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L’AbbéSaunière,etcidessous,lettreétonnanted’unconfrèredel’AAquil’inviteàgarderleSecret
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Par ses allusions grossières, le Da Vinci Code et son film, «admirable
navet»(Télérama),renvoyaientàl’énigmedeRennes-le-Château:eneffet,
dès les premiers plans, le conservateur du Louvre, Jacques Saunière,
empruntant son patronyme au curé de ce petit village audois, était
assassiné…etnousapprenions,autermed’unequêtebourréedeclichés,
que l’héroïne (incarnée par Audrey Tautou) était «la descendante de
Jésus-Christ»…,provoquantl’irrésistiblefou-riredupublicàCannes!
À contre-courant de cette construction romanesque indigente,
l’ouvrage d’Herman Treil: Code Aa, Rennes-le-Château, l’Énigme,
évoque,lui,unsecretbienréel,fondé,nonsurunefictionlittéraire,mais
sur un ensemble de documents passionnants, dont certains inédits
confiésàl’auteur,relatentsansdétour,enlienavecRennes-le-château,
la création d’une société secrète d’Église, la mystérieuse Aa, ayant
traversélessiècles…
Parmi l’ensemble de ces assemblées, l’Aa de Toulouse, la plus
importante de France, occupe un rôle de tout premier plan dans
l’Énigme,ayantcréédenombreusesAaetredonnévieàcelledeParis.
Plus précisément encore, elle a fondé l’Aa de Carcassonne, et sa
présence est simultanément attestée au XVIIe s. à Notre-Dame de
Marceille(faubourgdeLimoux),d’oùpartirentdeuxsièclesplustard,àla
demande de l’abbé Saunière, les missions prêchées à Rennes-leChâteau par les Pères lazaristes Ferrafiat et Mercié, en 1891 et 1897,
datesrespectivesdudébutetdel’achèvementdestravauxduporcheet
del’intérieurdel’église.
Nous découvrons alors que «Les Règles de l’Aa» comportent la
formule: «Le secret est l’âme de l’Aa», et qu’un ouvrage anonyme:
«L’Aa cléricale, son histoire, ses statuts, ses mystères», tiré à 100
exemplaires en 1893 (aucun ne devant être vendu) et conservé à la
réservedelaBibliothèqueMunicipaledeToulouse,porteenexerguesur
sacouverture:«Secretumproderenoli»,nepastrahirlesecret!
Or, dans le contexte du procès que Mgr Beuvain de Beau-séjour,
évêque de Carcassonne, successeur de Mgr Billard, intentera à l’abbé
Saunière pour connaître l’origine des fonds qui avaient permis de
financer ses édifiants travaux, figurent plusieurs courriers de prêtres
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adressés au curé de Rennes-le-château qui évoquent expressément le
secret,dontcettelettredel’abbéBarthélémyRouanet,curédeBagesles-flots,prèsdeNarbonne,datéede1909:
«Tu as eu de l’argent, il n’appartient à personne de percer le secret
quetugardes…Taconduiten’étantpasrépréhensible,nuln’aledroitde
t’incriminer,surtoutdestiers,enl’espècel’évêché.» (voir lettre complète dans
l’ouvrageCodeAA,etsurcedocumentenpage1,photodel’abbéSaunièreavecl’extraitdecettelettre
confiéeàl’auteurparAntoineetClaireCaptier).
Etl’abbéLouisGazel,curédeFloure,depoursuivreen1910:
«Avec tes intentions de messe, il n’est pas possible de faire les
dépensescolossalesquetuasfaites,etilteserafaciledeleleurprouver.
Ilsvoudrontalorssavoirlasourcequialaissécoulerdanstesmainsdes
flotsd’or.»(idem,sourceAntoineetClaireCaptier)
Même s’il y eut «recherche intensive» de messes… par l’abbé
Saunière,àl’évidence,celan’étaitdoncpassuffisantetn’expliquaitpas
davantage la raison de ses constructions. Or, ces deux abbés exerçant
leur ministère dans des paroisses éloignées de Rennes-le-Château et
éloignées entre elles, justifient dès lors l’existence d’un réseau de
prêtresdanslaconfidence.
Pour sa part, en réponse aux accusations de Mgr de Beuvain de
Beauséjour,l’abbéSaunièreluirépond:
«Ma nouvelle demeure, avec toutes ses dépendances une fois
terminées et menées à bonne fin, j’avais l’intention d’offrir le tout à
Monseigneur, comme j’ai eu l’honneur de le lui dire, il y a quelques
annéesdevivevoixchezluiàCarcassonne,etcommejeleluiairappelé
parécrittoutrécemmentencore,pourenfairepourlesprêtresâgésou
infirmes, une maison de retraite, où rien n’aurait manqué avec le bon
air,pasmêmeuneplaceréservéeaucimetièreparoissial...
Aujourd’huiquetoutestterminé,surquelqueslettresanonymes,sur
des rapports plus ou moins bien fondés, œuvre de quelques laïques, et
surtout de confrères jaloux, car l’ennemi du prêtre, c’est le prêtre,
Monseigneur veut savoir la source de cet argent qui a servi à ces
constructions...»
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MgrdeBeauséjourétaitdoncaucourantdepuisplusieursannéesdes
travauxdel’abbéSaunièreetdufaitqu’ilsdevaientreveniràl’évêché.
Du reste, la façade de la villa Bethania, comme son mobilier intérieur,
démontre bien que cette maison fut effectivement prévue pour les
prêtres(etpeut-êtremêmepourdesprêtresdel’Aa?)Ilyeutdoncune
certaine déloyauté de son évêque. En même temps, comme le lui
rappellel’abbéSaunière,poussépar«deslaïquesetconfrèresjaloux»,
l’évêque cherchait fort logiquement à connaître l’origine des fondset
percerainsilesecretqu’ilgardait:
«Monseigneur veut savoir la source de cet argent qui a servi à ces
constructions...»,
comme le confirme la lettre de l’abbé Gazel: «Ils voudront alors
savoirlasourcequialaissécoulerdanstesmainsdesflotsd’or.»
La question est bien de savoir pourquoi plusieurs prêtres éloignés
étaientaucourantetl’évêquenon…Nouspénétrons-làdanslesarcanes
des divisions qui, aussitôt après la Séparation de l’Église et de l’État,
amenèrentl’extinctiondel’Aa,lesecretn’ayantjamaisétédivulgué,du
moinsofficiellement…
Il faut méditer la plainte amère de l’auteur anonyme de «L’Aa
cléricale», dont la citation latine en exergue sur la page-même de
couverture, recommande précisément de «ne pas trahir le secret»,
pour savoir que celui-ci est, en fait, déjà profané: «Hélas! toutes ces
«mesures» si bien prises et si bien concer-tées il y a plus d’un siècle,
toutesces«précautions»silongtempsetsiscrupuleusementobservées
parlesAadetoutessortesetdetoutlestemps,àquoifinalementontellesabouti?
Àfaire«tomberendesmainsétrangères»etdeuxfoisprofanesles
Pratiques, les Règles, les Règlements, l’histoire et les papiers des Aa, et
avec eux le secret, l’inviolable et éternel secret, et tous les secrets du
secret!»(p.76)
Or, en 1945, malgré la suspicion à l’encontre des sociétés secrètes
d’Église, le Cardinal Jules Géraud Saliège, archevêque de Toulouse,
grandefiguredelaRésistancefrançaise,CompagnondelaLibérationet
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JustedesNations,rendhommageàl’Aa…àtraverssonImprimaturetsa
Préface accordés à l’ouvrage de Mgr Clément Tournier sur le chanoine
Mathieu Garrigou, «Premier Commis de l’Aa de Toulouse»: «Le zèle
déployé dans une société secrète de prêtres et de séminaristes, tout
témoigne que, conduit par l’Esprit-Saint, M. Garrigou fut un éminent
serviteur de l’église de Toulouse… vous indiquez les sources où elle
s’alimente… livre… qui montre la puissance et la fécondité d’une
associationsacerdotaledontM.Garrigoufutl’âme.»(UnsaintVincentdePaul
toulousain,lechanoineMathieuGarrigou,Toulouse,Privat,.1945)
Or,sil’ImprimaturaétéaccordéparleCardinalSaliège,leNihilobstat
l’a été, lui, par F. Cavallera, c. d., dont Mgr Clément Tournier révèle
précisément «sa spéciale connaissance des Archives de l’Aa
toulousaine et des«Origines de la Société des Missions étrangères»
crééeparVincentdeMeur,lequeln’estautrequelefondateurdel’Aa
deToulouse!
[«Dans le bulletin de «Littérature ecclésiastique», organe de l’Institut catholique de Toulouse, un
savantprofesseurdelamaison,leR.P.Cavallera,aconsacréen1933-1934«AuxOriginesdelaSociété
des Missions étrangères» un article très fouillé et très neuf de 72 pages, inspiré par sa spéciale
connaissancedesArchivesdel’Aatoulousaine.»(MgrTournier,op.cit,p.19-20)]
SansperdredevuequeMgrTournierrévèleincidemmentavoirété
lui-même l’élève de professeurs de «l’Aa réorganisée et finissante»,
qu’il cite nommément, en livrant la liste impressionnante des prélats
sortis de l’Aa de Toulouse au XXe siècle… et ce, malgré la suspicion
portantsurlessociétéssecrètesd’Église!…(MgrTournier,p..428-429)
Ainsi, compte tenu de la discipline du secret au cœur de l’Aa, on se
prend à penser que, durant la seconde guerre mondiale, parmi les
prélatsetprêtresconstituantautourduCardinalSaliège,unréseaude
résistancecatholiquegénéralementpassésoussilenceparlesmédias:
de Courrèges, de Solage, Théas, Rodié, Decahors, Naudin, Salvat,
déportés, Moussaron, Gèze, emprisonnés, de Villeneuve, de Naurois,
aumôniers des maquis, Begougnioux, Cistac, Garail, et bien d’autres
encore, ont vraisemblablement figuré d’anciens membres de l’Aa ou
formés par des professeurs de cette société secrète, théoriquement
disparueàcetteépoque…
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Tel est le point de départ d’une Quête édifiante sur «l’inviolable et
éternel secret» par un auteur particulièrement «bien informé» et à
l’écartdetoutemédiatisation,qui,augréd’unsentiersemédesurprises
(«adaugustaperangusta»!),vousferavoyagerdansletempscomme
dansl’espace…
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