La dure loi du bitume - Université de La Réunion
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La dure loi du bitume - Université de La Réunion
varangue > de Saint-Denis « Bayrou : un retour aux sources En mars 2001, Jean-Jacques Morel de l’UDF s’allie avec René-Paul Victoria du RPR afin de conquérir la mairie de Saint-Denis. Les mésententes avec l’allié d’hier et les querelles internes au sein de l’UMP locale ont conduit l’avocat à claquer la porte la semaine dernière. n°170 Journal-école du 21 mars 2007 3 questions à Jean-Jacques Morel, 1er adjoint au maire > Photo : E.R Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à quitter définitivement l’UMP ? Pas besoin de cyclone pour galèrer sur la route. HABITER LOIN DE SON LIEU DE TRAVAIL La dure loi du bitume Gamède a réveillé les vieux démons : La Réunion et ses difficultés de circulation pour ceux qui vivent dans un endroit et travaillent dans un autre. Quelles sont les conséquences de ce mode de vie au quotidien ? Est-ce un choix de vie ou une contrainte professionnelle avec laquelle il faut composer, cyclone ou non. D ix-sept heures de route dans la seule journée de jeudi, avec plus de quatre heures d’embouteillages simplement pour traverser La Montagne et revenir de SaintDenis ». Gamède a laissé des traces de son passage. Philippe Calteau ne se plaint habituellement jamais de la route. C’est son métier. Mais ce jeudi qui suit la levée de l’alerte rouge, ce chauffeur-livreur de la société GAMOI, dont le siège est basé à l’Etang-Salé, a dû faire « abstraction de tout » pour pouvoir livrer à temps sur Saint-Denis et rattraper le retard lié aux trois jours de cyclone. Ce jour-là, « pas de famille, pas de discussion avec le client et speed sur la route ». Conduire…ou déménager Gamède a mis les plus coriaces à rude épreuve. Mais il n’y a pas besoin d’être routier pour vivre avec les contraintes de circulation à La Réunion. Béatrice Frédric a déménagé à cause de la route. Cette gestionnaire de l’Education nationale habitait Saint-Gilles-les-Hauts et travaillait à Saint-Denis. « Pendant deux ans, j’ai vécu avec le stress de ne pas rentrer chez moi à temps. J’ai trois enfants en bas âge que je ne voyais plus. Leur garde à domicile me demandait des frais supplémentaires. Et le soir, il me fallait trouver un proche pour les garder en cas de fermeture de la route du littoral ou d’accident ». Béatrice Frédric a fina- lement décidé d’abandonner le soleil et les plages pour se rapprocher du bureau, l’IUFM de Bellepierre. La fonctionnaire ne regrette pas cette nouvelle vie. « Aujourd’hui je ne me fais plus autant de souci ». Sa maison dans l’Ouest ? Elle la loue, tout simplement. « La route plutôt que Saint-Denis » Laetitia Bayrou est à quelque chose près dans la même situation. Cette étudiante en licence de Sciences de l’éducation est originaire de SaintJoseph et loue un studio à SaintDenis durant la période universitaire. Elle préfèrerait rentrer chez elle tous les soirs. « Si cela ne tenait qu’à moi, je ferais la route tous les jours pour retrouver le Sud. Mais le budget serré de mes parents dont je dépends financièrement et l’usure de la voiture m’obligent à rester sur Saint-Denis la semaine ». Un engouement pour le Sud que partagerait avec une majorité de Réunionnais. Les statistiques de l’INSEE, sur les populations des communes, démontrent en effet, que le Sud « enregistre le plus fort taux d’apport migratoire » de l’île. Sur la période de 1990-1999, la population y est passée de 207 000 à 248 000 habitants. A l’inverse, l’INSEE constate dans la même étude que « les départs de Saint-Denis excèdent les arrivées ». 8 000 personnes ont, en neuf ans, abandonné le chef-lieu et ses bouchons et refusé de vivre dans un des pôles économiques de la région. « Une émigration vers les communes voisines » Aujourd’hui « une partie de cette population émigre vers des communes résidentielles » comme SainteMarie et la Possession. Ces villes ont l’avantage pour la population qui continue à travailler dans la « capitale » d’être voisines du chef-lieu. Elizabeth Ringayen a fait ce choix, malgré l’handicap de la route du littoral. La comptable réside au Port depuis six ans et travaille à SaintDenis. Elle assure « ne pas réellement subir les embouteillages, sauf lors de grosses pluies ». « Une seule fois, lors de la fermeture de la route en corniche, j’ai dû être hébergée sur Saint-Denis». Son mode de vie lui convient donc tout à fait et, contrairement à d’autres, Elizabeth Ringayen préfèrerait changer de travail plutôt que de lieu d’habitation. Evelyne RIVIERE Photo : M.Y Journal Ecole Varangue Département des Sciences de l’information et de la communication. Faculté des Lettres et Sciences humaines. Université de la Réunion. Directeur de la publication : Bernard Idelson Rédacteur en chef : Laurent Decloitre. Secrétaire de rédaction : Natacha Paul Julie Touzet Diffusé auprès de 10 000 étudiants Àprès êtres sortis des embouteillages, autre problème : se garer. J’ai été le premier à la Réunion à soutenir Sarkozy. Mais depuis, je n’ai pas apprécié la tournure prise localement par la campagne du président de l’UMP. D’une part , lors de son dernier voyage dans l’île en février, il s’est trop rapproché du dirigeant communiste Paul Vergès et de Nassimah Dindar, dont je conteste la gestion au conseil général : elle fait la part belle aux cocktails et non à la jeunesse. L’alliance de la carpe et du lapin, ce n’est pas ma tasse de thé. D’autre part, le programme de Nicolas Sarkozy pour l’outre-mer n’est pas ce que j’attendais. Les zones franches globales, c’est une idée digne d’intérêt mais elle doit être accompagnée d’autres mesures, comme l’éducation des jeunes et la qualification de tous. Enfin, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est lorsqu’un apparatchik arrogant de l’UMP a déclaré que je ne faisais rien sur l’échiquier politique à Saint-Denis. > Quelle est votre position par rapport aux prochaines échéances présidentielles ? Je ne soutiendrai pas Nicolas Sarkozy. Je préfère prendre ma liberté. Mon soutien ira à celui qui proposera un vrai programme pour l’outre-mer. J’interrogerai d’ailleurs François Bayrou lors de sa visite cette semaine dans l’île. Je compte m’entretenir avec lui de ses propositions pour la Réunion. Je suis issu de L’avocat-politicien heureux d’avoir repris sa liberté de mouvement. l’UDF, c’est pourquoi je me sens à mille lieux de l’UMP et de l’UMP locale. Mon soutien à François Bayrou ne serait finalement qu’un retour aux sources. Je suis un homme de convictions et pour moi, La Réunion passe avant tout. > Est-ce que votre positionnement ne relève pas plutôt de la stratégie électorale ? Non, quand j’ai rallié l’UMP, je n’aipas renié mes convictions centristes. Je ne cherche pas une étiquette, mais une investiture populaire. Il m’appartient de relever le défi qui m’est posé aujourd’hui, non seulement à moi Jean-Jacques Morel mais aussi et surtout aux Dionysiennes et aux Dionysiens. Ce sont eux et eux seuls qui peuvent dire qui pèse ou qui ne pèse pas dans la balance électorale. Dans un an, ce sont les municipales. Je n’y pense pas… pour le moment. Mais pour les législatives, j’y réfléchis et pas seulement en me rasant le matin. On ne juge un homme qu’à l’arrivée. Je n’ai pas encore dit mon dernier mot. Entretien : Sitianlati DAROUSSI TARIFS DE L’ADSL Pas d’effet Sarko En visite à La Réunion le mois dernier, le ministre de l’Intérieur et de l’aménagement du territoire Nicolas Sarkozy a débloqué une subvention de 3 millions d’euros afin d’inciter les fournisseurs d’accès à Internet à baisser les prix de l’ADSL. Sur le site du candidat à la présidentielle, on peut même lire que cet accord EtatRégion va permettre de diminuer les tarifs de moitié pour le consommateur réunionnais. Un mois après cette annonce, qu’en est-il vraiment ? « Il n’y aura pas de changement de tarification, mais plutôt une évolution du forfait », lâche Jean-Pierre Hoarau, directeur des relations avec les collectivités locales à France Télécom. Au 1er mars 2007, l’internaute payera 29,90 euros pour de l’ADSL 512k, au lieu de… 29,90 euros auparavant. Non, il n’y a pas d’erreur. Simplement, ce dernier disposera de 3 Gigaoctets de téléchargement (contre 2 jusqu’ici). Soit, environ 3 films et une poignée de mp3 à télécharger, de manière légale, cela va de soi. Pour le même prix en métropole, la connexion est non seulement illimitée, mais surtout 16 fois plus rapide ! Du côté d’ « Only », aucune baisse à signaler. Mustapha Assanaly, directeur régional d’Outremer Télécom, est conscient de son léger retard. « Nous sommes en train de tra- vailler sur de nouvelles offres afin de s’aligner sur la concurrence ». Des forfaits identiques pour le moment. Jouant sur l’ambiguïté débit/téléchargement, l’offre ADSL 512k est annoncée à 24,90 euros pendant 3 mois. Mais si on y regarde de plus près, on s’aperçoit qu’elle est limitée à 1Go de téléchargement, soit un film à peine. Nouveau venu à La Réunion, « Izi » a choisi de se distinguer par l’ajout de nouveaux services. Izi propose une connexion 1 Méga illimité. Un haut débit de connexion auquel s’ajoute la téléphonie illimitée vers les fixes réunionnais et métropolitains (à partir du mois prochain). Mais la comparaison avec la métropole s’arrête là. Cette offre est facturée 50 euros par mois, soit plus du double des prix métropolitains. Toujours est-il que cet opérateur cherche à innover. « Chez Izi, la télévision sur Internet est déjà en projet », peut-on lire sur leur site internet. La subvention du ministre n’aura donc eu que très peu d’impact sur la facture des internautes Réunionnais. Acheminer de l’ADSL par le «safe » représente certes un coût important. De nouveaux investissements laissent présager pour le futur des offres à 16, voire 20 mégas. Mais pour l’heure, aucun tarif n’est évoqué… Antoine FORESTIER 1 GYNÉCOLOGUE FAVORABLE À L’EUTHANASIE «On ne peut pas regarder un enfant mourir » La question de la dépénalisation de l’euthanasie est relancée après le procès à Périgueux, la semaine dernière, de deux soignantes accusées d’avoir aidé à mourir une patiente. Au centre hospitalier de Bellepierre, un gynécologue est signataire comme 2000 autres médecins français d’un manifeste réclamant une amélioration de la loi sur ce sujet délicat. Au service de néonatalogie, la question de l’euthanasie se poserait aussi. nale. Des patients qui souhaitaient partir en paix. « Je ne sais pas comment je réagirais », confie le médecin. hyper prématurés ne peuvent pas être pris en charge. « Ici, le problème est le même que dans les services de soins palliatifs ». La loi actuelle en France laisse les médecins impuissants dans cette situation. « Le plus dur, c’est quand l’enfant met plusieurs heures avant de partir. Il faut absolument que des lois soient votées. On ne peut pas se permettre de regarder un enfant mourir dans la douleur, sans rien faire, c’est intolérable », déplore Fabrice Cuiller. « Il faut que des lois soient votées » Une sage femme accusée d’infanticide Lorsque l’on parle d’euthanasie, les situations qui viennent à l’esprit sont toujours les mêmes : cancers en phase terminale, handicaps, maladies neurologiques. Mais les réalités du monde médical sont bien plus complexes. Dans le service gynécologie de l’hôpital dionysien, les médecins sont confrontés eux aussi à des situations très dures. Il arrive que des patientes fassent des fausses couches tardives au bout de 21, 22, 23 semaines de grossesse. Parfois, les bébés naissent vivants. Mais ces Fabrice Cuiller se positionne en faveur de l’euthanasie Fabrice Cuiller sait que l’arrêt de vie se pratique dans certains services de néonatalogie, en métropole aussi bien qu’à l’étranger. Il se souvient d’une sage-femme en Belgique. Elle arrête le c?ur d’un enfant, hyper prématuré et atteint d’une malformation cérébrale incurable, suite à la demande de la maman. La mère, qui regrette son geste, porte plainte contre la sagefemme. « Dans une situation comme celle-ci, le soignant est accusé d’infanticide. Il risque 15 ans d’emprisonnement », s’insurge le gynécologue. Une dépénalisation de l’euthanasie, dans un cadre bien précis, avec un accompagnement particulier des patients et de la famille, apporterait donc aux médecins une couverture légale. Les contradictions de la loi actuelle française dérangent le médecin. « Il arrive que des parents demandent une interruption de grossesse lorsque leur bébé est atteint d’une maladie incurable. Le bébé est encore dans le ventre de la maman, on fait une première injection pour l’endormir. La deuxième, de potassium, provoque l’arrêt cardiaque ». Cette interruption de grossesse est RAPPORT DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL TABLE RONDE SUR LA PHOTOGRAPHIE AFRICAINE F Photo : J.K abrice Cuiller est gynécologue obstétricien au centre hospitalier de Bellepierre. Un métier dans lequel on a l’habitude de côtoyer les naissances, pas la mort. « Je n’ai jamais été directement confronté à une situation d’accompagnement de fin de vie en tant que médecin. Quand on est gynécologue, on la donne, la vie ». Mais lorsqu’il reçoit un mail lui demandant s’il est favorable la dépénalisation de l’euthanasie, le spécialiste répond oui. Et apparaît parmi les signataires d’un manifeste en faveur de l’euthanasie, publié dans deux journaux nationaux. Quand il travaillait au centre anti-cancéreux de Caen, Fabrice Cuiller a vu passer des patients dans des états plus que critiques. Une jeune femme de 28 ans, atteinte d’un cancer en phase termi- légalisée en France, alors que tout arrêt de vie, une fois l’enfant sorti du sein maternel, est illégal. Dans ce vaste débat éthique, Fabrice Cuiller se positionne clairement pour une dépénalisation de l’euthanasie. Au même titre que la fédération française des pédiatres néonatalogistes qui déclare que « la possibilité de limiter ou d’interrompre les traitements, voire parfois de recourir à des arrêts de vie, fait partie intégrante de l’histoire de la prise en charge du patient ». Il s’agit d’abréger la vie d’un enfant de quelques heures, en lui évitant une mort lente mais inévitable. Ultime question d’éthique : la plupart du temps ces arrêts de vie seraient pratiqués sans que les parents soient mis au courant, « par humanité », pour ne pas les faire souffrir davantage. Eurydice BAILLET Ce que prévoit la loi En France, la loi Leonetti du 22 avril 2005, relative aux droits des malades en fin de vie, leur reconnaît le droit de mourir dans la dignité. Cette loi réaffirme l’importance des soins palliatifs et autorise, avec un encadrement particulier, l’euthanasie passive. C’est-à-dire l’administration de traitements anti-douleurs efficaces au malade en fin de vie, même si cela entraîne une mort plus rapide. Les injections de morphine sont donc tolérées. Le médecin a légalement le droit d’interrompre ou d’omettre un traitement. L’euthanasie active, reste elle, illégale. Elle suppose le geste d'un tiers qui administre à un mourant une substance létale, dont on sait que la conséquence sera la mort du patient. L’Eglise, toujours contre l’euthanasie Interrogé, l’évêque Gilbert Aubry rappelle la position intransigeante de l’Eglise sur la question de l’euthanasie. « L’Eglise catholique tient au respect de la vie depuis la conception dans le sein maternel jusqu’au moment de la mort. Toute vie connaît la souffrance et chacun de nous connaîtra la mort. Il faut tout mettre en oeuvre pour faire reculer la souffrance. Mais on ne peut pas donner la mort, soit directement, soit dans l’intention d’un acte à retardement pour supprimer la douleur. Ce serait un meurtre. C’est pour cette raison que, quels que soient les motifs et les moyens, l’Eglise est contre l’euthanasie directe qui consiste à mettre fin à la vie de personnes handicapées, malades ou mourantes. Nous pouvons lire dans le Catéchisme catholique que « les soins palliatifs constituent une forme privilégiée de la charité désintéressée. A ce titre, ils doivent être encouragés ». Cette position est celle de l’Eglise partout dans le monde. » Manque de terrains Un débat mal cadré 2 CESR, une telle politique s’explique : « Les maires subissent une pression sociale. Il est plus facile de débloquer des terrains pour des logements sociaux, que de dire oui à l’installation d’une entreprise ». Autre problème soulevé, un nombre non négligeable de terrains seraient inexploités à titre spéculatif. « Alors que dans le département de la Creuse, le prix au m2 d’un bâtiment industriel est de 230 euros, chez nous il est à 2200 euros », rappelle Jean-Raymon Mondon. « Comment avec de tels prix La Réunion peut-elle attirer des entreprises ? ». Les solutions proposées pour faire évoluer la situation sur l’île dépenderaient d’une prise de conscience de la part de la Région et de l’Etablissement Public Foncier de la Réunion. Ce dernier réalise des acquisitions foncières et immobilières, en vue de la constitution de réserves. Pour le CESR, il faudrait aussi réaliser un travail de localisation des opérations d’aménagement du territoire et y inclure des projets locaux. L’effort doit surtout se concentrer sur une limitation des prix d’acquisition ou de location du bâtiment. Anna LAWAN GANA « Mesdames et messieurs, la table ronde va commencer ». A la table, un parterre d’invités alléchant. Pierrot Men, Nabil Boutros représentent une génération de photographes plus que respectés pour leur travail sur l’Afrique. Les autres, plus confidentiels, complètent une liste d’artistes venus des quatre coins du continent africain et représentant la « diversité du pays ». Une diversité qui transparaît dans leurs styles : photographies d’intérieur, portraits, instants décisifs, en couleur ou noir et blanc … Pas de doute, il y a autour de cette table autant de sensibilités que de photographes. Pourtant le débat annoncé dans les programmes comme une discussion sur la photographie africaine ne répond pas aux attentes. La table ronde se mue en un ordinaire jeu de questions-réponses convenues entre le maître de cérémonie qui n’est pas photographe et les invités. Questions entendues qui cadrent mal avec l’engagisme des artistes présents : « Qu’est-ce qui fait une bonne photo ? », « la photographie est-elle un art ? ». Autant de débats qui n’ont pas trouvé réponse en un siècle et demi de photographie. Les invités doivent pourtant s’exprimer en quelques minutes sur chaque sujet. Résultat, les « pros » répondent sans conviction, à coup de banalités eux aussi. « Limites à ne pas dépasser » Photo : J.K Alors que d’ici peu, la Réunion dépassera le million d’habitants, l’économie réunionnaise ne serait pas en mesure de supporter une telle croissance démographique. « Il faut donner envie aux entreprises de s’installer et leur donner la possibilité de s’étendre. Il manque 1000 hectares pour les 20 prochaines années ». Ce constat alarmant, c’est le Conseil économique et Social Régional (CESR) qui l’a dressé, vendredi dernier, en rendant public un rapport sur la santé du foncier et l’immobilier d’entreprise sur l’île. Jean-Raymond Mondon, le président du CESR, poursuit sa démonstration : « En 2006 les surfaces aménagées disponibles étaient à peine de 5,5 hectares .» Une situation qui remettrait en cause de nombreux projets d’implantation ou d’extension d’entreprise. « Ma recherche de locaux pour agrandir mon entreprise s’est révélée être une véritable marche dans le désert », témoigne Pascal Buisson, chef d’une société de retraitement de détergent. Pourtant des locaux et des terrains existent. Le problème, c’est que l’acheteur industriel passerait après les promoteurs immobiliers et les commerçants. Selon les membres du L’Afrique est exposée jusqu’au 21 avril dans des galeries du chef-lieu. C’est donc dans l’intimité de l’aprèsdébat que les échanges sont les plus riches. Devant les photographies, une discussion débute sur les « limites à ne pas dépasser ». Dans un monde numérique inondé d’images, le respect à la personne est de moins en moins pris en compte. Pierrot Men fait part de son expérience sur les terres malgaches : « Il faut savoir sentir lorsque l’on va trop loin. Il arrive que je me refuse à déclencher si je pense que cela va déranger. Je privilégie la complicité. Tant pis si je rate une opportunité rare. » Tout le monde ne le fait pas. Bruno Hadji, photographe en Algérie, concède que pour certains, « c’est la seule façon de se faire remarquer. Les magazines font parfois pression sur les photographes. Ce qu’ils veulent de plus en plus, c’est du choc ». Il ajoute toutefois comprendre que lors de certains reportages engagés, les photographes ressentent le besoin de « dénoncer les abus avec des images limites ». L’échange gagne rapidement en passion entre les presque pro Paris Match et les définitivement contre. Le débat d’idées aura finalement eu lieu. Dommage que dans tout cela, on n’ait que très peu parlé de … l’Afrique. Par chance, les photographies remplissent parfaitement ce rôle. Johan KERVELLA Contacts et horaires des expositions : Du mardi au samedi, de 10h à 18h Espace Jeumont : 02 62 20 41 10 Galerie Gounod : 02 62 41 45 87 Château Morange : 02 62 30 4068 LES TIC DANS LE JEU DE LA SEDUCTION Comment dénicher l’âme soeur sur le net D raguer en boîte, danser avec quelqu’un et lui offrir un verre, c’est terminé pour moi! Non seulement je suis très timide et les quelques "vestes" en direct m'ont un peu refroidi. Maintenant, je tente d’autres méthodes : les sites de rencontres du style Meetic ». Gilles estil une « victime de l’an 2000 », comme le chante la rappeuse Diam’s ? Tout juste la trentaine, ce jeune homme ainsi que des millions de célibataires esseulés prennent d’assaut les nombreux sites de rencontres pour trouver leur moitié. Payants ou gratuits : Meetic.fr, Match.com,Rencontre.com, Parship.com et sur le plan local, city974.com et trombi.com. Maître de ses rencontres Petit test sur meetic.fr. Je passe une bonne quinzaine de minutes à trouver un pseudonyme adéquat…et attrayant. Dans un premier temps, j’opte pour des noms de parfums. Echec à chaque tentative. Parmi les 22,5 millions de profils enregistrés sur Meetic, « Organza27 » et « Ming shu » ont déjà trouvé preneurs ! Finalement, je me décide pour « Elyza974 ». Après l’envoi d’un mail de confirmation à ma messagerie, l’inscription commence. Six étapes pour un profil. Tout est passé au crible : de ma nourriture préférée à mes goûts musicaux, en passant par ma conception du mariage, sans oublier la description minutieuse de mon physique. Joignez à cela une photo, afin de « multipliez mes chances par 10 de rencontrer mon âme soeur », comme le prédit ce site. Au bout de vingt minutes, le profil est « presque » bouclé. Concentration. Il ne me reste que la rédaction de l’annonce pour faire mouche : « Récemment sur le marché du célibat, je suis un coeur à prendre... ». Enfin et avec délectation, je remplis consciencieusement les critères que je désire voir apparaître chez mon âme soeur. En quelques minutes, des réactions me parviennent : « doudou9 a visité votre profil », « jaluo a chatté avec vous » ou encore « donnie_974 a flashé pour vous »… Impensable dans la vie réelle, tout devient possible dans le monde virtuel. Les internautes peuvent choisir de rester, de partir, de répondre ou non. «L’avantage du net, c’est que l’on n’a pas peur de se faire jeter ! », observe Michaël Vauthier, psychologue à Saint-Denis. Alors sans hésiter : on « flashe » sur un profil, on discute «on line » et on congédie les membres indésirables dans sa « blacklist ». Bref, l’internaute est maître de ses rencontres. De mon côté, je n’hésite pas à bloquer cet expéditeur salace qui n’allait pas par quatre chemins : « Tu es chaude ? T’as une web cam ? Tu b… ? » « La vitesse du réseau donne l’impression de connaître l’autre très rapidement sans que cela passe par une reconnaissance physique », constate le psy. Derrière son écran, on ne prend pas de risque. A l’inverse, dans le monde du sensible, c’est histoire. une toute autre Tremblements, bégaiements, sueurs froides et autres symptômes dévoilent nos intentions. Notre corps trahit…et faillit parfois. Un sentiment de frustration contourné grâce au web dans un premier temps. « Internet permet de masquer sa timidité, on peut facilement se lâcher et discuter avec des personnes auxquelles on aurait jamais pensé », poursuit notre internaute Gilles, à la recherche de relations sérieuses depuis deux ans. Inscrit en juillet 2005 sur meetic.fr et sur match.com, cet homme n’a toujours pas rencontré sa moitié. « J’ai rencontré cinq femmes sur meetic. Quelques jours plus tard après avoir discuté sur le net, on se donnait rendez-vous dans des cafés. A chaque rencontre, j’étais impatient mais j’ai eu pas mal de surprises autant physiques que morales. De la personne "faux cul" à une histoire que je croyais sérieuse, en passant par des découvertes d'amitiés fortes. Les rencontres sur internet sont de véritables expériences ! ». Forums et MSN, des outils branchés Parmi les sites de rencontres réunionnais, Trombi et City974, sont les plus consultés par les moins de trente ans. City974, a vu le jour en juillet Photo : A.H Forums, « chats », blogs, textos et messageries instantanées… Des nouvelles technologies de l’information et de la communication qui facilitent aujourd’hui les rencontres. De relations amicales à… plus si affinités. Les rencontres dites à « l’ancienne » qui impliquaient une proximité physique, seraient-elles menacées par la nouvelle drague… virtuelle ? Plus besoin de sortir pour draguer. Les rencontres se font maintenant par écrans interposés. 2004 : « Il a été crée pour rassembler les Réunionnais. Au départ, c’était un site de forums pour tous les âges, même jusqu’à 58 ans…Puis les 1524 ans se sont appropriés le site » explique Julien Rochefeuille, webmaster de city974. Au fur et à mesure, le site a développé deux versants : les forums de discussion et les rencontres. Julien, lycéen de 19 ans, s’en tient aux simples discussions. Il ne recherche pas les relations physiques. « Sur trombi et city974, j’ai fait des rencontres intéressantes, des filles principalement. Mais cela reste virtuel. Elles sont dans mes contacts MSN, on se parle mais je n’ai jamais ressenti le besoin de les voir physiquement… c’est peut être parce que je suis déjà avec quelqu’un, lol* », m’écrit Julien via sa messagerie instantanée. Le haut débit aidant, certains peuvent rester des heures sur city974. «Dès que je me connecte sur le net, j'ouvre machinalement ma page de city974. En général, je suis connectée 3 à 4 heures par jour. Le seul point noir concerne les discussions privées : il faut rafraîchir la page tout le temps », raconte une jeune étudiante en lettres de 23 ans que nous nommerons Anne. En clair, le dialogue en direct est très lent et peu pratique. Du coup, les « citynautes » se donnent rendezvous sur des messageries instantanées comme MSN. « Je suis homosexuelle donc ce n'est pas facile de rencontrer des filles dans la rue ou à la fac. Sur MSN, on peut communiquer des semaines voir des mois. En général, je ne demande pas à rencon- trer, mais si la fille me plaît et propose que l'on se voit… Je suis d’accord », précise Anne. C’est simple depuis qu’elle est inscrite sur city974, sa vie sentimentale, selon son expression, se trouve « boostée». « J'ai rencontré beaucoup de personnes sur city. Des amis, au moins une dizaine! Puis grâce à ce site j’ai rencontré mon ex…Et mon actuelle aussi». Régulièrement, des sorties dans les boîtes de nuit de l’île sont organisées par les webmasters de City974. Des occasions à ne pas manquer pour les nombreux « citynautes » qui désirent approfondir leur aventure virtuelle. Des premiers pas dans la virtualité… Pour un bonheur réel. Audrey HOARAU * Lol : Acronyme de l’anglais Lots of Laughter, traduisez en français par mort de rire. Blogs à part Meetic, leader Européen Certains blogs (carnets de bords en ligne) et forums permettent de rassembler des personnes qui partagent les mêmes centres d’intérêt. Aujourd'hui, on compte plus de trois millions de blogs uniquement en France, dont près de 2,5 millions ouverts par des adolescents sur la plate-forme de la radio Skyrock. Toutefois, ces outils peuvent être aussi un moyen direct de rencontrer son âme-soeur. « J’ai rencontré Cédric sur un forum du groupe Radiohead. On a fait connaissance via ordinateur. Il n’y avait pas encore le haut débit à La Réunion et l’accès à Internet était limité, c’était pas facile ! Puis on s’est vu au Tampon lors des Florilèges. On est ensemble depuis sept ans » confie Viviane, 24 ans actuellement étudiante en droit privé à Sherbrooke, au Québec. En quatre ans, Meetic, a réussi à s’imposer comme le leader européen de la rencontre en ligne avec plus de 22,5 millions de profils enregistrés depuis sa création. En 2005, ce site de rencontres en ligne réalisait un chiffre d’affaires de 43 millions d’euros. En mai 2006, Meetic a enregistré 8,3 millions de visiteurs uniques. City974, entre forums et rencontres Actuellement, le site compte 23 200 membres, l’inscription est gratuite mais certains services facultatifs sont payants, comme l’accès au forum sexualité. Sur 23 200 inscrits, 300 à 400 personnes s’inscrivent sur le pack + payant qui repose sur un système d’appel facturé à moins de deux euros. Photo : A.H Le succès des petites annonces L’amour n’est plus qu’à un clic. 3 Les petites annonces sont d’autres moyens de rencontres dans l’île. Sur clicanoo.com, il faut choisir la bonne formule : gratuite ou payante, selon la longueur du texte et l’ajout de photo. A l’inverse des sites de rencontres, moins vous en dites et plus vous avez de chance que votre message paraisse dans le journal. Pas de futilités, en moins de 96 signes, cela donne : « 715402 Jf de 24 ans, rech. jh sérieux et plein de tendresse ac qui partager des moments de complicité ». Avec 22 000 visites quotidiennes, les réponses ne se font pas attendre. Tim, informaticien de 26 ans : « Mon boulot me prend énormément de temps et je croise peu d'occasion de discuter avec des gens. Comme je suis souvent derrière l’écran, le net reste mon seul refuge. Puis je préfère les petites annonces car souvent les nanas s'attachent a l'apparence et je suis pas Tom Cruise !». Pour les moins timides, l’émission « Chaleur Tropicale » que propose Radio Freedom depuis 15 ans, permet à ceux qui cherchent l’âme s?ur de le faire en temps réel et sur les ondes. Tous les soirs de la semaine de 20h00 à 23h00 (24h00 le week-end), « le standard est pris d’assaut par les auditeurs qui appellent pour passer deux types de messages : les annonces sérieuses et les recherches d’aventures le plus souvent », détaille Mélanie, animatrice de l’émission. Les 30-45 ans sont les plus fidèles auditeurs et la majorité des appels sont émis par des hommes : « Mais depuis peu, les femmes de 20 à 40 ans n’hésitent plus à téléphoner, elles ne sont pas nombreuses mais elles sont moins réservées », constate avec satisfaction l’animatrice. Un marché de la drague qui s’adapte à l’évolution des moeurs.