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Voyage d'étude
du 16 au 22 juin 2007
UER1, CE2
PORTUGAL
Professeur responsable :
Nadine BOLLE
Professeur :
Daniel CALDERON
Des fiches ont été réalisées par
les étudiants dans le cadre du
cours d'Histoire de l'architecture
et de la construction, CE2 2004
et CE2 2006
Conception et réalisation
de la plaquette :
Albena BASSET
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VOYAGE D'ETUDE
AU PORTUGAL
Samedi 16 juin / Dimanche 17 juin 2007
17 - 22 juin 2007
Samedi 16 juin:
Dimanche 17 juin:
Départ Genève: 17h20
Arrivée Lisbonne: 18h55
Départ Genève: 07h00
Arrivée Lisbonne: 08h30
Hébergement à l'auberge de jeunesse
Dimanche 17 juin
EIG - UER1
Filière Architecture
Programme
Professeur responsable:
Nadine Bolle
PORTUGAL: Histoire................................................................................
p. 1
LISBONNE: Centre historique, Château Sao Jorge, Chiado
Histoire et développement de la ville: Mr Rombert...................................
p. 7
Ascenseur Santa Justa, Mesnier de Ponsard, 1902*..............................
Baixa Pombalina, A.Siza, 1991-1998*......................................................
Castro et Melo, réhabilitation, A.Siza, 1991-1994*...................................
Camara Chaves, réhabilitation, A.Siza, 1991-1996*.................................
Grandela, réhabilitation, A.Siza, 1991-1996*............................................
Chiado, A. Siza, 1991-1998*.....................................................................
Station Baixa-Chiado, A.Siza, 1992*................................................... .....
Terreiro do Paço, J. Adriao, P. Pachero, 1992*............................... .......
Hébergement à l'Auberge de jeunesse de Lisbonne
p. 27
p. 29
p. 31
p. 33
p. 35
p. 37
p. 39
p. 41
Lundi 18 juin
LISBONNE: Université, Expo`98
Résidence universitaire, A. de Souza Oliveira, J. de St Maurice, 1996..
Rectorat de l’Université, Aires Mateus & associés, 1998.......................... p. 43
Pont du 25 avril, Boynton, Steinman, Gronquist & Birdsall, 1962-1966.. p. 45
Pont Vasco da Gama, A.Rito, 1995-1998................................................ p. 47
Exposition mondiale................................................................................. p. 49
Pavillon du Portugal, A.Siza, 1998*.......................................................... p. 53
Pavillon de la mer, J. L. Carrilho da Graça, 1995-1998*......................... p. 55
Restaurant flottant, A. Burmester, J.C. Gonçalves, 1995-1998*........... p. 57
Gare de l'Orient, S. Calatrava, 1998*..................................................... p. 59
Hébergement à l'Auberge de jeunesse
Mardi 19 juin
COIMBRA:
Histoire et développement de la ville........................................................
Amphithèâtre de la faculté de droit, F. Tavora, 1994-2000*.....................
Parc Verde do Mondego, M. Vieira & Cortesao......................................
Passerelle piétonne, A. Adao da Fonseca & Cecil Balmond, ing..........
Centre des Arts visuels, J. Mendes Ribeiro.............................................
MONTEMOR-O-VELHO
Casa de Cha, J. M. Ribeiro, 1997-2000*..................................................
Hébergement à l'Auberge de jeunesse
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VOYAGE D'ETUDE
AU PORTUGAL
16 au 22 juin 2007
Adresses utiles :
EIG - UER1
Filière Architecture
Programme
Professeur responsable:
Nadine Bolle
Lisbonne : Lisboa Youth hostel,
46, Rua Andrade Corvo, tél. 00351 21 3532696
Residencial Marisela, tél. 00351 21 3533205
Mercredi 20 juin
LISBONNE: Belem
Tour de contrôle maritime du port, G. Byrne, 1997-2001.........................
Tour de Belem, F. Arruda, 1515-1521*......................................................
Monastère des Jeronimos, 1496-1572*....................................................
Centre de sport nautique, Alberto de Souza Oliveira, Julio st Maurice,
Antonio Campinos Poças, 1991-2001...................................................
Centre culturel de Belem, Gregotti & Salgado, 1992*.............................
p. 75
p. 77
p. 79
p. 81
Hébergement à Lisbonne
Jeudi 21 juin
SETUBAL
Ecole supérieure, A. Siza, 1986-1994*...................................................... p. 85
CABO DE ESPICHEL
S. Maria do Cabo Espichel*....................................................................... p. 87
Hébergement à Lisbonne
Vendredi 22 juin
LISBONNE : Journée libre
TEXTES
BREVES BIOGRAPHIES
Entretiens avec
F. Tavora, A. Siza, G. Byrne,
E. Souto de Moura et J. A. Rocha ............................ p. 89
Des mots de rien du tout, A. Siza ................................. p. 95
Construire une maison, A. Siza ..................................... p. 97
Vocabulaire .................................................................... p. 99
Gonçalo SOUSA BYRNE ................ p. 101
Alvaro SIZA VIEIRA ........................ p. 103
Eduardo SOUTO MOURA .............. p. 105
Manuel TAINHA .............................. p. 107
Fernando TAVORA ......................... p. 109
Vendredi 22 juin 2007
Vol Easyjet : Rendez vous enregistement Easyjet 17h30
Départ Lisbonne: 19h35
Arrivée Genève: 22h55
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PORTUGAL - HISTOIRE
PORTUGAL
Le Guide Vert
Michelin
QUELQUES FAITS HISTORIQUES
Jusqu'au 11ème s., le Portugal n'est qu'une région de la péninsule Ibérique.
Avant J.-C. :
Grecs et Phéniciens fondent des comptoirs sur les côtes de la péninsule Ibérique dont l'Ouest est occupé
9ème-7ème s.
3ème-2ème s.
par les tribus lusitaniennes, d'origine celtibère.
Après J.-C. :
5ème s.
Les Carthaginois soumettent le pays. Les Romains interviennent lors de la deuxième guerre punique et
Occupation musulmane
711
Invasion par les musulmans venus d'Afrique du Nord.
8ème-9ème s.
La reconquête de la péninsule Ibérique par les chrétiens part de Covadonga dans les Asturies en 718
avec Pélage à sa tête. Dès le 9e s., la région de Portucale, au Nord du fleuve Mondego, est libérée.
La formation du royaume
En 1087, Alphonse VI, roi de Leon et de Castille, entreprend la reconquête de la Nouvelle Castille, actuelle Castille La
Manche, alors sous domination musulmane. II reçoit l'aide de plusieurs chevaliers français dont Henri de Bourgogne,
descendant du roi de France Hugues Capet, et son cousin Raymond de Bourgogne. Les musulmans vaincus, il accorde à
ces princes la main de ses filles. Urraca, l'héritière du trône, épouse Raymond ; Thérèse apporte en dot le comté
" portucalense " à Henri de Bourgogne qui devient comte du Portugal. Ce comté s'étend entre les rios Minho et Douro.
En 1112 ou 1114, Henri meurt; Thérèse devient régente en attendant la majorité de son fils Alphonse Henriques, né en
1109. Mais en 1128 ce dernier oblige sa mère à renoncer au pouvoir; en 1139, il rompt les liens de vassalité que lui avait
imposé Alphonse VII de Castille et se proclame roi du Portugal sous le nom d'Alphonse ler; la Castille s'incline en 1143. Par
ailleurs, Alphonse Henriques poursuit la reconquête et, après la victoire d'Ourique (1139), s'empare de Santarém, puis de
Lisbonne (1147), grâce à l'aide d'une flotte de la deuxième croisade. La prise de Faro en 1249 marque la fin de l'occupation
musulmane.
La dynastie des Bourgogne (de 1128 à 1383)
Conflits avec la Castille
1279-1325
Règne du roi Denis ler. II fonde l'université de Coimbra et instaure comme langue officielle le " portugais ",
dialecte de la région de Porto.
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PORTUGAL - HISTOIRE
1369-1383
Règne de Ferdinand ler. Profitant de troubles en Castille, le roi tente d'agrandir son territoire ;
il échoue et doit marier sa fille unique Beatriz, au roi de Castille Jean Ier.
La dynastie des Avis (1385 à 1578)
1385
À la mort de Ferdinand ler, en 1383, son gendre Jean de Castille a fait valoir ses droits à la succession ;
mais c'est un frère bâtard de Ferdinand, Jean, grand maître de l'ordre d'Avis, que la bourgeoisie choisit.
Les Cortes de Coimbra le proclament roi du Portugal sous le nom de Jean Ier.
Sept jours plus tard, le 14 août, Jean de Castille affronte Jean d'Avis lors de la bataille d'Aljubarrota, mais
échoue. Celui ci, pour célébrer sa victoire, fait construire le monastère de Batalha. II se marie avec Philippa
de Lancastre, s'assurant ainsi l'alliance de l'Angleterre, alliance qui se maintiendra tout au long de l'histoire
du Portugal.
1415
La prise de Ceuta par Jean ler et ses fils, dont l'infant Henri, marque le début de l'expansion portugaise.
1420-1444
L'archipel de Madère commence à être peuplé en 1420 et celui des Açores en 1444.
1481-1495
Jean II, surnommé " le Parfait ", encouragea la science nautique ; il fit cependant l'erreur de ne pas accepter
le projet de Christophe Colomb. C'est sous son règne que Bartolomeu Dias franchit le cap de Bonne
Espérance (1488) et que fut signé le traité de Tordesillas (1494), partageant le Nouveau Monde en deux zones
d'influence : castillane et portugaise.
1495-1521
Règne de Manuel ler. Pour épouser Isabelle, la fille des Rois Catholiques d'Espagne, il doit s'engager à
expulser tous les juifs par un arrêt lancé en 1497. Le Portugal est alors privé de nombreux commerçants,
banquiers et savants. Vasco de Gama arrive aux Indes en 1498 et Pedro Alvares Cabral accoste au Brésil en
1500 ; l'expédition de Magellan accomplit le premier tour du monde entre 1519 et 1522.
Au cours de la bataille de El Ksar el Kébir, au Maroc, le jeune roi Sébastien ler est tué; c'est la fin de la
suprématie du Portugal dans le monde. Mais sa mort provoque aussi un problème de succession et, bientôt,
trois de ses cousins prétendent à la couronne : Antoine, prieur de Crato, la duchesse de Bragance, et le roi
d'Espagne, Philippe II, fils de l'infante Isabelle. Philippe II, qui avait rallié à sa cause des personnages de haut
rang, triompha et entra dans Lisbonne en 1580. Le prieur de Crato alla chercher du soutien aux Açores.
Sébastien monta sur le trône en 1557 à l'âge de 3 ans. II fut élevé par un jésuite qui lui
inculqua les valeurs déjà désuètes de la chevalerie auxquelles le prédisposait son esprit
rêveur et altier. II se crut investi d'une mission : conquérir l'Afrique sur les infidèles... En
1578, il décida d'accomplir son destin et embarqua pour le Maroc après avoir levé une
armée de 17 000 hommes encadrée par la fine fleur de la noblesse portugaise. Mais, les
soldats mal préparés souffrant du soleil accablant sous leurs riches armures, l'équipée se
termina brutalement sur les bords de l'oued Makhazen près de EI Ksar el Kébir, où la
moitié de l'armée périt et l'autre fut capturée. On ne retrouva jamais le corps du roi. Aussi,
la période de domination espagnole qui suivit fut - elle propice au développement du
sébastianisme qui, faisant du jeune roi disparu un messie éternellement attendu pour
sauver le Portugal, vint enrichir l'âme portugaise d'un autre aspect de la saudade.
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PORTUGAL - HISTOIRE
La domination espagnole (de 1580 à 1640)
1580
Philippe Il d'Espagne envahit le Portugal et s'en fait proclamer roi sous le nom de Philippe ler.
La domination espagnole va durer soixante ans.
1er déc. 1640
Soulèvement contre les Espagnols. C'est la guerre de Restauration. Le duc Jean de Bragance est
proclamé roi sous le nom de Jean IV : la dynastie de Bragance régnera jusqu'en 1853.
1668
L'Espagne reconnaît l'indépendance du Portugal.
Le 18ème s.
1683-1706
Règne de Pierre II.
1706
Le Portugal signe avec l'Angleterre le traité de Methuen, favorisant l'exportation du vin de Porto.
1706-1750
Le règne de Jean V " le Magnanime " a laissé le souvenir d'une magnificence inouïe alimentée par les
richesses du Brésil et conforme au faste d'un roi de l'époque baroque.
1er nov. 1755
1750-1777
Un tremblement de terre détruit Lisbonne.
Règne de Joseph ler qui laisse son ministre, le marquis de Pombal, gouverner le pays d'une main de fer,
donnant l'exemple d'un despotisme éclairé. Pombal fait expulser les jésuites du Portugal en 1759.
Les guerres napoléoniennes
Le Portugal, allié de l'Angleterre depuis le traité de Methuen (1703), participe à la première coalition qui se constitue en 1793
contre la France révolutionnaire. En 1796, l'Espagne se détache de la coalition et s'allie à la France. Le Portugal se trouve
isolé. II n'en refuse pas moins de dénoncer l'alliance anglaise et de participer au blocus continental. Mais pour éviter les
représailles de l'armée espagnole, il cède Olivença (Olivenza) à l'Espagne au terme de la guerre des Oranges, en 1801.
Pour assurer une stricte application du blocus, Napoléon envoie alors son armée au Portugal; mais trois expéditions
successives menées par Junot (1807), par Soult (1809) et par Masséna (1810) ne viennent pas à bout du pays que
soutiennent des renforts venus d'Angleterre commandés par Wellesley, futur duc de Wellington. Les troupes françaises sont
contraintes à la retraite par un ennemi insaisissable.
Le pays a subi les déprédations des deux armées ; les dégâts matériels, les conséquences politiques et morales sont
tragiques : pendant le long exil au Brésil du roi Jean VI (1807-1821), le Portugal est devenu une dépendance britannique.
Quand le Portugal était gouverné par un général britanique..........
Général d'origine irlandaise. William Carr (1768 - 1854) servait à la fin du 18ème s. dans les lointaines colonies britanniques. Lorsque
Napoléon s'allie à l'Espagne par le traité de Fontainebleau en 1807, le Portugal resserre ses liens avec la Grande Bretagne et se place sous
son autorité en vue d'une guerre prochaine contre la France. Carr est alors envoyé au Portugal afin de réorganiser et professionnaliser
l'armée portugaise. Nommé en 1909 généralissime (ou maréchal commandant) de l'armée portugaise, il vainc Soult à La Albuera (près de
Badajoz) en 1811. L'année 1814 le verra entrer à Bordeaux au côté du duc d'Angoulême et recevoir du prince régent George le titre de vicomte
de Beresford. Revenu au Portugal et détenant un fort pouvoir au sein de l'armée, Beresford fait du Portugal une " colonie " anglaise : les
Anglais l'imposent au roi du Portugal et du Brésil Jean VI, qui, resté à Rio de Janeiro, le nomme régent du Portugal en 1816. Mais la tyrannie
qu'il exerce provoque contre lui une conspiration en 1817. Celle - ci ayant échoué, c'est seulement à la fin de l'année 1820 que Beresford est
chassé du pays par les forces libérales portugaises.
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PORTUGAL - HISTOIRE
La fin de la monarchie
1828-1834
Guerre civile entre libéraux et absolutistes : en 1822, le Brésil s'est proclamé indépendant et a pris comme
empereur le fils aîné du roi Jean VI, Pierre IV, sous le nom de Pierre Ier du Brésil.
A la mort de Jean VI en 1826. Pierre Ier conserve le trône du Brésil et installe sur celui du Portugal sa fille
Marie II en adoptant une constitution libérale où l'autorité royale est sous la suprématie du pouvoir
parlementaire. Son frère Miguel, qui a le titre de régent, se fait alors le champion de la monarchie absolue et
réclame la couronne qu'il finit par obtenir en 1828. Une lutte acharnée s'instaure entre les absolutistes et les
libéraux qui soutiennent Pierre. Celui - ci, aidé par les Anglais, vient rétablir sa fille sur le trône en 1834 ;
la convention d'Evoramonte met fin à la guerre civile.
Marie II épouse en 1836 Ferdinand de Saxe Cobourg Gotha.
1855-1890
Sous les règnes de Pierre V (1855 - 1861), de Louis 1er (1861 - 1889) et de Charles 1er (1889 - 1908), la
vie politique, bien qu'agitée, n'empêche pas la reconstitution d'un troisième empire en Angola et au
Mozambique. L'Angleterre s'oppose à l'entreprise du gouverneur Serpa Pinto qui veut conquérir des territoires
entre l'Angola et le Mozambique afin de les réunir d'influence : castillane et portugaise.
1er fév.1908
Assassinat à Lisbonne du roi Charles Ier et du prince héritier. Le sang-froid de la reine Amélie permet de
sauver son plus jeune fils qui monte sur le trône sous le nom de Manuel II.
5 oct.1910
Abdication de Manuel II et proclamation de la République.
La République
1910-1933
La République ne parvient pas à restaurer l'ordre. L'entrée en guerre contre l'Allemagne en 1916 et l'envoi
de troupes en France aggravent la situation intérieure qui devient critique en 1928. Le général Carmona fait
alors appel à un professeur de l'université de Coimbra, Antonio de Oliveira Salazar. Salazar, nommé ministre
des Finances puis, en 1932, président du Conseil, rétablit la stabilité monétaire et politique, mais promulgue
en 1933 la Constitution de " l'État nouveau " (Estado Novo), instituant un régime dictatorial (censure des
journaux, police secrète : la PIDE).
1939-1945
1949
1961
1968-1970
Le Portugal reste neutre pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le Portugal est l'un des membres fondateurs de l'Otan.
L'Inde annexe Goa, portugais depuis 1515.
Salazar, qu'un accident écarte des affaires fin 1968, meurt en juillet 1970. Son successeur, Caetano, poursuit
une lutte anti-guérilla ruineuse et impopulaire en Afrique.
I Genève- hes
- hes/ UER1
/ UER1Construction
Constructionetetenvironnement
Environnement
/ Voyage
d'étude
/ Portugal
/ 2/ -16
8 -octobre
E EI Genève
/ Voyage
d’étude
/ Portugal
/ ab
22 juin 2004
2007 / ab
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PORTUGAL - HISTOIRE
PORTUGAL
Le Guide Vert
Michelin
25 avril 1974 :
une révolution beatnik
25 avril 1974
Révolution des oeillets : prise du pouvoir par le Mouvement des forces armées mené par le général
Spinola.
1974
Indépendance de la Guinée Bissau.
1975
Indépendance des îles du Cap Vert, du Mozambique, de l'Angola, de Sào Tomé.
1976
Nouvelle constitution socialiste. Le général Ramalho Eanes est élu président de la République.
Indépendance de Timor.
Autonomie de Macao (territoire chinois sous administration portugaise) et des archipels de Madère et des
Açores.
1980
Le parti conservateur remporte les élections législatives. Sà Carneiro forme un gouvernement, mais il
trouve la mort le 4 décembre dans un accident d'avion. Le mandat présidentiel du général Antônio Ramalho
Eanes est renouvelé.
1986
Le Portugal entre dans la CEE. Le socialiste Màrio Soares est élu président de la République.
1991
Réélection de Mârio Soares.
1994
Lisbonne, capitale européenne de la culture.
1996
Élection de Jorge Sampaio à la présidence de la République.
1998
Expo' 98 : Exposition mondiale à Lisbonne.
1999
Le territoire de Macao est cédé à la Chine.
2001
Réélection de Jorge Sampaio.
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LISBONNE
Lisbonne, il faudrait y débarquer, y
Nord, sur les pentes de Sant'Ana.
venir de la mer comme Bruno Ganz
Différente
dans La Ville blanche, et puis marcher
époques
sans préjugés ni préambules, mais
autant de strates, Lisbonne est faite de
sans précipitation non plus, marcher
fragments. Les tissus s'y ajoutent et s'y
jusqu'à
juxtaposent, le quartier maure jouxte
être
subjugué.
Loin
du
d'autres
se
villes
où
superposent
comme
parcours du combattant, c'est une
celui
ballade qui tente le café du coin et le
romantique y conduit aux immeubles
pastel de nata saupoudré de cannelle,
éclectiques de la fin du XIXe siècle.
attrape le tram au vol et s'endort dans
Ainsi la promenade parcourt des lieux
les bus dont le trajet s'allonge vers
où chaque époque, successivement,
Olivais. C'est, la nuit, suivre le reflet
révèle son génie propre et, traversant
métallique des rails inscrits dans le
la ville, remonte les siècles.
pavé, se plaire dans le silence et
C'est donc des origines, du haut de la
l'immobilité de la ville jusqu'à l'aube
colline
que
coq
déroulerons la spirale du temps. Des
charme
siècles aujourd'hui enfouis, celle-ci
tranche
inattendu.
un
chant
Alors,
un
du
des
de
Lumières,
S.
insaisissable s'exhale, et la ville vous
recèle
possède.
paléolithiques,
Jorge
encore
le
et
des
Bulletin d'informations
Architecturales
Institut français d'architecture
jardin
que
quelques
LISBONNE
les
nous
vestiges
traces
de
Alfama, que dans leur structure
même, faite d'un réseau complexe
de ruelles et d'impasses confirmé
l'occupation romaine dont la ville fut
pendant
l'objet à partir du deuxième siècle
marches y dévalent la colline, le
avant J. C. parmi lesquelles fut
linge claque au balcon voisinant
Lisbonne, capitale du Portugal, cette
récemment mis à jour un théâtre dédié
avec la cage à oiseaux dont le
longue bande de terre tournée vers
à Néron. Le château, lui - même
chant surprend. Au détour d'une
l'Atlantique, n'est pas au bord de
reconstruit par les Romains, fut par la
arcade surgit une petite place
l'océan mais un peu en retrait, sur les
suite transformé avant d'être restauré
irrégulière et inattendue, ombragée
rives de l'estuaire du Tage, où le
en 1938, quand le nationalisme était
d'un arbre ou plantée d'un cyprès.
fleuve est si large qu'il porte le nom de
exacerbé. Cette butte fut ainsi le point
Une muraille, alors, prenait appui
"
ici
de départ du développement urbain, et
sur le château et cernait cette ville
les
celui d'une première croissance encore
située sur le versant qui fait face au
lisible, celle de la ville arabe.
Tage.
LES ORIGINES DE LA VILLE
mer
de
paille
qu'appareillèrent,
".
C'est
glorieuses,
caravelles de Vasco de Gama. C'est ici
le
Moyen
âge.
Des
La ville a gardé ce visage, mais les
le théâtre des grands départs pour des
épopées qui ont marqué définitivement
ALFAMA MOURARIA
mosquées ont disparu. A l'heure de
la culture portugaise d'une indicible
LA VILLE ARABE ET MÉDIÉVALE
la
nostalgie d'Alcacer Quibir, des Indes et
Reconquête
chrétienne,
les
convictions religieuses s'affirment
des Amériques. C'est ici que " s'étale
Le déclin de Rome a laissé Lisbonne
et, lorsque le premier roi portugais,
Lisbonne, offerte sur la paume de la
aux mains des Wisigoths mais, au
Afonso Henriques, aidé de Croisés
terre " ; le relief, en effet, paraît y avoir
VIIIe siècle, la vague d'invasions
qui se rendaient en Terre sainte,
épousé le modelé du creux de la main
arabes qui déferle sur l'Europe en fait
prend Lisbonne en 1147, il met en
où, entre deux collines (celle de S.
pour quatre cents ans une ville maure.
oeuvre
Francisco prolongée de celles du
Peu de pierres témoignent encore de
construction de la cathédrale, la Sé,
Carmo et de S. Jorge) se glisse une
cette occupation qui a laissé son
sévère
plaine, la bien nommée Baixa (basse)
empreinte tant dans la consonance
édifié sans doute sur les ruines
qui bientôt se dédouble en butant, au
des noms de certains quartiers comme
d'une mosquée.
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presqu'aussitôt
édifice
la
romano-gothique
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LISBONNE
Bulletin d'informations Architecturales
Institut Français d'Architecture
Les Maures ne sont pas chassés,
BELEM - LA RENAISSANCE ET LE
mais confinés dans leur quartier
FLEUVE
propre, Mouraria. Attenant à Alfama, il
les arcades ogivales s'affichent sur le
a gardé ce même charme d'un lacis
ciel bleu. Point de repère visuel, il est
A
où l'escarpement et l'étroitesse des
aussi un signe historique consacrant
Découvertes,
rues font fuir les voitures, tandis que le
l'Indépendance du Portugal et l'accès
Gama atteint les Indes et que Pedro
fortuit attire le touriste. Cet attrait
au trône d'une nouvelle dynastie. Le
Alvares Cabral découvre le Brésil, le
conjugué à l'état de dégradation où
bâtiment fut en effet construit à la suite
Roi abandonne ses sommets et
ces deux quartiers, très populaires,
d'une victoire du futur D. Joâo I sur le
quitte le château pour un palais au
Roi de Castille, héritier du trône par
bord du fleuve. De là partent et
leur
alliance. D. Joâo I fonda alors le
reviennent
rénovation. D'autres communautés
monastère de Batalha, tandis que
dépendent la richesse et l'avenir du
ont aussi leur quartier, comme les
Nun'Alvares Pereira, connétable qui
pays, là se trouve la place du
juifs, en majorité groupés au pied de
venait de remporter la victoire, créait
pouvoir. Le Paço da Ribeira (Palais de
la colline. La ville déborde largement
l'église du Carmo, deux édifices,
Ribeira) est construit au début du
de ses limites, et de petits centres se
entrepris pour les mêmes raisons et
XVIe siècle, et donne sur une vaste
développent dans la plaine autour de
dont
place de 620 pas sur 200. Celle ci,
lieux de culte. Ainsi le couvent et
identique.
ouverte sur le Tage, est cernée par
l'église de S. Domingos avec son
Dans cette cité en pleine expansion, le
l'Arsenal, la maison des Indes et la
parvis, constituent-ils l'esquisse de ce
nouveau Roi tente d'imposer un ordre.
Douane. Pendant du Rossio, le
qui sera le Rossio, cette grande place
Il encourage l'urbanisation de la colline
Terreiro de Paço en est la version
au coeur de Lisbonne qui a perduré à
du Carmo, contrôle le respect des
aristocratique, la Cour y parade et y
travers les siècles.
tracés
les
organise des spectacles. Pendant
Le développement et l'importance de
constructions à l'alignement (1395), et
les années suivantes, c'est ainsi vers
la ville sont bientôt consacrés : avec la
impose les noms des rues dont il exige
le Tage que se tournèrent les
conquête de l'Algarve, partie Sud du
qu'ils soient ceux des métiers qui y
regards. Sur ses rives les nobles
pays, le Portugal acquiert en 1255 ses
sont exercés. Autres témoignages de
édifièrent leur habitation souvent
limites actuelles, et fait bientôt de
ce souci urbain qui peu à peu
assez
Lisbonne sa capitale. Appartenant au
transforme la capitale : la fontaine du
originale, comme la casa dos bicos,
réseau
villes
Roi, chafariz del Rei, construite quelques
d'inspiration italianisante, récemment
hanséatiques, son port est un relais
années plus tôt contre la muraille
restaurée de manière ludique par
important
la
fernandine, et la régularisation de la
M. Vincente et S. Rita Fernandes qui lui
Méditerranée. Sur les bords du Tage
place de Rossio. Celle ci devient un
ont restitué ses trois étages originels
s'installent
établissements
véritable forum populaire, un lieu de
et ont joué avec les arcs des baies
publics, comme ceux de la Douane
marchés. Son rôle se verra d'ailleurs
dont les moulures semblent avoir
Royale. En 1373, la ville abrite environ
confirmé, lorsque, suite à la peste qui
basculé. Ce développement linéaire
65 000 âmes et le Roi D. Fernando la
envahit la cité, D. Joâo II décide d'y
le long du fleuve atteindra des
dote
enceinte,
édifier l'hôpital. Le centre de Lisbonne
confins que la croissance actuelle de
agrandissant ainsi considérablement
s'est ainsi déplacé du château vers la
Lisbonne n'a que peu dépassés.
son territoire qui passe de 15 à 101
baixa très peuplée où règne une
Ainsi la limite orientale était alors
hectares
intense activité commerciale. C'est un
marquée par le couvent de la Madre
seulement la plaine, la baixa, mais
réseau
et
de Deus, actuel musée des azulejos.
aussi toute la colline de S. Jorge et le
tortueuses compris entre la place de
A l'extrêmité occidentale, à Belem,
versant oriental de celle du Carmo. Là
Rossio et les rives du fleuve, entre ces
s'installèrent le couvent et l'église des
s'installent les Carmélites, pour qui
deux pôles dont l'un possède déjà une
Hiéronymites, puis quelques années
une église est édifiée à partir de 1393.
structure urbaine, tandis que l'autre va
plus tard la Tour de Belem, maillon
En
silhouette
se constituer au cours des décennies
d'un système de fortification plus
poignante domine encore aujourd'hui
suivantes : lentement va se définir le
vaste destiné à la défense du port de
le paysage urbain, fantôme familier dont
front du Tage.
Lisbonne.
tombés,
étaient
entraîné
la
ont
récemment
décision
commercial
entre
d'une
partie
et
des
le
des
de
Nord
nouvelle
englobe
détruite,
sa
alors
et
non
l'expression
en
de
stylistique
contraignant
rues
irrégulières
est
E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007
l'époque
des
lorsque
les
ordinaire,
grandes
Vasco
caravelles
parfois
de
dont
plus
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LISBONNE
Bulletin d'informations Architecturales
Institut Français d'Architecture
Ces constructions sont marquées de
sportives et touristiques, tandis que le
Dans
ce style appelé " manuélin " , gothique
traitement des berges serait repensé.
bâtiments, mais d'une expression
tardif
sculpturaux
La construction du quai, longue ligne
plus baroque, fut édifiée en 1682
maritimes
droite bâtie sur des zones en partie
l'église
l'emblème à croix pattée de l'ordre du
remblayées, remonte à 1742, au
travaux longtemps en suspens, ont
Christ arborée sur les voiles des
développement de l'urbanisation de
été conclus il y a quelques années,
caravelles y est reprise pour le dessin
cette région. Plus tard, le train puis la
achevant " une suite architecturale
des garde-corps ajourés, tandis que
circulation automobile, en ont rendu
qui commence avec l'abside de
les cordages sont partout présents,
l'accès difficile aux passants. L'idée est
l'église des Hiéronimytes, et qui
tendus pour le tor ou noués pour la
d'enterrer voies et parkings libérant
passe par l'oeuvre de Terzi. "
base des colonnes.
où
les
motifs
s'inspirent
de
décors
le
sillage
de
Santa Engracia,
deux
dont
les
ainsi des terrains pour la construction
L'autonomie
symboliques
hôtelière, et permettant au Lisboète
préservée pendant soixante ans,
marquent irrémédiablement la Place
d'éviter la course et les klaxons,
malgré la souveraineté espagnole,
de l'Império du souvenir de l'époque
lorsque le vague à l'âme il aime à
mais un mécontentement général
glorieuse des Découvertes. Là se
perdre ses pensées sur la tranquille
conduit finalement le Portugal à la
déroulera bien des siècles plus tard,
agitation des eaux...
révolte. C'est, en 1640, la fin du joug
Ces
architectures
du
ces
royaume
est
espagnol et le début de la dynastie
en 1940, sous la dictature de Salazar,
" l'exposition du Monde Portugais "
BAIRRO ALTO :
des Bragance marquée par le faste
dont il reste aujourd'hui, au milieu des
LES PRÉMICES DES LUMIÈRES
éphémère des richesses venues
d'Outremer. C'est l'époque de l'or et
eaux un bâtiment moderne et, signé
du même architecte, Cottinelli Telmo, le
Des origines de la ville, témoigne
des diamants dans un climat alourdi
monument édifié à la mémoire d'Henry
encore la toile de ruelles des quartiers
par l'Inquisition.
le navigateur, l'Infant savant qui, au XVe
d'Alfama et Mouraria tissée sur les
" Dans les rues de Lisbonne,
siècle, consacra ses énergies au
flancs de la colline du château. Avec la
fourmillantes de femmes vêtues
développement de la navigation. Là
Renaissance, le développement urbain
pareillement, avec leurs mantilles,
encore se situe le terrain d'un futur
le long du Tage l'a emporté, et c'est
leur cotte de dessus retroussée sur
centre
le
aujourd'hui à Belem que l'on peut en
la tête, réservant juste une mince
monastère et la tour, " deux symboles
juger. Durant la fin du XVIe siècle et le
fente pour le clin d'oeil ou la moue
de notre histoire et de l'histoire du
début du XVIIe, des morceaux épars
des lèvres, code universel appris
monde ". Un concours a été lancé
vont
et
dans la clandestinité des sentiments
récemment pour sa réalisation par
l'architecture de la future Lisbonne des
et des voluptés interdites, dans ces
l'Institut
Lumières.
rues qui comptent une église à
Culturel" qui prévoit d'y célébrer le Ve
A l'exubérance manuéline ont succédé
chaque coin et un couvent dans
centenaire des Découvertes, et d'y
la retenue et la gravité des bâtiments
chaque pâté de maison, souffle un
créer les installations nécessaires pour
de F. Terzi. Cet architecte italien venu
vent de printemps qui fait tourner la
accueillir en 1992 la Présidence du
de Bologne est en effet le favori de
tête (...) aujourd'hui est un jour
Philippe II, souverain espagnol porté au
d'allégresse générale, encore que ce
Européennes.
pouvoir en 1580. Dès son arrivée dans
mot soit impropre, car la jouissance
A ce projet, s'ajoute celui, pour l'instant
la
fait
vient de plus loin, de l'âme peut être,
moins défini, du réaménagement des
transformer le palais
Paço da Ribeira
à regarder cette ville sortir des
rives
dont
à l'extrémité duquel l'architecte adjoint
maisons, se répandre dans les rues
l'importance est grandissante, pourrait
un grand pavillon. Celui ci reconstruit
et sur les places, descendre des
être transféré de l'autre côté du fleuve,
également, à la même époque, l'église
hauteurs, se rassembler sur le
laissant la place à des activités
de S. Vicente de Fora.
Rossio pour voir supplicier juifs et
culturel,
Conseil
du
Portugais
des
Tage.
situé
du
entre
Patrimoine
Communautés
Le
port,
esquisser
capitale,
le
l'urbanisme
nouveau
roi
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LISBONNE
Bulletin d'informations Architecturales
Institut Français d'Architecture
magasin des Indes... Cependant,
nouveaux chrétiens, hérétiques et
sorciers (...) "
survenue tôt dans la matinée, la
Sur cette place populaire qu'est le
quartier qui a conservé la régularité de
catastrophe
Rossio se trouve en effet le Palais de
ses voies. Peu commerçant, c'est un
humaines. Beaucoup des fidèles qui,
l'Inquisition. Les églises, elles, ne se
lieu d'habitations où règne un grand
une heure plus tard, se seraient
comptent plus. Au dépouillement de
calme. Sur le Largo de la Miséricorde, en
trouvés dans les églises, étaient
leur
grande
bordure du Bairro Alto, s'ouvre l'église
encore chez eux, les nobles dans
richesse de la décoration intérieure.
S. Roque, construite en 1556 par la
leurs propriétés situées loin du
Les autels et les murs se couvrent
Compagnie de Jésus, alors récemment
centre et les autres dans leurs
d'or, partout se développe la talha
arrivée au Portugal, et qui parachevait
modestes logis loin des voûtes
dorada
avec
ainsi d'une certaine manière la création
pesantes
l'azulejo. " L'une et l'autre remplacent
de ce quartier. Ainsi s'est ébauché, dès
cathédrales.
la peinture et la sculpture que le
les années 1530, dans la rigueur d'une
habitants
que
Portugal ne possède pas à cette
géométrie
qui
contraste
Lisbonne,
on
époque ". Tandis que l'une s'affiche
fantaisie
du
lacis
rues
recoupements, le nombre de morts à
dans les églises, l'autre plutôt civile
moyennâgeuses, le dessein qui sera
10 000 environ. De la débâcle et des
envahit les palais : de longs panneaux
celui de l'époque des Lumières.
ruines, le pouvoir royal ne voulut rien
façade
qui
s'oppose
s'accorde
la
bien
avec
des
la
et
les
vies
dangereuses
Sur
les
des
250.000
comptait
peut
alors
évaluer
par
savoir. Le roi resta "le seul homme
de céramique racontent dans ce bleu
- azul- si particulier quelques hauts
épargna
LA VILLE DES LUMIÈRES
d'Europe qui ne se soit pas fait une
véritable idée du désastre arrivé à
faits ou quelques scènes de rue.
L'urbanisme d'alors surprend par son
Entre le château et la colline du
une lieue de lui ". C'est Sebastiào José
rationalisme dans ce lotissement situé
Carmo, il y a, comme une pièce
de Carvalho e Mello, le futur Marquis de
hors les murs, sur la colline de S.
rapportée, la grille des rues de Baixa
Pombal, qui sut alors non seulement
Francisco : le Bairro Alto primitivement
dont la régularité s'estompe sur ces
parer au plus pressé, distribuer
nommé Vila nova de Andrade. Là, le long
reliefs. C'est là comme un collage posé
secours et aliments, poursuivre les
de la muraille fernandine, se trouvaient
sur le quartier commerçant qui s'y était
vandales et rétablir l'ordre, mais, au
les grandes propriétés appartenant à
développé dès le Moyen âge, et qui fut
delà, faire naître du chaos une
un astrologue et chirurgien juif qui
réduit à néant en quelques heures. En
véritable ville des Lumières.
avait été contraint, à la suite des
1755, la terre trembla. Durant neuf
persécutions, de vendre ses terrains à
minutes, ce samedi matin de la
la famille Andrade. La partie plus
Toussaint,
pentue du bas de la colline fut alors
atteignirent les degrés les plus élevés
Les mouvements sismiques avaient
lotie de manière irrégulière et devint
de l'échelle de Mercalli (VIII et X). Sous
atteint Lisbonne de manière inégale.
vite très populaire, tandis que sur le
un ciel obscurci, les eaux du fleuve
Certains quartiers, ceux situés sur
plateau haut, l'urbanisation, plus lente,
refluèrent avant de déferler violemment
les collines, comme Alfama ou le
suivait un dessin orthogonal. Les
sur les quais. Toute la journée, le sol
Bairro Alto, avaient peu souffert,
parcelles furent acquises par des
vibra
tandis que la plaine
plusieurs
laissant
BAIXA - LES PRINCIPES
secousses
échapper
des
Baixa
et les
aristocrates qui édifièrent des hôtels
grondements sourds. Des pans entiers
berges du fleuve n'étaient plus qu'un
particuliers. C'est le Bairro Alto que
de la ville s'effondrèrent et un incendie
tas de décombres. Le tissu de la ville
l'on voit figurer sur le plus ancien des
dévora six jours durant tout ce qui était
était déchiré, et l'habileté de Pombal
plans de Lisbonne dressé par J. Nunes
consumable
et
consista à assembler les arabesques
Tinoco en 1650.
meubles des palais, et des maisons
moyennâgeuses et le damier du
Il faut descendre la rue S. Pedro de
entières dont la plupart étaient en bois.
XVIe siècle, par une pièce de
Alcantara
matinée,
Les deux tiers de la ville étaient
géométrie parfaite. Un mois après la
lorsque quelques ombres soulignent
devenus inhabitables, les six hôpitaux
catastrophe, il recevait de Manuel da
les sobres moulures du Palais de la
étaient incendiés, cinquante quatre
Maia, ingénieur militaire, une longue
famille Andrade ou un peu plus haut,
couvents et trente trois hôtels étaient
dissertation dans laquelle celui ci
de celui, plus tardif, de l'architecte
détruits, disparus le Paço da Ribeira,
envisageait
Ludovice, et puis se promener dans ce
l'Opéra, la Bibliothèque royale, le
allant de la réédification à l'identique
par
une
belle
livres,
tableaux
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diverses
possibilités
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Nord/Sud.
Font
de Paço, et à l'identité de ce quartier
bandes
d'îlots
commerçant, Baixa constitue un
anciens quartiers suivant un nouveau
transversaux, qui constituent le front
ensemble homogène et fini. Elle
dessin. A l'appui de ces hypothèses
de la grande place s'ouvrant sur le
trouve sa raison d'être dans un site,
furent dressés six projets pour Baixa.
Tage. D'aucun voient dans la régularité
une histoire, et une demande sociale
Les deux grands pôles de la vie
de ce plan celle des camps militaires ;
et ne peut être reproduite là où les
urbaine qu'étaient le Rossio et le
d'autres invoquent les villes de la
conditions ne sont pas les mêmes.
Terreiro de Paço demeuraient deux
colonisation espagnole dont les plans
On retrouvera ailleurs dans Lisbonne
espaces urbains majeurs. Cependant,
étaient définis par la Loi sur les Indes
des
entre ces deux places, l'ancienne
(1573). Pour qui a vu Turin et la grille
morphologiquement
au déplacement de la ville à Belem, en
approximative
passant par la reconstruction des
exception
trois
éléments
semblables
ou
convergence du réseau viaire vers
régulière de ses trois agrandissements
stylistiquement, mais jamais réunis
l'Eglise S. Nicolau disparaissait dans
successifs au XVIIème siècle, la
dans la cohérence logique de ce
le plus rationnel de ces plans qui
similitude est frappante. Les rues s'y
fragment urbain.
proposait un réseau orthogonal se
alignent avec la même rigueur ;
Les maisons y sont semblables.
déroulant sans une inflexion. C'est ce
cependant, le porche franchi, les
Elles ont trois étages et un comble .
dernier, dessiné par E. dos Santos et C.
ressemblances s'évanouissent : il y a
Sur l'enduit affleure la pierre qui
Mardel, qui fut choisi et réalisé sans
là le cortile majestueux puis la cour et
marque l'encadrement des fenêtres
presqu'aucune
sa
de bandeaux plats, qui indique les
modification.
La
mise
en
scène,
tandis
qu'à
reconstruction de cet ancien quartier
Lisbonne, l'entrée de l'immeuble ne se
mitoyens
marchand fut financée en partie par le
célèbre pas et la cour a disparu. Les
couronne le tout d'une corniche.
commerce de la ville qui offrit de payer
îlots étroits, semblables à ceux du
Mais une subtile hiérarchie distingue
une taxe de 4 % sur les droits de
Barrio Alto, ne laissent pour toute
les façades. Tandis que celles des
douane prélevés sur les importations.
respiration intérieure qu'une tranchée
rues principales sont dotées de
A cela s'ajoutèrent les contributions
par
des
pilastres
et
de trois mètres dont le sol est parfois
balcons au premier étage, et de
aides
relié par un système d'écoulement à un
quelques éléments décoratifs (un
internationales qui affluèrent dès que
égout filant dans l'axe des rues. Il n'y a
léger ressaut qui esquisse une clef
la catastrophe fut connue.
plus, ici, d'espaces extérieurs privés.
sur les baies du dernier étage, des
Le sol fut porté, par les remblais
Ce qui étonne encore, c'est que Baixa
ailerons qui cernent les mansardes),
provenant des destructions, à 4 pieds
se
un
celles des rues secondaires perdent
au-dessus de son niveau d'origine.
fragment. Alors que la grille a pour elle
toute décoration, et les dernières
Sur cette surface aplanie courent,
des capacités d'extension infinie et que
n'ont
d'une place à l'autre, quatre rues
chaque croissance urbaine peut la
D'autres
principales de 42,5 pieds (13,8 m) de
prolonger, elle est ici cernée par des
commandées
large dont sept (2,27 m) de part et
limites qui en condamnent la simple
urbains majeurs. Sur le Terreiro de
d'autre sont occupés par les trottoirs.
reconduction: deux places marquent
Paço,
A mi-distance entre chacune de ces
les frontières Nord et Sud, deux fronts
monumentales
:
rues, trois autres, plus étroites, sont
bâtis en soutènement résolvent les
corniche
conservée,
interrompues avant de déboucher sur
différences de niveaux concernant les
l'attique est signalé de fenêtres plus
le Terreiro de Paço. Ce faisceau de
bordures orientales et occidentales.
petites, tandis que le premier étage
parallèles est coupé orthogonalement
Pour des raisons liées à la force de
est un entresol appartenant aux
par sept rues secondaires d'une
ses frontières physiques (trois collines
arcades qui entourent cette nouvelle
largeur de 28 pieds (9,10 m). Les îlots
et un fleuve), à la persistance d'une
" place du commerce ". Sur le Rossio
ainsi définis sont de longs rectangles
structure urbaine depuis longtemps
par contre, le dessin s'assouplit, les
(± 26 x 72 m) d'une orientation
ordonnée par le Rossio et le Terreiro
balcons ne sont pas
des
colonies
et
les
définit
d'emblée
comme
E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007
même
les
plus
de
balcons.
variations
par
les
façades
est
la
sont
espaces
sont
plus
hauteur
de
mais
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LISBONNE
Bulletin d'informations Architecturales
Institut Français d'Architecture
systématiques et la toiture a un
fascinante
comble
émerveille lorsqu'apparaît sa raison
brisé.
Ces
élévations,
au
premier
abord,
dressées par les auteurs du plan,
des époques: style "nouille" de "
d'être.
furent imposées. Identiques, elles ont
l'animatografo " du Rossio, ou années
A Chiado, la variation naît tout à la
permis la fabrication d'éléments en
30 de l'agence du Diario de noticias et
fois
série, de la poutre au linteau, de la
du café Portugal. Sur les trottoirs se sont
accentué et de l'héritage d'un passé.
sévère
aux
déroulées les mosaïques de petits
Son
azulejos dont les motifs, à l'échelle du
pavés noir et blanc dont les motifs sont
situation
carreau, s'assemblent à volonté. Rien
propres à chaque rue, la chaussée est
ascendance religieuse.
ne déroge à cette ordonnance, ni les
striée de l'éclat métallique des rails des
Ce quartier qui mène de Baixa au
bâtiments publics ni les édifices
trams. Plusieurs rues transversales
Bairro Alto grimpe sur le flanc de la
religieux. A peine l'église est elle
devenues piétonnières, peuplées de
colline du Carmo. En 1755, la
ponctuée d'un fronton discret ou d'une
vendeurs à la sauvette dont les étals
première ambition fut de prolonger
façade un peu plus monumentale,
se ferment comme des huîtres à
simplement le réseau de Baixa. De
quand ses bas côtés s'alignent et se
l'approche
la
ce désir est demeuré un axe central :
dissimulent
régularité du tracé demeure et le soleil
l'actuelle rue Garrett qui s'élargit,
prescrites .
scinde toujours en deux les longues
devenant le Largo do Chiado cerné par
Baixa, certains la décrivent monotone,
rues, plongeant alternativement un
deux
sinistre même quand le dimanche elle
côté dans l'ombre profonde tandis que
anciennes
est déserte et silencieuse. D'autres
l'autre rayonne.
Cependant,
balustre
métallique
derrière
les
façades
du
danger.
Mais
des
contraintes
plan
d'un
relief
capricieux
reflète
sa
géographique
et
son
églises
situées
limites
de
sur
les
Lisbonne.
l'emplacement
de
nombreux couvents et la présence
aiment ses boutiques luxueuses et des
heures durant vont d'une vitrine à
CHIADO, San PAULO ET RATO :
de la pente ont modifié la régularité
l'autre. Il y a ceux qui connaissent le
LES VARIATIONS
de la trame et les dimensions des
îlots, beaucoup plus vastes que
rythme de ses respirations, neuf
heures, une heure, six heures : l'afflux
Après le tremblement de terre, la
prévus. Aujourd'hui, la plupart des
des cols blancs en costumes noirs que
reconstruction ne fut pas limitée au
maisons religieuses ont disparu,
libère la fermeture des banques et des
seul quartier de Baixa. D'une manière
mais
bureaux, et ceux pour qui elle est
un peu impressionniste, elle s'est
demeurée identique.
habitée par le fantôme du poète...
étendue à toute la ville. Ce sont là
Envahi
Le quartier bien sûr a changé. Comme
différentes touches, projets ponctuels
commercial du quartier voisin, le
un moment porté, il a perdu la
glissés sur ce qui restait du tissu
Chiado en a maintenant la même
perfection du dessin d'origine et gagné
urbain après la catastrophe. Figurés
animation. Le couvent do Espirito
en
de
sur un plan du dernier quart du XVIIIe
Santo a laissé place au début du
l'idéalisme a fait place à l'indulgence
siècle, ces nouveaux îlots sont comme
siècle à de grands magasins de
du réalisme. Si le plan est demeuré,
autant
disséminés.
métal et de verre, le couvent da
les
été
L'image idéale projetée sur la ville n'est
Trindade a cédé son réfectoire à la
été
pas
d'une
brasserie da Trindade sur les murs de
surélevés, appuyant un balcon sur le
multiplicité qui juxtapose au même
laquelle se déroulent de grands
ressaut de la corniche et ménageant
moment
panneaux
un étage en retrait. Bien des façades
différentes. Le fragment n'apparaît plus
maçonniques; quant au couvent
ont été habillées de carreaux aux
comme
Francisco da Cidade, il est occupé par
multiples motifs et vibrent au moindre
délibérément choisi. Il est érigé en
les Beaux Arts .
rayon de lumière. A la fin du XIXe
principe et oppose à un ordre universel
A l'opposé, le quartier de S. Paulo,
siècle l'installation des banques, des
une diversité dont les fondements sont
situé sur un terrain plat en bordure
grands magasins et des hôtels a fait
multiples. Chaque fragment est comme
du fleuve, est un véritable extrait du
naître de nouvelles constructions dont
une traduction du plan de Baixa
plan
l'architecture éclectique est empreinte
interprété
des
identiques, formes similaires. C'est
d'une
Les
caractéristiques propres à chaque
un lotissement fait d'îlots étroits dans
boutiques se sont modifiées au gré
quartier. L'ensemble propose ainsi une
l'un desquel s'insère une église.
souplesse.
bâtiments
transformés.
La
influence
La
ont
rigueur
souvent
plupart
ont
française.
de
celle
desseins
d'un
des
tout,
pièces
accidentel
en
mais
de
mais
fonction
formes
il
est
E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007
la
de
stucture
par
urbaine
le
mouvement
d'azulejos
Baixa
:
est
aux
à
motifs
conditions
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13
LISBONNE
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Institut Français d'Architecture
Celle-ci s'ouvre sur une placette
fabriques diverses, de soie,
de
oeuvrait pour la haute bourgeoisie et
agrémentée
d'une
peignes ou de boutons par exemple,
dont les ennemis étaient la noblesse
depuis
1849
et de quelques arbres.
sont larges et laissent place à de
et le clergé, elle se fit dévote,
L'ordonnance façades, la rigueur du
grandes cours où se développent des
indemnisa les Jésuites, signa un
tracé, la taille des rues et des îlots,
activités, à l'inverse de ceux, étroits,
concordat avec le pape et détourna
tout ici est pombalin.
des lotissements. L'architecture aussi
l'impôt destiné à la reconstruction de
Rato enfin témoigne de modifications
en est différente ; les bâtiments ici
la ville au profit de l'édification d'une
d'origine sociale. Ce nouveau quartier
n'ont qu'un étage et de simples
gigantesque église : la basilique de
n'a pas été construit comme Baixa
fenêtres
Estrela, qu'elle voulut baroque pour
pour
d'immeubles
fontaine
à
guillotine.
Hérissé
qui
mieux afficher son opposition à la
bourgeois, mais pour les artisans et
affectionnent ces zones périphériques
ville classique. A ce manifeste
les ouvriers. Il déveoppe l'aspect
peu à peu désertées par les industries,
stylistique,
industriel de la ville des Lumières et
le quartier de Rato a maintenant
ébauché lors de la reconstruction en
doit
qui
l'incohérence des tissus lâches qui se
1796 du Palais Royal, le Paço da Ajuda
les
commerçants
accueillir
des
et
les
activités
contemporains
il
faut
ajouter
celui
le
densifient. Y cohabitent des barres
situé près de Belem. Mais cette
dimensionnement des îlots. Le choix
récentes, de merveilleux édifices 1930
tentative resta sans suite. L'édifice,
de l'emplacement de cette " cité
et
commencé
industrielle " fut guidé par l'histoire. A
industriels... à l'ombre des mûriers.
Rato, dès 1735, dans un contexte
de
imposent
repenser
de
vieux
petits
bâtiments
baroque
d'après
les
plans de M.C. de Sousa, devint
Les grands desseins pombalins, en
néoclassique sous le crayon de J. da
le
embrassant toute la ville, ont comblé
Costa e Silva et F.X. Fabri qui, chargés
développement des manufactures et
son développement pendant presqu'un
d'examiner
protectionnisme
s'était
siècle. Lisbonne apparaît en 1855 telle
condamné sans appel.
installée une "fabrique de soie ", à
qu'elle avait été pensée en 1755. Son
Dans la première moitié du XIXe
laquelle étaient venus s'adjoindre
plan est le même, son réseau viaire n'a
siècle,
quelques
des
pas bougé. Elle s'étoffe et se rebâtit
classique, consacrant les choix de
bâtiments destinés à l'élevage des
peu à peu. L'adduction d'eau est
Pombal. L'Opéra construit en 1792
vers à soie et une dizaine de
améliorée par de nouvelles fontaines :
au Chiado l'était déjà ; le théâtre , qui
logements ouvriers. C'est
encore là
une rue Junqueira en 1821, et l'autre,
cinquante ans plus tard remplacera
qu'à la même époque furent terminés
rue de Palma en 1824. L'éclairage est
sur le Rossio le Palais de l'Inquisition,
l'aqueduc des Aguas Livres et édifiés un
modernisé : 300 réverbères à l'huile
le sera aussi. Mais, la situation
réservoir ainsi qu'une fontaine, dernier
d'olive sont installés. Mais elle ne
politique, marquée par l'invasion
maillon de ce réseau de distribution
grandit
d'eau. C'est donc sur un site déjà
habitants
marqué d'initiatives techniques et
redéfinies en 1852, englobent bien des
civiles,
industrielles
économique
marqué
années
par
industriel,
plus
tard
pas,
le
stagne
nombre
et
ses
le
projet,
Lisbonne
fut
l'avaient
donc
néo
ses
napoléonnienne entraînant le départ
limites,
de la Cour au Brésil, et les guerres
de
est
peu
favorable
au
terrains non urbanisés.
développement de la construction.
d'implanter ce que l'on pourrait appeler
Cependant, le grand ordonnateur de
L'instabilité et les tensions qu'elles
la première école d'Arts Industriels : le
cette ville moderne, le marquis de
provoquent paralysent l'économie.
Real Colégio das Manufacturas. Il en reste
Pombal meurt dans la disgrâce et l'exil,
Après la révolution de 1820, le
aujourd'hui, organisés autour d'une
renvoyé à la mort de D. José I alors que
régime
place plantée de mûriers, quatre îlots
Dona Maria accédait au trône. La reine
nationalise les biens du clergé,
carrés. Si la régularité du dessin initial
reprit ainsi le pouvoir à celui qui avait
confirme cette stagnation. Il met à
et la linéarité des voies rappellent ceux
chassé les jésuites, développé la
disposition, pour la seule ville de
de Baixa, les dimensions en sont tout
surveillance fiscale et favorisé les
Lisbonne, soixante cinq couvents
autres. Les îlots accueillant des
monopoles. Contre ce laïque qui
aussitôt convertis en hôpitaux,
que
Pombal
décide
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libéral
de
1834
qui
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tribunaux, bibliothèques et même...
Parlement, tous ces équipements dont
le XIXe siècle a été prolixe. Ce n'est
Plan et vue de Lisbonne, 1833
Plan générale de la cité de Lisbonne, 1785
qu'après la révolte militaire de 1851,
lorsque le pays aura retrouvé un
certain
calme,
renaîtront.
que
Ce
l'instauration
les
n'est
d'un
projets
qu'avec
régime
parlementaire stable que le Portugal
s'épanouira et que Lisbonne aura de
nouvelles ambitions.
L'Eglise de la Madeleine, pombaline, 1783
Terreiro do Paço
Rue S. Joao da Praça
Basilica da Estrela,1779 Teatro S. Carlo, 1792/93
Rossio
25
24
20
23
21
22
18
17
15
12
16
13
10
9 14
5
6
7
4
1
3
2
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11
8
19
ALFAMA
8
Ca ALENTEJO
14
Av. ALMIRANTE REIS
15
B° ALTO
5
ALVALADE
21
ARCO CEGO
17
AREEIRO
18
BACALHAU
19
BAIXA
7
BELEM
2
CHATEAU DE S.-JORGE 11
CHELAS
22
CHIADO
6
COUV. DOS JERONIMOS 3
B° DA ENCARNACAO
24
Av. DA LIBERDADE
13
MOURARIA
10
OLIVAIS NORTE
25
OLIVAIS SUL
23
PASSEIO PUBLICO
9
RATO
12
RESTELO
1
SAO PAULO
4
TELHEIRAS
20
TOURS DES AMOREIRAS 16
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Avenida da Liberdade, fin 19ème s.
suppression,
mais
inévitable
il
et
elle
disparut.
était
Son
existence, si elle fut éphémère, aura
LE PASSEIO PUBLICO
néanmoins inspiré le visage de la
ET L'AVENUE DE LA LIBERDADE
nouvelle voie.
L'avenue
a
retenu
l'ampleur,
Parallèlement, en effet, s'était fait jour
l'alignement d'arbres et les parterres
l'idée d'une croissance plutôt orientée
fleuris. Sous ses frondaisons se
vers le Nord. En 1859, était proposée
lisent encore aujourd'hui les traces
la création d'une large rue, " un
de ce qui fut le premier jardin public
Durant la deuxième moitié du XIXe
boulevard ", partant du fond du
de Lisbonne.
siècle,
apaisée,
Passeio Publico, le jardin de la ville
L'avenue da Liberdade a 90 mètres
s'organise autour de deux pôles : le
des Lumières, la respiration de Baixa.
de large et 1276 de long ; elle se
premier, dit " régénérateur ", est
Dans ce quartier de pierre, il n'y avait
termine par une place de 200 mètres
constitué par la haute bourgeoisie
aucun arbre, aucune plante non plus le
de diamètre : la Place du Marquis de
d'affaires qui se range autour de
long de ces rues inflexibles. Il fallait,
Pombal
Fontes, tandis que l'autre, moins
pour
feuilles,
commandé par l'intersection d'une
conservateur,
"
remonter de la Place du Commerce
ancienne voie qui, venant de Rato, la
progressiste " . Ces deux tendances
jusqu'au Rossio. Le Passeio Publico se
coupait obliquement. Un souci de
alterneront
jusqu'à
trouvait encore un peu au délà, vers
symétrie engendra la création d'une
l'avènement de la République qui, en
l'Ouest. Dessinée en 1764 par Reynaldo
seconde voie et l'articulation de ce
1910, marquera le terme de cette
Manuel, cette promenade plantée avait
croisement par une place ronde. Au
monarchie parlementaire. Ce calme
été aménagée dans le Valverde (Vallée
delà de celle-ci se trouve un parc qui
permet d'envisager à nouveau le futur
Verte) sur des terrains agricoles jusque
s'étend jusqu'aux limites de la ville
de Lisbonne, d'autant qu'en cette fin
là hors les murs. Contrepoint végétal à
définies en 1852 par la estrada de
de siècle la population augmente
un monde minéral, il fut longtemps
circumvalaçiro (voie périphérique). A
rapidement, doublant en cinquante
boudé, et ce n'est qu'à l'heure du
nouveau, on limitait ainsi dès son
ans : de 182 000 habitants en 1848,
Romantisme
ont
origine le développement de la ville
elle passe à 356 000 en 1900. Aussi
commencé à venir y rêver. Entouré de
par un parc : Baixa s'achevait sur le
les projets et les réalisations cherchant
murs et de grilles, ce salon végétal
Passeio
à définir son développement vont ils
devint alors peu à peu un lieu favori.
Liberdade finit sur le Parc Eduardo VII.
fleurir.
On y organisait des fêtes tyroliennes
" Au fond la colline verte, parsemée
Les yeux vont d'abord se tourner vers
ou chinoises, des feux d'artifices, des
d'arbres, les terrains de Vale de
le port, pour lequel, entre 1861 et
concerts de plein air. Situé en bordure
Pereiro, posaient un brusque point
1883, quinze plans sont élaborés, des
de la ville pombaline, ce jardin en
final champêtre à ce court accès de
plus simples n'envisageant que son
marquait les limites mais en interdisait
luxe bon marché qui, parti pour
aménagement, aux plus ambitieux lui
la
la
transformer la vieille cité s'arrête
associant des lotissements, marqués
topographie de la ville ne laissait
brusquement, le souffle court, entre
de cet éternel désir de faire de
aucune
tout
des monceaux de pierrailles ". Mais il
Lisbonne une ville linéaire, lancée
développement vers le Nord ne pouvait
y eut alors quelqu'un pour s'élever
comme une écharpe sur les berges du
se faire que le long des deux
contre cette conclusion jugée trop
Tage. Cependant, l'avenir de Lisbonne
ramifications que la plaine de Baixa
précoce : l'ingénieur Miguel Païs qui
n'était pas le long du fleuve, et les
lance de part et d'autre de la colline
proposa en 1885 de ne pas s'en tenir
ambitions furent éteintes avec la loi de
Santa Ana. Le Passeio Publico était
à ce tronçon et de prolonger l'avenue
1884 qui scindait clairement les deux
donc condamné, alors même que les
en ligne droite. Son projet, publié
projets : d'une part la construction du
Lisboètes commençaient à l'apprécier.
dans la presse, souleva une vive
port et de l'autre le développement
En 1874, deux mille d'entre eux
polémique, d'aucuns appuyant cette
urbain.
signèrent une pétition contre sa
proposition, d'autres la réfutant au
L'AVENEMENT DES AVENUES
la
vie
politique,
formera
au
le
pouvoir
parti
voir
les
premières
que
croissance.
certains
Cependant,
alternative,
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dont
l'emplacement
Publico,
fut
l'avenue
da
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nom du relief trop accentué qui faisait
Cependant le désir de prolonger
ou Norte Junior et, glissée çà et là, la
culminer cette voie qui monte en pente
l'avenue revint comme une obsession
note plus contemporaine des années
douce à un point trop élevé. "
au cours des années suivantes :
30 sur le bâtiment du Diario de Noticias.
Personne ne peut croire que le
Forestier appelé comme conseiller à
ou l'ancien Hôtel Vitoria. A la même
conducteur
d'une
Lisbonne l'envisagea en 1927, L.
époque s'y implante le beau théâtre de
voiture de marchandise ou d'un train
Cristino da Silva en 1932, Keil do
Cassiano Branco : Eden teatro; vers
quelconque venant de Queluz ou de
Amaral en 1940, Faria da Costa en
1925 le Parc Mayer y avait ouvert ses
Porcalhota, lorsqu'il arrive à Palhavâ,
1962, et le dernier projet, lié à l'étude
portes, encadrées de luminaires faits
monte
du
du Plan Directeur de la ville, date de
d'un jeu de cubes translucides aux
pénitencier pour avoir le plaisir de
1967, mais ce dessein là n'a pas
angles de métal noir.
descendre
d'un
jusqu'à
omnibus,
la
hauteur
encore vu le jour. Le parc Eduardo VII,
Aux jours de sa création, l'avenue da
de
dessiné par Henri Lusseau, vainqueur
Liberdade était un divertissement à elle
eurent
du concours, domine toujours l'avenue
seule. Les bourgeois venaient s'y
raison du projet ; un an plus tard l'idée
ombragée. Sur ses façades se lisent
montrer et montaient l'avenue comme
du parc était définitivement adoptée, et
l'éclectisme du temps de ses origines,
les Parisiens les boulevards. Puis les
un concours lancé pour sa réalisation.
signé par J.L. Monteiro, Ventura Terra
distractions sont peu à peu venues.
l'avenue...
ironiquement
l'époque.
Ses
un
"
écrivait
journaliste
détracteurs
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C'est là qu'en 1888 s'est tenue la
première
Exposition
industrielle
portugaise et, par la suite, la Foire du
livre. Cinémas, théâtres et parc sont
aujourd'hui des plaisirs qui font écho
aux lointaines fêtes du Passeio Publico.
Ainsi
est
née
une
nouvelle
promenade, un nouvel espace public.
L'ouverture de l'avenue da Liberdade fut
aussi une opération de lotissement.
Tracée sur des terrains peu construits,
elle
permit
d'en
envisager
l'urbanisation. Une série de dessins
signés de Ressano Garcia, ingénieur
des Ponts et Chaussées, directeur des
services techniques de la Ville, définit
alors le quartier à tracer sur les
terrains alentour. Peu développé à
l'Est où l'orientation des voies reprend
celle du parc, il a, vers l'Ouest, une
ampleur particulière. Il est organisé
autour de l'actuelle avenue Fontes
Pereira de Melo, large voie de 30 m qui,
venant de la place du Marquis de
Pombal,
fait
avec
l'avenue
da
Liberdade un angle de 60 degrés.
Celle ci s'achève après 873 mètres de
course sur une autre place ronde de
moindre
m
de
Duc
de
sa définition jusqu'en 1903 fixèrent
Les
Saldanha, située un peu en amont de
définitivement sa surface à 8244
présentées conjointement au Conseil
la estrada de circumvalacâo (Av. Duque
hectares. C'étaient là des dimensions
Municipal
en
d'Avila). Les rues adjacentes sont
visionnaires pour un futur encore non
réalisées
sans
parallèles ou perpendiculaires à la
avenu...
possible
modification. Le plan d'ensemble
nouvelle avenue et certains des îlots
d'imaginer une autre extension et de
reflète les étapes de son élaboration.
carrés.
franchir l'actuelle avenue du Duque
A chaque fragment son réseau, à
d'Avila continuant le tracé jusqu'au
chaque
AVENUES NOUVELLES
Campo Grande. Cette nouvelle voie,
caractéristiques. Ni l'orientation, ni la
ET LOTISSEMENTS BOURGEOIS
l'avenue
plus
dimension des îlots n'est constante
imposante que la précédente, a 60 m
d'un morceau à l'autre. C'est un
Mais, à ce premier projet s'en ajouta
de large et 1 500 de long. De par
collage qui trouve ses justifications
rapidement un autre, qui, sans doute
d'autre d'une bande de circulation on
dans les préexistences viaires. Ainsi,
lié à la modification des limites de la
reconnaît,
da
l'avenue Fontes Pereira de Melo suit un
ville, prolonge ce dessein. En 1885,
Liberdade, un terre-plein planté et une
vieux chemin venu de Rato et
l'aire urbaine de Lisbonne fut en effet
contre allée, puis se déroulent de
s'interrompt avec les anciennes
considérablement augmentée, passant
grands îlots rectangulaires. Elle se
limites de la ville. L'avenue de la
de 1 208 à 6 500 hectares. Des
conclut par... une place ronde et un
Républica, elle, doit son tracé à la
corrections successives apportées à
jardin.
liaison qu'elle établit entre deux
diamètre),
importance
la
place
(140
du
Il
devint
de
la
venus
alors
Républica,
de
l'avenue
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deux
propositions
1888,
réseau
et
furent
furent
presqu'aucune
ses
propres
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pôles
existants.
C'est
ainsi
d'un
dialogue avec l'histoire que naissent
L'AVENUE ALMIRANTE REIS ET
est comme une plaie au milieu de la
LES " VILAS " POPULAIRES
ville : les toiles du marché à ciel ouvert
y
ces désaxements successifs qui, à
découpent
des
fragments
leur tour, provoquent le recours à des
Le pendant populaire de ces quartiers
d'incertitude où voisinent des ruines et
places circulaires ouvertes à toutes les
bourgeois va se développer du côté
des bâtiments neufs. Cette place,
directions. Ces traces du passé, le
oriental de la colline Santa Ana. Les
ouverte dans les années 1940, au prix
projet les a encore retenues pour
initiatives municipales y seront moins
de la démolition des immeubles de la
marquer ses propres limites, mais
grandioses et moins nombreuses.
frange occidentale de Mouraria, est
elles ne sont pas à l'origine des
L'avenue ne sera pas plantée d'arbres,
restée bordée de bâtiments éventrés.
variations sur le thème de l'îlot dont
et bien des tracés n'auront pas la
Un concours a été ouvert en 1974
les fondements restent mystérieux.
linéarité du té, mais la souplesse des
pour lui donner un visage urbain,
Ce plan d'extension ambitieux ne
anciens
autre
gagné par l'équipe de Carlos Duarte et
prendra corps que peu à peu. Sur la
ramification de la plaine de Baixa est
J. Garcia Lamas. Les travaux sont à
plate étendue de l'avenue de la
plus encaissée, prise entre les côteaux
peine commencés. L'avenue Almirante
Républica, plantée de jeunes troncs
de Santa Ana et les contreforts des
Reis est aussi en triste état. La
encore sans feuilles, ne se dressait à
collines de S. Jorge et de Graça. Là
peinture s'y écaille et les enduits
l'origine qu'un édifice de briques
s'était développée une urbanisation
s'effritent. Il y a des constructions
rouges
chemins.
Cette
réminiscences
spontanée qui prolongeait le quartier
grises, des vitrines sans âge de
mauresques, les nouvelles arènes tout
de Mouraria. Les ambitions de la ville
quincaillerie et de petits bazars, le
juste achevées. La bourgeoisie aisée y
étaient modestes : il s'agissait de
bruit des trams et des coups de
installera hôtels et petits immeubles,
suivre l'ébauche, faite au XVIIIe siècle,
klaxon. La silhouette art déco de
dessinés par les architectes qui
de la rue da Palma et de rectifier une
l'ancien garage Liz retient un instant le
construisaient alors sur l'avenue da
voie existante pour créer une avenue,
regard, comme en face l'immeuble
Liberdade, ces architectes au goût
l'actuelle avenue Almirante Reis. Celle
d'angle qui semble sorti d'un recueil
éclectique comme Ventura Terra ou
ci mène en ligne droite jusqu'aux
parisien.
Norte Junior. L'un comme l'autre ont été
limites de 1852 et se termine, elle
Ainsi s'est répartie la population de
plusieurs fois couronnés du Prix
aussi, sur une place ronde, la place do
Lisbonne à la fin du XIXe siècle : aux
Valmor, qui, depuis 1902, récompense
Chile. Cette avenue est encadrée sur
plus aisés l'ombre des palmes le long
chaque année l'édification à Lisbonne
un tiers de son trajet par deux rues qui
des voies plantées ; aux classes
d'un bâtiment privé. Les années
courent
réseau
moyennes, un simple tracé sans
passant, les rues ont été construites
viaire créé alors était peu étendu, et
autres formes d'embellissement ; aux
puis détruites aussi. Sur l'avenue de la
aucun lotissement n'était envisagé.
défavorisés, les coteaux escarpés et
Républica se lit la spéculation de ces
Ce projet signé lui aussi par, Ressano
les tissus spontanés. Il n'y a qu'à
dernières
aux
parallèlement.
Le
Almirante
Reis
Garcia, appartenait au plan général des
quitter
particuliers du début du siècle sont
améliorations
le
remonter vers l'Est pour trouver,
maintenant rares, dominés par de
gouvernement
imposé
perchés là-haut, sur la colline de Graça
hauts immeubles ordinaires. Il y a
l'élaboration à la ville. Sur cette
les logements ouvriers. En 1890, la
même de célèbres disparus comme le
avenue ne s'installèrent pas de figures
première compagnie de construction
cinéma Monumental construit en 1944
de la vie politique ou économique, ni
privée d'habitat populaire y bâtit un
sur la place du Duque de Saldanha et
d'avocats ou de médecins, mais des
véritable quartier, le Bairro operario aos
récemment détruit. Les bureaux qui
petits bourgeois. On n'y voit donc pas
Barbadinhos. L'histoire du logement
ont envahi Baixa remontent doucement
d'hôtels
des
populaire débuta, en effet, à Lisbonne
les
immeubles plutôt ordinaires et des
par des initiatives privées. La ville
décennies,
avenues
et
les
les
hôtels
architectes
dont,
en
avait
particuliers,
1901,
mais
l'avenue
et
ces
équipements sociaux, alors souvent
déplorait pourtant régulièrement l'état
Certains,
liés aux oeuvres religieuses comme en
de délabrement où se trouvaient
bâtiment
témoignent l'église et le dispensaire
certains quartiers comme Alfama ou
baptisé franjinhas, l'atelier de Nuno
dos Anjos situés de part et d'autre de
Mouraria. Elle connaissait la carence
Téotonio Pereira, sont à leur tour
l'avenue. Venant de Rossio, il faut
de logements peu chers, accessibles
récompensés du Prix Valmor.
traverser la place de Martin Moniz qui
aux plus démunis, et par trois fois, des
d'aujourd'hui
nouveaux
comme
les
s'essayent
programmes.
auteurs
du
à
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LISBONNE
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Institut Français d'Architecture
conseillers
avaient
ne peut s'y croiser. Côté rouge, on
demandé l'étude de modèles de
municipaux
attend, l'employé assis sur le pas de la
maisons bon marché. En 1881, une
porte tourne le panneau, côté vert, on
enquête avait même été ouverte
grimpe à nouveau. Cette ville qui,
Cette traversée de l'espace et du
soulevant la question de l'habitat
comme Rome, se plaît à dénombrer
temps mène ainsi, avec la fin du
ouvrier. L'épidémie de choléra qui
sept collines, est faite d'escarpements
siècle, aux limites imposées à la ville
sévit en 1894 relança la polémique ;
et de déclivités. Quand les trams
en 1852. Hors de ces frontières,
tous dénonçaient le manque d'hygiène
faiblissent, il y a les petits trains à
l'avenue Républica lance déjà un
et de salubrité : " que dira l'Europe (...)
crémaillère et les ascenseurs dont le
premier bras vers le Nord. Mais
quand la zoologie portugaise lui
plus
de Baixa.
Lisbonne est toujours partagée entre
présentera de nouveaux microbes, fils
Construction métallique aux dentelures
ce développement et une extension
de la cochonnerie lusitaine ? ".
néogothiques, elle permet d'accéder
linéaire le long du fleuve. Aussi son
Cependant rien ne devait être fait par
sans fatigue aux ruines de l'église
urbanisation se fera, au XXe siècle,
les autorités municipales avant 1915,
gothique du Carmo. Entre ces collines,
suivant trois directions concurrentes
alors que depuis 1873 de grandes
certains ont aussi imaginé de tendre
: la première se lance vers le Nord,
entreprises textiles avaient construit
des ponts. Il y a eu le rêve d'un viaduc
la seconde et la troisième suivent le
les premiers patios et vilas, ces
suspendu entre Graça et S. Roque,
Tage, vers l'Ouest et l'Est. Son
bâtiments d'un étage où chaque
prenant appui à mi course sur la colline
histoire peut ainsi s'écrire en trois
logement composé de trois ou quatre
Santa Ana. M. Verdier gagna en 1888 le
mouvements : le premier a la lenteur
pièces possède un accès individuel.
concours lancé pour sa réalisation,
de l'adagio, il débute sous la
En 1905, il existait ainsi 102 patios
célèbre
est
celui
UNE CROISSANCE EN TROIS TEMPS
mais le projet resta sans suite. Un peu
République et ne s'achève que dans
dont la localisation suivait celle,
plus tôt, en 1876, Miguel Pais lançait
les années 50. Le second, ce
excentrée, des zones industrielles :
l'idée d'un pont sur le Tage. Celle-ci
pourrait être le menuet des marquis
près du port à Alcantara, à Rato ou sur
traversa un siècle et ce n'est qu'en
qui dessine le quartier résidentiel de
la colline de Graça. Là, les initiatives
1962 que les travaux commencèrent.
la haute bourgeoisie, le troisième
furent nombreuses, plus de vingt vilas
Enfin, au nombre des liaisons et
enfin,
furent
1900.
transports, il faut ajouter le train, qui,
développement avec les accents de
Plusieurs ont aujourd'hui un certain
parti de Lisbonne en 1856, arriva à
la Charte d'Athènes.
charme, avec leurs enduits pimpants,
Porto en 1863. Trois gares ont été
leurs escaliers et leurs coursives
construites : Santa Apolonia, dédiée à
métalliques
barreaux
cette première ligne, est un bâtiment
desquels se glisse la note de couleur
néoclassique achevé en 1865 ; la
Le
de massifs fleuris. Organisées autour
édifiées
autour
entre
les
de
le
finale,
conclut
ce
1er MOUVEMENT: LE NORD
début
du
siècle
va
donc
seconde glisse sa façade éclectique au
consacrer le mouvement lancé vers
de petites cours et loin des grands
coeur de la ville sur la place du Rossio,
le Nord par l'avenue de la Républica.
axes de circulation, il y règne le calme
les trains bondés de banlieusards s'en
Des " nouvelles avenues " tracées
des pépiements d'oiseaux.
échappent
la
de part et d'autre de la colline de
Le panorama de cette Lisbonne de fin
troisième, do cais de Sodre, celle des
Santa Ana, celle ci avait été conduite
de
années 20, accueille
siècle
s'achève
sur
l'éclat
par
un
souterrain;
la ligne des
beaucoup plus loin que son pendant,
métallique de la toile des rails de
loisirs, celle qui longe la "mer de paille"
l'avenue Almirante Reis. Aussi, un
trams qui strie alors les rues. Arrivés
vers l'Atlantique. Là se retrouvent le
ensemble de projets successifs va
en 1901, les électricos cahotants
dimanche
rétablir l'équilibre et conduire cette
sillonnent déjà la ville alors que le
embarrassées
de
dernière jusqu'à Campo Grande. Les
métro, proposé en 1888, n'existera
serviettes de bains et de sacs à
premiers pas sont faits sous la
pas avant 1959. On attrape le tram
provisions. Aucun train ne part de
République.
avec le plaisir de sauter au vol sur le
Lisbonne vers le Sud. Le Tage,
En 1910, une révolution faisait du
marchepied, puis de se glisser près
imposant, est une frontière d'eau que
Portugal le troisième état républicain
d'une fenêtre, remontant Alfama vers
ne franchissent que les bateaux ou les
d'Europe et marquait l'avènement
Graça. Les rues sont si étroites qu'on
cars vers l'embarcadère pour l'Algarve.
d'une politique sociale.
matin
de
les
familles
parasols,
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Institut Français d'Architecture
achèvement, une insurrection le 28
Les années 40 vont marquer un
mai 1926 met fin à la République qui
tournant
Publique et proclame le droit de grève.
n'aura eu que le temps d'amorcer son
portugaise. Le régime, jusqu'à là
Il contrôle les loyers et prend en
oeuvre. Pièce par pièce, la dictature
hésitant, tolérant tous les styles, sans
charge la question du logement social.
va achever ce quartier, et même
préférences marquées, va chercher
Tous rêvent " le coeur léger, du
poursuivre son développement au delà
dans une expression tout à la fois
Le pouvoir entreprend une réforme
fiscale,
développe
l'Assistance
dans
l'architecture
cité
avec, tout d'abord, la création en
nationaliste
républicaine, prolétaire (...) de petites
1927, de l'Institut Supérieur Technique.
l'affirmation
maisons, n'est ce pas ? d'un étage ou
Entreprise par son directeur, Duarte
génération d'architectes que l'on a vu
deux maximum (...), des maisons pour
Pacheco, futur Ministre des Travaux
s'illustrer
une famille, sinon divisées, entourées
Publics et futur Maire de Lisbonne, elle
modernes, des hommes tels que
d'air et de lumière sur quatre côtés,
est confiée à Pardal Monteiro, avec
Cristino da Silva, Carlos Ramos, Pardal
avec des jardins de fleurs et de
lequel il collaborera souvent. Ainsi
Monteiro ou Cassiano Branco vont devoir
légumes, séparés de murets bas où il
s'illustrent d'emblée dans la réalisation
capituler ou se retirer. A l'époque où
sera facile de contrôler, d'assainir, de
du quartier Arco Cego, deux figures très
en
modifier, sans mystères ni manque
présentes sur la scène politique et
renversement, apparaît au Portugal ce
d'hygiène. (...) Les maisons seront
architecturale de ces années là. Le
que l'on a baptisé l'architecture do
alignées en rues droites, larges, avec
bâtiment est d'un certain modernisme
Estado Novo (de l'Etat Nouveau). Par la
de grandes promenades latérales
dans le dépouillement des volumes et
Constitution de 1933, Antonio de Oliveira
bordées d'arbres, et il sera permis
le traitement des détails ; cependant,
Salazar, chef du gouvernement, a en
d'installer un banc à sa porte avec des
son implantation, liée à la création de
effet instauré un nouveau régime
vignes grimpant sur la façade.(...)
l'Alameda Afonso Henriques, est une
empreint d'idées maurassiennes, dont
Dans le loyer modique sera inclue une
mise
extrêmement
les fondements sont corporatistes et
annuité permettant au locataire de
monumentale ; " Ce qui, dès le début,
nationalistes, le Estado Novo. Le droit
devenir un jour propriétaire. Chaque
m'a préoccupé ", écrit l'architecte,
de grève et les syndicats ont été
quartier aura une grande rotonde
" c'était le problème de la distribution
supprimés et les travailleurs organisés
servant de place, plantée et illuminée,
des
en corporations; la famille est devenue
où auront lieu des concerts et des
composition,
distractions de plein air. (...) Centre de
quasiment classique des volumes les
nationale et le divorce limité par le
la vie civique, il s'y trouvera la
plus importants, puisque (...) ce qui
rapprochement avec le Saint Siège et
bibliothèque publique, le " lactarium ",
devait être construit sur la petite
la signature d'un concordat. Quelques
la crèche, la piscine gratuite, le
acropole de l'ancienne ferme Arco Cego
années après la mise en place de ce
devait dominer toute la région ".
nouveau régime, au moment où la
conférences et de réunions, et enfin
La " petite acropole " et le quartier
France capitule et où l'Italie entre en
l'école " (N).
social ont été chacun cerné d'un tracé
guerre, est inaugurée à Lisbonne
Ce songe de Fialho de Almeida ne
viaire en forme fer à cheval, qui les
"l'Exposition du Monde Portugais ".
restera pas lettre morte. Le 14 avril
individualise
Sous la direction de Cottinelli Telmo,
1919, l'Etat décide de la création de
manière, les articule.
Cristino da Silva, Carlos Ramos et Pardal
cinq quartiers sociaux dont deux
D'autres architectures modernes sont
Monteiro ont conçu un ensemble de
seront réalisés. L'un se trouve à Belem,
encore venues, dans années 30,
pavillons évoquant l'époque glorieuse
le Bairro da Ajuda, l'autre, Arco Cego,
complémenter l'ensemble de Ioge-
des Découvertes.
continue l'urbanisation amorcée par
ments: un lycée implanté en son
Un savant mélange d'histoire et de
l'ouverture des nouvelles avenues.
centre 1932; sur sa périphérie, un
modernité donne naissance à ce qui
Proche de la vision évoquée de la cité
groupe de villas; enfin, à la jonction de
sera dès lors et pour dix ans
républicaine, c'est un ensemble de
ce quai et de l'Institut, un autre
l'architecture officielle. C'est de cette
maisons pittoresques et d'immeubles
bâtiment
universitaire,
l'Institut
écriture altérée et pompeuse que
bas destinés à une petite bourgeoisie.
National des Statistiques, construit en
seront signés les bâtiments publics.
Cependant, avant même son
1931-35 par le même Pas Monteiro.
C'est ainsi qu'est achevé le quartier
nouveau
gymnase,
quartier,
l'église,
de
la
la
salle
de
en
scène
principaux
éléments
de
et,
la
d'une
de
la
disposition
certaine
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"
et
de
dans
Italie
la
source
monumentale,
son
des
s'opère
de
la
pouvoir.
La
réalisations
le
même
souveraineté
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Institut Français d'Architecture
Le premier des gestes architecturaux
.juxtaposés,
Estado
fontaine
transversales.
face
Novo
fut
la
construite
monumentale
l'Institut,
concluant
plantée
qu'est
la
à
promenade
l'Alameda
Alfonso
viaires
Cerné à l'Est par Campo Grande et à
scène
l'Ouest par l'avenue Almirante Gago
individuellement, ils sont isolés dans la
Coutinho (ou de l'aéroport) venue
solitude de leur propre perspective.
d'Areeiro, Alvalade est traversé par
liaisons
Mis
ce
l'avenue de Rome partie de la place
développement de la ville vers le Nord
de Londres. Il a, en outre, deux
fut prolongée jusqu'à Areeiro, où
est le lotissement d'un quadrilatère de
avenues transversales dont la plus
Cristino da Silva réalisa entre 1938 et
230 hectares : Alvalade. Depuis 1938,
importante est l'avenue des Estados
1949,
Lisbonne avait pour Maire Duarte
Unidos da America. Entre ces grandes
Pacheco,
autour
de
un
cette
place
ensemble
de
dernière
en
Henriques. Puis l'avenue Almirante Reis
semi-circulaire,
La
sans
étape
des
voies de circulation court un réseau
logements. Les immeubles ont cinq
Obraspublicas e comunicaçôes. C'était
viaire secondaire, fait de ruelles et
étages, leurs façades plates et nues
un ingénieur qui avait déjà prouvé son
d'impasses d'accès. Son dessin
sont rythmées de fenêtres carrées et
dynamisme durant un premier mandat
irrégulier est lié à l'implantation du
cernées
de
ministériel entre 1932 et 1936. C'est lui
bâti : à l'Ouest un tissu pavillonnaire
corniches. L'ensemble est ponctué de
qui avait mis en ceuvre un vaste
lui donne les courbes sinueuses
tours couronnées de toits de tuiles sur
programme
combles brisés. De ce rapprochement
employant dans ces temps difficiles qui
série
d'un
et
suivirent la crise de 29, des chômeurs
disposés en U lui imprime un tracé
d'éléments régionaux, on trouvera la
à la réalisation des voies autoroutières
en peigne. Cependant, dans ce
caricature sur la place de Londres,
et ferroviaires. C'est lui qui, en 1934,
patchwork de formes urbaines, la
signée, dix plus tard, par Cassiano
imposa à toutes les villes de plus de
morphologie des constructions est
Branco (1949/57). Ici les détails sont
2 500 habitants de dresser un plan
relativement homogène au delà
plus
plus
général d'urbanisation ; dispositions
d'une expression stylistique qui, au
plus
ambitieuses, si l'on pense que cette
cours des années de la réalisation
par
la
forte
vocabulaire
international
caractérisés,
dépouillés,
les
les
pittoresques.
saillie
uns
autres
travaux
publics,
d'une cité-jardin, tandis qu'à l'Est une
de
corps
de
bâtiments
au
obligation ne touchait en France que
du quartier, a un peu évolué. Les
les communes de plus de 10 000
immeubles ont tous trois à cinq
percée de gargouilles, ce bâtiment
habitants, mais qui furent néanmoins
étages, de nombreux balcons, peu
moderne couronné comme un petit
reconduites
de décoration ou de modénatures,
château, ne peuvent être compris, de
modification jusqu'à nos jours. Dès son
simplement
la part d'un architecte qui a
refusé
arrivée en 1938 à la direction des
marquer l'escalier ou le séchoir. Ils
tout compromis et qui jamais ne reçut
pouvoirs municipaux, il fait appel à un
sont d'une architecture retenue, d'un
de commandes officielles, que comme
urbaniste français, E. de Grôer, pour
certain
une virulente critique du style officiel
dresser le plan d'urbanisation et
exceptions
qui ridiculise les traits en les outrant.
d'expansion de Lisbonne qui sera
bâtiments bas, les quatre tours
En face se trouve l'église Sâo Joâo de
approuvé
1948.
construites en 1952 au croisement
Deus
Parallèlement,
une
des deux voies principales : l'avenue
l'achèvement du quartier social Arco
politique de municipalisation des sols
Roma et l'avenue Estados Unidos da
Cego . Ce dernier aura ainsi vu se
grâce à un régime d'expropriation
America.
succéder
la
devenu, depuis 1938, peu favorable
A
République qui l'a fondé, les années
aux propriétaires. Celle ci a conduit à
équipements : un parc, un stade,
de la modernité où il a été doté d'un
la nationalisation de plus de 2 000
une école au centre de chaque "
équipement scolaire, le lycée, et les
hectares de terrain, soit près du tiers
maille ", des commerces le long des
heures noires du fascisme pendant
de la surface actuelle de la ville. C'est
avenues. Pour suivre l'histoire, il faut
lesquelles fut édifié ce monument
ainsi sur des propriétés municipales, et
remonter tout d'abord l'avenue da
religieux. Il s'ouvre maintenant sur la
dans
général
Igreja dont la perspective se clôt
place de Londres, place plantée aux
d'urbanisation et d'expansion que Faria
sur... une église. Là se trouvent les
façades marquées par la vague Estado
da Costa, architecte municipal, trace
premiers logements réalisés dans
novo. Argo Cego, l'Institut et Areeiro
dans les années 40 le plan d'Alvalade.
les années 40, et, derrière, l'école
en
l'élan
façade
de
Ministre
revêtement modulé, soudainement
qui,
Cette
également
de
1949,
généreux
conclut
de
le
sans
presqu'aucune
définitivement
cadre
il
en
entreprend
du
plan
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une
claustra
rationalisme.
à
l'habitation
cet
pour
Seules
ensemble
s'ajoutent
de
des
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Institut Français d'Architecture
1
2
5
6
3
4
7
8
1 Institut Superieur Technique, 1927-35
2 Lycée, 1932
3 Institut de radiologie, 1928-33
4 Eglise Rosario de Fatima, 1934
5 Cinema Capitole, 1925-31
6 Batiment de la Marine, 1942
7 Bâtiment fluvial, 1928-31
8 Maison de la mode, 1934-41
bien sûr. La bande méridionale, celle
qui jouxte presque Areeiro et Arco Cego
fut,
paradoxalement,
édifiée
ultérieurement, autour de 1950. On
trouvera donc dans le Bairro das
Estacas et l'école voisine, par exemple,
la version moderne d'Alvalade.
Avec ce quartier s'achève ce premier
mouvement de croissance vers le
Nord. Au delà, se trouve encore un
hôpital construit au 19e siècle, puis la
frontière linéaire de macadam de
l'autoroute. Cette dernière, prévue par
le plan de Grôer, ceinture Lisbonne en
partie et arrête sa croissance vers le
Nord. Il n'y a ensuite que de petits
lotissements ou d'anciens bourgs,
mais pas de tissu urbain continu ; ce
n'est plus la ville.
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2e MOUVEMENT.
principal,
Duarte Pacheco
C'est encore une fois par fragments
LA FRANGE CÔTIÈRE OCCIDENTALE
Pereira, le long duquel se trouve un
successifs, par additions d'entités
centre commercial à l'allure moderne,
autonomes que s'est faite cette
édifié en 1952. La plupart des villas
croissance cernée par les grandes
Les
grands
l'avenue
mouvements
de
datent de cette époque et sont le plus
voies
Lisbonne
que
le
plan
général
se
souvent, à quelques exceptions près
d'urbanisation et d'expansion avait
succèdent pas exactement les uns aux
comme celles construites par Keil do
lancées dans cette direction: la
autres, il se chevauchent. La ville
Amaral, d'une architecture sans grand
première débute à Baixa de la place
s'étend simultanément vers le Nord et
intérêt.
du Commerce et suit le fleuve au
l'Ouest. La création du quartier de
Au sommet de la colline, dominant
plus près ; la seconde part de la
Restelo, près de Belem, n'est pas
l'ensemble, une opération commencée
place
postérieure à celle d'Alvalade, elle est
en 1971, a infléchi un peu le caractère
traverse le parc. Elles sont reliées
contemporaine et signée du même
très bourgeois de ce quartier. De petits
par deux transversales, dont l'une
architecte municipal : Faria da Costa. Ici
immeubles de quatre étages, faits de
reprend approximativement le tracé
comme là, cette urbanisation se fit sur
duplex et de triplex destinés plutôt à
des limites de 1852 et permet l'accès
des terrains municipaux, mais, alors
une classe moyenne, font face à des
du pont sur le Tage, tandis que
qu'Alvalade était destiné plutôt à une
logements individuels en bande. Entre
l'autre borde Restelo à l'Ouest. Dans
croissance
de
ne
du
Marquis de Pombal
et
petite bourgeoisie, Restelo s'adressa à
ces doubles barres Nord/Sud qui
cette zone, les lotissements ont été
la haute bourgeoisie. Il y a longtemps
cherchent à composer un îlot, courent
ajoutés à l'urbanisation ancienne des
déjà le Roi y avait élu domicile et fait
des rues. Il s'affirme ici une volonté de
bords du fleuve. Souvent distants, ils
construire le Palais da Ajuda. Plus
retrouver le tissu traditionnel de la ville,
ont chacun leur propre logique, et,
récemment, la décision de créer là un
une filiation avec les mouvements de
de l'un à l'autre, de l'ancien au
parc avait valorisé encore ce secteur.
retour à l'urbain.
nouveau, ne se tissent que peu de
L'idée d'un grand espace vert, d'un
Contrepoint social de Restelo, cette
complicités. Ils sont comme en
bois, traînait dans les esprits depuis
opération prolonge d'une certaine
attente d'un futur, comme des pièces
Passeio Publico
été
manière ce qui avait été esquissé dans
offertes au puzzle urbain de la
supprimé, et ce fut Duarte Pacheco
la période Estado Novo. Si en effet
Lisbonne de demain.
qui la matérialisa. En 1935, une loi
Belem et la rive du fleuve étaient
entérinait le " plan d'urbanisation de la
restés l'apanage des plus aisés, des
3ème MOUVEMENT :
Costa del Sol " qui concluait l'étude
ensembles d'habitat social avaient été
LA FRANGE CÔTIÈRE ORIENTALE
que A.D. Agache menait depuis 1933.
implantés à l'arrière de cette bande
Elle prévoyait le développement de
côtière : en 1937 le Bairro Salazar,
Ce
toute la région côtière qui longe la "
destiné aux ouvriers de la zone
croissance se situe, comme le
mer de paille ", de Lisbonne jusqu'à
portuaire d'Alcantara, puis en 1938 le
précédent, le long du fleuve, mais
l'Atlantique, comprenant le projet du
Bairro camarao da Ajuda. Mais là, la
dans la direction opposée, à laquelle
parc forestier de Monsanto, en bordure
maison individuelle était de rigueur
la courbe du Tage imprime une
de la ville, à l'arrière plan de Belem.
" l'intimité de la vie familiale réclame le
orientation
Six cents hectares de terrain furent
confort, demande l'isolement, en un
Nord/Nord Est. Il débute à la même
expropriés par la ville et boisés par le
mot, exige une maison, la maison
époque, en 1940, par l'édification
Ministère de l'Agriculture.
indépendante, notre maison (...) La
d'un quartier populaire, le Bairro da
Le quartier de Restelo se situe sur les
famille qui s'abrite sous son propre toit
Encarnaçito. Sur 20 hectares de
pentes d'une colline qui descend
est naturellement plus unie, plus
terrains expropriés sont construites
doucement du parc de Monsanto vers le
stable, mieux constituée.
de
Tage. C'est un ensemble de maisons
C'est pourquoi les grands phalanstères
régionalistes aux couleurs de l'Estado
individuelles organisées par un réseau
et les colossales constructions de
Novo. Quoique contemporain des
viaire concentrique suivant la ligne des
logements
leurs
réalisations de Faria da Costa,
courbes de niveau. Les rues sont
restaurants annexes et leur table
Alvalade ou Restelo, il n'en a pas la
coupées transversalement d'un axe
commune ne nous intéressent pas. "
modernité, et reste, en esprit, plus
que
le
avait
ouvriers
avec
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troisième
petits
mouvement
de
approximativement
maisons
individuelles
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Institut Français d'Architecture
proche du Bairro Salazar.
faible part qui lui revient, puisque
un décret loi institua en 1959 le
Après la création de ce premier
quelques pourcent de la production est
cabinet technique d'habitation (G.T.H.)
lotissement, l'urbanisation de cette
l'oeuvre de simples en entrepreneurs.
chargé d'étudier la répartition de 8 500
zone
pendant
En 1948 a lieu le premier congrès des
logements sur 186,6 hectares, que
quelques années. Seul un grand
architectes portugais, où tous affirment
réalisèrent
équipement est implanté en 1942 à
leur
architectes différents.
proximité: l'aéroport. Ainsi se confirme
nationaliste
d'une
La visite d'Olivais pourrait commencer
une structure sociale urbaine déjà
ouverture aux idées des CIAM. La
place du Commerce. C'est de là que
esquissée : les vrombissements des
volonté d'une planification urbaine, la
partent ces bus verts à deux étages
avions et les nuisances sonores
promotion d'une politique foncière
dont le trajet s'allonge vers Olivais. Ils
voisinent avec les logements sociaux,
sociale, la priorité aux logements
suivent des quais sans fin, traversent
tandis que le calme et les frondaisons
collectifs,
la
des rues désertes et monotones, vides
du parc forestier ont été offertes aux
construction,
de
sous le soleil quand les ouvriers sont
résidences des plus aisés. A la fin du
l'enseignement et de la profession en
derrière les murs gris et bas des
19e siècle, les hôtels particuliers
sont les grands thèmes. Ils vont être
usines. Le chemin est long, Olivais est
repris
les
très excentré. Il y a entre ces cités et
avenues débutant sur le versant
réalisations ultérieures, et nombreux
la ville de grands pans de terrains
occidental de la colline Santa Ana; les
sont les architectes appartenant à l'un
inoccupés, seule la bordure du Tage
quartiers chics sont maintenant à
des groupes leaders du congrès,
est assaillie d'industries. Il faut faire
maisons
l'ICAT (Initiatives Culturelles Art et
presque
ouvrières étaient du côté oriental,
Technique) dirigé par Keil do Amaral,
descendre qu'à Olivais Norte, aux
répondant
qui
projets
origines de cette urbanisation. On
industriel qui remontait les berges du
d'Olivais. La première illustration de
croira surprendre une rue bordée de
Tage ; les cités dortoirs vont se trouver
ces thèmes sera donnée à Lisbonne
petits immeubles de briques, mais ce
dans leur sillage. C'est là, à Chelas et à
en 1954, par une succession de cinq
n'est là qu'un accès trompeur. Il règne
Olivais, qu'à la fin des années 50 et
immeubles sur pilotis qui, implantés
ensuite un désordre organisé sur fond
jusqu'à aujourd'hui seront construites
transversalement à la voie, marquent
de pelouses mitées. Les bâtiments les
les barres d'habitat populaire ; c'est là,
de leur rythme syncopé l'une des rares
plus
autour du Bairro da Encarnaçâo que
avenues ouvertes dans un tissu urbain
Nord/Sud, tandis que les autres, moins
seront
constitué, l'avenue Infante Santo.
intransigeants, se rapprochent plutôt
est
implantés
s'étaient
l'Ouest,
interrompue
à
le
Belem.
au
créés
long
Les
des
développement
plus
de
20
000
refus
d'une
et
architecture
leur
désir
l'industrialisation
et
la
réforme
développés
prendront
de
part
dans
aux
ensuite
toute
la
plus
de
ligne
rationalistes
sont
cent
et
ne
orientés
logements. L'urbanisme né de la
C'est
à
du néo-réalisme italien. Le réseau
Charte d'Athènes va faire front à celui
Olivais que l'on en mesurera toutes les
viaire est élémentaire : une boucle à
conçu dans les années les plus noires
conséquences.
du fascisme. Si, en effet, autour de
entrepris en 1955 et fait suite au
circulaire. A Olivais Sul, les voies ont
1940, l'architecture suivait une voie
premier
plan
de
les mêmes sinuosités fantasques.
engagé
par
l'Etat
cependant
véritablement
Olivais
Norte
est
développement
l'intérieur
d'un
périmètre
semi
de
Uniquement vouées à la circulation,
forme
promouvoir un effort de modernisation
elles ne permettent pas d'atteindre les
d'opposition, quelques années plus
industrielle. Il avait, à cette occasion,
logements auxquels on accède par un
tard la situation a changé et le pouvoir
programmé des milliers de logements,
petit
n'est plus en mesure d'imposer un
dont une partie seulement devait être
logements sont groupés en " cinq
style. La dictature perdure, bâillonnant
réalisée. Olivais Norte, ce sont 2 500
secteurs d'habitation " pourvus chacun
les pensées grâce à une police
logements construits sur 40 hectares.
d'une
efficace et violente, la PIDE (Police
Sur un canevas dessiné par des
équipements moins fréquentés, tels
Internationale de Défense de l'Etat), la
techniciens
censure est maintenue sur tout ce qui
architectes ont brodé leurs variations.
sont
se dit ou s'écrit, mais l'architecture
Le même principe fut repris cinq ans
l'opération.
échappe à ce carcan, du moins la
plus tard pour la création d'Olivais Sul:
Parmi les architectes, on retrouve
officielle
et
modernisme
si
était
l'affirmation
une
du
soucieux
municipaux,
différents
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tronçon
école,
vite
amputé.
tandis
que
Les
les
que les églises ou les centres sportifs,
répartis
sur
l'ensemble
de
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25
LISBONNE
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des adeptes des CIAM auxquels
piétonnières des voies de transit, est
le sillage de la Charte d'Athènes,
s'ajoutent
nouvelle
fait non plus de boucles, mais de
quand l'autre Restelo, que avons déjà
par
les
ramifications. A l'Ouest, les choses ne
évoquée, est plus marquée d'un
réflexions de Gardella ou Quaroni
sont qu'esquissées, il n'y a encore que
retour à l'urbain, à la rue, à l'îlot.
dans le cadre du plan INA Casa lancé
deux opérations ponctuelles et isolées.
Ailleurs, les initiatives publiques sont
dans les années 1950. Ceux ci
L'une organise 321 logements en cinq
le fruit de la Révolution du 25 avril
rompent avec les positions extrêmes
longs immeubles déployés en éventail
1974. D'un pays appauvri et lassé
du mouvement moderne pour renouer
autour de la courbe de la route.
des guerres coloniales est alors née
avec une culture architecturale moins
L'autre, baptisée " la panthère rose ",
une révolte militaire qui mit fin à la
internationale,
génération,
ceux
plus
de
la
séduits
refusent
le
comprend approximativement le même
dicta- ture. L'enthousiasme était
systé-matisme du rationalisme pour
nombre
grand et dès le mois d'août, Nuno
élaborer un langage lié à une tradition.
composée de bâtiments plus bas dont
Portas,
Ainsi, certains s'opposent-ils à la
l'organisation tente de recréer des
l'Habitation et à l'Urbanisme lançait
simple juxtaposition des constructions
espaces publics : une rue, une place .
un
telle qu'elle avait été pratiquée à
Là s'écriront dans les années à venir
S.A.A.L.
Olivais Norte et tentent de composer
les futurs quartiers de Lisbonne qui
Locale), dont les ambitions étaient
leurs
bâtiments
autour
d'espaces
de
logements.
Elle
est
Secrétaire
nouveau
d'Etat
programme
(Service
d'Aide
de
intitulé
Mobile
conclueront la croissance de cette
d'apporter
intérieurs et d'esquisser des places.
frange
Iogées, et particulièrement à celles
Le dernier maillon de cette croissance
depuis trente ans déjà. Lorsque les
des
est la zone de Chelas. Un peu plus
trois étapes que sont Olivais Norte,
financière
vaste que les précédentes, elle couvre
Olivais Sul et
construction.
côtière
orientale
Chelas
engagée
auront
été
aux
populations
bidonvilles,
que
une
mal
aide
technique
tant
à
la
L'autoconstruction
510 hectares et a été envisagée pour
achevées, ce seront ainsi, sur une
préconisée fut vite abandonnée
11 500 logements. Elle se trouve au
surface qui couvre un dixième de l'aire
devant les refus des futurs habitants.
Sud de Olivais et s'étend jusqu'à la
urbaine
Ceux ci, réunis en coopératives,
frange urbanisée de Lisbonne. Elle
logements sociaux qui auront été
participaient
couvre ce blanc laissé entre la ville
construits.
projets
de
Lisbonne,
30
000
des années 40 et les cités dortoirs.
Son relief accidenté, provoquant des
à
l'élaboration
et
devaient
des
être,
ultérieurement, responsables de la
LA VILLE A LA DÉRIVE
gestion de l'ensemble. Le principe
différences de niveau de plus de 100
étant de reloger les habitants sur
mètres parfois, en avait repoussé le
Après ces grands mouvements de
place, ces réalisations ont suivi la
développement, pourtant prévu par le
croissance,
desseins
géographie de la pauvreté, et se
projet De Grôer dès 1948. Ce ne fut
ambitieux qui planifiaient les logements
trouvent dans les quartiers les plus
qu'en
1962
que
son
plan
après
ces
par milliers, les années 70 sont d'une
détériorés, aux franges de la ville.
d'urbanisation fut défini, et quatre ans
certaine
de
Dix neuf opérations furent ainsi
plus
les
récession. Les opérations y sont de
envisagées à Lisbonne et plusieurs
Chelas
moindre envergure et leur répartition
furent réalisées parmi lesquelles à
aujourd'hui est encore en chantier, et
ne suit pas d'orientation privilégiée:
l'Est, Bacalhau-Montecoxos et à l'Ouest
offre de ces visions surréalistes où les
elles sont petites et dispersées. Ce
Fonsecas-Calçadas.
sillons des labours d'un champ sont, à
sont maintenant plutôt des éclats que
Pendant que les pouvoirs publics
l'horizon, coupés de la silhouette
des
planifiaient
linéaire d'une barre de logements, où
cependant deux exceptions, issues
ensembles,
les sentiers sont interrompus du tracé
des volontés communales de lotir les
entre-prises
d'une autoroute.
terrains municipaux encore dsponibles.
parsemaient
A l'Est, il y a l'embryon d'un centre
Toutes deux planifiées par l'E.P.U.L.
lisières de Lisbonne. Constructions
urbain. La " structure cellulaire " de
(Entreprise Publique d'Urbanisation de
dites de luxe, et qui n'en n'ont
Olivais a été abandonnée au profit
Lisbonne), elles ont cependant des
souvent
d'une distribution linéaire; le réseau
visages différents. L'une Telheiras (63,5
portent fréquemment le nom des
viaire, qui distingue toujours les rues
ha/3 300 logts), se situe encore dans
anciennes fermes sur les terrains
tard
premières
que
s'achevèrent
réalisations.
façon
fragments
des
années
urbains.
Il
y
a
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que
ainsi
ces
grands
d'importantes
immobilières
de
résidences
l'apparence,
les
elles
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LISBONNE
Bulletin d'informations Architecturales
Institut Français d'Architecture
édifiées
supérieurs
Il s'agit de réorganiser la circulation de
les petites tables rondes ont de
habitent maintenant de nouvelles
:
les
cadres
Baixa et de transformer les arcades de
superbes piétements ou la taverne
quinta; elles sont en général accom-
la Place du commerce en "aire de vie",
populaire. L'après midi est chaude,
pagnées d'un centre commercial et
d'aménager la Place de Martim Moniz, ou
mais dans la soirée, la douce tiédeur
parfois de bureaux. Certains ont mis
encore
est idéale pour reprendre la ballade.
leurs talents au service de ces
d'autocars à Areeiro, il s'agit d'une stra-
Puis il y a les jours où l'on ira plus loin,
programmes
une
tégie du transit qui laisse la constru-
où l'on dépassera ce cercle qu'à pied
architecture d'un post modernisme
proposant
d'implanter
une
gare
ction aux mains de l'initiative privée.La
l'on
clinquant. Il y eut ainsi, signés du mê-
ville part peu à peu en lambeaux. Ses
s'embarquera en tram jusqu'à Belem,
peut
parcourir,
me architecte, Tomas Taveira, en 1978
bâtiments les plus remarquables ne
en bus jusqu'à Olivais, ou en... bateau
les 1200 logements des Olaias ou plus
sont que rarement protégés. Bien des
jusque de l'autre côté du Tage, ce
récemment le centre des Amoreiras "
voix s'élèvent qui ne veulent pas de
large fleuve que l'on voit si souvent
où l'on va vers une profusion d'élé-
ces rues " sauvées " des voitures, "
mais que l'on approche si peu. A
ments médiévaux et d'éléments venus
conquises " pour le piéton qui doit
sillonner ainsi la ville, on s'imprégnera
de l'histoire du Portugal ".
ensuite " reconquérir " la " voie rapide
de l'odeur de café et de cannelle, du
Lisbonne a maintenant un plan di-
", ni de cette " Lisbonne nouvelle riche,
bruit des trams et des klaxons, de la
recteur périmé qui fut élaboré en 1967,
sans noblesse, qui se remplit de
musique de cette langue chuintante. Il
mais ne fut approuvé que dix ans plus
frontons et de béton comme qui boit
se dessinera peu à peu des parcours
tard. Son développement urbain n'est
un Chivas le matin pour ne pas se
favoris qui pour certains mèneront
plus clairement planifié et les grands
où
Baixa,
l'on
regarder dans la glace et voir qu'il est
irrémédiablement
projets d'habitat social ont disparu.
moche... "
passent par le Jardin botanique ou par
Dans un pays où la production de
Pourtant, Lisbonne est encore belle.
le marché da Ribeira, quand d'autres
logements reste très inférieure à celle
Tôt par un de ces matins d'été, quand
choisiront d'éviter la rigueur de cette
des autres pays européens (3,7 foyers
il fait encore frais, elle invite à la
réalisation des Lumières, préférant,
pour 1 000 habitants en 1980 contre
promenade, à dévaler la colline du
comme Bruno Ganz, l'irrégularité
6,1 pour 1 000 dans l'ensemble des
château en suivant le lacis d'Alfama,
pittoresque des quartiers populaires.
pays de la CEE), cette absence se fait
puis à filer tout droit le long des rues
On aimera traverser la ville comme on
cruellement
le
néoclassiques de Baixa pour se perdre
traverse le temps, y reconnaître ses
développement démographique de la
ensuite ici et là, découvrant par hasard
différents visages, y lire son patchwork
ville stagne, les problèmes sont loin
les décorations mauresques de la casa
où chaque siècle a ajouté sa pièce. Si
d'être résolus. Un tiers des familles qui
do Alentejo, le beau brutalisme de
ces dernières décennies n'ont pas été
vivent à Lisbonne partagent leur
l'église du Sagrado Coraçào de Jesus ou
bien favorables à Lisbonne, celle ci
appartement avec d'autres familles, et
la modernité de l'Institut Franco-
porte encore dans la trame de chacun
il reste encore des bidonvilles et des
Portugais.Puis,
chaleur
de ses tissus assemblés la marque de
logements clandestins. Pourtant, les
tombe, épaisse, il faudra savoir trouver
l'époque qui l'a conçue. Elle reste
ambitions
le salon de thé aux miroirs et aux
comme un livre d'histoire urbaine offert
lambris fin de siècle, le café 1920 dont
à tous les amateurs.
sentir.
du
Même
Maire
si
touchent
aujourd'hui plutôt le centre ville.
quand
la
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à
et
qu'ils
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Ascenseur Santa Justa
Raoul-Mesnier DE PONSARD, 1902
MBALLA Landry, MORANDO Michele
Ingegneria nell’architettura
Gonçalo Byrne
Lotus international (n°45)
Inauguré le 10 juin 1902, l’ascenseur est plus qu’un lien entre le quartier de Baixa et la partie haute
de Lisbonne. Il représente un arc de triomphe en l’honneur de la reconstruction de Baixa,
qui fut détruite en 1755 par un incendie. Le marquis Pombal, après l’incendie, prit en charge
le nouveau plan d’urbanisme. Il mit en place un plan à trame rectangulaire qui pour le marquis
était une avancée en direction de la modernité. La topographie irrégulière du centre de Lisbonne
limite un peu son accessibilité. Dans beaucoup de cas des rampes ou des escaliers suffisaient
A la fin du 19ème siècle, les quelques endroits qui n’étaient pas encore franchis, le furent,
par des ascenseurs inclinés ou verticaux, lesquels constituent une partie des transports publics.
Ceci fut rendu possible par la révolution industrielle.
A tous ces ascenseurs, environ une dizaine, est lié Raoul-Mesnier DE PONSARD,
qui était l’auteur des projets, il s’occupait du suivi des constructions, et des fois même
de l’exploitation de certain ascenseurs, comme il en est le cas de l’ascenseur de Santa-Justa.
Le concept de l’ascenseurs de Santa-justa est inspiré d’une proposition utopique faite au début du
19éme siècle, qui consistait à créer une grande passerelle assez large pour contenir une zone
piétonne entourée de magasins de luxe (environ 35m). L’ascenseur est une adaptation de l’utopie
aux conditions locales. La majeure difficulté de l’adaptation était de construire en métal dans
un milieu où les constructions sont en pierre. L’autre préoccupation de l’ingénieur était de créer,
d’une manière contemporaine, une continuité urbaine.
Vue intérieure de la passerelle
Raoul-Mesnier DE PONSARD trouvait sa première solution trop fortement décorée
(voir première version). Il retravailla la décoration de l’ascenseur pour arriver à un juste milieu entre
l’expression de la structure et un langage néo-gothique. La décoration de l’ascenseur s’harmonise
avec le musée de Carmo et l’église gothique voisine à la passerelle.
L’élévateur a pris ses dimensions, comme son expression, de son environnement.
Il mesure 41m de haut. Au pied de l’ascenseur, une rampe d’escalier se sépare en deux pour
ne pas couper l’ancienne rue. Huit piliers métalliques constituent la structure principale.
Un rythme alterné entre les ouvertures en ogive et les bandeaux de contreventements constituent la
décoration de l’ascenseur. Deux élévateurs nous permettent d’accéder au niveau de la passerelle
(32m)
qui est soutenue par un arc en béton. La passerelle est couverte de la même façon que le plateau
d’arrivée des ascenseurs. Au-dessus du niveau de la passerelle, deux étages sont accessibles par
deux escaliers en colimaçons. Un petit bar au premier niveau, profite d’une vue magnifique.
A son sommet, un belvédère domine le quartier de Baixa.
Biographie : Raoul-Mesnier DE PONSARD, ingénieur en mécanique, diplômé à l’université de
Coimbra en mathématique et en philosophie, ensuite il se rend à Paris pour travailler
dans le bureau de Eiffel, puis il voyage en europe, pour finalement retourner travailler
au Portugal
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Ascenseur Santa Justa
Raoul-Mesnier DE PONSARD, 1902
MBALLA Landry, MORANDO Michele
Premier projet
Projet final
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CHIADO, RECONSTRUCTION DE BAIXA POMBALINA
Alvaro SIZA, 1991- 1998
ITEN VERONIQUE & MOTTA GAVIOTA
RECONSTRUCTION CHIADO
ANGELILLO, Antonio Casabella,
n° 628, nov. 1995, pp. 18-33
Urbanisme, n° 262, avril 1993, pp.
72-76
Quartier Baixa
Quartier Baixa
Plan de situation
Lors de l'incendie qui ravage le centre historique de Lisbonne en 1988, le quartier de Baixa,
construit alors par le marquis de Pombal, est le plus touché. Dans le programme de reconstruction
d'Alvaro Siza, l'étude s'est non seulement portée sur la rénovation du Chiado, mais également sur
celle de Pombalina Baixa, la ville basse, les deux quartiers étant liés géographiquement et
historiquement. C'est pourquoi, l'expérience innovatrice du plan de la reconstruction du Chiado
risquait de se trouver isolé et en décalage si on n'étendait pas le projet à celle de la Baixa.
Après le tremblement de terre de 1755, la reconstruction de Pombalina a consisté en un plan de
réurbanisation de la Baixa. C'était la première intervention de reconstruction en Europe dans
laquelle intervenait des transformations de typologie structurelle des édifices, un schéma constructif
antisismique basé sur des études techniques très innovatrices pour l'époque. Durant les dernières
centaines d'années, on observa l'introduction de structure en béton armé ou en acier dans
beaucoup de restructurations des étages en plein pieds de la Baixa. Après l'incendie qui détruisit
définitivement la structure interne en bois, Alvaro Siza a reconstruit un "gaiola" en béton armé sur
lequel les pièces en pierre , récupérées ou fidèlement reconstruites selon un relevé précédant
l'incendie, ont été ancrées. Dans les archives historiques de Lisbonne, Siza a pu étudier des
centaines de dessins des façades des îlots qui étaient les vrais éléments régulateurs du plan,
puisque les intérieurs pouvaient être de typologies différentes selon la nécessité de l'investisseur.
Les édifices étaient composés d'un rez-de-chaussée et de quatre étages supérieurs. Ils ont été
transformés en y ajoutant deux étages.
Pombalina Baixa
Incendie
Interpréter le style de Pombalino est difficile, car il a subi plusieurs modifications et la ville a grandi
en se voyant ajouter de nombreuses caractéristiques. On peut prendre par exemple la tendance à
rajouter un étage en plus sur les édifices de Pombalino, qui étaient conçus pour avoir une possibilité
de terminer le bâtiment avec un balcon. Ceci était devenu si fréquent que le balcon fut considéré
comme un élément qui caractérisait le style Pombalina ainsi qu'une période de l'architecture.
Incendie
Ancienne façade de Pombalina
Après l’incendie
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Reconstruction de la façade
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Reconstruction
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Reconstruction
Façade du quartier Baixa
Le dessin des façades du quartier était d'une grande rigueur, mais les interventions au fil du temps
ont été principalement faites par de riches particuliers, d'où cette aspect fragmenté. On peut ainsi
observé une évolution dans le temps au niveau des techniques et des matériaux. Dans l'intervention
d'Alvaro Siza, l'étude s'est portée sur l'aspect que devra avoir la façade idéale de Pombalina et l'état
existant. Différentes approches ont été mises en place selon les cas : pour les façades longeant la
rue, détruites après l'incendie, l'intention était de faire référence à ce "projet idéal", mais pour celles
qui ont subit des dommages moins importants le but était de garder cette sorte de langage hybride
qui a évolué avec le temps. Dans le cas des façades complètement neuves situées à côte d'une
ancienne, il était nécessaire de prendre en considération l'influence mutuelle qui existait entre les
deux façades. L'introduction de la tuile marseillaise était une chose relativement récente dans la
Baixa. Il n'était plus possible de reproduire la toiture portugaises comme elle l'était à la fin du
XVIème siècle.
"Dans la reconstruction, on doit chercher un équilibre qui est toujours difficile de trouver" a dit Siza. Il
ne s'agissait pas de reconstruire une pureté, qui n'a jamais existé. Le problème était de retrouver le
climat et l'ambiance, du au passage du temps et aux diverses constructions effectuées. Par
exemple, à coté de l'Armazéns do Chiado se trouvait une petite construction de Raul Lino, la façade
d'une joaillerie. Fallait-il la maintenir ou la détruire? Siza a opté pour la première option. Ces
décisions étaient difficiles à prendre car il fallait trouver un équilibre qui ne pouvait cependant pas
être subjectif, mais qui devait être analysé et bien fondé. Difficile aussi car le quartier traité était de
dimensions petites, mais avec un contenu historique riche à analyser et à reconstruire.
Reconstruction des façades
Détails des fenêtres
Exemple d’une structure
Gaiola Pombolina
structure Gaiola Pombolina
Croquis du quartier de Baixa
Fenêtres
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Détails des fenêtres
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LISBONNE
RESTAURATION CASTRO & MELO
Alvaro SIZA, 1991-94
ALVARO SIZA
COMPLETE WORKS
Phaidon
ALVARO SIZA
Taschen
AMBITIONS CAPITALES
Le statut d'Alvaro Siza au Portugal apparaît
en pleine lumière dans trois projets récents
conçus pour Lisbonne. Son travail sur une
très grande station de métro, qui possède
une sortie sur le quartier de Chiado, peut
être considéré comme symbolique de la
renaissance de cette zone ravagée par des
incendies en août 1988.
Responsable de la totalité de la planification,
Siza n'a restauré pour l'instant que deux
immeubles voisins, la Camara Chaves (1991
-1996) et les bâtiments Castro & Melo
(1991-1994), mais d'autres suivront.
De l'extérieur, aucune de ces constructions
n'exprime le style de l'architecte puisqu'il a
été décidé de conserver les façades
anciennes.
Comme le déclare Siza:
"On m'a demandé d'utiliser les façades
subsistantes. Ce fut une décision
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LISBONNE
RESTAURATION CASTRO & MELO, , 1991-94
Alvaro SIZA
des hommes politiques, que j'ai acceptée
parce que c'était également mon opinion.
Le centre de Lisbonne, la Baixa, peut être
considéré comme un immense bâtiment
préfabriqué. Comme 18 immeubles
avaient été détruits, certains voulaient
reconstruire à neuf, mais la modernité est
déjà très présente à Lisbonne.
II n'y avait aucune raison de prendre un
parti pris de modernité dans le Chiado.
Fondamentalement, la même chose n'est
jamais la même. Ces immeubles ont été
dotés du confort moderne et de nouvelles
surfaces. II n'a jamais été possible de
réellement recréer les espaces qui
existaient avant l'incendie.
Tous ces immeubles avaient été modifiés
au cours des deux derniers siècles et ne
correspondaient plus à leurs plans
d'origine. L'éclectisme né du travail
spontané du temps ne pouvait être recréé,
mais quelque chose en est resté dans les
façades."'
Henrique Chaves, le promoteur
responsable du projet Camara Chaves, est
fier de présenter sa demeure dans laquelle
les interventions à la fois subtiles et en
profondeur de Siza apparaissent
nettement.
Bien que les espaces de cet appartement
situé au dernier étage de l'immeuble
s'inspirent de ce qui existait auparavant,
"le même n'est jamais le même", comme
aime à dire Siza.
C'est particulièrement vrai dans ces
espaces modernes et fluides, dont
presque chaque détail du mobilier et des
équipements a été dessiné par l'architecte.
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LISBONNE
RESTAURATION CAMARA CHAVES, 1991-96
Alvaro SIZA
Derrière les façades conservées d'un
immeuble résidentiel entièrement détruit par le
feu, Alvaro Siza a conçu des appartements
ALVARO SIZA
insirés de ceux qui existaient à l'origine, sans
COMPLETE WORKS
autant
Phaidon
recréer
les
mêmes
espaces
antrérieurs. ici Siza a également dessiné le
mobilier de l'appartement du promoteur
Henrique Chaves. Les dessins de l'architecte
ALVARO SIZA
sont reproduits sur les carrelages blancs de
Taschen
l'entrée de l'immeuble.
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GRANDELA
ALVARO SIZA 1991-1996
DZOUALI YVES THIERRY, MASTELLI DAMIEN
GRANDELA
Alvaro Siza
ALVARO SIZA
Complete Works (éd: Phaidon)
Page 436-439
Le bâtiment Grandalla se situe à Lisbonne dans le quartier dit Chiado. Un incendie y a ravagé
toute cette partie de la ville. Puis ce quartier commerçant a été restauré par Alvaro Siza. Nous
faisons ici une petit apparté sur cet ensemble de plusieurs immeubles que M. Siza
a restauré et réuni pour y créer un immense centre commercial durant l’été 1991.
foto
L’autre façade (recto à gauche) est plus monumentale et montre un bâtiment plus homogène.
Avec un axe bien marque et un niveau de sol plat qui le démarque bien de son entourage.
Cette façade est divisée verticalement en trois parties par des colonnes en saillie. A l’intérieur
de chacune de ses divisions se trouve un même de module de baie vitrée qui donne une
rythmique de 2 / 3 / 2. Ainsi, au niveau de l’attique, une saillie en demi-cercle de pierre vient
couronner
le
tout
en
reprenant
les
deux
colonnes
centrales.
Les divisions extérieures sont surmontées chacune de deux petites lucarnes
simples en pierre. La façade suit aussi une division horizontale de trois parties plus le niveau
attique. Le niveau inférieur est composé de larges baies vitrées, invitant le client à entrer et
explorer le bâtiment (et surtout acheter). Le niveau intermédiaire est certes constitué de
grandes baies vitrées, mais ces dernières sont en faites séparées en deux par l’étage puis
subdivisées en plusieurs parties par des croisillons. Le niveau supérieur semble en façade
moins haut que les précédents. Mais il a la pourtant la même hauteur de vide d’étage. Il est
simplement agencé seul en façade et non en paire. De plus l’alternance de la transparence et
du plein renforcé par des successions de petites colonnes rappelle les triglyphes des temples
grecs.
Du côté des façades en arcades (recto à droite), on constate également trois niveaux plus
l’attique. En effet les trois niveaux suivent la même idée. Ce bâtiment a peut-être été ensuite
séparé en deux par le milieu, d’où une expression d’attique différente. A gauche il y a celle
d’origine et à droite celle sur deux niveaux rehaussés et embellis. Le niveau supérieur est fait
par une série de balcons très décorés qui les rendent impériaux. Le niveau intermédiaire est
divisé en deux étages qui peuvent servir de restaurant. Le niveau intermédiaire est limité en
haut par l’arche et en bas par une sorte de contrefort qui marque encore plus en saillie la
colonne. Le niveau inférieur, se trouve dans une rue en pente et il ne suit pas la ligne
du terrain mais développe plusieurs paliers et plusieurs hauteurs d’étages différentes.
Sur la coupe transversale (en bas à gauche), on voit le bâtiment de la façade monumentale à
droite et le bâtiment de la façade en arcade à gauche. On voit bien que les hauteurs de
bâtiment sont différentes. On distingue également deux puits de lumière dont l’un est tout à fait
bien adapté aux circulations verticales. Alors que sur le bâtiment de gauche on sent bien une
façade avant et une façade arrière, le bâtiment de droite reste sur le thème de l’axe. Il y a en
effet une nouvelle symétrie surtout marquée par les attiques mais probablement aussi en
façade, d’où l’emplacement à cet endroit du décrochement des niveaux. Enfin, la coupe
longitudinale sur l’élément de liaison, indique bien les différences de niveaux des étages.
Souvent l’architecte se focalise sur les plans. Nous voyons ici que les coupes sont toutes
aussi importantes voire même plus. En effet, ici, ce type de restauration nécessite une
excellente vision 3D et une bonne sensation des hauteurs que seules les coupes fournissent.
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RECONSTRUCTION DU CHIADO
Alvaro SIZA, 1991- 1998
ITEN VERONIQUE & MOTTA GAVIOTA
RECONSTRUCTION CHIADO
Urbanisme, n° 262, avr. 1993,
pp. 72-76.
ANGELILLO, Antonio, Casabella,
n° 628, nov. 1995, pp. 18-33.
Quartier Chiado
Architecture intérieure, CREE,
n° 230, juin-juill. 1987, pp. 116-154 et
97-101.
Au cœur de Lisbonne, capitale du Portugal, se situe le quartier historique, autrefois commerçant du
Chiado. Entre le XVIIIème et le XXème siècle, son importance économique était sur le déclin
(conséquence de la crise des grands magasins, des difficultés de reconversion et de modernisation
de certains commerces, de la concurrence d'autres quartiers commerçants), il se caractérisait
comme étant un objet de patrimoine notamment par son architecture vouée aux échanges
marchands. Au niveau de la structure urbaine, le Chiado marquait la transition entre la Baixa
pombaline (nom du quartier actuel) et la colline Bairro Alto. Les propriétaires souvent âgés
refusaient de renouveler les lieux, ainsi pendant plusieurs centaines d’années rien ne fut jamais
modifié jusqu'au 25 août 1988, date où un incendie ravagea entièrement le Chiado. Deux jours
furent nécessaires pour le maîtriser, mais les dégâts s'étendent à dix-huit immeubles qui n'étaient
plus que des façades calcinées.
Une rénovation est tout de suite envisagée, ainsi fin 1989 Àlvaro Siza présente son projet sur les
bases d'une étude approfondie. Les travaux commencent donc en mai 1991, presque trois ans
après l'incendie. Certains voient dans cette réparation une opportunité de créer une architecture et
une organisation différentes, génératrices d'activités nouvelles, mais Siza considère alors qu'un tel
parti isolerait le Chiado du centre de la ville et lui ferait perdre son rôle de charnière, entre la Baixa
et le Bairro Alto. « Pourquoi chercher à reconstruire à l'identique, à restaurer les façades, sinon
parce que le quartier est lié à une activité humaine appelée à renaître. (...) Ce sont autant de
raisons, non de rénover, mais d'actualiser le quartier » a t-il dit pour légitimer son idée. L'architecture
de Siza est discrète, réservée et prend en compte l'atmosphère du lieu, préserve les
caractéristiques du Chiado, notamment les façades des anciens magasins Chiado et Grandela,
édifiés par les architectes français Georges De May et Paul Collon. L'un est devenu, après la
rénovation, un hôtel luxueux et l'autre un programme mixte, activités commerciales, culturelles,
ludiques et administratives. Les bâtiments qui étaient plus austères, retrouvent leur ligne sans
ornements. La façade Don Carmo, qui contrastait avec l'uniformité avoisinante, est reconstruite à
l'identique et ses étages sont affectés à différentes activités : les deux premiers réservés au
commerce, les deux suivants aux bureaux et les deux derniers aux logements. Siza précise qu'il
prend en compte le contexte dégradé de Lisbonne. Il rend au Chiado l'accessibilité, qui est la
dimension majeure de son projet afin de cesser ce processus d'enclavement et d'asphyxie du cœur
de la capitale. Un métro est réalisé, qui dessert le Chiado, et qui se situe à mi-hauteur de la rue
Garett, accessible par quatre liaisons.
Plan de situation
La réhabilitation de la rue Crucifixo, en limite de la Baixa, qui était alors qu'une simple voie d'accès
aux véhicules de livraison et de services, établira selon le projet de Siza, la liaison entre la ville
basse et le Chiado. Grandela (bloc C) et les édifices du Chiado seront reliés en souterrain au départ
de la rue Crucifixo, ce qui évitera le détour qu'il était nécessaire de parcourir avant la rénovation. Le
seul passage qui existait alors sera conservé. Il donne accès au Bairro Alto, la ville haute et celui
créé par l'incendie entre Nova Do Almada et Crucifixo sera aussi exploité.
Dans le bloc A, un patio s'ouvre sur l'extérieur par trois galeries qui offrent des vues sur l'escalier
São Francisco et les rues Garett et Ivens. On découvre à l'intérieur de l'îlot délimité par les rues Do
Carmo et Garett (bloc B) le parcours en dédale prévu le long des rampes. Les logements du Chiado
sont de grand standing car l'architecte explique que le quartier ne permet pas de créer un groupe
de logements sociaux. Le quartier du Chiado est principalement constitué de cafés, petits
commerces, d'hôtels qui restent en accord avec la physionomie du quartier. Dans ce projet, Siza
joue sur la juxtaposition des éléments nouveaux et des éléments anciens récupérés constituant une
suite d'indices qui révèle la présence de l'architecte, mais qui, avec le passage du temps, devient
plus difficile à déceler.
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B
A
C
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Incendie Chiado
Dessin en perspective
Plan
Reconstruction des façades
Plan et façades du bâtiment A
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STATION BAIXA-CHIADO
Alvaro Siza, 1992
GUARAGNA-DAMICO
Casabella N°628
Web…
Le métro a été prévu dans le plan de rénovation du quartier de Chiado qui a été décidé en 1988,
après l'incendie qui a ravagé une partie importante du centre historique de Lisbonne. C'est pour
cela qu'il a été possible d'introduire la sortie du métro à l'intérieur de l'édifice du Chiado signalée
par un arc qui casse le rythme de la façade. La reconstruction de Chiado fut aussi Importante que la
reconstruction du quartier de Baixa pour la requalification du centre historique.
Comment est structuré le plan de reconstruction?
Le règlement sur l'utilisation de l'espace est une méthode pour récupérer ou reconstruire. En outre,
c'est la définition de tous les détails nécessaires pour adapter l'intégrité du dessin précédant en
tenant compte des soucis de confort (hygiène, isolation thermique et phonique) et une sécurité liée
a un usage actuel.
Trois usages principaux ont été fixés pour rééquilibrer le tissu: commerces, bureaux et résidences.
Par la suite, les alignements ont été définis de façon à distinguer suffisamment les édifices, les
nouveaux parcours et les espaces publics pour rendre perméable les îlots.
Le périmètre sujet au plan de rénovation est délimité par les édifices touchés par l'incendie.
Le tunnel d'accès à la station de métro de la rue "Crucifixo" inclut l'espace intérieur de l'édifice du
Chado
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TERREIRO DO PACO
José ADRIAO, Pedro PACHECO 1992
BESSON MARC, MARCON SEBASTIEN
:
2G Arquitectura portuguese
Editorial Gustave Gili SA
Internet :
http://www.iclei.org/mia96
Le Terreiro do Paço joue un rôle important dans la structure socio-économique de Lisbonne : c’est
l’ endroit préféré pour beaucoup de célébrations, cortèges et actes solennels. Cependant, un
tremblement de terre en 1755 a détruit cette partie de la ville et le palais a été déplacé. Terreiro do
Paço a été reconstruit comme une place commerciale et a été renommé Praço do Comércio. Avec
son aménagement étendu Praço do Comércio servira d'entrée majestueuse à Lisbonne jusqu’à la
première moitié du 20ème siècle, jusqu’à ce qu’elle soit pavée et soit devenue une grande place
de stationnement. Sa surface est de 16'000 m2.
En 1992, Lisbonne a décidé qu'il était temps de reconstituer la dignité de la place en récupérant
ses fonctions culturelles et de loisirs, et en créant un espace piéton pour avoir une vie sociale au
profit de chacun qui visite ou habite à Lisbonne.
Le projet physique de restauration inclut trois composants principaux: amélioration de la surface;
amélioration du sous-sol de la chaussée et amélioration de l'interface publique de transport. Le
projet est entrepris en plusieurs étapes.
Dans la première étape, réfection de la surface de la place centrale, y compris remplacement du
trottoir existant par des surfaces portugaises plus traditionnelles et installation d’un équipement
urbain mobile. Lisbonne a commissionné un artiste de renommée mondiale pour créer les
sculptures monumentales de l'espace rénové.
La deuxième phase inclut une variété d'activités conçues pour reconstituer le caractère de Terreiro
do Paço, et avoir une fonctionnalité comme espace public pour des foires, des rassemblements
sociaux, des concerts, des rassemblements politiques ou juste marcher et parler. Puisque tout
l'équipement est mobile, il n'y a aucune barrière permanente qui ne permette pas d’utiliser la
surface pleinement. Les secteurs entourant la place centrale sont réorganisés pour améliorer la
fluidité des circulations.
Des passages souterrains, les salles techniques, les services téléphoniques et d'autres
équipements sont installés ou améliorés. Une fois que la route et les tunnels de chemin de fer sont
terminés et l'interface publique de transport rénovée, il y aura un raccordement entre la place
centrale et le fleuve Tejo. D'autres projets sont prévus, comme un trottoir le long du fleuve et la
réadaptation de plusieurs bâtiments historiques. La restauration environnementale et architecturale
de la place publique, ainsi que le rétablissement du caractère social et culturel de la place, mènera
à la revitalisation économique du centre-ville. La réduction du trafic automobile du secteur réduira
également la pollution atmosphérique locale.
Le financement du devis de ce projet s'est élevé environ à $135.000. La première phase, y
compris la clôture et l'excavation, repavage et nouvel équipement, s'est élevée aux environs de
$800.000. Un budget pour la deuxième phase du projet n'est pas encore disponible.
La planification de ce projet a fait participer un certain nombre de fonctionnaires municipaux des
départements de l'environnement et des espaces verts, du trafic, de l'hygiène urbaine et de la
planification stratégique. Il a également fait participer un certain nombre de personnes à l'extérieur
du gouvernement municipal, des représentants du gouvernement central et des compagnies
publiques de transport. Des entreprises privées anonymes ont été mandatées pour effectuer la
construction réelle, sous la surveillance des fonctionnaires municipaux. Le vrai potentiel de ce
projet a été réalisé avec l'effort combiné de différents associés.
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RECTORAT DE L’UNIVERSITE DE LISBONNE
Francisco et Manuel MATEUS 2000-2002
NGUETSOP, TOUNKARA
UNIVERSITE DE LISBONNE
hotos, élévations, sections, plan du site:
Dans CASABELLA 2002 MAI V.66 N.22
P.22-29 Manuel Aires Mateus et
Francisco Aires Mateus
Techniques Aechitecture Edition Jean
Michel Place Juin-Juillet 2003 466
Longé par une voie rapide qui débouche plus bas sur le pont du Tage, le site en pente
comprend une école jésuite d’origine, aujourd’hui restructurée en faculté d’économie. A cet
édifice austère qui barre la colline, les frères mateus répondent par la perpendiculaire pour le
dégager et le mettre en scène. Ils conçoivent une mince barre de 13m d’épaisseur sur huit
niveaux de hauteur, qu’ils engravent à contre-pente. Contre leur bâtiment, les Architectes
appuient un escalier monumental pour passer du parvis bas au parvis supérieur.
Ce dispositif autorise la séparation du programme en deux parties distinctes: l’administration
dans la barre et les fonctions nécessitant les espaces plus vastes sous les emmarchements.
Fermés côté Est, les bureaux du rectorat s’ouvrent côté Ouest vers le parc de Monsanto et
l’aqueduc de Aguas Livers la plus belle ville depuis le promontoire. Ils en bénéficient tous mais
selon des cadrages variés. En effet, la façade est striée de failles horizontales de dimensions
variables, comme une carte musicale perforée.
A peine perceptible, cette trame reprend les lignes d’appareillages des pierres de parement à
joint ouvert, vibrantes au gré de la lumière. Cette rythmique se trouve sur la façade arrière,
aveugle, laquelle concentre les colonnes de circulation.
Brouillant les pistes, le traitement de façade ne révèle rien des aménagement intérieurs. De
même pour celui du bâtiment engravé dans la pente dont l’aménagement intérieur ne se lit pas
à l’extérieur. Comme autant de lignes de forces parallèles, le plan du soubassement reprend
trait pour trait le dessin de la façade. Les Architectes mettent en œuvre un dessin à l’apparence
aléatoire pour disposer vestiaires, escaliers rampes et deux auditoriums.
L’intensité de la lumière est tempérée par une ambiance douce dans les espaces de rectorat.
Le foyer comprimé au pied de la barre, étiré dans toute sa longueur rejoint le traitement du
paladium.
Seule une dilatation verticale au mitan bascule l’appréhension spatiale, avec un escalier latéral
aspiré vers un vide vertigineux découpé de voiles suspendus.
L’équerre du rectorat taillé dans le même roc résulte d’un dispositif géométrique pur, rigide et
s’affirme contemporaine, radiale. A proximité d’un ouvrage patrimonial avec lequel elle entre en
vibration.
Les frères Mateus sont nés en 1963 et 1964 et sont
bien représentés dans le développement de
l’Architecture contemporaine au Portugal. Leur
renaissance médiatique s’est accrue quand ils ont
livré en 2001 une maison de vacances à Alenquer
réalisée en 2001. Ils poursuivent avec un ensemble
de béton ultra mince. Réalisation remarquée du
quartier Campolide à Lisbonne (université ).
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PONT DU 25 D’AVRIL
BOYNTON, STEINMAN, GRONQUIST & BIRDSALL, 1962-1966
GAMEIRO Joao – GONÇALVES Tiago
Ponts métalliques 2002
Jean-Pierre Muzeau / Antonio Baptista
Editions OTUA
Le pont du 25 Avril est un ouvrage très important pour la ville de Lisbonne (Portugal), car il permet
un accès rapide entre le Nord et le Sud de Lisbonne séparés par le Tage. Cet ouvrage est utilisé
depuis plus de 30 ans et dès sa conception il avait pour but de supporter la circulation routière et
ferroviaire.
L’ouvrage initial avait comme nom « Pont Salazar », nom du dictateur portugais de l’époque, mais
lors de la « Révolution des Oeillets » du 25 avril, le pont fut renommé en la mémoire de cette
révolution. L’ouvrage est d’une longueur totale de 3200 m, si l’on y inclut la longueur des accès.
C’est une entreprise new-yorkaise, United States Steel Export Company & Morrison Knudsen
Company, qui l’a réalisé. Quant à la conception, elle fut assurée par Boynton, Steinman, Gronquist
& Birdsall.
SCHEMA GENERAL DE L’OUVRAGE
La portée principale de l’ouvrage métallique est de 1013 m. Elle est complétée par deux travées
adjacentes de 483 m et des travées de rive de l’ordre de 100 m, une au sud et deux au nord. La
longueur totale du pont suspendu est de 2227 m.
Les pylônes, de 190 m au-dessus du niveau de l’eau, sont fondés au nord à 35 m et au sud à 83 m
sous le niveau de l’eau (Ce qui a été un record pour l’époque). Entre le pont et l’eau, il y a une
différence de 70 m, ce qui est le gabarit de navigation, il permet aux plus grands navires d’entrer
dans le port de Lisbonne. Sur la rive gauche, le pont est relié directement à la rive rocheuse, alors
qu’au nord il se prolonge par un viaduc en béton d’une longueur totale de 937 m avec des portées
de l’ordre de 75 m. La longueur totale est donc de 3214 m.
La poutre de rigidité du pont suspendu est un caisson en treillis de 10,65 m de haut et de 21 m de
large. La disposition des entretoises a été conditionnée par le gabarit ferroviaire. Ce caisson,
constitué d’éléments assemblés par le boulonnage, est continu sur toute la longueur de l’ouvrage,
soit 2277 m (il est encore l’un des plus grands treillis au monde).
Les câbles de suspension ont un entraxe de 23,5 m. Leur diamètre extérieur total est de 58,6 cm. Ils
sont constitués de 37 torons réalisés à l’aide de 11 248 fils parallèles de 5 mm de diamètre.
Dans le projet initial, quatre voies de circulation ont été mises en place, mais l’extension prévue à
six voies conduit à réaliser un caisson d’une largeur plus importante que prévue. Pour diminuer les
effets du vent, les deux voies centrales ont été réalisées à l’aide d’un caillebotis en acier. Le trafic
augmentant, une voie supplémentaire a été créée en 1990 à la place de la glissière de sécurité.
Cette voie pouvant être réversible, dans un sens ou dans l’autre.
En raison d’une forte augmentation du trafic, il fut décidé en 1989 de réaliser la phase finale du
projet. C’est-à-dire que les six voies ont été créées et ouvertes à la circulation le 6 novembre 1998,
et la plate-forme de chemin de fer fût construite au niveau inférieur du caisson et inaugurée le 29
juillet 1999. Une augmentation du trafic était prévue dès la conception du pont, mais elle fût 5 fois
plus importante que prévue.
Lors de la réhabilitation, les ingénieurs ont dû prendre en compte la masse des trains modernes car
ils sont 2,5 fois plus lourds que ceux des années 60. Par ailleurs Lisbonne se trouve dans une zone
sismique, et lors de sa conception il en a été tenu compte, mais il a fallu faire de nouveaux calculs
pour sa réhabilitation.
Un autre aspect important a été celui de la durabilité de l’ouvrage. Après 30 ans de service dans un
environnement agressif, il a fallu analyser le vieillissement de la peinture et prendre en compte
l’éventuelle perte de résistance due à la corrosion des éléments de la structure.
La solution choisie pour le système de suspension du pont, lors de sa réhabilitation, consiste en
deux câbles secondaires situés au-dessus des câbles existants et ancrés extérieurement à
proximité des ancrages précédents.
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SECTION TRANSVERSALE DE L’OUVRAGE
ETAT INITIAL (4 VOIES)
ETAT INTERMEDIAIRE (5 VOIES)
ETAT FINAL (6 VOIES)
SYSTEME DE SUSPENSION (REHABILITATION)
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… câbles possèdent un diamètre extérieur de 35,4 cm. Ils sont disposés à 3,7 m au
Ces nouveaux
dessus des câbles existants. Les 172 suspentes sont disposées tous les 23 m, en alternance avec
celles du système initial déjà existantes. La poutre de rigidité est donc suspendue tous les 11,5 m.
Ceci donne à l’ouvrage une excellente résistance à la fatigue en rendant la distribution des charges
beaucoup plus uniforme.
SCHEMA PARTIE NORD DE L’OUVRAGE
Pour la plate-forme routière, l’élargissement du platelage supérieur a été effectué à l’aide de profilés
disposés en console, boulonnés à la structure existante et posés en appui sur une nouvelle poutre
longitudinale.
Pour la plate-forme ferroviaire, installée à l’intérieur du caisson en treillis, il a fallu modifier
sensiblement les éléments initiaux puisque seules les membrures principales de la partie inférieure
de la poutre de rigidité ont été conservées. Les pièces du pont et les éléments de stabilité ont tous
été remplacés.
Deux plates-formes de travail en treillis ont été utilisées entre les piles P7-P8 et P17-P18 pour
soutenir les tronçons au fur et à mesure du lancement de la structure. Chacun des tronçons avait
une longueur comprise entre 16 et 20 m. Les différents éléments ont été entièrement assemblés par
soudage. Dans le dessin « phase de montage », à droite, on peut voir les différentes étapeshde
montage. En plus de la réhabilitation du pont, le viaduc d’accès et les massifs à encrage en béton
ont bénéficié de travaux de réparation à l’aide de mortiers spéciaux et d’une nouvelle peinture.
PHASE DE MONTAGE
Grâce à la construction du nouveau pont Vasco de Gama, le pont 25 d’Avril a vu le trafic routier
diminué, mais il continue à être l’ouvrage le plus important pour le trafic de banlieue.
De plus, la réhabilitation décrite auparavant, a permis aux utilisateurs, qui l’empruntent
quotidiennement, d’avoir une réelle amélioration de leur qualité de vie.
ELEMENTS A REMPLACER DANS LE TREILLIS
VUE SUR LE PONT
Pont suspendu
Longueur totale de l’ouvrage :
Longueur totale de la traversée :
Longueur travée centrale :
Hauteur libre au-dessus de l’eau :
Hauteur des pylônes :
Diamètre des câbles principaux :
Nombre de fils constituant un câble principal :
Diamètre des fils :
Longueur totale des fils d’acier contenu dans les câbles principaux :
Diamètre des câbles secondaires :
Nombre de fils constituant un câble secondaire :
Diamètre des fils :
Longueur totale des fils d’acier contenu dans les câbles principaux :
Profondeur des pylônes sud au-dessous du niveau de l’eau :
Profondeur des pylônes nord au-dessous du niveau de l’eau :
Viaduc de l’accès Nord (Construit en béton précontraint)
Longueur totale :
Nombre de portées :
Longueur de la plus grande de portée :
Accès routier Nord et Sud
Longueur totale :
Nombre de structures de béton armé et précontraint :
Longueur de la plus grande de portée :
Quelques quantités
Acier :
Béton :
Remblais :
VUE DEPUIS UN PYLONE
3 214 [m]
2 277 [m]
1 013 [m]
70 [m]
190,50 [m]
58.60 [cm]
11 248
4,877 [mm]
54 196 [Km]
35,44 [cm]
4 104
4,98 [mm]
20 000 [Km]
83 [m]
35 [m]
ATTACHE DES NOUVELLES SUSPENTE DETAIL A
PLATE-FORME FERROVIAIRE
945,11 [m]
14
76 [m]
30 [Km]
32
76 [m]
72 600 [t]
263 000 [m3]
6 500 000 [m3]
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PLATE-FORME FERROVIAIRE TRANSFORMEE
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PONT VASCO DE GAMA
Armando RITO, 1995-1998
GAMEIRO Joao – GONÇALVES Tiago
Journal de la construction de la
suisse romande (Novembre 1997)
François Busson
Editions BATIR
Le pont Vasco de Gama est le plus grand projet de génie civil d’Europe, mais aussi le plus grand
pont d’Europe. Le Gouvernement Portugais a décidé sa construction en 1991 et contribue de
manière décisive à résoudre le problème du trafic de l’Expo 98 d’une part, et fluidifie le trafic sur le
pont 25 d’Avril d’autre part.
En avril 1994, le groupe Lusoponte a obtenu la concession pour le projet, la construction, le
financement et l’exploitation du pont. Le consortium, qui s’est réunit exclusivement pour ce projet, a
comme actionnaires l’entreprise britannique Trafalgar House , l'entreprise française SGE , avec sa
filiale Campenon Bernard SGE , et six entrepreneurs Portugais : Bento Pedroso Construçoes , Mota
& Companhia , Somague-Sociedade de Construçoes , Sociedade Construçoes H.Hagen et EdiferConstruções Pires Coelho & Fernandes.
Les raisons économiques, écologiques et les contraintes de protection civile ont inspiré le tracé du
projet. Ce projet vient ainsi compléter le réseau routier et relier l’autoroute du Nord à celle du Sud. Il
facilitera aussi l’accès à Setubal, l’Algarve et l’Espagne.
Le pont est doté de six voies routières, trois dans chaque sens, mais il est possible d’élargir ces
voies à huit. Quand au passage fluvial, il sera maintenu donnant ainsi l’accès aux navires en amont
du fleuve.
Les travaux ont débuté par l’accès nord du pont. On y a aménagé deux échangeurs routiers à
quatre passages pour relier le pont à l’autoroute du nord A1 au périphérique intérieur et à la
nationale 10 qui a desservis l’Expo 98.Dans ce même accès nord, un tunnel de 1800 mètres de
long a été créé pour contenir 27 Km de câbles à haute tension, destinés à alimenter une partie de
Lisbonne.
La deuxième section de la partie nord, le viaduc nord de 488 m de long, annonce l’entrée sur le pont
en passant par dessus une ligne ferroviaire et divers embranchements locaux. Dans le
prolongement du viaduc nord, une partie passe au-dessus de l’Expo 98, elle est composée d’un
tablier de double section trapézoïdale constituée de 462 voussoirs préfabriqués et long de 670 m.
Ce tablier repose sur douze paires de piles en béton, en liaison direct avec le pont principal. Ce
système de construction par encorbellements successifs a été utilisé pour la première fois au
Portugal.
PLAN
VIADUC NORD (EN CONSTRUCTION)
Le pont principal est un pont à haubans avec une travée centrale de 420 m et de deux travées
latérales de 203 m, qui reposent sur six paires de piles et suspendues à deux pylônes en béton
armé de 150 m de haut. Le tablier est constitué d’une structure composite formée de segments en
béton armé qui reposent sur des entretoises métalliques. Ces entretoises s’appuient sur des
poutres en béton armé situées de part et d’autre du tablier. Les pylônes en forme de H reposent sur
des fondations profondes prévues pour résister aux chocs accidentels des navires jusqu’à 30 000 t.
Ces fondations consistent en 44 pieux forés de 2,20 m de diamètre et atteignent des profondeurs
supérieures à 65 m. Après que les piles aient été achevées et les pylônes érigés, le tablier central a
été hissé et les tronçons suivants bétonnés.
Le viaduc central a une longueur de 6,5 Km qui sont répartis sur 81 paires de piles reposant sur 584
pieux battus de 2,2 m de diamètre. Sur ces piles sont disposées 162 poutres en béton préfabriqué
de 78 m de long pesant chacune 2000 t et formant le tablier. Le viaduc central traverse deux
passes navigables et compte deux travées de 130 m de long qui s’élèvent à 30 m au-dessus de
l’eau (contre 14 m en moyenne sur l’ensemble de l’ouvrage). Comme aménagements, ce viaduc
central est élargi de 2 m tous les 2 Km, il permet aux véhicules en cas d’urgence de stationner.
Le viaduc sud compte 85 trames de quatre piles, qui reposent sur des semelles sur pieux distantes
de 45 m, destinées à supporter les 3840 m de tablier. Les pieux ont été forés sur la terre et battus
sur le fleuve. Les travaux de bétonnage du tablier se sont déroulés simultanément sur deux doubles
fronts, en coulant des travées de 45 m de long.
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PYLONES (EN CONSTRUCTION)
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…
On compte environ 655 000 m3 de remblai juste pour l’accès sud. Cet accès de 3900 m relie
l’autoroute A12 au pont et est équipé d’une aire de service de part et d’autre du pont. Cette section
contient aussi toute la zone de péages, 18 couloirs de péages pour être précis.
Environ 700 000 m3 de béton ont été mis en œuvre, c’est pourquoi 2 centrales à béton, d’une
capacité de 96 m3/heure chacune, se sont installées à Bairolas (sur la rive nord du Tage), ainsi que
3 centrales à béton équipées de 5 mélangeurs et de stations sur le fleuve. 3300 personnes ont
travaillé sur le pont et, aux heures de pointe, on a pu compté 3000 personnes qui travaillaient sur le
chantier simultanément. Le coût de cet ouvrage s’élève à environ 897 millions d’euros.
Sa mise en service s’est faite le 1er avril 1998, avant l’ouverture de l’exposition universelle.
ACCES ET VIADUC SUD (EN CONSTRUCTION)
COUPE DU PONT PRINCIPAL
PYLONE ET TABLIER
VIADUC CENTRAL (ZONE SURELEVEE)
VUE DU PONT PRINCIPAL
Quelques chiffres…
Longueur totale de la traversée :
Longueur totale de la structure (viaduc + pont) :
Longueur de l’accès nord :
Longueur du viaduc nord :
Longueur du viaduc de l’Exposition :
Longueur du pont principal :
Longueur de la travée principale :
Hauteur des pylônes du pont principal :
Tirant d’air au-dessus de la passe navigable principale :
Longueur du viaduc central :
Longueur du viaduc sud :
Longueur de l’accès sud :
Nombre total de caissons :
Volume total de béton :
Poids total des armatures :
Nombre total de poutres préfabriquées :
Volume total des terrassements :
Surface totale d’enrobés :
17 185 [m]
12 345 [m]
945 [m]
488 [m] (11 travées)
672 [m] (12 travées)
829 [m]
420 [m]
148 [m]
47 [m]
6531 [m] (80 travées)
3825 [m] (84 travées)
3895 [m]
81
730 000 [m3]
100 000 [t]
150
1 400 000 [m3]
400 000 [m2]
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VUE DEPUIS LE VIADUC NORD
VUE DEPUIS LE TAGE
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LISBONNE
Exposition mondiale, 1998
TECHNIQUE ET
ARCHITECTURE
Grand drapé de béton tendu sur câbles
du PAVIILON DU PORTUGAL,
Alvaro SIZA et Eduardo SOUTO de MOURA
N° 439, août 1998
Alors, l'Expo Mondiale de Lisbonne, mieux que celle universelle de Séville ou moins bien ?
Effet induit, réaction à ce manque de
Séville avec son côté patchwork, faisait grande foire tonique et sympathique. C'est que chaque pays
résultat, l'Expo'98 joue le réalisme (environ
avait été convié à concevoir un pavillon autonome (sur le thème L'ère des découvertes). D'où un
70% des constructions doivent rester, mais
foisonnement incroyable d'objets, de formes, de couleurs qui ne participaient pas peu à cette
Séville n'annonçait - elle pas les mêmes
impression roborative. Lisboa a d'autres idées en tête. Certes le thème, Les océans, un patrimoine
performances ?), amorce l'urbanisme, la ville
pour le futur n'est pas en reste, mais au lieu de pavillons internationaux autonomes, tous sont réunis
sous contrôle, atouts en main. Le terrain est
sous de grandes structures parapluies, uniformisées sur rue intérieure par des bardages identiques.
au Nord Est de la capitale, sur la rive droite
Seuls les pavillons thèmatiques jouent les solitaires et les forts en gueule.
du Tage, à cet endroit large comme une
Rigueur en toile de fond que buvettes, chalands et restaurants ne parviennent pas à masquer.
mer. De la raffinerie de pétrolequi l'occupait
hier, ne reste qu'un des brûleurs cheminées
Séville, en 1992, ressemblait aux années 80, à l'Espagne après le Caudillo.
et le bassin des Olivais.
La fête finie a fait place aux maux de tête : soucis financiers et quenouille urbaine. Bien que le projet
Autour, les quartiers d'habitation, les cités
ait été conçu pour durer et étendre Séville vers l'Ouest, les résultats n'ont pas suivi les attentes.
qui leur tournaient le dos (leur pignon) et
pâtissaient de cette proximité, sont plutôt
mal lotis, mal reliés entre eux et au reste de
la capitale. En revanche, ils sont tout
proches du fleuve.
Au delà des sirènes de l'événement
médiatique, la société Parque Expo'98, aux
capitaux exclusivement publics (Etat et
mairie de Lisbonne), a privilégié d'abord un
projet de reconversion urbaine baptisé Expo
Urbe, intégrant l'Expo'98 elle même, avec
deux objectifs majeurs: créer une "nouvelle
centralité" et renouer la ville avec son fleuve.
D'emblée, l'enjeu dépasse territorialement
celui de l'Expo elle même. Urbe s'étend sur
340 ha, allongés sur 5 km le long du Tage et
attend d'ici 2009 la construction de plus d'un
million de m2 d'habitat, 450 000 m2 de
bureaux, 153 000 m2 de commerces,
47 000 m2 d'équipements.
Expo'98 n'occupe que 60 ha, déployés
autour du dock des Olivais.
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LISBONNE
Exposition mondiale, 1998
L'une et l'autre font partie d'un même
et, tout seul au milieu de l'eau, celui des Océans (P. Chermayeff).
ensemble. Loin de la culture du doute,
Au Sud, une deuxième zone est consacrée aux pavillons étrangers (dont celui de la France) qui seront
de la couture, de l'infiltration, de
remplacés par des logements. Deux signaux cadrent le tout : au Sud, l'ancienne cheminée d'industrie,
l'imbrication
devenue tour Galp, avec un belvédère à 70 m de hauteur ; au Nord, la tour Vasco de Gama
et
des
contemporaines,
proliférations
une
trame
(Profabril/Leonor Janeiro, Som/Nick Jacobs), avec elle aussi, terrasse à 100 m et restaurant à 80 m. Au
hippodamienne, tout à fait dans l'esprit
dessus du quai aménagé en promenade, un téléphérique donne une vision d'ensemble et offre une
de la reconstruction de Lisbonne après
agréable introduction à la visite.
1755 (tremblement de terre majeur),
ordonne le territoire. Ou plutôt, les
territoires, car ils se partagent en deux,
l'un au Sud où se trouve l'Expo'98, l'autre
au Nord, celui ci désaxé vers l'Ouest,
chacun traversé par deux avenues en
guise de double cardo, complété par des
voies
perpendiculaires
dont
le
développement est parfois gêné à
l'Ouest par le chemin de fer.
Places,
rond
point,
gare
en
interconnexion, bassin de plaisance,
grand parc (80 ha) au pied du pont
Vasco de Gama, quelques tours de
bureaux et pavillons pensés pour
resservir, brossent déjà à grands traits
les lignes maîtresses du futur quartier,
que
l'habitat
regroupé
en
îlots
enveloppera en commençant par les
extrémités Nord et Sud de l'Expo
proprement dite.
Celle ci s'articule
autour de six grands pôles : la superbe
gare métro bus parking de l'Oriente
(S. Calatrava, arch.), véritable porte des
lieux ; à deux pas et à main gauche, le
pavillon Utopia (SOM et R. Cruz), qui
demain mutera en une sorte de Palais
Omnisports de Bercy ; plus au Nord, une
grande halle homogène (A. Barreiros
Ferreira et França Doria) où sont
installés une partie des pavillons
internationaux
qui,
la
fête
finie,
disparaîtront pour laisser place à la Foire
internationale de Lisbonne (type Porte de
Versai lles / Villepinte) ; au bord de
l'ancien dock des Olivais, le Pavillon du
Portugal (Alvaro Siza / E. Souto de
Moura) celui de la Connaissance des
Mers (J, L. Carrilho da Graça) ;
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LISBONNE
Exposition mondiale, 1998
Le Pavillon Utopia, caparaçonné de zinc,
est une vaste salle de spéctacles polyvalente,
prise sous un beau ciel de lamellé collé
Les océans, un patrimoine pour le futur
Qui vaut le détour. Pour répondre au thème général Les océans, un patrimoine pour le futur, chacun
des 140 pays participants a conçu le contenu et la scénographie de son exposition. La France, avec
celle de Philippe Délis, s'en tire bien : parcours sérieux (trop ?) et densité de dossiers convoquant
toute l'attention. D'autres pays font aussi bien (Russie, Yougoslavie, Panama, Italie), et d'autres
beaucoup moins, qui prennent prétexte de la manifestation pour déballer leur verroterie. Au vrai, sur
cette toile de fond très cadrée se détachent, au delà de la fête, des parades, des monstres marins,
des champignons d'eau, les sols, la gare et les pavillons thématiques.
Pour le citadin français habitué au granit gris, la marée de pavés blancs, ponctuée d'arabesques
noires, semble précieuse et change la relation à l'espace urbain. La gare multimodale de l'Oriente
est un morceau d'anthologie, un des projets majeurs de Calatrava et vaut le voyage. Prévue sur un
talus coupant la vallée et séparant le côté Tage et Expo du reste de la ville, l'architecte l'a pensée
trait d'union, transparence creusée dans le talus. Le plan est en croix. Sur l'axe Est Ouest : la gare
de bus moitié en sous-sol, moitié sous de puissantes marquises. Sur l'axe Nord Sud, le métro
(enterré), des galeries puis, au rez-de-chaussée, le grand passage piéton réunificateur, de part et
d'autre des parkings et, là haut, en pont, les voies de chemin de fer et demain le tramway, protégés
par une floraison blanche de métal, nappée de verre où la lumière se prend et se reprend en teintes
aussi mouvantes que ses incidences. Devant, côté Expo, un centre commercial à l'emplacement
calamiteux fait regretter aux amoureux des perspectives, un solide dégagement qui aurait servi de
place au nouveau quartier. D'autant que là, à deux pas s'impose le pavillon Utopia, gros coquillage
caparaçonné de zinc par Vieille Montagne et dévolu à l'océan, revu et corrigé par François Confino,
sous une superbe charpente de lamellé collé.
Tout près, le pavillon du Portugal, devrait
plus tard servir aux Parlementaires, et
s'affirme, sans doute pour cela, hiératique et
un brin protocolaire, si ce n'est son
extraordinaire voile de béton tendu au
dessus de la place qu'il protège, ventru, titan
léger. Le pavillon des Océans au milieu des
eaux, donne dans le high techno sans états
d'âme et rappelle le bon vieux temps des
années 80 ; celui de la Connaissance des
mers, géométrique, cadre une superbe cour
L'Expo'98, à l'inverse de Séville,
ne foisonne pas d'architectures-objets
comme celle du
Pavillon de la Réalité Virtuelle
sous le ciel, où grimpe une rampe lente
comme un cortège. Ceux du Futur, de la
Jardins et eaux, thème récurrent, ponctuent
le site de longues transversales, ici près des
Pavillons de la Réalités Virtuelles et de la
Connaissance des Mers
Réalité virtuelle, illustrent respectivement
l'actuel engouement pour le bois et une
petite nostalgie d'un post moderne sans
souci. La grande halle, où s'abritent les
pavillons internationaux, donne dans un
déconstruit musclé qui ne manque pas
d'allure. Çà et là, des logements, des
bureaux
tentent
la
couleur,
des
déhanchements pour se faire voir.
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LISBONNE
Exposition mondiale, 1998
C'est à la fois beaucoup et moins qu'à Séville. Alors trop sage Expo'98, seulement stimulée par
l'éphémère des fêtes et des spectacles ? Sans doute. Son thème assez fabuleux aurait pu permettre
plus de prospective, une symbiose terre et eau, un peu absentes ici. Là où l'Expo perd en diversité
tonique, elle gagne en crédibilité et amabilité qui laissent des traces.
Et puis, la ville perce avec des pôles forts déjà dédiés, même s'il reste beaucoup à construire.
Au Nord, le Pont Vasco de Gama dresse ses haubans symboles. Ses 14km décuplent les possibilités
de trafic Nord Sud, tirent Lisbonne vers sa périphérie, l'aéroport, de nouveaux rivages.
La capitale en pleine transformation avait besoin d'un fer de lance Expo Urbe est une opportunité
Partie haubanée du pont Vasco de Gamma.
difficile à lâcher.
La géométrie du Pavillon de la Connaissance
des Mers avec son patio, où soudain en silence
monte une rampe calme.
Face au Pavillon de la Connaissance des Mers,
celui du Futur, bardé de métal ondoyant et
de bois.
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PAVILLON PORTUGAIS 98
Alvaro SIZA, 1998
BERNARD NATHALIE & AMMANN MAUDE
EXPO LISBONA 98
Alvaro Siza
GA ,Document extra 11, p. 122-129
Alvaro Siza, PHAIDON, Milan 1999
SITE INTERNET
• www.instituto-camoes.pt/
bases/siza/obra24.htm
• www.sievers.nl/ port/lb/lb071.html
C’est en 1998 qu’a lieu la première exposition universelle sous le signe de l’écologie. Elle se
situe à Lisbonne au Portugal. Le thème choisi: « les océans - notre patrimoine ». L’architecture
devait aussi évoquer ce souci de protection de la planète et de durabilité. En effet, plus des deux
tiers des bâtiments ne furent pas construits à des fins éphémères. L’expo fut le prétexte pour
rénover le quartier de Doca dos Olivais. Les organisateurs d’Expo 98 n’avaient pas prévu de
faire des pavillons nationaux autonomes. Ils leur avaient cependant assigné des grands halls
d’exposition dans le Nord et le Sud du terrain. Ces grands halls temporaires seront remplacés
par la suite par des surfaces de logement. Tandis que les cinq pavillons à thème dont celui du
Portugal auront une importance capitale pour la nouvelle infrastructure du quartier des oliviers.
Ainsi le pavillon des océans deviendra l’aquarium de Lisbonne, le pavillon de l’utopie une salle
polyvalente, le pavillon de l’avenir un musée, le pavillon des connaissances de la mer un centre
de recherche océanographique et le pavillon portugais deviendra soit un musée soit un bâtiment
administratif.
foto
Situation:
L’exposition se trouvait au bord d’un bassin portuaire de Lisbonne, le « Doca dos Olivais » dont
les cinq pavillons principaux furent disposés tout autour. Parmi ceux-ci figure le pavillon
portugais d’Alvaro Siza. Malgré une taille inférieur aux autres, il bénéficie d’une situation
privilégiée de par sa proximité du plan d’eau ainsi qu’à l’entrée de l’exposition. Sa pureté et sa
simplicité dans les formes honorent cet emplacement. Situé entre le pavillon de l’utopie, réalisé
par l’architecte Regino Cruz, et le pavillon du cérémonial plaza, le bâtiment d’Alvaro Siza a une
orientation Nord-Sud. Son esplanade traverse le bâtiment perpendiculairement soit d’Est en
Ouest. Il s’intègre élégamment dans le site grâce à sa légèreté et à la forme curviligne de sa
toiture qui pourrait rappeler un pont ou la voile d’ un bateau. Le pavillon se compose de deux
parties. Un bâtiment principal, situé au Nord, s’ouvre sur un jardin d’oliviers, symbole du quartier
Olivais, lieu de l’exposition. Au sud une place couverte, réservée aux cérémonies, est
encadrée par deux constructions jouant le rôle de culée. L’espace généré par cette seconde
partie met en valeur le cadre idyllique. Siza a cherché à authentifier le lieu en lui restituant, par
son architecture, l’image de deux symboles: l’océan et les oliviers
Système structurel et constructif:
La structure est partagée en deux systèmes:
Le premier système est composé par les culées et la toiture. Cet ensemble forme une place
couverte créant une relation entre l’océan et l’exposition. Les culées sont des pans de murs
unidirectionnels Nord-Sud rappelant l’entrée des temples romains et invitant ainsi le visiteur à
entrer dans son espace. Elles sont rythmées de façon diverses ce qui donne un mouvement
dynamique. La culée au Sud suit le rythme A-A-A-B-A-C-A-A et celle au Nord A-A-A-B-A-C-A-2A.
Les deux culées sont liées par une toiture suspendue franchissant une portée de 65m. Elle est
composée d’une dalle en béton précontraint de 20 cm soutenue par des câbles d’acier travaillant
en traction. Ceux-ci traversent de part et d’autre les deux culées latérales. Siza, poussant le
détail à l’extrême, allège encore l’expression de la toiture en la détachant de la façade laissant
ainsi apparaître les câbles. Les murs porteurs sont en béton armé recouvert de calcaire sur la
moitié inférieure de la façade et la partie supérieure est en béton peint. La structure ponctuelle
est faite de profilés IPE en acier. Pour marquer la différence entre la partie fermée et la partie
ouverte, Alvaro Siza a fait recouvrir complètement le béton armé des culées par de la pierre
calcaire. Du côté de la place, les façades sont en faïence de couleur.
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PAVILLON PORTUGAIS 98
Alvaro SIZA, 1998
BERNARD NATHALIE & AMMANN MAUDE
Il n’existe pas de système distributif horizontal à proprement parlé du fait que c’est un lieu
d’exposition et que les visiteurs recherchent une promenade culturelle et spirituelle. Le visiteur
est donc amené à se balader entre les différentes salles. Cependant il pourra accéder à une
des salles voisines uniquement si un lien existe entre les deux.
Le système vertical principal se situe à côté de l’entrée proposant un premier choix de parcours.
foto
Lorsque l’on regarde le pavillon dans son ensemble, il donne l’impression de légèreté malgré sa
hauteur et son système constructif de l’enveloppe. Alvaro Siza a traité le moindre petit détail
dans un souci de légèreté et d’élégance: l’exemple type en est la toiture.
Dans le style des façades à proprement parlé, on retrouve le style Sizain soit les grandes
fenêtres à la française au rez-de-chaussée, à l’étage, elles sont plus fines. L’ensemble de ces
fenêtres marque la trame
Dans la partie fermée, la hauteur d’étage est double, créant une ambiance favorable ainsi qu’une
luminosité adéquate à l’exposition. Le patio central joue un rôle très important, il permet un
apport de lumière indirecte ainsi qu’un repère visuel et rassure car amplifié par la présence d’un
arbre. Les dimensions des pièces dépendent de leurs fonctions et de leur importance mais le
module est à chaque fois respecté. Les plus grandes pièces se trouvent à proximité du patio,
alors que les plus petites donnent sur la façade est.
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LE PAVILLON DE LA CONNAISSANCE DE LA MER
Joao Luis, CARRILHO DA GRACA, 1995 -1998
CAILLE ALEXANDRE, SCEMAMA FABIEN
EXPO LISBOA 98
Claudio Sat
CASABELLA , N° 654, Mars 1998
SITE INTERNET
•www.chez.com/ruivaz/mares.html
•www.saveurs.sympatico.ca/portugal/exp
avseas.html
Généralités…
C’est dans le cadre de l’Expo 98 à Lisbonne que prend place le pavillon de la connaissance de la mer.
Entièrement dédié au monde sous-marin, ce pavillon propose de démontrer les divers processus de
connaissances et de découvertes qui lient l’Homme et la mer depuis tout temps. Il retrace dans un
contexte historique l’appropriation graduelle des Océans et de leurs fonds mystérieux.
La vaste thématique de la mer se décline sur deux niveaux et est décomposée en plusieurs
atmosphères différentes, chacune présentant une approche particulière liée à un sujet précis. On
distingue notamment :
• l’évolution des relations entre l’Homme et la mer
• l’évolution de la navigation
• l’évolution de la cartographie au cours des siècles
• la voile, la recherche, la plongée et l’utilisation des océans
Situation…
Vue aérienne sur chantier
L’entier de l’Expo 98 est situé à proximité de l’océan Atlantique. Le pavillon étudié est même implanté
à côté d’un bras de mer qui créé une sorte de « port artificiel » intérieur.
Typologie…
Outre les espaces distributifs, l’exposition (environ 5314 m2) est bien entendu l’espace principal du
bâtiment. L’exposition est structurée en quatre secteurs et deux sous-secteurs. Viennent ensuite le «
grand vaisseau » et, pour terminer l’exposition, un espace de réflexion finale appelé « Avancer ».
Rez-de-chaussée
1. Entrée
2. Couloir
3. Traverser les océans
4. Magellan
5. Rechercher
6. Challenger
7. Plonger
Construction navale dans la Grande nef
2
Etage
8. Exploitation de la mer
9. Le Vaisseau
10. Avancer
11. Boutique
12. Sortie
1. ENTREE
L’entrée est plongée directement dans une atmosphère particulière. En effet, une ambiance sonore
reproduit l’immensité de l’océan dans cet espace et tend à provoquer chez le visiteur un sentiment de
respect mêlé toutefois à une certaine appréhension, voire une certaine inquiétude devant les mystères
des mondes sous-marin.
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Grande nef
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LE PAVILLON DE LA CONNAISSANCE DE LA MER
Joao Luis, CARRILHO DA GRACA, 1995 -1998
CAILLE ALEXANDRE, SCEMAMA FABIEN
2. COULOIR
Cet espace distributif est, comme pour l’entrée, baigné dans des textures sonores. Mais à cela
s’ajoute toute une série d’images sous forme de diapositives projetées sur quatre écrans bien
distincts. Images et sons permettent alors au visiteur d’observer et ressentir la manière dont s’établit
la complicité de l’eau et des formes de vie variées.
3. TRAVERSER LES OCEANS
Ce secteur propose de parcourir l’évolution des systèmes de navigation. Quatre disciplines sont ainsi
soumises au visiteur : l’impulsion, la propulsion, la manœuvre et enfin l’orientation.
4. MAGELLAN
Plus qu’un « simple » espace d’exposition, cette partie est un véritable hommage aux précurseurs de
la navigation autour du monde, tel le navigateur portugais Magellan. Le visiteur peut ici observer la
route parcourue par ce même navigateur sur un immense globe simulant la sphéricité terrestre.
5. CHERCHER
Ce secteur est dédié aux océans en tant que stimulateur de la recherche et comme élément essentiel
de la connaissance de notre planète. Les océans nous délivrent ici leurs secrets. On est passé ainsi
par la croyance des monstres médiévaux à l’exactitude des observations des voyages maritimes de
D. Joao de Castro, puis, par le suite, de naturalistes et chercheurs tels que Darwin et Charles
Thompson.
6. CHALLENGER
Une maquette du relief des fonds marins est ici présentée. On peut notamment y observer les
quelques 362 stations de sondages effectués pendant l’expédition « Challenger ».
7. PLONGER
Ce secteur présente le fastidieux et long processus de la découverte des fonds marins en abordant la
plongée en apnée, le système de cloche, le scaphandre, le sous-marin et enfin le robot.
8. EXPLOITER
L’exploitation de la mer est le thème central de ce compartiment, englobant non seulement
l’exploitation de produits alimentaires et minéraux, mais aussi d’autres profits que l’Homme tire de la
mer. Les thèmes de l’utilisation de la mer comme voie de communication, de la pêche industrielle et
l’aquaculture sont ici aussi abordés.
9. LE VAISSEAU
De grandes armatures en bois, acier et fibres, construites dans des chantiers navals, caractérisent ce
grand vaisseau. Environ six kilomètres de câbles et trois de planches de bois projettent sur le mur le
plan géométrique qui servit de base aux modèles navals.
10. AVANCER
En guise de conclusion, le visiteur se voit ici offrir une véritable
utopie du passé. Y sont présentés diverses machines et engins
qui ne sont jamais parvenus au stade de fonctionnement.
Coupe longitudinale
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Restaurant sur l’eau
José Carlos GONCALVES, 1998
MBALLA Landry, MORANDO Michele
Architecture contemporaine
José Carlos GONCALVES
Asa
Le restaurant se situe au sud du Parc des Nations. C’est un des quatre restaurants flottants situé
dans la zone de l’expo 98. L’accès au restaurant se fait à travers des pontons flottants.
Ce projet maintient le schéma demandé de circulation et d’accès promouvant l’entrée des visiteurs
à travers l’esplanade. La volumétrie a été développée en ayant comme principale orientation
quelques aspects du contexte, de conception et de fonctionnement.
L’intention était d’accentuer l’horizontalité de la construction en cherchant à améliorer la relation des
espaces intérieurs avec son contexte immédiat : l’eau ; et cherchant à interférer d’une manière
minimale avec les vues sur le fleuve à partir de la promenade Ribeirinho.
La forme proposée tirait partie de ce principe et s’orientait sur la longueur selon la direction du
fleuve. Ainsi, cela a permis le développement des espaces intérieurs avec une relation
égale à ceux de l’extérieur. Ces espaces sont disposés de manière à ce que toutes les ambiances
intérieures profitent, malgré les différents aménagements, des mêmes qualités d’ambiances.
Le restaurant présente un squelette dont la structure est semblable à un bateau. Récemment, le
Parc des Nations a permis l’exécution de nouveaux travaux qui se sont éloignés du concept original
du bâtiment.
Plan
Coupe transversale
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GARE DE L'ORIENT
Santiago CALATRAVA, 1998
ANDRADES, FOURQUIER
Bibliographie :
-D'architectures N°92
MIALET, Frédédric
EA-NANTE
-Santiago Calatrava
Philip Jodidio
-Casabella (654) 1998
Cette construction a été bâtie à l'occasion de l'expo 98 à Lisbonne. Elle a pour fonction de desservir
le vaste ensemble de 60 hectares utilisés pour l'événement
Cette gare est un véritable pôle d’échanges entre différents types de dessertes ferroviaires, qui
reçoit aussi des trams et plusieurs lignes de métro et se prolonge au nord par une gare routière.
Quelques 2000 places de stationnement facilitent la connexion avec le réseau routier, interconnecté
avec l’autre rive du Tage par le nouveau pont Vasco-de-Gama, l’un des plus longs d’Europe,
également inauguré pour l’exposition.
La gare est composée de trois niveaux. Les trains circulent au sommet de l'ouvrage situé à 9m du
sol. Sous ce niveau on trouve la gare proprement dite, avec la salle des billets qui se déploient
dans une vaste salle, tandis qu’au niveau du sol on trouve une galerie commerciale s’ouvrant
directement sur une des portes d’entrée de l’exposition ainsi que sur la gare routière.
Fiche Technique:
Surfaces: gare ferroviaire: 59600 m2
dont aires commerciales (6500 m2) ;
gare routière: 71100 m2 dont parking
de 2000 places (66000 m2) total:
175000 m2, métros (9000 m2) et
avenues inclus.
La gare ferroviaire est composée de quatre quais doubles. Ils sont couverts par une nappe vitrée de
238 mètres de long et 78 mètres de large, soutenue par la juxtaposition de dix rangées de
“parapluies” en acier hauts de 23 mètres. Chaque élément affecte la forme d’un arbre stylisé sur
plan carré : le fût s’épanouit au quart de sa hauteur en quatre branches principales courbes reliées
par des pannes en forme de triangle renversé aux diagonales du carré. Les files de poteaux
implantées dans l’axe des quais structurent l’espace protégé, librement ouvert sur toute sa
périphérie, tandis que les palmes vitrées forment une nappe de blancheur et de lumière qui vibre
au-dessus des voyageurs.
La gare routière s’articule sur cet ensemble par une galerie vitrée située au niveau du hall de la
gare et qui en forme l’épine dorsale. Sur cette galerie se greffe, comme des palmes, une série
d’auvents qui abritent les escaliers qui rejoignent le niveau inférieur où circulent les autobus. Ces
palmes se déploient en porte-à-faux d’une manière très libre par l’intermédiaire de bracons
obliques.
Au-delà de sa fonction clef pendant la durée de la manifestation, la gare est appelée à jouer un rôle
majeur dans la recomposition de toute cette partie de la grande banlieue de Lisbonne.
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COIMBRA - HISTOIRE
Portugal
Guides Bleus
Hachette
Portugal
Guides Voir
Hachette
Coimbra dans l'histoire
Une origine romaine
L'histoire de Coimbra remonte à la fondation de la cité romaine d'Aeminium.
Quelques constructions occupaient les collines de part et d'autre du fleuve, et une
petite citadelle avec un forum s'élevait au sommet de la butte qui dominait la rive
droite. Au milieu du IVème s., les Barbares avaient déjà pillé la région et dévasté
Conimbriga, une ville située au S. et alors bien plus importante; on décida donc de
transférer le siège de l'évêché de Conimbriga à Aeminium, d'où naquit la contraction
Coimbra.
Déjà une vocation intellectuelle
Occupée par les Maures au milieu du VIIIème s., la ville fut reprise en 1064 par
Alphonse VI de Castille. II s'empara de la médina aux ruelles tortueuses, protégée
par une enceinte fortifiée. Les Castillans ne chassèrent pas les musulmans, qui
gardèrent leur école; ce foyer artistique et littéraire allait devenir un centre de
culture mozarabe dont le rayonnement franchirait rapidement les frontières du
futur comté portucalense.
L'alcaçova: la cité des rois
Bien que distante de l'Océan d'une quarantaine de kilomètres, Coimbra était un
port actif. Sa conquête par les chrétiens s'accompagna de l'édification de forts
confiés à la garde des Templiers. Après la victoire d'Ourique (1139), la cité
marchande de Coimbra avait acquis une importance telle que le jeune
roi Afonso Ier la choisit pour sa cour. Il occupa alors L'alcaçova, c'est à dire le
château et ses dépendances, dont les murailles se trouvaient à l'emplacement de
l'actuelle université historique. En contrebas, il fit élever la première cathédrale du
royaume.
Santa Clara : la cité des reines
Bien que Coimbra fût déchue de son rang de capitale au profit de Lisbonne au
XIIIème s., elle n'en continua pas moins de se développer et d'accueillir d'éminents
personnages du royaume. La reine Isabel se retira, à la mort de son époux Dinis Ier,
au palais jouxtant l'abbaye des Clarisses, dans le faubourg de Santa Clara; c est
là que, plus tard, Ines de Castro fut assassinée.
La citadelle du savoir
L'alcaçova subit d'importantes transformations à la fin du règne de Manuel Ier et au
début de celui de Joan III. Ce dernier rétablit l'université à Coimbra en 1537 et mit à
sa disposition le château, qui devint alors le paços dos Estudos (palais des Etudes).
Joâo III confia la direction du collège des Arts à un recteur de l'université de Paris,
André de Gouveia. Désormais, le cycle complet d'études se déroulait à Coimbra, et il
n'était plus question de pursuivre ses études à Paris ou à Salamanque. Par
contrecoup, de nombreux étudiants étrangers affluèrent à Coimbra, et l'université
devint l'un des grands foyers intellectuels de la Renaissance.
La suprématie des Jésuites
Cela ne dura pas longtemps, car les Jésuites établissaient au même moment leurs
propres collèges. Près de l'université royale, ils élevèrent la grande église appelée
plus tard Se Nova, et, en 1555, ils arrachèrent à leurs rivaux le collège des Arts.
E II Genève
Genève -- hes
hes // UER1
UER1 Construction
Construction et
et environnement
Environnement // Voyage
Voyaged’étude
d'étude/ /Portugal
Portugal/ /ab
2 -/ 816octobre
2004
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- 22 juin
2007
Le tombeau d'Ines de Castro
La vengence de Pedro
Fils du roi Afonso IV, Pedro a épousé
Constance de Castille, mais aime la belle
Galicienne Ines de Castro, dame
d'honneur de sa femme. Persuadé par ses
conseillers qu'une telle liaison pourrait
menacer les intérêts de la Couronne, le
roi fait écarter Ines de la cour. En 1345,
Constance meurt en donnant à Pedro un
troisième fils. Ines rejoint alors son amant
à Coimbra et l'installe au monastère de
Santa Clara. C'est trop d'audace pour
Afonso IV: profitant de l'absence de son
fils, il laisse ses conseillers assassiner la
jeune femme (1355), après une parodie de
jugement. Fou de douleur, le fils se
révolte contre son père.
Sa vengence interviendra deux ans plus
tard, lorsqu'il montera sur le trône: le
nouveua roi révèle officiellement les liens
qui l'unissaient à Ines et fait arracher,
sous ses yeux, le coeur de ses meurtriers.
En 1361, il fait exhumer son corps.
Revêtue d'un manteau pourpre, ceinte de
la couronne, la dame d'honneur reçoit les
hommages des nobles, contraints de lui
baiser la main. Un cortège nocturne
accompagne alors solennellement sa
dépouille de Santa Clara de Coimbra au
monastère d'Alcobaça. Ce sombre fait
divers médiéval a été immortalisé par Luis
de Camoes dans Les Lusiades et par
Henry de Montherlant dans La Reine
morte (1942). Les Espagnols en ont
surout retenu la dimension tragique,
tandis que les Portugais, davantage
portés vers l'affectif, ont priviligié son
côté lyrique et sentimental.
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COIMBRA - HISTOIRE
Portugal
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Portugal
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Lorsque Joâo III le Pieux séjourna à Coimbra en 1577, il se garda bien de troubler
l'ordre établi et préféra s'intéresser à Santa Cruz, qu'il fit réaménager. Entre 1580
et 1640, les souverains espagnols ne firent rien non plus pour déplaire aux
Jésuites, qui, avec leurs inquisiteurs, devinrent les maîtres de Coimbra.
Le renouveau de Pombal
L'université végéta longtemps, et, en 1772, sa situation était même devenue
désastreuse. Pombal décida alors de venir passer un mois à Coimbra. Les
Jésuites ayant été expulsés du Portugal en 1759, le marquis avait le champ libre.
L'université bénéficia d'un nouveau statut, ses programmes furent transformés.
On mit à l'honneur des disciplines méprisées par l'Église, telles que les sciences
et la médecine. Dans le cadre de cette réforme, un magnifique jardin botanique
fut aménagé sur le flanc de la colline. Grâce à Pombal, Coimbra redevint l'une
des villes les plus savantes du monde.
Les allées et venues de
l'université
Au cours des septs derniers siècles, la
vie de Coimbra fut liée aux péripéties de
son université. Celle-ci, fondée à
Lisbonne par le roi Dinis Ier en 1290, fut
transférée à Coimbra en 1308. Au
XIVème s., elle effectua des allers et
retours entre les deux capitales
successives, pour s'établir finalement à
Lisbonne à aprtir de 1377. C'était
compter sans Joao III le Pieux: très
préoccupé par les idées subversives qui
gagnaient la capitale, il éloigna les
étudiants en les envoyant , en 1537, à
Coimbra. Ils furent accueillis au couvent
de Santa Cruz, dont le prieur était
l'oncle de Camoes. Plus tard,
l'université occupa le Palais royal.
Jusqu'en 1911 (première année de la
République), ce fut la seule du Portugal.
Dans les années 1930, Salazar décida de
l'agrandir et fit construire les bâtiments
modernes et sans âme du centre
universitaire, ainsi que l'observatoire.
1968 et 1974 : des journées chaudes
Malgré la création de l'université de Lisbonne en 1911, Coimbra resta un centre
intellectuel actif. Après la Seconde Guerre mondiale, en dépit des brimades et
des arrestations, le ton ne cessa de monter dans les salles de cours et dans les
rues contre le régime de Salazar. En 1968, suivant l'exemple de leurs camarades
parisiens, les étudiants de Coimbra manifestèrent, drapeaux noirs et rouges en
tête des cortèges, bravant la police, qui ouvrit le feu. On décida alors, " en signe
de deuil ", de ne plus porter l'habit traditionnel, cette grande cape frangée d'autant
de coups de ciseaux qu'on avait éprouvé de déceptions sentimentales. En avril
1974, lors de la révolution des billets, l'université occupa également le devant de
la scène. Le quartier universitaire fut couvert d'affiches et de slogans.
Coimbra aujourd'hui
L'autre visage de Coimbra
L'université est toujours au centre de la vie de Coimbra mais, depuis les années
1960, la ville est aussi devenue une importante cité industrielle : les quartiers du
N. se prolongent par une banlieue résidentielle et de nombreuses usines. Les
industries textiles (bonneterie et lainages) sont très développées, ce qui explique
la présence de multiples boutiques de vêtements dans la ville basse. A cela
s'ajoutent des manufactures de céramique, des fabriques de produits alimentaires
(biscuiteries), une cervejaria (brasserie) moderne, ainsi que des chaînes de
montage de camions et une usine de matériel photographique Le tout emploie
plus de 15 000 personnes.
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COIMBRA - UNIVERSITE
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Le clocher,
symbole de l'université, est visible de
toute la ville. Depuis l'achèvement de la
tour en 1733, la plus connue des trois
cloches, a cabra (la chèvre), a rythmé la
vie de générations d'étudiants
Sala Grande dos Actos
Cette salle, aussi appelée Sala dos
Capelos,
accueille
les
grands
événements. Les bancs des professeurs
bordent les murs, sous les portraits des
rois portugais.
Museu de Arte Sacra
La Via Latina
Est une galerie à colonnades ajoutée au
palais au XVIIIème s.
Les armoiries royales, au-dessus de l'escalier,
sont surmontées d'une statue de la sagesse.
Capela de Sao Miguel
L-int;rieur date des XVIIème et XVIIIème
siècles. Les ayulejos, le plafond décoré
et même l'autel manieriste sont eclipsés
par le superbe buffet d'orgue, décoré
d'angelots célébrants la gloire baroque.
La Sala do Exame Privado
Le plafond exubérant, peint par
José Ferreira Araujo en 1701,
domine une frise de portraits des
anciens recteurs.
Portrait de Dom Joao V
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Biblioteca Joanina
La bibliothèque, qui doit son nom à
Dom Joao V, date du début du
XVIIIème s. Les salles richement rehaussées
de dorures et de bois exotique abritent plus de
300 000 ouvrages.
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COIMBRA
AMPHITHEATRE DE LA FACULTE DE DROIT, 1994-2000
Fernando TAVORA
Luis ANTUNES, Helio PEREIRA
Arquitectura Portuguesa
Contemporania 1991-2001
Ed. ASA
arq./a n°8, juillet/août 2001,
pp. 34-39
Beaucoup d'attention a été donnée au recensement des espaces libres et construits existants,
par rapport aux aspects fonctionnels, plastiques, patrimoniaux et paysagistes. Cet édifice
médiéval de la Faculté de Droit est un des plus anciens bâtiments universitaires du pays.
L'architecte chargé de construire le nouvel amphithéâtre voulait un projet non seulement
contemporain mais aussi moderne car il contient toute l'expérience d'une architecture et d'un
lieu.
L'amphithéâtre comporte 458 places assises. La salle de forme rectangulaire basée sur deux
carrés est structurée d'après un module de 0,5 m x 0,5 m qui a ensuite été généralisé à tout
l'édifice. Ce module est basé sur la dimension frontale des chaises (0,5 m) et à la dimension
transversale des marches (1,10 m). Une galerie entoure la salle sur trois cotés et l'on y trouve
notamment une cabine de projection et de traduction.
Cette galerie part de deux vestibules symétriques qui s'articulent avec deux entrées à partir de
l'extérieur. Ces vestibules sont reliés aux édifices existants ainsi qu'à l'atrium central. Depuis
les accès aux édifices existants, un couloir lie le nouvel édifice à l'accès principal de la Faculté
de Droit, à la chapelle et au patio de l'université. De l'atrium part un escalier double qui conduit
à l'étage supérieur où se situe la salle de lecture qui s'ouvre sur une terrasse. Signalons, de par
leur importance fonctionnelle et plastique, les installations d'unités de climatisation qui ont été
placées sur le haut de l'édifice. Ces unités sont contenues par des lames horizontales en
cuivre.
La construction de l'amphithéâtre est basée sur une structure en béton armé, alors que pour
l'atrium et la salle de lecture c'est une structure métallique qui a été retenue. Les menuiseries
sont en métal et les murs et les piliers sont plaqués de calcaire. Les finitions intérieures,
comme d'une manière générale, toutes les finitions de l'édifice des accès et des murs
extérieurs sont définies dans le sens de la conservation à long terme et de l'intégration à l'esprit
des édifices et des espaces existants.
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PARC VERDE DO MONDEGO, COIMBRA, CENTRO, PREMIERE PHASE:2006
MERCÊS VEIRA. CAMILO CORTESÃO. (MVCC), 2000-2004
AVEC JOÃO FERREIRA NUNES, CARLOS RIBAS
Particia ROSINE
L’ARCHITECTURE D’AUJOUR’HUI
Portugal
No. 366 Sept – Oct 2006
Le programme national de restructuration urbaine, Polis, propose la revalorisation des rives du
Fleuve Mondego, avec la création d'accès et d’équipements qui lient la Ville à Rio. A l’issue
d’un concours public, le projet du parc Vert naît avec la remise du projet de Mercês Veira et
Camilo Cortesâo, en 1995.
Coimbra est une ville millénaire. Un parcours à travers les fragments de l'ancienne muraille est
un parcours à travers l'Histoire. Les rues y sont centenaires, les espaces fascinent.
Elle est faite de mémoires: arabes, judaïques et chrétienne. Le paysage urbain se construit au
bord du fleuve et lui donne son caractère contemporain. Le Plan de Détail du Parc Vert du
Mondego entre le Pont de Santa Clara et le Pont Europe encadre un ensemble de projets et
d'oeuvres, qui structurent les terrains en espaces de loisir et de culture et permet de se
rapprocher de Rio.
Le parc représente un espace vert de qualité, qui se déploie de Choupalinho à Lapa sur la rive
ouest, et qui vient prolonger le parc Manuel Braga sur la rive Est. Le projet s’est développé en
plusieurs phases.
Le projet vise entre autre à relier les rives opposées du fleuve grâce à une nouvelle passerelle
Dessinée par António Adāo da Fonseca et Cecill Balmond, pour piétons et cyclistes, et
également à
installer de nouveaux équipements nautiques.
L’aménagement paysager s’inspire de la flore des plaines aquatiques inondables en offrant des
cheminements sinueux parallèles au cours d’eau. Le parc offre 400,000m2 de détente, avec un
parcours qui s’étend sur 4km longé par des aires de jeux ou de pic nique.
Les berges sont ponctuées d’une naturalisation progressive. Saules et peupliers sont plantés
en bordure du cours d’eau. Les abords sont recouverts de graminées à travers lesquelles
circulent des sources minéralisées.
Visible depuis la ville, le parc présente des éléments graphiques forts, tels que le point, la ligne
et les surfaces en mouvement continu. La différenciation des surfaces se fait grâce aux
matériaux qui expriment l’ambivalence entre urbanité avec le centre ville proche et élément
naturel avec la proximité du fleuve.
Historiquement, les circonstances offertes par le terrain, notamment la distribution des vergers
(cultures d’agrumes) a favorisé un aménagement paysager avec des transitions graduelles
imperceptibles. L’aménagement est dynamisé avec l’implantation de noyaux d’activités. En
limites de parc, un système de digues protège les parkings sur les deux rives. En rive droite,
dans le prolongement d’un mur de béton teinté, une série de serres, des restaurants et des
bars constitue la principale densité d’animation du parc.
On peut trouver dans cet espace divers types de revêtement, comme des moellons sur 6 200
m², une chaussée de 12 546 m², du béton de granit, des dallettes, du bois ainsi qu’une piste
cyclable avec un revêtement bitumineux coloré de 1 228 m². Les murs de gabion revêtus de
schiste (2 711 m3) marquant les limites du parc constituaient une maîtrise d’œuvre complexe,
en raison des conduites pour arrosage au goutte-à-goutte de 109 124 ml. Le parc comprend
également des escaliers d’accès au parc, un canal d’eau artificiel revêtu de schiste (1 005 m²),
des passerelles en bois Ipê ainsi qu’un perron, pour une surface totale de 4 647 m² sur le
fleuve, une surface engazonnée de 31 620 m² avec 526 arbres, 2 272 arbustes.
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Vue aérienne des deux rives du
fleuve.
Plan d’aménagement général
Plan d’aménagement
Phase I et II du parc vert de
Mondego.
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COIMBRA
PASSERELLE PIETONNE
Ingénieurs: A. da Fonseca (ADF) et C. Balmond (ARUP)
M. Schmid et B. Vaucher
La famille des passerelles piétonnes compte un bon nombre de spécimens remarquables.
Leurs belles apparences nous fait oublier leurs défauts, tels leur coût parfois exorbitant ou
encore des vibrations incommodantes lorsque l’on marche dessus ou lorsque le temps est
venteux. À la différence des ponts routiers ou ferroviaires, la commande d’une passerelle
piétonne réveille chez l’ingénieur le désir de transformer la traversée en une expérience
singulière invitant à faire des pauses au-dessus de l’eau.
Histoire de l’Architecture
Architecture d’aujourd’hui
N 336
Description
Trois arcs, deux axes et un belvédère.
La nouvelle passerelle de Coimbra qui relie les deux rives du fleuve
Mondego est un ouvrage plutôt discret. Loin de tout le super
structurel des ponts high-tech, elle cultive l’ambiguïté. Vue de loin,
elle laisse planer le doute quant aux matériaux utilisés en raison de
sa forme générale. Une succession de trois arcs de faible hauteur
travaillant en compression ainsi que de sa couleur, un blanc
rosâtre. On serait tenté de croire qu’il s’agit d’un ouvrage réalisé en
béton armé.
Or c’est un pont métallique dont les soudures des caissons d’acier
sont à peine perceptibles. L’arc central, d’une portée de 110m ne
s’élève qu’à une dizaine de mètres au-dessus de l’eau. Cette cote
résulte de deux facteurs : des culées situées aux niveaux des rives
naturelles, quasiment au ras de l’eau, et d’une inclinaison maximale
du tablier qui doit être praticable en chaise roulante. La promenade
au-dessus de l’eau suit donc une légère courbe dont le sommet se
trouve au milieu du fleuve. Sa pente est si faible que les trois arcs
aplatis auraient pu être convertis en une simple poutre de section
continue sur les 274 m de longueur totale, soutenue par des
supports ponctuels enfoncés dans le lit du fleuve. Visuellement
beaucoup plus lourde, cette solution n’aurait en outre pas dégagé
sous l’ouvrage la hauteur libre exigée par les associations locales
de sports nautiques.
Mais le choix d’une construction en trois arcs aplatis et élancés rend
l’ouvrage vulnérable, d’autant plus au mitan du fleuve là où la section
est la plus mince et la plus exposée aux vents latéraux. Pour palier le
danger d’une pression du tablier, les ingénieurs ont trouvé une
astuce : les deux moitiés du pont sont légèrement désaxées et se
rejoignent à mi-chemin par une plate-forme d’une largeur de 8m, soit
deux fois la largeur du tablier courant. Afin d’augmenter la résistance
aux forces latérales, les supports en V ne sont pas situés dans l’axe
médian des tabliers, mais accrochés latéralement, côté aval sur la
moitié est et côté amont sur la moitié ouest de la passerelle. Cette
particularité géométrique produit un effet surprenant : le promeneur
qui s’engage sur la passerelle ne voit pas le bout de l’ouvrage dans
une ligne droite partant de sa position initiale. A mi chemin, il bute
contre un garde-corps et se retrouve sur un belvédère comme
suspendu au-dessus du fleuve. Pour continuer son chemin, il doit
dévier de son cours
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CENTRE DES ARTS VISUELS, REHABILITATION, 2001-2003 ; COIMBRA
ARCHITECTE: JOÂO MENDES RIBEIRO
COLLABORTEURS : A. BACELAR, E. MOTA, M. NOGUEIRA, P. GRANDÂO, S. LOBO, V. CANAS
FICHE: NUNO BARBOSA, HENRI WILLENER
L’architecture d’aujourd’hui
PORUTGAL
Sept.-oct. 2006
n° 366
Ed. Jean Michel Place
João Mende Ribeiro
João Mendes Ribeiro est né en 1960 à Coimbra. Il est licencié en architecture de
l’université de Porto. Il a son bureau à Coimbra et enseigne le projet depuis 1991 à
l’université de cette ville. C’est un architecte qui a reçu de nombreux prix portugais et
internationaux, parmi lesquels :
Prémios Architécti en 2000 pour la Casa de Chá, Castelo de Montemor-o-Velho ; Mies
Van Der Rohe Award en 2001 pour la Casa de Chá, Castelo de Montemor-o-Velho ;
Prémio Diogo de Castilho en 2003 pour le Centro de Artes Visuias, Coimbra… . Son
travail est reconnu dans le monde entier et est l’objet d’innombrables publications et
expositions.
Centre des arts visuels
Le Centre des Arts Visuels de Coimbra occupe l’aile ouest de l’ancien Collège des Arts
situé au Patio des Inquisitions, près d’une rue nommée la rue Sofia, une rue qui fut
construite en 1535, qui part d’une place monumentale nommée place du 8-Mai qui était
avant cela, l’ancien « Largo de Sansão » et traverse les champs du monastère Santa
Cruz.
En 1548, à la Renaissance, pendant la réforme de l’université de Coimbra, Dom João III
commanda à Diogo de Castilho la construction de ce collège, dans les environs du
monastère. Quelque temps après, lorsque le collège des Arts fut déplacé dans la ville
haute, le bâtiment changea d’affectation et finit par devenir le siège du Saint-Office.
Jusqu'à sa disparition en 1821. Pendant la révolution libérale, il fit office de prison et avait
aménagé dans ses locaux, des tribunaux et des salles de torture.
L’objectif de l’ intervention de rénovation dans le bâtiment était de reconvertir ces
installations et salles, en un centre des arts visuels. Au rez-de-chaussée, des salles
d’exposition ont été aménagées. C’est un espace modulable, qui a la particularité d’être
équipé de panneaux mobiles qui permettent de réaménager l’espace en longs couloirs ou
en petites salles.
L’ensemble des parties archéologiques et les anciennes structures, situées sous un
dallage escamotable, on été préservé et aujourd’hui reste facilement accessible. Un
nouvel escalier métallique est ajouté, divisé en deux par un mur de refend qui conduit à
l’étage supérieur. D’un coté, on peut trouver une nouvelle structure en bois avec des
arrêtes vives et lisses reprenant la forme d’un parallélépipède qui est fermé au plafond
interdisant ainsi la vue. Cette « boîte » abrite les laboratoires de photographie et les
archives. Dans le reste de l’espace se trouvent les salles de réunion, les salles
d’exposition, la bibliothèque, les bureaux étant situés de l’autre côté. Le plafond où se
trouve la charpente de toiture, a été modifié de façon à mettre en valeur le solivage et les
autres éléments structurels du toit. Un escalier léger en métal, à été inséré dans cet
espace au bout du volume, du coté des bureaux, afin d’accéder à une passerelle qui
surplombe le volume et traverse la charpente en bois. Des interventions de rénovation
ont aussi eu lieu à l’extérieur du bâtiment. Le sol a été nivelé et pavé, une trame a été
formée par l’ensemble des pavés posés qui font office de drainage formant une unité
avec le bâtiment voisin, le Pátio da Inquisição.
L’intention de cette reconversion, consiste à adapter les bâtiments existants à de
nouvelles fonctions sans négliger leur valeur historique et architecturale. Cette stratégie
implique un langage clairement contemporain pour créer un continuum entre le nouveau
et l’ancien, le passé et le présent.
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Plan du niveau d’entrée donnant sur le cloître
Grande boîte en contreplaqué (archives et les laboratoires)
Niveau 1 avec les bureaux, les archives et les laboratoires
Vue des combles surplombant la boîte des archives
Coupe longitudinale AA
Vue des bureaux
Coupe transversale BB
Ancienne salles de torture
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Les sanitaires
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LA MAISON DE THE
Joao, MENDES RIBEIRO, 1997 – 2000
CAILLE ALEXANDRE, SCEMAMA FABIEN
CASA DE TE, MONTEMOR-OVELHO
2G, international architecture review,
n° 20, 2001
Ed. Gustavo Gili, SA
La maison de thé, un espace « entre quatre murs… »
Le concept de base exploré dans le cadre de cette « rénovation » était d’insérer un volume « entre
quatre murs », et plus précisément de révéler l’espace vernaculaire des ruines par l’ajout d’un volume
contemporain. Pas tout à fait solide, pas tout à fait transparent, ce nouveau parallélépipède, placé au
centre de l’espace intérieur induit par les murs en ruine, permet notamment de définir des vues et des
espaces géométriques supplémentaires générés par les vides eux-mêmes (entre murs anciens et
façades nouvelles, entre façade de verre et volume servant), qui donnent l’impression de n’être ni à
l’extérieur, ni à l’intérieur.
Le plan de la construction est simple : deux plans solides formés au sol par une plate-forme d’une part
et par la toiture d’autre part, entre lesquels l’on peut distinguer un volume contenant les espaces de
services de la maison de thé, délibérément séparé de l’enceinte périphérique de verre. Par ailleurs, le
socle, étant lui-même détaché du sol, nous suggère une grande légèreté et favorise de surcroît une
intervention habile, discrète mais néanmoins présente.
La façade, quant à elle, est faite de verre, comme une peau légère soulignée par les reflets de lumière
qu’offre ce matériau translucide. De plus, cette transparence laisse entrevoir en filigrane les ruines et
permet aussi au volume de se fondre avec l’état ancien grâce aux reflets des murs en ruine sur les
vitrages.
La structure porteuse est composée de piliers en retrait par rapport à la façade de verre et sont par
ailleurs recouverts d’un revêtement de fer. L’intention primaire de cette structure était de garder les
piliers les plus éloignés possibles des murs et de permettre ainsi d’accentuer l’effet « dématérialisé et
abstrait » que procure la « boîte de verre ».
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LA MAISON DE THE
Joao, MENDES RIBEIRO, 1997 – 2000
CAILLE ALEXANDRE, SCEMAMA FABIEN
3
2
1
Plan général des ruines et intervention :
1
Coupes longitudinale et transversale :
2
Coupe de principe :
3
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LISBONNE
TOUR DE CONTROLE DU PORT ET SURVEILLANCE COTIERE, 2001
Gonçalo BYRNE
Luis ANTUNES, Helio PEREIRA
Techniques et Architecture
N° 446, Juin-juillet 2003
Juchée au bout d'un promontoire artificiel, la tour de contrôle se penche en solitaire au dessus du
Tage. La silhouette oblique de la tour de contrôle maritime est visible de loin. Elle se trouve à
l'embouchure du Tage, sur la rive nord, en aval du Pont 25 de Avril.
La tour du centre de surveillance côtière fut inaugurée le 16 juillet 2001.
Les Anglais appelaient la côte occidentale de l'Europe la Côte Noire avant que les Portugais
n'entament la construction des premiers phares au milieu du XVllle siècle. Aujourd'hui, la côte offre
aux marins une physionomie entièrement différente et Le Portugal dispose d'un centre de
surveillance côtière ultramoderne, unique en son genre en Europe.
Le phare actif a été construit par l'architecte portugais Gonçalo Sousa Byrne, lauréat d'un concours.
Devançant la silhouette citadine de Lisbonne, ce phare de forme inclinée attire l'attention d'abord par
son esthétique et ensuite par son habillage impressionnant, en panneaux de cuivre rougeâtres et
miroitants.
D'après Gonçalo Byrne, la tour ne s'imposait pas. On pourrait même enterrer un tel programme.
Tout est contrôlé désormais par des procédés technologiques sophistiqués, des radars, des images
virtuelles sur des écrans. Cependant, l'administration du port a voulu une tour et les utilisateurs ont
confié à l'architecte qu'ils avaient besoin de regarder la mer, le fleuve même les jours de brouillard. "
D'une base en pierre, le corps du bâtiment s'allonge, gainé de cuivre, pour s'achever avec une
cabine vitrée et des antennes. " La tête dans le ciel " : Gonçalo Byrne argumente ainsi le parti
architectonique de la tour. Aux niveaux bas se trouvent l'accueil, l'auditorium et des salles de
conférence ; au milieu, les bureaux. Le couronnement ceinturé de verre et de pare soleil en lames
de cuivre accueille les radars. En toiture, un belvédère sur la ville est accessible. L'intérieur du
bâtiment se compose d'un "tronc" d'accès central de neuf étages autour duquel se regroupe
l'ensemble des salles.
Outre les postes de travail figurent ici deux simulateurs et plusieurs salles de réunion servant à la
formation du personnel.
Un socle d'un étage, en pierre claire, ancre le bâtiment dans le sol. Un disque haut lui aussi d'un
étage définit l'entrée principale.
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La structure est constituée d'un noyau en béton armé, sur pieux ancrés dans le sous sol de basalte.
Le noyau central comprend escaliers, ascenseurs et zones techniques. Une couche d'oxyde s'est
déjà formée sur la surface nue de la façade. Cette couche rend la surface du cuivre insensible aux
facteurs atmosphériques et c'est elle qui confère à ce matériau son esthétique et sa longévité.
Grâce à elle, les façades verticales et inclinées de la tour de contrôle portuaire se présenteront
toujours dans un jeu de couleurs délicatement nuancées et riches en variations.
L'enveloppe extérieure, recouvrant la tête du bâtiment haut de trois étages, a été conçue comme
une façade entièrement vitrée derrière des lamelles de cuivre.
Coupe détaillée sur les principes de structure primaire (béton), secondaire (acier) de peaux et
façade en suspension (pierre et cuivre). La finesse du détail, la légèreté, la transparence sont
capables de résister au climat marin.
Surface au sol : 13 x 19 mètres, nombre d'étages : 9, hauteur: 38 mètres.
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LA TOUR DE BELEM
Francisco de ARRUDA 1515-1521:
GODOY ; LY
Bibliographie :
Web…
Site Internet
La tour de Belém, érigée entre 1515 et 1521, fait partie des oeuvres les plus marquantes du style
manuélin. A l'origine, ce bastion aux allures de proue de navire était situé au milieu du fleuve. Les
bateaux ennemis, qui entraient dans l'estuaire, savaient que la flotte nationale était prête à faire
feu. Au cours des siècles, le Tage s'est ensablé et la tour est devenue partie intégrante du rivage.
Au quinzième siècle, Lisbonne était déjà le point de départ et d'arrivée des caravelles. Le
développement de la politique navale portugaise au seizième siècle et la multiplication des
voyages maritimes font rapidement du port de Lisboa une escale obligatoire pour qui parcourt les
routes du commerce international. Les richesses ramenées des Nouveaux Mondes permettront
de construire les grands monuments à la gloire de l'épopée des découvertes portugaises.
L'intensification du trafic rend nécessaire la protection de Lisbonne et de sa barre. C'est au Roi
Don Manuel, successeur de Jean II, que revient la tâche de construire la Tour de Belém, en
hommage au patron de la ville, Saint Vincent.
Francisco de Arruda, nommé maître d'œuvre du bastion de Belém en entame la construction en
1514, à son retour du nord de l'Afrique où il a érigé de nombreuses fortifications.
Six ans plus tard, la Tour est terminée. Sa forme architecturale si particulière donne la part belle
aux éléments décoratifs d'influence islamique et orientale. Ses coupoles en quartiers qui coiffent
les guérites en sont des exemples les plus marquants.
Comme d'autres monuments de cette époque, sa décoration incorpore les symboles du prestige
royal, propre de l'art manuélin : les gros cordages de pierre qui ceignent l'édifice, terminés par
des nœuds imposants, les sphères armillaires, les croix de l'ordre militaire du Christ et des
éléments naturalistes.
A remarquer, la représentation d'un rhinocéros. Première sculpture en pierre de cet animal
connue dans toute l'Europe, elle supporte la base d'une des guérites orientées à l'ouest, preuve
manifeste des relations pionnières du Portugal avec d'autres peuples et d'autres terres.
Ce monument est composé de deux parties distinctes : la tour proprement dite, encore de
tradition médiévale, mais déjà plus élancée avec ses quatre salles voûtées et le bastion de
conception moderne, par lequel on pénètre dans la fortification.
D'autres forteresses furent construites postérieurement, plus modernes et mieux adaptées aux
exigences militaires. La Tour de Belém finit par perdre sa fonction de défense de la barre du
Tage. Elle servit alors de prison, ses dépôts devenant cachots, à partir de 1580, avec les
occupations philippines.
L'imposante tour carrée symbolise aujourd’hui l'aventure de l'expansion maritime portugaise.
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CENTRE NAUTIQUE DE BELEM
A. de Souza Oliveira & J. St Maurice & A. Campinis Poças 2000
BERNARD NATHALIE & AMMANN MAUDE
CENTRE NAUTIQUE, BELEM
Alberto de Souza Oliveira &
Julio St Maurice &
Antonio Campinos Poças
Arquitectura Contemporanea
1991-2001, ed ASA
•
foto
Le centre nautique de Belém:
Dans le port de Belém le site comprend une
grande plate-forme où jusqu’à peu on avait gardé
quelques pavillons de l’exposition nationale du
Portugal de 1998. De cet ensemble, le bloc le plus
proche de la zone du quai est utilisé par diverses
associations liées aux différentes activités
nautique prenant de plus en plus d’importance à
Belém.
Après les récentes démolitions des pavillons en ruines la plate-forme se trouvait de nouveau
disponible pour une nouvelle occupation ainsi qu’un nouveau agencement.
L’intention de l’APL (association du port de Lisbonne) était de réorganiser cet espace et de le
doter d’un appui efficace pour l’importante flotte basée dans ce port ainsi qu’à tous ceux utilisant
ces infrastructures.
La solution qui a été adoptée combine deux sources de compositions. L’une en relation avec les
activités naval (réparation de bateau, entretint, …) et l’autre avec le front urbanistique de la ville.
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CENTRE CULTUREL DE BELEM, LISBONNE
GREGOTTI ASSOCIATI & manuel SALGADO, 1992
PORTMANN Doris, Jean-Philippe SCHOPFER
Domus
Auteur: Vittorio Gregotti
Ed: Giovanna Mazzocchi Bordone
Belém est une petite ville sur la côte Nord du Tage. Depuis le 16ème siècle, elle est entourée d'une
architecture dite " Manuéline " dont les exemples typiques sont les monastères de Jeronimos.
Aujourd'hui on y voit un bâtiment moderne, séculier, en totale opposition avec l'ambiance
manuéline du site : Le Centre Culturel de Belém, élaboré par Vittorio Gregotti.
Ce centre est constitué de 3 éléments principaux sur 3 niveaux : Un musée avec une bibliothèque,
un théâtre, une salle des congrès. Le revêtement extérieur est en pierre de calcaire avec la partie
haute en acier blanc.
Les éléments principaux sont distribués par un axe central est-ouest, au dessus du socle, où se
situent les parkings pour environ 700 véhicules. L'ensemble de l'édifice s'étend sur 110'000 m2.
L'approche de l'axe central se fait par le square du côté est au rez-de-chaussée jusqu'à la cour
principale du 1er étage assez étroite et entourée de magasins.
Cette cour distribue le musée en passant par les entrées des 2 théâtres d'une capacité de 1500
personnes chacun, dont l'intérieur est en chêne. De loin, c'est le théâtre que l'on voit en premier
avec sa tour de 35 mètres de hauteur.
Le musée, avec ses galeries reparties sur les 3 niveaux, est la zone la plus large, donnant un
espace plus généreux et social. Dans sa partie Nord, des ouvertures zénithales amènent la lumière
sur la zone des expositions temporaires au 1er. Au dernier niveaux, le revêtement de sol est un
pavé typique des régions de Lisbonne nommé " calzada ".
L'axe central est coupé par des rampes orientées Sud Nord, de chaque coté du théâtre, amenant à
la cour centrale de l'édifice.
Au niveau des prolongements extérieurs, des terrasses au Sud donnent une magnifique vue sur le
Tage et les jardins au Nord font face au monastère et aux petites maisons des environs.
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EXTENSION DU PALAIS BELEM LISBONNE
João Luis, CARRILHO DA GRACA, 1997 - 2000
PORTMANN Doris, Jean-Philippe SCHOPFER
EXTENSION DU PALAIS BELEM
LISBONNE
Techniques et architecture
Hétérodoxie moderne Portugal 2003
n° 466, juin – juillet 2003
Edition jeanmichelplace
1
Horizon blanc de rigueur
Environnement naturel…
Le palais présidentiel de Belém est situé sur les bords du Tage, sur le flanc nord-ouest de Lisbonne.
Environnement construit…
Le palais présidentiel de Belém est situé à deux pas du centre culturel construit par Vittorio Gregotti
et Manuel Salgado en 1992, et aussi tout près du monastère Jeronimos du XVIe siècle.
Nouvelle extension…
La construction d’une nouvelle aile dévolue aux services de documentation et d’information implique
nécessairement de repenser l’ensemble.
Pour sa réalisation, l’architecte João Luis Carrilho da Graça a porté une attention toute particulière
au site, à sa topographie ainsi qu’à la morphologie de ce petit quartier.
2
Concentrée à l’arrière du palais, en bordure du jardin d’Ultramar, son intervention ne se limite pas
seulement à l’édification d’un bâtiment administratif fonctionnel, mais elle s’ élargit à la
réorganisation de lieux par la combinaison équilibrée de plateaux paysagers. Le parti architectural
est radical. Si l’essentiel des espaces disparaît sous un jardin suspendu, l’architecte affirme son
choix par un vocabulaire et un rendu minimaliste qui détonnent avec les volumes du palais.
Les nouveaux services administratifs occupent un élément horizontal de 60m de long, lisse et blanc
mat fabriqué avec du béton armé (1).
Immaculé et épuré, il incarne parfaitement l’architecture portugaise récente marquée par la
modernité. Sa finesse exprime une légèreté trompeuse, sa matière traduit une certaine abstraction.
Aucun effet d’ ornementation ne concurrence celle des ailes du palais présidentiel: ce pur à-plat de
lumière met en valeur le jardin supérieur créé par le terrassement du terrain. Depuis les salles du
palais, cette paroi dessine un nouvel horizon qui souligne les hauteurs de la colline de l’Ajuda.
Cette nouvelle construction ou cet écran établit une tension surprenante avec les anciens
bâtiments. Premièrement, il s’affranchit des règles de construction - l’écran est décollé du sol, sans
point d’appui visible (2) et deuxièmement l’emplacement ferme la composition au nord de la parcelle
comme achèvement du plan d’ensemble reportant à l’arrière l’accès au parking souterrain.
Le restaurant (3), en rez-de-jardin, bénéficie d’un éclairage indirect et glisse sous la faille
horizontale et vibrante par réflexion dans la ligne d’eau située à l’aplomb du champ du mur.
A l’extrémité est, le bandeau blanc est découpé et offre la seule vue cadrée depuis le nouveau
bâtiment vers les bâtiments anciens (4). La différence de niveau correspond au gabarit des espaces
semi enterrés.
Les bureaux (5) sont alignés et mono orientés à l’Est, et bénéficient d’un bandeau vitré sur toute la
hauteur.
3
4
La composition graphique du jardin supérieur révèle le plan des services en sous face:
• Une haie de lavandes marque la bordure
• Un patio éclaire la bibliothèque et la salle de conférence
• Des arbustes alternent avec des lanterneaux qui ponctuent le long corridor central
• A l’ouest, une ancienne fontaine est incluse dans la composition graphique.
Les détails du palais sont extrêmement soignés. Le choix des matériaux est sensible. Le traitement
intérieur minimaliste est judicieusement ponctué de touches de couleur qui vibrent au gré de la
lumière maritime de Lisbonne.
5
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Programme:
Centre de documentation et d’information
du Palais de la Présidence de la
République
SHON:
Projet:
Construction:
5’000 m2
1997 – 1998
1999 - 2002
6
Coupe transversale a-a sur le bâtiment. En vue l’élément horizontal de 60m long
Coupe Longitudinale b-b sur les bureaux, salle de conférence et le patio
7
Plans du rez-de chaussée
Plans du rez-de-jardin supérieur
b
7
Le pliage du voile béton en U forme une
double hauteur à l’extrémité.
8
7
1
a
a
2
3
4
6
6
Depuis les salons du palais, l’écran
suspendu dans le jardin souligne fortement
la colline de l’Ajuda
9
4
Légende:
5
b
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1 Gymnase
2 Archives
3 Bibliothèque
4 Patio
5 Salle de conférence
6 Bureaux
7 Restaurant
8 Serre
9 Fontaine
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ECOLE NORMALE SUPERIEURE DE SETUBAL
Alvaro SIZA, 1986-1995
DE ROSA / DI STEFANO
ALVARO SIZA
Philip Jodidio
Edition Taschen, 1999
EL CROQUIS alvaro siza 68/69
Paloma Poveda Cabanes
El croquis editorial, 1994
ALVARO SIZA
Editorial Blau, LDA, 1995
Mário Chaves
Editorial Blau, LDA, 1995
Située sur la rive nord d’un profond estuaire formé par le Sado, la Marateca et le São Martinho,
aujourd’hui troisième port du Portugal, la ville de Setubal compte environ 80'000 habitants.
Située sur une colline qui domine les quartiers du centre, l’Ecole normale supérieure est entourée
d’arbres et de pelouses, ce qui donne l’impression qu’elle est implantée dans un parc. Celle-ci est
accessible par une voie peinte d’un rouge chaleureux rappelant l’architecture de Luis Barragàn que
Siza admire. Au nord-est, au bord du chemin circulaire bordant la parcelle, se trouve le parking. On
rentre dans le complexe, en suivant des murets qui nous mènent jusqu’à l’entrée du bâtiment. On
accède au bâtiment en empruntant deux rampes, l’ une desservant le pavillon du concierge et la
seconde menant les visiteurs dans la cour principale couverte d’une toiture en pente.
Le bâtiment, conçu en forme de H crée deux patios dos-à-dos, d’ échelles différentes. La structure
du bâtiment est en béton et les façades sont crépies.
Les deux ailes, où sont disposées les classes sur deux étages, sont composées d’un portique
extérieur en continu, la façade perpendiculaire à celles-ci est composée de deux volumes en saillie
servant de réception. Ces trois façades forment la cour principale qui délimite l’atrium public.
Cette cour centrale est gazonnée, ornée d’un seul et unique grand arbre qui pousse pratiquement
dans l’axe central du projet.
L’amphithéâtre, la salle de musique, la salle de gymnastique et l’habitat du concierge sont collés à
la façade nord-ouest et sont connectés à l’école grâce à une galerie, contrairement à d’autres
pavillons tels que locaux sportifs, loge, garages et locaux de service qui sont des pavillons
indépendants et séparés du complexe scolaire.
La bibliothèque et la cafétéria se situent sur le flanc de l’atrium formant ainsi une seconde cour
légèrement surélevée, surplombant le paysage des champs destinés à l’exploitation agricole. Celleci peut être accessible depuis le sud-ouest.
La forme des cours ainsi que leurs divers volumes s’adaptent aux différentes activités de l’école.
Ces cours s’intègrent bien dans le complexe, ce qui génère une totale homogénéité. Cette stratégie
crée une hiérarchie spatiale à travers le complexe et une relation particulière avec le paysage.
Les façades sobres et élégantes contrastent avec un intérieur plus détaillé.
A l’intérieur du bâtiment, on trouve d’agréables salles d’enseignement, donnant sur la cour, et
d’autres éléments plus inattendus, comme l’entrée principale et l’escalier qui mène à l’étage. Les
fenêtres créent un jeu de lumière en amenant des qualités et des couleurs différentes tout au long
de l’année. Le plafond ondulé joue avec la trajectoire de la lumière du soleil.
Pour ce projet, Alvaro Siza a apporté une attention particulière aux coûts de construction et de
maintenance. Il a essayé d’obtenir les prix les plus bas possible.
Le concept du projet a été d’obtenir un système orthogonal et modulable garantissant la simplicité
et l’économie. L’architecte a démontré que malgré un programme rigoureux, on peut créer des
espaces flexibles contenant un système de distribution simple et une structure modulable qui
permettrait dans le futur de changer ou de créer de nouveaux espaces.
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Plan de situation
Esquisses
Plan rez-de-chaussée
Coupe transversale
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NOSSA SENHORA DO COBO
COBO ESPICHEL, 1707
DZOUALI YVES THIERRY, MASTELLI DAMIEN
NOSSA SENHORA DO COBO
ESPICHEL
CASABELLA , N° 695/696
SITE INTERNET
•http://www.portugalmania.com
•http://www.alquimista.ne
Le Cap Espichel est au sud de Lisbonne à environ 45 km en voiture. On peut s’y rendre soit en
longeant la "Costa da Caparica" et ses impressionnantes plages de sable fin s'étirant à perte de
vue, soit par l’intérieur des terres, en direction de Setubal, puis de Sesimbra. Par cette seconde
voie, une forêt de pins vous accompagne sur des routes sinueuses mais très agréables. Vous
pourrez y découvrir au gré du hasard, des zones entières de somptueuses villas, des petits lacs,
et d’authentiques villages. Sesimbra elle-même est une charmante station balnéaire assez
animée. Tous les ans, un pèlerinage se déroule dans la dernière semaine de juillet depuis ce
village jusqu’au Cap Espichel, à la pointe extrême de la péninsule.
foto
L’église de Cabo Espichel joint deux conditions: géographique et culturelle. D’abord il symbolise
à la fois une arrivée, la fin d’un chemin. En effet il est sur les terres les plus à l’ouest du
continent européen. Mais Cabo Espichel est également l’emblème d’une condition de passage
pour les intrépides marins qui partaient à la conquête du Nouveau Monde. Il se pose comme un
navire échoué sur son promontoire. Fortement intégré dans le milieu côtier, il se dresse comme
un obstacle inébranlable à l’érosion qui brise ses falaises abruptes.
L’église fut construite en 1707 suite à une apparition de la Vierge Marie. Huit ans après sont
construites les ailes latérales bordant l’arraial (place centrale) qui sont destinées à l’accueil des
pèlerins. L’ensemble dispose de 40 chambres au rez-de-chaussée et 39 chambres au 1er étage
en plus des écuries, d’un réfectoire et même d’un petit théâtre. Terminé en 1770, l’aqueduc qui
arrive du dernier village fait penser à une épine dorsale qui affleure la terre sauvage. Aujourd’hui
une restauration partielle redonne la splendeur à l’église et a permis la reconstruction des
arcades de l’aile sud. Mais il ne reste plus rien des intérieurs. Malgré sa détérioration, le
sanctuaire reste impressionnant, presque magique. Abandonné depuis des siècles, il est
souvent décrit comme étant l’un des bouts du monde, ce qui induit un profond respect. Un
harmonieux équilibre se dégage toujours entre la simplicité de cette architecture et ce cadre
naturel de falaises, de lumières et de vents faisant de ce promontoire un site tout à fait
particulier. Ses portiques sont d’un style très simple mais ils ont eu une influence très grande sur
la
naissance
de
l’architecture
contemporaine
dans
tout
le
Portugal.
L’arraial, le grand espace allongé en terre battue qui constitue le cœur de l’ensemble est
visiblement un point d’arrivée qui représente la fin d’un voyage symbolisant ainsi le rôle de
l’église Nossa Senhora do Cabo, autrefois l’étape finale d’un pèlerinage. L’arraial rappelle une
place ou un cloître mais plus qu’autre chose il évoque une route qui dans sa partie terminale
offre protection et abri, comme s’il voulait accueillir le chemin. Il sépare deux mondes : l’un est
l’incertain, l’océan, l’horizon infini et les terres lointaines, et l’autre est constitué par le continent
et ce qui y est familier. Cet édifice est donc un avant-poste du territoire portugais.
Si Cabo Espichel représente la fin d'un parcours, l’ensemble du sanctuaire est conçu comme un
petit parcours sacré avec ses stations et ses propres trajets. Comme par exemple, à la "casa da
agoua" qui ferme la perspective de l’arraial et ressemble à une chapelle entourée des ruines. La
croix de pierre qui mesure le grand espace de l’arraial en se plaçant exactement sur son axe
central à la hauteur de la dernière arche de l’aile la plus longue pour montrer le chemin de
Santiago. Il y a encore bien d’autres parcours d’expiation et de prière. La chapelle de style arabe
encastrée dans la falaise avec une petite terrasse pointe vers Lisbonne. La chapelle n’a qu’une
pièce
recouverte
de
peinture
qui
raconte
l’histoire
du
sanctuaire.
Le sanctuaire se prête bien au décor de films. Il a d’ailleurs été utilisé pour "Nuit Sauvage" de
Cyril Collard qui se termine dans ce lieu en inondant de lumière le principal protagoniste pour le
restituer symboliquement à la nature et à la vie justement quand son voyage touche à sa fin, et
qu’il approche du plus difficile des passages.
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"A cet âge, on est radical"
Du côté de "L'Ecole de Porto"...
J. M. GIGANTE, J.A. ROCHA, F. PORTUGAL e GOMES.
Institut portugais des Télécommunications, Porto, 1993-95.
En périphérie presque rurale, résistance à la déqualification
architecturale: un bloc homogène en béton,
métal et verre, sur jardin.
Entretiens avec
Fernando Tavora,
Alvaro Siza, Gonçalo Byrne,
Eduardo Souto de Moura et
João Alvaro Rocha
"Auquel de nous trois serait elle confiée la réalisation (1993-1997) d'un
Techniques & Architecture
N° 466, 2001
immeuble de bureaux à Porto où chacun aurait son agence? A Tàvora, Siza
ou à moi? Siza, plein de sagesse dit à Tàvora, son aîné, maître et ami, qu'il
convenait de laisser cela au plus jeune." Eduardo Souto de Moura se mit donc
au projet: un bloc comme il aimait à en faire alors, planté au milieu des petites
maisons sur la pente dominant le Douro. "A cet âge, on est radical" dit l'ancien
qui saurait préféré un bâtiment plus intégré, fragmenté. C'est au restaurant, juste
de l'autre côté du fleuve, où ils se retrouvaient parce que le poisson y est fameux,
que Siza, ne s'étant qu'en apparence retiré des querelles amicales entre
générations, dessina ce que l'on voit aujourd'hui: un bloc, mais qui s'ouvre un peu,
dévoilant trois éléments bornant un patio, brèche ouverte sur le fleuve. " Un
projet né de trois époques et d'une main sûre. "
Le temps a passé et Souto de Moura qui relate cette histoire, regarde venir une
nouvelle génération d'architectes. Lui n'a pas connu " le monde extérieur " aussi
tôt qu'eux. Il se réjouit de cette ouverture, qui est leur chance. Il avait 22 ans en
1974, le Portugal s'ouvrait enfin, l'architecture c'était Siza et les maîtres portugais.
Quant au pays, il était ce "rectangle" coupé de l'Europe qui bientôt, avec l'apport
d'argent de la Communauté européenne, allait être profondément bouleversé.
Souto de Moura a vécu les effets psychologiques de la transformation du Portugal
Pour les " maîtres de Porto ", la nouvelle
génération d'architectes au Portugal ne
semble ni tout à fait la même que la
précédente, ni tout à fait une autre.
L'identité du pays, ses nouvelles
conditions économiques et sociales, le
chaos urbain sont au coeur du débat.
Inscrite dans un processus historique et
mobilisée par quelques phénomènes
décisifs
la permanence moderne, "
l'Ecole de Porto ", l'avènement de
l'Europe, le démantèlement du territoire,
le mythe Siza et l'art de la matière, la
production
architecturale
nouvelle
ouverte au monde, aux influences suisses
surtout, peut-elle être tenue encore pour
portugaise?
par la construction d'infrastructures et d'un réseau autoroutier sans précédent:
l'émergence quasi spontanée d'un nouveau pays. "Pour Porto, Lisbonne, c'était
le sud, lointain. Désormais, il faut trois heures d'autoroute. On voit une expo
à la fondation Gulbenkian, on dîne sur place et on rentre avant minuit (...) Je
viens d'accepter un travail dans le nord, à Valença do Minho, à une heure de
Porto. Autrefois, aller là bas était une aventure. Maintenant, il nous arrive de
Eduardo SOUTO de MOURA:
Logements à Maia, Porto, 1998-2001
Dans un ensemble résidentiel, un des immeubles
est précisément carrossé par les transparences
aléatoires de pare-soleil en lamelles d'aluminium.
passer le week-end à Borba dans l' Alentejo. C'était inimaginable avant. Je
n'ai pas grandi avec ça. " Dans ce nouvel espace temps, l'architecte distingue
d'autres distorsions dont celle d'une société qui se croit riche à présent, alors que
le pays demeure pauvre comme il l'a toujours été, fondement selon lui de sa
pérennité dans l'histoire et de sa souveraineté: "Nous avons toujours été
pauvres et le Portugal s'en est toujours sorti. C'est l'histoire d'un pays fait
de pierre et de mauvais bois qui est quand même parvenu à construire des
bateaux et à partir pour les Grandes Découvertes. Et il l'a fait parce qu'il
fallait manger. "
Avec la fin programmée de l'aide européenne (échéance 2006), le Portugal
connaît l'amertume de la crise et de la rigueur qui l'avaient, jusqu'ici, épargné. Peu
de temps après son arrivée au pouvoir en avril 2002, la coalition cente droit et
droite du gouvernement a ramené en six mois les 4,1 % de sa dette - taux le plus
élevé de l'Europe - à 2,6 %. Les effets ne se sont pas fait attendre: une importante
crise de l'emploi, un démantèlement dans bien des secteurs de la société et de
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"A cet âge, on est radical"
l'économie dont celui de la construction. Des projets ou des travaux en cours sont
en suspens, nombreux sont les ateliers d'architecture qui se plaignent de n'être
pas payés.
On assiste à des phénomènes symptomatiques, inédits et paradoxaux pour ce
"miraculé économique" que les spécialistes proclamaient hier pourvoyeur de main
d'oeuvre: on voit affluer une communauté ukrainienne dans les grandes villes,
Lisbonne, Sétubal, Porto; pendant que la demande de visas portugais pour
l'Angola, ancienne colonie a augmenté à 1200 dossiers par mois. Phénomènes
conjoncturels ou durables?
Pour Fernando Tàvora, le Portugal, aujourd'hui comme hier, existe "à côté" - à
côté des courants, des mouvements de l'histoire globale. Il a donné jour à une
production architecturale unanimement reconnue, individualisée et multiforme,
que par commodité, on a appelé "l'Ecole de Porto". Des circonstances
particulières comme la dictature (1926-1974) un pouvoir incapable, dès la fin des
années 1940, d'orienter le pays vers la modernité, préférant l'aliéner à une vision
impériale, expliquent en partie l'existence à Porto, privé de la commande
officielle, d'un mouvement culturel teinté d'idéologie. Gonçalo Byrne, architecte de
Lisbonne né en 1941, personnalité très connue au Portugal, éclipsée sans doute
par les succès de " l'Ecole " et de Siza, est un témoin capable d'expliquer, depuis
la capitale, la réussite de cette tendance de Porto que l'on dit "portugaise".
" Ils ont essaimé (je devrais dire: Siza a essaimé) ce que Venturi a décrit plus tard
dans Complexity and contradictions in architecture: "une alternative hétérodoxe
au mouvement moderne. Cette hétérodoxie est typique de la culture portugaise;
quelque chose de pragmatique, anthropologique, sensible au paysage, minimal si
l'on veut, plus que théorique, méthodologique ou dogmatique. Il y a eu avant cela,
le travail de Tâvora bien sûr, qui a notamment mené au début des années 1960
une enquête sur l' architecture populaire au Portugal, laquelle démontrait que "la"
maison portugaise n'existait pas, mais qu'il existait bien des types.
Le pouvoir était confondu par ce genre de démonstration, comme l'ont été un peu
plus tard, les épigones du moderne à Lisbonne qu'agaçaient les considérations
de ceux de Porto". "
Gonçalo Byrne travaille et a été formé à Lisbonne auprès de Teotonio
Pereira et Nuno Portas, mais " le coeur tourné vers Porto ".
Il émet quelques critiques en direction de la "petite école", devenue une véritable
institution. Elle a fait de sa légendaire marginalité, de la "faiblesse théorique" dont
elle s'honore, un dogme, une raison en soi, "un langage pour éterniser la grande
époque et ses grands hommes ". Mais elle a su se doter de rhétoriques qui
l'enrichissent: le chaos de la ville contemporaine, ses émergences, ses fragments
ou les dialogues tranchés avec le patrimoine... Gonçalo Byrne regrette "la perte
de fraîcheur du grand essor d'attention et de recherche qu'a été l'Ecole (...) et le
mauvais usage qui est fait de Siza dont on retient les formes magnifiques,
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"A cet âge, on est radical"
mais pas leur mode de production
une façon de réfléchir, de regarder les
problèmes et d'y répondre avec une énorme sensibilité, une capacité d'adaptation
et surtout un sens critique. Tout ce qu'il ne suffit pas, en l'absence de théorie,
d'imiter ou de transformer en recette". Il ose la question: "Les architectes
doivent-ils continuer de répondre à la ville contemporaine dans la situation où elle
Alvaro SIZA
projet en cours pour la fondation Ibere Camargo
(exposition, auditorium, librairie),
Porto Alegre (Bresil).
Insription dynamique dans la pente,
circulations en plans inclinés
autour d'un grand atrium, et fluidité des espaces.
se trouve, en pensant l'architecture comme un objet aussi beau soit-il ? ".
Voilà longtemps que Siza, pressenti comme chef de file, a décliné l'avance. Il
rejoint même les critiques envers l'institution, parle d'"académisme" de l'Ecole
soucieuse de "respectabilité" et concédant du terrain aux "conformismes".
Il fustige aussi "l'activité créatrice de l'Ecole mise entre parenthèses".
De cette fameuse qualité portugaise, Siza regrette qu'elle ne soit visible
qu'au titre d'exception au travers d'oeuvres individuelles qui, toutes
générations confondues, ne manquent pas.
"Mais la question n'est pas là! " .
Il pointe la perte de contrôle sur le paysage consécutive aux directives
européennes qui ont sacrifié la petite agriculture du pays et à quoi rien d'identifié
ne s'est substitué, sinon des plans directeurs dessinés à la hâte le long des axes
routiers ou aux confins des villes, des horizons urbanisés sans échelle, sans
respect des gens. "Les objets peuvent être plus ou moins réussis, mais le plus
grave est la dévastation du territoire, le ratage de cette discipline qu'est l'utilisation
de la terre, en dépit des savoirs et de l'expérience accumulés (...). Nous assistons
à la fin d'un ordre des choses qui préfigure peut être autre chose, que nous ne
connaissons pas encore. Et sans doute était-ce inévitable. Mais dans l'immédiat la
qualité est marginale et nous sommes devant un désastre". Il étend le constat de
la faillite à l'échelle de l'Europe, et regrette que les motifs d'intervention sur la ville,
même soutenus par des volontés politiques, économiques et sociales, finissent
par sombrer faute de volonté culturellement ancrée. Il confie avoir retrouvé cette
énergie vitale à Porto Alegre, au Brésil, pour le projet de la Fondation Ibere
Camargo dont le chantier commence. "On sent là-bas un profond renouveau,
beaucoup d'espace et d'énergie collective qui vont au delà de l'architecture. Je ne
dirai pas cette société exemplaire - la misère y est trop importante - mais j'ai
perçu une capacité transformatrice telle que le projet s'en est trouvé porté. Il
semble qu'en Europe, à l'exception de l'Espagne qui connaît momentanément une
période faste, les projets les plus transformateurs manquent de cette spontanéité.
La récupération des centres historiques par exemple, qui s'en soucie vraiment?
Elle est devenue un alibi. Ça ne vient pas du ventre du fond. Ça n'a rien
d'authentique et je le regrette. Je pourrais dire la même chose de ce qui s'est
passé en France, à Montreuil. Le projet ne se fait pas en définitive, après dix
années de présence et avec pourtant le concours du politique, de la critique et de
l'opinion. Je regrette ce manque d'énergie qui fait qu'après bien des efforts, tout
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s'annule et s'évanouit. "
Distinguer de l'ensemble de la profession et de la production jeunes architectes et
nouvelles tendances, Siza ne le souhaite pas. Il relève cependant, et pas
seulement chez les jeunes, une indifférence à la complexité de la discipline
générée par "l'anxiété d'exister comme auteur, le besoin compréhensible
d'affirmation de soi et le grand individualisme de chacun ". Il redoute que cet état
d'esprit n'entraîne l'effacement de l'histoire, la méconnaissance des repères
anciens et plus récents, ces fondements de l'architecture qui sont nécessaires à
son évolution.
Fernando Tavora se souvient de ses tentatives d'accrocher à ses premières
maisons une expression moderne de "type Le Corbusier ". Il en rit: "Rien à
voir avec Porto, n'est ce pas? ". Il se souvient des influences américaines de son
diplôme " la maison sur la mer " (1952), des Ciam dans lesquels il représenta le
Portugal. A 80 ans, ce grand pédagogue regarde avec intérêt la nouvelle
architecture portugaise. Certes, il regrette l'uniformisation par les modèles puisés
dans les revues sans grand effort critique, qui aliène les possibilités qu'offrent les
situations concrètes. Lui qui a rêvé à un idéal d'enseignement au point de
sacrifier sans doute une oeuvre personnelle plus importante, déplore que la
multiplication du nombre d'écoles et d'étudiants ne soit pas synonyme de qualité,
pas plus pour la pédagogie que pour l'espace. Mais il identifie ce qui distingue la
nouvelle architecture au Portugal: "La maîtrise de l'échelle, la pérennité des
matériaux traditionnels dans la construction contemporaine et cette façon bien
portugaise de travailler les matériaux sophistiqués qui nous parviennent
désormais, même si nous ne disposons pas des systèmes constructifs qui vont
avec. Une façon nouvelle d'être artisanal".
Cette dialectique artisanat industrie est reprise par Joào Alvaro Rocha, pas
encore très vieux ni plus tout à fait jeune. " Les architectes suisses exercent
une grande influence sur les nouvelles générations au Portugal. Mais nous
travaillons dans une perspective particulière. Alors qu'ls veulent transformer leur
capacité industrielle et technique pour donner à leurs oeuvres une valeur
artisanale, nous devons quant à nous essayer d'industrialiser notre capacité et
notre tradition artisanales. Car ce qui importe, l'instant décisif, c'est la façon dont
on manipule le matériau. Sil existe une "manière" portugaise - et Siza est
exemplaire à ce titre - c'est d'incorporer, d'utiliser tout ce qui se présente, de
nous adapter avec nos arguments aux nouvelles conditions de production. "
Eduardo Souto de Moura tente aussi d'élucider cette influence de l'architecture
suisse auprès de ses plus jeunes confrères qu'il aime "pour leur franchise et leur
audace ". Influence qu'ils lui doivent d'ailleurs en partie, car il a été le pourvoyeur
au Portugal des idées et des travaux de cet autre petit pays. (A noter que le
Tessin de Snozzi et de l'Ecole polytechnique de Lausanne est aussi depuis
longtemps en contact avec l'Ecole de Porto). Après le passage des modernes et
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la faillite du postmodernisme, Souto de Moura a trouvé auprès de personnalités
comme Jacques Herzog et Peter Zumthor "l'air frais d'une troisième voie" qui
pouvait souffler sur le Portugal. Ce qu'il tait, mais qu'il faut entendre, c'est que
cette rencontre avec les Suisses fut opportune aussi pour sa propre recherche
que la présence si proche de Siza pouvait rendre moins autonome. Siza et la
Suisse - dans cet ordre - sont, selon lui, " les deux premières conditions de la
nouvelle architecture portugaise ".
" Avec Herzog, Zumthor et d'autres, on a vu qu'il était possible d'être contemporain
avec la tradition. Non pas que nous soyons attachés plus que quiconque à elle,
mais parce qu'elle demeure notre condition réelle. Les architectes suisses ont
réussi des croisements qui semblaient incompatibles entre traditions locales,
universelles et modernes. J'ai compris et beaucoup de jeunes aussi, qu'il est
inutile chez nous de faire high tech, parce que nous n'en avons pas les moyens.
Ici, le futur ne tient pas dans le débat global contre local. Les Portugais ont une
culture du métissage une compréhension du concept de "local" à l'intérieur comme
à l'extérieur du pays (...) Tout le monde, je crois, a en tête la chose la plus
naturelle au monde qu'ont inventé les Suisses: la boîte avec sa peau qui varie en
fonction des circonstances. Cette solution est très pragmatique et la nouvelle
génération aussi, pas comme celles d'avant, plus tourmentées, qui buvaient du
café toute la journée, fumaient toute la nuit et pensaient la tête dans les mains. "
Alvaro SIZA.
Esquisse pour une maison réalisée en 2002
à Oostende en Bélgique.
Le nouveau bâtiment est le duplicata du gabarit
d'un corps de ferme, avec ouvertures
surdimensionnées, bardage bois, couverture
de zinc, poétique subtile dans le plat pays.
"A cet âge, on est radical" disait alors le maître au plus jeune. A présent, ne
l'étant plus, celui-ci poursuit une chose qui lui semble plus essentielle "la na
turalité ", " comprendre la relation énergétique des choses entre elles ". De l'art de
devenir, un beau jour, un ancien.
Fernando TAVORA.
Faculté de Droit de Coimbra, 1994-2000.
Extension du bâtiment historique:
le nouvel amphithèâtre est couvert
par une grande terrasse, les élèments
fonctionnels neufs, les matières nobles
affirment l'époque contemporaine.
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Des mots de rien du tout
Alvaro Siza
Des mots de rien du tout
Chiado : ce qu'Il est, ce qu'Il sera...
Publications de l'Université
de St-Etienne
Ce qu'il est
Des ruines. Des façades décharnées et des trous que de très vieux murs de soutènement libèrent comme autant d'entrées à de mystérieuses galeries.
Un squelette très beau et incomplet, un objet froid et abstrait que révèle Lisbonne. Une sorte de miroir qui ne reflète pas. Et des gens pressés, d'autres
qui regardent les pierres, les grues, les ouvriers.
Ce qu'il peut être
Une plaque tournante. Un palier pour s'arrêter, un passage obligé. Une apparition d'où l'on voit le paysage.
Chiado essentiel, énorme, qui surplombe la rue do Crucifixo.
Ce qu'il ne pourra jamais plus être
Emouvante, fascinante machine où le passé est présent, où tout a le charme d'une ruelle - poussière dorée à la tombée du jour, graffitis délavés, éclats
et fractures - le charme du kitsch et du démodé, celui aussi des ordures et des ambiances asphyxiantes, d'un joint fumé en cachette et d'un fugitif coup
d'oeil sur le Tage.
Des plaques commémoratives avec des noms oubliés, des collages d'un style incertain, des puits de lumière laissés à l'abandon, avec des animaux et
des plantes bizarres, décadence.
Nostalgie de ce que j'ai à peine connu. Alçada Baptista raconte tout cela et plus encore.
Ce qu'il sera
Semblable à ce qu'il était ? Il y a une part d'inauthenticité inévitable.
Un semblant de maquette délibérément exposée au temps et capable de se dissoudre.
Dans la rue Garrett, à gauche et en arrivant à l'hôtel Chiado, on remarque un magnifique portail de calcaire, de métal, de bois, de verre et de miroirs.
Ce portail ouvre sur une haute galerie avec de la lumière au fond. L'envie d'entrer malgré l'absence de néons, de panneaux publicitaires, de haut
parleurs et de "marches" populaires.
Une lumière naturelle découpe la façade austère de style pombalino, des gens traversent la galerie à contre jour. Pénombres et reflets. Au fond
réapparaît la façade de l'hôtel, hybride et encore une fois altérée, sans éclat particulier, comme au cours des dernières années. Ce qui fut autrefois une
église ouvre les bras et lève la tête. On devine les ambiances tièdes derrière les rideaux. Les fenêtres répétées scandent avec régularité l'opacité du
mur de calcaire. Il y a des portiers en uniforme, des habitants, des hommes d'affaire, des couples, des étrangers, des vendeurs de livres pornos, des
bars, des restaurants, des tapisseries et des dorures, de la musique sur le silence.
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Des mots de rien du tout
Chiado - Etudes des Rampes
Aux fenêtres des étages supérieurs, rien, sinon un ou deux clients de l'hôtel qui écartent le rideau, et veillent d'un regard inquiet.
Et ce regard remplit l'espace.
La foule traverse la rue Nova do Almada en un torrent qui relie l'escalier de Saô Francisco à l'escalier Novissima, descend la rue do Crucifixo et se
divise à l'entrée du métro du marbre noir et rose sur les fenêtres libérées, une porte qui ne paraît pas être neuve, rapidement devenue familière.
La rue Crucifixo est moins triste, il y a des antiquaires, des coiffeurs, des bars et des bazars, des fleuristes et des libraires. Au fond, une des
entrées de l'hôtel, des voitures qui sortent du parking, et le Grandella au coeur de tous les va et vient, de bas en haut et de haut en bas, animé de
toutes parts, jusqu'à sa façade lumineuse qui donne sur la rue do Carmo avec, entre des sculptures refaites par les Beaux Arts tout proche, de
grands vitraux.
Est ce que tout est pareil ?
Il y a des gens sans illusion, les vitrines sont monotones et, dit on, il manque une touche de modernisme. Ceux qui regardent mieux et plus encore
ceux qui vivent là, remarquent le double chassis des fenêtres et bien d'autres choses. Ceux que l'impatience de jouir de la ville distrait, passent
sans rien voir. Et c'est très bien comme çà.
Et ce portail ? Un trou violent sans face ni moulure, un trou tout à coup, une sorte d'entonnoir imparfait qui enveloppe un escalier qui fût précieux
avant l'usure du temps. Le temps, sculpteur de formes aléatoires, de cicatrices étranges sur l'enduit.
Dans l'air, suspendue, la passerelle de l'ascenseur d'où l'on devine la ville haute. Lumière au bout de la galerie couverte de verdure et de lilas,
comme dans un tableau de Malhoa, des silhouettes, des chaises en bambou et des boissons de couleurs étranges, le poids des murs de
soutènement. Au coucher du soleil, les gens qui habitent au-dessus ouvrent leurs fenêtres ou bien traversent le patio do Carmo, accèdent aux
rampes, s'arrêtent sur les paliers.
La ville monte lentement, veille encore et soudain déchire le voile - Tage, Paço, pauvres îlots rigoureux, château, Rossio.
Les ogives du couvent explosent. Quelqu'un rappelle, amusé, l'autre prévision.
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Construire une maison
Alvaro Siza
Des mots de rien du tout
Publications de l'Université
de St-Etienne
Construire une maison est devenu une aventure.
Il y faut de la patience, du courage et de l'enthousiasme.
Le projet d'une maison se manifeste de différentes façons. Parfois subitement, d'autres fois lentement, péniblement.
Tout dépend des possibilités que l'on a et de sa propre capacité à faire avec les stimulations qui se présentent, difficile et seul soutien dont l'architecte
se saisit, comme d'une canne.
Le projet d'une maison est pareil, ou presque, à n'importe quel autre murs, fenêtres, portes, toit.
Et pourtant il est unique. Au gré de sa transformation, chaque élément se combine aux autres.
A certains moments, le projet acquiert une vie propre.
II se transforme alors en un animal d'humeur changeante, jambes tremblantes, yeux inquiets.
Si ses transformations ne sont pas comprises ou si ses désirs sont satisfaits plus qu'il ne faut, il devient un monstre.
Si l'on ne fixe de lui que ce qui paraît évident et beau, il devient ridicule. Si on le retient trop, il cesse de respirer, il meurt.
Le projet est à l'architecte ce qu'est le personnage d'un roman à son auteur : il le dépasse constamment.
Il ne doit pourtant pas le perdre. Le dessin le traque.
Mais le projet est un personnage aux multiples auteurs et ce n'est qu'ainsi assumé qu'il devient intelligent.
Dans le cas contraire, il est obsédant et dépourvu de pertinence.
Le dessin est le désir d'intelligence.
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VOCABULAIRE
PORTUGAL
Le Guide Vert
Michelin
Abside : extrémité arrondie d'une église, derrière le choeur.
Ajimez : baie géminée.
Altar mor : maître autel.
Arbre de Jessé : représentation de la généalogie du Christ qui descendait de David, fils de Jessé.
Arc en tiers-point : arc brisé dans lequel s'inscrit un triangle équilatéral.
Arc outrepassé : arc en fer à cheval.
Arc triomphal : dans une église, arcade se trouvant à l'entrée du choeur.
Arcature lombarde : décoration en faible saillie, faite de petites arcades aveugles reliant des bandes verticales.
Caractéristique de l'art roman.
Artesonado : plafond à marqueterie où des baguettes assemblées dessinent des caissons en étoile. Décor mauresque, né
sous les Almohades.
Atlante (ou télamon) : statue masculine servant de support.
Atrium : dans la maison romaine c'était le patio.
Azulejos : carreaux de faïence vernissée.
Cadeiral: désigne l'ensemble des stalles.
Campanile : clocher isolé, souvent près d'une église.
Castro : du latin castrum : ville fortifiée d'époque romaine ou préromaine et aussi camp romain, destiné à retarder l'assaillant.
Chicane : passage en zigzag ménagé à travers un obstacle.
Chrisme : monogramme du Christ, formé des lettres grecques khi (X) et rhô (P) majuscules, qui sont les deux premières
lettres du mot Christos.
Churrigueresque : dans le style des Churriguera, famille d'architectes espagnols du 18e s. Désigne un décor baroque
surchargé.
Citânia : terme désignant dans la péninsule Ibérique les ruines de forteresses romaines ou préromaines.
Coro: lieu réservé aux chanoines ou autres membres du clergé dans une église. Endroit où se trouvent les stalles.
Dôme : toit galbé, le plus souvent hémisphérique, surmontant la partie la plus haute d'un édifice.
Empedrado : pavage caractéristique des trottoirs et des ruelles portugaises, constitué de pierres de types et de couleurs
différents afin de former un motif décoratif.
Enfeu : niche pratiquée dans le mur d'une église pour recevoir une tombe.
Entablement : couronnement horizontal d'une ordonnance d'architecture comprenant une corniche, une frise et une
architrave.
Gâble : pignon décoratif très aigu.
Gisant : effigie funéraire couchée.
Glacis : talus d'un ouvrage fortifié en pente douce (où l'on glisse comme sur de la glace).
Grotesque : de grotta (grotte en italien) : nom donné aux ornements fantastiques utilisés pendant la Renaissance, inspirés
des monuments antiques italiens.
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VOCABULAIRE (suite)
Lavabo : dans un cloître, fontaine destinée aux ablutions des moines.
Levada : canal d'irrigation coulant entre des remblais, ou levées.
Modillon : petite console soutenant une corniche.
Moucharabieh : grillage en bois tourné placé devant une fenêtre.
Mourarla : ancien quartier maure.
Mozarabe : se dit de l'art des chrétiens vivant sous la domination musulmane après l'invasion de 711.
Mudéjar : se dit de l'art des musulmans restés sous le joug chrétien après la Reconquête et caractérise les ceuvres (13e au
16e s.) où interviennent des réminiscences mauresques.
Ostensoir : custôdia : pièce d'orfèvrerie composée d'une lunule en cristal entourée de rayons servant à exposer l'hostie
consacrée.
Padréo : monument commémoratif élevé par les Portugais sur les terres qu'ils découvraient.
Péristyle : colonnes disposées autour ou en façade d'un monument.
Plateresque : style né en Espagne au 16e s., caractérisé par un décor finement ciselé rappelant le travail des orfèvres d'où
son nom venant de plata : argent
Prédelle : partie inférieure d'un retable.
Pulpito : chaire.
Remplage : réseau léger de pierre découpée garnissant tout ou partie d'une baie, d'une rose ou la partie haute d'une fenêtre.
Retable : architecture de marbre, de pierre ou de bois qui compose la décoration de la partie postérieure d'un autel.
Rinceaux : ornements de sculpture ou de peinture empruntés au règne végétal et dormant souvent une frise.
Rococo : style qui succéda à la fin du 18e s. au style baroque. Comme celui ci, il se i aractérise par le goût des ornements
avec plus de joliesse mièvre.
Salomonique : nom donné aux colonnes torses décorées d'un réseau végétal.
Sé : du latin sedes qui signifie siège. Désigne le siège épiscopal, donc la cathédrale.
Sphère armillaire : globe formé de cercles symbolisant la course des astres. Elle est très représentée dans l'art manuélin et fut
l'emblème du roi Manuel.
Stuc : matière que l'on peut mouler, composée principalement de plâtre.
TaIha dourada : boiseries sculptées et dorées, caractéristiques de l'art baroque portugais.
Triptyque : ouvrage de peinture ou de sculpture composé de trois panneaux articulés pouvant se refermer.
Les mots en italique gras sont en portugais ou en espagnol
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Gonçalo SOUZA BYRNE
Gonçalo Souza BYRNE
Dictionnaire de l'architecture
du XXème siècle (IFA)
Né en 1941 à Alcobaça, Portugal
Architecte établi à Lisbonne. Actif au Portugal depuis 1970.
Diplômé de l'École supérieure des beaux arts de Lisbonne en 1969, Gonçalo
Byrne effectue d'abord un stage avec Raul Chorâo Ramalho puis travaille avec
Nuno Teotônio Pereira et Nuno Portas.
Dans l'ensemble d'habitations de Chelas à Lisbonne (1972-1974), réalisé avec
Reis Cabrita, il fait oeuvre d'architecte et d'urbaniste, en organisant autour d'une
place centrale quatre cents logements, répartis dans des blocs de six étages que
relient des galeries. Le projet s'inspire beaucoup du rationalisme des années
1920. Byrne, soucieux de l'environnement, opte dans le Casal das Figueiras à
Maison Ferreira, Alcanena, 1985
Setubal (1976) pour une hauteur moyenne et un style rural.
Choisissant la forme typique du marché couvert pour le Palais des sports et des
expositions de Braga (1977-1987), il adapte, malgré leur échelle, les installations
au paysage, faisant de l'édifice un élément structurant le territoire.
Son intérêt pour l'histoire constitue la base de son architecture. Il réaménage ainsi
Département d'informatique et d'électronique
de la faculté de Coimbra
l'ambassade de France, le palais d'Abrantes, le Palais national d'Ajuda, le théâtre
Dona Maria et surtout la Banque Caixa Geral de Depositos de Vidigueira.
La sereine invention formelle de ses maisons, comme la maison d'Alcalena,
montrent une attention aux valeurs spatiales et une insertion dans l'espace qui
contribuent, au delà des apparences, à l'examen des structures et de la mémoire
du site.
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Alvaro SIZA VIEIRA
Alvaro SIZA VIEIRA
Dictionnaire de l'architecture
du XXème Siècle (IFA)
Né en 1933 à Matosinhos, Portugal
Architecte établi à Porto. Actif au Portugal et en Europe à partir de 1976. Tout en
accomplissant ses études à l'École des beaux arts de Porto de 1949 à 1965,
Alvaro Siza Vieira réalise ses premières oeuvres dès 1952, pour un cercle d'amis
Habitations dans le quartier de Malagueira,
Evora, 1976
et de proches, sur le littoral nord du Portugal. Le restaurant Boa Nova à
Matosinhos (1958 1963), la maison A. Costa à Moledo (1964) et la maison
C. Cardoso (1971), détachés du référent urbain, entretiennent des relations
complexes et articulées avec l'environnement, et présentent à la fois une
exigence expérimentale ainsi qu'une dimension intimiste.
Siza revendique la modernité en tant que valeur fondamentale, mais l'influence de
Fernando Tâvora* et à l'horizon celle d'Antoni Gaudi*, de Frank Lloyd Wright*,
d'Alvar Aalto* et de l'architecture populaire portugaise l'amènent à prendre du
recul par rapport à l'orthodoxie moderne.
À partir de 1969, l'architecte s'ouvre progressivement à des thématiques
nouvelles: d'une part, la perméabilité aux valeurs urbaines remplace le caractère
fermé et exclusif des premières oeuvres ; d'autre part, des références historiques
précises se substituent à la discrétion stylistique des débuts.
Deux maisons à la Haye, 1984-1988
De grandes réalisations urbaines et des logements sociaux à Porto, tels Bouça
(1973) ou Sào Vitor (1975), amorcent l'intégration des modèles rationalistes des
années 1920 et 1930 aux valeurs spatiales de l'architecture populaire portugaise.
D'autres réalisations possèdent une complexité formelle poussée à l'extrême, en
s'articulant avec la morphologie du site, comme une banque à Oliveira de
Azemeis (1971) ou la maison Beires à Povoa de Varzim (1973).
Les deux tendances se rejoignent dans des oeuvres aussi diverses que la maison
Antonio Siza, ou le quartier de Malagueira à Evora (1976).
Ensuite, Siza réduit son activité professionnelle au Portugal, sollicité par des
projets et des chantiers à l'étranger. Évitant la dispersion, il tend à se donner alors
une légitimité historique en se référant aux fondateurs du Mouvement moderne*
(Adolf Loos*, Le Corbusier*, Bruno Taut*, Hugo Haring*).
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Alvaro SIZA VIEIRA
Son attention pour les techniques de construction lui permet de s'adapter à la nouvelle donne
technologique et aux dimensions imposantes des projets.
Dans les années 1980, son succès international est total et les commandes au Portugal
augmentent. Travaillant aussi bien à petite qu'à grande échelle, il conçoit une maison à Ovar
(1981), une banque à Vila do Conde (1969-1986), la boutique Nina à Porto (1983) et se penche
dans le même temps sur la rénovation de grands ensembles urbains dans des zones périphériques
et dégradées ou dans des centres historiques.
Il intervient ainsi dans les quartiers du Kreuzberg à Berlin (1976-1988) et de Schilderswijk à La
Banque Borges et Irmao,
Vila do Conde, 1969-1986
Haye (1984-1994) et reconstruit le quartier du Chiado à Lisbonne (à partir de 1988). Il répond
parallèlement à des commandes publiques d'envergure comme la faculté d'architecture de Porto
(1984-1993) ou le musée d'Art contemporain de Saint Jacques de Compostelle en Espagne (1988).
Son oeuvre évolue dans le sens d'une simplification, qui s'accompagne cependant d'une densité
spatiale et formelle croissante.
L'architecte place au centre de sa réflexion l'ancrage géométrique dans le site, le recours au
biomorphisme, la perméabilité de l'espace à la lumière et l'histoire de l'architecture dans son
ensemble.
Clairvoyant, il anticipe les changements du site et insère chacune de ses oeuvres dans l'histoire, en
mettant l'accent sur la continuité plus que sur la pureté de la rupture. L'oeuvre renoue ainsi avec
une dimension que la modernité semblait avoir bannie: l'unité et la cohésion entre l'espace, la
forme, la structure, la construction, les matériaux, ce qu'illustrent le refus du plan libre ou la gamme
restreinte des formes retenues. Étonnante, surprenante, l'oeuvre de Siza, à l'écart des tendances
principales, s'impose à l'attention de la critique sans jamais s'ériger en modèle.
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Eduardo SOUTO MOURA
Eduardo SOUTO MOURA
Dictionnaire de l'architecture
du XXème Siècle (IFA)
Né en 1952, à Porto.
Architecte établi à Porto. Actif au Portugal, en Italie et en Autriche depuis les années 1980. Eduardo
Souto Moura étudie à l'École des beaux arts de Porto et travaille avec Alvaro Siza* de 1974 à 1979.
Avec sa première réalisation, la restructuration en complexe d'habitation d'une ruine de granit dans
le nord du pays à Gerês (1980-1982), il s'attache à résoudre le conflit entre modernité et mémoire
des lieux.
Dans la Maison des arts à Porto (1981-1991), il atteint une conceptualisation extrême: la liberté du
plan et les murs blancs, presque abstraits, sont toutefois atténués par la présence de matériaux de
couleurs et de textures différentes.
Ses maisons, notamment celle d'Alcalena ou celle de la rue Do Padrâo à Porto, évoquent la tension
entre les valeurs novatrices et la culture locale. L'architecte mesure l'intensité des plans des parois
qui se rencontrent, se désarticulent, se superposent, dans une ligne poétique qui évoque en même
temps Mies van der Rohe* et Frank Lloyd Wright*.
Avec l'horizontalité minimaliste du bâtiment des sciences de la Terre de l'université d'Aveiro
(1990-1994) il poursuit sa quête d'une transformation conceptuelle du site.
Maison, Alcalena, 1992
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Manuel TAINHA
Manuel TAINHA
Dictionnaire de l'architecture
du XXème Siècle (IFA)
Né en 1922 à Paço de Arcos, Portugal
Architecte établi à Seixal. Actif au Portugal depuis 1955. Manuel Tainha obtient
son diplôme de l'École supérieure des beaux arts de Lisbonne en 1950.
Faculté de psychologie et des sciences de
l'éducation, université de Lisbonne, 1985-1990
Prenant du recul par rapport à l'influence internationaliste de ses premières
productions, telle la piscine de Tamariz à Estoril (1955), il est le premier architecte
portugais à considérer dans une perspective critique le caractère dogmatique et
artificiel du Mouvement moderne*.
Fondateur de la revue Bindrio (1959), il en dirige les six premiers numéros.
L'oeuvre de Tainha, marquée par les apports de la modernité, riche en
singularités, est traversée par les thématiques les plus diverses, depuis les
conclusions de l'enquête sur l'architecture populaire (1955-1960), sensibles dans
la pousada (hôtel d'État), d'Oliveira do Hospital (1957-1966), l'École des
techniques agro-industrielles de Grândola (1959-1961) ou l'École des techniques
agricoles d'Evora, jusqu'à une certaine sévérité, voire une véritable
monumentalité.
Ecole supérieure de technologie,
Tomar, 1987-1994
On sent cette emphase dans le siège de la Chambre municipale de Lisbonne
(1985-1990) et surtout dans la faculté de psychologie et des sciences de
l'éducation de l'université de Lisbonne (1985-1990), tandis que la faculté des
sciences et technologies de l'université de Coimbra (1990-1994) et l'École
supérieure de technologie de Tomar (1987-1994), illustrent une réflexion sur le
vernaculaire et sur la valeur plastique de la brique.
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Fernando TAVORA
Fernando TAVORA
Dictionnaire de l'architecture
du XXème Siècle (IFA)
Né en 1923 à Porto.
Architecte et urbaniste établi à Porto. Actif dans le nord du Portugal depuis 1949. Fernando Tavora
étudie à l'École des beaux arts de Porto sous la direction de Carlos Ramos*. Très intéressé par l'art
et l'histoire, il publie en 1947 son premier livre, O Problema da Casa Portuguesa (Le Problème de la
maison portugaise), et obtient son diplôme en 1950 avec la " maison sur la mer ", un projet très
corbuséen. Tavora exerce en tant qu'urbaniste auprès de la Chambre de Porto: il travaille aux plans
de Campo Alegre (1949) et du quartier de Ramalde (1952-1960), dans lesquels il applique l'esprit de
la Charte d'Athènes*.
Son projet pour le marché municipal de Vila da Feira (1953-1959) est fondé sur la valorisation des
éléments préexistants, l'espace, le château, la morphologie du terrain.
Dans le parc municipal de la Quinta da Conceiçâo à Matosinhos (1953-1960), Tavora tire également
parti des anciennes structures et réalise des interventions discrètes (pavillon de tennis).
Dans l'école de Gaia (1957-1961) et la maison d'Ofir (1957-1958), l'architecte allie les thèses
rationalistes et les valeurs de la tradition locale, et se montre sensible à des ceuvres
contemporaines en quelque sorte " régionalisées ", comme celles de Le Corbusier* à Chandigarh ou
celles d'Alvar Aalto*.
Pour le plan de la zone centrale d'Aveiro (19621965), il réinterprète le tissu urbain d'origine, mais
préfère, pour certains aménagements à Porto (Barredo), travailler dans une optique de préservation
globale, reprenant notamment les systèmes de construction traditionnels.
Avec le souci de défendre les valeurs architecturales et sociales de la ville ancienne, il conçoit la
maison de la rue Nova, à Guimaràes (1985-987).
Fuyant la complexité formelle, Tâvora parvient à réconcilier tradition et modernité. Il reste l'une des
figures de proue de l'École de Porto de 1951 à 1993.
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