Télécharger le communiqué

Transcription

Télécharger le communiqué
18 avril 2012
C O M M U N I Q U E
D E
P R E S S E
Les cellules souches adultes, espoirs de
la thérapie cellulaire
Dans une « Perspective » de Science Translational Medicine, le Pr Daniel LOUVARD,
directeur du Centre de Recherche de l'Institut Curie, et ses collègues commentent la
publication dans Nature Medicine des travaux de Hans Clevers (Pays-Bas) et Mamoru
Watanabe (Japon) sur la régénérescence de tissu intestinal à partir de cellules souches
adultes.
Ils saluent cette belle avancée thérapeutique et cette nouvelle démonstration que
l'utilisation de cellules souches adultes est aujourd'hui porteuse d’espoir...
© Pedro Lombardi/Institut Curie
Quel regard portez-vous sur les résultats publiés ?
Pr Daniel Louvard : Ces travaux sont tout d'abord porteurs d'espoir en
termes de thérapie cellulaire des maladies digestives. Pour la première fois,
il apparaît possible de régénérer des tissus endommagés ou détruits de
l'intestin.
Les cellules souches intestinales présentent une bonne capacité à maintenir
leurs caractéristiques génétiques durant leur mise en culture et un très faible
taux de mutation de leur génome. Associée à leur remarquable potentiel de
prolifération in vitro (chacune de ces cellules étant capable de se multiplier
en un million d'exemplaires), cela offre des perspectives inédites pour de
nouveaux traitements de certaines maladies génétiques ou
inflammatoires, entraînant un risque accru de cancers du côlon et de
l’intestin. Plus généralement, l'emploi de ces cellules (par le marqueur
Lgr5), présentes aussi dans d'autres organes tels le pancréas, l'estomac ou
les poumons, ouvre aussi de nouveaux champs d'application pour le
traitement d'autres maladies graves ou invalidantes, comme le diabète, par
exemple.
Ces résultats pointent aussi le fort potentiel thérapeutique des cellules souches adultes...
DL. : Ils montrent, encore une fois que, au-delà du traitement des maladies du sang (grâce au cellules
souches de la moelle osseuse) et plus récemment de la régénération de la rétine, de l'épiderme ou des
muscles, l'emploi de cellules souches adultes est une voie porteuse d'avenir dans le domaine de
la réparation cellulaire.
En effet, depuis plus d'une décennie, les espoirs se sont portés sur les cellules souches embryonnaires
ou ES (pour Embryonic stem cells) du fait de leur pluripotence : leur capacité à pouvoir se multiplier
indéfiniment et à se différencier en n'importe quel autre type de cellules. Mais leur exploitation chez
l'homme pose des interrogations, non seulement pour des raisons éthiques, mais aussi car elles
présentent un potentiel de carcinogenèse.
Une autre méthode, développée depuis quelques années, consiste à reprogrammer des cellules
adultes différenciées pour les rendre pluripotentes (on parle d'IPS pour Induced pluripotent stem cells).
Cependant, cette manipulation implique l'introduction de plusieurs gènes dont le gène Myc impliqué
Contacts presse :
Institut Curie
Catherine Goupillon-Senghor
Céline Giustranti
Tél. 01 56 24 55 23
Tél. 01 56 24 55 24
[email protected]
dans l’oncogenèse, donc potentiellement capable d’initier une transformation maligne. De fait, les
cellules ES et IPS sont de magnifiques objets de recherche, mais posent des problèmes dans
l’utilisation thérapeutique en raison de l’instabilité avérée de leur génome.
Les cellules souches adultes ou ASC (Adult stem cells) représentent une alternative d'avenir. Car
même si ces cellules ont un moindre potentiel de renouvellement et de différenciation que les ES, leur
utilisation thérapeutique induit un plus faible risque de cancer et ne pose a priori aucun
problème éthique.
Plus généralement, comment la recherche sur les cellules souches fait-elle avancer celle sur le
cancer ?
DL. : Les cellules souches du côlon sont à l’origine de nombreux cancers colorectaux. La possibilité de
cultiver, dans les conditions particulières décrites dans ces travaux, des cellules souches normales ou
tumorales, nous permet désormais de les observer plus précisément comme des « mini-intestins en
culture » mais aussi d’étudier le développement tumoral ou de tester l’efficacité de molécules utilisables
pour traiter des cancers chez l’homme.
Une seule cellule souche pour reconstruire un intestin
L'équipe du Pr Hans Clevers, directeur de l’Institut Hubrecht (Pays-Bas) et celle de Mamoru
Watanabe de l’université médicale et dentaire de Tokyo (Japon) ont réussi à régénérer l'intestin
endommagé d'une souris en y implantant des cellules souches coliques adultes. A partir d’une seule
cellule souche du côlon isolée par le marqueur Lgr5 et mise en culture, les chercheurs ont
reconstitué, en laboratoire, une structure en trois dimensions reproduisant l'architecture cellulaire du
petit intestin et ses propriétés biologiques. Ils ont ensuite implanté cet organoïde dans l'intestin
endommagé. Cette structure pluricellulaire a colonisé les tissus, restaurant la muqueuse intestinale et
lui restituant ses fonctions.
« Functional engraftment of colon epithelium expanded in vitro from a single adult Lgr5(+) stem cell. »
Yui S, Nakamura T, Sato T, Nemoto Y, Mizutani T, Zheng X, Ichinose S, Nagaishi T, Okamoto R, Tsuchiya K,
Clevers H, Watanabe M.
Nat Med. 11 mars 2012 ; 18(4):618-23. doi: 10.1038/nm.2695.
Le point de vue du Pr Claude Huriet,
président de l’Institut Curie et co-auteur des lois de Bioéthique
« Le questionnement éthique est moteur de progrès »
« Il y a vingt ans, les cellules souches embryonnaires apparaissaient comme un instrument de progrès
incomparable. Aujourd'hui, au regard de nombreuses publications, leur utilisation thérapeutique ne
semble pas la seule approche possible. La découverte de nombreux sites de cellules souches adultes,
y compris dans le cerveau, leur vaste champ d'application et les données scientifiques avérées sur leur
efficacité thérapeutique montrent qu'elles représentent même une vraie alternative.
Cependant le débat n'est pas clos sur l'utilisation des cellules ES, on peut arguer en effet que
restreindre leur utilisation constitue un frein à l'avancée de la recherche. La vraie question est de savoir
si l'embryon humain, quel que soit son stade de développement, doit être considéré comme un
matériau de recherche comme un autre. Or, le questionnement éthique, même s'il apparaît aux yeux de
certains comme un frein, stimule l'imagination des chercheurs et est moteur de progrès ! »
Références
Stem cells : the power of one
Daniel Louvard, François Sigaux, Sylvie Robine
Science Translational Medicine, vol. 4 issue 130, 18 avril 2012
Contacts presse :
Institut Curie
Catherine Goupillon-Senghor
Céline Giustranti
Tél. 01 56 24 55 23
Tél. 01 56 24 55 24
[email protected]

Documents pareils