Rapport d`étude
Transcription
Rapport d`étude
DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon CETE Méditerranée INONDATIONS DU RHÔNE ET DE SES PRINCIPAUX AFFLUENTS DE DECEMBRE 2003 EN AVAL DE VIVIERS DANS LES DEPARTEMENTS DE LA DROME, DE L’ARDECHE, DU GARD, DU VAUCLUSE ET DES BOUCHES-DU- RHÔNE. Inventaire des zones inondées, des enjeux et des dégâts S.I.E.E. Société d'Ingénierie pour l'Eau et l'Environnement juin 05 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 2 Sommaire INTRODUCTION ....................................................................................3 METHODOLOGIE ...................................................................................4 PERIMETRE ET ECHELLE D'ETUDE .......................................................4 BIBLIOGRAPHIE ET DOCUMENTS EXPLOITES ......................................5 GLOSSAIRE ...........................................................................................6 RAPPORT DE PRESENTATION DES RESULTATS ........................ 8 I. ATLAS CARTOGRAPHIQUE DES ZONES INONDEES, DES ENJEUX, DES DEGATS ET DES INTERVENTIONS ................... 9 I.1. PRESENTATION DE L’ATLAS CARTOGRAPHIQUE ..........................9 I.2. BASE DE DONNEES NUMERIQUES GEOGRAPHIQUES..................11 I.3. ANALYSE DES RESULTATS ...........................................................11 I.4. ANALYSE CRITIQUE DES METHODES EMPLOYEES ......................21 II. EVALUATION ECONOMIQUE ......................................... 22 II.1. METHODOLOGIE..........................................................................22 II.2. PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES « DE TERRAIN » EVALUATION DU COUT DES DOMMAGES RECENSES ..........................30 II.3. PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS DES METHODES STATISTIQUES D’EVALUATION DES DOMMAGES. CONFRONTATION AVEC LES DONNEES « TERRAIN »................................................................45 III. CONCLUSION................................................................ 59 Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 3 Introduction Début décembre 2003, le Rhône en aval de Lyon a connu une crue exceptionnelle tandis que la plupart de ses principaux affluents méditerranéens subissait des crues moyennes à fortes. Cet événement a causé des dégâts matériels importants et infligé de lourdes pertes aux activités économiques. Les DIREN Languedoc-Roussillon et de Bassin Rhône Méditerranée ont engagé des études pour constituer une connaissance détaillée de cet événement, et ce dans le double objectif d’en conserver la mémoire et d’en tirer des enseignements utiles pour les réflexions d’aménagement de la vallée du Rhône et de gestion du risque inondation. Ce retour d’expérience a fait l’objet de plusieurs phases d’acquisition des données, échelonnées sur près d’une année après la crue : • Phase 1. deux missions aériennes photographiques ont été réalisées les 5 et 6 décembre 2003, afin d’acquérir un outil de visualisation global et homogène sur l’ensemble de la zone inondée • Phase 2. Un relevé des Plus Hautes Eaux (PHE) a été effectué dans la zone inondée par le Rhône. • Phase 3. un travail d’inventaire cartographique des zones inondées (identification de la limite et de l’origine de l’inondation), finalisé au printemps 2004, a été commandé au bureau d’études SIEE. • Phase 4. une étude d’inventaire des enjeux ayant subi l’inondation, des désordres occasionnés et des interventions consécutives a été réalisée par SIEE. Ce rapport présente les résultats de ces différentes investigations, en deux temps : • Le rapport de présentation présente les méthodologies et les résultats de l’étude, pour les volets cartographique et économique. Les méthodologies sont décrites volontairement de manière synthétique, tandis que l’accent est mis sur l’analyse des résultats. • Une annexe méthodologique présente de façon détaillée les méthodes employées et leur limite. Le rapport est complété d’un atlas cartographique et des photos aériennes prises pendant la crue. Par ailleurs, l’étude présente un volet méthodologique par la comparaison des coûts « réels » recueillis sur le terrain avec des coûts théoriques calculés à partir des évaluations des dommages réalisées dans le cadre de l’Etude Globale des crues du Rhône pour Territoire Rhône. Enfin, il est important de rappeler que cette étude n’a pu s’intéresser aux victimes de la crue et aux conséquences psychologiques sur les personnes, aspects également majeurs mais qui relèvent d’autres approches. Ce document a pour vocation d’être mis à disposition des services de l’Etat et de toute personne impliquée dans la prévention et la gestion du risque Inondation dans la vallée du Rhône, à travers une diffusion sur internet et sur CD-Rom. Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 4 Méthodologie Pour répondre à ces attentes, plusieurs méthodes d’acquisition des données ont été mises en œuvre : • Photo-interprétation, qui fournit des éléments d’occupation du sol pouvant avoir une influence sur les écoulements, et permet l’identification rapide des principales traces morphologiques liées à l’hydrodynamisme de la crue (points de débordement, points de retour à la rivière, axes de crue dynamiques, axes préférentiels du sens d'écoulement, érosions latérales, atterrissements) et permet également de localiser certains désordres aux équipements • Acquisition par enquêtes téléphoniques et entretiens avec les organismes opérationnels et administratifs à différentes échelles : communes, syndicats, subdivisions, DDE, DDAF, Préfectures, CCI, CA, • Visites de terrain • Calcul automatique des dommages à partir de courbes d’endommagement issues de l’étude globale des crues du Rhône croisées avec un modèle numérique de la surface de l’eau constitué à partir des PHE de la crue. • Exploitation des éléments existants (voir bibliographie) Périmètre et échelle d'étude L'étude porte sur la totalité de la zone inondée par le Rhône en décembre 2003, élargie aux principales confluences (Cèze, Ardèche, Gardon, Durance, Aygues) où l’origine de l’inondation peut être mixte, et aux secteurs adjacents inondés par des ruissellements provenant des coteaux ou de l’impluvium luimême. Elle couvre 65 communes dans les départements de l’Ardèche, de la Drôme, du Gard, du Vaucluse et des Bouches-duRhône. Viviers constitue la limite nord de cette étude qui s’étend jusqu’à l’embouchure du Rhône et du Petit Rhône. L’échelle de cartographie retenue est le 1/25 000 sur la totalité de la zone d’étude, sur un support de fond de plan monochrome constitué par le SCAN 25 de l’IGN. Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 5 Bibliographie et documents exploités • Couverture de photographies aériennes en noir et blanc des missions IGN des 5 et 6 décembre, au 1/15 000e, avec recouvrement stéréoscopique (mission IGN du 06/12/2003) couvrant la totalité de la zone d'étude, • Couverture de photographies aériennes en couleurs au 1/15 000e (mission commandée par la CNR et la DIREN RA à la Société AERIAL du 04/12/2003) couvrant l'axe principal du Rhône, • Couverture photos aériennes en couleurs du 04/12/2003, réalisée par la Société DIGIFRANCE pour le compte de la Mairie de Tarascon, couvrant toute la rive gauche du Rhône depuis Vallabrègues jusqu'à Arles. • Couverture photos aériennes en couleurs du 03/12/2003 réalisée pour le compte de la Mairie de Caderousse. • Images SPOT 4 du 07/12/2003, en libre accès. • Relevés des plus hautes eaux de la CNR, de la DDE 30 et réalisés par le bureau d'étude HYDROLOGIK pour la DIREN Languedoc-Roussillon • « Rapport Perriez » sur les premières estimations des dommages, rapport de l’Inspection Générale de l’environnement et de l’équipement, de décembre 2003. Cette mission a évalué en un temps très bref, entre le 9 et le 18 décembre, les dommages subis par plus de 20 départements touchés par les inondations survenues du 1er au 5 décembre 2003. Elle s’est intéressée aux grands secteurs suivants : agriculture, économie, voirie, réseaux eau et EDF/GDF/France Telecom, patrimoine public autre, rivières/littoral/voies navigables, déchets d’inondation, particuliers. • Note de présentation de la reconstitution des montants des dommages aux particuliers suite aux événements de décembre 2003 dans le sud-est de la France selon la méthodologie de l’association Mission Risques Naturels. • Étude globale des crues du Rhône, volets réalisés SIEE/STRATEGIS/EDATER/ASCA et BCEOM pour Territoire Rhône • Scan 25 © IGN, Paris-1999, autorisation n°90-9068 • Analyse hydraulique du phénomène : DIREN, DDE et CNR. • Atlas numérisé des zones inondables de septembre 2002 (Dept 30,84). • Localisation des zones inondées dans la vallée du Rhône (région PACA), établie par le Parc Naturel Régional de Camargue (janvier 2004). • Synthèse de la Commission Locale de l'Eau de la Camargue gardoise du 15 décembre 2003. • Rapport d'étape synthétique sur les inondations de début décembre 2003 du département du Vaucluse : Service Départemental d'Incendie et de Secours du Vaucluse (décembre 2003). • Étude de la direction générale des services techniques de la ville d’Arles : « Inondation d’Arles – Décembre 2003 ». • PHE 2002 : confluence Gardon / Cèze – SIEE / STRATEGIS. • Document de synthèse sur la crue du Rhône sur la commune de Tarascon – Mairie de Tarascon, Service Environnement, décembre 2003. Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 par DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 6 Glossaire Vocabulaire technique relatif à l’hydrodynamisme • Axe de crue : il s’agit de formes linéaires légèrement déprimées dans la topographie, qui témoignent d’un secteur dynamique où se concentrent les vitesses les plus fortes. • Axe d’écoulement peu marqué : il s’agit des zones d’écoulement préférentiel, qui ne se traduisent pas par une forme déprimée. • Atterrissements : il s’agit de formes d’accumulation de sédiments, souvent grossiers, mais qui peuvent être fins, déposés par une crue lorsque l’intensité des courants faiblit. • Jet de rive : phénomène hydrodynamique survenant pendant une crue, lorsque des courants puissants franchissent la berge du lit mineur, créant des érosions localisées auxquelles succèdent des dépôts de sédiments grossiers. • Point de débordement : ils correspondent aux secteurs privilégiés où les eaux en crue quittent le lit mineur • Point de retour à la rivière : il s’agit des secteurs où l’on peut observer un retour privilégié au lit mineur des eaux s’écoulant dans les lits moyens ou majeurs. • Surcreusement (coup de cuiller) : il s’agit de zones fortement érodées verticalement. Ce terme couvre toutes les fosses, les cavités creusées dans le terrain naturel. • PHE : Plus Hautes Eaux, il s’agit de relevés des hauteurs d’eau et de l’altitude en mètres NGF (nivellement général de la France) atteintes en des lieux précis, et archivés sous formes de fiches repères. Vocabulaire technique pour l’analyse des dégâts • Désordres ou dégâts : il s’agit des impacts directs et indirects de l’inondation sur les biens, les personnes morales ou non. Il peut s’agir par exemple de désordres physiques (brèche dans une digue, érosions de berges, atterrissements, bateaux pouvant être emportés, ponts et barrages détruits,...) ou socio-économiques (nombre d’habitations ou d’activités touchées, nombre d’usagers concernés par l’interruption d’un réseau technique ou d’un service). • Dommages : Les dommages sont l’expression économique de ces désordres. Certains dommages ne peuvent cependant pas être caractérisés de façon quantitative, tels que les destructions d’œuvres d’art ou les effets sur la santé. On distinguera dommages directs et indirects selon la typologie suivante : - dommage direct : toute perte économique liée à une destruction matérielle ou corporelle par l’effet de l’eau ; Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 7 - dommage indirect : conséquences, à l'intérieur ou à l'extérieur de la zone touchée, sur les activités et les échanges de l’apparition de certains dommages directs et de la submersion proprement dite. On peut citer comme exemples : l’interruption d’activités commerciales, de services ou de production industrielle, l’interruptions des prestations des services publics de distribution (électricité, eau),… Concernant le volet économique, certains termes relatifs aux estimations financières des dommages sont utilisés : • Coût de remplacement : c’est le coût de remplacement, de rachat, ou coût global, qui correspond aussi au coût du marché • Coût comptable : c’est la valeur du bien au jour où il a été endommagé, amortissement déduit. • Coût assurance : valeur assurée remboursée par l’assurance. Vocabulaire technique et sigles concernant les subventions • FSUE : Fonds de solidarité de l'Union européenne. C'est à la suite des inondations dévastatrices d'août 2002 dans les pays d'Europe centrale qu'a été créé, sur proposition de la Commission européenne, un nouvel instrument financier européen, distinct des instruments structurels : le Fonds de solidarité de l'Union européenne. Sigles courants utilisés • DDE : Direction Départementale de l’Equipement • DDAF : Direction Départementale de l’Agriculture et de la Forêt • DIREN : Direction Régionale de l’Environnement • FFSA : Fédération Française des Sociétés d’Assurance • GEMA : Groupement des entreprises mutuelles d’assurance • MRN : Mission Risques Naturels. Il s’agit d’une association entre la FFSA (Fédération française des sociétés d’assurance) et le GEMA (Groupement des entreprises mutuelles d’assurance), appelée « Mission des sociétés d’assurance pour la connaissance et la prévention des risques naturels » ou « Mission Risques Naturels ». Elle a pour objectif de développer la connaissance sur l’exposition au risque naturel et l’implication des assureurs dans les stratégies de prévention de ces risques. Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 8 A RAPPORT DE PRESENTATION DES RESULTATS Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon I. 9 Atlas car tographique des zones inondées, des enjeux , des dégâts et des interventions Objectifs : l’objectif principal de ce volet est d’élaborer un retour d’expérience sur les inondations de décembre 2003 sous la forme d’une synthèse cartographique, en recensant les zones inondées, les enjeux présents au moment de la crue, les désordres engendrés et les interventions consécutives. I.1. Présentation de l’atlas cartographique Cet atlas cartographique présente la zone d’étude comprise entre Viviers et la Méditerranée sous la forme de 3 séries de cartes établies au 1/25 000. Ainsi pour chaque secteur, trois cartes sont présentées : • carte 1 : carte des zones inondées, • carte 2 : carte des enjeux ayant subi des dégâts, • carte 3 : carte des dégâts localisés et de l’hydrodynamisme Cette présentation simultanée repose sur le souci de mettre en relation pour chaque secteur des informations différentes mais complémentaires qui s’articulent pour donner une vision d’ensemble de l’aléa observé, de la vulnérabilité existante et par conséquent du risque caractérisant chaque secteur. Les tableaux ci-après rappellent pour chaque carte ses objectifs et les sources des données. CARTE 1 : CARTE DES ZONES INONDEES Objectifs : Fournir les limites des zones qui ont été inondées dans la vallée du Rhône lors de l’événement de décembre 2003 Contenu et source des informations : Cette carte présente l’extension relevée sur le terrain des zones inondées en décembre 2003, en distinguant les différentes origines de l’inondation : • inondation de type fluvial : le Rhône et le Petit Rhône • inondation par les affluents et ruissellement : il s’agit des eaux fournies par les coteaux via le ruissellement agricole, les réseaux de drainage, les affluents… • inondation par la simple accumulation des précipitations (impluvium) dans une zone, sans apport extérieur. • La légende ‘origine multiple’ indique les secteurs où plusieurs sources d’inondation se sont cumulées (par exemple impluvium + Rhône) Ces informations sont complétées par des repères de hauteurs d’eau, (PHE cotées en NGF, arrondies au centimètre), relevés par la société Hydrologik. Commentaires : Les données Impluvium notamment en Camargue sont données à titre indicatif et ne peuvent être exhaustives, vu l‘ampleur des zones touchées. Il est fort probable que ce soient aussi produit des phénomènes de remontée de nappe dans les secteurs inondés par l’impluvium et / ou le ruissellement. Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 10 CARTE 2 : CARTE DES ENJEUX AYANT SUBI DES DEGATS Objectifs : Fournir une représentation de l’occupation du sol et des enjeux qui ont été inondés. Recenser les principaux ouvrages qui génèrent un impact sur les écoulements. Contenu et source des informations : Cette carte agrège des informations issues de plusieurs sources : • de la base de données d’occupation du sol réalisée dans le cadre de l’étude globale sur les crues du Rhône, simplifiée pour les besoins de la cartographie • de données complémentaires produites à partir de l’analyse stéréoscopique des photographies aériennes post-crue, notamment : digues, remblais d’infrastructure dans la zone inondée, ouvrages d’art, seuils, barrages, écluses. • de données complémentaires produites à partir de l’analyse de la structuration des modèles mathématiques de simulation des crues de la CNR (en amont de Beaucaire) et du BCEOM (en aval) : remblais d’infrastructures et petites digues. Commentaires : L’intérêt de cette carte est d’une part de mettre en valeur la nature des activités humaines qui ont été touchées et d’autre part de tracer les ouvrages ayant un impact fort sur les écoulements, afin que le lecteur puisse comprendre la logique de la limite de la zone inondée. Elle représente tout ce qui a potentiellement subi un désordre : en effet on peut considérer qu’à partir du moment où un secteur a été inondé, il a subi des dégâts, si minimes soient-ils (par exemple accumulation de boue, submersion des cultures ou endommagement des peintures, etc). En analysant cette carte, on gardera à l’esprit que la zone représentée couvre aussi bien les zones inondées par le Rhône que par des ruissellements ou l’impluvium. CARTE 3 : CARTE DES DEGATS LOCALISES ET DE L’HYDRODYNAMISME Objectifs : Fournir un inventaire cartographique le plus exhaustif des traces laissées par les phénomènes hydrodynamiques et des dégâts ponctuels occasionnés. Contenu et source des informations : Cette carte présente des informations issues de plusieurs sources : • l’analyse stéréoscopique des photographies aériennes post-crue réalisée lors de cette étude qui a fourni une cartographie des principaux phénomènes hydrodynamiques : atterrissement, surcreusement, axe de crue concentrant les courants… • les données concernant les désordres qui sont issues des enquêtes auprès des organismes concernés. Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 11 Commentaires : En associant les formes laissées par l’hydrodynamisme et les dégâts, cette carte met en évidence le lien de cause à effet qui les relie. Elle doit être analysée en parallèle avec la carte 2 qu’elle vient compléter et préciser en pointant les principaux désordres ponctuels qui ont été recensés. Les tables numériques des désordres fournissent de nombreux détails qui n’ont pu être représentés sur les cartes pour des questions de lisibilité. On pourra se reporter à la base de données SIG qui apporte une information plus précise. Pour la définition des termes utilisés pour définir l’hydrodynamisme, se reporter au glossaire. I.2. Base de données numériques géographiques Le recueil des informations a donné lieu à la création d’une base de données numériques sous la forme d’un Système d’Information Géographique (SIG). Les caractéristiques de cette base sont précisées en annexe. I.3. Analyse des résultats I .3.1. Rappel des principales caractéristiques de la crue Il paraît nécessaire de rappeler au préalable les principales caractéristiques de cette inondation, car elles ont des conséquences sur les types de dommages recensés, la quantité des phénomènes hydrodynamiques, etc. Les crues de Décembre 2003 ont été causées par un épisode pluvieux méditerranéen exceptionnel par son étendue et sa durée (du 30 novembre au 3 décembre 2003). Ces précipitations sont tombées sur un sol pratiquement saturé par les épisodes du mois précédent et ne pouvant donc plus stocker d’eau. Les principaux affluents du Rhône à l’aval de Lyon ont vu leurs eaux grossir à partir du lundi 1er décembre, en fin d’après-midi. La plupart des affluents de la rive gauche du Rhône enregistrent des pointes de crues conséquentes, qui atteignent leur maximum en fin de journée du 2 décembre. L’impact des précipitations a été particulièrement sensible sur la quasi-totalité des cours d’eau des départements de la Loire et du Rhône (affluents rive droite), avec des montées des eaux extrêmement rapides et des hauteurs d’eau parfois spectaculaires. Plus en aval, les affluents cévenols du Rhône (Ardèche, Cèze, Gardon) connaissent une crue importante mais non exceptionnelle, bien inférieure à celle de septembre 2002. La crue de la Durance est également d’importance moyenne. La crue du Rhône reste peu significative jusqu’en aval de Lyon. Au-delà, elle s’amplifie avec les apports de l’Isère, de l’Eyrieux, de la Drôme, du Roubion, de l’Ardèche, de la Cèze, du Gardon et de la Durance pour atteindre le 4 décembre un débit exceptionnel compris dans Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 12 une fourchette de 10 500 à 13 000 m3/s à Beaucaire, et qui sera précisé prochainement par une expertise scientifique. Cette crue majeure du Rhône découle donc de l’addition simultanée des débits d’un grand nombre d’affluents (phénomène généralisé). L’inventaire des zones inondées a distingué, au sein de la zone dite inondée, plusieurs origines d’inondation, et précisé l’élément immédiat qui a propagé l’inondation et la provenance initiale de l’eau. Quatre catégories ont été identifiées : les secteurs inondés par le Rhône, par le Petit Rhône, par les seules précipitations (impluvium), par les ruissellements issus des coteaux et les affluents du Rhône, et enfin par des origines multiples (plusieurs origines, par exemple fluvial+ruissellement). Les secteurs touchés directement par le Rhône, correspondent soit à des surfaces submersibles connues : champs d’expansion inondés par l’aval avec ou sans déversoirs, soit à des secteurs touchés suite à des incidents tels que des brèches ou des dépassements des cotes de protection. I .3 .2 . A n a l y se g é o g r ap h i q ue d e l a c in é t iq u e d e la c r ue e t d es d ég ât s o c c a s io nné s . L’analyse de la cinétique de la crue et de ses conséquences met en évidence des variations géographiques qui permettent de distinguer 4 secteurs : 1. une partie amont allant de Viviers à Venejan, 2. une section intermédiaire de Venejan à Avignon, 3. une troisième d’Avignon à Arles, 4. et les secteurs aval couvrant la Camargue et la Petite Camargue 1. De Viviers (sud de Montélimar) à Venejan (à mi chemin de Bollène et Orange Du pont de la RD 86 à Viviers (limite amont de la zone d’étude), jusqu’au barrage CNR de Donzère, la vallée du Rhône encaissée forme Le défilé de Donzère. Dans ce secteur étroit, la plaine alluviale qui s’étend uniquement en rive droite du Rhône a été largement inondée, avec des hauteurs approchant probablement 1 à 2 m. Dans ce secteur essentiellement agricole, l’inondation a été assez dynamique, avec deux points de débordement et de nombreux axes de crue bien identifiés, ainsi que des surcreusements ponctuels. Les principales digues du Rhône n’ont pas subi de dommage Rive gauche du Rhône en aval du Barrage de Donzère (source Subdivision DDE) significatif, à l’exception de la digue St Michel à l’Ile des Perriers, dont le noyau a été endommagé. La réfection à l’identique s’est élevée à 226 k€. La commune de Viviers a ainsi été relativement épargnée, avec essentiellement des dommages agricoles. Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 13 De Donzère à Venejan, la plaine alluviale s’élargit de part et d’autre du Rhône, qui reçoit là les eaux de l’Ardèche. Sur la zone d’étude, il s’agit du secteur qui a été le plus dynamique. La crue et la décrue ont été rapides ; l’inondation du champ majeur s’est caractérisée par des vitesses fortes. Les digues ont été largement sollicitées ; surverses, érosions et brèches, se multipliant largement, ont permis aux flots de s’étendre dans le lit majeur en érodant les terres, dévastant les cultures (principalement les semis)… Parmi les brèches les plus importantes, on peut citer celles de la Faïne et de la digue en aval du barrage et du Déversoir (cf photo) sur les territoires communaux de Pierrelattte et Donzère. La remise en état aura coûté près de 600 000 € sur ces deux seules Déversoir endommagé à Pierrelatte communes. Ces dynamiques sont (source Subdivision DDE) traduites sur la carte 3 par l’abondance des ponctuels figurant les zones de surcreusement et les axes de crue. De nombreux transformateurs EDF se trouvèrent inondés ; la plupart des routes furent submergées et la circulation coupée, mais seule la RD 59 qui relie Pierrelatte à Bourg-St-Andéol a vu sa chaussée emportée partiellement (cf photo), au lieu-dit les Peupliers. Cas particulier, la RN 7 a été coupée pendant quelques jours à Lapalud, non par les inondations, mais par des tuyaux de pompage installés pour vider les eaux accumulées en arrière de la chaussée. Des stations d’épuration ont été endommagées à Bourg-St-Andéol et Pont-St-Esprit. Si aucun des bourgs ou villages implantés dans ce secteur n’a subi l’inondation, ce sont de multiples habitations individuelles et notamment de nombreuses fermes (et par conséquent sièges d’exploitations agricoles) réparties de manière diffuse dans la plaine qui ont été ennoyées. D’autre part, le ruissellement pluvial et les apports des affluents drainant les coteaux, s’ils ont été moindres qu’en aval, ne peuvent pas être négligés, étant à l’origine de quelques désordres (érosions de berges sur les ravins, etc). 2. De Venejan à Avignon RD 59 inondée et endommagée De Venejan à Avignon, peu de brèches ont été (source Subdivision DDE) ouvertes dans les digues, et l’inondation des champs d’inondation programmés (casiers) a été beaucoup plus lente, la plupart s’étant remplis par l’aval, conformément au fonctionnement attendu. Les dégâts physiques sont donc moins manifestes car l’hydrodynamisme a été plus faible. Une exception de taille réside dans la brèche ouverte dans une digue agricole à l’Ile St Georges, en arrière de laquelle les cultures et la terre arable ont été très érodés. Sa reconstruction, achevée à l’heure actuelle a coûté 480 000 € HT. En rive droite du Rhône, en aval du champ d’expansion de l’Ile St Georges, les digues ont contenu avec peine les flots, et le village de St-Etienne-des-Sorts a manqué de peu de subir une inondation catastrophique ; Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 14 ses protections constituées d’un parapet le long des quais ont été juste suffisantes, et un crue légèrement supérieure aurait pu provoqué un remplissage rapide de cette cuvette urbanisée cernée par les digues et les coteaux, engendrant des dégâts matériels considérables, voire des pertes humaines. Par ailleurs, les ruissellements issus des coteaux, et la saturation des réseaux hydrographiques primaires ont dans ce secteur largement étendu la zone inondée par le Rhône. La zone d’expansion de Caderousse illustre ce propos : dès le 1er décembre, le gonflement de l’ensemble du réseau hydrographique a provoqué des débordements généralisés, la Meyne venant envahir l’Est de la plaine de Caderousse. Au soir de ce même jour, les eaux du Rhône débordent par le déversoir sud de Caderousse et envahissent la commune. Les 2 et 3 décembre, l’Aygues déborde à son tour et ses eaux viennent inonder la partie nord de la plaine, rejoignant et augmentant celles du Rhône et de la Meyne. Plus de 85 % du territoire fut submergé, sous 1 à 2 m d’eau dans certains quartiers. Une partie du remplissage s’est donc effectuée par l’aval. L’analyse des photographies aériennes post-crue n’a pas permis d’identifier des formes bien marquées témoignant de phénomènes hydrodynamiques actifs, mais laisse plutôt supposer une tendance à la sédimentation fine. Seul le seuil anti-remous du canal de fuite a été endommagé. Si le noyau villageois de Caderousse, protégé par des remparts, n’a heureusement pas été touché par l’inondation, l’habitat ancien (fermes) dispersé dans la plaine, ainsi que les extensions récentes ceinturant le village, se sont retrouvés inondés par 0,5 à 1,5 m d’eau. Dans tout ce secteur intermédiaire, seul le lit majeur sur les communes de Codolet/Laudun a connu des débordements conséquents ayant une certaine dynamique. La Cèze a inondé le casier du secteur des Gazières, sans toutefois dépasser les protections ouest de la commune. Ce fut le Rhône qui inonda d’abord par reflux tout le sud de la commune de Codolet, laquelle avait déjà été touchée sévèrement en 2002, et la Lônes. Par la suite, les niveaux atteints dans la nuit du 3 au 4 décembre provoquèrent une surverse puis une brèche dans la partie sud-ouest de la digue. Cette brèche a été réparée par la commune, en apportant des modifications conséquentes à la digue pour renforcer la protection du village. En aval de la confluence avec la Cèze, se situe la zone industrielle de Laudun/L’Ardoise qui concentre de nombreuses industries, lesquelles ont été largement touchées. En effet, les cotes atteintes ont été telles que la berge rive droite de la Cèze et la berge du port (Rhône) ont été submergées. Sur la berge du Rhône, une surverse se mettant en place par-dessus la voirie a provoqué l’inondation du casier compris entre la voie SNCF et le Rhône. Le chapitre portant sur l’évaluation économique montrera que ce secteur constitue la majeure partie du montant des dommages aux activités économiques dans le département du Gard. En face de l’Ardoise, l’Ile de la Piboulette, exclusivement agricole, a connu de très fortes dynamiques accompagnées de jets de rives et de grandes langues d’atterrissements. Sur ce tronçon, les crues des affluents (Cèze, Aygues, Ouvèze, Rieu Foyro, Mayne), bien que beaucoup moins fortes qu’en 2002, ont provoqué des inondations au niveau des confluences, en liaison avec le haut niveau du Rhône. Ces secteurs de confluence ont été le lieu de dynamiques complexes et moyennement fortes, à l’origine d’érosions de digues importantes sur l’Aygues et la Cèze. La crue du Rieu Foyro, qui traverse Piolenc, a engendré de nombreuses érosions sur les berges du cours d’eau, y compris en dehors de la zone sous influence du Rhône. Les apports directs des coteaux à travers de petits ravins ou fossés collecteurs ont largement participé à étendre la zone inondée dans les secteurs de Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 15 Roquemaure, Mornas, Montfaucon et Sorgues. La plaine de Pujaut, située largement en dehors de la zone inondable du Rhône s’est trouvée inondée par des ruissellements. L’Ouvèze a quant à elle connu une crue non négligeable et a largement inondé une partie de son lit majeur et la partie basse du vieux village de Sorgues (plus d’1 m d’eau par endroits), occasionnant des désordres aux cultures et à la station d’épuration principalement. 3. D’Avignon à Arles En Avignon, l’inondation a été circonscrite aux deux zones d’expansion de Villeneuve en rive droite et de la Barthelasse (secteur aval uniquement, car le secteur nord, la Motte, n’a été concerné que par de l’impluvium). A dominante agricole, avec un habitat diffus et quelques équipements collectifs (cf carte 2), ces zones ont été submergées sous environ 2 m d’eau, et les aménagements hydrauliques ont été largement endommagés : on dénombre 3 brèches dans le système de protection de Dégâts dans la digue du Château (Ile de la l’Ile, ainsi que 4 zones d’érosion prononcée Barthelasse). Source : DDAF 84 des digues. Le système de fossés de drainage envasé a dû être par la suite nettoyé. Le coût de réparation de ces dommages a approché 340 k€ environ (travaux réalisés ou en cours). Concernant les équipements CNR, on a noté la disparition de plusieurs balises, ainsi que l’accumulation d’embâcles en aval de l’usine d’Avignon et au niveau du port. Le dégât signalé sur la RN 100, au pont de l’Europe, constitue un exemple intéressant de dégât indirect : la chaussée a été détériorée par les pluies, et surtout par la sur-fréquentation des poids lourds. Ce pont a en effet été, pendant toute la période de fermeture de l’A54, l’un des seuls lieux de traversée du Rhône aval possible, vers lequel ont été détournés tous les véhicules circulant entre les régions Paca et Languedoc-Roussillon. Il faut aussi signaler que l’intensité de l’épisode pluvieux a provoqué dés la nuit du 1 au 2 décembre le gonflement et le débordement du réseau hydraulique local (canal du Puy, Canal de l’Hôpital, Canal de Vaucluse), inondant les rues riveraines sous quelques centimètres d’eau. La Durance n’a heureusement pas connu de crue significative, qui aurait pu aggraver durement les conséquences déjà désastreuses de ces inondations. L’inondation de la rive gauche dans le secteur de confluence, sur la commune de Barbentane, n’est pas d’origine fluviale mais a été causée par des phénomènes multiples s’additionnant : impluvium, ruissellement, débordement des canaux d’irrigation, saturation hydrique des sols préalable, auxquels on pourrait rajouter une probable remontée de la nappe de la Inondations dans Graveson en 2003, liées aux débordements des canaux et fossés. (Source mairie Graveson) Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 16 Durance (ou tout au moins un haut niveau), qui a dû bloquer le phénomène d’infiltration. Ce phénomène se retrouve plus au sud, dans le secteur de Graveson, qui a connu en particulier des ruissellements importants dus au débordement de la plupart des canaux, aux apports des versants par les fossés, et à l’accumulation des précipitations sur les sols saturés. Les hauteurs d’eau ont atteint localement quelques décimètres, les eaux ayant été canalisées par les routes et chemins en décaissés. L’érosion linéaire fut particulièrement forte dans ce secteur, défonçant nombre de chemins et routes. On peut signaler là une réaction particulière, qui consiste, pour les personnes gravement touchées par ces phénomènes de ruissellement, à faire éventuellement l’amalgame avec les zones inondées par le Rhône, les médias ayant mis l’accent sur cette principale origine des inondations. En aval d’Avignon, la crue du Rhône a été contenue entre les digues jusqu’en aval de la confluence avec le Gardon. La conjonction des deux crues a provoqué l’inondation du champ d’expansion d’Aramon tandis que le village de Comps, inondable par le Gardon et le Rhône, déjà fortement touché en 2002, n’a malheureusement pas échappé à ce nouvel événement. Le 3 décembre, l’inondation s’est d’abord propagée au casier en aval du village à travers le déversoir, avant de pénétrer dans le centre urbain. Les niveaux d’eau à la confluence Gardon/Rhône ont été tels que les ouvrages ceinturant le centre historique ont été submergés. Le 4 décembre, lors de la décrue, le bassin aval se vidangeant plus rapidement, une ouverture a été provoquée dans la digue pour évacuer les eaux stagnant dans le village. Les dégâts aux équipements se localisent essentiellement au niveau du déversoir CNR, dans lequel une brèche partielle a été ouverte par érosion régressive lors de la surverse. Une brèche a aussi été ouverte dans la digue du Gardon à l’amont du village. Un projet de reconstruction du système de digue est envisagé pour un coût estimé à environ 5,6 M€. Dans le secteur d’Aramon, les eaux n’ont envahi que des zones agricoles (peu d’habitat diffus). La digue d’Aramon, reconstruite à la suite de l’événement de 2002, a efficacement joué son rôle. Des travaux de reprises sont malgré tout envisagés pour étanchéifier la digue, car la mise en pression de l’eau a provoqué lors de la crue de petits geysers qui ont inquiété la population. On a recensé une unique surverse, loin du village, à proximité de la voie ferrée, qui a occasionné des dégâts ponctuels à cet ouvrage (250 k€ de réparation). Le 2 décembre, le débordement dans le déversoir Nord de Tarascon provoque l’inondation du champ d’expansion de Boulbon-Vallabrègues-St-Pierre-de-Mézoargues qui a fonctionné selon les prévisions par remplissage par l’aval, aucune brèche n’ayant été ouverte dans les digues. Ces trois villages ont largement souffert de l’inondation, les hauteurs d’eau ayant atteint 1.50 m par endroit, et l’évacuation totale des eaux dans les terres a demandé plus d’une semaine. La nuit précédente, l’intensité de l’épisode pluvieux avait déjà provoqué le gonflement et le débordement des roubines issues du massif de la Montagnette, concernant particulièrement le village de Boulbon, adossé à son versant. En sus des dégâts importants aux cultures (vergers dans ce secteur), et aux Travaux de réparation du canal de fuite du particuliers/entreprises, on recense un champ d’expansion de Boulbon. (Source SIEE) désordre majeur aux équipements Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 17 hydrauliques, à savoir l’érosion des revêtements de berge du canal de fuite, situé sur la commune de Tarascon. Les travaux de remise en état (en cours) s’élèvent à 1.2 M€. La commune de Beaucaire a été plus préservée, l’inondation concernant essentiellement le bassin de rétention situé en amont. Trois jours de pompage seront nécessaires pour vider ce casier. Les dégâts se limitent à une brèche, survenue à la décrue dans la digue des Marguilliers, à l’érosion des berges du canal de Beaucaire, et à l’endommagement des quais du port et des équipements publics inondés (arènes...). Le fait le plus marquant est l’inondation du champ captant qui alimente Nîmes en eau potable, qui a provoqué l’arrêt de l’usine et de l’alimentation pour toute une partie de l’agglomération nîmoise. La remise en état a coûté 531 k€, et une modernisation comprenant une mise en sécurité des appareils est programmée, pour 1 M€ environ. A partir de Beaucaire, l’accroissement exceptionnel du débit a provoqué le débordement du Rhône sur ses deux rives, mais d’une manière très dissymétrique. En effet, en aval de Tarascon, au niveau du Grand Castelet, la rive gauche est plus basse que la rive droite qui a été remblayée. Un peu plus en aval (1.5 km), le remblai du Canon canal, dont les berges ont subi de nombreuses érosions mais n’ont pas cédé, a rapidement stoppé l’étalement des eaux en rive droite, et donc favorisé ces débordements sur la rive gauche, sur les communes de Tarascon et d’Arles. Le territoire communal de Tarascon a ainsi été inondé dans toute sa partie sud-est par différentes sources : les eaux du Rhône débordant en rive gauche, les eaux de ruissellement provenant du secteur de Graveson, et les débordements des canaux saturés : Bagnolette, Vigueirat, Canal des Alpines Septentrionales. Les eaux du Rhône sont sorties du lit mineur à partir de l’usine Tambec, occasionnant de nombreux dégâts à cette entreprise, et se sont accumulées derrière le remblai de la voie ferrée Arles/Tarascon, qui a joué le rôle de digue. La pression engendrée par cette accumulation a engendré des désordres au remblai de la voie ferrée, qui fut un moment menacé, mais résista (on notera d’ailleurs, qu’il est très probable qu’une partie des désordres à la voie ferrée cartographiés ne soit pas due à la crue, et qu’il n’a pas été possible de faire la part des choses). Ce furent les digues de deux trémies protégeant la traversée souterraine de la voie qui cédèrent, la première (à 16 h le 3 décembre) au lieu-dit Mas de Tessier, côté sud, la seconde au lieu-dit Les Ségonneaux (à 17 h le 3 décembre), côté nord (cf photo page suivante). Le coût de réparation de ces deux brèches s’est élevé à 1,6 M€ (travaux réalisés). Les eaux s’engouffrant dans les passages souterrains ont dévasté les terrains agricoles situés de l’autre côté de la voie avant de s’étendre jusqu’au canal des Alpines Septentrionales dans lequel elles provoquèrent une nouvelle brèche (au lieu-dit la Carrade). Les eaux s’étalèrent jusqu’au canal du Vigueirat à l’est qui les bloqua, puis vinrent inonder toute la zone industrielle de Trébon et le quartier de Monplaisir sous 1.5 m d’eau. Enfin, une brèche de 22 m s’est ouverte à Fort d’Herval dans la rive gauche du canal du Vigueirat fortement sollicité, propageant l’inondation vers le sud-est et la partie aval du marais des Baux. Ayant dissipé leur puissance érosive, les eaux accumulées dans ce secteur, bloquées entre autre par la Roubine du Roy et le canal du Vigueirat, se sont répandues en partie dans le marais de Baux par l’intermédiaire du canal d’assèchement qui a fonctionné en contre-sens. La vidange de ces secteurs qui présentent une organisation hydraulique complexe a été très lente. Toute la plaine entre Arles et Tarascon a donc connu un fonctionnement particulier : • cumul de différentes sources d’inondation : Rhône, impluvium, ruissellements Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon • 18 remplissage par casiers successifs, en fonction des différents ouvrages en remblai qui structurent ce champ d’inondation, avec propagation progressive vers l’est ; le marais des Baux a servi de champ d’expansion au trop plein des eaux qui ne pouvaient s’évacuer par l’aval compte tenu de la fermeture de la plaine par nombre d’obstacles anthropiques. Source : S. Mercol, 2004, La gestion du risque majeur inondation sur le territoire du S.I.H.T.B Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon • 19 une durée de submersion très importante, de quelques jours à quelques semaines, voire plus dans le marais des Baux, et qui aura aggravé significativement (voire d’une manière désastreuse) le coût de l’inondation, notamment pour les particuliers et les entreprises. La formation de brèches dans les trémies de la voie ferrée a mis en cause la gestion d’équipements remplissant la fonction de digue, de part leur position en remblai et leur localisation dans la zone inondable, alors qu’ils n’ont pas été conçus pour cela et ne sont pas gérés dans cette optique. Il s’agit du secteur le plus sinistré de toute la zone d’étude, les dégâts touchant tous les domaines : • de multiples équipements endommagés : voie ferrée, Vigueirat, canal des Alpines Septentrionales, canal du marais des Baux, roubine du Roy... ont subi des érosions importantes, des brèches, des siphons ont été bouchés, etc • des dizaines d’entreprises sinistrées, des centaines d’emplois concernés • près de 2200 foyers, soit 10 000 habitants, des équipements publics tels que la prison, un lycée, etc inondés • des réseaux et installations électriques complètement endommagés • côté Rhône, érosion et affouillement des soubassements des quais d’Arles. 4. Camargue et Petite Camargue En aval d’Arles, le Grand Rhône n’a pas provoqué de débordements généralisés, les digues ayant résisté. Fortement sollicitées, elles ont subi de nombreuses érosions côté fleuve. En rive gauche, des débordements en provenance du canal du Vigueirat et des remontées de nappe associées à l’impluvium ont provoqué l’inondation de quelques zones marécageuses (marais de Meyranne). La Camargue, entre Rhône et Petit Rhône n’a été inondée que par l’impluvium, dont le rôle a été potentiellement aggravé par des remontées de nappe généralisées. La rive droite du Petit Rhône (plaine de Fourques, de St-Gilles, Petite Camargue Gardoise) a été largement inondée, d’abord par les fortes précipitations qui ont provoqué des apports importants des coteaux (inondation généralisée de certains secteurs dès le 2 décembre) puis par les brèches de Petit Argence (cf photo) et Claire-Farine. Ces deux brèches, situées en rive droite du Petit Rhône sont survenues le 3 décembre respectivement vers 10 h et 8h. Les remous provoqués par ces ruptures ont creusé en arrière des digues des fosses profondes (jusqu’à 10m) et érodé fortement les terres sur plus de 500 m autour du point de rupture. De larges langues d’atterrissement ont été accumulées sur le pourtour des zones érodées par accumulation des matériaux prélevés. A Petit Argence, une ancienne maison de garde-digue a été en partie détruite par la puissance du flot. Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 20 Ces apports d’eau ponctuels associés au cloisonnement de la plaine (multiples aménagements formant obstacles) ont engendré des flux inverses à la pente naturelle. Ainsi les eaux issues de la brèche de Petit Argence se sont accumulées derrière les remblais de la RN 113 et surtout de l’Autoroute A 54, jusqu’à former un immense lac remontant progressivement vers le nord, jusqu’au territoire communal de Beaucaire. L’autoroute a été submergée en son point le plus bas, sur 900 m, pendant 11 jours. La hauteur maximum relevée au-dessus de la chaussée a été de 2 m15. Cette fermeture prolongée a engendré de fortes pertes d’exploitation pour ASF, qui ont été évaluées à près de 1 M€. Au niveau de StGilles, un fonctionnement similaire a été observé, avec un flux inverse au niveau de l’écluse de St-Gilles Le trop plein d’eau dans la plaine a engendré des surverses dans le canal du Rhône à Sète. Celui-ci, saturé par les apports du Rhône, devint un vecteur principal de l’inondation en débordant en de nombres points. C’est ainsi que tous les villages situés au pied des coteaux et derrière le canal se trouvèrent inondés par les apports urbains et agricoles, bloqués par le canal, et par les eaux débordant de celui-là même. Dans la plaine, à l’exception des deux secteurs de brèches et des affluents drainant les coteaux, les vitesses ont été très faibles mais les temps de submersion très longs. En effet, si l’amplitude « raisonnable » des niveaux marins a permis un drainage relativement efficace des eaux, et a en partie limité l’ampleur de l’inondation sur l’aval (secteur Camargue Gardoise), il aura fallu plusieurs mois pour évacuer les volumes d’eau résiduels stockés sur ce secteur. Les principaux dégâts causés dans ce secteur sont principalement : Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon • • • • • • I.4. 21 les deux brèches, les érosions des digues du Rhône et du Petit Rhône, fortement sollicitées, l’ennoiement des stations de pompage et de certaines stations de captage, les dégâts aux réseaux des ASA d’irrigation ou d’assainissement (vannes, martelières endommagés, fossés colmatés...), les dégâts aux cultures et aux constructions (zones d’activité de St-Gilles, Bellegarde), dégâts au canal du Rhône à Sète (érosions, brèches). Analyse critique des méthodes employées Le travail permet d’avoir une vision synthétique de la crue. L’échelle de travail et le grand nombre de sources d’information entraînent des résultats fournis et de qualité mais aussi des incertitudes sur certains résultats. Les méthodes utilisées méritent les commentaires suivants : • Données bibliographiques Les données d’occupation du sol qui constituent la carte 2 (enjeux exposés) sont extraites de l’étude globale achevée en 2002. Des évolutions à la marge de l’occupation du sol sont donc possibles. Par ailleurs, l’étude concernée portant sur les crues du Rhône, on ne dispose pas d’information dans les secteurs situés en dehors de la plaine alluviale, et qui ont été inondés soit par les affluents, soit par des ruissellements et de l’impluvium. • Photo-interprétation L’analyse stéréoscopique de photographies aériennes, si elle fournit un grand nombre d’indications, ne peut à elle seule prétendre recenser la totalité des traces laissées par l’hydrodynamisme, des dégâts et des ouvrages perturbant l’écoulement. Ce sont donc les éléments les plus manifestes qui ont été cartographiés. D’autre part, dans l’identification de la morphodynamique, on notera des difficultés inhérentes à cet outil pour différencier par exemple des axes de crue ayant réellement fonctionné en tant que tels (vitesses fortes), ou non (la forme préexistante n’a pas connu de fortes vitesses, mais se détache quand même sur la photographie à cause de l’humidité résiduelle qui la met en valeur), si des indices autres n’apportent pas une indication complémentaire (par exemple des cultures couchées). • Enquêtes Une première limite intrinsèque et incontournable réside dans l’impossibilité de s’assurer de l’exhaustivité des données. En particulier, certains désordres potentiels ne sont pas recensés : on peut penser aux réseaux privés de téléphonie mobile, aux réseaux de pipeline, aux armateurs (pertes de bateaux…), aux gestionnaires de patrimoine public. Des erreurs ou des imprécisions de localisation sont aussi possibles ; dans certains cas, les informations sur les dégâts ne peuvent être localisées car elles sont globalisées. Enfin, la qualité de la donnée produite est directement dépendante de la qualité de l’information recueillie, laquelle ne peut être véritablement contrôlée. Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon II. 22 Evaluation économique Objectifs : l’évaluation économique consistait à recenser les coûts des dégâts occasionnés dans les domaines suivants : équipements (réseaux Eau, réseaux EDF-GDF et France Telecom, ouvrages de protection contre les inondations, etc), activités économiques, agriculture, particuliers, infrastructures de communication, rivières. L’approche des dommages économiques générés par l’inondation passe essentiellement par le recensement des coûts des travaux de réparation, de reconstruction ou de remplacement consécutifs, complété sur le volet économie par la prise en compte de certains dommages indirects (pertes d’exploitation). Il convient cependant de souligner que l’évaluation des dégâts sous-estime les coûts indirects incluant toutes les conséquences jusqu’au retour à la situation normale. Ces coûts sont en effet très difficiles à évaluer par le cumul des effets indirects et ne peuvent être complètement connus que plusieurs années après la crue. Remarque : Pour homogénéiser l’interprétation accordée au vocabulaire employé, il est conseillé de se reporter au glossaire qui définit les termes utilisés dans ce paragraphe. II.1. Méthodologie Pour atteindre cet objectif, plusieurs moyens ont été mis en oeuvre : • des enquêtes auprès des services et organismes possédant l’information sur les équipements, les activités économiques, l’agriculture, et les infrastructures de communication. • une méthodologie mise au point par l’association « Mission Risques Naturels » des Assurances (cf paragraphe II.1.2.1). Elle a fourni une estimation des dommages aux particuliers. • une méthode de calcul automatique des dommages à partir de courbes d’endommagement existantes. Elle donne une évaluation théorique du coût de cette crue dans certains domaines. On trouvera dans l’annexe méthodologique, la présentation détaillée des différentes méthodologies présentées succinctement ci-dessous, à laquelle on pourra se reporter pour plus de précision. I I .1 .1. U n e m é tho d o l o g ie b a sé e s ur d e s e n quê te s .. . Acquisition des données La principale méthode utilisée pour recueillir les données nécessaires à l’évaluation économique a consisté à effectuer des enquêtes téléphoniques accompagnées d’entretiens directs. Préalablement aux enquêtes, des questionnaires ont été élaborés pour chaque type d’administration ou d’organisme consulté (on trouvera un exemple dans l’annexe Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 23 documentaire). Ces enquêtes ont débuté en octobre 2004 pour être achevées en janvier 2005. Les données recueillies reflètent donc l’information disponible et existante pendant cette période. Plus de 85 organismes ont été contactés dans les 5 départements concernés par la zone d’étude : préfectures, DDAF, DDE, DIREN, Conseils Généraux, Conseils Régionaux, DRIRE, Chambres du commerce, Chambre des Métiers, Chambres d’Agriculture, EDF, GDF, France Telecom, CNR, VNF, RFF, SNCF, SAUR, Mairies, Syndicats. Les informations ont été réceptionnées sous des formes très diverses (tableaux synthétiques, données brutes, données informatiques/papier) ce qui a largement complexifié l’analyse et le traitement de l’information. L’obtention d’un résultat global de qualité était conditionné par la structuration d’une base de travail homogène fondée sur une unité, la commune, qui permettait d’éviter au maximum les doublons (données comptées plusieurs fois). Les données recueillies lors de ces enquêtes ont permis d’approcher une estimation des principaux dommages économiques causés par la crue dans de nombreux domaines, à l’exception des dommages aux particuliers. En effet, aucune information n’a pu être recueillie, sauf sur le Vaucluse où une synthèse des devis reçus par l'ANAH pour des demandes de subvention au titre des inondations de 2003 a donné une première indication. Par contre, un état des lieux réalisé par la Fédération Française des Sociétés d’Assurance (FFSA), donne des chiffres issus de l’analyse des dossiers traités. Ces informations « terrain » de la FFSA seront traitées avec le volet Enquêtes dans l’analyse des résultats (paragraphe II.2.1), considérant qu’il s’agit de données qui ne sont pas issues de calculs mathématiques ou statistiques. Difficultés rencontrées dans le traitement L’analyse de ces données économiques a posé des difficultés du fait de leur grande hétérogénéité, difficultés que l’on peut synthétiser de la manière suivante : • Pour un même dégât, les montants fournis peuvent varier selon la source de l’estimation : le coût des travaux estimé par devis, le montant qui peut être subventionné, le montant payé par les assurances etc. L’hétérogénéité des données entre départements et le manque de précision sur le contenu a représenté une difficulté inattendue. Une procédure de vérification et d’interpolation par croisement des documents existants a donc du être mise en place. • Une autre difficulté a consisté à faire la part des coûts réellement dus à la crue. Sur cet aspect, deux problèmes se combinent : o 1). d’une part la nécessité de ne pas prendre en compte des travaux réalisés post-crue, mais qui vont au delà de la seule remise en état. Une expertise des services instructeurs a donc été nécessaire pour estimer le coût du à la crue. o 2). d’autre part, la nécessité de ne pas occulter des travaux qui auraient été payés par les assurances. Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 24 Dans l’impossibilité d’analyser chaque intervention en confrontant les divers montants disponibles, on a pris le parti d’indiquer si nécessaire une estimation haute et une estimation basse. • Sur la nature des coûts recueillis : ils varient d’un champ d’application à l’autre. o Sur les volets réseau Eau, cours d’eau, infrastructures, réseaux EDF/GDF/France Telecom, bâtiments publics, l’évaluation économique des dommages correspond au montant des travaux de remise en état et de réfection, auxquels viennent parfois se rajouter le coût des travaux d’urgence, ou des études préalables à ces travaux. Ces coûts recueillis auprès des administrations sont donnés en hors taxes. o Les données sur l’agriculture sont issues exclusivement des extractions de la base de données Calamités Agricoles fournies par les DDAF de chaque département. L’ancienneté de la Procédure Calamités agricoles permet une grande homogénéité de l’information. Il s’agit des coûts assimilables aux coûts comptables (vétusté et nombre d’années de production restantes déduites). Pour apprécier la totalité des dommages au volet agricole, il faut y associer les dommages aux réseaux hydraulique agricole (disponibles) mais aussi aux biens assurés des agriculteurs directement remboursés par les assurances (non disponible), ainsi que les pertes des entreprises d’industrie agroalimentaire qui sont comptabilisées avec le volet Economie. o Les données concernant le volet Activités économiques ont montré une grande variabilité dans la nature des données, leur contenu, et leur précision : dans de nombreux cas, les chiffres recouvrent les coûts de remplacement, tandis que dans d’autre, il s’agit des valeurs comptables. Cette complexité a nécessité un travail de recoupement précis par secteur géographique. On notera toutefois qu’on a dû cumuler des montants de natures diverses : coûts de réparation, coûts comptables, coûts de remplacement... II.1.2. II.1.2.1. . . . co mp lé t é e s p ar d eux mé thodes statistiques La méthode MRN En l’absence de possibilité de collecter directement des données relatives aux dommages subis par les particuliers et en complément des informations synthétiques produites par la FFSA, on dispose des estimations produites par une méthodologie statistique développée par la MRN (cf ci-dessous) pour essayer d’approcher une estimation et une répartition des coûts pour les particuliers. La MRN est une association entre la FFSA (Fédération française des sociétés d’assurance) et le GEMA (Groupement des entreprises mutuelles d’assurance), appelée « Mission des sociétés d’assurance pour la connaissance et la prévention des risques naturels » ou « Mission Risques Naturels », d’où le sigle généralement employé de MRN. Elle a pour objectif de développer la connaissance sur l’exposition au risque naturel et l’implication des assureurs dans les stratégies de prévention de ces risques. Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 25 La méthode MRN consiste à déterminer à l’aide d’un Système d’Information Géographique un nombre de logements potentiellement sinistrés en croisant les superficies inondées de chaque commune avec une base de données de l’INSEE sur le logement. On trouvera en annexe méthodologique le détail de cette méthode. En voici les principales lignes : Les logements potentiellement sinistrés sont évalués à partir des hypothèses suivantes : • les résidences principales sinistrées sont des résidences de type maison individuelle ou ferme • les résidences secondaires sinistrées sont celles situées dans un immeuble d’un seul logement De plus, les logements vacants ne sont ici pas pris en compte dans la méthode de reconstitution. Le nombre de logements potentiellement sinistrés est ensuite croisé avec le coût moyen « Inondation » par logement pour chacun des départements considérés, afin d’obtenir une estimation du montant global de dommages aux particuliers. Ce coût moyen « Inondation » est une donnée départementale et annuelle calculée par les fédérations d’assurances à partir de statistiques issues des montants indemnisés par les assurances, il s’agit donc de montants de dommages TTC. De plus cette estimation est relative aux seuls biens assurés des particuliers. Son utilisation pour un événement donné suppose qu’aucun autre événement majeur ne se produise la même année, influençant par là même, la valeur du coût moyen. Il est supposé dans cette estimation qu’un seul événement majeur s’est produit pour l’année 2003. On reconnaît généralement un ratio usuel entre la part supportée par les particuliers et celle supportée par les professionnels dans un coût global. Partant de cette constatation, il est possible en appliquant ce ratio au coût des particuliers, d’aboutir simplement à une évaluation d’un montant de dommages pour les professionnels. Cet outil présente quelques inconvénients, puisque l’analyse des statistiques des assurances sur les événements passés montrent que ce ratio varie. Ainsi, en analysant les données dont les assurances disposent sur l’événement de 2003, on peut mettre en évidence que le ratio usuel de 60/40 semble vérifié dans l’ensemble, mais pas dans le détail. Dans le cas d’Arles, il s’agirait plutôt d’une proportion inverse de 40/60. On comprend que ce ratio varie forcément avec le poids des activités dans l’économie locale, et en fonction du nombre de zones d’activités touchées. Ces chiffres statistiques sont donc présentés essentiellement à titre indicatif, sur la base du ratio 60/40, à l’exception d’Arles. Enfin, il existe un ratio rencontré classiquement entre le montant des dommages aux biens assurés et le montant des dommages non assurés qui serait de l’ordre d’1/2, lorsqu’on s’intéresse au dommage global cumulant biens des particuliers et des professionnels. Par contre, on ne sait pas si cette proportion reste valable lorsqu’on travaille uniquement sur les biens des particuliers. Nous poserons cette hypothèse de travail pour une première estimation. Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon II.1.2.2. 26 Calcul automatique des dommages La méthode s’attache à reconstituer un coût de dommage théorique aux particuliers, aux entreprises et à l’agriculture pour la zone inondée par le Rhône sur laquelle on peut reconstituer la ligne d’eau pour la crue de 2003, c’est-à-dire où l’on possède des PHE. L’étendue géographique concernée est donc plus restreinte que la zone d’étude couverte par les enquêtes et ne concernent que la zone inondée par le Rhône (cf carte ci-après). Des informations qualitatives approximatives récupérées auprès de personnes ayant une bonne connaissance de l’événement, ont permis néanmoins d’intégrer au calcul la petite Camargue où il n’existe aucune PHE. La méthode débute par la reconstitution de l’aléa inondation survenu lors de la crue (acquisition des paramètres hauteur, vitesse, durée de submersion pour chaque casier hydraulique identifié dans la plaine alluviale), information à laquelle il s’agit dans un deuxième temps d’appliquer les procédures de calcul automatique de dommages élaborées dans l’étude globale des crues du Rhône. Les casiers hydrauliques utilisés sont issus d’études hydrauliques précédentes réalisées par la CNR en amont d’Arles et par le BCEOM en aval (cf carte ci-après). Cette méthode a donc été appliquée pour les casiers de l’étude Territoire Rhône pour lesquels ont pu être reconstituées les caractéristiques de l’aléa. La reconstitution des caractéristiques de l’aléa s’appuie sur 3 étapes : • le repérage des éléments structurant la zone inondable, • la constitution d’un modèle numérique de la surface libre en eau, • l’identification des vitesses d’écoulement (reprise des simulations réalisées pour l’étude Territoire Rhône) et des durées de submersion (idem). Ces aléas sont par la suite croisés avec des courbes d’endommagement issues de l’étude globale Rhône, pour obtenir un dommage par casier puis par commune. Le fonctionnement général du calcul des dommages est dit « surfacique » : pour chaque casier, et pour chaque type d’enjeu le calcul prend la forme d’une multiplication des facteurs suivants : - enjeux en Euros par unité de surface, surface occupée dans le casier par ce type d’enjeu, % d’endommagement (en fonction de l’aléa inondation), proportion de la superficie du casier touchée par l’inondation. La méthodologie a défini des courbes d’endommagement sur trois domaines : • l’habitat : le calcul du dommage à l’habitat repose essentiellement sur une estimation du prix en m² • l’économie : le calcul prend en compte la valeur et l’endommagement du matériel et des stocks rapporté par salarié, ainsi que l’endommagement aux constructions • l’agriculture : l’estimation est basée sur l’élaboration d’une matrice de dommages unitaires par grand type de production agricole donnant pour chaque événement hydraulique des coefficients de dommages unitaires. Les chiffres obtenus par les calculs comprennent à priori la TVA, les différents paramètres utilisés dans les courbes d’endommagement étant exprimés en TTC. Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 27 Carte de la couverture des casiers CNR et BCEOM Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 28 Carte de la zone étudiée par le calcul automatique Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 29 Carte des hauteurs d’eau Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon II.2. 30 Présentation et analyse des données « de terrain » Evaluation du coût des dommages recensés Les tableaux ci-dessous rassemblent par départements et par domaines les résultats obtenus grâce au recueil de données. Ces synthèses ont été élaborées à partir des informations obtenues aux échelles communales et départementales. II.2.1.1. Résultats Données issues des enquêtes auprès des administrations Tab.4 : Présentation des résultats par départements BOUCHES-DU-RHONE GARD VAUCLUSE ARDECHE DROME Données CNR* TOTAL Montants M€ HT Fourchette basse Montants M€ HT Fourchette haute Nombre de communes étudiées 331,8 172,3 15,2 335,7 172,3 15,2 17 29 12 1,6 0,9 1 522,9 1,6 0,9 1 526,8 5 2 65 *Les données chiffrées fournies par la CNR ne sont pas différenciées entre les départements et sont intégrées à ce niveau-ci. Tab.5 : Présentation des résultats par domaine Montants M€ HT Montants M€ HT Libellé Fourchette basse Fourchette haute Dommages à l’agriculture (dont hydraulique 76,8 76,8 agricole) Dommages à l’économie 367,2 367,2 Réseaux d’eau 3,2 3,2 Dommages aux digues et rivières 31,4 31,4 Dommages aux infrastructures 34,2 38,2 EDF–GDF, France Télécom 4,4 4,4 Dommages aux équipements 5,4 5,4 Dommages aux particuliers * 0,2 0,2 TOTAL 522,8 526,8 Rappels : La différence entre la fourchette haute et la fourchette basse provient essentiellement du volet Infrastructures pour lequel on a disposé des montants de subventions demandés et des montants expertisés *Ce chiffre est très partiel, puisque les enquêtes de terrain n’ont pu fournir que très peu d’informations. Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 31 Répartition par domaine des coûts des dommages issus des enquêtes auprès des administrations Dommages aux particuliers 5,97% Dommages à l’économie 0,04% Réseaux eau 5,81% 1,02% 7,24% EDF–GDF, France Télécom 0,84% Dommages aux infrastructures 9,37% Dommages aux équipements Dommages à l’agriculture 69,71% Dommages aux digues et rivières Le montant des dégâts occasionnés par la crue et recensés par les enquêtes s’élève à minima à 526 M€. Ce montant ne tient pas compte des dommages subis par les particuliers, des dommages à l’agriculture remboursés par les assurances. Il s’agit donc d’un montant minimal, qui a l’intérêt de donner une limite inférieure aux fourchettes de coût avec une grande fiabilité. On trouvera ci-après les fiches de synthèses départementales qui présentent les résultats obtenus. Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 32 Fiches de synthèse départementales Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 33 Fiches de synthèse départementales Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 34 Fiches de synthèse départementales Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 35 Fiches de synthèse départementales Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 36 Fiches de synthèse départementales Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 37 Données terrain des assurances L’état des lieux réalisé par la Fédération Française des Sociétés d’Assurance (FFSA) donne des chiffres issus de l’analyse des dossiers traités, un an après les événements. Ces informations incluent l’ensemble des dommages aux biens des particuliers et des professionnels y compris les contrats automobiles ainsi que les risques agricoles. Pour l’ensemble des sociétés ayant répondu à l’enquête, il a été dénombré 36 500 sinistres pour un coût global au 1er décembre 2004 de 495 millions d’euros sur l’ensemble des secteurs touchés par les précipitations de décembre 2003. L’extrapolation à l’ensemble des sociétés donne un coût global pour les biens assurés de 670 millions d’euros, dont 400 millions seraient à la charge des particuliers. La répartition des dommages par régions est la suivante : la région Provence – Alpes - Côte d’Azur enregistre un peu plus de 50 % des sinistres et environ 60% de la charge totale, la région Languedoc- Roussillon représente quant à elle 25% de la charge des sinistres, et la région Rhône-Alpes 8%. Ces informations, toutes intéressantes qu’elles soient, posent deux difficultés pour pouvoir être intégrées dans les résultats des enquêtes : • d’une part il faut traiter ces chiffres avec prudence car la zone concernée déborde largement du secteur d’étude (elle comprend de nombreuses communes qui ont subi des dégâts du fait de débordements d’autres cours d’eau ou bien de ruissellements intenses) ; Carte des départements touchés par l’épisode pluvieux de décembre 2003 (Source FFSA) • les différents calculs, nécessaires pour que des montants puissent être intégrés à notre démarche, présentent l’inconvénient majeur de nous éloigner de la réalité terrain en utilisant des moyennes statistiques (notamment les rapports zone d’étude/ensemble des zones touchées, professionnels/particuliers et biens assurés/non assurés) • on notera par contre qu’il aurait été intéressant de pouvoir identifier, au sein du montant Professionnels, la part des dommages agricoles remboursés, laquelle n’a pu être reconstituée dans le cadre de cette étude, faute d’information synthétique existante. Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 38 Tab.6 : Synthèse des montants des dommages aux biens ASSURES des particuliers et professionnels Extrapolation Part des particuliers (1) Sur tous les 670 M€ 402 M€ départements concernés (30) Région PACA (60%) 402 M€ 241 M€ Région LR (25%) 167 M€ 100 M€ Région RA (8%) 53 M€ 31 M€ * Calcul effectué sur la base d’une proportion de 60 % du montant global Il est difficile de ramener ces chiffres portant sur 27 départements à la zone d’étude en l’absence de données localisées géographiquement et il aurait été intéressant de disposer des montants répartis à l’échelle communale pour pouvoir cerner plus précisément la part des inondations de la vallée du Rhône dans ce coût global. Pour donner un ordre d’idée très simple, on peut calculer, en prenant l’hypothèse que la crue du Rhône soit responsable de 60 et 80 % des dommages, une approximation du coût aux biens assurés des particuliers sur la zone d’étude comprise entre 240 M€ et 320 M€. Selon l’hypothèse dans laquelle les biens non assurés représenteraient approximativement la même proportion que les biens assurés, on obtient une fourchette globale de 480 à 640 M€, citée pour mémoire. II.2.1.2. Analyse géographique et thématique Il est possible d’étudier les résultats économiques obtenus par les enquêtes sous deux angles de vue : • une analyse thématique des différents domaines • une analyse géographique de la répartition dans l’espace des dommages Les données retenues au final pour le volet enquête sont les suivantes : Tab.7 : Synthèse des données récoltées par enquêtes Libellé Montants M€ Dommages aux particuliers * Dommages à l’économie Dommages à l’agriculture Dommages aux infrastructures Dommages aux digues et rivières Dommages aux équipements EDF–GDF, France Télécom Réseaux eau TOTAUX 640 (1) 367,2 76,8 38,2 31,4 Pourcentage du montant global 54,86% 31,48% 6,58% 3,27% 2,69% Montants M€ Pourcentage du montant global 320 (2) 37,80% 367,2 43,38% 76.8 9,07% 38,2 4,51% 31,4 3,71% 5,4 0,46% 5,4 0,63% 4,4 0,38% 4,4 0,52% 3,2 0,27% 3.2 0,38% 1 166,6 100,00% 846,6 100,00% *Les dommages aux particuliers correspondent à la fourchette haute du calcul réalisé sur la base des données globales des assurances (1) Ce chiffre couvre les biens assurés et non assurés des particuliers. Il possède une valeur indicative. (2) Ce chiffre couvre uniquement les biens assurés, et présente une meilleure précision. Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 39 Répartition par domaine des coûts des dommages Agriculture 9% Entreprise, artisanat 38% Réseaux d'eau Dommages aux rivières 42% 1% 1% 4% 5% Infrastructures de transport EDF–GDF, France Télécom Equipements publics P ti li Le montant global obtenu par cumul de toutes les données récoltées par enquêtes auprès des administrations et des assurances atteint donc pour la zone d’étude plus d’1 milliard d’euros, avec un seuil minimal représentant une valeur « sûre » de plus de 846 millions d’euros (enquêtes – 526M€– et valeur probable des dommages aux biens assurés – 320M€– ). L’analyse de la répartition par domaine met en évidence le classement suivant : > 100M€ de 30 à 100 M€ < 30 M€ dommages aux particuliers dommages aux entreprises dommages à l’agriculture dommages aux infrastructures dommages aux digues et rivières dommages aux équipements (publics etc) dommages France Telecom, EDF-GDF dommages aux réseaux d’eau (assainissement et eau potable) La part importante des coûts aux particuliers et aux entreprises, qui représentent plus de 80% du montant total, est particulièrement nette. Ils sont suivis par le domaine de l’agriculture pour laquelle on peut noter l’importance des dommages et réseaux d’hydraulique agricole (particulièrement importants dans le Gard et dans la région d’Arles) et rappeler également que la période de la crue a probablement limité les autres coûts. Ce classement dépend des regroupements réalisés pour la compilation des données. On pourra se reporter aux tableaux départementaux examiner le détail des données. Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 40 L’analyse des illustrations par domaine dans les fiches départementales permet de mieux cerner le contenu des différents champs retenus et 13% leur répartition interne. Ainsi, ces graphiques Digues mettent en avant, dans la catégorie digues et Cours d'eau rivières, la prédominance des dommages aux 87% digues par rapport aux autres dommages recensés sur les cours d’eau. Les dommages subis par les entreprises ont pu 8% Pertes exploit. être regroupés grossièrement dans 4 catégories, 23% 17% Invest./Matériel en fonction de la précision des données recueillies. Parmi celles-ci, il apparaît que les pertes Stock matérielles constituent une part importante, ainsi 52% Divers que les pertes d’exploitation. Malgré les difficultés rencontrées pour l’évaluation de ces dernières, on notera qu’elles sont bien représentées dans les données qui ont été fournies, témoignant d’une réelle volonté générale de les estimer au mieux. Dans le domaine des infrastructures de transport, 10% la prédominance des dommages au réseau communal peut être imputée tant à la rareté des informations récoltées pour les autres catégories 64% de voies, que par leur nombre. Toutefois cette répartition semble coller relativement bien à la réalité terrain, la plupart des nationales ayant été peu touchée. 11% 15% RN/At RD RC VF L’analyse de la répartition des dommages par département (tableau 4), représentée graphiquement ci-dessous) montre que le Gard et les Bouches-du-Rhône représentent à eux deux 96% du montant cumulé des 5 départements (sur la base des données enquêtes, sans l’apport des données des assurances). Le poids de la ville d’Arles et la gravité des pertes occasionnées, avec notamment 250 millions d’euros de pertes pour les 0,31% 0,19% ARDECHE 32,71% GARD DROME VAUCLUSE 63,73% BOUCHES-DU-RHONE 0,17% 2,89% Données CNR inter-départementales entreprises sur les seules communes d’Arles, Tarascon et St-Etienne-du-Grès, auxquels viennent s’ajouter les nombreux travaux aux canaux et rivières, expliquent en partie la part importante du département des Bouches-du-Rhône. On notera que cette proportion est assez cohérente avec celle annoncée par les assurances (60 %) à partir de l’analyse des Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 41 dossiers des particuliers et entreprises pour les biens assurés, malgré les différences de zone d’étude. Les cartes ci-après présentent la répartition des dommages à l’échelle de la zone d’étude et par domaines. Les données représentées ne concernent que les données récoltées par communes à partir des enquêtes auprès des administrations (les données « terrain » de la FFSA ne sont pas disponibles à l’échelle communale). • La première carte expose la répartition des dommages par type d’enjeu pour chaque commune (camemberts), et le montant cumulé des dommages occasionnés (couleur de fond). Il ne s’agit pas des montants supportés par chaque commune, mais des montants de dégâts occasionnés sur les territoires communaux. • La deuxième carte offre une vision de la concentration et de la gravité des dommages par commune (montant total des dommages rapportés à la superficie inondée de la commune). Au premier abord, il est difficile de discerner une logique particulière dans la répartition des cumuls communaux. Ces cartes présentent l’intérêt de spatialiser les résultats obtenus, mais font ressortir par la-même les limites de cet exercice, dans la mesure où une grande partie des informations recueillies n’est pas localisable géographiquement à l’échelle communale, et où le montant global par commune est affecté à la totalité du territoire inondé (carte 2), alors qu’il peut être lié principalement à un dommage survenu localement. C’est le cas d’Arles, où les dommages aux activités économiques sont prépondérants mais extrêmement localisés sur une portion restreinte du territoire. On peut toutefois indiquer les pistes de réflexion suivantes : • Il existe une certaine logique de répartition de l’importance du dommage global, avec une augmentation relative dans les secteurs de Pont-St-Esprit, Caderousse, puis Villeneuve-les-Avignon, et enfin à partir de Boulbon. Les communes situées à la marge de la zone inondée par le Rhône, ou qui ne sont concernées que par du ruissellement ou de l’impluvium, présentent assez logiquement des montants moins élevés. • Carte 1, on note une corrélation certaine entre l’importance du dommage global et la prédominance de la part des dommages économiques : Arles, St-Gilles,Tarascon, Laudun, Aigues-Mortes. Pujaut constitue un exemple type : la zone inondée par le Rhône, très limitée, est essentiellement agricole, mais une entreprise importante touchée représente à elle-seule 93 % du montant total de dommage recensé. Ceci vient confirmer l’importance de ce volet dans le coût global des inondations, au-delà même du type d’inondation concerné. En effet, l’exemple de la commune de Villeneuve les Avignon, dans le Gard, qui a été inondée principalement par l’accumulation in situ des précipitations (impluvium) et par du pluvial est significatif puisque les dommages causés de cette façon à deux entreprises s’élèvent à près d’un million d’euros chacune. Ce cas met aussi en évidence l’importance des dégâts qui peuvent être causés par le pluvial. • Même carte, les communes qui présentent des totaux inférieurs à 250 000 € n’ont subi en général des désordres que dans les domaines de l’agriculture et des infrastructures : Saint-Montant, Carsan, Chateauneuf-du-Pape, Paradou, Les Angles, Le Grau-du-Roi... Ces communes situées sur la marge ou à l’extérieur de la zone inondée par le Rhône ont été peu touchées, ou seulement par des phénomènes de ruissellement. Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon • 42 La carte 2, qui croise le montant des dommages recensés à la superficie inondée par commune, ne laisse pas apparaître de logique particulière. En effet, les dégâts étant par nature plutôt d’essence ponctuelle que surfacique, ce croisement illustre mal la réalité. Par contre la confrontation avec la première carte permet de mieux cibler les communes particulièrement touchées en proportion de la superficie communale touchée, et notamment la gravité et la concentration des dégâts auxquels ont été confrontées très concrètement les populations locales. Ainsi, pour les communes de la Drôme, de l’Ardèche, du nord du Vaucluse, et du sud de la Camargue, les désordres semblent particulièrement diffus dans l’espace. Au contraire les communes dont une petite portion du territoire a été inondée, mais qui était occupée par une zone d’habitation ou d’activités économiques, telles Laudun, Comps, Tarascon, Codolet, présentent une grande concentration des dommages, qui sont considérables par rapport à la superficie inondée. Des communes comme Arles, St-Gilles … sont mal représentées par cette carte, car la majorité des dommages, liés aux activités économiques a en réalité été occasionnée sur une partie bien plus réduite du territoire communal. Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 43 Carte des dommages (enquêtes) répartis par communes Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 44 Carte des dommages (enquêtes) par communes rapportés à la superficie inondée Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 45 Présentation et analyse des résultats des méthodes statistiques d’évaluation des dommages. Confrontation avec les données « terrain ». Ce chapitre présente successivement d’une manière synthétique les résultats bruts de chacune des deux méthodes d’approche statistique des coûts engendrés par la crue avant de les analyser, de les confronter avec les données concrètes recueillies sur le terrain et de mettre en perspective les apports de chacune des méthodes. II .2 .2 . Mé th odo log ie MRN d ’appr o ch e des dommages aux particuliers Présentation des résultats II.2.2.1. La méthode MRN décrite dans le paragraphe II.1.2.1, appliquée sur les communes incluses dans la zone d’étude, fournit les résultats suivants par département. Département Tab.8 : Récapitulatif par départements Coûts particuliers (sur Coûts professionnels Nombre de en € TTC (ratio de biens assurés M€ logements 60/40) TTC) sinistrés ARDECHE 706 BOUCHES-DURHONE 10 395 1,4 1 (1) 78,3 117,5 (2) 100,4 DROME 669 2,2 1,5 GARD 11 508 201,4 134,3 VAUCLUSE 7145 62,1 41,4 TOTAL GENERAL 30 423 384,7 (1) 256,4 ( 2) 278,5 (1) Le coût sur Arles est calculé en appliquant le ratio 60/40 sur le résultat des particuliers (obtenu avec le coût moyen départemental). (2) Le coût sur Arles est calculé directement à partir du coût moyen défini par la FFSA pour la commune. La MRN a effectué un calcul spécifique à l’échelle de la commune d’Arles. L’estimation du montant des dommages aux biens assurés des particuliers d’Arles s’élève à 97 M€ TTC, et le montant cumulé des dommages aux particuliers et professionnels à 162 M€. L’exemple d’Arles montre que les « coûts moyen Inondation départementaux» utilisés pour les calculs masquent de grandes variabilité inter-communales et faussent en partie les résultats (on rejoint ici la problématique classique de la moyenne en statistique). Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon I I .2 .3 . 46 P r é se n t at i o n d e s r é s u l t at s o bt e nus p ar le c al c ul automatique Cette méthode n’a pu être appliquée que sur une partie de la zone d’étude globale. Elle fournit des résultats par casier hydraulique, qui sont ventilés par communes au prorata de la surface du casier couverte par la commune, puis agrégés au niveau départemental. Tab. 10 : résultats du calcul automatique par départements DEPARTEMENT HABITAT ECONOMIE AGRICULTURE Totaux ARDECHE 1,7 M€ 0 M€ 0,4 M€ 2,1 M€ BOUCHES-DU74,7 178 38,5 291,2 M€ RHONE DROME 5,2 0 0,9 6 M€ GARD 122,5 116,1 75,7 314,3 M€ VAUCLUSE 34,6 3,3 6 43,9 M€ Totaux 238,7 M€ 297,4 M€ 121,5 M€ 657,5 M€ Les résultats ne sont donnés que pour les trois secteurs présentés. Il n’existe pas dans les modèles économiques utilisés de courbes d’endommagement permettant d’évaluer les dommages aux différents réseaux ou aux équipements. La carte des dommages par commune présente, pour les casiers sur lesquels le calcul a pu être mené, le montant global et la répartition entre les différents types d’enjeux. La comparaison avec la carte de présentation des résultats obtenus par enquêtes (à l’exclusion des coûts globaux qui ne doivent pas être considérés à l’échelle communale) met en évidence certaines similitudes, avec une prédominance des communes fortement touchées à l’aval. L’analyse du poids des dommages à l’économie montre aussi des similitudes approximatives entre les deux méthodes. Toutefois, les résultats du calcul semblent discrétiser de manière plus forte les communes, avec des chiffres plus tranchés. Pour le volet de l’habitat, le calcul aboutit en sus à une évaluation statistique de la population qui serait concernée par l’inondation, en différenciant des classes basées sur des hauteurs d’eau. Tab. 11 : Estimation par le calcul automatique du nombre de personnes touchées par l’inondation Population touchée par moins de 0.5 m d'eau DEPARTEMENT ARDECHE BOUCHES-DURHONE DROME GARD VAUCLUSE Totaux moins de 1.5 m d'eau plus de 1.5 m d'eau Brut 0 Pondéré * 0 Brut 72 Pondéré * 0 Brut 12 Pondéré * Totaux 11 11 288 182 13 391 9 562 1 003 916 10 660 183 477 74 1 022 137 190 68 577 457 8 319 755 22 994 359 4 417 743 15 081 190 7 254 4 926 13 385 190 5 993 3 069 10 179 686 10 600 3 880 25 837 * pondération par le pourcentage de submersion du casier Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 47 En première analyse, il faut rappeler que ce calcul du nombre de personnes touchées est peu fiable car relativement aléatoire. Les facteurs qui affaiblissent la précision dans l’évaluation des « populations touchées » sont les suivants : • la donnée de base est l’affectation d’un nombre d’habitants par casier ; • cette donnée est traitée sans considération des hétérogénéités au sein du casier ; même si les casiers sont définis en tenant compte des enjeux, il n’est pas possible d’effacer l’incidence de ces hétérogénéités qui concernent : o la topographie : buttes, remblais, dépressions, o la répartition géographique des populations, o la répartition verticale des populations : habitations à étages, o la variabilité de l’aléa en zone habitée (zones d’écoulement ou d’eau morte selon les rues, etc…) ; • l’affectation d’un résultat à une commune ou à sa voisine est réalisée sans pouvoir prendre en compte ces hétérogénéités intra casier, par un croisement au prorata des superficies croisées. • les dispositifs d’alerte et de sécurité ne sont pas considérés. Ainsi, la population touchée telle qu’abordée ici est une notion : • qui compte des populations subissant directement l’inondation de leur habitation, et d’autres qui ont simplement des voisins directs touchés, qui ont leur voiture d’emportée, ou qui sont momentanément isolés par les crues. • pour laquelle le calcul automatique est entaché d’une incertitude d’échantillonnage lié à la méthode « casier ». Cette notion restant assez sensible, toutes ces incertitudes font des résultats du calcul un élément simplement indicatif. Les valeurs obtenues doivent par conséquent être abordées non pour les ordres de grandeur mais plutôt comme outil de visualisation et de localisation des secteurs les plus potentiellement générateurs de "détresse". Il constituerait ainsi un moyen détourné d’appréhender cette donnée qui reste subjective et non-mesurable. Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 48 Carte des dommages obtenus Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 49 Carte des populations exposées Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon II .2 .4. II.2.4.1. 50 Co nf ro ntatio n de s résultats des méthodes statistiques avec les données recueillies par enquêtes Confrontation des résultats des différentes méthodes Le tableau suivant récapitule pour chaque grand domaine les données globalisées par départements, obtenus avec : • • • • les enquêtes (y compris les estimations avancées à partir des données assurances), sur de nombreux domaines, le calcul automatique, pour les dommages à l’habitation, aux activités économiques et à l’agriculture. Ces résultats sont présentés, d’après les rapports issus des études EPTB Territoire Rhône, en valeur TTC, la méthodologie MRN pour les dommages aux particuliers et aux entreprises. Elle fournit des chiffres en valeur TTC, le rapport Perriez. Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 51 Comparaison des données Rapport Perriez/Enquête/Calcul automatique/méthode MRN par départements Dommages à l’économie, hors agriculture (M€) 0,5 0,369 " 0 0,9 à 2,1 0,9 à 2,1 298,2 255,4 250 177,9 78 à 176 66,4 à 149,4 0 0,149 " 0 1,4 à 3,3 1,4 à 3,3 170,6 110,3 110,3 116 134 à 302 128,7 à 189,6 5,6 0,8 0,7 3,2 41 à 93 38,4 à 86,5 Dommages à l’agriculture (M€) Source Rapport PERRIEZ 0,2 Etude terrain (1) 0,13 Etude SIEE Etude terrain (2) " Ardèche Calcul automatique 0,4 (1) / Méthode MRN (2) / Rapport PERRIEZ 9 Etude terrain (1) 8,9 Bouches-du- Etude SIEE Etude terrain (2) 7,9 Rhône Calcul automatique 38,5 (1) / Méthode MRN (2) / Rapport PERRIEZ 0,4 Etude terrain (1) 0,04 Etude SIEE Etude terrain (2) " Drôme Calcul automatique 0,8 (1) / Méthode MRN (2) / Rapport PERRIEZ 30,3 Etude terrain (1) 17,2 Etude SIEE Etude terrain (2) 16,9 Gard Calcul automatique 75,7 (1) / Méthode MRN (2) / Rapport PERRIEZ 17,2 Etude terrain (1) 4,2 Etude SIEE Etude terrain (2) 4,1 Vaucluse Calcul automatique 6 (1) / Méthode MRN (2) / NB : (1) : la zone couverte par les chiffres correspond à la totalité de la zone d'étude (2) : la zone couverte par les chiffres correspond au secteur pris en compte par le calcul automatique Dptmt Dommages à la voirie (M€) 3,5 0,4 " / / / 24,5 14,5 13,7 / / / 5,8 0,09 " / / / 20,8 12,1 11,7 / / / 17,7 7 5,5 / / / Dommages aux particuliers (M€) 1,2 / / 1,7 2,8 2,8 48,2 / / 74,7 234,9 199 0 / / 5,1 4,4 4,4 45,4 / / 122,5 402,7 386 41,3 / / 34,6 124,3 115 51 Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 Réseaux assainissement, eau Dommages au Dommages aux rivières, potable, hydraulique patrimoine public, hors au littoral et aux voies navigables (M€) agricole voirie et réseaux (M€) 0 0,03 0,2 0,04 0,099 0,349 " " " / / / / / / / / / 33,1 1,8 16,3 37,3 3,6 8,9 37,2 3,6 8,3 / / / / / / / / / 0 0 3,4 0 0 0,6 " " " / / / / / / / / / 11,1 6,6 13,4 11,8 1,6 18,8 11,5 1,6 18,8 / / / / / / / / / 0,7 8,4 8,6 0,1 0,09 1,7 0,1 0,09 0,7 / / / / / / / / / DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 52 Les données issues des différentes approches ne peuvent en réalité être comparées que sur trois domaines, comme le présente le tableau suivant qui confronte pour chaque type d’enjeu les méthodes qui sont comparables entre elles et précise l’écart existant. DEPARTEMENT ARDECHE BOUCHES-DURHONE DROME GARD VAUCLUSE Totaux Tab. 13 : Zoom sur les dommages aux particuliers, à l’économie et à l’agriculture (en M€) HABITAT ECONOMIE AGRICULTURE Rapport (plus Rapport (plus Enquête Rapport (plus Calcul Méthodologie grand / plus Calcul grand / plus Calcul (calamités grand / plus Enquête automatique MRN faible) automatique faible) automatique agricoles) faible) 1,7 2,9 1,66 0 0,4 / 0,4 0,1 3,21 74,7 5,2 122,5 34,6 238,7 199,3 4,4 386,1 114,7 707,3 2,67 0,86 3,15 3,31 2,96 178 0 116,1 3,3 297,3 250,1 0,2 110,3 0,8 361,7 0,71 / 0,95 4,08 0,82 38,5 0,9 75,7 6 121,5 8 0.04 17 4,2 29,2 4,83 19,85 4,47 1,45 4,16 Rappels et remarques : - le montant global des dommages aux particuliers qui peut être estimé à partir des données globales des assurances s’inscrit dans une fourchette de 240 à 320 M€ pour les biens assurés (480 à 640 millions d’euros environ pour les biens assurés et non assurés) ; - la méthode MRN aboutit à une évaluation sommaire des dommages aux biens assurés des entreprises d’environ 290 millions d’euros TTC (les chiffres affichés concernent les biens assurés et non assurés, limités à la zone du calcul automatique). - dans le domaine des évaluations économiques des dommages de crue, on est confronté régulièrement à des fourchettes variant de 100, 200, ou 300 % et plus. On considère dans la littérature, que des chiffres montrent une bonne homogénéité en dessous de 100% (soit un rapport de 1). 52 Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon II.2.4.2. 53 Analyse comparative En préalable à toute tentative d’analyse, on se rappellera que ces différents chiffres recouvrent des notions et des étendues géographiques diverses (cf paragraphe analyse critique des méthodes infra), qui entachent les comparaisons de marges d’erreurs difficiles à appréhender. Ces tableaux suscitent les analyses suivantes. • La comparaison des données extraites du rapport Perriez avec les informations recueillies un an après la crue montre une grande cohérence. Pour les types d’enjeux secondaires (rivières, infrastructures, équipement, EDF, réseaux…), il s’agit de l’unique comparaison possible avec les données d’enquêtes, ces thématiques n’étant pas abordées par le calcul automatique. Dans l’ensemble, les résultats de l’enquête sont inférieurs aux données Perriez, conformément à ce qu’on pouvait en attendre (la zone enquêtée étant plus restreinte). Plusieurs cas peuvent être identifiés : o les montants recueillis sont bien inférieurs à ceux estimés par le rapport : dommage à la voirie dans la Drôme, l’Ardèche etc, dommage aux rivières dans les Bouches-du-Rhône. Ce cas peut s’expliquer par les différences de zones d’étude. o les deux estimations présentent le même ordre de grandeur : exemples des dommages aux réseaux dans les Bouches-du-Rhône, des réseaux EDF dans le Vaucluse… o les données enquêtes dépassent largement les prévisions du rapport Perriez : exemples des dommages aux réseaux Eau et aux rivières dans le Gard. • Volet Habitat/Particuliers : une grande variabilité des données. Il s’agit là d’un type d’enjeu qui est apparu comme prédominant dans l’analyse des données terrain, mais pour lequel il est difficile d’analyser les chiffres obtenus pour en tirer une conclusion ou même des hypothèses, trop d’incertitudes et d’inconnus demeurant. Une première difficulté relève des variantes dans les hypothèses sur lesquelles se fondent le calcul automatique et la méthodologie MRN. La première s’appuie sur un prix moyen au m², tandis que la seconde est basée sur un coût moyen issu de moyennes statistiques réalisées sur des dossiers effectivement traités. Quoiqu’il en soit, la comparaison des données calcul automatique et MRN ne laisse pas apparaître de logique particulière à l’échelle départementale. Au niveau régional, les 5 départements confondus, se confirme une probable surestimation par la MRN, tandis qu’il est difficile de dire, à la lumière des données globales des assurances si les résultats du calcul automatique sous-estiment les dommages aux particuliers, compte-tenu des variations géographiques. • Volet Economie : des résultats cohérents à l’échelle globale. La confrontation des données théoriques issues du calcul avec les enquêtes met en relief l’irrégularité de ces résultats : pour la Drôme et l’Ardèche, le modèle aboutit à un résultat nul, car aucun des casiers hydrauliques concernés n’est renseigné comme présentant des enjeux économiques. Effectivement, l’occupation du sol est Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 54 majoritairement vouée à l’agriculture ; néanmoins quelques entreprises (camping, hôtels,…) situées dans les zones couvertes par ces casiers, ont été effectivement touchées. Cet exemple met en exergue une limite du modèle théorique qui ne peut intégrer un enjeu lorsque celui-ci possède un mode de répartition géographique trop diffus. Par contre, l’agrégation des données à l’échelle globale montre une grande ressemblance entre cette méthode théorique et le relevé terrain, avec un rapport inférieur à 100%. Quant à la fourchette obtenue par la méthode MRN, elle semble aussi cohérente au regard de ces données terrain. La différence négative observée entre les deux méthodes mathématiques et le recueil de terrain trouve son origine dans le département des Bouches-du-Rhône, sur la commune d’Arles. Elle s’explique par l’importance des durées de submersion des zones d’activités économiques, phénomène dont aucune des deux méthodes ne tient compte, et qui engendre des surcoûts considérables. • Volet agriculture : une sous-estimation certaine des données enquêtes. L’analyse sur ce poste des résultats de la modélisation mathématique est difficile compte-tenu des lacunes du volet Enquête concernant cet enjeu. En effet, le recueil de terrain n’a pu recenser que les dommages calculés par la procédure des Calamités Agricoles, qui minore en partie les dommages et ne prend pas en compte les biens assurés (matériel…). A contrario, le volet agricole a été particulièrement travaillé dans le cadre des Etudes Globales des crues du Rhône, et les chiffres qui reflètent de nombreux paramètres semblent être plus précis, sans qu’on puisse l’affirmer nettement, mais pourraient aussi surestimer la réalité. Ainsi, dans la Drôme, la DDAF ne possédant aucune déclaration au titre des Calamités Agricoles sur la commune de Donzère, il est difficile d’imaginer que les dégâts aient été si importants que le prévoit le calcul automatique (plus de 350 000 euros). En termes géographiques, les départements du Vaucluse et de la Drôme sortent de la moyenne. Le Vaucluse présente une spécificité certaine au niveau du thème de l’agriculture, où il présente le rapport le plus faible. En effet, la zone touchée par le Rhône et donc prise en compte dans le calcul théorique ne couvre que sa marge ouest, qui ne représente qu’une petite partie de la totalité des secteurs qui ont subi des dommages dans le département lors de cet événement, où le ruissellement et les crues de petites cours d’eau et ravins ont été importants. Ceci pourrait expliquer pourquoi le chiffre du calcul automatique pour l’agriculture paraît si bas comparé à ceux des autres département. La Drôme, quant à elle, présente des irrégularités qui peuvent s’expliquer par le faible nombre de communes étudiées, ce qui ne permet pas de pondérer les résultats à l’échelle du département. Dans tous les cas, les approches de type statistique / automatique ne peuvent donner de résultats fiables qu’à partir d’un certain niveau d’agrégation (département). Ils sont en revanche intéressants comme indicateurs et outils de comparaison entre grandes zones. II.2.5. Analyse des méthodologies utilisées La mise en œuvre dans le cadre de cette étude de différentes méthodologies, puis la comparaison des résultats permettent d’acquérir un regard critique et de mieux cerner, en première analyse, leurs avantages et inconvénients. Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 55 En premier lieu, on peut souligner notamment : • la grande quantité et qualité des données recueillies avec des sources complémentaires permettant une consolidation des résultats ; • la diversité des zones géographiques concernées ; • l’hétérogénéité des réalités représentées par les montants obtenus, et notamment le cumul et la comparaison des données qui sont pour les unes en hors taxes (travaux entrepris par les collectivités) et les autres en TTC (particuliers, entreprises en partie). Un parti a été pris de ne pas essayer de rapporter toutes les données en HT ou TTC, car : o d’une part, cela aurait introduit de nouveaux biais dans les données, puisqu’on ne connaît pas toujours le pourcentage de la taxe (19,6 ou 5,5%) et la part des données à laquelle elle s’applique, o d’autre part, car les chiffres affichés sont ainsi proches des réalités « vécues ou perçues » par les différents acteurs : par exemple, un particulier vivra les dégâts subis en montants TTC en non en HT, • le manque de précision sur les contenus de chaque catégorie d’enjeux. Pour chaque méthodologie, l’étude a mis en avant certains points faibles, et des améliorations possibles. II.2.5.1. Les enquêtes Les résultats de l’enquête présentent comme principale faiblesse d’être des montants à minima : si les principaux types d’enjeux endommagés ont fait l’objet d’une recherche rigoureuse, certains domaines n’ont pu être explorés, et il est difficile d’évaluer l’exhaustivité de recensement effectué. Il faut souligner particulièrement la difficulté, voire l’impossibilité de trouver de l’information quantifiée sur les dommages indirects (pertes d’exploitation, conséquences sur la santé psychologique des sinistrés, pertes d’emplois…) Seules les pertes d’exploitations qui sont recensées par les Chambres du Commerce et de l’Industrie ont pu être abordées. Les enquêtes, réalisées un an après la crue, ont par ailleurs mis l’accent sur le caractère spécifique de l’inondation dans les secteurs aval, et ses conséquences sur les dégâts et dommages : d’après les spécialistes rencontrés, de nombreux enjeux, comme les infrastructures de transport, situés dans les zones de courants faibles ou nuls mais inondés pendant plusieurs jours, voire semaine, n’ont subi pratiquement aucun désordre manifeste et décelable à première vue. L’immersion prolongée des routes, des bâtiments, des maisons… (et donc l'imprégnation en eau) soumet leurs structures à des conditions physiques particulières pour lesquelles elles ne sont pas prévues, provoquant des dégâts sur le long terme, qui peuvent n’apparaître que plus tard (les matériaux putresciblesorganiques- présentent dans ces conditions une plus grande vulnérabilité que les matériaux inertes). Dans le cas de cette crue, l’inondation a été suivie de périodes de gel qui ont fatalement accru le risque de dégradation des matériaux. Dans de nombreux cas, ces dommages à long terme se traduisent essentiellement par l’accélération de la dégradation des structures et des matériaux, imposant des remplacements prématurés par rapport à des conditions normales. Ce type de dégât particulier est donc difficile à appréhender. Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 56 Nous ne reviendrons pas sur les sources d’erreur provenant de l’agrégation de données variées, qui ont été évoquées dans les chapitres précédents, mais on peut rappeler les principales : domaines différents agrégés, manque de précision quant au contenu recouvert par les chiffres, cumul de montants hors taxes (toutes les informations traitées par les collectivités) et TTC (certains poste de l’agriculture, et de l’économie )… L’impossibilité de localiser la plupart des informations reçues (économie, route, réseaux d’eau …) interdit de plus l’identification des dommages liés à la crue du Rhône proprement dite, des dommages dus aux phénomènes annexes (impluvium, ruissellement, affluents). Les dommages aux particuliers constituent un domaine assez mal cerné à l’heure actuelle. Une réflexion sur l'aménagement d’un schéma d’organisation pyramidal permettant au niveau des sociétés d’assurance la remontée de l’information et sa synthèse au niveau national associé à la définition d’outils utilisant leurs bases de données, permettraient certainement d’établir des statistiques intéressantes pour le retour d’expérience. Avec des moyens plus faibles, une étude d’enquêtes auprès des sociétés d’assurance et d’analyse statistique assez poussée permettrait d’élaborer des ratios généraux, constituant une première base de travail. Enfin, les coûts de gestion de crisec qui n’ont pas été abordés dans cette étude, font aussi partie intégrante du coût des inondations, et pourraient être à ce titre rajoutés au montant des dégâts. Les données assurances présentent aussi quelques lacunes : 1.elles ne concernent que les biens assurés, et la question est posée des proportions entre biens assurés et non assurés, lorsqu’il s’agit uniquement des biens des particuliers ; 2. à partir des données fournies, des extrapolations à partir de calculs simples ont été réalisées, qui introduisent des marges d’erreurs difficiles à identifier. Les améliorations possibles de la méthode sont à la fois simples et difficiles à mettre en œuvre, puisqu’il s’agit essentiellement de questions de temps, d’une part pour étendre le domaine des recherches, notamment aux dommages aux biens assurés des particuliers, des agriculteurs et des collectivités par des enquêtes auprès des assurances, et d’autre part pour vérifier d’une manière systématique le contenu et la nature des données recueillies. Avant cela, une organisation du retour d’expérience par l’homogénéisation entre départements, voire entre administrations quand c’est possible, constituerait une amélioration très appréciable en facilitant le recueil et l’agrégation des données. II.2.5.2. La méthodologie MRN Elle présente de nombreux biais et incertitudes liés au coût moyen inondation départemental qui lisse la diversité inter-communale et aux difficultés d’évaluer le nombre de logements touchés. Le parallèle (paragraphe II.3.1.2) entre les données MRN et les données de la FFSA met en avant la difficulté d’extrapoler un coût moyen à l’échelle départementale, tandis que les experts de la Mission Risques Naturels pointent (cf annexe) une seconde source d’erreur dans la détermination du nombre de logements inondés. Si le rapport d’1/2 pour les proportions biens assurés/non assurés paraît assez fiable sur l’ensemble des biens particuliers et professionnels, son utilisation pour le seul chapitre des particuliers ne constitue qu’une hypothèse de travail qui demande à être étudiée. La confrontation des résultats avec d’une part les données globales des Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 57 assurances et d’autre part du calcul automatique incite à formuler l’hypothèse d’une probable surestimation des coûts aux particuliers. Parmi les avancées possibles, on peut penser à la définition d’un coût moyen à l’échelle communale, qui représenterait une grande avancée en terme de précision. II.2.5.3. Le calcul automatique Les résultats du calcul automatique mettent en évidence la faible représentativité des résultats à l’échelle communale, et la nécessité de multiplier les données pour lisser ces variations. Cette procédure a permis d’identifier certaines faiblesses et sources d’erreurs qui pourraient faire l’objet d’autant d’améliorations : • • • • • • La qualification de l’aléa vitesse est empirique, et essentiellement basée sur les résultats des simulations par la CNR de la crue millénale. Ainsi, les calculs ont été réalisés sur certains casiers, avec des aléas qui ne traduisent pas forcément le déroulement de la crue de décembre 2003. Pour certains il est minimisé, et pour d’autre surestimé. Dans le même ordre d’idée, ce calcul est étroitement dépendant du nombre et de la qualité des repères de hauteurs d’eau connus (PHE). Toujours concernant la qualification de l’aléa, on regrettera les limites des valeurs seuils concernant les durées de submersion, qui n’excèdent pas plus d’une heure. D’une part il est dommage qu’elle ne soit utilisée que pour le calcul des coûts aux activités, et d’autre part elle est sans commune mesure avec l’événement étudié. La précision des enjeux définis par casiers et d’une manière plus générale du recensement initial, l’adaptation au territoire étudié de courbes d’endommagement établies dans d’autres régions et l’évolution des coûts unitaires depuis leur élaboration (exemple de l’immobilier) constituent autant de sources d’erreurs. La méthode de répartition des résultats des casiers par communes se fait au prorata de la surface du casier couverte par la commune. Or les occupations du sol étant assez concentrées dans l’espace, cette méthode introduit un biais important. Une autre source d’erreur, participant du même processus que la précédente, réside dans l’effet d’échantillonnage : lorsqu’un casier est touché par l’inondation, le calcul est effectué avec les données du casier, qui intègrent les enjeux. Or ceux-ci n’ont pas forcément été affectés, et dans ce cas, ne seront pas comptabilisés dans le volet enquête. A une échelle plus générale, on peut critiquer les données d’endommagement utilisées pour calculer les montants, lesquelles sont issues de diverses études plus ou moins récentes, et réalisées dans d’autres régions : ainsi les valeurs d’endommagement pour l’économie sont issues d’une expertise réalisée en 1998 pour l’Evaluation des dommages liés aux crues en région Ile-de-France, et le principe global pour l’estimation faisant intervenir des ratios financiers en fonction des niveaux de crue rapport à l’emploi a été mis au point sur la Loire… Notamment certaines données statistiques utilisées pour le calcul des dommages à l’habitat datent de plus de 5 ans. Enfin on remarque que ce calcul économique issu de l’étude globale des crues du Rhône se base uniquement sur l’aléa lié au Rhône en occultant les phénomènes annexes (ruissellement, impluvium…) Pourtant ces derniers lui sont intimement liés, car Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 58 directement dépendants du phénomène météorologique qui génère la crue du Rhône. Si, au premier abord, la part de ces phénomènes pourrait sembler anecdotique comparée aux dommages causés par les débordements du fleuve, l’analyse menée précédemment (paragraphe 2. 2.1.2) sur les cartes de répartition des dommages recensés révèle des rapports plus complexes, mettant en cause la nature des enjeux concernés (activité économique…). II.2.5.4. Le rapport Perriez Bien qu’il ne s’agisse pas d’une méthodologie mise en œuvre dans le cadre de cette étude, le fait de comparer les estimations par anticipation qu’il présente avec les données récoltées est d’un grand intérêt, malgré l’inconvénient majeur des différences de zones d’étude : les chiffres qui sont cités correspondent aux montants présentés pour les 5 départements concernés par cette étude, et d’une manière générale, on ne peut s’étonner que ce rapport donne des chiffres plus élevés, car il s’intéressait à la totalité des communes touchées par les précipitations, et pas seulement à la zone d’étude. Cette confrontation avec les données d’enquêtes confirme la valeur de ce type d’étude prospective réalisée en temps de crise pour la prévision des coûts. L’un des regrets qui peut être formulé concerne toutefois l’absence d’indication sur les valeurs hors taxes ou TTC des montants mentionnés. Il est fort probable qu’il s’agisse de coûts HT, les experts ayant principalement travaillé avec des administrations et des collectivités. Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon III. 59 Conclusion Sur les 65 communes étudiées dans cette étude, les inondations de décembre 2003, comprenant les débordements du Rhône, de ses affluents, ainsi que les inondations provoquées par les précipitations s’accumulant in situ ou le ruissellement, ont causé de nombreux dégâts à travers les 5 départements du Rhône aval. Répondant à deux objectifs ambitieux, cette étude lancée afin d’assurer un retour d’expérience, constitue une sorte de biographie succincte de l’événement, qui dresse un inventaire des désordres occasionnés dans différents domaines, et recense les différents coûts associés. Sans prétendre à une exhaustivité impossible à atteindre, elle tente de balayer le plus grand nombre de domaines possible sur une zone géographique s’allongeant sur plus de 150 km. L’inventaire des désordres occasionnés dans les zones inondées s’est traduit par des cartes présentant premièrement les différentes occupations du sol concernées, puis des enjeux spécifiques touchés par des désordres graves et ponctuels. Intimement lié à l’hydrodynamisme de la crue, cet inventaire traduit tout autant l’occupation des sols. Il s’accompagne d’un recensement des interventions de réparations, reconstruction ou remplacement nécessités par ces désordres, qui met en relief l’implication des acteurs concernés pour accélérer le retour à la normale et essayer de tirer des enseignements de cet événement dans la gestion et la prévention des crues. Si les dégâts les plus spectaculaires tels que les brèches forment en quelque sorte l’image perçue de cet événement relayée par les médias, l’analyse des montants des dommages économiques met en exergue la lourde contribution financière des particuliers et des entreprises au coût de la crue. On peut noter également la part importante des dommages aux aménagements d’hydraulique agricole, qui n’avait pas forcément été identifiée jusqu’à présent. On retrouve logiquement le Gard et les Bouches du Rhône comme les 2 départements les plus touchés avec environ 95% des dommages globaux. Le coût global obtenu sur ce territoire d’étude dépassant le milliard d’euros ne reflète que partiellement la réalité, tant il est reconnu que des aspects entiers de l’économie notamment tels que les pertes d’exploitation, de chiffres d’affaire, de parts de marché, le coût socio-économique des fermetures d’usine temporaires ou définitives, ainsi que les pertes des sous-traitants de ces sociétés, sont extrêmement difficiles, voire impossibles, à appréhender correctement. Sur le plan méthodologique, ce travail a été l’occasion de mettre en œuvre différentes méthodes pour l’évaluation des dommages de crue, qui ont été comparées entre elles, permettant ainsi de mettre en lumière quelques uns de leurs avantages et inconvénients. Au-delà de leur diversité de postulats, de nature, de résultats, ces méthodes (enquêtes, une méthode statistique et un calcul automatique) se complètent, s’enrichissent mutuellement, et permettent au final d’aboutir à un recensement intéressant des coûts des dégâts causés par cet événement, et à une meilleure perception des atouts et des faiblesses de chacune. Malgré certaines lacunes et incertitudes, les Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 60 données auxquelles aboutit ce travail semblent être une image assez fidèle, bien que toujours en deçà, des désordres occasionnés par les inondations et des dommages socio-économiques consécutifs. Le travail de comparaison et d’analyse critique des différentes méthodes mises en œuvre dans cette étude permet de proposer de nombreuses améliorations, notamment : • une meilleure précision du volet Enquête, qui pourrait être acquise dans des délais plus importants, et par des entretiens systématiques avec les administrations. Il faut noter que ce type de travail serait grandement facilité s’il existait une homogénéité de traitement et d’affichage des informations entre les administrations de différentes natures et de différents départements. Un travail plus complet serait nécessaire pour préciser la nature des données récoltées. • le calcul automatique pourrait faire l’objet d’une appréciation plus fine de l’aléa au regard de la connaissance terrain. Les résultats mériteraient d’être examinés commune par commune pour discerner les erreurs flagrantes liées à des répartitions statistiques. Un travail complémentaire pourrait être mené sur la pertinence des valeurs seuils utilisées actuellement dans le modèle mathématique pour définir l’aléa en terme de durée. La dimension temporelle d’une crue représente en effet un facteur extrêmement important non seulement pour l’évaluation économique des dégâts engendrés, que pour la gestion de la crise. Il est évident que plus la stagnation est longue, plus les dommages sont importants et la valeur maximum actuelle ne permet pas d’intégrer dans le calcul les effets d’une submersion de long terme, avec tous ces effets économiques désastreux que l’on sait. On pourrait citer comme piste de recherche les travaux de Chiriou, Guillande, Bakohen et André (2002) sur les crues de la Seine (Analyse spatiotemporelle et estimation rapide des dommages économiques au bâti) proposant des coefficients expérimentaux pour une meilleure prise en compte de la durée de submersion dans les estimations des pertes économiques. Par ailleurs, ce travail a rappelé l’importance, dans un événement pluviométrique d’une telle ampleur, des inondations provoquées sur les marges où à l’extérieur des plaines alluviales par le ruissellement et l’impluvium, mais qui ne peuvent être incluses dans le modèle mathématique tel qu’il existe aujourd’hui. • pour la méthodologie MRN, on pourrait affiner les résultats par communes en effectuant un croisement manuel entre la zone inondée, les IRIS et un fond de plan tel que le Scan 25 pour identifier les erreurs générées par les effets d’échantillonnage. Une concertation pourrait être engagée avec les assurances pour évaluer les possibilités et la faisabilité de définir des « coûts moyen inondation » à une échelle plus fine que le département, compte-tenu de la grande précision des résultats obtenus sur la ville d’Arles. Cependant, les fourchettes dans lesquelles varient les résultats auxquels elles aboutissent sont comprises dans les marges d’erreur généralement acceptées pour les estimations économiques. Il est certain que les résultats de ces méthodes possèdent une valeur proportionnellement inverse à l’échelle de travail : utilisant des données statistiques, elles nécessitent un grand nombre de communes, et donc à minima Etude zone inondée et dégâts - juin 2005 DIREN de Bassin / DIREN Languedoc-Roussillon 61 une échelle de travail départementale, pour que la moyenne soit lissée et que les chiffres reflètent plus justement la réalité. En conclusion, on pourra retenir, qu’au-delà des incertitudes recensées et sources d’erreurs potentielles, les méthodes employées ont le mérite d’exister et de tenter d’approcher une réalité bien difficile à quantifier. Aujourd’hui encore peu nombreuses, les études tentant d’anticiper des coûts de dommage de crue se confrontent à une réalité d’une complexité extrême. Il convient également de souligner que l’évaluation des dégâts sous-estime les coûts indirects liés par exemple aux arrêts de production de certaines entreprises, au temps de retour à la situation normale : ces coûts sont en effet très difficiles à évaluer par le cumul des effets indirects et ne peuvent être complètement connus que plusieurs années après la crue. Enfin, il est important de rappeler que cette étude n’a pu s’intéresser aux victimes de la crue et aux conséquences psychologiques sur les personnes, aspects également majeurs mais qui relèvent d’autres approches. Etude zone inondée et dégâts - juin 2005