L`IMAGINATION, FEE OU SORCIERE ?
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L`IMAGINATION, FEE OU SORCIERE ?
L’IMAGINATION, FEE OU SORCIERE ? Si vous pensez que la vie est comme elle est, que les choses sont comme elles sont, et les gens aussi, c'est que vous n'avez pas encore découvert le pouvoir extraordinaire de l'imagination. Mais attention : elle peut être fée bienveillante ou sorcière malveillante ! Arrêtons de faire appel continuellement à l’objectivité et à la raison. Accordons d’abord une petite place à l’imagination, cette « fée du logis » qui, par un coup de baguette magique, peut enjoliver notre réel. Pour vous convaincre de ses bienfaits, voici un petit exercice et une belle histoire. Exercice : Confortablement installé dans un fauteuil, fermez les yeux... et imaginez que vous mordez dans un bon fruit ou un gâteau que vous aimez. Vous avez l'eau à la bouche ! C’est ainsi que grâce à l’imagination, sans fruit ni gâteau, vous avez goûté un instant de plaisir qui aiguise l’appétit. En déclenchant le désir, l’imagination peut nous faire savourer à l’avance les bonnes choses de la vie alors qu’elles nous manquent et nous préparer à les déguster avec encore plus de bonheur. Une belle histoire : Il s’agit de ces deux malades partageant la même chambre à l’hôpital. Celui qui se trouvait près de la fenêtre passait son temps à décrire à son compagnon tout ce qu’il voyait : un beau lac avec des canards et des cygnes, les enfants qui jouaient, les amoureux qui marchaient bras dessus bras dessous parmi les fleurs, des grands arbres là-bas, au loin. Pendant que l’homme près de la fenêtre décrivait tous ces détails, l’homme de l’autre côté de la chambre, les yeux fermés, imaginait toutes les activités et les couleurs du monde extérieur. Un matin l’infirmière trouva le corps sans vie de l’homme près de la fenêtre, mort paisiblement dans son sommeil. L’autre homme demanda s’il pouvait être déplacé à côté de la fenêtre. Ce qui lui fut accordé. Enfin il aurait la joie de voir ce que son ami lui avait décrit. Lentement, péniblement il se tourna vers la fenêtre. Or tout ce qu’il vit fut... un mur ! L’homme demanda à l’infirmière pourquoi son compagnon lui avait décrit une toute autre réalité. L’infirmière répondit que l’homme était aveugle et ne pouvait même pas voir le mur. « Peut-être at-il seulement voulu vous encourager », commenta-t-elle. Quand le réel est trop dur, la « fée-imagination » peut semer des « fleurs- courage » dans nos jardins. Mais attention cette Fée peut se transformer en sorcière malfaisante qui nous pousse à faire nousmêmes notre malheur. Ne donnez pas trop vite congé à la raison. Il est des cas où il est bon de l’appeler au secours. Pour vous le faire comprendre, voici deux exercices et le rappel d’une fâcheuse tendance qui nous guette tous. Exercice 1 : Toujours assis dans votre fauteuil, les yeux clos, pensez maintenant que vos souliers sont un peu trop serrés. Si vous êtes habituellement à l'aise dans vos baskets, vous allez vite sentir des points de pression, des lacets trop serrés, la chaleur, le froid... Répétez l'exercice et votre imagination transformera en corvée le port de ces chaussures, si confortables quand vous n’y pensiez pas. A la poubelle ! Vite au magasin pour l’achat d’une nouvelle paire qui risque de subir prochainement le même sort si vous laissez trop de place à la « sorcière-imagination ». Exercice 2: Vous êtes arrêté à un feu, rouge; résistez à la voix de la raison qui vous souffle qu'on doit rencontrer autant de feux verts que de feux rouges. Non ! Votre imagination vous persuade qu’à l'instant où vous approchez, ils passent tous brusquement à l'orange, puis au rouge ! Et vous voilà de mauvaise humeur. Mais n’est-ce pas vous qui faites vous-même votre malheur en imaginant que vous êtes poursuivi par la malchance ? La fâcheuse tendance : Vous avez besoin de prendre l’air et au moment où vous allez proposer à Marie de vous accompagner, vous voilà pris(e) d’un doute ! « Hier elle m’a évitée, aujourd’hui à peine si elle m’a regardée en répondant froidement à mon bonjour ». La petite voix de la raison essaie bien de se faire entendre : « Peut-être était-elle pressée, ou avait-elle un souci, une contrariété… ». A l’instant votre imagination s’affole : « Je crois plutôt qu’elle faisait semblant et que c’était moi sa contrariété. Si je lui propose une petite promenade, elle trouvera sûrement un prétexte pour me dire, l’air désolé, qu’elle ne peut pas !» La voici, justement et d’un ton sec vous lui lancez : - « J’aurais aimé faire un petit tour avec toi, mais je ne te le demande même pas. Cela t’évitera d’inventer un prétexte pour me dire « non ». Et voilà comment la conclusion d’une longue réflexion sortie de notre imagination encline à se brancher sur le pôle négatif, fait notre malheur en nous écartant des autres. Selon la place que nous lui faisons dans notre logis intérieur, l’imagination se présente tantôt comme une fée bienfaisante, tantôt comme une dangereuse sorcière. Comme la langue d’Esope, elle peut être la meilleure et la pire des choses. Jeanne Signard