Gratuit - InterMédia
Transcription
Gratuit - InterMédia
25.09.2013 N° 1223 + d’infos sur www.intermedia.fr MARKETING / COMMUNICATION / MÉDIAS EN RHÔNE-ALPES M A G A Z I N E DOSSIER Le turnover, la bête noire des agences indépendantes Agence Agences SPÉCIAL GRAND TÉMOIN « Le marché américain est très régionalisé et ne se résume pas aux métropoles » David Harries est président de Ryan+Deslauriers ENQUÊTE Mais où sont passées les stars lyonnaises ? En poster, les 100 premières agences de Rhône-Alpes ÉDITO Par Julie Druguet MARKETING / COMMUNICATION / MÉDIAS EN RHÔNE-ALPES Le Challenge 58, avenue Debourg 69007 Lyon Tél. 04 72 84 45 55 Fax : 04 37 57 54 96 Mail : [email protected] Éditeur : InterMédia Sarl au capital de 37 579 €. Siren : 325 694 909. Directeur de la publication : Jacques Simonet. Rédactrice en chef : Julie Druguet. Rédaction : Jérémy Chauche, Michel Texier, Yann Petiteaux, Charlotte Vincent, Jean-François Pibre, Antoine Aupart. Service commercial : Pascal Leby, Delphine Haméon-Taton et Étienne Mayaux. Agence photo : Alpaca (Lyon). Maquette : ProEdito (Paris). Mise en page & infographie : Frédéric Morel / mfredpao! (Villeurbanne). Impression : Imprimerie Brailly (Saint-Genis-Laval). Dépôt légal : à parution. Abonnement : voir p. 25 www.intermedia.fr www.facebook.com/ intermedia.fr Ce numéro comporte : • un poster entre les pages 22 et 23 sur les 100 premières agences de Rhône-Alpes en 2012. Moi petit patron d’agence ! Moi grand chasseur de talents... V oici la 8e parution du Magazine de septembre traditionnellement consacré aux agences de communication*. Cette année, nous nous sommes attachés au personnel des agences qui a bien évolué en trente ans. Et d’ailleurs y a-t-il encore des stars comme dans les années 80 ? L’enquête de Michel Texier (lire p 20) montre que plus une seule tête ne dépasse ou presque. La faute à la communication multicanal qui a dilué la paternité des campagnes. La faute aussi à la crise et aux restructurations qui ont souvent vu partir les meilleurs. Un turnover infernal. çaises. Les patrons s’épuisent à fidéliser les talents. La génération Y ne leur facilite pas la tâche (p 28). Sus aux pointures ! Mais certaines agences font fi de la crise. Elles ont besoin de profils pointus pour servir d’importants projets de développement. Ainsi MNSTR a fait passer son effectif de 23 à 34 salariés en un an (p 10). Recrutements aussi chez Brandelet+Devineau, l’agence constituée par Hervé Devineau avec Christophe Brandelet qui séduit les marques de luxe (p 10). Notre grand témoin, un Canadien, pronostique le redémarrage des embauches dans les agences à l’image de ce qui se passe outre-Atlantique (p 34). Patron de Ryan+Deslauriers (Montréal, Orlando et Dallas), David Harries bourlingue depuis 30 ans entre le Canada, la côte Est et la Floride. De quoi le mettre aux avant-postes de ce marché nord-américain qui fascine toujours les Européens. « Avec la reprise, la chasse aux talents est très active, assure-t-il. Car plus que jamais, les agences ont besoin de stratèges et de créatifs ; c’est leur valeur ajoutée ». v « On ne peut pas faire de vieux os en agence, sauf comme patron » Cette crise, le personnel des agences la ressent depuis cinq ans. Le tassement des budgets a poussé les directions à mettre la pression à des équipes moins bien payées (p 22). Pas étonnant que certains imaginent une vie plus douce chez l’annonceur. « On ne peut pas faire de vieux os en agence, sauf comme patron. D’ailleurs, je ne connais pas de directeur de clientèle de 50 ans », assène Philippe Hassel dircom d’Apicil (p 6). Résultat : le turnover stagne à un niveau record (30 %) et devient la norme dans les agences fran- * Les précédentes éditions sont encore disponibles sur notre boutique en ligne (www.intermedia.fr). n° 1223 I 25 septembre 2013 I InterMédia Magazine I 3 SOMMAIRE SPÉCIAL AGENCES REPÈRES 06. EN MOTS Petites et grandes phrases de professionnels du monde des agences. 08. EN TÊTES Christophe Fillâtre redonne du tonus à Publicis Rhône-Alpes. 10. ENTREPRISES LA SURPRISE Brandelet+Devineau séduit les grandes marques de luxe. 12. ANALYSE Didier Lavanant La publicité dit-elle la vérité ? 13. LA GALAXIE DE Being (groupe TBWA). 14. EN SUITE L’IMAGE 2013 OnlyLyon, une campagne pleine de communicants. 16. TRIBUNE Xavier Pangaud « Internet : le prix de l’image gratuite » 17. ELLE L’A DIT… ELLE L’A FAIT Maud Cornu «Je voulais lancer une hotshop créative à Lyon». 18. EN CHIFFRES Les investissements publicitaires se stabilisent 20. ENQUÊTE Mais, où sont passées les stars lyonnaises ? La publicité s’est fondue dans la communication multicanal. Ses stars aussi. Restent quelques starlettes qui ont plutôt remisé leur ego. Et préfèrent jouer le rôle de chef d’équipe que celui de vedette. 4 I InterMédia Magazine I n° 1223 I 25 septembre 2013 La mangue d’Oasis escalade la Croix-Rousse. Les visuels de cette campagne étaient adaptés aux 14 villes dans lesquelles ils étaient placardés. « Le marché américain est très régionalisé et ne se résume pas aux métropoles ». David Harries, qui bourlingue depuis 30 ans dans les agences d’Amérique du Nord, analyse un marché qui a toujours fasciné les Européens. DOSSIER 22. Agences indépendantes La difficile chasse aux talents Avec un turnover de près de 30 %, les patrons d’agences indépendantes s’épuisent à recruter sans cesse de nouveaux collaborateurs. Un problème qui pénalise leur fonctionnement. Jeu talennte 26 [ REPORTAGE ] Des locaux agréables pour des équipes en forme. 28 [ FOCUS ] Comment manager les jeunes pros ? 30 [ ANALYSE ] Intégrer une major fait toujours rêver. 32 [ OUI/NON ] Les petites structures fragilisent-elles le marché ? INDEX © E. Soudan LES MÉTIERS DES AGENCES Des sièges agréables pour des équipes au taquet. De l’ancienne usine de bijoux à la yourte en bois, petit tour des locaux des agences de la région. « Je voulais lancer une hotshop créative à Lyon ». Fondatrice d’Elvis, Maud Cornu explique pourquoi elle a quitté les grandes agences, leurs réunions stériles et leurs présentations ronflantes. HORIZONS 34. GRAND TÉMOIN Les principales agences citées 1ère Position Directeur de création. Acti 14, 21, 24, 28 Agence Interactive 24 Album 27 Apache 21 Arc 10, 18 Directeur artistique (DA). BDDP 8 Being 13, 18, 20, 21, 28, 30 Bergson Productions 38 Bolero 14, 24 Bolero Agence Interactive 14 Bosphore 27 Brainstorming 21, 27 Brandelet+Devineau 10, Il supervise toute la création d’une agence et dirige les CR (concepteurs-rédacteurs) et les DA (directeurs artistiques). C’est l’homme des images : il met en images des messages publicitaires à partir des axes de campagne définis avec le client. Il travaille généralement en binôme avec un concepteurrédacteur, avec qui il forme un team créatif. Concepteur-rédacteur (CR). C’est l’homme des mots et des concepts. Il conçoit et rédige des messages publicitaires. Planeur stratégique. Il sonde l’air du temps et observe les nouvelles tendances, pour orienter les stratégies de communication d’une marque et assister les créatifs. Directeur de clientèle (du développement). Sa mission David Harries « Le marché américain est consiste à faire connaître l’agence afin qu’elle soit sollicitée par un maximum d’annonceurs. Il gère aussi les budgets des clients déjà acquis. 38. + ET - Directeur de fabrication. très régionalisé et ne se résume pas aux métropoles ». TOPS et FLOPS des campagnes de l’année. 40. IDÉES Il encadre une équipe de techniciens, avec l’objectif de réaliser des supports de communication print, TV ou radio. AFFICHAGE Des panneaux avec lesquels on peut dialoguer. INNOVATION Acheter ce que l’on voit à la télé. Développeur. Il réalise et développe 42. DÉBLOQUE-NOTES peut œuvrer pour les agences ou directement pour les annonceurs. Des notes sur tout ce qui débloque. 14 des outils digitaux (sites, applications). Free-lance. Travailleur indépendant qui 17, 21, 27 CA Com 18 Cap Cross 27 Capricorne 20 Caracas 14 Communiquez 8, 18, 38 Conversationnel 6 Corrida 14 CoSpirit Media Track 23, Coxinélis Création d’Images Cyca 24, 28 27 14 21 Diplomatic-Cover 21 Dissidentia 8 Dufresne Corrigan Scarlett 20, 21 Ekno Elvis Eolas Esprit des Sens Et Compagnie Euro Advertising Euro RSCG 8 17, 20 24 6, 8, 14 38 20 17, 20 Front de Neige 27 GL Events Go Graph 38 27 Havas 360 18, 20, 24, 26, 30 Hula-Hoop 10 Insign 8 Japa 10 J’Articule 27 Je vais le dire à ma mère 18 Jump 20, 21, 32 Le Feu au Lac ! Les Distilleurs 27 18 Marcel (Paris) Market Place Mayflower McCann Erikson Melbourne MGA MNSTR 38 38 27 21 21 20 10 Native 18, 24 Naturine 10 Nouveau Monde DDB 6, 20, Novius 21, 26 23, 24, 28 Ocre Jaune communication 16 Package 8 Pamplemousse 14 Pemaco+Caracas 14 Publicis et Publicis Activ 8, 18, 20, 21, 23, 24, 30, 35, 38 Solvius conseil Starfactory TBWA Théra Trenta Valcom 32 38 13, 24, 30 8 14 10, 27 n° 1223 I 25 septembre 2013 I InterMédia Magazine I 5 MOTS Petites et grandes phrases de professionnels du monde des agences. « Je n’ai plus de client capable de payer 15 K€ pour une conférence de presse. » CRISE Olivia Cuir, dirigeante de l’agence Esprit des Sens (Hebdo InterMédia du 5 juin 2013) « Il est difficile de convaincre les annonceurs de nous confier leurs campagnes globales quand on est trop marqué digital. » IMAGE Robin et Arnault Coulet, directeurs associés de l’agence Conversationnel (Hebdo InterMédia du 17 avril 2013) « Ces dernières années nous ont montré qu’il fallait être très actifs sur le terrain et créatifs. Nous devons toujours avoir une époque d’avance. » PIONNIER Franck Solomiac, directeur de DDB Nouveau Monde (Hebdo InterMédia du 12 juin 2013) « Il est difficile de rester en agence toute sa vie, car c’est un milieu très jeune, où on travaille en permanence dans le court terme. » © Sonia Barcet PLAN DE CARRIERE « On ne peut pas faire de vieux os en agence, sauf comme patron. D’ailleurs, je ne connais pas de directeur de clientèle de 50 ans. » LUCIDE Philippe Hassel, directeur de la communication externe chez Apicil (Hebdo InterMédia du 20 février 2013) Marielle Gobron, directrice de la communication à la Cité du design (Hebdo InterMédia du 30 janvier 2013) « S’ils excellent maintenant dans le community management, les professionnels des relations publiques, formés à manier mots et idées, doivent encore apprendre à s’exprimer en image. » ÉDUCATION Stéphane Billiet, président de l’agence We agency (Stratégies n° 1715, 14 mars 2013) 6 I InterMédia Magazine I n° 1223 I 25 septembre 2013 « J’ai appris, en tant que patron d’agence, qu’il était essentiel de compter sur des créatifs et stratèges brillants, mais aussi sur des collaborateurs qui agissent en temps et en heure, avec précision, fiabilité, organisation, à tous les stades des processus. » COLLECTIF Marc Drillech, directeur général d’Ionis Education Group (Stratégies n° 1725, 30 mai 2013) SABBAT David Faure fait du capital développement. Depuis qu’il a cédé en mai les rênes du Groupe Insign à Lionel Cuny, David Faure profite de la vie. Il voyage pour son agrément sans négliger les opportunités d’affaires. Pour l’heure, il a commencé à investir en France dans des start-up, pas franchement digitales (une entreprise de béton, une autre de restauration événementielle). Il reste administrateur d’Insign dont le fonds Evolem est désormais l’actionnaire majoritaire. HAUTEUR Olivia Cuir gère le Skyroom. Ce beau lieu événementiel est situé au sommet de la tour Oxygène à Lyon et accueille les partenaires prestigieux d’OnlyLyon (Renault Trucks, ERDF, Sonepar...). Le design est signé Esprit des Sens et la directrice de l’agence, Olivia Cuir, est aussi en charge de la recherche de nouveaux partenariats. Focus sur quelques professionnels qui se sont distingués cette année au sein des agences de Rhône-Alpes. TÊTES L’HOMME DE L’ANNÉE Christophe Fillâtre redonne du tonus à Publicis Rhône-Alpes Fin 2011, la situation de Publicis Activ Rhône-Alpes est exécrable. Le réseau régional du n° 1 en France est éprouvé par le départ d’un patron emblématique, Robert Bourvis. Son jeune successeur, Olivier Reffo, ne fera pas de vieux os. Publicis Lyon traîne l’image d’une grosse agence, peu dynamique, qui se contente de fidéliser sans innover. L’agence d’Annecy voit son activité fondre. Idem pour Clermont-Ferrand. Maurice Lévy doit enrayer le déclin. Il donne carte blanche à un fidèle : Christophe Fillâtre. AMBITIONS Sébastien Cacitti et Aurélie Gilles créent Dissidentia. Ces deux anciens du groupe Insign (Lyon) viennent de fonder une agence spécialisée dans la création de marques, le branding et le naming. Dissidentia se trouve dans les locaux d’Ekno, avec qui elle travaille sur plusieurs dossiers. Parmi ses premiers clients : Sanofi Pasteur et Danone. Christophe Fillâtre DESIGN ET PUB. L’homme est réputé pour ses talents de manager, qu’il a su démontrer pendant 20 ans au plus haut niveau du groupe. Christophe Fillâtre est aussi apprécié pour sa double culture : publicité et design. Arrivé de BDDP pour gérer le budget Renault, il accompagne l’annonceur dans ses plus grandes 8 I InterMédia Magazine I n° 1223 I 25 septembre 2013 campagnes : « Et si le vrai luxe c’était l’Espace ? », ou « Elle a tout d’une grande » pour la Twingo. En 2005, il prend la direction de Carré Noir, l’agence de design de Publicis. « J’ai une forte sensibilité pour le design. Et finalement, entre la pub et le design, la problématique est semblable : comment se distinguer par une identité forte ? », détaille Christophe Fillâtre. LA BONNE RECETTE. En Rhône-Alpes où il passe dès lors la moitié de son temps, le nouveau président commence par réorganiser les équipes. En 2011, il confie à Éric Guilloux, DG de Publicis Soleil, le poste de vice-président délégué. Et il rajeunit la direction en recrutant Thibaut Gressin (ex-Euro RSCG Reims), 35 ans, qui prend la tête de l’agence lyonnaise. Les coûts sont allégés avec une réduction de l’équipe d’Annecy, qui ne compte plus que 7 permanents. Clermont-Ferrand est fermée, faute de business. « Les marchés régionaux sont très compliqués. Les gros budgets se font plus rares sur ces zones », explique Christophe Fillâtre. Autre métamorphose : le digital. Publicis fait une belle opération de croissance externe en rachetant Diplomatic Cover, un pure player lyonnais réputé pour sa créativité. Les équipes se mélangent autour d’un open-space réunissant 30 créatifs venant du web, du print et du design. Résultat : Publicis Activ gagne de beaux budgets notamment V33, Casino Shop, Spar, Fruiss ou L’Eau Vive (magasins bio). v CV PERSÉVÉRANCE Georges VerneyCarron quitte la scène publicitaire Même les meilleures carrières ont une fin. À 69 ans, le doyen des patrons d’agences de Rhône-Alpes vient de quitter la présidence du groupe Communiquez qu’il a vendu cet été au groupe GL Events. Connu en France comme un grand défenseur de l’art contemporain, Georges Verney-Carron devrait s’investir désormais dans le projet de Fondation pour l’art contemporain porté par Olivier Ginon, le PDG de GL Events. Pour « Jo » Verney-Carron, tout avait commencé en 1971 par la création de l’agence Provecteur puis en 1974 de l’agence Francom en association avec son épouse, Florence. Dans les années 80, ils furent un couple vedette de la communication lyonnaise. En 1987, la création de BL/LB et sa fusion avec Provecteur en association avec Marc Marynower allaient donner naissance au groupe Communiquez (1997) réunissant toutes les structures du couple dans la communication et le monde des arts. v REBOND Xavier Dullin s’offre un nouveau challenge chez Théra En avril, il a démissionné de Package, la société d’événementiel qu’il avait créée dans les années 80 puis vendue à GL Events. Il passe du groupe GL au groupe Mérieux pour devenir DG associé de son agence de communication médicale Thera Conseil, présidée par Anne de Chiffreville. À 52 ans, Xavier Dullin a pour mission d’élargir le champ d’action de Thera et d’en faire une agence « accompagnant les communautés innovantes dans leur communication et leurs événements ». L’équipe qui sera confortée, va s’installer au domaine de Montcelard (Tassinla-Demi-Lune) aménagé par le groupe Mérieux pour en faire un lieu d’événements et de rencontres. v n° 1223 I 25 septembre 2013 I InterMédia Magazine I 9 JEUNE POUSSE Hula-Hoop en TREPRISES mode offensif. La jeune agence lyonnaise, fondée en 2010 par Émilie Renoux et Cédric Morel, a fait le buzz en début d’année avec une vaste campagne 360, conçue pour la Ville de Grenoble. Depuis, Hula-Hoop a remporté plusieurs beaux budgets. Dernier en date : le CRT de FrancheComté, gagné face à Publicis Activ, TBWA corporate, Native… Coup de projecteur sur des agences de la région qui font l’actualité. AMBITIONS MNSTR n’a peur de rien AUVERGNATS Japa regarde vers RhôneAlpes. L’agence clermontoise, très branchée en communication industrielle, est-elle un peu à l’étroit en Auvergne ? En tout cas, elle compte déjà deux clients en région lyonnaise : Orapi (produits d’entretien pour l’industrie) et Zodiac Poolcare (produits pour piscines). Mais Japa réalise toujours les deux tiers d’un CA de 3,1 M€ [2012] en Auvergne. Avec 2 annonceurs emblématiques : Michelin et Limagrain. CHUTE Les mésaventures de Naturine. L’agence lyonnaise a été liquidée fin juillet. C’est l’épilogue d’une chute entamée voici deux ans, à la suite d’un grave ennui de santé du fondateur Jérôme Frenay. Trois anciens salariés [Sophie Rolland, Caroline Bosgiraud et Bruno Mollard] viennent de fonder une nouvelle agence, d-iD-O ! [sic]. Mais Jérôme Frenay annonce qu’il veut relancer la marque Naturine très vite. EN HAUSSE Lionel Curt C’est sans doute l’une des plus belles réussites du moment. Deuxième de notre classement des agences digitales de Rhône-Alpes derrière Visual Link (InterMédia n° 1197), MNSTR pourrait bien se retrouver en pôle position cette année. Son patron, Lionel Curt, annonce en effet un CA de 3,7 M€ pour 2013. Ainsi qu’un résultat net de 400 K€. « Nous enregistrons des croissances à deux chiffres depuis notre création en 2009 », souligne le fondateur, qui travaille pour Orange, Lacoste, Reebok, Salomon… Recrutements. Cette année, l’agence d’Annecy s’est structurée. Notamment avec l’arrivée au poste de DGA de Taline Mouradian (ex-Nurun), qui gère le bureau parisien de MNSTR. En douze mois, l’agence est passée de 23 à 34 salariés (20 à Annecy, 14 à Paris). Quatre embauches sont encore prévues d’ici décembre. « Notre objectif est d’atteindre les 4,5 M€ de CA pour 2014, et nous ambitionnons de doubler la taille de l’agence dans les trois ans, affirme Lionel Curt. À terme, nous devrions être en mesure de devenir un acteur international et de concurrencer les majors ». v LA SURPRISE Brandelet+Devineau séduit les marques de luxe NOUVEAU DÉPART. Dior, Shisheido, Clarins... De grandes marques de cosmétiques signent leurs dernières campagnes avec Brandelet+Devineau. Cette nouvelle agence est basée à la fois à Lyon et Paris. Elle a été fondée début 2013 par Hervé Devineau, directeur de l’agence lyonnaise Arc, et Christophe Brandelet, un DA parisien renommé. Positionné sur les grands comptes du monde du luxe, Brandelet+Devineau offre de nouvelles perspectives à Hervé Devineau et l’agence Arc. DEUX STRUCTURES. En effet, depuis le départ de son responsable du développement Xavier du Crest fin 2012, Arc avait du mal à se développer et à gagner de nouveaux budgets. L’agence de communication lyonnaise s’appuyait toutefois sur de belles références, dans le tourisme et le textile avec des clients comme Weill, Tex, Les Menuires, Méribel... Dorénavant, Arc travaille étroitement avec Brandelet+Devineau. « Les deux structures sont très complémentaires. Brandelet+Devineau se positionne sur la créa pour des marques du luxe et s’appuie sur Arc pour le marketing service », explique Hervé Devineau. 10 I InterMédia Magazine I n° 1223 I 25 septembre 2013 Valcom trace sa route L’agence valentinoise reste au bon cap. Elle consolide en 2013 (exercice clos fin août) son joli parcours de 2012 qui avait vu son CA progresser de 20 % à 2,077 M€. « En prime, notre marge brute progresse de 3 à 4 % pour dépasser le million d’euros », se félicite son PDG, Franck Veyrat. Et le nouvel exercice a bien démarré. Valcom vient de s’occuper de la communication et de l’aménagement du salon agricole européen Bio & Tech (260 chapiteaux en plein champ) qui s’est tenu mi-septembre à Bourg-lès-Valence. Dans ses autres chantiers de rentrée, elle a organisé une grande soirée festive à Grenoble pour les 30 ans de France Bleu Isère. Et a récemment gagné deux budgets : Clause (semences/Valence/groupe Limagrain) et Cofely (Paris) une filiale de GDF Suez. Dans ce contexte, l’agence a musclé ses troupes avec trois recrutements, portant son effectif à 17 permanents. v La Mad House. Le siège de l’agence dans une maison bourgeoise un peu folle. L’ensemble représente une vingtaine de salariés pour 2,25 M€ de MB. RECRUTEMENTS. En interne, la naissance de Brandelet+Devineau a fait évoluer les équipes. Elles travaillent dorénavant pour les deux structures. « Nous cherchons à embaucher les meilleurs », souligne Hervé Devineau. Il a ainsi recruté Mathieu Maréchal (ex-Dufresne Corrigan Scarlett) comme directeur commercial. Stéphanie Heidelberg, qui était auparavant chez Brainstorming, a rejoint Brandelet+Devineau comme DA. « Elle a la même culture de l’image que Christophe Brandelet ce qui assure une cohérence dans nos réalisations », précise Hervé Devineau. v n° 1223 I 25 septembre 2013 I InterMédia Magazine I 11 TREPRISES DIDIER LAVANANT est concepteur-rédacteur. Coresponsable de l’agence LCA (Lyon), il est l’auteur de livres de référence sur la publicité. LA THÈSE Il est totalement illusoire d’attendre que la publicité nous dise la vérité. Elle n’a aucun intérêt à le faire. Car la vérité vraie, c’est-à-dire le réel, n’intéresse pas le consommateur. La publicité dit-elle la vérité ? «D éjà, en elle-même, la question paraît saugrenue tant la réponse est évidente. Non, évidemment, la publicité ne dit pas la vérité ! Reste à savoir pourquoi. Et là, les choses se compliquent. D’entrée de jeu, si la publicité disait la vérité, elle ne nous offrirait que des fiches techniques, informatives, neutres et factuelles. Pas terrible ! Or, il se trouve que la vérité vraie, c’est-à-dire le réel, n’intéresse personne. De plus, n’oublions pas que l’expression de la vérité change en fonction de l’interprétation que chacun se fait du réel. Stratégie de séduction. Main- tenant, on sait depuis Jean Baudrillard que ce que recherche le consommateur ne se situe pas dans la valeur d’usage de l’objet, son statut logique, mais dans sa valeur symbolique. Autrement dit, notre consommateur 12 I InterMédia Magazine I n° 1223 I 25 septembre 2013 n’achète pas un objet, mais l’image de celui-ci. Et qui est chargé de mettre en scène cette image sinon la publicité ? Le rôle du publicitaire consiste donc à sublimer l’objet afin de le rendre attractif et désirable. Est-ce à dire pour autant que la publicité nous ment ? Non, pas plus qu’une femme ne ment en se maquillant. Elle adopte une stratégie de séduction, elle se met en valeur, mais elle ne ment pas. D’ailleurs, quel intérêt aurait la publicité à nous mentir ? Aucun. Le consommateur peut parfaitement admettre qu’il s’est laissé aller à un achat impulsif, et donc jouissif, car la publicité prend toujours soin de lui fournir un alibi sur un plateau. Il a acheté un 4X4 qui pue et qui pollue ? Dont il n’a pas réellement besoin ? Certes, mais il va souligner que sa petite famille est tellement plus en sécurité dans ce mastodonte (ce qui, soit dit en passant, est inexact). Processus d’influence. Même une publicité produit basique, sans la moindre mise en scène, transcende ledit produit via le talent du photographe. On a déjà perdu toute objectivité. Nous sommes entrés dans un processus d’influence, voire même (selon les antipubs) de manipulation du consommateur. Il est totalement illusoire d’attendre que la publicité dise la vérité. D’ailleurs, ce n’est pas ce que le consommateur attend d’elle. Il ne recherche pas la vérité du produit, mais, inconsciemment, quelque chose d’autre qui se joue entre l’affirmation de soi, la représentation et la différenciation sociale. Parce qu’elle utilise avec un certain talent l’art de maquiller le réel, alors oui, la publicité a raison de prendre quelques libertés par rapport à la vérité. C’est à la fois ce que le consommateur lui demande… et ce qu’il lui reproche ! » v DIDIER LAVANANT LA GALAXIE DE BEING (GROUPE TBWA) Antoine Lesec Didier Proudhon Alasdhair Macgregor-Hastie Thierry Buriez Elzéar de Trentinian BRUNO TALLENT Marie Reynaud Le réseau Being (groupe TBWA) a une forte implantation à Lyon où, en 2010, il a succédé à Jump. Ce changement d’enseigne faisait suite à une fusion avec TBWA Map, TBWA Consulting et Integer Paris. Being compte 200 personnes réparties sur trois sites : Paris, Lille et Lyon. S ous l’impulsion de Bruno Tallent, Being s’est totalement réorganisée en trois ans. Ce Parisien de 47 ans est le président de l’agence et a initié un fonctionnement en réseau. Les budgets sont gérés conjointement par les trois entités Being, peu importe la position géographique de l’annonceur. Pour l’aider dans cette tâche, il a nommé Antoine Lesec au poste de directeur général. Les deux hommes se connaissent depuis une dizaine Nicolas Couagnon Annette Thomas d’années. Antoine Lesec supervise la gestion des grands comptes multisites comme Schneider Electric ou les piscines Desjoyaux. Il s’occupe aussi des activités consulting et design à Paris. À Lyon, Didier Proudhon assure la direction exécutive du site. Ce rescapé de l’ancienne équipe dirigeante de Jump est reconnu pour son expertise en design. Il manage toute l’équipe lyonnaise et gère des clients comme Panzani ou Boiron. Outre le management, la création est répartie sur les trois agences. Mais tout est supervisé à Paris par Alasdhair Macgregor-Hastie. Arrivé début 2013 comme directeur de la création, il supervise les directeurs de création. Et notamment Thierry Buriez, DC publicité et retail qui se partage entre Paris, Lyon et Lille. Elzéar de Trentinian est lui DC digital des trois entités Being. Annette Thomas est DC design, uniquement pour l’agence lyonnaise. En effet, Being Lyon est réputée pour son expertise en design, et notamment en packaging. Enfin, Nicolas Couagnon occupe aussi le poste de DC design, mais à Paris. Côté prospection, c’est Marie Reynaud qui est aux commandes en tant que responsable du développement. Elle coordonne les actions des trois sites et manage les développeurs. Elle est aussi en charge de la communication de l’agence (RP et réseaux sociaux). v CV n° 1223 I 25 septembre 2013 I InterMédia Magazine I 13 RENAISSANCE Création d’Images SUITE repart. RÉORGANISATION Pamplemousse ferme Albertville. Le groupe vient de fermer ses locaux historiques d’Albertville (et son bureau de Grenoble). Il concentre ses efforts sur Annecy et Lyon. L’agence lyonnaise devrait peser à terme 60 % du CA. D’ici novembre, les salariés lyonnais emménageront dans 350 m2 sur le quai Gillet (4e). L’objectif de Pamplemousse est d’atteindre un CA de 3 M€ en 2013. BUREAU Trenta reste discret à Lyon. « Notre bureau, ouvert depuis un an, sert surtout à rencontrer nos clients parisiens et marseillais comme les Galeries Lafayette, Bouygues immobilier ou Cogedim. C’est plus pratique pour eux que de venir à SaintÉtienne », assure Philippe Valentin, le président de Trenta. Les 3 salariés lyonnais prospectent aussi le marché, apparemment avec succès. Des campagnes digitales sont dans les tuyaux. Retour sur quelques événements qui ont marqué l’année 2013. JIFIMIAIMIJIJIAISIOINID JIFIMIAIMIJIJIAISIOINID Acti renforce ses équipes suite au rachat de BAI Hervé Guitaut et Pierre Menut Pemaco+Caracas Après le mariage, la lune de miel Pemaco (agence BtoB) a racheté en avril Caracas (branding et design). « Ce rapprochement plaît à nos clients. Ils continuent à faire appel à nous pour la création de contenus BtoB, mais désormais ils peuvent aussi craquer sur un packaging », assure Pierre Menut, le président de Pemaco+Caracas. Les équipes des deux agences (27 salariés) se sont regroupées dans de nouveaux locaux à Villeurbanne. Le patron de Caracas, Hervé Guitaut, a pris le poste de directeur-conseil branding. Recrutements. L’agence boucle le recrutement de quatre collaborateurs, dont un chef de projet digital senior. Pour muscler encore ces compétences dans le web, elle n’exclut pas d’autres recrutements dans ce secteur... ou un rapprochement avec une agence digitale. Pemaco+Caracas vise une MB de 2,3 M€ fin 2013, avec 27 salariés. v Belle opération pour Acti avec le rachat de Bolero Agence Interactive (BAI), une filiale de Bolero spécialisée en création web. L’agence digitale y gagne cinq collaborateurs et compte désormais une quarantaine de salariés. « Nous pourrons mieux répondre aux besoins de marques nationales grand public », précise Laurent Constantin. L’arrivée des salariés de BAI permet à Acti d’étoffer ses effectifs de conseil senior. L’agence vient aussi de recruter une nouvelle community manager, Laura Molina. Cette ancienne social media manager chez Valeur d’Image (Grenoble) travaillera avec Christophe Ramel, CM chez Acti depuis 2011. Un troisième CM pourrait rejoindre l’agence à moyen terme. Celle-ci recrute actuellement un consultant en e-marketing et deux commerciaux. v JIFIMIAIMIJIJIAISIOINID L’IMAGE 2013 UNE CAMPAGNE PLEINE DE COMMUNICANTS. OnlyLyon n’a pas cherché longtemps des modèles pour sa nouvelle campagne de communication. La marque internationale de Lyon a choisi de mettre en scène les Lyonnais eux-mêmes, et notamment des communicants. Parmi eux : Olivia Cuir (Esprit des Sens), Philippe Hassel (Apicil) ou encore le blogueur Christophe Ramel (alias Kriisiis). C’est l’agence Corrida qui a conçu la campagne. Elle est déclinée en affichage dans les gares et aéroports internationaux. v 14 I InterMédia Magazine I n° 1223 I 25 septembre 2013 1ère Position attire des repreneurs En juillet, le tribunal de Chambéry a donné six mois à l’agence savoyarde spécialisée en référencement sur le web pour améliorer sa situation financière. « Depuis, nous avons reçu une dizaine David Degrelle de propositions de reprise et/ou de rapprochement », indique sur son blog le patron David Degrelle. D’autant que l’équipe de 27 salariés, sans doute surdimensionnée, aurait été réduite. Positionnée sur un marché porteur, qui profite à plein à ses concurrents lyonnais CyberCité et Adcom, 1ère Position compte des références de poids comme Orange, BNP, Foncia... Mais David Degrelle n’a jamais trouvé le bon modèle économique malgré un joli CA (3 M€ en 2011). Depuis 2006, sa société n’a enregistré qu’à deux reprises un résultat net positif. v DR Placée en liquidation judiciaire en mai, l’agence grenobloise a été reprise cet été sous la forme de Scop par 3 anciens salariés : Christophe Cottin, Franck Sinquin et Pierre Fraysse. Ce trio mise sur le packaging, qui a fait la renommée de Création d’Images, pour relancer l’activité. Autre axe de développement : le digital. Objectif : 220 K€ de CA en année 1. SUITE XAVIER PANGAUD est directeur artistique de l’agence Ocre Jaune communication (69) et professeur à l’ENSAD Paris ” LES FAITS Cet été, le Festival de jazz de Montreux a illustré une publicité avec le visage du petit Grégory, assassiné en 1984. La faute à un jeune graphiste, étranger et inexpérimenté, qui aurait utilisé une photo trouvée sur Google Images. Cette bourde pose la question de l’utilisation des images disponibles sur le web. Internet : le prix de l’image gratuite ” E n quelques années, le web est devenu un immense réservoir d’images où chacun vient librement déposer les siennes ou picorer celles des autres. L’image est ainsi devenue un formidable nouveau langage populaire et universel, un mode d’expression libre et gratuit dont les règles d’usage de la création et de formulation sont aujourd’hui encore sauvages. Ce langage est aussi celui de l’immédiateté et de la rapidité, qui mettent à mal la traditionnelle communication écrite et même orale. L’iconographie du web trouble aussi fortement la perception de la réalité devenant le filtre de notre acuité visuelle et ainsi de notre perception du monde. Terrain de jeu. De tout temps, l’image a été utilisée pour séduire et 16 I InterMédia Magazine I n° 1223 I 25 septembre 2013 convaincre, le savoir-faire de celle-ci étant réservé à des professionnels souvent sous contrôle de réseaux de diffusion étroits. Aujourd’hui, les codes de l’information iconographique et de sa diffusion ont éclaté. Le web est devenu un terrain de jeu gratuit où toute image peut-être reprise sans respect des droits d’auteur, détourée, retouchée… Dans la jungle des images diffusées, certaines sont utilisées consciemment pour donner un pouvoir de conviction à des idées, des concepts, des envies, comme à des produits. L’actualité nous le rappelle, l’utilisation d’images du web en dehors de toute règle déontologique peut avoir des conséquences peu qualifiables sur ceux qui sont mis en scène à leurs dépens, ou les reçoivent sans les avoir demandées. Bien que la réglementation sur le droit à l’image soit en train d’évoluer favorablement pour les auteurs, il y a derrière cette éclosion de visuels une double ignorance : celle du jugement de la qualité et celle des droits. Absence d’éducation. Une langue s’apprend, s’écrit, identifie et transmet une culture. Or il n’y a pas aujourd’hui d’éducation généralisée sur le langage des images photographiques ou dessinées. Une sensibilisation permettrait de faire évoluer la qualité de la production, la perception et la compréhension des messages contenus dans ces visuels. Heureusement dans cette jungle, le web nous permet aussi d’aller découvrir des images de qualité, d’auteurs de toutes cultures qui nous font partager leur regard et leur point de vue sur le monde. L’évolution du langage des images est en route, à nous de lui donner des directions et du sens. v XAVIER PANGAUD ELLE L’A DIT ELLE L’A FAIT MAUD CORNU, 42 ans, est la dirigeante fondatrice de l’agence lyonnaise Elvis Je voulais lancer une hotshop créative à Lyon ” ” LES FAITS Après plus d’une décennie à travailler dans de belles et grandes enseignes entre Paris et Lyon (Jump, Publicis, Venise, Ketchum, Dufresne…), Maud Cornu a quitté en 2006 la direction de la création d’Euro RSCG 360 à Lyon. Pour créer son agence idéale, une hotshop créative pur sucre, débarrassée de toutes les scories du modèle 360. INTERMÉDIA. Pourquoi avez-vous choisi naviguer dans de grandes agences encombrées de gens qui ne servent à rien. Je souhaitais créer mon agence idéale, une agence de création qui ne se consacre qu’à ça. Une agence sans intermédiaires (directeurs de clientèle et chefs de pub qui passent les plats), sans réunions-fleuves stériles ni présentations ronflantes, mais creuses. Je voulais une agence concentrée sur la création. Notre valeur ajoutée, c’est la matière grise. Car nous vendons des idées, pas des moyens. Et je persiste et signe : le 360° c’est du pipeau, une arnaque des agences pour attraper du business, alors qu’elles manquent de compétences sur plein de sujets. content, in fine, de travailler en direct avec le créatif. D’autant que les services communication et marketing se sont professionnalisés et savent parfaitement faire des briefs. En prime, un nombre croissant d’annonceurs ne recherche que de la création. Et même de grands comptes n’hésitent plus à confier cette partie de leur budget à des petites structures comme nous. Aujourd’hui, nous avons une bonne dizaine de clients, dont Brake et Fermob qui nous confient la réalisation de leurs catalogues. Mais aussi la Maison de la Danse et le Sytral. Et nous venons de gagner deux nouveaux budgets, Elior Rhône-Alpes (restauration collective) et les Laboratoires Edel (produits minceur). INTERMÉDIA. Mais est-ce que cette INTERMÉDIA. Pourtant vous vous êtes de créer Elvis ? M.C. Parce que j’en avais assez de agence idéale correspond aux attentes du marché ? M.C. Oui, parce que l’annonceur est séparée de votre planneur stratégique. M.C. Oui, car même si le planning straté- gique est une fonction à forte valeur ajoutée pour les clients, c’est malheureusement un luxe pour une structure de notre taille. Jean-Baptiste Duvaud nous a quittés pour rejoindre l’agence Brandelet+Devineau. En revanche j’ai recruté un directeur conseil, Bruce Vinci, doté d’un profil assez particulier. Il a travaillé chez Gutenberg Network, puis dans le Groupe Casino comme responsable créatif à la direction marketing. Sa mission est d’accompagner les clients dans leur stratégie de communication. Pour le reste, Elvis compte toujours 3 créatifs, une productrice qui gère les catalogues et une chargée de projets qui s’occupe des plannings, devis… Un modèle plutôt efficace somme toute, puisque notre chiffre d’affaires a presque doublé depuis 2009. v Elvis : Lyon. Création : 2006 • Effectif : 6 permanents. CA 2012 : 865 K€ RN 2012 : 36,4 K€. n° 1223 I 25 septembre 2013 I InterMédia Magazine I 17 VÉTÉRAN 66 ans. C’est l’âge de Jean-Pierre Magand le plus vieux – expérimenté ? – patron d’agence de communication en Rhône-Alpes. Le cofondateur de Je vais le dire à ma mère (Lyon), succède à Georges Verney-Carron (Communiquez) comme doyen des patrons d’agence. ONLINE SALAIRE 826 millions 42 000 K€ C’est le CA réalisé par le « search » (liens sponsorisés) au 1er semestre 2013 selon l’Observatoire de l’e-pub SRI. Un chiffre en croissance de 5 % qui positionne ce segment comme leader de la publicité online. Il représente 57 % des investissements et devance le display (379 M€) et les autres leviers comme l’affiliation et l’e-mailing qui occupent la 3e place avec un CA de 240 M€. v C’est le salaire brut annuel que peut espérer un directeur artistique de plus de 3 ans d’expérience en agences selon Elaee. Un salaire qui peut grimper jusqu’à 60 K€ dans le cas de seniors reconnus. Les salaires moyens sont légèrement plus élevés dans le web. Un DA web de trois à sept ans d’expérience peut ainsi envisager une rémunération de 48 K€ brut annuelle. v Quelques repères pour mieux appréhender le monde des agences de communication et leur marché. EFFECTIF 2 197 permanents sont recensés dans les 197 agences de Rhône-Alpes référencées dans le Guide InterMédia. Ce qui porte à près de 11 le nombre moyen de permanents par agence dans la région. PORTES OUVERTES 4 seulement. C’est le nombre d’agences rhônalpines à avoir participé en mars à la dernière Journée Agence Ouverte de l’AACC (Association des agences conseil en communication). Les Lyonnais de Native, Being, Arc et Les Distilleurs ont joué le jeu pour faire découvrir les divers métiers de la communication au grand public. TABLETTE 15 %. C’est le pourcentage de Français à posséder une tablette numérique en 2013. C’est plus du double qu’en 2012 (7 %) selon l’étude Omniretail menée par Ipsos et l’agence spécialisée dans le retail CA Com. CHIFFRES LES INVESTISSEMENTS PUBLICITAIRES SE STABILISENT 719 M€ Les investissements publicitaires en Rhône-Alpes étaient orientés à la baisse depuis 2009. En 2012, ils se sont enfin stabilisés, à 719 M€ contre 716 M€ en 2011. C’est le principal enseignement de la dernière étude France Pub. Autre enseignement : le hors-média continue à creuser l’écart par rapport au média. En 2012, les annonceurs ont investi 489,1 M€ dans le hors-média (+2,1 %) contre 230 M€ dans les médias (-2,95 %). Une tendance qui s’accentue chaque année depuis 2009. « Les annonceurs cherchent en priorité à soutenir la consommation immédiate, et pour cela ils favorisent la promotion et le marketing direct. D’autant que les outils de marketing direct deviennent plus accessibles aux bourses des petits annonceurs régionaux », décrypte Xavier Guillon, directeur général de France Pub. POSTER DES AGENCES DE RHÔNE-ALPES Les agences du Top 100 ont stagné en 2012 E n 2012, les 100 premières agences généralistes de RhôneAlpes ont réalisé un CA cumulé d’un peu plus de 170 M€ (voir le poster encarté dans ce numéro). Fortes disparités. Si l’on ne prend en compte que les structures pour lesquelles nous avons les chiffres de 2011 et 2012, on constate que l’activité a été presque étale. Et cela aussi bien pour les grosses agences que pour les plus petites. À noter que le Top 10, qui totalise plus de 60 M€, de CA pèse presque le tiers du total et deux fois plus que les 50 dernières agences du tableau (30 M€). Publicis Rhône-Alpes réalise à elle seule 12 % du CA total des agences, ce qui montre la grande disparité entre les acteurs de ce secteur d’activité. Deux agences dignes du Top 10, Being et Havas 360, ne figurent pas dans notre tableau. Les directions des deux groupes qui refusent de donner des chiffres expliquent que ces implantations lyonnaises n’ont 18 I InterMédia Magazine I n° 1223 I 25 septembre 2013 pas assez d’autonomie pour être considérées comme des agences locales. D’autres filiales de groupes moins importants et qui n’ont pas voulu donner d’indications précises ont été également écartées. Des bénéfices en progression. Pour entrer dans le Top 100, il faut faire au moins 350 000 € de CA, atteindre 1 M€ pour figurer dans le Top 50 et dépasser les 3 M€ pour accéder au Top 10. Toutes ces agences emploient un peu plus de 1 300 personnes ce qui permet de faire un calcul intéressant : le CA moyen par personne s’établit à environ 125 000 €. Mais dans le Top 10, ce chiffre monte à 195 000 €. C’est d’ailleurs arithmétique : plus l’effectif est important et plus le CA par personne croît. Les 100 agences ont engrangé au total plus de 5,5 M€ de bénéfices pour une rentabilité moyenne de 3,2 %. En très légère progression sur 2011 (+ 9 %) si l’on considère les seules agences pour lesquelles nous disposons des chiffres sur deux exercices. On constatera que les plus rentables affichent un ratio de 25 000 € de bénéfice par personne. Qui fera rêver celles qui ont enregistré des pertes. v QUÊTE & & * ) ' $ & ( ' & !"#$% & $ / " * $ & $ . & $ , +"$$ 1 & $ $ # " ) ) .0' La publicité s’est fondue dans la communication multicanal. Ses stars aussi. Restent quelques starlettes qui ont plutôt remisé leur ego. Et préfèrent jouer le rôle de chef d’équipe plutôt que celui de vedette. D ans les années 80, les créatifs étaient les rois du pétrole publicitaire. Surtout à Paris, mais aussi à Lyon, quand foisonnaient les gros budgets comme Ecco, BSN, Rossignol ou Black & Decker. Les « stars » locales s’appelaient Bernard Billière (RSCG), Alain Bouldouyre (Euro Advertising), François Requien (Capricorne), Daniel Giessner ou Georges Chapuis (Jump). Ce dernier fut le plus médiatique d’entre tous. Grâce au succès de campagnes pour Justin Bridou, Pierre Martinet, Aoste ou l’entrée en bourse de Bernard Tapie Finance. Au point d’apparaître comme le gourou (pas toujours écouté) de la place lyonnaise. Mais il s’est rangé de la réclame au milieu des années 2000. Et depuis, la scène a fini de se vider avec le départ (en retraite) de Joël Nazaret, l’emblématique, mais discret DC de DDB Nouveau Monde Lyon. Une grosse pointure, bardée de grands prix publicitaires gagnés avec DDB à Paris pour Évian, ADP, Sony ou Peugeot. 20 I InterMédia Magazine I n° 1223 I 25 septembre 2013 La « vieille garde ». Si les (vraies) stars manquent, c’est que les temps ont changé. La pub est morte, vive la com’ ! Les agences de publicité, après leur transformation en agences de communication (modèle plus ou moins 360°), ont certes gagné en taille, mais perdu en visibilité. « Hier, avec un film TV ou une belle affiche vus par tous les Français, on pouvait devenir une star. Aujourd’hui, avec le multicanal et le poids croissant du web, tout est dilué et il n’y a plus vraiment personne qui incarne une campagne », explique Daniel Gobbo, DC de Publicis Activ Lyon. À 47 ans, il est l’un des meilleurs pros reconnus de la place. Passé chez Euro RSCG (Lyon et Paris) et Jump, il tient les rênes créatives de Publicis depuis 12 ans. Entre autres faits d’armes, c’est lui qui avait rhabillé Rocco Siffredi en Olly Gan. Autre pilier de cette « vieille garde » (qui affiche entre 40 et 55 ans), Stéphane Morel, le DC lyonnais d’Havas 360. Il a fait ses classes chez Benoît Devarrieux (l’un des grands créatifs parisiens), puis s’est rôdé chez Euro RSCG et MG A avant d’intégrer Havas 360, dont il pilote la création depuis 2007. Et gère les budgets King Jouet, Point S, Point P ou Athena. Pour ce dernier annonceur, on se souvient de l’affiche où trois quidams, en pleine rue, montraient leurs fesses (en boxer shorts) en réponse à la crise. Autre pilier du club, Pascal Le Borgne, le DC de Dufresne Corrigan Scarlett, qui œuvre pour Monsieur Store, BASF ou Michelin poids lourds. Chez Being, si l’ancien DC, Éric Chassaing, est parti à la fin de l’aventure Jump, nombre de créatifs historiques sont toujours là. Comme les DA Jean-Marc Effantin (qui concocte les films Boiron) et JeanPierre Rogès (qui a signé les superbes visuels des smoothies de légumes de Martinet) et le CR Éric Sintès (Boiron, Mini) qui cultive aussi un fameux coup de crayon sur son blog BD. Enfin, on n’oubliera pas Maud Cornu dirigeante fondatrice de la hotshop créative Elvis, après avoir fréquenté les plus grandes agences (voir p. 17). Les francs-tireurs. La crise et les restructurations des majors, qui ont entraîné les fermetures de belles agences, notamment à Annecy, ont grossi les rangs des free-lance régionaux, qui jouissent aussi d’une belle notoriété. Ainsi du réputé Éric Chassaing, ex-DC de Jump, qui s’est mis à son compte à Lyon en 2010. Apparemment avec succès puisque nombre d’agences font régulièrement appel aux services du créateur de l’emblématique « Cerise » de Groupama. À l’occasion, il collabore avec Franck Perez, un DA qui œuvre en indépendant depuis plus de 20 ans pour des clients comme Merial, Merck, Ada ou Intermarché. Autre vedette, le CR chamoniard Arnaud Bachelard. Après 20 ans d’agences, il a choisi la liberté lors de la fermeture de McCann Erikson à Lyon. Lui aussi avec bonheur puisqu’il collabore régulièrement avec des agences comme Apache (Annecy), DDB (Lyon) ou Léon Travel & Tourism, une parisienne avec laquelle il travaille sur le budget Savoie Mont-Blanc. Bachelard œuvre aussi souvent avec Michel Bellon, un DA qui fut son équipier de team chez McCann. Autre créatif renommé, le DA canadien Jean Lambert, installé depuis 20 ans à Lyon et qui signe très souvent l’affiche de la Fête des Lumières. ! La relève. Elle peine un peu à se dessiner. La communication attire moins que la publicité. Beaucoup de gros budgets sont partis à Paris, les autres ont fondu et les annonceurs sont devenus frileux et plus exigeants. Et on ne rigole plus beaucoup dans les agences. « Les jeunes sont de plus en plus formatés par leurs écoles. Ils sont très forts techniquement, mais peu prolixes en idées », juge Daniel Gobbo. Cependant, il ne tarit pas d’éloges sur son jeune team féminin de choc, Florence Neri (CR) et Cécile Bernardi (DA) qui a gagné cette année L’Eau Vive (magasins bios), Spar et Casino Shop. À bien regarder, on trouve de jeunes pousses prometteuses un peu partout. Comme Raphaëlle Goudet (30 ans), la nouvelle DC de l’agence Melbourne (Lyon), une CR passée chez Euro et DDB (Lyon), Angie (Paris) et Horizon Bleu (Reims). Ou comme Léo Magnet chez Dufresne, un CR brillant, distingué pour ses travaux sur l’Opéra de Lyon ou Monsieur Store. Comme aussi Joris Vigouroux, un CR qui fait les beaux jours de Being, après ceux de Publicis conseil à Paris. Ou encore la DA Stéphanie Heidelberg, aujourd’hui chez Brandelet+Devineau, et passée chez Lowe Paris et Brainstorming. Dans cette relève figure aussi en pole position, Catherine Faury, qui a succédé à Joël Nazaret à la direction de la création de DDB Nouveau Monde. Autre jeune espoir de la Star Ac lyonnaise : le CR Adrien Blondiau, qui s’est illustré chez Native (Lyon) sur les campagnes pour Babolat ou la FrancheComté, en compagnie du DC Franck Luminier, auteur de la saga France Montagnes. Côté pure players, on compte déjà quelques vedettes. Comme Michel Bianco-Levrin, DC et cofondateur de l’agence lyonnaise Diplomatic-Cover, passé dans le giron de Publicis Activ fin 2012. En 8 ans, il s’est forgé un palmarès des plus brillants en travaillant pour L’Oréal, GDF Suez, la BBC, Armani… Autre figure digitale, Raphaël Loïc Martinez Graine de star ? Une chose est sûre : on commence à beaucoup parler de Loïc Martinez. Il y a 3 ans, il était encore DA chez DDB Paris. Il y travaillait depuis 2004, notamment sur le budget mondial de Lipton. Un début de carrière prometteur pour ce jeune Lyonnais de 30 ans, bardé de diplômes (Idrac, Esarc, Supcréa Lille) et recruté par Paris lors de son stage de fin d’études chez DDB Lyon. Pourtant, à l’automne 2010, il démissionne pour préparer un projet un peu fou : mettre sur pied un réseau de compétences multiservices qui offrira à quelques grandes marques des structures sur mesure adaptées aux besoins en communication de chacune. Une démarche inspirée de ce Une génération remuante. Dans les années 80, les jeunes créatifs étaient prêts à tout pour se faire remarquer des patrons d’agence. Sans les réseaux sociaux, il fallait frapper les esprits. Comme créer un club des Zigotos censé réunir les meilleurs créatifs de la place. Une idée de Lewis Wingrove, un rédacteur particulièrement brillant qui a su attraper ensuite la vague de la communication digitale. Capodanno, le DC de MNSTR (Annecy), qui a signé de superbes prestations pour Lacoste ou Boucheron. « Mais le graphisme n’est qu’un élément de la créativité digitale. Celle-ci s’exprime plus dans le choix des dispositifs. Et le processus est toujours très collectif », estime Antoine Hébert, directeur marketing de Novius. « Le créatif digital doit maîtriser beaucoup de connaissances techniques », abonde Laurent Constantin, le patron d’Acti. Bref, le chemin est plus compliqué pour attirer les feux de la rampe. v que peuvent proposer (à grands frais) les réseaux internationaux à certains de leurs grands comptes, notamment les constructeurs automobiles. Lancée à Annecy voici 2 ans et baptisée Cyca (Create Your Communication Agency), cette agence d’un nouveau type, dont il est le seul salarié vient de gagner deux belles compétitions cette année : la communication de la chaîne de boutiques Olly Gan et le lancement en France de Hill’s, le n° 1 américain du pet food (Colgate). « Je travaille sur le concept créatif et je monte ensuite le réseau adapté. Soit pour Hill’s, une quinzaine de prestataires, entre agences spécialisées et experts », explique Loïc Martinez, qui veille à la bonne fin des opérations, comme un architecte. v MT n° 1223 I 25 septembre 2013 I InterMédia Magazine I 21 DOSSIER CHASSE AUX TALENTS 26 28 30 32 [ REPORTAGE ] Des locaux agréables pour des équipes en forme. [ FOCUS ] Comment manager les jeunes pros ? [ ANALYSE ] Les majors font toujours rêver les juniors. [ OUI/NON ] Les petites structures fragilisent-elles le marché ? Agences indépendantes La difficile chasse aux talents Avec un turnover moyen de près de 30 %, les patrons d’agences indépendantes s’épuisent à recruter sans cesse de nouveaux collaborateurs. 29 % c’est le taux de turnover dans l’ensemble des agences françaises de moins de 80 salariés selon une étude du cabinet Shefferd pour Stratégies. Un indicateur élevé, qui hante les patrons d’agences indépendantes qui n’ont pas les ressources des grands groupes. Difficile en effet d’amortir le recrutement et la formation d’un salarié si celui-ci fait ses cartons au bout de quelques années à peine. « Ces départs coup sur coup mettent une mauvaise ambiance en interne. Ceux qui restent se demandent s’ils n’ont pas fait leur temps. Et puis, cette instabilité est un signal négatif envoyé aux clients », se plaint un patron lyonnais. Peu d’évolution salariale « Le turnover a toujours été important dans les agences indépendantes », assène Claire Romanet, du cabinet de recrutement Elaee. Selon l’étude du cabinet Shefferd, il est particulièrement important au sein des agences digitales et de publicité (31 %). Ce qui pousse les salariés à partir ? D’abord le peu 22 I InterMédia Magazine I n° 1223 I 25 septembre 2013 Véronique Speltdoorn (Accile) « En agence, le personnel n’est pas très bien payé compte tenu de son niveau d’études. » d’évolution salariale possible au sein de ces structures. « C’est d’autant plus gênant que le personnel n’y est pas très bien rémunéré compte tenu de son niveau d’études. Contrairement à d’autres secteurs qui paient bien comme l’informatique, dans la communication on peut commencer en dessous de 30 K€, alors qu’on a fait cinq ans d’étude », explique Véronique Speltdoorn, du cabinet de recrutement Accile. Une enquête de l’ESP (École supérieure de communication, marketing et publicité) parle même de salaires à l’embauche « historiquement bas » cette année, en moyenne de 20 à 22 K€ à bac+ 3. « J’aimerais augmenter davantage mes salariés, mais ce n’est pas possible à cause de la taille de ma structure, déplore Anthony Bleton chez Novius. J’aimerais également indexer les salaires sur le mérite de chacun. Certains développeurs produisent un CA dix fois plus important que leurs collègues, mais leur salaire n’est pas dix fois plus élevé pour autant ». Par ailleurs, les salaires de la communication auraient baissé en moyenne de 1,8 % en un an. Notamment pour les fonctions de directeur de la création (- 9,4 %), de directeur commercial (- 7,5 %) et de directeur du développement (- 5,9 %). s e c n e g a Le turnover dans les agences < 80 salariés en 2012 Répartition selon les secteurs d’activité. Digital Jeune talent 31 % Marketing Corporate 29 % 27 % Événementiel 27 % Publicité © Dooder À la poursuite des talents. Victimes du turnover, les agences doivent remplacer rapidement les salariés démissionnaires. Mieux chez l’annonceur ? À défaut de gagner en salaire, peut-on espérer gagner en responsabilités dans les agences indépendantes ? Là encore, la taille de la structure limite l’évolution. « Aujourd’hui, beaucoup d’agences prennent des juniors et les attellent à des tâches répétitives et ingrates de production », déplore Marc Lewitanski, vice-président de CoSpirit Media Track. Enfin, la crise a détérioré l’ambiance interne. Stress, pression, délais serrés... Beaucoup de professionnels sont convaincus que le job et le rythme seront moins exigeants au sein de plus grosses agences, réputées mieux payer, ou même chez l’annonceur. « Le personnel des agences indépendantes a toujours rêvé d’intégrer une major, ou mieux l’annonceur. La nouveauté, c’est qu’ils sont de plus en plus pressés », constate Claire Romanet. Auparavant, on considérait que dix à quinze ans dans une agence indépendante permettaient de faire ses classes avant d’essayer de basculer dans une major ou chez l’annonceur. Aujourd’hui, Santé 31 % 27 % Source : Cabinet Shefferd pour Stratégies il n’est pas rare de voir des collaborateurs multiplier les expériences de deux à trois ans, en espérant enrichir leur CV et gagner en compétences, pour séduire les services marketing-communication. Pourtant, le turnover reste souvent un sujet tabou au sein des agences de la région. Il est vrai qu’elles sont sans doute moins touchées par ce fléau que leurs homologues parisiennes. À Lyon ou Annecy, où le marché de l’emploi est plus restreint, les équipes sont globalement plus stables que dans la capitale. Mais cela n’empêche pas les agences indépendantes de Rhône-Alpes de réfléchir à la manière de fidéliser leurs salariés. Ainsi chez CoSpirit Media Track, on travaille son image en proposant aux salariés de nombreux modules de formation. « Chez nous, l’ambiance est conviviale et il n’y a pas de guerre des chefs », assure Marc Lewitanski. « Je fais très attention à choisir les bonnes personnes. Il ne faut pas se tromper, car les dépenses liées à la masse salariale représentent facilement 75 % du CA de l’agence », pointe de son côté Anthony Bleton (Novius). Thibaut Gressin (Publicis) a une autre recette : « J’essaie ... n° 1223 I 25 septembre 2013 I InterMédia Magazine I 23 DOSSIER PRESSE CHASSEGRATUITE AUX TALENTS ... de faire des charrettes un moment convivial, et non une contrainte. Et je fais participer mes équipes aux compétitions. Ainsi elles sont plus curieuses, plus ouvertes, et surtout plus soudées. C’est la culture de la remporte : quand on gagne un budget, même petit, on partage un événement positif ». Gentlemen’s agreement Il y a plus radical : certains patrons d’agences (Agence Interactive, Novius, Native, Bolero, Acti, Eolas...) n’hésitent pas à avouer qu’ils ont passé entre eux un gentlemen’s agreement. Une sorte de pacte de non-agression informel : on ne pique pas les salariés des autres ! « Si je reçois le CV d’un salarié d’une de ces agences, je passe un coup de fil au patron pour qu’on en discute ensemble. L’avantage, c’est qu’on évite ainsi l’escalade salariale. Une de mes anciennes salariées, payée 24 K€ chez moi, n’a pas hésité à se vendre à 35 K€ à une agence concurrente, alors qu’elle avait à peine 24 ans ! », détaille Laurent Constantin (Acti). L’autre cauchemar des patrons d’agence, c’est la cooptation rémunérée. Certaines agences accordent en effet une prime (qui peut atteindre 1 500 €) au salarié qui coopte un nouveau profil, et permet ainsi un recrutement réussi. « C’est une méthode agressive et déloyale, râle un patron. L’un de mes anciens salariés, passé à la concurrence, a débauché ainsi deux de mes collaborateurs en quelques mois. Et en plus, il a touché ainsi 3 000 € ! » Pour pourvoir les postes laissés vacants, recruter n’est pas si simple. Sur certains métiers, les agences se heurtent à des carences de professionnels. Ainsi, il manquerait en France quelque 50 000 développeurs. Pour les recruter, les agences doivent batailler avec les SSII, qui font monter les enchères. Stagiaires Les places sont chères Selon le collectif Génération Précaire, la communication est l’un des secteurs qui s’appuient le plus sur les stagiaires. « Au même titre que l’industrie culturelle, la presse ou le luxe, la communication est un domaine très séduisant aux yeux des jeunes », note le collectif, qui avance le chiffre global de 1,5 million de stagiaires en France. MAJORS. Sans surprise, les majors ont la cote et sont les plus sollicitées pour les stages. D’ailleurs, Publicis pointe à la 27e place du palmarès Trendence 2013, qui établit les entreprises préférées des étudiants en écoles de commerce. Loin derrière LVMH, L’Oréal ou Danone, mais à la première place des agences de communication. Chez les étudiants en communication et marketing, le plébiscite pour les majors est net : Publicis est l’agence la plus appréciée (28 %) suivie de TBWA (15 %) et Havas (12 %), d’après l’étude européenne réalisée par MediaSchool Group. Mais les places sont chères pour les aspirants stagiaires : dans la région, on compte seulement une demi-douzaine de places chez Publicis par exemple. Et les agences, qu’il s’agisse de groupes ou d’indépendantes, sont très attentives au recrutement. « Nous avons les mêmes critères pour embaucher un stagiaire que pour recruter un CDI : des gens passionnés, avec une culture générale et une force de proposition plus importante que la moyenne. Un stage, c’est un vrai job. Mais les stagiaires ne doivent jamais représenter plus de 10 % des effectifs », précise Laurent Constantin (Acti). Au sein de son agence, un tiers des salariés sont d’anciens stagiaires. BLOG DE STAGIAIRE. Au même titre que le secteur bancaire, les avocats, l’immobilier, le luxe (ou la presse), les agences sont connues pour leur niveau d’exigence vis-à-vis des stagiaires. En 2011, la jeune illustratrice Yatuu avait créé le buzz avec son blog de BD racontant son quotidien difficile en agence de publicité. Il faut dire que la jeune illustratrice tombait en plein milieu du débat sur la précarisation des stagiaires. Avec plus de 190 000 visiteurs au compteur sur son blog, elle avait ensuite tiré un livre de cette expérience. v Process de recrutement longs Et puis, le marché de l’emploi reste très tendu, dans la communication comme ailleurs. Les professionnels du recrutement s’accordent pour pointer un fait nouveau : les postulants se renseignent davantage sur l’agence qui veut les recruter, échangent avec des salariés en poste, notamment sur les réseaux sociaux. On ne peut plus leur vendre n’importe quoi. Sans compter qu’en période de crise, les personnes en poste cherchent à évoluer, mais sont plus frileuses à lâcher un CDI. Du coup, les process de recrutement sont plus longs et plus aléatoires, car ils peuvent être brutalement interrompus par un désistement de dernière minute. Dans ce contexte, les patrons misent beaucoup sur leurs réseaux et la cooptation. « C’est 80 % de réussite contre 30 à 40 % avec la méthode “classique” (annonce de recrutement et entretien d’embauche) », certifie Laurent Constantin (Acti). Pour pallier le turnover, les agences choisissent souvent des profils semblables à celui du salarié démissionnaire (même école, même expérience...). Crise et budgets serrés obligent, il y a aujourd’hui peu de créations de postes ex nihilo. Rares sont les agences comme CoSpirit Media Track. Celle-ci vient d’intégrer 24 personnes en un an. Soit « une vague d’embauches sans précédent », assure l’agence, qui a même créé un poste de responsable RH (confié à Johanna Danot), pour gérer ces arrivées. Aujourd’hui, les créations de postes concernent essentiellement le digital. Mais les geeks et autres petits génies du web sont beaucoup moins demandés. Annoncé un temps comme l’un des métiers porteurs de demain, le job de community manager suscite à peine quelques 24 I InterMédia Magazine I n° 1223 I 25 septembre 2013 Le futur employeur ? Chez Acti, un tiers des salariés sont d’anciens stagiaires. dizaines de créations de postes par an. On cherche désormais des professionnels qui connaissent les plateformes web, mais surtout ont une forte sensibilité au contenu. « Les recrutements se font sur des profils d’experts digitaux, notamment des personnes capables d’établir une stratégie éditoriale sur le web. Avec le digital, on assiste à une montée en puissance du brand content. Et il y a encore peu d’experts dans ce domaine », note Cécile Golfier-Salles (Elaee). D’ailleurs, les agences de la région sont encore peu staffées côté digital. « Comme les cordonniers sont les plus mal chaussés, les patrons d’agence sont souvent les moins à l’aise sur le digital, tranche Claire Romanet. Dans quelle agence lyonnaise trouve-t-on aujourd’hui un spécialiste du brand content digital, de la big-data, ou de la CRM appliquée à la VPC ? Cherchez, vous verrez que ce n’est pas si facile à trouver ». v JULIE DRUGUET RJe m’abonne et je bénéficie de tous les services PREMIUM 285 € TTC 279,14 € HT pendant 1 an Je reçois l’ensemble des publications à venir : Hebdos + Magazines thématiques + Guide J’ai un accès privilégié au portail intermedia.fr Des news exclusives chaque jour sur le portail ou par mail + Un accès permanent aux études et dossiers sélectionnés par les journalistes + Un accès gratuit à toutes les archives de la rédaction depuis 2005 (recherche dans 20 000 articles en texte intégral) + L’Hebdo en numérique dès le lundi matin + Les appels d’offres en France tous les vendredis Je suis invité aux événements professionnels Les Mornings (rencontres mensuelles) + Les Evenings (rendez-vous avec un grand professionnel) + Le Forum de la communication (une journée de rencontres) Je reçois en cadeau de bienvenue les 4 derniers Magazines thématiques ainsi que le Guide 2013 + L’HEBDO + LES MAGAZINES + LE GUIDE + L’ESPACE PERSONNEL LES ÉVÉNEMENTS PROFESSIONNELS Entreprise* . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom* . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Nom* . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Fonction* .................................................................................. Adresse* . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tél* . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Fax . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Mail* ........................................................................................ Siren * ............................................. Date et signature * Champ obligatoire Aucune commande ne sera prise en compte sans règlement joint (bon de commande pour les entreprises publiques et les collectivités). À retourner avec votre règlement à : InterMédia - Le Challenge - 58, avenue Debourg 69007 n° 1223 I 25 septembre 2013 I InterMédia Magazine I 25 DOSSIER CHASSE AUX TALENTS Les agences essaient d’offrir à leurs salariés un cadre de travail agréable, dont ils peuvent être fiers. Zen, créatifs, bucoliques... Voici une typologie non exhaustive. Des sièges agréables pour des équipes en forme Vincent Mayet, l’ancien patron d’Havas 360 Lyon, voulait des locaux feng-shui. Il a fait travailler une consultante spécialisée. © E. Soudan DDB a choisi des locaux à Confluence pour installer tous les salariés sur un même plateau. Des locaux qui inspirent la sérénité D es locaux qui endiguent le stress et favorisent la créativité : c’est le souhait de nombreuses agences, et notamment des majors, qui « travaillent » leurs sièges pour y parvenir. Ainsi, les locaux d’Havas 360 (Lyon Vaise) ont été aménagés par la consultante Michèle Ferréol selon les principes du feng-shui. Bambous à l’intérieur des doubles vitrages, lumières automatiques, espaces aérés, disposition des bureaux suivant la circulation des « énergies »... « Nous passons un temps important dans ces locaux, autant qu’ils soient agréables à vivre et esthétiques. Dans notre univers, la forme compte beaucoup », note Arnaud Thizy, le directeur commercial. Même recherche d’une ambiance zen chez DDB, dans l’ancien 26 I InterMédia Magazine I n° 1223 I 25 septembre 2013 immeuble des Douanes, à la Confluence. « Nous avons choisi de nous installer face à la Saône. La rivière peut calmer, faire rêver, et aider à la création », sourit le patron Franck Solomiac. Chez DDB, pas de feng-shui, mais des personnages omniprésents sur les murs et les parois vitrées (anges hybrides, démons...). Ils sont l’œuvre des créatifs de l’agence. « Ces personnages sont faits de plusieurs modules agglomérés. L’idée est de rappeler que nous sommes un assemblage de talents. D’ailleurs, nous sommes situés à la Confluence, là où convergent le Rhône et la Saône. Tout cela nous a inspiré la démarche Co.Fluence : nous proposons à nos clients un processus de coopération et de co-création, afin d’assembler les flux d’idées », complète encore Franck Solomiac. v © E. Soudan © E. Soudan Des locaux chargés d’histoire industrielle M ayflower, Bosphore... Plusieurs agences de la région ont choisi pour locaux d’anciens ateliers ou bâtiment industriels en pleine ville. Des endroits qui ont beaucoup de cachet une fois réhabilités et réaménagés généralement avec du mobilier design (grands luminaires, alliances de métal et de verre...). Dernières installées, les agences Bosphore et Cap Cross (Lyon) ont investi une ancienne usine de bijoux réhabilitée par un cabinet d’architectes sur un quai de Saône (9e). « L’idée était de conserver le style post industriel qui joue sur la mixité des matériaux », explique Philippe Birken (Bosphore). Ce patron d’agence se félicite du choix : « c’est valorisant de travailler dans des locaux qui suscitent la curiosité. Depuis notre emménagement, nous avons au moins trois visites par semaine de clients, d’amis et même de curieux. Comme l’agence est éclairée le soir, des personnes entrent en croyant qu’il s’agit du théâtre Acte 2, situé juste à côté ». v Des locaux « comme à la maison » D ’autres sociétés préfèrent s’installer dans d’anciennes maisons particulières. C’est sûr, ces locaux manquent parfois de fonctionnalité pour les équipes. Ils s’étagent sur plusieurs niveaux et d’anciennes chambres ne font pas toujours de spacieux bureaux. Mais ils ont du cachet, et en général le client se souvient des moulures et des parquets. Ainsi Brandelet+Devineau a investi la « Mad House », une belle maison particulière, encastrée dans un immeuble moderne qui l’enjambe ce qui lui donne un air un peu fou. « La Mad House est conforme à l’image que nous voulons donner : une originalité non ostentatoire. Comme elle est située très en retrait de la rue, beaucoup de Lyonnais passent devant sans la voir », détaille Hervé Devineau, le patron de l’agence. Sous le charme, certains clients de l’agence ont choisi la Mad House pour des séminaires internes. Les équipes de Brainstorming sont encore mieux loties : elles occupent, à Écully, une partie d’un château entouré d’un vaste parc qui est la résidence du couple de dirigeants. v Bosphore et Cap Cross sont installées dans cette ancienne usine de bijoux de 240 m2. se sont installées en « com’working ». Au sein de l’espace de coworking Square du Rhône, on trouve ainsi sur 380 m2 l’agence d’événementiel Le Feu au Lac !, l’agence d’hôtesses Artémis, l’agence de mannequins Art et Mode, le spécialiste des études Infusion et le studio de création Go Graph. Des indépendants les ont rejoints. v Des immeubles « au vert » L yon, Annecy, Grenoble et Saint-Étienne concentrent 90 % des agences de la région. Mais certaines ont préféré se mettre à l’écart et fuir les centres-ville. Il s’agit souvent de petites structures de moins de dix salariés. Ainsi l’agence Album, à Mâcon. Ou encore Coxinélis : installée depuis 45 ans au cœur des monts d’Or, elle a fait de cet ancrage bucolique sa marque de fabrique, jusqu’à se définir comme « l’agence buissonnière ». Quant à Valcom, installée près de Valence, elle occupe une sorte de vaste yourte en bois bâtie au milieu d’une pelouse. Ce siège 360° imaginé par l’architecte drômois Pierre Traversier, héberge une quinzaine de salariés. v Des colocations fructueuses S e réunir dans des locaux communs pour favoriser les synergies : c’est le choix malin qu’ont fait quelques petites agences de la région. Ce type de regroupement permet de gagner en visibilité et de rassurer les annonceurs. L’exemple le plus connu reste L’Uzyne : ce bâtiment d’Oullins (69) abrite huit agences, soit une petite cinquantaine de salariés. Le projet est né en 2009, quand Malls (animation réseau), Front de Neige (marketing opérationnel outdoor) et J’Articule (conception-rédaction) ont investi 1,2 M€ dans la pierre pour s’installer ensemble. « Nous étions trois amis de longue date, et nos agences étaient complémentaires. D’où l’idée de nous regrouper », explique Frédéric Giraud, dirigeant de Malls et initiateur de L’Uzyne. Même logique à Annecy, où sept agences La yourte en bois de Valcom a été imaginée par l’architecte Pierre Traversier. n° 1223 I 25 septembre 2013 I InterMédia Magazine I 27 DOSSIER PRESSE CHASSEGRATUITE AUX TALENTS Manager une génération réputée fâchée avec l’autorité : c’est le défi que doivent relever les patrons d’agence. Trois idées pour fidéliser la génération Y Acti emmène ses salariés en prison Comment manager les jeunes pros ? C Cet été, l’agence a emmené ses collaborateurs visiter l’ancienne prison Saint-Paul, où un projet artistique est en cours de réalisation. Les salariés ont pu rencontrer à cette occasion le plasticien Georges Rousse. L’agence engage aussi ses collaborateurs dans des réalisations bénévoles, comme la réalisation d’un site contre la surpopulation carcérale, ou contre la double peine. CoSpirit Media Track organise un circuit d’intégration L’agence fait suivre à tous les nouveaux un circuit pour découvrir l’ensemble de ses activités. « Ils peuvent par exemple se retrouver dans un dépôt d’imprimés sans adresse à 7h du matin. Ils comprennent mieux ainsi la réalité de notre métier », note Marc Lewitanski. Novius met une salle de sieste à disposition Une salle de sieste équipée de coussins moelleux : voilà de quoi générer des dizaines de retombées presse et se forger une image d’entreprise sympa. « En voyant cette petite salle, les gens pensent que Novius proscrit le management à la papa », note Anthony Bleton. 28 I InterMédia Magazine I n° 1223 I 25 septembre 2013 Anthony Bleton (Novius). « Le client veut trouver en agence des jeunes fulgurants, qui nagent dans l’informatique et le digital » e patron d’une grande agence lyonnaise n’en revient toujours pas : « quelle est la participation de l’entreprise sur les tickets restaurant ? », lui a demandé dès le premier entretien d’embauche un jeune créatif plutôt coté dans le milieu, qui revenait de trois ans à Singapour. Et ce dirigeant n’est pas le seul à être déconcerté par la génération Y. Celle-ci constitue une bonne partie des effectifs des agences, qui affichent une moyenne d’âge de 35 ans, voire 30 ans dans les structures digitales. Une génération plutôt diplômée (Bac +4, voire 5), qui fonctionne différemment de ses aînés. « Avant il y avait dans ce secteur un besoin vital de faire exister son métier et de l’institutionnaliser. Il était de bon ton de ne pas avoir de vie hors du boulot. A contrario, la jeune génération est celle du “président normal” et de l’affaire Cahuzac, elle veut un équilibre entre sa vie personnelle et professionnelle », note Bruno Tallent (Being). « La nouveauté avec la génération Y, c’est surtout que les jeunes ne veulent plus être corvéables à merci », tranche un consultant RH. Jeunes fulgurants. Or cette génération de « digital natives » est indispensable aux agences... ne serait-ce que pour asseoir leur crédibilité vis-à-vis des annonceurs. « Un dircom veut trouver en agence des juniors fulgurants, qui nagent dans l’informatique et le digital », souligne Anthony Bleton (Novius). Et d’évoquer l’un de ses salariés, Sébastien Drouyer, qui vient de gagner parmi 1 000 candidats un concours organisé par la Nasa pour programmer le robot de la station spatiale Mir. Légitimité professionnelle. « C’est une géné- ration qui n’a connu ni internat, ni catéchisme, ni service militaire. On ne les manœuvre pas à la baguette. Il faut leur imposer une autorité basée sur la légitimité professionnelle », affirme Anthony Bleton. Pour motiver ces digital natives, il y a bien sûr l’intérêt de leurs tâches. Chez Novius, on met en valeur le travail réalisé pour des structures culturelles reconnues comme les Francofolies, la Biennale d’art contemporain, France Televisions… Autre recette : miser sur l’engagement et la participation des salariés. « Nous avons mis en place des groupes de travail, qui réfléchissent à comment améliorer concrètement le quotidien de l’agence : plantes, livret d’accueil... », détaille Laurent Constantin (Acti). Il faut aussi savoir satisfaire des demandes inédites. Anthony Bleton laisse régulièrement les locaux à ses salariés, qui y organisent en soirée des iPod battle. v DOSSIER PRESSE CHASSEGRATUITE AUX TALENTS Pouvoir inscrire une belle référence sur son CV, et profiter de rémunérations légèrement supérieures : c’est ce qu’espèrent les nombreux candidats qui postulent auprès des majors de la région. Intégrer une major fait toujours rêver D eux cent réponses. C’est le nombre de candidatures que peut recevoir Thibaut Gressin, le directeur de Publicis Activ Lyon, lorsqu’il publie une offre d’emploi. Les quatre « majors » présentes en Rhône-Alpes (Publicis, Being, Havas et TBWA) n’ont pas vraiment de problème pour recevoir des CV. « Publicis reste la marque préférée des étudiants en Europe, assure Thibaut Gressin. Pour les jeunes, intégrer notre agence est la garantie d’une belle référence sur un CV. Et puis, ils savent que chez nous ils vont être formés grâce à des process bien rodés ». Chez Being aussi, les candidatures sont légion. « Le Lion d’or que nous avons reçu au printemps dernier a encore augmenté le flux », note Bruno Tallent. En effet, beaucoup de professionnels rêvent d’intégrer une grande agence, qui leur offrira des avantages Thibaut Gressin, directeur de Publicis Activ Lyon “ J’ai recruté une directrice commerciale par Viadeo ” INTERMÉDIA. Quels profils recherchez- vous ? T.G. Des gens curieux, capables de se remettre en cause. Ce qui fait la différence, ce sont les valeurs d’une personne, sa curiosité, sa capacité à défendre une idée. Les « béni-oui-oui » ne m’intéressent pas, je veux avoir du répondant. Il n’y a rien de pire que recruter des gens comme soi-même. INTERMÉDIA. Quels sont vos critères pour recruter ? T.G. Je suis attentif à la manière dont le candidat se comporte en entretien, car je sais qu’il se comportera de la même façon face au client. Cela vaut pour les commerciaux, mais aussi pour les créatifs. Aujourd’hui, le créatif doit de temps en temps être en face de l’annonceur, afin de se confronter à ses attentes. INTERMÉDIA. Par quels canaux passez- vous pour recruter ? T.G. Nous recevons de nombreuses candi- datures spontanées, mais je fais aussi beaucoup de veille sur Viadeo et LinkedIn. Lorsque je travaillais chez Euro RSCG à Reims, j’ai recruté ma future directrice commerciale par Viadeo... et je l’ai fait venir de Mayotte ! Je recrute à l’anglo-saxonne, c’est-à-dire que je regarde assez peu la formation, mais bien davantage l’expérience. v 30 I InterMédia Magazine I n° 1223 I 25 septembre 2013 sociaux (mutuelle, RTT, tickets restaurant...) et une échelle de rémunération plus avantageuse qu’une petite structure. « Au sein d’un groupe, un directeur de création gagnera facilement le double, voire le triple, de ce qu’il touche dans une petite structure. Et c’est assez logique : l’ampleur des budgets n’est pas la même, et l’attente créative est bien plus élevée », note Marc de Torquat, directeur du cabinet Shefferd, qui vient de réaliser pour Stratégies une étude sur les salaires de la communication. Ainsi, un directeur de la création peut percevoir une rémunération de 70 K€ dans une agence événementielle de moins de 80 personnes, et jusqu’à 300 K€ dans une grande agence de publicité. « En revanche, sur des postes plus juniors, la disparité des rémunérations est moindre », précise Marc de Torquat. Un vivier de professionnels Pour autant, les grandes agences ne donnent suite qu’à 2 à 3 % des CV reçus. « Les dirigeants aiment puiser dans leurs réseaux. Ils ont tendance à recruter par clonage, en embauchant quelqu’un qui a fait la même école qu’eux, ou quelqu’un qui a déjà travaillé avec leurs clients », assure un consultant RH. De fait, les patrons d’agence entretiennent un vivier de pros ou de futurs pros prêts à travailler pour eux. Un vivier qu’ils constituent notamment grâce aux écoles. Diplômé d’EM Lyon, Bruno Tallent intervient régulièrement dans cette école de management. L’occasion de repérer des profils. « Pour le commercial, nous aimons recruter des étudiants issus de business schools, confirme Thibaut Gressin. Ils sont capables d’évoluer dans une petite entreprise BtoB comme dans un grand groupe international. On peut les envoyer faire une présentation devant un Comité exécutif, ils ne seront pas perdus ». Officiellement, ces écoles sont également plébiscitées pour leur ouverture à l’international. « Aujourd’hui, l’anglais est indispensable pour bosser tant pour Schneider que pour Martinet. Si vous êtes non anglophone, la moitié des sujets vous échappe », assène Bruno Tallent. Pour autant, ce critère de recrutement serait à relativiser dans les faits. « Il s’agit pour partie d’un discours commercial, que les agences sont obligées de tenir face aux annonceurs. Quelle agence lyonnaise peut se prévaloir de parler anglais au quotidien ? », relativise un professionnel du recrutement, qui ajoute, acide : « Pas sûr que de vrais anglophones aient envie de perdre leurs acquis en travaillant à Lyon ». v JD DOSSIER CHASSE AUX TALENTS [ OUI/NON ] Jeunes diplômés ou anciennes stars de la communication, ils sont nombreux à tenter l’aventure en solo. Ces petites structures dynamisent l’offre, mais elles cassent les prix au passage. Les petites structures fragilisent-elles le marché ? OUI « Concernant les appels d’offre, les petites structures bouleversent évidemment le marché. Elles sont bien moins chères que les agences classiques, car elles économisent sur les coûts de fonctionnement et de personnel. Résultat : elles cassent les prix. Et les annonceurs, qui sont en général assez peu compétents en la matière, ont tendance à se contenter des tarifs les plus bas. Il en résulte de graves conséquences, à savoir la baisse du niveau de qualité de l’ensemble et donc de la crédibilité des agences en général. Tout cela perturbe fortement le marché. La multiplication des petites structures peut aussi créer des perturbations sur des niches de marché. C’est souvent le cas lorsqu’un nouvel arrivant ou un ancien d’une grosse agence débarque Jean-Luc Michel, professeur en sur un créneau précis : le tourisme par sciences de exemple. Toutefois, cela concerne généralement des opérations « one shot » ou l’information et de la communication des petits budgets. La perturbation n’est à l’Université donc que momentanée. Jean-Monnet Contrairement à ce que l’on entend sou(Saint-Étienne). vent, les petites structures ne sont pas les plus créatives. En fait, tout dépend de ce que l’on entend par « petite structure ». S’il s’agit d’un ancien DA qui monte son affaire en travaillant avec quelques freelance, alors oui, la petite structure reste parfaitement créative. Mais si l’on parle d’une personne qui bosse toute seule dans son coin, alors il n’y a pas plus de créativité qu’ailleurs. A moins de tomber sur un génie, mais ceux-ci sont souvent recrutés — voire achetés — par les grandes agences. Avec la recrudescence des petites structures, on passe d’un paysage connu où les acteurs sont identifiés, à un univers plus difficile à cerner dans lequel on ne sait plus où trouver des compétences. Et si l’on a affaire à des francs-tireurs qui font n’importe quoi, cela peut contribuer à écorner l’image d’un secteur qui a réussi à acquérir une crédibilité. Heureusement, la proportion de ce type d’individu est faible. » v 32 I InterMédia Magazine I n° 1223 I 25 septembre 2013 NON « La multiplication des petites structures est quelque chose de clairement positif. Cela apporte du sang neuf, de la diversité et une dynamique forte. Aujourd’hui, les grandes agences sont parfaites pour les annonceurs multinationaux, mais ne sont pas adaptées pour répondre aux attentes des budgets « middle-market ». On est dans une phase de mutation dans laquelle les grands groupes vont devenir toujours plus gros — on l’a vu avec la fusion de Publicis et Omnicom —, notamment pour peser plus lourd en matière d’achat d’espaces. Mais plus ils vont dans ce sens, plus ils se mettent hors de portée d’un certain nombre d’annonceurs. Ainsi en créant Solvius en avril 2012, nous avons voulu inventer un nouveau modèle. est d’apporter un conseil senior en Philippe Brossat, L’idée matière de stratégie et de mettre à dispoancien DG sition un ensemble de compétences en de Jump allant les chercher auprès de freelance et dirigeant et de petites agences. Solvius n’intègre de l’agence aucun de ces métiers, mais, en fonction collaborative des besoins, je vais choisir parmi les Solvius conseil meilleures compétences afin de créer (Lyon). une équipe ad hoc, une « task force » dont je reste le leader et le garant. L’avantage de travailler avec des indépendants et des petites structures, c’est que l’annonceur ne se retrouve pas face à une cascade hiérarchique, il ne paie pas les frais généraux d’une grande agence, et il conserve une véritable objectivité dans le choix de ses partenaires, car chacun est retenu en fonction de ses compétences. Tout se réinvente aujourd’hui. Les outils se multiplient et les compétences sont de plus en plus pointues. Si bien qu’aucune agence ne peut prétendre disposer de toutes les compétences en interne. Celui qui est bon en référencement ne l’est pas forcément en conception de site. Nous atteignons les limites d’un système et la multiplication des offres est particulièrement positive dans ces temps où personne ne détient seul la vérité. » v T MOIN David Harries, 54 ans, est président de Ryan+Deslauriers, une agence de communication américaine basée à Orlando et Dallas. Un homme de terrain À L’ÉCOLE DES RÉSEAUX. Voici un peu plus de 30 ans qu’il bourlingue en agences en Amérique du Nord. D’abord dans des réseaux internationaux comme directeur-conseil, puis dans des structures plus modestes, comme manager et fondateur. Au lendemain d’un MBA de marketing obtenu à la prestigieuse Université McGill de Montréal, il a travaillé une dizaine d’années chez Young & Rubicam Montréal. Pour des clients comme Procter & Gamble, Johnson and Johnson ou Bombardier. En 1993, changement de cap. Un chasseur de têtes new-yorkais le fait recruter par Ogilvy à Rome pour lancer la Ford Mondeo. Grâce à sa maîtrise du français, David Harries apprend l’italien en 2 mois, et réussira si bien que son employeur lui propose l’année suivante de poursuivre sa collaboration avec Ford dans son agence de Detroit. Mais l’aventure ne le tente pas. Il regagne Montréal pour ouvrir le bureau de DMB&B, une agence américaine (passée depuis chez Publicis), qu’il dirigera 3 ans, en gérant notamment le budget de la Banque nationale du Canada. 34 I InterMédia Magazine I n° 1223 I 25 septembre 2013 UN ENTREPRENEUR. Nouveau changement en 1996. Il se met à son compte en créant, à Montréal, l’agence Ryan+Deslauriers, avec deux associés. Elle prospère dans les équipements sportifs avec les skis Dynastar, les patins à glace et les équipements de hockey de Nike. Mais aussi dans l’immobilier de loisir haut de gamme avec le promoteur Intrawest qui l’amènera plus tard à travailler en France sur le programme Arc 1950. En 2000, il ouvre un bureau à New York, puis un autre à Orlando en Floride en 2003, pour suivre son client Intrawest. Et s’installera aussi aux Caraïbes. La crise de 2008 le contraindra à se replier sur Orlando. Aujourd’hui, les affaires ont repris. L’agence travaille pour des chaînes hôtelières de luxe comme Four Seasons en Inde, ou Hyatt à Hawaï. Affiliée au réseau mondial IN Network, elle a ouvert un bureau à Dallas et mène des projets à Toronto, au Québec et en Virginie, mais aussi en Égypte, au Nigéria, en Colombie… En 2012, elle a réalisé 10 M$ de CA avec 8 permanents et une dizaine de designers free-lance.v Le marché nord-américain fascine toujours les Européens. Visite guidée et raisonnée avec un publicitaire qui travaille depuis 30 ans entre Montréal, New York et la Floride. David Harries (président de Ryan+Deslauriers) “ Le marché américain est très régionalisé et ne se résume pas aux métropoles ” INTERMÉDIA. Peut-on parler d’une spécificité INTERMÉDIA. Les agences canadiennes vue d’ailleurs, l’Amérique du Nord est un continent avec une culture dominante anglophone. Mais l’unicité de ce marché n’existe qu’en termes comptables dans les rapports annuels des Publicis, WPP et autres multinationales, chiffrant leur business dans les différentes parties du globe. Car dans le détail, on s’aperçoit que l’Amérique du Nord recèle une mosaïque de régions tout aussi différentes qu’en Europe, entre les pays du Nord et du Sud, la Suède et l’Italie par exemple. dantes installées à Montréal et Toronto. Cossette est présente à Washington et a beaucoup investi au Royaume-Uni. Sid Lee est à New York, Amsterdam et Paris. Les autres sortent peu du Canada, sinon pour aller à New York. Elles sont pénalisées par le poids relatif de leur marché domestique qui n’a pas beaucoup de grands annonceurs internationaux. Je crois aussi que ce n’est pas trop dans leurs gènes. Voici 10 ans, quand j’ai annoncé que j’allais ouvrir une autre agence à Orlando, on m’a carrément traité de fou ! nord-américaine de la communication ? D.H. Non, c’est une vision artificielle. Certes, INTERMÉDIA. Commençons par le Canada. Comment se présente le marché ? D.H. Il est concentré autour de trois grandes villes qui sont Toronto, Montréal et Vancouver. Le plus important est de loin Toronto qui concentre le plus d’agences, notamment celles des grands réseaux mondiaux comme WPP, Omnicom, Publicis, Dentsu ou Havas. La seconde place forte est Montréal où les majors sont aussi présentes, mais avec des agences de moindre importance dont les effectifs varient entre 40 et 100 personnes. C’est d’ailleurs un peu la taille moyenne des agences québécoises, qui comptent encore pas mal d’indépendantes. Il faut mettre à part Cossette et Sid Lee, des structures réputées pour leur créativité et employant chacune plusieurs centaines de collaborateurs dans plusieurs pays. s’exportent-elles ? D.H. Très peu hors ces deux belles indépen- INTERMÉDIA. Y a-t-il un modèle de communication référent ? D.H. C’est plutôt le modèle anglo-saxon — plus direct, plus premier degré — qui s’impose, du fait que l’anglais est la langue dominante, le français touchant guère plus de 20 % de la population. En anglais, les campagnes sont les mêmes qu’aux États-Unis. À noter l’existence d’une ville test pour les campagnes, Peterborough, une cité moyenne de 75 000 habitants, située dans l’Ontario et assez proche de la frontière américaine. C’est une ville baromètre pour les élections, avec une population très représentative et des médias spécifiques, qui en font une zone privilégiée pour les études de marché. Au Québec, les campagnes « made in USA » sont souvent transposées en français, en respectant les idiomes. Les agences francophones, elles, développent un modèle plus européen, plus latin et plus décalé. INTERMÉDIA. Comment fonctionne le marché américain ? D.H. Il est beaucoup plus important, avec une population de quelques 315 millions d’habitants, soit près de 10 fois celle de son voisin du Nord. Mais il est composé de 48 états continentaux, avec chacun leurs différences régionales. D’où un marché très fragmenté, qui ne se résume pas aux grandes métropoles comme New York, Chicago, San Francisco et autres Dallas ou Los Angeles. Il concerne au contraire une trentaine de villes disséminées un peu partout, de Portland à Austin, de Boston à San Antonio. Avec, certes, un large maillage des grands réseaux internationaux. Dans les agences, il n’y a pas de frein à “l’embauche, puisqu’il n’y a pas de protection de l’emploi. On peut licencier du jour au lendemain. ” n° 1223 I 25 septembre 2013 I InterMédia Magazine I 35 ... GRANDTÉMOI ... David Harries (président de Ryan+Deslauriers) À l’instar du groupe Havas, qui dispose de plus de 90 agences aux multiples enseignes (dont Arnold, Abernaty, H4B…) en Amérique du Nord. Ou de Publicis qui y réalise près de la moitié de son CA. Mais on dénombre des centaines d’agences locales de toute sorte (publicité, marketing, digital, relations publiques…) dans tous les coins des États-Unis. Et souvent des agences très créatives dans des endroits inattendus. INTERMÉDIA. Des exemples d’agences locales remarquables ? D.H. Crispin Porter+Boguski (CPB), née sous le soleil de la Floride, parce qu’il y fait bon vivre et qui a ouvert son deuxième bureau à Boulder, au pied des montagnes du Colorado, un autre lieu de vie agréable. C’est un peu comme si une grande agence française démarrait à Annecy et rayonnait sur l’Hexagone. Et CPB, qui a été mainte fois élue agence de l’année aux États-Unis, collectionne des clients prestigieux comme Microsoft, Kraft ou Burger King. Wieden and Kennedy est une autre agence très créative, en rupture de grandes métropoles, installée à Portland dans l’Oregon. Une agence réputée qui a créé (entre autres) le fameux slogan « Just do it » de Nike. Citons encore The Martin Agency, qui travaille pour Nespresso ou Mentos, depuis Richmond, une paisible ville de Virginie. 36 I InterMédia Magazine I n° 1223 I 25 septembre 2013 INTERMÉDIA. Quelles autres particularités de ce marché ? D.H. Elles tiennent aux différences culturelles des régions. Le Sud, par exemple, abrite une très forte population hispanique sur la Floride, le Texas, l’Arizona, le NouveauMexique ou le sud de la Californie. Avec un taux allant de 25 à 50 % de la population totale. À Miami, San Antonio, Phoenix ou Los Angeles, il y a des quartiers où tous les panneaux publicitaires sont en espagnol. Et les campagnes anglaises ne sont pas traduites mais conçues spécialement, sur un modèle plus latin, plus émotionnel, plus chaleureux. Certains États ont même droit à des campagnes spécifiques. Comme le Texas, où les gens sont très indépendants et plus fiers d’être Texans qu’Américains. Et comme c’est un état très riche, nombre de firmes (notamment automobiles) leur concoctent des produits spéciaux et autres séries limitées. Autres particularités : il y a beaucoup de produits régionaux, quasi exclusivement consommés sur place, comme la Shiner Bock, une bière très populaire qu’on ne trouve que dans le Sud. INTERMÉDIA. Les grands réseaux font-ils la loi ? D.H. Comme un peu partout dans le monde, les grands annonceurs, aux États-Unis, ont tendance à travailler avec les agences inter- nationales, tandis que la majeure partie des autres travaille avec des petites structures, indépendantes ou affiliées à des réseaux plus ou moins importants. Par exemple l’Américain MDC Partners qui fédère une bonne quarantaine d’enseignes comme Crispin Porter, KBC ou Anomaly, une agence new-yorkaise réputée pour sa création. Mais ces structures moyennes, très créatives séduisent de plus en plus des annonceurs de grande taille. Ainsi Droga 5, une agence digitale native new-yorkaise a décroché des budgets de Coca Cola, Puma ou Kraft Food et a boosté sa notoriété avec la campagne 2008 d’Obama. Autres exemples : BSSP, une agence californienne qui œuvre pour Google et Columbia. INTERMÉDIA. Les multinationales continuent-elles leurs emplettes ? D.H. Bien sûr. Pour l’essentiel, elles se sont développées par croissance externe. Et continuent d’acheter de petites entreprises innovantes, en particulier sur les réseaux sociaux. Les multinationales peuvent compter sur 2 à 5 % de croissance organique par an (à partir de clients existants), mais cela ne suffit pas à alimenter la demande des actionnaires et la valeur supplémentaire des actions doit provenir de ces acquisitions. INTERMÉDIA. Les agences ont bien sûr fait leur révolution digitale ? D.H. Rappelons que les agences américaines ont été pionnières en la matière, à l’instar de Digitas et Razorfish, aujourd’hui dans l’orbite du groupe Publicis, ou de Blast Radius, devenue filiale de Wunderman (WPP). Et aujourd’hui, on assiste à un foisonnement de pure players et de petites structures très innovantes. De toute manière, c’est ce segment qui progresse le plus vite pour les investissements publicitaires aux États-Unis. Sur internet, ils ont atteint l’an dernier 36 Md$, soit 23 % du total des dépenses des annonceurs, contre 21 % en 2012. INTERMÉDIA. Les autres médias résistent-ils ? D.H. La télévision tient toujours bon, avec 40 % des investissements, une part qui reste constante depuis 4 ans. Ce sont surtout les journaux (quotidiens) qui souffrent, avec 12,5 % des investissements contre 19 % voici 4 ans. Pour le reste, les pourcentages s’effritent mais les volumes se maintiennent. En tendance lourde, c’est la publicité sur mobile qui explose. En 2012, elle a bondi de 180 % à près de 4 Md$ selon l’institut Emarketer. Autre évolution pointée par ce même cabinet : en 2013, pour la première fois, les Américains de 18 ans et plus devraient passer plus de temps sur le web (5 heures) Certains États ont droit à des campagnes “spécifiques. Comme le Texas, où les gens sont plus fiers d’être Texans qu’Américains. ” via les mobiles, tablettes et ordinateurs, que devant la télévision (4h30). INTERMÉDIA. Comment les agences sont-elles INTERMÉDIA. Comment évoluent les relations rémunération aux résultats reste encore rare. Et beaucoup d’agences margent aussi sur l’achat d’espace. Aujourd’hui, le marché de la communication retrouve une bonne croissance. Et les annonceurs ont besoin de prestataires. Il n’y a pas de tendance nette à l’internalisation de tâches chez l’annonceur, ni le contraire. Tout dépend des stratégies propres à chacun. Et il n’y a pas de frein à l’embauche, puisqu’il n’y a pas de protection de l’emploi. Une agence peut licencier des collaborateurs du jour au lendemain, avec des indemnités minimales (les vacances dues et une semaine de salaire par année travaillée). Avec la reprise, les agences embauchent et la chasse aux talents est très active. Car plus que jamais, elles ont besoin de stratèges et de créatifs ; c’est leur valeur ajoutée.v agences-annonceurs ? D.H. Elles se dégradent, en ce sens qu’il y a de moins en moins de contrats pluriannuels, et de fidélité en général. Les annonceurs changent plus fréquemment d’agences, multipliant les compétitions, souvent même quand la campagne précédente a bien marché. Et les budgets sont de plus en plus fractionnés. Cette accélération de l‘infidélité tient beaucoup au turn-over des directions marketing et communication. Jadis, chez Bombardier un directeur marketing pouvait durer 20 ans. Aujourd’hui, la moyenne de la fonction est plutôt de 3 ans. Seuls points positifs, le nombre d’agences consultées (3 à 5) reste stable. Et les services achats n’opèrent guère que dans les grands groupes. Reste que, comme partout dans le monde, les annonceurs veulent plus de prestations en dépensant moins ! rémunérées ? D.H. De plus en plus aux honoraires. La PROPOS RECUEILLIS PAR MICHEL TEXIER n° 1223 I 25 septembre 2013 I InterMédia Magazine I 37 TOPS et FLOPS des campagnes de l’année +++ +++ Oasis géolocalise l’humour de ses affiches Début mai, la marque de jus de fruit a innové avec une campagne d’affichage baptisée « Mangue in France ». 14 visuels adaptés aux 14 villes où ils étaient placardés faisaient un clin d’oeil aux populations locales. À Lyon, on voyait une mangue crapahuteuse qui grimpait péniblement sac à dos une rampe d’escalier avec le slogan « Entrainemangue à la Croix-Rousse ». Il était possible de commander en ligne un tee-shirt à l’effigie de la campagne. Agence : Marcel (Paris). v +ET– Cinq campagnes remarquées en 2013, mais pas toutes remarquables. ––– Sytral Une communication qui tombe à l’eau Le Sytral voulait faire de la pose du pont Raymond Barre à Lyon un événement à grande échelle et... à moindre coût (budget : 40 K€). Soutenue par une campagne signée Communiquez, l’opération « 25 heures chrono » devait permettre aux Lyonnais de suivre en direct cette installation spectaculaire. Et 7 000 personnes s’étaient inscrites. Le Sytral avait négligé le fait que l’opération était difficile et soumise à de nombreux aléas. Quand des problèmes techniques sont venus à plusieurs reprises retarder le spectacle et jeter à bas tout le dispositif événementiel, la communication a un peu dérapé, le Sytral réglant ses comptes avec une entreprise sous-traitante par presse interposée. Finalement, l’installation s’est faite avec plus d’un mois de retard. Et devant un public clairsemé. v Keolis éduque les Lyonnais avec une web-série Pour lutter contre les incivilités dans les transports lyonnais, Keolis a mis en place en juillet une campagne de communication. Déployée en affichage et sur internet sous forme d’une web-série humoristique, elle était signée Et Compagnie (conception) et Bergson Productions (réalisation). Les retombées ont été excellentes sur internet. « Les six vidéos ont été vues entre 4 et 15 000 fois. C’était la première fois que nous proposions une web-série, indique Mar yline Gouttefangeas, chargée de communication. Grâce à cette campagne, la page Facebook des TCL a gagné 400 fans, pour atteindre les 3 000. Mais surtout, le dialogue s’est instauré entre les fans au sujet des incivilités ». v ––– Eurexpo Une belle créa pour rien Renault Trucks attire 50 000 Lyonnais avec des camions +++ Ils ont accouru place Bellecour pour participer à « Truck de ouf », l’événement organisé par le constructeur de 38 I InterMédia Magazine I n° 1223 I 25 septembre 2013 camions pour associer la population lyonnaise au lancement de sa nouvelle gamme. Au programme : exposition de modèles historiques et récents, animations, anamorphose géante de 4 200 m2... Un franc succès pour cette opération de RP locale menée dans la ville du siège mondial de Renault Trucks par les agences Market Place (groupe GL Events) et Publicis. Elles étaient chargées respectivement de l’organisation de l’événement et de la campagne. Ce fut le point d’orgue d’une énorme opération internationale. Catherine Bach, directrice de la communication, est satisfaite du résultat : « 330 retombées presse ont été enregistrées dans le monde, et le site dédié à notre nouvelle gamme a reçu 200 000 visites ». v Imaginé par l’agence lyonnaise Starfactory, ce visuel coloré et remarqué devait annoncer l’édition 2013 du Salon international de l’automobile de Lyon. Problème : l’événement, organisé par GL events, a été annulé dès le printemps. Les grandes marques de l’automobile n’étaient pas au rendez-vous. Le Salon de l’auto devrait revenir en 2015. De quoi laisser le temps aux agences d’imaginer un nouveau visuel de campagne... v IDÉES CIBLAGE Les affiches s’adaptent aux passants À LIRE Georges Lewi : Madame Bovary, c’est lui Au XXIe siècle, la descendante d’Emma Bovary travaille dans le marketing. C’est ce qu’imagine Georges Lewi, l’auteur de Bovary21. Normal : cet ancien publicitaire lyonnais (directeur commercial de Prominter dans les années 80) est aujourd’hui un spécialiste reconnu des marques en France. De livre en livre, il analyse la société au travers de ses mythes, « ces histoires que les gens croient vraies ». Donc la nouvelle Emma travaille au marketing d’une grande entreprise américaine de sodas le jour et dénonce les travers de la société de communication dans son blog la nuit. Les réseaux sociaux vont-ils la sauver du destin tragique de son aïeule ? C’est ce que vous saurez en lisant le premier roman du « mythologue » Georges Lewi. v Bovary21 - 275 pages - 18 € - Bourin Éditeur Le concepteur de panneaux d’affichage Amscreen travaille sur la fabrication de panneaux publicitaires équipés d’une caméra et d’un logiciel de détection faciale qui détermine le sexe, l’âge et le nombre d’individus qui regardent la caméra. Ainsi, le panneau d’affichage sera capable d’adapter la publicité et de choisir celle qui touchera le plus grand nombre de personnes. Intel et Microsoft ont, eux aussi, commencé à travailler sur le développement de supports publicitaires capables de mesurer les caractéristiques physiques des individus. v INNOVATION AFFICHAGE 25.11.2013 Design médical : santé et design pour tous Colloque à la Cité du design de Saint-Étienne. contact@ centrejacquescartier. com 3.12.2013 Talent Day 2013 Convention sur la création, la formation et l’évolution des métiers de l’image. [email protected] 11 au 15.12.2013 Cristal Festival Des panneaux avec lesquels on peut dialoguer Acheter ce que l’on voit à la télé L a tendance est aux panneaux interactifs, dans la rue ou dans le métro. En 2012, pour promouvoir sa nouvelle tablette Galaxy Note, Samsung a installé dans les rues de Lisbonne un panneau publicitaire interactif. Il affichait un artiste qui réalisait sur la tablette et en temps réel, les portraits des personnes se trouvant devant le panneau. Un dispositif rendu possible grâce à un système de visioconférence. L’opérateur téléphonique T-Mobile a installé un dispositif similaire aux PaysBas. Cette fois, le panneau permettait une visioconférence avec des salariés de T-Mobile, qui interpellaient les passants sur les améliorations à apporter à leurs produits. Publicité interactive. Autre affichage étonnant : la marque de shampoings Garnier a innové en installant, au Portugal, un panneau de pub donnant l’illusion qu’une prisonnière était enfermée à l’intérieur. Elle incitait les passants à décrocher un téléphone placé sur le panneau. Une discussion débutait alors et à la fin, la pseudo détenue dépliait une publicité pour le shampoing Fructis. Enfin, dans le métro londonien, l’association Samaritans a installé une publicité interactive pour sensibiliser les personnes au suicide. Sur le panneau défilait la vidéo d’une femme assise dans sa douche. Un téléphone était à la disposition des passants qui devaient décrocher. Si ce n’était pas le cas, la jeune femme avalait des médicaments et un message de prévention s’affichait. Si un passant décrochait, il était remercié et un poste de bénévole lui était proposé. v AA Festival international de la publicité et des médias. chloe@cristal-events. com 40 I InterMédia Magazine I n° 1223 I 25 septembre 2013 Enfermée dans un panneau. Pour promouvoir sa gamme Fructis, Garnier a installé des panneaux de pub donnant l’illusion qu’une prisonnière était enfermée à l’intérieur. Alors que France 3 et Orange viennent de sortir une application « Plus Belle la Vie » qui permet d’acheter les vêtements portés par les comédiens de la série, un site rennais, baptisé Shozap. TV, va plus loin. Lancé en début d’année, il propose aux téléspectateurs de commander en ligne les tenues et objets (lampes, meubles...) qu’ils ont remarqués dans les émissions TV. Des marques ou des particuliers peuvent ainsi mettre en vente leurs produits en les associant à une émission. v DIGITAL Une web-série sur des stagiaires en agence L’agence parisienne DigitasLBi France (groupe Publicis) a réalisé cet été une web-série sur deux de ses stagiaires, étudiantes à HEC. Objectif : suivre leur évolution au sein de l’agence, jusqu’à la présentation de leur mémoire de stage. La web-série a été mise en ligne sur les médias sociaux. v n° 1223 I 25 septembre 2013 I InterMédia Magazine I 41 DÉBLOQUE -NOTES Jacques Simonet, rédacteur en chef d’InterMédia Elle est belle ma moquette ! Elle est belle ! InterMédia publia dans les années 90 une annonce de recrutement ainsi libellée ou à peu près (je ne me souviens plus des termes exacts) : « Petite agence de RP lyonnaise, dirigée par une patronne rigide, travaillant pour des clients plutôt pénibles cherche chargé(e) de dossier. Grosse charge de travail. Petit salaire. Maîtrise de l’hindi appréciée. » Faut-il le préciser ? L’annonce était anonyme. Visiblement, l’humour au second degré n’est pas la meilleure méthode pour attirer les talents même les plus originaux : personne ne répondit. Ce qui ne surprendra pas les recruteurs chevronnés qui auront constaté que cette annonce au demeurant séduisante négligeait d’aborder un point essentiel de nos jours : les locaux de l’agence. Vous apprendrez en page 26 qu’il est primordial pour séduire les super collaborateurs, de proposer un cadre de travail sortant de l’ordinaire. Tout le reste — et surtout le salaire — n’a finalement qu’un intérêt subalterne. Donc si vous êtes amené à publier prochainement une annonce dans InterMédia, je vous conseillerais plutôt un libellé de ce type : Des locaux bucoliques. Dans la série des locaux originaux, ceux de l’agence grenobloise Création d’Images sont particulièrement réussis. Si j’en crois la photo diffusée par la nouvelle direction, elle souhaite marquer un changement de cap et prendre de la hauteur. Restent quelques problèmes techniques à résoudre. 42 I InterMédia Magazine I n° 1223 I 25 septembre 2013 « Harassant travail de créatif sous les ordres d’un supérieur tyrannique, interminables charrettes, émoluments misérables, mais chouettes locaux avec baby-foot et punching-ball. Seules les candidatures enthousiastes seront étudiées. » Tout patron expérimenté le sait : désormais pour attirer les talents, il ne faut pas lésiner sur la moquette, les luminaires design, les canapés lounge, les enceintes Bose... D’autant que cela ne coûte finalement pas si cher. Certes, il ne faut pas se leurrer. Certains candidats avisés finissent par flairer les pièges les plus subtils. Par exemple, si une agence met en avant sa salle de sieste — je ne citerai personne — cela veut dire : « Puisque vous pouvez vous reposer chez nous, pourquoi rentrer chez vous les nuits de travail tardif. Restez donc au bureau ! » Ces esprits rétifs qui encombrent les listes d’attente de Pôle Emploi, se méfient aussi des sociétés qui mettent en avant leur climatisation. Car tout bon manager sait que, en été, c’est le meilleur moyen de voir revenir très vite, après un déjeuner vite expédié, des collaborateurs qui étouffent à l’extérieur. Une fois revenus, que peuvent-ils faire sinon travailler ? v Les 100 premières agences de Rhône-Alpes (par le chiffre d’affaires 2012) SOCIÉTÉS TOP 10 PUBLICIS ACTIV RHÔNE-ALPES (1) NOUVEAU MONDE DDB LYON (1) TRENTA GROUPE COSPIRIT MÉDIATRACK(1) PIERRE GUICHARD ET ASSOCIÉS TRUCHE PUBLICITÉ ARC TBWA CORPORATE RA/AUVERGNE (1) JAPA COMMUNICATION MELBOURNE TOP 20 GROUPE 361 FÉLIX CRÉATION (2) PEMACO + CARACAS (3) DUFRESNE CORRIGAN SCARLETT KAÉLIA (INSIGN) PAMPLEMOUSSE COMMUNICATION (4) AGENCE TEXTO NATIVE COMMUNICATION (1) MAKHEIA GROUP (1) MATIÈRE GRISE TOP 50 NEVADA MÉDIACITÉ (5) VALCOM CONJONCTURE SIENNE DESIGN SAATCHI & SAATCHI + DUKE / LYON (1) ADJECTIF JS CONSULTANTS BIG BANG COMMUNICATION (1) ACTITUDES MÉDIA SPORT PROMOTION (1) JEAN VASSEUR COMMUNICATION LOVENLY APACHE (1) ESPRIT PUBLIC HAUTEFEUILLE MAGAZINE COXINÉLIS AGENCE À SUIVRE THURIA MARKET-INN IDETOP (1) ACTIVATEURS (LES) AVANT-PREMIÈRE (1) AGENCE ALBUM EXTRA KAMELEON TRAIT D’UNION ALCHIMISTES (LES) ESPRIT DES SENS (1) AGENCE HULA HOOP (1) VILLE EFFECTIF RESPONSABLE CA 2012 (€) 21 950 000 10 537 000 6 292 800 3 840 000 3 743 800 3 646 100 3 500 400 3 400 000 3 108 400 3 094 900 CA 2011 (€) 69002 Lyon 69286 Lyon 42100 Saint-Étienne 69002 Lyon 42000 Saint-Étienne 69002 Lyon 69006 Lyon 69130 Écully 63170 Aubière 69009 Lyon 137 47 24 40 15 10 14 18 30 15 Christophe FILLÂTRE Franck SOLOMIAC Philippe VALENTIN Florian GRILL Pierre GUICHARD Laurent TRUCHE Hervé DEVINEAU Philippe GOURE Jean-Pierre ARNAUD Alain VERDELLET 69006 Lyon 74960 Cran-Gevrier 69100 Villeurbanne 69009 Lyon 69001 Lyon 69009 Lyon 74960 Cran-Gevrier 69007 Lyon 69002 Lyon 38080 Four 21 30 27 22 30 25 16 25 15 10 Philippe MAUCHAMP Salvatore CORDA Pierre MENUT Carole GIROUD Lionel CUNY Jean-Marie PHILIPPE Anne-Marie MASSONNET Laurent FISCHER Jean-Charles BEREYZIAT Patricia ROEHRI 3 085 700 3 078 900 2 973 000 2 840 900 2 840 500 ND 2 398 700 2 350 000 2 350 000 2 334 100 S S F F F 69002 Lyon 69002 Lyon 26760 Beaumont-lès-Valence 63405 Chamalières 69200 Vénissieux 69003 Lyon 69007 Lyon 69003 Lyon 69300 Caluire-et-Cuire 69632 Vénissieux 69009 Lyon 69009 Lyon 74960 Cran-Gevrier 69085 Lyon 69002 Lyon 69001 Lyon 69370 St-Didier-au-Mont-d'Or 69003 Lyon 73400 Marthod 38500 Voiron 69001 Lyon 74000 Annecy 69004 Lyon 71020 Mâcon 69006 Lyon 69001 Lyon 69001 Lyon 74940 Annecy-le-Vieux 69002 Lyon 69004 Lyon 11 18 15 18 15 6 8 15 22 18 12 13 13 19 17 15 9 8 14 8 13 30 15 11 13 8 8 5 12 10 Marie-Laure VERTAT Louis TAYOL Franck VEYRAT Jean-Louis JULHE Olivier FISCHER Francis TRUCHOT Florian SERMET Patrick FAIVRE Patrick COSI Jean-Claude PIETROCOLA Jean VASSEUR Alexandre DEL BANO Gilles NOSTRADAMUS Béatrice MAILLOT Christian JAMOND Gabriel GUEDJ Emmanuel PERRIN François PERRIN Vincent THIEBAUT Lucien GERMANI Olivier PENHOAT Xavier MOREL Danièle BORNAND Maxime MASSA Sébastien OLIVE Christine FRENAY-CASSE-BARTHE Jean-François HUPPERT Maxime GRAMMONT Olivia CUIR Cédric MOREL 2 325 100 2 316 300 2 077 400 2 032 400 2 006 900 1 845 260 1 943 300 1 789 918 1 759 075 1 682 855 1 642 400 1 572 800 1 560 000 1 495 800 ND 1 393 800 1 358 700 1 352 200 1 349 300 1 309 900 1 300 000 1 278 400 1 200 000 1 198 800 1 197 900 1 188 200 1 173 200 1 137 800 1 125 000 1 120 000 S S S F F S S S F F S S S F S F F F F S F F S S S S S F F S S S S S S S S S RN 2012 (€) RN 2011 (€) 21 769 000 NC 6 453 600 4 570 000 4 214 100 3 775 500 3 151 500 NC 3 197 100 3 840 900 NC 105 343 562 300 585 000 152 700 48 000 -100 200 250 000 108 400 78 500 NC NC 421 500 NC 191 500 10 900 22 900 NC 91 100 172 200 2 791 700 1 691 700 3 285 800 3 340 000 3 475 000 2 611 500 1 989 700 2 290 000 1 950 000 1 864 400 415 700 -130 300 7 000 86 900 49 500 ND 27 700 -50 000 NC 15 800 383 300 65 200 128 300 143 000 45 700 187 500 63 200 100 000 NC 30 900 1 836 600 1 861 200 1 722 600 2 256 500 2 093 900 1 786 185 1 824 500 1 449 000 1 843 420 1 970 900 1 544 900 1 484 500 1 279 400 2 158 700 1 436 900 1 346 400 1 421 000 NC 1 371 300 1 245 000 NC 924 500 948 900 1 005 200 1 059 500 963 300 1 169 100 NC 1 015 400 243 300 103 900 2 400 58 600 32 400 38 100 75 000 158 700 NC 149 629 84 999 -21 400 121 900 856 000 -214 100 78 000 42 900 102 600 2 500 -15 200 24 600 85 000 7 200 NC 129 300 74 500 129 800 53 000 73 700 NC 65 000 60 400 135 100 53 100 106 100 -66 200 38 000 182 200 4 900 87 385 -141 900 12 100 211 300 -207 900 -43 900 46 900 4 600 251 300 NC 14 900 24 000 NC -300 67 600 110 400 69 800 149 500 32 200 NC 5 200 15 500 (1) Les comptes 2012 de ces entreprises ne sont pas ou pas encore publiés. Nous indiquons donc les chiffres qui nous ont été communiqués par leurs dirigeants. (2) L’agence Félix Création a réalisé un CA 2011 sur 6 mois et un CA 2012 sur 12 mois. (3) Agence qui résulte de la fusion de Pemaco et Caracas. (4) Pamplemousse : CA consolidé des trois sociétés du groupe. (5) Médiacité a réalisé un CA 2011 sur 12 mois et un CA 2012 sur 18 mois. NC : non communiqué. Les magazines thématiques Impressionnant par nature MÉTHODOLOGIE Tableau élaboré à partir des 200 agences généralistes répertoriées dans le Guide InterMédia. Le classement des 100 premières a été fait sur le CA 2012 (CA 2011 quand nous ne disposions pas encore du CA 2012). Pour les groupes ayant une implantation régionale nous ne faisons figurer que ceux qui communiquent des chiffres régionalisés. C’est pour cela que vous ne trouvez pas Being (groupe TBWA) et Havas 360 Lyon (groupe Havas). + d’infos sur www.intermedia.fr SOCIÉTÉS VILLE TOP 100 SYNTAGME | MAISON DE COMMUNICATION PAPRIKA BRAINSTORMING COMMUNICATION MMAP ZEBRAND PORTEUR D’IMAGE (1) MEDIRIS ELVIS MAYFLOWER ULTIMUM ADVERTISING LA SERRE’NKO OZ CONSEIL ADNCOM NEWZEALAND BONNE RÉPONSE WR&S AGENCE TAM-TAM TRAVAIL ASSOCIÉ (1) ARBONNE DE LAURENCIN ZOÉ COMMUNICATION TERRA NOSTRA AND CO TRAIT DE MARQUE CORRIDA PRO G PITCHMARK COMMUNICATION BKN AGENCE FUTURE REALVISION ET COMPAGNIE COMÈTE CAPITAL GRAPHIC MUZZLE JE VAIS LE DIRE À MA MÈRE PMACTION PLM PERRIER-CORNET DOUBLE ACTION BEMORE INFLUENCE HEURE D'ÉTÉ ACID CRÉATION KERN MD-RÉSO 2H+M GEORGES COMBE PUBLICITÉ OCRE JAUNE COMMUNICATION (1) UNITÉ MOBILE ETHIK & TAKTIK COMTOO A CAPELLA EXTREM-K | KEM SERVICES 69006 Lyon 74940 Annecy-le-Vieux 69130 Écully 69007 Lyon 69890 La Tour-de-Salvagny 74006 Annecy 69007 Lyon 69001 Lyon 69006 Lyon 69100 Villeurbanne 69002 Lyon 74960 Cran-Gevrier 38170 Seyssinet-Pariset 69006 Lyon 69005 Lyon 69006 Lyon 69100 Villeurbanne 26000 Valence 69002 Lyon 42100 Saint-Étienne 74370 Pringy 69007 Lyon 74000 Annecy 69001 Lyon 38240 Meylan 74650 Chavanod 69002 Lyon 74000 Annecy 69004 Lyon 69009 Lyon 69300 Caluire-et-Cuire 69006 Lyon 74960 Meythet 69002 Lyon 69270 St-Romain-au-Mont-d'Or 69006 Lyon 69160 Tassin-la-Demi-Lune 69100 Villeurbanne 69007 Lyon 38028 Grenoble 74330 Poisy 69570 Dardilly 73000 Chambéry 69002 Lyon 69813 Tassin-La-Demi-Lune 69004 Lyon 69440 Taluyers 69140 Rillieux-La-Pape 69001 Lyon 38320 Eybens EFFECTIF RESPONSABLE 7 11 15 10 7 15 3 7 20 10 6 13 10 9 11 9 9 12 10 4 11 7 10 5 6 7 5 12 7 5 9 7 4 5 6 7 2 10 4 6 3 4 4 6 4 4 3 5 4 3 Érick ROUX DE BÉZIEUX Michel MASUREL Anne GRIOT Marc MARYNOWER Érik BERCHET-MOGUET Laurent MORVANT Gilles MARIGNAN Maud CORNU Nicolas PRENOT Olivier DENÉCHÈRE Patricia OVSIENKO Ludovic PERROT Stéphane NICOLAS Antoine COULLOUDON Nathalie PRADINES Vincent SORGUES Jean-Pierre KILIAN Patrice TRAVAIL Franck DAUCHEZ Fayçal ELGODJAM Christophe SANNICOLO Frédéric MALIPIER Olivier CARDIN Jean-Michel POIZAT Gilles ROSSET Raphaël BONTRON Vincent NEBOIS Cyril MARIE Pascal FELTRIN Denis MILLET Laurent FAVIER Bruno FOURNIER Cyril PERGAUD Jean-Pierre MAGAND Patrick MÉOT Daniel PERRIER-CORNET Gilles MIQUEL Hervé BIGAL Claire FORISSIER Sébastien BÉZIAU Jean-Marie GOMILA Serge GRECK Pierre ROSSET Georges COMBE Brigitte PANGAUD Philippe BADEY Philippe BOQUIN Rudy ASSAL Franck COHEN Loïc LANGLOŸS 1 098 400 1 097 800 1 094 400 1 048 600 933 900 930 000 901 800 865 300 857 900 856 000 854 600 832 600 831 100 827 100 772 200 771 200 715 900 707 120 686 300 679 800 657 900 641 300 606 200 573 700 561 300 527 600 519 900 518 500 502 900 482 300 468 500 446 300 444 000 442 600 439 600 433 600 408 400 NC 394 900 392 600 392 500 388 300 386 800 376 500 368 800 NC 366 342 362 600 362 500 354 600 CA 2011 (€) S S F S F S S F S S F S F F F F S F F S S S F F F F F F F F S S F F F F F S S F F F S S F S 909 100 915 600 NC 1 244 800 852 900 1 201 200 773 600 771 000 NC 962 800 823 200 663 400 963 800 774 800 911 900 809 600 1 133 300 748 300 613 800 682 300 768 600 520 400 495 400 488 700 541 300 531 100 547 100 521 400 503 300 630 500 476 226 646 100 338 900 417 100 460 600 464 700 409 600 408 300 490 400 422 800 281 000 379 400 468 800 433 400 413 500 367 700 350 000 301 300 414 000 352 500 RN 2012 (€) RN 2011 (€) 93 000 35 800 10 700 -4 100 66 200 ND 50 000 36 400 10 300 86 100 49 400 38 700 17 300 20 600 14 600 -61 300 -16 300 43 000 44 400 6300 -50 400 28 500 77 100 13 000 -25 600 30 000 15 500 8 600 6 100 20 600 51 500 -4 600 69 200 5 100 -19 100 14 100 28 900 NC 21 400 13 100 21 500 11 900 800 11 200 42 770 NC 22 777 30 600 1 500 2 600 43 800 40 800 NC -600 70 600 -161 700 75 900 40 000 NC 78 900 57 200 36 900 28 000 2 200 69 000 7 700 53 600 46 700 21 200 -26 600 5 800 17 500 37 800 -45 200 33 500 4 400 35 500 0 -30 600 40 400 -1 709 -55 600 53 600 4 400 17 000 15 100 30 200 1 400 25 800 27 400 21 800 -4 400 20 700 1 400 26 900 54 000 19 500 55 600 8 500 2 800 Agences qui n’ont pas déposé de comptes depuis 2 ans (2011 et 2012) : Access Direct / Bridge Communication / C’Digital / Chocolat Chaud / Couleur Café / La Société Secrète / Les Distilleurs / Liber Mundi / Novembre Communication / Nuytten Marc / Oconnection / Zen Communication / Zéolite Communication. Agences trop récentes pour avoir déposé des comptes : Retail & Co, Sunny Monday. l Édition l Pré-Presse l Impression Offset l Impression Numérique l Post-Print l Éthique Environnementale l [email protected] www.imprimerie-brailly.fr www.intermedia.fr CA 2012 (€) MAGAZINE Parc Inopolis - 62, route du Millénaire - BP 34 - 69564 St-Genis-Laval cedex - Tél. [email protected] www.abnumeric.fr 04 78 86 47 47 - Fax 04 78 86 47 00