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CLYSTERE
E-revue mensuelle illustrée
Histoire des objets et instruments médicaux
Histoire de la santé
SOMMAIRE N° 46 – JANVIER 2016
Conseils aux auteurs
Vœux : Les belles étrennes du Docteur Levasseur (Jean-Michel Meunier)
Histoire de la santé :
-
Les vaisseaux d’étain étaient-ils toxiques ? (Jean-Louis Dupré)
De la réforme de trois institutions françaises après la Seconde Guerre mondiale (Xavier Riaud)
Histoire des instruments :
-
Une prothèse de main « système Cauet » (Jean-Pierre Martin)
Histoire de se creuser un peu la tête (Bernard Baldivia)
Les objets médicaux à l’origine d’expressions argotiques (Jean-Bernard Cazalaà)
En musardant sur la Toile (Bernard Petitdant)
Courrier des lecteurs
Actualités
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CLYSTÈRE
(ISSN 2257-7459)
Conception –réalisation : © Dr Jean-Pierre Martin
Service de gériatrie, Centre hospitalier Jean Leclaire BP 139
Le Pouget, CS 80201 24206 Sarlat cedex, France
Abonnement gratuit sur : www.clystere.com
Comité scientifique :
Michèle Moreau (cadre supérieure de santé honoraire, membre fondatrice et trésorière-adjointe de
l'Association des Amis du Musée de l'AP-HP (ADAMAP)
Frédéric Bonté (Docteur en pharmacie, membre de l’Académie Nationale de Pharmacie)
Guy Gaboriau (Docteur en médecine, Collectionneur et spécialistes des instruments médicaux anciens)
Guillaume Garnier (Docteur en Histoire moderne et contemporaine)
Richard-Alain Jean (Docteur en médecine, égyptologue, spécialiste de la médecine égyptienne)
Philippe Lépine (Ingénieur retraité du fabricant d’instruments médicaux Lépine, à Lyon)
Bernard Petitdant (Cadre kinésithérapeute, spécialiste de l’histoire de la kinésithérapie)
Xavier Riaud (Docteur en chirurgie dentaire, spécialiste de l’histoire dentaire et napoléonienne)
Clystère sur :
01 janvier 2016
Facebook : https://www.facebook.com/Clystere
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Conseils aux auteurs
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VŒUX : Les belles étrennes du docteur Levasseur
Jean-Michel MEUNIER
Ophtalmologiste
Contact : [email protected]
Qui connait le docteur Levasseur, installé autrefois 55 rue de
Neuilly à Rosny dans le département de la Seine ? Certainement aucun habitant actuel de Rosny-sous- Bois, ni aucun des
lecteurs de Clystère.
Que savons-nous de lui ?
Rien; si ce n’est qu’au cours d’un mois de décembre d’avant
1914 il reçoit du facteur une petite boite ronde, envoyée de
Paris. Une petite boite de carton assez lourde qu’on aurait pu
prendre pour un étui des fameux réglisses Florent. Une boite
qui désormais porte son souvenir et nous éclaire sur ses habitudes thérapeutiques. Un objet trouvé dans un grenier qui
Etrennes : Le dictionnaire étymologique de la langue française Larousse d’ Albert Dauzat 1938 nous
dit que le mot est issu du latin
STRENA : bon présage. Par extension il signifie cadeau à titre
d’heureux présage.
Pour le Larousse encyclopédique
du XIXe siècle, Strenia est également le nom de la déesse d’un bois
sacré dans lequel on cueillait des
rameaux de verveine offerts aux
magistrats de Rome comme signe
de déférence. C’est sous le règne
de Tatius Sabinus que cette règle
fut établie en signe de bon augure
de la nouvelle année.
sait nous parler.
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Maintenant, observons cette boite :
Elle est ronde, en carton, d’un diamètre de 72 mm. Son couvercle porte une étiquette qui nous renseigne sur l’expéditeur et sur le destinataire, forcément docteur. Lorsqu’on retourne la boite on voit
un timbre rouge de 10 centimes oblitéré [Fig.1].
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Figure 1 : la boite reçue par le Dr Levasseur.
La société Rubinat Llorach (1) dont les bureaux sont au 135, Bd de Sébastopol à Paris est l’expéditeur.
Le nom composé évoque une source espagnole située dans un village : Rubinat, dans la province de
Léridat, et son exploitant, un médecin espagnol le docteur Pablo Llorach. La source émet une eau
purgative riche en sulfate de sodium dont l’importation en France est autorisée en 1880. Il semble
qu’après la défaite de Sedan, les eaux purgatives allemandes proposées jusque-là (Bitterwasser)
étaient devenues trop amères… voire indigestes. La marque Rubinat Llorach est déposée en France en
1885.
Le timbre de 10 centimes (2) collé sur le fond de la boite est un bon élément de datation. Il s’agit d’un
modèle à la semeuse, sur fond rouge, sans sol, avec inscriptions maigres. Il a été vendu par la poste
du 28 juillet 1906 à 1910. Le cachet n’est pas très lisible mais on devine 23 - 12 sans pouvoir lire
l’année. Cette boite est donc postée un peu avant le nouvel an entre 1906 et 1910.
Il est maintenant temps d’ouvrir la boite, avec curiosité et prudence comme le docteur Levasseur il y a
plus de cent ans…
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Le contenu de la boite
Une carte est insérée dans le couvercle. Le texte qui se termine par des vœux nous confirme qu’il
s’agit bien d’un présent de fin d’année adressé par la société Rubinat Llorach [Fig. 2].
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Figure 2 : la boite ouverte…
La boite est compartimentée par un cylindre de carton mobile. Autour du cylindre des fragments de tuyaux de caoutchouc, durcis par le temps, deux embouts nickelés creux
pouvant s’emboiter dans le tuyau de caoutchouc, une pièce
de verre soufflé creuse pouvant s’emboiter également dans
le tuyau et se terminant en bulbe ouvert, un papier plié :
peut-être une notice ?
Le papier est déplié avec délicatesse vu son ancienneté. Le
texte reste bien lisible [Fig. 3] :
Mais oui ! C’est un petit stéthoscope ! Il manque malheureusement une olive auriculaire de verre.
Une fois les morceaux sortis de l’étui il est facile de reconstituer l’instrument [Fig. 4].
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Figure 3 : la notice.
Figure 4 : le stéthoscope reconstitué.
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Le corps en métal nickelé a la forme d’une poulie de 30mm de diamètre et de 17 mm de haut. Il pèse
43 g.
La membrane de celluloïd (3) qui sert à l’auscultation rappelle par une inscription publicitaire le nom
du donateur : Rubinat Llorach.
La face qui reçoit dans deux orifices les frottements métalliques qui terminent les tuyaux de caoutchouc porte le nom du fabricant de l’instrument qui sonne comme un calembour : Paul Astic 118, Bd
Haussmann à Paris [Fig. 5].
Figure 5 : Les éléments du pavillon du stéthosocpe.
Pour les étrennes du début du XXe siècle, la société des eaux minérales naturelles purgatives de Rubinat Llorach remerciait donc les médecins qui portaient intérêt à sa production, dont le Docteur Levasseur, en leur offrant l’accès à l’auscultation médiate.
Se doutait-elle qu’elle offrirait pour les étrennes 2016 un nouveau nom de fabricant d’instruments
chirurgicaux : Paul Astic, au répertoire du Dr JP Martin ?
Imaginait elle qu’elle me donnerait la possibilité d’adresser mes meilleurs vœux pour 2016 aux lec-
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teurs de Clystère ?
Références :
1- Nous renvoyons au blog : http://eaux.minérales.oubliees.over-blog.com où est reproduit un remarquable et passionnant article : « Les eaux minérales naturelles purgatives espagnoles made in
France » par Cécile Raynal et Thierry Lefebvre publié dans la revue d’ histoire de la pharmacie, LVI, n°
360, 4ème trimestre 2008, 483-494.
2- Nous renvoyons au site : http ://www.phil-ouest.com
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3- Le celluloïd est inventé en 1870 par Hyatt. C’est la première matière plastique artificielle obtenue
par dissolution de nitrocelluloses dans de l’alcool camphré. (encyclopédie Alpha 1968 Editions Kyster
S.A., Genève et Editions Erasme, Bruxelles-Anvers. T.3 p. 1175)
Remerciements à D.R., collectionneur d’objets de marine, pour sa courtoisie et pour avoir préservé quelques beaux instruments d’ophtalmologie et ce stéthoscope.
Toute référence à cet article doit préciser :
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Meunier JM. : Vœux : Les belles étrennes du Docteur Levasseur. Clystère (www.clystere.com), n° 46,
2016.
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Les vaisseaux d’étains étaient-ils toxiques ?
Louis-Jean DUPRÉ
Anesthésiste réanimateur, Médipole de Savoie, 73190 Challes-les-Eaux
E-mail : [email protected]
Les vaisseaux d’étain
Jusqu’au XVIe siècle, la vaisselle (ou
vaisseaux) [Fig.1] était réduite à sa
plus simple expression : « chacun
tirait au plat et buvait à même le
pot ». A la cour du roi, « on faisait
assiette et pinte communes, deux
par deux, chacun ayant une dame
ou une pucelle à son écuelle » (1).
La vaisselle ne se composait pratiquement que de plats et pots, en
bois ou terre pour les plus moFigure 1 : Vaisselle d’étain. © Louis-Jean Dupré
destes, en argent et or, très richement ornementés pour les plus
riches. L'étain, brillant, imitant les formes et l’aspect de l'argenterie, était d'un usage courant sur la
table des bourgeois.
Entre 1550 et 1700, le comportement à table va considérablement évoluer, les assiettes et les cuil-
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lères deviennent presque individuelles. Les fourchettes font leur apparition d’abord avec Henry III et
ses Mignons, puis avec Thomas Coryate qui l’impose à la cour de Henri IV, leur usage se généralise à
la fin du XVIIe siècle, même si Louis XIV persiste à manger avec les doigts. Par ses guerres successives,
le Roi Soleil vide les caisses du royaume. Il demande par les édits somptuaires de 1689, 1699 et 1709,
à tous ses sujets, de porter leur vaisselle d'argent et d’or au trésor pour les faire fondre. Même si
beaucoup préfèrent garder leur vaisselle au coffre, l’argent et l’or disparaissent de sur les tables et
sont remplacés par l’étain. C'est ainsi que la vaisselle d'étain acquière ses titres de noblesse et vient
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orner les vaisseliers et les tables de l'aristocratie et de la grande bourgeoisie française. Le choix de
l’étain se justifie par son aptitude à être moulé et permettre une véritable production. Parfaitement
poli, il prend l’aspect brillant de l’argenterie. Par contre, l’étain seul ne peut être travaillé et il doit
être allié au plomb, pour le rendre ductile. Parallèlement à la production d’étain, les faïenceries se
développent et au XIXe siècle l'étain va être délaissé, en faveur de la faïence et la porcelaine, moins
chères et plus faciles à produire. Vers 1840, George Richard Elkington (1801-865), puis Henri Catherine Camille de Ruolz-Montchal (1808-1887) mettent au point l'argenture et la dorure par galvanisation sur métaux moins noble. L'aspect "argenterie" ainsi démocratisé supplante complètement l'étain.
La toxicité n’est pas le fait de l’étain par lui-même, mais des métaux qui lui sont alliés, principalement
le cuivre, l’antimoine et surtout le plomb. Le risque de toxicité n’est pas le même pour les fondeurs,
batteurs et potiers d’étain que pour les utilisateurs quotidiens des vaisseaux d’étain.
Les risques liés à l’arsenic
Les chimistes allemands Jean Frédéric Henckel (1679-1744), Christophe Andréas Schluter (XVIIe) et le
français Geoffroy Claude Joseph (1685-1752) évoquent la présence d’arsenic dans l’étain alimentaire
dès le début du XVIIIe siècle. Un autre chimiste allemand, Andréas Sigismund Margraff (1709-1782),
surtout connu pour avoir mis en évidence la présence de sucre cristallisable dans les betteraves (2),
remet en question l’usage des vaisseaux d’étain en démontrant la présence d’arsenic (3-5). Par une
déclaration du mois d’avril 1777, le gouvernement français « supprime l'usage de l'étain à cause des
parties arsénicales qu’il contient », et dans une ordonnance
complémentaire « enjoignit aux apothicaires de se défaire
des alambics, bassines & autres vaisseaux d'étain, comme
étant nuisibles à la santé & à la vie des citoyens » (3,5). Parallèlement, il charge le collège de pharmacie de « déterminer si l’Etain était ou n’était pas dangereux, ou ce qui est la
même chose, s’il était ou n’était pas indifférent de
l’employer dans des usages économiques » (4). Deux experts, Pierre Bayen (1725-1798] et Antoine François Boutron
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Charlard (1797-1879) sont nommés pour valider ou non
l’innocuité de l’étain vis à vis de l’arsenic [Fig.2]. Ils testent
alors trois sortes d’étain : l’étain pur issu des fonderies,
l’étain allié au cuivre et au bismuth dans les proportions
définies par la loi, l’étain des potiers, réparti en trois groupes
suivant la quantité de plomb qu’il contient : étain fin, étain Figure 2 : Le travail de Bayen et Charlard (6).
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commun et claire étoffe ou morte. Ils constatent que l’étain pur, provenant d’Angleterre, dit en « gros
saumon », contient effectivement un peu de cuivre et une quantité infinitésimale d’arsenic non dangereuse. Pour les étains alliés au cuivre et au bismuth, ils respectent toujours les pourcentages définis
par la loi (ces deux métaux sont plus chers que l’étain). Dans l’étain des potiers, par contre, la teneur
en plomb, quelle que soit la catégorie d’étain, est souvent plus importante qu’elle ne le devrait. Les
experts répondent ainsi par la négative au risque arsenical mais insistent sur les abus d’alliage au
plomb que font les potiers : « Il n’y a donc qu’à proscrire l’abus énorme d’un métal dangereux à
l’économie animale, d’autant plus que cet abus est en lui-même un vol fait aux Particuliers à qui on
vend du plomb pour de l’Etain » (4,6).
Les risques liés au plomb
Les médecins grecs avec Claude Galien (129-216) et
arabes avec Avicenne (980-1037) ont décrit les traits
caractéristiques de la colique de plomb, mais sans
essayer de la rattacher à ce métal. Ce n'est qu'infiniment plus tard, au commencement du XVIIe siècle, que
François Citois (1572-1652), médecin de Poitiers, décrit en 1616 une affection évoquant une intoxication
saturnique avec « colique sèche accompagnée de paralysie, de douleurs des membres, de convulsions,
d'épilepsie, de délire et d'amaurose » [Fig.3]. Il ne la
rattache pas au plomb mais l'attribue à l'usage de vins
ou cidres, acerbes, durs ou aigres, et en fait une maladie particulière à laquelle il donne le nom de colique
végétale ou colique du Poitou (7-9). Charles Lepois
Figure 3 : La diatribe de Citois sur la colique du Poitou (7).
rapporte
l’observation
de
telles
coliques
pour
l’ensemble des moines de l’Abbaye de Beaupré (10),
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mais là encore sans évoquer le plomb (9). Le premier à faire la relation entre ce type de pathologie est
Samuel Stockausen dans son livre écrit en latin en 1616 et publié par Nicolas Dunker à Goslar en Allemagne en 1656, intitulé « Libellus de lithargyrii fumo noxio morbifico, ejusque metallico frequentiori
morbo vulgò dicto die Hütten Katze oder Hütten Rauch » (11). Le saturnisme est alors reconnu, sous
le nom de colique végétale ou métallique, ou de paralysie métallique (12). Cependant, les mécanismes
physiologiques restent encore très imaginatifs, comme en témoigne cette interprétation de Lazare
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Rivière (1589-1655) qui explique que la paralysie s’installe par diffusion des humeurs vers la colonne
dorsale, au travers des membranes abdominales « ac tandem doloribus remittentibus, paralysis contrahitur, humore illo per abdominis membranas in spinam dorsi sensim irrepente » (13) [Fig.4]. Quoi
qu’il en soit, c’est bien le plomb, utilisé pour rendre l’étain façonnable qui est responsable de la toxicité des vaisseaux d’étain.
Figure 4 : Les humeurs diffusent des membranes abdominales dans l’épine dorsale (13).
Les risques de toxicité pour les potiers d’étain par le travail du plomb.
Bernardino Ramazzini (1633-1714) est considéré comme
le pionnier de la médecine du travail. Dans son ouvrage
« De morbis artificum diatriba » [Fig.5] paru en 1700 il
évoque les maladies des potiers d’étain (14).Il rapporte
l’observation de son confrère allemand Michael Ettmüller
(1644-1683). Un potier d’étain, réveillé chaque nuit par
une toux convulsive et un malaise, se lève et va respirer
l’air à la fenêtre, ce qui lui permet au petit matin de nouveau bien respirer, avant de reprendre son travail. Ramazzini, admet que les potiers d’étain sont soumis aux mêmes
maladies que les ouvriers du plomb, mais avec une incidence pulmonaire (asthme) particulière qui n’est pas retrouvée par les autres auteurs. Au XIXe siècle,
l’intoxication est encore considérée comme résultant de
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l’inhalation de vapeurs. « Le plomb & l’étain fournissent
surtout & abondamment de ces vapeurs ; & c'est pourquoi Figure 5 : Le livre original de Bernardini Ramazles Plombiers de profession, & ceux qui emploient le
zini (14).
plomb, comme les Potiers d'étain & de terre, tombent en peu de temps dans des paralysies qui les
tiennent estropiés pour le reste de leur vie » (15). Progressivement, la notion de minimes particules
inhalées ou avalées s’imposera (8). Les potiers d’étains y sont exposés dans la préparation de leurs
alliages, mais aussi et surtout, lorsqu’ils travaillent sur des étains usagés, qu’ils reconditionnent. Les
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coliques des potiers « sont les plus ordinaires parmi ces Ouvriers » (15). L’incidence du saturnisme sur
les potiers d’étain est difficile à apprécier, les ouvrages de références sont du XIXe siècle, alors que le
nombre de potiers d’étain est en pleine décroissance. « Dans les listes des ouvriers qui venaient se
faire traiter autrefois à l'hôpital de la Charité de Paris, les potiers d'étain y figuraient en assez grand
nombre, et si maintenant on les voit moins souvent attaqués de cette maladie, c'est que, par suite de
changement dans nos usages, ils sont bien moins nombreux qu'alors » (16). Dans ces ouvrages de
références, sur le saturnisme, Louis-Jean-Charles-Marie Tanquerel des Planches (1810-1862) rapporte
pour la période de 1831 à 1839, à l’hôpital de la Charité à Paris, 1213 cas de coliques métalliques
dont 4 concernent des potiers d’étain et 8 des étameurs (17) [Tab. 1]. Pour la même période, il retient
101 cas de paralysies métalliques, mais aucune ne serait due au travail de l’étain (8). Quelques années plus tôt, François Victor Mérat de Vaumartoise (1780-1851) montre que les peintres, plombiers
et potiers de terre ou faïenciers, mais pas les potiers d’étain sont les plus concernés par la pathologie.
Il rapporte toujours pour le même hôpital de la Charité à Paris, 222 cas de coliques métalliques en
1776 dont 10 décès et 57 cas en 1811, dont 5 décès, mais dans ces patients, on ne retrouve aucun
potier d’étain (18).
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Tableau 1 : Indication des professions de 1213 individus affectés de coliques saturnines. 4 cas de colique saturnine seulement pour les potiers d’étain en 8 ans (17). Dans le tableau ci-dessous, seuls 1163 sur 1213 cas sont répertoriés.
Professions
Ouvriers des fabriques de blanc de céruse
Ouvriers des fabriques de minium
Ouvriers des fabriques de mine orange
Peintres en bâtiments
Peintres en voitures
Peintres de décors, de lettres et d'attributs
Peintres sur porcelaine
Doreurs sur bois
Peintres ou vernisseurs sur métaux
Fabricants de papiers peints
Broyeurs de couleurs
Fabricants de cartes d’Allemagne
Fabricants de cartes glacées
Ceinturonniers
Parfumeurs
Potiers de terre
Faïenciers
Affineurs
Fondeurs de plomb
Etameurs
Fabricants de potée d’étain
Ferblantiers
Joailliers, orfèvres bijoutiers
Fondeurs dits de cuivre
Fondeurs de bronze
Ouvriers des fonderies de caractères
Imprimeurs
Ouvriers des fabriques de plomb de chasse
Total
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Nombre de malades
406
63
12
105
47
33
3
1
2
2
68
13
6
2
2
54
7
25
14
8
4
4
4
2
1
52
12
11
1163
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Les risques liés au plomb pour les utilisateurs de vaisseaux d’étain
L’incidence réelle du saturnisme, liée à l’utilisation des vaisseaux d’étain est mal connue. Ce sont surtout des cas sporadiques, d’intoxication aigue, comme celui rapporté Jean Henri Gottlob de Justi
(1717-1771). Il a vu en Saxe, une famille entière, atteinte « d'une maladie très-longue, & trèsparticulière, à laquelle les Médecins ne comprirent rien pendant fort long-tems, jusqu'à ce qu'à la fin
on découvrit que cette maladie venoit d'avoir mangé du beurre qui avoit été conservé dans un vaisseau d'etain allié avec du plomb» (19). Cette observation revient plusieurs fois dans la littérature (20).
Les intoxications saturniques lors de l’utilisation des vaisseaux d’étain peuvent résulter de trois mécanismes. Tout d’abord et sans rapport avec l‘étain, c’est la consommation d’aliments contaminés par
du plomb, accidentellement ou volontairement. Il existait en particulier deux fraudes bien connues :
l’adjonction de litharge dans un mauvais vin pour le bonifier « vin frelaté, sophistiqué, vinum mangonisatum » (18) ou dans le cidre pour en atténuer l’acidité. La seconde fraude était l’adjonction de
céruse dans le beurre pour en augmenter le poids et lui donner une belle couleur (8, 9, 18). Le second
mécanisme d’intoxication est de conserver trop longtemps dans un vaisseau d’étain de bonne qualité,
un aliment qui oxyde le plomb contenu dans le récipient. C’est ce qui explique les recommandations
des médecins de Stade en Saxe qui sont de tenir la vaisselle d’étain toujours très propre, de la laver et
la sécher rapidement, de ne pas la stocker à proximité des fumées de la cuisine. Il est dangereux d'y
mettre des mets ou boissons acides, comme du vinaigre, du jus de citron, des fruits cuits ou confits, de
la gelée de fruits aigre, des câpres, du vin, du cidre ou de la bière. Il ne faut pas mettre de salade dans
les plats ou assiettes d’étain (20,21). Le troisième mécanisme, et sans doute le plus fréquent, est la
fraude du potier d’étain, sur la composition de l’étain qui devient toxique, car trop riche en plomb.
L’étain est lourdement taxé à l’achat des matières premières, mais aussi à la vente des pièces réalisées (22,23). Il est par ailleurs quatre fois plus cher que le plomb, au XVIIIe siècle (23). C’est ce qui
incite à la fraude.
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La réglementation pour la vaisselle d’étain
Les pièces fabriquées par les potiers sont soit d’étain fin, c’est à dire sans plomb, avec un alliage de
cuivre et de bismuth, soit d’étain commun avec un alliage de plomb. Au début du XVIIe siècle, seul
l’étain fin est autorisé pour les pièces de vaisselle. Dans les ordonnances de mai 1613, concernant les
maîtres potiers d'étain de la ville et faubourgs de Paris, il est précisé à l’article XIII : “Pourront tous
lesdits Maîtres de ladite ville & autres étant dans ladite Prévôté & Vicomté, faire toutes sortes d'ou-
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vrages de bon fin étain sonnant, alloyé de fin cuivre & d'étain de glace (bismuth) selon qu'il est accoutumé de faire ». Mais l’article XIV qui suit est un peu ambigu « Pourront pareillement faire toutes
sortes d'ouvrages de bon étain commun & bien alloyé, de telle sorte qu'il puisse venir à la rondeur de
l'essai avec la blancheur requise & accoutumée de tous tems & ancienneté ». L’objectif de cet article
XIV est de ne permettre « la vente d'un étain commun, que pour donner au citoyen peu aisé, la facilité
de se procurer à meilleur marché, la vaisselle dont il a besoin dans son petit ménage. » En fait, cet
article autorise le potier à faire des pièces avec des alliages de plomb selon sa propre perception (24).
A la fin du XVIe siècle, les potiers de Lyon, en raison
des abus multiples et de vols de pièces d’étain qui
sont refondues proposent un règlement qu’ils demandent au gouvernement de valider. Ce sera fait
par Henri III en 1584, confirmé par Henri IV en
1595 et Louis XIII en 1617. Louis XIV, interviendra à
son tour, pour légiférer, non plus seulement sur
Lyon, mais aussi sur tout son royaume, par un édit
de 1657, une déclaration en 1674 et enfin l’édit de
Mai 1691 (25). Ce dernier « portant création des
Essayeurs, Controlleurs et Marqueurs des Ouvrages d’étain dans toutes les villes du royaume »
(26). Cet édit est suivi d’un arrêt en 1692 qui défend de « vendre ni d’exposer en vente aucun ouvrage neuf d’étain qu’il n’ait été essayé, vu, visité
Figure 6 : L’Edit de 91 et l’Arrêt de 92, applicable à tout le
Royaume de France (26,27).
et marqué par lesdits officiers, à peine de confiscation & de trois cents livres d’amende »(27) [Fig. 6] Il
est prévu d’apposer le poinçon de la ville avec la date de dépôt de la marque. L’étain fin est marqué
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d’un double F couronné, l’étain commun, d’un C couronné (26) [Fig. 7].
Figure 7 : Poinçons de Luquet, Contrôleur Essayeur de Montpellier en 1691. A gauche
étain fin, à droite étain commun. In : Richard R. Potiers d'étain de l'ancien Languedoc
et du Roussillon, du bas moyen âge à l'ère industrielle. M Chaleil, Presses du Languedoc, Montpellier, 1988, pp 171
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Les alliages autorisés sont cuivre, bismuth, éventuellement antimoine et zinc en très petite quantité
pour les étains fins. Un cinquième de plomb est permis pour les étains commun, au-delà, cela devient
de la claire (ou claire étoffe ou morte). Trois techniques d’essai doivent être utilisées : essai à la
touche, à la couleur et au poids (25). Plusieurs arrêts viendront compléter cet édit, notamment en
1693, 1718, 1723, 1738 et 1761 (28-32). L’arrêt du conseil d’état de 1693 est important, en ce qu’il
constate les multiples fraudes. Il a pour but d’essayer de faire appliquer le décret de 1691 (28).
Les différents procédés de contrôle de la qualité de l’étain
L’essai à la touche ou à la « mouche », consiste à toucher l’étain avec un fer chaud. S'il est fin l’endroit
touché est blanc et pique un petit point au milieu, s’il est commun, l’endroit touché est brun autour et
blanc au milieu. Moins il y a de blanc, moins l’étain est bon. En pratique, cet essai est presque toujours douteux, il ne sert qu’à évaluer rapidement une pièce ancienne à reprendre. L’essai à la couleur
ou à la « pierre » est réalisé avec une pierre de Tonnerre (craie dure), sur laquelle on fait un trou hémisphérique pouvant contenir 2 à 4 onces d’étain. Ce trou est prolongé d’une petite coulure de deux
pouces de long. Cette coulure est appelée le « jet ». Après refroidissement, l’étain fin présente une
couleur homogène, alors que l’étain commun devient brun sur la coulure, plus il est brun, moins il est
bon. Quand il est entièrement brun, c’est de la claire étoffe (6, 20, 25). Cet essai peut être complété
par la pliure de la coulure entre les doigts du potier d’étain. La sensation perçue à la pliure, le confortera dans son opinion (6). Ces techniques restent très aléatoires et dépendantes de l’expérience du
potier. L’essai au poids ou essai à la « balle » ou à la « médaille », consiste à couler un peu d’étain à
essayer dans un petit moule en cuivre ou en pierre à grain fin. Il se forme une petite platine appelée
« papillote d’essai au poids » ou médaille. Cette papillote va être pesée et comparée à d’autres papillotes de référence, pour en connaître la densité et en déduire l’importance du plomb présent. Par
souci d’uniformisation, cette papillote, faite avec de l’étain fin d’Angleterre doit peser 288 grains ou
12 deniers (25). Une autre technique de mesure au poids est la « balance hydrostatique » qui consiste
à peser l’étain d’abord dans l’air, puis ensuite après l’avoir immergé dans de l’eau, ce qui va per-
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mettre de connaître sa masse volumique et avec une table d’en connaître la teneur en plomb (23,33)
[Fig. 8]. Mais même avec ces techniques plus objectives, les erreurs ne sont pas exceptionnelles
(23,24). L’analyse chimique est sans aucun doute la technique la plus fiable, mais elle n’apparaît qu’à
la fin du XVIIIe siècle et reste réservée aux chimistes (6,24). Elle n’est guère compatible avec les besoins et la pratique des potiers d’étain.
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Figure 8 : Les Essayeurs d’étain. Le 1 fait l’essai à la pierre, le 2, assis prépare les « médailles » pour le 3 à la balance
hydrostatique et le 4 au trébuchet (23).
La dérive des potiers d’étain
Au début de ce XVIIe siècle, les alliages utilisés contenaient 7% environ de plomb. Mais une dérive va
très vite s’installer, et à la fin du siècle, ce sont des proportions de 8, 10, 12, 15 et même 20 % qui
seront retrouvés (6,24). Dans un travail présenté à l’académie impériale de Médecine en 1868,
Théodore Nicolas Gobley (1811-1876) rapporte des taux de plombs anormalement élevés dans des
vaisseaux d’étain : 15% dans la poterie d’étain de l’hôpital militaire de Bordeaux. Dans des vaisseaux
du commerce, il trouve une cuillère à soupe avec 38% de plomb, une cuillère à café avec 25 % de
plomb et une timbale avec 42 % de plomb. Pire, dans un biberon d’étain, il est même trouvé 79% de
plomb pour seulement 21% d’étain. Cette dérive est liée à l’appât du gain, tant pour les potiers
d’étains que les essayeurs. Un extrait du journal des audiences du parlement de 1705, rapportant les
aléas et les conclusions d’un procès pour fraude, illustre bien cette dérive et la difficulté d’avoir un
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titrage fiable pour une pièce de vaisselle d’étain (33). Le 17 août 1703, 18 pots d’étains que la veuve
Lemaire vendait à la foire de la Chandeleur ont été saisis, car « défectueux & non contrôlez ». Ces pots
fabriqués par Pierre Mandosse, potier d’étain à l’Enclos du Temple à Paris, étaient pourtant poinçonnés par le maitre potier et les essayeurs. La procédure, complexe, va durer près de 2 ans et le 13 juin
1705, les étains seront confisqués et fondus, les protagonistes condamnés aux dépens et le potier
d’étain suspendu de sa maitrise pour un an, alors que l’avocat général avait demandé la déchéance
de sa maitrise et la rupture de son poinçon. La raison de ce jugement est que le potier aurait dû assiswww.clystere.com / n° 46.
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ter aux essais des experts : « ainsi par-là on décide que l'essai des Officiers ne suffit pas, parce qu’ils le
font plus pour percevoir leur droit, que pour le bien de la chose. » La fraude peut se faire en ajoutant
le plomb, dans les parties les plus inaccessibles, échappant ainsi au contrôle. Une autre fraude consiste à rajouter de l‘antimoine, métal moins cher que l’étain et surtout plus léger. Le gain de poids
ainsi obtenu permet de compenser le surpoids du plomb et d’obtenir la densité légale (24). Au XIXe
siècle, Gobley note même une tendance, à remplacer complètement l’étain par de l’antimoine et
rapporte avoir trouvé un biberon vendu pour de l’étain, contenant 20 % d’antimoine et 80 % de
plomb. Enfin, il n’est pas exceptionnel de ne pas retrouver les poinçons sur les vaisseaux d’étain, ce
qui permet au potier d’étain de ne pas payer la taxe sur l’objet fabriqué. Au XIXe siècle, la production
des vaisseaux d’étain va s’effondrer, pour laisser la place au XXe siècle aux étains de décorations. C’est
sans doute les pots à bouillons ou sustentateurs, très utilisés au XIXe siècle qui resteront les plus long-
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temps fabriqués [Fig. 9].
Figure 9 : Quelques pots à bouillons. © Louis-Jean Dupré.
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En conclusion
Cette revue de la littérature des XVIe au XIXe siècle montre que les vaisseaux d’étains étaient surtout
toxiques pour ceux qui les fabriquaient. Ceux qui les utilisaient ont rarement été victimes d’accidents
toxiques aigus, mais pour ce qui est de l’intoxication saturnique chronique, il n’y a pas d’éléments
d’information suffisants. Utiliser un titre d’étain à 5 ou 6 % de plomb, pour la vaisselle d’étain ne présentait pas de danger quels que soient les aliments contenus, mais encore aurait-il fallu qu’un contrôle strict de ce titre eût été possible.
Appendice : Une note de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la
répression des fraudes du 23 février 2015, précise que la limite d’acceptabilité de la contenance
en plomb pour des étains entrant en contact avec des aliments doit être inférieure à 5%. Il ne
faut pas utiliser l’étain au contact d'aliments fortement acides ou fortement basiques ou pour
chauffer les aliments à des températures supérieures à 150° C. La conservation des aliments dans
les objets en étain ou alliage d'étain ou revêtus d'étain ou d'alliage d'étain est déconseillée.
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Références
1- D’Avenel G. Le service de table-Vaisselle et Verrerie. In : Le nivellement des jouissances. Paris, Ernest Flammarion. 1913, pp 65-88.
2- Foucaud E. Les Artisans Illustres. Béthune et Plon, Paris, 1841, p 236.
3- Affiches, Annonces et Avis Divers ou Journal Général de France. 1784 ; 80 : 378.
4- Annonces, affiches et avis divers de l'Orléanois. 1781:32: 143-44.
5- Gazette de santé, 1784, n° 6, pp 21-23
6- Bayen P, Charlard LM. Recherches chimiques sur l’étain, faites et publiées par ordre du gouvernement. Ou réponse à cette question, peut-on sans aucun danger utiliser les vaisseaux d’étain dans
l’usage économique ? Philippe-Denys Pierres, Paris, 1781. 285p.
7- Citesii F. De novo et populari apud pictones colore colico bilioso. Diatriba. In : Opuscula Medica. S
Cramoisy, Paris, 1639, pp165-228
8- Tanquerel des Planches L. Traité des maladies de plomb ou saturnines. Tome second. Ferra, Paris,
1839, 553p.
9- Renaut J. De l’intoxication saturnine chronique. A Delahaye, Paris, 1875, 198p.
10- Pisonis C (Lepois Charles). Selectiorum et consiliorum de prætervisis hactenus morbis affectibusque præter naturam, ab aqua seu serosa colluvie et diluvie ortis. Novissima hac editione. Amstelodami, Tournes, 1768, 493p.
11- Stockausen S. Traité des mauvais effets de la fumée de la litharge. Traduit en Français par JJ de
Gardanne, Ruault, Paris, 1776, 220p.
12- Anquetin NP. Mémoire sur la colique du plomb. Journal général de médecine de chirurgie et de
pharmacie françaises et étrangères. Tome 55, VII° de la III° série, JB Baillière, Paris, 1828, pp 21-55.
13- Rivière L. De dolore colico. In : Praxis Médica. 9° ed. A Vlacq, Montpellier, 1663, Lib X, Cap 1, p
442.
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01 janvier 2016
14- Ramazzini B. De stannariorum morbis. In : De morbis artificum diatriba, A Capponi, Mutine, 1700,
pp 30-32.
15- Hecquet P. La médecine, la chirurgie et la pharmacie des pauvres. Tome second. Veuve Alix, Paris,
1749, 360p.
16- Dictionnaire des sciences médicales par une société de médecins et chirurgiens. Tome 44. Paris,
CLF Pancoucke, 1820, pp 384 et 385.
17- Tanquerel des Planches L. Traité des maladies de plomb ou saturnisme. Tome Premier. Ferra, Paris, 1839, 551p.
18- Mérat FV. Traité de la colique métallique. 2°ed. Méquignon-Marvis, Paris, 1812, 306p.
19- Olbach PH: Sur la vaisselle d’étain. Appendix, chap VII. In : Paul F. Mémoires de l'Académie royale
de Prusse. Concernant l'anatomie; la physiologie; la physique; l’histoire naturelle; la botanique; la
minéralogie &..., Tome 3. Jean Joseph Niel, Avignon, 1768 , pp 30 et 31
20- Lacombe J. Etain (Art du potier d’) In : Encyclopédie méthodique : Arts et métiers mécaniques.
Panckouke, Paris, 1789, pp 479-496.
21- Fordos MJ. De l'Action des liquides alimentaires ou médicamenteux sur les vases en étain et les
étamages contenant du plomb. Gazette Hebdomadaire de Medecine et Chirurgie 1874 ; série 2, tome
11: 648-9.
22- Du Frene de Francheville. Histoire générale et particulière des finances. De Bure, Paris, 1738,
1022p.
23- Salmon M. Art du potier d’étain. Première et seconde partie. Moutard, Paris, 1788, 155p et 32
planches.
24- Gobley T. Académie Impériale de Médecine : Recherche sur la poterie d’étain et les étamages.
Paris, JB Baillière et fils. 1868, 16p.
25- Reglemens des maitres potiers d’étain de la ville de Lyon. CA Vialon, Lyon, 1769, 78p.
26- Edit du Roy portant création des Essayeurs, Controlleurs et Marqueurs des Ouvrages d’étain dans
toutes les villes du royaume. E Michellet, Paris, 1692, 8p.
27- Arrest du Conseil d’Etat du 2 juin 1693 qui réunit les Offices d’Essayeurs des Ouvrages d’Etain au
Communautez des Potiers d’Etain… Imprimerie Royale, Paris, 1793, 4p.
28- Arrest du Conseil d’Etat du Roy du 12 juillet 1718, portant reglement pour le étains provenans de
vielle vaisselle. Imprimerie Royale, Paris, 1718, 3p.
29- Arrest du Conseil d’Etat du Roy du 12 avril 1723, portant reglement pour les entrées dans le
royaume des étains de Siam, provenans de la compagnie des Indes de Hollande. Veuve et MG Jouvenel, Paris, 1723. 7p.
30- Arrest du Conseil d’Etat du Roy du 20 mai 1738, qui permet l’entrée des Plombs et Estains
d’Angleterre… Imprimerie Royale, Paris, 1738, 3p.
31- Arrest du Conseil d’Etat du Roy du 22 décembre 1761 qui ordonne que les Etains en Saumons…
Imprimerie Royale, Paris, 1762, 2p.
32- Bulletin des sciences par la société philomatique de Paris. Tome Second. Fuchs, Paris, 1791 ; pp
46-48.
33- Journal des principales audiences du parlement. Volume 5, Chapitre 38, Compagnie des libraires
associés, Paris, 1757, pp 533-534.
Toute référence à cet article doit préciser :
Dupré L.J. : Les vaisseaux d’étain étaient-ils toxique ? Clystère (www.clystere.com), n° 46, 2016.
www.clystere.com / n° 46.
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De la réforme de trois institutions françaises après la Seconde Guerre mondiale
Xavier RIAUD
Docteur en chirurgie dentaire, Docteur en épistémologie, histoire des sciences et des techniques.
Lauréat et membre associé national de l’Académie nationale de chirurgie dentaire.
Membre libre de l’Académie nationale de chirurgie.
145, route de Vannes, 44800 Saint Herblain
contact : [email protected]
Création de la Sécurité sociale
A partir de 1944, le Conseil national de la Résistance décide la création d’une Sécurité sociale dont les
objectifs seraient d’« assurer à tous les citoyens des moyens d’existence dans tous les cas où ils sont
incapables de se les procurer par le travail […] ».
Pierre Laroque (1907-1997) est considéré comme le père fondateur de la Sécurité sociale. A la fin de la
guerre, il a pour mission de mettre en place ce nouvel organisme. Il s’inspire alors des systèmes allemand et anglais de protection sociale (Musée national de l’Assurance maladie, 2011).
« Le modèle allemand
de Bismarck repose sur
l’assurance professionnelle obligatoire. Les
droits sociaux sont la
contrepartie de cotisations
professionnelles
assises sur les revenus
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du travail et gérées par
des caisses privées. Le
modèle anglais issu du
rapport Beveridge de
Figure 1 : Pierre Laroque (1907-1997) (Musée national de l’Assurance maladie, 2011).
1942 est basé sur trois
grands principes : unité
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de gestion, universalité des bénéficiaires, uniformité des prestations. La France va bâtir un système
hybride, solidaire et redistributif, alliant protection universelle et gestion autonome par les partenaires sociaux (démocratie sociale) (Musée national de l’Assurance maladie, 2011). »
L’ordonnance du 4 octobre 1945 est le texte fondateur de la Sécurité sociale. Ambroise Croizat (19011951), alors ministre du Travail et de la Sécurité sociale, contribue à la mise en place et à
l’organisation administratives de ce système qui comporte une mosaïque de régimes.
Le régime général prend en charge les risques maladie,
maternité, invalidité, vieillesse, décès et accidents du
travail au profit des salariés du secteur privé. Le chômage, à une époque de plein emploi, n’est pas un risque
social. Seules les allocations familiales bénéficient à la
quasi-totalité de la population (Musée national de
l’Assurance maladie, 2011).
En 1946, l’autonomie de certains régimes est confirmée. Les salariés agricoles sont placés sous l’autorité de
la Mutualité sociale agricole et les salariés des régimes
spéciaux (fonctionnaires, mineurs, cheminots, marins,
etc.) sont maintenus dans leurs avantages statutaires Figure 2 : Ambroise Croizat (1901-1951) (Musée
spécifiques (Musée national de l’Assurance maladie, national de l’Assurance maladie, 2011).
2011).
Toute la population active se retrouve à bénéficier de l’assurance vieillesse du régime général. Malheureusement, l’unification préconisée au départ ne sera jamais obtenue. Deux régimes de retraite
complémentaire sont créés en 1947. Les personnels de Sécurité sociale sont rattachés à la CPPOSS
(Caisse de prévoyance du personnel des organismes sociaux et similaires) et les cadres du secteur
privé sont de leur côté rattachés à l’AGIRC (Association générale des institutions de retraite des
cadres). Des caisses autonomes de retraite sont également mises en place en 1948, au profit des
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commerçants, artisans et professions libérales (Musée national de l’Assurance maladie, 2011).
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Figure 6 : Organigramme de la Sécurité sociale (Musée national de l’Assurance maladie, 2011).
Création du Conseil national de l’Ordre des Chirurgiens-Dentistes
En octobre 1940, René Leriche, éminent chirurgien, pionnier de la chirurgie vasculaire qui ne compte plus les distinctions et les récompenses pour ses travaux, est convoqué à Vichy, par Serge Huard, secrétaire d’Etat à la Santé.
Le Conseil des ministres venait de décider la création d’un
Ordre des médecins et souhaitait que Leriche en prenne
la présidence, ce que le médecin a aussitôt refusé. Malgré
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tout, Huard insiste et affirme que si Leriche n’accepte
pas, la médecine française passera sous la coupe allemande, ce qui implique des envois massifs de médecins
en Allemagne pour compenser les pertes de médecins
civils. Leriche dispose de 48 heures pour donner son acFigure 7 : René Leriche (1879-1955) (Germain, 2008).
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cord. Leriche accepte et aucun médecin français ne sera réquisitionné. La première réunion du Conseil
de l’Ordre des médecins se tient au boulevard de Latour-Maubourg, le 23 novembre 1940. Douze médecins et un conseiller juridique le composent. Leriche en reste le président jusqu’en 1942, date où il
quitte ses fonctions délibérément. En avril 1941, une première ébauche du code de déontologie est
effectuée. En 1947, le Journal Officiel publie le premier code de déontologie (Germain, 2008).
En 1942, le ministre de la Santé est changé et une lettre ministérielle en date du 2 octobre 1942 ordonne le départ de médecins français pour le STO.
Leriche en butte avec le nouveau ministre de la Santé démissionne le 28 décembre 1942. Le Conseil de
l’Ordre est dissous le 27 août 1944 et ses locaux sont mis sous scellés. Un nouveau texte paraît le 24
septembre 1945. Il redéfinit la vocation et les objectifs du Conseil de l’Ordre des médecins qui
s’installe dans la vie de la société française (Germain, 2008). Pendant la guerre, une section dentaire
composée de dentistes est intégrée au Conseil de l’Ordre des médecins et officie tout au long de la
guerre.
Le Conseil national de l’Ordre des ChirurgiensDentistes est créé le 3 février 1945, par un arrêté
du ministre de la Santé publique. Le bulletin du
nouvel organisme publie dans son numéro 1-2-3
de mai-juin-juillet 1945, une liste de « Martyrs de
la Profession ». Y figure notamment le nom de
Danielle Casanova, dentiste héroïque de la Résistance française, qui est en tête de liste (Morgenstern, 1997-1998). M. Morandas, dentiste qui a Figure 8 : Mme Danielle Casanova (1909-1943) (FNDIRP,
officié dans le 20ème groupe divisionnaire, a été le
2003).
premier président du Conseil national de l’ordre des chirurgiens-dentistes lorsque celui-ci a été décla-
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ré indépendant de celui des médecins (Riaud, 2011).
Pensions d’invalidité pour les personnes internées, déportées, et autres victimes de guerre lors de
la Seconde Guerre mondiale
- Loi du 9 août 1948 : « Un déporté politique bénéficie de la présomption d’origine sans condition de
délai. »
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De faux bien-portants ont été remis dans le circuit de la vie quotidienne et ont fait provisoirement
illusion par leur reprise de poids et leur activité fébrile. Personne, à l’époque, n’aurait pu se douter de
l’existence d’une phase de latence qui a séparé le rapatriement de l’apparition des premiers troubles.
Il a fallu plusieurs années pour que les pouvoirs publics s’émeuvent en comprenant la réalité du
« Syndrome post-concentrationnaire » et pour que des textes soient votés afin de garantir l’avenir
incertain des survivants (Rénié, 1996).
Parmi ceux-ci, la loi du 9 août 1948 (Article L179 du Code des Pensions militaires d’Invalidité) connue
sous le nom de « Loi Lambert » fait apparaître la notion de « présomption d’origine sans condition
de délai ».
Depuis cette loi, toute affection survenant chez un déporté est présumée avoir été contractée durant
la déportation et donc, imputable à cette dernière en l’absence de toute preuve contraire et ceci, sans
aucune limitation de délai d’apparition de l’affection (Rénié, 1996 ; Riaud, 2000).
- Décret n° 53-438 du 16 mai 1953 déterminant les règles et barèmes pour la classification et
l’évaluation des invalidités résultant des infirmités et maladies contractées pendant l’internement ou
la déportation (J.O. du 17 mai 1953, p. 4467).
« Deux faits donnent la détermination du droit à pension des internés et déportés :
-
Le 1er est l’impossibilité où ils se trouvent de faire la preuve légale de l’origine exacte des infirmités dont ils sont atteints.
-
Le 2ème est l’existence du syndrome de la misère physiologique chronique progressive des
camps (traumatismes, carences,…) accompagné d’un vieillissement hâtif de l’organisme plus
ou moins réversible, dont ont souffert tous les déportés sans exception. »
- Décret n° 74-1198 du 31 décembre 1974, complétant le décret n° 53-438 du 16 mai 1953 (Rénié,
1996).
« Affections carentielles : est imputable par preuve l’édenture partielle ou totale à condition qu’elle
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soit reconnue comme d’origine carentielle et constatée dans les 10 ans suivant la libération ou le
rapatriement. »
Aujourd’hui, ce délai n’est plus exigé pour la reconnaissance de l’imputabilité à la déportation.
Dans les cas litigieux, une commission spéciale consultative, la C.N.R.S.D.I.R.P. (Commission Nationale
de Réforme Spéciale des Déportés, Internés, Résistants et Politiques) peut exprimer un avis sur les
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conditions d’imputabilité. La pension n’est jamais refusée pour édenture et est presque reconnue à
100 %. Ces cas touchent d’autres affections et sont plus relatifs à l’indemnisation. La commission peut
être saisie soit par l’administration, soit par l’intéressé s’il n’est pas d’accord avec la décision du Ministère des Anciens Combattants et des Victimes de Guerre. Elle siège à Paris pour les déportés et
internés, résistants ou politiques. Pour les autres catégories, la décision est prise au niveau des
Centres de Réformes des Directions Interdépartementales (Rénié, 1996 ; Riaud, 2000).
Références








FNDIRP, communication personnelle, Paris, 2003.
Germain Michel, René Leriche, pionnier de la chirurgie vasculaire, Glyphe (éd.), Paris, 2008.
Morgenstern Henri, La spoliation des dentistes juifs en France (1940-1945), Jean Touzot (éd.),
Paris, 1997-1998.
Musée national de l’Assurance maladie http://www.musee-assurance-maladie.fr, Lormont,
2011.
Rénié G., communication personnelle, Nantes, 1996.
Documents tirés du Guide Barème des Invalidités (critères, décrets, modes de calcul) du Ministère
des Anciens Combattants d’accès non public, de statistiques semestrielles touchant seulement les
Pays de la Loire, datées du mercredi 31 janvier 1996 et d’extraits du Code de Pensions militaires
d’Invalidité.
Riaud Xavier, Décrets, critères et mode d’attribution après expertise, des Pensions d’Invalidité
pour les personnes internées, déportées et autres victimes de guerre, lors de la Seconde Guerre
Mondiale, Mémoire du D.U. Expertise bucco-dentaire, Montpellier, 2000.
Riaud Xavier, Dentistes héroïques de la Seconde Guerre mondiale, L’Harmattan (éd.), Collection
Médecine à travers les siècles, Paris, 2011.
Toute référence à cet article doit préciser :
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Riaud X. : De la réforme de trois institutions françaises après la Seconde Guerre mondiale. Clystère
(www.clystere.com), n° 46, 2016.
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Une prothèse de main « système Cauet »
Jean-Pierre MARTIN
Service de gériatrie, Centre hospitalier Jean Leclaire BP 139, Le Pouget, CS 80201 24206 Sarlat cedex.
E-mail : [email protected]
La guerre de 14-18 a été marquée par la mutilation de nombreux soldats. Les plus célèbres de ces
mutilés, ceux de la face, ont été surnommés en France « les gueules cassées ». Ces mutilations ont été
à l’origine de grands progrès en médecine et chirurgie réparatrices, tant d’un point de vue des techniques chirurgicales (greffes, reconstructions, etc..) que de l’appareillage développé pour compenser
les fonctions perdues. Les appareillages les plus complexes ont sans doute été ceux des membres supérieurs, pour des hommes jeunes amputés à des niveaux divers, avec l’objectif de les réinsérer dans
le monde du travail. Jacques Voinot a eu l’occasion de présenter dans Clystère des prothèses de mains
remarquables, conservées au musée d’histoire de la médecine de Lyon (1). Si à l’usage, leur fonctionnalité est remarquable, leur aspect esthétique les apparente plus à la prothèse du Capitaine Crochet
qu’à une main artificielle.
Nous présentons ici, un tout autre genre de prothèse, dite « système Cauet » de la même époque,
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dans laquelle on trouve la volonté d’allier esthétisme et fonctionnalité [Fig. 1].
Figure 1 : la prothèse vue sous différents angles. © Coll. Alexandre Ciaux.
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La prothèse de main
Cette prothèse fait partie de la collection Alexandre Ciaux et a été acquise sur un site d’enchères bien
connu.
Cette prothèse de main [Fig. 2, 3, 4, 5] mesure 15 cm de haut, 8 de large et 8 cm de profondeur. Ces
proportions sont fidèles à une main d'homme moyen, mais la finesse des doigts et la longueur des
ongles paraissent féminins et peuvent semer le doute sur le genre du modèle.
Le mécanisme intérieur en acier est malheureusement très grippé. Il est impossible de le faire fonctionner mais chaque doigt bouge tout de même malgré ce problème interne. Le liège qui occupe la
face palmaire des cinq doigts est abîmé, très sec, et se pose la question de sa préservation dans le
temps.
L'enveloppe semble être en duralumin (alliage d’aluminium, de cuivre, de magnésium et de manganèse) comme le suggèrent les traces de corrosion particulières, ou en aluminium (vu l’importance des
déformations dues à la malléabilité du métal). Seul le bout de certains ongles tirant sur la couleur
cuivre fait douter de ce diagnostic ! Que l'enveloppe soit en duralumin ou en aluminium, le poids de
l'ensemble est plombé par le mécanisme interne en acier (410 g au total)
Le mécanisme intérieur n’a pu être photographié, en raison d’une traverse de renfort au niveau du
poignet qui empêche la mise au point.
Une première analyse de la main, limitée par le blocage du mécanisme, laisse supposer que par défaut, les doigts sont positionnés en position fermée, un ressort leur donnant une résistance relative.
Un câble en acier est relié au pouce pour une ouverture individuelle. Difficile de savoir vu l'état intérieur du système si un second câble est disponible pour l'action de l'index. Le majeur, l'annulaire et
l'auriculaire s'ouvrent individuellement mais sont tous les trois regroupés sur la même pièce d'acier.
Ils s'actionnent probablement ensemble. Un cliché emprunté au site Internet du "Science Museum" de
Londres (cette image n’est plus en ligne sur ce site), montre que le câble sort au niveau du poignet
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[Fig. 6] partie qui n'est plus présente sur la prothèse présentée ici.
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Figure 2 : prothèse de main, vue par sa face palmaire, côté pouce. Noter le liège sur la face palmaire des quatre
derniers doigts. © Coll. Alexandre Ciaux.
Figure 3 : prothèse de main, vue par sa face palmaire, côté auriculaire. Noter le liège sur la face palmaire des
quatre derniers doigts. © Coll. Alexandre Ciaux.
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D’un point de vue fonctionnel, cette prothèse semblait être limitée à la réalisation de « la pince
pouce-index », avec une flexion-extension conjointe des 4 doigts en opposition avec le pouce. La présence de liège sur la face palmaire des doigts avait pour but d’améliorer l’adhérence lors de la préhension des objets. Reste que la mise en action des doigts par tirage sur un câble mobilisait l’autre
main et limitait ainsi les possibilités fonctionnelles. Comme nous le verrons plus loin, cette prothèse
était destinée aux membres des professions libérales, et non à des travailleurs manuels, qui avaient
besoin de prothèse plus « rustiques » mais aussi plus solides et polyvalentes.
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Figure 4 : prothèse de main, vue par sa face dorsale. Noter l’aspect féminin des doigts avec les ongles longs. © Coll.
Alexandre Ciaux.
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Figure 5 : Prothèse en vue de face, montrant le pouce en position d’opposition, et la dégradation du liège sur la
face palmaire des doigts. © Coll. Alexandre Ciaux.
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Figure 6 : Prothèse plus complète, avec pivot d’insertion sur la manchette support, et crochet relié à un câble pour actionner les doigts. © Science museum, Londres.
Pour terminer la description de cette prothèse, précisons qu’elle présente au niveau de la paume une
inscription avec « marque déposée AUX ALLIES », inscrite dans un ovale au centre duquel se trouvent
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deux mains qui se serrent. En dessous, on peut lire « système Cauet, Breveté SGDG » [Fig. 7].
Figure 7 : marquage dans la paume de la prothèse. © Coll. Alexandre Ciaux.
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Revue de la littérature
Lorsque l’on est face à un objet insolite
comme cette main, il est important
d’essayer de retracer son histoire. En
l’occurrence, les informations sont pauvres,
et une seule référence a été trouvée (2).
C’est au Professeur Jules Amar, directeur du
laboratoire de prothèse militaire et du travail professionnel au conservatoire des arts
et métiers, que l’on doit les informations
retrouvées sur la prothèse Cauet. Amar
était lui-même concepteur de prothèses
[Fig. 8].
Pour Amar, la prothèse « n’a pas pour but
de remplacer un membre ou segment de
membre absent, mais de suppléer une fonc- Figure 8 : Bras de travail avec pince du Pr Amar. Action de limer.
tion abolie ou fortement lésée ». Cette vi-
In Amar, 1916.
sion de la prothèse se retrouve dans son aspect purement fonctionnel [Fig. 8], avec une pince universelle montée sur une tige d’acier articulée au coude et reliée à un manchon en cuir lacé sur le bras ou
l’avant-bras, selon le niveau d’amputation.
Mais Amar n’était pas opposé à un peu d’esthétisme ! il accueillait dans son laboratoire des inventeurs, à qui il délivrait ses conseils, ou qui souhaitaient réaliser une prothèse de leur invention et
qu’Amar jugeait intéressante. Ainsi il accueillit Cauet, prothésiste installé à Paris, au 119 boulevard
Richard-Lenoir. Après plusieurs mois de recherches Ph. Cauet (Ph. probablement pour Philippe ?)
réalisa « une main articulée » dans la finition de laquelle Amar semble s’être particulièrement impliqué et qui lui donna entière satisfaction. Cette prothèse était supérieure à tout ce qu’Amar avait vu
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jusqu’ici, même à l’étranger, avec un prix de revient correct. Elle était tout indiquée pour les professions libérales, un amputé muni de cette main exécutant facilement tous les exercices de la vie quotidienne, boire un verre, retirer son chapeau, jouer du violon et même effectuer quelques travaux professionnels simples, comme percer du bois, raboter, etc… [Fig. 9, 10]. Cette prothèse était désignée
comme « main articulée Cauet, modèle du Professeur Amar ». Les clichés ci-dessous montrent qu’elle
était adaptée sur un manchon en cuir lacé sur l’avant-bras.
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Figure 9 : prothèse Cauet. In Amar, 1916.
Figure 10 : prothèse Cauet. In Amar, 1916.
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Pour l’American Journal of Care for Cripples (3) Cauet compte parmi les meilleurs prothésistes de
membres de Paris, avec Haran (12 rue Lacépède), Drapier (41 rue de Rivoli), Mayet-Guyot (rue Montorgueil).
Il n’a malheureusement pas été possible d’en découvrir plus sur cette prothèse et la maison Cauet et
sur la mention « Aux Alliés » présente dans la paume. Toute information supplémentaire sera la bienvenue.
Pour contacter A. Ciaux : [email protected] qui transmettra.
Références
1- Voinot J. : La réadaptation des amputés des membres pendant la première guerre mondiale. Contribution lyonnaise. Clystère (www.clystere.com), n° 17, février 2013.
2- Amar J. : La prothèse et le travail des mutilés. Conférence faite pour les œuvres de mutilés, le 12
janvier 1916, au palais de la mutualité. Paris, Dunot & Pilat, 1916.
3- American Journal of Care for Cripples, Volume 5, 1917, 12.
Toute référence à cet article doit préciser :
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Martin JP. : Une prothèse de main système Cauet. Clystère (www.clystere.com), n° 46, 2016.
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Histoire de se creuser un peu la tête
Bernard BALDIVIA
Contact : [email protected]
Sans se mettre martel en tête, voici un petit survol de l’histoire de la trépanation.
Les premières traces de trépanation
Elles apparaissent dès 12 000 ans avant JC. Plus de 60 %
des crânes retrouvés ont cicatrisé. Ce qui sous-entend une
technique maitrisée et une entraide entre chasseurs valides et blessés. Les indications de ces trépanations sont
difficiles à apprécier. Probablement un mélange de médecine
et
de
chamanisme.
Histoire
de
permettre
aux « esprits » de circuler librement. D’ailleurs la tonsure
des moines, voie de passage de l’Esprit sain, ne pourraitelle pas être un lointain écho de ces trépanations préhistoriques ? (Un très intéressant article sur le
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sujet : http://loic.hibon.free.fr/frame.htm)
Figure 1 : Ensemble de silex (lame coupante, pointe
acérée, percuteur) qui auraient pu constituer la
« trousse » d’un opérateur vers -12 000.
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Figure 2 : crâne trépané préhistorique.
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A l’époque romaine
Les indications se sont bien précisées. Celse, Galien, les rapportent clairement dans leurs ouvrages.
Figure 3 : Ensemble d’instruments romains (reproductions).Le trépan se constitue d’un manche terminé par une empreinte en creux et en croix permettent d’enficher diverses couronnes. L’usage pouvait être manuel mais un archet muni
d’une corde permettait aussi d’imprimer un mouvement de foret. Pour éviter l’échauffement de la paume de la main, une
cupule (bois, os, coquillage) était interposée entre la peau et le trépan.
Au Moyen âge
La trépanation sera largement pratiquée pour des raisons chirurgicales post traumatiques et aussi
pour extraire « la Pierre de folie ». Quelques fois des éponges somnifères imbibées de divers sucs de
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plante pouvaient être utilisées.
Figure 9 : tréphine, perforateur à main. Posée sur un ouvrage de Von Brunschwig.
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Figure 10 : triploïde permettant de soulever la calotte
crânienne sur un ouvrage de
Joannus Scultetus.
Au XVIe, XVIIe, XVIIIe,
Viendra
se rajouter
le
trépan
et
sa
cohorte
d’instruments.
Le trou de trépan pouvait être laissé béant, simplement
recouvert par la peau rabattue ou fermé par une pièce
de cuivre martelée à la bonne dimension (intérêt alors
des propriétés antiseptiques du cuivre, connues de façon empirique, par exemple, grâce aux vêtements dont
les parties proches de boutons de cuivre ne pourrissaient pas).
Figure 11 : Trépan et autres instruments, à côté
d’un ouvrage de Dionis.
Enfin, au XIXe siècle puis au XXe
L’apparition de l’anesthésie, de l’antisepsie
puis de l’asepsie vont venir compléter
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l’arsenal de l’opérateur :
Figure 12 : trépan, scie de Gligli,
masque d’anesthésie d’Ombredanne…
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La Première Guerre mondiale
Elle entrainera de très nombreuses trépanations d’où
la nécessité de disposer, dès les premiers postes de
combat, de trousses chirurgicales d’urgence.
Figure 13 : trousse chirurgicale d’urgence. A l’ère de
l’asepsie, les manches en ébène ont été remplacés par
le « tout métal ».
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Figure 14 : Apollinaire trépané.
Figure 15 : plaque posée sur le pont Mirabeau à Paris.
Toute référence à cet article doit préciser :
Baldivia B. : Histoire de se creuser un peu la tête. Clystère (www.clystere.com), n° 46, 2016.
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Les objets médicaux à l’origine d’expressions argotiques
Jean Bernard CAZALAA
Club Français d’Histoire de l’Anesthésie et de la Réanimation
(CHAR : http://www.char-fr.net/SITE/index.php )
Contact : [email protected]
L’argot prend ses origines dans la vie courante et bien souvent cette origine est oubliée au cours du
temps. Voici quelques expressions d’argot qui se rapportent aux instruments objets médicaux.
« Passer sur le billard »
Cette expression est bien connue
pour dire que l’on va se faire opérer.
Elle date sans doute de la fin du
XIXème siècle ou du début du XXème.
Dès la fin du XIVème, le billard désigne
le bâton qui permet de jouer aux jeux
de billes et de boules puis au XVIIème,
il désigner la table de jeux, puis aussi
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ensuite la salle. « Passer sur le billard » a plusieurs origines plus ou moins crédibles, nous n’en retiendrons que deux.
La première est l’utilisation du billard comme table d’opération pour les interventions à domicile. En
effet, les hôpitaux étant réservés aux pauvres, tous ceux qui avaient les moyens se faisaient opérer à
domicile soit sur la table de la cuisine, soit sur le billard si on en possédait un. Cette première origine
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est corroborée par plusieurs récits : la description de l’opération du pied-bot de Mme Bovary par Gustave Flaubert en 1857 et l’utilisation, en 1870, des billards du café des Soquettes à Sedan, comme
table d’opération, le Maréchal Mac Mahon en aurait bénéficié.
La deuxième origine serait due aux fauteuils dentaires de la maison Billard, devenue Heymen-Billard.
De par leur succès, beaucoup de cabinets dentaires s’en sont équipés et les patients allaient bénéficier
(ou subir) les soins dentaires sur ces fauteuils.
Figure 1 : Fauteuil dentaire Billard 1875 (©Musée des hospices de Lyon)
Les deux origines ne sont pas contradictoires et semblent se compléter. Elles sont sans doute respon-
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sables de la diffusion de cette expression dans le langage commun.
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« Les roberts », « Les roro », « Avoir de beaux Roberts »
Ces expressions argotiques
qui décrivent les seins, ont
un lien direct avec Édouard
Robert, entrepreneur dijonnais, inventeur des biberons
modernes. En 1869, il met
au point son "biberon ROBERT à soupape" (système
avec un long tuyau agrémenté d'un second trou dit à
soupape pour la régulation du débit). Ce biberon s’avère par la suite très dangereux en raison des
risques infectieux dus aux difficultés de nettoyage. Les anglais l’appelleront « killer bottle » (bouteille
tueuse) et il sera interdit en France en 1910.
Le génie de Robert réside dans la publicité qu’il a faite pour ses biberons qui ont eu de nombreux prix
et un énorme succès.
Actuellement, en dehors des collectionneurs, ces biberons sont oubliés mais les expressions argo-
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tiques sur les seins restent et perpétuent leurs souvenirs.
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« C’est comme pisser dans un violon »
Cette expression argotique veut dire que « cela ne sert à rien ». Cette expression était dans mon enfance un mystère car je prenais le mot violon au sens de l’instrument de musique. Je ne l’ai comprise
que quand mon grand-père a parlé de « violon » en montrant un urinal. Violon est un terme argotique
signifiant urinal, nous retrouvons ce mot dans les dictionnaires d’argot. Il est dû à la forme particulière que l’on donnait aux urinaux en étain pour en faciliter la préhension, j’ai eu la chance d’en trou-
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ver un.
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« Il en a chié une pendule »
Cette expression fait mal quand on la prend dans son sens littéral. Claude Renner dans son livre « Histoire illustrée des étains médicaux » nous en donne l’origine.
Elle vient des irrigateurs du Dr Éguisier breveté en mai 1842, par des potiers (d’étain) qui les nomment
ainsi par référence à la technique des injections vaginales du Dr Éguisier, célèbre gynécologue à
l’époque. Par extension, ils ont servi aussi à la régulation des naissances par douche vaginale et surtout pour donne des lavements.
Ces appareils sont constitués d’un corps de seringue à lavement et d’un piston qui est actionné par un
ressort. Ainsi la propulsion du liquide est mécanique. Le fait de tendre le ressort fait penser au remontage d’une pendule, d’où l’expression d’argot.
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Figure 16 : Irrigateurs du Dr Éguisier, faits en différents matériaux : maillechort, étain acier et porcelaine (© Collection
personnelle jb cazalaà.
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« Tenir le crachoir »
Cette expression est bien connue quand quelqu’un monopolise la conversation.
Les crachoirs apparaissent dès
le XVIème siècle et évoluent en
fonction du temps. Ils sont très
utilisés à la fin du XIXème siècle
en raison de la tuberculose.
L’expression vient du fait que
l’orateur use beaucoup de salive
pour parler. A-t-il besoin d’un
crachoir
ou
crache-t-il
les
mots ?
Ma courte promenade récréative dans les expressions argotiques se rapportant aux instruments de
médecine se termine. À vous d’en trouver d’autres et de nous en faire-part.
Toute référence à cet article doit préciser :
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Cazalaà JB. : Les objets médicaux à l’origine d’expressions argotiques. Clystère (www.clystere.com), n°
46, 2015.
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En musardant sur la Toile …
Une rubrique de Bernard Petitdant
En 2014, la Société des Sciences Médicales du Grand-Duché de Luxembourg a fêté ses 150 ans. Avec
ce lien vous trouverez l’historique de la Société, des articles sur la biologie médicale, l’odotonlogie, la
gériatrie, l’oncologie et la formation des vétérinaires :
http://ssm.lu/wp-content/uploads/2015/09/150-ans-Bulletin-2-2014.pdf
Vous pouvez télécharger un catalogue d’instruments de 2003 de la société canadienne AMG Médical
Inc.
http://www.amgmedical.com/site/pdfs/Instrumentsf.pdf et leur guide d’entretien
http://www.amgmedical.com/site/amgf_contact.asp
Un article gratuit de 2003 sur les instruments chirurgicaux du Taxila Museum au Pakistan :
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1044766/pdf/medhist00004-0094.pdf
Sur le site eHive une douzaine de photos d’instrument chirurgicaux
https://ehive.com/esearch/?q=object_type%3A%22General%2BSurgery%22&sort=name%2Casc
Un site de vente d’appareils scientifiques et d’instruments, en haut de la page, choisissez votre drapeau pour un site dans votre langue préférée http://www.fleaglass.com
Antique medical instruments d’Elisabeth Bennion. London : Sotheby Parke Bernet 1979 et American
surgical instruments : the history of their manufacture and a directory of instrument makers to
1900 de James M. Edmonson San Francisco : Norman Pub., 1997 existent en Google book. Aucun lien
ne fonctionnant, copiez titres et nom d’auteur dans votre moteur de recherche et vous les trouverez.
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Hélas, livres récents toujours avec droits d’auteur donc incomplets.
Bonne lecture !
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Courrier des lecteurs
Francis Girès (association Aseiste http://www.aseiste.org/) a rapidement identifié
l’instrument de marque Cogit découvert dans un laboratoire du Museum d’Histoire Naturelle
de Paris pour lequel Sylvain Pont cherchait des informations. Il s’agissait d’un microtome de type Minot. L’image ci-dessous est tirée d’un catalogue Cogit des années 1930, permettant de dater cet ins-
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trument.
Jean-Bernard Cazalaà est à la recherche de documents :
« Les fabricants français d'instruments médicaux du XIXe siècle sont bien connus mais on ne retrouve
sur le web que la photo de Charrière père. Je recherche les photos de Lüer, Elser de Strasbourg, Aubry
de Paris, Lépine de Lyon et des autres ». Merci de vos réponses à [email protected]
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Lionel Royer est collectionneur
de
compas
(site
:
http://compas-passion.jimdo.com/ ). Il
fait appel aux lecteurs de Clystère pour
en savoir plus sur un compas de Didiée
qui, semble-t-il, servait à localiser les
éclats d'obus dans la tête des blessés
pendant la guerre 14-18, en appui des
radiographies. Il recherche des renseignements plus précis sur cet instrument
(sa fabrication et surtout la technique d'utilisation). Il existe aussi un autre compas qui avait un usage
voisin, mais pour toutes les parties du corps, c'est le compas de Hirtz. Toute information sur les deux
compas sera la bienvenue.
Réponses à [email protected]
Plusieurs réponses ont été apportées à la pince mystérieuse
présentée dans Clystère n° 45 de décembre 2015. Le Docteur
Marc Guénin (Bâle, Suisse) et Jean-Marie Kaiser (ADAMAP) pensent
tous les deux à une pince chirurgicale à suture ou agrafes : « il s’agit
possiblement d’un distributeur d’agrafes chirurgicales. Mais il faudrait
pouvoir prendre l’objet en main et éventuellement le démonter partiellement (M. Guénin) » - « il peut s'agir soit d'une pince à clips, destinée à
la pose de clips hémostatiques, soit d'une agrafeuse pour l'application
d'agrafes chirurgicales. La société WECK dispose de plusieurs brevets
dans ce domaine. Aujourd'hui en plastique et à usage unique, ces pinces
étaient alors en acier inox (comme indiqué sur la pince : stainless) et
restérilisées entre deux usages. Les clips en barrettes se mettent dans la
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goulotte centrale (comme une agrafeuse). Les sociétés PILLING, WECK
ET DEKNATEL sont aujourd'hui regroupées au sein de la société TELEFLEX qui commercialise de nombreux instruments de chirurgie et ligatures et dispose peut-être d'archives sur les anciens instruments ? (JM Kaiser) »
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Concernant l’étrange instrument présenté par Alexandre Ciaux pour identification dans Clystère n° 45, la réponse est venue du Dr Jean-Michel Meunier, qui nous a adressé sa représentation
dans un catalogue Lüer de 1878. Il s’agit, comme c’était suspecté, d’un instrument à usage obstétri-
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cal, plus précisément un perforateur de Lüer pour la destruction du crâne du fœtus in-utero.
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Actus
Le prix Georges Villain d'histoire de l'art dentaire récompensant le meilleur travail pour
l'année 2015 a été décerné à Mlle Mélanie Decobert pour sa thèse de doctorat en chirurgie dentaire soutenue à la Faculté dentaire de Paris VII, intitulée « Odontologie légale et Seconde Guerre mondiale: Apport au devoir de mémoire. »
Elle recevra un diplôme, un chèque de 200 euros en provenance d'un grand laboratoire dentaire, et la
promesse d'une publication de sa thèse dans la collection Médecine à travers les siècles
(L’Harmattan).
Mise en ligne de plus de 500 documents (cartes postales anciennes) sur le thème de
la radiologie provenant de la collection de Marie-José et Guy Pallardy, numérisé
par l’équipe de la BIU santé Paris, où ces documents sont en accès libre à cette adresse :
http://www.biusante.parisdescartes.fr/histoire/images/index.php?mod=a&orig=pall
D’autres documents ont été donnés à la BIU, catalogues et brochures documentaires sur la radiologie.
Autre belle réalisation, grâce au travail d’inventaire d’Alfred Gadeceau, ingénieur, la description du
fonds
de
brochure
de
la
collection
Pallardy
(document
pdf
en
libre
accès
http://www.biusante.parisdescartes.fr/ressources/pdf/inventaires/Inventaire_brochures_Pallardy
_Gadeceau.pdf ), et celui de la collection de tubes radiologiques conservés au Centre Antoine Béclère
(http://www.biusante.parisdescartes.fr/ressources/pdf/inventaires/tubesRX_Beclere_Gadeceau_2
015.pdf ).
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Prochain numéro :
1er Février 2016
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