Bibliographie sélective de littérature de langue allemande

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Bibliographie sélective de littérature de langue allemande
Littérature
de langue
allemande
La littérature de langue allemande regroupe l'ensemble des œuvres littéraires de langue allemande. Elle ne se limite pas à la
littérature produite en Allemagne, mais englobe celle produite en Autriche ainsi que dans une partie de la Suisse. L'histoire
littéraire qui étudie tous les genres retient différentes périodes aux contours qui restent imprécis et discutés.
Née au Moyen Âge, la littérature de langue allemande a connu des périodes de grand rayonnement comme le « Sturm und
Drang » (vers 1765-1785) avec Johann Wolfgang von Goethe et Friedrich von Schiller , le romantisme (vers 1796-1835) avec
les frères Grimm et les poètes Hölderlin, Jean Paul Richter, Novalis, Eichendorff, et un peu plus tard Heinrich Heine, avant la
période « Klassische Moderne » (vers 1900 - années 20 du XXe s.) où dominent Hermann Hesse et Thomas Mann et un grand
apport du domaine autrichien avec les poètes Hugo von Hofmannsthal et Rainer Maria Rilke et les prosateurs Robert Musil,
Arthur Schnitzler, Joseph Roth ou Stefan Zweig qui avec Franz Kafka à Prague, ouvrent la voie de la modernité sur laquelle
pèsera le nazisme qui conduira de nombreux auteurs à l'exil.
Enfin le renouveau littéraire depuis 1945 a été notable et marqué par plusieurs attributions du Prix Nobel de littérature à des
écrivains de langue allemande : Nelly Sachs (1966), Heinrich Böll (1972), Elias Canetti (1981), Günter Grass (1999), Elfriede
Jelinek (2004) et Herta Müller (2009).
DES ORIGINES AU XVIIIe SIECLE
Moyen Âge
La naissance d'une littérature allemande coïncide avec le règne
de Charlemagne. Le chant de Hildebrand de 820 est considéré
comme une œuvre fondatrice, mais seuls 68 vers subsistent
encore aujourd'hui. Avec les formules magiques de Merseburg (
Merseburger Zaubersprüche) du IX ou Xe s : il s'agit des deux
seules contributions littéraire à la culture païenne dans les pays
germaniques. Certaines chansons de seraient cependant encore
plus anciennes comme la chanson d'Hildebrand.
Le Moyen Âge a léguée aussi l'épopée héroïque et mythologique
des Nibelungen, du XIIe s. Aux XIIe et XIIIe s, la littérature de
cour fait son apparition. Les œuvres les plus connues sont Erec
de Hartmann von Aue, Tristan et Iseult (Tristan und Isolde) de
Gottfried von Strassburg, Perceval de Wolfram von Eschenbach
ainsi que la chanson de Walther von der Vogelweide. Il faut aussi
citer Lanzelet un roman du cycle arthurien en moyen hautallemand. Il a été écrit vers 1200 par l'auteur de langue
allemande Ulrich von Zatzikhoven. Composé de 9 444 vers, il est
le premier roman allemand de Lancelot. Au début du XIVe s,
l'œuvre de Maître Eckhart fonde une importante littérature
mystique, représentée également par Tauler et Suso.
On trouve aussi Der Ackermann aus Böhme de Johannes von
Tepl, un dialogue entre un fermier et le diable consigné par écrit
au XVe s. La Nef des Fous de Sébastien Brant, imprimée en 1498
et illustrée par Dürer, est l'œuvre la plus populaire de son temps.
C'est aussi l'époque des maîtres chanteurs dont les poésies et les
chansons sont très populaires. Le plus connu est certainement
Hans Sachs dont Richard Wagner a fait un personnage central de
son opéra Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg, utilisant même
la mélodie de son chant Le Rossignol de Wittenburg (1523). À la
fin du XVIe s, l'éditeur Johan Spies publie Le Livre de Faust. Il
dresse le portrait profond et saisissant d'un homme dominé par la
soif du savoir et s'éloignant de Dieu.
Le Baroque (vers 1600-1720)
La littérature baroque est marquée par la Guerre de Trente Ans,
dont le roman emblématique et truculent est Les aventures de
Simplicius Simplicissimus de Hans Jakob Christoffel von
Grimmelshausen. Ce roman picaresque raconte l'histoire d'un
héros à travers les affres de la guerre. Il finit par choisir une vie
de retraite et de méditation. Il traduit par une exacerbation des
sentiments, les émotions montant jusqu'à l'extrême.
Les poètes sont alors des nobles ou de riches bourgeois, parfois
des religieux ou des tuteurs, qui se tournent vers la littérature
dans leur temps libre. Il existait aussi des poètes employés à la
cour qui avaient plus ou moins le même statut que le « fou du
roi ». Martin Opitz von Boberfeld publie Aristarque ou Du mépris
de la langue allemande. Il montre que l'allemand a toutes les
qualités d'une langue littéraire. Il publie aussi en 1624 un Traité
de la poésie allemande.
Les premières femmes apparaissent en littérature à cette époque,
la plupart publiant cependant sous un pseudonyme. Elles font
partie des nombreux cercles de poètes et de différentes
académies littéraires comme par exemple la princesse de Saxe
Maria Antonia Walpurgis.
La forme poétique la plus utilisée était le sonnet composé de
deux quatrains et de deux tercets.
Parmi les poètes allemands baroques les plus importants,
Abraham a Santa Clara, Sigmund von Birken, Barthold Hinrich
Brockes, Simon Dach, Paul Fleming, Andreas Gryphius, Johann
Christian Günther, Friedrich von Logau, Johann Michael
Moscherosch, Christian Weise.
Les Lumières (1720-1785) : die Aufklärung.
Les Lumières sont un phénomène européen. En Allemagne, son
représentant le plus important est sans aucun doute le philosophe
Emmanuel Kant qui écrit entre autres Réponse à la question :
« qu'est-ce que les Lumières ? ». Moses Mendelssohn et Jacobi y
ont aussi fait des contributions importantes. Christoph Martin
Wieland cherche à introduire la culture gréco-latine ; il écrit
Agathon, roman pseudo grec en plusieurs volumes, mettant en
scène une Hellade déjà de teneur romantique. Il traduit aussi
Shakespeare en allemand[3].
Les philosophes de cette époque étaient profondément
convaincus que le progrès de l'humanité reposait sur la formation
et l'éducation de chacun. Deux courants philosophiques
importants cohabitent pour former les « Lumières » :
l'empirisme, conception anglaise d'après laquelle la connaissance
repose sur le perception des sens, et le rationalisme, conception
française d'après laquelle la connaissance résulte de l'utilisation
des capacités de réflexion de la raison. Toute la vie est perçue
comme un processus d'apprentissage.
Une œuvre importante en Allemagne : Nathan der Weise de
Gotthold Ephraim Lessing.
Sturm und Drang (vers 1765-1785)
Sturm und Drang est un mouvement littéraire contestataire de
la deuxième moitié du XVIIIe siècle, nommé ainsi d'après une
pièce de Friedrich Maximilian Klinger. Le noyau de ce mouvement
est une jeunesse qui se révolte contre la structure de la société
dominée par la noblesse et la bourgeoisie et contre les principes
moraux bourgeois qui y règnent.
Les héros des pièces et romans de ce mouvement essayent de
rompre les conventions et les représentations morales. Ils créent
leurs propres règles basées sur la justice et la liberté.
Les figures emblématiques de ce mouvement sont Johann
Wolfgang von Goethe et Friedrich von Schiller. Les Souffrances du
jeune Werther (Die Leiden des jungen Werthers) de Goethe est le
roman cléf de ce mouvement. On peut noter aussi Jakob Michael
Reinhold Lenz ainsi que d'autres auteurs réunis à Göttingen.
Les villes porteuses de ce mouvement étaient Göttingen,
Strasbourg ainsi que Francfort-sur-le-Main.
LE XIXe SIECLE
Weimarer Klassik (classicisme de Weimar) (vers 17861805)
Ce terme désigne en littérature allemande l'époque commençant
après le voyage de Goethe en Italie en 1786. Elle dure jusque
vers 1805. Cette période recoupe la période de création de
Goethe et Friedrich von Schiller alors amis (1794-1805). Les deux
versions de Faust écrites par Goethe en 1806 et 1822, sont les
apogées de son œuvre.
Au centre de ce concept d'art se trouve la volonté d'harmonie et
d'aplanissement des contraires. On se réfère à l'art classique et à
son idéal de beauté, on cherche l'adéquation entre le fonds et la
forme. Goethe cherche dans la nature un modèle pour les
interactions universelles de l'ensemble des choses existantes,
Schiller fait de l'histoire le point central de toute chose. À la
charnière entre le classicisme de Weimar et le romantisme, il faut
citer deux auteurs, Friedrich Hölderlin auteur tragique et lyrique,
passionné par Grèce ancienne et Johann Paul Friedrich Richter,
connu sous les pseudonyme de Jean Paul à l'imagination
créatrice.
Le romantisme (vers 1796-1835)
Aux Herder, Gœthe et Schiller, succède une seconde génération
de romantiques en Allemagne. Celle-ci compte de grands noms
comme Hölderlin et J. P. Richter et est divisée en deux écoles.
L'école de Iéna, très cosmopolite, représentée entre autres par
Novalis, Tieck, Schlegel, se réclamait proche de la pensée de
Fichte. Elle élabora la doctrine romantique. L'école de Heidelberg,
qui compta les noms de Brentano, Eichendorff, Arnim et les frères
Grimm, se pencha moins vers la réflexion que vers le réel et
tourna finalement au nationalisme culturel.
Biedermeier (vers 1815-1848)
Ce nom vient du poète Gottlieb Biedermeier. Le concept renvoie à
un certain art de la petite-bourgeoisie en vogue au cœur du XIXe
siècle. En littérature, cet art est considéré comme provincial, d'un
esthétisme infantile et suant les bons sentiments.
Cette période littéraire autrichienne est faite d'un art de piètre
qualité mais qui donnait, par son style sans originalité et ses
histoires d'une platitude effarante, un divertissement apprécié
aux petit-bourgeois de l'Empire. Quelques auteurs comme Johann
Nestroy ont néanmoins su jouer sur les deux tableaux en
présentant d'un côté des pièces populaires, mais aussi en y
instillant une causticité nouvelle.
Plusieurs auteurs ont connus leur heure de gloire à cette
époque : Gottlieb Biedermeier, Annette von Droste-Hülshoff,
Wilhelm Hauff, Karl Leberecht Immermann, Eduard Mörike,
Ferdinand Raimund, Friedrich Rückert.
Pendant la même période d'autres écrivains se distinguent
néanmoins et restent au Panthéon des lettres germaniques
comme le poète Nikolaus Lenau, le dramaturge Franz Grillparzer
ou l'écrivain Adalbert Stifter.
Vormärz (vers 1830-1850) et « Junges Deutschland »
Cette époque est comprise entre le Congrès de Vienne de 1815 et
la révolution de mars 1848. En littérature, cette période ne
commence qu'à partir de 1830 et est influencée par les idées
libérales que véhicule la Révolution de Juillet en France. Le
mouvement « Junges Deutschland », la "jeune Allemagne", entre
en opposition à la restauration. Les principaux représentants de
ce courant sont : Georg Büchner, Heinrich Heine, Christian
Dietrich Grabbe, Ludwig Börne, August Heinrich Hoffmann von
Fallersleben et Georg Herwegh. Écrivains engagés, ils combattent
la politique très conservatrice de Metternich et des princes. Ils
veulent obtenir la démocratie, la liberté, la justice sociale, et
militent pour une Allemagne unie sous la forme d'une République.
D'un point de vue littéraire, ils refusent l'idéalisme du
romantisme et du classique, qu'ils considèrent comme apolitique
et éloigné de la réalité. Leurs écrits prennent souvent des formes
diverses, textes journalistiques ou récits de voyages, et
témoignent d'une volonté de s'adresser au plus grand nombre et
non plus seulement aux intellectuels. Leurs œuvres sont
interdites de publication par décret du Bundestag de Francfort
pour toute l'Allemagne vers 1835.
Le réalisme poétique (1848-1890)
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la littérature allemande
s'assoupit. Dans le réalisme poétique, les auteurs évitent les
grands problèmes socio-politiques et se tournent vers le cercle
plus étroit de leur pays d'origine - leurs habitants et leurs
paysages. Au centre des romans, pièces et poèmes se trouve
l'individu. Une caractéristique de ces œuvres est l'emploi fréquent
de l'humour qui crée une distance par rapport à une réalité
insupportable. Il pointe les défauts et faiblesses d'un des maillons
de la société sans pour autant s'attaquer au système. La forme
littéraire préférée est la nouvelle qui atteint à cette époque sa
gloire. La plupart des écrivains de cette époque sont à peu près
oubliés aujourd'hui.
Quelques œuvres marquantes cependant : Frau Jenny Treibel de
Theodor Fontane, Romeo und Julia auf dem Dorfe de Gottfried
Keller, Das Amulett de Conrad Ferdinand Meyer, Der
Schimmelreiter de Theodor Storm et Nachsommer d'Adalbert
Stifter. À noter aussi la saga des Buddenbröck de Thomas Mann,
qui dépend encore de cette école littérair, et en constitue un des
points d'aboutissement.
LA FIN DU XIXe SIECLE
Le Naturalisme (1880-1900)
À partir de 1890, la vie littéraire allemande s'anime à nouveau
grâce aux écrivains autrichiens. La littérature allemande compte
cependant de grands noms. Le naturalisme était un art nouveau,
une nouvelle direction en littérature, qui voulait découvrir sans
ménagements les rapports dans tous les domaines de la société.
Ce que les réalistes au milieu du siècle réprouvaient encore se
trouve maintenant au centre des préoccupations. Sans égards
pour les limites traditionnelles du bon goût et des conceptions
bourgeoises artistiques, la réalité est rendue telle quelle, crue,
sans embellissements. Une nouveauté artistique qui en découle
est l'apparition du jargon, des dialectes ou de la langue de tous
les jours dans les œuvres littéraires. Le héros individuel qui
choisit librement n'est plus au centre des narrations, désormais, il
y est présenté déterminé par son milieu, ses origines et les
circonstances temporelles.
Quelques œuvres importantes : Frühlings Erwachen de Frank
Wedekind, Bahnwärter Thiel de Gerhart Hauptmann et surtout
Tristan et Der Tod in Venedig (Mort à Venise) de Thomas Mann.
"Heimatkunst"
Le « Heimatkunst » (« art de la patrie ») est à mettre en relation
étroite avec le naturalisme. Le propagandiste principal de ce
nouveau mouvement est l'écrivain et historien de l'art Adolf
Bartels qui utilise le concept de « Heimatkunst » pour la première
fois en 1898 dans un article pour le magazine « Der Kunstwart ».
Il répand les nouvelles idées et conceptions avec Friedrich
Lienhard dans le magazine « Heimat » qui ne paraîtra à Berlin
que très peu de temps.
Ce nouveau mouvement voulait s'écarter du sujet de la grande
ville pour se tourner vers le pays, la patrie et le peuple. L'emploi
du terme « Heimat » permet cependant de ne pas se cantonner à
la vie de campagne, la vie citadine peut être aussi abordée
puisque la ville peut être aussi un lieu d'origine. Comme le
naturalisme à qui il emprunte diverses techniques, le
« Heimatkunst » ne se contente pas d'exprimer son amour du
pays, il critique aussi ses manques, ses défauts... Les recherches
actuelles sur ce mouvement tendent à montrer que certaines des
idées de base de ce mouvement sont les mêmes que celles des
mouvement écologiques qui apparaîtront plus tard.
Quelques œuvres importantes : Rembrandt als Erzieher de Julius
Langbehn (1890) ; Heimatkunst. Ein Wort zur Verständigung de
Adolf Bartels (1902) et Der Büttnerbauer de Wilhelm von Polenz
(1895).
L'Impressionnisme (vers 1890-1910)
Étant un mouvement essentiellement franco-anglais,
l'impressionnisme n'a pas eu beaucoup d'influence en Allemagne,
en dehors de Keyserling.
LE XXe SIECLE
"Klassische Moderne" (vers 1900 - 1920)
Pour le « Klassische Moderne » (« modernité classique »), le
concept d'Avant-garde est particulièrement important. Cette
époque commence à la fin du XIXe siècle avec le symbolisme
français et des poètes comme Stéphane Mallarmé, Charles
Baudelaire et Arthur Rimbaud. Les représentants les plus
importants du symbolisme en langue allemande sont Stefan
George, Hugo von Hofmannsthal et Rainer Maria Rilke.
Ce mouvement englobe aussi bien le surréalisme, le dadaïsme,
l'expressionnisme que le futurisme. En Allemagne, le nazisme (au
niveau européen, la Seconde Guerre mondiale) provoque une
césure dans ces mouvements le plus souvent désignés sous le
terme d'avant-garde.
La littérature d'avant-garde se veut être une littérature orientée
vers la nouveauté et très portée sur la théorie. Les dadaïstes
s'essayent ainsi à brusquer leur public à formation bourgeoise en
leur proposant une littérature de non-sens. Le Wiener
Aktionismus avait choisi comme point d'attaque le « bon goût »
et provoquait à travers des performances extrêmes.
Parallèlement à ces courants dirigés contre la tradition, il y eut
aussi des œuvres qui reprirent les anciennes formes et les redéveloppèrent comme Rainer Maria Rilke avec son roman Die
Aufzeichnungen des Malte Laurids Brigge (1910), Heinrich Mann
(dont les débuts ont préparé la voie aux expressionnistes),
Thomas Mann, Hermann Broch, Robert Musil et Franz Kafka.
Notamment et concernant Thomas Mann, la forme de ses œuvres
s'inscrit dans la continuité d'un mouvement romantique hérité
des Lumières, un romantisme de première époque en quelque
sorte, considérant avec autant d'importance tous les aspects
différents du savoir ; ainsi, La Montagne magique nous apprend
tout sur la médecine pulmonaire, tandis que dans Le Docteur
Faustus, c'est de la musique sérielle ou dodécaphonique qu'il est
question. En parallèle de la trame de l'histoire qu'il nous conte, et
quand cette dernière effleure une des facettes du savoir,
surgissent alors ça et là des digressions ne laissant rien au
hasard et qui satisferait tout spécialiste, aussi pointilleux qu'il
soit...
La littérature allemande, très riche et reconnue pendant la
République de Weimar, est décimée par l'arrivée du nazisme. Des
écrivains à la renommée internationale comme Walter Benjamin,
Lion Feuchtwanger, Alfred Döblin, Thomas Mann choisissent l'exil.
La poésie
L'étonnante et puissante météore poétique Christian Morgenstern
(1871-1914) peut difficilement se ranger dans une catégorie : à
la fois précurseur du surréalisme, du lettrisme (die grosse
Lullabi), il voit monter le désastre de la Première Guerre
mondiale, pressent le cataclysme de la seconde et suggère, en
réaction aux barbaries émergentes, un retour aux valeurs de
l'esprit dont il se fait le chantre. (Wir fanden einen Pfad). Le
début du XXe siècle voit aussi l'éclosion de grands poètes comme
Stefan George, qui publie des poèmes proches du symbolisme
français.
Expressionnisme (vers 1910-1925)
On rattache par exemple les romans de Franz Kafka à
l'expressionnisme, ainsi que plusieurs auteurs dramatiques
allemands du début du XXe siècle, tels que Georg Kaiser ou Ernst
Toller.
Le dadaïsme (vers 1916 - Seconde Guerre mondiale)
Dada est né le 5 février 1916 à Zurich (Suisse) par la grâce des
poètes Hugo Ball, Richard Huelsenbeck, Tristan Tzara et des
peintres Jean Arp, Marcel Janco, Sophie Taeuber. Ils investissent
une taverne de la Spiegelstrasse, la transforment en café
littéraire et artistique et la rebaptisent « Cabaret Voltaire ».
Le nazisme et ses conséquences en littérature
La littérature dans l'Allemagne nazie
Le 30 janvier 1933, les nazis et leur chef Adolf Hitler prennent le
pouvoir en Allemagne. Toute forme de littérature critique à
l'égard du pouvoir est interdite, ainsi que les écrivains de gauche,
communistes ou juifs. Des milliers de livres sont alors brûlés sur
de grands bûchers. A partir de 1938, à la suite de la réunification
de l'Autriche au Reich (l'Anschluss), la même politique va y être
appliquée dans la province autrichienne. Le gouvernement exige
alors des poèmes exaltant la patrie et le peuple allemand (Blutund-Boden-Dichtung : La poésie du sang et de la terre, l'idéologie
officielle étant appelée Blut und Boden ou BluBo), la seule
littérature non-idéologique alors tolérée est une littérature de
divertissement. Les opposants au régime sont menacés de mort,
quand ils ne sont pas partis en exil. De nombreux écrivains
restent dans leur pays, bien qu'ils s'opposent au nationalsocialisme. Ils sont condamnés au silence, laissent leur écrits
dans leur tiroir ou se cantonnent à des thèmes non-politiques.
Parmi les plus célèbres, Erich Kästner, Gerhart Hauptmann ou
Wolfgang Koeppen sont restés en Allemagne.
Très rares sont les écrivains qui prennent parti pour le nazisme,
dont Josef Weinheber et Erwin Guido Kolbenheyer. Quoi qu'il en
soit, la littérature pro-hitlérienne n'a qu'un intérêt historique car
présentant un caractère de grande médiocrité.
La littérature d'exil
La littérature d'exil allemande (1933-1945) est apparue en
réaction contre le nazisme. Deux événements majeurs la
marquèrent : les autodafés à Berlin le 10 mai 1933 et
l'attaque de l'Allemagne sur les pays voisins en 1938-1939.
Des centres d'émigrés se développèrent à Paris,
Amsterdam, Stockholm, Zürich, Prague, Moscou, New York
ou encore Mexico. Des maisons d'édition s'y montèrent.
Parmi les auteurs allemands en exil, on peut noter : Bertolt
Brecht, Alfred Döblin, Ernst Bloch, Lion Feuchtwanger,
Bruno Frank, Oskar Maria Graf, Hermann Kesten, Annette
Kolb, Emil Ludwig, Heinrich Mann, Klaus Mann, Thomas
Mann, Erich Maria Remarque, Anna Seghers ou encore
Arnold Zweig. Il y eut aussi Ernst Toller, Walter
Hasenclever, Walter Benjamin et Kurt Tucholsky qui se
suicidèrent en exil.
La littérature autrichienne
Felix Salten, auteur du célèbre "Bambi" adapté par Disney, faisait
partie des cercles littéraires et artistiques de Vienne et
fréquentait Thomas Mann, Arthur Schnitzler, Hugo von
Hofmannsthal et Gustav Klimt, les Strauss ainsi que Sigmund
Freud.
Plusieurs écrivains autrichiens émigrèrent dans les années 1930,
particulièrement après l'Anschluss, dont Stefan Zweig, Hermann
Broch, Carl Zuckmayer et Franz Werfel.
Littérature contemporaine
Au milieu du XXe siècle, les intellectuels posaient leur regard sur la politique, cherchant à en décrypter les rouages. Certains
s’engageaient, certains soutenaient le régime, d’autres le fustigeaient, voir le fuyaient, et on sait combien le destin de nombre d’écrivains
de l’époque fut tragique.
La RDA se définissait elle-même comme « Literaturgesellschaft » (« société de littérature ») (le concept vient de Johannes R. Becher), elle
se battait contre la non-poésie de l'ouest et la ghettoïsation de la culture élevée. Une démocratisation devait être mise en place aux
niveaux de la production, de la distribution et de la réception. Néanmoins, le concept de démocratisation devint absurde du fait de la
censure et des essais de l'état de contrôler la création, de fonctionnaliser la littérature et de l'utiliser à ses fins pour la propagande du
« Realsozialismus ».
Aujourd’hui, comme libérés de ce rôle, les écrivains puisent plutôt leur inspiration dans le quotidien, dans une réalité sociale toute neuve,
et fortement imprégnée du passé récent ou plus lointain. Ils creusent, interrogent la mémoire collective, sortent parfois quelques
cadavres des placards…
La littérature allemande prend une place essentielle dans la littérature mondiale. Après l'étouffoir que fut pour la culture allemande la
période nazie, la renaissance est souvent venue des auteurs exilés ou survivants de la guerre. La génération suivante s'est beaucoup
inspirée de l'expérience de la guerre, tant à l'Est (Christa Wolf, Christoph Hein) qu'à l'Ouest (Günter Grass, Bernhardt Schlink, Heinrich
Böll).
Le concept de littérature allemande impose d'élargir la réflexion à tous les écrivains d'expression allemande : les Allemands, les
Autrichiens, les Suisses alémaniques, mais aussi les Roumains souabes du Banat (comme Herta Müller), certains Tchèques... et bien
évidemment tous ceux qui ont choisi l'allemand comme langue d'écriture.
C'est le cas, par exemple, de Sasa Stanisic, jeune auteur Berlinois d'aujourd'hui, d'origine serbo-croate ou de Yoko Tawada, japonaise
vivant elle aussi à Berlin et écrivant directement à allemand, comme ce fut celui, plus tôt, d'Elias Canetti.
L’après-guerre
L'Holocauste et la littérature des survivants
L'écrivain qui semble être le plus important dans cette partie de l'histoire de la littérature est sans doute Marcel Reich-Ranicki,
surtout avec le témoignage qu'il nous donne concernant les atrocités que l'on faisait subir aux juifs notamment dans le ghetto
de Varsovie dans son autobiographie intitulée Mein Leben.
La "Trümmerliteratur" (littérature des décombres)
Après la Seconde Guerre mondiale et jusqu'en 1950 environ, se crée une mouvance littéraire décrivant l'Allemagne d’après-guerre, le fait
de vivre au milieu des ruines, d’être un nomade en ville. Une littérature de désolation.
Parmi les principaux auteurs, peuvent être cités : Heinrich Böll qui dans ses romans interroge sur les conséquences du nazisme et de la
guerre dans la société allemande, et Arno Schmidt.
Gruppe 47
Le groupe 47 est fondé en 1947 avec comme objectif de redonner à l'Allemagne sa place dans la littérature mondiale, lui rendre tout son
lustre. À la fois forum de lectures, lieu de débats et de critiques littéraires, il exerce une influence majeure en Allemagne jusqu'en 1967.
Parmi ses membres on trouve Paul Celan, Peter Weiss, Martin Walser, Günter Grass dont le roman le plus connu est Le tambour.
Günter Grass a introduit l’histoire de l'Allemagne nazie en littérature et est devenu le chef de file d'une génération en quête de réponses
à ses interrogations morales. Hans Magnus Enzensberger, Siegfried Lenz et Christa Wolf font partie de la même mouvance.
Une autre mouvance revient quant à elle à la tradition du récit : Sten Nadolny, Uwe Timm, F. C. Delius, Brigitte Kronauer et Ralf Roth, qui
ont débuté dans les années 1980, en sont les représentants les plus emblématiques même s'ils sont peu connus à l’étranger.
Après 1989 : Wenderoman
Mais la littérature contemporaine en Allemagne est riche, ainsi est arrivée une nouvelle génération d'écrivains qui puise son inspiration
dans le quotidien, avec un ton tantôt grave, tantôt drôle ou caustique. La littérature actuelle décrit les réalités d’aujourd’hui avec un
regard impitoyable.
Avec la chute du mur de Berlin, ce n'est pas seulement la république fédérale et l'ex République Démocratique qui se sont réunies, mais
également les littératures des deux camps. Des auteurs de l'ancienne Allemagne de l'Est comme Christa Wolf, Hermann Kant ou Christoph
Hein continuèrent à éprouver des difficultés pour se faire connaître tandis que, de l'autre côté, les écrivains renommés Ouest-Allemands
comme Günter Grass, Hans Magnus Enzensberger ou Martin Walterhad ne perdirent rien de leur prestige.
Les débats générés dans les années 90 avaient pour thème principal l'Histoire : Que Reste-il de Christa Wolf (1990),décrivant les liens
entre les services secrets aujourd'hui disparus de la RDA et le ministère de la sécurité nationale (Stasi) ; la nouvelle Un Grand Champ
[1995] par G. Grass ; le résultat du séjour de Peter Handke, Justice pour la Serbie ou le discours de Martin Walser sur la manière dont
l'histoire Allemande fut surmontée.
Comme les jeunes auteurs des années 90, les allemands de l'Est abordèrent des thèmes totalement différents de ceux de l'Ouest, la
littérature allemande mit du temps a se réunifier. Cependant, après la chute du Mur apparaît le « Wenderoman», littéralement «roman du
tournant». Les romans, nouvelles, pièces de théâtre et recueils d’essais concernent «le tournant» politique et social qui est intervenu dans
l’ancienne RDA – bref, toutes les œuvres littéraires qui on trait à la chute du Mur de Berlin et au processus d’unification entre les deux
Allemagnes.
Pendant des années, les pages culturelles des journaux étaient désespérément en quête du « grand roman du tournant historique ». Et
peu importe le nombre de livres parus depuis sous ce label, la quête se poursuivait. Nombre de ces romans, comme Moskauer Eis (La
glace de Moscou) d‘Annett Gröschner, Prise de territoire de Christoph Hein, Spiegelland (Pays en miroir) de Kurt Drawert ou Fontaine
d’appartement de Jens Sparschuh, ne furent pas lus comme des « romans du grand tournant ». Ce n‘est que depuis quatre ou cinq ans
que l’attente s’apaise et que la littérature a enfin l’espace dont elle a besoin pour respirer.
Parmi les différentes œuvres, une distinction est faite entre celles dont la chute du Mur est le thème principal et celles dans lesquelles le
thème est seulement abordé.
Quelques exemples : der Geschwindigkeit des Sommers (A la vitesse de l’été) de Julia Schoch qui est un requiem sur la RDA. Il est situé
dans une petite ville du Mecklembourg naguère dominée par les troupes de l’armée est-allemande et où la sœur de la narratrice avait
aimé un soldat. Elle vient de se suicider à New York. La narratrice retrace son itinéraire où l’impassibilité de naguère est mise en regard
des grandes exigences de la liberté, tissant ainsi un fil allant de naguère à aujourd’hui.
Le complexe de Klaus, un roman de Thomas Brussig, fut accueilli en 1995 comme étant le premier « roman du grand tournant » : le 9
novembre était encore proche. Thomas Brussig s’y attaque avec force moquerie et une ironie acerbe au pathétisme de ce moment
historique et à l’agitation idéologique qui s’ensuivit. Il décrit la chute du Mur comme un moment grotesque, la révolution comme une
plaisanterie à tiroir de l’Histoire.
Moins crue et avec plus de justesse psychologique, Angelika Klüssendorf thématise en 2009 l’aspect érotique de cet instant
révolutionnaire. Elle a intitulé son nouveau recueil de nouvelles Amateure (Amateurs). L’auteure, née en 1958 en Allemagne de l’Ouest,
vint en RDA en 1961 où elle grandit, puis retourna en République fédérale en 1985. Ses nouvelles d’une clarté éblouissante sont toutes
consacrées au contexte Est-Ouest et vont de l’automne 1989 à une étrange célébration du Jour de l’unité allemande le 3 octobre 1990,
pour s’enfoncer ensuite dans les années 1990. Le processus d’unification s’y incarne dans des histoires de couples. Les hommes sont
toujours originaires de l’Ouest, ils sont dentistes, travaillent à la télévision ou fanfaronnent avec leur Jaguar. L’un de ces couples se forme
au sommet du Mur en ce légendaire 9 novembre. Il l’a grimpé depuis le côté Ouest, elle l’a escaladé depuis le côté Est ; en haut, ils
s’embrassent spontanément et échangent leurs numéros de téléphone. L’histoire d’amour qui s’ensuit regorge de malentendus et
d’étrangetés, symptomatique du rapprochement germano-allemand tel que le voit l’auteure. Klüssendorf décrit la chute du Mur comme
une nouvelle version du conte où les enfants du roi n’arrivent pas à se retrouver.
Le « roman du grand tournant » le plus volumineux et le plus important est Vies nouvelles d’Ingo Schulze. Il lui a fallu quinze ans pour
pouvoir regarder la fin de la RDA avec la distance nécessaire. En RDA, le narrateur épistolaire Enrico Thürmer travaillait comme
dramaturge, on le retrouve ensuite éditeur d’un journal de petites annonces. D’un intellectuel travaillant sur la langue, il devient un
homme de chiffres et de gestion. Et cela lui arrive sans qu’il l’ait vraiment voulu. Le tournant historique met en scène les individus et leur
biographie. Etrangement, les parties du roman qui se déroulent à l’automne 1989 sont les plus ternes. Peut-être parce qu’on a déjà
beaucoup lu sur cette période et que même un grand écrivain comme Ingo Schulze ne peut lui arracher que peu de surprises. Les motifs
– des manifs du lundi à Leipzig aux réunions de la Table ronde – sont trop connus, trop usés, pour pouvoir encore jeter des étincelles
dans un roman. Sur le plan littéraire, il est beaucoup plus fructueux de quitter les sentiers battus des événements politiques au jour le
jour. Le roman estival d’Ingo Schulze paru en 2008, Adam und Evelyn (Adam et Evelyne), nous en apporte la preuve avec élégance :
c’est un capriccio tout de légèreté sur une fuite à l’Ouest qui semble être une sortie du paradis. Mais où étai tce paradis ? Se trouvait-il
vraiment à l’Ouest ? Où bien ne résidait-il pas plutôt – et c’est la conviction de Schulze – dans le fait que l’on pouvait toujours souhaiter
quitter la RDA pour un ailleurs meilleur, une possibilité qui a brutalement disparue en 1989 ? La transcendance s’est perdue avec l’Ouest,
dit Ingo Schulze.
A cette heure, le dernier « roman sur le grand tournant » est La Tour d‘Uwe Tellkamp, lauréat en 2008 du Prix du livre allemand.
Tellkamp y décrit les dernières années de la RDA dans la perspective de la bourgeoisie cultivée d’une banlieue cossue de Dresde où l’on
s’arme de poésie classique et de quatuors à cordes pour affronter les difficultés de la vie en RDA. Il décrit la lassitude de cette classe, son
hypocrisie et sa morale, sa lâcheté et son courage, et toutes les tactiques d’adaptation à son environnement qui étaient nécessaires
même quand on souhaitait seulement rester en marge. Le roman débouche sur l’automne 1989, dans le grand maelström de l’Histoire.
Les horloges annonciatrices du destin sonnent mais cela ne dépasse pas le stade d’allusions murmurées. Tellkamp a peut-être craint de
glisser dans le cliché. La chute du Mur ne vaut peut-être plus la peine d’être racontée après son agonie, les choses intéressantes ne
commençant peut-être qu’après.
Aujourd'hui, les livres que l'on trouve sur le marché ont été écrits par des auteurs nés dans les années 70. Ils représentent la littérature
populaire et sont en quelque sorte les porte-paroles idéaux de leur génération.
Le renouveau de la littérature allemande
Dans son propre pays, la littérature allemande a longtemps été peu appréciée car considérée comme trop
cérébrale, trop compliquée, trop repliée sur elle-même. Mais les temps changent. Felicitas von Lovenberg,
critique littéraire au Frankfurter Allgemeine Zeitung, s’exprime sur le renouveau de la littérature allemande :
« Il est rarement arrivé que dans la nouvelle littérature le public préfère les livres nationaux aux livres
étrangers. Depuis des siècles, les auteurs locaux ont la réputation de ne produire des livres qu’après longue
réflexion, livres qui demandent également une longue réflexion de la part du lecteur. Ce désir de validité,
d’importance et d’équilibre, si l’on pense à la littérature nationale, a été perçu plutôt comme un
désavantage concurrentiel. Goethe regrettait déjà que, pendant que les Allemands se torturaient l’esprit pour trouver des solutions à des
problèmes philosophiques, les Anglais se moquaient d’eux avec leur fort esprit pratique et conquéraient le monde.
Aujourd’hui, cet écrivain ne dirait rien de tel. En effet, depuis quelques années la littérature allemande, toujours germanophone et
incluant volontiers les Autrichiens et les Suisses, a fini par sortir de sa léthargie. Telle la Belle au bois dormant, elle s’est laissée séduire
par le prince qui a mené la belle intimidée à la scène, où le monde entier l’a découverte, grâce au talisman qu’est le Prix du Livre
Allemand. Le roman de Daniel Kehlmann Les Arpenteurs du monde qui a manqué le prix de peu annonçait justement une rigoureuse
réhabilitation. Non seulement dans le monde entier, mais surtout auprès des lecteurs allemands, le bruit s’est répandu que l’attente en
matière de littérature ne doit pas forcément signifier un effort. Le Prix du Livre Allemand a permis une nouvelle attention pour la
littérature allemande tout en renforçant une évolution fatale : l’incapacité des libraires et du public à prêter l’attention qu’ils méritent à un
plus grand nombre de titres. Même si la présence des best-sellers allemands sur la liste du New York Times, tels que Le Parfum de
Süskind et Le Liseur de Schlink, remonte à quelques années, il est amusant de constater que la nouvelle tendance fait que des romans
allemands se placent à nouveau en tête des hit-parades locaux, de Ein liebender Mann (un homme aimant) de Martin Walser à La Femme
de midi de Julia Franck.
L’époque des courants littéraires et des modes, de la littérature pop et du Fräulein-Wunder est heureusement dépassée. Ils ont ouvert la
voie à une large diversité que reflète la littérature allemande contemporaine. Elle a trouvé un naturel qui, historiquement, s’explique par
la réunification mais est probablement dû aussi à la plus grande proximité du monde, pas seulement virtuelle. Une jeune génération, de
plus en plus éloignée des expériences de la Seconde Guerre mondiale, a pu succéder à des écrivains tels que Günter Grass, Martin
Walser, Hans-Magnus Enzensberger et Siegfried Lenz. On n’a pas cessé de réfléchir intensément à l’Allemagne, à son histoire, à ses
humeurs, dans le sens du dictum de Dolf Sternberger sur l’identité allemande, mais davantage de voix se font entendre et concernent le
monde entier. On le voit aussi dans le fait que des écrivains tels que Feridun Zaimoglu ou Terézia Mora, dont l’allemand n’est pas la
langue maternelle, sont parvenus à se placer aux premiers rangs.
On observe une nouvelle liberté : chacun peut écrire ce qu’il veut, on s’est débarrassé des tiroirs idéologiques. On attache de moins en
mois d’importance à la forme qu’au contenu. Non seulement le fossé qui existait entre la littérature sérieuse et celle de divertissement
semble être comblé mais, en outre, il n’y a plus de courants concurrentiels en matière d’esthétique et plus rien n’est contestable. Les
écrivains représentatifs, de Kracht à Kehlmann, de Hacker à Hettche, de Tellkamp à Trojanow, sont parfaitement interconnectés.
Toutefois, les auteurs ne se prennent pas réciproquement comme modèles et il n’y a plus de respect démesuré pour des classiques tels
que Thomas Mann et Bertolt Brecht. Les héros sont des Américains, de Faulkner à Franzen, ou le réalisme magique dont Roberto Bolaño
est le représentant dépourvu d’illusion. Entre-temps, les nouveaux lieux d’écriture, le Deutsches Literaturinstitut de Leipzig en tête,
contribuent à la professionnalisation de la nouvelle écriture spontanée. La diversité se reflète dans le monde de l’édition : l’Allemagne
n’est pas complètement sous l’emprise de groupes d’édition et de chaînes de librairies ; il y a encore des éditeurs dont le programme
n’est pas dicté uniquement par les perspectives de ventes. Une telle diversité en matière d’édition et une telle qualité ne peuvent que
faire envie en Amérique ou en Grande-Bretagne.
Ne reste-t-il donc plus rien de typiquement allemand ? Si ! L’intériorité, la complexité et le doute demeurent, un sérieux qui, en dépit de
toute aisance, ne veut en aucun cas être de l’art pour l’art. Cela enrichit énormément les lectures. Si l’on a besoin d’une preuve, il suffit
de se tourner vers l’Académie suédoise : tous les cinq ans, un prix Nobel de littérature est attribué a un auteur de langue allemande –
Günter Grass en 1999, Elfriede Jelinek en 2004 et Herta Müller en 2009. Un rythme auquel on peut s’habituer… »
Sources :
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre : http://fr.wikipedia.org/wiki/Litt%C3%A9rature_de_langue_allemande
http://www.sprachcaffe.com/francais/study_abroad/pays/allemagne/litterature_allemande_contemporaine.htm
http://www.goethe.de/ins/fr/bor/prj/lde/frindex.htm
http://www.magazine-deutschland.de/fr/artikel-fr/article/article/leichtigkeit-und-brecht-und-freiheit.html
http://blog.librairiedialogues.fr/2010/07/16/litterature-contemporaine-de-langue-allemande/