1 © mars 2012 a votre service
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1 © MARS 2012 A VOTRE SERVICE 2 © MARS 2012 A VOTRE SERVICE Mars 2011 Par l’association AVS Lahcène Belatoui, président et Fethallah Otmani, manager général. Sous la supervision du Conseil Religieux de l’association AVS : − Sheikh Ahmed Jaballah : directeur de l’Institut Européen des Sciences Humaines de Paris et membre du Conseil Européen de la Fatwa et la Recherche. − Sheikh Mohamed Minta : écrivain et imam de la mosquée de Décines-Lyon. − Professeur Tariq Ramadan : professeur d’études islamiques contemporaines à l’Université d’Oxford, et chercheur (Senior Fellow) à l’Université de Doshisha (Kyoto, Japan) − Youssouf Baouendi : imam de la mosquée de Mantes-la-Jolie et Secrétaire de la Ligue Islamique Mondiale – France. − Sheikh Youssouf Ibram : imam de la mosquée de Genève (Fondation Islamique) et membre du Conseil Européen de la Fatwa et la Recherche. − Sheikh Zakaria Seddiki : président de l’ACERFI (première plateforme francophone sur la finance islamique) et memvre du Conseil Mondial des Oulémas. − Sheikh Ounis Guerga : enseignant à l’Institut Européen des Sciences Humaines de Paris et membre du Conseil Européen de la Fatwa et la Recherche. 3 © MARS 2012 A VOTRE SERVICE Préambule L’association à but non lucratif AVS fut créée en 1991, dans le but de garantir aux consommateurs musulmans de France une traçabilité et un contrôle strict de la viande halal produite en contexte industriel. L’association emploie aujourd’hui 150 personnes dont l’activité est concentrée autour de la certification halal des produits carnés. Les membres et salariés de l’association ont donc développé au cours de ces vingt dernières années une expertise qui les a amenés, en plus de leur activité quotidienne de contrôle, à participer à différentes commissions en charge d’étudier l’abattage rituel au niveau français et international. Lorsque le projet de standardisation halal proposé par l’OCI nous fut présenté, nous avons émis un certain nombre de remarques au sujet du standard halal qu’il propose. Et après les avoir commentés, en particulier au directeur de l’Ifta Dr AbdulQahar Qamar, au directeur des recherches Dr Abdul’alim et au directeur de la communication Dr Haddad, il nous a été demandé de présenter un rapport spécifique à la problématique de l’électronarcose sur les volailles. 4 © MARS 2012 A VOTRE SERVICE Introduction Il convient tout d’abord de définir l’électronarcose et de poser les termes du débat autour de cette pratique. L’électronarcose est un procédé d’assommage par électricité. Il existe deux méthodes principales, l’une appliquée à tout le corps, et l’autre appliquée uniquement à la tête : elles ont pour but d’ « étourdir » les jeunes bovins, les ovins et les volailles. Si elle s’applique sur les ovins en posant une pince à deux électrodes sur la tête (ou sur le corps et la tête), l’électronarcose est aussi pratiquée sur les volailles en leur plongeant la tête dans un bac d’eau électrifiée. Les volailles sont suspendues tête vers le bas sur une chaîne avançant à grande vitesse qui traverse ce bain d’eau électrifiée. Il faut aussi rappeler, comme le souligne le groupe d’expert DIALREL, diligenté par la commission européenne, qu’ « il existe un débat permanent sur les mérites et les possibles effets néfastes de l’étourdissement avant l’abattage en général » 1(D2) Les débats autour de l’abattage rituel et l’étourdissement sont essentiellement basés sur le principe du bien-être animal, même si nous verrons que l’aspect économique pèse beaucoup dans l’actuel politique pro-étourdissement. Concernant le principe du bien-être animal, il est nécessaire de rappeler que la douleur est un concept difficilement cernable d’un point de vue scientifique. Il est en effet très complexe de prouver qu’un abattage sans étourdissement est la cause d’une plus grande souffrance puisqu’« il est épistémiquement impossible d'obtenir une preuve directe que les animaux ressentent de la douleur quand ils sont abattus sans étourdissement. » 2(D2) D’ailleurs, et même si ce n’est pas l’objet de ce rapport, il serait intéressant, comme le signale le Pr Pouillaude-Bardon, d’envisager la « douleur causée par les procédés actuels d’étourdissement. » Elle estime, en effet, que « les textes réglementaires, en rendant obligatoire l’étourdissement préalable (sauf dérogation), officialisent cette opinion et l’élèvent presque au niveau d’un dogme, »3(D4) alors que tout reste à prouver puisque « les scientifiques ne disposent pas en réalité d’outils pour mesurer directement l’état mental, y compris l’état de conscience, » 4 comme l’affirme le Dr. Raj. (D4) 1 « Animal Welfare at Religious slaughter », The Ethics workshops of Dialrel projects ,Dialrel. « Animal Welfare at Religious slaughter », The Ethics workshops of Dialrel projects ,Dialrel. 3 « l’abattage rituel en France », Dr. S. M-T. Pouillaude-Bardon, thèse de l’école nationale vétérinaire de Toulouse, 1992 4 “Recent developments in stunning and slaughter of poultry” A.B.M. RAJ – 2006 2 5 © MARS 2012 A VOTRE SERVICE Electronarcose : quels buts ? Nous aborderons dans un premier temps le sujet de l’étourdissement au-delà de la problématique de l’abattage rituel et de l’exigence de réversibilité5. Il est en effet important de connaître les débats qui gravitent autour de l’assommage et plus spécifiquement de l’électronarcose avant d’envisager leur introduction dans un projet de standard halal. Ecarter la saignée du processus de mise à mort ? L’objectif de l’électronarcose et des méthodes d’étourdissement en général n’est pas toujours l’anesthésie de l’animal. En effet, il est avéré que le plus souvent, l’étourdissement conduit à la mort de l’animal. Mais cela ne pose pas de problème à certains scientifiques qui cherchent simplement à reléguer la saignée à un acte post-mortem consistant à vider le sang de l’animal déjà mort. En effet, à titre d’exemple, citons les Dr N.G. Gregory et S.B. Wotton, qui affirment que « l’application du courant provoquant l’arrêt cardiaque est d’un avantage majeur pour le bien-être animal puisqu’il permet le début de la mort au moment de l’étourdissement et relègue la saignée à une simple méthode pour enlever le sang de la carcasse.6 »(D3) Donner bonne conscience à l’Homme ? La citation du paragraphe précédent ne peut être comprise qu’en analysant le contexte culturel et historique de la création des premiers abattoirs remontant au XVIIIe siècle en France. Ils sont apparus suite aux pressions de la bourgeoisie locale ne supportant plus la vue du sang et les mises à mort du bétail. Ainsi, comme le confirme le Dr N. Vialles, l’aspect psychologique est très important dans le développement des thèses pro-assommage : Très généralement, les analyses de personnes supposées savoir concluent qu’en fait rien n’est certain concernant l’étourdissement préalable à la saignée ; mais qu’en tout état de cause, le spectacle de la saignée directe est si violent, si pénible pour le regard humain, qu’il convient de l’épargner aux hommes, quoi qu’il en soit pour l’animal. Ce que l’étourdissement supprime le plus sûrement, c’est donc le malaise. (…) Si souffrance il y a lors de l’étourdissement, elle est si brève et brutale que l’animal « n’a pas le temps » de la ressentir. Encore faut-il vérifier ces apparences. Or, les savants, eux, sont beaucoup moins assurés. Il est vrai que l’étourdissement supprime tout signe visible de souffrance ou, plus exactement, tout mouvement interprétable en termes de souffrances.7 (D3) 5 La notion de « réversibilité » définit la capacité de l’animal à reprendre conscience suite à l’application d’un procédé d’assommage. Une technique d’assommage est irréversible quand elle peut provoquer la mort de l’animal et qu’elle ne garantit donc pas que l’animal recouvre conscience suite au choc. 6 N.G. Gregory and S.B. Wotton, Effect of Slaughter on the spontaneous and evoked activity of the brain, publié dans British Poultry Science, 1986. 7 « Une mort indolore ? Remarques et questions autour des procédés d’abattage des animaux de boucherie », N. VIALLES, publié dans « L’homme et l’animal : un débat de société, », Edition Quae, 1999. 6 © MARS 2012 A VOTRE SERVICE Bien-être animal ? Comme nous le signalions en introduction, dans les pays à majorité non musulmane, qui sont aussi les principaux producteurs de viande halal, les débats autour de l’étourdissement se focalisent sur la notion de bien-être animal. Il faudrait en effet, selon certaines personnalités, interdire l’abattage rituel car trop « barbare », et imposer l’étourdissement. Signalons tout d’abord que ces débats sont tronqués et que nombre de scientifiques ont démontré le bien fondé de l’abattage rituel sans étourdissement : « Il est en effet établi que la relation « lésion-douleur » n’est pas toujours systématique, il existe des douleurs sans lésion et des lésions sans douleur. »8 (D3) Contestation du bien-fondé de l’électronarcose Mais revenons à l’électronarcose : cette méthode provoquant à minima des lésions importantes et irréversibles, voire la mort de l’animal9 est considérée par beaucoup de spécialistes, dont le docteur Blackmore, comme douloureuse : « L’étourdissement électrique des veaux par “la tête seulement” est inhumain dans toutes les circonstances. » 10 (D5) Ainsi, contrairement aux idées répandues laissant penser que l’électronarcose serait la solution nécessaire au bon traitement des animaux, de nombreux scientifiques ont démontré que « l’expérience en clinique humaine de tels traumatismes (étourdissement) quoique non univoque, montrerait pourtant qu’ils sont douloureux ».11 L’EFSA reconnaissait ainsi, dans son rapport de 2004, l’existence d’une sévère douleur provoquée par l’électronarcose. « La souffrance par l’électronarcose est violente ».12 Cette douleur est provoquée par des éléments qu’il est difficile de maîtriser, surtout au regard des équipements actuels de la majorité des abattoirs : Une forte proportion de courant appliquée par le biais d’assommoirs à bain d'eau qui circule à travers la carcasse, plutôt qu’à travers le cerveau, ne garantit pas le bien-être des oiseaux. Le contact physique entre les oiseaux adjacents, la variation de la résistance électrique de volatile à volatile, la variation de la profondeur d'immersion (en raison de la taille des oiseaux) et 8 ESCo Douleurs animales – Chapitre 2 – version 1 - 4/12/2009 ESCo "Douleurs animales : les identifier, les comprendre, les limiter chez les animaux d’élevage." –Chapitre 4 - Sources avérées et/ou potentielles de douleur chez les animaux d’élevage. - INRA - 2009 10 On retrouve les mêmes conclusions dans The International Training Workshop on Welfare Standards Concerning the Stunning and Killing of Animals in Slaugther houses or for Disease control en 2006, ou le rapport de l’EFSA en 2004, ainsi que dans les affirmations de nombreux chercheurs, tels que les Prof. M.J. Hertz, Dr E.H Callow, ou encore Hewson and Russell, le Dr Raj ou Gregory et Wotton, entre autres. 11 «Abattage rituel juif et protection animale», Dr Michel LUC, thèse de l’école nationale vétérinaire de Lyon, 1983. 12 “WELFARE ASPECTS OF ANIMAL STUNNING AND KILLING METHODS” – EFSA – AHAW /04-0272004 9 7 © MARS 2012 A VOTRE SERVICE la faible quantité de courant appliquée à travers le cerveau ne permettent pas de maintenir des conditions de bien-être satisfaisantes.13 Cette position est assez fidèle à celle de nombreux rapports remettant en cause le bien-être animal lors de l’utilisation de l’électronarcose par bain sur les volailles, comme the International Training Workshop on Welfare Standards Concerning the stunningand killing of animals in slaugtherhouses or for diseas control – 2006, le rapport de l’EFSA – 2004 et les affirmations de nombreux chercheurs, tel que les les Prof. M.J. Hertz; Dr. E.H Callow; Hewson and Russell; Dr. Raj; ou Gregory et Wotton, entre autres. (D6 les 2) Plus important encore, selon le Dr Raj qui est pourtant considéré comme un scientifique pro-assommage, « l'étourdissement des volailles par des courants (…) électriques n’induit pas une perte de conscience immédiate des volailles » 14, qui est non seulement obligatoire, mais l’objet et le but même de l’existence du procédé. (D5) Signalons aussi que si l’abattage rituel est dénoncé, c’est souvent pour le manque de formation des sacrificateurs. Nous reviendrons sur cet aspect, mais nous devons reconnaître que cela est inadmissible. Toutefois, la pratique de l’électronarcose peut faire l’objet des mêmes critiques. Ainsi : Lors d’une enquête réalisée en 2001 dans 5 abattoirs Néozélandais, le pourcentage d’électronarcose non satisfaisante chez des ovins et des bovins allait de 2 à 54 % (Gregory, 2001). (…) Les oiseaux peuvent recevoir des chocs électriques au moment de rentrer dans le bain électrifié de l’électronarcose, souvent parce que leurs ailes sont plus basses que leurs têtes, ou parce que l’eau électrifiée déborde du bain. Ces chocs électriques peuvent induire des mouvements d’ailes et par conséquent, la tête de l’animal peut manquer partiellement ou complètement le bain électrifié. La fréquence du phénomène est plus élevée chez les dindes, qui ont des ailes plus larges que les poulets (Hewson & Russell, 1991; Wotton & Gregory, 1991). 15(D6) Concluons enfin cette partie par cette citation du Dr Katme, qui conteste le bien fondé de l’électronarcose : En tant que docteur, j’ai pratiqué pendant plus que 10 ans et fait subir des chocs électriques (Electro-Convulsive Therapy- ECT) à des patients (avec maladie mentale) mais uniquement après une anesthésie générale. Le conseil médical barrera mon nom du registre si jamais j’ose faire pratiquer l’ECT sans anesthésie car cela serait très cruel d’agir ainsi. Je me demande si ce n’est pas aussi cruel pour un animal ? Bien que le voltage utilisé pour l’ECT soit plus faible que celui appliqué aux animaux, cela ne reste-t-il pas cruel ? (D10) 13 “WELFARE ASPECTS OF ANIMAL STUNNING AND KILLING METHODS” – EFSA – AHAW /04-0272004 14 Raj et Al., Recent Developments in Stunning and Slaughter of Poultry, School of Clinical Veterinary Science, University of Bristol, 2006. 15 ESCo "Douleurs animales : les identifier, les comprendre, les limiter chez les animaux d’élevage." ESCo Douleurs animales – Chapitre 4 – version 2 – 15/03/210 222 8 © MARS 2012 A VOTRE SERVICE Abattage rituel et bien-être animal Nous constatons donc qu’affirmer vouloir protéger les animaux par des procédés tels que l’électronarcose, est plus que contestable. Ce type de rapports et de constats sont très nombreux et ne peuvent être occultés. Par ailleurs, nous l’avons déjà affirmé, de nombreux scientifiques ont démontré le bien-fondé de l’abattage rituel sans étourdissement. C’est le cas par exemple du Dr S. M-T. Pouillaude-Bardon : Lorsque l’instrument est bien affûté et le geste est rapide, l’incision ne provoque chez l’animal aucun mouvement de défense et aucune réaction immédiate (…). Au contraire, des mouvements de défense à caractère volontaire ont été observés chez des animaux assommés - (…) L’abattage rituel serait donc le moins stressant des modes d’abattage. Les conclusions de toutes les expérimentations scientifiques convergent vers une certitude solidement étayée : bien réalisé, l’abattage rituel est la façon la plus humaine car la moins traumatisante de mettre à mort un animal pour consommer sa viande. 16(D9 et 10) Citons aussi l’exemple de la société de protection des animaux de SaintPétersbourg, qui, dès 1980, « a entrepris des études scientifiques, qui conclurent à la supériorité de l’abattage rituel – casher en l’occurrence – quant au traitement humanitaire des animaux. En bonne logique, le procédé de la saignée directe fut par conséquent adopté par les SPA de Russie et des Etats-Unis d’Amérique. Néanmoins, la plupart des pays d’Europe ont au contraire légiféré dans le sens de l’insensibilisation obligatoire. Les conclusions des premiers travaux ont-elles donc été remises en causes par de nouvelles connaissances ? »17 (D10) Le docteur Grandin déclare au sujet de l’abattage rituel qu’« il semble que l’animal n’est pas conscient que sa gorge est coupée »18(D10) Il ne semble donc pas nécessaire de réviser la pratique de l’abattage rituel sans électronarcose au regard du bien être animal. D’autant que le rapport de l’EFSA évoque les effets bénéfiques de l’abattage rituel sans étourdissement concernant un autre aspect, l’évacuation du sang : « Il a également été signalé que les résultats de l'abattage sans étourdissement préalable permettent une évacuation maximum du sang (45% du volume sanguin total). » 19 (D11) 16 « l’abattage rituel en France », Dr. S. M-T. Pouillaude-Bardon, thèse de l’école nationale vétérinaire de Toulouse, 1992 17 N. VIALLES, « Une mort indolore ? Remarques et questions autour des procédés d’abattage des animaux de boucherie », publié dans « L’homme et l’animal : un débat de société, », Edition Quae, 1999. 18 http://www.grandin.com/ritual/rec.ritual.slaughter.html 19 -“WELFARE ASPECTS OF ANIMAL STUNNING AND KILLING METHODS” – EFSA – AHAW /04-0272004 9 © MARS 2012 A VOTRE SERVICE Electronarcose : réversible ou non ? Toutefois, d’un point de vue religieux, l’enjeu majeur reste la problématique de la réversibilité. Rappelons que la notion de « réversibilité » définit la capacité de l’animal à reprendre conscience suite à l’application d’un procédé d’assommage. Une technique d’assommage est irréversible quand elle peut provoquer la mort de l’animal et qu’elle ne garantit donc pas que l’animal recouvre conscience suite au choc. Puisque nous entrons avec cette partie au cœur du sujet, nous nous concentrerons dorénavant sur le cas des volailles. Cela afin d’éviter les confusions d’espèce qui règnent souvent lorsque nous abordons ce sujet, et surtout puisque la demande de ce rapport portait essentiellement sur les volailles. Les études antérieures à 1995 Plusieurs études publiées dans les années 80 démontraient l’irréversibilité de l’électronarcose. Ainsi, selon l’étude publiée par FAWC20 en 1982, il était fait état d’un retour négatif sur la praticabilité de l’électronarcose21 dans le cas des volailles, puisqu’un tiers des bêtes n’étaient pas été étourdies et qu’un tiers d’entre elles mouraient. Les publications de la MAFF22 confirmaient qu’ « un nombre considérable étaient tués suite au choc de l’électronarcose. » Au Royaume-Uni, on a estimé une mortalité de 24 % et de 17 à 37 % aux États-Unis23, ce qui est loin d’être négligeable. Ces résultats démontraient en effet que la fragilité des volailles rendait l’étourdissement par électronarcose totalement impraticable dans le cadre de l’abattage rituel. Les études récentes : réversibilité ou non Or aujourd’hui de nombreuses organisations et institutions clament qu’il est possible de garantir la réversibilité de l’électronarcose pratiquée sur les volailles. Même si la volaille possède un cœur très fragile, comme pour l’être humain les conséquences du choc dépendront beaucoup de la puissance des paramètres et des circonstances pendant lesquelles ce choc a été infligé. Pour analyser cela, nous allons repartir des études fournies par le Dr Mouchonière et le Dr. Raj qui ont en effet démontré qu’un taux de mortalité nul pouvait être envisagé avec certains degrés de fréquence et d’ampérage. Toutefois, ils ont aussi 20 Farm Animal Welfare Council. Report on the Welfare of Poultry at the Time of Slaughter, Farm Animal Welfare Council, 1982. 22 Anciennement Ministry of Agriculture, Fisheries and Food, du gouvernement britannique 23 Cité par Dr KATME, An up-to-date assessment of the Muslim method of slaughter, UFAW, Symposium on Humane Slaughter and Euthanasia at Zoological Society of London, 18th and 19th September, 1986. 21 10 © MARS 2012 A VOTRE SERVICE démontré les limites de ces résultats. Ainsi avant toute chose voyons quels sont les différents éléments à prendre en considération dans le choix des paramètres d’électronarcose. Durée d’inconscience minimale Il convient en effet de rappeler que le but premier de l’assommage est le bien-être animal. Ainsi, l’objectif premier de l’électronarcose est de rendre l’animal immédiatement inconscient et il doit rester dans cet état jusqu’à sa mort complète. T1 T2 Durée d’inconscience et d’insensibilité Fin de Mort l’électronarcose Egorgement (saignée) Dans les abattoirs, l’intervalle moyen entre la fin de l’étourdissement et le découpage du cou, peut être évalué à vingt secondes. Dans la mesure où la mort intervient, en moyenne, vingt-cinq secondes (dans le cas d’une coupe complète des quatre organes vitaux, sinon la seule coupe des artères vertébrales retarde la mort de plus d’une minute) après la saignée (tranchage du cou), il faut nécessairement, pour éviter le retour à la conscience des volailles durant leur abattage, que les méthodes d’étourdissement engendrent une inconscience d’au moins quarante-cinq secondes (20’’+25’’). 24 En réalité, il faut beaucoup plus, car du fait des cadences, il arrive souvent que seul deux ou trois organes vitaux sur les quatre, soient sectionnés. Il faut donc que les paramètres utilisés respectent cette contrainte. D’ailleurs, au niveau européen, la législation a évolué en 2009, avec l’approbation du règlement 1099/2009 qui sera applicable dès 2013 et qui intègre des paramètres minimum à respecter pour permettre cette durée minimale d’inconscience. Nous évoquons cet aspect car il est fondamental dans le choix des paramètres et nous verrons qu’il pose d’énormes problèmes de réversibilité. Gérer l’impact de la fréquence et de la durée d’exposition L’un des problèmes majeurs du standard proposé par l’OCI est son incomplétude. En effet, l’annexe A exige que l’ampérage soit compris entre 0.25 A et 0.50 A, pendant une durée de trois à cinq secondes, sans fixer 24 “WELFARE ASPECTS OF ANIMAL STUNNING AND KILLING METHODS” – EFSA – AHAW /04-0272004 11 © MARS 2012 A VOTRE SERVICE d’exigence pour le voltage et la fréquence. Or la fréquence est certainement le paramètre qui influe le plus sur la vie des animaux lors de l’utilisation de l’électronarcose. Il faut savoir que pour se rapprocher de 0% de mortalité, il faut : ‐ Diminuer l’ampérage ‐ Augmenter la fréquence ‐ Diminuer la durée d’exposition Toutefois, il faut aussi être conscient des conséquences engendrées par de telles manipulations. Ainsi, à titre d’exemple, en « augmentant la fréquence de 50 Hz à 600 Hz, la durée d’état d’inconscience (et donc le délai disponible entre l’étourdissement et la saignée) diminue. »25 Cette thèse, corroborée par d’autres recherches26, démontre que pour assurer un étourdissement fiable, il est préférable de diminuer la fréquence. Les deux objectifs (réversibilité et durée minimale d’inconscience) s’opposent donc. Nous constaterons, en effet, que pour respecter la durée d’inconscience, il faut faire appel à des paramètres irréversibles et donc mortels. Gérer l’impact de l’environnement d’abattage « Le nombre de paramètres à prendre en considération lors de l’assommage des volailles rend impossible la mise en place d’une procédure fiable. Les saisons, les conditions de transport, les espèces, les races, le sexe, l’hygiène et la salubrité de l’abattoir sont autant de paramètres croisés qui déterminent la fiabilité de l’électronarcose. »27 Ces affirmations sont confirmées par de nombreux chercheurs : (1) « Le courant que reçoit l’animal dépend de la résistance des crochets (qui forment la terre), de l’espèce de l’oiseau et du nombre d’oiseaux dans le bain en fonction de sa longueur28. » (2) « Ces deux derniers aspects sont liés : les bains électrifiés peuvent contenir jusqu’à 20 poulets ou 5 dindes. La résistance dépend du nombre d’oiseaux dans le bain, mais également de la propreté de l’eau, et de la résistance des oiseaux, y compris de leurs pattes29. » 25 Gregory et Al., 1991 ; Mouchonière et Al., 1999 ; Mouchonière et Al., 2000. Notamment Gregory and Wilkins, 1989b ; Gregory and Wotton, 1987, Raj and O’Callaghan, 2004a, Gregory et al., 1995 et le rapport de l’EFSA en 2004, … 27 Raj et Al., Recent Developments in Stunning and Slaughter of Poultry, School of Clinical Veterinary Science, University of Bristol, 2006. Mouchonière et Al., The Effect of Current Frequency During Waterbath Stunning on the Physical Recovery and Rate and Extent of Bleed Out in Turkeys, Poultry Science, 1999 et 2000. 28 Raj & O’Callaghan, 2004. 29 Bilgili, 1992 ; Schutt-Abraham et Al., 1983 ; Sparrey et Al., 1992. 26 12 © MARS 2012 A VOTRE SERVICE (3) « Pour induire une fibrillation cardiaque chez près de 100 % des oiseaux, il faut choisir des paramètres électriques adaptés à l’espèce, et parfois même différents selon le sexe30. » (4) « Certaines caractéristiques de l’animal modifient l’efficacité de l’électronarcose. Par exemple : le poids de l’animal. Les gros animaux ont une résistance plus élevée. La propreté des pattes de l’animal. (…) L’agitation des animaux sur la chaîne. (…) De même, l’état du matériel modifie la conductivité. » 31 (D7) Il faut, de plus, savoir qu’en pratique, les paramètres utilisés actuellement sont généralement mortels et irréversibles : (5) « Une telle intensité (150 mA) combinée avec une fréquence de 50 Hz est la fréquence délivrée par la plupart des outils d’assommage utilisés en France. Cette méthode entraîne souvent un arrêt cardiaque et la mort des oiseaux qui, à son tour, se traduit souvent par une réduction significative de l’écoulement sanguin32. » Impossibilité de garantir la réversibilité Impossibilité de gérer l’environnement d’abattage Tout d’abord, sans même faire référence à la législation, nous verrons qu’en pratique il est impossible de garantir la réversibilité. L’étude la plus révélatrice de ce problème est certainement celle du Dr Mouchonière qui, en testant l’électronarcose sur des dindes avec des caractéristiques équivalentes (600 Hz, 150 mA, 4 s), a obtenu des résultats opposés à un an d’intervalle. Alors qu’en 2000, aucune dinde ne mourait du choc électrique, en 1999, 30 % d’entre elles ont succombé. Cette étude prouve donc qu’il ne s’agit pas uniquement de déterminer les bons paramètres électriques, mais qu’il faut aussi gérer une multitude de données qui sont en soi ingérables. Les analyses produites en conditions optimales qui permettent d’arriver à taux de 0% ne sont donc ni un gage, ni une garantie de la possible réversibilité du processus d’électronarcose sur les volailles. Elles ne sont donc pas généralisables. La réversibilité s’oppose à la durée minimale d’inconscience et souvent à la législation Nous avons vu que le processus conduisant à réduire le taux de mortalité s’opposait à celui de la recherche de la durée minimale d’inconscience. De plus la législation européenne votée en 2009 et qui entrera en vigueur en 2013 impose des paramètres minimaux qui engendrent la mort de l’animal et qui sont irréversibles : 30 ESCo, Douleurs animales : les identifier, les comprendre, les limiter chez les animaux d’élevage, Chapitre 5. ESCo "Douleurs animales : les identifier, les comprendre, les limiter chez les animaux d’élevage."Expertise scientifique collective "Douleurs animales" 32 Mouchonière et Al., 1999. 31 13 © MARS 2012 A VOTRE SERVICE 6.3. Pour les animaux visés au tableau 2, l’étourdissement par bain d’eau s’effectue conformément aux courants minimaux figurant dans le tableau cidessous, les animaux étant exposés au courant pendant une durée minimale de quatre secondes.33 Or en respectant ces paramètres, comme l’ont démontré les Dr Raj et Dr Mouchonnière34, les volailles meurent le plus souvent des suites de l’électronarcose et il est donc impossible de garantir l’irréversibilité du processus. Poulets Paramètres électriques % de Mortalité induite par l’électronarcose (arrêt cardiaque) 50 Hz, 112 mA, 4-5 s 99% des femelles 71% des mâles 200 Hz, 111 mA, 4-5 s 41% des mâles 100 mA, 200 Hz, 1s 90% 150 mA, 200-600 Hz, 1s 72-100% 200 mA, 200-800 Hz, 1s 90% Au sujet du standard de l’OCI Ainsi, indépendamment de l’impossibilité de garantir un taux de mortalité de 0% et donc la réversibilité de l’électronarcose, il faut signaler les problèmes majeurs du standard actuellement proposé par l’OCI. Nous avons en effet signalé que les paramètres étaient incomplets et qu’ils ne prenaient pas en considération le paramètre le plus important au regard de la réversibilité du processus : la fréquence. 33 Règlement européen 1099/2009 Raj et Al., Recent Developments in Stunning and Slaughter of Poultry, School of Clinical Veterinary Science, University of Bristol, 2006. Mouchonière et Al., The Effect of Current Frequency During Waterbath Stunning on the Physical Recovery and Rate and Extent of Bleed Out in Turkeys, Poultry Science, 1999 et 2000. 34 14 © MARS 2012 A VOTRE SERVICE Mais le plus grave est ailleurs, puisqu’il est démontré qu’avec de tels paramètres, il serait possible d’utiliser des paramètres causant la mort dans le cadre de production halal. Les quelques rares expériences menées par le Dr Raj en 2006, dans des conditions respectueuses des conditions de l’annexe A (et même plus favorables, puisque la durée d’exposition est limitée au maximum à 2.5 secondes) ont prouvé qu’énormément de volailles mouraient des suites de l’électronarcose, jusque 80% d’entre elles. Poulets % de Mortalité induite par l’électronarcose (arrêt cardiaque) Paramètres électriques 200 Hz, 400 mA, largeur pulse 0.5 s, 1s 200 Hz, 400 mA, largeur pulse 1.5 s, 1s 200 Hz, 400 mA, largeur pulse 2.5 s, 1s 1 sur 8 poulets 8 sur 11 poulets 8 sur 10 poulets Abattage mécanique Ce rapport n’a pas été élaboré pour étudier la problématique de l’abattage mécanique. Mais nous tenons à soulever un élément important. Il nous est, en effet, souvent apparu étrange que des fatwas autorisent l’abattage mécanique tout en interdisant l’électronarcose. Or en pratique, il est impossible d’abattre mécaniquement sans électronarcose au préalable. Il n’y a donc aucun intérêt à ouvrir le débat de l’abattage mécanique et ouvrir la porte de l’autorisation de cette pratique, dès lors que l’électronarcose est interdite. Signalons aussi par la même occasion, que le débat consistant à affirmer que des machines sont en mesures de garantir que la saignée va être bien réalisée est trompeur. En effet, le problème ne concerne pas les machines, mais le calibre des volailles qui peut énormément varier. 15 © MARS 2012 A VOTRE SERVICE Electronarcose : Quelles alternatives ? Nous l’avions signalé initialement, l’électronarcose possède un avantage majeur puisqu’elle permet d’accélérer les cadences d’abattages. Toutefois, contrairement aux fausses informations que font circuler certains experts, il est possible d’abattre sans électronarcose en conditions industrielles. En effet, malgré le manque de volonté des industriels et les pressions des lobbyings animalistes contre l’abattage rituel, près de 60 000 tonnes de volailles sont abattues sans électronarcose chaque année en France dans le cadre de l’abattage rituel. L’abattage rituel sans électronarcose est-il industrialisable ? S’il est vrai que l’électronarcose permet d’accroitre les cadences d’abattage et de réduire les coûts (puisque grâce à l’abattage mécanisé qui le suit, ce type de procédé permet de réduire les coûts), il faut savoir en effet qu’en moyenne, une chaîne d’abattage avec électronarcose permet d’abattre près de 12 000 poulets/heure35. Toutefois, il est aussi possible d’abattre sans électronarcose à des cadences élevées. Ainsi, au quotidien, de nombreux sacrificateurs abattent pour le compte de notre association en moyenne 2 000 poulets/heure, sans aménagement particulier (en aménageant le site ces cadences peuvent être encore plus élevées). Ainsi en disposant 3 à 5 sacrificateurs sur une même chaîne, nous parvenons à un seuil de 6000 à 10 000 poulets / heure pour une seule chaîne36. Chaque sacrificateur abattant un poulet sur trois ou cinq en fonction du nombre d’intervenants. Il est donc tout à fait possible d’abattre sans électronarcose à des cadences industrielles qui permettent de rendre le coût de la viande accessible. A ce jour de nombreuses unités travaillent de cette manière, en France, au Brésil, en Espagne, en Angleterre, en Pologne, en Roumanie, etc., ainsi que dans plusieurs pays à 35 Certains abattoirs permettent de produire près de 30 000 poulets/ heures, mais cela est dû à la juxtaposition de plusieurs chaînes d’abattages sur un même site. Ce type de configuration serait aussi envisageable sans difficulté particulière sur des sites fonctionnant sans électronarcose. 36 Bien entendu ces sacrificateurs travaillent en journée pleine (en France 7 heures). Il est seulement recommandé d’employer un sacrificateur supplémentaire pour gérer les pauses des employés. Mais cela n’est pas obligatoire, car il est prouvé qu’un sacrificateur formé est en mesure d’abattre près de 4 000 poulets / heure et qu’il peut donc compenser l’absence de son collègue en pause. Toutefois, ce sacrificateur ne pourra abattre à raison de 4 000/ heure que sur une durée limitée n’excédant pas 2 heures. 16 © MARS 2012 A VOTRE SERVICE majorité musulmane et il est tout à fait possible de les visiter pour se rendre compte de la réalité de ces déclarations. Il faut cependant reconnaître que l’abattage sans électronarcose provoque un surcoût lié à l’emploi de sacrificateurs d’une part et aux casses d’ailes provoquées par le débattement des volailles suite à la saignée. Nous reviendrons sur ce dernier aspect au cours de la partie suivante. Concernant l’embauche de sacrificateurs travaillant à la main, le surcoût dépend beaucoup de la région du monde concernée et donc de la grille des salaires pratiquée. Mais nous pouvons signaler à titre d’exemple qu’en France (pays dont les salaires moyens sont très élevées), le surcoût moyen que nous avons évalué sur un site est de l’ordre de 1 à 2 centimes d’euros par kilogramme de poulet commercialisé soit moins de 0.5% du prix de vente moyen. Concernant le coût lié à la casse des ailes, il est approximativement du même ordre de grandeur sauf qu’à ce niveau, il existe des solutions possibles en aménageant différemment les abattoirs. Le système multi-chaîne Dans cette configuration, il suffit d’agencer 5 chaînes d’abattage à 3 000 poulets/heure. Les sacrificateurs travaillent ainsi très confortablement. Les cinq chaînes se rejoignent ensuite pour que la chaîne principale puisse produire 15 000 poulets / heure. Le coût d’un tel équipement est estimé en France, selon l’un des spécialistes que nous avons consulté, à 400 000 €. Cet investissement ramené à un prix au kg est inférieur à 1 centime d’euro. Les aménagements électronarcose possibles pour améliorer l’abattage rituel sans Bien que le coût reste minimum, il est important de faire référence aux solutions alternatives. En effet, d’une part, les opérateurs économiques cherchent à rentabiliser au maximum leurs infrastructures et d’autre part la casse des ailes est 17 © MARS 2012 A VOTRE SERVICE un sujet important lié au bien-être animal qui revêt une certaine importance d’un point de vue religieux. Afin de résorber le problème lié à la caisse des ailes, il faut revoir la configuration des abattoirs et travailler sur plusieurs solutions : Le ramassage des poulets Il faut savoir que beaucoup d’ailes sont cassées avant même l’accrochage sur la chaîne. Donc une proportion importante d’ailes sont cassées quelle que soit la configuration : avec ou sans électronarcose. En effet, « ces lésions sont pour une partie dues aux techniques de ramassage, car le ramassage par une machine spécialement conçue pour cette fonction a réduit ces lésions de 30% (Lacy & Czarick, 1998) et de 35% » (Knierim & Gocke, 2003).(D17) Les systèmes de contention La législation européenne impose la contention des animaux dans le cadre de l’abattage rituel, à l’exception des volailles. Toutefois, de nouveaux procédés ont démontré un certain degré d’efficacité. Ils restent perfectibles, mais permettent de limiter le débattement des volailles avant et après la saignée. Il faudrait donc exiger lors de l’abattage pour les volailles, comme pour les ovins et bovins, la contention des bêtes. Des systèmes existent et sont utilisés actuellement en Grande-Bretagne et en Belgique, pour immobiliser les ailes des volailles. (D17) A minima, un système en contact avec la poitrine des oiseaux pourrait être installé entre le point d’accrochage et le point de saignée, de manière à les apaiser. La longueur de la chaîne Pour limiter le stress des volailles qui sont accrochées par les pattes, la tête vers le bas, il convient de déterminer au plus juste la longueur du parcours. Le rapport (de l’EFSA – 2004) recommande une durée minimale d’accrochage (12’’ chez les poulets et 20’’ chez les dindes) et le règlement européen 1099/2009 impose une durée maximale d’une minute de suspension des volailles en état de conscience. 37 L’éclairage Certains abattoirs emploient la lumière bleue ou violette, qui tend à avoir un effet calmant sur les oiseaux. (D18). Le rapport de l’EFSA de 2004 a démontré que les volailles se débattaient dès lors qu’elles étaient exposées à la lumière du soleil. Par contre, ces battements sont considérablement réduits lorsque les volailles sont exposées à une lumière inférieure à 5 lux. C’est pourquoi certains abattoirs utilisent une lumière bleue ou violette qui permet de calmer les volailles. La gestion des températures L’installation d’un système de régulations de la ventilation, qui est, il est vrai assez couteux, participe à diminuer nettement le niveau de stress des volailles. D’ailleurs, d’après une étude réalisée par la commission 37 Observations critiques de l’OABA sur le rapport scientifique de l’AESA sur la sante et le bien-être des animaux 18 © MARS 2012 A VOTRE SERVICE européenne auprès de certains abattoirs, il s’est avéré que cette mesure était assez efficace du point de vue même des industriels. 38 La formation des opérateurs et des sacrificateurs Les quelques études qui existent sur la qualité des pratiques montrent que chez la volaille, jusqu’à 42% des gestes (des sacrificateurs) sont techniquement mal réalisés (absence de transsection des deux carotides). 39 (D18) Or la qualité de la saignée et la justesse des opérateurs qui accrochent les volailles sur la chaîne sont très importantes pour réduire le stress des volailles et leurs battements après la saignée. L’abattage rituel est-il juridiquement applicable ? La plupart des législations des principaux pays producteurs et exportateurs de volailles halal prévoient que dans le cadre de l’abattage rituel, il est possible de recourir à l’abattage sans étourdissement et donc sans électronarcose. Par ailleurs de notre propre expérience, même lorsque les législations imposent l’étourdissement, il est tout à fait possible d’obtenir des dérogations. En effet, même les pays interdisant formellement tout abattage sans assommage ont ouvert à plusieurs reprises la porte à l’abattage rituel sans assommage lorsque les lobbies religieux se sont organisés et ont su défendre leurs droits. L’Australie, réputée pour son intransigeance quant à l’application de l’assommage préalable des bêtes avant l’abattage, a récemment accordé des dérogations pour des abattoirs abattant selon le rite israélite (casher). Nous avons aussi appris récemment qu’un gros importateur de produit halal dans le Golf a pu bénéficier de cette même dérogation. L’Allemagne aussi réputée pour sa position contre l’abattage sans assommage a permis à certaines structures musulmanes d’abattre halal dans certains Etats. Tout n’est question que de rapport de force d’un point de vue économique. Permettre aux musulmans d’abattre avec assommage provoquerait plus probablement un relâchement dans la lutte pour nos droits que des avantages. Les musulmans représentent le cinquième de la population mondiale, soit un marché incontournable et sont en mesure de poser des exigences aux exportateurs de viande halal, comme l’a fait Israël avec l’Australie pour le casher et comme le font quotidiennement nombre de patrons musulmans. 38 European Commission - Directorate General for Health and Consumer Protection - Study on the stunning/killing practices in slaughterhouses and their economic, social and environmental consequences - no 2004/S 243-208899 – 25/06/2007 39 ESCo "Douleurs animales : les identifier, les comprendre, les limiter chez les animaux d’élevage." 19 © MARS 2012 A VOTRE SERVICE Conclusion Nous remercions les décideurs de l’OCI pour l’instigation de ce projet de standardisation nécessaire pour la communauté musulmane. Toutefois, nous estimons qu’il serait précipité et contre-productif de valider ce projet en l’état. Nous recommandons donc au conseil des savants de l’OCI et à l’IIFA de maintenir son avis interdisant la pratique de l’électronarcose sur les volailles. Nous souhaitons aussi que l’OCI puisse encourager la création de sites pilotes intégrant les différentes solutions proposées qui sont d’un avantage économique certain et d’un intérêt majeur pour le bon traitement des animaux. Au vu des moyens, compétences et demandes que représente la communauté musulmane, nous sommes persuadés qu’elle pourrait être leader dans ce domaine, dans les prochaines années. Nous proposons enfin que des experts musulmans venants des pays exportateurs non musulmans puissent intégrer la commission en charge d’étudier le projet de standardisation de l’OCI, afin que le maximum de compétences de la communauté musulmane puissent apporter leur expérience et leur expertise. Nous prions Dieu, afin qu’il agréé cette démarche, raffermisse nos pas en ce monde et dans l’au-delà et qu’Il nous préserve du haram et des choses douteuses. 20 © MARS 2012 A VOTRE SERVICE
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