Bibliographie sélective de littérature de langue allemande
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Bibliographie sélective de littérature de langue allemande
Littérature de langue allemande La littérature de langue allemande regroupe l'ensemble des œuvres littéraires de langue allemande. Elle ne se limite pas à la littérature produite en Allemagne, mais englobe celle produite en Autriche ainsi que dans une partie de la Suisse. L'histoire littéraire qui étudie tous les genres retient différentes périodes aux contours qui restent imprécis et discutés. Née au Moyen Âge, la littérature de langue allemande a connu des périodes de grand rayonnement comme le « Sturm und Drang » (vers 1765-1785) avec Johann Wolfgang von Goethe et Friedrich von Schiller , le romantisme (vers 1796-1835) avec les frères Grimm et les poètes Hölderlin, Jean Paul Richter, Novalis, Eichendorff, et un peu plus tard Heinrich Heine, avant la période « Klassische Moderne » (vers 1900 - années 20 du XXe s.) où dominent Hermann Hesse et Thomas Mann et un grand apport du domaine autrichien avec les poètes Hugo von Hofmannsthal et Rainer Maria Rilke et les prosateurs Robert Musil, Arthur Schnitzler, Joseph Roth ou Stefan Zweig qui avec Franz Kafka à Prague, ouvrent la voie de la modernité sur laquelle pèsera le nazisme qui conduira de nombreux auteurs à l'exil. Enfin le renouveau littéraire depuis 1945 a été notable et marqué par plusieurs attributions du Prix Nobel de littérature à des écrivains de langue allemande : Nelly Sachs (1966), Heinrich Böll (1972), Elias Canetti (1981), Günter Grass (1999), Elfriede Jelinek (2004) et Herta Müller (2009). DES ORIGINES AU XVIIIe SIECLE Moyen Âge La naissance d'une littérature allemande coïncide avec le règne de Charlemagne. Le chant de Hildebrand de 820 est considéré comme une œuvre fondatrice, mais seuls 68 vers subsistent encore aujourd'hui. Avec les formules magiques de Merseburg ( Merseburger Zaubersprüche) du IX ou Xe s : il s'agit des deux seules contributions littéraire à la culture païenne dans les pays germaniques. Certaines chansons de seraient cependant encore plus anciennes comme la chanson d'Hildebrand. Le Moyen Âge a léguée aussi l'épopée héroïque et mythologique des Nibelungen, du XIIe s. Aux XIIe et XIIIe s, la littérature de cour fait son apparition. Les œuvres les plus connues sont Erec de Hartmann von Aue, Tristan et Iseult (Tristan und Isolde) de Gottfried von Strassburg, Perceval de Wolfram von Eschenbach ainsi que la chanson de Walther von der Vogelweide. Il faut aussi citer Lanzelet un roman du cycle arthurien en moyen hautallemand. Il a été écrit vers 1200 par l'auteur de langue allemande Ulrich von Zatzikhoven. Composé de 9 444 vers, il est le premier roman allemand de Lancelot. Au début du XIVe s, l'œuvre de Maître Eckhart fonde une importante littérature mystique, représentée également par Tauler et Suso. On trouve aussi Der Ackermann aus Böhme de Johannes von Tepl, un dialogue entre un fermier et le diable consigné par écrit au XVe s. La Nef des Fous de Sébastien Brant, imprimée en 1498 et illustrée par Dürer, est l'œuvre la plus populaire de son temps. C'est aussi l'époque des maîtres chanteurs dont les poésies et les chansons sont très populaires. Le plus connu est certainement Hans Sachs dont Richard Wagner a fait un personnage central de son opéra Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg, utilisant même la mélodie de son chant Le Rossignol de Wittenburg (1523). À la fin du XVIe s, l'éditeur Johan Spies publie Le Livre de Faust. Il dresse le portrait profond et saisissant d'un homme dominé par la soif du savoir et s'éloignant de Dieu. Le Baroque (vers 1600-1720) La littérature baroque est marquée par la Guerre de Trente Ans, dont le roman emblématique et truculent est Les aventures de Simplicius Simplicissimus de Hans Jakob Christoffel von Grimmelshausen. Ce roman picaresque raconte l'histoire d'un héros à travers les affres de la guerre. Il finit par choisir une vie de retraite et de méditation. Il traduit par une exacerbation des sentiments, les émotions montant jusqu'à l'extrême. Les poètes sont alors des nobles ou de riches bourgeois, parfois des religieux ou des tuteurs, qui se tournent vers la littérature dans leur temps libre. Il existait aussi des poètes employés à la cour qui avaient plus ou moins le même statut que le « fou du roi ». Martin Opitz von Boberfeld publie Aristarque ou Du mépris de la langue allemande. Il montre que l'allemand a toutes les qualités d'une langue littéraire. Il publie aussi en 1624 un Traité de la poésie allemande. Les premières femmes apparaissent en littérature à cette époque, la plupart publiant cependant sous un pseudonyme. Elles font partie des nombreux cercles de poètes et de différentes académies littéraires comme par exemple la princesse de Saxe Maria Antonia Walpurgis. La forme poétique la plus utilisée était le sonnet composé de deux quatrains et de deux tercets. Parmi les poètes allemands baroques les plus importants, Abraham a Santa Clara, Sigmund von Birken, Barthold Hinrich Brockes, Simon Dach, Paul Fleming, Andreas Gryphius, Johann Christian Günther, Friedrich von Logau, Johann Michael Moscherosch, Christian Weise. Les Lumières (1720-1785) : die Aufklärung. Les Lumières sont un phénomène européen. En Allemagne, son représentant le plus important est sans aucun doute le philosophe Emmanuel Kant qui écrit entre autres Réponse à la question : « qu'est-ce que les Lumières ? ». Moses Mendelssohn et Jacobi y ont aussi fait des contributions importantes. Christoph Martin Wieland cherche à introduire la culture gréco-latine ; il écrit Agathon, roman pseudo grec en plusieurs volumes, mettant en scène une Hellade déjà de teneur romantique. Il traduit aussi Shakespeare en allemand[3]. Les philosophes de cette époque étaient profondément convaincus que le progrès de l'humanité reposait sur la formation et l'éducation de chacun. Deux courants philosophiques importants cohabitent pour former les « Lumières » : l'empirisme, conception anglaise d'après laquelle la connaissance repose sur le perception des sens, et le rationalisme, conception française d'après laquelle la connaissance résulte de l'utilisation des capacités de réflexion de la raison. Toute la vie est perçue comme un processus d'apprentissage. Une œuvre importante en Allemagne : Nathan der Weise de Gotthold Ephraim Lessing. Sturm und Drang (vers 1765-1785) Sturm und Drang est un mouvement littéraire contestataire de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, nommé ainsi d'après une pièce de Friedrich Maximilian Klinger. Le noyau de ce mouvement est une jeunesse qui se révolte contre la structure de la société dominée par la noblesse et la bourgeoisie et contre les principes moraux bourgeois qui y règnent. Les héros des pièces et romans de ce mouvement essayent de rompre les conventions et les représentations morales. Ils créent leurs propres règles basées sur la justice et la liberté. Les figures emblématiques de ce mouvement sont Johann Wolfgang von Goethe et Friedrich von Schiller. Les Souffrances du jeune Werther (Die Leiden des jungen Werthers) de Goethe est le roman cléf de ce mouvement. On peut noter aussi Jakob Michael Reinhold Lenz ainsi que d'autres auteurs réunis à Göttingen. Les villes porteuses de ce mouvement étaient Göttingen, Strasbourg ainsi que Francfort-sur-le-Main. LE XIXe SIECLE Weimarer Klassik (classicisme de Weimar) (vers 17861805) Ce terme désigne en littérature allemande l'époque commençant après le voyage de Goethe en Italie en 1786. Elle dure jusque vers 1805. Cette période recoupe la période de création de Goethe et Friedrich von Schiller alors amis (1794-1805). Les deux versions de Faust écrites par Goethe en 1806 et 1822, sont les apogées de son œuvre. Au centre de ce concept d'art se trouve la volonté d'harmonie et d'aplanissement des contraires. On se réfère à l'art classique et à son idéal de beauté, on cherche l'adéquation entre le fonds et la forme. Goethe cherche dans la nature un modèle pour les interactions universelles de l'ensemble des choses existantes, Schiller fait de l'histoire le point central de toute chose. À la charnière entre le classicisme de Weimar et le romantisme, il faut citer deux auteurs, Friedrich Hölderlin auteur tragique et lyrique, passionné par Grèce ancienne et Johann Paul Friedrich Richter, connu sous les pseudonyme de Jean Paul à l'imagination créatrice. Le romantisme (vers 1796-1835) Aux Herder, Gœthe et Schiller, succède une seconde génération de romantiques en Allemagne. Celle-ci compte de grands noms comme Hölderlin et J. P. Richter et est divisée en deux écoles. L'école de Iéna, très cosmopolite, représentée entre autres par Novalis, Tieck, Schlegel, se réclamait proche de la pensée de Fichte. Elle élabora la doctrine romantique. L'école de Heidelberg, qui compta les noms de Brentano, Eichendorff, Arnim et les frères Grimm, se pencha moins vers la réflexion que vers le réel et tourna finalement au nationalisme culturel. Biedermeier (vers 1815-1848) Ce nom vient du poète Gottlieb Biedermeier. Le concept renvoie à un certain art de la petite-bourgeoisie en vogue au cœur du XIXe siècle. En littérature, cet art est considéré comme provincial, d'un esthétisme infantile et suant les bons sentiments. Cette période littéraire autrichienne est faite d'un art de piètre qualité mais qui donnait, par son style sans originalité et ses histoires d'une platitude effarante, un divertissement apprécié aux petit-bourgeois de l'Empire. Quelques auteurs comme Johann Nestroy ont néanmoins su jouer sur les deux tableaux en présentant d'un côté des pièces populaires, mais aussi en y instillant une causticité nouvelle. Plusieurs auteurs ont connus leur heure de gloire à cette époque : Gottlieb Biedermeier, Annette von Droste-Hülshoff, Wilhelm Hauff, Karl Leberecht Immermann, Eduard Mörike, Ferdinand Raimund, Friedrich Rückert. Pendant la même période d'autres écrivains se distinguent néanmoins et restent au Panthéon des lettres germaniques comme le poète Nikolaus Lenau, le dramaturge Franz Grillparzer ou l'écrivain Adalbert Stifter. Vormärz (vers 1830-1850) et « Junges Deutschland » Cette époque est comprise entre le Congrès de Vienne de 1815 et la révolution de mars 1848. En littérature, cette période ne commence qu'à partir de 1830 et est influencée par les idées libérales que véhicule la Révolution de Juillet en France. Le mouvement « Junges Deutschland », la "jeune Allemagne", entre en opposition à la restauration. Les principaux représentants de ce courant sont : Georg Büchner, Heinrich Heine, Christian Dietrich Grabbe, Ludwig Börne, August Heinrich Hoffmann von Fallersleben et Georg Herwegh. Écrivains engagés, ils combattent la politique très conservatrice de Metternich et des princes. Ils veulent obtenir la démocratie, la liberté, la justice sociale, et militent pour une Allemagne unie sous la forme d'une République. D'un point de vue littéraire, ils refusent l'idéalisme du romantisme et du classique, qu'ils considèrent comme apolitique et éloigné de la réalité. Leurs écrits prennent souvent des formes diverses, textes journalistiques ou récits de voyages, et témoignent d'une volonté de s'adresser au plus grand nombre et non plus seulement aux intellectuels. Leurs œuvres sont interdites de publication par décret du Bundestag de Francfort pour toute l'Allemagne vers 1835. Le réalisme poétique (1848-1890) Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la littérature allemande s'assoupit. Dans le réalisme poétique, les auteurs évitent les grands problèmes socio-politiques et se tournent vers le cercle plus étroit de leur pays d'origine - leurs habitants et leurs paysages. Au centre des romans, pièces et poèmes se trouve l'individu. Une caractéristique de ces œuvres est l'emploi fréquent de l'humour qui crée une distance par rapport à une réalité insupportable. Il pointe les défauts et faiblesses d'un des maillons de la société sans pour autant s'attaquer au système. La forme littéraire préférée est la nouvelle qui atteint à cette époque sa gloire. La plupart des écrivains de cette époque sont à peu près oubliés aujourd'hui. Quelques œuvres marquantes cependant : Frau Jenny Treibel de Theodor Fontane, Romeo und Julia auf dem Dorfe de Gottfried Keller, Das Amulett de Conrad Ferdinand Meyer, Der Schimmelreiter de Theodor Storm et Nachsommer d'Adalbert Stifter. À noter aussi la saga des Buddenbröck de Thomas Mann, qui dépend encore de cette école littérair, et en constitue un des points d'aboutissement. LA FIN DU XIXe SIECLE Le Naturalisme (1880-1900) À partir de 1890, la vie littéraire allemande s'anime à nouveau grâce aux écrivains autrichiens. La littérature allemande compte cependant de grands noms. Le naturalisme était un art nouveau, une nouvelle direction en littérature, qui voulait découvrir sans ménagements les rapports dans tous les domaines de la société. Ce que les réalistes au milieu du siècle réprouvaient encore se trouve maintenant au centre des préoccupations. Sans égards pour les limites traditionnelles du bon goût et des conceptions bourgeoises artistiques, la réalité est rendue telle quelle, crue, sans embellissements. Une nouveauté artistique qui en découle est l'apparition du jargon, des dialectes ou de la langue de tous les jours dans les œuvres littéraires. Le héros individuel qui choisit librement n'est plus au centre des narrations, désormais, il y est présenté déterminé par son milieu, ses origines et les circonstances temporelles. Quelques œuvres importantes : Frühlings Erwachen de Frank Wedekind, Bahnwärter Thiel de Gerhart Hauptmann et surtout Tristan et Der Tod in Venedig (Mort à Venise) de Thomas Mann. "Heimatkunst" Le « Heimatkunst » (« art de la patrie ») est à mettre en relation étroite avec le naturalisme. Le propagandiste principal de ce nouveau mouvement est l'écrivain et historien de l'art Adolf Bartels qui utilise le concept de « Heimatkunst » pour la première fois en 1898 dans un article pour le magazine « Der Kunstwart ». Il répand les nouvelles idées et conceptions avec Friedrich Lienhard dans le magazine « Heimat » qui ne paraîtra à Berlin que très peu de temps. Ce nouveau mouvement voulait s'écarter du sujet de la grande ville pour se tourner vers le pays, la patrie et le peuple. L'emploi du terme « Heimat » permet cependant de ne pas se cantonner à la vie de campagne, la vie citadine peut être aussi abordée puisque la ville peut être aussi un lieu d'origine. Comme le naturalisme à qui il emprunte diverses techniques, le « Heimatkunst » ne se contente pas d'exprimer son amour du pays, il critique aussi ses manques, ses défauts... Les recherches actuelles sur ce mouvement tendent à montrer que certaines des idées de base de ce mouvement sont les mêmes que celles des mouvement écologiques qui apparaîtront plus tard. Quelques œuvres importantes : Rembrandt als Erzieher de Julius Langbehn (1890) ; Heimatkunst. Ein Wort zur Verständigung de Adolf Bartels (1902) et Der Büttnerbauer de Wilhelm von Polenz (1895). L'Impressionnisme (vers 1890-1910) Étant un mouvement essentiellement franco-anglais, l'impressionnisme n'a pas eu beaucoup d'influence en Allemagne, en dehors de Keyserling. LE XXe SIECLE "Klassische Moderne" (vers 1900 - 1920) Pour le « Klassische Moderne » (« modernité classique »), le concept d'Avant-garde est particulièrement important. Cette époque commence à la fin du XIXe siècle avec le symbolisme français et des poètes comme Stéphane Mallarmé, Charles Baudelaire et Arthur Rimbaud. Les représentants les plus importants du symbolisme en langue allemande sont Stefan George, Hugo von Hofmannsthal et Rainer Maria Rilke. Ce mouvement englobe aussi bien le surréalisme, le dadaïsme, l'expressionnisme que le futurisme. En Allemagne, le nazisme (au niveau européen, la Seconde Guerre mondiale) provoque une césure dans ces mouvements le plus souvent désignés sous le terme d'avant-garde. La littérature d'avant-garde se veut être une littérature orientée vers la nouveauté et très portée sur la théorie. Les dadaïstes s'essayent ainsi à brusquer leur public à formation bourgeoise en leur proposant une littérature de non-sens. Le Wiener Aktionismus avait choisi comme point d'attaque le « bon goût » et provoquait à travers des performances extrêmes. Parallèlement à ces courants dirigés contre la tradition, il y eut aussi des œuvres qui reprirent les anciennes formes et les redéveloppèrent comme Rainer Maria Rilke avec son roman Die Aufzeichnungen des Malte Laurids Brigge (1910), Heinrich Mann (dont les débuts ont préparé la voie aux expressionnistes), Thomas Mann, Hermann Broch, Robert Musil et Franz Kafka. Notamment et concernant Thomas Mann, la forme de ses œuvres s'inscrit dans la continuité d'un mouvement romantique hérité des Lumières, un romantisme de première époque en quelque sorte, considérant avec autant d'importance tous les aspects différents du savoir ; ainsi, La Montagne magique nous apprend tout sur la médecine pulmonaire, tandis que dans Le Docteur Faustus, c'est de la musique sérielle ou dodécaphonique qu'il est question. En parallèle de la trame de l'histoire qu'il nous conte, et quand cette dernière effleure une des facettes du savoir, surgissent alors ça et là des digressions ne laissant rien au hasard et qui satisferait tout spécialiste, aussi pointilleux qu'il soit... La littérature allemande, très riche et reconnue pendant la République de Weimar, est décimée par l'arrivée du nazisme. Des écrivains à la renommée internationale comme Walter Benjamin, Lion Feuchtwanger, Alfred Döblin, Thomas Mann choisissent l'exil. La poésie L'étonnante et puissante météore poétique Christian Morgenstern (1871-1914) peut difficilement se ranger dans une catégorie : à la fois précurseur du surréalisme, du lettrisme (die grosse Lullabi), il voit monter le désastre de la Première Guerre mondiale, pressent le cataclysme de la seconde et suggère, en réaction aux barbaries émergentes, un retour aux valeurs de l'esprit dont il se fait le chantre. (Wir fanden einen Pfad). Le début du XXe siècle voit aussi l'éclosion de grands poètes comme Stefan George, qui publie des poèmes proches du symbolisme français. Expressionnisme (vers 1910-1925) On rattache par exemple les romans de Franz Kafka à l'expressionnisme, ainsi que plusieurs auteurs dramatiques allemands du début du XXe siècle, tels que Georg Kaiser ou Ernst Toller. Le dadaïsme (vers 1916 - Seconde Guerre mondiale) Dada est né le 5 février 1916 à Zurich (Suisse) par la grâce des poètes Hugo Ball, Richard Huelsenbeck, Tristan Tzara et des peintres Jean Arp, Marcel Janco, Sophie Taeuber. Ils investissent une taverne de la Spiegelstrasse, la transforment en café littéraire et artistique et la rebaptisent « Cabaret Voltaire ». Le nazisme et ses conséquences en littérature La littérature dans l'Allemagne nazie Le 30 janvier 1933, les nazis et leur chef Adolf Hitler prennent le pouvoir en Allemagne. Toute forme de littérature critique à l'égard du pouvoir est interdite, ainsi que les écrivains de gauche, communistes ou juifs. Des milliers de livres sont alors brûlés sur de grands bûchers. A partir de 1938, à la suite de la réunification de l'Autriche au Reich (l'Anschluss), la même politique va y être appliquée dans la province autrichienne. Le gouvernement exige alors des poèmes exaltant la patrie et le peuple allemand (Blutund-Boden-Dichtung : La poésie du sang et de la terre, l'idéologie officielle étant appelée Blut und Boden ou BluBo), la seule littérature non-idéologique alors tolérée est une littérature de divertissement. Les opposants au régime sont menacés de mort, quand ils ne sont pas partis en exil. De nombreux écrivains restent dans leur pays, bien qu'ils s'opposent au nationalsocialisme. Ils sont condamnés au silence, laissent leur écrits dans leur tiroir ou se cantonnent à des thèmes non-politiques. Parmi les plus célèbres, Erich Kästner, Gerhart Hauptmann ou Wolfgang Koeppen sont restés en Allemagne. Très rares sont les écrivains qui prennent parti pour le nazisme, dont Josef Weinheber et Erwin Guido Kolbenheyer. Quoi qu'il en soit, la littérature pro-hitlérienne n'a qu'un intérêt historique car présentant un caractère de grande médiocrité. La littérature d'exil La littérature d'exil allemande (1933-1945) est apparue en réaction contre le nazisme. Deux événements majeurs la marquèrent : les autodafés à Berlin le 10 mai 1933 et l'attaque de l'Allemagne sur les pays voisins en 1938-1939. Des centres d'émigrés se développèrent à Paris, Amsterdam, Stockholm, Zürich, Prague, Moscou, New York ou encore Mexico. Des maisons d'édition s'y montèrent. Parmi les auteurs allemands en exil, on peut noter : Bertolt Brecht, Alfred Döblin, Ernst Bloch, Lion Feuchtwanger, Bruno Frank, Oskar Maria Graf, Hermann Kesten, Annette Kolb, Emil Ludwig, Heinrich Mann, Klaus Mann, Thomas Mann, Erich Maria Remarque, Anna Seghers ou encore Arnold Zweig. Il y eut aussi Ernst Toller, Walter Hasenclever, Walter Benjamin et Kurt Tucholsky qui se suicidèrent en exil. La littérature autrichienne Felix Salten, auteur du célèbre "Bambi" adapté par Disney, faisait partie des cercles littéraires et artistiques de Vienne et fréquentait Thomas Mann, Arthur Schnitzler, Hugo von Hofmannsthal et Gustav Klimt, les Strauss ainsi que Sigmund Freud. Plusieurs écrivains autrichiens émigrèrent dans les années 1930, particulièrement après l'Anschluss, dont Stefan Zweig, Hermann Broch, Carl Zuckmayer et Franz Werfel. Littérature contemporaine Au milieu du XXe siècle, les intellectuels posaient leur regard sur la politique, cherchant à en décrypter les rouages. Certains s’engageaient, certains soutenaient le régime, d’autres le fustigeaient, voir le fuyaient, et on sait combien le destin de nombre d’écrivains de l’époque fut tragique. La RDA se définissait elle-même comme « Literaturgesellschaft » (« société de littérature ») (le concept vient de Johannes R. Becher), elle se battait contre la non-poésie de l'ouest et la ghettoïsation de la culture élevée. Une démocratisation devait être mise en place aux niveaux de la production, de la distribution et de la réception. Néanmoins, le concept de démocratisation devint absurde du fait de la censure et des essais de l'état de contrôler la création, de fonctionnaliser la littérature et de l'utiliser à ses fins pour la propagande du « Realsozialismus ». Aujourd’hui, comme libérés de ce rôle, les écrivains puisent plutôt leur inspiration dans le quotidien, dans une réalité sociale toute neuve, et fortement imprégnée du passé récent ou plus lointain. Ils creusent, interrogent la mémoire collective, sortent parfois quelques cadavres des placards… La littérature allemande prend une place essentielle dans la littérature mondiale. Après l'étouffoir que fut pour la culture allemande la période nazie, la renaissance est souvent venue des auteurs exilés ou survivants de la guerre. La génération suivante s'est beaucoup inspirée de l'expérience de la guerre, tant à l'Est (Christa Wolf, Christoph Hein) qu'à l'Ouest (Günter Grass, Bernhardt Schlink, Heinrich Böll). Le concept de littérature allemande impose d'élargir la réflexion à tous les écrivains d'expression allemande : les Allemands, les Autrichiens, les Suisses alémaniques, mais aussi les Roumains souabes du Banat (comme Herta Müller), certains Tchèques... et bien évidemment tous ceux qui ont choisi l'allemand comme langue d'écriture. C'est le cas, par exemple, de Sasa Stanisic, jeune auteur Berlinois d'aujourd'hui, d'origine serbo-croate ou de Yoko Tawada, japonaise vivant elle aussi à Berlin et écrivant directement à allemand, comme ce fut celui, plus tôt, d'Elias Canetti. L’après-guerre L'Holocauste et la littérature des survivants L'écrivain qui semble être le plus important dans cette partie de l'histoire de la littérature est sans doute Marcel Reich-Ranicki, surtout avec le témoignage qu'il nous donne concernant les atrocités que l'on faisait subir aux juifs notamment dans le ghetto de Varsovie dans son autobiographie intitulée Mein Leben. La "Trümmerliteratur" (littérature des décombres) Après la Seconde Guerre mondiale et jusqu'en 1950 environ, se crée une mouvance littéraire décrivant l'Allemagne d’après-guerre, le fait de vivre au milieu des ruines, d’être un nomade en ville. Une littérature de désolation. Parmi les principaux auteurs, peuvent être cités : Heinrich Böll qui dans ses romans interroge sur les conséquences du nazisme et de la guerre dans la société allemande, et Arno Schmidt. Gruppe 47 Le groupe 47 est fondé en 1947 avec comme objectif de redonner à l'Allemagne sa place dans la littérature mondiale, lui rendre tout son lustre. À la fois forum de lectures, lieu de débats et de critiques littéraires, il exerce une influence majeure en Allemagne jusqu'en 1967. Parmi ses membres on trouve Paul Celan, Peter Weiss, Martin Walser, Günter Grass dont le roman le plus connu est Le tambour. Günter Grass a introduit l’histoire de l'Allemagne nazie en littérature et est devenu le chef de file d'une génération en quête de réponses à ses interrogations morales. Hans Magnus Enzensberger, Siegfried Lenz et Christa Wolf font partie de la même mouvance. Une autre mouvance revient quant à elle à la tradition du récit : Sten Nadolny, Uwe Timm, F. C. Delius, Brigitte Kronauer et Ralf Roth, qui ont débuté dans les années 1980, en sont les représentants les plus emblématiques même s'ils sont peu connus à l’étranger. Après 1989 : Wenderoman Mais la littérature contemporaine en Allemagne est riche, ainsi est arrivée une nouvelle génération d'écrivains qui puise son inspiration dans le quotidien, avec un ton tantôt grave, tantôt drôle ou caustique. La littérature actuelle décrit les réalités d’aujourd’hui avec un regard impitoyable. Avec la chute du mur de Berlin, ce n'est pas seulement la république fédérale et l'ex République Démocratique qui se sont réunies, mais également les littératures des deux camps. Des auteurs de l'ancienne Allemagne de l'Est comme Christa Wolf, Hermann Kant ou Christoph Hein continuèrent à éprouver des difficultés pour se faire connaître tandis que, de l'autre côté, les écrivains renommés Ouest-Allemands comme Günter Grass, Hans Magnus Enzensberger ou Martin Walterhad ne perdirent rien de leur prestige. Les débats générés dans les années 90 avaient pour thème principal l'Histoire : Que Reste-il de Christa Wolf (1990),décrivant les liens entre les services secrets aujourd'hui disparus de la RDA et le ministère de la sécurité nationale (Stasi) ; la nouvelle Un Grand Champ [1995] par G. Grass ; le résultat du séjour de Peter Handke, Justice pour la Serbie ou le discours de Martin Walser sur la manière dont l'histoire Allemande fut surmontée. Comme les jeunes auteurs des années 90, les allemands de l'Est abordèrent des thèmes totalement différents de ceux de l'Ouest, la littérature allemande mit du temps a se réunifier. Cependant, après la chute du Mur apparaît le « Wenderoman», littéralement «roman du tournant». Les romans, nouvelles, pièces de théâtre et recueils d’essais concernent «le tournant» politique et social qui est intervenu dans l’ancienne RDA – bref, toutes les œuvres littéraires qui on trait à la chute du Mur de Berlin et au processus d’unification entre les deux Allemagnes. Pendant des années, les pages culturelles des journaux étaient désespérément en quête du « grand roman du tournant historique ». Et peu importe le nombre de livres parus depuis sous ce label, la quête se poursuivait. Nombre de ces romans, comme Moskauer Eis (La glace de Moscou) d‘Annett Gröschner, Prise de territoire de Christoph Hein, Spiegelland (Pays en miroir) de Kurt Drawert ou Fontaine d’appartement de Jens Sparschuh, ne furent pas lus comme des « romans du grand tournant ». Ce n‘est que depuis quatre ou cinq ans que l’attente s’apaise et que la littérature a enfin l’espace dont elle a besoin pour respirer. Parmi les différentes œuvres, une distinction est faite entre celles dont la chute du Mur est le thème principal et celles dans lesquelles le thème est seulement abordé. Quelques exemples : der Geschwindigkeit des Sommers (A la vitesse de l’été) de Julia Schoch qui est un requiem sur la RDA. Il est situé dans une petite ville du Mecklembourg naguère dominée par les troupes de l’armée est-allemande et où la sœur de la narratrice avait aimé un soldat. Elle vient de se suicider à New York. La narratrice retrace son itinéraire où l’impassibilité de naguère est mise en regard des grandes exigences de la liberté, tissant ainsi un fil allant de naguère à aujourd’hui. Le complexe de Klaus, un roman de Thomas Brussig, fut accueilli en 1995 comme étant le premier « roman du grand tournant » : le 9 novembre était encore proche. Thomas Brussig s’y attaque avec force moquerie et une ironie acerbe au pathétisme de ce moment historique et à l’agitation idéologique qui s’ensuivit. Il décrit la chute du Mur comme un moment grotesque, la révolution comme une plaisanterie à tiroir de l’Histoire. Moins crue et avec plus de justesse psychologique, Angelika Klüssendorf thématise en 2009 l’aspect érotique de cet instant révolutionnaire. Elle a intitulé son nouveau recueil de nouvelles Amateure (Amateurs). L’auteure, née en 1958 en Allemagne de l’Ouest, vint en RDA en 1961 où elle grandit, puis retourna en République fédérale en 1985. Ses nouvelles d’une clarté éblouissante sont toutes consacrées au contexte Est-Ouest et vont de l’automne 1989 à une étrange célébration du Jour de l’unité allemande le 3 octobre 1990, pour s’enfoncer ensuite dans les années 1990. Le processus d’unification s’y incarne dans des histoires de couples. Les hommes sont toujours originaires de l’Ouest, ils sont dentistes, travaillent à la télévision ou fanfaronnent avec leur Jaguar. L’un de ces couples se forme au sommet du Mur en ce légendaire 9 novembre. Il l’a grimpé depuis le côté Ouest, elle l’a escaladé depuis le côté Est ; en haut, ils s’embrassent spontanément et échangent leurs numéros de téléphone. L’histoire d’amour qui s’ensuit regorge de malentendus et d’étrangetés, symptomatique du rapprochement germano-allemand tel que le voit l’auteure. Klüssendorf décrit la chute du Mur comme une nouvelle version du conte où les enfants du roi n’arrivent pas à se retrouver. Le « roman du grand tournant » le plus volumineux et le plus important est Vies nouvelles d’Ingo Schulze. Il lui a fallu quinze ans pour pouvoir regarder la fin de la RDA avec la distance nécessaire. En RDA, le narrateur épistolaire Enrico Thürmer travaillait comme dramaturge, on le retrouve ensuite éditeur d’un journal de petites annonces. D’un intellectuel travaillant sur la langue, il devient un homme de chiffres et de gestion. Et cela lui arrive sans qu’il l’ait vraiment voulu. Le tournant historique met en scène les individus et leur biographie. Etrangement, les parties du roman qui se déroulent à l’automne 1989 sont les plus ternes. Peut-être parce qu’on a déjà beaucoup lu sur cette période et que même un grand écrivain comme Ingo Schulze ne peut lui arracher que peu de surprises. Les motifs – des manifs du lundi à Leipzig aux réunions de la Table ronde – sont trop connus, trop usés, pour pouvoir encore jeter des étincelles dans un roman. Sur le plan littéraire, il est beaucoup plus fructueux de quitter les sentiers battus des événements politiques au jour le jour. Le roman estival d’Ingo Schulze paru en 2008, Adam und Evelyn (Adam et Evelyne), nous en apporte la preuve avec élégance : c’est un capriccio tout de légèreté sur une fuite à l’Ouest qui semble être une sortie du paradis. Mais où étai tce paradis ? Se trouvait-il vraiment à l’Ouest ? Où bien ne résidait-il pas plutôt – et c’est la conviction de Schulze – dans le fait que l’on pouvait toujours souhaiter quitter la RDA pour un ailleurs meilleur, une possibilité qui a brutalement disparue en 1989 ? La transcendance s’est perdue avec l’Ouest, dit Ingo Schulze. A cette heure, le dernier « roman sur le grand tournant » est La Tour d‘Uwe Tellkamp, lauréat en 2008 du Prix du livre allemand. Tellkamp y décrit les dernières années de la RDA dans la perspective de la bourgeoisie cultivée d’une banlieue cossue de Dresde où l’on s’arme de poésie classique et de quatuors à cordes pour affronter les difficultés de la vie en RDA. Il décrit la lassitude de cette classe, son hypocrisie et sa morale, sa lâcheté et son courage, et toutes les tactiques d’adaptation à son environnement qui étaient nécessaires même quand on souhaitait seulement rester en marge. Le roman débouche sur l’automne 1989, dans le grand maelström de l’Histoire. Les horloges annonciatrices du destin sonnent mais cela ne dépasse pas le stade d’allusions murmurées. Tellkamp a peut-être craint de glisser dans le cliché. La chute du Mur ne vaut peut-être plus la peine d’être racontée après son agonie, les choses intéressantes ne commençant peut-être qu’après. Aujourd'hui, les livres que l'on trouve sur le marché ont été écrits par des auteurs nés dans les années 70. Ils représentent la littérature populaire et sont en quelque sorte les porte-paroles idéaux de leur génération. Le renouveau de la littérature allemande Dans son propre pays, la littérature allemande a longtemps été peu appréciée car considérée comme trop cérébrale, trop compliquée, trop repliée sur elle-même. Mais les temps changent. Felicitas von Lovenberg, critique littéraire au Frankfurter Allgemeine Zeitung, s’exprime sur le renouveau de la littérature allemande : « Il est rarement arrivé que dans la nouvelle littérature le public préfère les livres nationaux aux livres étrangers. Depuis des siècles, les auteurs locaux ont la réputation de ne produire des livres qu’après longue réflexion, livres qui demandent également une longue réflexion de la part du lecteur. Ce désir de validité, d’importance et d’équilibre, si l’on pense à la littérature nationale, a été perçu plutôt comme un désavantage concurrentiel. Goethe regrettait déjà que, pendant que les Allemands se torturaient l’esprit pour trouver des solutions à des problèmes philosophiques, les Anglais se moquaient d’eux avec leur fort esprit pratique et conquéraient le monde. Aujourd’hui, cet écrivain ne dirait rien de tel. En effet, depuis quelques années la littérature allemande, toujours germanophone et incluant volontiers les Autrichiens et les Suisses, a fini par sortir de sa léthargie. Telle la Belle au bois dormant, elle s’est laissée séduire par le prince qui a mené la belle intimidée à la scène, où le monde entier l’a découverte, grâce au talisman qu’est le Prix du Livre Allemand. Le roman de Daniel Kehlmann Les Arpenteurs du monde qui a manqué le prix de peu annonçait justement une rigoureuse réhabilitation. Non seulement dans le monde entier, mais surtout auprès des lecteurs allemands, le bruit s’est répandu que l’attente en matière de littérature ne doit pas forcément signifier un effort. Le Prix du Livre Allemand a permis une nouvelle attention pour la littérature allemande tout en renforçant une évolution fatale : l’incapacité des libraires et du public à prêter l’attention qu’ils méritent à un plus grand nombre de titres. Même si la présence des best-sellers allemands sur la liste du New York Times, tels que Le Parfum de Süskind et Le Liseur de Schlink, remonte à quelques années, il est amusant de constater que la nouvelle tendance fait que des romans allemands se placent à nouveau en tête des hit-parades locaux, de Ein liebender Mann (un homme aimant) de Martin Walser à La Femme de midi de Julia Franck. L’époque des courants littéraires et des modes, de la littérature pop et du Fräulein-Wunder est heureusement dépassée. Ils ont ouvert la voie à une large diversité que reflète la littérature allemande contemporaine. Elle a trouvé un naturel qui, historiquement, s’explique par la réunification mais est probablement dû aussi à la plus grande proximité du monde, pas seulement virtuelle. Une jeune génération, de plus en plus éloignée des expériences de la Seconde Guerre mondiale, a pu succéder à des écrivains tels que Günter Grass, Martin Walser, Hans-Magnus Enzensberger et Siegfried Lenz. On n’a pas cessé de réfléchir intensément à l’Allemagne, à son histoire, à ses humeurs, dans le sens du dictum de Dolf Sternberger sur l’identité allemande, mais davantage de voix se font entendre et concernent le monde entier. On le voit aussi dans le fait que des écrivains tels que Feridun Zaimoglu ou Terézia Mora, dont l’allemand n’est pas la langue maternelle, sont parvenus à se placer aux premiers rangs. On observe une nouvelle liberté : chacun peut écrire ce qu’il veut, on s’est débarrassé des tiroirs idéologiques. On attache de moins en mois d’importance à la forme qu’au contenu. Non seulement le fossé qui existait entre la littérature sérieuse et celle de divertissement semble être comblé mais, en outre, il n’y a plus de courants concurrentiels en matière d’esthétique et plus rien n’est contestable. Les écrivains représentatifs, de Kracht à Kehlmann, de Hacker à Hettche, de Tellkamp à Trojanow, sont parfaitement interconnectés. Toutefois, les auteurs ne se prennent pas réciproquement comme modèles et il n’y a plus de respect démesuré pour des classiques tels que Thomas Mann et Bertolt Brecht. Les héros sont des Américains, de Faulkner à Franzen, ou le réalisme magique dont Roberto Bolaño est le représentant dépourvu d’illusion. Entre-temps, les nouveaux lieux d’écriture, le Deutsches Literaturinstitut de Leipzig en tête, contribuent à la professionnalisation de la nouvelle écriture spontanée. La diversité se reflète dans le monde de l’édition : l’Allemagne n’est pas complètement sous l’emprise de groupes d’édition et de chaînes de librairies ; il y a encore des éditeurs dont le programme n’est pas dicté uniquement par les perspectives de ventes. Une telle diversité en matière d’édition et une telle qualité ne peuvent que faire envie en Amérique ou en Grande-Bretagne. Ne reste-t-il donc plus rien de typiquement allemand ? Si ! L’intériorité, la complexité et le doute demeurent, un sérieux qui, en dépit de toute aisance, ne veut en aucun cas être de l’art pour l’art. Cela enrichit énormément les lectures. Si l’on a besoin d’une preuve, il suffit de se tourner vers l’Académie suédoise : tous les cinq ans, un prix Nobel de littérature est attribué a un auteur de langue allemande – Günter Grass en 1999, Elfriede Jelinek en 2004 et Herta Müller en 2009. Un rythme auquel on peut s’habituer… » Sources : Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre : http://fr.wikipedia.org/wiki/Litt%C3%A9rature_de_langue_allemande http://www.sprachcaffe.com/francais/study_abroad/pays/allemagne/litterature_allemande_contemporaine.htm http://www.goethe.de/ins/fr/bor/prj/lde/frindex.htm http://www.magazine-deutschland.de/fr/artikel-fr/article/article/leichtigkeit-und-brecht-und-freiheit.html http://blog.librairiedialogues.fr/2010/07/16/litterature-contemporaine-de-langue-allemande/