Permis de conduire : un 100ème candidat illettré

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Permis de conduire : un 100ème candidat illettré
Personnes de contact :
Jean PÉTERS
Responsable de projets
Lire et Ecrire Brabant wallon ASBL
0486/96 17 70
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Delphine CHARLIER
Responsable de projets
Lire et Ecrire Brabant wallon ASBL
067/28 76 63
[email protected]
Nivelles, le 7 janvier 2013
un 100
ème
Permis de conduire :
candidat illettré réussit l’examen théorique !!!
Début d’année prometteur pour « Lire et Ecrire Brabant wallon ». En ce mois de janvier 2013, en
effet, l’ASBL célèbre la 100ème réussite d’un apprenant à l’examen théorique du permis de conduire.
Une prouesse dont les apprenants et leurs formateurs sont fiers.
Les apprenants de Lire et Ecrire sont des personnes peu ou pas scolarisées. Lorsqu’elles entrent en
formation, elles ne maîtrisent pas les connaissances de base en lecture et en écriture. Face à
l’examen théorique du permis de conduire qui mobilise ces compétences, elles sont forcément
désavantagées et désemparées. Mais, grâce à leur volonté, leur assiduité et à la pugnacité de leur
formateur, ils décrochent ce premier sésame avec brio.
Et, au-delà de l’indispensable pour leur mobilité, la réussite d’un examen constitue une source
précieuse de valorisation et de fierté.
Rétroactes
Partant du constat que bon nombre d’apprenants ne disposaient pas du permis de conduire et qu’en
être privé peut poser des problèmes pour accéder à un emploi, à des soins de santé, pour s’occuper
de la famille, ou encore faire des courses, c’est en 2003 que Lire et Ecrire Brabant wallon a développé
des modules de formation en préparation à l’examen théorique pour des personnes en grande
difficulté de lecture et d’écriture.
Méthodologie et compétences particulières
Ces modules sont préparés et animés par Jean-Claude Demuyser, formateur volontaire de l’ASBL. Sa
motivation et son exigence personnelle le poussent à améliorer sans cesse ses outils de travail.
L’apprentissage de la théorie au permis est une matière ardue. On touche à des connaissances en
mathématiques (ex. : la distance de freinage en fonction de la vitesse), en physique (ex. : l’énergie
cinétique), en mécanique, etc. Par ailleurs, le code de la route évolue sans cesse et il est
indispensable de se tenir informé régulièrement.
Disponible et s’adaptant constamment aux personnes fréquentant ses cours, le formateur a guidé
vers la réussite des apprenants ayant échoué jusqu’à 3 fois à l’examen : il s’arrête très souvent pour
répondre à des questions de vocabulaire et prend beaucoup de temps pour réexpliquer.
Il a mis au point un CD Rom/syllabus personnel, en résumant et simplifiant les méthodes déjà
existantes. Sans faire l’impasse sur la masse de contenu à comprendre et retenir, il a condensé et
illustré la matière, notamment avec des dessins à caractère humoristique. Chaque apprenant reçoit
aussi un questionnaire à choix multiple de 426 items dès la troisième séance de cours. Celui-ci est
complété à domicile (15 jours de délai) : les résultats sont encodés et servent de balise pour
connaître les points forts et les points faibles de chacun et du groupe.
Quelques résultats chiffrés
Tous les apprenants ne se présentent pas à l’examen et tous ne communiquent pas non plus
systématiquement leurs résultats à leur formateur, mais en fonction des retours obtenus, le taux de
réussite est estimé à 80 - 85%.
Un projet particulier, intitulé « Permis d’oser », subventionné par le Forem et s’adressant à un public
éloigné de l’emploi a, quant à lui obtenu un taux de réussite encore plus élevé. Sur 33 apprenants
inscrits, le formateur n’a relevé qu’un seul échec et un abandon, soit près de 94% de réussite. Les
scores obtenus dans ce projet sont aussi à souligner : la moyenne générale des résultats de ces 33
personnes est de 44/50. Une personne a obtenu 49/50, du « jamais vu » au centre d’examen de
Braine-le-Comte, une autre a réalisé un score de 48/50 à Louvain-la-Neuve !
Un public hors normes
Ces modules s’adressent à des adultes peu ou pas scolarisés, en Belgique ou à l’étranger. Certains
maîtrisent à peine le français oral, d’autres savent déjà lire, écrire et calculer mais avec difficulté. Les
niveaux ne sont jamais uniformes. Ce n’est finalement pas là que réside le plus gros frein :
l’irrégularité de fréquentation des cours ralentit beaucoup la progression.
Les motivations, elles, se rejoignent : obtenir le permis de conduire pour acquérir plus d’autonomie et
/ou comme compétence complémentaire pour obtenir un emploi.
Pour des personnes en marge de la société actuelle, exclues d’une série d’activités parce qu’illettrées,
la réussite à l’examen théorique du permis est source de valorisation et de fierté.
Un homme tentait d’obtenir son permis depuis 14 ans – sa famille se moquait de son incapacité
depuis 14 ans – et il a fini par y accéder. Les brimades ont cessé, les regards posés sur lui ont changé :
celui des autres et le sien.
A propos
Lire et Ecrire Brabant wallon est un organisme d’insertion socioprofessionnelle et un mouvement
d’éducation permanente. Chaque année, environ 400 personnes en situation d’illettrisme
fréquentent les formations dispensées dans diverses communes du Brabant wallon : Nivelles (siège
social), Tubize, Braine-l’Alleud, La Hulpe, Genappe, Ottignies, Mousty, Perwez… Dans la province, on
estime à 30.000 les personnes en difficultés de lecture et d’écriture.
L’ASBL Lire et Ecrire Brabant wallon existe depuis 1988. Elle est l’une des 9 régionales du réseau Lire et
Ecrire agissant en Communauté française pour le droit à l’alphabétisation pour tous. L’objectif de
l’ASBL est de répondre au mieux aux projets personnels et professionnels de la personne pour qu’elle
puisse s’émanciper et agir sur sa condition. L’équipe du Brabant wallon est composée de travailleurs
salariés et de volontaires soutenus par une coordination pédagogique, logistique et administrative.
Jean-Claude Demuyser, retraité en 2002, est volontaire à Lire et Ecrire Brabant wallon depuis 2003.
Sensibilisé à la question de l’apprentissage du permis de conduire par des copains de son jeune fils en
recherche d’emploi, il a mis ses compétences au service de l’association. Pendant son service militaire
en 1957, déjà, il était moniteur pour l’apprentissage des brevets pour la conduite des véhicules
ordinaires et des poids lourds avec ou sans remorque. Après une carrière dans l’aéronautique qui l’a
amené à beaucoup voyager et à parler 5 langues, sa motivation est d’aider et de transmettre ce qu’il
a appris à d’autres qui en ont besoin. Son message : « à ceux qui veulent obtenir leur permis : ne pas
se résigner, venez chez nous si cela ne va pas ! QUI VEUT PEUT ! La preuve : il y a des gens qui ne
savent pas lire, pas écrire et ils réussissent ! ».
Photo disponible sur http://brabant-wallon.lire-et-ecrire.be/images/stories/groupe_permis_2012.jpg

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