Demande ESTA USA Pour La France

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Demande ESTA USA Pour La France
Céline PREVOT
Directeur de mémoire :
CeFEdeM Ile-de-France
Session 2002-2004
Alain LAMME
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Sommaire
Introduction
I. Biographie de Vieuxtemps, sa carrière, ses violons et son intérêt pour l'alto.
II. les Concertos pour violon
III. l'Apport des Concertos dans l'éducation violonistique
Conclusion
Annexes
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Introduction
J'ai aimé travailler les œuvres de Vieuxtemps et continue à en jouer avec beaucoup de joie. Sa
musique n'a pas toujours à mon sens la place qu'elle mérite. Il n'existe plus ou très peu
d'ouvrages sur Henri Vieuxtemps. J'ai donc voulu essayer de retracer au travers de ce
mémoire sa vie, son œuvre, et l’intérêt pédagogique qui en découle.
Nous évoquerons donc des éléments de sa biographie, ses tournées et sa carrière. Il tenait
beaucoup à la pratique de la musique de chambre et à celle des compositeurs classiques et
baroques.
Nous découvrirons brièvement un Henri Vieuxtemps altiste : il jouait, composait et enseignait
également l'alto.
Nous présenterons les concertos de Vieuxtemps, les circonstances de leur écriture et nous
démontrerons grâce aux témoignages de ses contemporains que Vieuxtemps était admiré et
sollicité comme virtuose et comme compositeur. Ce n'est sûrement pas un hasard si les grands
violonistes tels que Leonid Kogan, Yasha Heifetz et beaucoup d'autres ont joué ses oeuvres en
concert et les ont enregistrées.
J'ai interrogé bon nombre de professeurs de parcours et de générations différentes. La grande
majorité d'entre eux arrive à la même conclusion: ces concertos sont indispensables à
l'éducation violonistique.
En tant qu'enseignante, j'ai eu envie de transmettre à mes élèves tout l’intérêt que je porte à la
musique de Vieuxtemps.
J'ai pu constater que les progrès des élèves ne sont pas fait attendre. Techniquement, les
concertos sont très variés. Ils permettent par ailleurs d'acquérir une démarche plus autonome
face à la partition. Ils conduisent l’apprenti violoniste à prendre conscience de l'importance
qu’il y a à personnaliser son jeu. Les concertos de Vieuxtemps sont le passage obligé du rôle
d'élève à celui de musicien.
Nous essayerons de le démontrer en nous appuyant sur le premier mouvement du 4ème
concerto de Vieuxtemps pour l'application pédagogique. Elle n'est qu'un exemple succinct de
l'exploitation possible de cette partition avec des élèves.
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1. Biographie de Vieuxtemps, sa carrière,
ses violons et son intérêt pour l’alto
1.0. La vie d’Henri Vieuxtemps et sa carrière
Henri Vieuxtemps est né à Verviers en Belgique le 17 février 1820. Il est le fils de JeanFrançois et Albertine Ansemme. Issu d'une famille de musiciens, il est l'aîné de quatre frères
dont deux sont instrumentistes. Lucien (1828-1901) et Ernest (1832-1896) sont
respectivement pianiste et violoncelliste.
Henri étudie le violon d'abord avec son père, luthier et violoniste à ses heures.
En 1826, il joue à l'âge de 6 ans, avec orchestre, le 5ème concerto de Pierre Rode (1774-1830)
et le double concerto pour violon de Kreutzer avec son professeur.
Il rencontre ensuite Charles de Bériot (1802-1870) à Amsterdam. Ce dernier s'intéresse à ses
capacités et le fait rentrer au Conservatoire de Paris.
Charles de Bériot
L'admiration que Vieuxtemps voue à son maître frôle le fanatisme à tel point que Bériot lui dit
un jour: "Mais malheureux, si tu continues ainsi à me copier, tu ne seras jamais qu'un petit de
Bériot, et il faut que tu deviennes toi-même."
(source : http://www.gold-music.com/fiches/fiche_21135.php)
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Henri Vieuxtemps s'attache à étudier les compositeurs tels que Corelli, Tartini, Kreutzer et
Rode afin d'acquérir une technique plus souple dans son jeu d'archet et la souplesse de ses
bras.
Avec l'appui de Bériot, la famille Vieuxtemps reçoit une rente de 300 florins du Roi
Guillaume des Pays-Bas afin d'encourager le talent du jeune Henri.
Bériot le produit à Paris aux entre-actes de l'Opéra.
C'est sous la direction de Mademoiselle Ragué que le jeune Vieuxtemps apprend à connaître
la musique de Haydn, Mozart et Beethoven. Il s'en inspire alors pour écrire des airs variés et
des chansons.
La collaboration entre Charles de Bériot et Henri Vieuxtemps dure quatre années de 1827 à
1831. Le départ du maître pour l'Italie laisse le jeune violoniste alors âgé de 11 ans livré à luimême.
En 1829, il débute sa carrière de violoniste à Paris dans le 7ème concerto de Rode.
Il rencontre une pianiste Pauline Garcia avec qui il découvre la musique de chambre. Ils
jouent ensemble les œuvres de Schubert, Beethoven et Mozart.
Il enchaîne alors avec de nombreuses tournées en soliste, notamment en Allemagne, Autriche,
Londres.
De 1833 à 1834, il étudie la composition avec Simon Sechter qui eut comme élèves Schubert
et Bruckner, puis il rencontre Czerny.
Il découvre, grâce à ce dernier, le génie de Beethoven dont il joue pour la première fois le
concerto pour violon. C'est à Vienne qu'il a l'audace de le mettre au programme : en effet, le
concerto de Beethoven n'a jamais été rejoué depuis sa création par Franz Clemens en 1806.
Par la suite, on retrouve Vieuxtemps à Prague et à Leipzig où Schumann le compare à
Paganini.
En juillet 1834, il entre à la Société Philharmonique de Londres où il est très apprécié lors de
sa prestation du cinquième Air Varié de Charles de Bériot. C'est également à Londres, à
l'occasion d'un concert privé, que Vieuxtemps rencontre Paganini (1782-1840) qui le félicite
chaleureusement.
De 1835 à 1836, il déménage à Paris. Il y rencontre Reicha qui fut le professeur de Dancla,
Baillot, Rode, Onslow, Gounod, Liszt, Berlioz et Franck. Il approfondit ses connaissances en
matière de composition et écrit alors son premier concerto qui sera publié plus tard comme
Concerto numéro 2.
En 1836 jusqu’en 1838, il effectue des tournées en Autriche, Allemagne, Pologne et Russie.
Il est contraint d'y passer l'hiver pour des raisons de santé. Il en profite pour composer la
"Fantaisie-Caprice" en La min. Il écrit également le Concerto n°1 en Mi avec l’aide de
François Servais (1807-1866).
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François Servais
Ce dernier est professeur de violoncelle au conservatoire de Bruxelles, concertiste et
compositeur. Il connaît et reçoit Franz Liszt dans sa maison. Sa fille aînée sera la maîtresse de
Mallarmé et l'élève de Fauré.
Vieuxtemps joue son Concerto n°1 et sa "Fantaisie-Caprice "pour la première fois en 1840
au grand théâtre de Saint-Petersbourg. Il remporte un grand succès.
Il repart ensuite en tournée aux Etats-Unis et en Russie où il joue ses Variations sur "Yankee
Doodle". Il fait un triomphe.
Ses œuvres sont jouées en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne et en Autriche.
Durant toutes ses tournées, il contribue à faire connaître les quatuors à cordes de Beethoven. Il
se produit aussi bien en tant que soliste qu'en musique de chambre. Il perpétue ainsi la
tradition du célèbre violoniste Baillot (1771-1842).
En 1844, après un voyage en Amérique, Henri se marie avec Joséphine Eder, pianiste
viennoise.
De retour aux Pays-Bas, en 1845, on le décore de l'Ordre de la Couronne de Chêne.
Vieuxtemps n’a encore que 25 ans.
Durant cinq années, de 1846 à 1851, il interrompt ses voyages pour vivre sa vie d'artiste et de
pédagogue à Saint-Petersbourg au service du Tsar Nicolas 1er.
Il est nommé violon solo du Tsar et écrit son quatrième concerto en Ré mineur.
Il joue les compositeurs classiques et beaucoup de musique de chambre : des quatuors dont
ceux de Beethoven, des trios ainsi que des solos de ballets. Le succès est au rendez-vous une
fois de plus.
Il compose ensuite son 5ème concerto, la "Fantaisie Appassionata, Ballade et Polonaise", et
bien d'autres pièces.
Il se rend ensuite à Constantinople où le sultan le décore.
En 1847, Vieuxtemps écrit ses "Six Morceaux de Salon" appelés parfois "Six Morceaux
Brillants. " Ils sont une série de pièces brillantes ou mélodiques pour violon et piano.
Mais sa période russe ne le satisfait pas. Il en trace ce constat: " J'y ai végété, agréablement si
l'on veut, mais végéter de 26 à 32 ans, les plus belles années de la vie d'un homme.
Néanmoins, l'art me soutenait, et malgré le froid excessif, malgré les chasse-neige et les
phénomènes des contrées boréales, j'y composai beaucoup de choses plus ou moins
importantes, entre autre mon concerto en ré mineur."
Durant les années 1848 et 1849, Vieuxtemps voyage dans toute l’Amérique. Puis il revient
enseigner à Bruxelles en 1850.
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En 1853, le père et le fils Vieuxtemps partent en Allemagne où Henri rencontre Spohr. Il
remporte dans ce pays un grand succès.
Deux ans plus tard, Vieuxtemps achète une petite propriété à Francfort de façon à habiter au
cœur de l'Europe où il devient un personnage célèbre, admiré et respecté. Puis il repart en
tournée avec son 5ème concerto en Amérique.
Durant les années 1858-59, il produit de nombreuses séances de musique de chambre. A
Paris, par exemple, il en organise quatre en soirée. Le prix de l'abonnement est de 40 francs.
On y joue les quatuors de Mozart, Haydn, Beethoven, Vieuxtemps, Schubert, Mendelssohn et
Schumann et même la "Chaconne" de Bach pour violon seul.
Au cours de l’année 1860, il est décoré à Stockholm par l'ordre de Wasa par Charles XIV.
Puis il rentre à Paris et crée un centre musical très actif. On lui propose de succéder à Léonard
à la tête de la classe de violon du conservatoire de Bruxelles, mais il refuse.
Vieuxtemps perd sa femme des suites du choléra en 1868. Il en éprouve un chagrin immense.
Il retourne en Amérique en 1870 pour y donner plus de 120 concerts. Puis il rentre à Bruxelles
où il crée un trio avec Joseph Servais, dont il est le parrain.
Vieuxtemps s’associe également à A.Rubinstein, à Mme Massart et à Jacquard pour quatre
séances de musique de chambre. Ils se produisent à la salle Pleyel dans un programme varié :
trio de Schubert, quatuors de Mendelssohn, Haydn, Beethoven, Schumann, Hummel et ceux
de Schubert dont "La Jeune Fille et la Mort ".
De 1871 à 1873, il accepte la charge, à nouveau, de la classe de perfectionnement du
Conservatoire de Bruxelles. Il écrit son 1er quatuor à cordes et dirige les Concerts Populaires.
En 1873, le 13 septembre, Henri Vieuxtemps est victime d'une première attaque de paralysie
du bras droit lors d'un concert à Nancy. Sa carrière de virtuose se termine pratiquement à ce
moment.
Il confie alors sa classe à Henrik Wieniawsky, élève de Lambert Massart.
L'acceptation de sa démission du Conservatoire de Bruxelles lui cause une peine immense. De
plus, son état empire: c'est le début de la paralysie du côté gauche.
Il se consacre alors à la direction et à l'écriture. Il compose un quatuor, " Voix Intimes", un
concerto pour violoncelle et les 6ème et 7ème concertos pour violon.
Il organise à nouveau de nombreuses séances de musique de chambre à Paris.
De 1876 à 1879, il a EugèneYsaÿe pour élève.
Dans le livre consacré à Eugène Ysaÿe, Michel Stockem raconte ("Eugène Ysaÿe et la
musique de chambre", édition Pierre Madaga 2001, page 27) :
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E. Ysaÿe, Couverture de l’Album Universel 1905
[…]"Disciple préféré du vieil homme, Eugène, le cœur serré, assiste aux progrès de la
maladie. En 1920, commémorant le centenaire de Vieuxtemps, Eugène Ysaÿe s'en souviendra
en ces termes: Vieuxtemps fut paralysé, condamné plusieurs années avant sa mort à ne plus
toucher l'instrument dont il avait été le maître absolu… Ah! Je le vois encore, les mains
teinturées d'iode, espérant recouvrer quelque force physique pour manier l'archet. Mais
celui-ci tremblait, vacillait, dans sa main affaiblie. Je le voyais souffrir sous l'effort. Lorsqu'il
touchait un violon, la vue de son impuissance me faisait mal et, doucement, je lui prenais
l'instrument des mains et jouais quelques passages de ses œuvres. "[…] Vieuxtemps découvre
vite en Eugène Ysaÿe un fils spirituel et, en dépit de ses souffrances, le maître se réjouit. Il
sait que son œuvre, son savoir, sa technique ne disparaîtront pas, assimilés qu’ils sont par son
élève et disciple.[…]
Henri Vieuxtemps donnera son Amati à Eugène Ysaÿe, ce qui prouve l’intensité de la relation
qu'entretenaient les deux hommes.
Dès 1879, il démissionne suite à une seconde attaque. Les médecins lui conseillent les climats
chauds. Il se retire alors à Mustapha près d'Alger en Algérie au sanatorium de son beau-fils, le
docteur Landowski.
Vieuxtemps et sa famille en Algérie
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Il continue malgré tout à composer, frustré de ne plus pouvoir interpréter ses propres œuvres.
Il continue également à organiser des soirées musicales.
En 1881, il dédie ses Etudes Op. 48 au Conservatoire de Paris en témoignage de
reconnaissance pour le soutien que lui ont apporté des artistes tels que Baillot, Habeneck et
Chevillard.
Il décède le 6 juin 1881 suite à une nouvelle crise de paralysie, à 61 ans seulement.
Sa dépouille est ramenée à Verviers où un monument est érigé en son honneur en 1898.
Place Henri Vieuxtemps à Verviers
1.1. Vieuxtemps et ses violons
On lui remet un Amati donné par le Comte Wielhorsky. Il possède également un Maggini et
plusieurs Stradivarius: le "Yardonof "de 1682, le "Berger" de 1700 ayant appartenu à Charles
de Bériot, le "Lvof " de 1707 (don du Général Lvof), le "Hauser" de 1710, le "Camposelice"
et celui qui porte son nom : le "Vieuxtemps". Le Comte Strogonoff, à qui il dédie une de ses
pièces, le lui offre.
Mais de tous ses violons, Vieuxtemps préfère son Guarnerius.
1.2. Vieuxtemps et son intérêt pour l’alto
Si Vieuxtemps est mondialement reconnu en tant que violoniste, on le connaît moins sous ses
talents d'altiste. Il enseigne d'ailleurs l'alto à ses élèves violonistes.
Il compose de nombreuses oeuvres pour cet instrument. Dans les années 1830, "Harold en
Italie" de Berlioz est la seule pièce concertante mettant vraiment en valeur l'alto.
En effet, il reste cantonné au seul rôle d’instrument d'orchestre ou de musique de chambre.
L’alto est peu utilisé comme instrument concertant.
En 1863, Vieuxtemps publie une sonate Op. 36 pour alto. Elle s'inscrit dans la lignée des
grandes sonates romantiques.
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La sonate Opus posthume, inachevée, est publiée en 1883, deux ans après la mort de
Vieuxtemps. Elle a pour titre "Allegro et Scherzo" en si bémol majeur.
Lors de son voyage en Russie de 1846 à 1851, on suppose qu'il compose "l'Elégie" Op. 30 et
"La Nuit". Ce sont des pièces de genre.
En 1883 le Capriccio Opus posthume pour alto solo est édité. Il complète un recueil de 6
morceaux écrits pour violon solo.
Il redonne à l'alto ses lettres de noblesses en lui donnant un rôle de soliste avec autant de brio
que le violon et le violoncelle.
C’est une manière d’inviter d'autres compositeurs à écrire pour l'alto, comme Brahms et
Hindemith.
Son alto, un Vuillaume, s’appelle aujourd’hui le "Vieuxtemps". Il est actuellement joué par
Jean-Baptiste Brunier.
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2. Les Concertos pour violon.
Henri Vieuxtemps
Vieuxtemps eut une réputation exemplaire auprès des pédagogues, des compositeurs et
violonistes de son temps.
Les concertos de Vieuxtemps ont d’emblée été jugés dignes d'intérêt non seulement sur le
plan de la partition du solo, mais de l'orchestre et de l'ensemble.
Nous soulignerons cet intérêt au travers d’une brève analyse de ces concertos et de
témoignages de ses contemporains.
Pour rédiger cette partie, nous avons tenté de trouver des ouvrages consacrés au compositeur.
De manière surprenante, en contraste avec le renom traditionnel de l’œuvre de Vieuxtemps,
fort peu d’écrits existent.
Nous n'avons trouvé que "Vieuxtemps" de L.Ginsburg édité par Dr Herbert et R. Axelrod,
traduit en anglais par I. Levin, Paganini publication, 1984.
Nous avons également pris l’initiative de nous mettre en contact avec la petite-fille du
compositeur, elle-même musicienne.
Voici les éléments dont cet entretien nous a enrichis.
Vieuxtemps a effectué trois tournées en Amérique. Il a même été décoré en Louisiane.
Menuhin, qui jouait son cinquième concerto, disait que Vieuxtemps était le Chopin du violon.
Jeannine Vieuxtemps nous a confié que son arrière-grand-père avait beaucoup d'humour et
que sa musique, d'après elle, n'était pas toujours à prendre au premier degré. Pour Jeannine
Vieuxtemps ces touches d'humour contenues dans la musique de Vieuxtemps étaient
volontaires de sa part.
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2.0. Le 1er Concerto (Op .10 en Mi Maj.)
En 1838, Vieuxtemps fait une tournée en Russie et affronte avec succès les virtuoses Karol
Lipinski, Ole Bull. C’est à Saint-Pétersbourg en 1840 qu’il écrit ses premières œuvres, dont le
concerto n.1 et une fantaisie en La mineur. Il les écrit en collaboration avec François Servais.
Il comporte trois mouvements.
Ce concerto commence par une exposition qui contient déjà l’essentiel des couleurs du
premier thème, en alternance avec des épisodes virtuoses qui sont les témoins de la parenté
entre ces concertos et ceux de Viotti.
Viotti
Le second thème en Si Majeur, qui conduit vers un bref récitatif, est mélodique. Ce
raffinement est souligné par le caractère de récitatif.
L'Adagio est riche en fioritures et ressemble à un Aria d'Opéra romantique.
Le Rondo final développe de nombreuses variations. Au milieu, comme pour respirer,
Vieuxtemps écrit un Andante Tranquillo.
Hector Berlioz dit à propos du premier concerto de Vieuxtemps: "Ce concerto est typique de
son époque. Avec lui commence une ère de progrès. Il deviendra un grand compositeur." Par
la suite, Berlioz entend ce concerto interprété par son auteur et déclare ne pas savoir s'il devait
admirer le virtuose ou le compositeur.
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Hector Berlioz
Ysaÿe quant à lui écrit à propos de ce premier concerto : "C'est sa pièce maîtresse. Les
troisième et quatrième concertos largement plus connus, découlent du premier. Il a non
seulement innové, mais il a créé." Au sujet de la liberté que Vieuxtemps laisse à l'interprète,
Ysaÿe écrit: "Disons que c'est comme une source de réconfort, où l'âme se réjouit dans
l'espoir, le secret et la sérénité… Oh! Quel beau chant! Quelle tendresse se dégage là d'un
simple accord! C'est frappant! Le violoniste expire une sorte de démission, à voix basse."
(source : "Eugène Ysaÿe: Le Sacre du Violon" de Maxime Benoît-Jeannnin (édition le Cri
2001)
Léopold Auer, violoniste renommé et pédagogue célèbre, s'exclama "[…]ce premier concerto
est un véritable concerto symphonique[... ]. Les concertos de Vieuxtemps, spécialement le
premier en La mineur, sont magnifiquement écrits pour le violon avec alternance de passages
virtuoses et mélodiques."
Léopold Auer
Jean Radoux, son meilleur biographe souligne: « Le génie propre de Vieuxtemps se manifeste
dans le premier mouvement de ce concerto en Mi. Un son large, un phrasé expressif, une
virtuosité qui ne sacrifie pas le beau chant. Voilà la direction empruntée par le virtuosecompositeur de 20 ans et, à son exemple, par toute l'école liégeoise. »
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En 1887, Matthieu Crickboom a 16 ans et décroche son diplôme supérieur en exécutant le 1er
Concerto de Vieuxtemps et celui de Bruch.
2.2. Le 2ème Concerto : (fa # min)
Ce concerto est en fait le premier que Vieuxtemps écrit. Son optique, après avoir reçu les
précieux conseils de Reicha, est de " combiner la grande forme du concerto viottien avec les
impératifs de la technique moderne ". (source : pochette du disque des 2ème et 3ème concertos
par Keylin)
Il ressemble au 2ème concerto de Paganini. En effet, le caractère de ce concerto ressemble à
celui des opéras avec ces grands tuttis et ces récitatifs.
Le 1er mouvement (allegro) commence par une introduction héroïque orchestrale, suivie d’une
mélodie expressive, qui reparaît au violon solo comme second thème. Le soliste joue des
passages mélodiques qui alternent avec les démonstrations techniques brillantes et variées.
Le second mouvement (andante) est une romance en trois parties avec une section centrale qui
sonne comme un choral. En effet l'écriture est parallèle pour tous les instruments.
Le dernier mouvement (allegro) est en forme de Rondo et rappelle la "Campanella" du second
concerto de Paganini. L’écriture des traits rappelle celle d’Ernst.
La cadence est située à une place différente des concertos classiques. En effet, elle ne se situe
pas au milieu, mais à la fin du mouvement, ce qui témoigne de la quête d’une forme nouvelle
de la part du jeune compositeur.
2.3. Le 3ème Concerto : (La M)
Vieuxtemps l'écrit en 1844 après une tournée aux Etats-Unis. Il y a précisé de nombreuses
indications de phrasés, notamment dans le second mouvement.
Le caractère léger du dernier mouvement est exprimé au moyen du sautillé et du staccato.
Ysaÿe (source :"Eugène Ysaÿe: Le Sacre du Violon" de Maxime Benoît-Jeannnin (édition le
Cri 2001) le qualifie de poème, plus que de concerto. "Il a besoin d'un poète, d'un conteur, et
même d'un tragédien pour interpréter le premier mouvement avec un style approprié. Quant
au second solo, spécialement le passage en Do mineur, est un des mouvements les plus
dramatique."
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Le premier mouvement débute par une introduction orchestrale contenant deux thèmes. L’un
a un caractère dramatique et le second plutôt tendre. Le plus frappant est l’utilisation des
timbales lors de l’épisode final : certainement un clin d’œil au concerto de Beethoven.
Suit un second mouvement en Do M, puis un Rondo final au caractère raffiné et délicat. En
effet, Vieuxtemps précise : Con Delicatezza.
2.4. Le 4ème Concerto : (Ré min )
En 1845, Vieuxtemps part pour St-Pétersbourg où la vie musicale est florissante. La musique
russe a une grande influence sur lui. Il écrit de nombreuses oeuvres basées sur des thèmes
russes.
C'est en décembre 1851, à Paris, que Vieuxtemps décide de faire entendre son 4ème concerto.
Il remporte un immense succès.
Vingt ans plus tard, en 1872, cette œuvre est la plus jouée de tous les concertos pour violon.
Vieuxtemps est alors au sommet de sa gloire.
Dans cette oeuvre, Vieuxtemps crée quatre tableaux musicaux. Il rejette la structure classique
traditionnelle, ce concerto s’articulant en quatre mouvements au lieu des trois habituels. De
plus, dans chacun des mouvements, Vieuxtemps réinsère les thèmes joués lors des
mouvements précédents.
Le premier mouvement (andante) sonne comme le prélude d’un drame. L’introduction
orchestrale est suivie d’un récitatif virtuose héroïque du violon solo. Dans la cadence on
trouve le thème du quatrième mouvement, ce qui est encore une innovation.
Le second mouvement (allegro religioso),en trois parties, navigue entre deux thèmes.
Le troisième mouvement est l’un des plus brillants avec des airs de musique de chasse, et au
centre, une section pastorale en trio.
Le dernier mouvement (Finale marziale) commence par un clin d’œil à l’Andante du premier
mouvement, une manière peut-être de boucler ce drame musical… Ce final est de forme
sonate. Le second thème est issu du thème de la cadence du premier mouvement. Il est
transposé en majeur.
En janvier 1885, à Saint-Pétersbourg, Ysaye interprète ce 4ème concerto sous la direction de
Rubinstein à la Société Russe de Musique et enchaînera avec une tournée en Finlande, dans
les pays baltes, en Russie puis ira en Roumanie y faire ses débuts.
Berlioz s'exprime sur ce quatrième concerto: " ... je ferai surtout remarquer la beauté et la
savante ordonnance de ses compositions. Ce sont des œuvres de maître dont le style
mélodique est toujours noble et digne, où l'harmonie est constamment mise en relief par une
instrumentation ingénieuse et d'un beau coloris".
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Il écrit également dans son feuilleton du Journal des Débats, à propos de son jeu et de la
composition en elle-même : "Le talent de Vieuxtemps est merveilleux; ses qualités
dominantes sont la grandeur, l'aplomb, la majesté et un goût irréprochable … Ce concerto est
une magnifique symphonie avec violon principal."
(source : http://www.gold-music.com/fiches/fiche_21135.php)
Tchaïkovski lui aussi encense Vieuxtemps: "Ce quatrième concerto est beau, poétique, très
réussi et excellemment orchestré. "(source : pochette du CD des 2ème, 4ème et 5ème concertos
par Makov)
2.5. Le 5ème Concerto : (La min)
Ecrit à Paris en 1861 comme « pièce de concours » pour le Conservatoire de Bruxelles à la
demande d’Hubert Léonard (1819-1890), il est surnommé le « Grétry ».
André Modeste Grétry, né à Liège le 8.02.1741 et mort à Montmorency le 24.09.1813, est un
compositeur français d'origine wallonne. Il est admiré par Grimm, Diderot et même Rousseau.
Il est un modèle du genre de l'opéra comique. Son oeuvre la plus connue est "Richard Cœur
de Lion". Il devient écrivain et écrit ses mémoires à la fin de sa vie.
Grétry, gravure
Ce cinquième concerto est le plus joué de ceux de Vieuxtemps aujourd'hui encore. En effet il
est donné au programme des Concours Internationaux de Gênes 2000 et 2001 en demi-finale.
Il apparaît également au programme du Concours International de Sion 2004 en demi-finale
au même titre que le quatrième concerto.
Ysaÿe a été entendu pour la première fois par Vieuxtemps dans ce cinquième concerto.
Tout comme dans le quatrième, le compositeur s’éloigne de la structure traditionnelle en trois
mouvements. En effet, le cinquième est en un seul mouvement.
Vieuxtemps propose deux cadences aux choix des interprètes.
Eugène Ysaÿe écrit dans une étude sur l’œuvre de son maître : « C’est le plus difficile des
concertos de Vieuxtemps. Difficile, d’abord, par le rapprochement extrême des passages
délicats. Et, ensuite, parce que la virtuosité exigée ne peut produire son effet que si
l’exécutant enlève les traits non seulement avec une aisance souveraine mais en y mettant une
très perceptible sensibilité. »
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Il a été interprété par l’américain Elmar Oliveira lors de la finale du sixième Concours
International « Tchaïkovski » et il y a d’ailleurs remporté le premier prix.
D’autres grands violonistes l’ont interprété : Léopold Auer, David Oïstrakh, Henrik Szeryng.
Il a également été enregistré par Leonid Kogan (1952).
2.6. Les 6ème et 7ème Concertos :
Entre 1879 et 1881, Vieuxtemps compose ses 6ème et 7ème à Mustapha-Supérieur, près
d’Alger, mais il est déjà paralysé du côté gauche et sa maladie ne fait que s’aggraver.
Le 7ème concerto
Dans les 6ème et 7ème concertos, Vieuxtemps semble vouloir rejeter le style virtuose : il n’y a
même plus de cadence.
Alberto Bachmann (1875-1963) publie un article dans "The Great Violonists of the Past"
dans lequel il reconnaît l’importance des 6ème et 7ème concertos pour enseigner le phrasé,
mais pense qu'ils n'apportent rien de nouveau.
Il est en trois mouvements : Moderato, Mélancolie et Final.
Le premier mouvement est écrit dans une forme éloignée de la forme sonate. Il comporte
deux thèmes. Le principal est en mi-mineur et le second en La Majeur.
Le développement est orchestral et la coda est virtuose. Les thèmes de ce mouvement
contrastent aussi bien dans les modes (Majeur/mineur) que dans l’atmosphère. La Mélancolie
(Andante sostenuto) est un court mouvement dans une atmosphère touchante. Il est en trois
parties avec une coda.
Le principal thème est dans le style de la Tarentelle, une danse italienne basée sur les rythmes
deux fois trois croches et noire croche deux fois.
L’accompagnement de l’orchestre du second thème est construit sur le rythme d’une
Habanera: triolet suivi de deux croches binaires.
2.7. Le 8ème Concerto : (inachevé)
Alberto Bachman exprime son opinion sur l’Allegro de l’inachevé 8ème concerto : « Il est
supérieur aux deux précédents ; en effet, il est très riche, très satisfaisant à jouer, plein de
largesse et d’idées d’expression. »
2.8. Les autres œuvres
Vieuxtemps écrit également de nombreuses pièces pour violon et piano qui sont programmées
dans les plus grandes salles et jouées par les plus grands interprètes. En voici un exemple :
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Programme du concert du 13 mars 1914 au Carnegie Hall de New York (lors d’un gala
de charité) avec au violon Ysaÿe et au piano Decreus:
Sonate Op.30/2 de Beethoven
Concerto en Si de Saint-Saëns
Chaconne de Vitali
Preislied des Maîtres-Chanteurs de Wagner/Wilhelmj
Caprice Viennois de Fritz Kreisler
Ballade et Polonaise de Vieuxtemps
On retrouve les pièces de Vieuxtemps au programme de concours internationaux. En voici
exemples:
Programme du Concours International Tchaïkovski, année 1974 (ce fut le dernier que
David Oïstrakh présida)
•
Eliminatoire: sélection sur dossier avec écoute d'un enregistrement du
candidat.
• Premier tour:
- Adagio et Fugue de la sonate en Sol m ou en Do M, grave et fugue de
la sonate en la m de J.S. BACH, au choix.
- 1er mouvement d'un concerto de Mozart au choix
- 2 caprices de Paganini dont un parmi les 1,2,4,11,12,15,17,24.
- Valse Scherzo de Tchaïkovski
•
•
Second tour:
- Une sonate de BEETHOVEN, BRAHMS, PROKOFIEV ou
CHOSTAKOVITCH au choix.
- Une pièce de virtuosité de 10 minutes maximum parmi les auteurs
suivants: WIENIAWSKI, VIEUXTEMPS, SARASATE, ERNST,
BAZZINI, PAGANINI, RAVEL, SAINT-SAËNS, YSAYE.
- etc.…
Finale:
-
Le concerto de Tchaïkovski
Un grand concerto du répertoire
Programme du Concours International Reine Elizabeth session 2004-2005
•
Epreuve facultative (durée maximum 45') :
1. Un mouvement d'une sonate ou partita de J.S. BACH
2. Un extrait d'un concerto de W.A. Mozart
3. Une œuvre à choisir parmi celles de
N. PAGANINI, H.
VIEUXTEMPS, H. WIENIAWSKI, E. YSAYE
- 18 -
•
Seconde épreuve:
1. Un mouvement d'une sonate ou partita de J.S. BACH
2. Un extrait d'un concerto de W.A. Mozart
3. Une œuvre à choisir parmi celles de
N. PAGANINI, H.
VIEUXTEMPS, H. WIENIAWSKI, E. YSAYE
4. Un mouvement d'une sonate de BEETHOVEN
5. Un programme libre de 20 à 25 minutes.
•
Troisième épreuve: à déterminer (au moment de la recherche)
2.9 D’autres témoignages élogieux
Vieuxtemps a sa place en tant que compositeur, interprète et pédagogue.
En effet, en ce qui concerne Vieuxtemps compositeur : Tchaïkovski et Berlioz font son éloge,
ce qui prouve qu'il a sa place en tant que compositeur.
Vieuxtemps, virtuose
A propos du jeu de Vieuxtemps, Paganini prédit : "Ce petit garçon deviendra grand homme ".
(Source : http://www.gold-music.com/fiches/fiche_21135.php). Quant à Schumann, il déclare
qu’il peut soutenir la comparaison avec Paganini lui-même.
En 1834, H. Vieuxtemps joue le concerto de Beethoven à Vienne et à Leipzig, et Schumann
écrit en l’entendant : "Quiconque se présente devant le monde ne doit être ni trop jeune ni
trop vieux, mais florissant : non seulement par-ci par-là, mais à pleine tige. Pour Henri, on
peut fermer les yeux en toute confiance. Comme une fleur embaume, ainsi rayonne ce jeu. Son
exécution est achevée, absolument magistrale. Réellement, quand on parle de Vieuxtemps, la
pensée peut bien se reporter sur Paganini […]. Nous restons là, pris à l’improviste, du
premier au dernier son, comme dans un cercle magique qui s’enroule autour de nous sans
que nous en puissions apercevoir le commencement ni la fin."
L’abondance des éloges, par les plus grands, que nous avons tenté de refléter ci-dessus
autorise à considérer que Vieuxtemps était reconnu comme l’un des plus grands violonistes de
son époque.
Mais à cette réputation de virtuose, s’ajoute celle de pédagogue majeur.
Vieuxtemps, pédagogue
Vieuxtemps est à l'origine de la grande école franco-belge du violon.
Virtuose et compositeur admiré par Berlioz et par Schumann, Vieuxtemps forma de nombreux
disciples, tant en Russie qu’à Paris et à Bruxelles (de 1871 à 1873).
- 19 -
Eugène Ysaÿe
Eugène Ysa^ye (né en 1858 et mort en 1933), son élève le plus célèbre, reconnaît dans son
livre « Vieuxtemps, mon Maître » (ouvrage que nous n'avons pas réussi à nous procurer, mais
dont certains passages sont cités dans les deux livres sur Ysaÿe):
" Vieuxtemps fut notre maître à tous […]Dieu lui octroya le pouvoir d’émouvoir et de
réjouir avec un simple instrument de bois. Il y mit une exquise sensibilité et une rare
grandeur[…]
Doué d’une façon particulière, possédant une belle qualité de son et une conception
simple et naturelle, en même temps qu’un mécanisme de bon aloi, vous aperceviez les
dons qui le distinguent et le destinent à atteindre très haut dans l’avenir […]
L’Art de Vieuxtemps est fait d’une forme large, de traits nouveaux, de détails et de
dessins dont la variété et ma richesse étaient avant inconnues… Sa conception diffère
de celle de Tartini, Locatelli, Paganini. Il écrira comme eux des traits, des passages
difficiles, des combinaisons sonores de tous genres.
Mais il ajoutera des sentiments, des couleurs ; il en fera des tableaux évoquant des
joies et des douleurs. Il y aura là le langage de la vie ! "
Ysaÿe est son plus grand élève, disciple, et sera plus tard son plus grand défenseur.
Hubay
- 20 -
Vieuxtemps forme également le violoniste hongrois Hubay. Ce dernier étudie aussi avec
Joachim à Berlin. Vieuxtemps propose Hubay comme professeur de violon au conservatoire
de Bruxelles, poste que Wieniawski tiendra lui-même. En 1886, le ministre de l'éducation de
Hongrie nomme Hubay à la tête de la classe de violon de l’Académie de Musique de
Budapest qu'il finira par diriger. Hubay est un grand pédagogue et a composé de nombreuses
oeuvres et méthodes pour violon.
Vieuxtemps crée une école de violon. Deux particularités lui sont propres.
La premièrement: le travail du répertoire baroque, chose nouvelle à cette époque. Il pense
qu'il est la base de toute la musique et la technique d'aujourd'hui. Il enseigne régulièrement
Corelli, Tartini, Telemann et Bach.
La seconde : l'importance de la musique de chambre. Il organise des séances hebdomadaires
de musique de chambre. Chaque semaine, Vieuxtemps invite un violoncelliste pour une
séance. On forme un quatuor et on joue, attentifs aux exigences du « maître ».
- 21 -
3. L'Apport des Concertos de Vieuxtemps dans
l'Education Violonistique
L'interview de plusieurs professeurs, de divers horizons enseignant dans un CNR en région
parisienne ou en province, dans des ENM ou encore aux CNSM de Lyon ou de Paris et de
toutes les générations, donnent les mêmes résultats.
En effet tous pensent que les concertos de Vieuxtemps sont inévitables dans l'apprentissage
du violon. Ils font le lien entre les concertos d'étude et ceux du répertoire.
La majorité des professeurs interrogés les abordent avec le quatrième à partir de la fin du 2ème
cycle ou début du 3ème; mais ils précisent que ces paramètres s'adaptent à chaque élève.
Nous décidons donc d'illustrer l'application pédagogique avec le premier mouvement du
quatrième concerto.
Une copie de la partition se trouve en annexe.
Si nous limitons la démonstration à ce concerto, ce n'est que pour une question pratique.
Dans les pages qui suivent, les options d’interprétations que nous suivrons proviennent de la
longue pratique de l’œuvre, pratique que nous avons évoquée dans l’introduction de notre
travail.
A l’influence des enseignants qui nous l’ont fait découvrir et travailler, se combinent des
recherches personnelles nourries notamment de l’écoute de grands interprètes (Voir Eléments
discographiques fournis en partie Annexe).
Au-delà des lignes de conduite majeures, il reste bien entendu des choix dont seule la
sensibilité de l’interprète qui se développe – l’élève -, sera maître. Nous indiquerons ces
moments «ouverts».
Nous présenterons cependant au terme de cette partie, une tentative de synthèse des points que
ce mouvement permet de développer.
3.0.
Apprendre à gérer les passages difficiles techniquement afin de les conduire
musicalement avec aisance.
a. Les mesures 8, 9, et 10 en donnent l'exemple:
Intervient une gamme qui demande une maîtrise totale de la main gauche dans la vitesse
puisque cette gamme doit ralentir. En effet, H. Vieuxtemps passe des triple-croches aux
croches, puis il écrit des double-croches avec des harmoniques artificielles. De plus, ce
changement de rythme s'accompagne d'un changement de coup d'archet: la gamme rapide est
liée et est détachée à partir des croches. Ceci exige donc une maîtrise et une synchronisation
de la main gauche et du bras droit.
Les deux dernières notes de l'introduction, le DO# et le RE, marquent l'entrée de l'orchestre et
le " vrai " début du concerto.
Les trémolos de l'accompagnement son très stimulants pour le violoniste.
- 22 -
b. Les mesures 12 à 18 sont l' « entrée en matière » du mouvement
Selon la personnalité de l'élève, ces mesures présenteront une difficulté plus ou moins grande.
Nous traiterons ci-dessous deux cas extrêmes: l'élève au jeu bien trempé qui n’hésite pas à se
lancer, l’élève plus introverti.
Avec le premier, il faut trouver musicalement l'équilibre entre l'enthousiasme et la
« propreté » du jeu. Souvent, l’élève trop enthousiaste, ne se maîtrisant pas, écrasera un peu
trop l'archet, et va accélérer. Ce passage est donc l'occasion de travailler l’attitude générale.
En revanche, il s’agira d’essayer de faire sortir l 'élève au caractère introverti de sa coquille.
Les trémolos étant stimulants, le professeur peut les jouer en cours pour l'aider. Le travail du
son fait prendre conscience à l'élève qu'il ne peut plus jouer avec un son d’apprenti mais de
violoniste qu'il est en train de devenir. Matériellement cela se traduit par une fluidité du jeu et
une manière de tenir le son pour créer une tension. L’enseignant peut faire écouter ces
mesures interprétées par un virtuose accompagné par un grand orchestre (David Oïstrakh, par
exempled. Le jeu deviendra brillant. Il insistera sur le fait que H. Vieuxtemps qualifie ce
passage : "appassionato".
Pour ce passage, le travail avec le jeune violoniste ne se base plus sur des conseils purement
techniques, mais sur des images et une prise de conscience de la nécessité d’entrer dans le
son, d’oser "sortir de ses gongs", voire même de se défouler en pensant aux sentiments les
plus forts, les plus violents ou les plus intenses. Ces indications valent pour tous les genres
d'élèves.
Que ce soit pour un type d'élève ou un autre, ce passage est un très bon prétexte pour l'élève
de gagner en maturité de jeu.
c. Les mesures 28 à 38: des exemples de difficultés techniques différentes
•
Mesures 28 et 29
Un changement d'atmosphère intervient. En effet, le passage précédent était un chant. Le
violon joue dans le suraigu et en syncope, pendant que l'orchestre s'agite avec des gammes en
double-croches et en crescendo. Le violoniste peut se chanter l'accompagnement lorsqu'il
travaille ce passage pour donner un sens au crescendo sur ce MI en syncope.
•
Mesures 30 à 38
Le même système suivant est utilisé trois fois: une note aiguë tenue suivie d'une gamme
descendante en croche pour les trois premières et en double-croches pour arriver jusqu'à la
corde de SOL.
Deux difficultés : l’opposition des vitesses d’archet, le jeu de la main gauche.
- 23 -
L’opposition des vitesses d'archet
Pour la première vitesse, la tenue du son de la note aiguë requiert une lenteur de l'ouverture du
bras avec un poids suffisant pour obtenir de la puissance sans altérer la qualité du son.
Le point de contact ne doit pas bouger pour un son homogène du début à la fin de ces deux
temps et demi. Cet équilibre est rendu plus ardu à cause de la tessiture.
L'autre vitesse d'archet se manifeste dans les gammes rapides et en détaché. Le coup d'archet
est rapide, donc la synchronisation se complique.
Outre la difficulté de main gauche, le bras droit doit exécuter un détaché avec de nombreux
changements de corde. Le jeu restera malgré tout fluide. Pour cela il est préférable d'équilibrer
souplesse et poids. Le passage est Sempre Fortissimo, Energico.
La Main Gauche
1 - La note de chaque début de phrase est de tessiture sur-aiguë alors que la dernière de la
phrase précédente se trouve à chaque fois dans le grave. Il est donc difficile de réussir ce
démanché d'autant qu'il n'y a qu'un demi-soupir pointé pour que la main aille se percher en
haut de la corde de MI.
Une des solutions: la respiration. En effet, le violoniste peut respirer pour accompagner le
geste régulier de la main gauche. Il peut également sentir un balancement du bras en se
chantant la partie du piano pendant le trajet.
2 - Les difficultés pour la main gauche sont multiples. Elle balaye tout le manche dans ce
passage ; obtenir la justesse exige donc une grande attention. De plus, cette gamme forme en
fait l'accord LA-DO#-MI-SOL, la seconde SI-RE#-FA#-LA, la dernière DO#-MI-SOL#-SI.
C'est également une marche harmonique : LA-SI-DO# sur huit mesures.
C'est l'occasion pour l'élève de se servir de son oreille harmonique afin de trouver une justesse
verticale, plus que mélodique.
Une fois ces points décortiqués, le violoniste essayera de conduire l'ensemble en trois phrases.
3.1. Les passages mélodiques de Vieuxtemps développent la recherche des timbres et des
couleurs.
c. Les mesures 22 à 27:
•
Mesures 22 à 24
Ici on retrouve un phénomène courant dans la musique : une mélodie triplement reprise. "Les
trois fois" : une première fois dans la mesure 22, une deuxième dans la mesure 23 et une
dernière dans la mesure 24.
- 24 -
L 'atmosphère de ce passage est particulière. En effet, tout redevient calme après la tempête
des mesures précédentes. Le violon est suspendu dans l'aigu et dans la nuance "P".
L'accompagnement est lui aussi très sobre avec une simple gamme descendante aux basse et
des accords discrets sur les temps faibles.
Les moyens d'expression sont nombreux.
Le vibrato peut être serré et lent, la vitesse d'archet plutôt lente et peu de poids, si le violoniste
désire un son un peu épais et calme.
S'il préfère un son plus aérien et plus fluide, alors la vitesse d'archet sera plus rapide avec le
moins de poids possible tout en gardant un grain de son. Le vibrato large et lent rendra la
couleur plus lumineuse.
C'est également l'occasion de laisser sonner le violon en étant le moins actif possible.
•
Mesures 24 à 27
A cet endroit le violon est inquiet: les trémolos dans le grave prouvent que quelque chose va
se passer. Mais l'élève ne peut se rendre compte de ce changement d'atmosphère qu'en ayant
pris connaissance de l'accompagnement. C'est l'occasion de montrer à l'élève que l'étude de la
partition et son analyse sont indispensables pour les choix d'interprétation qu'il aura à faire.
Il est intéressant de le signaler à l'élève puisqu'il retrouvera ce procédé des 3 fois dans toute la
littérature romantique. Ces « trois fois » peuvent se représenter comme trois marches qui
amènent à une nouvelle phrase.
Vieuxtemps précise la nuance, mais ce n'est pas toujours le cas. Le but est de faire ressortir
ces 3 étapes que ce soit à l'aide d'un crescendo ou d'un F suivi d'un P puis un F ou l'inverse
ou encore d'une combinaison de timbres et de vitesses d'archet différentes, etc. … C'est
l'occasion pour le violoniste de se servir de son imagination.
Mais ici l'élève doit respecter la volonté de Vieuxtemps: un crescendo est précisé au cours de
ces trois étapes. En effet, chacune des mesures monte et redescend, mais jamais au niveau de
départ, de façon à ce que le crescendo apparaisse en douceur. Quant à l'arrivée, elle devrait
être logiquement Forte, mais H. Vieuxtemps écrit un PP ; ce qui crée la surprise. C'est encore
une caractéristique du romantisme. On retrouve cet effet dans les grands concertos tels que
ceux de Brahms, Beethoven, Tchaïkovski, Sibelius et d'autres.
Ces nuances bien mises en évidence rendent la musique intéressante et touchante. De plus le
travail de la conduite de ses phrases enrichit les timbres, le regard de l'élève sur la partition. Il
convient de l’amener à apprendre à ne pas ignorer ces subtilités et à décrypter une partition.
En effet, chaque note est un élément qui a son sens.
- 25 -
3.3. La liberté du violoniste face à la partition tout en observant les règles
d. Exemple : gestion de la conduite de phrase lors d’une cadence
•
mesures 6 et 7
Il s’agit d’amener à l’élève à conduire une cadence librement sans oublier de rester fidèle au
texte et à la volonté du compositeur. Donc ces accords doivent être joués en avançant et en
élargissant le son. Il faut bien sûr demander à l’élève de les jouer régulièrement pour
commencer, puis lui indiquer de ne jouer que la mélodie pour trouver sa façon de gérer cette
phrase.
Une fois tous ces aspects traités, l’élève pourra jouer ces accords sans accrocs.
•
Les mesures 38 à 45: " le Récitatif "
Le violon joue un véritable récitatif en dialogue avec l'orchestre, tout comme dans les
concertos de Paganini.
L'alternance de liberté et de "A Tempo" nécessite de travailler ce passage d'abord selon un
tempo égal pour une bonne compréhension du texte tout en se chantant l'accompagnement.
Ensuite il faut essayer plusieurs possibilités afin de choisir celle qui paraîtra la meilleure à
l’interprète.
Ce choix est strictement personnel. Il revient au professeur d’instaurer les conditions du choix
et non le choix lui-même. Ceci se traduit par un échange avec l'élève pour l’inciter à chercher,
à comparer les effets obtenus lors de chaque essai. La décision appartient à la sensibilité du
violoniste et à ses envies.
Le travail de ce passage contribuera à rendre le jeu de l'élève plus personnel.
Il est aussi l’occasion pour l’enseignant de mettre en évidence les pièges à éviter dans la
recherche d’un rendu intéressant lors d'un récitatif. En voici les principaux :
-
Déformation du rythme ;
Jouer les deux phrases à l'identique ;
Oublier d'alterner les démanchés « français » et « russes » ;
Ne pas adapter la longueur des points d'orgue ;
Oublier de penser aux interventions de l'orchestre ;
Ne pas essayer d'autres doigtés, sur d'autres cordes ;
Idem pour les coups d'archet ;
Tous ces paramètres permettent plusieurs interprétations. De ce fait le violoniste se constitue
une palette intéressante qui lui donne non seulement une liberté, mais aussi la conscience de
la personnalisation du jeu. Car le but est de reconnaître le violoniste à son interprétation. En
effet, quel est l'intérêt de jouer comme quelqu'un d'autre?
- 26 -
Ces aspects se retrouvent lors des cadences des grands concertos du répertoire. Une fois de
plus les concertos de Vieuxtemps montrent qu'ils y préparent.
3.4. Construction d'une pensée construite de A à Z de la partition
Les concertos étudiés généralement avant ceux de Vieuxtemps sont ceux de Viotti, Kreutzer,
et bien sûr les concertos baroques et classiques tels que Bach, Vivaldi, Haydn et Telemann.
Mais la construction des concertos romantiques tels que Brahms, Sibelius, Beethoven,
Tchaïkovski et autres diffère de celle des concertos cités précédemment.
L'élève doit apprendre à construire son interprétation du début à la fin de la partition. Cette
démarche peut s'apprendre au travers des concertos de Vieuxtemps.
En effet, dans ce quatrième concerto, par exemple, on se rapproche du concerto romantique.
La démarche du violoniste se construira donc en conséquence.
Le découpage du premier mouvement peut se faire en 5 parties. Ce n'est qu'une des manières
de faire:
1.
2.
3.
4.
5.
mesures 01 à 11: introduction
mesures 11 à 32: première partie "Appassionato"
mesures 32 à 45: transition en "Récitatif"
mesures 46 à 66: "Moderato"
mesures 57 à fin du mouvement: "Cadenza"
L'élève apprend alors à conduire l'ensemble de ces parties, à les relier entre elles. Il apprend
également à gérer ses efforts: savoir quand laisser faire et se reposer pour mettre ensuite toute
l'énergie nécessaire lors des passages rapides et forts.
La concentration est mise aussi à rude épreuve. En effet, on passe très vite d'un passage
chanté à un passage rapide. Il n'est pas évident rentrer très vite dans une atmosphère
totalement différente. Pour cela la concentration joue un grand rôle; en pensant en avance, il
est possible de s'y préparer, ce qui fait que le violoniste surprend l'auditeur en n’étant pas
débordé par les "évènements".
3.5. Contrôler ses pulsions face à l'instrument
Nous prendrons comme exemple le début de ce mouvement.
a. La première note
Elle implique la maîtrise de trois techniques : le vibrato du 4ème doigt, les sons filés et
l’ouverture du son.
Le RE d’ouverture peut être joué avec un crescendo suivi d’un decrescendo puisqu’il est tenu
une mesure entière plus le point d’orgue. Cet effet d’ouverture de son se fait avec le bras droit
certes, mais ce n’est pas suffisant : il doit être soutenu par le vibrato.
Cette interprétation de cette première note n'est pas la seule possible, mais un simple exemple.
- 27 -
•
Le vibrato du 4ème doigt
Ici, le meilleur doigté à mon sens est le 4ème doigt. En général il est le plus faible des quatre
donc ce passage est un très bon prétexte pour travailler le vibrato sur ce doigt.
Musicalement, pour l'interprétation proposée ci-dessus, le but est de créer un effet de
crescendo et de decrescendo. Techniquement, cela se traduit par un vibrato serré et lent au
début, puis au fur et à mesure, il devra s’élargir, voire même s’accélérer. Puis il diminuera
pour revenir quasiment à la couleur de départ selon les choix de l’interprète. On aborde ainsi
le travail de la palette des vibratos dont les quatre de base sont :
serré et lent
serré et rapide
large et lent
large et rapide
On pourra donc, après un travail approfondi, choisir les vibratos adaptés pour produire cet
effet, puisque la maîtrise de cette technique aura été abordée.
•
Les sons filés
Ce RE dure longtemps et il est la première note jouée au violon solo de tout le concerto. De
plus, la plupart du temps l’introduction de l’orchestre n’est pas jouée, surtout lorsque le piano
le remplace. Donc le violoniste se retrouve tout seul pour commencer, et pour ne pas être
terrorisé par ce délicat début, il vaut mieux préparer cette première note.
L’attaque de ce RE: il faut arriver à poser l’archet si calmement qu’on ne doit rien entendre.
Ensuite l’archet peut venir renforcer cet effet. Pour ce faire, il faut trouver l’équilibre entre le
poids, la vitesse d’archet et le point de contact avec le bras droit. Voilà le prétexte au travail
des sons filés qui peuvent s’exécuter sur une corde à vide au préalable.
•
L’ouverture du son
Après les mises au point qui précèdent, le violoniste peut associer le crescendo et decrescendo
de l’archet à celui du vibrato.
• Le travail de cette note est importante pour plusieurs raisons
1.
2.
3.
4.
Elle est très longue
Elle est la première et donc conditionne la suite
Le trac la rendra encore plus difficile à contrôler
Elle est jouée seule après une grande introduction de l'orchestre
Le mieux à mon sens pour se préparer à la jouer en public est de prendre l'habitude et
conscience des gestes qui la fabriquent de manière à réunir toutes ces conditions au moment
de l'exécution.
De plus si l'esprit est occupé à rassembler les paramètres, il se laissera moins envahir par le
trac. Le violoniste aura un meilleur contrôle de son jeu.
- 28 -
d. Les mesures 4 et 5
On rencontre presque les mêmes problèmes que lors de la première note, à ceci près : il s’agit
uniquement d’un crescendo, et il porte sur deux mesures avec un changement d’archet au
milieu.
Le vibrato se resserre et s’accélère pour un effet d’ouverture. Quant à l’archet, il doit se
rapprocher du chevalet pour un son plus net et plus dense. Là encore, le travail sur l’équilibre
des trois paramètres du son, en ce qui concerne l’archet, est au service de la conduite de la
phrase. Ces trois paramètres sont le point de contact, la vitesse, le poids. L’enseignant aura à
trouver, en fonction de l’élève, les moyens de l’y sensibiliser.
De plus l’orchestre entre au début de ce LA, et il aide à conduire puisqu’il joue une gamme
descendante en crescendo. Dès le début du travail de ce concerto, le professeur peut jouer la
partie d’orchestre en même temps pour que l’élève comprenne le sens de la phrase.
Ces deux mesures sont encore la preuve qu'un travail effectué sur Vieuxtemps peut préparer
aux grands concertos du répertoire.
En effet, on retrouve un début un peu similaire dans le premier mouvement du concerto de
Tchaïkovski : le violon entre seul avec une note tenue suivi d'une phrase cadencielle.
3.6.
Synthèse
L'exemple de ce quatrième concerto peut s'appliquer aux autres concertos de Vieuxtemps.
D'un point de vue pédagogique, les seconds mouvements sont riches, notamment en ce qui
concerne les points 3.5. et 3.2. .
Très souvent les professeurs donnent à travailler les premiers mouvements, voire seulement
les premiers solos. Peut-être que ces seconds mouvements méritent plus d'attention.
Les points 3.1. à 3.5. traitent d'une des méthodes de travail cette partition et des questions que
nous posent les concertos de Vieuxtemps. Il est évident que cette manière d'exploiter ces
concertos est un simple exemple puisque chaque élève est différent, tout comme chaque
professeur.
Elle a également pour but de démontrer que ces concertos sont indispensables à l'éducation
violonistique et qu'ils font le lien avec les grands concertos du répertoire.
- 29 -
Conclusion
Nous avons prouvé qu'à son époque Vieuxtemps était respecté en tant que pédagogue,
compositeur et violoniste.
Il est le fondateur de la célèbre Ecole Liégeoise du Violon. Il a perpétué la tradition des
séances de musique de chambre de Baillot.
Il était joué aussi bien en Russie qu'aux Etats-Unis ou en Europe. Il était admiré pour ses
oeuvres par des compositeurs tels que Tchaïkovski et Berlioz .
Il était admiré par tous les musiciens de son époque pour son jeu. Paganini l'a même félicité
lors de l'un de ses concerts et Schumann adorait son interprétation du concerto de Beethoven.
Mais depuis ses trente dernières années ses concertos, mis à part le 5ème, ne sont que très
rarement joués lors de concerts.
Cependant, ils ont un grand rôle pédagogique. Il n'est donc étonnant qu'ils soient au
programme de concours internationaux et qu'ils fassent partie du matériel pédagogique
couramment utilisé par les professeurs. Ils font le lien entre les concertos d'étude et ceux du
répertoire. J'ai tenté de soulever les questions que posent les concertos de Vieuxtemps. J'ai
également exposé une des manières de les exploiter.
Le jour où j'ai joué pour la première fois les concertos de Vieuxtemps, j'ai senti que je
franchissais un cap. J'ai pris beaucoup de plaisir à les jouer; de plus ils m'ont facilité l'accès
aux grands concertos romantiques.
Vieuxtemps a composé de nombreuses pièces pour violon et piano qui ne sont
malheureusement plus éditées aujourd'hui; elles ne manquent pourtant pas non plus d'intérêt.
Se les procurer relève du hasard, mais lorsqu'on réussit à trouver une de ces partitions, on est
récompensé! Cette musique romantique et légère développe la palette de couleur et la
personnalité de chaque violoniste. Cette musique n'est plus à la mode de nos jours.
Cependant les enregistrements récents de l'intégralité des concertos de Vieuxtemps peuvent
laisser espérer que peut-être Vieuxtemps redeviendra à la mode sur la scène musicale.
- 30 -
ELEMENTS BIBLIOGRAPHIQUES
Livres
"Eugène Ysaÿe et la musique de chambre" de Michel Stockhem 1990 (édition Pierre
Mardaga)
"Eugène Ysaÿe: Le Sacre du Violon" de Maxime Benoît-Jeannnin 2001(édition le Cri)
Dictionnaire de la Musique de Marc Honegger 1986 (édition Bordas)
"Vieuxtemps" de L. Ginsburg (édition Dr Herbert et R.Axelrod) Paganini publication. 1920.
" La Société de musique de chambre à Paris de la Restauration 1870" de Joël-Marie Fauquet
(édition Aux Amateurs de Livres)
Disques
(textes pochettes)
Concertos n.2 et 3 de Vieuxtemps
Misha Keylin,violon
Janacek Philarmonic Orchestra
Dennis Burkh, chef d'Orchestre
Naxos
Concertos n.2, 4 et 5 de Vieuxtemps
Alexander Markov, violon
Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo
Lawrence Rennes, chef d'Orchestre
Warner-Apex
Concertos de Paganini n.1 et Vieuxtemps n.5
Viktoria Mullova, violon
Academy of St Martin in the Fields, Orchestra
Sir Neville Marriner, chef d'Orchestre
Philips
Vieuxtemps : Six Morceaux de Salon Op.22 – Voix du Cœur Op.53
Philippe Koch, violon
Luc Devos, piano
Musique en Wallonie
"L'Ecole belge du Violon"
- 31 -
-
1er disque, face A:
Ballade et Polonaise pour violon et orchestre Op.38 (Vieuxtemps)
"Les Neiges d'Antan!" morceau pour violon principal et orchestre à cordes Op.23 (E. Ysaÿe,
arr. J. Ysaÿe)
Violon: Rudolf Werthen
Orchestre de Chambre de la R.T.F dir. E. Doneux
-
1er disque, face B:
Concert – Stück (concerto n. 4 Op.26) de H. Léonard
"Lointain passé, mazurka" pour violon solo et orchestre de chambre Op.11 (E. Ysaÿe, arr. J.
Ysaÿe)
Violon: Rudolf Werthen
Orchestre de Chambre de la R.T.F dir. E. Doneux
-
2ème disque, faceA:
Concerto n.5 (Charles de Bériot)
"Le petit Savoyard" pour violon solo et orchestre à cordes (F. Prume-Arr.J. Ysaÿe)
"Rêve d'enfant" Op.16 (E. Ysaÿe, arr. J. Ysaÿe)
Violon: Marcel Debot
Orchestre de Chambre de la R.T.F dir. E. Doneux
-
2ème disque, faceB:
Rondino Op.62 n.2 (H. Vieuxtemps-arr. J. Ysaÿe)
Rêverie, adagio pour violon et orchestre (H. Vieuxtemps)
Chant d'Hiver, 3ème poème pour violon et orchestre Op.15 (E. Ysaÿe, arr. J. Ysaÿe)
Violon: Marcel Debot
Orchestre de Chambre de la R.T.F dir. E. Doneux
-
3ème disque, faceA:
Concerto Septimo en ut mineur (Henri – Jacques De Croes)
Poème élégiaque pour violon principal et orchestre de chambre Op.12
Ysaÿe)
Violon: Carlo Van Neste
- 32 -
(E. Ysaÿe, arr. J.
Orchestre de Chambre de la R.T.F dir. E. Doneux
-
3ème disque, faceB:
Concerto n.2 Op.8 (H. Vieuxtemps)
Violon: Carlo Van Neste
Orchestre de Chambre de la R.T.F dir. E. Doneux
-
4ème disque, faceA:
Concerto d'après deux poèmes pour violon et orchestre Op.18/19 (E. Ysaÿe, arr. J. Ysaÿe)
Violon: Maurice Raskin
Orchestre de Chambre de la R.T.F dir. E. Doneux
-
4ème disque, faceB:
Concerto n.7 (Charles de Bériot)
"Berceuse de l'enfant pauvre" Op.20 (E. Ysaÿe, arr. J. Ysaÿe)
Violon: Maurice Raskin
Orchestre de Chambre de la R.T.F dir. E. Doneux
Sites Internet
www.sion-festival.ch
http://www.oistrakh.com/tchaikovsky.html
http://wwww.concours-elizabeth.be
www.commune.genova.it
http://Fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Vieuxtemps
http://www.lamediatheque.be/travers_sons/vieuxtemps.htm
http://www.gold-music.com/fiches/fiche_21135.php
http://www.radio.france.fr
http://ww.hubay.hu/profile.htm
http://www.americanviolasociety.org/vieuxtemps.html#vlaworks
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Partition du 1er mouvement du 4e concerto de Henri VIEUXTEMPS –
Edition : Peters.
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CATALOGUE DES ŒUVRES DE
VIEUXTEMPS
1 . Instruments et orchestre
a. violon
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7 concertos Op.10, 19, 25, 31, 37, 47, 49 et un 8ème inachevé
Hommage à Paganini Op.9
Fantaisie-Caprice Op.11
Norma, Fantaisie sur la corde de Sol Op.18
Fantasia Appassionatta Op.35
Ballade et Polonaise Op.38
Romance (orchestration de J. Ysaÿe) Op.40.1
b. violoncelle
- 2 concertos Op.46 et 50
2 . Instruments et piano
a. violon
-
12 duos concertants
Variations sur un thème de Bellini Op.6
3 Romances sans Paroles Op.7
4 Romances sans Paroles Op.8
Les Arpèges, caprice, Op. 15
Yankee Doodle (variations sur) Op.17
Souvenir de Russie, fantaisie Op.21
6 Morceaux de Salon Op.22
Fantaisie Slave,Op. 27
Introduction et Rondo en Mi, Op.28
Fantaisie sur des thèmes de Verdi Op.29
3 Morceaux de Salon Op.32
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-
Bouquet Américain (6 pièces) Op.33
3 Marches Op.34
Feuilles d’Album (Romances et Regrets) Op.40
Caprices sur des Airs de la vieille Angleterre Op.42
Suite Op.43
Voix Intimes, 6 pensées mélodiques Op.45
Lamento Op.48.18
Voix du Cœur (9 pièces) Op.53 Posthume
3 Fantaisies Brillantes Op.54
Greeting to America Op.56
Impressions et Réminiscences de Pologne Op.57
Ma Marche Funèbre, Op.58
Allegro de Concert, Op.59
Chansons Russes, Op. ?
Fantaisie sur des thèmes de Faust de Gounod , Op. ?
b. violoncelle
- Elégie en Sib (pour violoncelle ou alto) Op.30
c. alto
- Elégie (pour violoncelle ou alto) Op.30
- Etude, allegro, Op.60
- La Nuit
d. autres
- Duo Brillant pour violon et violoncelle Op.39
- Ouverture, sur le thème de l’hymne national belge pour orch.
et chœur Op. 41
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3 . Instruments seuls
a. Alto
- Capriccio en Do Op. Post.
b. Violon
-
6 Etudes de Concert, Op.16
36 Etudes, Op.48
6 Morceaux suivis d’un Capriccio, Op.61
3 cadences pour le concerto de Beethoven
Dédicace et morceau d'une des cadences pour le concerto de Beethoven
4 . Musique de Chambre
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Sonate pour violon et piano en Ré Op.12
Sonate inachevée pour alto et piano, Op.14 Posthume
Sonate Op.36
3 Quatuors à cordes Op.44, 51 et 52
Trio avec piano sur les thèmes de l’Africaine de
Meyerbeer, Op. ?
Nota Bene : Les Opus 1 à 5 sont inconnus.
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Remerciements
Jeanine Vieuxtemps, Stéphane Tran-Ngoc, Maurice Moulin, Micheline Lefèvre,
Anne Lefèvre, Philippe Maeder, Gilles Henry, Isabelle Lesage, et Benoît Toïgo.
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