La comédie d`argent au XIX e siècle
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La comédie d`argent au XIX e siècle
PROJET DE THÈSE LA COMÉDIE D’ARGENT AU XIXE SIÈCLE : MÉTAMORPHOSE DRAMATIQUE ET THÉMATIQUE Les grandes figures emblématiques du XIXe siècle comme Balzac, Dumas fils, Hugo, Maupassant, Péguy, Ponsard, Zola, pour ne citer qu’eux, dépeignent avec précision le pouvoir exorbitant de l’argent et le dénoncent. Ils accusent une société en totale mutation, fondée essentiellement sur le profit effréné et caractérisée le plus souvent par les injustices, les abus et les vices. Ainsi la thématique financière réussit-elle, particulièrement durant ce siècle, à dominer le genre romanesque. Elle révèle d’une manière prodigieusement variée les caractéristiques intrinsèques de cette époque où l’argent impose sa suprématie. Avarice, spéculations boursières, corruption, mariages d’intérêt, et manipulations en tous genres sont des éléments moteurs de nombreux romans. Gobseck (1830) et La Maison Nucingen (1838) de Balzac, Le malheur du riche et le bonheur du pauvre (1836) de Casimir Bonjour, L’Argent (1857) de Jules Vallès, L’Argent (1890) de Zola et tant d’autres essais et pamphlets dévoilent les secrets de l’univers de la finance et témoignent de l’engagement passionné des écrivains dans ce type de combat. Si le roman s’intéresse aux préoccupations de cette période et s’interroge sur les mutations de la société et de l’économie au XIXe siècle, le théâtre en fait de même. En effet, l’art théâtral explore l’univers financier et dénonce farouchement sur scène la dévotion tant individuelle que collective vouée au gain. Les dramaturges s’intéressent à l’essor industriel et capitaliste, à la condition ouvrière, à la misère ou à la Bourse. Le Jeu de Bourse ou la Bascule (1821) de Picard, L’Argent ou les mœurs du siècle (1826) de Casimir Bonjour, Le Mariage d’argent (1827) de Scribe, Le Faiseur (1848) de Balzac, L’honneur et l’argent (1853) et La Bourse (1856) de Ponsard, La Question d’argent (1857) de Dumas fils, La Cagnotte (1864) de Labiche, Mille francs de récompense (1866) de Hugo, Les Affaires sont les affaires (1903) de Mirbeau, et tant d’autres œuvres théâtrales soulignent l’emprise quasi absolue de l’argent dans une société dominée par la rapacité et la convoitise. Ainsi la scène théâtrale expose-t-elle, tout au long du XIXe siècle, différents types de personnages qui se sont déjà imposés aux siècles précédents. Limitons-nous aux figures de l’avare, de l’héritier, ou de l’usurier. Pensons à L’Avare de Molière, L’Héritier ridicule ou la Dame intéressée de Scarron, ou encore à Turcaret ou le Financier de Lesage. Les vices et les ridicules de ces personnages, telle la passion de l’or, les manipulations et les conflits d’intérêt y sont exhibés, mais surtout ridiculisés. En effet, la satire de l’argent et de la cupidité s’avère plus pertinente avec l’arme du rire, car le genre comique, selon certains dramaturges, remettrait plus aisément en cause les dérives sociales et tournerait en dérision la vanité de l’homme. Comédie de mœurs, comédie d’argent et vaudeville raillent la nature humaine dévorée par l’appât du gain. Ainsi, certains dramaturges du XVIIIe et XIXe siècle dénoncent-t-ils âprement la toute puissance de l’argent, la corruption et la dissolution des relations humaines qui en résultent. Nous pouvons donc admettre qu’il existe des interactions prégnantes entre la thématique financière et la comédie. Il nous semble pertinent, d’une part, de nous interroger sur l’interdépendance qui s’impose comme une évidence entre argent et comédie. D’autre part, en ce qui concerne spécifiquement le XIXe siècle, dans quelle mesure pouvons-nous affirmer qu’il existe un sous genre de la comédie, appelée « comédie d’argent » ? Existe-t-il une évolution de l’écriture financière entre le théâtre du XVIIIe siècle et celui du XIXe ? En quoi réside-t-elle ? Dans quelle mesure peut-on affirmer qu’il s’agit d’une métamorphose dramatique et thématique de la comédie d’argent ?