Accompagner sur le chemin de la réinsertion

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Accompagner sur le chemin de la réinsertion
05 NOV 10
Hebdomadaire Paris
OJD : 40197
Surface approx. (cm²) : 1597
N° de page : 24-27
1 RUE EUGENE ET ARMAND PEUGEOT
92500 RUEIL MALMAISON - 01 76 73 30 00
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PERSONNES SOUS MAIN DE JUSTICE
Accompagner
sur le chemin de
la réinsertion
Les sortants de prison et les personnes sous mam de justice défavorisés
peinent à accéder aux structures d'hébergement et d'insertion, où
les acteurs craignent de devoir s'engager dans un accompagnement
spécifique Pourtant, malgré des pratiques diverses, ceux
qui s'investissent estiment que l'approche n 'est pas radicalement
différente. A condition de savoir gérer la contrainte
*
m4
D
A r^ epms ma sortie, impos^^B sible de retrouver ma
^^^ place dans cette sociéte
Après des mois de dépression, je commence tout doucement à sortir la tête de
l'eau [ ] Je navigue d'appartement
d'amis en appartement d'amis, je ne
touche que le RMI [devenu RSA] pour
vivre » Ce temoignage, recueilli par
Yves Tournaire pour sa thèse de sociologie (I), est révélateur de ce qui attend
maints anciens détenus Faute de moyens,
de partenariats solides ou d'implication
de certains acteurs, les projets de sortie
sont peu, voire pas préparés, et «des gens
n 'ont parfois aucun lieu où dormir quèlques jours avant leur sortie», explique le
chercheur L'absence de solutions, en particulier d'hébergement, empêche l'octroi
d'aménagements de peine aux plus démunis alors que la loi penitentiaire du
24 novembre 2009 tend à vouloir les soutenir Les sortants de prison ou les personnes placées sous mam de justice
(PPSMJ) ne sont pas non plus toujours les
bienvenus dans les structures du champ
de l'insertion Une image stigmatisante et
la peur de devoir s'engager dans un
accompagnement spécifique et difficile
nourrissent les réticences D'où l'intérêt
de l'enquête menée par la Fédération
nationale des associations d'accueil et de
reinsertion sociale (FNARS) sur l'accompagnement des personnes sous mam de
justice (voir encadre ci-contre).
FNARS
9476495200507/GTH/MPR/3
Les établissements concernes se divisent
en trois les « dédiés », qui ne se consacrent
qu'aux personnes sous mam de justice ; les
«spécialistes» qui, bien que généralistes,
ont développé quèlques outils et savoirfaire adaptés, les « généralistes » où cet
accueil, ponctuel et minoritaire, est intégre
à leur fonctionnement global Concernant
les publics, aux côtes de personnes clairement identifiées comme relevant d'une
mesure judiciaire, «on trouve beaucoup
de gens arrives par la voie sociale ordinaire ou le 115, sortis depuis peu de détention et sans solution », précise Laurent
Barbe, consultant de Conseil, recherche,
evaluation, sciences sociales (CRESS),
le cabinet charge de l'étude, lors de sa
présentation (2). Les structures évaluent de
«20 à 30 % la proportion des personnes
accueillies au titre de l'aide sociale à l'hébergement avec un passé judiciaire», selon
l'enquête Dans les établissements mixant
les publics, l'accompagnement ne se révèle
pas fondamentalement différencié et l'organisation suit les normes habituelles
nomination d'un réfèrent, rencontres régulières, logique de projet individualisé,
principe de globalité, même si, parfois,
quèlques outils ont éte mis en place (travail en amont de l'admission, référents plus
spécialisés ) Les prestations offertes
(accès aux droits, aux soins, hébergement,
mise au travail...) se doublent par ailleurs
toujours «d'un accompagnement relationnel et social», note l'étude «C'est même
lui, souligne Laurent Barbe, qui semble être
le cœur de ce qui est proposé»
Si les équipes ne tendent pas à juger « spécifique» l'accompagnement de ces publics, l'intervention ne peut toutefois gommer certaines particularités. D'ailleurs, «à
vouloir trop évacuer la notion de spécificité et éviter la stigmatisation, on risque
parfois de ne pas assez réfléchir à ce que
les gens ont vécu et ce que cela induit»,
prévient Laurent Barbe L'enfermement
laisse des traces, au plan physique comme
psychique (troubles de la vue, du sommeil,
vertiges, pertes de mémoire, du désir...),
surtout apres une longue peine «L'un des
pires effets est la déresponsabilisation Isolement, dépouillement, promiscuité, soumission à l'autorité génèrent un sentiment de dégradation de l'image de soi et
une absence d'autonomie préjudiciable
UNE VINGTAINE DE STRUCTURES INTERROGEES
Pour son etude sur l'accompagnement
des personnes sous mam de justice (1),
la FNARS a retenu les personnes:
• concernées par une mesure de
contrôle ou alternative aux poursuites
(contrôle judiciaire, mediation
penale, composition penale,
enquête sociale ),
• concernées par une mesure postsentencielle (comprenant les mesures
d'aménagement de peine telles
que le placement sous surveillance
electronique, le placement a l'extérieur,
la semi-liberté, la liberation
conditionnelle et les sanctions non
privatives de liberte comme le travail
d'intérêt général),
• sortant de détention depuis moins
de six mois
Une vingtaine de structures (centres
d'hébergement, accueil de jour, atelier
ou chantier d'insertion ) a ete
contactée des entretiens ont eu lieu
avec des responsables, des travailleurs
sociaux, des personness accueillies •
(I) Etude de laccompagnement des personnes
sous mam de justice accueillies dans
les associations du reseau FNARS Disponible
sur www fnars org
Eléments de recherche : FNARS ou Fédération Nationale des Associations d'Accueil et de Réinsertion Sociale : toutes citations
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pour le retour à la vie cnue», analyse Yves
Tournaire Autre impact la difficulté à
nouer des relations «Beaucoup disent
avoir appris la méfiance en prison Sans
compter que certains préfèrent taire leur
passé, ce qui limite les échanges», complète le chercheur, pour qui il existe «un
contre-choc carcéral, pouvant aller jusqu 'au suicide » Dehors, il va falloir, en effet,
affronter les problèmes d'argent, le chômage, la solitude parfois Et la sortie fait
peur Dans les lieux d'hébergement, les
publics sous mam de justice subissent en
outre souvent un isolement renforce par
«la stigmatisation de la peine, les interdictions qui peuvent exister, la rupture en cas
d'incarcération, l'éloignement de leur
région d'origine», complexifiant la réinsertion Maîs il n'y a pas de règle Ainsi,
tempère Mynam Franck, educarnce spécialisée au centre d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) la Cite Mynam, à
Montreuil, «nous avons accueilli un sexagénaire issu d'une autre région, qui, après
12 ans de détention, n 'avait aucun problème
de repère spatio-temporel rn d'insertion
On s'attendait à devoir effectuer un accompagnement très serré, or lin 'a pas été spécifique A l'inverse, nous avons des personnes sortant de un ou deux ans de détention,
qu'il faut soutenir presque tous les jours,
car elles ne savent plus rien faire »
Savoir ou non le délit commis ?
Faut-il connaître ou non les motifs du parcours judiciaire des usagers9 La question
divise Certaines structures, plutôt généralistes, affirment que mieux vaut ne pas
savoir pour éviter toute stigmatisation, les
autres, au contraire, estiment que c'est
important, soit pour eviter le déni des personnes, soit pour «jauger les prises de
risque dans un principe de responsabilité
vis-à-vis des équipes maîs aussi de leur
environnement», détaille l'étude Yves
Lechopier, directeur de l'Association pour
la prevention de la récidive par l'évolution
des sanctions, à Amiens, est plus nuance
« Un sortant de prison est dans le droit
commun, une structure d'hébergement ou
d'insertion n 'a donc pas à savoir le délit
commis En revanche, dans le cas de personnes écrouees, en placement extérieur
par exemple, les travailleurs sociaux peuvent être amenés à effectuer des signalements, cela change la donne » En effet, la
spécificité de l'accompagnement des personnes placées sous main de justice tient
d'abord aux contraintes celle du calendrier judiciaire, qui structure la prise en
charge, et celle inhérente aux mesures
FNARS
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imposées aux individus La plupart des un pouvoir renforcé des accompagnateurs
structures ont signe une convention avec car les manquements aux règles de foncl'administration judiciaire et ont des tionnement de la structure ou au cadre
clauses à respecter Le contrôle côtoie alors judiciaire peuvent avoir des conséquences
l'action éducative «La présence de per- rapides et fortes comme le retour en détensonnes en placement extérieur et en liberté tion», estime l'étude Cependant, «les
conditionnelle dans une structure implique intervenants semblent bien s'accommoder
PARTENARIATS: PEUT MIEUX FAIRE...
«Le développement des
partenariats et l'articulation
des intervenants
de l'administration
penitentiaire, du secteur
judiciaire, du service public
de l'emploi et
des institutions sanitaires,
sociales et médico-sociales,
en lien avec les acteurs
associatifs constituent
le socle fondamental pour
repondre aux besoins
des personnes placées sous
main de justice en matiere
d'insertion », estime
Franck Tanifeani, responsable
du groupe d'appui national
«justice «delà FNARS
Un volet de l'enquête menée
par le cabinet CRESS
s'intéresse donc a la relation
unissant les associations
et l'institution judiciaire
Verdict elle est
«besogneuse» «Apres
de nombreuses annees de
travail commun, rares
sont les cas ou la relation est
sereine et les pratiques
stabilisées», souligne le
rapport La justice est perçue
comme un partenaire
«complexe», voire
«problématique» Sont
notamment dénonces «la
masse de temps consomme
par les procedures » et le
risque de voir une decision
imprévue remettre en cause
le travail initie C'est
d'ailleurs «autour
des exigences posées par
le milieu judiciaire» et «du
manque de lisibilité de
ses strategies» que maintes
associations expliquent
« leur desengagement
progressif de l'accueil de
personnes placées sous
main de justice»
Rarefaction des moyens,
surcharge de travail
des services pénitentiaires
d'insertion et de probation
(SPIP), turn-over dans
les equipes, absence de
cohérence entre SPIP,
magistrats, responsables
d'établissements
pénitentiaires ne facilitent
pas le partenariat Les liens
entre une structure
et la justice se révèlent ainsi
«tributaires des relations
pre existantes au
sein des différents pôles
de l'institution judiciaire
du territoire» En outre, il
«n'existe pas de temps
d'échanges collectifs
reunissant les différentes
parties prenantes
d'un territoire» Défait,
les échanges se limitent a
ceux etablis entre la direction
de la structure et le SPIP
et a ceux entretenus par
les travailleurs sociaux pour
les suivis individuels
La signature de conventions
n'est pas systématique et,
quand elles existent, leur
contenu varie beaucoup
Ici, elles concernent la prise
en charge d'auteurs de
violences familiales, la, elles
ciblent les permissionnaires,
ailleurs encore, elles visent
l'accueil d'urgence de
personnes sans domicile
bénéficiant d'une mise en
liberte provisoire avec ou
sans contrôle judiciaire
Par ailleurs, certaines sont
minimalistes, d'autres tres
détaillées. L'administration
penitentiaire semble laisser
son échelon local décider
de leur precision Plus
largement, tout se passe
comme si la continuité
des prises en charge entre
l'institution judiciaire
et le monde associatif
«ne dépendait pas
d'une impulsion venue
d'en haut, maîs reposait
essentiellement sur une
mobilisation partie d'en bas,
construite entre des acteurs
(prives ou publics) qui
parviennent a trouver des
accords d'opportunité sur
leur territoire» Pour
avancer, le cabinet CRESS
recommande aux
associations de se mobiliser
pour instaurer des relations
partenariats régulières
avec le SPIP sur des suj'ete
de strategie generale. Il
les appelle en outre a agir
pour que les personnes
sous mam de justice soient
prises en considération
dans les schémas
départementaux, qui
organisent les réponses
de droit commun, afin de
u passer d'une logique
d'accord sur le territoire à
l'élaboration d'une politique
publique dans ce domaine»,
précise le consultant
Gilbert Berlioz En effet,
résume Franck Tanifeani,
«les personnes placées
sous main de justice sont
rarement prises en compte
par les dispositifs d'action
sociale La responsabilite
de leur insertion est souvent
renvoyée au ministere de
la Justice Or le placement
sous mam de justice de
ces personnes en difficulté
n'est qu'un paramètre
d'exclusion parmi d'autres.
D'autres ministeres
et collectivites territoriales
pourraient y prendre
part » •
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de ce pouvoir et de ce rôle particulier de non Les pratiques varient
l'Arapej (Association réflexion
« Les règles action prison et justice) Ilc-dccontrôle social » Deux raisons a cela les cependant en fonction des
du jeu sont
institutions acceptant ces publics ont cale equipes, de la nature des inFrancc Dc fait, le CHRS de
u emuiee l'Association chrétiens Antibes
leur approche depuis longtemps et cela ne fractions, des liens etablis avec
fait plus debat, ou il y prévaut la convic- les autorites judiciaires et péclairement
solidarite, qui reçoit un public
tion que c'est le pax a payer pour eviter nitentiaires « Lorsqu 'll s'agit
posées, les constitue pour moitié de perdes détentions Les contraintes judiciaires, d une petite entaille au reglepersonnes les sonnes sous mam de justice
qui s'ajoutent aux contraintes de fonction- ment de fonctionnement du
acceptent en (dont trois en placement extenement de l'établissement, peuvent même, CHRS, y compris la question
neur), a choisi de leur résertoute
pour certains, fournir un etayage important de l'introduction d'alcool, on
ver un traitement particulier
connaissance cc Tout incident devant ètre
«Pour nous, cela fait partie de l'accom- regle cela en interne et on
de cause» signalé au CIP, si ce n 'est au
pagnement global des travailleurs sociaux, informe le conseiller d'inserce n 'est pas pour eux un poids supplemen- tion etdepmbation [CIP], qui
JAP et au directeur de la maitaire et ils les utilisent, affirme, pour sa part, juge de l'opportunite de janv
son d'arrêt, et la sanction étant
la directrice d'une association gestionnaire un rapport au juge de l'application des très souvent le retour en détention dans la
d'un CHRS accueillant notamment des peines [SAP] Si l'incident est plus grave, on tournée nous avons établi un reglement
personnes en placement exterieur Les prévient le CIP et on peut demander direc- interieur spécifique pour les personnes en
règles du jeu sont d'emblée clairement po- tement au juge, dans un écrit circonstan- placement exterieur», explique Karine
sées, les personnes les acceptent en toute cié de convoquer la personne pour la reca- Tevelle, chef de service qui, pour autant,
connaissance de cause Cela constitue drer La justice décide alors des suites a reste cc contre la spécificité de l'accompamême souvent un cadre structurant et sécu- donner », témoigne Mynam Franck Le ni- gnement» Et de préciser «L'écriture s est
risant pour elles »
veau des contraintesjoue également Ainsi, faite avec les personnes concernées et a
Reste a savoir gerer les transgressions Les comme les obligations et interdictions pei mis d'aménager par exemple, des
intervenants semblent, tant que faire se pesant sur les personnes en placement exte- horaires de sortie collectifs pour les perpeut, user de pédagogie la premiere fois et rieur sont lourdes, «certains reglements sonnes en placement exterieur Ce reglechercher a comprendre si la personne est interieurs de CHRS se révèlent très stricts», ment est néanmoins tres proche de celui
dans une dynamique de changement ou assure Marie Brossy-Patin, présidente de en usage dans l'institution »
DES PLATES-FORMES POUR LINSERTION DES PLUS DEMUNIS
Dans ses communautés, CHRS,
accueils de jour, structures
d'insertion .EmmausFrance(1)
accueille des personnes sous
main de justice ou des sortants
de prison Constatant que
les amenagements de peine
profitaient d'abord aux plus
insères, l'association a imagine
un dispositif pourfaciliter l'octroi
de ces mesures aux majeurs les
plus en difficulté Subventionne
par le Haut Commissariat
aux solidarités actives dans
le cadre d'une expérimentation
2009-2010, le projet vise «a mieux
coordonner l'offre d'insertion sur
les départements», résume
Gilles Ducasse, delegue general
adjoint pour la branche economie
solidaire et insertion
Trois départements ont ete
sélectionnes les PyrénéesAtlantiques, les Landes et l'Indre
et Loire Apres avoir imagine
la creation d'un Intranet, Emmaus
a opte pour le renforcement de
« la coordination humaine et
des liens entre/es structures» A
cette fin, l'organisation a recense
FNARS
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des personnes intervenant déjà
en prison (avec la Cimade,
la Croix Rouge, le Secours
catholique ) et prêtes a s'investir
davantage En devenant
«accompagnants», elles ont pour
rôle de rencontrer les détenus
reperes par le service penitiaire
d'insertion et de porbation (SPIP),
de les aider a construire un projet,
pu is de monter avec
les conseillers d'insertion et
de probation (CIP) le dossier de
demande d'aménagement
de peine «Si celui ci est accorde,
l'accompagnant continue
a soutenir le sortant de prison
durant environ six mois»,
explique Gilles Ducasse Pour
ce faire, Emmaus a passe un an a
recenser les structures désireuses
de s'impliquer, a rencontrer SPIP,
magistrats centres
d'hébergement, acteurs de
la sante, de l'assurance maladie
de l'emploi, de la formation
et a creer entre eux des liens,
voire des conventions, afin de
construire des «plates-formes»
d'insertion sur leur territoire
Le projet a cependant pris du
retard Parmi les causes,
les lourdeurs de l'administration
penitentiaire maîs aussi
de mauvais choix stratégiques
« Nous ne sommes pas passes
par l'administration centrale
nous avons voulu choisir
nous-mêmes les sites, il a donc
fallu convaincre de leur intérêt ,
nous voulions aussi privilégier
les mesures classiques et eviter
les placements sous surveillance
electronique», détaille
le delegue D'autres evenements
sont venus gêner
l'expérimentation telles
revolution du parc penitentiaire
- les prisons de Pau et de
Bayonne ont ete vidées
au moment ou les premiers
accompagnants débutaient
leur mission - ou des réticences
au sem du SPIP de Tours
Sur chaque site, six a dix
accompagnants ont ete formes
avec l'implication du SPIP et
d'un JAP, sur la partie technique
(amenagements de peine,
dossiers ), et d'une psychologue
pour les aspects relationnels
«Les dispositifs sont prêts
et nous attendons», résume
Gilles Ducasse Reste que
l'expérimentation devait
s'achever fin 2010 «En juillet,
nous avons demande
une prolongation d'une annee
car nous avons tellement bataille
qu'il serait dommage de s'arrêter
la » Aujourd'hui, seuls quatre
sortants de prison ont pu profiter
du dispositif Un nombre
insuffisant pour évaluer
son intérêt Toutefois, il apparaît
déjà qu'il «est rouf de même
tres difficile pour nous de faire
bouger les lignes» assure
le delegue adjoint Charge
d'évaluer l'expérimentation,
le CNRS rendra son rapport final
en juillet 2011 Peut-être
saura t on alors si un tel dispositif
facilite l'octroi d'aménagements
de peine aux publics les plus
en difficulté et améliore la qualite
de leur insertion •
(1) Emmaus France 47 avenue rie
la Resistance 93104 Montreuil cedex
Tel OI n 582500
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Autre difficulté à qui et comment signaler l'incident1? La encore, les pratiques
varient Ici. la communication s'effectue
avec le service penitentiaire d'insertion et
de probation (SPI?) qui filtre, la, elle passe
en diiect pai le JAP Ce qui étonne Regis
Claudcpicrrc, conseiller d'insertion et dc
probation a la direction de l'admimstration penitentiaire «Seul le SP f P a une
vision d'ensemble etpeutjaire un rapport
global C 'est de la compétence du CIP dc
recueillir les informations concernant la
mesure et de les faire remonter au JAP
Sans cela, en cas d'incident, ce dernier
n 'aura qu 'une information partielle »
La tendance ne surprend pas cependant
Blandine Potticr, directrice du SPIP de
Charentes, pour qui « les JAP vont déplus
en plus se rapprocher des associations La
montee en puissance du pouvoir administratif, donc des SPIP, et leur autonomisation face au pouvoir judiciaire incite les
juges à se tourner vers les associations »
Quant au moment de faire remonter F incident, tout comme la répartition des tâches
entre les SPIP et les structures, il dépend
de la qualité du partenariat «Le dialogue
est important, sinon les equipes gai dent
cela pour elles et ça génère un malaise»,
remarque Gilbert Berlioz, consultant du
cabinet CRESS (voir encadre, page 25)
« Cette collaboration active facilite le fait
d'assumer les contrôles et les contraintes»,
estime Mynam Franck Des rencontres
mensuelles sont ainsi organisées entre la
Cite Mynam ct trois conseillers d'insertion et de probation de Pantin pour faire
le point sur les situations « Les obligations
sont clarifiées dès le départ ainsi que les
engagements vis-à-vis des CIP En outre,
nous rencontrons i éguherement les JAP»,
explique-t-elle
Accéder à des modes
d'hébergement variés
Les contraintes judiciaires imposées aux
personnes sous mam de justice peuvent
aussi influencer le choix de l'hébergement
L'idéal est de disposer d'une palette de
solutions « Une diversification des modes
d'hebergement, qui doit être pensé comme
un outil d'inser don, est souhaitable chambres d'hôtel, appartements diffus, structures collectives Maîs il est vrai que, suides dispositifs tels que les placements exteneurs, certaines formules ne conviennent
pas aux exigences des magistrats II est,
par exemple, difficile économiquement
de prévoir un veilleur de nuit pour contrôler des personnes qui seraient en hôtel ou
seules en appartement Aussi, nous, nous
FNARS
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avons opté pour du petit collectif», observe
Marie Brossy-Patm « Le collectif peut servir de temps d'adaptation maîs nous recevons aussi des personnes incarcérées qui,
après avoir visite notre structure, où sont
proposées des chambres de deux, préfèrent finn leur peine en prison car elles s'v
sentent moins en danger», nuance toutefois Myriam Franck La formule convient
néanmoins a certains sortants de prison car
elle leur donne l'occasion dc tisser dcs
liens privilégies et les redynamise La pluralite des reponses est donc a favoriser
«Laporte d'entrée ne doit pas ètre celle
du statut judiciaire Cela pollue le débat
Mieux vaut tout comme avec les pei sonnes
à la rue, offrir un hebergement adapte a
l'usager et à son parcours Certains sont
incapables de vivre dans du diffus, d'autres dans du collectif», tranche Philippe
Rongère, directeur du CHRS L'Etape
à Nantes, qui propose l'hébergement
d'urgence pour les sortants de prison, le
reseau d'accueil en famille et les logements
éclates (voir encadre ci-dessous)
S'il est enfin une spécificité de l'accueil
des personnes sous main de justice, c'est
de ne pas être tres rémunérateur Les financements sont faibles, en particulier pour
les structures non dédiées, et des surcoûts
existent souvent «ll n'y a pas d'effet d'aubaine Les conventions ont en commun de
ne pas couvrir les coûts à leur hauteur»,
confirme Gilbert Berlioz. Les associations
«fonctionnent clairement a un autre carburant», ajoute-t-il, a savoir l'intérêt du
travail pour les équipes, maîs aussi leur
fort engagement envers des publics gravement menaces d'exclusion sociale
•
FLORENCE RAYNAL
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Depuis 15 ans, le CHRS
L'Etape, a Nantes (1),
entretient dans la Loire
Atlantique un reseau de
familles bénévoles prêtes
a accueillir chez elles
des détenus en permission,
voire en fin de peine, en
general sans liens familiaux
ou amicaux Au fil du temps,
leur profil a évolue et
des adaptations ont dû être
apportées Une vingtaine
de familles reçoivent ainsi
des personnes dans
le cadre de peines de plus
en plus longues «Nous
avons suivi l'évolution de
la sociologie de la prison,
observe Philippe Rongère,
directeur general On
accueille désormais
beaucoup d'agresseurs
sexuels » Le CHRS a
donc mis en place
des formations suivies
par ces hôtes et les
professionnels concernes
avec l'Association pour
la recherche et le traitement
des auteurs d'agressions
sexuelles Cette nouvelle
donne a modifie d'autres
pratiques Ainsi, explique
le responsable, «les familles
ne savaient pas pourquoi
les gens étaient détenus
Aujourd'hui, les faits sont
mis sur la table Si on veut
faire entrer /es personnes
dans une dynamique et
eviter la récidive, il ne faut
pas les mettre dans des
situations sociales pouvant
la favoriser, par le biais par
exemple de l'alcool,
des fréquentations »
Obligation est donc faite
aux usagers d'informer
leurs hôtes sur les raisons
de leur détention «C'est
un passage nécessaire
prépare avec les éducateurs
Cela reduit les appréhensions
et les fantasmes des uns
et des autres», assure
Philippe Rongère
En famille, les personnes,
souvent issues d'une autre
region et perturbées par
leur longue détention,
«récupèrent des habiletés
sociales au quotidien»,
poursuit-il
Reapprentissage
des gestes simples, reprise
de relations normales,
changement d'habitudes .
«C'est un peu comme
un sas de
decontammation »,
resume-t-il, soulignant
que « nombre d'échecs
viennent du fait qu'on ne
prend pas assez en compte
ces dimensions»
L'immersion s'effectue petit
a petit « Les permissions
ont lieu tous les trois mois,
ce qui permet
une integration progressive
a l'environnement
exterieur, aux regles
sociales A la sortie de
prison, il peut aussi y avoir
un hebergement en famille,
maîs il est de courte duree.
Des allers et retours sont
également possibles,
complète Elisabeth Oger,
educatnce sur le reseau.
La dimension symbolique
de la formule est forte,
puisque ces familles
ouvrent bénévolement
leur maison » •
(DCHRSLEtape 107 rue
Hector Berlioz 44300 Nantes
Tel 0251836400
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