Communiqué de presse
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Communiqué de presse
Communiqué de presse VENISE De Canaletto et Turner à Monet 28 septembre 2008 – 15 février 2009 Canaletto (1697–1768), Francesco Guardi (1712–1793), J. M. William Turner (1775–1851), James McNeill Whistler (1834–1903), John Singer Sargent (1856–1925), Anders Zorn (1860–1920), Edouard Manet (1832–1883), Pierre-Auguste Renoir (1841–1919), Pietro Fragiacomo (1856–1922), Odilon Redon (1840–1916), Paul Signac (1863–1935), Claude Monet (1840–1926) Depuis son inauguration il y a maintenant onze ans, la Fondation Beyeler s’est principalement intéressée à l’art des XIXe et XXe siècles tant à travers la présentation de son fonds propre que dans ses expositions temporaires. La Fondation n’a cependant jamais ignoré que l’art moderne n’a pas été créé ex nihilo. Cette conscience a ainsi présidé à l’organisation en 2001 de l’exposition « Ornement et abstraction », qui s’est attachée à replacer les productions artistiques de l’époque moderne dans un contexte historique. L’année 2004 en a offert un nouvel exemple avec l’exposition « Francis Bacon et la tradition de l’art », montée en collaboration avec le Kunsthistorisches Museum de Vienne et consacrée à la confrontation entre un parangon de l’art moderne et la peinture occidentale. Cette exposition a permis de découvrir, sur les murs repeints en pourpre de la Fondation, des toiles de maîtres anciens comme Le Titien, Vélasquez et Rembrandt, juxtaposées aux tableaux de Francis Bacon. L’exposition « Venise. De Canaletto et Turner à Monet » va encore plus loin. Elle s’ouvre en effet sur le XVIIIe siècle avec les vedute de Canaletto et de Francesco Guardi et dessine une vaste courbe conduisant à la série de toiles que Claude Monet a réalisées à Venise en 1908. Cette exposition propose ainsi, à travers une présentation inédite de douze artistes européens et américains, un panorama des formes de représentation picturale produites par les pionniers et les premiers représentants de l’art moderne dans la cité de la lagune au XIX e et au début du XXe siècles. Ce panorama se déploie presque sans artistes vénitiens. Les plus mémorables tableaux de Venise du XIXe et du début du XXe siècles ont en effet été réalisés par des artistes d’Europe du Nord et des États-Unis. Canaletto et Francesco Guardi ont été au XVIIIe siècle les derniers grands peintres vénitiens de vedute. Leurs peintures pleines de fête et de gaieté, dont cette exposition présente certains des exemples les plus significatifs, ont durablement marqué l’image de Venise, même après le déclin de la Sérénissime. Alors qu’elle était certainement dès l’époque de Canaletto et de Guardi la ville la plus fréquemment représentée, Venise est devenue au XIXe siècle un véritable lieu de pèlerinage, embrasant l’imagination de certains des plus grands et des plus remarquables créateurs, qu’ils soient peintres ou photographes, écrivains (George Sand, Marcel Proust, Henry James, Thomas Mann), poètes (Lord Byron, Rainer Maria Rilke), musiciens (Richard Wagner, Piotr Illich Tchaïkovski, Frédéric Chopin) ou philosophes (Friedrich Nietzsche, Georg Simmel). Toutes ces images léguées par les artistes et les intellectuels expliquent largement que la découverte de Venise, plus que de toute autre ville, soit une expérience « préformée ». La représentation de la Venise du XIXe siècle s’est transformée en palimpseste, sur lequel se sont superposées des images différentes, toujours ambivalentes : images du pouvoir et du déclin, de l’amour et de la mort, de la beauté et de la fragilité, de la joie de vivre et de la mélancolie. Les fondements de cette nouvelle image de Venise ont été posés au début du XIXe siècle par Lord Byron à travers ses poèmes et ses drames. Sa passion délirante pour Venise, dans laquelle il voyait une allégorie de la décadence, était partagée par le peintre anglais William Turner. Les superbes œuvres de Turner prêtées par la Tate prouvent avec une force impressionnante que les inventions picturales du peintre, transcendant la réalité, ne le cèdent en rien à celles du poète. En 1874, un représentant précoce de l’art moderne séjourna pour la première fois à Venise en la personne d’Edouard Manet. On peut s’en étonner si l’on songe que Manet et les impressionnistes, défenseurs d’une « peinture pure » n’ayant d’autre objet qu’elle-même, se détournèrent délibérément des genres et des sujets chargés d’une « superstructure » sentimentale et littéraire. Ils les abandonnèrent à ceux de leurs collègues qui exposaient régulièrement aux salons de Paris et de Londres. Certains des premiers représentants majeurs de l’art moderne ne restèrent pourtant pas indifférents à la singularité et à la beauté de Venise. Peindre Venise — pour Edouard Manet et James McNeill Whistler, pour Odilon Redon et Paul Signac, c’était opposer, par leurs propres inventions picturales, quelque chose de nouveau aux stéréotypes artistiques éculés. Chacun des artistes qui figure dans cette exposition a élaboré dans ce dessein une stratégie personnelle se nourrissant de sa création antérieure. L’exposition associe les œuvres marquantes des principaux représentants de l’avant-garde française et anglo-américaine qui ont travaillé à Venise à la fin du XIXe et au début du XXe siècles. De plus, avec John Singer Sargent et Claude Monet, Pierre-Auguste Renoir et James McNeill Whistler, elle réunit pour la première fois des artistes liés par l’amitié depuis leur jeunesse. Le Suédois Anders Zorn, un peintre qui a connu de son temps une renommée mondiale, personnifie ici l’attrait que la Venise cosmopolite du tournant du siècle a exercé sur un nombre croissant d’artistes appartenant à une avant-garde modérée. La Biennale d’Arte, dont la première édition a eu lieu en 1895, a beaucoup fait pour attirer à Venise les artistes du « juste milieu ». Ce nouvel environnement a également inspiré la production artistique locale, comme le révèle, dans notre exposition, la toile de Pietro Fragiacomo. Un nouveau chapitre de la médiatisation de la cité de la lagune, qui n’a pas été sans répercussions sur la peinture contemporaine, s’était ouvert dès les années 1850 avec la place de plus en plus importante qu’a occupée la photographie à Venise. Le grand nombre de visiteurs a stimulé la demande de reproductions photographiques des monuments les plus remarquables ainsi que de la « vie du peuple » vénitien, et ce d’autant plus que, vers 1900, Venise avait définitivement trouvé sa raison d’être dans le tourisme. Nous avons l’immense chance de pouvoir montrer dans cette exposition un groupe représentatif d’anciennes photographies de Venise de la collection Herzog de Bâle. Pendant de longues années, Claude Monet a renâclé à l’idée de partir pour Venise. Il s’y est rendu pour la première (et dernière fois) avec sa femme Alice en 1908, alors qu’il avait déjà 68 ans. Malgré ses réticences premières, Monet a succombé comme les autres au mystérieux pouvoir de fascination de la « ville nénuphar » (Paul Morand). Deux mois durant, il a mis en chantier en plusieurs lieux de la ville des tableaux qu’il achèvera dans son atelier de Giverny au cours des années suivantes et qu’il exposera au printemps de 1912 à la Galerie Bernheim-Jeune de Paris. Un siècle après leur création, nous avons entrepris de reconstituer la série de toiles vénitiennes de Monet qui n’avait plus été vue intégralement depuis sa première présentation parisienne. Rétrospectivement, la série d’œuvres élégiaques de Monet fait figure d’adieu à l’image de Venise que se faisait une époque qui s’est achevée irrévocablement deux ans plus tard, avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Cette exposition rassemble 150 œuvres, dont 80 peintures, 50 travaux sur papier et 20 photographies historiques. Elle a pour leitmotivs les célèbres vues de Venise, comme celles de la place Saint-Marc, du Grand Canal, de l’église San Giorgio Maggiore conçue par le Palladio et de l’église Santa Maria della Salute. Dans le cadre d’un engagement hors du commun, plus de 70 institutions et collectionneurs privés d’Europe, des États-Unis et du Japon ont accepté de mettre à notre disposition des chefs-d’œuvre, rarement montrés pour certains. C’est grâce à eux que cette exposition a pu voir le jour sous cette forme. Citons parmi les principaux prêteurs institutionnels le Museum of Fine Arts, Boston; le Fitzwilliam Museum, Cambridge ; le National Museum of Wales, Cardiff ; le Calouste Gulbenkian Museum, Lisbonne; la Tate, Londres ; le Museo ThyssenBornemisza, Madrid ; la Zornsamlingarna, Mora, Suède ; les Bayerische Staatsgemäldesammlungen, Alte und Neue Pinakothek, Munich ; le Metropolitan Museum of Art, le Solomon R. Guggenheim Museum et le Brooklyn Museum of Art, New York ; le Chrysler Museum of Art, Norfolk ; le Philadelphia Museum of Art ; le Pola Museum of Art, Japon ; le Shelburne Museum, Shelburne, Vermont ; la Pinacoteca Giovanni e Marella Agnelli, Turin ; la Galleria Internazionale d’Arte Moderna di Ca’ Pesaro, Venise ; la National Gallery of Art et le Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, Washington; l’Akademie der bildenden Künste, Vienne ; le Sterling and Francine Clark Art Institute, Williamstown, Massachusetts ; la Collection E.G. Bührle, Zürich. Le commissaire invité de cette exposition, présentée en exclusivité à la Fondation Beyeler, est Martin Schwander. On peut voir parallèlement, en guise de « projet », des travaux photographiques contemporains sur le thème de Venise réalisés par Vera Lutter (1960) et David Claerbout (1969). Un programme varié de manifestations comprenant notamment une lecture de Donna Leon et une soirée de lieder donnée par un ensemble vocal de l’Opéra du Théâtre de Bâle accompagne l’exposition. Un catalogue est publié à l’occasion de l’exposition chez Hatje Cantz Verlag, Ostfildern, avec une introduction de Martin Schwander consacrée à l’histoire de l’art et de la culture et des contributions inédites de Gottfried Boehm, Alan Chong, Anne Distel, Dario Gamboni, Elaine Kilmurray, Bożena Anna Kowalczyk, Margaret F. MacDonald, Christopher Riopelle, Giandomenico Romanelli, Ian Warrell et Juliet Wilson-Bareau. Ce volume, qui contient des reproductions de toutes les œuvres d’art exposées, comprend 224 pages dont 182 en couleurs. Il est vendu au prix de 68 CHF. Contacts presse : Ricarda Dobler / Catherine Schott , Tél. + 41 (0)61 645 97 29/21, Fax + 41 (0)61 645 97 39; [email protected] www.beyeler.com (Presse) – Images de presse à télécharger sous www.beyeler.com/press-images Heures d’ouverture de la Fondation Beyeler: tous les jours 10–18 h., mercredi jusqu’à 20 h.