EXPRESSIONS FIGURÉES avec CHANDELLE et MÈCHE

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EXPRESSIONS FIGURÉES avec CHANDELLE et MÈCHE
EXPRESSIONS FIGURÉES avec CHANDELLE et MÈCHE
le jeu n’en vaut pas la chandelle
Cela n'en vaut pas la peine. Cela ne justifie pas les frais envisagés ou les problèmes qui vont en découler.
Die Sache ist nicht der Mühe / den Einsatz wert.
Cette expression date du XVIe siècle, époque où « la fée électricité » n'existait pas encore et où ceux qui
s'adonnaient aux jeux (cartes, dés...), particulièrement ceux donnant lieu à des enjeux, devaient s'éclairer à la
chandelle, considérée comme un objet de luxe. Il était d'ailleurs d'usage, dans les endroits modestes, que les
participants laissent quelque argent en partant pour dédommager du coût de cet éclairage.
Et lorsque les gains étaient faibles, ils ne couvraient même pas le prix de la chandelle...
faire des économies de bout de chandelle
Faire des économies dérisoires, sordides. Am falschen Ende sparen
C'est pourquoi, dans les maisons bourgeoises ou plus modestes, on avait l'habitude de rassembler les restes des
chandelles, le suif non brûlé, et de les revendre à un cirier pour qu'il en refasse de nouvelles.
Les riches trouvaient cette récupération mesquine, ridicule et l'économie correspondante insignifiante.
brûler la chandelle par les deux bouts
Gaspiller, dépenser de toutes les façons possibles. Vivre sa vie de manière très intense, sans se
préoccuper des conséquences. Se dépenser, se fatiguer excessivement.
Das Geld zum Fenster hinauswerfen. Seine Gesundheit durch Maßlosigkeit ruinieren
Cette expression est attestée dès le XVIe siècle. Objets plus ou moins luxueux selon qu'ils étaient constitués de
suif ou de cire, les chandelles étaient toujours coûteuses pour les maisons modestes. On les utilisait donc avec
parcimonie et il fallait penser à les souffler ou les « moucher » dès qu’on n’en avait plus besoin.
Celui qui avait l'idée stupide d'allumer une chandelle par les deux bouts gaspillait ce précieux objet puisqu'il fondait
deux fois plus vite, pour un gain en lumière négligeable.
devoir une fière chandelle à quelqu’un
Avoir une grande dette de reconnaissance envers quelqu'un. Jemandem viel zu verdanken haben.
Si quelqu'un vous sauvait de la noyade ou de tout autre danger, on allait autrefois faire brûler un cierge à l’église
pour lui en témoignage de reconnaissance. « Fier » a ici le sens de 'grand', 'fort' ou 'remarquable'.
voir trente-six chandelles
Etre sonné. Die Engel singen hören. Sterne sehen.
Au XVème siècle, on disait "voir les chandelles". Cette expression signifie que l'on est tout étourdi, soit à la suite
d'un choc physique, soit à l'annonce d'une nouvelle bouleversante.
vente à la bougie / à la chandelle
Forme spéciale de ventes aux enchères. Versteigerung mit brennender Kerze, mit Kerzenuhr.
Cette coutume très ancienne se fait au moment de la dernière enchère. On allume alors une petite mèche qui,
lorsqu’elle s’éteint, au bout de trente secondes, laisse monter une fumée. Une deuxième chandelle est allumée
puis une troisième. Lorsqu’elle s’éteint, si aucune autre nouvelle enchère ne survient pendant ce temps,
l’adjudication est prononcée au profit du dernier enchérisseur.
La vente des vins des Hospices de Beaune (Bourgogne) était pratiquée de cette manière
vendre la mèche
Trahir le secret (d'un complot). Das Geheimnis verraten
La mèche dont il s’agit ici est celle qui permettait aux artificiers de faire exploser des mines ou de faire partir des
pièces d'artillerie. Lorsqu'un artificier éventait (exposait à l'air) ou découvrait la mèche d'une mine ou d'un engin
explosif ennemi, il permettait d'en éviter les dégâts. Le verbe 'éventer' a d'abord eu la signification "exposer au
vent, à l'air", puis celui de "ébruiter, divulguer" avant de prendre enfin celui de "trouver, découvrir".
Par métaphore "éventer la mèche" est devenu "découvrir les dessous d'un complot (avant qu'il fasse des dégâts)
ou d'une affaire devant demeurer cachée".
Puis, à partir du XIXe siècle, le mot 'vendre' au sens de 'trahir' (cf. "tu n'es qu'un vendu !") est venu se greffer sur
l'expression d'origine.
En allemand, on trouve une idée semblable dans l’expression « die Lunte riechen“: die Lunte war
ursprünglich ein langsam brennendes Seil, welches zum Zünden von Vorderladergewehren und Kanonen benutzt
wurde. Der typische Geruch dieser brennenden Lunten ließ beispielsweise rechtzeitig einen Feind einen Hinterhalt
und Wildtiere einen Jäger erkennen
être de mèche avec quelqu’un
Être de connivence (avec quelqu'un). Mit jemandem unter einer Decke stecken
Selon les lexicographes, rien à voir avec la mèche d’une bougie. « Mèche » viendrait du gascon ou du provençal
'mech' qui veut dire 'moitié' (cf. 'mezzo' en italien qui signifie aussi 'moitié 'ou 'moyen')
A la fin du XVIIIe siècle, lorsque cette expression apparaît, "être de mèche" a le sens de "être de moitié dans un
coup, un partage".