Document - Sœurs du Sacré Cœur de Jésus

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Document - Sœurs du Sacré Cœur de Jésus
Chrétiens Associés, Amis des Sœurs, vous avez tissé des liens avec les Sœurs du
Sacré-Cœur de Jésus, vous avez fait un bout de chemin avec elles et vous vous sentez en
communion.
Vous souhaitiez avoir « un document de référence » pour vous aider à mieux connaître
l’histoire, approfondir le charisme et la spiritualité de la Congrégation. Ce livret se veut une
réponse à votre demande.
Merci à toutes celles et ceux qui ont travaillé à sa réalisation avec foi, enthousiasme et
compétence.
Dans une Eglise servante et missionnaire, tout le Peuple de Dieu est concerné par
l’annonce de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Notre vie de baptisés nous convoque à
l’Amour : « Nous aimons parce que Dieu lui-même nous a aimés le premier (1 Jn 4, 19)
Puisque Dieu nous a tant aimés, nous devons nous aussi nous aimer les uns les autres »
(1 Jn 4,11)
L’Esprit suscite en nous une réponse au Dieu Amour « présent en tout et partout ».
Sœurs, Chrétiens Associés, chacun dans notre vocation particulière, accueillant le message
spirituel et missionnaire d’Angélique le Sourd et des fondatrices, puisons à la source du Cœur
du Christ filial et fraternel, pour vivre cet aspect évangélique de sa vie : manifester à tous, la
tendresse et la miséricorde du Père, révélées en Jésus.
Dans le quotidien de nos rencontres, par notre simplicité de vie, notre proximité des
personnes, vivons cette qualité évangélique de présence qui sait comprendre, soulager, faire
renaître et grandir.
Ce livret vous permettra de continuer à découvrir que l’Esprit est à l’œuvre dans
l’histoire de la Congrégation, dans notre histoire aujourd’hui. Le grain semé en terre par
Angélique en 1816 a germé, il s’est enrichi de nouveaux bourgeons et aujourd’hui l’Esprit
suscite toujours du neuf et de l’inattendu, soyons en éveil pour que la grâce de fondation
continue à porter du fruit.
Chrétiens Associés et Sœurs du Sacré-Cœur de Jésus, ensemble, accueillons la
richesse et la complémentarité d’une mission commune, en Eglise, dans le monde
d’aujourd’hui.
Soyons des témoins de l’Espérance,
La moisson de l’amour nous attend chaque jour
A Saint Jacut les Pins, le 25 Avril 2010
Sœur Marie-Claude Lenain
Supérieure Provinciale
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* Pourquoi des chrétiens associés ?
* D’où viennent les chrétiens associés ?
* Quand ce mouvement est-il né ?
* Comment a-t-il commencé ?
**********
PREMIÈRE PARTIE
La première partie de ce document va essayer de répondre à ces questions en s’appuyant sur
deux textes :
- Le Synode de 1987 sur les « FIDÈLES LAÎCS »
- Les « Laïcs Associés – Participation de laïcs au charisme d’un Institut Religieux »
I - Le Synode de 1987 sur les « FIDÈLES LAÏCS »
La préparation et la célébration du Synode des Évêques d’octobre 1987, ainsi que la
promulgation, le 30 décembre 1988, de l’Exhortation apostolique de Jean-Paul II sur « la
Vocation et la mission des laïcs dans l’Église et dans le monde » (Christi fideles Laici), ont
fortement contribué à faire réfléchir les Instituts Religieux sur le rôle des laïcs et sur le rapport
« Religieux/Laïcs » dans l’Église et le monde. S’est tout naturellement greffée là-dessus une
réflexion sur la participation de laïcs au charisme d’un Institut Religieux.
Dans le cadre de la préparation du Synode de 1987, la Conférence des Supérieurs
Majeurs de France (CSMF) a lancé une consultation auprès des Instituts Religieux masculins.
En voici quelques éléments.
( Mt 5, 19)
1 – Constat d’une germination nouvelle
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C’est en 1987, lors du Synode sur « la Vocation et la mission des laïcs dans l’Église et
dans le monde », que la prise de conscience d’un vécu a eu lieu. L’Église avait un nouveau
visage grâce à des chrétiens qui avaient tissé des liens avec des congrégations religieuses.
L’Esprit Saint étant toujours à l’œuvre dans l’Église avait fait naître un désir chez les laïcs de
vivre de la spiritualité des religieuses ou religieux.
Très tôt des laïcs veulent approfondir leur foi en s’appuyant sur l’esprit de
congrégations religieuses. Ils souhaitent un partage, un soutien et un accompagnement de leur
part, et cela vécu dans un climat de confiance.
En 1994, M. Vauchez et le Père Dortel-Claudot organisent une session intitulée :
« Participation des laïcs au charisme d’un Institut Religieux ».
En 1995, une session de formation est organisée par la Conférence des Supérieures
Majeures (C.S.M.) et la C.S.M.F. sur le thème : « Laïcs associés… associations… Une
aventure d’Église ».
Le sondage préparant cette session note des points importants :
- un mouvement est en cours ;
- il faut aller plus loin ;
- laïcs et religieux : un même baptême, des formes de vie baptismale différentes ;
- une expérience de ressourcement est vécue par les laïcs et racontée par eux comme
un récit de vocation.
Apparaissent aussi des questions :
- le partenariat entre laïcs associés et religieux, religieuses ;
- le statut de laïc associé, c’est-à-dire, d’une part, le statut des laïcs par rapport à
l’Institut Religieux et, d’autre part, la reconnaissance officielle de ces groupes par
l’Église ;
- le rapport entre esprit et mission, et particulièrement la possibilité d’être associés à la
mission des religieux y compris en dehors de leurs institutions ;
- la façon de vivre au mieux l’accompagnement de ce qui naît ;
- l’avenir de la vie religieuse, au moment où des laïcs viennent boire à la source qui les
fait vivre.
2 – Les groupes
La particularité de la naissance des divers groupes est d’être atypique ! En effet, c’est de façon
originale que chacun peut raconter « comment cela a commencé » pour lui.
- une initiative de sœurs,
- l’interpellation d’un laïc,
- l’intuition première d’un fondateur,
- une orientation de chapitre,
- une longue tradition renouvelée,
- l’initiative d’un évêque,
- autres modes.
Associés ou les signes de reconnaissance
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Des laïcs, des religieux, des religieuses, prêtres ou diacres se repèrent comme « de la
même veine ». Comment se reconnaît-on « associés » ?
- Émergence d’un lien
Beaucoup de groupes n’ont pas de charte écrite. Des indices permettent de reconnaître
un lien en train de se tisser. Par exemple, la fidélité à une prière commune ou une réunion,
l’abonnement à une revue, l’expérimentation d’une même intuition évangélique ou
missionnaire. Tout cela manifeste un appel à vivre comme laïc, prêtre ou diacre cet aspect
précis de l’Évangile qui oriente toute la vie de tel Institut Religieux, ou de tel fondateur.
- Relations mutuelles
Au début, chacun invente son chemin, presque au jour le jour, ou du moins d’une
réunion à l’autre. Quelques-uns ont rédigé leur statut : les liens avec la congrégation y sont
précis.
- L’engagement
Quelle importance donner à un engagement ? Certains
rejettent l’idée d’un engagement formel. Cependant beaucoup sont
liés par un engagement, et plus ils sont engagés dans le temps,
moins ils pensent changer un jour de groupe de référence.
Les laïcs ont soif, ils veulent boire. Ouvrons-leur les
sources découvertes par nos fondateurs et fondatrices ; ils
choisiront d’eux-mêmes l’eau qui est la meilleure pour eux ! Et
n’ayons pas peur de dire à certains : « cette source à laquelle tu
bois, nous en savons le nom : l’intuition d’Untel ou d’Unetelle »
- Un phénomène de groupe
Ces hommes et ces femmes, laïcs, diacres ou prêtres, ont trois points communs :
* Tout d’abord, ils trouvent de la vie près d’un Institut Religieux.
* Ensuite, l’expérience d’un ressourcement les conduit à s’interroger : « Comment
vivre cet esprit au quotidien tel que je suis, en étant laïc, diacre ou prêtre ? »
* Enfin, ils cherchent à développer les liens avec ceux qui vivent déjà de cet esprit et
veulent inviter d’autres à vivre ainsi. Il s’agit d’un phénomène de groupe, et non pas
d’individus voulant à titre personnel vivre dans des communautés religieuses ou
proches d’elles, même s’il peut y avoir quelques très rares exceptions.
Ils se reconnaissent donc dans l’expérience spirituelle ou missionnaire
fondatrice d’un Institut. Ils s’y reconnaissent en tant que laïcs, prêtres ou diacres. Et ils
sont reconnus par leurs pairs comme tels […] C’est une expérience ecclésiale : être
constitués corps ; une expérience de l’Esprit de Pentecôte.
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(Mt 4, 20)
3 - LES PERSONNES
Les laïcs associés sont de tous âges et toutes catégories sociales. Ils se sentent plutôt à
l’aise dans l’Église comme dans la société. Ils veulent ajuster leur vie à l’Évangile, prendre en
compte la fracture de la société, et sont enracinés dans l’Église locale.
Ils ont un sens aigu de la coresponsabilité dans l’Église qu’ils considèrent d’abord
comme « Peuple de Dieu », « Sel de la terre ».
Sur le plan spirituel ils ont souvent l’expérience d’une retraite annuelle. Le sacrement
de la réconciliation est important pour la plupart. Ils prient en « parlant au Seigneur » ou font
« oraison ». Beaucoup tiennent à l’offrande et la relecture de la journée. Célibataires, mariés,
divorcés remariés ou veufs, ils « marchent avec leur Dieu » jour après jour, dans l’Église
locale où ils ont des engagements : catéchèse, conseil pastoral, liturgie, démarches synodales,
etc.
Ils veulent vivre leur baptême au cœur de la société. Dans cette société, ils voient
l'Église comme lieu d'espérance. Ils veulent la société "humaine", d'une humanité dont le
Christ est la source. Leur prière pour l'Église s'exprime davantage sous le mode de "qu'elle
soit un lieu de vérité, de justice et de paix, afin que tout homme puisse y trouver une raison
d'espérer encore", plutôt que sous le mode de "que nous soyons unis à notre Pape, à notre
évêque...". Ils s'investissent dans la promotion de la dignité humaine, la famille, l'éducation, la
justice [...] plus que dans la culture, la politique, la vie économique, les médias. Ils sont
présents dans le domaine associatif […] Ils ont des engagements extra-professionnels
importants. Et s'ils aiment l'Église comme une famille, ils portent en même temps une
attention toute particulière aux exclus de la société. Ils ne fuient donc pas la dureté de la vie
ou les problèmes sociaux contemporains. Quand on leur demande en quoi Jésus est Bonne
Nouvelle pour notre temps, ils répondent d'abord : "J'ai eu faim et tu...", ou encore : "Moi non
plus, je ne te condamne pas". Ils ne cherchent ni à "refaire le monde chrétien", ni à fuir la
société au profit d'un Royaume qui en serait étranger. Notons que les fondateurs des Instituts
Religieux sont plus souvent cités par les laïcs que par les religieux ou religieuses de ces
mêmes Instituts !
Ils apprécient en premier lieu la dimension "vie fraternelle" des religieux, puis leur
lien à l'Église locale. Ce lien, les religieux qui ont répondu à mon enquête, le situent
seulement en quatrième position après la mission spécifique de leur congrégation et la prière
(personnelle et communautaire). Pour ces laïcs, le vœu de pauvreté effectivement vécu est un
critère d'authenticité de la vie religieuse.
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Enfin, s'ils estiment que la vie religieuse traverse une crise [...] ils pensent aussi qu'elle va
renaître autrement. Rappelons qu'ils ne désirent pas eux-mêmes vivre en communauté avec
des religieux et d'autres laïcs.
Voici donc quelques aspects du visage dominant des laïcs associés […] sous réserve
de confirmation des premiers fruits de l'enquête. Cette description ne doit pas faire oublier
d'autres personnes également présentes dans les groupes. Elles ont un autre profil et trouvent
là un lieu de respiration, au milieu de leur marginalité humaine ou parfois ecclésiale. Certains
groupes ont une véritable fonction de réconciliation avec soi-même, avec la société ou avec
l'Église.
4 – ÉCLAIRAGES
Le phénomène des associés met en valeur divers aspects de la vie des "fidèles du
Christ", de la vie religieuse et de l'Église.
A - CE QUI EST ÉCLAIRÉ DE LA VIE DES "FIDÈLES DU CHRIST"
Les laïcs associés veulent vivre leur baptême. Voilà l'essentiel. Ils ne cessent de le
dire, tous. La vie baptismale est au centre du phénomène des laïcs associés.
Leur démarche vers les religieux répond à un désir de "quelque chose de plus", afin de
pouvoir vivre davantage en baptisés.
"J'avais besoin d'un lieu de prière et de réflexion. Je connaissais
les religieuses de cette congrégation. J'admirais beaucoup d'entre
elles (des missionnaires, des enseignantes... pas toujours
"engagées" de la même manière, mais appartenant à cette
congrégation). Quand l'une d'entre elles m'a parlé des
"associés", je suis "allée voir"... J'y suis restée. Mais je n'ai
pas encore prononcé "l'engagement".
Au cours de diverses rencontres avec des associés étrangers,
j'ai été frappée d'entendre cette même expression : "quelque chose
de plus". Elle est caractéristique des associés.
Cette quête de quelque chose de plus est une soif d'aller boire à la source. Se
ressourcer est une expression typique des associés. Cela était vrai, au moment du Concile,
lorsque les tiers-ordres se sont regroupés sous l'appellation "Groupes de Vie évangélique".
Beaucoup de laïcs qui ont opéré ce changement étaient militants d'Action Catholique. Ils
trouvaient dans ces groupes de spiritualité un lieu pour les aider à vivre davantage encore leur
engagement. Cela est vrai encore aujourd'hui, même si ces laïcs associés ne sont pas d'abord
des militants d'Action Catholique.
- "Nous sommes toujours en situation de donner. Il faut autre chose".
- "Qu'est-ce qui m'a conduit à ce lien ? La recherche d'un lieu-source non fermé sur luimême, la rencontre avec une communauté (religieux et associés) où la foi était vécue,
partagée, célébrée. "
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Leur aventure se développe comme un itinéraire de vocation. Du moins, ils la
racontent comme telle, avec sa dimension d'appel et d'envoi. Ils soulignent leur
compagnonnage progressif qui fait passer de tel frère ou telle sœur à la communauté, puis de
la communauté à la congrégation, et de la congrégation à l'intuition fondatrice qu'ils
perçoivent alors comme le repère de leur propre vie de laïcs. Ou encore, lorsqu'ils sont
engagés sur le terrain de la mission, ils indiquent d'une manière ou d'une autre un même type
d'évolution. Il y a d'abord un accord sur les valeurs éducatives, hospitalières ou autres, puis la
découverte de la spiritualité qui les sous-tend, et le passage à la rencontre du Christ qui invite
personnellement à le suivre ainsi, comme laïcs.
"Je me suis sentie en lien avec la congrégation avant même de penser devenir
associée. Depuis une dizaine d'années, j'y ai puisé des "valeurs" et m'y suis sentie en famille.
L'intérêt que je portais aux jeunes surtout en difficultés m'a tout naturellement portée vers
leur fondateur. Je vais prochainement prononcer mon engagement, c'est que je suis
réellement convaincue que ma place en tant que missionnaire chrétien est bien là et qu'il me
reste tant à faire pour transmettre aux jeunes, souvent déboussolés, des valeurs et des repères
que le Christ m'a inspirés à travers leur fondateur."
Ils rencontrent là des frères, non pas des frères au sens de "religieux", mais d'autres
chrétiens animés eux aussi par ce même visage du Christ qui les met eux-mêmes en route et
devient horizon de la mission. Ils se sont en quelque sorte faits mutuellement frères, non par
simple amitié, mais à cause du Fils.
La dimension de fraternité des laïcs associés ne les conduit pas à un ghetto. Leur lieu
c'est l'Église, particulièrement en sa dimension paroissiale. Ils y sont insérés concrètement. Ce
sont majoritairement des hommes et des femmes activement présents en paroisse. Leur
proximité avec les religieux n'est donc pas de l'ordre d'une fuite de la paroisse. Elle ne l'est
pas plus de la société d'ailleurs, puisqu'ils sont à la fois très sensibles aux phénomènes
d'exclusion et fort présents dans le monde associatif.
Disciples en Église, ils le sont au cœur de la vie la plus ordinaire. Leurs formes de
prière révèlent une habitude du dialogue personnel avec Dieu (parler au Seigneur, oraison) et
une attention à la vie (offrande et relecture de la journée) ; elles sont moins marquées par les
psaumes, l'office ou le chapelet.
Les laïcs associés manifestent l'émergence d'un courant différent dans l'Église. Entre la
Tradition, l'Action Catholique, le Renouveau et les communautés nouvelles, existe une autre
mouvance qui vit en lien étroit avec les Instituts Religieux, mais pas à part. Ce courant se veut
actif et présent dans la société dans laquelle et pour laquelle l'Église est lieu d'espérance. Le
Christ est pour eux-mêmes, comme pour toute la société, source d'humanité, d'humanisation.
B - CE QUI EST ÉCLAIRÉ DE LA VIE RELIGIEUSE
Les religieux et religieuses sont du côté de la source
puisque des laïcs disent venir "se ressourcer" auprès d'eux !
Voici un premier point fort de la vie religieuse aujourd'hui :
elle relève de Dieu Source de Vie, elle conduit à Lui. Il y va
de l'aventure avec Dieu, c'est-à-dire de la Sainteté.
Le second aspect de la vie religieuse souligné par le
phénomène des laïcs associés est un compagnonnage des
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religieux ou religieuses avec les laïcs. L'histoire des débuts d'une relation privilégiée d'un laïc
avec un Institut Religieux commence toujours par des rencontres de quartier, de voisinage, de
travail, de paroisse. Dans cet espace de vie commune, de proximité, et par lui, on passe
progressivement à une relation autre.
Plus encore, le compagnonnage des religieux entre eux est lui-même mis en valeur. Le
passage d'une relation à un frère ou une sœur, à la communauté puis à l'Institut, pour aboutir à
une forme d'association avec cet Institut, marque la reconnaissance de la vie religieuse comme
corps. Elle est un corps de disciples, un corps ordonné à vivre plus particulièrement un aspect
du visage du Christ, dans la vie menée en commun. La vie fraternelle en communauté est le
point de la vie religieuse classé comme le plus important pour l'annonce de l'Évangile dans la
société telle qu'elle est aujourd'hui. Vient ensuite la prière personnelle ou communautaire.
Pour les laïcs associés, les vœux ne sont pas d'abord perçus comme définissant la vie
religieuse. Ils viennent en dernier quand il s'agit de classer les caractéristiques de la vie
religieuse face à l'évangélisation de la société. Mais ils sont repérés comme critères du sérieux
de l'engagement à la suite du Christ. Ils sont la manifestation de cette suite, et non pas son
préalable, ou sa définition, si l'on peut dire.
Tout ceci invite alors à penser la vie religieuse davantage en termes de vie menée en
commun, ordonnée à une vie de disciples (à la manière du fondateur, ou selon tel aspect
particulier du visage du Christ) et non pas d'abord en termes de catégories à partir des vœux
ou d'un faire spécifique.
(Jn 14, 6)
C - CE QUI EST ÉCLAIRÉ DE L'ÉGLISE
L'Église locale, au sens de paroisse et diocèse, est le premier point mis en valeur par
les laïcs interrogés. C'est le lieu ordinaire de leur vie de laïcs. Leur paroisse est habituellement
le lieu où ils participent à la messe. Ils y sont acteurs de diverses manières. Ils ne sont pas
associés par insatisfaction par rapport à leur communauté chrétienne la plus proche. Ils sont
associés pour vivre davantage leur engagement en ce lieu comme ailleurs. Beaucoup d'entre
eux sont ou ont été participants à des démarches synodales. Et, la relation des religieux à
l'Église diocésaine est pour eux un point important. On notera, a contrario, que la paroisse
n'est pas un lieu source puisqu'ils vont se ressourcer ailleurs. Elle est pour eux le lieu du
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rassemblement avec les autres chrétiens (ils y sont pratiquants) et un lieu de leur service
ecclésial (il y en a d'autres).
Le phénomène des laïcs associés révèle aussi un autre visage de l'Église naissant. À la
perspective géographique (diocèse, paroisse) se mêle un autre
regard : une sorte d'articulations entre spiritualités, entre facettes
différentes du visage du Christ. À la perspective locale se mêle
une autre approche : celle qui passe par l'universalité grâce à la
dimension pluri-diocésaine, voire internationale, des Instituts
Religieux et donc, par répercussion, des laïcs qui leur sont
associés.
Ce phénomène nouveau manifeste que quelque chose
bouge non seulement entre le pôle plus prophétique et le pôle
plus hiérarchique, mais, entre ces deux pôles avec des laïcs au cœur même du mouvement.
Une "figure" de l'Église se dessine là de façon nouvelle.
Le surgissement des laïcs associés oblige donc aussi à s'interroger sur la mission de la
paroisse et sur l'exemption des religieux, sur les "relations mutuelles" entre évêques et
religieux.
Un autre point est éclairé par la réalité des laïcs associés : celui des relations hommesfemmes dans l'Église. Les tiers-ordres ou autres formes de relations privilégiées entre laïcs et
religieux ont souvent fonctionné en terrain non mixte (les hommes avec les religieux, les
femmes avec les religieuses) sauf quand il s'agissait de religieux prêtres. Ce qui existe
actuellement oblige à constater, en ce domaine au moins, un effondrement de ces divisions.
Encore faut-il les situer dans le contexte de l'Église en général et celui des diverses sociétés.
Le type de chrétiens plus fréquemment présents parmi les laïcs associés, et surtout leur
type d'insertion dans la société, éclaire aussi un aspect de la mission de l'Église : l'Église
comme "experte en humanité". Pour eux, elle n'est pas d'abord détentrice d'un savoir sur
l'homme, mais expérience et proposition du chemin d'humanisation - une humanité reçue du
Christ. Ils cherchent eux-mêmes à vivre de Son visage, le quêter et le présenter au cœur de
toute réalité humaine. Il est la Source de toute vie, c'est ce que les divers groupes d'associés
disent, à la manière d'un arc-en-ciel reflétant eux aussi, chacun à leur manière, quelque chose
de l'Unique Lumière, de l'Unique Visage.
(Extrait du document : « Religieux et chrétiens associés,
leurs relations mutuelles ». Médiasèvres 1998)
II. Les « Laïcs Associés –Participation de laïcs au charisme d’un Institut Religieux »
Dans un autre document : « Les Laïcs Associés – Participation de laïcs au charisme
d’un Institut Religieux » du Père Michel Dortel-Claudot s.j. des éléments sont aussi très
importants ; en voici donc l’essentiel.
Introduction
Se mettre à l’écoute d’un maître spirituel en même temps fondateur d’une famille
religieuse, vivre son message dans les conditions normales d’une existence séculière ; en
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d’autres termes, vivre la spiritualité d’un Institut Religieux déterminé, participer à son
charisme, tout en demeurant dans le monde : voilà le choix que de nombreux laïcs ont fait
depuis longtemps, depuis le XIIème siècle, peut-être davantage. Un tel mouvement spirituel,
constante de l’histoire du laïcat chrétien, concerne de larges couches d’hommes et de femmes
pleinement de leur époque, solidaires de leur temps, enracinés de façon toute normale dans
l’Église et le monde.
Dans le passé, ce mouvement spirituel laïque a pris la forme de tiers ordre séculiers et
groupes analogues. A partir de 1962, bénéficiant de la dynamique conciliaire, il se renouvelle.
En France les courants qui relèvent de ce mouvement spirituel se donnent alors un sigle
commun : groupements de vie évangélique (GVE)
Or depuis quelques années, alors même que d’autres courants spirituels plus attractifs
retiennent l’attention (renouveau charismatique, communautés nouvelles de France), le
mouvement spirituel représenté par les laïcs regardant en direction des familles religieuses,
s’affirme davantage et s’étend à un plus grand nombre d’Instituts religieux.
QUE DISENT LES TEXTES OFFICIELS ?
A - Quelle est la relation d’alliance entre un Institut Religieux et le groupe
de Laïcs Associés ?
1 – Par référence au charisme
Les textes parlent de laïcs qui « se sentent en affinité avec le charisme » de la
congrégation, ou qui « s’inspirent du charisme de la congrégation », ou qui entrent « dans
cette inspiration évangélique qu’est le charisme ».
Ailleurs encore, les textes parleront à propos des Laïcs Associés : de « vivre le
charisme », ou de « vivre le charisme, dans sa dimension séculière », ou de « travailler selon
le charisme du fondateur », ou de « partager le charisme » de la congrégation.
Ailleurs encore, on préfère dire que religieux et laïcs associés ont entendu le même
appel ; ou bien que les laïcs associés participent au patrimoine spirituel de l’Institut Religieux.
2 – Une spiritualité partagée
Souvent les textes officiels affirment que religieux et laïcs associés « partagent la
même spiritualité », que l'Institut Religieux « partage sa spiritualité » avec des laïcs, ou que
ceux-ci « partagent la spiritualité » de telle congrégation.
Plus souvent encore, les textes officiels disent que les laïcs « vivent la spiritualité » de
tel Institut ou «vivent, dans leur condition séculière, selon la spiritualité de telle
Congrégation».
Parfois on dira que « les laïcs sont liés à telle congrégation par la référence à une
même spiritualité », ou « qu'ils puisent dans la spiritualité de tel Institut l'orientation et la
nourriture de leur vie chrétienne ».
3 - Un même esprit à vivre
L'allusion à l'esprit de la congrégation est fréquente : nous l'avons rencontrée seize
fois. C'est normal, tellement il s'agit d'une notion générale, assez proche, il est vrai, de
« spiritualité ».
Le plus souvent, les textes diront que les laïcs associés « vivent selon l'esprit de la
congrégation », ou bien « vivent l'esprit de telle congrégation, ou bien encore « vivent de
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l'esprit de la congrégation ». On dira également qu'ils « partagent l'esprit de ceci ou cela »,
« participent à l'esprit de tel Institut ».
Ici ou là, on trouvera des tournures telles que celle-ci : « Le chemin spirituel est celui
de la sainteté chrétienne, selon la vocation particulière de telle famille religieuse ».
4 - Du plus radical au plus vague
Dans quelques textes, on trouve des expressions qui soulignent de façon assez radicale
la relation entre le laïc associé et l'Institut Religieux correspondant.
C'est ainsi que le Rituel de 1990, de la Fraternité Carmélitaine ne craint pas de parler
du « Carme Séculier », des « Carmes qui appartiennent à l'état de vie séculier », des « laïcs
membres séculiers de l'Ordre des Carmes ».
De même, les Constitutions générales des Fraternités franciscaines parlent des
« Franciscains séculiers ».
À l'autre extrémité, on trouve des textes, surtout d'Instituts féminins, qui minimisent le
plus possible la relation « Laïc/Institut Religieux » et se contentent d'expressions vagues telles
que : « vivre son baptême en lien avec la congrégation » ou « avec l'appui de la
congrégation».
B - PARTICIPATION À LA MISSION DE L'INSTITUT
Dans les textes de dix Instituts sur trente et un, il est clairement affirmé que les laïcs
associés participent non seulement au charisme, à l'esprit de la congrégation, mais également
à sa mission. J'ai relevé cela dans les textes de cinq Instituts masculins sur treize, et dans ceux
de cinq Instituts féminins sur dix-huit. Donc un accent sur la participation à la mission, de la
part des laïcs associés, légèrement plus marqué dans les Instituts masculins que dans les
Instituts féminins mais l'écart n'est ni considérable, ni significatif, du fait que j'ai interrogé ici
les textes officiels et non point la réalité.
En outre, n'oublions pas que les Instituts féminins, à l'heure qu'il est, ont moins
«institutionnalisé» que ceux masculins, les groupes, plus ou moins nombreux, de laïcs
associés qui gravitent autour d'eux.
Le plus souvent, cette participation à la mission est exprimée en termes généraux :
«partager la mission de la congrégation auprès des pauvres, des jeunes, etc. » Parfois, cela
devient plus incisif et plus concret, et on évoque la possibilité pour les laïcs associés de
s'engager dans la même action apostolique déterminée, aux côtés de religieux ou religieuses
de l'Institut correspondant.
En ce domaine, les plus en pointe sont probablement en premier lieu, les Instituts
Missionnaires (Spiritains, S.C. d'Issoudun, OMI, etc.) ; en second lieu, la Famille lasallienne
et la Famille dominicaine.
C - VIVRE
L'ÉVANGILE,
AU
NOM
D'UNE
VOCATION
PARTICULIÈRE MAIS ENRACINÉE DANS LE BAPTÊME
BIEN
Assez souvent, dans les textes officiels, la vie que les laïcs associés se proposent
d'embrasser est définie en référence à l'Évangile. Il s'agit de « vivre l'Évangile à l'école de tel
Maître Spirituel » ou selon telle spiritualité, de « vivre une vie évangélique » de « vivre selon
l'Évangile, selon une Règle », « à l'exemple de », etc.
On est « appelé » à devenir Laïc Associé, comme on est appelé à la Vie Religieuse. Il
s'agit d'une vocation spéciale, d'un appel bien spécifique, qui ne concernent pas tous les
chrétiens mais seulement quelques-uns.
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Cela, tous les textes le soulignent bien sous une forme ou l'autre. Par exemple, les
Statuts d'une oblature bénédictine écrivent : « Tout chrétien peut se lier par l'oblature à un
monastère bénédictin, s'il est appelé par Dieu à vivre l'Évangile selon l'esprit de Saint
Benoît ».
Devenir laïc associé, demande d'avoir entendu un appel particulier, mais la forme de
vie évangélique, embrassée par le laïc associé est dans la ligne de son baptême, pour « vivre
sa consécration baptismale», « vivre plus activement son engagement baptismal et sa Foi. »
Voilà un aspect de la vocation de laïc associé, peut-être davantage souligné dans les
textes des Instituts féminins que dans ceux des Instituts masculins.
D - DANS UNE EXISTENCE PLEINEMENT LAÏQUE ET SÉCULIÈRE
Quels que soient les mots utilisés, les développements à ce sujet, tous les textes
s'accordent à dire, sans la moindre ambiguïté possible, que les laïcs associés ont à vivre
l'appel entendu ainsi que leur partage de la spiritualité d'un Institut déterminé, dans les
conditions normales de la vie laïque, en demeurant bien du monde, au travers de leurs
engagements de personnes séculières, le plus souvent mariées, insérées dans la vie sociale,
politique, etc.
En ce domaine, il serait lassant de citer des textes, tellement, sur ce point, c'est
l'unanimité absolue.
Pour qu'il demeure bien entendu que les laïcs associés ne sont pas des demi-religieux,
certains statuts ont tenu à « mettre les points sur les i », à affirmer par exemple ceci :
L'Association est constituée de chrétiens, laïcs ou prêtres, hommes ou femmes, célibataires ou
mariés, désirant s'inspirer du charisme de la congrégation pour vivre profondément leur foi
dans leur condition propre de chrétiens engagés.
Cette Association a comme objectif :
1 - de répondre au désir sincère de ceux qui veulent approfondir leur foi au Dieu de
Jésus Christ et vivre plus activement leur engagement baptismal, avec l'appui de la
congrégation.
2 - de leur permettre d'entrer dans un groupe autorisé et officiellement
reconnu par la congrégation afin qu'ils deviennent de plus en plus capables d'assumer leurs
responsabilités de laïcs qui n'ont pas peur du monde et de ses réalités quotidiennes.
Cette Association s'adresse à des chrétiens qui ont atteint une certaine autonomie, une
certaine consistance personnelle, qui ont une capacité de recevoir d'un groupe et d'apporter à
ce groupe.
Pour ces chrétiens, il s'agit :
1 - de suivre le Christ dans la vie ordinaire. Que chacun se demande souvent :
« Comment, en tant que baptisé, je vis, au cœur du quotidien, mon désir de suivre le Christ. »
2 - de découvrir la congrégation, son charisme, sa manière propre de vivre l'Évangile
et d'entrer dans cette inspiration évangélique qu'est le charisme, comme appui à leur foi.
3 - d'essayer de trouver à quelle qualité de vie évangélique ils sont appelés dans
l'Eglise locale comme membres associés à la congrégation.
12
4 - d'accepter une formation appropriée avec un programme d'animation
impliquant réunions, prière personnelle, fidélité aux obligations quotidiennes, etc. Une
certaine discipline inspirée de l'amour. L'engagement doit se concrétiser dans les réalités de
la vie.
Du fait de leur entrée dans l'Association, les membres vivent une affiliation spirituelle
qui n'implique ni vœux publics, ni consécration particulière. Cette affiliation exclut tout lien
canonique entre la congrégation et les membres associés, de même que toute obligation légale
ou financière, de part et d'autre. Cependant ces membres peuvent être invités à participer à des
événements de congrégation, à collaborer à des projets apostoliques, etc.
Cette nouvelle réalité est appelée à être une source d'ouverture et d'enrichissement
mutuels à la fois pour les associés et pour la congrégation.
Il reste entendu que les laïcs affiliés à la congrégation « apportent leur aide aux œuvres
d'apostolat existant dans le diocèse... » (Code de Droit canonique, canon 311).
Plusieurs textes développent abondamment ce qui concerne le rôle des laïcs associés
dans la vie de l'Église et du monde, au travail, dans leur famille. Plusieurs également insistent
sur l'obligation qu'ont les laïcs associés de travailler pour la justice, la solidarité, la dignité de
la personne humaine.
PROBLEME DE STRUCTURE
1 - Quel lien institutionnel entre le groupe de laïcs associés et
l’Institut ?
Quand des laïcs associés parlent du lien entre leur groupe et l’Institut Religieux auquel
ils font référence, ils en viennent très vite à bien préciser qu’ils demeurent « autonomes ». Ce
désir d’autonomie est infiniment légitime, pleinement cohérent avec la condition séculière des
laïcs associés.
Des laïcs associés disent spontanément que « la congrégation est dépositaire du
charisme », qu’elle en est « le signe, la référence », que le groupe de laïcs doit trouver en elle,
« un lien d’unité stable et sûr ». Ces façons de dire sont à resituer dans chaque tradition, mais
quels liens organiques appellent-elles ?
Dans la plupart des groupes de laïcs associés, l’admission d’un nouveau membre à la
probation ou l’admission à l’engagement sont décidées par le (ou la) Supérieur(e) général(e).
Si le groupe n’existe que dans une Province, ces admissions sont décidées par le (ou la
Provincial(e).
Souvent c’est par l’intermédiaire d’une communauté déterminée que des laïcs auront
été amenés à connaître un Institut. De là, naîtra peut-être chez eux le désir d’en partager le
charisme. En ce domaine, il faut respecter les cheminements personnels, mais, à l’expérience,
beaucoup d’Instituts s’accordent à dire que le lien institutionnel entre des laïcs associés et un
Institut, doit prendre la forme d’un lien avec celui-ci et non avec une communauté
particulière.
2 – Organisation interne du groupe de laïcs associés
13
Les groupes de laïcs associés sont très différents les uns des autres. Les uns comptent
au niveau mondial, plus de cent mille membres. Les autres, d’origine récente, n’en comptent
qu’une dizaine. Aucune comparaison ne peut être établie entre l’organisation interne des
premiers et celle des seconds.
1 – Appartenir à une « fraternité de base » est considéré important pour les laïcs
associés car celle-ci est le milieu propre à nourrir et soutenir l’engagement de chacun dans sa
vocation. Le rythme des rencontres variera selon les groupes. L’assiduité à ces réunions
témoigne de la fidélité de chacun.
Etre laïc associé, sans appartenir à un groupe de base demeure cependant possible pour
certains. Voici ce que dit la Charte de la Communion Oratorienne : « Les membres trop
éloignés géographiquement pour participer régulièrement aux activités d’un relais local,
peuvent cependant entrer dans la Communion Oratorienne à titre personnel dès lors qu’ils
sont en accord avec les finalités de cette Communion. Ils se rattachent à une Fraternité de
leur choix avec qui ils définissent leur mode de participation ».
Certaines traditions cependant évitent le plus possible des laïcs associés sans
rattachement à une Fraternité de base. Exemple la Fraternité Carmélitaine : « Le Supérieur
Provincial (ou son Délégué) évitera, chaque fois que ce sera possible, d’admettre des
membres isolés sans une consultation préalable des organismes séculiers ».
2 – Incorporation et étapes de formation
Partout, l’incorporation d’une personne à un groupe de laïcs associés est progressive,
et comporte une période préalable de probation. Partout où existent déjà de véritables
fraternités de base, l’incorporation dans le groupe de laïcs associés prend, sauf exception, la
forme d’une incorporation dans une fraternité de base bien déterminée.
La période préalable de probation commence généralement après un premier temps
d’accueil pour la connaissance réciproque. Le plus souvent, surtout dans les groupes encore
peu structurés, la durée de cette période, le minimum en est généralement de un à deux ans, le
maximum de quatre ans.
Au terme de la probation, est prévu un engagement baptisé de noms divers, conformes
à chaque tradition. Il est généralement définitif d’entrée de jeu ; ici où là d’un an seulement,
toujours renouvelable; rarement temporaire puis perpétuel. Cependant, prononcer un
engagement formel n’est souvent pas exigé de tous les laïcs associés. Ceci est parfois laissé au
discernement de chacun.
En ce qui concerne les modalités d’incorporation, le contenu de l’engagement, toutes
les traditions sont légitimes et il est bien difficile d’énoncer de règle universelle s’imposant à
tous.
Enfin en ce qui concerne l’admission de personnes mariées, ce qui est partout prévu,
la pratique la plus générale semble être ceci : le groupe de laïcs associés est ouvert aux
couples mariés en tant que tels, c’est-à-dire le mari et la femme, ou aux personnes mariées
avec, autant que possible, l’accord du conjoint.
3 – Une participation organique des Laïcs Associés aux instances de
gouvernement et de consultation de l’Institut Religieux
La question d’une telle participation vraiment organique se pose très différemment
d’un groupe de laïcs associés à l’autre. En outre, là où le groupe de laïcs associés démarre ou
redémarre depuis peu, elle ne se pose pas, parce qu’elle n’est pas encore mûre.
Cette participation organique existe plutôt, selon des modalités d’ailleurs diverses, là
où les groupes de laïcs associés sont soit très enracinés dans la tradition historique de l’Institut
14
Religieux concerné, soit peu anciens mais particulièrement dynamiques et en phase de
croissance rapide aujourd’hui.
Ainsi selon les cas et le nombre des laïcs associés, il est assez fréquent de voir certains
de ces laïcs invités à participer un jour ou deux aux travaux du Chapitre Général.
La façon dont les laïcs associés participent au Chapitre Général a son analogue en ce
qui concerne le Chapitre Provincial.
QUELLE RECONNAISSANCE ECCLÉSIALE ?
Le moment venu comment donner à ce groupe de chrétiens une existence canonique
lui conférant une véritable reconnaissance de ce qu’il est ?
Un groupe de laïcs associés surgit quelque part dans un Institut, une Province ou dans
la mouvance d'une communauté déterminée. En outre, il ne désire pas être rattaché à ce qui,
éventuellement, existe déjà : groupe de vie évangélique ou groupe de simples adhérents. Il
veut absolument innover. Il est connu des Supérieurs majeurs, encouragé par eux, mais non
encore érigé, ni même approuvé selon les formes requises. Comme l’on dit, il est « informel».
Pour une période d'essai, un premier cheminement plus ou moins long, cette situation est
acceptable et il ne faut rien bousculer.
Mais, le moment venu, comment donner à ce groupe une existence canonique lui
conférant une véritable reconnaissance de ce qu'il est ?
Arrivé à ce point, une première distinction s'impose : ce groupe veut-il établir un lien
institutionnel avec un Institut Religieux déterminé ?
Si la réponse est OUI, ce groupe doit obtenir qu'un tel lien soit établi entre lui et
l'Institut concerné. Comment ? Nous le verrons dans le paragraphe 1.
Si la réponse est NON, autrement dit si le groupe veut vivre de l'esprit d'un Institut ou
de l'esprit de son fondateur, mais sans lien institutionnel avec l'Institut en question, il ne peut
avoir d'existence canonique qu'en obtenant de l'autorité compétente une véritable
reconnaissance ecclésiale. Comment ? Nous le verrons dans le paragraphe 2.
1 - COMMENT ÉTABLIR UN LIEN INSTITUTIONNEL ENTRE UN GROUPE DE
LAÏCS ASSOCIÉS ET UN INSTITUT RELIGIEUX DÉTERMINÉ ?
* Première voie : sans doute la meilleure. Ce groupe est officiellement accepté et
reconnu, en tant que groupe constitué, par le Chapitre Général de l'Institut.
Question : Cela entraîne-t-il pour ce groupe, une véritable reconnaissance ecclésiale ?
Nous verrons cela dans le paragraphe 2.
* Deuxième voie : Le groupe de Laïcs Associés est érigé par décret écrit du Supérieur
Général, de préférence du consentement de son Conseil.
Si ce décret ne s'appuie ni sur un article des Constitutions, ni sur une décision d'un
Chapitre Général, il est certes légitime, mais demeure provisoire et devra être soumis au
jugement du prochain Chapitre Général.
* Troisième voie : Le groupe de Laïcs Associés est érigé par décision d'un Chapitre
Provincial jouissant, en vertu des Constitutions de l'Institut, d'un vrai pouvoir législatif.
Si le Chapitre Provincial n'a pas de vrai pouvoir législatif, cette troisième voie n'est
pas possible.
15
* Quatrième voie : Le groupe de Laïcs Associés est érigé par décision du Supérieur
Provincial.
Ici, trois cas doivent être envisagés :
- Premier cas : Le Droit propre (Constitutions, décret d'un Chapitre Général ou Statut
approuvé, particulier à la Province) lui reconnaît un tel pouvoir. Pas de problème.
- Deuxième cas : Le Droit propre ne lui reconnaît pas un tel pouvoir, mais la Province
dispose d'un Chapitre Provincial ayant une autorité législative. C'est au Chapitre Provincial
qu'il revient d'ériger le groupe de Laïcs Associés.
- Troisième cas : Le Provincial n'a pas, selon le Droit propre, le pouvoir d'ériger un
groupe de Laïcs Associés. En outre, le Chapitre Provincial ne dispose pas d'une autorité
législative. La décision d'ériger appartient, sur proposition du Provincial, au Supérieur
Général.
2 - COMMENT UN GROUPE DE LAÏCS ASSOCIÉS PEUT-IL OBTENIR UNE
RECONNAISSANCE ECCLÉSIALE ?
La reconnaissance ecclésiale dont nous parlons ici peut être obtenue indirectement ou
directement.
a) Reconnaissance ecclésiale « indirecte »
Un groupe de Laïcs Associés est « indirectement » reconnu par l'Église, quand les
Constitutions approuvées de l'Institut Religieux correspondant prévoient explicitement
l'existence d'un tel groupe, dans un de ses articles.
Un groupe érigé, selon les cas, par un Chapitre Général, un Supérieur Général, un
Chapitre provincial législatif, un Supérieur provincial, acquiert de ce fait une suffisante assise
canonique. Mais il est, en plus, reconnu officiellement par l'Église si son existence s'appuie
sur un article des Constitutions approuvées.
Il va de soi que la procédure de reconnaissance ecclésiale indirecte, ne peut pas
fonctionner pour les groupes de Laïcs Associés ne voulant aucun lien institutionnel avec un
quelconque Institut Religieux. En effet, il n'y a reconnaissance ecclésiale indirecte que par la
médiation des Constitutions d'un Institut déterminé.
b) Reconnaissance ecclésiale « directe »
Un groupe de Laïcs Associés est directement reconnu par l'Église quand il obtient, en
vertu des Canons 298-326, le statut d'Association de Fidèles, privée ou publique, de la part de
l'autorité ecclésiale compétente, à savoir : un Evêque diocésain, ou une Conférence des
Évêques, ou le « Conseil Pontifical pour les Laïcs ».
Comme on l'a déjà souligné, cette voie est la seule manière d'obtenir la reconnaissance
de l'Église, dans le cas des groupes de Laïcs Associés ne voulant pas de lien institutionnel
avec un Institut.
Dans le cas de ceux acceptant ou désirant un tel lien, deux procédures pour obtenir la
reconnaissance ecclésiale directe sont pensables :
• Première procédure : Sans doute la meilleure. Dans un premier temps, le groupe de
Laïcs Associés et l'Institut Religieux concerné établissent entre eux un lien institutionnel, en
prenant l'une des voies décrites au paragraphe 1. Puis, dans un deuxième temps, le groupe de
Laïcs Associés obtient le statut d'Association de Fidèles. Dans le Décret de l'autorité
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ecclésiale compétente accordant un tel statut, on fera mention du canon 303 qui définit la
nature particulière de cette Association, à savoir son lien, pas seulement moral mais
institutionnel, avec tel Institut.
• Deuxième procédure : Sans établir au préalable de lien institutionnel avec un
Institut par l'une des voies décrites au paragraphe 1, le groupe de Laïcs Associés obtient
directement et « d'entrée de jeu » le statut d'Association de Fidèles, avec référence au canon
303 et les précisions nécessaires concernant le contenu du lien avec l'Institut.
3 - UNE CHARTE ÉCRITE POUR LE GROUPE ?
Nous entendons par là un document écrit, parfois appelé « Statuts », Règle de Vie,
Principes généraux, fixant les normes essentielles concernant la vie du groupe et de ses
membres, son fonctionnement, etc.
Une « charte » est-elle nécessaire ? Tant que le groupe est informel, sûrement pas.
Quand elle devient nécessaire, par qui est-elle rédigée ? Le plus possible, par les laïcs
associés eux-mêmes, avec, si nécessaire, l'aide de l'Institut Religieux (à moins qu'il ne s'agisse
d'un groupe sans aucun lien institutionnel avec un Institut).
Une fois rédigée, par qui est-elle approuvée ? Par les laïcs eux-mêmes, mais en outre
par qui ? Reprenons ici la distinction entre « reconnaissance ecclésiale directe », et les autres
modes de légitimité canonique :
1 - Reconnaissance ecclésiale directe
La charte est approuvée par l'autorité ecclésiale qui accorde le statut d'Association de Fidèles,
conformément aux Canons 299, paragraphe 3 ; 314 et 322, paragraphe 2.
2 - Autres modes de légitimité canonique
Ils sont à prendre en compte seulement dans le cas d'un groupe voulant établir un lien
institutionnel avec un Institut.
La règle générale est qu'il faut observer ce que dit éventuellement le Droit propre de
l'Institut concernant l'approbation de la Charte par l'Institut.
POUR QUEL AVENIR ?
1 - LAÏCS ASSOCIÉS ET VIE ASSOCIATIVE EN ÉGLISE
Le phénomène des Laïcs Associés n'est-il pas à resituer dans l'actuel développement
de la vie associative en Église ? La réponse est évidemment OUI.
Les mouvements d'apostolat organisé des Laïcs se sont beaucoup diversifiés en France
ces vingt dernières années, adoptant des démarches différentes.
La situation varie beaucoup d'un diocèse à l'autre. Mais, au plan national, environ
quatre-vingt-dix mouvements, organismes, services, groupes, réseaux, ont un lien officialisé
avec le Secrétariat de l'Épiscopat pour l'apostolat des laïcs. D'autres ont un lien régulier avec
ce Secrétariat. D'autres encore participent à des rencontres ponctuelles avec lui.
Ces mouvements ne sont pas tous florissants. L'appartenance ponctuelle à ces
mouvements tend à l'emporter sur l'adhésion à long terme, surtout dans le cas des jeunes.
17
Comme on l'a fait remarquer dans un article, de la revue Études, de Bernard Housset, « on a
tendance à « zapper » d'un mouvement à l'autre ».
Ceci dit, les mouvements en réelle expansion ou faisant preuve d'une vraie stabilité
dynamique ne manquent pas. L'enquête de 1992-94 des deux Conférences de Supérieurs
Majeurs, démontre que la vitalité des groupes Chrétiens Associés, souvent modestes, est bien
réelle.
Vatican II a mis en route dans le laïcat une dynamique de communion responsable. La
vie associative a désormais droit de cité dans l'Église. Il est normal qu'elle se développe dans
tous les sens, y compris en prenant en compte les aspirations spirituelles profondes des laïcs.
Et il est normal que ces aspirations rejoignent souvent ces fidèles-là qui ont bâti toute leur vie
sur une aspiration spirituelle déterminée, à savoir les religieux et religieuses.
Le monde où nous baignons est de plus en plus complexe. On ne peut plus rêver de
l'évangéliser dans une perspective unidimensionnelle, disons celle de l'Action Catholique bien
spécialisée par milieux. Une telle Action Catholique demeure sans doute indispensable, mais
elle ne peut plus être la seule et unique voie vers la mission.
Le jaillissement d'initiatives et de pédagogies nouvelles est indispensable à
l'évangélisation du monde d'aujourd'hui. Or, les groupes de Laïcs Associés ont bien leur place
dans ce jaillissement, parce que la Vie Religieuse et tout ce qui peut naître à partir d'elle, sous
son impulsion ou dans sa zone de rayonnement, ont bien leur place dans la vie du Peuple de
Dieu. Mais, bien sûr, toujours dans une perspective d'envoi vers la mission, vers le monde.
Qui adhère à une association de fidèles le fait de manière libre et autonome. Ceci est
cohérent avec une Ecclésiologie insistant sur le fait que l'appartenance au Christ est
personnelle, donc rejoint chacun dans son intimité, là où les attirances pour telle ou telle voie
spirituelle se manifestent le plus.
Oui, vraiment, le « penchant du cœur » pour des spiritualités qui sont déjà celles d'un
Institut Religieux ou d'une famille spirituelle plus large, est bien dans la ligne de l'évolution
actuelle du laïcat.
Elle ne représente qu'une petite part de cette évolution, mais cette petite part n'est pas
« un-cas-à-part », une étrangeté, une « bizarrerie ». Elle est significative de tout un ensemble.
Elle est « signifiante ».
2 - UNE PEUR À CHASSER
Un groupe de Laïcs Associés, est-ce la forme future du charisme, destinée à supplanter
l'Institut, forme religieuse actuelle du Charisme ?
Certes il faut admettre que l’Institut « n’est qu’une des formes possibles de réalisation
et de fécondité du charisme ». C’est ce qui se vérifie depuis longtemps dans toutes les
« Familles ». Mais d’un autre côté, il ressort de tout ce qui a été dit que l’Institut Religieux et
le groupe correspondant de Laïcs Associés sont indispensables l’un à l’autre, dès l’instant
qu’on peut parler de « famille » ou que le groupe de Laïcs Associés existe.
(Extrait du document :
Les Laïcs Associés
– Participation de laïcs au charisme d’un Institut Religieux –
Médiasèvres 2001)
18
A Saint-Jacut-les-Pins
19
En
BRETAGNE
LA CONGRÉGATION DES SOEURS DU SACRÉ COEUR DE JÉSUS
DE SAINT-JACUT-LES-PINS
1 – LE PÈRE GUYOT (Curé de Malestroit)
Prologue
Rien de plus humble et de plus modeste que les origines de cette Congrégation. Une
pieuse fille du pays, qui pendant la Révolution, s'était dévouée pour cacher les prêtres fidèles
et leur faciliter l'exercice de leur périlleux ministère, conçut le projet, une fois la paix rendue à
l'Église, de se consacrer à l'instruction des petites filles pauvres ou orphelines et à la visite des
malades de la paroisse. Elle s’en ouvrit à trois de ses amies, qui l'approuvèrent et voulurent se
joindre à elle pour l'aider à réaliser son pieux dessein. Sur le conseil de leur recteur, elles se
réunirent, le 25 avril 1816, dans une maison du bourg, ou trois autres bonnes filles, beaucoup
plus jeunes qu'elles, vinrent bientôt les rejoindre.
Chap. 1
1 - Avant la Révolution
ENFANCE ET JEUNESSE D'ANGÉLIQUE LE SOURD
ANGÉLIQUE LE SOURD naquit au bourg de SAINT-JACUT le 20 septembre 1767.
Elle fut baptisée le lendemain dans la vieille église paroissiale.
Voici la teneur de son acte de baptême :
"Le vingt et unième jour de septembre 1767 a été par moi, soussignant, baptisée
Angélique LE SOURD, née d'hier du légitime mariage de Pierre LE SOURD et Julienne
BEAUBOIS, de ce bourg : a été parrain, Yves PHILIPPOT et marraine Angélique FLEURY
de la paroisse de PLUHERLIN ; et ce, en présence du père de l'enfant soussignant, de Marie
BEAUBOIS et de plusieurs autres qui ne savent signer".
Signé : Pierre LE SOURD
Jean-François PUCELLE, curé.
Angélique LE SOURD était la plus jeune de plusieurs enfants dont on rencontre les
noms sur les registres de l'époque. Yvonne, sa sœur aînée de 10 années, est la seule personne
de la famille qui se trouve un peu mêlée à l'histoire de la Congrégation. Le père d'Angélique
se prénomme Pierre comme le prouve sa signature ainsi que le libellé de l'acte de baptême.
Par une exception assez rare, les registres ne nous disent pas quelle était la profession
du père d'Angélique, mais ils nous apprennent que son grand-père Julien LE SOURD était
tailleur de pierres "masson de vocation", (acte de naissance de Pierre, 10 juillet 1722). Celui20
ci embrassa sans doute la profession de son père, car presque toujours alors les divers métiers
se transmettaient fidèlement de père en fils et il y eut plusieurs tailleurs de pierre dans la
famille. Sa signature, qu'on peut lire au bas des actes de baptême de ses enfants, est celle d'un
homme instruit pour l'époque ; l'écriture en est ferme, assurée et n'a pas l'allure gauche et
hésitante de celle des personnes peu habituées à tenir une plume.
Sa femme Julienne BEAUBOIS née et baptisée le 10 juillet 1724, était la fille d'un
laboureur du village de la Lardrerie. Ces braves gens vivaient du travail de leurs mains et du
produit de quelques terres qu'ils possédaient.
On peut donc admettre comme exacte la formule assez banale dont se sert Sœur Saint
Joseph quand elle dit, en parlant d'Angélique, qu'elle naquit "de parents peu favorisés des
biens de la terre, mais riches de ceux du ciel". Pierre LE SOURD et Julienne BEAUBOIS
étaient en effet, d'excellents chrétiens sachant se contenter de la modeste condition que Dieu
leur avait faite. Ils accueillirent avec joie la nouvelle enfant que Dieu leur envoyait. Combien
plus grand encore eut été leur bonheur s'ils avaient pu prévoir qu'elle serait un jour la
bienfaitrice du pays et la mère d'une nombreuse lignée de filles qui, animées de son esprit,
continueraient ses œuvres et feraient bénir son nom, longtemps après sa mort, dans tous les
lieux où elles seraient appelées à exercer leur zèle. Ils la préparèrent donc, sans le savoir, au
rôle providentiel qu'elle devait jouer plus tard. Soucieux avant tout de faire de leur fille une
vraie et solide chrétienne, ils lui apprirent, dès sa plus tendre enfance, à prier Dieu matin et
soir. Puis, à mesure que sa jeune intelligence s'éveillait, ils lui enseignèrent peu à peu les
grandes vérités de la religion. A pareille école, une enfant douée, comme l'était Angélique,
des plus heureuses dispositions, ne pouvait manquer de devenir une petite fille modèle.
"Elle naît dans une famille de travailleurs, donc elle est de noblesse, car travailler
c'est s'ennoblir. Sans doute on possède quelques ares de terre et le père sait marteler la
pierre, mais le pain quotidien est au bout des bras. Jamais Angélique ne se rebutera à la
besogne. De constitution solide, d'une activité toujours en éveil, ne calculant jamais avec ses
forces, elle semble douée pour entreprendre une œuvre où il faudra une résistance physique
de premier plan. Il y aura des privations et il faudra assumer des besognes quasi inhumaines
aux heures où la communauté de demain prendra ses premiers élans.
A défaut de richesse on a des vertus chez les LE SOURD. On y vit presque
scrupuleusement. En ce temps-là, on ne rusait pas avec le Bon Dieu ; on le servait pour de
bon, avec une teinte souvent accentuée de jansénisme.
Les œuvres de Dieu sont toujours marquées au coin du sacrifice. Angélique LE
SOURD destinée à fonder un ordre religieux passera bientôt par les épreuves."
(M. Niol : sermon du centenaire)
Elle n'avait pas encore six ans quand elle eut le malheur de perdre sa mère décédée le
1er août 1773 et elle venait d'accomplir sa dixième année quand le père mourut à son tour le
22 décembre 1777. Il est permis de supposer que la petite famille vint très vite à bout des
modestes économies que les parents avaient pu faire et qu'elle connut des jours plus ou moins
longs d'une gêne, voisine de la misère. On comprend mieux dès lors que le souvenir des
privations de son enfance ait disposé plus tard Angélique à compatir aux souffrances des
indigents. Sa sœur Yvonne, plus âgée qu'elle de dix ans, dût lui servir de mère jusqu'à ce
qu'elle fût capable de gagner sa vie. Au bout de trois ans, le 10 février 1781, Yvonne se maria
à Joseph DUCHESNE, du bourg de SAINT-JACUT et la petite Angélique qui avait alors
treize ans fut envoyée garder les troupeaux chez des gens qui demeuraient dans le village de
la Barre situé à l'extrémité de la paroisse, vers les limites du territoire de SAINT-GORGON.
21
"Ce métier de pastourelle dans la liberté des champs ne protège pas toujours la vertu
des enfants qu'on y emploie" (Louis Veuillot). La compagnie habituelle d'autres enfants
parfois légers et grossiers dans leurs paroles et dans leur tenue peut devenir un danger pour
une petite fille sans expérience et ne soupçonnant pas le mal. La sagesse précoce d'Angélique
lui fournit les moyens de se mettre en garde contre ce double écueil. Certes, à une âme
ouverte comme la sienne aux choses de la foi, le spectacle familier de la nature créée, devait
parler éloquemment de Dieu créateur ; cela ne suffisait pas à son activité naturelle ni au
besoin surnaturel qu'elle éprouvait de communiquer aux autres la science du salut qu'elle avait
apprise sur les genoux de sa mère. Pour éviter la solitude, elle imagina de grouper autour
d'elle les autres bergers et bergères de son âge et pour écarter les conversations qui peuvent
dégénérer en propos malsonnants, elle s'improvisa leur maîtresse d'école. Assise au pied d'un
arbre ou d'un buisson, elle se faisait un bonheur de leur apprendre leurs prières et de leur
enseigner le catéchisme.
C'était la véritable école buissonnière
comme on appelait jadis ces classes en plein
vent, alors que l'expression n'avait pas
encore été détournée de son sens naturel.
Elle s'acquitta si bien de cette fonction et sut
mettre tant d'intérêt dans ses leçons que, le
moment venu, les enfants s'empressaient
d'accourir au rendez-vous. Rien de plus
touchant et de plus édifiant que cette école
enfantine où la maîtresse, une petite fille de
treize ans qui savait à peine lire, puisait dans
son amour pour Jésus et Marie assez de
patience pour répéter 20 fois les mêmes formules jusqu'à ce qu'elle eût réussi à les graver dans
les esprits des petits ignorants qui l'entouraient. On aime à se dire que ces leçons champêtres
furent bénies de Dieu et que les enfants privilégiés qui se faisaient une joie d'assister, en
gardèrent toute leur vie le souvenir et l'empreinte. Quelquefois des personnes plus âgées, que
leurs occupations conduisaient de ce côté s'arrêtaient pour se joindre aux auditeurs habituels
de la petite Angélique. Plusieurs ont raconté depuis qu'elles ne quittaient jamais la société de
cette enfant sans se sentir plus ferventes et plus fermement résolues à bien remplir les devoirs
de leur état. "L'esprit d'apostolat hante déjà son âme. Il semblerait qu'il est inné chez elle."
(M. Niol : sermon du centenaire)
Un jour qu'elle avait conduit son troupeau dans un pâturage situé près du village de la
Marre et que sa compagnie ordinaire se trouvait réunie autour d'elle, quelqu'un vint à dire qu'il
y avait dans ce village un homme dangereusement malade qui avait refusé les secours de la
religion et qui allait mourir en réprouvé. Émue de compassion à la pensée de cette âme en
danger de se perdre, elle commence par prier pour ce malheureux, puis sans perdre un instant,
elle se rend à la maison qu'il habitait. Arrivée près de son lit, elle lui présente un crucifix
qu'elle portait toujours sur elle et lui parle de la miséricorde divine avec une éloquence
enfantine si persuasive et si pleine d'onction que le moribond, touché jusqu'au fond de l'âme,
sentit l'espérance renaître dans son cœur. Le prêtre fut appelé, et le pauvre pécheur réconcilié
avec Dieu mourut dans les dispositions les plus consolantes, en bénissant le Seigneur qui,
pour le sauver de la damnation éternelle lui avait envoyé un de ses anges sous les traits de la
petite Angélique.
22
C'est ainsi que, dès son enfance, elle commence à se montrer telle qu'elle sera dans son
âge mûr et sa vieillesse. Dans ces premières manifestations de son zèle et de sa charité on
voit déjà se révéler sa vocation spéciale pour les deux autres œuvres auxquelles elle se
consacrera plus tard : l'instruction des enfants et la visite des malades.
Cependant Angélique était trop heureusement douée pour demeurer longtemps dans
cette situation inférieure de gardienne de troupeaux et elle dut trouver sans peine un emploi
plus important et plus lucratif ; mais sur ce point comme sur beaucoup d'autres nous en
sommes réduits à des conjectures. Ce qui est certain, c'est qu'au bout de quelques années,
lorsqu'elle eut atteint l'âge où elle pourrait disposer à son gré de ses économies et du modeste
héritage que lui avait laissé ses parents, elle revint habiter le bourg dont la position centrale
lui permettait de donner libre cours à son zèle charitable. Tout son superflu était employé à
soulager les pauvres qu'elle considérait comme ses frères et en qui elle voyait les membres
souffrants du Christ. Plus d'une fois, on la vit, comme Saint Martin, se dépouiller des habits
qu'elle portait et les donner à des malheureux qui n'avaient, pour se couvrir, que de pauvres
haillons.
Une certaine année le pays eut à souffrir de la disette. Les grains se vendirent à un
prix excessif et bien des familles se voyaient exposées à manquer du nécessaire. Angélique
n'hésita pas à s'imposer de grandes privations pour être plus à même de venir en aide aux
indigents. Non contente de travailler plus qu'à l'ordinaire, elle se condamna elle-même à une
nourriture plus simple et plus grossière pour augmenter ses aumônes. Elle ne recula pas
devant la pénible corvée d'aller quêter chez les autres pour procurer quelques secours à des
malades dénués de tout ou à des pauvres honteux qui ne pouvaient se résoudre à mendier euxmêmes. En un mot elle était la Providence visible de tous ceux qui souffraient ou qui étaient
dans le besoin. Aussi les gens du pays se tournaient tout naturellement vers elle dans toutes
leurs peines d'esprit et de corps, assurés de sa discrétion et de son aide. Il convient d'ajouter
qu'elle ne faisait aucune distinction entre amis et ennemis et que les impies ou pécheurs
bénéficiaient comme les autres des pieuses industries de sa charité.
"Cette science vraiment extraordinaire de consolation des affligés est une des marques
les plus caractéristiques de la personnalité d'Angélique. L'oubli de soi fait de son existence
une telle somme de sacrifices, de mortifications corporelles, de générosités qu'elle semble
bien de la trempe des saints que l'Eglise canonise." (M. Niol)
Après quelques années d'une pareille existence, elle se trouva prête pour le rôle
bienfaisant qu'elle était appelée à jouer pendant la Révolution. Et ce rôle lui-même, tout de
dévouement et d'abnégation devait la préparer à la mission que Dieu lui réservait pour le
moment où, la paix étant rendue au pays, elle pourrait se consacrer exclusivement au
soulagement des malades et à l'instruction des enfants.
Cahiers de Monsieur GUYOT
Chapitre II - N° 1.
2 - Pendant la terreur
Angélique et les prêtres
Angélique avait 22 ans quand éclata la Révolution... A Saint Jacut, comme partout
en Bretagne, des prêtres dévoués étaient restés dans le pays. C'est alors que commença pour
Angélique LE SOURD un rôle de dévouement incessant, souvent périlleux, parfois héroïque.
23
Sa maison était toujours ouverte à ces prêtres réfractaires, sans cesse traqués par les Bleus, et
c'est grâce à elle que plusieurs d'entre eux purent échapper à la mort ou à la prison. Sans le
moindre souci des dangers auxquels elle s'exposait, elle les guidait la nuit vers la demeure des
mourants et leur facilitait les moyens de dire la messe dans des retraites sûres, à l'abri des
regards malveillants [...]
Angélique fut l’auxiliaire la plus dévouée de Monsieur BARBÉ. Un jour qu'il célébrait
la messe dans une maison du bourg, les Bleus arrivèrent à l'improviste pour se saisir de sa
personne. Avant de se dérober aux poursuites de ses ennemis, il eut le temps de remettre à
Angélique le ciboire qui contenait les saintes espèces, destinées à la communion des
assistants. Confiante dans la protection de Dieu qu'elle portait, la courageuse fille traversa
tranquillement les rangs des soldats et put, sans être inquiétée, mettre en lieu sûr le précieux
dépôt qu'on lui avait confié. D'après la tradition, elle eut le bonheur, une autre fois encore, de
dérober le Saint Sacrement aux recherches des impies et de le soustraire aux profanations.
page 16
Angélique et Le Clainche
Sa charité ne faisait aucune différence entre les personnes et s'exerçait également
envers tous, même envers ses pires ennemis.
Un jour qu'elle se trouvait à ROCHEFORT-ENTERRE, en passant dans une rue elle fut témoin d'une
émeute populaire dirigée contre un nommé LE
CLAINCHE, procureur syndic du Directoire établi dans
cette ville. C'était un de ces tyranneaux de village, si
nombreux à cette époque, qui avaient embrassé avec
ardeur les idées nouvelles et se montraient les
persécuteurs acharnés des prêtres réfractaires et des
personnes qui les favorisaient. Les émeutiers avaient fait
irruption dans sa maison qu'ils saccageaient et dont ils
jetaient le mobilier par les fenêtres. Certes, Angé1ique
avait eu plus que personne à se plaindre de cet homme,
dont les émissaires étaient venus plus d'une fois faire des perquisitions chez elle ; mais en ce
moment elle oublia tout. Sans se soucier de ce qu'on pouvait dire ou penser, elle se mit à
recueillir les objets les plus précieux et les reporta à leur propriétaire, tout en s'efforçant de le
consoler par de douces paroles.
Profondément touché de cette charité si simple et qui, d'elle à lui, avait quelque chose
d'héroïque, LE CLAINCHE lui en témoigna sa reconnaissance en termes chaleureux et lui dit
qu'il irait avant peu la remercier chez elle. Il tint parole [...]
Après avoir remercié de nouveau Angélique, il tint à lui prouver que sa gratitude ne
consistait pas seulement en paroles, et, séance tenante, il lui en donna une preuve palpable.
C'était un acte écrit et signé de sa main, par lequel il autorisait Angélique LE SOURD à
donner libre cours à son zèle charitable et à recevoir chez elle les prêtres réfractaires sans que
personne ne pût l’inquiéter [...]
Angélique profita largement de cette autorisation, heureuse de ne plus avoir à se
cacher pour conduire chez les mourants les prêtres auxquels elle donnait asile. Une fois
même, on put voir un d'entre eux pénétrer en plein jour dans la maison du fougueux jacobin,
24
dont la femme, dangereusement malade, avait désiré recevoir, avant de mourir, les secours de
la religion. Plus libéral en cette occasion qu'on n'eût osé l'espérer d'un homme de sa trempe,
LE CLAINCHE fit prévenir Angélique, et celle-ci lui envoya l'abbé MONNIER qui, sans
hésiter, se rendit à ROCHEFORT et put, en toute liberté, administrer à la malade les derniers
sacrements.
p. 17 et 18
Angélique consolatrice des affligés
" Bientôt la promulgation du Concordat […] vint rendre aux prêtres fidèles toute leur
liberté d'action […] Dès lors les personnes dévouées qui avaient partagé leurs fatigues et leurs
dangers se trouvaient déchargées de ce soin périlleux. Angélique LE SOURD mit à profit ces
années de calme pour multiplier ses visites aux malades et ses leçons de catéchisme aux
enfants. Ses journées tout entières étaient consacrées à la pratique des œuvres de charité.
Entre autres qualités éminentes, elle avait reçu de Dieu le don précieux de savoir consoler
ceux qui étaient dans la peine ; aussi les gens du pays venaient-ils volontiers lui confier leurs
ennuis et lui demander conseil dans toutes leurs difficultés. Mais sa délicatesse naturelle,
affinée encore par une longue expérience, lui avait appris que ces sortes de démarches sont
parfois rendues pénibles par l'amour-propre ou la timidité. Aussi quand elle apprenait que des
gens de la paroisse étaient dans l'affliction, elle se faisait un devoir d'aller les visiter chez eux,
et si elle n'avait pas la chance de les rencontrer à la maison, elle les attendait le dimanche
suivant à la sortie des offices ; alors tout en compatissant à leurs peines, elle s'efforçait de les
consoler, et par des paroles appropriées à leur situation, elle les disposait à se soumettre
entièrement à la volonté de Dieu.
Pendant dix années elle fut souvent à même, dans ses courses charitables, de constater
les ruines morales accumulées par la Révolution. C'est en songeant à la nécessité de remédier
à ce mal, fruit de 25 années de persécutions et de guerres, qu'elle en vint peu à peu à
concevoir le projet d'où devait sortir la petite communauté de SAINT-JACUT, devenue
aujourd'hui la Congrégation des Sœurs du Sacré Cœur de Jésus.
p. 19 et 20
3 - Après le Concordat
Etat de l'instruction primaire en Bretagne
[...] Ces modestes écoles, la Révolution les détruisit sans rien mettre à leur place. Et
quand deux prêtres zélés, MM. DESHAYES, curé D'AURAY, et Jean-Marie de LA
MENNAIS, vicaire général de l'évêque de SAINT BRIEUC, entreprirent de réparer ces
ruines, ils s'occupèrent d'abord de relever les écoles des villes, puis ils songèrent à fournir de
bons instituteurs aux paroisses rurales ; mais pour les petites filles des campagnes, tout était
encore à faire. Aussi ces pauvres enfants, menacées de demeurer dans une ignorance
grossière, étaient exposées, une fois devenues plus grandes, à offrir au vice une proie d'autant
plus facile qu'elles n'auraient pas, pour se garantir, cette solide éducation chrétienne qui est la
base de toute vraie morale.
Toutefois quelques rares "Bonnes Sœurs" avaient survécu aux troubles de la
Révolution et continuaient, dans les campagnes, leur œuvre charitable. C'est ici que nous
retrouvons Angélique LE SOURD. En parcourant les villages, elle n'avait eu que trop souvent
l'occasion de voir que les bonnes mœurs s'altéraient, de jour en jour, à mesure que gagnait
l'indifférence religieuse suite naturelle de l'ignorance. Mais ce n'était pas tout. Dans ses visites
aux malades, elle avait pu constater qu'au fond des campagnes, les lois les plus élémentaires
25
de l'hygiène étaient méconnues, que les médecins n'y pénétraient que rarement et que, par
suite, les malades étaient souvent privés des soins les plus urgents. Du reste, ce malheureux
état de choses n'était pas particulier à la Bretagne, et la France entière en souffrait [...]
[...] C'est surtout de 1806 à 1820 qu'on les (fondations) voit surgir sur tous les points
du territoire, fondées le plus souvent par de simples prêtres de paroisse ou par de pauvres
filles de la campagne, "qui ont trouvé dans leur foi l'inspiration de l'œuvre et qui
l'entreprennent avec l'unique trésor de leur confiance en Dieu." (Mgr Baunard) Tel est le cas
pour la communauté de SAINT-JACUT, fruit de la collaboration du prêtre et de la paysanne,
encore que l'idée première de l'œuvre appartienne à Angélique LE SOURD."
p. 21 et 22
Projets d'Angélique
" Cette sainte fille avait eu, dès sa première jeunesse, le désir de se consacrer à Dieu
dans la vie religieuse, mais son heure n'était pas venue et ce pieux dessein n'aboutit pas. Après
le Concordat, quand les églises eurent été rendues au culte, elle comprit que les prêtres, trop
peu nombreux pour suffire à la tâche, auraient besoin d'être aidés dans l'œuvre si difficile de
ranimer la foi et de restaurer les mœurs, et que le concours de personnes de bonne volonté
leur serait indispensable. C'est là que Dieu l’attendait. Peut-être avait-elle entendu parler des
instituts nouveaux qui commençaient à naître un peu partout. En tout cas, l'idée lui vint alors
et ne la quitta plus, de s'entendre avec quelques unes de ses amies pour être, dans la mesure de
leurs forces, les auxiliaires du clergé de la paroisse [...]
Qu'une personne sans instruction ait pu concevoir un pareil projet et qu'elle ait réussi à
le faire accepter si facilement par d'autres personnes aussi ignorantes qu'elle-même, c'est une
chose qui ne peut s'expliquer que par une inspiration divine. Mais il eût été bien impossible à
ces pauvres filles, abandonnées à leurs seules lumières, de mener à bonne fin une telle
entreprise. Il leur fallait nécessairement l'aide et la direction d'un homme expérimenté, assez
instruit pour se mettre assez vite au courant des démarches à entreprendre, et assez zélé pour
ne pas reculer devant les difficultés de toutes sortes qui étaient à prévoir. Cet homme, la
Providence le leur avait ménagé dans la personne de M. BARBE, qui fut recteur de SAINTJACUT de 1812 à 1824.
p. 22 à 24
Chap. 2 - FONDATION DE LA COMMUNAUTÉ DE
SAINT JACUT
1 - Monsieur Barbé
Réunion d'Angélique et de ses compagnes
"Témoin attristé des ravages causés par la Révolution dans la paroisse où il avait été
12 ans vicaire, Monsieur BARBE s'était rendu compte que le zèle du clergé ne suffirait pas
pour remédier assez promptement au mal ; que le relèvement des mœurs ne s'opérerait que
lentement par la seule prédication faite aux adultes ; qu'il fallait reprendre l'édifice dès la base
et commencer par donner une solide instruction religieuse aux enfants, mais surtout aux
jeunes filles, c'est-à-dire aux futures mères de famille, dont l'influence est toujours
prépondérante aux foyers de nos villages bretons. Il comprit aussitôt quelle aide précieuse il
26
trouverait dans le concours d'Angélique et de ses amies. Il devint naturellement leur conseiller
et les aida à bien préciser dans leur esprit ce qui ne s'était d'abord présenté que sous des traits
un peu vagues.
Au commencement de 1816, les quatre associées, sur le conseil de leur recteur,
résolurent d'habiter ensemble, pour être plus à même de faire le bien autour d'elles en mettant
en commun leurs ressources et leurs aptitudes. A cet effet, elles louèrent une maison située au
quartier SAINT-LAURENT, et qui appartenait pour un tiers à Françoise RICHARD. Elles y
entrèrent le 25 avril, jour de la fête de Saint Marc, et le recteur voulut les y installer lui-même
au retour de la procession des Grandes Litanies. On peut dire que dès lors la Congrégation
était fondée."
(p. 25 et 26)
Démarches de Monsieur BARBE - Approbation épiscopale
Angélique et ses compagnes vécurent ainsi plusieurs années sans aucun lien religieux
ou civil ; comme le dit la Sœur Saint Joseph, "la charité fut le lien qui les unit [...]
Cependant tout en s'occupant de la formation spirituelle de ses filles, le recteur
s'efforçait d'assurer leur avenir temporel. Depuis longtemps il songeait à obtenir pour elles
l'existence légale, et il avait déjà fait diverses démarches dans ce but [...] A la suite du décès
de Françoise RICHARD, le recteur leur fit comprendre que des ennuis leur seraient évités si
l'association possédait une existence légale, avec la faculté, pour la supérieure, d'accepter les
legs et donations qui pourraient être faits en faveur de l'établissement. Aussi, tout en prenant
la peine de rédiger lui-même les Statuts, il s'occupa plus activement que jamais d'obtenir les
autorisations nécessaires... Les démarches restèrent sans résultat pendant 3 ans [...] Sans se
décourager il se remit à la besogne... Le 26 mai 1823, les Statuts qu'il avait rédigés furent
approuvés par Mgr DE BRUC, qui était alors évêque de Vannes. Cette approbation officielle
consacrait l'existence de l'association et lui donnait le droit de se considérer désormais comme
une véritable communauté religieuse ; car l’évêque, en l'espèce, c'était l'Église, puisqu'il
s'agissait d'une œuvre purement diocésaine.
2 - Monsieur Corvoisier
La communauté est autorisée par ordonnance royale
27
Monsieur BARBE avait grandement contribué à fonder la communauté de SAINTJACUT. Le rôle de son successeur, Monsieur CORVOISIER, fut de travailler à consolider
l'établissement [...] Il souffrit plus d'une fois de voir les choses traîner en longueur [...] sa
ténacité un peu rude échoua comme avait échoué la douceur persévérante de Monsieur
BARBE. Trois années s'écoulèrent sans qu'il eût obtenu le moindre résultat. Ce long retard,
qui mit souvent sa patience à l'épreuve, lui permit du moins d'initier de plus en plus les sœurs
à la vie religieuse et de les mieux préparer à la mission qu'elles auraient à remplir.
C'est le 17 janvier 1827 que fut enfin accordée, par ordonnance du roi Charles X,
l'autorisation si longtemps attendue. Il n'est question dans cette ordonnance que d'un
établissement isolé, gouverné par une supérieure locale. C'est du reste, tout ce qu'avait
demandé Monsieur BARBE, comme le prouve l'article premier des Statuts qui ne vise que
"les malades indigents de la commune de SAINT-JACUT et les enfants pauvres de cette
commune [...] Grâce à la tolérance de l'administration préfectorale, les Sœurs purent fonder 7
établissements jusqu'en 1854, époque où la communauté fut autorisée "comme Congrégation
dirigée par une Supérieure générale."
Il y avait près de 11 ans que les Sœurs de SAINT-JACUT vivaient en commun, dans
un admirable esprit d'union et de charité mutuelle. Pendant ce long espace de temps, pas le
moindre désaccord n'était venu troubler la parfaite harmonie qui régnait dans la communauté.
p. 34 – 36
Prise d'habit et profession des fondatrices
Cette cérémonie eut lieu le 29 septembre 1828 et se fit avec une grande solennité par
la volonté expresse de l'évêque, qui voulait montrer par là l'intérêt que
lui inspirait cette fondation et l'importance qu'il y attachait pour
l'avenir religieux du pays [...]
C'est ainsi que, dans un petit bourg ignoré et comme perdu au
milieu des landes bretonnes, fut définitivement établie cette
communauté, fondée par une humble fille de naissance obscure et de
condition modeste, que rien, aux yeux du monde, ne paraissait
désigner pour un pareil rôle. Tant il est vrai que l'Esprit de Dieu
souffle où il veut, et qu'il est souverainement libre dans le choix des
lieux qu'il veut favoriser de ses grâces, comme dans celui des
personnes dont il veut se servir pour l'accomplissement de ses desseins
éternels.
page 37
La servante de Dieu
Mère Angélique Le Sourd
Chap. 3
Années d’épreuves
Le Père DESHAYES et le Père LELEU:
Pendant les premières années qui suivirent la profession solennelle, le développement
de la communauté fut très lent [...] Désespérant de voir la situation s'améliorer, elles
connurent le projet de se réunir à une autre Congrégation.
28
Sur ces entrefaites, le Père DESHAYES, Supérieur général des Sœurs de la Sagesse et
des Pères de la Compagnie de Marie, vint à ROCHEFORT-EN-TERRE [...] Monsieur
CORVOISIER soumit le cas au Père DESHAYES... Il vint sur place. Après avoir longuement
prié devant le Saint Sacrement en compagnie du recteur, il se rendit à la communauté et
interrogea séparément chacune des Sœurs. Cet examen lui permit de constater l'humilité
profonde et l'admirable charité qui régnaient parmi elles ; aussi, sans hésiter plus longtemps, il
leur dit: "Mes chères Sœurs, votre œuvre est l'œuvre de Dieu ; ne vous réunissez pas à une
autre Congrégation: restez ce que vous êtes." Cette parole décida du sort de la communauté
naissante : elle resta ce qu'elle était.
[...] La règle fut surtout l'œuvre de deux Pères jésuites, souvent appelés à SAINTJACUT pour les exercices de la retraite annuelle : le Père LE LEU et le Père LESTROHAN.
Les Sœurs en firent l'essai sous leur direction et l'Institut en a vécu jusqu'en 1912.
p. 41 – 42
29
II – NOTES DE MÈRE SAINT JOSEPH
SOEUR SAINT JACUT:
FONDATRICE ET PREMIÈRE SUPÉRIEURE DE NOTRE CONGRÉGATION
D'après le témoignage des personnes qui ont connu cette vénérable religieuse, toutes
les vertus ont brillé d'un vif éclat ; mais la plus remarquable fut la charité qu'elle ne manqua
jamais de pratiquer toutes les fois qu'elle en eut l'occasion, rendant service à tout le monde
sans considérer les qualités ni les conditions des personnes. (Cf dans les feuilles précédentes,
Angélique et LE CLAINCHE.)
Sous la direction de la vénérable supérieure Sœur Saint Jacut, ces pieuses filles firent
de rapides progrès dans la vertu et toute leur vie elles furent d'excellents modèles pour leurs
sœurs. On ne pouvait rien voir de plus édifiant que cette communauté. Il n'y avait qu'un même
cœur et une même volonté parmi les personnes qui la composaient. La bonne Mère remplie de
charité était admirable par la manière dont elle conduisait celles dont Dieu lui avait donné la
charge. Personne ne sortait d'auprès d'elle qu'avec joie et une volonté plus déterminée à faire
des efforts pour avancer dans la vertu ; aussi elle gagnait tous les cœurs par son humilité, sa
douceur, son affabilité envers toutes ses filles [...]
Monsieur CORVOISIER si rempli de zèle pour le salut des âmes engagea nos dignes
fondatrices à prendre des pensionnaires pour une somme très modique (180 F) afin que toutes
les familles qui n'avaient pas d'institutrices dans leur commune puissent confier leurs jeunes
filles aux sœurs de SAINT JACUT. Elles en reçurent un bon nombre. Ces jeunes personnes
étaient sous la conduite d'une maîtresse spéciale qui les faisait garder un règlement propre à
les former à une solide piété et aux connaissances nécessaires pour être utiles à la société.
LA VÉNÉRÉE MÈRE SAINT MICHEL
(Angélique Pédron)
En 1835, où la Congrégation de la Sainte Vierge fut établie dans la paroisse, les sœurs
de SAINT-JACUT furent les premières congréganistes. Sœur Saint Michel fut élue
présidente.
Monsieur CORVOISIER exigeait, de la part des fondatrices, une véritable humilité et
une grande simplicité qui en est la perfection. « Il y a, disait-il, des sœurs de la Sagesse, des
sœurs du Saint Esprit, pour vous je désire que vous soyez des filles d'humilité afin d'être de
dignes religieuses de SAINT-JACUT qui avait cette vertu a un si haut degré. »
Nos dignes fondatrices demandaient souvent à l’Esprit Saint la grâce de bien
gouverner leur langue et d'être la bonne odeur de Jésus Christ dans tous les lieux où elles se
30
montraient ; aussi, au dire des anciens de SAINT-JACUT, les paroles de ces pieuses filles
faisaient une si grande impression sur l'esprit et le cœur des personnes qui les entendaient
qu'elles servaient à les entretenir dans de bonnes et salutaires pensées pour bien du temps [...]
********
Essor de la Congrégation
Tout au long de son histoire la Congrégation a répondu aux appels venant de l’étranger
Tout au long de son histoire la Congrégation a répondu aux appels venant de l’étranger
1898 – 1911
1903 – 1934
1902
1903
1956
1960 - 2007
1961
1965 - 2009
1966
1981
1986
2009
Le Bechuanaland (Afrique du Sud)
Belgique (diocèse de Namur)
Canada
Texas
Cameroun (Afrique)
Pérou
Madagascar (Fraternité Notre Dame)
Tchad
Irlande
Mexique
Papouasie-Nouvelle-Guinée
Honduras
Dans les postes de Mission, comme dans les centres urbains ou les modestes
campagnes, on trouve les filles d'Angélique LE SOURD fidèles à leurs origines et au
charisme de leur fondatrice. Elles se consacrent sans doute à des œuvres plus diversifiées,
mais chacune, suivant l'intuition première, reste soucieuse de manifester à tous, spécialement
aux pauvres, la tendresse et la miséricorde du Père révélées en Jésus.
Parmi les témoignages reçus, voici ce qu'écrit en 1966, Monseigneur BOUSSARD,
évêque de Vannes, préfaçant l'ouvrage du Père MULLER sur la Congrégation :
«L’orientation première de la fondatrice a guidé ses filles dans leurs propres choix des
moyens d'apostolat. Elles ont préféré les petites écoles de village, les orphelinats, les
cliniques où le bon accueil est de règle, les fondations où l'on prend en charge les détresses
cachées, celles que la société oublie ; elles ont recherché les postes qu'on n'ambitionne pas. »
Dès les débuts, les Sœurs du Sacré Cœur de Jésus ont voulu cette vie humble et
cachée, cette humilité qu'elles ont reçue en testament de l'un des premiers conseillers, l'abbé
CORVOISIER : "Soyez filles d'humilité". Elles ont gardé la simplicité joyeuse qui va bien
dans le sens de l'Église servante et pauvre. C'est là un trait typique de la fidélité à l'esprit des
fondatrices et la meilleure tradition de l'Institut.
"Simplicité évangélique", c'est ce que souligne également, en 1957, le Décret de
louange de la Sacrée Congrégation des Religieux, à l'adresse des Sœurs du Sacré Cœur de
Jésus.
31
Deux nouvelles branches viennent se greffer
sur le corps congrégation
Les Filles de Sainte Marie de Gacé - Congrégation de l'Orne - se sont senties très
proches des orientations apostoliques et de la physionomie spirituelle des filles d'Angélique
LE SOURD. Ayant déjà pensé à une fusion possible avec un autre Institut, encouragées alors
par les directives conciliaires, elles ont demandé de s'adjoindre à la Congrégation. Les
démarches ont abouti en 1970.
En 1989, un nouveau bourgeon vient éclore sur le sénevé jacutais. Pour vivre dans un
dynamisme renouvelé la mission de religieuses apostoliques la Fraternité Notre-Dame Congrégation de Rennes - trois fois séculaire, sollicite à son tour la fusion avec la
Congrégation des Sœurs du Sacré Cœur de Jésus. Après un long cheminement et une
connaissance réciproque, le Chapitre général de l'été 1989 se prononce positivement et le
Décret de Rome vient légaliser notre union le 14 mars 1990.
Animées du même souffle apostolique, du même élan missionnaire, ensemble
désormais nous sommes engagées dans une même mission. Ensemble, nous œuvrons dans un
même esprit, en Église, pour l'avancée du Royaume. Ensemble, confiantes en la Providence et
en la protection de Notre Dame, nous voulons continuer cette qualité évangélique de présence
qui sait comprendre, soulager, faire renaître et grandir l'homme.
32
33
34
Le CHARISME d’ANGÉLIQUE
SPIRITUALITÉ - Mission
Le charisme d’Angélique LE SOURD est un charisme de compassion. Il est dit d’elle :
« Entre autres qualités éminentes, Angélique avait reçu de Dieu, le don précieux de savoir
consoler ceux qui étaient dans la peine.»
(Guyot p. 19)
Il existe un lien très fort entre
1 – Le charisme initial de fondation = Percevoir l’Évangile
Ce que nous pouvons appeler : le CHARISME
2 – Le charisme spirituel = Vivre l’Évangile sous cet aspect
Ce que nous appelons : la SPIRITUALITÉ
3 – Le charisme apostolique = Témoigner de cet aspect de l’Évangile
Ce que nous appelons : la MISSION
Le charisme initial
de fondation
Le charisme
Le charisme
spirituel
apostolique
« Les divers éléments : charisme, spiritualité et mission sont constitutifs du
charisme, mais le plus fondamental est sans doute la perception de la totalité de
l’Évangile sous un angle particulier ou en d’autres mots la saisie du mystère du
Christ sous un aspect particulier »
(Le Père Laurent Boisvert)
35
La mission :
Témoigner de cet
aspect
de l’Évangile
Le charisme :
Percevoir
l’Évangile sous un
aspect
La spiritualité :
Vivre l’Évangile
sous cet aspect

1 – Le charisme
Pour nous, Sœurs du Sacré Cœur de Jésus, notre visage nous a été donné dès la
fondation par Angélique et ses compagnes ; il a traversé l’histoire et nous le retrouvons
encore aujourd’hui. Notre charisme est toujours vivant. C’est notre identité SSCJ.
Angélique perçoit la totalité de l’Évangile, l’ensemble du mystère de Jésus Christ,
sous l’angle de la tendresse et de la miséricorde.
Angélique incarne ce visage évangélique, lui donne chair dans son être et son agir.
Elle devient ce visage évangélique. Dieu l’a dotée de dons qui la rendent apte à incarner sa
perception d’une façon particulière dans la société et dans l’Église et la conduit à donner
naissance à notre Congrégation. Ce visage évangélique marque son projet de vie dans toutes
ses dimensions :
* la relation à Dieu,
* la relation fraternelle,
* le service apostolique.
36
Angélique avait ce don particulier de consoler les affligés. Ce don lui permet de
déceler la misère, de la comprendre, de la soulager.
Elle se voue à réparer ce qui dans l’homme, les pauvres en particulier, a été abîmé,
démoli ou étouffé, soit au plan matériel, soit au plan social. Elle est particulièrement sensible
à la souffrance de ceux qui ignorent la présence amoureuse de Dieu dans leur vie. Elle les
pacifie en les réconciliant avec Dieu, en les faisant renaître à l’Espérance.
« Tout son superflu était employé à soulager les pauvres qu’elle considérait comme
ses frères, et en qui elle voyait les membres souffrants du Christ. »
« La Congrégation existe au sein du peuple de Dieu comme témoin de la tendresse et de la
miséricorde du Père. L’Église, en reconnaissant son charisme propre, lui donne le pouvoir de se
gouverner et d’organiser sa vie et ses activités en vue de la construction du Royaume. » (Cc. 102)
« Au sein du peuple de Dieu, notre Institut a pour mission de manifester à tous,
particulièrement aux pauvres, la tendresse et la miséricorde du Père révélées en Jésus.»
(Cc. 3)
2 – La spiritualité
De ce don particulier : perception et incarnation de ce visage de Jésus se dégage,
comme naturellement pour Angélique et ses compagnes, une manière particulière de suivre le
Christ et de vivre leur vie chrétienne et religieuse, leur vie de relation à Dieu. Nous y trouvons
le spécifique de notre Spiritualité, un chemin spirituel sur lequel nous a engagées notre
fondatrice et qui est propre à notre Congrégation.
Passages de la Parole de Dieu
« Ne crains pas je t’ai appelé par ton nom.
Tu es à moi, car tu comptes beaucoup à mes yeux.
Tu as du prix pour moi et je t’aime. »
(Isaïe 43, 1-4)
Carnet de Mère St Joseph
Je crois fermement
que je suis tellement
« J’ai écrit ton nom sur une pierre blanche, un nom que seul enveloppée de l’Amour
connaît celui qui le reçoit. »
(Ap 2, 17)
de Dieu que rien ne
« C’est moi qui t’ai aimé le premier. »
(1 Jn 4, 19)
peut me parvenir sans
« Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a
aimés le premier. »
(1 Jn 4, 10)
passer par cette
« Le bon Pasteur connaît chacune de ses brebis par son nom. » douce égide.
(Jn 10, 3)
« Comme mon Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. »
(Jn 15, 9)
J’adore sa bonté
souveraine qui de toute
« Même s’il se trouvait une femme pour oublier son enfant,
moi je ne vous oublierai jamais. »
(Isaïe 49, 15) éternité m’appela
« Va vers toi, va pour toi, vers le pays que je te ferai voir. »
(Gn 12, 1)
par mon nom
Ce parallèle ancre notre spiritualité dans la Parole de Dieu
37
Deux passages de la Parole de Dieu sont importants pour enraciner notre spiritualité de
Sœurs du Sacré Cœur de Jésus :
Jn 19, 31 – 37 : « Mais un des soldats, d’un coup de lance, le frappa au côté, et aussitôt il
en sortit du sang et de l’eau. »
Mt 11, 25 – 30 : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je
vous donnerai le repos. Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis
doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes. Oui, mon joug est facile
à porter et mon fardeau léger. »
1- La spiritualité chez Angélique et ses compagnes
repose sur trois pôles
a – Attitudes intérieures du Christ
Cette charité compatissante et réparatrice, universelle et pleine de tendresse, elle la
puise dans la contemplation du mystère du Christ, dans L’UNION et LA CONFORMITÉ à
ce même Cœur : cœur filial et compatissant qui, par son oblation et par sa DÉPENDANCE
AMOUREUSE A LA VOLONTÉ DE SON PÈRE, apporte le salut à ses frères.
Disponibilité et soumission à Dieu sont deux caractéristiques de sa spiritualité.
« Je vous consacre et vous dédie ma volonté pour vouloir à jamais ce que vous avez
voulu éternellement… » (Notes de Mère Saint Joseph)
Cette spiritualité est tournée vers le Cœur du Christ, d’où une recherche de solitude et
d’intériorité, afin de s’unir profondément, dans une prière prolongée, aux dispositions du
Cœur de Jésus ; enfin une recherche du don de soi, surtout dans l’obéissance en union avec le
Christ, Victime offerte pour le salut du monde.
Au centre de la spiritualité du Cœur du Christ, il y a la PASSION DE DIEU POUR
NOUS. Cette passion de Dieu, nous en mesurons tout le poids dans la passion du Fils pour
nous. Il est venu incarner la passion de Dieu qui est l’Amour sans fonds qui fonde le monde et
le refonde. (Christus, Au centre, la passion de Dieu, Paris, 1991, p.88)
La théologie du Cœur du Christ se doit de réaliser une approche spécifique de la
PERSONNE DE JÉSUS SAUVEUR. C’est de découvrir que ce qui anime en profondeur
l’action de Jésus, c’est cet Amour gratuit qui continue à se donner.
« Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que
le monde soit sauvé par lui. » (Jn 3, 17)
AMOUR DE DIEU
DANS LE CHRIST
- La passion de Dieu pour nous
- un humain porteur de cette passion
- dans un amour gratuit et universel
- porteur d’un amour gratuit pour nous tous
- à dimension du monde et de l’histoire
- le Vivant ressuscité pour les siècles
38
- un amour qui nous rejoint dans notre - s’offre pour incarner cet amour et nous y
humanité, compréhensible pour nous les donner accès
humains
- dans un dialogue, un partage qui fasse - faire circuler Sa Vie : avec lui créer, la
circuler SA VIE avec notre liberté favoriser là où elle est brisée.
participante
FAIRE VIVRE ET REVIVRE
ANIMER, RANIMER, RESTAURER
b – Mystère eucharistique
AIMER LE MONDE AVEC LE CŒUR DE DIEU EST UNE QUESTION DE
RELATION.
« Cette spiritualité nous invite alors à approfondir le rôle de l’homme à qui ce salut est
destiné et qui doit le communiquer. » (Claude Viard)
La spiritualité du Cœur du Christ a à voir avec le mystère pascal de Jésus :
« Je vous exhorte donc, frères, par la miséricorde de Dieu, à offrir vos personnes en
hostie vivante, sainte, agréable à Dieu : c’est là le culte spirituel que vous avez à rendre »
(Rm 12, 1)
La plénitude de Dieu nous est partagée dans le Christ :
« De sa plénitude en effet, tous, nous avons tous reçu, et grâce pour grâce. Si la Loi fut
donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ. » (Jn 1, 16-17)
«Quant à nous, aimons, puisque lui nous a aimés le premier.» 1 Jn 4,19
«Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui
ne se perde pas, mais ait la vie éternelle. » (Jn 3, 16)
Cette charité compatissante et réparatrice, universelle et pleine de tendresse,
Angélique et ses compagnes la puisent dans le Mystère Eucharistique.
« Pour attirer de plus en plus la bénédiction de Dieu sur la communauté, il fallait que
quelqu’un priât pendant que les autres travaillaient. Ce fut la pieuse Julienne Monnier,
devenue aveugle, qui fut choisie pour être la représentante de la famille religieuse devant
Notre Seigneur dans le très Saint Sacrement […] elle ne le quittait plus que pour assister aux
exercices de la communauté. »
(Notes de Mère St Joseph p. 8)
« La vénérable supérieure qui avait eu le bonheur de soustraire le très Saint Sacrement
aux profanations des impies pendant la révolution, savait qu’il n’y a point de dévotion qui soit
plus agréable à Dieu et de plus avantageuse pour nous, après la communion, que celle de faire
de fréquentes visites à Notre Seigneur Jésus Christ, encourageant sa chère compagne […] »
(Notes p. 8)
39
c – La dévotion à Marie
Elle (Angélique) se tourne vers MARIE, vers son Cœur Immaculé le plus parfaitement
conforme au Cœur de Jésus par son obéissance, sa charité, son humilité.
« L’Immaculée Mère de Dieu leur obtint cet esprit d’union et de concorde qui faisait la
consolation des supérieures. »
(Notes p. 11)
« Toutes les fois qu’il y avait quelques difficultés dans la communauté, on allait à
Notre Dame du Pont d’Arz et toujours on obtenait plus qu’on en avait demandé. »
(Notes p. 8)
« Marie est contemplée comme inséparable de Jésus dans le mystère rédempteur. La
dévotion se tourne volontiers vers l’âme de Marie, son Cœur immaculé, le plus parfaitement
conforme au Cœur de Jésus. »
« Dès les premiers jours de leur réunion, les premières sœurs de Saint Jacut avaient
choisi la très Sainte Vierge pour leur Supérieure générale et perpétuelle et lui avaient fait en
conséquence une donation pleine et entière de leurs personnes, de leur communauté et de ce
qu’elles possédaient. »
"Notre spiritualité s'enracine dans l'union au Cœur de Christ. Notre vocation nous invite à Le
contempler sans cesse dans son amour filial et fraternel. Il est pour nous source de charité
miséricordieuse et universelle et nous attendons de Lui toute la vigueur de notre vie consacrée.
Pour Angélique et ses compagnes Dieu est présent en tout et partout comme un DieuAmour. Femmes de foi, elles ont vécu leur appel dans la confiance et l'abandon à la Providence. Leur
vie est marquée par la simplicité, l'humilité et la disponibilité.
L'Eucharistie demeure centre de notre vie consacrée, communautaire et apostolique. La
Vierge Marie, si intimement associée au mystère du salut est tout particulièrement vénérée dans la
Congrégation. "(Cc 5)
2 - Notre spiritualité se nourrit de la prière
Le N° 5 des Constitutions des Sœurs du Sacré Cœur de Jésus nous met au cœur de la
relation à Dieu qu’exprime la prière.
Découvrir et contempler Jésus en prière, nous montre le chemin de cette
relation.
«Jésus priait sans cesse. Dans l’accomplissement de sa mission, Il demeurait toujours uni à son
Père. Par là, il nous enseigne que toute vie donnée est communion profonde avec Dieu. Par l’Esprit
Saint qui prie en nous, notre vie est adoration et union au Cœur du Christ filial et fraternel. » (Cc
38)
La prière, est un mouvement de notre être vers Dieu.
Nous sommes invités à nous mettre à son écoute, à Le chercher, Le
contempler, à nous unir aux dispositions de son Cœur, à nous laisser
façonner par l’Esprit.
Les Ecritures sont au cœur de cette vie, elles sont lues, méditées,
approfondies, partagées, priées, contemplées.
40
L’Eucharistie nous place au cœur du Mystère Pascal toujours présent dans
la vie des hommes de tout temps, ancre de notre foi.
« Chercher Dieu dans la prière et dans l’action est l’expression d’un unique amour qui,
progressivement, imprègne notre vie de charité, de joie, de paix. Cette transformation est l’œuvre de
l’Esprit. » (Cc 45)
« Marie, Mère de Dieu et de l’Eglise, soutient notre prière et notre espérance. Par toute sa vie, elle est
un exemple de disponibilité à l’Esprit. » (Cc 46)
La prière d’Unité permet de vivre une communion avec chacune des Sœurs du Sacré Cœur
de Jésus et avec les Chrétiens Associés. Elle est priée le vendredi soir.
3 – La mission
La mission comprend deux aspects :
- témoigner de la tendresse et de la miséricorde de Dieu,
- par une qualité de présence et par un agir.
Angélique témoigne par son être, ses œuvres, ses activités et sa
parole, de cet aspect de l’Évangile, de ce visage de Dieu. Ce faisant, elle
l’annonce, le fait connaître. C’est sa Mission !
« La contemplation du Cœur du Christ filial et fraternel demeure la source d’un amour
préférentiel qui veut aller jusqu’au don total. » (Cc 20)
« Ayant nous-mêmes été saisies par le Christ, nous apprenons de Lui à aimer comme Il a
aimé, d’un amour proche, gratuit, universel, allant jusqu’au don de sa vie. » (Cc 18)
a – Angélique est témoin du Dieu Amour par ce qu’elle est
Angélique incarne auprès des personnes de son milieu et de son temps,
particulièrement auprès des pauvres, la présence de JÉSUS MISÉRICORDIEUX ET
COMPATISSANT.
« Les gens du pays se tournaient tout naturellement vers elle, dans toutes leurs peines
d’esprit et de corps, assurés de sa discrétion et de son aide.
En un mot elle était la Providence visible de tous ceux qui souffraient ou qui étaient
dans le besoin. »
(Guyot p. 15)
b – Angélique a aussi été témoin de tendresse et de bonté par des actions concrètes
Il est dit qu’Angélique était hantée par les misères physiques et morales et qu’elle
rêvait sans cesse aux moyens de porter remède à ces maux engendrés par la Révolution.
(Manuscrit p. 19)
Elle comprit que les prêtres auraient besoin d’être aidés à « ranimer la foi et restaurer
les mœurs. »
(Manuscrit p. 20)
41
"Appelées dans cet Institut, nous participons à la mission du Christ. » (Cc 6)
« Au sein du peuple de Dieu, notre Institut a pour mission de manifester à tous, particulièrement aux
pauvres, la tendresse et la miséricorde du Père révélées en Jésus. "
(Cc 3)
"Nous voulons là où nous sommes envoyées, vivre une qualité de présence qui permet aux personnes
de renaître, d'accéder à leur dignité de fils et de filles de Dieu […] Qu’à travers notre vie, chacun
sente que le Père l'aime avec tendresse et vérité. " (Cc 6)
"Comme elles, nous sommes appelées à demeurer sensibles à la misère de ceux qui sont dans le
besoin, à chercher sans cesse les moyens d'y porter remède, à nous engager avec audace et créativité
dans l'œuvre de ranimer la foi et de restaurer les mœurs." (Cc 56)
« Dieu est Amour, c’est le cœur du message évangélique.
Manifester à tous la tendresse et la miséricorde du Père révélées en Jésus,
c’est là notre héritage spirituel
que l’Esprit nous appelle à garder vivant pour l’Église et le monde. »
(Cc 172)
PRIÈRE D'UNITÉ
Jésus, Verbe de Vie, Verbe fait chair,
Tu es proche des humbles et des petits.
42
O Toi dont le Visage de tendresse
révèle le Père, Source de l'Amour,
Prends-nous dans ta louange.
Jésus, Fils du Père, Sauveur du monde,
Tu guéris de toute maladie.
O Toi dont le Cœur ouvert
offre l'eau vive à l'humanité blessée,
Prends-nous dans ton offrande.
Jésus, Mort et Ressuscité,
Tu es notre Espérance.
O Toi en qui s'accomplit
la prière d'unité pour ton Eglise,
Prends-nous dans ton intercession.
Jésus, Envoyé du Père,
par ton Esprit, tu introduis au Royaume.
O Toi qui allumes, au cœur du pauvre,
ta passion d'amour et de paix,
Prends-nous dans ta mission de miséricorde.
Jésus, que par Toi, avec Toi et en Toi,
avec la Vierge Marie et Angélique,
notre vie entière devienne hymne d'humilité,
à la plus grande gloire de Dieu
pour les siècles des siècles.
AMEN.
Maison Généralice - Nov. 1985
43
Les Associés des Sœurs du Sacré Cœur de Jésus
A - QU’EST-CE QU’UN ASSOCIÉ ?
44
L’Associé est un chrétien : ministre ordonné, marié, veuf (ve), célibataire, qui vit dans
le quotidien un ministère, une vie de couple, une vie familiale, une vie professionnelle, des
relations amicales, des engagements professionnels ou de bénévolat, une vie ecclésiale. Donc
qui est bien engagé là où il est.
Nous lisons dans la charte des Associés : c’est mieux vivre ce que nous avons à vivre,
le vivre autrement, à une autre profondeur, dans une autre lumière. C’est mettre toujours plus
d’amour, fait de tendresse et de miséricorde, dans les gestes les plus ordinaires de notre vie de
tous les jours.
L’engagement n’est pas de l’ordre de choses à faire, de responsabilités et de charges
supplémentaires. Cet engagement va seulement - et c’est beaucoup – donner un " souffle", un
sens nouveau, une coloration évangélique à tout ce que nous vivons et faisons déjà.
B - VIVRE EN ASSOCIÉS
ou AMIS des SŒURS DU SACRÉ CŒUR DE JÉSUS
►
C’est choisir de vivre sa vie selon un "esprit" : un esprit qui inspire, guide la
manière de vivre au quotidien. Cet esprit qui va se nourrir de la spiritualité du Cœur du
Christ filial et fraternel, qui est tout amour pour les hommes ses frères et tout amour pour
son Père. Pour cela, la nécessité d’approfondir la vie de Jésus, de la contempler, va s’imposer,
pour se laisser habiter de l’amour même qui inspirait toutes ses actions et relations, avec ses
frères les hommes, et Dieu son Père. C’est vivre à la manière de Jésus, c’est faire sien l’esprit
qui l’animait, c’est faire sien l’esprit dans lequel se sont engagées à vivre les Sœurs du Sacré
Cœur de Jésus.
►
C’est choisir de vivre un aspect évangélique de la vie de Jésus, celui même des
Sœurs du Sacré Cœur de Jésus : "Manifester à tous, particulièrement aux pauvres, la
tendresse et la miséricorde du Père, révélées en Jésus. " Donc, c’est cultiver en soi le désir et
la volonté profonde de vivre toutes les actions, les relations, les engagements que nous avons,
avec la tendresse et la miséricorde dont la vie de Jésus était imprégnée. Tendresse et
miséricorde qui ont marqué ses contemporains, et en particulier, les sans défense, les rejetés
de la société. Tendresse et miséricorde qui seront toujours à découvrir dans l’Évangile, dans la
contemplation du Cœur de Jésus. Ceci entraîne l’approfondissement de l’Évangile et la prière
dans nos vies.
►
C’est choisir de traduire, très concrètement, cet esprit et cet aspect évangéliques à
la manière de Jésus Christ, dans une grande proximité aux autres, dans un style de vie
simple, dans un travail et des relations qui visent à la promotion des personnes, à leur
permettre de rester debout, à les faire grandir et accéder à leur dignité d’hommes, de femmes,
de fils et filles de Dieu. Et cela dans une qualité de présence pour faire naître l’amour, la
justice, la paix.
45
►
C’est choisir de vivre un engagement dans une communion avec la Congrégation
des Sœurs du Sacré Cœur de Jésus : les chrétiens, dans l’état de vie qui est le leur, les
sœurs, dans la vie religieuse apostolique.
►
C’est vivre les temps forts proposés.
►
C’est s’aider ainsi mutuellement à vivre notre vie de foi, nos engagements
réciproques.
►
C’est pour chacun, là où il est, un stimulant pour sa propre vie chrétienne.
C – L’ENGAGEMENT
* Déjà engagés dans cette communion, ceux qui le souhaitent peuvent librement poser un
acte personnel d’engagement, dans une grande simplicité et la confiance.
* Cet engagement se fait devant d’autres chrétiens et des membres de la Congrégation, en
présence de la Responsable provinciale ou de sa déléguée, afin de confirmer le choix de vivre
selon l’esprit des Sœurs du Sacré Cœur de Jésus.
* Ce n’est pas un engagement pour la vie. Au départ, il est pour une durée de un an. Il
peut être renouvelé chaque année ou tous les trois ans. Il peut être annulé en tout temps, sans
avoir besoin d’en spécifier les raisons, mais après avoir prévenu la Responsable provinciale.
* Les personnes qui souhaitent rester Amis des Sœurs du Sacré Cœur de Jésus et
poursuivre la réflexion en équipes, peuvent exprimer leur désir, au sein du groupe, au cours
d’un week-end.
Quel que soit le choix, la vie quotidienne de chacun est colorée de la spiritualité, du
charisme et de la mission des Sœurs du Sacré Cœur de Jésus.
D - LA FORMATION
L’objectif premier de la formation est de permettre à des chrétiens de vivre leur état
de vie de baptisés en Eglise et en communion avec la spiritualité des Sœurs du Sacré Cœur de
Jésus.
Cette formation comporte trois éléments essentiels :
►
Une étude de la spiritualité, du charisme d’Angélique LE SOURD et les grands traits
de l’histoire de la Congrégation.
►
Un approfondissement de la vocation baptismale de tout chrétien, à partir de thèmes
choisis en groupe et avec la formatrice nommée par le Conseil Provincial.
►
Une participation active à la vie de l’Eglise.
Chaque groupe est en lien avec une communauté dont l’une des sœurs sera plus
particulièrement chargée d’assurer le suivi en lien avec le Conseil Provincial.
46
Le rythme des rencontres est déterminé avec la communauté.
Un comité, composé de Sœurs et de Chrétiens Associés, assure l’ensemble de la coordination.
Deux fois par an, tous les groupes sont invités à un temps de réflexion avec la Formatrice.
La rencontre se fait, au moins une fois par an, à la Maison Mère, à Saint-Jacut-les-Pins.
Voici concrètement ce qui est proposé pour le moment
Pour la formation sur la spiritualité et le charisme :
La spiritualité des Sœurs du Sacré Cœur de Jésus
La Miséricorde (Encyclique de J.P. II)
Le Christ filial et fraternel
Marie
Pour la formation de la vocation baptismale :
Le Baptême
La Confirmation
L’Eucharistie
Pour la formation à la vie de l’Eglise :
Saint Paul
L’Église
D’autres documents ecclésiaux pourront être choisis à l’avenir.
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Formule d’engagement des Associés
Tous ensemble :
En réponse à l’appel de Dieu « présent en tout et partout comme un Dieu
Amour »,
Chacun :
moi N…
Tous ensemble
… je désire vivre ma mission de baptisé en communion avec les Sœurs du Sacré
Cœur de Jésus et leurs Associé(e)s, à la suite d’Angélique Le Sourd, la Fondatrice.
Dans l’esprit de la charte des Chrétiens Associé(e)s, je m’engage, pour un an, à
vivre ma vie chrétienne selon la spiritualité du Cœur du Christ filial et fraternel.
Je veux vivre le charisme de tendresse et de miséricorde, au sein de l’Église et
dans le quotidien de ma vie en m’unissant aux dispositions du Cœur du Christ, en me
laissant conduire par l’Esprit et en me faisant proche des personnes les plus démunies de
notre monde. Pour avancer chaque jour, sur ce chemin d’union au Christ, je compte sur
la prière des Sœurs du Sacré Cœur de Jésus, celle de mes frères et sœurs déjà engagés et
celle de toute l’Église.
premier renouvellement de l’engagement
En réponse à l’appel de Dieu « présent en tout et partout comme un Dieu
Amour »,
moi N
… je désire continuer à vivre ma mission de baptisé en communion avec les
Sœurs du Sacré Cœur de Jésus et leurs Associé(e)s, à la suite d’Angélique Le Sourd, la
Fondatrice.
Je renouvelle mon engagement à vivre selon notre charte d’Associé(e)s le
charisme d'amour, de tendresse, de miséricorde avec toute personne et particulièrement
les plus démunis de notre monde.
Pour vivre dans le quotidien ma relation au Christ filial et fraternel, je compte
sur la prière des Sœurs du Sacré Cœur de Jésus, celle de mes frères et sœurs déjà
engagés et celle de toute l’Église.
FORMULE DE RENOUVELLEMENT
Nous renouvelons souvent notre engagement par la formule suivante :
48
Je renouvelle mon engagement à vivre selon notre charte d’Associé(e)s le charisme
d'amour, de tendresse, de miséricorde avec toute personne et particulièrement les plus
démunis de notre monde.
49
CONCLUSION
Groupe
Groupe
SSCJ
ASCJ
POUR UNE MÊME MISSION, CHACUN SELON SON IDENTITÉ,
DANS LE MONDE ET DANS LE PEUPLE DE DIEU
1 – UN DIEU POUR LA VIE
Notre source première est un Dieu dont la passion est que le monde vive de sa Vie.
(Eph.l, 4 ; Jn l7, 24) et aie la Vie en abondance (Jn 10, 10). Nous sommes appelé(es) à
découvrir et à rencontrer :
UN DIEU PRÉSENT ET AGISSANT EN TOUT ET PARTOUT
COMME UN DIEU – AMOUR
2 – A LA SUITE DU CHRIST-COMPASSION
Jésus Christ vient réaliser ce projet - intimement uni au Père, (filial)
- en notre faveur, (fraternel)
- dans sa Vie, sa Mort et sa Résurrection.
« Notre vocation s'inscrit dans l'histoire de la miséricorde du Père révélée en Jésus, et
qui se manifeste d'âge en âge. » (Cc. 2-3)
Aspect d'Évangile qui exprime toute la personne et la mission du Christ symbolisée
par son cœur.
3 – A LA MANIÉRE D’ANGÉLIQUE LE SOURD
La grâce particulière que l'Esprit fit à Angélique fut de se révéler tendresse et
miséricorde à travers son être et son agir, comme par instinct naturel. Sa vie dit qu'elle s'est
sentie appelée avec le Christ dans la passion du Dieu de la Vie pour les humains.
Nous voulons comme elle, avec audace et créativité, donner notre vie pour favoriser,
ranimer, restaurer la Vie là où elle est menacée, brisée, démolie pour aider la personne à
renaître et à retrouver sa dignité de fils et de fille du Père.
50
LA MEME SOURCE
Quelle est cette grâce fondatrice ?
Dans ses courses charitables, Angélique HANTÉE par la misère humaine et morale d'après
révolution... qui RÊVAIT sans cesse aux moyens d'y porter remède MANIFESTE DANS
SON ÊTRE ET SON AGIR LA MISÉRICORDE DU PÈRE RÉVÉLÉE EN JÉSUS.
- C'est la saisie de cet aspect de l'Évangile qui inspire la lecture des signes de son temps.
- C'est cette sensibilité évangélique qui la fait rencontrer Dieu en tout et partout comme un
Dieu- Amour en TOUTE VIE À RANIMER ET À RESTAURER.
- Cette miséricorde, elle l'incarne d'une manière qui lui est propre dans une suite du Christ
pleine de CONFIANCE et D'ABANDON (disponibilité au projet du Père). C'est la dimension
FILIALE de sa relation au Père, dans le Christ.
Dans la proximité (de ses frères et de la société d'alors blessés et dans les ruines
humaines et spirituelles laissées par la Révolution, elle actualise la dimension
FRATERNELLE de sa relation à Dieu.
- « Nous participons à cette grâce… » (Cc.6)
- C'est notre chemin commun pour laisser Dieu être présent et agissant dans notre vie. C'est
notre manière de vivre la tendresse et miséricorde du Cœur du Christ. L'important c'est de
rester fidèle à ce visage du Christ (charisme) à travers les transformations pour le vivre
aujourd'hui.
La figure évangélique, à l'origine d'un Institut, se révèle comme une expérience de
l'Esprit, transmise aux disciples, pour être vécue par ceux-ci, gardée, approfondie et
développée constamment en harmonie avec le Corps du Christ en croissance perpétuelle.
(Mutuae relationes, 11B).
Notre histoire nous dit :
C'EST LÀ QUE DIEU L'ATTENDAIT (Guyot)
CEST LÀ QUE DIEU NOUS ATTEND ENCORE.
51
Bibliographie
1 - Religieux et chrétiens associés, leurs relations mutuelles
Session du Centre Sèvres 1997 - 1998
Editions : Médiasèvres 1998
2 – Les Laïcs Associés
Participation de laïcs au charisme d’un Institut Religieux
Père Michel Dortel-Claudot, s.j.
Editions : Médiasèvres 2001
3 – La Congrégation des Sœurs du Sacré-Cœur de Jésus de Saint-Jacut
A. Guyot (Ancien curé-doyen de Malestroit)
Editions : Lafolye Frères, Editeurs 1921
4 – Notes de Mère Saint Joseph
Archives de la Congrégation
5 – Livret : Angélique Le Sourd (1767 – 1835)
Travail réalisé par Sœur Germaine Audiger S.S.C.J.
6 – Images tirées de l’album de Congrégation :
Quand l’audace d’aimer s’empare d’une femme
Angélique Le Sourd ; Fondatrice des Sœurs du Sacré Cœur de Jésus
Collection « Les Origines »

Livret réalisé par le Comité Chrétiens Associés des Sœurs du Sacré Cœur de Jésus,
de la Province de France
En l’anniversaire
de fondation de la Congrégation
le 25 avril 2010
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