaissances. C’est une étape fondatrice qui marque un tournant dans la lutte contre les pollutions ayant un impact sanitaire. Le champ d'action du PNSE s'articule autour de trois objectifs principaux : - garantir un air et une eau de bonne qualité, - prévenir les pathologies d'origine environnementale et notamment les cancers, - mieux informer le public et protéger les populations sensibles. Le contenu du PNSE fait ainsi apparaître 45 actions nationales dont la finalité est d'améliorer la connaissance, la prévention et la maîtrise des risques sanitaires liés à des facteurs environnementaux. Les objectifs du PNSE ont fait l'objet d'une déclinaison régionale (PRSE : Plan Régional Santé-Environnement) en ce qui concerne les actions relevant de ce niveau de compétence. Ainsi, 28 actions seront reprises au niveau local et analysées au regard des spécificités de chaque région. 1.1.3. Le PRSE 2005-2008 en Limousin Au sein de la région, le comité de pilotage du plan régional santé-environnement (DRASS, SGAR, DRIRE, DIREN, ...) a dressé un état des lieux afin de définir le caractère prioritaire des actions. L'ensemble des actions a été analysé selon une réflexion identique : fréquence des 63 évènements indésirables dans la région, gravité des effets, faisabilité régionale et contexte national. Les actions ont alors été hiérarchisées suivant leur niveau de priorité. (Annexe 6) Les problématiques concernant la pollution atmosphérique en Limousin, font partie du champ d'action du PRSE. Les actions retenues s'inscrivent, pour la majorité, dans les missions de l'Association agréée de Surveillance de la Qualité de l'Air en Limousin (LIMAIR). Ces actions, déjà appréhendées feront l'objet d'un suivi et d'un approfondissement. Par ailleurs, le PRSE a été intégré à la fin de l'année 2005 au Programme Régional de Santé Publique (PRSP), lui même étant la déclinaison régionale du PNSP (Programme National de Santé Publique). 1.2. L’environnement en Limousin 1.2.1. Présentation de la région 1.2.1.1. La population (Annexe 7) La région Limousin est composée de trois départements : la Corrèze, la Creuse et la HauteVienne, comprenant 747 communes. Elle s’étend sur une superficie de 16 942 km², soit 3,1 % du territoire national. Du point de vue démographique, la région compte 710 939 habitants (recensement de population de mars 1999), ce qui représente 1,2 % de la population française. Malgré une superficie homogène sur l’ensemble des trois départements, la population est inégalement répartie, 353 400 habitants en Haute-Vienne, 232 100 en Corrèze et 124 500 en Creuse. En effet, le tiers de la population est concentré autour de deux pôles : l’agglomération de Limoges (87) et l’ensemble Brive la Gaillarde-Tulle (19). Ceci s’explique par une armature urbaine de taille réduite et caractérisée par l’absence de véritables pôles urbains secondaires [65]. 64 La répartition des âges en Limousin souligne la fracture géographique française. Le Limousin est déficitaire en jeunes de moins de 20 ans par rapport à la moyenne française (moins de 20 % contre presque 25 % en France), et, excédentaire en personnes de 60 ans et plus, représentant à elles seules 30 % de sa population (contre 21 % en France). De plus, la région détient le plus fort pourcentage de personnes âgées de plus de 75 ans ou de plus de 85 ans. On estime à une personne sur quatre, le nombre de personnes de plus de 65 ans en Limousin. La pyramide des âges régionale reflète tout à fait ces disparités. Figure 2 : Pyramide des âges, Limousin La Haute-Vienne reste le département le plus peuplé de la région avec près de la moitié de la population totale (49,8 % en 1999). La Corrèze représente 32,7 % et la Creuse seulement 17,5 %. L’écart risque de s’accentuer car la Haute-Vienne est le seul département dont la population n’a pas diminué entre 1990 et 1999. De plus, à l’image du pays, le Limousin comporte une plus forte proportion de femmes au delà de 65 ans. Elles représentent 58,3 % de la population dans cette tranche d’âge. La forte 65 proportion de personnes âgées contribue à faire du Limousin l’une des rares régions de France à voir sa population décroître. 1.2.1.2. Environnement économique et infrastructures de communication L’activité agricole est fortement présente et occupe plus de la moitié du territoire régional. Elle est caractérisée par un élevage extensif et une industrie agroalimentaire conséquente. Par ailleurs, de l'agroalimentaire à la plasturgie, de l'industrie du bois à la mécanique de précision et à la cosmétologie, le Limousin est une terre d’industries diversifiées et est l’une des régions françaises qui a le moins d’industries à risque. La région ne comporte que quatre installations industrielles classées soumises à la directive Seveso (directive concernant la maîtrise des dangers liés aux accidents majeurs impliquant des substances dangereuses). Enfin, par son relatif éloignement par rapport aux grandes agglomérations françaises, le Limousin possède un réseau de communication moins développé que dans d’autres régions françaises. (Annexe 8) 1.2.2. La surveillance de la qualité de l’air dans la région Conformément à la Loi sur l’Air et l’Utilisation Rationnelle de l’Energie, la région Limousin possède un réseau permettant la surveillance de la qualité de l’air, LIMAIR. Il a donc été constitué en 1996, suivant le même élan que cette loi. Le statut de cette structure a été défini sur le plan national. LIMAIR est une association à but non lucratif, régie par la loi du premier juillet 1901 et agréée par le Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable. L’association se compose d’un bureau, d’un conseil d’administration et d’une assemblée générale. Le conseil d’administration regroupe quatre collèges, afin d’appréhender au mieux la mosaïque des problèmes de qualité de l’air (collège des administrations de l’Etat et 66 ADEME - Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie -, collège des collectivités territoriales, collège du secteur de l’Industrie et des Transports et collège des associations de défense de l’environnement et des personnes qualifiées). LIMAIR a une vocation de surveillance de la qualité de l’air tout au long de l’année, au sein de la région, afin de répondre à une priorité d’intérêt général. Grâce à des outils scientifiques et techniques, LIMAIR peut assurer ses missions fondamentales de mesure et d’information. Le réseau de surveillance est composé de stations de mesure. Il peut s’agir de matériel fixe (analysant la qualité de l’air en continu) ou mobile (évaluation de la qualité de l’air dans les zones non surveillées, études spécifiques, …). En Limousin, les objectifs de qualité de l’air sont respectés pour l’ensemble des polluants, à l’exception de l’ozone, quelques jours par an. Néanmoins, en Limousin, pour des raisons géologiques, la radioactivité naturelle est supérieure à la moyenne des régions françaises. De plus, en tant que région agricole, selon la zone d’activité, l’air peut contenir des substances spécifiques (pesticides, méthane, …) auxquels s’associent les polluants provenant du trafic automobile et du tissu industriel. Ce constat ne conduit pas à une diminution des efforts en matière de qualité de l’air. En effet, des recommandations ont été émises pour les années à venir, à savoir : développer la surveillance de la qualité de l’air et de ses effets, maîtriser les émissions et les déplacements, et améliorer la qualité de l’information et de sa diffusion. 1.2.3. L’information sur la qualité de l’air en Limousin 1.2.3.1. Nature de l’information Dans le domaine de l’information sur la qualité de l’air, différents supports sont exploités. Les bases de données sont multiples et couvrent de nombreux domaines. 67 D’une part, afin de répondre au besoin d’information du grand public et dans un souci de simplification, un indice de qualité, l’indice Atmo (arrêté de février 2000), donne une représentation synthétique de la situation complexe de la qualité de l’air. Chaque polluant : dioxyde de soufre : SO2, dioxyde d'azote : NO2, ozone : O3, particules en suspension de taille inférieure à 10 microns : PS ; est traduit sous forme de sous-indice de qualité allant de 1 (très bon) à 10 (très mauvais). L’indice global qui caractérise la qualité de l’air sur l’agglomération correspond au sousindice le plus élevé. Tableau VII : Indice Atmo Indice Atmo 1 2 Qualificatif Très bon 3 4 Bon 5 6 7 Moyen Médiocre 8 9 Mauvais 10 Très mauvais L'indice ATMO est calculé pour une zone (agglomération) entière et ne permet pas de mettre en évidence des phénomènes localisés dans une petite partie de la zone. Il est calculé chaque jour et caractérise l'état de la qualité de l'air observé. Une tendance de la qualité de l’air est également établie à 16 heures afin de diffuser un point sur la situation du jour. D’autre part, différents domaines sont traités de façon plus détaillée, afin de répondre aux interrogations de tous. Les informations abordent les domaines techniques (dispositifs de mesure, …), exposent le cadre réglementaire en matière de pollution atmosphérique (législation, procédures d’alerte, …), proposent des modélisations des diverses facettes de la surveillance de la qualité de l’air, ainsi que des prévisions cartographiques à deux jours des niveaux d’ozone (annexe 9), mettent à la disposition de la population des sources scientifiques de données (nature et origine des polluants, études d’impact sanitaires, …). Selon les travaux réalisés, de nouvelles thématiques sont décrites tout au long de l’année et accessibles au public. 68 1.2.3.2. Outils de communication Les moyens de communication abordant le thème de la surveillance de la qualité de l’air en Limousin, proviennent pour la plus grande part des données de l’Association de surveillance de la qualité de l’air en limousin, LIMAIR. Différents axes de communication sont exploités. La diffusion de l’information vers les médias se fait tout au long de l’année. En effet, une à deux interventions par mois sont réalisées. Il peut s’agir de reportages et de débats sur la chaîne régionale France 3 LimousinPoitou-Charentes, d’émissions radiophoniques (France Bleu Limousin, France Bleu Guéret, …), d’articles dans la presse écrite, … . De plus, la chaîne câblée de la ville de Limoges diffuse au quotidien les résultats de mesure des polluants et l’indice Atmo. Par ailleurs, LIMAIR a mis en place, depuis de nombreuses années, une information plus directe des indices de qualité de l’air en Limousin, soit disponibles via les téléphones portables (WAP, GPRS), soit, à l’image de nombreuses régions françaises, via les serveurs Internet qui constituent l’outil le plus développé. Le site de l’association fournit une source de données complètes. Ce dernier a pour vocation d’informer la population générale de façon claire, accessible et pertinente. De nombreux domaines sont abordés et réactualisés pratiquement en temps réel. Le site donne des informations générales sur l’association : rôle, historique, fonctionnement, moyens de mesure, actualité, …, ainsi qu’une approche sur les différents polluants de l’atmosphère (origine, impact sanitaire, réglementation, …). Depuis le printemps 2004, LIMAIR grâce à un système de modélisation, fournit des prévisions de teneurs en ozone à deux jours. Elles ont pour but de mieux anticiper les phénomènes de pollution et d’informer à l’avance la population et les divers décideurs. Enfin, chaque mois, LIMAIR diffuse un bulletin d’information sur la qualité de l’air en Limousin. Le document est accessible sur le site de l’association. Il est également distribué à l’ensemble des membres de LIMAIR, aux sénateurs, aux députés, aux communautés de 69 communes de la région et aux médias. Le magazine présente des renseignements sur l’actualité de l’association ainsi que des dossiers thématiques. Parallèlement au pôle d’information du réseau LIMAIR, d’autres outils de communication sont à la disposition de la population. En effet, tous les professionnels en relation avec les problèmes environnementaux offrent une base de données informative très étendue. Les structures impliquées sont nombreuses, avec entre autres la DRIRE (Direction Régionale de l'Industrie de la Recherche et de l'Environnement.), l’ADEME (Agence De l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie), la DRASS (Direction Régionale des Affaires Sanitaires et Sociales), les DDASS (Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales), … Elles peuvent également être associatives. 2. Les sujets sensibles en Limousin et les professionnels qui les côtoient Actuellement, aucune étude n’a porté sur l’impact de la pollution atmosphérique sur les personnes sensibles en Limousin. Ainsi, cette partie a pour objectif de décrire les caractéristiques des différentes populations sensibles en Limousin. Ces données n’ont qu’une valeur d’estimation en raison des doublons. En effet, une personne peut être à la fois fumeur, diabétique, présenter un trouble artéritique, … . 2.1. La santé de l’enfant en Limousin 2.1.1. Femmes enceintes et natalité [66], [67] Faisant suite à une période défavorable (entre 1990 et 1994, diminution de 10 % du nombre de naissances), le taux de natalité de la région a connu une reprise bienfaisante à partir de l’année 1995. Au cours de l'année 2000, le nombre de naissances en France métropolitaine 70 s'est accru de 5 % par rapport à 1998. Le Limousin a largement bénéficié de cette croissance, avec près de 9 % de naissances supplémentaires. Le nombre de naissances domiciliées est estimé à 9,9 naissances vivantes pour 1 000 habitants en Limousin. Les naissances ont dépassé en 2000 pour la première fois depuis 1988, le chiffre de 7 000 pour atteindre 7 028. De ce fait, le Limousin devient la deuxième région ayant connu la plus forte croissance, juste derrière les Pays de la Loire (+10 %). Et alors que l'on a observé un tassement du nombre de naissances en France au cours du premier semestre 2001 (-1,5 % par rapport à la même période de l'année 2000), le Limousin est l'une des quatre régions dans lesquelles la natalité a encore augmenté. L'importance de cette reprise ne doit pas cacher un état de fait : le niveau de la natalité reste très bas dans le Limousin, comme dans l'ensemble du Sud-Ouest. En particulier, le département de la Haute-Vienne était celui qui avait en 1999 la plus faible fécondité de France (taux de fécondité en 1999 : 1,4 en Haute-Vienne). Au demeurant, à l’instar de la population francilienne, l’âge moyen des mères s’est progressivement allongé dans la région. En l’an 2000, l’âge moyen des mères était de 28,8 ans (contre 29,1 ans en France). Au sein du territoire régional, le taux de prématurité et le taux de faible poids de naissance sont inférieurs à la moyenne nationale. Par ailleurs, la mortalité infantile est plus faible qu’en France métropolitaine. En effet, une baisse considérable de ce taux s’est dessinée au fil des vingt cinq dernières années (diminution de 72 % chez les garçons et de 69 % chez les filles depuis 1974). 2.1.2. Pathologies de l’enfant D’après les sources de la DREES (Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques) [68], les premiers motifs d’hospitalisation avant l’âge de 15 ans sont les 71 pathologies respiratoires et digestives, dont le nombre varie en fonction du sexe. Dans la région, chez les garçons, les maladies respiratoires ont été à l’origine de 13 % des séjours hospitaliers contre 12 % chez les filles en l’an 2000. Une enquête [69] abordant les disparités régionales de l’état de santé des enfants de 5 à 6 ans a permis d’estimer le nombre d’enfants atteints d’asthme en Limousin. D’après les résultats, 12,4 % des enfants de la région avaient soit un asthme diagnostiqué soit des symptômes évocateurs d’asthme sur la période 1999-2000. De surcroît, l’observation des causes de décès des enfants âgés de 1 à 14 ans, a mis en exergue les principales étiologies qui sont, de nos jours, les tumeurs et les causes extérieures de traumatisme. 2.1.3. Soins de l’enfant [70] Le Limousin bénéficie d’une offre de soins pluridisciplinaire pour la prise en charge de la mère et de l’enfant. L’offre recoupe des gynécologues, des obstétriciens, des pédiatres (42 en 2006) et des sages femmes. De plus, la prise en charge des femmes enceintes peut être également effectuée par les médecins libéraux. Le taux d’équipement en pédiatrie est inégal selon le département. En effet, la Corrèze et la Haute-Vienne dépasse les moyennes régionales (respectivement 1,6 et 1,4 lits pour 1 000 enfants de moins de 16 ans), alors que la Creuse possède un équipement deux fois moins élevé. 2.1.4. Accueil des enfants en âge préscolaire [71], [72] En Limousin, en 1999, 33 000 enfants d’âge préscolaire (0-6 ans) étaient concernés par les modes de garde. La région apparaît sous équipée en structures d’accueil pour les enfants de 72 cet âge (tableau VIII). Elle offre des taux inférieurs à ceux de la France métropolitaine. En outre, le mode de garde d’enfants principal dans les trois départements est constitué par les assistantes maternelles. Tableau VIII : Garde d’enfants d’âge préscolaire en Limousin au 01 janvier 2006 : nombre de places installées Corrèze Creuse Haute-Vienne LIMOUSIN Jardin d'enfants Accueil collectif régulier 0 6 20 26 95 82 721 898 Accueil Accueil collectif collectif régulier et occasionnel occasionnel 55 322 52 0 263 117 370 439 Accueil familial régulier Total 400 27 214 641 872 167 1 335 2 374 2.1.5. La scolarisation des enfants en Limousin [73] D’après les travaux de l’Observatoire Régional de la Santé en Limousin, pour l’année scolaire 1999-2000, plus de 99 % des enfants de trois ans étaient scolarisés dans la région (toutes choses égales par ailleurs en France). Les enfants à l’âge de deux ans, sont davantage scolarisés en Limousin que la moyenne française (42,1 % en Limousin pour 35,2 % en France métropolitaine, en 1999). Quant à la répartition des écoles sur le territoire. L’académie de Limoges comptait en 2004, 711 écoles réparties sur les trois départements (280 en Haute-Vienne, 168 en Creuse et 249 en Corrèze). Près de 60 % des écoles comptent 3 classes. Les petites écoles rurales (1 ou 2 classes) représentent plus de 38 % du nombre total d’écoles primaires de l ’Académie. A la rentrée 2005, 56 938 enfants ont été inscrits dans le premier degré en Limousin (écoles maternelles et primaires, publiques et privées). Cette même année, l’académie connaît une hausse sensible de son effectif d’élèves (785 élèves). Cette croissance est plus marquée en Haute-Vienne et en Corrèze. 73 2.2. Les personnes âgées en Limousin 2.2.1. Répartition sur le territoire [74] Tel énoncé précédemment, la région Limousin possède une population vieillissante. L’indice de vieillissement (nombre de personnes de 65 ans et plus pour 100 jeunes de moins de 20 ans) s’élevait à 114,5 en 2003, contre 65 en France. La répartition des personnes d'au moins 65 ans en Limousin en 1999 est inégale selon les cantons. La proportion de personnes âgées est relativement faible dans les grandes agglomérations de la région : Limoges, Guéret, Ussel, Brive-la-Gaillarde. En effet, les personnes appartenant à cette tranche d’âge sont plus présentes en milieu rural. (Annexe 10) 2.2.2. Hébergement des personnes âgées en Limousin [75] Seules 5,3 % des personnes de plus de 60 ans résident en structures d’hébergement spécialisées (y compris les logements-foyers) en Limousin. En outre, 22 % des plus de 85 ans y résident. Si les femmes sont très largement majoritaires au sein de ces structures, les hommes sont pourtant plus nombreux parmi les plus jeunes résidents (entre 60 et 74 ans). La part de personnes âgées vivant seules chez elles augmente pour atteindre 27 % en 1999 contre 22 % seulement en 1975. En 2003, la région Limousin dispose d'un équipement global en structures pour personnes âgées de 12 449 lits ou places installés. Le taux d'équipement est donc de 293 lits ou places pour 1 000 personnes âgées de 80 ans ou plus pour 324 en France métropolitaine. La Creuse est le département ayant le taux d'équipement le plus élevé (335) et la Haute-Vienne possède, elle, le taux plus faible (259). L’offre de structures d’hébergement est donc faible en Limousin, bien en deçà des taux d’équipement nationaux. (Annexe 11) 74 D’après une enquête réalisée par la DRASS du Limousin en 2003 [76], l’âge moyen des personnes interrogées, résidant dans des établissements pour personnes âgées avoisinent les 84 ans, en Limousin. Sur l’ensemble des trois départements, les femmes représentent les trois quarts des personnes hébergées. Le degré de dépendance est logiquement lié à l’âge des résidents. Il conduit dans de nombreux cas au décès ou à l’admission dans des centres de soins de longue durée. 2.3. Les pathologies respiratoires en Limousin 2.3.1. Mortalité et pathologies respiratoires [77] La région est caractérisée par une sous-mortalité significative par maladies de l’appareil respiratoire par comparaison à la moyenne nationale. En Limousin, 8 % de la mortalité générale sont attribués aux pathologies respiratoires (en moyenne 742 décès chaque année). Parmi les étiologies de mortalité par maladies de l’appareil respiratoire, les deux prédominantes sont les bronchites chroniques et les maladies pulmonaires obstructives (281 décès annuels, en moyenne) ainsi que les pneumonies et les broncho-pneumonies (267 décès annuels, en moyenne). Les décès par atteinte des fonctions respiratoires surviennent à plus de 95 % chez les personnes âgées de plus de 65 ans. La mortalité liée aux maladies de l’appareil respiratoire augmente avec l’âge de façon exponentielle. Le tableau IX illustre ces caractéristiques régionales. Néanmoins, les travaux des observatoires régionaux de la santé ont décrit une diminution des taux comparatifs de mortalité par atteintes respiratoires au fil de ces vingt cinq dernières années en Limousin et en France. 75 Tableau IX : Nombre moyen annuel de décès par maladies respiratoires selon l’âge et le sexe en Limousin sur la période 1997-1999 Age < 20 ans Hommes Femmes Total 0 0 0 Hommes Femmes Total 0 0 0 20-44 ans 45-64 ans 65-84 ans 85 ans ou + Pneumonie et broncho-pneumonie 1 7 57 1 1 33 2 8 90 Grippe 0 1 4 <1 <1 6 <1 1 10 Total 65 102 167 130 137 267 5 20 25 10 26 36 Bronchite chronique et maladies pulmonaires obstructives Hommes Femmes Total 0 0 0 1 0 1 9 3 12 95 41 136 66 66 132 171 110 281 2 6 8 11 16 27 Asthme et alvéolite allergique Hommes Femmes Total 0 0 0 1 <1 1 2 1 3 6 9 15 Autres maladies de l'appareil respiratoire Hommes Femmes Total <1 0 <1 1 <1 1 5 1 6 33 16 49 30 45 75 69 62 131 76 2.3.2. Les cancers de la trachée, des bronches et du poumon en Limousin [78] Tout comme les maladies de l’appareil respiratoire, en Limousin, la mortalité liée aux cancers de la trachée, des bronches et du poumon est significativement inférieure à celle de la France. Elle touche plus fréquemment les hommes que les femmes. Cette pathologie constitue la première cause de décès par cancer chez les hommes (19,4 % pour la période 1997-1999). Néanmoins, cette mortalité a tendance à s’accroître depuis une vingtaine d’années avec une augmentation marquée plus fortement chez les femmes. Les femmes âgées de moins de 65 ans sont les plus affectées ; au cours des dix dernières années, la progression des décès a été de 150 %. Quant à l’évolution de l’incidence de ces pathologies, elle suit la même progression que la mortalité. L’incidence est nettement masculine et a fortement augmenté depuis le début des années 80 en Limousin. La recrudescence des cancers est également plus marquée chez la femme (accroissement de plus de 170 % de 1980 à 2000) que chez l’homme (progression de près de 22 %) (Estimations réalisées par le FRANCIM : réseau français des registres du cancer). Enfin, il apparaît que les cancers touchent de plus en plus les personnes jeunes. Près de 32 % des décès dénombrés sur la période 1997-1999 sont survenus avant l’âge de 65 ans et 45 % des nouveaux cas surviennent durant cette même période de vie. 2.4. Les affections cardio-vasculaires en Limousin [79] En Limousin, 3200 personnes en moyenne décèdent chaque année (1997-1999) à la suite de maladies cardio-vasculaires. On dénote une surmortalité significative par rapport à la moyenne nationale. Parmi ces décès, plus de la moitié concerne des femmes (54 % entre 1997-1999). Entre toutes les pathologies observées, les plus fréquentes sont les cardiopathies 77 ischémiques et les maladies vasculaires cérébrales. Viennent ensuite les insuffisances cardiaques. De plus, la mortalité selon l’âge laisse apparaître que, chez les femmes, la quasi-totalité des décès par affections cardio-vasculaires (97 %) survient au-delà de 65 ans. En outre, il est observé une augmentation du taux de décès quel que soit le sexe (Période 1997-1999). Quant aux admissions en affections de longue durée (ALD), les pathologies cardiovasculaires représentent le tiers de l’ensemble des ALD de la région (source : régimes d’assurance maladie du Limousin, 1999). Une prédominance des maladies coronaires et des artériopathies caractérise les ALD chez les hommes (50 % chez les hommes contre 36 % chez les femmes). Chez les femmes, l’hypertension artérielle sévère occupe la première place, avec près d’un tiers des ALD de la sphère cardio-vasculaire. 2.5. Les diabétiques en Limousin Dans une optique de Santé Publique, l’Union Régionale des Caisses d’Assurance Maladie (URCAM) et l’Union Régionale de Médecins Libéraux (URML) [80] ont mené un projet concernant le suivi des patients diabétiques en Limousin. Selon les résultats, en 1999, la prévalence du diabète de type II s’élève à 2,4 % en Limousin contre une moyenne nationale de 2,25 %. En outre, le diabète (type I et II) est la seconde cause d’admission en ALD (Affection Longue Durée) pour les personnes âgées de 35 à 64 ans, en Limousin au cours de la période 19971999. 78 2.6. Les insuffisants rénaux en Limousin Selon une étude de l’ANAES [81], la prévalence de l’insuffisance rénale chronique terminale traitée par dialyse en France, peut être estimée en France à environ 400 par million d’habitants et l’incidence à 100 par million d’habitants. En Limousin, on peut donc évaluer la prévalence à 285 personnes et l’incidence à 71. De plus, l’insuffisance rénale est responsable chaque année d’environ 500 séjours dans les établissements de soins de courte durée. 2.7. Les fumeurs [82] Les données concernant la consommation régulière de tabac dans la région Limousin, montrent que près d’une femme sur six et un homme sur quatre sont des fumeurs réguliers (année 2000). La consommation de tabac varie avec l’âge et reste un phénomène prépondérant chez les jeunes. La mortalité associée à une forte consommation de tabac représente plus de 15 % de décès audelà de 35 ans. Le nombre de décès potentiellement liés au tabac est estimé à environ 1450 sur la période 1997-1999, en Limousin. La prévalence de ces décès est essentiellement masculine (61,6 %). Les causes de décès s’articulent autour de trois grandes pathologies : les tumeurs malignes de la trachée, des bronches et du poumon, les cardiopathies ischémiques et les bronchites chroniques (Figure 3). La bronchite chronique est surtout représentée après l’âge de 65 ans. Les tumeurs malignes de l’appareil respiratoire touchent beaucoup plus les 35-64 ans (8,7 %). Enfin, les cardiopathies ischémiques, affectent 6,9 % des décès chez les 35-64 ans et 9,6 % chez les plus de 65 ans. 79 65 ans ou plus 35-64 ans 15-34ans % % 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 Bronchite chronique et maladie pulmonaire obstructive Tumeur maligne de la trachée, des bronches et du poumon Cardiopathie ischémique Figure 3 : Part des décès potentiellement liés au tabac dans la mortalité générale par groupe d’âge en Limousin (1997-1999) En outre, des différences apparaissent en fonction du sexe. En effet, chez les hommes, la mortalité par bronchite chronique, maladies pulmonaires obstructives et cardiopathie ischémique est en baisse. Chez les femmes, si la mortalité par cardiopathie ischémique diminue nettement en Limousin, on observe, en revanche, une augmentation de la mortalité par bronchite chronique et maladies pulmonaires obstructives. De plus, tant chez les hommes que chez les femmes, la mortalité par tumeur maligne de l’appareil respiratoire connaît une forte hausse, croissance plus marquée dans le Limousin que dans le reste de la France. Enfin, chez la femme, l’augmentation de la mortalité par tumeur maligne se rencontre essentiellement avant l’âge de 65 ans (de façon plus importante qu’au niveau national). Chez les hommes, la hausse des décès est retrouvée avant et après l’âge de 65 ans alors qu’elle diminue à l’échelle nationale. 80 2.8. Panorama des différentes pathologies rencontrées en Limousin La figure 4 et le tableau X mettent en exergue le poids des principales pathologies donnant lieu à une admission en ALD (Affection de Longue Durée) durant la période 1997-1999 ou responsables de décès (année 2002) en Limousin[83]. 35-64 ans plus de 65 ans Figure 4 : Principales pathologies d’entrée en ALD chez les personnes de plus de 35 ans, en Limousin, en 1999 81 Tableau X : Taux annuels moyens de mortalité en Limousin pour 100 000 habitants d'une classe d'âge donnée, 2002. <1 Moyenne pondérée (quel que 1-4 5-14 35-44 45-54 55-64 65-74 75-84 soit l’âge) 14.3 0 0 0 0 0 0 0 0 14.3 0 0 0 0 0 0 0 28.5 0 0 0 0 0 157 99.9 0 85.6 42.8 28.5 371 0 3.6 0 0 3.6 0 0 0 0 0 0 0 3.6 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 3.6 0 3.6 3.6 0 40 Age (années) Causes de décès - Liste S10 I. Maladies infectieuses et parasitaires II. Tumeurs Tumeurs de la lèvre, de la cavité buccale et du pharynx Tumeurs du larynx, trachée, bronches et poumon Tumeur des tissus lymphoïdes et hématopoïétiques III. Maladies du sang et des organes hématopoïétiques IV. Maladies endocriniennes, nutritionnelles et métaboliques (Diabète, …) V. Troubles mentaux et du comportement VI. Maladies du système nerveux et des organes des sens VII. Maladie de l’appareil circulatoire Cardiopathies ischémiques Maladies cérébrovasculaires VIII. Maladies de l’appareil respiratoire Grippe Pneumonie Maladies chroniques des voies respiratoires inférieures Asthme IX. Maladies de l’appareil digestif X. Maladies de la peau et du tissu cellulaire sous-cutané XI. Maladies du système ostéo-articulaire, muscles et tissu conjonctif XII. Maladies de l'appareil génito-urinaire Maladies du rein et de l'uretère XIII. Complications de la grossesse et de l'accouchement XIV. Certaines affections dont l'origine se situe dans la période périnatale XV. Malformations congénitales Malformations congénitales du système nerveux Malformations congénitales de l’appareil circulatoire XVI. Symptômes et états morbides mal définis Mort subite du nourrisson Total 0 5.7 1.4 0 0 0 0 0 2.9 0 0 0 2.9 0 1.4 1.4 1.4 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 11 4.2 42.8 1 6.3 6.3 1 3.1 8.3 6.3 22.9 9.4 3.1 5.2 0 0 3.1 2.1 7.3 0 1 4.2 4.2 0 0 2.1 1 1 8.3 0 172 8.6 183 10.5 44 4.8 1 9.6 25.8 9.6 62.1 30.6 6.7 7.6 0 1.9 2.9 1.9 29.6 0 1.9 0 0 0 0 1.9 0 1 12.4 0 421 17 363 10.4 108.3 22.2 2.6 23.5 26.1 22.2 153 57.4 30 22.2 0 3.9 10.4 2.6 74.4 0 2.6 3.9 2.6 0 0 2.6 0 2.6 27.4 0 813 23.2 768 25.6 128 45.1 3.7 67.1 35.4 65.8 488 145.1 117.1 78 0 14.6 34.1 6.1 76.8 0 9.8 24.4 21.9 0 0 3.7 0 0 52.4 0 1797 80.7 1316 13.2 161.4 120.2 11.5 163 145 199 1631 472.7 385.4 277 3.3 64.2 88.9 8.2 199 21.4 49.4 64.2 49.4 0 0 6.6 0 3.3 161 0 4508 20.9 351.9 7.2 52.5 25 3.9 50.7 54.5 46.6 430.6 110.6 98.2 81.8 1 26.7 22.6 3.9 57.9 6.5 10.1 16.2 13.3 0 1.5 3.7 0.1 2.2 67.6 0.3 1296.8 82 De prime abord, deux constatations transparaissent : le retentissement des tumeurs et des maladies circulatoires sur la santé en Limousin. En effet, considérant la tranche d’âge des plus de 75 ans, il ressort du tableau, une prédominance incontestable des décès liés aux maladies de l’appareil circulatoire (environ 1630 décès pour 100 000 habitants). Ces pathologies sont également impliquées dans l’admission en affection de longue durée (ALD) d’un grand nombre de personnes. La seconde pathologie incriminée dans l’incidence des ALD et des décès en Limousin est représentée par les tumeurs, toute nature confondue. La variable âge n’a ici que peu d’influence. Les tumeurs sont ainsi à l’origine de plus de 50 % des ALD (période 1997-1999) et sont la première cause de mortalité des 25-54 ans, en 2002 (seconde cause chez les plus de 55 ans). Du reste, l’analyse des pathologies selon l’âge de l’individu laisse apparaître des divergences. L’étude des taux annuels de décès pour 100 000 habitants indique que la principale cause de mortalité des enfants (1-14 ans) est une nouvelle fois les tumeurs. Viennent ensuite les maladies de l’appareil respiratoire, les malformations congénitales et les maladies du système nerveux et des organes des sens. Quant aux nourrissons (moins de un an), la première cause de mortalité est due aux affections ayant une origine périnatale. Les malformations congénitales, et notamment celles touchant l’appareil circulatoire, engendrent un nombre élevé de décès chez les moins d’un an. Les personnes adultes de 15 à 54 ans, sont majoritairement affectées par les pathologies tumorales (admission en ALD et décès). Les maladies cardio-vasculaires sont le deuxième facteur pourvoyeur de mortalité en Limousin. On remarque qu’avec l’âge, le nombre de décès imputable à ces pathologies est fortement croissant. Quant aux admissions en ALD, les maladies cardio-vasculaires représentent environ un tiers de l’ensemble des ALD. Par ailleurs, les maladies digestives et respiratoires constituent un poids non négligeable sur les décès en Limousin. Au demeurant, le nombre d’ALD, en Limousin, témoigne du fort impact sanitaire du diabète (type I et II). 83 2.9. Les professionnels de santé en Limousin [84], [85] Une forte disparité régionale reflète la situation des professionnels de santé en Limousin. En effet, leur présence est généralement plus forte dans le département de la Haute-Vienne, viennent ensuite la Corrèze et enfin, loin derrière la Creuse. (Annexe 12) Par comparaison à la distribution sur l’ensemble du territoire national, la région possède une densité de médecins généralistes légèrement supérieure. La densité des médecins spécialistes est, quant à elle, inférieure à celle de la France. Toutefois, au cours de ces quinze dernières années, cette dernière a connu une forte augmentation (17 %). Le tableau ci-dessous a pour vocation d’esquisser une ébauche de l’offre de soins accessible en Limousin. Tableau XI : Les professionnels de santé exerçant à titre libéral ou salarié en Limousin au 01/01/2004 (nombre). Limousin Corrèze Creuse Haute-Vienne Médecins généralistes 1291 369 208 714 Spécialistes 1114 307 117 690 Pharmaciens 992 307 158 527 Nombre d’officines 356 120 69 167 24 5 9 10 5 1 1 3 Hôpitaux et cliniques Associations de déficients respiratoires 84 3° Partie : Etude qualitative : états des lieux des attentes locales pour une information plus ciblée. L’analyse des bases de communication sur le thème de la pollution de l’air en Limousin a soulevé certaines interrogations. En effet, les sources de données disponibles, reflètent majoritairement les notions de mesure et de surveillance de la qualité de l’air et sont destinées à l’ensemble de la population limousine. A la suite des enseignements des différentes données bibliographiques (impact sanitaire de la pollution atmosphérique, absence de seuil de dangerosité, notion de personnes sensibles), il nous semble important d’approfondir le système d’information en harmonisant le thème pollution de l’air et santé en Limousin. De surcroît, il apparaît essentiel de pouvoir mettre à disposition des populations sensibles des informations plus ciblées et plus facilement accessibles. Une réflexion s’est alors installée quant à la manière d’appréhender aux mieux les besoins et les attentes dans le domaine informatif. Dans un souci de clairvoyance et d’apport d’une information efficace, il est apparu intéressant d’intégrer à ce projet les professionnels qui exercent leur activité au quotidien auprès de personnes sensibles. En effet, ces professionnels seront, éventuellement, à même de jouer un rôle de relais et de permettre ainsi un circuit de l’information pour eux-mêmes et pour les personnes avec lesquelles ils sont en contact. Leur statut leur confère une plus forte crédibilité vis à vis du public, ce qui contribue à optimiser la sensibilisation et la qualité de l’information. L’investissement de tous ces partenaires est nécessaire au maintien, au développement et à l’accessibilité de l’information portant sur ce domaine. Pour exemple, [86] en région Ile de France, un plan de communication en direction des professionnels de santé a été élaboré. Les conclusions de ce projet sont encourageantes, elles 85 ont mis en exergue une volonté et une forte adhésion des professionnels de santé vis à vis de ces problématiques. Ainsi, à partir de la caractérisation précédente des populations sensibles, un inventaire des professionnels susceptibles de promouvoir l’information, au sein de la région Limousin, a été établi. Les différents corps de métiers concernés sont les suivants : médecins généralistes et spécialistes (salariés et libéraux) : - allergologues - cardiologues - gérontologues - médecins du travail - ophtalmologues - oto-rhino-laryngologistes (ORL) - pédiatres - pneumologues - médecins du sport - médecins en santé publique associations de malades déficients respiratoires pharmaciens d’officine responsables d’établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) directeurs d’écoles maternelles et primaires responsables de crèches et haltes-garderies hôpitaux et cliniques Services Départementaux d'Incendie et de Secours Préfecture de la région et Sous-Préfectures Conseil Régional et Conseils Généraux ; DRASS et DDASS 86 Afin d’esquisser au plus près le ressenti de ces professionnels, une enquête qualitative a été menée. Cette dernière a pour vocation de dépeindre les acquis sur le thème de la pollution atmosphérique, l’implication des professionnels, leurs besoins et attentes dans ce domaine. 1. Cheminement préalable à l’envoi du questionnaire La première étape a consisté au recensement des professionnels visés par cette enquête. Les données ont été recueillies auprès des différentes directions (Ordre régional des pharmaciens, Conseils départementaux de l’Ordre des médecins, Inspection académique, …). Etant donné le nombre important de personnes répertoriées, des panels ont été réalisés au sein des médecins généralistes, des pharmaciens d’officine et des écoles de la région. Ainsi, dans le souci d’avoir une répartition homogène des envois entre chaque catégorie de métiers, le courrier a été adressé au tiers des médecins généralistes et officines pharmaceutiques de la région (s’ajoutant aux médecins spécialistes ciblés) et à la moitié des écoles maternelles et primaires. Au total, 1516 questionnaires seront envoyés sur l’ensemble du Limousin Chaque professionnel s’est vu attribuer un code afin de garantir l’anonymat du questionnaire. Par ailleurs, dans un souci d’information, il a été convenu d’envoyer le questionnaire accompagné de la plaquette de l’association LIMAIR. Enfin, une enveloppe préaffranchie est jointe à chaque pli afin d’optimiser le nombre de retours. 87 2. Rédaction du questionnaire Dans le dessein de faciliter la lisibilité et la compréhension, le questionnaire s’articule autour de quatre grands items. (Annexe 13) Dans un premier temps, quatre questions s’attachent à décrire la perception de la pollution atmosphérique par les différents professionnels interrogés. La première question aborde les problématiques environnementales au sens large ; les questions suivantes affinent l’investigation en s’intéressant à la région Limousin. Ces premières interrogations ont vocation de préambule. Elles laissent transparaître les perceptions concernant la qualité de l’air au sein de la région et notamment la connaissance du réseau LIMAIR, pourvoyeur prépondérant d’informations touchant ce domaine en Limousin. De plus, elles permettent d’évaluer la fréquence de consultation des données sur la qualité de l’air en Limousin et leur facilité d’accès. La seconde partie s’attache à cerner les connaissances des professionnels, en terme de pollution atmosphérique et de santé. Ces questions permettent d’appréhender la sensibilisation des professionnels quant aux effets sanitaires de la pollution atmosphérique et notamment l’existence de personnes sensibles. Dans le troisième item, l’objectif est de recueillir les informations relatives à l’impact de la pollution atmosphérique au cours de l’activité professionnelle. Le second dessein est d’évaluer les besoins d’information des professionnels et du public auprès duquel ils exercent. Enfin, le dernier item oeuvre à faire ressortir les besoins et les attentes des différents professionnels ainsi que les outils de communication les mieux adaptés, pour eux-mêmes et pour le public. De surcroît, la dernière requête est une interrogation des professionnels quant à leur disponibilité à intégrer au sein de leur structure et dans l’exercice de leur métier un point de relais d’information. 88 3. Exploitation du questionnaire 3.1. Nombre d’envois et taux de réponses Le recensement des professionnels a conduit à l’envoi de 1516 exemplaires du questionnaire. L’expédition de ces derniers a débuté le 28 avril 2006. La phase d’enregistrement des retours de l’enquête s’est échelonnée sur les mois de mai et juin. Une plus forte affluence des réponses s’est dessinée au cours de la deuxième semaine du mois de mai. A l’issu du dépouillement de l’enquête, le taux de réponses atteint 23 %. Le graphique qui suit (figure 5) fait état du nombre d’envois et de réponses pour chaque corps de métier visé par l’étude. Envois et retours du questionnaire 0 50 100 150 200 250 300 350 Nombre d'envois Allergologues Oto-rhino-laryngologues Nombre de réponses Pneumologues Cardiologues Gérontologues Médecins du travail Ophtalmologistes Pédiatres Médecins du sport Médecins en santé publique Médecins généralistes Officines Maisons de retraite Crèches Ecoles Administration Figure 5 : Nombre d’envois et de retours du questionnaire La représentation du pourcentage de réponses au sein de chaque entité professionnelle (figure 6) révèle une certaine hétérogénéité. 89 0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35% 40% Allergologues Oto-rhino-laryngologues Pneumologues Cardiologues Gérontologues Médecins du travail Ophtalmologistes Pédiatres Médecins du sport Médecins en santé publique Médecins généralistes Officines Maisons de retraite Crèches Ecoles Administration Figure 6 : Taux de réponses Entre tous les professionnels, les médecins en santé publique (à relativiser du fait du nombre d’envois initial : 14), les pharmaciens d’officine, les administrations et les ORL (taux de réponses > 30 %) figurent parmi les personnes les plus investies dans ce projet. Leur activité professionnelle les place au centre des problématiques évoquées dans cette étude. En effet, la pollution atmosphérique fait, de nos jours, partie des lignes prioritaires des programmes en santé publique. De plus, la sensibilisation grandissante du public sur le thème de la pollution de l’air et de son impact sanitaire suscite de nombreuses interrogations. Celles-ci conduisent légitimement à diverses sollicitations, notamment vis à vis des pharmaciens d’officine qui apparaissent comme étant les professionnels de santé les plus facilement accessibles. L’implication de ces derniers est alors plus marquée. La seconde zone qui transparaît dans le graphique se situe entre 20 et 30 % de réponses. Cette dernière comprend les médecins spécialistes des voies respiratoires : allergologues et pneumologues, les médecins du sport, les gérontologues et les responsables d’établissement d’hébergement pour personnes âgées. Ces professionnels exercent au quotidien leur activité auprès de personnes plus vulnérables aux effets des polluants de l’air (malades déficients respiratoires, personnes âgées et sportifs). Leur adhésion est donc naturelle. 90 Le taux de réponses des autres professionnels est inférieur à 20 %. Les plus faibles pourcentages sont rencontrés pour les responsables de crèches et haltes-garderies (12,5 %), les cardiologues et les directeurs d’écoles primaires et maternelles. Enfin, le taux de retours des professionnels restants se concentre autour de la valeur 18,5 %. 3.2. Le questionnaire Afin d’optimiser la lisibilité des résultats de l’enquête, les professionnels ont été répertoriés en six catégories harmonisées en fonction de l’activité exercée : - les pharmaciens d'officine - les médecins généralistes - les médecins spécialistes (allergologues, oto-rhino-laryngologistes, pneumologues, cardiologues, gérontologues, ophtalmologistes et pédiatres) - les médecins en administration (médecins du travail, médecins en santé publique, hôpitaux, cliniques, collectivités territoriales) - les directeurs d'écoles et responsables de crèches et halte garderie, - les responsables d’EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes). 3.2.1. ITEM 1 : Perception de la pollution atmosphérique La première question a pour vocation de souligner le sentiment des professionnels quant aux problèmes environnementaux dans leur plus vaste ensemble. 91 1- Les problématiques environnementales vous paraissent t-elles : insignifiantes, assez importantes, préoccupantes ? La première question a pour vocation de souligner le sentiment des professionnels quant aux problèmes environnementaux dans leur plus vaste ensemble. Les problématiques environnementales vous paraissent-elles : 100% Préoccupantes 80% Assez importantes 60% Insignifiantes 40% 20% 0% Pharmaciens Médecins Médecins Médecins en Directeurs Responsables d'officine généralistes spécialistes administration d'écoles et EHPAD crèches Figure 7 : Les problématiques environnementales Les résultats révèlent que les problématiques environnementales, au sens large, sont nettement perçues par les professionnels interrogés. En effet, d’après le graphique (figure 7), plus de 80 % d’entre eux estiment que ces questions sont assez importantes voire préoccupantes. Les résultats sont relativement homogènes et montrent clairement une nette sensibilisation et une prise de conscience des différentes catégories de métiers sur ce thème, qu’ils soient professionnels de santé ou non. Par exemple, 70% des directeurs d’écoles et de crèches interrogés considèrent préoccupants les problèmes liés à l’environnement. Les questions suivantes orientent l’investigation au niveau de la région Limousin. Elles ont pour objectif de mettre en exergue la connaissance ou non de l’existence d’une association agréée de surveillance de la qualité de l’air (AASQA) dans la région et particulièrement l’existence de LIMAIR. De plus, LIMAIR étant une source prépondérante d’informations 92 concernant la qualité de l’air en Limousin, ces questions permettent d’apprécier préalablement le niveau de connaissance des professionnels dans ce domaine. 2- En matière de la qualité de l’air, savez-vous qu’en Limousin, il existe un organisme de surveillance de la qualité de l’air (AASQA) ? Il ressort du graphique ci-dessous (figure 8) une connaissance mitigée de l’existence d’une AASQA dans la région. Connaissance de l'existence d'une AASQA 20% oui non 16% 12% 8% 4% 0% Pharmaciens Médecins d'officine généralistes Médecins Médecins en Directeurs Responsables spécialistes administration d'écoles et EHPAD crèches Figure 8 : Connaissance de l’existence d’une AASQA Néanmoins, la majorité des médecins exerçant en administration (DRASS, …) interrogés ont connaissance de l’existence d’une AASQA. Ces derniers sont amenés au cours de l’exercice de leurs activités à aborder plus spécialement ces problématiques et à travailler conjointement avec l’association. On peut se demander à la suite de cette question si les réponses positives décrivent une réelle connaissance de l’association (missions, fonctionnement, …) ou une supposition de l’existence de ce type de réseau de surveillance de la qualité de l’air dans la région. 93 3- Saviez-vous que LIMAIR est l’association agréée qui surveille la qualité de l’air en Limousin ? Le graphique suivant (figure 9) affine la requête précédente avec une question sur la connaissance spécifique du réseau LIMAIR, AASQA en Limousin. Les résultats sont sans équivoque et appuient l’hypothèse d’une supposition de l’existence d’un tel réseau. Les professionnels interrogés, mis à part les médecins en administration, semblent peu connaître la présence de LIMAIR en Limousin. Connaissance de Limair 20% oui non 16% 12% 8% 4% 0% Pharmaciens Médecins d'officine généralistes Médecins Médecins en Directeurs spécialistes administration d'écoles et crèches Responsables EHPAD Figure 9 : Connaissance de LIMAIR Ainsi, ces premiers résultats laissent pressentir une faiblesse quant à l’information sur la pollution atmosphérique en Limousin envers les professionnels sollicités. Le graphique de la figure 10 illustre les moyens grâce auxquels certains professionnels ont pu découvrir LIMAIR. Les deux principales sources d’information s’avèrent être les médias et le bulletin mensuel de LIMAIR. Avec une proportion plus faible, les autres moyens de connaissance cités sont Internet, les colloques et le camion laboratoire de LIMAIR. Moyens de connaissance 20% 10% 0% Bulletin Limair Internet Médias Colloque Camion laboratoire Limair Figure 10 : Moyens de connaissance 94 4- Consultez-vous des données sur la qualité de l’air en Limousin ? Enfin, la dernière question de cette première partie traduit la fréquence de consultation des données sur la qualité de l’air en Limousin. Les résultats obtenus ici (figure 11) sont en adéquation avec les questions précédentes. En effet, hormis les médecins travaillant en administration, les professionnels reconnaissent à plus de 80 % ne jamais consulter de données sur la qualité de l’air en Limousin. Consultez-vous des données sur la qualité de l'air en Limousin ? 100% Fréquemment Peu 80% Jamais 60% 40% 20% 0% Pharmaciens Médecins Médecins Médecins en Directeurs Responsables d'officine généralistes spécialistes administration d'écoles et EHPAD crèches Figure 11 : Consultation des données sur la qualité de l’air en Limousin Parmi les professionnels consultant ces données, les sources d’information sont essentiellement Internet et les médias. Les autres moyens évoqués sont le mensuel de LIMAIR, la chaîne câblée de Limoges, les revues scientifiques et les colloques (figure 12). Données sur la qualité de l'air 25% 20% 15% 10% 5% 0% Médias Colloques Internet Revue scientifique Chaine cablée de Limoges Bulletin Limair Figure 12 : Données sur la qualité de l’air 95 A l’issu de ce premier item, deux conclusions se dégagent. D’une part, les professionnels ayant répondu au questionnaire sont conscients des problématiques engendrées par la pollution atmosphérique. D’autre part, il ressort de cette analyse, une méconnaissance générale des moyens d’information sur la qualité de l’air, disponibles en Limousin. 3.2.2. ITEM 2 : Connaissances en terme de pollution atmosphérique Les questions préliminaires s’attachaient à faire transparaître les perceptions concernant la qualité de l’air en Limousin. Ce second item poursuit l’investigation en abordant le volet sanitaire de la pollution atmosphérique. Il a pour dessein de refléter une ébauche des connaissances des personnes interrogées sur ce thème. 5- Selon vous, quel est l’impact de la pollution atmosphérique sur la santé: inoffensive, un impact sanitaire faible, un impact sanitaire avéré, sans opinion ? La première question décrit le sentiment des professionnels concernant l’impact sanitaire de la pollution de l’air. Les résultats sont illustrés dans le graphique (figure 13). Impact de la pollution atmosphérique sur la santé Inoffensive Responsables EHPAD Un impact sanitaire faible Directeurs d'écoles et crèches Un impact sanitaire avéré Médecins en administration Sans opinion Médecins spécialistes Médecins généralistes Pharmaciens d'officine 0% 20% 40% 60% 80% 100% Figure 13 : Impact de la pollution atmosphérique sur la santé 96 Toutes les catégories de professionnels sollicités se rejoignent pour déclarer que la pollution de l’air induit un impact sur la santé avéré. Qu’ils exercent ou non leurs activités dans le secteur de la santé, les professionnels apparaissent très conscients de l’existence de risques sanitaires émanant d’une mauvaise qualité de l’air respiré. De tels résultats laissent transparaître la présence d’une sensibilisation bien intégrée quant aux dommages généraux engendrés par la pollution atmosphérique. 6- Selon-vous, quelles sont les substances polluantes à l’origine de pathologies ? Avec cette question, l’investigation portant sur les connaissances des professionnels est affinée. Il s’agit ici d’approfondir les résultats de la réponse précédente afin d’estimer si la corrélation polluants de l’air et effet sur la santé est clairement perçue par les personnes interrogées. La question posée est une question ouverte pour ne pas influencer les réponses et permettre ainsi de cerner précisément les perceptions des différents professionnels. L’histogramme suivant (figure 14) répertorie les polluants nommés par les différentes catégories de professionnels visés par l’enquête. Avant toute chose, l’analyse des réponses a montré que 23 % des personnes interrogées ont cité le pollueur (automobiles, usines, …) et non la substance polluante à l’origine de pathologies (particules en suspension, dioxyde d’azote, …). Cette remarque laisse présumer un caractère superficiel des connaissances dans ce domaine pour presque un quart des personnes interrogées. 97 Figure 14 : Les substances polluantes à l’origine de pathologies Quelles les substances polluantes à l'origine de pathologies, d'après les professionnels ? Pharmaciens d'officine Médecins généralistes Médecins spécialistes Médecins en administration Directeurs d'écoles et crèches Responsables EHPAD 40% 35% 30% 25% 20% 15% 10% 5% 0% NOx SO2 O3 Métaux lourds PM COV CO2 Benzène CO HAP Pesticides Tabac Radioactivité Pollen 98 Les résultats sont assez uniformes entre les catégories de professionnels. Le polluant le plus fréquemment cité est le monoxyde de carbone. Ensuite, viennent l’ozone et les oxydes d’azote, les particules en suspension et le dioxyde de soufre. Les professionnels interrogés semblent davantage sensibilisés aux polluants « classiques », intégrés de longue date dans la réglementation des polluants de l’air (monoxyde de carbone, oxydes d’azote, ozone). Il ressort de ce graphique une méconnaissance des polluants émergeants (dioxines – furanes, par exemple) ainsi qu’une sous-estimation des effets sanitaires de certains polluants (pesticides, …). Ces constatations mettent en évidence une distance entre les acquis et l’emphase actuelle de la pollution de l’air. De plus, à travers cette question, certaines caractéristiques de la région se distinguent à savoir l’activité agricole (pesticides) et la caractéristique géologique du sous-sol (granit et radioactivité). 7- Vous sentez-vous suffisamment informés sur ces problématiques ? L’objectif de la question suivante est de mettre en lumière la satisfaction des professionnels interrogés quant à l’information concernant les polluants de l’air et les risques sanitaires qui leur sont associés. Vous sentez-vous suffisamment informés ? 0% 20% 40% 60% 80% 100% Pharmaciens d'officine Non Médecins généralistes Partiellement Suffisamment Médecins spécialistes Sans opinion Médecins en administration Directeurs d'écoles et crèches Responsables EHPAD Figure 15 : Satisfaction de l’information 99 Le graphique (figure 15) est sans équivoque et révèle un manque indéniable d’information dans ce domaine. En effet, à l’exception des médecins exerçant en administration plus de 80 % des professionnels consultés estiment ne pas être suffisamment informés. Par ailleurs, si l’on affine l’investigation plus particulièrement au niveau des médecins spécialistes, les résultats sont similaires. Bien que leur activité de soignant (pneumologues, allergologues, pédiatres, …) les conduit à aborder spécialement ces problématiques, ces derniers ne se sentent pas suffisamment informés. 8- Selon vous, y a t-il des personnes plus sensibles aux effets de la pollution atmosphérique ?, si oui lesquelles ? Après avoir approché le thème des polluants de l’air et leur implication dans certaines pathologies, la question suivante traite de la connaissance de l’existence de personnes plus vulnérables à ces substances. 98 % de l’ensemble des professionnels interrogés estiment qu’ils existent des personnes plus sensibles aux méfaits de la pollution atmosphérique (figure 16). Les personnes sensibles selon les professionnels interrogés : 0% 20% 40% 60% 80% 100% Enfants Personnes âgées Malades respiratoires Malades cardiaques Femmes enceintes Sportifs Fumeurs Figure 16 : Les personnes sensibles 100 Les sujets sensibles aux effets de la pollution atmosphérique, selon les professionnels interrogés figurent sur le graphique (figure 17). Les premières personnes citées sont les malades atteints de pathologies respiratoires (asthmatiques, bronchiteux chroniques, …). Les enfants et les personnes âgées arrivent en deuxième position. A l’intérieur de chaque catégorie de professionnels sollicités, les réponses sont analogues. D'après les professionnels, quels sont les sujets les plus sensibles à la pollution atmosphérique ? 0% 20% Pharmaciens d'officine 40% 60% 80% 100% Enfants Personnes âgées Médecins généralistes Médecins spécialistes Médecins en administration Directeurs d'écoles et crèches Malades respiratoires Malades cardiaques Femmes enceintes Sportifs Fumeurs Responsables EHPAD Figure 17 : Les personnes sensibles selon chaque catégorie de professionnels Enfin, un point attire l’attention sur ce graphique, les femmes enceintes et les fumeurs, bien que très sensibles, n’apparaissent qu’avec un pourcentage très faible, même chez les médecins spécialistes (allergologues, pneumologues, pédiatres, …). Ainsi, dans notre société le sentiment d’allégresse et de ravissement qui accompagne la maternité tend à occulter la plus forte vulnérabilité des femmes enceintes. La femme enceinte n’est–elle pas considérée comme une personne fragile ? Il en est de même pour les fumeurs. Considérons-nous le sujet fumeur et non-fumeur comme égaux du point de vue de leur santé ? Le fumeur est-il une personne sensible qui s’ignore et qu’on ignore ? Ce second item a permis d’appréhender la sensibilisation des professionnels quant aux problématiques sanitaires liées à la pollution de l’air. Bien que moins affranchis de la nature 101 des substances polluantes, les professionnels ont parfaitement intégré la notion de personnes sensibles. 3.2.3. ITEM 3 : Impact de la pollution atmosphérique sur votre activité Les questions de cette troisième partie orientent l’investigation vers le secteur d’activité des professionnels interrogés. L’objectif étant de percevoir le retentissement de la qualité de l’air sur l’activité professionnelle. 9- Est-ce qu’une modification dans le secteur de votre activité peut être imputée à la pollution atmosphérique ? (Augmentation et/ou diminution de l’activité, estimation du pourcentage de variation). Pour ce faire, la première question est une interrogation des professionnels concernant l’imputabilité de la pollution atmosphérique dans des modifications de leur exercice professionnel. Ces changements peuvent être de diverses natures : recours aux soins, besoins d’information du public, absentéisme, … Modification dans le secteur d'activité 0% 20% 40% 60% 80% 100% Pharmaciens d'officine Oui non Médecins généralistes Sans opinion Médecins spécialistes Médecins en administration Directeurs d'écoles et crèches Responsables EHPAD Figure 18 : Modification dans le secteur d’activité 102 Parmi les différents corps de métiers sollicités par l’enquête, les réponses fluctuent selon la profession exercée (figure 18). Les médecins spécialistes ressentent une modification de leur activité qu’ils semblent imputer à la pollution atmosphérique. Les médecins généralistes et les pharmaciens d’officine paraissent également attribuer des variations de leur activité à une mauvaise qualité de l’air. L’exercice des directeurs d’écoles et des responsables de crèches et haltes garderies est aussi affecté par la pollution de l’air, son impact s’avère moindre. Néanmoins, l’imputabilité des polluants de l’air est plus difficile à estimer. En effet, elle ne conduit pas nécessairement à l’absentéisme, l’enfant peut tout à fait avoir recours à une médication sans qu’il n’y ait toutefois des répercussions sur son activité scolaire. L’histogramme suivant (figure 19) représente un zoom détaillant l’impact de la pollution de l’air sur la modification de l’activité professionnelle de chaque catégorie de spécialistes. Modification de l'activité des médecins spécialistes : 0% 20% 40% 60% 80% 100% Allergologues Oui Oto-rhino-laryngologues Non Pneumologues Sans opinion Cardiologues Gérontologues Ophtalmologistes Pédiatres Figure 19 : Modification de l’activité des médecins spécialistes Selon toute attente, l’activité des médecins spécialistes des pathologies des voies respiratoires est la plus influencée par la pollution atmosphérique (80% des allergologues, 86% des ORL et 60% des pneumologues ressentent des modifications de leur activité). 103 L’exercice des ophtalmologistes est aussi rythmé par la pollution de l’air. Cela est à mettre en parallèle avec le fait que certains polluants (tel l’ozone) sont pourvoyeurs d’irritations oculaires. De plus, environ 40% des pédiatres et des cardiologues ressentent une variation de leur activité. Enfin, bien que les répercussions d’une mauvaise qualité de l’air soient plus faibles, l’activité des gérontologues est également modifiée. Toutefois, cette question revêt un caractère très subjectif, en effet, aucune corrélation pollution de l’air-modification de l’activité (soins, absentéisme, …) ne peut être clairement établie. La pollution de l’air est ressentie comme responsable des variations de l’exercice professionnel. L’histogramme de la figure 20 renseigne sur la nature des modifications observées. Nature des modifications Augmentation diminution 30% 20% 10% 0% Pharmaciens d'officine Médecins généralistes Médecins Médecins en spécialistes administration Directeurs d'écoles et crèches Responsables EHPAD Figure 20 : Nature des modifications Les médecins, pharmaciens et responsables d’établissements d’hébergement pour personnes âgées constatent une augmentation dans le secteur de leur activité. Cet accroissement se traduit par un recours aux soins ainsi que par des sollicitations diverses (demandes de renseignements, …). Le secteur scolaire est ponctué par une diminution de l’activité exercée 104 en corrélation avec une dégradation de la qualité de l’air. Cette dernière se manifeste essentiellement par l’absentéisme des enfants. Entre toutes les personnes affectées par une modification dans le secteur de leur activité, une estimation du pourcentage de variation a été réalisée (figure 21). Pourcentage de variation Pharmaciens d'officine Médecins généralistes Médecins spécialistes Médecins en administration Directeurs d'écoles et crèches Responsables EHPAD 10% 8% 6% 4% 2% 0% <0.5 % 1-4 % 5-9 % 10-14 % 15-20 % 21-30 % Figure 21 : Pourcentage de variation Les réponses obtenues se concentrent autour de la valeur 0,5% et moins d’augmentation ou de diminution dans le secteur d’activité exercée. Les médecins spécialistes et généralistes rencontrent les plus fortes modifications. En effet, leur activité professionnelle les expose particulièrement aux répercussions d’une mauvaise qualité de l’air respiré. Le pourcentage de variation de l’activité en milieu scolaire se répartit autour des valeurs <0,5% et 10-20%. Cette diminution provient essentiellement de l’absentéisme. Au niveau des médecins spécialistes (figure 22), les plus fortes modifications sont retrouvées chez ceux spécialisés dans les pathologies des voies respiratoires. L’activité des ophtalmologistes est également conditionnée par les méfaits de la pollution atmosphérique. De même, le recours au service de pédiatrie est accru lorsque la qualité de l’air n’est pas satisfaisante. Enfin, l’activité des gérontologues se trouve aussi perturbée (1 à 5% d’augmentation). 105 Pourcentage de variation Allergologues 30% Oto-rhino-laryngologues Pneumologues 20% Cardiologues 10% Gérontologues Ophtalmologistes 0% <0.5 % 1-4 % 5-9 % Pédiatres 10-14 % 15-20 % 21-30 % Figure 22 : Médecins spécialistes et pourcentage de variation 10- Constatez-vous au cours de l’exercice de votre profession, un besoin d’information particulier sur ce thème, du public auprès duquel vous exercez, (relation pollution atmosphérique-santé) ? (pendant l’année, lors d’épisodes de pollution) Les premiers résultats ont décrit une modification de l’activité professionnelle des personnes interrogées, la question suivante complète les données précédentes en orientant la requête vers les besoins d’information. La finalité est d’apprécier si les modifications de l’activité professionnelle se traduisent par des sollicitations en terme de besoin informatif. Par ailleurs, une distinction est faite entre le manque d’information lors d’épisodes de pollution et une carence informative de fond. Besoins d'information du public 80% Pharmaciens d'officine Médecins généralistes 60% Médecins spécialistes 40% Médecins en administration Directeurs d'écoles et crèches 20% Responsables EHPAD 0% Pendant l'année Lors d'épisodes de pollution sans opinion Figure 23 : Besoins d’information du public 106 Le graphique ci-contre (figure 23) révèle un besoin certain d’information du public auprès duquel les professionnels exercent leur activité. Les besoins d’information se retrouvent lors d’épisodes de pollution mais pas seulement. En effet, les personnes aspirent à une information de fond afin de mieux appréhender ensuite les phases de pollution. Ce constat reflète une insuffisance d’informations et une réelle volonté du public d’acquérir des connaissances dans ce domaine. Ce manque d’information est à corréler à la méconnaissance des moyens d’information sur ce thème dans la région (notamment LIMAIR). Entre les différentes catégories de professionnels, les enseignants sont les plus sollicités et ce tout au long de l’année. Ce besoin en terme d’information est à corréler au fait que la pollution de l’air fait partie du programme scolaire du premier cycle. En outre, les médecins généralistes semblent davantage sollicités lors d’épisodes de pollution. Quant aux responsables d’établissement pour personnes âgées, les besoins sont inférieurs et se retrouvent plutôt lors de « pic » de pollution. 11- Vous-même, vous sentez-vous suffisamment informés sur ce domaine ? La question suivante situe la requête du point de vue des professionnels. Il s’agit ici de faire transparaître si les professionnels se considèrent suffisamment informés dans ce domaine. Etes-vous suffisamment informés dans ce domaine ? Oui non Sans opinion Responsables EHPAD Directeurs d'écoles et crèches Médecins en administration Médecins spécialistes Médecins généralistes Pharmaciens d'officine 0% 20% 40% 60% 80% 100% Figure 24 : Sentiment des professionnels quant à l’information 107 Ce graphique (figure 24) est à l’image des résultats précédents et illustre la notion itérative qui ressort de l’analyse des réponses du questionnaire à savoir une carence indéniable d’information de la part des professionnels et du public. Qu’ils soient médecins, pharmaciens, directeurs d’école, d’établissements d’hébergement pour personnes âgées, … tous les professionnels se rejoignent sur ce point. A l’exception des médecins travaillant en administration, plus de 70% des professionnels ayant répondu se sentent insuffisamment informés sur ces problématiques. Deux conclusions importantes émanent de cette troisième partie. D’une part, un nombre important de professionnels affirme subir des fluctuations de leur activité imputables à la pollution atmosphérique. D’autre part, le manque d’information transparaît aussi dans cet item et cette carence informative touche aussi bien le public que les professionnels. 3.2.4. ITEM 4 : Perspectives de communication Un besoin notoire d’information, tant des professionnels que du public, s’est dessiné au fil de la progression du questionnaire. Face à cette constatation, cet item a pour dessein de mettre en lumière les besoins et les attentes des professionnels et du public en terme de communication. Il s’agit ici de définir les perspectives de communication les mieux adaptées pour une information pertinente. 108 12- Quels seraient vos besoins et vos attentes dans ce domaine ? La première question a pour objectif de caractériser les attentes et les besoins des professionnels en terme d’information pour eux même et pour le public auprès duquel ils exercent (figure 25). Besoins et attentes des professionnels 80% Pharmaciens d'officine Médecins en administration Médecins généralistes Directeurs d'écoles et crèches Médecins spécialistes Responsables EHPAD Brochures spécifiques Intervention dans la structure 60% 40% 20% 0% Information au quotidien Information en cas d'alerte Exposition mobile Conseils, bonnes praitiques Figure 25 : Besoins et attentes des professionnels Premièrement, deux caractéristiques transparaissent. Les attentes des professionnels se traduisent principalement par un besoin d’information lors d’épisodes de pollution. La nature de cette information doit comprendre une communication sur les moyens de prévention, les conseils et les mesures de précaution ainsi que les bonnes pratiques à adopter. Dans un second temps, cette question dépeint la nature des outils de communication. Pour toutes les catégories de professionnels (médecins, pharmaciens, directeur d’EHPAD, …) la brochure est perçue comme le moyen de communication le plus à l’image de leurs attentes. Par ailleurs, ce graphique montre que les directeurs d’école et les responsables de crèches ont des besoins spécifiques. En effet, 50% d’entre eux estiment qu’une intervention au sein de leurs structures (écoles, crèches, halte garderies) est un moyen pertinent de communication. La présence d’une exposition mobile dans leur établissement est également sollicitée par ces derniers ainsi que par les responsables d’EHPAD et les médecins en administration. 109 Cette question comporte également une partie ouverte où chacun peut exprimer ses attentes en termes de communication. Propositions de communication 6% 5% 4% 3% 2% 1% 0% Médias Mails Information Bilan Brochure Informations Impact Cartographie Prévention Brochure quotidienne trimestriel scientifique sur les sanitaire destinée aux (canicule) polluants patients Figure 26 : Propositions de communication Parmi les propositions citées (figure 26), l’implication des médias est mise en avant. Les professionnels estiment que les médias sont un moyen de communication efficace et accessible pour un nombre important de personnes. Les attentes se manifestent au niveau de la presse locale écrite (quotidiens régionaux, journaux des communes,…), télévisés et radiophoniques. Ils trouvent judicieux d’associer aux bulletins météorologiques régionaux une information sur la qualité de l’air en Limousin (indice de qualité de l’air, des cartographies, …). Par ailleurs, les résultats illustrent les suggestions des professionnels concernant la nature des brochures d’information. La conception de brochures claires et pédagogiques destinées aux patients est préconisée. Les réponses montrent que le contenu des dépliants doit traiter des moyens de prévention et de précaution, de la nature des polluants présents dans l’air corrélés à une description de leur impact sanitaire ainsi qu’une cartographie des concentrations en polluants. Enfin, pour certains, plutôt qu’une information quotidienne, il apparaît intéressant de mettre à la disposition des usagers un bilan trimestriel de la qualité de l’air en Limousin. 110 13- Quel moyen de communication vous semble le mieux adapté pour vous et pour le public ? La question suivante constitue une synthèse des besoins émis afin de faire ressortir le moyen de communication le mieux adapté. Moyens de communication le mieux adapté ? 80% Brochures 60% Internet Affiches 40% Interventions 20% 0% Pharmaciens Médecins Médecins Médecins en Directeurs Responsables d'officine généralistes spécialistes administration d'écoles et EHPAD crèches Figure 27 : Outil de communication le mieux adapté Les résultats convergent avec ceux de la question précédente. L’outil de communication le plus sollicité est la brochure informative. En outre, les réponses montrent que les brochures doivent être associées à une intervention (formation, intervention dans la structure, …) et un affichage pour être pleinement efficace. Les directeurs d’école, crèches et établissements d’hébergement pour personnes âgées sont les premiers désireux d’intervention. De plus, certains professionnels ont émis des suggestions concernant les autres moyens de communication (figure 28). 111 Autres suggestions de moyens de communication 8% 6% 4% 2% 0% Information grand public Médias Inspection académique Vidéo Formation médicale continue Figure 28 : Autres moyens de communication Conformément aux réponses précédentes, les médias apparaissent comme un moyen de communication pertinent et fortement sollicité. Ces questions ont permis de cerner les outils de communication le plus en adéquation avec les attentes des professionnels et du public auprès duquel ils exercent leur activité. Ainsi, globalement les attentes des personnes interrogées concernent la conception d’une brochure d’information supportée par un affichage et des interventions. De plus, les réponses ont mis en évidence l’utilité de la présence d’informations sur la qualité de l’air dans la presse. Pour ce qui est de la nature de l’information, les besoins se répercutent sur différents domaines avec une insistance sur les bonnes pratiques à utiliser lors de phénomènes de pollution. Les deux questions qui clôturent le questionnaire sont une interpellation des professionnels quant à l’intérêt de la mise en place d’un relais d’information et leur disponibilité à l’accueillir. 14- Vous semble t-il intéressant de mettre à la disposition des usagers un point de relais d’information (référent professionnel, affichage, …) ? D’une façon globale, les professionnels (environ 80% d’entre eux) trouvent judicieux de mettre à la disposition des usagers des points de relais d’information (figure 29). 112 Est-il intéressant de mettre à disposition des usagers un point relais d'information ? 14% 6% Oui Non Sans opinion 79% Figure 29 : Intérêt d’un point relais d’information 15- Seriez-vous prêts à intégrer, au sein de votre structure et dans l’exercice de votre métier, un relais d’information sur ce thème ? Plus de 60% des professionnels sont prêt à intégrer, dans l’exercice de leur activité, un point de relais d’information (affichage, référent professionnel, …) (figure 30). Etes-vous prêts à intégrer un relais d'information dans l'exercice de votre métier 19% Oui Non 19% Sans opinion 61% Figure 30 : Intégration d’un relais d’information Les pharmaciens d’officines figurent parmi les plus intéressés quant à l’intégration de ce type de relais. Les responsables d’EHPAD semblent plus réticents, ils s’estiment moins à même de jouer un rôle de relais par comparaison aux autres professionnels (notamment les médecins et les pharmaciens) (figure 31). 113 Intégration d'un relais d'information Oui Responsables EHPAD Non Sans opinion Directeurs d'écoles et crèches Médecins en administration Médecins spécialistes Médecins généralistes Pharmaciens d'officine 0% 20% 40% 60% 80% 100% Figure 31 : Relais de d’information et professionnels 3.2.5. Bilan du questionnaire L’exploitation des réponses de l’enquête a permis d’établir des conclusions intéressantes. Tout d’abord, les professionnels interrogés paraissent sensibilisés aux problématiques environnementales. Quant à la pollution atmosphérique spécifiquement, l’existence des risques sanitaires est clairement perçue (risques sanitaires, personnes sensibles). Néanmoins, bien qu’ils soient témoins de modifications dans le secteur de leur activité (recours aux soins, demandes de renseignements, absentéisme, …), les professionnels éprouvent un manque notoire d’information dans ce domaine. Il se traduit essentiellement par la méconnaissance des moyens d’information disponibles dans la région. Ce constat reflète une carence des formations initiales et continues abordant le thème de la pollution atmosphérique et de ses effets sur la santé. Le cheminement du questionnaire a ainsi permis de caractériser les éléments qualitatifs susceptibles d’orienter une stratégie de communication pertinente et efficace tant pour les professionnels que pour le public. L’objectif étant de mettre en évidence les outils de communication correspondant le plus étroitement aux attentes de chacun. Ainsi, le moyen le plus sollicité est la conception d’une brochure claire et pédagogique destinée aux personnes sensibles (enfants, patients, …) et aux professionnels. La nature de cette dernière englobe la notion d’alerte à la pollution (nature des polluants, moyens de prévention, conseils de 114 précaution et bonnes pratiques, …) ainsi qu’une information de fond (aspects réglementaires, cartographie des polluants, effets sur la santé, …). L’enquête a également montré que l’appui des médias est indispensable pour une diffusion efficace de l’information. Une autre voie de communication mise en exergue est la réalisation d’interventions à l’égard du public (en milieu scolaire, …) et des professionnels (colloques, formation, …). Enfin, par leur statut et leur mission, la majorité des professionnels interrogés se sentent prêts à jouer un rôle de relais d’informations. Ce fait dépeint une forte motivation et une volonté d’investissement de la part de ces derniers. 4. Entretiens individuels La seconde étape de l’étude qualitative réside en des entretiens individuels. Le dessein de cette discussion est d’évaluer les différents axes de communication d’après les éléments du questionnaire. De plus, ils permettront également d’apprécier le sentiment propre des personnes plus sensibles aux polluants de l’air par le biais du système associatif. Les entretiens ont concerné des professionnels de chaque catégorie de métiers sollicitée lors de l’enquête. Ainsi, un médecin généraliste, deux pneumologues, deux pharmaciens, un directeur d’école, un responsable d’établissement d’hébergement pour personnes âgées, des membres d’associations de malades respiratoires, .... ont été rencontrés. La majorité des professionnels est consciente des méfaits des substances présentes dans l’air respiré. Néanmoins, certains émettent des doutes quant au rôle des polluants de l’air dans la recrudescence de certaines pathologies. Ils demandent plus de preuves scientifiques concernant l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique. De plus, ils estiment que la pollution de l’air n’est pas une problématique prioritaire en Limousin, par comparaison aux répercussions du tabagisme. Par ailleurs, le discours a conforté les conclusions du questionnaire, à savoir mieux informer sur l’impact sanitaire de la pollution de l’air. En effet, les sentiments qui ressortent de ces 115 différents entretiens sont un désappointement face aux carences d’informations dans ce domaine ainsi qu’une volonté d’investissement pour y remédier. La discussion avec les professionnels a montré que les liens entre pollution atmosphérique et pathologies ne sont pas clairement perçus. En effet, il ressort, pour certains (incluant les professionnels de santé), une méconnaissance des différentes études scientifiques réalisées sur l’impact à plus ou moins long terme des polluants de l’air sur la santé (PSAS-9, APHEIS, …). Ainsi, chaque professionnel, déjà sensibilisé aux problématiques de la pollution atmosphérique est désireux d’informations complémentaires dans ce domaine, pour lui-même et pour le public (notamment une information lors d’épisodes de pollution). Par son statut, chacun reconnaît son rôle de pivot garantissant l’aboutissement de l’information vers le public et particulièrement vers les personnes sensibles. Pour ce faire, semblablement aux résultats du questionnaire, l’outil de communication qui leur paraît le plus pertinent est la brochure. Les pharmaciens d’officine sont prêts à mettre à la disposition de leurs patients un dépliant sur cette thématique tout comme les médecins (dans la salle d’attente) et les responsables d’établissement d’hébergement pour personnes âgées. Se sentant démunis quant aux conseils à prodiguer lors d’épisodes de pollution, les professionnels rencontrés préconisent d’insérer dans la brochure les bonnes pratiques et moyens de prévention. De plus, l’information doit également comporter des données décrivant le cadre réglementaire sur la qualité de l’air, la nature des polluants atmosphériques (avec des cartographies modélisant la répartition des polluants dans la région), leurs effets sur la santé (appuyés d’études épidémiologiques) notamment, … Le souhait d’un bilan trimestriel de la qualité de l’air en Limousin a aussi été évoqué par les professionnels rencontrés. Néanmoins, les personnes interrogées s’accordent pour souligner la nécessité d’une formation professionnelle en amont d’autres supports de communication. Afin de jouer pleinement leur rôle et d’être en mesure de répondre aux sollicitations qui se présentent à eux, chaque professionnel estime qu’une intervention préalable, à leur égard, serait nécessaire. En outre, 116 les directeurs d’écoles et d’établissements d’hébergement pour personnes âgées rencontrés estiment judicieux la réalisation de supports de présentation orale pour eux-mêmes mais aussi pour les personnes auprès desquelles ils exercent leur activité (enfants, personnes âgées). Ces derniers insistent également sur l’intérêt pédagogique d’une exposition mobile au sein de leur structure, associée à une présentation orale. Par ailleurs, la collaboration avec les médias apparaît également comme étant un facteur incontournable de diffusion de l’information. Les suggestions portent sur l’intégration d’un bilan de la qualité de l’air aux bulletins météorologiques régionaux et de points d’informations dans la presse locale (journaux régionaux, journaux des communes, …). Enfin, une plus large diffusion de l’adresse du site Internet de l’association LIMAIR est souhaitée afin d’avoir un accès immédiat à l’information. Quant à ce moyen de communication, bien que non accessible pour certains, il est fortement sollicité pour les messages d’alerte lors d’épisodes de pollution. Parallèlement, le sentiment des personnes sensibles a été apprécié. Par l’intermédiaire de l’Association Limousine d’Aide aux Insuffisants Respiratoires (ALAIR-AVD), des patients souffrant de déficience respiratoire (bronchite chronique, cancer pulmonaire) ont pu être entendus. Les personnes rencontrées habitaient en zone rurale, relativement éloignée du tissu industriel et d’un réseau automobile dense. Au niveau de leur lieu de vie principal, les malades interrogés ne ressentent pas les répercussions de la pollution atmosphérique sur leur santé. Néanmoins, en période estivale, les personnes rencontrées affirment ressentir une gêne et une oppression respiratoire lors de leurs déplacements en ville. De plus, elles s’estiment sous informées concernant l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique. Elles attendent une information sur ce thème (conseils de précaution) par le biais de leur médecin et/ou de leur pharmacien. Enfin, le rôle des médias et l’intérêt d’une brochure informative sont, une nouvelle fois, mis en avant dans le discours des personnes rencontrées. 117 Perspectives de communication : qualité de l’air et santé. Cette dernière partie a pour objectif d’établir les divers axes de communication à instaurer dans la région Limousin pour une information efficace et adaptée aux attentes de chacun. En effet, l’enquête (questionnaire et entretiens) a permis de définir les perspectives de communication les plus en adéquation avec les attentes des différents « professionnels-relais » et des personnes sensibles à la pollution atmosphérique dans la région. Il sera fait état ici, d’une part des axes prioritaires de communication à constituer d’après les éléments du questionnaire, et d’autre part des autres moyens d’information à développer. 1. Les axes de communication prioritaires Avant toute chose, la première action réalisée est un courrier de remerciement adressé à l’ensemble des professionnels ayant contribué au bon déroulement de l’enquête. Ce dernier les informe également de la mise à disposition du public du présent document et de nombreux travaux se rapportant aux termes abordés dans ce projet sur le site Internet de l’association LIMAIR. Parmi les actions considérées comme le premier maillon de communication à développer dans la région, nous retiendrons la conception d’une brochure informative accompagnée d’une affiche, la diffusion plus large de l’adresse Internet du site de LIMAIR et l’instauration de formations professionnelles. Les attentes nécessitent une communication objective, claire, transparente et accessible au plus grand nombre. 118 1.1. La brochure et les affiches informatives D’après les éléments de réponse du questionnaire, l’élaboration d’une brochure informative destinée au public est l’outil le plus sollicité par l’ensemble des professionnels interrogés. L’objectif de cet outil est de centraliser sur un seul document des informations qui auront été préalablement ciblées afin de répondre au mieux aux attentes des personnes sensibles. Ce document sera diffusé directement par les différentes catégories de professionnels-relais de la région auprès de ces personnes. Selon les corps de « métiers-relais », ce vecteur d’information aura un impact spécifiquement sur les personnes sensibles (par le biais des médecins spécialistes, écoles, maisons de retraite…) ou sur la population sans distinction apparente (par le biais des médecins généralistes, pharmaciens, …). Certaines régions de France ont déjà testé ce moyen de communication. La suite de l’étude est consacrée à l’analyse des thèmes abordés dans ces brochures afin de dégager les notions essentielles qui pourront servir à l’élaboration du document pour le Limousin. En Ile de France [87], plusieurs brochures ont été mises en place. Un projet relatif aux attentes des professionnels de santé vis à vis de la communication sur la pollution atmosphérique a abouti à l’élaboration de deux brochures. L’une était destinée aux professionnels de santé (médecins et pharmaciens) et la seconde aux « patients ». (Annexe 14) Le document dévolu aux professionnels de santé s’attache à fournir des preuves scientifiques des répercussions sanitaires de la pollution atmosphérique (étude ERPURS, APHEA, …). Il dresse également un tableau, au demeurant non exhaustif, des circonstances évocatrices permettant d’orienter le diagnostic. Grâce à ce support, les professionnels seront plus aptes à répondre aux patients et à jouer pleinement leur rôle de soignant. Cette brochure est complétée par une plaquette informative à l’égard des patients. Cette dernière a une vocation descriptive et préventive. La première partie présente une vision globale de la pollution atmosphérique, avec l’introduction 119 de la notion de personnes sensibles. Le deuxième item fait état des précautions à prendre pour se prémunir de la pollution de l’air et propose une liste des différents services d’information disponibles (notamment les médecins et les pharmaciens). L’ADEME [88] a également conçu une brochure d’information du public, intitulée « Santé et prévention, vivre c’est respirer ». Successivement, elle définit la pollution atmosphérique, présente les effets sur la santé de quelques substances polluantes et les moyens de précaution et prévention pour chaque type de pollution (air extérieur et intérieur). Enfin, elle met à disposition une liste de contacts utiles. Par ailleurs, le Comité National contre les Maladies Respiratoires (CNMR) [89] (Annexe 15), dans le cadre de ses missions de prévention et d’information propose une brochure sur le même thème : « la pollution, un risque de notre temps ». Ce document expose, tout d’abord, les sources des polluants extérieurs et intérieurs (chimiques et naturels), puis décrit les grandes pollutions accidentelles et l’évolution de la pollution de l’air. Il traite également de l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique (citations d’études épidémiologiques) et cite les personnes sensibles. Enfin, la dernière partie est consacrée aux moyens de prévention individuels et collectifs. L’association agréée de surveillance de qualité de l’air de Bretagne [90] a également mis à la disposition des usagers une brochure d’information. Son titre est le suivant : « Saviez-vous que la pollution de tous les jours a des effets sur notre santé ? ». Cette dernière introduit les liens entre qualité de l’air et santé, développe les bons gestes à adopter (lors de déplacement, à la maison, …), présente le réseau de surveillance de la qualité de l’air, décrit les attitudes à suivre en cas de pic de pollution et liste les contacts pour obtenir l’information. Il en va de même pour un certain nombre d’autres AASQA en France. Pour finir, l'Institut Lilly [91], en partenariat avec la SPLF (Société de Pneumologie de Langue Française), le CNMR (Comité National contre les Maladies Respiratoires), l'AFSSET (Agence Française de Sécurité Sanitaire de l'Environnement et du Travail) et Consodurable 120 (association de consommateur), a aussi décidé d'interpeller le grand public dans la brochure "Air, pollution et Cancer". Elle a été rédigée par un médecin biologiste, un pneumologue et un épidémiologiste. Elle présente une vision de la pollution atmosphérique à l’échelle mondiale. Un dossier est consacré aux liens entre air, pollution et cancer, appuyé d’études épidémiologiques. La brochure comporte également une interview de la directrice générale de l’AFSSET. Une autre partie aborde ces thèmes sous la forme de questions/réponses et enfin les gestes à faire sont décrits. Ainsi, d’après les besoins et attentes ressentis dans la région Limousin et les orientations des supports existants, les notions qui seraient intéressantes d’intégrer à la brochure sont les suivantes: - une définition de la pollution atmosphérique (pollution extérieure et intérieure, « pics » et pollution de fond, réglementation, indice Atmo, niveaux d’alerte, évolution au fil des ans), - un panorama de la qualité de l’air en Limousin (dispositifs de surveillance de la qualité de l’air en région, cartographie des différents polluants, évolution des concentrations des substances présentes dans l’air, …), - la pollution atmosphérique présente t-elle des risques potentiels pour la santé ? (poids de l’impact sanitaire des polluants de l’air, études épidémiologiques), - y a t-il des personnes plus sensibles aux méfaits de la pollution de l’air ? (description des sujets fragiles et facteurs de vulnérabilité), - les conseils et attitudes à adopter en cas d’alerte à la pollution, notamment pour les personnes sensibles, - les coordonnées des moyens d’information disponibles. La diffusion de cette brochure concerne prioritairement les médecins spécialistes et généralistes (dans les salles d’attente), les pharmaciens (sur le comptoir), les associations de 121 malades déficients respiratoires, les établissements d’hébergement pour personnes âgées, les hôpitaux et cliniques et le personnel enseignant de la région. Par ailleurs, il serait également intéressant de mettre à la disposition des usagers cette brochure au niveau des collectivités locales (mairies, conseils généraux et régionaux, préfecture et sous préfectures, communautés de communes) afin d’optimiser l’incidence de cette sensibilisation. En parallèle de la brochure, la conception d’une affiche informative est souhaitable. En effet, les éléments du questionnaire ont mis en évidence l’intérêt de la réalisation d’une affiche notamment à disposer au niveau des salles d’attente des médecins (généralistes et spécialistes). Cet outil de communication a l’avantage d’inculquer des notions simples et claires (mots clés, éléments de graphisme, …) qui permettront une sensibilisation attractive, rapide et durable. Une exposition mobile peut également être envisagée au niveau des écoles et des établissements d’hébergement pour personnes âgées. Exposition itinérante qui pourra être associée avec la projection d’un diaporama ou d’une vidéo pour une sensibilisation optimale. 1.2. Formation professionnelle Un autre outil de communication sollicité par les personnes interrogées est l’instauration de formations professionnelles. En effet, face au manque d’information ressenti, il semble intéressant d’organiser, pour chaque catégorie de professionnels, une réunion d’information sur ce thème. Cette démarche est fortement encouragée afin de valoriser la mission d’information de chaque professionnel et lui permettre de jouer pleinement et efficacement son rôle de relais. De plus, elle aura pour vocation d’apporter une information en amont de la brochure dans le souci d’optimiser la sensibilisation des sujets sensibles. Il s’agit également 122 d’un moyen judicieux de diffusion de l’information en démultipliant les relais. Ainsi, chaque professionnel formé sera un nouveau vecteur potentiel d’information vers d’autres personnes (personnel soignant, parents, …). Pour chaque profession estimée comme relais préférentiel vers les personnes hautement exposées, les étapes à suivre pour la mise en place de formation ont été envisagées. 1.2.1. Professionnels de santé et formation Entre tous les professionnels de santé de la région, les médecins spécialistes (notamment les spécialistes des voies respiratoires, les pédiatres, …), les médecins généralistes et les pharmaciens sont les relais prioritaires pour la formation. 1.2.1.1. les médecins La réalisation d’une réunion d’information sur ce thème à l’égard des médecins de la région présente de nombreux intérêts. En effet, elle permet de sensibiliser d’une part les professionnels directement en contact avec les sujets à risque par l’intermédiaire des médecins pneumologues, allergologues, ORL, pédiatres, des médecins scolaires, des médecins coordonnateurs en établissement d’hébergement pour personnes âgées, médecins du sport, médecins du travail, ... D’autre part, cette formation offre l’avantage d’une sensibilisation étendue à l’ensemble des usagers par le biais des médecins généralistes. Enfin, l’information pourra également être diffusée par ces professionnels au niveau des personnels soignants (infirmiers, …). Différentes structures organisent des formations envers les médecins, tout au long de l’année. Tout d’abord, il existe dans la région Limousin plusieurs associations de formation médicale continue, dont une au sein de chaque département. Après avoir pris contact avec les 123 responsables des associations de formation médicale continue, il se dégage une volonté de mettre en œuvre une réunion d’information-formation devant aborder d’une part les pathologies imputables à la pollution atmosphérique et les moyens de prévention et d’autre part la pollution en Limousin et le réseau de surveillance, première source d’information sur la qualité de l’air. Le projet devra être déposé auprès des associations avant le mois novembre, date d’élaboration du programme de formation pour l’année à venir. Dans le dessein d’offrir une sensibilisation du plus grand nombre de professionnels, la formation doit être établie en collaboration avec un réseau de partenaires, à savoir la DRASS, l’URML, l’URCAM (projet fonds d’aide à la qualité des soins de ville), des laboratoires pharmaceutiques, … De plus, au sein de l’Université de Limoges, la Formation Médicale Continue Universitaire (FMCU) coordonne des sessions de formation abordant différents domaines. La proposition de formation doit être adressée au président de la FMCU de la région Limousin. Le projet sera ensuite soumis à l’approbation du conseil d’administration. 1.2.1.2. les pharmaciens d’officine Au niveau des pharmaciens d’officine, la société des pharmaciens du Limousin gère la formation continue des professionnels. Le dossier doit être transmis par écrit au Président. Après accord, le programme pourra être intégré au calendrier de formation de l’année à venir. 1.2.2. Formation du personnel enseignant Dans le cadre de ses missions d’information et de sensibilisation, LIMAIR a établi une convention entre le Rectorat de l’Académie de Limoges et l’IUFM (Institut Universitaire de Formation des Maîtres). L’objectif de cette convention réside dans la nécessité de formations 124 du personnel enseignant et d’interventions destinées aux élèves afin d’apporter une sensibilisation sur la connaissance de la qualité de l’air pour une meilleure compréhension de l’information sur la pollution atmosphérique, thématiques à aborder dès l’enfance. Cette collaboration est en vigueur depuis mars 2002. De plus, la DAFPEN (Délégation Académique à la Formation des Personnels de l’Education Nationale) accompagne la professionnalisation des enseignants par la formation continue. Ses missions sont les suivantes : - recueillir les besoins à partir d’enquêtes et d’entretiens conduits auprès de différents publics concernés par la formation, - établir les relations avec l’IUFM, - mettre en œuvre des formations, - évaluer les effets des formations, - réaliser un cahier des charges des formations. Dans le cadre de cette étude, les besoins ont été clairement définis grâce au questionnaire. Le projet de formation devra être établi d’après le cahier des charges et transmis à la DAFPEN. 1.2. Diffusion de l’adresse Internet du site de LIMAIR Un point important consiste à intégrer dans la communication les systèmes d’information permanents. En regard des réponses au questionnaire, de nombreux professionnels n’avaient pas connaissance du site Internet de l’association LIMAIR, qui est pourvoyeur de nombreuses données pouvant répondre à certaines de leurs interrogations. En effet, les attentes des professionnels interrogés se traduisaient principalement par un besoin d’information lors d’alerte à la pollution (notamment les associations de déficients respiratoires) et un bilan mensuel ou trimestriel de la surveillance de la qualité de l’air en Limousin. En plus d’autres informations, le site offre la possibilité d’une inscription à la « newsletter ». Cette dernière 125 permet de recevoir quotidiennement les dernières estimations de la qualité de l'air sur les principales agglomérations du Limousin, ainsi que les dernières nouvelles du réseau de surveillance. De plus, les bulletins d'alerte à la pollution atmosphérique émis par LIMAIR peuvent être envoyés aux abonnés, tout comme le mensuel de LIMAIR. Cette approche constitue une première réponse aux besoins des professionnels. Par ailleurs, il semble également intéressant d’instaurer des liens vers le site Internet LIMAIR (http://www.limair.asso.fr) au niveau des portails des différents partenaires locaux. En effet, l’accès au site par l’intermédiaire du conseil régional, des conseils généraux, de la préfecture et des sous préfectures, du rectorat et des inspections académiques paraît être un moyen judicieux de facilité d’accès à l’information. Le retentissement affecterait ainsi un nombre plus important de personnes et la sensibilisation serait optimisée. Cependant, dès lors que toute la population n’a pas encore accès à Internet, cette voie de communication devra nécessairement être associée aux autres outils cités précédemment. 2. Outils de communication à développer 2.1. Rôle des médias L’importance du poids des médias dans la sensibilisation du public a été fortement mise en avant par les professionnels sollicités par l’enquête. En effet, chacun estime qu’il serait intéressant d’assortir les prévisions météorologiques locales d’une information sur la qualité de l’air et particulièrement en période estivale. L’implication des médias implique aussi bien la presse écrite qu’audiovisuelle. En Limousin, seule la chaîne câblée de Limoges diffuse des données quotidiennes concernant la qualité de l’air. Néanmoins, peu de personnes ont accès à cette dernière. De plus, la presse écrite (quotidiens régionaux, journaux des communes, des conseils généraux et du conseil régional, …) est susceptible d’avoir un bon impact auprès des personnes âgées qui sont des lecteurs assidus. 126 Néanmoins, LIMAIR transmet quotidiennement ces données aux médias. La prise en compte ou non par ceux-ci demeure de leur propre initiative. 2.2. Autres L’information pourra à plus ou moins long terme s’orienter vers une communication plus ambitieuse, à destination de l’ensemble de la population. Faisant suite à la première phase de sensibilisation élaborée d’après les éléments précédents, le contenu de cette information devra alors être plus préventif qu’informatif. En outre, à l’échelle nationale, il semblerait fort intéressant de développer la formation initiale dans le domaine santé-environnement. En effet, la place de la santé publique dans la formation des futurs professionnels de santé est faible. L'initiation aux sciences de base de l'environnement est peu développée. Aussi, le médecin ou pharmacien n'acquiert pas nécessairement les repères qui lui permettront, dans son exercice quotidien, de suspecter, derrière des troubles d'adaptation scolaire d'un enfant, la répétition de crises d'asthme de l'adolescent, ou encore l'apparition d'un cancer de la vessie d'une femme non fumeuse, l’action possible de polluants présents dans l'environnement général ou professionnel. La situation évolue cependant. L'environnement a récemment été inscrit dans l'intitulé d'une discipline universitaire : "Santé publique, Environnement et Société". Un nouveau certificat de Maîtrise des Sciences Biologiques et Médicales (MSBM) : "Environnement et Santé", permet aux futurs spécialistes de percevoir l'importance des problématiques environnementales. Cependant, ces formations concernent principalement quelques futurs spécialistes (de santé publique, de médecine du travail, éventuellement de pneumologie…), et fort peu les médecins et pharmaciens, qui bien plus nombreux, exerceront en médecine générale, en pédiatrie ou en officine. Il est donc important que les formations de base des futurs médecins et pharmaciens donnent une véritable place aux sciences de l'environnement, articulées avec les autres matières fondamentales. 127 Conclusion La communication de fond sur le thème de la pollution atmosphérique et de la santé reste, encore de nos jours, marginale. Néanmoins, dans certaines régions, depuis ces dernières années, il semble se profiler un développement des initiatives dans ce domaine. La problématique qui ressort de cette étude a trait aux sujets à risque. En effet, l’analyse des données bibliographiques fait transparaître la vulnérabilité des enfants, des personnes âgées, des malades respiratoires et cardio-vasculaires, des femmes enceintes, des fumeurs, des sportifs, des diabétiques, … Sujets d’ores et déjà intégrés dans la réglementation française (seuil de recommandations et d’information, recommandations du Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France). Ainsi, il est apparu essentiel d’orienter l’information spécialement vers ces personnes. Dans le souci d’apporter une information pertinente, accessible et étendue, le choix a été fait de s’appuyer sur des « professionnels-relais ». Les professionnels estimés comme des relais prioritaires sont les médecins (généralistes et spécialistes), les pharmaciens, les directeurs d’écoles et maisons de retraite, … L’enquête réalisée auprès de ces professionnels a révélé un besoin notoire d’information abordant ces thématiques (besoin en terme de connaissance des moyens d’information disponibles et besoins d’information proprement dite). L’instauration de moyen de communication à destination des personnes plus fragiles est fortement plébiscitée. En effet, les professionnels interrogés ressentent les répercussions d’une mauvaise qualité de l’air sur la santé des personnes plus vulnérables, dans l’exercice de leur activité,. De plus, les besoins d’information éprouvés se traduisent tant pendant l’année que lors des pics de pollution. Quant aux outils de communication sollicités, les attentes se portent préférentiellement vers la réalisation d’une brochure et la conception d’affiches informatives. Les professionnels se sentent impliqués et sont prêts à s’investir dans la sensibilisation des personnes qu’ils côtoient 128 par le biais de leur métier. Par ailleurs, dans un souci d’efficacité, ils préconisent l’organisation de « formations-information » professionnelles à leur égard. Ainsi, à l’issue de ce projet, les différentes perspectives de communication retenues ont permis de constituer les fondements d’une future brochure d’information. De plus, des démarches ont été engagées dans le dessein de mettre en place une formation dans ce domaine. Enfin, la communication mise en place pourra être assortie d’une évaluation future. Cette dernière permettra d’estimer l'efficacité d'un dépliant et de panneaux d’affichage comme outil de communication, en fonction des objectifs de santé publique visés. 129 Annexes 130 Annexe 1 : Seuils réglementaires Seuils (µg/m3) NO2 O3 SO2 Recommandations et information du public 200 µg/m3 (horaire) 180 µg/m3 (horaire) 300 µg/m3 (horaire) 240 µg/m3 400 µg/m par heure Moyenne horaire ou, si pendant 2 dépassée durant 3 jours consécutifs, heures consécutives les concentrations dépassent 200 µg/m3, moyenne 500 µg/m3 horaire dépassée Moyenne horaire 300 µg/m3 durant 3 heures dépassée durant 3 Moyenne horaire consécutives et que dépassée durant 3 heures consécutives les prévisions font heures consécutives craindre un nouveau risque de dépassement de ce seuil pour le 360 µg/m3 troisième jour Moyenne horaire 3 Alerte 131 Annexe 2 : Recommandations du Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France [3] (CSHPF) Ce document : - demande aux parents et à tous les personnels s'occupant d'enfants (puéricultrices, assistantes maternelles, enseignants, éducateurs, responsables d'éducation physique et sportive, …) d'être vigilants vis-à-vis de l'apparition de symptômes évocateurs (toux, gêne respiratoire, irritation de la gorge ou des yeux, …) lors des épisodes de pollution et de ne pas hésiter à prendre un avis médical ; ces pics pourraient, en effet, révéler une sensibilité particulière de certains enfants. Il convient également de ne pas aggraver les effets de cette pollution en ajoutant des facteurs irritants : fumée de tabac, utilisation de solvants… ; - conseille aux parents d'enfants asthmatiques de signaler l'asthme de leur enfant aux responsables de la structure qui l'accueille. Il est rappelé qu'en milieu scolaire l'enfant asthmatique peut bénéficier d'un projet d'accueil individualisé (PAI) ; - recommande aux patients souffrant d'une pathologie chronique (asthmatiques, insuffisants respiratoires ou cardiaques) de respecter rigoureusement leur traitement de fond, d'être vigilants par rapport à toute aggravation de leur état et de ne pas hésiter à consulter leur médecin ; - rappelle aux patients asthmatiques qui sont sujets à des crises d'asthme déclenchées par l'effort qu'ils peuvent, lors des épisodes de pollution atmosphérique, avoir recours à un broncho-dilatateur inhalé en prévention, selon les recommandations de leur médecin traitant ; - dicte des recommandations en cas de dépassement des seuils d'information et d'alerte, selon les tableaux ci-dessous, en fonction des diverses catégories de sujets sensibles : o Groupe 1 : enfants de moins de 6 ans (crèches, écoles maternelles, …) o Groupe 2 : enfants de 6 à 15 ans (écoles primaires, collèges, centres aérées, …) o Groupe 3 : adolescents et adultes. 132 Dépassement Groupes Activités Seuil d'information Seuil d'alerte Déplacements habituels (domicile lieu de garde ou école) Ne pas modifier les déplacements habituels Ne pas modifier les déplacements indispensables mais éviter les promenades. Récréation ou temps équivalent Laisser les enfants s'aérer et ne pas modifier les activités prévues sauf pour les sujets connus comme étant sensibles ou qui présenteraient une gêne à cette occasion ; pour eux, éviter les exercices physiques intenses et privilégier les activités calmes. Eviter les activités à l'extérieur. 1 133 Groupes 2 Activités Dépassement Seuil d'information Seuil d'alerte Déplacements habituels (domicile, lieu de garde ou école) Ne pas modifier les déplacements habituels. Ne pas modifier les déplacements habituels. Récréation ou temps équivalent sans activité sportive organisée Laisser les enfants s'aérer normalement. Eviter les activités à l'extérieur. Activités sportives Compétitions sportives Eviter les sports extérieurs et privilégier, à Ne pas modifier les activités sportives sauf pour les sujets connus comme étant l'intérieur des locaux, les exercices physiques d'intensité moyenne ou faible. sensibles ou qui présenteraient une gêne à cette occasion ; privilégier pour eux, les exercices physiques moins intenses, voire suspendre leur activité. NB : un exercice physique d'intensité moyenne n'oblige pas à respirer par la bouche. Ne pas modifier les compétitions, sauf pour les sujets connus comme étant Reporter toute compétition, qu'elle soit prévue à sensibles ou qui présenteraient une gêne à l'extérieur ou à l'intérieur de locaux. cette occasion ; il leur est recommandé de s'abstenir de concourir. 134 Groupes Activités Déplacements Dépassement Seuil d'information Seuil d'alerte Ne pas modifier les déplacements prévus. Ne pas modifier les déplacements prévus. Eviter, à l'extérieur des locaux, les activités sportives violentes et les exercices d'endurance. Activités sportives 3 Compétitions sportives Ne pas modifier les activités sportives sauf pour les sujets connus comme étant sensibles ou qui présenteraient Privilégier les activités sportives dans les gymnases. une gêne à cette occasion ; privilégier pour eux, les exercices physiques Pour les personnes connues comme étant sensibles ou qui moins intenses, voire suspendre leur présenteraient une gêne à cette occasion, adapter ou activité. suspendre l'activité physique en fonction de la gêne ressentie. Déplacer, dans la mesure du possible, les compétitions Ne pas modifier les compétitions, prévues à l'extérieur des locaux. sauf pour les sujets connus comme étant sensibles ou qui présenteraient une gêne à cette occasion ; il leur est NB : il incombe aux sportifs de haut niveau de juger de l'opportunité de leur participation à la compétition en recommandé de s'abstenir de fonction de leur expérience et de l'avis de leur médecin. concourir. NB : dans le cadre de l'ozone, dans les régions où le seuil d'information est franchi fréquemment, il est recommandé, pendant les périodes estivales, d'organiser les activités sportives en matinée (avant 12 heures). 135 Annexe 3 : Fiches descriptives des effets sanitaires de quelques polluants atmosphériques. L'ozone (O3) L'ozone est un gaz qui atteint les bronchioles et les alvéoles, 90% de la quantité arrivant aux poumons pénètrent dans l’organisme. Il est généralement admis que les lésions induites par l’ozone sont attribuables à une destruction oxydative des molécules biologiques, soit par réaction directe, soit par la formation de radicaux libres et d’intermédiaires réactifs. Les effets aigus de l’ozone concernent surtout des atteintes respiratoires (sécheresse buccale, toux, hypersécrétion bronchique,…) et oculaires. De plus, l’ozone diminue le seuil de réactivité aux allergènes auxquels l’asthmatique est sensibilisé. Ainsi, chez des patients asthmatiques, l’ozone peut induire le déclenchement d’une réaction inflammatoire [92]. Au niveau chronique, les expositions répétées ont permis d’identifier un phénomène de « tolérance ». Ce phénomène serait à l’origine des effets chroniques, surtout respiratoires. Ces effets sont de trois types : bronchopathies, emphysème souvent associé à la fibrose et fibrose. Enfin, l'ozone peut être responsable de troubles neurologiques décrits pour des expositions prolongées de 7 à 10 ans, associant des maux de tête, une faiblesse, un accroissement de l’excitabilité musculaire et des troubles de la mémoire. Le dioxyde d’azote (NO2) Il est absorbé à tous les niveaux du tractus respiratoire. Le NO2 est un gaz irritant qui pénètre jusque dans les bronchioles et les alvéoles pulmonaires. Le mécanisme de la toxicité pulmonaire du dioxyde d’azote repose sur l’hypothèse d’un effet direct par oxydation des lipides et des protéines membranaires. Des effets sur la fonction 136 pulmonaire, la morphologie du poumon, sur les systèmes anti-oxydants de défense et les mécanismes biochimiques ont été observés. Il peut entraîner une altération de la fonction respiratoire, une hyperréactivité bronchique chez l'asthmatique et un accroissement de la sensibilité aux infections des bronches chez l'enfant. Des réactions de nitrosations peuvent être envisagées. Certaines nitrosamines peuvent donner, après transformation, des composés réactifs (métabolites alkylants). Ces agents alkylants ont la capacité de se fixer à l’ADN et empêchent ainsi la transcription de l’ADN lors de la division cellulaire. Ils sont donc susceptibles d’avoir des effets génotoxiques, tératogènes et/ou cancérogènes. Le dioxyde de soufre (SO2) : La pénétration du dioxyde de soufre dans les voies respiratoires inférieures est très faible. Elle est accrue quand la fréquence respiratoire augmente. Le dioxyde de soufre absorbé passe dans le sang et ce dernier le véhicule vers les organes où il sera métabolisé. Les symptômes observés après une exposition chronique s'apparentent à ceux de la bronchite chronique. Cette dernière peut s’accompagner d’emphysème et d’une altération de la fonction pulmonaire en cas d’exposition importante et prolongée. Enfin, la possibilité d’un effet co-cancérogène avec le benzo[a]pyrène a été étudiée chez le rat et le hamster. Une augmentation du taux de tumeurs pulmonaires est observée. L’explication avancée est une inhibition par le SO2 de la voie de détoxification du benzo[a]pyrène. Les particules en suspension, mesurées notamment en PM10 et PM2,5 Leur taille détermine le site de dépôt dans l’appareil respiratoire. Les plus grosses particules se déposent dès les premiers organes traversés (du nez au pharynx), les particules de 1 à 5 µm 137 se déposent dans la région trachéobronchiale et enfin les particules les plus fines peuvent atteindre les territoires les plus profonds de l’arbre respiratoire (les bronchioles et les alvéoles) et y persister [93]. Au niveau respiratoire, les particules peuvent causer une inflammation à différents niveaux des voies aériennes. L'exposition aux particules est suivie d'une augmentation des cellules inflammatoires, des cytokines (médiateurs de l’inflammation), des chimiokines (médiateurs du chimiotactisme) et des immunoglobulines de type E (IgE), spécifiques de la réponse allergique [94]. De même, le liquide de lavage broncho-alvéolaire contient des neutrophiles. Ce sont des cellules immunitaires dont le rôle est marqué lors de bronchites chroniques, d'asthme et de rhinites allergiques. La pénétration des particules dans les voies aériennes induit la stimulation des cellules de Langherans qui sécrèteront d’autres médiateurs en réaction pour informer et activer les autres cellules immunitaires [95]. Les mécanismes d’action expliquant les phénomènes inflammatoires reposent sur l’intervention d’un stress oxydant. Il s'en suit une libération de radicaux libres oxygénés actifs et une diminution des activités enzymatiques antioxydantes. De même, des modifications au niveau des taux des facteurs de la coagulation (facteur VII, fibrinogène, protéine C réactive) ont été décrites chez l'animal. Ces phénomènes seraient à l'origine d'une fluctuation du débit sanguin et du développement d'évènements cardiovasculaires (thrombose, embolie, accident vasculaire cérébral, ...) [96]. De plus, les métaux et les HAP peuvent s’adsorber sur les particules. Outre leur toxicité propre, ils jouent un rôle important dans le déclenchement du stress oxydant en générant des radicaux oxygénés. Ces particules peuvent également présenter à leur surface des allergènes : il semble que les asthmatiques soient susceptibles de faire des crises à des niveaux d’exposition aux allergènes plus faibles que ceux auxquels ils sont sensibilisés habituellement. 138 Peu d’études concernent aujourd’hui les particules ultra-fines (<0,1 µm) alors qu’elles représentent certainement les risques les plus élevés, notamment en terme de réponse inflammatoire, d’impact sur la coagulation ou sur la cancérogenèse. Enfin, certaines études animales ont permis à l’IARC-CIRC (International Agency for Research on Cancer – Centre International de Recherche sur le Cancer) de classer les particules Diesel dans le groupe 2A : "substances potentiellement cancérigènes pour l’homme". Le monoxyde de carbone (CO) : Le monoxyde de carbone, absorbé par les poumons, diffuse à travers les membranes alvéolocapillaires. Entre 80 et 90% du CO absorbé se fixent sur l’hémoglobine. L’affinité de cette dernière pour le CO est environ 280 fois supérieure à celle pour l’oxygène. La concentration en carboxyhémoglobine (hémoglobine fixant le CO) augmente très rapidement pour ensuite atteindre un plateau. Le CO modifie la dissociation oxygène-hémoglobine de telle manière qu’il diminue la libération d’oxygène dans les tissus. De plus, entre 10 et 15% du CO va se fixer sur des hémoprotéines, en particulier sur les cytochromes oxydases, le cytochrome P450, les catalases,… L’élimination du CO dépend de la quantité en O2 disponible : il faut que la pression sanguine en O2 devienne supérieure à celle en CO. L’intoxication aiguë au CO est relativement fréquente (milieu professionnel et domestique). Elle débute par des céphalées et des vertiges, puis rapidement apparaît une faiblesse musculaire due au déficit de l’apport en oxygène des muscles. L’intoxication chronique se caractérise par le développement d’ischémies myocardiques et d’athérosclérose, une diminution de la coordination manuelle et de la perception visuelle. La diminution de la quantité d’O2 disponible au niveau des différents tissus peut entraîner des 139 pathologies, notamment au niveau du cœur et du cerveau. La survenue de ces pathologies est favorisée par le jeune âge, les maladies chroniques préexistantes ou l’altitude. Le fœtus est particulièrement sensible à l’hypoxie induite par le CO car son taux de carboxyhémoglobine à l’équilibre est plus élevé. Chaque année, les intoxications au CO sont responsables de nombreux décès en France. Hydrocarbures aromatiques monocycliques (benzène) La voie principale d'absorption du benzène est l'inhalation. Le benzène est une molécule très lipophile, les tissus les plus exposés sont la moelle osseuse et la graisse. La toxicité du benzène sur la moelle osseuse est liée à l’action des métabolites. Cette toxicité semble provenir de l’activation métabolique du benzène en espèces réactives qui peuvent se lier à des molécules inhibant la synthèse de l’ARN des macrophages, bloquant l’hématopoïèse et supprimant la synthèse protéique intracellulaire. De plus, la liaison à l’ADN peut conduire à un effet mutagène s’exprimant par une leucémie. Les effets du benzène présents dans l'air sont principalement dus à une exposition de long terme. La toxicité aiguë du benzène peut, néanmoins se rencontrer éventuellement chez des ouvriers utilisant le benzène ou ses dérivés. Les effets hématotoxiques et immunotoxiques du benzène sont connus et décrits dans de nombreuses études. Les premiers signes d'une toxicité chronique sont l’atteinte de la moelle osseuse qui pourra générer une anémie aplasique ou un syndrome myéloprolifératif. L'anémie aplasique, la thrombocytopénie, la neutropénie, la lymphopénie et la leucémie sont les principaux effets sanguins observés. Par ailleurs, des effets sur le système immunitaire (diminution des taux sériques d’IgA et d’IgG) ont été décrits dans le cadre d’expositions professionnelles au benzène. [97] 140 Concernant les effets cancérigènes, la leucémie aiguë myéloïde est l’affection touchant le plus grand nombre de personnes. Néanmoins, une association significative avec d'autres leucémies et même d’autres affections du tissu hématopoïétique comme les lymphomes non hodgkiniens a été rapportée dans de très nombreuses études. Les effets chroniques des autres hydrocarbures (toluène, xylène) sur l’organisme sont moins importants. Le plomb (Pb) Le plomb est présent dans l'atmosphère sous différentes formes : vapeurs, gaz ou particules. Les voies digestives et pulmonaires sont les principales voies d'absorption du plomb. Les vapeurs et gaz atteignent les alvéoles pulmonaires et passent dans le sang. Pour les particules, les plus grosses sont éliminées des voies respiratoires hautes et dégluties tandis que les plus fines diffusent à travers la muqueuse pulmonaire profonde et passent dans le sang. Une fois dans le sang, une partie des particules se fixe aux hématies (95%) et le restant de plomb est stocké dans les tissus ou éliminé dans les urines. L'os est un tissu pour lequel le plomb et ses sels ont beaucoup d'affinité. La demi-vie du plomb au niveau de l'os étant assez longue (9 ans en moyenne), le relargage du plomb dans le sang ou les tissus mous est essentiellement lié à la résorption osseuse physiologique. L'intoxication au plomb, dénommée saturnisme est reconnue comme maladie professionnelle depuis 1919. Les mécanismes de cette toxicité sont multiples. D'une part, le plomb libre inhibe l'activité de certaines enzymes, notamment l'acide aminolévulinique déshydratase (ALAD), enzyme participant, en présence de zinc à la synthèse de l'hème de l'hémoglobine. D'autre part, il joue un rôle de catalyseur dans les réactions de peroxydation des lipides conduisant à la formation de radicaux libres. 141 De plus, le plomb altère l’homéostasie et interfère avec les processus cellulaires et moléculaires faisant intervenir le calcium. Enfin, le plomb agit sur l'influx nerveux par l'intermédiaire des récepteurs NMDA au glutamate (neurotransmetteur excitateur des informations nerveuses au niveau central). Ces différents mécanismes conduisent à une toxicité multifocale. Tout d'abord, l'effet principal d'une intoxication chronique est une anémie normochrome et normocytaire. Elle deviendra par la suite microcytaire et hypochrome. Dans les formes sévères, une hémolyse intravasculaire peut être observée. Au niveau digestif, les signes sont essentiellement des douleurs abdominales pouvant conduire à des "colites de plomb" (douleur intense et brutale accompagnée de nausées et de vomissements et d'une hypertension artérielle. Ces manifestations sont fréquemment assorties de dépôts extracellulaires de plomb au niveau des gencives (liseré de Burton) ou de taches sur les joues (taches de Gübler). Par ailleurs, les effets sur le système nerveux central sont l’encéphalopathie (forme la plus grave) et des neuropathies périphériques. Les effets neuro-comportementaux sont les plus courants et se traduisent par un retard léger du développement psychomoteur et une diminution de l’acuité auditive. De plus, le plomb peut provoquer une néphropathie tubulaire interstitielle. Cette altération est dans un premier temps réversible puis devient chronique. Enfin, une réduction de la production de spermatozoïdes [98], et une perturbation de la sécrétion d’hormones sexuelles comme la testostérone a également été observée. Cadmium (Cd) La principale voie d’absorption du cadmium est l’inhalation. Une fois dans le sang, le cadmium est véhiculé jusqu'au foie et aux reins, il est aussi retrouvé dans le pancréas, la glande thyroïde, les testicules et les glandes salivaires. Il est stocké dans les tissus, sous une 142 forme liée aux métallothionéines. Le cadmium libre est à l’origine de sa toxicité. Sa demi-vie est de 20 à 30 ans dans le rein et de 30 jours dans le sang. Le principal organe cible est le rein. L’exposition chronique au cadmium entraîne l’apparition d’une néphropathie irréversible pouvant évoluer vers une insuffisance rénale. De plus, des troubles respiratoires ont été rapportés. Ils se manifestent par une diminution des fonctions respiratoires et de l’odorat, par la survenue de rhinite, de bronchite et d’emphysème consécutif à la destruction des alvéoles pulmonaires. [99] Par ailleurs, le cadmium est à l'origine d'atteintes squelettiques dues à une interférence avec le métabolisme du calcium. Elles se traduisent par de l’ostéomalacie et de l’ostéoporose. Enfin, des études épidémiologiques, en milieu professionnel ont mis en évidence une augmentation significative de la mortalité par cancer pulmonaire. Ainsi, le chlorure de cadmium, le sulfate de cadmium et l’oxyde de cadmium sont classés en catégorie 2 par l’Union Européenne : « substance devant être assimilée à des substances cancérogènes pour l’homme ». Le sulfure de cadmium est classé catégorie 3 : « substance préoccupante pour l’homme en raison d’effets cancérogènes possibles ». Mercure (Hg) L'absorption du mercure se fait essentiellement par voie pulmonaire. Le mercure est un métal lipophile qui est distribué dans tout l'organisme. Il s’accumule prioritairement dans les reins. La sévérité des effets dépend de la durée et de l'intensité de l'exposition. Le mercure induit sur le rein une protéinurie accompagnée de multiples lésions. L’exposition par voie respiratoire peut provoquer chez les enfants la maladie rose « Pink disease ». Celle-ci est caractérisée par une tuméfaction froide, humide et cyanotique des 143 mains et des pieds accompagnée de prurit et de crises sudorales, parfois de troubles nerveux ou de troubles cardiaques et un syndrome des ganglions lymphatiques muco-cutanés (« Kawasaki disease »). L’exposition par voie orale est à l'origine principalement de troubles neurologiques (tremblements, engourdissement, troubles de la marche, irritabilité, troubles de la mémoire) et rénaux, mais aussi cardio-vasculaires et gastro-intestinaux. Arsenic (As) La principale voie d'absorption de l'arsenic est la voie orale. La toxicité de l'arsenic est due, d'une part à l’inhibition d’un complexe enzymatique (le complexe pyruvate déshydrogénase) conduisant à une diminution de la synthèse de l’adénosine triphosphate (ATP = source d’énergie pour la cellule et les muscles). D'autre part, l'arsenic altère la néoglucogenèse (production de glucose) et la pénétration du glucose dans la cellule. Il inhibe également la glutathion synthétase, la glucose-6-phosphate déshydrogénase et la glutathion réductase. Ainsi, le glutathion, qui joue un rôle fondamental dans le métabolisme de l'arsenic et la protection des globules rouges voit son taux diminuer. La toxicité de l'arsenic se retrouve également au niveau cutané. Il s'agit d'une hyperkératose des paumes de mains et de la plante des pieds associée à une alternance de zones d’hyperpigmentation et d’hypopigmentation sur la face, le cou et le dos. Ces effets peuvent être à l’origine de lésions cancéreuses. Au niveau du système nerveux, des neuropathies périphériques sensorielles et motrices et des encéphalopathies ont été observées. Enfin l’exposition à l’arsenic et ses dérivés est corrélée au risque de développement de cancer des voies respiratoires. Le pentoxyde d’arsenic, le trioxyde d’arsenic et l’arséniate de plomb 144 sont classés « substances que l’on sait être cancérogènes pour l’homme » par l’Union Européenne. Nickel (Ni) Le nickel pénètre dans l'organisme après une absorption pulmonaire. L’allergie cutanée est la principale toxicité du nickel. Elle est caractérisée par des dermatoses eczématiques récidivantes. Le nickel est également responsable de nombreux cas d’asthme. Par ailleurs, certaines études ont conclu à un risque de développement de cancers pulmonaires à la suite d'une exposition professionnelle au nickel. Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) L'absorption des HAP se produit de façon rapide au niveau pulmonaire. La toxicité du benzo(a)pyrène est due à la formation de métabolites : les tétrols. Ces molécules peuvent se lier de façon covalente à des macromolécules et notamment aux protéines et à l’ADN. Il en résulte la formation d'adduits (produits d’addition entre deux molécules) qui peuvent provoquer, en l'absence de réparation, des mutations génétiques dans les tissus. Ils sont ainsi à l'origine de processus de cancérogenèse. Le benzo[a]pyrène est classé dans la catégorie 2 par l’Union Européenne et doit être ainsi « assimilé à des substances cancérogènes pour l’homme ». 145 Pesticides L’absorption des pesticides peut se faire par voie orale et respiratoire ou par contact cutané. Les scientifiques ont peu de recul sur les effets chroniques des pesticides chez l'homme. Les effets aigus des pesticides sont étudiés chez l’animal et peuvent parfois être mortels. Toutefois, les effets les plus fréquemment rencontrés sont les cancers, les troubles de la reproduction et les troubles neurologiques. De plus, il a été constaté une corrélation, en milieu professionnel, entre les leucémies et certains types de lymphomes et l’exposition aux pesticides. Des cas de tumeurs cérébrales ont également été observés chez des enfants dont les parents étaient exposés. Par ailleurs, les pesticides auraient des effets sur la reproduction (malformations, avortements spontanés, retard de croissance intra-utérin et infertilité). Ces résultats demandent à être étayés par des études futures. Au niveau neurologique, les effets aigus de certains pesticides sont plus connus. Des syndromes dépressifs et des liens avec la maladie de Parkinson sont parfois évoqués. Dioxines-furanes Dans l’organisme, les dioxines ont une forte affinité pour les graisses ; leur demi-vie est d’environ 7 ans. Les dioxines font partie des nombreux polluants auxquels les populations sont soumises, à de très faibles concentrations tout au long de leur vie. La dégradation des dioxines dans l’organisme fait intervenir différents systèmes enzymatiques dont l’un, le cytochrome P450, va produire anormalement des radicaux oxygénés qui pourront provoquer des lésions sur l’ADN ou des altérations des protéines. Les effets les plus connus concernent l’apparition de cancers. 146 Outre ce risque, il semble exister un lien entre l’exposition aux dioxines et la reproduction et le développement (augmentation des avortements spontanés, des malformations congénitales, atteinte de la fertilité, …). Parmi les autres effets toxiques rapportés, il est signalé une augmentation de la mortalité cardio-vasculaire, une modification du taux des lipides sanguins, des modifications de la fonction thyroïdienne, des effets neurologiques, … Des études futures devront confirmer les relations « cause/effet» de ces produits. 147 Annexe 4 : Classification CIRC : - Groupe 1 : L’agent (le mélange) est cancérogène pour l’homme. Les circonstances d’exposition donnent lieu à des expositions qui sont cancérogènes pour l’homme. - Groupe 2A : L’agent (le mélange) est probablement cancérogène pour l’homme. Les circonstances d’exposition donnent lieu à des expositions qui sont probablement cancérogènes pour l’homme. - Groupe 2B : L’agent (le mélange) est peut-être cancérogène pour l’homme. Les circonstances d’exposition donnent lieu à des expositions qui sont peut-être cancérogènes pour l’homme. - Groupe 3 : L’agent (le mélange, les circonstances d’exposition) ne peut pas être classé quant à sa cancérogénicité pour l’homme. - Groupe 4 : L’agent (le mélange) n’est probablement pas cancérogène pour l’homme. Groupe 1 Groupe 2A Groupe 2B Groupe 3 Arsenic et ses composés (1) Benzo[a]pyrène Benzo[k]fluoranthène et autres HAP Dioxinesfuranes Composés du méthylmercure (2) Dioxyde de soufre Benzène Cadmium et ses composés (1) Dérivés inorganiques du plomb Gaz d’échappement des moteurs Diesel Composés du nickel (2) Tétrachloro2,3,7,8dibenzodioxine Nickel (métal) et ses alliages Plomb Groupe 4 Composés dont les études actuelles n’ont pas mis en exergue d’effet cancérogène (tableau évolutif) Gaz d’échappement des moteurs à essence (1) : évaluation s’appliquant à l’ensemble du groupe mais pas nécessairement à chacun des agents du groupe. (2) : évalués en groupe 148 Annexe 5 : Classification de l’Union Européenne - Catégorie 1 : Substances que l'on sait être cancérogènes pour l'homme. On dispose de suffisamment d'éléments pour établir l'existence d'une relation de cause à effet entre l'exposition de l'homme à de telles substances et l'apparition d'un cancer. - Catégorie 2 : Substances devant être assimilées à des substances cancérogènes pour l'homme. On dispose de suffisamment d'éléments pour justifier une forte présomption que l'exposition de l'homme à de telles substances peut provoquer un cancer. Cette présomption est généralement fondée sur des études appropriées à long terme sur l'animal et/ou d'autres informations appropriées. - Catégorie 3 : Substances préoccupantes pour l'homme en raison d'effets cancérogènes possibles, mais pour lesquelles les informations disponibles ne permettent pas une évaluation satisfaisante. Il existe des informations issues d'études adéquates sur les animaux, mais elles sont insuffisantes pour classer la substance dans la deuxième catégorie. Catégorie 1 Catégorie 2 Catégorie 3 Arsenic (pentaoxyde et Benzo[a]pyrène et autres Nickel (métal, carbonate, trioxyde de di-) HAP sulfate et dihydroxyde de) Benzène Cadmium (sels et oxydes) Nickel (autres sels et oxydes) 149 Annexe 6 : rang de classement des actions Plan National Santé Environnement (PNSE) déclinables sur le plan local (PRSE) (Limousin) Intitulé Rang Réduire de 50 % l’incidence de la Légionellose à l’horizon 2008 1 Améliorer la qualité de l’eau potable en préservant les captages d’eau potables 1 des pollutions ponctuelles et diffuses (neutralisation et désinfection) Réduire les expositions professionnelles aux agents cancérogènes, mutagènes et 1 reprotoxiques) Améliorer la prévention du saturnisme infantile, le dépistage et la prise en charge 1 des enfants intoxiqués Protéger la santé des populations vivant en habitat insalubre Diminuer le risque sanitaire du à la baignade 1 Limiter les pollutions des eaux et des sols dues aux pesticides et à certaines 2+ substances potentiellement dangereuses Réduire de 30 % la mortalité par intoxication au monoxyde de carbone à 2 l’horizon 2008 Maîtriser les risques sanitaires liés aux températures extrêmes 2 Réduire les émissions aériennes de substances toxiques d’origine industrielle 2 Réduire l’exposition au radon dans les bâtiments à usage d’habitation et mieux 2 évaluer le risque Limiter l’exposition de la population aux fibres minérales artificielles 2 Protéger la santé des populations vivant en habitat insalubre 2 Renforcer la protection, notamment en milieu professionnel, des femmes 2 enceintes Améliorer l’information sur la prévention de l’asthme et des allergies 2 Protéger les adolescents des risques dus à la musique amplifiée 2 Promouvoir les modes de déplacement alternatif 3 Réduire les émissions de particules diesel par les véhicules 3 Mieux prendre en compte l’impact sur la santé des projets de création 3 d’infrastructures de transport Réduire les émissions d’oxyde d’azote des installations industrielles 3 Réduire les émissions polluantes du secteur résidentiel et tertiaire 3 Renforcer la surveillance du marché notamment la réalisation de campagnes 3 ciblées de contrôle Veiller à la qualité des bâtiments accueillant des enfants 3 Organiser l’exploitation des données existantes pour estimer l’exposition de la 3 population aux pesticides Etudier les modalités des indicateurs biologiques d’exposition en milieu 3 professionnel et en population en général Développer les systèmes d’alerte et renforcer le réseau national de 3 toxicovigilance Développer l’information et la formation des différents acteurs de la prévention 3 dans l’entreprise Faciliter l’accès à l’information en santé environnement et favoriser le débat 3 public Rang 1 : actions prioritaires PNSE, Rang 2 : poursuite des programmes engagés, Rang 3 : actions actuellement menées ou relais pour des actions nationales. 150 Annexe 7 : La région Limousin, superficie et démographie France 01/01/1999 Limousin 01/01/2004 Haute-Vienne 01/01/2004 Corrèze 01/01/2004 Creuse 01/01/2004 Superficie (km²) 543 963 16 942 5 520 5 857 5 565 Population 59 342 121 709 747 353 801 232 812 123 134 Densité (habitants/km²) 109 42 65 40 22 Préfecture Limoges Tulle Guéret Sous-préfectures Bellac et Rochechouart Brive la Gaillarde Aubusson % par rapport au Limousin, au 01-01-2004 Répartition par tranches d'âges 0 - 9 ans 7 289 272 68 900 51,2% 32,7% 16,1% 10 - 19 ans 7 698 635 74 801 52,5% 31,6% 15,9% 20 - 24 ans 3 847 316 39 833 56,6% 29,6% 13,8% 25 - 54 ans 25 172 301 282 797 51,2% 32,4% 16,4% 55 - 64 ans 5 703 400 81 550 48,6% 33,8% 17,6% 65 - 74 ans 5 132 100 79 551 45,7% 34,4% 20,0% 75 - 84 ans 3 338 540 64 598 45,0% 34,5% 20,6% 85 ans et plus 1 160 557 20 422 45,6% 33,9% 20,5% Total 59 342 121 712 452 50,0% 32,8% 17,2% Source : INSEE - Recensement de la population 1999 et 2004 151 Annexe 8 : Axes routiers majeurs et distribution du peuplement en Limousin [100] 152 Annexe 9 : Carte de prévision ozone en Limousin, LIMAIR 153 Annexe 10 : Les personnes âgées plus présentes en milieu rural. 154 Annexe 11 : L’hébergement des personnes âgées en Limousin au 01-01-2006. 155 Annexe 12 : Des densités de médecins généralistes libéraux plus faibles en milieu rural. 156 Annexe 13 : Questionnaire 157 Questionnaire : n° : Vous exercez en tant que Si vous désirez plus d'informations, vous pouvez nous communiquer vos coordonnées : I- Votre perception de la pollution atmosphérique 1- Les problématiques environnementales actuelles vous paraissent-elles : - insignifiantes - assez importantes - préoccupantes 2- En matière de qualité de l'air, savez-vous qu'en Limousin, il existe un organisme de surveillance de la qualité de l'air ? - oui - non 3- Saviez-vous que LIMAIR est l'association agréée qui surveille la qualité de l'air en Limousin ? - oui : - connaissance du nom de l'association - connaissance de son activité et de ses missions par quels moyens : - non 4- Consultez-vous des données sur la qualité de l'air en Limousin ? - jamais - peu - fréquemment de quelle façon : II- Connaissances en terme de pollution atmosphérique 5- Selon vous, quel est l'impact de la pollution atmosphérique sur la santé ? - inoffensive - un impact sanitaire faible - un impact sanitaire avéré - sans opinion 6- Selon vous, quelles sont les substances polluantes à l'origine de pathologies ? 7- Vous sentez-vous suffisamment informés sur ces problématiques ? - non - partiellement - suffisamment - sans opinion 8- Selon vous, y a t-il des personnes sensibles aux effets de la pollution atmosphérique ? - oui lesquelles vous paraissent les plus sensibles : - non - sans opinion 158 III- L'impact de la pollution atmosphérique sur votre activité 9- Est-ce qu'une modification dans le secteur de votre activité peut-être imputée à la pollution atmosphérique ? - oui : - augmentation (recours aux soins, sollicitations diverses, ...) - diminution (absentéisme,...) En terme de pourcentage, de combien estimez-vous cette modification d'activité ? - non - sans opinion 10- Constatez-vous au cours de l'exercice de votre profession, un besoin d'information particulier, du public auprès duquel vous exercez, sur ce thème (relation pollution atmosphérique / impact sanitaire) ? - pendant l'année : - oui - non - lors d'épisodes de pollution : - oui - non - sans opinion 11- Vous-même, vous sentez-vous suffisamment informés sur ce domaine ? - oui - non - sans opinion IV- Perspectives de communication 12- Quels seraient vos besoins et vos attentes dans ce domaine ? - information au quotidien - information en cas d'alerte - brochures spécifiques de quelle nature : - exposition mobile - interventions dans la structure - conseils, bonnes pratiques - autres : 13- Quel moyen de communication vous semble le mieux adapté pour vous et pour le public ? - brochures - Internet - affiches - interventions - autres : 14- Vous semble-t-il intéressant de mettre à disposition des usagers un point relais d'information [référent professionnel (médecin, pharmacien), affichage (salle d'attente, école, ...)] ? - oui - non - sans opinion 15- Seriez-vous prêts à intégrer, au sein de votre structure et dans l'exercice de votre métier, un relais d'information sur ce thème ? - oui - non - sans opinion Merci de bien vouloir nous retourner ce questionnaire aux coordonnées ci-dessous. Bâtiment OXO, 4 rue Atlantis – Parc Ester Technopole – BP 6845 87068 LIMOGES CEDEX Tél. 05 55 33 19 69 – Télécopie : 05 55 33 37 11 Email : [email protected] - Site Internet : http://www.limair.asso.fr SIREN 410 426 282 – Code APE 743 B 159 Annexe 14 : Brochures Ile de France : Professionnels et grand public POLLUTIONS ATMOSPHÉRIQUES : REPÈRES SCIENTIFIQUES ET CONSEILS PRATIQUES B R O C H U R E D ’ I N F O R M AT I O N P O U R L E S P R O F E S S I O N N E L S D E S A N T É Ce document a été conçu dans le cadre des actions de sensibilisation et d’information mises au service du plan pour la qualité de l’air en Île-de-France, et financé sur les crédits du Contrat de plan État-Région. Nous remercions les partenaires du Groupe de travail pour leur participation éclairée à sa réalisation : NO2 O3 PM10 C6H6 CO SO2 AVANT-PROPOS AVANT-PROPOS INFORMER : cofacteur susceptible de favoriser l’apparition de symptômes irritatifs et de fragiliser les patients LA CLÉ DE LA PRÉVENTION expose le tabagisme. Mais ce risque existe et ne doit pas être négligé puisqu’il concerne La pollution atmosphérique est un problème complexe mais abordable. Vous pouvez contribuer efficacement à une information éclairée du grand public sur les bonnes pratiques collectives et individuelles à mettre en œuvre pour s’en prémunir. Une prévention collective et adaptée à chacun est l’une des clés dans la lutte pour plus vulnérables ou plus sensibles. Pour autant, le risque reste bien inférieur à celui auquel En Île-de-France, la concentration des principaux polluants atmosphériques est en baisse sensible depuis plus de dix ans. Les mesures réglementaires qui sont à l’origine de cette amélioration ont contribué à l’échelle nationale à la diminution des émissions industrielles, domestiques et, plus récemment, celles des effluents automobiles. En 1996, la loi sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie a défini, en synergie avec les directives européennes, des objectifs pour la qualité de l’air sur tout le territoire. Elle a aussi permis le renforcement du système de surveillance de la qualité de l’air «extérieur». Ce dispositif a été complété par la création, en juillet 2001, d’un observatoire dédié à la qualité de l’air intérieur des locaux. Du côté des connaissances sur l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique, des études épidémiologiques continuent d’apporter des réponses. Même si des incertitudes persistent, on peut affirmer actuellement que les polluants de l’air peuvent avoir des effets sur la santé à court comme à long terme. Ceux-ci se concrétisent par une augmentation de la mortalité et de la morbidité en zones urbaines, et cela même lorsque les normes en vigueur sont respectées. La pollution atmosphérique apparaît aujourd’hui comme un 2 POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE : REPÈRES SCIENTIFIQUES ET CONSEILS PRATIQUES l’ensemble de la population et aggrave des pathologies aussi fréquentes que l’asthme et les allergies respiratoires, la bronchite chronique ou l’insuffisance coronarienne. résoudre ce problème de santé publique. Or, même si la qualité de l’air arrive au deuxième rang des préoccupations des Français en matière de santé*, la mise en œuvre individuelle de comportements plus adaptés n’est pas encore entrée dans les mœurs. Face au discours anxiogène des médias, ils attendent des réponses simples et objectives. En tant qu’interlocuteurs privilégiés sur les questions de santé, c’est vous qu’ils sollicitent souvent pour répondre à leurs interrogations. Ce document a été conçu pour vous aider à leur délivrer une information claire et pragmatique. Il regroupe les questions qui vous sont le plus fréquemment posées et les mesures de prévention que vous pourrez utilement rappeler. ■ * Sondage Ifop - «L’Express» - La Mutualité française, 2001. “ Les professionnels de santé jouent un rôle majeur pour le diagnostic et le traitement des affections associées à la pollution atmosphérique. Ils représentent, pour le public, une certaine sécurité sanitaire qui peut aussi, par l’information et les conseils de prévention, contribuer au développement de la santé environnementale, à laquelle le corps social aspire. ” Professeur Alain Grimfeld, chef de service à l’hôpital d’enfants Armand-Trousseau POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE : REPÈRES SCIENTIFIQUES ET CONSEILS PRATIQUES 3 Répondre / Expliquer Répondre / Expliquer Qu’est-ce que la pollution atmosphérique ? L’air « pur » est composé de 78 % d’azote, 21 % d’oxygène – les particules en suspension (PM), qui représentent un et 1 % de gaz rares (argon, néon et hélium, notamment). ensemble hétérogène dont font partie les particules dégaÀ ce mélange atmosphérique s’ajoutent, en proportions gées par la combustion des énergies fossiles – notamvariables, de la vapeur d’eau et du gaz carbonique, sans ment celles émises par les moteurs Diesel – mais aussi oublier d’autres gaz et des particules en suspension, que les pollens ; l’on appelle « polluants » dès lors qu’ils sont potentiellement – les oxydes d’azote (NO, NO2), qui proviennent pour deux gênants, ou nocifs, pour l’homme et l’environnement. Il tiers des gaz d’échappement automobiles. Les pots catalytiques s’agit d’aérocontaminants n’en diminuent la producUn humain adulte inhale en moyenne tion que si le trajet est supéchimiques, biologiques (pollens, micro-organismes) ou rieur à 3 kilomètres ; 14400 litres d’air par jour. physico-chimiques (parti– le monoxyde de carbone cules). Leur combinaison et leur concentration diffèrent (CO), produit par les transports routiers et les dispositifs selon le lieu (ville ou campagne, intérieur ou extérieur), de chauffage mal entretenus ; l’heure, les conditions météorologiques (soleil, brouillard, – l’ozone (O3), qui résulte de la transformation d’autres vent ou anticyclone) et les émissions. polluants – NOx et composés organiques volatils (COV), La pollution atmosphérique extérieure peut être d’orinotamment – sous l’effet des rayons ultraviolets. ■ gine naturelle (allergènes aéroportés, fumées de volcan). Le plus souvent, elle résulte de l’activité humaine, qui proEN SAVOIR PLUS : «Pollution atmosphérique», Pr Bernard Festy, duit les principaux polluants indicateurs surveillés : Dr William Dale, «Encyclopédie médico-chirurgicale», 16-001-C-10. – le dioxyde de soufre (SO2), qui provient surtout de la • «La Pollution atmosphérique», rapport de la Commission combustion du fioul lourd, du gasoil et du charbon ; de l’Assemblée nationale, mai 2001 (www.assemblee-nat.fr). La pollution atmosphérique présente-t-elle un danger pour la santé? Même lorsque les valeurs limites réglementaires des principaux polluants sont respectées, la pollution atmosphérique est susceptible d’avoir des effets sur la santé. De nombreuses études épidémiologiques ont établi l’existence d’effets à court terme sur la mortalité et la morbidité. En Île-de-France, l’étude ERPURS* observe, entre les dix-huit jours les moins pollués de l’année et les niveaux de pollution atteints ou dépassés la moitié de l’année, des augmentations de : – 7,9% des hospitalisations pour asthme et 5,1% des hospitalisations pour maladie respiratoire des moins de 15 ans ; – 2% de la mortalité non accidentelle, 4,7% de la mortalité respiratoire et 2,4 % de la mortalité cardio-vasculaire ; – 3,3 % des hospitalisations pour maladie de l’appareil circulatoire et 1,9 % des hospitalisations pour bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). Les effets de la pollution atmosphérique à long terme ont fait l’objet d’études épidémiologiques moins nombreuses. Certains travaux concluent cependant à une réduction de la fonction pulmonaire dans les zones les plus polluées, d’autres à une augmentation du risque de cancer du poumon – néanmoins très inférieure à celle imputée au tabac. L’ensemble de ces éléUne baisse de 20% ments conduit à suspecter du niveau moyen la pollution atmosphérique de NO2 éviterait de jouer un rôle de cofacteur dans l’apparition ou 3,4% des l’aggravation de symptômes hospitalisations et de maladies, surtout pour asthme des respiratoires et cardiomoins de 15 ans**. vasculaires. Les effets sur la santé sont fonction des concentrations de polluants inhalées et de la durée d’exposition. Ils dépendent également de paramètres individuels. Les patients les plus vulnérables sont ceux ayant un terrain fragile, qui sont exposés à d’autres facteurs de risques (tabagisme, polluants dans le cadre professionnel…) ou qui présentent une sensibilité particulière. ■ EN SAVOIR PLUS : «Politiques publiques, pollution atmosphérique et santé», rapport du Haut Comité de la santé publique, juillet 2000, éditions ENSP. • * Étude ERPURS 1997-2000, Observatoire régional de santé d’Île-de-France 1995; 4: 363-76. • ** «Pollution atmosphérique et santé», P. Quénel, Institut de veille sanitaire, à consulter sur www.allergonet.com/articles. CONSEILLER / PRÉVENIR PERSONNES SENSIBLES » Une personne est dite sensible si: • elle présente des symptômes significatifs: difficultés respiratoires, essoufflement, douleur thoracique, maux de tête, toux sèche, irritation des yeux, du nez ou de la gorge, notamment en cas 4 de pic de pollution. • Dans ce cas, s’abstenir de faire du sport à proximité d’un axe routier ou dans une zone fortement industrialisée. • Respirer par le nez: celui-ci arrête les particules en suspension dont le diamètre est supérieur à 10 microns. POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE : REPÈRES SCIENTIFIQUES ET CONSEILS PRATIQUES • Éviter les tunnels et les parkings mal ventilés. • Porter des lunettes de soleil, pour empêcher une partie des particules en suspension (notamment les pollens) de se déposer sur l’œil. • Aérer quotidiennement son habitation. • Pour les asthmatiques, ne jamais se déplacer sans POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE : REPÈRES SCIENTIFIQUES ET CONSEILS PRATIQUES son traitement habituel. • Si les seuils d’alerte sont dépassés, il est possible de téléphoner à la ligne Allô air santé (01 40 34 76 14) pour avoir de plus amples renseignements sur les symptômes possibles et savoir quel comportement adopter en cas d’épisode 5 Répondre / Expliquer Répondre / Expliquer Qui est sensible à la Est-ce que la pollution atmosphérique pollution atmosphérique? donne le cancer? Les asthmatiques non protégés par un traitement de fond sont particulièrement sensibles aux effets aigus des polluants. Chacun peut être affecté par la pollution atmosphérique, notamment en cas d’exposition prolongée et/ou excessive. Cependant, certaines personnes sont plus vulnérables ou plus sensibles que d’autres aux altérations de la qualité de l’air. – Enfants : la maturation pulmonaire n’est que partielle à la naissance. Le stock d’alvéoles continue à se développer jusqu’à l’âge de 8 ans. – Personnes âgées : les capacités respiratoires décroissent avec l’âge (la VO2 max. diminue de 10 % chaque décennie à partir de la trentième année). Les personnes âgées sont aussi plus nombreuses à présenter une pathologie cardio-vasculaire ou respiratoire. – Insuffisants coronariens et cardiaques : certaines études ont montré un lien entre polluants et infarctus du myocarde par le biais d’une diminution de l’oxygénation périphérique, d’une augmentation de la viscosité sanguine et de modifications du rythme cardiaque. – Asthmatiques: les polluants atmosphériques (ozone, COV, particules, SO2, NO2) sont des facteurs aggravants. Ils augmentent la réactivité bronchique et rendent plus sensible aux allergènes. – Insuffisants respiratoires, bronchitiques chroniques : la pollution atmosphérique favorise les décompensations. – Tabagiques: les polluants liés au tabac sont à eux seuls des irritants très puissants, qui amplifient l’action des autres polluants et augmentent considérablement la sensibilité des fumeurs et de leur entourage. – Femmes enceintes. Chez certaines personnes bien portantes, la moindre augmentation de concentration des polluants dans l’atmosphère provoque une toux, une irritation de la gorge ou des yeux, alors que d’autres ne présentent ces symptômes qu’à des niveaux bien plus élevés, ou pas du tout. Aucun examen ne permet de diagnostiquer l’hypersensibilité. Seule l’apparition de symptômes évocateurs, notamment lors d’épisodes de pollution, permet de la suspecter. ■ EN SAVOIR PLUS : Étude APHEA (méta-analyse européenne sur les effets à court terme de la pollution atmosphérique), Epidemiol Community Health, 1996: 50 (suppl 1): S 12-18. • «Relations à court terme entre la pollution atmosphérique urbaine et la mortalité respiratoire», «Revue médicale respiratoire», 2001, 18, 387-395. De nombreuses études expérimentales chez l’animal ont permis d’évaluer le rôle de plusieurs polluants atmosphériques dans l’apparition de cancers. Le benzène, un hydrocarbure qui provient essentiellement du trafic routier et du tabac, est considéré par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) comme un cancérogène certain chez l’homme. Les effluents des moteurs Diesel sont classés comme cancérogènes probables et ceux des moteurs à essence comme cancérogènes possibles, avec des preuves suffisantes chez l’animal, mais absentes ou insuffisantes pour l’espèce humaine. Les études épidémiologiques menées en milieu professionnel montrent cependant une élévation du risque de cancer du poumon dans les groupes particulièrement exposés aux échappements Diesel (travailleurs des compagnies d’autobus, routiers, conducteurs de taxi, employés des chemins de fer, dockers…). Pour eux, le risque relatif de cancer du poumon est de l’ordre de 1,33 et il s’accroît avec la durée d’exposition*. Cependant, ces résultats relèvent d’expositions à des concentrations beaucoup plus élevées que celles auxquelles la population générale est soumise. Et si les études épidémiologiques menées dans les zones urbaines et industrialisées confirment une incidence plus élevée de cancers, du poumon notamment, elles ne mettent pas en cause un polluant mais un ensemble de substances dont seules certaines ont fait l’objet de mesures spécifiques. En outre, elles ne permettent pas d’établir un lien direct entre l’exposition réelle et le risque de cancer. En effet, ces études épidémiologiques se basent sur des concentrations de polluants atmosphériques mesurées à partir de capteurs fixes qui peuvent être très différentes des doses de polluants effectivement inhalées par chacun. D’autres études seront donc nécessaires pour lever les incertitudes actuelles. ■ Pour le tabagisme actif, le risque relatif de cancer du poumon va de 6,2 à 34,6 selon l’intensité et la durée de l’intoxication. EN SAVOIR PLUS : Bhatiua R., «Diesel exhaust exposure and lung cancer». «Epidemiology» 1998; 9: 84-91. • * «Le Coût des effets de la pollution atmosphérique sur la santé de la population française», Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (www.ademe.fr). CONSEILLER / PRÉVENIR de pollution. Un médecin spécialisé répond en permanence, de jour comme de nuit. • Il est possible de suivre l’évolution de la qualité de l’air au quotidien via les médias régionaux ou directement auprès d’Airparif (www.airparif.asso.fr ou Minitel 36 15 code AIRPARIF). Ceux qui sont 6 allergiques aux pollens (rhumes des foins, conjonctivites) peuvent se renseigner auprès du Réseau national de surveillance aérobiologique (www.rnsa.asso.fr), qui diffuse bulletins d’alerte et cartes polliniques. • En période de vacances, mieux vaut éviter des séjours prolongés dans POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE : REPÈRES SCIENTIFIQUES ET CONSEILS PRATIQUES les mégapoles des pays où les normes antipollution sont balbutiantes. En cas de séjour en France, consulter le «Bulletin quotidien de la qualité de l’air» de sa région de destination, diffusé par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (www.ademe.fr). POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE : REPÈRES SCIENTIFIQUES ET CONSEILS PRATIQUES À L’EXTÉRIEUR » Transports • Limiter les parcours en voiture: c’est le moyen de transport dans lequel on est le plus exposé à la pollution atmosphérique. • Préférer les transports en commun, la marche ou le vélo, surtout pour les petites distances. 7 Répondre / Expliquer Répondre / Expliquer À l’extérieur, où est-on le plus exposé à la L’intérieur des bâtiments peut-il pollution atmosphérique? être pollué? À l’extérieur, les doses de polluants inhalées par chaque individu dépendent de trois paramètres : – le nombre d’heures passées dans les ambiances polluées : sont particulièrement exposés les conducteurs d’autobus ou de taxi, les routiers, les agents de la circulation, les employés de station-service, les commerçants sur rue ; – le moyen de transport utilisé: en circulation dense, c’est dans les voitures que l’exposition aux principaux polluants atmosphériques est maximale. En deuxième position, avec des niveaux d’exposition d’une fois et demie à deux fois moindres, on trouve l’autobus et la bicyclette. Le mode de transport où l’on est le moins exposé reste la marche à pied ; – le niveau d’activité physique: il détermine la quantité d’air respiré. En faisant du sport, on consomme en moyenne quatre fois plus d’air qu’au repos. Si l’activité sportive a lieu dans une zone très polluée, à proximité d’un axe routier par exemple, les doses de polluants inhalées sont très importantes. Quant aux enfants, ils sont souvent plus exposés du fait de leurs activités récréatives à l’extérieur, qui augmentent leur volume respiratoire. La question se pose souvent, quand on fait du sport ou lors des pics de pollution, de l’utilité de se munir d’un masque pour sortir. Les plus sophistiqués sont munis d’un filtre à charbon (comme les hottes aspirantes qui équipent les cuisines). Attences masques n’arrêUne fois sur deux, les tion, tent pas les particules Européens utilisent leur fines et de nombreux gaz voiture pour faire moins potentiellement nocifs pour la santé. Les autres, de 3 kilomètres, une fort nombreux dans le fois sur huit, pour faire commerce, sont d’une moins de 500 mètres. efficacité médiocre. Quant aux masques chirurgicaux et autres foulards, ils ne filtrent que les grosses particules (≥ 10 microns), qui auraient de toute façon été arrêtées lors de leur passage dans le nez. ■ EN SAVOIR PLUS : «Quelles sont les expositions humaines à la pollution atmosphérique?», programme Primequal-Predit, Mickaël Derbez, Luc Mosqueron, Vincent Nedellec, La documentation française, juin 2001. • «Recommandations pour améliorer la connaissance sur l’exposition et sur l’impact de la pollution atmosphérique d’origine automobile», rapport de la Société française de santé publique, juin 2000 (www.sfsp-france.org). – les particules en suspension, fibres en provenance des La qualité de l’air dans une habitation, une entreprise ou papiers manipulés et des matériaux de construction ou d’autres espaces clos dépend bien évidemment des niveaux de décoration, plomb (ponçage de peintures anciennes), de pollution qui règnent à l’extérieur, mais également de fibres d’amiante. l’existence de sources polluantes à l’intérieur même Dans un bâtiment, les concentrations de COV À sources données, la intérieure du bâtiment. Outre les proet de formaldéhyde peuvent être jusqu’à concentration en polluants fluctue en duits spécifiques utilisés dans le cadre professionnel, dix fois plus importantes qu’à l’extérieur. fonction de la ventilation du local. Or, l’heure est au calfeutrage extrême des bâtiles principaux responsables de la pollution atmosphérique intéments, économie d’énergie oblige. Cette surisolation gêne rieure aux logements sont : la dilution des polluants intérieurs. Elle favorise aussi l’aug– les oxydes d’azote (fumée de tabac, cuisinières et chauffementation du taux d’humidité et de la température, deux eau à gaz, poêles à bois…) ; conditions propices au développement des acariens et des – les composés organiques volatils (COV) (peintures, colles, moisissures ainsi qu’à l’augmentation des concentrations cosmétiques, solvants…), notamment le formaldéhyde de formaldéhyde. En entreprise, la ventilation est souvent bien (mousses isolantes, panneaux de particules) et le benzène plus perfectionnée que dans les logements, qui tendent (fumée de tabac…) ; cependant à être équipés d’un système de ventilation – le monoxyde de carbone (chauffage et chauffe-eau à gaz, mécanique double flux qui renouvelle en permanence l’air fioul, charbon ou bois qui fonctionnent mal) ; ambiant. Reste que, pour être efficace, tout système de – les allergènes générés par les acariens, les animaux domesventilation doit être régulièrement entretenu (au minimum tiques (chat, chien, rongeur), les blattes, les moisissures, mais une fois par an) et ne doit pas être obstrué, comme on le aussi les plantes d’appartement (ficus) et les pollens des fleurs constate trop souvent. ■ (tournesols, tulipes, mimosa) ; CONSEILLER / PRÉVENIR • Pratiquer autant que possible le covoiturage pour aller travailler. • Au volant, adopter une conduite calme (pas de freinage ni d’accélérations brusques). Ne pas laisser tourner longtemps le moteur au ralenti. Faire effectuer régulièrement le contrôle antipollution de sa voiture, surtout si elle est 8 ancienne, et prendre en considération l’impact environnemental lors de l’achat d’un véhicule neuf. • Éviter de faire le plein aux heures les plus chaudes de la journée (évaporation d’hydrocarbures). » Sport • Pour profiter des incontestables bienfaits du sport pour la santé sans souffrir des POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE : REPÈRES SCIENTIFIQUES ET CONSEILS PRATIQUES inconvénients liés à l’inhalation à pleins poumons de polluants, mieux vaut s’abstenir de toute pratique d’exercices physiques pendant les heures de pointe, à proximité d’un axe routier et au moment de la journée où il fait le plus chaud (concentrations maximales d’ozone). POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE : REPÈRES SCIENTIFIQUES ET CONSEILS PRATIQUES À L’INTÉRIEUR » Chauffage • Ne pas surchauffer son habitation (≤ 22 °C). • Faire vérifier son installation de chauffage au moins une fois par an (deux fois pour un chauffage au fioul). Le ramonage des cheminées de raccordement des appareils 9 Répondre / Expliquer Répondre / Expliquer La pollution se résume-t-elle aux pics de pollution? En ville, les niveaux les plus élevés de pollution atmosphérique sont atteints quand se conjuguent fortes émissions de polluants et conditions météorologiques défavorables, par exemple en l’absence de vent susceptible de favoriser leur dispersion. Lorsque les concentrations de certains polluants dépassent les valeurs limites réglementaires, on parle de «pics» ou «épisodes» de pollution, qui déclenchent des procédures d’information et de recommandations à destination des populations particulièrement sensibles (quatre épisodes pour l’agglomération parisienne en 2002), voire d’alerte entraînant des mesures d’urgence (aucune alerte depuis le 30 septembre 1997). En dehors de ces pics, il existe un fond de pollution permanent, qui concerne l’ensemble de la population. Or, de nombreuses études ont démontré une association signi- La concentration de la plupart des polluants est plus forte le matin et le soir, sauf celle de l’ozone, qui atteint un maximum quotidien unique vers 15 heures. ficative entre de petites variations des concentrations en polluants, même en deçà des valeurs seuils qui caractérisent les pics de pollution ou des objectifs de qualité de l’air et valeurs limites fixées pour la protection de la santé humaine. Ainsi, le programme de surveillance « Air et santé »* observe qu’une élévation de 10 g/m3 du niveau des indicateurs de pollution est associée à court terme (deux jours) à un excès de risque de mortalité d’environ 1 %. Cette association est linéaire et sans seuil. C’est-à-dire qu’il n’existe pas, à l’échelle de la population, de valeur d’exposition au-dessous de laquelle le risque pour la santé serait nul. Les effets spécifiques des pics sont mal explorés, mais en tout état de cause, leur impact en termes de santé publique reste marginal par rapport à la pollution quotidienne « habituelle ». ■ EN SAVOIR PLUS : Étude PSAS-9: Revue de synthèse phase II, Programme de surveillance Air et Santé 9 villes, Institut de veille sanitaire.* Que faut-il faire pendant les pics de pollution? Pour les personnes bien portantes et qui ne sont pas parPour les populations vulnérables, c’est-à-dire les enfants, ticulièrement sensibles à la pollution : les personnes âgées, les femmes enceintes, les insuffisants – s’abstenir de tout exercice physique à l’extérieur qui nécesrespiratoires ou cardiaques, les asthmatiques, les fumeurs et site un effort soutenu : activités d’endurance (marathon, les patients en bonne santé mais qui se sont montrés particyclisme…), compétitions sportives. En revanche, les activités culièrement sensibles à la pollution lors de pics précédents: physiques légères demeu– limiter le séjour en plein Un individu qui marche inhale 15 litres rent possibles (promenade, air : éviter les promenades jeux, pique-nique…). et les activités à l’extérieur, d’air par minute, 40 litres s’il monte a fortiori s’il s’agit d’une praun escalier et jusqu’à 100 litres lorsqu’il Pour tous : – éviter d’aggraver les chotique sportive. En moyenne, grimpe une côte à vélo. ses par l’usage d’autres facles concentrations en ozone teurs irritants : le tabagisme (absorption active et passive), et en SO2 sont moins élevées dans les habitations que dans les produits de bricolage ou de jardinage (peintures, colles, l’air extérieur ; solvants, insecticides…) ; – continuer d’aérer son habitation, pendant cinq minutes – autant que faire se peut, ne pas utiliser sa voiture. ■ deux fois par jour, mais éviter de le faire au moment où les concentrations en polluants sont les plus fortes. Par exemple, s’il s’agit d’un pic d’ozone, aérer le matin et la nuit, mais pas pendant les heures d’ensoleillement maximal ; – concernant les patients sous traitement, poursuivre scrupuEN SAVOIR PLUS : «Conseils sanitaires en cas d’épisodes leusement celui-ci pendant la durée du pic de pollution. Un de pollution atmosphérique», avis du Comité supérieur d’hygiène traitement préventif peut venir s’ajouter au traitement de fond. publique de France, 18 avril 2000 (www.sante.gouv.fr). CONSEILLER / PRÉVENIR est impératif deux fois par an pour les installations au fioul ou au charbon, une fois pour celles qui fonctionnent au gaz. • Ne jamais bricoler son chauffe-eau ni son système de chauffage. Pour l’entretien comme pour l’installation, faire appel à un professionnel qualifié. • Ne pas utiliser trop 10 longtemps les appareils non raccordés à un conduit de fumée (poêles à pétrole, radiateurs à gaz mobile…), respecter leurs consignes d’utilisation et vérifier que le local est bien ventilé. » Utilisation de produits chimiques • Ne pas manipuler des produits de bricolage dans POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE : REPÈRES SCIENTIFIQUES ET CONSEILS PRATIQUES une pièce mal ventilée. Les personnes particulièrement sensibles aux polluants ont tout intérêt à quitter la maison pendant les grands travaux d’aménagement ou de décoration (peintures, fixation de moquettes ou de parquets avec de la colle, utilisation POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE : REPÈRES SCIENTIFIQUES ET CONSEILS PRATIQUES de produits décapants…). • Ne jamais mélanger de l’eau de Javel avec un produit détartrant: il se dégagerait des vapeurs qui peuvent déclencher une irritation des voies respiratoires et des yeux, une crise d’asthme, voire un OAP. » Au quotidien • Ne pas fumer dans la maison, 11 Répondre / Expliquer Répondre / Expliquer Y a-t-il plus de pollution atmosphérique en Que signifient les niveaux de pollution Île-de-France qu’ailleurs? annoncés par les médias? C’est le degré d’industrialisation et d’urbanisation des villes ainsi que leurs spécificités géographiques et climatiques qui déterminent les différences dans les niveaux et la nature de la pollution atmosphérique. Située en plaine, l’agglomération parisienne bénéficie, la plupart du temps, d’un climat qui favorise la dispersion (par le vent) ou le lessivage (par la pluie) de l’atmosphère. Deuxième «atout» climatique, les journées de la population d’ensoleillement sont moins nombreuses que dans le sud de francilienne la France, d’où des niveaux déclarent avoir moyens d’exposition à l’ozone ressenti une gêne qui varient du simple au doudue à la pollution. ble entre Paris et Marseille. Quant à savoir s’il vaut mieux s’installer à la campagne qu’en ville… Il est vrai que la qualité de l’air y est meilleure en ce qui concerne la plupart des polluants. Cependant, l’ozone fait exception à la règle. En effet, les niveaux d’ozone sont plus élevés en grande banlieue qu’à Paris lors des pics estivaux. Cela est dû à la for- 72% mation continue d’ozone dans la masse d’air lors de son déplacement du centre-ville vers la périphérie*. Depuis une quarantaine d’années, la pollution d’origine industrielle et domestique a fortement baissé dans la région. Les transports routiers sont devenus les premiers responsables des émissions de certains polluants (NOx, CO, COV, notamment), et ce malgré diverses mesures réglementaires (généralisation progressive de l’essence sans plomb, pots catalytiques). La région compte aujourd’hui plus de quatre millions de voitures particulières, dont plus d’un million de véhicules Diesel. Un parc dont l’augmentation constante augure mal de la maîtrise de la pollution d’origine automobile dans les années à venir. ■ EN SAVOIR PLUS : * Brochure «La Pollution de l’air et notre santé» (à consulter sur le site www.ors-idf.org), Observatoire régional de la santé (ORS) d’Île-de-France. • «Plan régional pour la qualité de l’air d’Île-de-France», à consulter sur www.drire-ile-de-france.fr ou à commander au 01 44 59 48 37. formation». Elle est mise en œuvre lorsque la concentration Quarante associations agréées de surveillance de la qualité de l’un de ces trois polluants dépasse une valeur au-delà de de l’air (AASQA) agissent sur le territoire français. Placées laquelle une exposition de courte durée peut avoir des effets sous la tutelle du ministère chargé de l’Environnement, elles sur la santé des personnes particulièrement sensibles. La mesurent en permanence la concentration de nombreux procédure comprend l’information de la population et des polluants atmosphériques (SO2, PM, NOX, CO, COV et ozone, recommandations sanitaires aux personnes sensibles, diffunotamment). En Île-de-France, ce rôle revient à Airparif, qui sées via les médias régionaux et nationaux. La seconde prodresse chaque jour un bilan de la qualité de l’air dans un cédure, dite «d’alerte», est déclenchée lorsque la concentrarayon de 100 kilomètres autour de Paris. Elle diffuse ses tion de l’un des trois polluants dépasse résultats à l’intention de la populavaleur au-delà de laquelle une tion francilienne sous la forme d’un Chaque jour, Airparif établit une exposition de courte durée présente chiffre, l’indice Atmo. Celui-ci prend près de 16000 données. un risque pour la santé de l’ensemen compte l’ensemble des données ble de la population. Elle entraîne collectées sur la région et s’échelonne l’information du grand public, mais aussi l’entrée en application de 1 (excellent) à 10 (très mauvais). Chaque jour, Airparif de mesures préfectorales qui visent à réduire les émissions établit l’indice de la journée en cours, mais aussi celui prévu polluantes (limitation de vitesse, notamment). ■ pour le lendemain. En outre, un indice spécifique est calculé pour chacune des communes d’Île-de-France. En cas de pic de pollution en ozone, dioxyde de soufre EN SAVOIR PLUS : www.airparif.asso.fr, le site d’Airparif, association agréée chargée de la surveillance de la qualité de l’air en Île-de-France. et/ou dioxyde d’azote, le préfet de police, informé par • «Lutte contre les épisodes de pollution atmosphérique en ÎleAirparif des niveaux de pollution, peut déclencher deux prode-France», mesures préfectorales prévues en cas de pics de pollution cédures, d’intensité croissante. La première est dite « d’in(www.prefecture-police-paris.interieur.gouv.fr). CONSEILLER / PRÉVENIR ni au bureau en dehors du local prévu à cet effet. • Aérer son habitation deux fois par jour, le matin au réveil et le soir avant de se coucher, pendant cinq minutes. • Interdire l’accès des chambres aux animaux de compagnie. • Ne jamais boucher les grilles d’aération. • Les allergiques peuvent 12 demander à un conseiller en environnement de venir visiter leur habitat. Rattaché aux services de pneumologie de certains hôpitaux, celui-ci peut diagnostiquer la présence d’allergènes, mais aussi fournir de précieux conseils d’aménagement et d’entretien de l’habitation. POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE : REPÈRES SCIENTIFIQUES ET CONSEILS PRATIQUES • Éviter de faire sécher le linge dans les pièces communes. • Plutôt que le balai, utiliser un aspirateur équipé d’un filtre à très haute efficacité (HEPA) • S’abstenir d’utiliser des aérosols. • Éliminer la poussière avec un chiffon humide. • Recouvrir son matelas d’une housse POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE : REPÈRES SCIENTIFIQUES ET CONSEILS PRATIQUES anti-acariens. • Laver au moins une fois par an rideaux, couettes, couvertures et oreillers. • Éviter la moquette, les tapis, les doubles rideaux. • Limiter le nombre de peluches dans les chambres et les laver une fois tous les deux mois à 40 °C. 13 MÉMO DES CIRCONSTANCES ÉVOCATRICES Le tableau clinique n’a rien de spécifique. Considéré isolément, il ne permet pas d’orienter le diagnostic étiologique. Dans ces conditions, l’interrogatoire revêt toute son importance. Il doit s’attacher à rechercher: X un terrain vulnérable: nourrissons et jeunes enfants, personnes âgées, antécédents personnels ou familiaux d’allergies; X l’existence concomitante de cas similaires dans la famille, le voisinage, la patientèle; X l’installation de la symptomatologie à l’occasion: • d’un déménagement en provenance d’une zone moins polluée; • d’un changement de poste de travail, ou de métier; • d’un épisode de pollution atmosphérique (à rechercher auprès d’Airparif, qui retrace un historique des pics de pollution sur les différents secteurs de la région); • de travaux récents (rénovation, décoration) au domicile ou sur le lieu de travail; • de la modification d’une installation de chauffage, de ventilation ou de climatisation, au domicile ou sur le lieu de travail; MÉMO DES CIRCONSTANCES ÉVOCATRICES X une exposition notable à la pollution atmosphérique: • résidence principale en centre urbain et/ou au voisinage d’une industrie réputée polluante ou d’un axe routier très fréquenté; • fumeur ou entourage d’un fumeur, professions au contact de la pollution atmosphérique (agents de la circulation, commerçants sur rue, chauffeurs routiers, conducteurs d’autobus ou de taxi, garagistes, employés de station-service…) ou de polluants spécifiques (travailleurs du bâtiment, industrie…); • utilisation de la voiture comme mode de déplacement privilégié; • habitat insalubre, présence de moisissures, de poussières, d’animaux domestiques, chauffage mal raccordé ou mal entretenu (risque d’intoxication au monoxyde de carbone). La mise en évidence d’un lien éventuel avec la pollution atmosphérique doit conduire à des mesures de prévention afin de limiter les niveaux d’exposition. À défaut, il s’agira de réduire l’impact de la pollution sur le plan organique. L’arrêt de tout tabagisme reste, à cet égard, un impératif majeur. > > > P E T I T R É P E R TO I R E D E S SY M P TÔ M E S Ces symptômes peuvent éventuellement avoir pour cofacteur la pollution atmosphérique. 14 Symptômes à caractère réactif X Larmoiements, irritations et douleurs oculaires X Rhino-pharyngites X Écoulement nasal postérieur X Céphalées Déséquilibres d’un état de santé déjà fragilisé X Toux sèche X Difficultés respiratoires X Bronchites X Bronchiolites X Crises d’asthme POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE : REPÈRES SCIENTIFIQUES ET CONSEILS PRATIQUES X Aggravation d’un asthme, décompensation d’une insuffisance respiratoire, d’une broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), d’une maladie cardio- vasculaire (insuffisance coronarienne, insuffisance cardiaque) X Majoration du risque de surinfection, fragilisation et hypersensibilisation aux germes et microbes ambiants Sur le long terme, on notera la possibilité d’une intervention de la pollution atmosphérique comme cofacteur dans l’apparition de certains cancers, pulmonaires et bronchiques notamment. POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE : REPÈRES SCIENTIFIQUES ET CONSEILS PRATIQUES 15 POLLUTION ´ ATMOSPHERIQUE: S’EN PROTÉGER, LA PRÉVENIR I N F O R M AT I O N S E T C O N S E I L S P O U R L E G R A N D P U B L I C NO2 O3 PM10 C6H6 CO SO2 AVANT-PROPOS AVANT-PROPOS La qualité de l’air, c’est l’affaire de tous Tout le monde est concerné par la qualité de l’air, parce que tout le monde respire. Source d’inquiétudes et d’interrogations, la pollution atmosphérique est un phénomène complexe; la réduire et s’en protéger restent un défi pour l’avenir. 2 Aujourd’hui, les études menées permettent de mesurer un certain impact de la pollution atmosphérique sur la santé de la population en général, en zone urbaine notamment. Le risque reste bien inférieur à celui auquel expose le tabagisme actif mais ne doit pas être ignoré. atmosphérique, individuellement et collectivement. Aussi, ce document est destiné à vous informer sur les moyens de prévention et à vous aider à agir au quotidien pour une meilleure qualité de l’air. Et si vous avez des questions particulières, parlez-en à votre médecin ou à votre pharmacien! En Île-de-France, la pollution atmosphérique est en diminution globale depuis plus de dix ans. Ce sont surtout les mesures réglementaires qui ont permis, à l’échelle nationale, la diminution des émissions industrielles, domestiques et, plus récemment, automobiles. En 1996, la loi sur l’air et l’utilisation Si, sur le plan individuel, le risque pour rationnelle de l’énergie a défini des objectifs la santé à court terme est relativement faible, pour la qualité de l’air sur tout le territoire. chacun doit cependant contribuer à sa Elle a aussi permis le renforcement du système prévention. Or, bien que la qualité de l’air arrive de surveillance de la qualité de l’air extérieur, au deuxième rang des préoccupations des Français et un observatoire dédié à la qualité de l’air en matière de santé*, les comportements ne intérieur a été mis en place en juillet 2001. suivent pas. Trop peu de gens savent ce qu’il faut faire pour se protéger et lutter contre la pollution POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE: S’EN PROTÉGER, LA PRÉVENIR * Sondage Ifop - «L’Express» - La Mutualité française, 2001. POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE: S’EN PROTÉGER, LA PRÉVENIR “ Préoccupés par les effets potentiels de la pollution atmosphérique sur leur santé, les Français pensent, à juste titre, que la réduction de cette pollution doit rester une action prioritaire de l’État. Mieux informés, ils comprendront aussi que chacun de nous, à son niveau, peut également contribuer, par des gestes simples, à l’extérieur comme chez lui, à l’amélioration d’ores et déjà en cours de la qualité de l’air et à la préservation de son capital santé. ” Bernard Festy, président de l’Association pour la prévention de la pollution atmosphérique 3 Qui est concerné par Que faire en cas de la pollution atmosphérique? pic de pollution ? Nous sommes tous concernés par la pollution atmosphérique. Mais certaines personnes y sont plus sensibles et en souffrent plus que d’autres, notamment lors des pics de pollution, et doivent donc prendre davantage de précautions. Lors des pics de pollution, les autorités diffusent par les médias des recommandations pour les personnes vulnérables ou, si le pic est plus élevé, pour l’ensemble de la population. Pour les personnes présentant une sensibilité particulière ➜ Éviter les efforts physiques soutenus en plein air (activités sportives d’endurance, par exemple). ➜ Suivre scrupuleusement son traitement (asthmatiques, insuffisants respiratoires ou cardiaques) et ne pas hésiter à consulter son médecin ou son pharmacien. ➜ Pendant les pics élevés (procédure d’alerte), s’abstenir de sortir pendant les heures les plus chaudes de la journée. Certaines personnes sont plus fragiles face à la pollution atmosphérique, en raison de certains facteurs. ➜ Les enfants, car leurs poumons continuent de se former jusqu’à l’âge de 8 ans. ➜ Les femmes enceintes, qui transmettent une partie des polluants respirés à leur enfant. ➜ Les personnes âgées, car la capacité respiratoire diminue dès l’âge de 30 ans. ➜ Les asthmatiques, que leur maladie rend plus sensibles au pouvoir irritant des polluants. ➜ Les insuffisants respiratoires et cardiaques, dont la santé est déjà fragilisée. ➜ Les fumeurs, dont l’appareil respiratoire est déjà irrité par l’usage du tabac. Les personnes vulnérables peuvent développer une sensibilité particulière lors de pics de pollution. Mais la pollution peut agir sur la santé au quotidien, et pas seulement au cours des pics. En 2002, il y a eu quatre pics de pollution sur l’agglomération parisienne, mais aucun déclenchement d’alerte depuis 1997. La qualité de l’air arrive au deuxième rang des préoccupations des Français en matière de santé environnementale. ? LE SAVIEZ-VOUS L’air «pur» est composé de 78% d’azote, 21% d’oxygène et 1% de gaz dits rares (argon et hélium, par exemple). 4 L’air contient également d’autres gaz et des particules en suspension, qualifiés de «polluants» quand ils sont considérés comme gênants ou nocifs pour l’homme et l’environnement. Dans l’air extérieur, les polluants atmosphériques proviennent principalement des gaz d’échappement (deux tiers), mais aussi des dispositifs de chauffage, des activités industrielles et commerciales. POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE: S’EN PROTÉGER, LA PRÉVENIR Pour tout le monde ➜ Ne pas modifier les pratiques habituelles d’aération et de ventilation, car la situation ne le justifie pas. ➜ Éviter d’aggraver les effets de la pollution par des facteurs irritants (tabac, peinture, solvants, colles…). ➜ Pendant les pics élevés (niveau d’alerte atteint), s’abstenir de toute pratique sportive intensive. ➜ Dans la mesure du possible, ne pas utiliser son véhicule. D’une part, parce que c’est là que l’on est le plus exposé à la pollution, d’autre part, parce que son utilisation contribue à accroître le pic de pollution. ? LE SAVIEZ-VOUS Le pic de pollution se produit quand il y a des niveaux élevés de polluants et une météo propice (fort ensoleillement, vent nul etc.). Les jours, par exemple, où le trafic routier est dense et qu’il n’y a pas de vent pour disperser les polluants favorisent les pics de pollution. Mais il existe en outre une pollution «de fond», moins forte mais présente en permanence. Il faut donc agir au quotidien, et pas seulement à l’occasion des pics. POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE: S’EN PROTÉGER, LA PRÉVENIR 5 Quel mode de transport préférer Quelles précautions pour être moinsexposé? prendre dehors? La marche à pied est généralement le mode de déplacement qui expose le moins à la pollution atmosphérique, suivie du vélo et des transports en commun. Nous passons en moyenne 20% de notre temps à l’extérieur. Il y a, là aussi, quelques précautions simples à prendre. La voiture est le mode de transport dans lequel on est le plus exposé à la pollution atmosphérique, surtout aux heures de pointe. Mieux vaut préférer les transports en commun. Si vous êtes néanmoins contraint de prendre votre voiture, voici quelques conseils pour votre protection et celle d’autrui. ➜ Ne pas laisser les enfants jouer à proximité des axes routiers. Dans la mesure du possible, les emmener plutôt dans les parcs ou les endroits éloignés de la circulation. ➜ Dans les rues à trafic dense, éviter de laisser les jeunes enfants dans leur poussette à proximité des pots d’échappement. ➜ Mieux vaut s’abstenir de faire du sport à proximité des axes routiers ou des zones fortement industrialisées. Là aussi, préférer les parcs ou, si l’on court dans la rue, le faire aux heures de faible circulation. ➜ Au volant, adopter une conduite calme. Éviter les freinages et accélérations brusques, qui multiplient l’émission de polluants. ➜ Faire effectuer régulièrement le contrôle antipollution de son véhicule, surtout s’il est ancien. ➜ Laisser le moins possible le moteur tourner au ralenti. ➜ Éviter de faire le plein aux heures chaudes de la journée, à cause des vapeurs d’essence. ➜ Ne pas ouvrir sa fenêtre dans les tunnels ou les parkings. ➜ Lors de l’achat d’un véhicule neuf, prendre en considération la dimension environnementale dans son choix. Une fois sur deux, les Européens utilisent leur voiture pour faire moins de 3 kilomètres, une fois sur huit, pour faire moins de 500 mètres. ? LE SAVIEZ-VOUS En Île-de-France, les polluants présents dans l’air proviennent principalement des gaz d’échappement. 6 Les pots catalytiques ne deviennent efficaces qu’après 3 kilomètres de trajet. La région parisienne compte aujourd’hui plus de quatre millions de voitures particulières, dont plus d’un million de véhicules Diesel. Malgré les progrès techniques, l’augmentation du nombre de voitures ne permettra pas d’obtenir les améliorations de la qualité de l’air souhaitées. Préférer les transports en commun, le vélo ou la marche, c’est préserver sa santé et agir pour la qualité de l’air. POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE: S’EN PROTÉGER, LA PRÉVENIR ➜ Certaines personnes se demandent s’il faut porter un masque, lorsque l’on fait du sport ou du vélo, par exemple. Seuls les masques avec filtre à charbon peuvent avoir une certaine efficacité. Il faut cependant savoir qu’ils n’arrêtent pas les particules fines, ni de nombreux gaz. Les foulards et les masques chirurgicaux n’arrêtent pas plus de particules que ne le fait la respiration par le nez et sont donc inutiles. Nous respirons en moyenne 14000 litres d’air par jour. ? LE SAVIEZ-VOUS La pollution atmosphérique est plutôt moins importante en région parisienne que dans les autres grandes agglomérations européennes. En effet, le climat souvent venteux et pluvieux de l’agglomération parisienne aide à disperser les polluants et à «laver» l’atmosphère. De plus, les journées d’ensoleillement sont moins nombreuses que dans le Sud, par exemple, et la concentration en ozone est donc souvent moins importante à Paris qu’à Marseille. POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE: S’EN PROTÉGER, LA PRÉVENIR 7 Quelles précautions Comment se chauffer prendre chez soi? sans manquer d’air? On parle souvent de la pollution atmosphérique extérieure, mais beaucoup moins de la pollution intérieure. Pourtant, celle-ci existe bel et bien, même si les polluants concernés sont un peu différents. Sachez la réduire et vous en protéger. ➜Ne pas fumer dans la maison. La fumée de tabac est le polluant intérieur le plus nocif. ➜Aérer son habitation matin et soir, pendant cinq minutes. ➜Interdire l’accès des chambres aux animaux de compagnie, qui peuvent y transporter des allergènes. ➜Limiter le nombre de peluches dans les chambres et les laver deux fois par mois à 40 °C. ➜Laver au moins une fois par an les rideaux, couettes, couvertures et oreillers. ➜Recouvrir son matelas d’une housse anti-acariens. Aujourd’hui, les habitations sont souvent surchauffées. De plus, comme elles sont de mieux en mieux isolées, une ventilation insuffisante gêne la dispersion des polluants et favorise l’humidité. Il faut donc prendre certaines précautions pour ne pas vivre au quotidien dans un intérieur trop pollué. ➜ Plutôt que le balai, utiliser un aspirateur car il empêche la poussière de se redéposer ailleurs. Si possible, préférer un aspirateur équipé d’un filtre à très haute efficacité (HEPA) pour éviter les rejets de poussière. ➜ Éviter de faire sécher le linge dans les pièces communes ou les chambres: cela favorise l’humidité. ➜ Éliminer la poussière avec un chiffon humide, qui la retient mieux qu’un chiffon sec. ➜ Ne pas manipuler des produits de bricolage (peinture, colles, solvants…) dans une pièce mal ventilée. ➜ Ne jamais boucher les grilles d’aération. ➜ Ne pas chauffer son habitation au-delà de 22 °C. ➜ Faire vérifier son installation de chauffage au moins une fois par an (deux fois pour un système de chauffage au fioul). ➜ Faire ramoner les cheminées de raccordement des appareils deux fois par an pour les chauffages au fioul ou au charbon, une fois pour les chauffages au gaz. 13% des gens obstruent les bouches d’aération. Nous passons en moyenne 80% de notre temps dans des endroits clos. ? LE SAVIEZ-VOUS La pollution atmosphérique existe aussi à l’intérieur. 8 À la maison, on retrouve en partie les polluants de l’extérieur, mais aussi ceux provenant des acariens, des blattes, des moisissures, des animaux de compagnie ou de certaines plantes, sans oublier la fumée de tabac et les produits de bricolage et d’entretien. POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE: S’EN PROTÉGER, LA PRÉVENIR ➜ Ne jamais bricoler soi-même son système de chauffage ou son chauffe-eau. Faire toujours appel à un professionnel qualifié. ➜ Ne pas utiliser de manière prolongée des appareils d’appoint comme les poêles à pétrole ou les radiateurs à gaz mobiles. Respecter les consignes d’utilisation et toujours s’assurer que la pièce est bien ventilée. ➜ Ne pas arrêter les systèmes de ventilation mécaniques ou en obstruer les bouches. ? LE SAVIEZ-VOUS De mauvaises installations de chauffage peuvent libérer du monoxyde de carbone, gaz très toxique. C’est le cas des chauffages au gaz, au fioul, au charbon ou au bois et des chauffe-eau, quand ils sont mal raccordés ou mal entretenus. Il est donc très important de faire vérifier régulièrement son installation de chauffage par des professionnels. On déplore encore de nombreuses intoxications et des décès dus au monoxyde de carbone. POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE: S’EN PROTÉGER, LA PRÉVENIR 9 Si vous avez des problèmes particuliers, Comment bien s’informer ? Différents services d’information et d’alerte de la population sont mis en place en région parisienne. Ils sont très utiles lors de pics de pollution ou pour mieux s’informer au quotidien. Mais vous pouvez aussi en parler à votre médecin ou à votre pharmacien, qui sauront vous conseiller (en cas de problème de santé particulier). ➜ Lors d’un pic de pollution, le préfet de police peut déclencher deux types de procédure. ➜ La première informe le grand public lorsque la concentration en ozone, dioxyde de soufre ou dioxyde d’azote est assez importante pour présenter des risques pour la santé des personnes sensibles ou vulnérables. ➜ La seconde est une procédure d’alerte du grand public lorsque la concentration de l’un des trois polluants peut présenter des risques pour la santé d’une plus large population. ➜ Sur le site d’Airparif (www.airparif.asso.fr), vous pouvez prendre connaissance quotidiennement de la qualité de l’air en Île-de-France. ➜ Pour les personnes sensibles à la pollution, la ligne Allô air santé assure une permanence lors des procédures d’alerte. Des médecins vous répondent au 01 40 34 76 14. ➜ Pour les allergiques aux pollens (rhumes des foins, conjonctivites), il existe un réseau de surveillance aérobiologique, sur le site www.rnsa.asso.fr ➜ Lorsque vous partez en vacances en France, vous pouvez consulter le «Bulletin quotidien de la qualité de l’air» de la région dans laquelle vous allez, diffusé par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (www.ademe.fr). parlez-en à votre médecin ou à votre pharmacien Vous ressentez ces symptômes: ➜ vos yeux sont irrités ➜ vous avez une toux sèche ➜ vous avez du mal à respirer ➜ vous avez eu une crise d’asthme Airparif analyse près de 16000 données par jour. Vous correspondez à l’une des propositions ci-dessous: ? LE SAVIEZ-VOUS L’association agréée Airparif fait chaque jour un bilan de la qualité de l’air dans un rayon de 100 kilomètres autour de Paris. 10 Airparif diffuse ce bilan sous la forme d’un chiffre, appelé l’indice Atmo. Ce chiffre prend en compte l’ensemble des données collectées dans ce rayon de 100 kilomètres et s’échelonne de 1 (air d’excellente qualité) à 10 (air de très mauvaise qualité). Cela permet aux personnes sensibles de prendre des précautions supplémentaires si la qualité de l’air est annoncée comme très mauvaise. POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE: S’EN PROTÉGER, LA PRÉVENIR ➜ vous habitez près d’un axe routier très fréquenté ➜ vous fumez, ou quelqu’un de votre entourage fume ➜ vous utilisez très souvent votre voiture ➜ vous avez chez vous des sources de pollution particulières (telles que celles énumérées au bas de la page 8) POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE: S’EN PROTÉGER, LA PRÉVENIR 11 Annexe 15 : Brochure Comité National contre les Maladies Respiratoires (CNMR) 161 u CNMR Collection Dossier La pollution, un risque de notre temps Comité National contre les Maladies Respiratoires 66 boulevard Saint Michel 75006 PARIS Tel : 01-46-34-58-80 Fax : 01-43-29-06-58 e-mail : [email protected] u CNMR l Les polluants chimiques extérieurs Notre vie moderne contribue à favoriser l’émergence de polluants chimiques. Les principaux polluants chimiques extérieures sont : - l’ozone Cette forme de pollution est l’objet de fortes variations saisonnières et existe l’été quand le soleil émet beaucoup de rayonnements. La lumière du soleil transforme en effet certains polluants de l’air (hydrocarbures, oxydes d’azote…) en ozone. - Les oxydes d’azote Le dioxyde d’azote est le plus abondant. Il provient essentiellement de la circulation automobile. - Le monoxyde de carbone Il est le résultat d’une combustion (de cigarette, d’essence, de charbon, de bois…) incomplète dans un milieu insuffisamment oxygéné : le carbone n’a pu fixer qu’un seul atome d’oxygène (CO) (quand le milieu est suffisamment oxygéné, il se combine à 2 atomes d’oxygène et forme le CO2 ). - Le dioxyde de soufre Il est principalement produit lors de la combustion des sources fossiles d’énergie (charbon, pétrole). - L’ammoniac Dans l’air et à l’état gazeux, l’ammoniac contribue à neutraliser les autres gaz acides (tels que le SO 2 ).Dans le sol, en raison de réactions chimiques, il modifie fortement les terres. - Les Composés organiques volatiles (COV) Le benzène est l’un des COV les plus dangereux pour la santé. Gros plan sur : Quelques chiffres en France : Emission / dues à Monoxyde de carbone Hydrocarbure Oxydes d’azote Oxyde de soufre Poussières Industrie 18% 33% 23% 77% 60% Transport 56% 38% 56% 13% 35% Tonnage 8320 2550 1740 950 210 u CNMR l Les polluants extérieurs naturels La pollution n’est pas seulement un phénomène à imputer aux activités de l’homme. La nature produit également ses propres polluants altérant, dans une moindre mesure, la qualité de l’air. Les polluants naturels peuvent être : - des particules minérales (embruns marins, corrosion de roches, érosion des sols), - des particules vivantes (bactéries, virus, champignons microscopiques), - des particules (pollens), - des gaz (radon, dioxyde de carbone, ozone). Les pollutions extérieures naturelles ont de nombreuses origines (radon des soussols, volcans, vents de sable, incendies, plantes…). Gros plan sur : L’ozone Il existe une production naturelle d’ozone notamment dans les forêts. L’humus des sols, quand il est fortement éclairé par les rayons du soleil, libère l’ozone. En effet, une partie de l’oxygène se transforme en ozone. A côté de cette pollution naturelle, la pollution induite par l’homme peut aussi, sous l’effet du soleil, produire de grandes quantités d’ozone. Il faut bien différencier cet ozone que nous respirons qui est mauvais pour notre santé et l’ozone de la stratosphère qui nous protège d’un excès de rayonnement du soleil. Le radon C’est un gaz radioactif d’origine naturelle. Il provient de la désintégration de l’uranium et du radium de la croûte terrestre. Son émission vers l’atmosphère ou les constructions dépend des conditions météorologiques et de la nature des sols. Sa concentration dans les habitations varie en fonction de la construction et de la ventilation. u CNMR l Les polluants d’intérieur Nous passons 70 à 90% de notre temps à l’intérieur, dans des locaux clos : habitation, lieu de travail et de loisirs, voiture… La pollution intérieure est, dans la plupart des cas, nettement supérieure à la pollution extérieure de l’air. Les polluants d’intérieur ont des origines diverses : - la pénétration de l’air extérieur (circulation motorisée, chauffages domestiques, entreprises industrielles), - le système d’air conditionné qui peut, selon la qualité et son réglage, améliorer ou altérer la qualité de l’air, - l’équipement d’intérieur fixe (matériaux de construction, panneaux d’aggloméré, isolation, vernis de couleur et produit de traitement du bois…), - l’activité humaine (activité individuelle, activité physique, cuisson, fumée du tabac…) - les biocontaminants (animaux, plantes…), - des polluants divers selon les locaux (amiante, poussière…). Gros plan sur : La fumée du tabac Pour le fumeur, la fumée du tabac est la principale source de pollution de l’air qu’il respire, même pour ceux qui sont exposés à d’autres polluants sur leurs lieux de travail par exemple. La fumé du tabac provoque une augmentation importante de monoxyde de carbone et de dioxyde de carbone, de poussières totales, de nicotine…dans les locaux clos. Le non-fumeur les respire. La fumée de tabac est , de loin, pour tous, la source de pollution la plus importante de l’air. u CNMR l Les grandes pollutions accidentelles Les catastrophes liées à la pollution de l’air ont affecté la Terre à plusieurs reprises. Naturelles ou générées par l’homme, elles ont un impact considérable sur l’opinion publique. Contrairement à la pollution chronique, dont les effets sont encore imparfaitement connus, les grandes pollutions accidentelles par leur ampleurs et leurs retombées sur l’homme, impressionnent toujours et restent gravées dans les mémoires. Il existe trois sortes de catastrophes liées à la pollution de l’air : - les catastrophes naturelles Exemple : Pompéi en 79 avant J.C., les incendies d’Indonésie en 1997, - les catastrophes humaines Exemple : Poza Rica (Mexique) en 1950, Bhopal (Inde) en 1984, Tchernobyl en 1986, - les catastrophes résultant de la combinaison de la pollution industrielle et de conditions naturelles particulières. Exemple : la vallée de la Meuse en 1930, Londres en 1952, Pennsylvanie en 1948. Gros plan sur : Seveso : En 1976, une usine chimique explose à Seveso, près de Milan, exposant la population à de hauts niveaux de dioxine. L'accident fut présenté comme hautement dangereux et donna lieu à l’affolement de la population et à l’assassinat du directeur de l’usine par les Brigades Rouges. Or, les conséquences sanitaires rapportées à ce jour furent les suivantes : - 17 avortements pour rien : ; les embryons étaient normaux, - 175 cas de chloroacnées (boutons sur le visage) dont 3 sévères… - aucun excès de cas de cancers d’aucun type à plus de 10 ans après la « catastrophe ». Le suivi épidémiologique se poursuit. Tchernobyl : Le 26 avril 1986, le réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl explose Les conséquences sanitaires furent les suivantes : - 31 des 1000 pompiers intervenus le 1er jour de l’accident sont morts, - parmi les 6,7 millions de personnes qui vivent dans cette zone hautement contaminée, plusieurs dizaines de milliers de cancers en excès sont attendus (thyroïde puis poumon). Attention !, la médiatisation d’une catastrophe n’est pas toujours proportionnelle à sa gravité. A l’inverse, une catastrophe peut être injustement minimisée, voire même passée sous silence. u CNMR l La pollution change Au cours des 20 dernières années, le visage de la pollution s’est transformée. Plusieurs facteurs ont permis d’améliorer la qualité de l’air extérieur, mais de nouveaux polluants sont apparus à l’intérieur des locaux. Pollution extérieure : la situation s’améliore. Jusqu’à la fin des années 70, la pollution atmosphérique était essentiellement liée aux industries et au chauffage. En effet, après les chocs pétroliers : - l’énergie devient plus coûteuse, - les installations se modernisent progressivement, - la place de l’industrie lourde, la plus polluante, régresse petit à petit, - une réglementation contraignante en cas de dépassement des seuils est fixée, - les émissions de polluants sont revus régulièrement à la baisse pour les sites industriels classés et pour les automobiles. Gros plan sur : Aujourd’hui, la voiture émet moins de polluants. Pourtant, l’augmentation du parc automobile et la diminution de la pollution industrielle font d’elle la principale source de pollution dans les villes. Pollution intérieure : la situation se modifie. L’amélioration des conditions d’habitat et les progrès industriels ont modifié l’air que l’on respire à l’intérieur des maisons : - les poussières noires provenant des chauffages ont diminué. - les produits corporels, domestiques, de nettoyage et d’entretien sont composés de produits chimiques complexes et se présentent sous forme d’aérosols : plusieurs centaines d’espèces chimique sont été identifiées dans l’air des locaux. - les animaux domestiques qui vivent de plus en plus à l’intérieur sont de nouvelles sources de pollution. - les colles et produits de traitement des bois libèrent des composés organiques volatiles (COV) nocifs. - une isolation trop importante des locaux (manque d’aération naturelle, soucis d’économies d’énergie) empêche l’air de se renouveler régulièrement. Pollution par la cigarette : elle dépend de vous. La consommation de cigarettes dans le monde a augmenté de 2000% entre 1945 et 1990. Dans le monde, 1 personne meurt du tabac toutes les 10 secondes. En France, le tabac entraîne le décès de 60 000 personnes par an. u CNMR l Les effets de la pollution sur la santé Parce que l’homme respire, les polluants contenus dans l’air l’agressent de façon permanente. Les polluants de l’air atteignent sa santé par trois voies différentes : - la voie respiratoire par inhalation, - la voie digestive par ingestion, - la voie cutanée par la peau. La voie respiratoire est la plus importante. Les différents polluants peuvent toucher tous les éléments de l’appareil respiratoire qui conduisent l’air du nez au pharynx puis, en passant par le larynx, de la trachée aux bronches et aux alvéoles pulmonaires. Ils peuvent ensuite passer dans le sang comme notamment le monoxyde de carbone libéré par la fumée de cigarette ou les gaz d’échappement des voitures. Ils contribuent alors à l’asphyxie des cellules. Gros plan sur : Le nez Le nez est un organe antipollution efficace car il humidifie et réchauffe l’air, arrête toutes les grosses particules et neutralise certains gaz comme le dioxyde de soufre. Les cellules du goût et de l’odorat situées sur la partie postérieure peuvent s‘altérer puis se détruire au contact de toutes formes de pollution. C’est pourquoi, après l’arrêt, l’ex-fumeur retrouve le goût auparavant altéré par le tabac. u CNMR l Epidémiologie, mortalité morbidité dues à la pollution et L’épidémiologie permet de rechercher des corrélations entre, d’une part le niveau moyen de pollution et les maladies respiratoires chroniques et, d’autre part les fluctuations de la pollution au jour le jour et des symptômes respiratoires. Au niveau actuel de pollution extérieure dans le villes occidentales, les pics de pollution sont une source d’inconfort important. Fortement médiatisés, ils n’ont pourtant pas de graves effets sur la santé des populations (conclusions de l’étude APHEA, Air Pollution and Health, an European Approcach). C’est la pollution chronique qui donne le plus d’effets mesurables sur la santé. Le risque moyen individuel est certes faible mais, même en dessous des valeurs d’alerte, la pollution extérieure peut avoir une influence sur la santé. Si ces effets sont indiscutables, ils sont d’un ordre de grandeur sans commune mesure avec les effets de la pollution intérieure et de la fumée du tabac. Gros plan sur : Deux formes de tabagisme : le tabagisme actif le tabagisme passif. • Le tabac fait chaque année 60 000 morts par an en France ; 1 fumeur sur deux mourra prématurément d’une maladie liée au tabac. • Environ 100 personnes meurent chaque année d’un cancer du poumon lié à la fumée des autres. Une dizaine d’études épidémiologiques montrent le parallélisme entre les symptômes respiratoires chez les enfants et le tabagisme d’un ou des parents. u CNMR l Les personnes sensibles Nous ne sommes pas tous égaux devant la mauvaise qualité de l’air. Certaines personnes sont fragiles ou fragilisées et, de ce fait, sont plus sensibles que d’autres aux effets de la pollution sur leur santé. Ces différences ne doivent pas être négligées. Les personnes sensibles se divisent en plusieurs catégories : - Les enfants, surtout avant 6 ans quand le nombre d’alvéoles pulmonaires continue de croître. - Les personnes cardiaques, sensibles à certains polluants (en particulier le monoxyde de carbone et les fumées noires ultra fines qui peuvent gagner le poumon puis le cœur). - Les personnes insuffisantes respiratoires, qui manquent déjà d’oxygène quand elles respirent un air sain. - Les personnes asthmatiques, dont les crises vont se déclencher du fait de l’inflammation provoquée par les polluants et les substances allergisantes de l’air. Les mesures de prévention doivent bien entendu être adaptées pour ces différents types de personnes. u CNMR l La prévention individuelle Deux individus peuvent vivre dans la même ville, la même usine, la même maison et selon leurs attitudes être plus ou moins touchés par la pollution de l’air : chacun est en partie responsable de sa pollution. Un individu peut intervenir sur sa qualité de vie de 4 manières différentes : - en diminuant les émissions de pollution, - en évitant les situation polluées, - en évitant les zones les plus polluées, - en augmentant la dispersion de la pollution. Quelques conseils pour limiter votre exposition : - à la pollution extérieure Rouler à l’économie : c’est entre 40 et 50km/h que l’on pollue le moins dans une agglomération ; une conduite souple et légère génère une pollution beaucoup moins importante qu’une conduite nerveuse. Choisir des poussettes les plus hautes possibles pour les enfants en bas âge. Mettre des masques pour manipuler des produits dangereux (bricolage…). Inspirer par le nez et non par la bouche. - à la pollution intérieure Ne pas fumer. Eviter de laisser les animaux domestiques à l’intérieur des maisons. Aérer régulièrement les locaux. Economiser l’énergie de façon raisonnable en conciliant chauffage, isolation et aération. Utiliser les produits de nettoyage sans excès en évitant les formes aérosols. Utiliser une serpillière mouillée plutôt qu’un balai qui ne fait que soulever la poussière ou qu’un aspirateur qui n’en ramasse que 20%. Changer la literie toute les semaines ou au maximum tous les 10 jours en laissant le matelas à l’air pendant plusieurs heures à chaque fois. u CNMR l La prévention collective La mauvaise qualité de l’air n’est pas une fatalité. L’histoire récente a montré qu’il était possible de l’améliorer même si de grands progrès restent à accomplir. Amélioration de l’air extérieur. La qualité de l’air est désormais réglementée par une loi qui s’inspire d’une directive européenne. La loi sur l’air de 1996 a reconnu « le droit pour chacun de respirer un air qui ne nuise pas à sa santé ». Les émissions globales de l’automobile ont baissé en France et en Europe. De nombreux efforts technologiques ont été réalisés (abaissement progressif des normes de rejets, amélioration de la formulation des carburants, promotion de carburants moins polluants…). Les usines et les sites industriels classés sont soumis à une réglementation portant sur le respect des normes de pollution de l’air en proximité de site et les quantités de pollutions émises par an. Amélioration de l’air intérieur. Les mesures prises en 1996 pour la prévention de l’amiante protégeront les populations. Les nouveaux cas décelés ces prochaines années seront dus à des expositions antérieures. Chaque site industriel, chaque propriétaire d’immeuble a dû faire un inventaire complet de toutes les installations pouvant contenir de l’amiante. Des campagnes d’informations ont éveillé la curiosité des populations désormais plus attentives à la composition des produits, à la lecture des notices d’utilisation… Tabagisme. La loi Evin (1991) a interdit toute forme de publicité sur le tabac, a sorti ce produit de l’indice des prix et a voulu protéger chaque citoyen d’une exposition involontaire à la fumée des autres. Les campagnes de prévention se multiplient. Elles sont surtout efficaces dans les écoles, avant la cinquième, avant l’initiation au tabagisme. Références bibliographiques [1] Legifrance. - Code de l’environnement, Titre II : air et atmosphère. [en ligne]. Disponible sur http://www.legifrance.gouv.fr. (page consultée le 03/05/2006). [2] LE PETIT ROBERT, 2005, Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, Dictionnaire Le Robert, Paris : 2949 pages. [3] Ministère de la santé et des solidarités. - Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France. [en ligne]. Disponible sur http://www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/cshpf/cs221.htm#air. (page consultée le 24 avril 2006). [4] Institut National de l'environnement industriel et des risques (INERIS). - Le plomb et ses dérivés. [en ligne]. 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(page consultée le 27 avril 2006). 169 Glossaire - Anémie aplasique : forme rare mais importante d'anémie où les globules rouges, les globules blancs et les plaquettes se trouvent en nombre réduit dans le sang. - Anémie hypochrome et microcytaire : diminution de l’hémoglobine circulante (<130g/L chez l’homme adulte, <120g/L chez la femme) avec diminution du VGM (Volume Globulaire Moyen) au dessous de 80 µm³, le plus souvent secondaire à un manque de fer. - Angor (ou angine de poitrine) : il se manifeste par une douleur ou une pression siégeant au niveau de la poitrine, apparaissant à la suite d'une ischémie du myocarde et d'une obstruction des artères coronaires, ce qui entraîne un déficit dans l'apport de sang et d'oxygène au muscle cardiaque. - Athérosclérose : épaississement de la paroi des grosses artères (aorte abdominale, coronaires, artères cérébrales, artères de jambes) et obstruction par des plaques d'athérome. - Emphysème : augmentation de volume (dilatation) des alvéoles pulmonaires avec destruction de leur paroi élastique, ce qui entraîne l'impossibilité pour elles de se vider complètement, à l'expiration, de l'air qu'elles contiennent. - Extrasystole : contractions prématurées du myocarde provoquées par des décharges électriques qui naissent d'un foyer ectopique (situé à un endroit anormal) et non du nœud sinusal. - Hématopoïèse : formation des globules sanguins dans les organes dits hématopoïétiques (principalement la moelle osseuse, les ganglions lymphatiques et la rate). - Hème : élément constitutif de l’hémoglobine, contenant du fer. - Homéostasie : capacité à conserver le bon fonctionnement et l'équilibre entre le compartiment intracellulaire et le compartiment extracellulaire séparés par la membrane cellulaire, malgré une contrainte extérieure. - Hyperkératose : hypertrophie de la couche cornée de l'épiderme - Mésothéliome : tumeur primitive développée à partir des cellules mésothéliales de la plèvre. 170 - Métallothionéine : protéine de faible masse moléculaire riche en cystéine. L’arrangement particulier des cystéines lui permet de fixer des métaux lourds, comme le cadmium. - Mutagène : agent (physique) ou substance (chimique) susceptible de produire des mutations affectant la molécule d’ADN et conduisant à des modifications aléatoires de l’information génétique. - Tératogène : qui produit sur l'embryon des anomalies provoquant des malformations. - Tétralogie de Fallot : association de 4 anomalies de la fonction cardiaque : une communication interventriculaire haute (CIV), une sténose pulmonaire, un chevauchement de l'aorte sur le septum interventriculaire et une hypertrophie du ventricule droit. - Xénobiotique : élément étranger à l'organisme, de nature chimique ou biologique. 171 Liste des abréviations - ADEME : Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie - AFSSET : Agence Française de Sécurité Sanitaire de l'Environnement et du Travail - ALAIR-AVD : Association limousine d'aide à domicile des insuffisants respiratoires - ALD : Affection de Longue Durée - ANAES : Agence Nationale d'Accréditation et d'Evaluation en Santé - APHEA : Air Pollution and Health : an European Approach - APHEIS : Air Pollution and Health : an European Information System - APPA : Association pour la Prévention de la Pollution Atmosphérique - ARN : acide ribonucléique ; ADN : acide désoxyribonucléique - AASQA : Association Agréée de Surveillance de la Qualité de l’Air - CI : Intervalle de Confiance - CIRC : Centre International de Recherche sur le Cancer - CIRS : Comité International de Recherche Scientifique - CNA : Conseil National de l’Air - CNMR : Comité National contre les Maladies Respiratoires - COV : Composés Organiques Volatils - COx : oxydes de carbone dont CO : monoxyde de carbone et CO2 : dioxyde de carbone - CRP : Protéine C Réactive - CSHPF : Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France - DAFPEN : Délégation Académique à la Formation des Personnels de l'Education Nationale. - DDASS Direction départementale des Affaires Sanitaires et Sociales - DIREN : DIrection Régionale de l’Environnement - DRASS : Direction Régionale des Affaires Sanitaires et Sociales - DRIRE : Direction Régionale de l'Industrie de la Recherche et de l'Environnement - EHPAD : Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes - ERPURS : Evaluation des Risques de la Pollution URbaine sur la Santé - FMC : Formation Médicale Continue - FMCU : Formation Médicale Continue Universitaire - FN : Fumées Noires - FRANCIM : Réseau français des registres du cancer 172 - HAP : Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques - IgE : Immunoglobuline de type E - INSEE : Institut National de la Statistique et des Études Économiques - INSERM : Institut National de la Santé Et de la Recherche Médicale - InVS : Institut de Veille Sanitaire - ISAAC : International Study of Asthma and Allergies in Childhood - IUFM : Institut Universitaire de Formation des Maîtres - LAURE : Loi sur l’Air et l’Utilisation Rationnelle de l’Energie (décembre 1996) - NOx : Oxydes d’Azote dont NO2, dioxyde d’azote - O3 : Ozone - OMS : Organisation Mondiale de la Santé - OR : Odds Ratio, utilisé dans les enquêtes de cohorte et dans les enquêtes de type (cas/témoins) marquées par l’impossibilité de mesurer les risques de la maladie chez les sujets exposés et les non-exposés, dans ces situations, l'Odds Ration va permettre d'estimer le risque relatif - ORL : Oto-Rhino-Laryngologiste - ORS : Observatoire Régional de la Santé - p : pourcentage d’erreur - PCDD : PolyChloroDibenzoDioxines - PM : Particulate Matter, dont PM2.5 (particules d’un diamètre aéraulique inférieur à 2,5 µm) PM10 (particules d’un diamètre aéraulique inférieur à 10 µm). - PNSE, PRSE : Plan National Santé-Environnement, décliné en Plan Régional SantéEnvironnement - PNSP, PRSP : Programme National de Santé Publique, décliné en Programme Régional de Santé Publique. - PS : Particules en Suspension - PSAS-9 : Programme national de surveillance des effets sur la santé de la pollution de l'air dans 9 villes françaises - RR : Risque Relatif - SGAR : Secrétariat Général pour les Affaires Régionales - SO2 : Dioxyde de Soufre - SPLF : Société de Pneumologie de Langue Française - TNF alpha : Facteur de Nécrose Tumorale 173 - URCAM : Union Régionale des Caisses d’Assurance Maladie - URML : Union Régionale des Médecins Libéraux - VCAM, ICAM : Vascular et Intercellular Cell Adhesion Molecule - VEMS : Volume Expiratoire Maximum Seconde - VRS : Virus Respiratoire Syncytial humain 174 Serment de Galien Je jure, en présence des Maîtres de la faculté et de mes condisciples : - d’honorer ceux qui m’ont instruit dans les préceptes de mon art et de leur témoigner ma reconnaissance en restant fidèle à leur enseignement ; - d’exercer, dans l’intérêt de la santé publique, ma profession avec conscience et de respecter non seulement la législation en vigueur, mais aussi les règles de l’honneur, de la probité et du désintéressement ; - de ne jamais oublier ma responsabilité et mes devoirs envers le malade et sa dignité humaine, de respecter le secret professionnel. En aucun cas, je ne consentirai à utiliser mes connaissances et mon état pour corrompre les mœurs et favoriser des actes criminels. Que les hommes m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses. Que je sois couvert d’opprobre et méprisé de mes confrères si j’y manque. 175 Résumé L’air est un élément essentiel à la vie. La législation (Loi sur l’Air et l’Utilisation Rationnelle de l’Energie, 1996) reconnaît un droit fondamental pour le citoyen : « respirer un air qui ne nuise pas à sa santé ». La réglementation a ainsi établi des seuils de concentrations en polluants atmosphériques, correspondant aux risques sanitaires pour les personnes sensibles. L’étude des données bibliographiques a permis de caractériser les sujets les plus à risque, à savoir les enfants, les personnes âgées, les déficients respiratoires, cardiaques, les femmes enceintes, les fumeurs, … . Considérant les méfaits sur la santé des substances polluantes présentes dans l’air, l’existence d’une population plus fragile et les moyens actuels de communication en Limousin, il est apparu intéressant d’élaborer une communication plus ciblée dans ce domaine. Dans un souci d’efficacité, le choix a été fait de s’appuyer sur un réseau de professionnels, qui servira de relais d’information auprès des personnes sensibles. Une enquête qualitative, diligentée auprès des professionnels considérés comme des relais prioritaires (médecins généralistes et spécialistes, pharmaciens d’officine, directeurs d’écoles, directeurs de maisons de retraite, …) a permis de mettre en exergue les attentes et les besoins en terme de communication. D’après les résultats, les professionnels interrogés, ressentant les répercussions d’une mauvaise qualité de l’air sur la santé des personnes qu’ils côtoient durant l’exercice de leur activité, sont prêts à s’investir dans la sensibilisation. Ils préconisent notamment la conception de brochures et d’affiches informatives, qu’ils considèrent comme les outils de communication les plus pertinents et les mieux adaptés. Ainsi différentes perspectives de communication ont pu être élaborées. Au terme du travail, les fondements d’une future brochure d’information ont été établis. Mots clés : pollution atmosphérique, personnes sensibles, communication en Limousin, relais de professionnels. Abstract Air is an essential element for life. The legislation (Law on Air and Rational Use of Energy, 1996) admits a basic right for the citizen "breathing air which does not harm its health". The regulation thus established thresholds of concentrations in atmospheric pollutants, corresponding to medical risks for sensitive people. The study of bibliographical data made it possible to characterize the subjects more at risk : the children, the elderly, person with respiratory or/and heart disease, the pregnant women, the smokers.... Considering the misdeeds on the health of the polluting substances present in air, the existence of sensitive individuals and the current means of communication in Limousin, it appeared interesting to work out a communication more targeted in this theme. In order to offer a shrewd information, the choice was made be based on a network of professionals, who will be used as relay of information towards sensitive people. A qualitative investigation, was realized near the professionals considered as priority relays (general practitioners and specialists, pharmacists, principals, directors of old people's homes...) made it possible to put forward waitings and requirements in term of communication. According to the results, the questioned professionals, feeling the repercussions of a bad quality of air lasting the exercise of their activity, are ready to invest themselves in the sensitizing of the people whom they coast along. They recommend in particular the design of booklets and posters, which they regard as the most relevant tools of communication and best adapted to their needs. Thus various prospects for communication could be elaborate. At the end of work, the bases of a future booklet of information were established. Key words : air pollution, sensitive people, communication in Limousin, relay of professionals.