En quête de « legacy » : comment assurer la durabilité des grandes
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En quête de « legacy » : comment assurer la durabilité des grandes
En quête de « legacy » : comment assurer la durabilité des grandes infrastructures sportives sur le territoire ? Synthèse 1 La Fabrique de la Cité : un forum de réflexion sur la ville de demain Les villes dans lesquelles nous vivrons demain seront radicalement différentes de celles que nous connaissons aujourd’hui. Sous l’effet de mouvements de fond puissants (évolutions démographiques, changement climatique, raréfaction des ressources naturelles, transformation des modes de vie et des pratiques sociales), les villes vont devoir s’adapter et se réinventer. Pour relever ce défi, il est indispensable de mobiliser tous les acteurs : élus, citoyens, décideurs publics et privés, architectes, urbanistes, chercheurs et experts. Créée à l’initiative du groupe VINCI, La Fabrique de la Cité est un think tank dont la vocation est d’alimenter les réflexions sur l’innovation urbaine et de valoriser les initiatives pionnières, en suscitant l’échange entre les différentes parties prenantes. Dans une démarche interdisciplinaire, les acteurs du développement urbain sont invités à se rencontrer autour de projets de recherche et de séminaires. Les travaux de La Fabrique de la Cité s’organisent autour de trois grands axes : adaptation des villes existantes, mobilité durable et économie urbaine. Au-delà des considérations purement techniques, cette démarche s’appuie sur des concepts innovants, tangibles et à forte valeur ajoutée, pour nous permettre d’imaginer, aujourd’hui, la ville de demain. Depuis le 25 décembre 2010, La Fabrique de la Cité est un fonds de dotation. Sommaire Introduction4 Anticiper l’avenir des infrastructures sportives 6 Lorsqu’infrastructures et territoire ne font plus qu’un Un engagement à long terme Une révolution « verte » Des installations flexibles Impliquer les populations locales le plus tôt possible 7 7 7 8 8 Quels modèles économiques pour ces infrastructures ? 10 Trouver l‘équilibre optimal entre fonds publics et privés Prévoir les bénéfices à long terme 10 11 Les infrastructures sportives, vecteurs d'attractivité urbaine 12 Bâtir de nouveaux pôles d’attractivité Régénérer tout un quartier : un défi sur trente ans Les jeunes, meilleurs ambassadeurs du projet 12 12 13 Le cas des Jeux olympiques de Londres 14 Conclusion20 3 En quête de « legacy » : comment assurer la durabilité des grandes infrastructures sportives sur le territoire ? Londres – Séminaire du 25 janvier 2012. À l’heure où les grands événements sportifs se multiplient – Jeux olympiques à venir au Royaume-Uni et en Russie, Coupe du monde de football à Rio en 2014, Euro 2016 en France –, La Fabrique de la Cité a décidé de se pencher sur l’impact des infrastructures sportives sur le développement urbain. Initialement prévues pour accueillir un événement à caractère éphémère, ces infrastructures nécessitent de lourds investissements. Dans une période marquée par les contraintes économiques et budgétaires, alors que les villes doivent trouver les moyens de s’adapter au changement climatique tout en recherchant l’adhésion des populations locales, ces infrastructures sportives doivent être pensées sur le long terme, comme éléments moteurs et structurants d’un projet de rénovation urbaine. Quelle ville est plus propice que Londres pour réfléchir à ces problématiques ? La capitale britannique accueillera en juillet-août 2012 les Jeux olympiques et paralympiques d’été. Comment les milliards de livres investis dans cet événement majeur auront-ils un impact durable et positif sur les alentours des infrastructures sportives ? La gestion de ce projet inspirera-t-elle d’autres villes, sur les plans économique, social, du développement durable et de la « legacy », c’est-à-dire de son impact à long terme ? Telles sont les principales questions auxquelles le séminaire de Londres, le 25 janvier 2012, s’est attaché à répondre. 4 Anticiper dès le départ le devenir à long terme d’un projet Comme c’est le cas à Londres, les grands événements sportifs tels que les Jeux olympiques sont souvent l’occasion de régénérer entièrement un territoire laissé à l’abandon, désaffecté ou isolé. C’est pourquoi, dès la conception, cet espace doit être envisagé comme une future centralité, le cœur même d’une nouvelle communauté reliée au reste de la ville. Les projets de ce type doivent donc être flexibles pour pouvoir s’adapter à leurs usages futurs, tout en privilégiant des solutions respectueuses de l'environnement. Une bonne gouvernance est également un facteur clé de réussite à long terme : de la conception à la gestion du projet, toutes les parties prenantes doivent donc travailler main dans la main, en tant que partenaires. La question du financement Dans un contexte de crise mondiale, tout l’enjeu est de bâtir des modèles économiques solides, pour favoriser un retour sur investissement positif à long terme. Ce qui implique, par exemple, d’anticiper les coûts de maintenance bien avant de poser la première pierre, pour imaginer comment attirer des investisseurs privés, et encourager une vie à la fois économique, culturelle et sociale. Ce qui explique peut-être l’essor actuel des partenariats public-privé (portant sur la conception, la construction et la gestion) en faveur de grandes infrastructures sportives : ce modèle semble en effet répondre aux exigences de la « legacy ». Donner vie aux espaces régénérés Pour Damien Rajot, directeur opérationnel stades chez VINCI Concessions, « Les stades seront les agoras du XXIe siècle ». Dans cette perspective, dès la fin de l’événement (qu’il s’agisse des Jeux olympiques ou d’un simple match de football), ces pôles d’attractivité et leurs alentours doivent proposer un programme d’événements (parcs, festivals, restaurants, points de repère…) pour attirer les gens et développer une nouvelle identité de quartier. Il est crucial d’impliquer les habitants à chaque étape du processus de reconversion, pour que chacun puisse, en l’espace d’une génération, rendre cet endroit attractif pour lui-même, bien sûr, mais aussi pour la région et le pays. 5 Anticiper l’avenir des infrastructures sportives L’un des principaux objectifs de ceux qui envisagent la réalisation ou la rénovation d’infrastructures sportives est d’éviter les « éléphants blancs » : que les infrastructures soient sous-utilisées. Il s’agit de réfléchir en amont à l’avenir de ces installations, l’idée étant de transformer un lieu symbolique, prévu pour un événement exceptionnel, en un lieu mixant plusieurs fonctionnalités – travail, habitat, loisirs – et capable de régénérer toute une zone urbaine. Pour ce faire, tous les acteurs impliqués dans la conception, la construction et la gestion des grandes infrastructures sportives doivent penser au long terme (de dix à cinquante ans). Ils doivent également prévoir leur intégration dans « l’écosystème » local, et réfléchir aux moyens de favoriser l’activité économique, sociale et culturelle, pour recréer un tissu urbain. Il s’agit de bâtir des infrastructures flexibles et ouvertes, à même non seulement de rayonner pendant un certain laps de temps, mais également d’avoir un impact à long terme sur le territoire. Quatre éléments pour définir l’impact d’un projet à long terme(1) – Territoire : les infrastructures seront-elles installées sur d’anciennes friches industrielles, permettant ainsi de dépolluer ces sites ? (ex. : Jeux olympiques de Londres et de Barcelone, Stade de France à la Plaine-Saint-Denis, au nord de Paris). – Transport et accès : le projet permettra-t-il de créer différents réseaux de transport, ou sera-t-il possible d’exploiter plus efficacement les infrastructures existantes ? – Événement : à quoi serviront les installations spécialement dédiées aux rencontres sportives ? Quels seront leurs usages à court et à long termes ? – Image de marque : en quoi ce nouvel investissement permettra-t-il d’accroître la fréquentation du site, et la visibilité de la ville ou du quartier ? (1) Source : Bridget Rosewell, conseillère économique de la Greater London Authority (GLA). 6 Lorsqu’infrastructures et territoire ne font plus qu’un Les grandes infrastructures sportives ne peuvent plus être isolées de leur environnement proche. « Aujourd’hui, ces installations peuvent s’inscrire au cœur de toute la communauté en dépassant le simple cadre du sport (éducation, événements culturels…), pour devenir un véritable "hub" pour l’avenir », affirme John Barrow, architecte et directeur du cabinet Populous. Car ces nouvelles infrastructures ne doivent plus être uniquement conçues pour des événements précis. Il s’agit plutôt de régénérer et de créer un nouvel espace public, en bâtissant une installation attractive, qui contribuera, pendant les vingt à cinquante années suivantes, au développement des communautés qui y vivent, y travaillent et s’y divertissent. C’est le cas avec le projet olympique de Londres, où un territoire autrefois isolé, industriel et défavorisé est en passe de subir une mutation profonde, et de faire de ce quartier régénéré une destination en soi. Dès le départ, le plan directeur doit être porteur d’une vision pour les prochaines décennies. Il s’agit d’anticiper la transformation et l’adaptation des infrastructures, tout en réfléchissant aux moyens de les intégrer pleinement au tissu urbain environnant, et en les reliant parfaitement aux populations locales et au reste de la ville. Un engagement à long terme Bien qu’initialement conçues pour un événement précis, les grandes infrastructures sportives (stade olympique de Londres, Stade de France (1) près de Paris, stade de Nanjing (2), en Chine) ont été construites pour durer au moins cinquante ans, si ce n’est un siècle. Rien d’étonnant, dans ce cas, à ce que les besoins à venir soient pris en compte dès l’étape de conception. Il est essentiel d’être proactif et d’animer immédiatement les lieux dès la fin de l’événement : cela constitue une condition sine qua non pour que ce quartier puisse prendre vie et engager sa transformation. « Il faut proposer un mélange d’activités et de loisirs pour attirer les gens : des événements culturels, sociaux ou commerciaux aux grands festivals, en passant par des activités plus spontanées. En d’autres termes, il faut en quelque sorte susciter de l’émotion, lancer une dynamique », précise Richard Brown, directeur de la stratégie de l’Olympic Park Legacy Company (OPLC). Cet engagement à long terme implique également d’intégrer les zones ainsi régénérées dans un plan d’urbanisation global, portant sur toute la zone métropolitaine. Une révolution « verte » La « legacy » repose sur trois piliers : rentabilité du projet à long terme, appropriation par la population locale et, bien sûr, réponse aux enjeux énergétiques et environnementaux. Dès le départ, le parc olympique de Londres tient compte des questions environnementales, avant, pendant et après les Jeux. Pendant la construction, « 97 % des matériaux provenant de la démolition des anciens bâtiments ont été réutilisés pour redessiner le site », souligne Kay Hughes, conseillère principale pour la conception des infrastructures au sein de l’Olympic Delivery Authority (ODA). Pendant et après l’événement, l’infrastructure sera autonome en énergie grâce à deux centrales conçues pour l’occasion, qui permettront de chauffer et de climatiser l’espace. (1) Construit pour la Coupe du monde de football 1998. (2) Construit pour les Jeux de la République de Chine en 2006. 7 Un événement sportif de l'ampleur des jeux olympiques est l'occasion unique de transformer un territoire. » Richard Brown, directeur de la stratégie de l’Olympic Park Legacy Company (OPLC) Cette révolution « verte » n’a été rendue possible que parce qu’il a été décidé, dès les prémices du projet, que ces Jeux seraient plus écologiques et « compacts ». Ainsi, la plupart des installations (village olympique, centre médias) sont situées à quelques minutes de marche. Le développement durable consiste aussi à proposer de nouvelles solutions de transport en commun, pour relier cet espace au reste de la ville et du pays en optimisant le trafic entrant et sortant. Sans oublier de préserver la faune locale : la plupart des espèces présentes sur le site du parc olympique de Londres ont été déplacées vers le nord, et seront réintroduites dans leur milieu d’origine après les Jeux. Des installations flexibles La flexibilité est un enjeu clé pour assurer l’avenir des grandes infrastructures sportives. Après les Jeux, les installations temporaires de Londres seront démontées pour répondre aux besoins du territoire et respecter son échelle. « Notre objectif est de pouvoir démonter les stades, tout simplement, s’ils ne sont plus utilisés après », précise John Barrow (Populous). Les quelques exemples ci-après illustrent cette volonté : le stade olympique de Londres, qui pourra accueillir quatre-vingts mille personnes pendant les Jeux, ne comptera plus que vingt-cinq mille sièges par la suite. La démarche est encore plus radicale avec le pavillon de basket-ball, 100 % éphémère (douze mille places assises). « Nous avons travaillé 8 sur l’enveloppe du bâtiment afin de la rendre esthétique pour les Jeux, mais à l’intérieur, tous les gradins sont temporaires. La bonne nouvelle, c’est que la “tente“ recouvrant le terrain pourrait être réutilisée pour les Jeux olympiques de Rio, en 2016, déclare Kay Hughes (Olympic Delivery Authority – ODA). Nous avons construit pour l’avenir, et embelli l’espace pour les Jeux » (cf. page 14). Impliquer les populations locales le plus tôt possible Comme le rappelle Richard Brown (Olympic Park Legacy Company), « un événement sportif de l’ampleur des Jeux olympiques est l’occasion unique de transformer un territoire ». Ainsi, le parc olympique représente le projet de régénération le plus important de Londres en vingt-cinq ans. Il est donc crucial de tenir compte des propositions et des besoins des habitants, afin qu’ils puissent s’approprier l’espace une fois l’événement terminé, voire avant. « C’est pour cette raison que notre service de communication cherche avant tout à répondre aux plaintes ou aux interrogations du voisinage. Il dialogue avec les populations locales pour les rassurer », souligne Kay Hughes (Olympic Delivery Authority). Leurs préoccupations sur des sujets tels que les embouteillages et le traitement des déchets pendant les Jeux, par exemple, ont été prises en compte. Pour la conseillère de l’ODA, cela pourrait expliquer les réactions d’ores et déjà positives des résidents, alors même que le parc n'est pas encore ouvert au public. Pour une gouvernance axée sur la continuité Anticiper l’avenir et réussir la « legacy » sont des tâches complexes, qui le sont d’autant plus si de nombreuses institutions sont impliquées dans un même projet. Dans le cas des Jeux olympiques de Londres, les acteurs ont mis en place une structure de gouvernance axée sur la continuité, pour assurer la reconversion du site. – Le London Organising Committee of the Olympic and Paralympic Games (LOCOG) est chargé d’assurer la programmation des événements des JO ; il est essentiellement financé par le secteur privé. – L’Olympic Delivery Authority (ODA) est un organisme public chargé de la conception-construction des infrastructures. L‘Olympic Park Legacy Company (OPLC), responsable de la reconversion du parc olympique, travaille main dans la main avec l‘ODA pour préparer l‘après-JO. En avril 2012, l’OPLC sera placée sous l’autorité du maire, Boris Johnson, et rebaptisée « London Legacy Development Corporation ». Ce changement renforcera son champ d’action, notamment sur l’aménagement urbain, mais également ses responsabilités : elle répondra directement aux Londoniens, par l’intermédiaire de leur maire. – L‘Olympic Board, codirigé par le maire, supervise intégralement le projet olympique. Ce mode de gouvernance est à la fois clair (les décisions finales sont prises par le maire) et très flexible. Il évoluera avec le projet : certaines institutions intermédiaires (le LOCOG et l’ODA) sont vouées à disparaître, mais heureusement, le transfert de bonnes pratiques est prévu. Ainsi, certains collaborateurs de ces administrations temporaires rejoindront les équipes de la « legacy ». Ce mode de gouvernance associe plan directeur, conception et gestion de l‘impact pour concrétiser la vision initiale à long terme. 9 Quels modèles économiques pour ces infrastructures ? Si elles sont bien conçues, les grandes infrastructures sportives peuvent régénérer tout un territoire et avoir un effet positif à long terme. Mais à quel prix ? Alors que le monde subit de plein fouet l’une des pires crises financières depuis 1929, de nouveaux modèles économiques émergent. Ceux qui semblent remporter le plus de succès sont ceux qui parviennent à équilibrer financements publics et privés. Ils permettent en effet de réunir la somme nécessaire au lancement de grands événements, ainsi que l’expertise et les investissements requis pour que les projets aient un effet positif et à long terme sur l’économie locale et les habitants. Trouver l’équililbre optimal entre fonds publics et privés Le coût total des Jeux olympiques de Londres est estimé à près de 9,3 milliards de livres, trois fois plus que le budget initialement prévu. Pourquoi ? « Nous pensions que les investisseurs privés seraient prêts à construire une partie des infrastructures dont ils seraient ensuite propriétaires. Mais la crise financière a entraîné un manque de liquidités, et le gouvernement a finalement dû intervenir », explique Bridget Rosewell, conseillère économique de la Greater London Authority (GLA). Les pouvoirs publics utilisent l’argent des contribuables pour couvrir des dépenses qui étaient censées incomber au secteur privé. Utiliser de telles sommes est une grande responsabilité. Pour John Barrow (Populous) : « Nous devions en faire bon usage. Notre plan directeur a donc privilégié l’avenir du site. Par notre démarche, je pense que nous avons créé un nouveau modèle de référence pour les prochains Jeux olympiques ». Ce qui explique pourquoi 75 % de chaque livre dépensée ont été consacrés au terrain et aux infrastructures ; 10 en d’autres termes, aux éléments dont les habitants continueront à bénéficier demain. Si les fonds publics sont incontournables pour lancer des projets de cette ampleur, les partenariats public-privé semblent être un compromis efficace pour financer les investissements à long terme et les évolutions futures, après l’événement sportif. Autre modèle économique important et, semble-t-il, efficace : reconvertir ces infrastructures et leurs alentours en espaces de loisirs plus larges, pas uniquement axés sur le sport (par exemple, concerts à Wembley ou au Stade de France). « Tous les nouveaux stades doivent proposer des expériences de “divertissement“ », confirme Damien Rajot (VINCI Concessions). Des expériences qui doivent durer plus longtemps que les spectacles auxquels les foules viennent assister. Pour John Barrow (Populous), « Il faut venir chercher les gens autour du stade et leur proposer des services variés : pouvoir prendre un verre dans un café avant un événement, puis aller au restaurant après, le tout à quelques minutes de marche à pied. Sinon, ils ne reviendront jamais ! ». Il ne s’agit pas simplement de sport, mais de sport, de divertissement et d’affaires – tout cela combiné en une seule offre. » John Barrow, architecte et directeur, Populous. Prévoir les bénéfices à long terme La réflexion autour du financement de telles installations doit intégrer le fait que celles-ci resteront en place pendant cinquante à cent ans. « Les dépenses pour des infrastructures ne représentent qu’un très faible pourcentage des frais de fonctionnement et des recettes générées par ces installations sur cette longue période », précise John Barrow (Populous). « Pour être précis, elles n’en constituent probablement que 10 %. Nous devons donc mûrement réfléchir aux 90 % restants : comment assurer la rentabilité du projet, faire en sorte que ces infrastructures ne deviennent pas des “éléphants blancs“ et en faire des catalyseurs pour les jeunes générations ? ». Prenons l’exemple du projet O2 Arena, sous le dôme du Millénaire, à Londres. Au départ, ce stade, construit pour célébrer l’an 2000, a nécessité de lourds investissements, a largement dépassé le budget initial, n’a pas vraiment marché, puis est resté totalement vide. Mais aujourd’hui, à peine douze ans plus tard, l’O2 Arena génère des recettes colossales (405 millions de livres par an) grâce à des investissements privés. Il est désormais l’un des lieux de rencontres sportives, de concerts et de spectacles les plus fréquentés au monde (huit millions de visiteurs chaque année), loin devant n’importe quel stade américain ou européen. Si nous prenons l’exemple du Stade de France, au lendemain de la Coupe du monde de 1998, il n’avait pas d’équipe résidente, et certains étaient sceptiques quant à son avenir. Mais depuis quelques années, grâce à un partenariat publicprivé, cette infrastructure attire chaque année près de deux millions de visiteurs, avec vingt-cinq à trente concerts et rencontres sportives. Sans parler des vingt-cinq mille emplois créés dans les environs depuis la construction du stade. Or, en temps de crise, ce type de dépenses lourdes, qu’elles soient publiques ou privées, semble non approprié. « En ce moment, tout le monde est déprimé à propos de tout, déplore Bridget Rosewell (Greater London Authority). Mais nous ressentirons encore les bénéfices de ces opérations en 2020, et même en 2050 ! Il est très important de réfléchir à l’avenir des infrastructures (en termes d’attractivité, d’emploi, de développement urbain…) et de communiquer à ce sujet. » 11 Les infrastructures sportives, vecteurs d'attractivité urbaine Pour assurer la pérennité des nouvelles installations sportives, la population locale doit être impliquée dans leur développement à long terme. Ces projets seront efficaces s’ils parviennent à la satisfaire (en tenant compte, dès la phase de conception, de ses besoins et usages futurs), à attirer de nouveaux habitants, et des visiteurs, des touristes, de nouveaux commerces et une offre de loisirs. Néanmoins, régénérer le tissu urbain prend du temps, au moins une génération. Bâtir de nouveaux pôles d’attractivité « Les stades seront les agoras du XXIe siècle », affirme Damien Rajot (VINCI Concessions). John Barrow (Populous) les appelle les « hubs/plate-formes du futur ». Pour parvenir à ce résultat, tout l’enjeu est de donner vie au quartier qui les entoure, directement à l’issue de l’événement pour lequel ils ont été construits, et pour les décennies suivantes. Ce pôle doit attirer les populations pour devenir une destination fréquentée et un endroit agréable, où vivre, travailler et se divertir, doté d’un caractère et d’une identité propres. Le parc olympique de Londres a été conçu de façon à devenir, après les Jeux, « un endroit où venir passer la journée, où se restaurer et laisser jouer ses enfants : une destination en soi », précise Richard Brown (Olympic Park Legacy Company). Le projet s’accompagnera d’une vaste programmation culturelle (expositions, concerts…) pour susciter l’intérêt et attirer des visiteurs locaux, nationaux et en provenance de l’étranger. « Cette nouvelle génération de stades doit être ouverte à son environnement et à tous types de publics, ajoute Damien Rajot (VINCI Concessions). Ainsi, les gens reviendront, même si aucun événement précis n’est organisé. » Une telle réussite est possible, comme le prouve l’exemple de Nanjing : le stade 12 de soixante mille places et les autres infrastructures construites pour les Jeux de la République de Chine en 2006 sont désormais utilisés chaque jour par des milliers de Nankinois. En outre, il a permis à la ville de remporter les Jeux olympiques de la jeunesse en 2014, développant ainsi un nouveau tissu urbain autour des installations. Pour réussir cette reconversion à long terme, l’endroit doit être suffisamment attractif pour faire venir des investisseurs et des commerces (restaurants, boutiques…) qui le rendront encore plus vivant. La communication joue également un rôle clé : pour impliquer les populations d’ici et d’ailleurs, il faut promouvoir le quartier régénéré tout en créant les conditions et les événements nécessaires pour attirer à la fois l’attention et le public. Régénérer tout un quartier : un défi sur trente ans Pour donner vie à l’espace reconverti, le projet doit répondre à trois critères essentiels. – Transport : le quartier doit être relié au reste de la ville pour abolir les barrières physiques et psychologiques. Ainsi, pour les JO de Londres, le réseau de transports en commun a été étoffé, et les éléments (voies ferrées, autoroutes…) séparant la zone du cœur de la ville ont été supprimés. – Emploi : toujours à Londres, les entreprises qui exploiteront certaines des installations après les Jeux se sont déjà engagées à employer 75 % des résidents. Quant au Stade de France, quatorze ans après son inauguration, vingt-cinq mille postes ont été créés dans ses environs. « Véritable aimant, le projet a su attirer des entreprises, contribuant ainsi au développement de ce territoire défavorisé, rappelle Damien Rajot (VINCI Concessions). Sans cet investissement colossal, aucune transformation à cette échelle n’aurait pu avoir lieu. » – Logement : pour rendre un espace attractif, il faut également proposer des logements aux personnes souhaitant s’y installer. Si les plans sont respectés, le quartier du parc olympique proposera quatre mille cinq cents logements d’ici fin 2014, et plus de vingt-deux mille en 2030. Avec un parc immobilier de bureaux à proximité, ce qui sera le cas à Londres, le territoire sera parfaitement adapté pour attirer habitants, actifs et entreprises. À cette liste s’ajoute un quatrième élément : le temps. « Prenons la reconversion du quartier de Canary Wharf, à Londres, propose Bridget Rosewell (Greater London Authority). Le processus de régénération a démarré au début des années 1990. Il a attiré beaucoup d’investissements et de monde, mais ce n’est que maintenant qu’une communauté prend réellement forme. Les “infrastructures sociales“ dépendent de l’interaction entre les gens (par la création de clubs, d’associations). Il faut toute une génération pour y parvenir ! » Les jeunes, meilleurs ambassadeurs du projet Le moyen le plus efficace de faire de ces infrastructures les nouvelles agoras de demain est de s’adresser aux jeunes. L’Olympic Delivery Authority de Londres a organisé des interventions dans les écoles, et invité les enfants du quartier à venir visiter le parc. « Ce sont eux qui en feront un endroit amusant et sûr, et qui lui donneront vie après les Jeux », affirme Richard Brown (Olympic Park Legacy Company). La même démarche a été suivie au Stade de France : des associations emmènent les enfants des banlieues voisines au stade, pour encourager leurs sportifs préférés, ou pour qu'ils suivent des cours. © Stade de France® – Macary, Zublena et Regembal, Costantini–Architectes, ADAGP – Paris 2012. Photographe : F. Aguilhon. Pour permettre la « legacy », différents événements comme un pique-nique annuel ainsi que des animations sportives sont organisés au Stade de France (Plaine-Saint-Denis), comme moyens d’impliquer la population locale. 13 Comment redessiner toute une partie de l’est londonien grâce à l’implantation d’infrastructures sportives Le parc olympique de Londres se situe dans l’est de la ville, au carrefour entre cinq quartiers (Waltham Forest, Tower Hamlets, Hackney, Newham et Greenwich). Trois d’entre eux comptent parmi les plus défavorisés d’Europe. En outre, par le passé, les industries étaient traditionnellement installées dans l’est londonien, ce qui générait une pollution endémique et explique le manque de connexions avec le centre de la ville. Le plan directeur du parc olympique (qui deviendra le Parc de la Reine Elizabeth après les Jeux) vise à répondre aux exigences spécifiques des Jeux olympiques (du 27 juillet au 12 août 2012), mais également aux besoins de demain. Trois éléments le caractérisent : – sa compacité - toutes les installations sont regroupées et facilement accessibles à pied ; – s a facilité d’accès - des transports en commun relient le site au reste de Londres et du pays, notamment par voie de chemin de fer ; – s a flexibilité - la capacité d’accueil de certaines des infrastructures olympiques sera réduite après les Jeux, et le pavillon de basket-ball sera entièrement démonté. Telles sont les conditions pour rendre le quartier attractif pendant et après l’événement. Selon le principe de la « legacy », celui-ci continuera d‘évoluer après les Jeux, avec des milliers de nouveaux logements, bureaux et commerces, pour devenir, espérons-le, un nouveau pôle d’attractivité qui permettra à tout le monde de resituer l’est de Londres sur la carte. 14 Infrastructures utilisées pendant les Jeux olympiques Très compact, le site olympique est construit autour d’un parc et d’une tour d’acier, qui sera l’emblème des Jeux. Le stade olympique, le vélodrome, le bâtiment réservé aux médias, le centre aquatique, les pavillons de basket-ball et de handball et toutes les autres infrastructures créées pour l’occasion sont situées à quelques minutes de marche les unes des autres. Plate-forme de Gare Newham correspondance de Greenway de Stratford 8 A12 Gare internationale de Stratford Village olympique et paralympique 8 6 Piste de BMX Centre aquatique 4 5 5 Stade olympique 5 Centre médias Hackney Espace presse Espaces de compétition 5 1 Copper Box Centre énergétique Riverbank Arena Zones d’accueil Orbit Orbit C i r c u s Wo r l d Square Britannia Row Plate-forme de correspondance d’Eton Manor 5 Lo n d o n W a y 5 7 5 5 5 Zones spectateurs 2 Entrée de Stratford Centre d’accueil Pavillon des Jeux de Olympiques water-polo 3 Pavillon de basket-ball T he S t r eet Vélodrome Mar k et Eton Manor 8 Espaces d’échauffement To w e r Hamlets Autres N metres 0 200 Plan indicatif du parc olympique au moment des JO. Waltham Forest Gare de West Ham Westfield Stratford City Routes & chemins de fer (L) : site durable (« legacy ») ; (T) : site temporaire ; (R) : site à capacité réduite après les Jeux. 1. Stade olympique (R) 5. Ponts (R) 2. Centre aquatique (R) 6. Village olympique (L) À la fois flexible (une partie des gradins est temporaire) et compact (comparé à son prédécesseur à Pékin, par exemple), le stade olympique pourra accueillir 80 000 spectateurs pendant les Jeux. 33 ponts ont été construits pour relier toutes les parties du site. Conçus pour supporter le poids de milliers de visiteurs pendant les Jeux, ils seront, pour certains, allégés après l’événement pour laisser plus de place aux espaces verts. Il comportera la deuxième piscine de 50 m de Londres Le Village olympique hébergera 16 500 athlètes pendant les et accueillera 17 500 spectateurs pendant les Jeux. Jeux. Il sera ensuite converti en 2 800 nouveaux logements. 3. Pavillon de basket-ball (T) 7. Tour Orbit (L) 4. Vélodrome (L) 8. Stations DLR (Docklands Light Railway, métro Cette structure en portique de 12 000 sièges, installée La tour Arcelor Mittal Orbit, conçue par Anish Kapoor, est le pour les Jeux, sera entièrement démontée peu après. seul élément symbolique construit pour le Parc olympique. Ce bâtiment, qui peut accueillir 60 000 personnes, utilise léger automatique) et de métro classique permettront un minimum d’énergie grise. Incroyablement léger, le toit de rallier facilement les principaux aéroports de Londres et en maillage de câbles utilise très peu d’acier. les grandes gares, principalement via Stratford, la station la plus proche où se trouve un grand centre commercial. 15 JO de Londres : zoom sur quelques infrastructures L’Olympic Delivery Authority (ODA) a conçu des infrastructures partiellement ou entièrement démontables après les Jeux, l’objectif étant d’adapter ces installations aux besoins de demain. © London 2012. Le stade olympique Depuis le début du projet, tout l’enjeu, pour le cabinet d’architectes Populous, était de pouvoir convertir ce stade de 80 000 sièges en une infrastructure pouvant accueillir 25 000 personnes après les Jeux. Une capacité qui couvrira amplement les futurs besoins, lorsque le site sera transformé en stade d’athlétisme. © London 2012. Le centre aquatique 16 Ce centre est composé d‘une partie permanente, avec une piscine de 50 m et près de 2 500 places, qui restera en place après les Jeux, et de deux ailes, qui seront démontées après l’événement. Les coûts de gestion, de chauffage et d’entretien seront donc bien plus abordables que ceux du centre initial, d’une capacité de 17 500 spectateurs. L’Olympic Park Legacy Company (OPLC) sera chargé de la conversion du parc à long terme, après les Jeux. Dans les années à venir, le quartier régénéré deviendra un pôle d’attractivité associant de nouveaux logements (22 300 habitations construites dans les 20 prochaines années), des commerces et des bureaux, le tout autour d’un parc de style victorien, qui attirera les amoureux de la nature. © London 2012. Un nouveau lieu de vie attrayant Dans l‘espoir de donner une nouvelle vie à ce qui était jusque-là un quartier pauvre et délaissé de Londres, les organisateurs des Jeux olympiques prévoient de construire un parc immobilier composé de nouveaux logements (plus de 22 000 d’ici 2030) et de bureaux qui devraient attirer de nouveaux habitants, des investisseurs et des commerces. L’objectif étant, selon Richard Brown (OPLC), que « d’ici 20 ans, les communautés qui ont accueilli les JO 2012 bénéficient des mêmes opportunités sociales et économiques que leurs voisins, partout ailleurs dans Londres ». Autres infrastructures remarquables : – Le pavillon de basket-ball de 12 000 places, inutile après les Jeux (Londres dispose de suffisamment de terrains de ce type), est 100 % démontable. L’énorme « tente » qui recouvre les gradins temporaires pourrait être réutilisée aux JO de Rio (2016). – Deux centrales construites et gérées par la société française Cofely permettront de chauffer et climatiser l’ensemble des installations mais aussi de fournir de façon autonome de l’énergie aux 5 800 logements créés sur place juste après l’événement. La recette du succcès Pour préparer l’avenir, il fallait impérativement prévoir des installations pérennes après les Jeux, inclure dans ce gigantesque programme de conversion le déploiement « d’infrastructures sociales » et intégrer dès que possible les populations locales dans le projet. Telles sont les conditions préalables pour faire de ce quartier régénéré une destination en soi, un endroit attrayant où vivre et travailler et, au final, le cadre d’évolutions inattendues. 17 Séminaire de Londres : liste des participants Kyra APPLEBY, chef de projet, Carbon Disclosure Project Serge ARNAUD, ingénieur général, chargé des infrastructures sportives du Grand Paris, au ministère français de l’écologie, de l’énergie, du Développement durable, des Transports et du Logement Philippe AUROY, directeur général délégué, Consortium Stade de France Peter AYRES, directeur du secteur mondial des sports, AECOM Ian BALLENTINE, directeur de programme, Network Rail John BARROW, architecte et directeur, Populous Julian BARWICK, développeur, Development Securities Olivier BAUMANN, journaliste, Le Moniteur Richard BERRY, responsable d’examen, London Assembly Kate BEVILAQUA SOBREIRA, directrice commerciale, ambassade du Brésil Mike BLACKBURNE, partenaire, Davies Arnold Cooper Anne-Sophie BLIN, consultante, Jones Lang LaSalle Ltd John BOOKER, chef de projet, East Thames Group 18 Richard BROWN, directeur de la stratégie de l’Olympic Park Legacy Company (OPLC) *Louis-Roch BURGARD, directeur général, VINCI Concessions Jim BURRIDGE, directeur du secteur sport monde, Arup John CAINE, consultant, Curtins Consulting Engineers Tim CASEY, directeur associé, Arup Bob CHALLANS, président, Elementa Keith F. COLLETT, directeur, Nuvia Brian COLLINS, directeur, Centre of Engineering Policy, University College London Jody COOPER, spécialiste du développement, East Thames Group Daniel COSTA FERNANDES, directeur de la section commerciale, ambassade du Brésil Duncan COWAN GRAY, responsable du programme olympique, BioRegional Solutions for Sustainability Richard CRAWFORD, conseiller municipal de Stratford et New Town, arrondissement de Newham (Londres) Yves-Thibault DE SILGUY, vice-président administrateur référent du conseil d’administration, VINCI Raoul DESSAIGNE, directeur général adjoint, VINCI Construction Franck DHERSIN, directeur des relations institutionnelles, VINCI Concessions *Remi DORVAL, président, La Fabrique de la Cité Jonathan DREYFUS, architecte, KSS Group *Pierre DUPRAT, directeur de la communication, VINCI Ozlem EDIZEL, doctorant, London Metropolitan University, Cities Institute Tom FITZPATRICK, journaliste spécialisé en développement durable, Construction News John GAFFNEY, directeur de clientèle sport et loisirs au Royaume-Uni, ARCADIS Owen GIBSON, journaliste, The Guardian Matthew GOODWIN, directeur, ARCADIS Alan GREEN, directeur du développement, East Thames Group Corrine HARMS, responsable du développement, Construction Youth Trust Kean HIRD, partenaire, Catalyst Capital Kay HUGHES, conseillère principale pour la conception des infrastructures au sein de l’Olympic Delivery Authority (ODA) Georgios KAVETSOS, directeur de recherche, London School of Economics Edward KEELAGHAN, directeur général, Hunter & Partners Tessa KIMBER, partenaire, Berwin Leighton Paisner Vanessa KORTEKAAS, rédactrice en chef de la rubrique Jeux olympiques en ligne, Financial Times Robert LANG, directeur, Arup Benn LATHAM, directeur financier, Life Care Residences Jim LOMAS-FARLEY, directeur du développement, division de la construction, VINCI Construction UK *Jan LÖNING, président, Avis France Stuart LOWTHER, partenaire, EPR Architects Nicolas MADELAINE, journaliste, Les échos Guillaume MALOCHET, chef de projet, Centre d’analyse stratégique *David MANGIN, architecte et urbaniste, Cabinet SEURA *Nathalie MARTIN-SORVILLO, directrice, La Fabrique de la Cité Mélanie MATHEWS, directrice de la communication, VINCI PLC Bruno MONIER-VINARD, journaliste, Le Point Frédérique MONJANEL, responsable du développement immobilier, ADIM, VINCI Construction France Maxence NAOURI, responsable relations publiques, VINCI *Denis PINGAUD, directeur général, Balises Derek PITCHER, vice-président, Cyril Sweett Nick POLLARD, directeur de l’exploitation, Navigant Damien RAJOT, directeur opérationnel stades, VINCI Concessions Lionel RAVIX, directeur de secteur Îles britanniques, VINCI Construction Grands Projets Richard REES, architecte et directeur de l'urbanisme, Building Design Partnership (BDP) Andrew RIDLEY-BARKER, directeur général, VINCI Construction UK Nick ROGERS, directeur design, Taylor Wimpey Bridget ROSEWELL, conseillère économique, Greater London Authority (GLA) Damon SCHUNMANN, rédacteur adjoint, Construction News Jonathan SEAGER, directeur de programme, Housing and Olympic Legacy, London First Andy SIMONS, architecte, KSS Group Graham STANLEY, directeur général, Taylor Woodrow Alex TAYLOR, journaliste, Euronews Geoff TAYLOR, directeur de projet, Almacantar Geoff THOMPSON, fondateur, président exécutif, The Youth Charter Lola VALLEJO, assistant de recherche, Imperial College John WAKES, directeur des transports, Building Design Partnership (BDP) Barry WINTERTON, directeur de projet, Franklin + Andrews (Mott MacDonald Group) * Membres du comité scientifique de La Fabrique de la Cité. 19 Conclusion Anticiper l’avenir Les grandes infrastructures sportives, si elles intègrent en amont le concept de « legacy », sont un moyen de redessiner les contours d’une ville. Elles offrent l’occasion unique de lancer de vastes projets de renouvellement du tissu urbain, tout en répondant aux besoins de cohésion sociale. Pour être vecteurs de transformation, elles doivent également anticiper les évolutions à venir – ce qui implique de concevoir des installations à la fois capables de relever les défis des zones urbaines (réchauffement climatique, mobilité, nouvelles technologies) et qui soient faciles d’entretien, dans un contexte économique et budgétaire difficile. Les piliers d’une « legacy » positive Tout projet qui sera maintenu à long terme sur le territoire doit, dès le départ, veiller à sa rentabilité. Il s’agit donc : de développer un modèle économique fondé sur les loisirs, les activités commerciales et le sport ; d’attirer des investisseurs ; et d’adapter les infrastructures à leur environnement, une fois l’événement achevé. L’accessibilité à l’infrastructure par les réseaux de transports, et l’implication de la population locale le plus tôt possible, pour inciter celle-ci à s’engager dans le processus et à « prendre possession » du territoire, sont des conditions de réussite. Le mode de gestion joue également un rôle essentiel : les organes de gouvernance doivent faire le lien entre le plan directeur, l’étape de conception et l’impact à long terme. Il est indispensable de réunir ces conditions pour faire de ce quartier régénéré une destination en soi, un endroit attrayant où vivre et travailler et, au final, le cadre d’évolutions inattendues. La Fabrique de la Cité 1 cours Ferdinand-de-Lesseps – 92851 Rueil-Malmaison Cedex — France Tél. : +33 (0)1 47 16 38 72 — www.lafabriquedelacite.com Conception et réalisation : Une fois l’événement achevé, ces infrastructures doivent devenir des espaces ouverts, utilisés au quotidien par les habitants et les visiteurs. Il est donc impératif de donner vie à ces sites dès la fin de la rencontre sportive, qu’il s’agisse des Jeux olympiques ou d’un simple match de football. Cela implique de proposer des loisirs (parcs, festivals, restaurants, points de repère…) qui attireront le public et permettront au quartier de développer un caractère et une identité propres. Enfin, il est crucial d’impliquer les habitants à chaque étape du processus, afin qu’ils puissent, en l’espace d’une génération, non seulement s’approprier l’endroit, mais aussi en faire un pôle d’attractivité à l’échelle régionale et nationale. Car la « legacy » passe aussi par la création d’une nouvelle image, afin de redonner ses lettres de noblesse à une partie oubliée de la ville. – Impression sur papier FSC et encre Imprim‘vert. Allier l’ordinaire à l’extraordinaire