La dure loi du bitume - Université de La Réunion

Transcription

La dure loi du bitume - Université de La Réunion
varangue
>
de Saint-Denis
« Bayrou : un retour aux sources
En mars 2001, Jean-Jacques Morel de l’UDF s’allie avec
René-Paul Victoria du RPR afin de conquérir la mairie de
Saint-Denis. Les mésententes avec l’allié d’hier et les
querelles internes au sein de l’UMP locale ont conduit
l’avocat à claquer la porte la semaine dernière.
n°170
Journal-école du 21 mars 2007
3 questions à Jean-Jacques Morel, 1er adjoint au maire
>
Photo : E.R
Quelles sont les raisons qui
vous ont poussé à quitter
définitivement l’UMP ?
Pas besoin de cyclone pour galèrer sur la route.
HABITER LOIN DE SON LIEU DE TRAVAIL
La dure loi du bitume
Gamède a réveillé les vieux démons : La Réunion et ses
difficultés de circulation pour ceux qui vivent dans un
endroit et travaillent dans un autre. Quelles sont les
conséquences de ce mode de vie au quotidien ? Est-ce un
choix de vie ou une contrainte professionnelle avec
laquelle il faut composer, cyclone ou non.
D
ix-sept heures de route
dans la seule journée de
jeudi, avec plus de quatre
heures d’embouteillages
simplement pour traverser La
Montagne et revenir de SaintDenis ». Gamède a laissé des traces
de son passage. Philippe Calteau ne
se plaint habituellement jamais de la
route. C’est son métier. Mais ce jeudi
qui suit la levée de l’alerte rouge, ce
chauffeur-livreur de la société
GAMOI, dont le siège est basé à
l’Etang-Salé, a dû faire « abstraction
de tout » pour pouvoir livrer à
temps sur Saint-Denis et rattraper le
retard lié aux trois jours de cyclone.
Ce jour-là, « pas de famille, pas de
discussion avec le client et speed sur
la route ».
Conduire…ou déménager
Gamède a mis les plus coriaces à
rude épreuve. Mais il n’y a pas
besoin d’être routier pour vivre avec
les contraintes de circulation à La
Réunion. Béatrice Frédric a déménagé à cause de la route. Cette gestionnaire de l’Education nationale habitait Saint-Gilles-les-Hauts et travaillait à Saint-Denis. « Pendant
deux ans, j’ai vécu avec le stress de
ne pas rentrer chez moi à temps. J’ai
trois enfants en bas âge que je ne
voyais plus. Leur garde à domicile
me demandait des frais supplémentaires. Et le soir, il me fallait trouver
un proche pour les garder en cas de
fermeture de la route du littoral ou
d’accident ». Béatrice Frédric a fina-
lement décidé d’abandonner le soleil
et les plages pour se rapprocher du
bureau, l’IUFM de Bellepierre. La
fonctionnaire ne regrette pas cette
nouvelle vie. « Aujourd’hui je ne me
fais plus autant de souci ». Sa maison dans l’Ouest ? Elle la loue, tout
simplement.
« La route plutôt
que Saint-Denis »
Laetitia Bayrou est à quelque chose
près dans la même situation. Cette
étudiante en licence de Sciences de
l’éducation est originaire de SaintJoseph et loue un studio à SaintDenis durant la période universitaire. Elle préfèrerait rentrer chez elle
tous les soirs. « Si cela ne tenait qu’à
moi, je ferais la route tous les jours
pour retrouver le Sud. Mais le budget serré de mes parents dont je
dépends financièrement et l’usure de
la voiture m’obligent à rester sur
Saint-Denis la semaine ».
Un engouement pour le Sud que partagerait avec une majorité de
Réunionnais. Les statistiques de
l’INSEE, sur les populations des
communes, démontrent en effet, que
le Sud « enregistre le plus fort taux
d’apport migratoire » de l’île. Sur la
période de 1990-1999, la population
y est passée de 207 000 à 248 000
habitants.
A l’inverse, l’INSEE constate dans la
même étude que « les départs de
Saint-Denis excèdent les arrivées ».
8 000 personnes ont, en neuf ans,
abandonné le chef-lieu et ses bouchons et refusé de vivre dans un des
pôles économiques de la région.
« Une émigration vers les
communes voisines »
Aujourd’hui « une partie de cette
population émigre vers des communes résidentielles » comme SainteMarie et la Possession. Ces villes ont
l’avantage pour la population qui
continue à travailler dans la « capitale » d’être voisines du chef-lieu.
Elizabeth Ringayen a fait ce choix,
malgré l’handicap de la route du littoral. La comptable réside au Port
depuis six ans et travaille à SaintDenis. Elle assure « ne pas réellement subir les embouteillages, sauf
lors de grosses pluies ». « Une seule
fois, lors de la fermeture de la route
en corniche, j’ai dû être hébergée
sur Saint-Denis». Son mode de vie
lui convient donc tout à fait et,
contrairement à d’autres, Elizabeth
Ringayen préfèrerait changer de travail plutôt que de lieu d’habitation.
Evelyne RIVIERE
Photo : M.Y
Journal Ecole Varangue
Département des Sciences de
l’information et de la communication.
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humaines. Université de la Réunion.
Directeur de la publication :
Bernard Idelson
Rédacteur en chef : Laurent Decloitre.
Secrétaire de rédaction :
Natacha Paul
Julie Touzet
Diffusé auprès de 10 000 étudiants
Àprès êtres sortis des embouteillages, autre problème : se garer.
J’ai été le premier à la Réunion à
soutenir Sarkozy. Mais depuis, je n’ai
pas apprécié la tournure prise
localement par la campagne du
président de l’UMP.
D’une part , lors de son dernier
voyage dans l’île en février, il s’est trop
rapproché du dirigeant communiste
Paul Vergès et de Nassimah Dindar,
dont je conteste la gestion au conseil
général : elle fait la part belle aux
cocktails et non à la jeunesse.
L’alliance de la carpe et du lapin, ce
n’est pas ma tasse de thé.
D’autre part, le programme de
Nicolas Sarkozy pour l’outre-mer
n’est pas ce que j’attendais. Les zones
franches globales, c’est une idée digne
d’intérêt mais elle doit être
accompagnée d’autres mesures,
comme l’éducation des jeunes et la
qualification de tous.
Enfin, la goutte d’eau qui a fait
déborder le vase, c’est lorsqu’un
apparatchik arrogant de l’UMP a
déclaré que je ne faisais rien sur
l’échiquier politique à Saint-Denis.
> Quelle est votre position par
rapport aux prochaines échéances
présidentielles ?
Je ne soutiendrai pas Nicolas
Sarkozy. Je préfère prendre ma liberté. Mon soutien ira à celui qui proposera un vrai programme pour
l’outre-mer. J’interrogerai d’ailleurs
François Bayrou lors de sa visite
cette semaine dans l’île. Je compte
m’entretenir avec lui de ses propositions pour la Réunion. Je suis issu de
L’avocat-politicien heureux d’avoir
repris sa liberté de mouvement.
l’UDF, c’est pourquoi je me sens à
mille lieux de l’UMP et de l’UMP
locale. Mon soutien à François
Bayrou ne serait finalement qu’un
retour aux sources. Je suis un
homme de convictions et pour moi,
La Réunion passe avant tout.
> Est-ce que votre positionnement
ne relève pas plutôt de la stratégie
électorale ?
Non, quand j’ai rallié l’UMP, je n’aipas renié mes convictions centristes.
Je ne cherche pas une étiquette, mais
une investiture populaire. Il m’appartient de relever le défi qui m’est
posé aujourd’hui, non seulement à
moi Jean-Jacques Morel mais aussi
et surtout aux Dionysiennes et aux
Dionysiens. Ce sont eux et eux seuls
qui peuvent dire qui pèse ou qui ne
pèse pas dans la balance électorale.
Dans un an, ce sont les municipales.
Je n’y pense pas… pour le moment.
Mais pour les législatives, j’y réfléchis et pas seulement en me rasant le
matin. On ne juge un homme qu’à
l’arrivée. Je n’ai pas encore dit mon
dernier mot.
Entretien : Sitianlati DAROUSSI
TARIFS DE L’ADSL
Pas d’effet Sarko
En visite à La Réunion le mois dernier, le ministre de l’Intérieur et de
l’aménagement du territoire Nicolas
Sarkozy a débloqué une subvention
de 3 millions d’euros afin d’inciter
les fournisseurs d’accès à Internet à
baisser les prix de l’ADSL. Sur le site
du candidat à la présidentielle, on
peut même lire que cet accord EtatRégion va permettre de diminuer les
tarifs de moitié pour le consommateur réunionnais. Un mois après
cette annonce, qu’en est-il vraiment ?
« Il n’y aura pas de changement de
tarification, mais plutôt une évolution du forfait », lâche Jean-Pierre
Hoarau, directeur des relations avec
les collectivités locales à France
Télécom. Au 1er mars 2007, l’internaute payera 29,90 euros pour de
l’ADSL 512k, au lieu de… 29,90
euros auparavant. Non, il n’y a pas
d’erreur. Simplement, ce dernier
disposera de 3 Gigaoctets de téléchargement (contre 2 jusqu’ici).
Soit, environ 3 films et une poignée
de mp3 à télécharger, de manière
légale, cela va de soi. Pour le même
prix en métropole, la connexion est
non seulement illimitée, mais surtout 16 fois plus rapide !
Du côté d’ « Only », aucune baisse à
signaler. Mustapha Assanaly, directeur régional d’Outremer Télécom,
est conscient de son léger retard.
« Nous sommes en train de tra-
vailler sur de nouvelles offres afin de
s’aligner sur la concurrence ». Des
forfaits identiques pour le moment.
Jouant sur l’ambiguïté débit/téléchargement, l’offre ADSL 512k est
annoncée à 24,90 euros pendant 3
mois. Mais si on y regarde de plus
près, on s’aperçoit qu’elle est limitée
à 1Go de téléchargement, soit un
film à peine.
Nouveau venu à La Réunion, « Izi »
a choisi de se distinguer par l’ajout
de nouveaux services. Izi propose
une connexion 1 Méga illimité. Un
haut débit de connexion auquel s’ajoute la téléphonie illimitée vers les
fixes réunionnais et métropolitains
(à partir du mois prochain). Mais la
comparaison avec la métropole s’arrête là. Cette offre est facturée 50
euros par mois, soit plus du double
des prix métropolitains. Toujours
est-il que cet opérateur cherche à
innover. « Chez Izi, la télévision sur
Internet est déjà en projet », peut-on
lire sur leur site internet.
La subvention du ministre n’aura
donc eu que très peu d’impact sur la
facture des internautes Réunionnais.
Acheminer de l’ADSL
par le
«safe » représente certes un coût
important. De nouveaux investissements laissent présager pour le futur
des offres à 16, voire 20 mégas.
Mais pour l’heure, aucun tarif n’est
évoqué…
Antoine FORESTIER
1
GYNÉCOLOGUE FAVORABLE À L’EUTHANASIE
«On ne peut pas regarder un enfant mourir »
La question de la dépénalisation de l’euthanasie est
relancée après le procès à Périgueux, la semaine dernière,
de deux soignantes accusées d’avoir aidé à mourir une
patiente. Au centre hospitalier de Bellepierre, un
gynécologue est signataire comme 2000 autres médecins
français d’un manifeste réclamant une amélioration de la
loi sur ce sujet délicat. Au service de néonatalogie, la
question de l’euthanasie se poserait aussi.
nale. Des patients qui souhaitaient
partir en paix. « Je ne sais pas comment je réagirais », confie le médecin.
hyper prématurés ne peuvent pas
être pris en charge. « Ici, le problème
est le même que dans les services de
soins palliatifs ».
La loi actuelle en France laisse les
médecins impuissants dans cette
situation. « Le plus dur, c’est quand
l’enfant met plusieurs heures avant
de partir. Il faut absolument que des
lois soient votées. On ne peut pas se
permettre de regarder un enfant
mourir dans la douleur, sans rien
faire, c’est intolérable », déplore
Fabrice Cuiller.
« Il faut que des lois soient
votées »
Une sage femme accusée
d’infanticide
Lorsque l’on parle d’euthanasie, les
situations qui viennent à l’esprit sont
toujours les mêmes : cancers en
phase terminale, handicaps, maladies neurologiques. Mais les réalités du monde médical sont bien plus
complexes. Dans le service gynécologie de l’hôpital dionysien, les médecins sont confrontés eux aussi à des
situations très dures. Il arrive que
des patientes fassent des fausses couches tardives au bout de 21, 22, 23
semaines de grossesse. Parfois, les
bébés naissent vivants. Mais ces
Fabrice Cuiller se positionne en faveur de l’euthanasie
Fabrice Cuiller sait que l’arrêt de vie
se pratique dans certains services de
néonatalogie, en métropole aussi
bien qu’à l’étranger.
Il se souvient d’une sage-femme en
Belgique. Elle arrête le c?ur d’un
enfant, hyper prématuré et atteint
d’une malformation cérébrale incurable, suite à la demande de la
maman. La mère, qui regrette son
geste, porte plainte contre la sagefemme.
« Dans une situation comme celle-ci,
le soignant est accusé d’infanticide.
Il risque 15 ans d’emprisonnement
», s’insurge le gynécologue. Une
dépénalisation de l’euthanasie, dans
un cadre bien précis, avec un accompagnement particulier des patients et
de la famille, apporterait donc aux
médecins une couverture légale.
Les contradictions de la loi actuelle
française dérangent le médecin. « Il
arrive que des parents demandent
une interruption de grossesse
lorsque leur bébé est atteint d’une
maladie incurable.
Le bébé est encore dans le ventre de
la maman, on fait une première
injection pour l’endormir. La
deuxième, de potassium, provoque
l’arrêt cardiaque ».
Cette interruption de grossesse est
RAPPORT DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL
TABLE RONDE SUR LA PHOTOGRAPHIE AFRICAINE
F
Photo : J.K
abrice Cuiller est gynécologue obstétricien au centre
hospitalier de Bellepierre. Un
métier dans lequel on a l’habitude de côtoyer les naissances, pas
la mort. « Je n’ai jamais été directement confronté à une situation d’accompagnement de fin de vie en tant
que médecin. Quand on est gynécologue, on la donne, la vie ». Mais
lorsqu’il reçoit un mail lui demandant s’il est favorable la dépénalisation de l’euthanasie, le spécialiste
répond oui. Et apparaît parmi les
signataires d’un manifeste en faveur
de l’euthanasie, publié dans deux
journaux nationaux. Quand il travaillait au centre anti-cancéreux de
Caen, Fabrice Cuiller a vu passer des
patients dans des états plus que critiques. Une jeune femme de 28 ans,
atteinte d’un cancer en phase termi-
légalisée en France, alors que tout
arrêt de vie, une fois l’enfant sorti du
sein maternel, est illégal.
Dans ce vaste débat éthique, Fabrice
Cuiller se positionne clairement
pour une dépénalisation de l’euthanasie. Au même titre que la fédération française des pédiatres néonatalogistes qui déclare que « la possibilité de limiter ou d’interrompre les
traitements, voire parfois de recourir
à des arrêts de vie, fait partie intégrante de l’histoire de la prise en
charge du patient ».
Il s’agit d’abréger la vie d’un enfant
de quelques heures, en lui évitant
une mort lente mais inévitable.
Ultime question d’éthique : la plupart du temps ces arrêts de vie
seraient pratiqués sans que les
parents soient mis au courant, « par
humanité », pour ne pas les faire
souffrir davantage.
Eurydice BAILLET
Ce que prévoit la loi
En France, la loi Leonetti du 22 avril 2005, relative aux droits des malades
en fin de vie, leur reconnaît le droit de mourir dans la dignité. Cette loi
réaffirme l’importance des soins palliatifs et autorise, avec un encadrement
particulier, l’euthanasie passive. C’est-à-dire l’administration de traitements
anti-douleurs efficaces au malade en fin de vie, même si cela entraîne une
mort plus rapide. Les injections de morphine sont donc tolérées. Le médecin
a légalement le droit d’interrompre ou d’omettre un traitement. L’euthanasie
active, reste elle, illégale. Elle suppose le geste d'un tiers qui administre à
un mourant une substance létale, dont on sait que la conséquence sera la
mort du patient.
L’Eglise, toujours contre
l’euthanasie
Interrogé, l’évêque Gilbert Aubry rappelle la position intransigeante de
l’Eglise sur la question de l’euthanasie. « L’Eglise catholique tient au
respect de la vie depuis la conception dans le sein maternel jusqu’au
moment de la mort. Toute vie connaît la souffrance et chacun de nous
connaîtra la mort. Il faut tout mettre en oeuvre pour faire reculer la
souffrance. Mais on ne peut pas donner la mort, soit directement, soit
dans l’intention d’un acte à retardement pour supprimer la douleur. Ce
serait un meurtre.
C’est pour cette raison que, quels que soient les motifs et les moyens,
l’Eglise est contre l’euthanasie directe qui consiste à mettre fin à la vie
de personnes handicapées, malades ou mourantes. Nous pouvons lire
dans le Catéchisme catholique que « les soins palliatifs constituent une
forme privilégiée de la charité désintéressée. A ce titre, ils doivent être
encouragés ». Cette position est celle de l’Eglise partout dans le monde. »
Manque de terrains Un débat mal cadré
2
CESR, une telle politique s’explique : « Les maires subissent une
pression sociale. Il est plus facile de
débloquer des terrains pour des
logements sociaux, que de dire oui
à l’installation d’une entreprise ».
Autre problème soulevé, un nombre
non négligeable de terrains seraient
inexploités à titre spéculatif.
« Alors que dans le département de
la Creuse, le prix au m2 d’un bâtiment industriel est de 230 euros,
chez nous il est à 2200 euros », rappelle
Jean-Raymon
Mondon.
« Comment avec de tels prix La
Réunion peut-elle attirer des entreprises ? ».
Les solutions proposées pour faire
évoluer la situation sur l’île dépenderaient d’une prise de conscience
de la part de la Région et de
l’Etablissement Public Foncier de la
Réunion. Ce dernier réalise des
acquisitions foncières et immobilières, en vue de la constitution de
réserves. Pour le CESR, il faudrait
aussi réaliser un travail de localisation des opérations d’aménagement
du territoire et y inclure des projets
locaux. L’effort doit surtout se
concentrer sur une limitation des
prix d’acquisition ou de location du
bâtiment.
Anna LAWAN GANA
« Mesdames et messieurs, la table
ronde va commencer ». A la table,
un parterre d’invités alléchant.
Pierrot Men, Nabil Boutros représentent une génération de photographes plus que respectés pour leur
travail sur l’Afrique. Les autres, plus
confidentiels, complètent une liste
d’artistes venus des quatre coins du
continent africain et représentant la
« diversité du pays ».
Une diversité qui transparaît dans
leurs styles : photographies d’intérieur, portraits, instants décisifs, en
couleur ou noir et blanc … Pas de
doute, il y a autour de cette table
autant de sensibilités que de photographes.
Pourtant le débat annoncé dans les
programmes comme une discussion
sur la photographie africaine ne
répond pas aux attentes. La table
ronde se mue en un ordinaire jeu de
questions-réponses convenues entre
le maître de cérémonie qui n’est pas
photographe
et
les
invités.
Questions entendues qui cadrent
mal avec l’engagisme des artistes
présents : « Qu’est-ce qui fait une
bonne photo ? », « la photographie
est-elle un art ? ».
Autant de débats qui n’ont pas trouvé réponse en un siècle et demi de
photographie. Les invités doivent
pourtant s’exprimer en quelques
minutes sur chaque sujet. Résultat,
les « pros » répondent sans conviction, à coup de banalités eux aussi.
« Limites à ne pas dépasser »
Photo : J.K
Alors que d’ici peu, la Réunion
dépassera le million d’habitants, l’économie réunionnaise ne serait pas
en mesure de supporter une telle
croissance démographique. « Il faut
donner envie aux entreprises de
s’installer et leur donner la possibilité de s’étendre. Il manque 1000 hectares
pour les 20 prochaines
années ». Ce constat alarmant, c’est
le Conseil économique et Social
Régional (CESR) qui l’a dressé, vendredi dernier, en rendant public un
rapport sur la santé du foncier et
l’immobilier d’entreprise sur l’île.
Jean-Raymond Mondon, le président du CESR, poursuit sa démonstration : « En 2006 les surfaces
aménagées disponibles étaient à
peine de 5,5 hectares .»
Une situation qui remettrait en
cause de nombreux projets d’implantation ou d’extension d’entreprise. « Ma recherche de locaux
pour agrandir mon entreprise s’est
révélée être une véritable marche
dans le désert », témoigne Pascal
Buisson, chef d’une société de retraitement de détergent.
Pourtant des locaux et des terrains
existent. Le problème, c’est que l’acheteur industriel passerait après les
promoteurs immobiliers et les commerçants. Selon les membres du
L’Afrique est exposée jusqu’au 21
avril dans des galeries du chef-lieu.
C’est donc dans l’intimité de l’aprèsdébat que les échanges sont les plus
riches. Devant les photographies,
une discussion débute sur les « limites à ne pas dépasser ». Dans un
monde numérique inondé d’images,
le respect à la personne est de moins
en moins pris en compte. Pierrot
Men fait part de son expérience sur
les terres malgaches : « Il faut savoir
sentir lorsque l’on va trop loin. Il
arrive que je me refuse à déclencher
si je pense que cela va déranger. Je
privilégie la complicité. Tant pis si je
rate une opportunité rare. » Tout le
monde ne le fait pas.
Bruno Hadji, photographe en
Algérie, concède que pour certains,
« c’est la seule façon de se faire
remarquer. Les magazines font parfois pression sur les photographes.
Ce qu’ils veulent de plus en plus,
c’est du choc ». Il ajoute toutefois
comprendre que lors de certains
reportages engagés, les photographes ressentent le besoin de
« dénoncer les abus avec des images
limites ».
L’échange gagne rapidement en passion entre les presque pro Paris
Match et les définitivement contre.
Le débat d’idées aura finalement eu
lieu. Dommage que dans tout cela,
on n’ait que très peu parlé de …
l’Afrique. Par chance, les photographies remplissent parfaitement ce
rôle.
Johan KERVELLA
Contacts et horaires des
expositions :
Du mardi au samedi, de 10h à 18h
Espace Jeumont : 02 62 20 41 10
Galerie Gounod : 02 62 41 45 87
Château Morange : 02 62 30 4068
LES TIC DANS LE JEU DE LA SEDUCTION
Comment dénicher l’âme soeur sur le net
D
raguer en boîte, danser
avec quelqu’un et lui
offrir un verre, c’est terminé pour moi! Non
seulement je suis très timide et les
quelques "vestes" en direct m'ont un
peu refroidi. Maintenant, je tente
d’autres méthodes : les sites de rencontres du style Meetic ». Gilles estil une « victime de l’an 2000 »,
comme le chante la rappeuse
Diam’s ? Tout juste la trentaine, ce
jeune homme ainsi que des millions
de célibataires esseulés prennent
d’assaut les nombreux sites de rencontres pour trouver leur moitié.
Payants ou gratuits : Meetic.fr,
Match.com,Rencontre.com,
Parship.com et sur le plan local,
city974.com et trombi.com.
Maître de ses rencontres
Petit test sur meetic.fr. Je passe une
bonne quinzaine de minutes à trouver un pseudonyme adéquat…et
attrayant. Dans un premier temps,
j’opte pour des noms de parfums.
Echec à chaque tentative. Parmi les
22,5 millions de profils enregistrés
sur Meetic, « Organza27 » et
« Ming shu » ont déjà trouvé preneurs ! Finalement, je me décide
pour « Elyza974 ». Après l’envoi
d’un mail de confirmation à ma messagerie, l’inscription commence. Six
étapes pour un profil. Tout est passé
au crible : de ma nourriture préférée
à mes goûts musicaux, en passant
par ma conception du mariage, sans
oublier la description minutieuse de
mon physique. Joignez à cela une
photo, afin de « multipliez mes
chances par 10 de rencontrer mon
âme soeur », comme le prédit ce site.
Au bout de vingt minutes, le profil
est
«
presque
»
bouclé.
Concentration. Il ne me reste que la
rédaction de l’annonce pour faire
mouche : « Récemment sur le marché du célibat, je suis un coeur à
prendre... ». Enfin et avec délectation, je remplis consciencieusement
les critères que je désire voir apparaître chez mon âme soeur.
En quelques minutes, des réactions
me parviennent : « doudou9 a visité
votre profil », « jaluo a chatté avec
vous » ou encore « donnie_974 a
flashé pour vous »… Impensable
dans la vie réelle, tout devient possible dans le monde virtuel. Les internautes peuvent choisir de rester, de
partir, de répondre ou non.
«L’avantage du net, c’est que l’on
n’a pas peur de se faire jeter ! », observe Michaël Vauthier, psychologue
à Saint-Denis. Alors sans hésiter : on
« flashe » sur un profil, on discute
«on line » et on congédie les membres indésirables dans sa « blacklist ».
Bref, l’internaute est maître de ses
rencontres.
De mon côté, je n’hésite pas à bloquer cet expéditeur salace qui n’allait pas par quatre chemins : « Tu es
chaude ? T’as une web cam ? Tu
b… ? »
« La vitesse du réseau donne l’impression de connaître l’autre très
rapidement sans que cela passe par
une reconnaissance physique »,
constate le psy. Derrière son écran,
on ne prend pas de risque. A l’inverse, dans le monde du sensible, c’est
histoire.
une
toute
autre
Tremblements, bégaiements, sueurs
froides et autres symptômes dévoilent nos intentions. Notre corps trahit…et faillit parfois. Un sentiment
de frustration contourné grâce au
web dans un premier temps.
« Internet permet de masquer sa
timidité, on peut facilement se lâcher
et discuter avec des personnes auxquelles on aurait jamais pensé »,
poursuit notre internaute Gilles, à la
recherche de relations sérieuses
depuis deux ans.
Inscrit en juillet 2005 sur meetic.fr et
sur match.com, cet homme n’a toujours pas rencontré sa moitié. « J’ai
rencontré cinq femmes sur meetic.
Quelques jours plus tard après avoir
discuté sur le net, on se donnait rendez-vous dans des cafés. A chaque
rencontre, j’étais impatient mais j’ai
eu pas mal de surprises autant physiques que morales. De la personne
"faux cul" à une histoire que je
croyais sérieuse, en passant par des
découvertes d'amitiés fortes. Les
rencontres sur internet sont de véritables expériences ! ».
Forums et MSN, des outils
branchés
Parmi les sites de rencontres réunionnais, Trombi et City974, sont les
plus consultés par les moins de trente ans. City974, a vu le jour en juillet
Photo : A.H
Forums, « chats », blogs, textos et messageries
instantanées… Des nouvelles technologies de l’information
et de la communication qui facilitent aujourd’hui les
rencontres. De relations amicales à… plus si affinités. Les
rencontres dites à « l’ancienne » qui impliquaient une
proximité physique, seraient-elles menacées par la
nouvelle drague… virtuelle ?
Plus besoin de sortir pour draguer. Les rencontres se font maintenant par écrans interposés.
2004 : « Il a été crée pour rassembler
les Réunionnais. Au départ, c’était
un site de forums pour tous les âges,
même jusqu’à 58 ans…Puis les 1524 ans se sont appropriés le site »
explique Julien Rochefeuille, webmaster de city974. Au fur et à mesure, le site a développé deux versants : les forums de discussion et les
rencontres.
Julien, lycéen de 19 ans, s’en tient
aux simples discussions. Il ne recherche pas les relations physiques. « Sur
trombi et city974, j’ai fait des rencontres intéressantes, des filles principalement. Mais cela reste virtuel.
Elles sont dans mes contacts MSN,
on se parle mais je n’ai jamais ressenti le besoin de les voir physiquement… c’est peut être parce que je
suis déjà avec quelqu’un, lol* », m’écrit Julien via sa messagerie instantanée.
Le haut débit aidant, certains peuvent rester des heures sur city974.
«Dès que je me connecte sur le net,
j'ouvre machinalement ma page de
city974. En général, je suis connectée 3 à 4 heures par jour. Le seul
point noir concerne les discussions
privées : il faut rafraîchir la page
tout le temps », raconte une jeune
étudiante en lettres de 23 ans que
nous nommerons Anne.
En clair, le dialogue en direct est très
lent et peu pratique. Du coup, les
« citynautes » se donnent rendezvous sur des messageries instantanées comme MSN. « Je suis homosexuelle donc ce n'est pas facile de
rencontrer des filles dans la rue ou à
la fac. Sur MSN, on peut communiquer des semaines voir des mois. En
général, je ne demande pas à rencon-
trer, mais si la fille me plaît et propose que l'on se voit… Je suis d’accord », précise Anne. C’est simple
depuis qu’elle est inscrite sur
city974, sa vie sentimentale, selon
son expression, se trouve « boostée». « J'ai rencontré beaucoup de
personnes sur city. Des amis, au
moins une dizaine! Puis grâce à ce
site j’ai rencontré mon ex…Et mon
actuelle aussi».
Régulièrement, des sorties dans les
boîtes de nuit de l’île sont organisées
par les webmasters de City974. Des
occasions à ne pas manquer pour les
nombreux « citynautes » qui désirent approfondir leur aventure virtuelle. Des premiers pas dans la virtualité… Pour un bonheur réel.
Audrey HOARAU
* Lol : Acronyme de l’anglais Lots of
Laughter, traduisez en français par
mort de rire.
Blogs à part
Meetic, leader Européen
Certains blogs (carnets de bords
en ligne) et forums permettent de
rassembler des personnes qui
partagent les mêmes centres
d’intérêt.
Aujourd'hui, on compte plus de
trois millions de blogs
uniquement en France, dont près
de 2,5 millions ouverts par des
adolescents sur la plate-forme de
la radio Skyrock.
Toutefois, ces outils peuvent être
aussi un moyen direct de
rencontrer son âme-soeur.
« J’ai rencontré Cédric sur un
forum du groupe Radiohead. On a
fait connaissance via ordinateur.
Il n’y avait pas encore le haut débit
à La Réunion et l’accès à Internet
était limité, c’était pas facile !
Puis on s’est vu au Tampon lors
des Florilèges. On est ensemble
depuis sept ans » confie Viviane,
24 ans actuellement étudiante en
droit privé à Sherbrooke, au
Québec.
En quatre ans, Meetic, a réussi à
s’imposer comme le leader
européen de la rencontre en ligne
avec plus de 22,5 millions de
profils enregistrés depuis sa
création. En 2005, ce site de
rencontres en ligne réalisait un
chiffre d’affaires de 43 millions
d’euros. En mai 2006, Meetic a
enregistré 8,3 millions de
visiteurs uniques.
City974, entre forums et
rencontres
Actuellement, le site compte 23
200 membres, l’inscription est
gratuite mais certains services
facultatifs sont payants, comme
l’accès au forum sexualité. Sur 23
200 inscrits, 300 à 400 personnes
s’inscrivent sur le pack + payant
qui repose sur un système d’appel
facturé à moins de deux euros.
Photo : A.H
Le succès des petites annonces
L’amour n’est plus qu’à un clic.
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Les petites annonces sont d’autres
moyens de rencontres dans l’île. Sur
clicanoo.com, il faut choisir la bonne
formule : gratuite ou payante, selon
la longueur du texte et l’ajout de
photo. A l’inverse des sites de
rencontres, moins vous en dites et
plus vous avez de chance que votre
message paraisse dans le journal.
Pas de futilités, en moins de 96
signes, cela donne : « 715402 Jf de
24 ans, rech. jh sérieux et plein de
tendresse ac qui partager des
moments de complicité ».
Avec 22 000 visites quotidiennes, les
réponses ne se font pas attendre.
Tim, informaticien de 26 ans : « Mon
boulot me prend énormément de
temps et je croise peu d'occasion de
discuter avec des gens. Comme je
suis souvent derrière l’écran, le net
reste mon seul refuge. Puis je
préfère les petites annonces car
souvent les nanas s'attachent a
l'apparence et je suis pas Tom
Cruise !».
Pour les moins timides, l’émission «
Chaleur Tropicale » que propose
Radio Freedom depuis 15 ans,
permet à ceux qui cherchent l’âme
s?ur de le faire en temps réel et sur
les ondes. Tous les soirs de la
semaine de 20h00 à 23h00 (24h00
le week-end), « le standard est pris
d’assaut par les auditeurs qui
appellent pour passer deux types
de messages : les annonces
sérieuses et les recherches
d’aventures le plus souvent »,
détaille Mélanie, animatrice de
l’émission. Les 30-45 ans sont les
plus fidèles auditeurs et la majorité
des appels sont émis par des
hommes : « Mais depuis peu, les
femmes de 20 à 40 ans n’hésitent
plus à téléphoner, elles ne sont pas
nombreuses mais elles sont moins
réservées », constate avec
satisfaction l’animatrice. Un marché
de la drague qui s’adapte à
l’évolution des moeurs.