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[email protected] www.hesge.ch/eig Voyage d'étude du 16 au 22 juin 2007 UER1, CE2 PORTUGAL Professeur responsable : Nadine BOLLE Professeur : Daniel CALDERON Des fiches ont été réalisées par les étudiants dans le cadre du cours d'Histoire de l'architecture et de la construction, CE2 2004 et CE2 2006 Conception et réalisation de la plaquette : Albena BASSET [email protected] www.hesge.ch/eig VOYAGE D'ETUDE AU PORTUGAL Samedi 16 juin / Dimanche 17 juin 2007 17 - 22 juin 2007 Samedi 16 juin: Dimanche 17 juin: Départ Genève: 17h20 Arrivée Lisbonne: 18h55 Départ Genève: 07h00 Arrivée Lisbonne: 08h30 Hébergement à l'auberge de jeunesse Dimanche 17 juin EIG - UER1 Filière Architecture Programme Professeur responsable: Nadine Bolle PORTUGAL: Histoire................................................................................ p. 1 LISBONNE: Centre historique, Château Sao Jorge, Chiado Histoire et développement de la ville: Mr Rombert................................... p. 7 Ascenseur Santa Justa, Mesnier de Ponsard, 1902*.............................. Baixa Pombalina, A.Siza, 1991-1998*...................................................... Castro et Melo, réhabilitation, A.Siza, 1991-1994*................................... Camara Chaves, réhabilitation, A.Siza, 1991-1996*................................. Grandela, réhabilitation, A.Siza, 1991-1996*............................................ Chiado, A. Siza, 1991-1998*..................................................................... Station Baixa-Chiado, A.Siza, 1992*................................................... ..... Terreiro do Paço, J. Adriao, P. Pachero, 1992*............................... ....... Hébergement à l'Auberge de jeunesse de Lisbonne p. 27 p. 29 p. 31 p. 33 p. 35 p. 37 p. 39 p. 41 Lundi 18 juin LISBONNE: Université, Expo`98 Résidence universitaire, A. de Souza Oliveira, J. de St Maurice, 1996.. Rectorat de l’Université, Aires Mateus & associés, 1998.......................... p. 43 Pont du 25 avril, Boynton, Steinman, Gronquist & Birdsall, 1962-1966.. p. 45 Pont Vasco da Gama, A.Rito, 1995-1998................................................ p. 47 Exposition mondiale................................................................................. p. 49 Pavillon du Portugal, A.Siza, 1998*.......................................................... p. 53 Pavillon de la mer, J. L. Carrilho da Graça, 1995-1998*......................... p. 55 Restaurant flottant, A. Burmester, J.C. Gonçalves, 1995-1998*........... p. 57 Gare de l'Orient, S. Calatrava, 1998*..................................................... p. 59 Hébergement à l'Auberge de jeunesse Mardi 19 juin COIMBRA: Histoire et développement de la ville........................................................ Amphithèâtre de la faculté de droit, F. Tavora, 1994-2000*..................... Parc Verde do Mondego, M. Vieira & Cortesao...................................... Passerelle piétonne, A. Adao da Fonseca & Cecil Balmond, ing.......... Centre des Arts visuels, J. Mendes Ribeiro............................................. MONTEMOR-O-VELHO Casa de Cha, J. M. Ribeiro, 1997-2000*.................................................. Hébergement à l'Auberge de jeunesse E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 p. 61 p. 65 p. 67 p. 69 p. 71 p. 73 e i g VOYAGE D'ETUDE AU PORTUGAL 16 au 22 juin 2007 Adresses utiles : EIG - UER1 Filière Architecture Programme Professeur responsable: Nadine Bolle Lisbonne : Lisboa Youth hostel, 46, Rua Andrade Corvo, tél. 00351 21 3532696 Residencial Marisela, tél. 00351 21 3533205 Mercredi 20 juin LISBONNE: Belem Tour de contrôle maritime du port, G. Byrne, 1997-2001......................... Tour de Belem, F. Arruda, 1515-1521*...................................................... Monastère des Jeronimos, 1496-1572*.................................................... Centre de sport nautique, Alberto de Souza Oliveira, Julio st Maurice, Antonio Campinos Poças, 1991-2001................................................... Centre culturel de Belem, Gregotti & Salgado, 1992*............................. p. 75 p. 77 p. 79 p. 81 Hébergement à Lisbonne Jeudi 21 juin SETUBAL Ecole supérieure, A. Siza, 1986-1994*...................................................... p. 85 CABO DE ESPICHEL S. Maria do Cabo Espichel*....................................................................... p. 87 Hébergement à Lisbonne Vendredi 22 juin LISBONNE : Journée libre TEXTES BREVES BIOGRAPHIES Entretiens avec F. Tavora, A. Siza, G. Byrne, E. Souto de Moura et J. A. Rocha ............................ p. 89 Des mots de rien du tout, A. Siza ................................. p. 95 Construire une maison, A. Siza ..................................... p. 97 Vocabulaire .................................................................... p. 99 Gonçalo SOUSA BYRNE ................ p. 101 Alvaro SIZA VIEIRA ........................ p. 103 Eduardo SOUTO MOURA .............. p. 105 Manuel TAINHA .............................. p. 107 Fernando TAVORA ......................... p. 109 Vendredi 22 juin 2007 Vol Easyjet : Rendez vous enregistement Easyjet 17h30 Départ Lisbonne: 19h35 Arrivée Genève: 22h55 E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 1 PORTUGAL - HISTOIRE PORTUGAL Le Guide Vert Michelin QUELQUES FAITS HISTORIQUES Jusqu'au 11ème s., le Portugal n'est qu'une région de la péninsule Ibérique. Avant J.-C. : Grecs et Phéniciens fondent des comptoirs sur les côtes de la péninsule Ibérique dont l'Ouest est occupé 9ème-7ème s. 3ème-2ème s. par les tribus lusitaniennes, d'origine celtibère. Après J.-C. : 5ème s. Les Carthaginois soumettent le pays. Les Romains interviennent lors de la deuxième guerre punique et Occupation musulmane 711 Invasion par les musulmans venus d'Afrique du Nord. 8ème-9ème s. La reconquête de la péninsule Ibérique par les chrétiens part de Covadonga dans les Asturies en 718 avec Pélage à sa tête. Dès le 9e s., la région de Portucale, au Nord du fleuve Mondego, est libérée. La formation du royaume En 1087, Alphonse VI, roi de Leon et de Castille, entreprend la reconquête de la Nouvelle Castille, actuelle Castille La Manche, alors sous domination musulmane. II reçoit l'aide de plusieurs chevaliers français dont Henri de Bourgogne, descendant du roi de France Hugues Capet, et son cousin Raymond de Bourgogne. Les musulmans vaincus, il accorde à ces princes la main de ses filles. Urraca, l'héritière du trône, épouse Raymond ; Thérèse apporte en dot le comté " portucalense " à Henri de Bourgogne qui devient comte du Portugal. Ce comté s'étend entre les rios Minho et Douro. En 1112 ou 1114, Henri meurt; Thérèse devient régente en attendant la majorité de son fils Alphonse Henriques, né en 1109. Mais en 1128 ce dernier oblige sa mère à renoncer au pouvoir; en 1139, il rompt les liens de vassalité que lui avait imposé Alphonse VII de Castille et se proclame roi du Portugal sous le nom d'Alphonse ler; la Castille s'incline en 1143. Par ailleurs, Alphonse Henriques poursuit la reconquête et, après la victoire d'Ourique (1139), s'empare de Santarém, puis de Lisbonne (1147), grâce à l'aide d'une flotte de la deuxième croisade. La prise de Faro en 1249 marque la fin de l'occupation musulmane. La dynastie des Bourgogne (de 1128 à 1383) Conflits avec la Castille 1279-1325 Règne du roi Denis ler. II fonde l'université de Coimbra et instaure comme langue officielle le " portugais ", dialecte de la région de Porto. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 2 PORTUGAL - HISTOIRE 1369-1383 Règne de Ferdinand ler. Profitant de troubles en Castille, le roi tente d'agrandir son territoire ; il échoue et doit marier sa fille unique Beatriz, au roi de Castille Jean Ier. La dynastie des Avis (1385 à 1578) 1385 À la mort de Ferdinand ler, en 1383, son gendre Jean de Castille a fait valoir ses droits à la succession ; mais c'est un frère bâtard de Ferdinand, Jean, grand maître de l'ordre d'Avis, que la bourgeoisie choisit. Les Cortes de Coimbra le proclament roi du Portugal sous le nom de Jean Ier. Sept jours plus tard, le 14 août, Jean de Castille affronte Jean d'Avis lors de la bataille d'Aljubarrota, mais échoue. Celui ci, pour célébrer sa victoire, fait construire le monastère de Batalha. II se marie avec Philippa de Lancastre, s'assurant ainsi l'alliance de l'Angleterre, alliance qui se maintiendra tout au long de l'histoire du Portugal. 1415 La prise de Ceuta par Jean ler et ses fils, dont l'infant Henri, marque le début de l'expansion portugaise. 1420-1444 L'archipel de Madère commence à être peuplé en 1420 et celui des Açores en 1444. 1481-1495 Jean II, surnommé " le Parfait ", encouragea la science nautique ; il fit cependant l'erreur de ne pas accepter le projet de Christophe Colomb. C'est sous son règne que Bartolomeu Dias franchit le cap de Bonne Espérance (1488) et que fut signé le traité de Tordesillas (1494), partageant le Nouveau Monde en deux zones d'influence : castillane et portugaise. 1495-1521 Règne de Manuel ler. Pour épouser Isabelle, la fille des Rois Catholiques d'Espagne, il doit s'engager à expulser tous les juifs par un arrêt lancé en 1497. Le Portugal est alors privé de nombreux commerçants, banquiers et savants. Vasco de Gama arrive aux Indes en 1498 et Pedro Alvares Cabral accoste au Brésil en 1500 ; l'expédition de Magellan accomplit le premier tour du monde entre 1519 et 1522. Au cours de la bataille de El Ksar el Kébir, au Maroc, le jeune roi Sébastien ler est tué; c'est la fin de la suprématie du Portugal dans le monde. Mais sa mort provoque aussi un problème de succession et, bientôt, trois de ses cousins prétendent à la couronne : Antoine, prieur de Crato, la duchesse de Bragance, et le roi d'Espagne, Philippe II, fils de l'infante Isabelle. Philippe II, qui avait rallié à sa cause des personnages de haut rang, triompha et entra dans Lisbonne en 1580. Le prieur de Crato alla chercher du soutien aux Açores. Sébastien monta sur le trône en 1557 à l'âge de 3 ans. II fut élevé par un jésuite qui lui inculqua les valeurs déjà désuètes de la chevalerie auxquelles le prédisposait son esprit rêveur et altier. II se crut investi d'une mission : conquérir l'Afrique sur les infidèles... En 1578, il décida d'accomplir son destin et embarqua pour le Maroc après avoir levé une armée de 17 000 hommes encadrée par la fine fleur de la noblesse portugaise. Mais, les soldats mal préparés souffrant du soleil accablant sous leurs riches armures, l'équipée se termina brutalement sur les bords de l'oued Makhazen près de EI Ksar el Kébir, où la moitié de l'armée périt et l'autre fut capturée. On ne retrouva jamais le corps du roi. Aussi, la période de domination espagnole qui suivit fut - elle propice au développement du sébastianisme qui, faisant du jeune roi disparu un messie éternellement attendu pour sauver le Portugal, vint enrichir l'âme portugaise d'un autre aspect de la saudade. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 3 PORTUGAL - HISTOIRE La domination espagnole (de 1580 à 1640) 1580 Philippe Il d'Espagne envahit le Portugal et s'en fait proclamer roi sous le nom de Philippe ler. La domination espagnole va durer soixante ans. 1er déc. 1640 Soulèvement contre les Espagnols. C'est la guerre de Restauration. Le duc Jean de Bragance est proclamé roi sous le nom de Jean IV : la dynastie de Bragance régnera jusqu'en 1853. 1668 L'Espagne reconnaît l'indépendance du Portugal. Le 18ème s. 1683-1706 Règne de Pierre II. 1706 Le Portugal signe avec l'Angleterre le traité de Methuen, favorisant l'exportation du vin de Porto. 1706-1750 Le règne de Jean V " le Magnanime " a laissé le souvenir d'une magnificence inouïe alimentée par les richesses du Brésil et conforme au faste d'un roi de l'époque baroque. 1er nov. 1755 1750-1777 Un tremblement de terre détruit Lisbonne. Règne de Joseph ler qui laisse son ministre, le marquis de Pombal, gouverner le pays d'une main de fer, donnant l'exemple d'un despotisme éclairé. Pombal fait expulser les jésuites du Portugal en 1759. Les guerres napoléoniennes Le Portugal, allié de l'Angleterre depuis le traité de Methuen (1703), participe à la première coalition qui se constitue en 1793 contre la France révolutionnaire. En 1796, l'Espagne se détache de la coalition et s'allie à la France. Le Portugal se trouve isolé. II n'en refuse pas moins de dénoncer l'alliance anglaise et de participer au blocus continental. Mais pour éviter les représailles de l'armée espagnole, il cède Olivença (Olivenza) à l'Espagne au terme de la guerre des Oranges, en 1801. Pour assurer une stricte application du blocus, Napoléon envoie alors son armée au Portugal; mais trois expéditions successives menées par Junot (1807), par Soult (1809) et par Masséna (1810) ne viennent pas à bout du pays que soutiennent des renforts venus d'Angleterre commandés par Wellesley, futur duc de Wellington. Les troupes françaises sont contraintes à la retraite par un ennemi insaisissable. Le pays a subi les déprédations des deux armées ; les dégâts matériels, les conséquences politiques et morales sont tragiques : pendant le long exil au Brésil du roi Jean VI (1807-1821), le Portugal est devenu une dépendance britannique. Quand le Portugal était gouverné par un général britanique.......... Général d'origine irlandaise. William Carr (1768 - 1854) servait à la fin du 18ème s. dans les lointaines colonies britanniques. Lorsque Napoléon s'allie à l'Espagne par le traité de Fontainebleau en 1807, le Portugal resserre ses liens avec la Grande Bretagne et se place sous son autorité en vue d'une guerre prochaine contre la France. Carr est alors envoyé au Portugal afin de réorganiser et professionnaliser l'armée portugaise. Nommé en 1909 généralissime (ou maréchal commandant) de l'armée portugaise, il vainc Soult à La Albuera (près de Badajoz) en 1811. L'année 1814 le verra entrer à Bordeaux au côté du duc d'Angoulême et recevoir du prince régent George le titre de vicomte de Beresford. Revenu au Portugal et détenant un fort pouvoir au sein de l'armée, Beresford fait du Portugal une " colonie " anglaise : les Anglais l'imposent au roi du Portugal et du Brésil Jean VI, qui, resté à Rio de Janeiro, le nomme régent du Portugal en 1816. Mais la tyrannie qu'il exerce provoque contre lui une conspiration en 1817. Celle - ci ayant échoué, c'est seulement à la fin de l'année 1820 que Beresford est chassé du pays par les forces libérales portugaises. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 4 PORTUGAL - HISTOIRE La fin de la monarchie 1828-1834 Guerre civile entre libéraux et absolutistes : en 1822, le Brésil s'est proclamé indépendant et a pris comme empereur le fils aîné du roi Jean VI, Pierre IV, sous le nom de Pierre Ier du Brésil. A la mort de Jean VI en 1826. Pierre Ier conserve le trône du Brésil et installe sur celui du Portugal sa fille Marie II en adoptant une constitution libérale où l'autorité royale est sous la suprématie du pouvoir parlementaire. Son frère Miguel, qui a le titre de régent, se fait alors le champion de la monarchie absolue et réclame la couronne qu'il finit par obtenir en 1828. Une lutte acharnée s'instaure entre les absolutistes et les libéraux qui soutiennent Pierre. Celui - ci, aidé par les Anglais, vient rétablir sa fille sur le trône en 1834 ; la convention d'Evoramonte met fin à la guerre civile. Marie II épouse en 1836 Ferdinand de Saxe Cobourg Gotha. 1855-1890 Sous les règnes de Pierre V (1855 - 1861), de Louis 1er (1861 - 1889) et de Charles 1er (1889 - 1908), la vie politique, bien qu'agitée, n'empêche pas la reconstitution d'un troisième empire en Angola et au Mozambique. L'Angleterre s'oppose à l'entreprise du gouverneur Serpa Pinto qui veut conquérir des territoires entre l'Angola et le Mozambique afin de les réunir d'influence : castillane et portugaise. 1er fév.1908 Assassinat à Lisbonne du roi Charles Ier et du prince héritier. Le sang-froid de la reine Amélie permet de sauver son plus jeune fils qui monte sur le trône sous le nom de Manuel II. 5 oct.1910 Abdication de Manuel II et proclamation de la République. La République 1910-1933 La République ne parvient pas à restaurer l'ordre. L'entrée en guerre contre l'Allemagne en 1916 et l'envoi de troupes en France aggravent la situation intérieure qui devient critique en 1928. Le général Carmona fait alors appel à un professeur de l'université de Coimbra, Antonio de Oliveira Salazar. Salazar, nommé ministre des Finances puis, en 1932, président du Conseil, rétablit la stabilité monétaire et politique, mais promulgue en 1933 la Constitution de " l'État nouveau " (Estado Novo), instituant un régime dictatorial (censure des journaux, police secrète : la PIDE). 1939-1945 1949 1961 1968-1970 Le Portugal reste neutre pendant la Seconde Guerre mondiale. Le Portugal est l'un des membres fondateurs de l'Otan. L'Inde annexe Goa, portugais depuis 1515. Salazar, qu'un accident écarte des affaires fin 1968, meurt en juillet 1970. Son successeur, Caetano, poursuit une lutte anti-guérilla ruineuse et impopulaire en Afrique. I Genève- hes - hes/ UER1 / UER1Construction Constructionetetenvironnement Environnement / Voyage d'étude / Portugal / 2/ -16 8 -octobre E EI Genève / Voyage d’étude / Portugal / ab 22 juin 2004 2007 / ab e i g e i g 5 PORTUGAL - HISTOIRE PORTUGAL Le Guide Vert Michelin 25 avril 1974 : une révolution beatnik 25 avril 1974 Révolution des oeillets : prise du pouvoir par le Mouvement des forces armées mené par le général Spinola. 1974 Indépendance de la Guinée Bissau. 1975 Indépendance des îles du Cap Vert, du Mozambique, de l'Angola, de Sào Tomé. 1976 Nouvelle constitution socialiste. Le général Ramalho Eanes est élu président de la République. Indépendance de Timor. Autonomie de Macao (territoire chinois sous administration portugaise) et des archipels de Madère et des Açores. 1980 Le parti conservateur remporte les élections législatives. Sà Carneiro forme un gouvernement, mais il trouve la mort le 4 décembre dans un accident d'avion. Le mandat présidentiel du général Antônio Ramalho Eanes est renouvelé. 1986 Le Portugal entre dans la CEE. Le socialiste Màrio Soares est élu président de la République. 1991 Réélection de Mârio Soares. 1994 Lisbonne, capitale européenne de la culture. 1996 Élection de Jorge Sampaio à la présidence de la République. 1998 Expo' 98 : Exposition mondiale à Lisbonne. 1999 Le territoire de Macao est cédé à la Chine. 2001 Réélection de Jorge Sampaio. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 6 E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 7 LISBONNE Lisbonne, il faudrait y débarquer, y Nord, sur les pentes de Sant'Ana. venir de la mer comme Bruno Ganz Différente dans La Ville blanche, et puis marcher époques sans préjugés ni préambules, mais autant de strates, Lisbonne est faite de sans précipitation non plus, marcher fragments. Les tissus s'y ajoutent et s'y jusqu'à juxtaposent, le quartier maure jouxte être subjugué. Loin du d'autres se villes où superposent comme parcours du combattant, c'est une celui ballade qui tente le café du coin et le romantique y conduit aux immeubles pastel de nata saupoudré de cannelle, éclectiques de la fin du XIXe siècle. attrape le tram au vol et s'endort dans Ainsi la promenade parcourt des lieux les bus dont le trajet s'allonge vers où chaque époque, successivement, Olivais. C'est, la nuit, suivre le reflet révèle son génie propre et, traversant métallique des rails inscrits dans le la ville, remonte les siècles. pavé, se plaire dans le silence et C'est donc des origines, du haut de la l'immobilité de la ville jusqu'à l'aube colline que coq déroulerons la spirale du temps. Des charme siècles aujourd'hui enfouis, celle-ci tranche inattendu. un chant Alors, un du des de Lumières, S. insaisissable s'exhale, et la ville vous recèle possède. paléolithiques, Jorge encore le et des Bulletin d'informations Architecturales Institut français d'architecture jardin que quelques LISBONNE les nous vestiges traces de Alfama, que dans leur structure même, faite d'un réseau complexe de ruelles et d'impasses confirmé l'occupation romaine dont la ville fut pendant l'objet à partir du deuxième siècle marches y dévalent la colline, le avant J. C. parmi lesquelles fut linge claque au balcon voisinant Lisbonne, capitale du Portugal, cette récemment mis à jour un théâtre dédié avec la cage à oiseaux dont le longue bande de terre tournée vers à Néron. Le château, lui - même chant surprend. Au détour d'une l'Atlantique, n'est pas au bord de reconstruit par les Romains, fut par la arcade surgit une petite place l'océan mais un peu en retrait, sur les suite transformé avant d'être restauré irrégulière et inattendue, ombragée rives de l'estuaire du Tage, où le en 1938, quand le nationalisme était d'un arbre ou plantée d'un cyprès. fleuve est si large qu'il porte le nom de exacerbé. Cette butte fut ainsi le point Une muraille, alors, prenait appui " ici de départ du développement urbain, et sur le château et cernait cette ville les celui d'une première croissance encore située sur le versant qui fait face au lisible, celle de la ville arabe. Tage. LES ORIGINES DE LA VILLE mer de paille qu'appareillèrent, ". C'est glorieuses, caravelles de Vasco de Gama. C'est ici le Moyen âge. Des La ville a gardé ce visage, mais les le théâtre des grands départs pour des épopées qui ont marqué définitivement ALFAMA MOURARIA mosquées ont disparu. A l'heure de la culture portugaise d'une indicible LA VILLE ARABE ET MÉDIÉVALE la nostalgie d'Alcacer Quibir, des Indes et Reconquête chrétienne, les convictions religieuses s'affirment des Amériques. C'est ici que " s'étale Le déclin de Rome a laissé Lisbonne et, lorsque le premier roi portugais, Lisbonne, offerte sur la paume de la aux mains des Wisigoths mais, au Afonso Henriques, aidé de Croisés terre " ; le relief, en effet, paraît y avoir VIIIe siècle, la vague d'invasions qui se rendaient en Terre sainte, épousé le modelé du creux de la main arabes qui déferle sur l'Europe en fait prend Lisbonne en 1147, il met en où, entre deux collines (celle de S. pour quatre cents ans une ville maure. oeuvre Francisco prolongée de celles du Peu de pierres témoignent encore de construction de la cathédrale, la Sé, Carmo et de S. Jorge) se glisse une cette occupation qui a laissé son sévère plaine, la bien nommée Baixa (basse) empreinte tant dans la consonance édifié sans doute sur les ruines qui bientôt se dédouble en butant, au des noms de certains quartiers comme d'une mosquée. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 presqu'aussitôt édifice la romano-gothique e i g 8 LISBONNE Bulletin d'informations Architecturales Institut Français d'Architecture Les Maures ne sont pas chassés, BELEM - LA RENAISSANCE ET LE mais confinés dans leur quartier FLEUVE propre, Mouraria. Attenant à Alfama, il les arcades ogivales s'affichent sur le a gardé ce même charme d'un lacis ciel bleu. Point de repère visuel, il est A où l'escarpement et l'étroitesse des aussi un signe historique consacrant Découvertes, rues font fuir les voitures, tandis que le l'Indépendance du Portugal et l'accès Gama atteint les Indes et que Pedro fortuit attire le touriste. Cet attrait au trône d'une nouvelle dynastie. Le Alvares Cabral découvre le Brésil, le conjugué à l'état de dégradation où bâtiment fut en effet construit à la suite Roi abandonne ses sommets et ces deux quartiers, très populaires, d'une victoire du futur D. Joâo I sur le quitte le château pour un palais au Roi de Castille, héritier du trône par bord du fleuve. De là partent et leur alliance. D. Joâo I fonda alors le reviennent rénovation. D'autres communautés monastère de Batalha, tandis que dépendent la richesse et l'avenir du ont aussi leur quartier, comme les Nun'Alvares Pereira, connétable qui pays, là se trouve la place du juifs, en majorité groupés au pied de venait de remporter la victoire, créait pouvoir. Le Paço da Ribeira (Palais de la colline. La ville déborde largement l'église du Carmo, deux édifices, Ribeira) est construit au début du de ses limites, et de petits centres se entrepris pour les mêmes raisons et XVIe siècle, et donne sur une vaste développent dans la plaine autour de dont place de 620 pas sur 200. Celle ci, lieux de culte. Ainsi le couvent et identique. ouverte sur le Tage, est cernée par l'église de S. Domingos avec son Dans cette cité en pleine expansion, le l'Arsenal, la maison des Indes et la parvis, constituent-ils l'esquisse de ce nouveau Roi tente d'imposer un ordre. Douane. Pendant du Rossio, le qui sera le Rossio, cette grande place Il encourage l'urbanisation de la colline Terreiro de Paço en est la version au coeur de Lisbonne qui a perduré à du Carmo, contrôle le respect des aristocratique, la Cour y parade et y travers les siècles. tracés les organise des spectacles. Pendant Le développement et l'importance de constructions à l'alignement (1395), et les années suivantes, c'est ainsi vers la ville sont bientôt consacrés : avec la impose les noms des rues dont il exige le Tage que se tournèrent les conquête de l'Algarve, partie Sud du qu'ils soient ceux des métiers qui y regards. Sur ses rives les nobles pays, le Portugal acquiert en 1255 ses sont exercés. Autres témoignages de édifièrent leur habitation souvent limites actuelles, et fait bientôt de ce souci urbain qui peu à peu assez Lisbonne sa capitale. Appartenant au transforme la capitale : la fontaine du originale, comme la casa dos bicos, réseau villes Roi, chafariz del Rei, construite quelques d'inspiration italianisante, récemment hanséatiques, son port est un relais années plus tôt contre la muraille restaurée de manière ludique par important la fernandine, et la régularisation de la M. Vincente et S. Rita Fernandes qui lui Méditerranée. Sur les bords du Tage place de Rossio. Celle ci devient un ont restitué ses trois étages originels s'installent établissements véritable forum populaire, un lieu de et ont joué avec les arcs des baies publics, comme ceux de la Douane marchés. Son rôle se verra d'ailleurs dont les moulures semblent avoir Royale. En 1373, la ville abrite environ confirmé, lorsque, suite à la peste qui basculé. Ce développement linéaire 65 000 âmes et le Roi D. Fernando la envahit la cité, D. Joâo II décide d'y le long du fleuve atteindra des dote enceinte, édifier l'hôpital. Le centre de Lisbonne confins que la croissance actuelle de agrandissant ainsi considérablement s'est ainsi déplacé du château vers la Lisbonne n'a que peu dépassés. son territoire qui passe de 15 à 101 baixa très peuplée où règne une Ainsi la limite orientale était alors hectares intense activité commerciale. C'est un marquée par le couvent de la Madre seulement la plaine, la baixa, mais réseau et de Deus, actuel musée des azulejos. aussi toute la colline de S. Jorge et le tortueuses compris entre la place de A l'extrêmité occidentale, à Belem, versant oriental de celle du Carmo. Là Rossio et les rives du fleuve, entre ces s'installèrent le couvent et l'église des s'installent les Carmélites, pour qui deux pôles dont l'un possède déjà une Hiéronymites, puis quelques années une église est édifiée à partir de 1393. structure urbaine, tandis que l'autre va plus tard la Tour de Belem, maillon En silhouette se constituer au cours des décennies d'un système de fortification plus poignante domine encore aujourd'hui suivantes : lentement va se définir le vaste destiné à la défense du port de le paysage urbain, fantôme familier dont front du Tage. Lisbonne. tombés, étaient entraîné la ont récemment décision commercial entre d'une partie et des le des de Nord nouvelle englobe détruite, sa alors et non l'expression en de stylistique contraignant rues irrégulières est E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 l'époque des lorsque les ordinaire, grandes Vasco caravelles parfois de dont plus e i g 9 LISBONNE Bulletin d'informations Architecturales Institut Français d'Architecture Ces constructions sont marquées de sportives et touristiques, tandis que le Dans ce style appelé " manuélin " , gothique traitement des berges serait repensé. bâtiments, mais d'une expression tardif sculpturaux La construction du quai, longue ligne plus baroque, fut édifiée en 1682 maritimes droite bâtie sur des zones en partie l'église l'emblème à croix pattée de l'ordre du remblayées, remonte à 1742, au travaux longtemps en suspens, ont Christ arborée sur les voiles des développement de l'urbanisation de été conclus il y a quelques années, caravelles y est reprise pour le dessin cette région. Plus tard, le train puis la achevant " une suite architecturale des garde-corps ajourés, tandis que circulation automobile, en ont rendu qui commence avec l'abside de les cordages sont partout présents, l'accès difficile aux passants. L'idée est l'église des Hiéronimytes, et qui tendus pour le tor ou noués pour la d'enterrer voies et parkings libérant passe par l'oeuvre de Terzi. " base des colonnes. où les motifs s'inspirent de décors le sillage de Santa Engracia, deux dont les ainsi des terrains pour la construction L'autonomie symboliques hôtelière, et permettant au Lisboète préservée pendant soixante ans, marquent irrémédiablement la Place d'éviter la course et les klaxons, malgré la souveraineté espagnole, de l'Império du souvenir de l'époque lorsque le vague à l'âme il aime à mais un mécontentement général glorieuse des Découvertes. Là se perdre ses pensées sur la tranquille conduit finalement le Portugal à la déroulera bien des siècles plus tard, agitation des eaux... révolte. C'est, en 1640, la fin du joug Ces architectures du ces royaume est espagnol et le début de la dynastie en 1940, sous la dictature de Salazar, " l'exposition du Monde Portugais " BAIRRO ALTO : des Bragance marquée par le faste dont il reste aujourd'hui, au milieu des LES PRÉMICES DES LUMIÈRES éphémère des richesses venues d'Outremer. C'est l'époque de l'or et eaux un bâtiment moderne et, signé du même architecte, Cottinelli Telmo, le Des origines de la ville, témoigne des diamants dans un climat alourdi monument édifié à la mémoire d'Henry encore la toile de ruelles des quartiers par l'Inquisition. le navigateur, l'Infant savant qui, au XVe d'Alfama et Mouraria tissée sur les " Dans les rues de Lisbonne, siècle, consacra ses énergies au flancs de la colline du château. Avec la fourmillantes de femmes vêtues développement de la navigation. Là Renaissance, le développement urbain pareillement, avec leurs mantilles, encore se situe le terrain d'un futur le long du Tage l'a emporté, et c'est leur cotte de dessus retroussée sur centre le aujourd'hui à Belem que l'on peut en la tête, réservant juste une mince monastère et la tour, " deux symboles juger. Durant la fin du XVIe siècle et le fente pour le clin d'oeil ou la moue de notre histoire et de l'histoire du début du XVIIe, des morceaux épars des lèvres, code universel appris monde ". Un concours a été lancé vont et dans la clandestinité des sentiments récemment pour sa réalisation par l'architecture de la future Lisbonne des et des voluptés interdites, dans ces l'Institut Lumières. rues qui comptent une église à Culturel" qui prévoit d'y célébrer le Ve A l'exubérance manuéline ont succédé chaque coin et un couvent dans centenaire des Découvertes, et d'y la retenue et la gravité des bâtiments chaque pâté de maison, souffle un créer les installations nécessaires pour de F. Terzi. Cet architecte italien venu vent de printemps qui fait tourner la accueillir en 1992 la Présidence du de Bologne est en effet le favori de tête (...) aujourd'hui est un jour Philippe II, souverain espagnol porté au d'allégresse générale, encore que ce Européennes. pouvoir en 1580. Dès son arrivée dans mot soit impropre, car la jouissance A ce projet, s'ajoute celui, pour l'instant la fait vient de plus loin, de l'âme peut être, moins défini, du réaménagement des transformer le palais Paço da Ribeira à regarder cette ville sortir des rives dont à l'extrémité duquel l'architecte adjoint maisons, se répandre dans les rues l'importance est grandissante, pourrait un grand pavillon. Celui ci reconstruit et sur les places, descendre des être transféré de l'autre côté du fleuve, également, à la même époque, l'église hauteurs, se rassembler sur le laissant la place à des activités de S. Vicente de Fora. Rossio pour voir supplicier juifs et culturel, Conseil du Portugais des Tage. situé du entre Patrimoine Communautés Le port, esquisser capitale, le l'urbanisme nouveau roi E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 10 LISBONNE Bulletin d'informations Architecturales Institut Français d'Architecture magasin des Indes... Cependant, nouveaux chrétiens, hérétiques et sorciers (...) " survenue tôt dans la matinée, la Sur cette place populaire qu'est le quartier qui a conservé la régularité de catastrophe Rossio se trouve en effet le Palais de ses voies. Peu commerçant, c'est un humaines. Beaucoup des fidèles qui, l'Inquisition. Les églises, elles, ne se lieu d'habitations où règne un grand une heure plus tard, se seraient comptent plus. Au dépouillement de calme. Sur le Largo de la Miséricorde, en trouvés dans les églises, étaient leur grande bordure du Bairro Alto, s'ouvre l'église encore chez eux, les nobles dans richesse de la décoration intérieure. S. Roque, construite en 1556 par la leurs propriétés situées loin du Les autels et les murs se couvrent Compagnie de Jésus, alors récemment centre et les autres dans leurs d'or, partout se développe la talha arrivée au Portugal, et qui parachevait modestes logis loin des voûtes dorada avec ainsi d'une certaine manière la création pesantes l'azulejo. " L'une et l'autre remplacent de ce quartier. Ainsi s'est ébauché, dès cathédrales. la peinture et la sculpture que le les années 1530, dans la rigueur d'une habitants que Portugal ne possède pas à cette géométrie qui contraste Lisbonne, on époque ". Tandis que l'une s'affiche fantaisie du lacis rues recoupements, le nombre de morts à dans les églises, l'autre plutôt civile moyennâgeuses, le dessein qui sera 10 000 environ. De la débâcle et des envahit les palais : de longs panneaux celui de l'époque des Lumières. ruines, le pouvoir royal ne voulut rien façade qui s'oppose s'accorde la bien avec des la et les vies dangereuses Sur les des 250.000 comptait peut alors évaluer par savoir. Le roi resta "le seul homme de céramique racontent dans ce bleu - azul- si particulier quelques hauts épargna LA VILLE DES LUMIÈRES d'Europe qui ne se soit pas fait une véritable idée du désastre arrivé à faits ou quelques scènes de rue. L'urbanisme d'alors surprend par son Entre le château et la colline du une lieue de lui ". C'est Sebastiào José rationalisme dans ce lotissement situé Carmo, il y a, comme une pièce de Carvalho e Mello, le futur Marquis de hors les murs, sur la colline de S. rapportée, la grille des rues de Baixa Pombal, qui sut alors non seulement Francisco : le Bairro Alto primitivement dont la régularité s'estompe sur ces parer au plus pressé, distribuer nommé Vila nova de Andrade. Là, le long reliefs. C'est là comme un collage posé secours et aliments, poursuivre les de la muraille fernandine, se trouvaient sur le quartier commerçant qui s'y était vandales et rétablir l'ordre, mais, au les grandes propriétés appartenant à développé dès le Moyen âge, et qui fut delà, faire naître du chaos une un astrologue et chirurgien juif qui réduit à néant en quelques heures. En véritable ville des Lumières. avait été contraint, à la suite des 1755, la terre trembla. Durant neuf persécutions, de vendre ses terrains à minutes, ce samedi matin de la la famille Andrade. La partie plus Toussaint, pentue du bas de la colline fut alors atteignirent les degrés les plus élevés Les mouvements sismiques avaient lotie de manière irrégulière et devint de l'échelle de Mercalli (VIII et X). Sous atteint Lisbonne de manière inégale. vite très populaire, tandis que sur le un ciel obscurci, les eaux du fleuve Certains quartiers, ceux situés sur plateau haut, l'urbanisation, plus lente, refluèrent avant de déferler violemment les collines, comme Alfama ou le suivait un dessin orthogonal. Les sur les quais. Toute la journée, le sol Bairro Alto, avaient peu souffert, parcelles furent acquises par des vibra tandis que la plaine plusieurs laissant BAIXA - LES PRINCIPES secousses échapper des Baixa et les aristocrates qui édifièrent des hôtels grondements sourds. Des pans entiers berges du fleuve n'étaient plus qu'un particuliers. C'est le Bairro Alto que de la ville s'effondrèrent et un incendie tas de décombres. Le tissu de la ville l'on voit figurer sur le plus ancien des dévora six jours durant tout ce qui était était déchiré, et l'habileté de Pombal plans de Lisbonne dressé par J. Nunes consumable et consista à assembler les arabesques Tinoco en 1650. meubles des palais, et des maisons moyennâgeuses et le damier du Il faut descendre la rue S. Pedro de entières dont la plupart étaient en bois. XVIe siècle, par une pièce de Alcantara matinée, Les deux tiers de la ville étaient géométrie parfaite. Un mois après la lorsque quelques ombres soulignent devenus inhabitables, les six hôpitaux catastrophe, il recevait de Manuel da les sobres moulures du Palais de la étaient incendiés, cinquante quatre Maia, ingénieur militaire, une longue famille Andrade ou un peu plus haut, couvents et trente trois hôtels étaient dissertation dans laquelle celui ci de celui, plus tardif, de l'architecte détruits, disparus le Paço da Ribeira, envisageait Ludovice, et puis se promener dans ce l'Opéra, la Bibliothèque royale, le allant de la réédification à l'identique par une belle livres, tableaux E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 diverses possibilités e i g 11 LISBONNE Bulletin d'informations Architecturales Institut Français d'Architecture Nord/Sud. Font de Paço, et à l'identité de ce quartier bandes d'îlots commerçant, Baixa constitue un anciens quartiers suivant un nouveau transversaux, qui constituent le front ensemble homogène et fini. Elle dessin. A l'appui de ces hypothèses de la grande place s'ouvrant sur le trouve sa raison d'être dans un site, furent dressés six projets pour Baixa. Tage. D'aucun voient dans la régularité une histoire, et une demande sociale Les deux grands pôles de la vie de ce plan celle des camps militaires ; et ne peut être reproduite là où les urbaine qu'étaient le Rossio et le d'autres invoquent les villes de la conditions ne sont pas les mêmes. Terreiro de Paço demeuraient deux colonisation espagnole dont les plans On retrouvera ailleurs dans Lisbonne espaces urbains majeurs. Cependant, étaient définis par la Loi sur les Indes des entre ces deux places, l'ancienne (1573). Pour qui a vu Turin et la grille morphologiquement au déplacement de la ville à Belem, en approximative passant par la reconstruction des exception trois éléments semblables ou convergence du réseau viaire vers régulière de ses trois agrandissements stylistiquement, mais jamais réunis l'Eglise S. Nicolau disparaissait dans successifs au XVIIème siècle, la dans la cohérence logique de ce le plus rationnel de ces plans qui similitude est frappante. Les rues s'y fragment urbain. proposait un réseau orthogonal se alignent avec la même rigueur ; Les maisons y sont semblables. déroulant sans une inflexion. C'est ce cependant, le porche franchi, les Elles ont trois étages et un comble . dernier, dessiné par E. dos Santos et C. ressemblances s'évanouissent : il y a Sur l'enduit affleure la pierre qui Mardel, qui fut choisi et réalisé sans là le cortile majestueux puis la cour et marque l'encadrement des fenêtres presqu'aucune sa de bandeaux plats, qui indique les modification. La mise en scène, tandis qu'à reconstruction de cet ancien quartier Lisbonne, l'entrée de l'immeuble ne se mitoyens marchand fut financée en partie par le célèbre pas et la cour a disparu. Les couronne le tout d'une corniche. commerce de la ville qui offrit de payer îlots étroits, semblables à ceux du Mais une subtile hiérarchie distingue une taxe de 4 % sur les droits de Barrio Alto, ne laissent pour toute les façades. Tandis que celles des douane prélevés sur les importations. respiration intérieure qu'une tranchée rues principales sont dotées de A cela s'ajoutèrent les contributions par des pilastres et de trois mètres dont le sol est parfois balcons au premier étage, et de aides relié par un système d'écoulement à un quelques éléments décoratifs (un internationales qui affluèrent dès que égout filant dans l'axe des rues. Il n'y a léger ressaut qui esquisse une clef la catastrophe fut connue. plus, ici, d'espaces extérieurs privés. sur les baies du dernier étage, des Le sol fut porté, par les remblais Ce qui étonne encore, c'est que Baixa ailerons qui cernent les mansardes), provenant des destructions, à 4 pieds se un celles des rues secondaires perdent au-dessus de son niveau d'origine. fragment. Alors que la grille a pour elle toute décoration, et les dernières Sur cette surface aplanie courent, des capacités d'extension infinie et que n'ont d'une place à l'autre, quatre rues chaque croissance urbaine peut la D'autres principales de 42,5 pieds (13,8 m) de prolonger, elle est ici cernée par des commandées large dont sept (2,27 m) de part et limites qui en condamnent la simple urbains majeurs. Sur le Terreiro de d'autre sont occupés par les trottoirs. reconduction: deux places marquent Paço, A mi-distance entre chacune de ces les frontières Nord et Sud, deux fronts monumentales : rues, trois autres, plus étroites, sont bâtis en soutènement résolvent les corniche conservée, interrompues avant de déboucher sur différences de niveaux concernant les l'attique est signalé de fenêtres plus le Terreiro de Paço. Ce faisceau de bordures orientales et occidentales. petites, tandis que le premier étage parallèles est coupé orthogonalement Pour des raisons liées à la force de est un entresol appartenant aux par sept rues secondaires d'une ses frontières physiques (trois collines arcades qui entourent cette nouvelle largeur de 28 pieds (9,10 m). Les îlots et un fleuve), à la persistance d'une " place du commerce ". Sur le Rossio ainsi définis sont de longs rectangles structure urbaine depuis longtemps par contre, le dessin s'assouplit, les (± 26 x 72 m) d'une orientation ordonnée par le Rossio et le Terreiro balcons ne sont pas des colonies et les définit d'emblée comme E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 même les plus de balcons. variations par les façades est la sont espaces sont plus hauteur de mais e i g 12 LISBONNE Bulletin d'informations Architecturales Institut Français d'Architecture systématiques et la toiture a un fascinante comble émerveille lorsqu'apparaît sa raison brisé. Ces élévations, au premier abord, dressées par les auteurs du plan, des époques: style "nouille" de " d'être. furent imposées. Identiques, elles ont l'animatografo " du Rossio, ou années A Chiado, la variation naît tout à la permis la fabrication d'éléments en 30 de l'agence du Diario de noticias et fois série, de la poutre au linteau, de la du café Portugal. Sur les trottoirs se sont accentué et de l'héritage d'un passé. sévère aux déroulées les mosaïques de petits Son azulejos dont les motifs, à l'échelle du pavés noir et blanc dont les motifs sont situation carreau, s'assemblent à volonté. Rien propres à chaque rue, la chaussée est ascendance religieuse. ne déroge à cette ordonnance, ni les striée de l'éclat métallique des rails des Ce quartier qui mène de Baixa au bâtiments publics ni les édifices trams. Plusieurs rues transversales Bairro Alto grimpe sur le flanc de la religieux. A peine l'église est elle devenues piétonnières, peuplées de colline du Carmo. En 1755, la ponctuée d'un fronton discret ou d'une vendeurs à la sauvette dont les étals première ambition fut de prolonger façade un peu plus monumentale, se ferment comme des huîtres à simplement le réseau de Baixa. De quand ses bas côtés s'alignent et se l'approche la ce désir est demeuré un axe central : dissimulent régularité du tracé demeure et le soleil l'actuelle rue Garrett qui s'élargit, prescrites . scinde toujours en deux les longues devenant le Largo do Chiado cerné par Baixa, certains la décrivent monotone, rues, plongeant alternativement un deux sinistre même quand le dimanche elle côté dans l'ombre profonde tandis que anciennes est déserte et silencieuse. D'autres l'autre rayonne. Cependant, balustre métallique derrière les façades du danger. Mais des contraintes plan d'un relief capricieux reflète sa géographique et son églises situées limites de sur les Lisbonne. l'emplacement de nombreux couvents et la présence aiment ses boutiques luxueuses et des heures durant vont d'une vitrine à CHIADO, San PAULO ET RATO : de la pente ont modifié la régularité l'autre. Il y a ceux qui connaissent le LES VARIATIONS de la trame et les dimensions des îlots, beaucoup plus vastes que rythme de ses respirations, neuf heures, une heure, six heures : l'afflux Après le tremblement de terre, la prévus. Aujourd'hui, la plupart des des cols blancs en costumes noirs que reconstruction ne fut pas limitée au maisons religieuses ont disparu, libère la fermeture des banques et des seul quartier de Baixa. D'une manière mais bureaux, et ceux pour qui elle est un peu impressionniste, elle s'est demeurée identique. habitée par le fantôme du poète... étendue à toute la ville. Ce sont là Envahi Le quartier bien sûr a changé. Comme différentes touches, projets ponctuels commercial du quartier voisin, le un moment porté, il a perdu la glissés sur ce qui restait du tissu Chiado en a maintenant la même perfection du dessin d'origine et gagné urbain après la catastrophe. Figurés animation. Le couvent do Espirito en de sur un plan du dernier quart du XVIIIe Santo a laissé place au début du l'idéalisme a fait place à l'indulgence siècle, ces nouveaux îlots sont comme siècle à de grands magasins de du réalisme. Si le plan est demeuré, autant disséminés. métal et de verre, le couvent da les été L'image idéale projetée sur la ville n'est Trindade a cédé son réfectoire à la été pas d'une brasserie da Trindade sur les murs de surélevés, appuyant un balcon sur le multiplicité qui juxtapose au même laquelle se déroulent de grands ressaut de la corniche et ménageant moment panneaux un étage en retrait. Bien des façades différentes. Le fragment n'apparaît plus maçonniques; quant au couvent ont été habillées de carreaux aux comme Francisco da Cidade, il est occupé par multiples motifs et vibrent au moindre délibérément choisi. Il est érigé en les Beaux Arts . rayon de lumière. A la fin du XIXe principe et oppose à un ordre universel A l'opposé, le quartier de S. Paulo, siècle l'installation des banques, des une diversité dont les fondements sont situé sur un terrain plat en bordure grands magasins et des hôtels a fait multiples. Chaque fragment est comme du fleuve, est un véritable extrait du naître de nouvelles constructions dont une traduction du plan de Baixa plan l'architecture éclectique est empreinte interprété des identiques, formes similaires. C'est d'une Les caractéristiques propres à chaque un lotissement fait d'îlots étroits dans boutiques se sont modifiées au gré quartier. L'ensemble propose ainsi une l'un desquel s'insère une église. souplesse. bâtiments transformés. La influence La ont rigueur souvent plupart ont française. de celle desseins d'un des tout, pièces accidentel en mais de mais fonction formes il est E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 la de stucture par urbaine le mouvement d'azulejos Baixa : est aux à motifs conditions e i g 13 LISBONNE Bulletin d'informations Architecturales Institut Français d'Architecture Celle-ci s'ouvre sur une placette fabriques diverses, de soie, de oeuvrait pour la haute bourgeoisie et agrémentée d'une peignes ou de boutons par exemple, dont les ennemis étaient la noblesse depuis 1849 et de quelques arbres. sont larges et laissent place à de et le clergé, elle se fit dévote, L'ordonnance façades, la rigueur du grandes cours où se développent des indemnisa les Jésuites, signa un tracé, la taille des rues et des îlots, activités, à l'inverse de ceux, étroits, concordat avec le pape et détourna tout ici est pombalin. des lotissements. L'architecture aussi l'impôt destiné à la reconstruction de Rato enfin témoigne de modifications en est différente ; les bâtiments ici la ville au profit de l'édification d'une d'origine sociale. Ce nouveau quartier n'ont qu'un étage et de simples gigantesque église : la basilique de n'a pas été construit comme Baixa fenêtres Estrela, qu'elle voulut baroque pour pour d'immeubles fontaine à guillotine. Hérissé qui mieux afficher son opposition à la bourgeois, mais pour les artisans et affectionnent ces zones périphériques ville classique. A ce manifeste les ouvriers. Il déveoppe l'aspect peu à peu désertées par les industries, stylistique, industriel de la ville des Lumières et le quartier de Rato a maintenant ébauché lors de la reconstruction en doit qui l'incohérence des tissus lâches qui se 1796 du Palais Royal, le Paço da Ajuda les commerçants accueillir des et les activités contemporains il faut ajouter celui le densifient. Y cohabitent des barres situé près de Belem. Mais cette dimensionnement des îlots. Le choix récentes, de merveilleux édifices 1930 tentative resta sans suite. L'édifice, de l'emplacement de cette " cité et commencé industrielle " fut guidé par l'histoire. A industriels... à l'ombre des mûriers. Rato, dès 1735, dans un contexte de imposent repenser de vieux petits bâtiments baroque d'après les plans de M.C. de Sousa, devint Les grands desseins pombalins, en néoclassique sous le crayon de J. da le embrassant toute la ville, ont comblé Costa e Silva et F.X. Fabri qui, chargés développement des manufactures et son développement pendant presqu'un d'examiner protectionnisme s'était siècle. Lisbonne apparaît en 1855 telle condamné sans appel. installée une "fabrique de soie ", à qu'elle avait été pensée en 1755. Son Dans la première moitié du XIXe laquelle étaient venus s'adjoindre plan est le même, son réseau viaire n'a siècle, quelques des pas bougé. Elle s'étoffe et se rebâtit classique, consacrant les choix de bâtiments destinés à l'élevage des peu à peu. L'adduction d'eau est Pombal. L'Opéra construit en 1792 vers à soie et une dizaine de améliorée par de nouvelles fontaines : au Chiado l'était déjà ; le théâtre , qui logements ouvriers. C'est encore là une rue Junqueira en 1821, et l'autre, cinquante ans plus tard remplacera qu'à la même époque furent terminés rue de Palma en 1824. L'éclairage est sur le Rossio le Palais de l'Inquisition, l'aqueduc des Aguas Livres et édifiés un modernisé : 300 réverbères à l'huile le sera aussi. Mais, la situation réservoir ainsi qu'une fontaine, dernier d'olive sont installés. Mais elle ne politique, marquée par l'invasion maillon de ce réseau de distribution grandit d'eau. C'est donc sur un site déjà habitants marqué d'initiatives techniques et redéfinies en 1852, englobent bien des civiles, industrielles économique marqué années par industriel, plus tard pas, le stagne nombre et ses le projet, Lisbonne fut l'avaient donc néo ses napoléonnienne entraînant le départ limites, de la Cour au Brésil, et les guerres de est peu favorable au terrains non urbanisés. développement de la construction. d'implanter ce que l'on pourrait appeler Cependant, le grand ordonnateur de L'instabilité et les tensions qu'elles la première école d'Arts Industriels : le cette ville moderne, le marquis de provoquent paralysent l'économie. Real Colégio das Manufacturas. Il en reste Pombal meurt dans la disgrâce et l'exil, Après la révolution de 1820, le aujourd'hui, organisés autour d'une renvoyé à la mort de D. José I alors que régime place plantée de mûriers, quatre îlots Dona Maria accédait au trône. La reine nationalise les biens du clergé, carrés. Si la régularité du dessin initial reprit ainsi le pouvoir à celui qui avait confirme cette stagnation. Il met à et la linéarité des voies rappellent ceux chassé les jésuites, développé la disposition, pour la seule ville de de Baixa, les dimensions en sont tout surveillance fiscale et favorisé les Lisbonne, soixante cinq couvents autres. Les îlots accueillant des monopoles. Contre ce laïque qui aussitôt convertis en hôpitaux, que Pombal décide E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 libéral de 1834 qui e i g 14 LISBONNE Bulletin d'informations Architecturales Institut Français d'Architecture tribunaux, bibliothèques et même... Parlement, tous ces équipements dont le XIXe siècle a été prolixe. Ce n'est Plan et vue de Lisbonne, 1833 Plan générale de la cité de Lisbonne, 1785 qu'après la révolte militaire de 1851, lorsque le pays aura retrouvé un certain calme, renaîtront. que Ce l'instauration les n'est d'un projets qu'avec régime parlementaire stable que le Portugal s'épanouira et que Lisbonne aura de nouvelles ambitions. L'Eglise de la Madeleine, pombaline, 1783 Terreiro do Paço Rue S. Joao da Praça Basilica da Estrela,1779 Teatro S. Carlo, 1792/93 Rossio 25 24 20 23 21 22 18 17 15 12 16 13 10 9 14 5 6 7 4 1 3 2 E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 11 8 19 ALFAMA 8 Ca ALENTEJO 14 Av. ALMIRANTE REIS 15 B° ALTO 5 ALVALADE 21 ARCO CEGO 17 AREEIRO 18 BACALHAU 19 BAIXA 7 BELEM 2 CHATEAU DE S.-JORGE 11 CHELAS 22 CHIADO 6 COUV. DOS JERONIMOS 3 B° DA ENCARNACAO 24 Av. DA LIBERDADE 13 MOURARIA 10 OLIVAIS NORTE 25 OLIVAIS SUL 23 PASSEIO PUBLICO 9 RATO 12 RESTELO 1 SAO PAULO 4 TELHEIRAS 20 TOURS DES AMOREIRAS 16 e i g 15 LISBONNE Bulletin d'informations Architecturales Institut Français d'Architecture Avenida da Liberdade, fin 19ème s. suppression, mais inévitable il et elle disparut. était Son existence, si elle fut éphémère, aura LE PASSEIO PUBLICO néanmoins inspiré le visage de la ET L'AVENUE DE LA LIBERDADE nouvelle voie. L'avenue a retenu l'ampleur, Parallèlement, en effet, s'était fait jour l'alignement d'arbres et les parterres l'idée d'une croissance plutôt orientée fleuris. Sous ses frondaisons se vers le Nord. En 1859, était proposée lisent encore aujourd'hui les traces la création d'une large rue, " un de ce qui fut le premier jardin public Durant la deuxième moitié du XIXe boulevard ", partant du fond du de Lisbonne. siècle, apaisée, Passeio Publico, le jardin de la ville L'avenue da Liberdade a 90 mètres s'organise autour de deux pôles : le des Lumières, la respiration de Baixa. de large et 1276 de long ; elle se premier, dit " régénérateur ", est Dans ce quartier de pierre, il n'y avait termine par une place de 200 mètres constitué par la haute bourgeoisie aucun arbre, aucune plante non plus le de diamètre : la Place du Marquis de d'affaires qui se range autour de long de ces rues inflexibles. Il fallait, Pombal Fontes, tandis que l'autre, moins pour feuilles, commandé par l'intersection d'une conservateur, " remonter de la Place du Commerce ancienne voie qui, venant de Rato, la progressiste " . Ces deux tendances jusqu'au Rossio. Le Passeio Publico se coupait obliquement. Un souci de alterneront jusqu'à trouvait encore un peu au délà, vers symétrie engendra la création d'une l'avènement de la République qui, en l'Ouest. Dessinée en 1764 par Reynaldo seconde voie et l'articulation de ce 1910, marquera le terme de cette Manuel, cette promenade plantée avait croisement par une place ronde. Au monarchie parlementaire. Ce calme été aménagée dans le Valverde (Vallée delà de celle-ci se trouve un parc qui permet d'envisager à nouveau le futur Verte) sur des terrains agricoles jusque s'étend jusqu'aux limites de la ville de Lisbonne, d'autant qu'en cette fin là hors les murs. Contrepoint végétal à définies en 1852 par la estrada de de siècle la population augmente un monde minéral, il fut longtemps circumvalaçiro (voie périphérique). A rapidement, doublant en cinquante boudé, et ce n'est qu'à l'heure du nouveau, on limitait ainsi dès son ans : de 182 000 habitants en 1848, Romantisme ont origine le développement de la ville elle passe à 356 000 en 1900. Aussi commencé à venir y rêver. Entouré de par un parc : Baixa s'achevait sur le les projets et les réalisations cherchant murs et de grilles, ce salon végétal Passeio à définir son développement vont ils devint alors peu à peu un lieu favori. Liberdade finit sur le Parc Eduardo VII. fleurir. On y organisait des fêtes tyroliennes " Au fond la colline verte, parsemée Les yeux vont d'abord se tourner vers ou chinoises, des feux d'artifices, des d'arbres, les terrains de Vale de le port, pour lequel, entre 1861 et concerts de plein air. Situé en bordure Pereiro, posaient un brusque point 1883, quinze plans sont élaborés, des de la ville pombaline, ce jardin en final champêtre à ce court accès de plus simples n'envisageant que son marquait les limites mais en interdisait luxe bon marché qui, parti pour aménagement, aux plus ambitieux lui la la transformer la vieille cité s'arrête associant des lotissements, marqués topographie de la ville ne laissait brusquement, le souffle court, entre de cet éternel désir de faire de aucune tout des monceaux de pierrailles ". Mais il Lisbonne une ville linéaire, lancée développement vers le Nord ne pouvait y eut alors quelqu'un pour s'élever comme une écharpe sur les berges du se faire que le long des deux contre cette conclusion jugée trop Tage. Cependant, l'avenir de Lisbonne ramifications que la plaine de Baixa précoce : l'ingénieur Miguel Païs qui n'était pas le long du fleuve, et les lance de part et d'autre de la colline proposa en 1885 de ne pas s'en tenir ambitions furent éteintes avec la loi de Santa Ana. Le Passeio Publico était à ce tronçon et de prolonger l'avenue 1884 qui scindait clairement les deux donc condamné, alors même que les en ligne droite. Son projet, publié projets : d'une part la construction du Lisboètes commençaient à l'apprécier. dans la presse, souleva une vive port et de l'autre le développement En 1874, deux mille d'entre eux polémique, d'aucuns appuyant cette urbain. signèrent une pétition contre sa proposition, d'autres la réfutant au L'AVENEMENT DES AVENUES la vie politique, formera au le pouvoir parti voir les premières que croissance. certains Cependant, alternative, E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 dont l'emplacement Publico, fut l'avenue da e i g 16 LISBONNE Bulletin d'informations Architecturales Institut Français d'Architecture nom du relief trop accentué qui faisait Cependant le désir de prolonger ou Norte Junior et, glissée çà et là, la culminer cette voie qui monte en pente l'avenue revint comme une obsession note plus contemporaine des années douce à un point trop élevé. " au cours des années suivantes : 30 sur le bâtiment du Diario de Noticias. Personne ne peut croire que le Forestier appelé comme conseiller à ou l'ancien Hôtel Vitoria. A la même conducteur d'une Lisbonne l'envisagea en 1927, L. époque s'y implante le beau théâtre de voiture de marchandise ou d'un train Cristino da Silva en 1932, Keil do Cassiano Branco : Eden teatro; vers quelconque venant de Queluz ou de Amaral en 1940, Faria da Costa en 1925 le Parc Mayer y avait ouvert ses Porcalhota, lorsqu'il arrive à Palhavâ, 1962, et le dernier projet, lié à l'étude portes, encadrées de luminaires faits monte du du Plan Directeur de la ville, date de d'un jeu de cubes translucides aux pénitencier pour avoir le plaisir de 1967, mais ce dessein là n'a pas angles de métal noir. descendre d'un jusqu'à omnibus, la hauteur encore vu le jour. Le parc Eduardo VII, Aux jours de sa création, l'avenue da de dessiné par Henri Lusseau, vainqueur Liberdade était un divertissement à elle eurent du concours, domine toujours l'avenue seule. Les bourgeois venaient s'y raison du projet ; un an plus tard l'idée ombragée. Sur ses façades se lisent montrer et montaient l'avenue comme du parc était définitivement adoptée, et l'éclectisme du temps de ses origines, les Parisiens les boulevards. Puis les un concours lancé pour sa réalisation. signé par J.L. Monteiro, Ventura Terra distractions sont peu à peu venues. l'avenue... ironiquement l'époque. Ses un " écrivait journaliste détracteurs E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 17 LISBONNE Bulletin d'informations Architecturales Institut Français d'Architecture C'est là qu'en 1888 s'est tenue la première Exposition industrielle portugaise et, par la suite, la Foire du livre. Cinémas, théâtres et parc sont aujourd'hui des plaisirs qui font écho aux lointaines fêtes du Passeio Publico. Ainsi est née une nouvelle promenade, un nouvel espace public. L'ouverture de l'avenue da Liberdade fut aussi une opération de lotissement. Tracée sur des terrains peu construits, elle permit d'en envisager l'urbanisation. Une série de dessins signés de Ressano Garcia, ingénieur des Ponts et Chaussées, directeur des services techniques de la Ville, définit alors le quartier à tracer sur les terrains alentour. Peu développé à l'Est où l'orientation des voies reprend celle du parc, il a, vers l'Ouest, une ampleur particulière. Il est organisé autour de l'actuelle avenue Fontes Pereira de Melo, large voie de 30 m qui, venant de la place du Marquis de Pombal, fait avec l'avenue da Liberdade un angle de 60 degrés. Celle ci s'achève après 873 mètres de course sur une autre place ronde de moindre m de Duc de sa définition jusqu'en 1903 fixèrent Les Saldanha, située un peu en amont de définitivement sa surface à 8244 présentées conjointement au Conseil la estrada de circumvalacâo (Av. Duque hectares. C'étaient là des dimensions Municipal en d'Avila). Les rues adjacentes sont visionnaires pour un futur encore non réalisées sans parallèles ou perpendiculaires à la avenu... possible modification. Le plan d'ensemble nouvelle avenue et certains des îlots d'imaginer une autre extension et de reflète les étapes de son élaboration. carrés. franchir l'actuelle avenue du Duque A chaque fragment son réseau, à d'Avila continuant le tracé jusqu'au chaque AVENUES NOUVELLES Campo Grande. Cette nouvelle voie, caractéristiques. Ni l'orientation, ni la ET LOTISSEMENTS BOURGEOIS l'avenue plus dimension des îlots n'est constante imposante que la précédente, a 60 m d'un morceau à l'autre. C'est un Mais, à ce premier projet s'en ajouta de large et 1 500 de long. De par collage qui trouve ses justifications rapidement un autre, qui, sans doute d'autre d'une bande de circulation on dans les préexistences viaires. Ainsi, lié à la modification des limites de la reconnaît, da l'avenue Fontes Pereira de Melo suit un ville, prolonge ce dessein. En 1885, Liberdade, un terre-plein planté et une vieux chemin venu de Rato et l'aire urbaine de Lisbonne fut en effet contre allée, puis se déroulent de s'interrompt avec les anciennes considérablement augmentée, passant grands îlots rectangulaires. Elle se limites de la ville. L'avenue de la de 1 208 à 6 500 hectares. Des conclut par... une place ronde et un Républica, elle, doit son tracé à la corrections successives apportées à jardin. liaison qu'elle établit entre deux diamètre), importance la place (140 du Il devint de la venus alors Républica, de l'avenue E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 deux propositions 1888, réseau et furent furent presqu'aucune ses propres e i g 18 LISBONNE Bulletin d'informations Architecturales Institut Français d'Architecture pôles existants. C'est ainsi d'un dialogue avec l'histoire que naissent L'AVENUE ALMIRANTE REIS ET est comme une plaie au milieu de la LES " VILAS " POPULAIRES ville : les toiles du marché à ciel ouvert y ces désaxements successifs qui, à découpent des fragments leur tour, provoquent le recours à des Le pendant populaire de ces quartiers d'incertitude où voisinent des ruines et places circulaires ouvertes à toutes les bourgeois va se développer du côté des bâtiments neufs. Cette place, directions. Ces traces du passé, le oriental de la colline Santa Ana. Les ouverte dans les années 1940, au prix projet les a encore retenues pour initiatives municipales y seront moins de la démolition des immeubles de la marquer ses propres limites, mais grandioses et moins nombreuses. frange occidentale de Mouraria, est elles ne sont pas à l'origine des L'avenue ne sera pas plantée d'arbres, restée bordée de bâtiments éventrés. variations sur le thème de l'îlot dont et bien des tracés n'auront pas la Un concours a été ouvert en 1974 les fondements restent mystérieux. linéarité du té, mais la souplesse des pour lui donner un visage urbain, Ce plan d'extension ambitieux ne anciens autre gagné par l'équipe de Carlos Duarte et prendra corps que peu à peu. Sur la ramification de la plaine de Baixa est J. Garcia Lamas. Les travaux sont à plate étendue de l'avenue de la plus encaissée, prise entre les côteaux peine commencés. L'avenue Almirante Républica, plantée de jeunes troncs de Santa Ana et les contreforts des Reis est aussi en triste état. La encore sans feuilles, ne se dressait à collines de S. Jorge et de Graça. Là peinture s'y écaille et les enduits l'origine qu'un édifice de briques s'était développée une urbanisation s'effritent. Il y a des constructions rouges chemins. Cette réminiscences spontanée qui prolongeait le quartier grises, des vitrines sans âge de mauresques, les nouvelles arènes tout de Mouraria. Les ambitions de la ville quincaillerie et de petits bazars, le juste achevées. La bourgeoisie aisée y étaient modestes : il s'agissait de bruit des trams et des coups de installera hôtels et petits immeubles, suivre l'ébauche, faite au XVIIIe siècle, klaxon. La silhouette art déco de dessinés par les architectes qui de la rue da Palma et de rectifier une l'ancien garage Liz retient un instant le construisaient alors sur l'avenue da voie existante pour créer une avenue, regard, comme en face l'immeuble Liberdade, ces architectes au goût l'actuelle avenue Almirante Reis. Celle d'angle qui semble sorti d'un recueil éclectique comme Ventura Terra ou ci mène en ligne droite jusqu'aux parisien. Norte Junior. L'un comme l'autre ont été limites de 1852 et se termine, elle Ainsi s'est répartie la population de plusieurs fois couronnés du Prix aussi, sur une place ronde, la place do Lisbonne à la fin du XIXe siècle : aux Valmor, qui, depuis 1902, récompense Chile. Cette avenue est encadrée sur plus aisés l'ombre des palmes le long chaque année l'édification à Lisbonne un tiers de son trajet par deux rues qui des voies plantées ; aux classes d'un bâtiment privé. Les années courent réseau moyennes, un simple tracé sans passant, les rues ont été construites viaire créé alors était peu étendu, et autres formes d'embellissement ; aux puis détruites aussi. Sur l'avenue de la aucun lotissement n'était envisagé. défavorisés, les coteaux escarpés et Républica se lit la spéculation de ces Ce projet signé lui aussi par, Ressano les tissus spontanés. Il n'y a qu'à dernières aux parallèlement. Le Almirante Reis Garcia, appartenait au plan général des quitter particuliers du début du siècle sont améliorations le remonter vers l'Est pour trouver, maintenant rares, dominés par de gouvernement imposé perchés là-haut, sur la colline de Graça hauts immeubles ordinaires. Il y a l'élaboration à la ville. Sur cette les logements ouvriers. En 1890, la même de célèbres disparus comme le avenue ne s'installèrent pas de figures première compagnie de construction cinéma Monumental construit en 1944 de la vie politique ou économique, ni privée d'habitat populaire y bâtit un sur la place du Duque de Saldanha et d'avocats ou de médecins, mais des véritable quartier, le Bairro operario aos récemment détruit. Les bureaux qui petits bourgeois. On n'y voit donc pas Barbadinhos. L'histoire du logement ont envahi Baixa remontent doucement d'hôtels des populaire débuta, en effet, à Lisbonne les immeubles plutôt ordinaires et des par des initiatives privées. La ville décennies, avenues et les les hôtels architectes dont, en avait particuliers, 1901, mais l'avenue et ces équipements sociaux, alors souvent déplorait pourtant régulièrement l'état Certains, liés aux oeuvres religieuses comme en de délabrement où se trouvaient bâtiment témoignent l'église et le dispensaire certains quartiers comme Alfama ou baptisé franjinhas, l'atelier de Nuno dos Anjos situés de part et d'autre de Mouraria. Elle connaissait la carence Téotonio Pereira, sont à leur tour l'avenue. Venant de Rossio, il faut de logements peu chers, accessibles récompensés du Prix Valmor. traverser la place de Martin Moniz qui aux plus démunis, et par trois fois, des d'aujourd'hui nouveaux comme les s'essayent programmes. auteurs du à E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 19 LISBONNE Bulletin d'informations Architecturales Institut Français d'Architecture conseillers avaient ne peut s'y croiser. Côté rouge, on demandé l'étude de modèles de municipaux attend, l'employé assis sur le pas de la maisons bon marché. En 1881, une porte tourne le panneau, côté vert, on enquête avait même été ouverte grimpe à nouveau. Cette ville qui, Cette traversée de l'espace et du soulevant la question de l'habitat comme Rome, se plaît à dénombrer temps mène ainsi, avec la fin du ouvrier. L'épidémie de choléra qui sept collines, est faite d'escarpements siècle, aux limites imposées à la ville sévit en 1894 relança la polémique ; et de déclivités. Quand les trams en 1852. Hors de ces frontières, tous dénonçaient le manque d'hygiène faiblissent, il y a les petits trains à l'avenue Républica lance déjà un et de salubrité : " que dira l'Europe (...) crémaillère et les ascenseurs dont le premier bras vers le Nord. Mais quand la zoologie portugaise lui plus de Baixa. Lisbonne est toujours partagée entre présentera de nouveaux microbes, fils Construction métallique aux dentelures ce développement et une extension de la cochonnerie lusitaine ? ". néogothiques, elle permet d'accéder linéaire le long du fleuve. Aussi son Cependant rien ne devait être fait par sans fatigue aux ruines de l'église urbanisation se fera, au XXe siècle, les autorités municipales avant 1915, gothique du Carmo. Entre ces collines, suivant trois directions concurrentes alors que depuis 1873 de grandes certains ont aussi imaginé de tendre : la première se lance vers le Nord, entreprises textiles avaient construit des ponts. Il y a eu le rêve d'un viaduc la seconde et la troisième suivent le les premiers patios et vilas, ces suspendu entre Graça et S. Roque, Tage, vers l'Ouest et l'Est. Son bâtiments d'un étage où chaque prenant appui à mi course sur la colline histoire peut ainsi s'écrire en trois logement composé de trois ou quatre Santa Ana. M. Verdier gagna en 1888 le mouvements : le premier a la lenteur pièces possède un accès individuel. concours lancé pour sa réalisation, de l'adagio, il débute sous la En 1905, il existait ainsi 102 patios célèbre est celui UNE CROISSANCE EN TROIS TEMPS mais le projet resta sans suite. Un peu République et ne s'achève que dans dont la localisation suivait celle, plus tôt, en 1876, Miguel Pais lançait les années 50. Le second, ce excentrée, des zones industrielles : l'idée d'un pont sur le Tage. Celle-ci pourrait être le menuet des marquis près du port à Alcantara, à Rato ou sur traversa un siècle et ce n'est qu'en qui dessine le quartier résidentiel de la colline de Graça. Là, les initiatives 1962 que les travaux commencèrent. la haute bourgeoisie, le troisième furent nombreuses, plus de vingt vilas Enfin, au nombre des liaisons et enfin, furent 1900. transports, il faut ajouter le train, qui, développement avec les accents de Plusieurs ont aujourd'hui un certain parti de Lisbonne en 1856, arriva à la Charte d'Athènes. charme, avec leurs enduits pimpants, Porto en 1863. Trois gares ont été leurs escaliers et leurs coursives construites : Santa Apolonia, dédiée à métalliques barreaux cette première ligne, est un bâtiment desquels se glisse la note de couleur néoclassique achevé en 1865 ; la Le de massifs fleuris. Organisées autour édifiées autour entre les de le finale, conclut ce 1er MOUVEMENT: LE NORD début du siècle va donc seconde glisse sa façade éclectique au consacrer le mouvement lancé vers de petites cours et loin des grands coeur de la ville sur la place du Rossio, le Nord par l'avenue de la Républica. axes de circulation, il y règne le calme les trains bondés de banlieusards s'en Des " nouvelles avenues " tracées des pépiements d'oiseaux. échappent la de part et d'autre de la colline de Le panorama de cette Lisbonne de fin troisième, do cais de Sodre, celle des Santa Ana, celle ci avait été conduite de années 20, accueille siècle s'achève sur l'éclat par un souterrain; la ligne des beaucoup plus loin que son pendant, métallique de la toile des rails de loisirs, celle qui longe la "mer de paille" l'avenue Almirante Reis. Aussi, un trams qui strie alors les rues. Arrivés vers l'Atlantique. Là se retrouvent le ensemble de projets successifs va en 1901, les électricos cahotants dimanche rétablir l'équilibre et conduire cette sillonnent déjà la ville alors que le embarrassées de dernière jusqu'à Campo Grande. Les métro, proposé en 1888, n'existera serviettes de bains et de sacs à premiers pas sont faits sous la pas avant 1959. On attrape le tram provisions. Aucun train ne part de République. avec le plaisir de sauter au vol sur le Lisbonne vers le Sud. Le Tage, En 1910, une révolution faisait du marchepied, puis de se glisser près imposant, est une frontière d'eau que Portugal le troisième état républicain d'une fenêtre, remontant Alfama vers ne franchissent que les bateaux ou les d'Europe et marquait l'avènement Graça. Les rues sont si étroites qu'on cars vers l'embarcadère pour l'Algarve. d'une politique sociale. matin de les familles parasols, E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 20 LISBONNE Bulletin d'informations Architecturales Institut Français d'Architecture achèvement, une insurrection le 28 Les années 40 vont marquer un mai 1926 met fin à la République qui tournant Publique et proclame le droit de grève. n'aura eu que le temps d'amorcer son portugaise. Le régime, jusqu'à là Il contrôle les loyers et prend en oeuvre. Pièce par pièce, la dictature hésitant, tolérant tous les styles, sans charge la question du logement social. va achever ce quartier, et même préférences marquées, va chercher Tous rêvent " le coeur léger, du poursuivre son développement au delà dans une expression tout à la fois Le pouvoir entreprend une réforme fiscale, développe l'Assistance dans l'architecture cité avec, tout d'abord, la création en nationaliste républicaine, prolétaire (...) de petites 1927, de l'Institut Supérieur Technique. l'affirmation maisons, n'est ce pas ? d'un étage ou Entreprise par son directeur, Duarte génération d'architectes que l'on a vu deux maximum (...), des maisons pour Pacheco, futur Ministre des Travaux s'illustrer une famille, sinon divisées, entourées Publics et futur Maire de Lisbonne, elle modernes, des hommes tels que d'air et de lumière sur quatre côtés, est confiée à Pardal Monteiro, avec Cristino da Silva, Carlos Ramos, Pardal avec des jardins de fleurs et de lequel il collaborera souvent. Ainsi Monteiro ou Cassiano Branco vont devoir légumes, séparés de murets bas où il s'illustrent d'emblée dans la réalisation capituler ou se retirer. A l'époque où sera facile de contrôler, d'assainir, de du quartier Arco Cego, deux figures très en modifier, sans mystères ni manque présentes sur la scène politique et renversement, apparaît au Portugal ce d'hygiène. (...) Les maisons seront architecturale de ces années là. Le que l'on a baptisé l'architecture do alignées en rues droites, larges, avec bâtiment est d'un certain modernisme Estado Novo (de l'Etat Nouveau). Par la de grandes promenades latérales dans le dépouillement des volumes et Constitution de 1933, Antonio de Oliveira bordées d'arbres, et il sera permis le traitement des détails ; cependant, Salazar, chef du gouvernement, a en d'installer un banc à sa porte avec des son implantation, liée à la création de effet instauré un nouveau régime vignes grimpant sur la façade.(...) l'Alameda Afonso Henriques, est une empreint d'idées maurassiennes, dont Dans le loyer modique sera inclue une mise extrêmement les fondements sont corporatistes et annuité permettant au locataire de monumentale ; " Ce qui, dès le début, nationalistes, le Estado Novo. Le droit devenir un jour propriétaire. Chaque m'a préoccupé ", écrit l'architecte, de grève et les syndicats ont été quartier aura une grande rotonde " c'était le problème de la distribution supprimés et les travailleurs organisés servant de place, plantée et illuminée, des en corporations; la famille est devenue où auront lieu des concerts et des composition, distractions de plein air. (...) Centre de quasiment classique des volumes les nationale et le divorce limité par le la vie civique, il s'y trouvera la plus importants, puisque (...) ce qui rapprochement avec le Saint Siège et bibliothèque publique, le " lactarium ", devait être construit sur la petite la signature d'un concordat. Quelques la crèche, la piscine gratuite, le acropole de l'ancienne ferme Arco Cego années après la mise en place de ce devait dominer toute la région ". nouveau régime, au moment où la conférences et de réunions, et enfin La " petite acropole " et le quartier France capitule et où l'Italie entre en l'école " (N). social ont été chacun cerné d'un tracé guerre, est inaugurée à Lisbonne Ce songe de Fialho de Almeida ne viaire en forme fer à cheval, qui les "l'Exposition du Monde Portugais ". restera pas lettre morte. Le 14 avril individualise Sous la direction de Cottinelli Telmo, 1919, l'Etat décide de la création de manière, les articule. Cristino da Silva, Carlos Ramos et Pardal cinq quartiers sociaux dont deux D'autres architectures modernes sont Monteiro ont conçu un ensemble de seront réalisés. L'un se trouve à Belem, encore venues, dans années 30, pavillons évoquant l'époque glorieuse le Bairro da Ajuda, l'autre, Arco Cego, complémenter l'ensemble de Ioge- des Découvertes. continue l'urbanisation amorcée par ments: un lycée implanté en son Un savant mélange d'histoire et de l'ouverture des nouvelles avenues. centre 1932; sur sa périphérie, un modernité donne naissance à ce qui Proche de la vision évoquée de la cité groupe de villas; enfin, à la jonction de sera dès lors et pour dix ans républicaine, c'est un ensemble de ce quai et de l'Institut, un autre l'architecture officielle. C'est de cette maisons pittoresques et d'immeubles bâtiment universitaire, l'Institut écriture altérée et pompeuse que bas destinés à une petite bourgeoisie. National des Statistiques, construit en seront signés les bâtiments publics. Cependant, avant même son 1931-35 par le même Pas Monteiro. C'est ainsi qu'est achevé le quartier nouveau gymnase, quartier, l'église, de la la salle de en scène principaux éléments de et, la d'une de la disposition certaine E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 " et de dans Italie la source monumentale, son des s'opère de la pouvoir. La réalisations le même souveraineté e i g 21 LISBONNE Bulletin d'informations Architecturales Institut Français d'Architecture Le premier des gestes architecturaux .juxtaposés, Estado fontaine transversales. face Novo fut la construite monumentale l'Institut, concluant plantée qu'est la à promenade l'Alameda Alfonso viaires Cerné à l'Est par Campo Grande et à scène l'Ouest par l'avenue Almirante Gago individuellement, ils sont isolés dans la Coutinho (ou de l'aéroport) venue solitude de leur propre perspective. d'Areeiro, Alvalade est traversé par liaisons Mis ce l'avenue de Rome partie de la place développement de la ville vers le Nord de Londres. Il a, en outre, deux fut prolongée jusqu'à Areeiro, où est le lotissement d'un quadrilatère de avenues transversales dont la plus Cristino da Silva réalisa entre 1938 et 230 hectares : Alvalade. Depuis 1938, importante est l'avenue des Estados 1949, Lisbonne avait pour Maire Duarte Unidos da America. Entre ces grandes Pacheco, autour de un cette place ensemble de dernière en Henriques. Puis l'avenue Almirante Reis semi-circulaire, La sans étape des voies de circulation court un réseau logements. Les immeubles ont cinq Obraspublicas e comunicaçôes. C'était viaire secondaire, fait de ruelles et étages, leurs façades plates et nues un ingénieur qui avait déjà prouvé son d'impasses d'accès. Son dessin sont rythmées de fenêtres carrées et dynamisme durant un premier mandat irrégulier est lié à l'implantation du cernées de ministériel entre 1932 et 1936. C'est lui bâti : à l'Ouest un tissu pavillonnaire corniches. L'ensemble est ponctué de qui avait mis en ceuvre un vaste lui donne les courbes sinueuses tours couronnées de toits de tuiles sur programme combles brisés. De ce rapprochement employant dans ces temps difficiles qui série d'un et suivirent la crise de 29, des chômeurs disposés en U lui imprime un tracé d'éléments régionaux, on trouvera la à la réalisation des voies autoroutières en peigne. Cependant, dans ce caricature sur la place de Londres, et ferroviaires. C'est lui qui, en 1934, patchwork de formes urbaines, la signée, dix plus tard, par Cassiano imposa à toutes les villes de plus de morphologie des constructions est Branco (1949/57). Ici les détails sont 2 500 habitants de dresser un plan relativement homogène au delà plus plus général d'urbanisation ; dispositions d'une expression stylistique qui, au plus ambitieuses, si l'on pense que cette cours des années de la réalisation par la forte vocabulaire international caractérisés, dépouillés, les les pittoresques. saillie uns autres travaux publics, d'une cité-jardin, tandis qu'à l'Est une de corps de bâtiments au obligation ne touchait en France que du quartier, a un peu évolué. Les les communes de plus de 10 000 immeubles ont tous trois à cinq percée de gargouilles, ce bâtiment habitants, mais qui furent néanmoins étages, de nombreux balcons, peu moderne couronné comme un petit reconduites de décoration ou de modénatures, château, ne peuvent être compris, de modification jusqu'à nos jours. Dès son simplement la part d'un architecte qui a refusé arrivée en 1938 à la direction des marquer l'escalier ou le séchoir. Ils tout compromis et qui jamais ne reçut pouvoirs municipaux, il fait appel à un sont d'une architecture retenue, d'un de commandes officielles, que comme urbaniste français, E. de Grôer, pour certain une virulente critique du style officiel dresser le plan d'urbanisation et exceptions qui ridiculise les traits en les outrant. d'expansion de Lisbonne qui sera bâtiments bas, les quatre tours En face se trouve l'église Sâo Joâo de approuvé 1948. construites en 1952 au croisement Deus Parallèlement, une des deux voies principales : l'avenue l'achèvement du quartier social Arco politique de municipalisation des sols Roma et l'avenue Estados Unidos da Cego . Ce dernier aura ainsi vu se grâce à un régime d'expropriation America. succéder la devenu, depuis 1938, peu favorable A République qui l'a fondé, les années aux propriétaires. Celle ci a conduit à équipements : un parc, un stade, de la modernité où il a été doté d'un la nationalisation de plus de 2 000 une école au centre de chaque " équipement scolaire, le lycée, et les hectares de terrain, soit près du tiers maille ", des commerces le long des heures noires du fascisme pendant de la surface actuelle de la ville. C'est avenues. Pour suivre l'histoire, il faut lesquelles fut édifié ce monument ainsi sur des propriétés municipales, et remonter tout d'abord l'avenue da religieux. Il s'ouvre maintenant sur la dans général Igreja dont la perspective se clôt place de Londres, place plantée aux d'urbanisation et d'expansion que Faria sur... une église. Là se trouvent les façades marquées par la vague Estado da Costa, architecte municipal, trace premiers logements réalisés dans novo. Argo Cego, l'Institut et Areeiro dans les années 40 le plan d'Alvalade. les années 40, et, derrière, l'école en l'élan façade de Ministre revêtement modulé, soudainement qui, Cette également de 1949, généreux conclut de le sans presqu'aucune définitivement cadre il en entreprend du plan E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 une claustra rationalisme. à l'habitation cet pour Seules ensemble s'ajoutent de des e i g 22 LISBONNE Bulletin d'informations Architecturales Institut Français d'Architecture 1 2 5 6 3 4 7 8 1 Institut Superieur Technique, 1927-35 2 Lycée, 1932 3 Institut de radiologie, 1928-33 4 Eglise Rosario de Fatima, 1934 5 Cinema Capitole, 1925-31 6 Batiment de la Marine, 1942 7 Bâtiment fluvial, 1928-31 8 Maison de la mode, 1934-41 bien sûr. La bande méridionale, celle qui jouxte presque Areeiro et Arco Cego fut, paradoxalement, édifiée ultérieurement, autour de 1950. On trouvera donc dans le Bairro das Estacas et l'école voisine, par exemple, la version moderne d'Alvalade. Avec ce quartier s'achève ce premier mouvement de croissance vers le Nord. Au delà, se trouve encore un hôpital construit au 19e siècle, puis la frontière linéaire de macadam de l'autoroute. Cette dernière, prévue par le plan de Grôer, ceinture Lisbonne en partie et arrête sa croissance vers le Nord. Il n'y a ensuite que de petits lotissements ou d'anciens bourgs, mais pas de tissu urbain continu ; ce n'est plus la ville. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 23 LISBONNE Bulletin d'informations Architecturales Institut Français d'Architecture 2e MOUVEMENT. principal, Duarte Pacheco C'est encore une fois par fragments LA FRANGE CÔTIÈRE OCCIDENTALE Pereira, le long duquel se trouve un successifs, par additions d'entités centre commercial à l'allure moderne, autonomes que s'est faite cette édifié en 1952. La plupart des villas croissance cernée par les grandes Les grands l'avenue mouvements de datent de cette époque et sont le plus voies Lisbonne que le plan général se souvent, à quelques exceptions près d'urbanisation et d'expansion avait succèdent pas exactement les uns aux comme celles construites par Keil do lancées dans cette direction: la autres, il se chevauchent. La ville Amaral, d'une architecture sans grand première débute à Baixa de la place s'étend simultanément vers le Nord et intérêt. du Commerce et suit le fleuve au l'Ouest. La création du quartier de Au sommet de la colline, dominant plus près ; la seconde part de la Restelo, près de Belem, n'est pas l'ensemble, une opération commencée place postérieure à celle d'Alvalade, elle est en 1971, a infléchi un peu le caractère traverse le parc. Elles sont reliées contemporaine et signée du même très bourgeois de ce quartier. De petits par deux transversales, dont l'une architecte municipal : Faria da Costa. Ici immeubles de quatre étages, faits de reprend approximativement le tracé comme là, cette urbanisation se fit sur duplex et de triplex destinés plutôt à des limites de 1852 et permet l'accès des terrains municipaux, mais, alors une classe moyenne, font face à des du pont sur le Tage, tandis que qu'Alvalade était destiné plutôt à une logements individuels en bande. Entre l'autre borde Restelo à l'Ouest. Dans croissance de ne du Marquis de Pombal et petite bourgeoisie, Restelo s'adressa à ces doubles barres Nord/Sud qui cette zone, les lotissements ont été la haute bourgeoisie. Il y a longtemps cherchent à composer un îlot, courent ajoutés à l'urbanisation ancienne des déjà le Roi y avait élu domicile et fait des rues. Il s'affirme ici une volonté de bords du fleuve. Souvent distants, ils construire le Palais da Ajuda. Plus retrouver le tissu traditionnel de la ville, ont chacun leur propre logique, et, récemment, la décision de créer là un une filiation avec les mouvements de de l'un à l'autre, de l'ancien au parc avait valorisé encore ce secteur. retour à l'urbain. nouveau, ne se tissent que peu de L'idée d'un grand espace vert, d'un Contrepoint social de Restelo, cette complicités. Ils sont comme en bois, traînait dans les esprits depuis opération prolonge d'une certaine attente d'un futur, comme des pièces Passeio Publico été manière ce qui avait été esquissé dans offertes au puzzle urbain de la supprimé, et ce fut Duarte Pacheco la période Estado Novo. Si en effet Lisbonne de demain. qui la matérialisa. En 1935, une loi Belem et la rive du fleuve étaient entérinait le " plan d'urbanisation de la restés l'apanage des plus aisés, des 3ème MOUVEMENT : Costa del Sol " qui concluait l'étude ensembles d'habitat social avaient été LA FRANGE CÔTIÈRE ORIENTALE que A.D. Agache menait depuis 1933. implantés à l'arrière de cette bande Elle prévoyait le développement de côtière : en 1937 le Bairro Salazar, Ce toute la région côtière qui longe la " destiné aux ouvriers de la zone croissance se situe, comme le mer de paille ", de Lisbonne jusqu'à portuaire d'Alcantara, puis en 1938 le précédent, le long du fleuve, mais l'Atlantique, comprenant le projet du Bairro camarao da Ajuda. Mais là, la dans la direction opposée, à laquelle parc forestier de Monsanto, en bordure maison individuelle était de rigueur la courbe du Tage imprime une de la ville, à l'arrière plan de Belem. " l'intimité de la vie familiale réclame le orientation Six cents hectares de terrain furent confort, demande l'isolement, en un Nord/Nord Est. Il débute à la même expropriés par la ville et boisés par le mot, exige une maison, la maison époque, en 1940, par l'édification Ministère de l'Agriculture. indépendante, notre maison (...) La d'un quartier populaire, le Bairro da Le quartier de Restelo se situe sur les famille qui s'abrite sous son propre toit Encarnaçito. Sur 20 hectares de pentes d'une colline qui descend est naturellement plus unie, plus terrains expropriés sont construites doucement du parc de Monsanto vers le stable, mieux constituée. de Tage. C'est un ensemble de maisons C'est pourquoi les grands phalanstères régionalistes aux couleurs de l'Estado individuelles organisées par un réseau et les colossales constructions de Novo. Quoique contemporain des viaire concentrique suivant la ligne des logements leurs réalisations de Faria da Costa, courbes de niveau. Les rues sont restaurants annexes et leur table Alvalade ou Restelo, il n'en a pas la coupées transversalement d'un axe commune ne nous intéressent pas. " modernité, et reste, en esprit, plus que le avait ouvriers avec E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 troisième petits mouvement de approximativement maisons individuelles e i g 24 LISBONNE Bulletin d'informations Architecturales Institut Français d'Architecture proche du Bairro Salazar. faible part qui lui revient, puisque un décret loi institua en 1959 le Après la création de ce premier quelques pourcent de la production est cabinet technique d'habitation (G.T.H.) lotissement, l'urbanisation de cette l'oeuvre de simples en entrepreneurs. chargé d'étudier la répartition de 8 500 zone pendant En 1948 a lieu le premier congrès des logements sur 186,6 hectares, que quelques années. Seul un grand architectes portugais, où tous affirment réalisèrent équipement est implanté en 1942 à leur architectes différents. proximité: l'aéroport. Ainsi se confirme nationaliste d'une La visite d'Olivais pourrait commencer une structure sociale urbaine déjà ouverture aux idées des CIAM. La place du Commerce. C'est de là que esquissée : les vrombissements des volonté d'une planification urbaine, la partent ces bus verts à deux étages avions et les nuisances sonores promotion d'une politique foncière dont le trajet s'allonge vers Olivais. Ils voisinent avec les logements sociaux, sociale, la priorité aux logements suivent des quais sans fin, traversent tandis que le calme et les frondaisons collectifs, la des rues désertes et monotones, vides du parc forestier ont été offertes aux construction, de sous le soleil quand les ouvriers sont résidences des plus aisés. A la fin du l'enseignement et de la profession en derrière les murs gris et bas des 19e siècle, les hôtels particuliers sont les grands thèmes. Ils vont être usines. Le chemin est long, Olivais est repris les très excentré. Il y a entre ces cités et avenues débutant sur le versant réalisations ultérieures, et nombreux la ville de grands pans de terrains occidental de la colline Santa Ana; les sont les architectes appartenant à l'un inoccupés, seule la bordure du Tage quartiers chics sont maintenant à des groupes leaders du congrès, est assaillie d'industries. Il faut faire maisons l'ICAT (Initiatives Culturelles Art et presque ouvrières étaient du côté oriental, Technique) dirigé par Keil do Amaral, descendre qu'à Olivais Norte, aux répondant qui projets origines de cette urbanisation. On industriel qui remontait les berges du d'Olivais. La première illustration de croira surprendre une rue bordée de Tage ; les cités dortoirs vont se trouver ces thèmes sera donnée à Lisbonne petits immeubles de briques, mais ce dans leur sillage. C'est là, à Chelas et à en 1954, par une succession de cinq n'est là qu'un accès trompeur. Il règne Olivais, qu'à la fin des années 50 et immeubles sur pilotis qui, implantés ensuite un désordre organisé sur fond jusqu'à aujourd'hui seront construites transversalement à la voie, marquent de pelouses mitées. Les bâtiments les les barres d'habitat populaire ; c'est là, de leur rythme syncopé l'une des rares plus autour du Bairro da Encarnaçâo que avenues ouvertes dans un tissu urbain Nord/Sud, tandis que les autres, moins seront constitué, l'avenue Infante Santo. intransigeants, se rapprochent plutôt est implantés s'étaient l'Ouest, interrompue à le Belem. au créés long Les des développement plus de 20 000 refus d'une et architecture leur désir l'industrialisation et la réforme développés prendront de part dans aux ensuite toute la plus de ligne rationalistes sont cent et ne orientés logements. L'urbanisme né de la C'est à du néo-réalisme italien. Le réseau Charte d'Athènes va faire front à celui Olivais que l'on en mesurera toutes les viaire est élémentaire : une boucle à conçu dans les années les plus noires conséquences. du fascisme. Si, en effet, autour de entrepris en 1955 et fait suite au circulaire. A Olivais Sul, les voies ont 1940, l'architecture suivait une voie premier plan de les mêmes sinuosités fantasques. engagé par l'Etat cependant véritablement Olivais Norte est développement l'intérieur d'un périmètre semi de Uniquement vouées à la circulation, forme promouvoir un effort de modernisation elles ne permettent pas d'atteindre les d'opposition, quelques années plus industrielle. Il avait, à cette occasion, logements auxquels on accède par un tard la situation a changé et le pouvoir programmé des milliers de logements, petit n'est plus en mesure d'imposer un dont une partie seulement devait être logements sont groupés en " cinq style. La dictature perdure, bâillonnant réalisée. Olivais Norte, ce sont 2 500 secteurs d'habitation " pourvus chacun les pensées grâce à une police logements construits sur 40 hectares. d'une efficace et violente, la PIDE (Police Sur un canevas dessiné par des équipements moins fréquentés, tels Internationale de Défense de l'Etat), la techniciens censure est maintenue sur tout ce qui architectes ont brodé leurs variations. sont se dit ou s'écrit, mais l'architecture Le même principe fut repris cinq ans l'opération. échappe à ce carcan, du moins la plus tard pour la création d'Olivais Sul: Parmi les architectes, on retrouve officielle et modernisme si était l'affirmation une du soucieux municipaux, différents E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 tronçon école, vite amputé. tandis que Les les que les églises ou les centres sportifs, répartis sur l'ensemble de e i g 25 LISBONNE Bulletin d'informations Architecturales Institut Français d'Architecture des adeptes des CIAM auxquels piétonnières des voies de transit, est le sillage de la Charte d'Athènes, s'ajoutent nouvelle fait non plus de boucles, mais de quand l'autre Restelo, que avons déjà par les ramifications. A l'Ouest, les choses ne évoquée, est plus marquée d'un réflexions de Gardella ou Quaroni sont qu'esquissées, il n'y a encore que retour à l'urbain, à la rue, à l'îlot. dans le cadre du plan INA Casa lancé deux opérations ponctuelles et isolées. Ailleurs, les initiatives publiques sont dans les années 1950. Ceux ci L'une organise 321 logements en cinq le fruit de la Révolution du 25 avril rompent avec les positions extrêmes longs immeubles déployés en éventail 1974. D'un pays appauvri et lassé du mouvement moderne pour renouer autour de la courbe de la route. des guerres coloniales est alors née avec une culture architecturale moins L'autre, baptisée " la panthère rose ", une révolte militaire qui mit fin à la internationale, génération, ceux plus de la séduits refusent le comprend approximativement le même dicta- ture. L'enthousiasme était systé-matisme du rationalisme pour nombre grand et dès le mois d'août, Nuno élaborer un langage lié à une tradition. composée de bâtiments plus bas dont Portas, Ainsi, certains s'opposent-ils à la l'organisation tente de recréer des l'Habitation et à l'Urbanisme lançait simple juxtaposition des constructions espaces publics : une rue, une place . un telle qu'elle avait été pratiquée à Là s'écriront dans les années à venir S.A.A.L. Olivais Norte et tentent de composer les futurs quartiers de Lisbonne qui Locale), dont les ambitions étaient leurs bâtiments autour d'espaces de logements. Elle est Secrétaire nouveau d'Etat programme (Service d'Aide de intitulé Mobile conclueront la croissance de cette d'apporter intérieurs et d'esquisser des places. frange Iogées, et particulièrement à celles Le dernier maillon de cette croissance depuis trente ans déjà. Lorsque les des est la zone de Chelas. Un peu plus trois étapes que sont Olivais Norte, financière vaste que les précédentes, elle couvre Olivais Sul et construction. côtière orientale Chelas engagée auront été aux populations bidonvilles, que une mal aide technique tant à la L'autoconstruction 510 hectares et a été envisagée pour achevées, ce seront ainsi, sur une préconisée fut vite abandonnée 11 500 logements. Elle se trouve au surface qui couvre un dixième de l'aire devant les refus des futurs habitants. Sud de Olivais et s'étend jusqu'à la urbaine Ceux ci, réunis en coopératives, frange urbanisée de Lisbonne. Elle logements sociaux qui auront été participaient couvre ce blanc laissé entre la ville construits. projets de Lisbonne, 30 000 des années 40 et les cités dortoirs. Son relief accidenté, provoquant des à l'élaboration et devaient des être, ultérieurement, responsables de la LA VILLE A LA DÉRIVE gestion de l'ensemble. Le principe différences de niveau de plus de 100 étant de reloger les habitants sur mètres parfois, en avait repoussé le Après ces grands mouvements de place, ces réalisations ont suivi la développement, pourtant prévu par le croissance, desseins géographie de la pauvreté, et se projet De Grôer dès 1948. Ce ne fut ambitieux qui planifiaient les logements trouvent dans les quartiers les plus qu'en 1962 que son plan après ces par milliers, les années 70 sont d'une détériorés, aux franges de la ville. d'urbanisation fut défini, et quatre ans certaine de Dix neuf opérations furent ainsi plus les récession. Les opérations y sont de envisagées à Lisbonne et plusieurs Chelas moindre envergure et leur répartition furent réalisées parmi lesquelles à aujourd'hui est encore en chantier, et ne suit pas d'orientation privilégiée: l'Est, Bacalhau-Montecoxos et à l'Ouest offre de ces visions surréalistes où les elles sont petites et dispersées. Ce Fonsecas-Calçadas. sillons des labours d'un champ sont, à sont maintenant plutôt des éclats que Pendant que les pouvoirs publics l'horizon, coupés de la silhouette des planifiaient linéaire d'une barre de logements, où cependant deux exceptions, issues ensembles, les sentiers sont interrompus du tracé des volontés communales de lotir les entre-prises d'une autoroute. terrains municipaux encore dsponibles. parsemaient A l'Est, il y a l'embryon d'un centre Toutes deux planifiées par l'E.P.U.L. lisières de Lisbonne. Constructions urbain. La " structure cellulaire " de (Entreprise Publique d'Urbanisation de dites de luxe, et qui n'en n'ont Olivais a été abandonnée au profit Lisbonne), elles ont cependant des souvent d'une distribution linéaire; le réseau visages différents. L'une Telheiras (63,5 portent fréquemment le nom des viaire, qui distingue toujours les rues ha/3 300 logts), se situe encore dans anciennes fermes sur les terrains tard premières que s'achevèrent réalisations. façon fragments des années urbains. Il y a E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 que ainsi ces grands d'importantes immobilières de résidences l'apparence, les elles e i g 26 LISBONNE Bulletin d'informations Architecturales Institut Français d'Architecture édifiées supérieurs Il s'agit de réorganiser la circulation de les petites tables rondes ont de habitent maintenant de nouvelles : les cadres Baixa et de transformer les arcades de superbes piétements ou la taverne quinta; elles sont en général accom- la Place du commerce en "aire de vie", populaire. L'après midi est chaude, pagnées d'un centre commercial et d'aménager la Place de Martim Moniz, ou mais dans la soirée, la douce tiédeur parfois de bureaux. Certains ont mis encore est idéale pour reprendre la ballade. leurs talents au service de ces d'autocars à Areeiro, il s'agit d'une stra- Puis il y a les jours où l'on ira plus loin, programmes une tégie du transit qui laisse la constru- où l'on dépassera ce cercle qu'à pied architecture d'un post modernisme proposant d'implanter une gare ction aux mains de l'initiative privée.La l'on clinquant. Il y eut ainsi, signés du mê- ville part peu à peu en lambeaux. Ses s'embarquera en tram jusqu'à Belem, peut parcourir, me architecte, Tomas Taveira, en 1978 bâtiments les plus remarquables ne en bus jusqu'à Olivais, ou en... bateau les 1200 logements des Olaias ou plus sont que rarement protégés. Bien des jusque de l'autre côté du Tage, ce récemment le centre des Amoreiras " voix s'élèvent qui ne veulent pas de large fleuve que l'on voit si souvent où l'on va vers une profusion d'élé- ces rues " sauvées " des voitures, " mais que l'on approche si peu. A ments médiévaux et d'éléments venus conquises " pour le piéton qui doit sillonner ainsi la ville, on s'imprégnera de l'histoire du Portugal ". ensuite " reconquérir " la " voie rapide de l'odeur de café et de cannelle, du Lisbonne a maintenant un plan di- ", ni de cette " Lisbonne nouvelle riche, bruit des trams et des klaxons, de la recteur périmé qui fut élaboré en 1967, sans noblesse, qui se remplit de musique de cette langue chuintante. Il mais ne fut approuvé que dix ans plus frontons et de béton comme qui boit se dessinera peu à peu des parcours tard. Son développement urbain n'est un Chivas le matin pour ne pas se favoris qui pour certains mèneront plus clairement planifié et les grands où Baixa, l'on regarder dans la glace et voir qu'il est irrémédiablement projets d'habitat social ont disparu. moche... " passent par le Jardin botanique ou par Dans un pays où la production de Pourtant, Lisbonne est encore belle. le marché da Ribeira, quand d'autres logements reste très inférieure à celle Tôt par un de ces matins d'été, quand choisiront d'éviter la rigueur de cette des autres pays européens (3,7 foyers il fait encore frais, elle invite à la réalisation des Lumières, préférant, pour 1 000 habitants en 1980 contre promenade, à dévaler la colline du comme Bruno Ganz, l'irrégularité 6,1 pour 1 000 dans l'ensemble des château en suivant le lacis d'Alfama, pittoresque des quartiers populaires. pays de la CEE), cette absence se fait puis à filer tout droit le long des rues On aimera traverser la ville comme on cruellement le néoclassiques de Baixa pour se perdre traverse le temps, y reconnaître ses développement démographique de la ensuite ici et là, découvrant par hasard différents visages, y lire son patchwork ville stagne, les problèmes sont loin les décorations mauresques de la casa où chaque siècle a ajouté sa pièce. Si d'être résolus. Un tiers des familles qui do Alentejo, le beau brutalisme de ces dernières décennies n'ont pas été vivent à Lisbonne partagent leur l'église du Sagrado Coraçào de Jesus ou bien favorables à Lisbonne, celle ci appartement avec d'autres familles, et la modernité de l'Institut Franco- porte encore dans la trame de chacun il reste encore des bidonvilles et des Portugais.Puis, chaleur de ses tissus assemblés la marque de logements clandestins. Pourtant, les tombe, épaisse, il faudra savoir trouver l'époque qui l'a conçue. Elle reste ambitions le salon de thé aux miroirs et aux comme un livre d'histoire urbaine offert lambris fin de siècle, le café 1920 dont à tous les amateurs. sentir. du Même Maire si touchent aujourd'hui plutôt le centre ville. quand la E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 à et qu'ils e i g 27 Ascenseur Santa Justa Raoul-Mesnier DE PONSARD, 1902 MBALLA Landry, MORANDO Michele Ingegneria nell’architettura Gonçalo Byrne Lotus international (n°45) Inauguré le 10 juin 1902, l’ascenseur est plus qu’un lien entre le quartier de Baixa et la partie haute de Lisbonne. Il représente un arc de triomphe en l’honneur de la reconstruction de Baixa, qui fut détruite en 1755 par un incendie. Le marquis Pombal, après l’incendie, prit en charge le nouveau plan d’urbanisme. Il mit en place un plan à trame rectangulaire qui pour le marquis était une avancée en direction de la modernité. La topographie irrégulière du centre de Lisbonne limite un peu son accessibilité. Dans beaucoup de cas des rampes ou des escaliers suffisaient A la fin du 19ème siècle, les quelques endroits qui n’étaient pas encore franchis, le furent, par des ascenseurs inclinés ou verticaux, lesquels constituent une partie des transports publics. Ceci fut rendu possible par la révolution industrielle. A tous ces ascenseurs, environ une dizaine, est lié Raoul-Mesnier DE PONSARD, qui était l’auteur des projets, il s’occupait du suivi des constructions, et des fois même de l’exploitation de certain ascenseurs, comme il en est le cas de l’ascenseur de Santa-Justa. Le concept de l’ascenseurs de Santa-justa est inspiré d’une proposition utopique faite au début du 19éme siècle, qui consistait à créer une grande passerelle assez large pour contenir une zone piétonne entourée de magasins de luxe (environ 35m). L’ascenseur est une adaptation de l’utopie aux conditions locales. La majeure difficulté de l’adaptation était de construire en métal dans un milieu où les constructions sont en pierre. L’autre préoccupation de l’ingénieur était de créer, d’une manière contemporaine, une continuité urbaine. Vue intérieure de la passerelle Raoul-Mesnier DE PONSARD trouvait sa première solution trop fortement décorée (voir première version). Il retravailla la décoration de l’ascenseur pour arriver à un juste milieu entre l’expression de la structure et un langage néo-gothique. La décoration de l’ascenseur s’harmonise avec le musée de Carmo et l’église gothique voisine à la passerelle. L’élévateur a pris ses dimensions, comme son expression, de son environnement. Il mesure 41m de haut. Au pied de l’ascenseur, une rampe d’escalier se sépare en deux pour ne pas couper l’ancienne rue. Huit piliers métalliques constituent la structure principale. Un rythme alterné entre les ouvertures en ogive et les bandeaux de contreventements constituent la décoration de l’ascenseur. Deux élévateurs nous permettent d’accéder au niveau de la passerelle (32m) qui est soutenue par un arc en béton. La passerelle est couverte de la même façon que le plateau d’arrivée des ascenseurs. Au-dessus du niveau de la passerelle, deux étages sont accessibles par deux escaliers en colimaçons. Un petit bar au premier niveau, profite d’une vue magnifique. A son sommet, un belvédère domine le quartier de Baixa. Biographie : Raoul-Mesnier DE PONSARD, ingénieur en mécanique, diplômé à l’université de Coimbra en mathématique et en philosophie, ensuite il se rend à Paris pour travailler dans le bureau de Eiffel, puis il voyage en europe, pour finalement retourner travailler au Portugal E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 28 Ascenseur Santa Justa Raoul-Mesnier DE PONSARD, 1902 MBALLA Landry, MORANDO Michele Premier projet Projet final E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 29 CHIADO, RECONSTRUCTION DE BAIXA POMBALINA Alvaro SIZA, 1991- 1998 ITEN VERONIQUE & MOTTA GAVIOTA RECONSTRUCTION CHIADO ANGELILLO, Antonio Casabella, n° 628, nov. 1995, pp. 18-33 Urbanisme, n° 262, avril 1993, pp. 72-76 Quartier Baixa Quartier Baixa Plan de situation Lors de l'incendie qui ravage le centre historique de Lisbonne en 1988, le quartier de Baixa, construit alors par le marquis de Pombal, est le plus touché. Dans le programme de reconstruction d'Alvaro Siza, l'étude s'est non seulement portée sur la rénovation du Chiado, mais également sur celle de Pombalina Baixa, la ville basse, les deux quartiers étant liés géographiquement et historiquement. C'est pourquoi, l'expérience innovatrice du plan de la reconstruction du Chiado risquait de se trouver isolé et en décalage si on n'étendait pas le projet à celle de la Baixa. Après le tremblement de terre de 1755, la reconstruction de Pombalina a consisté en un plan de réurbanisation de la Baixa. C'était la première intervention de reconstruction en Europe dans laquelle intervenait des transformations de typologie structurelle des édifices, un schéma constructif antisismique basé sur des études techniques très innovatrices pour l'époque. Durant les dernières centaines d'années, on observa l'introduction de structure en béton armé ou en acier dans beaucoup de restructurations des étages en plein pieds de la Baixa. Après l'incendie qui détruisit définitivement la structure interne en bois, Alvaro Siza a reconstruit un "gaiola" en béton armé sur lequel les pièces en pierre , récupérées ou fidèlement reconstruites selon un relevé précédant l'incendie, ont été ancrées. Dans les archives historiques de Lisbonne, Siza a pu étudier des centaines de dessins des façades des îlots qui étaient les vrais éléments régulateurs du plan, puisque les intérieurs pouvaient être de typologies différentes selon la nécessité de l'investisseur. Les édifices étaient composés d'un rez-de-chaussée et de quatre étages supérieurs. Ils ont été transformés en y ajoutant deux étages. Pombalina Baixa Incendie Interpréter le style de Pombalino est difficile, car il a subi plusieurs modifications et la ville a grandi en se voyant ajouter de nombreuses caractéristiques. On peut prendre par exemple la tendance à rajouter un étage en plus sur les édifices de Pombalino, qui étaient conçus pour avoir une possibilité de terminer le bâtiment avec un balcon. Ceci était devenu si fréquent que le balcon fut considéré comme un élément qui caractérisait le style Pombalina ainsi qu'une période de l'architecture. Incendie Ancienne façade de Pombalina Après l’incendie E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 Reconstruction de la façade e i g Reconstruction 30 Reconstruction Façade du quartier Baixa Le dessin des façades du quartier était d'une grande rigueur, mais les interventions au fil du temps ont été principalement faites par de riches particuliers, d'où cette aspect fragmenté. On peut ainsi observé une évolution dans le temps au niveau des techniques et des matériaux. Dans l'intervention d'Alvaro Siza, l'étude s'est portée sur l'aspect que devra avoir la façade idéale de Pombalina et l'état existant. Différentes approches ont été mises en place selon les cas : pour les façades longeant la rue, détruites après l'incendie, l'intention était de faire référence à ce "projet idéal", mais pour celles qui ont subit des dommages moins importants le but était de garder cette sorte de langage hybride qui a évolué avec le temps. Dans le cas des façades complètement neuves situées à côte d'une ancienne, il était nécessaire de prendre en considération l'influence mutuelle qui existait entre les deux façades. L'introduction de la tuile marseillaise était une chose relativement récente dans la Baixa. Il n'était plus possible de reproduire la toiture portugaises comme elle l'était à la fin du XVIème siècle. "Dans la reconstruction, on doit chercher un équilibre qui est toujours difficile de trouver" a dit Siza. Il ne s'agissait pas de reconstruire une pureté, qui n'a jamais existé. Le problème était de retrouver le climat et l'ambiance, du au passage du temps et aux diverses constructions effectuées. Par exemple, à coté de l'Armazéns do Chiado se trouvait une petite construction de Raul Lino, la façade d'une joaillerie. Fallait-il la maintenir ou la détruire? Siza a opté pour la première option. Ces décisions étaient difficiles à prendre car il fallait trouver un équilibre qui ne pouvait cependant pas être subjectif, mais qui devait être analysé et bien fondé. Difficile aussi car le quartier traité était de dimensions petites, mais avec un contenu historique riche à analyser et à reconstruire. Reconstruction des façades Détails des fenêtres Exemple d’une structure Gaiola Pombolina structure Gaiola Pombolina Croquis du quartier de Baixa Fenêtres E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 Détails des fenêtres e i g 31 LISBONNE RESTAURATION CASTRO & MELO Alvaro SIZA, 1991-94 ALVARO SIZA COMPLETE WORKS Phaidon ALVARO SIZA Taschen AMBITIONS CAPITALES Le statut d'Alvaro Siza au Portugal apparaît en pleine lumière dans trois projets récents conçus pour Lisbonne. Son travail sur une très grande station de métro, qui possède une sortie sur le quartier de Chiado, peut être considéré comme symbolique de la renaissance de cette zone ravagée par des incendies en août 1988. Responsable de la totalité de la planification, Siza n'a restauré pour l'instant que deux immeubles voisins, la Camara Chaves (1991 -1996) et les bâtiments Castro & Melo (1991-1994), mais d'autres suivront. De l'extérieur, aucune de ces constructions n'exprime le style de l'architecte puisqu'il a été décidé de conserver les façades anciennes. Comme le déclare Siza: "On m'a demandé d'utiliser les façades subsistantes. Ce fut une décision E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 E I Genève - hes / UER1 Construction et Environnement / Voyage d'étude / Portugal / 2 - 8 octobre 2004 / ab e e i gg i 32 LISBONNE RESTAURATION CASTRO & MELO, , 1991-94 Alvaro SIZA des hommes politiques, que j'ai acceptée parce que c'était également mon opinion. Le centre de Lisbonne, la Baixa, peut être considéré comme un immense bâtiment préfabriqué. Comme 18 immeubles avaient été détruits, certains voulaient reconstruire à neuf, mais la modernité est déjà très présente à Lisbonne. II n'y avait aucune raison de prendre un parti pris de modernité dans le Chiado. Fondamentalement, la même chose n'est jamais la même. Ces immeubles ont été dotés du confort moderne et de nouvelles surfaces. II n'a jamais été possible de réellement recréer les espaces qui existaient avant l'incendie. Tous ces immeubles avaient été modifiés au cours des deux derniers siècles et ne correspondaient plus à leurs plans d'origine. L'éclectisme né du travail spontané du temps ne pouvait être recréé, mais quelque chose en est resté dans les façades."' Henrique Chaves, le promoteur responsable du projet Camara Chaves, est fier de présenter sa demeure dans laquelle les interventions à la fois subtiles et en profondeur de Siza apparaissent nettement. Bien que les espaces de cet appartement situé au dernier étage de l'immeuble s'inspirent de ce qui existait auparavant, "le même n'est jamais le même", comme aime à dire Siza. C'est particulièrement vrai dans ces espaces modernes et fluides, dont presque chaque détail du mobilier et des équipements a été dessiné par l'architecte. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 E I Genève - hes / UER1 Construction et Environnement / Voyage d'étude / Portugal / 2 - 8 octobre 2004 / ab e i g e i g 33 LISBONNE RESTAURATION CAMARA CHAVES, 1991-96 Alvaro SIZA Derrière les façades conservées d'un immeuble résidentiel entièrement détruit par le feu, Alvaro Siza a conçu des appartements ALVARO SIZA insirés de ceux qui existaient à l'origine, sans COMPLETE WORKS autant Phaidon recréer les mêmes espaces antrérieurs. ici Siza a également dessiné le mobilier de l'appartement du promoteur Henrique Chaves. Les dessins de l'architecte ALVARO SIZA sont reproduits sur les carrelages blancs de Taschen l'entrée de l'immeuble. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 E I Genève - hes / UER1 Construction et Environnement / Voyage d'étude / Portugal / 2 - 8 octobre 2004 / ab e e i gg i 34 E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 35 GRANDELA ALVARO SIZA 1991-1996 DZOUALI YVES THIERRY, MASTELLI DAMIEN GRANDELA Alvaro Siza ALVARO SIZA Complete Works (éd: Phaidon) Page 436-439 Le bâtiment Grandalla se situe à Lisbonne dans le quartier dit Chiado. Un incendie y a ravagé toute cette partie de la ville. Puis ce quartier commerçant a été restauré par Alvaro Siza. Nous faisons ici une petit apparté sur cet ensemble de plusieurs immeubles que M. Siza a restauré et réuni pour y créer un immense centre commercial durant l’été 1991. foto L’autre façade (recto à gauche) est plus monumentale et montre un bâtiment plus homogène. Avec un axe bien marque et un niveau de sol plat qui le démarque bien de son entourage. Cette façade est divisée verticalement en trois parties par des colonnes en saillie. A l’intérieur de chacune de ses divisions se trouve un même de module de baie vitrée qui donne une rythmique de 2 / 3 / 2. Ainsi, au niveau de l’attique, une saillie en demi-cercle de pierre vient couronner le tout en reprenant les deux colonnes centrales. Les divisions extérieures sont surmontées chacune de deux petites lucarnes simples en pierre. La façade suit aussi une division horizontale de trois parties plus le niveau attique. Le niveau inférieur est composé de larges baies vitrées, invitant le client à entrer et explorer le bâtiment (et surtout acheter). Le niveau intermédiaire est certes constitué de grandes baies vitrées, mais ces dernières sont en faites séparées en deux par l’étage puis subdivisées en plusieurs parties par des croisillons. Le niveau supérieur semble en façade moins haut que les précédents. Mais il a la pourtant la même hauteur de vide d’étage. Il est simplement agencé seul en façade et non en paire. De plus l’alternance de la transparence et du plein renforcé par des successions de petites colonnes rappelle les triglyphes des temples grecs. Du côté des façades en arcades (recto à droite), on constate également trois niveaux plus l’attique. En effet les trois niveaux suivent la même idée. Ce bâtiment a peut-être été ensuite séparé en deux par le milieu, d’où une expression d’attique différente. A gauche il y a celle d’origine et à droite celle sur deux niveaux rehaussés et embellis. Le niveau supérieur est fait par une série de balcons très décorés qui les rendent impériaux. Le niveau intermédiaire est divisé en deux étages qui peuvent servir de restaurant. Le niveau intermédiaire est limité en haut par l’arche et en bas par une sorte de contrefort qui marque encore plus en saillie la colonne. Le niveau inférieur, se trouve dans une rue en pente et il ne suit pas la ligne du terrain mais développe plusieurs paliers et plusieurs hauteurs d’étages différentes. Sur la coupe transversale (en bas à gauche), on voit le bâtiment de la façade monumentale à droite et le bâtiment de la façade en arcade à gauche. On voit bien que les hauteurs de bâtiment sont différentes. On distingue également deux puits de lumière dont l’un est tout à fait bien adapté aux circulations verticales. Alors que sur le bâtiment de gauche on sent bien une façade avant et une façade arrière, le bâtiment de droite reste sur le thème de l’axe. Il y a en effet une nouvelle symétrie surtout marquée par les attiques mais probablement aussi en façade, d’où l’emplacement à cet endroit du décrochement des niveaux. Enfin, la coupe longitudinale sur l’élément de liaison, indique bien les différences de niveaux des étages. Souvent l’architecte se focalise sur les plans. Nous voyons ici que les coupes sont toutes aussi importantes voire même plus. En effet, ici, ce type de restauration nécessite une excellente vision 3D et une bonne sensation des hauteurs que seules les coupes fournissent. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 36 E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 37 RECONSTRUCTION DU CHIADO Alvaro SIZA, 1991- 1998 ITEN VERONIQUE & MOTTA GAVIOTA RECONSTRUCTION CHIADO Urbanisme, n° 262, avr. 1993, pp. 72-76. ANGELILLO, Antonio, Casabella, n° 628, nov. 1995, pp. 18-33. Quartier Chiado Architecture intérieure, CREE, n° 230, juin-juill. 1987, pp. 116-154 et 97-101. Au cœur de Lisbonne, capitale du Portugal, se situe le quartier historique, autrefois commerçant du Chiado. Entre le XVIIIème et le XXème siècle, son importance économique était sur le déclin (conséquence de la crise des grands magasins, des difficultés de reconversion et de modernisation de certains commerces, de la concurrence d'autres quartiers commerçants), il se caractérisait comme étant un objet de patrimoine notamment par son architecture vouée aux échanges marchands. Au niveau de la structure urbaine, le Chiado marquait la transition entre la Baixa pombaline (nom du quartier actuel) et la colline Bairro Alto. Les propriétaires souvent âgés refusaient de renouveler les lieux, ainsi pendant plusieurs centaines d’années rien ne fut jamais modifié jusqu'au 25 août 1988, date où un incendie ravagea entièrement le Chiado. Deux jours furent nécessaires pour le maîtriser, mais les dégâts s'étendent à dix-huit immeubles qui n'étaient plus que des façades calcinées. Une rénovation est tout de suite envisagée, ainsi fin 1989 Àlvaro Siza présente son projet sur les bases d'une étude approfondie. Les travaux commencent donc en mai 1991, presque trois ans après l'incendie. Certains voient dans cette réparation une opportunité de créer une architecture et une organisation différentes, génératrices d'activités nouvelles, mais Siza considère alors qu'un tel parti isolerait le Chiado du centre de la ville et lui ferait perdre son rôle de charnière, entre la Baixa et le Bairro Alto. « Pourquoi chercher à reconstruire à l'identique, à restaurer les façades, sinon parce que le quartier est lié à une activité humaine appelée à renaître. (...) Ce sont autant de raisons, non de rénover, mais d'actualiser le quartier » a t-il dit pour légitimer son idée. L'architecture de Siza est discrète, réservée et prend en compte l'atmosphère du lieu, préserve les caractéristiques du Chiado, notamment les façades des anciens magasins Chiado et Grandela, édifiés par les architectes français Georges De May et Paul Collon. L'un est devenu, après la rénovation, un hôtel luxueux et l'autre un programme mixte, activités commerciales, culturelles, ludiques et administratives. Les bâtiments qui étaient plus austères, retrouvent leur ligne sans ornements. La façade Don Carmo, qui contrastait avec l'uniformité avoisinante, est reconstruite à l'identique et ses étages sont affectés à différentes activités : les deux premiers réservés au commerce, les deux suivants aux bureaux et les deux derniers aux logements. Siza précise qu'il prend en compte le contexte dégradé de Lisbonne. Il rend au Chiado l'accessibilité, qui est la dimension majeure de son projet afin de cesser ce processus d'enclavement et d'asphyxie du cœur de la capitale. Un métro est réalisé, qui dessert le Chiado, et qui se situe à mi-hauteur de la rue Garett, accessible par quatre liaisons. Plan de situation La réhabilitation de la rue Crucifixo, en limite de la Baixa, qui était alors qu'une simple voie d'accès aux véhicules de livraison et de services, établira selon le projet de Siza, la liaison entre la ville basse et le Chiado. Grandela (bloc C) et les édifices du Chiado seront reliés en souterrain au départ de la rue Crucifixo, ce qui évitera le détour qu'il était nécessaire de parcourir avant la rénovation. Le seul passage qui existait alors sera conservé. Il donne accès au Bairro Alto, la ville haute et celui créé par l'incendie entre Nova Do Almada et Crucifixo sera aussi exploité. Dans le bloc A, un patio s'ouvre sur l'extérieur par trois galeries qui offrent des vues sur l'escalier São Francisco et les rues Garett et Ivens. On découvre à l'intérieur de l'îlot délimité par les rues Do Carmo et Garett (bloc B) le parcours en dédale prévu le long des rampes. Les logements du Chiado sont de grand standing car l'architecte explique que le quartier ne permet pas de créer un groupe de logements sociaux. Le quartier du Chiado est principalement constitué de cafés, petits commerces, d'hôtels qui restent en accord avec la physionomie du quartier. Dans ce projet, Siza joue sur la juxtaposition des éléments nouveaux et des éléments anciens récupérés constituant une suite d'indices qui révèle la présence de l'architecte, mais qui, avec le passage du temps, devient plus difficile à déceler. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 B A C e i g 38 Incendie Chiado Dessin en perspective Plan Reconstruction des façades Plan et façades du bâtiment A E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 39 STATION BAIXA-CHIADO Alvaro Siza, 1992 GUARAGNA-DAMICO Casabella N°628 Web… Le métro a été prévu dans le plan de rénovation du quartier de Chiado qui a été décidé en 1988, après l'incendie qui a ravagé une partie importante du centre historique de Lisbonne. C'est pour cela qu'il a été possible d'introduire la sortie du métro à l'intérieur de l'édifice du Chiado signalée par un arc qui casse le rythme de la façade. La reconstruction de Chiado fut aussi Importante que la reconstruction du quartier de Baixa pour la requalification du centre historique. Comment est structuré le plan de reconstruction? Le règlement sur l'utilisation de l'espace est une méthode pour récupérer ou reconstruire. En outre, c'est la définition de tous les détails nécessaires pour adapter l'intégrité du dessin précédant en tenant compte des soucis de confort (hygiène, isolation thermique et phonique) et une sécurité liée a un usage actuel. Trois usages principaux ont été fixés pour rééquilibrer le tissu: commerces, bureaux et résidences. Par la suite, les alignements ont été définis de façon à distinguer suffisamment les édifices, les nouveaux parcours et les espaces publics pour rendre perméable les îlots. Le périmètre sujet au plan de rénovation est délimité par les édifices touchés par l'incendie. Le tunnel d'accès à la station de métro de la rue "Crucifixo" inclut l'espace intérieur de l'édifice du Chado E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 40 E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 41 TERREIRO DO PACO José ADRIAO, Pedro PACHECO 1992 BESSON MARC, MARCON SEBASTIEN : 2G Arquitectura portuguese Editorial Gustave Gili SA Internet : http://www.iclei.org/mia96 Le Terreiro do Paço joue un rôle important dans la structure socio-économique de Lisbonne : c’est l’ endroit préféré pour beaucoup de célébrations, cortèges et actes solennels. Cependant, un tremblement de terre en 1755 a détruit cette partie de la ville et le palais a été déplacé. Terreiro do Paço a été reconstruit comme une place commerciale et a été renommé Praço do Comércio. Avec son aménagement étendu Praço do Comércio servira d'entrée majestueuse à Lisbonne jusqu’à la première moitié du 20ème siècle, jusqu’à ce qu’elle soit pavée et soit devenue une grande place de stationnement. Sa surface est de 16'000 m2. En 1992, Lisbonne a décidé qu'il était temps de reconstituer la dignité de la place en récupérant ses fonctions culturelles et de loisirs, et en créant un espace piéton pour avoir une vie sociale au profit de chacun qui visite ou habite à Lisbonne. Le projet physique de restauration inclut trois composants principaux: amélioration de la surface; amélioration du sous-sol de la chaussée et amélioration de l'interface publique de transport. Le projet est entrepris en plusieurs étapes. Dans la première étape, réfection de la surface de la place centrale, y compris remplacement du trottoir existant par des surfaces portugaises plus traditionnelles et installation d’un équipement urbain mobile. Lisbonne a commissionné un artiste de renommée mondiale pour créer les sculptures monumentales de l'espace rénové. La deuxième phase inclut une variété d'activités conçues pour reconstituer le caractère de Terreiro do Paço, et avoir une fonctionnalité comme espace public pour des foires, des rassemblements sociaux, des concerts, des rassemblements politiques ou juste marcher et parler. Puisque tout l'équipement est mobile, il n'y a aucune barrière permanente qui ne permette pas d’utiliser la surface pleinement. Les secteurs entourant la place centrale sont réorganisés pour améliorer la fluidité des circulations. Des passages souterrains, les salles techniques, les services téléphoniques et d'autres équipements sont installés ou améliorés. Une fois que la route et les tunnels de chemin de fer sont terminés et l'interface publique de transport rénovée, il y aura un raccordement entre la place centrale et le fleuve Tejo. D'autres projets sont prévus, comme un trottoir le long du fleuve et la réadaptation de plusieurs bâtiments historiques. La restauration environnementale et architecturale de la place publique, ainsi que le rétablissement du caractère social et culturel de la place, mènera à la revitalisation économique du centre-ville. La réduction du trafic automobile du secteur réduira également la pollution atmosphérique locale. Le financement du devis de ce projet s'est élevé environ à $135.000. La première phase, y compris la clôture et l'excavation, repavage et nouvel équipement, s'est élevée aux environs de $800.000. Un budget pour la deuxième phase du projet n'est pas encore disponible. La planification de ce projet a fait participer un certain nombre de fonctionnaires municipaux des départements de l'environnement et des espaces verts, du trafic, de l'hygiène urbaine et de la planification stratégique. Il a également fait participer un certain nombre de personnes à l'extérieur du gouvernement municipal, des représentants du gouvernement central et des compagnies publiques de transport. Des entreprises privées anonymes ont été mandatées pour effectuer la construction réelle, sous la surveillance des fonctionnaires municipaux. Le vrai potentiel de ce projet a été réalisé avec l'effort combiné de différents associés. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 42 E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 43 RECTORAT DE L’UNIVERSITE DE LISBONNE Francisco et Manuel MATEUS 2000-2002 NGUETSOP, TOUNKARA UNIVERSITE DE LISBONNE hotos, élévations, sections, plan du site: Dans CASABELLA 2002 MAI V.66 N.22 P.22-29 Manuel Aires Mateus et Francisco Aires Mateus Techniques Aechitecture Edition Jean Michel Place Juin-Juillet 2003 466 Longé par une voie rapide qui débouche plus bas sur le pont du Tage, le site en pente comprend une école jésuite d’origine, aujourd’hui restructurée en faculté d’économie. A cet édifice austère qui barre la colline, les frères mateus répondent par la perpendiculaire pour le dégager et le mettre en scène. Ils conçoivent une mince barre de 13m d’épaisseur sur huit niveaux de hauteur, qu’ils engravent à contre-pente. Contre leur bâtiment, les Architectes appuient un escalier monumental pour passer du parvis bas au parvis supérieur. Ce dispositif autorise la séparation du programme en deux parties distinctes: l’administration dans la barre et les fonctions nécessitant les espaces plus vastes sous les emmarchements. Fermés côté Est, les bureaux du rectorat s’ouvrent côté Ouest vers le parc de Monsanto et l’aqueduc de Aguas Livers la plus belle ville depuis le promontoire. Ils en bénéficient tous mais selon des cadrages variés. En effet, la façade est striée de failles horizontales de dimensions variables, comme une carte musicale perforée. A peine perceptible, cette trame reprend les lignes d’appareillages des pierres de parement à joint ouvert, vibrantes au gré de la lumière. Cette rythmique se trouve sur la façade arrière, aveugle, laquelle concentre les colonnes de circulation. Brouillant les pistes, le traitement de façade ne révèle rien des aménagement intérieurs. De même pour celui du bâtiment engravé dans la pente dont l’aménagement intérieur ne se lit pas à l’extérieur. Comme autant de lignes de forces parallèles, le plan du soubassement reprend trait pour trait le dessin de la façade. Les Architectes mettent en œuvre un dessin à l’apparence aléatoire pour disposer vestiaires, escaliers rampes et deux auditoriums. L’intensité de la lumière est tempérée par une ambiance douce dans les espaces de rectorat. Le foyer comprimé au pied de la barre, étiré dans toute sa longueur rejoint le traitement du paladium. Seule une dilatation verticale au mitan bascule l’appréhension spatiale, avec un escalier latéral aspiré vers un vide vertigineux découpé de voiles suspendus. L’équerre du rectorat taillé dans le même roc résulte d’un dispositif géométrique pur, rigide et s’affirme contemporaine, radiale. A proximité d’un ouvrage patrimonial avec lequel elle entre en vibration. Les frères Mateus sont nés en 1963 et 1964 et sont bien représentés dans le développement de l’Architecture contemporaine au Portugal. Leur renaissance médiatique s’est accrue quand ils ont livré en 2001 une maison de vacances à Alenquer réalisée en 2001. Ils poursuivent avec un ensemble de béton ultra mince. Réalisation remarquée du quartier Campolide à Lisbonne (université ). E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 44 E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 45 PONT DU 25 D’AVRIL BOYNTON, STEINMAN, GRONQUIST & BIRDSALL, 1962-1966 GAMEIRO Joao – GONÇALVES Tiago Ponts métalliques 2002 Jean-Pierre Muzeau / Antonio Baptista Editions OTUA Le pont du 25 Avril est un ouvrage très important pour la ville de Lisbonne (Portugal), car il permet un accès rapide entre le Nord et le Sud de Lisbonne séparés par le Tage. Cet ouvrage est utilisé depuis plus de 30 ans et dès sa conception il avait pour but de supporter la circulation routière et ferroviaire. L’ouvrage initial avait comme nom « Pont Salazar », nom du dictateur portugais de l’époque, mais lors de la « Révolution des Oeillets » du 25 avril, le pont fut renommé en la mémoire de cette révolution. L’ouvrage est d’une longueur totale de 3200 m, si l’on y inclut la longueur des accès. C’est une entreprise new-yorkaise, United States Steel Export Company & Morrison Knudsen Company, qui l’a réalisé. Quant à la conception, elle fut assurée par Boynton, Steinman, Gronquist & Birdsall. SCHEMA GENERAL DE L’OUVRAGE La portée principale de l’ouvrage métallique est de 1013 m. Elle est complétée par deux travées adjacentes de 483 m et des travées de rive de l’ordre de 100 m, une au sud et deux au nord. La longueur totale du pont suspendu est de 2227 m. Les pylônes, de 190 m au-dessus du niveau de l’eau, sont fondés au nord à 35 m et au sud à 83 m sous le niveau de l’eau (Ce qui a été un record pour l’époque). Entre le pont et l’eau, il y a une différence de 70 m, ce qui est le gabarit de navigation, il permet aux plus grands navires d’entrer dans le port de Lisbonne. Sur la rive gauche, le pont est relié directement à la rive rocheuse, alors qu’au nord il se prolonge par un viaduc en béton d’une longueur totale de 937 m avec des portées de l’ordre de 75 m. La longueur totale est donc de 3214 m. La poutre de rigidité du pont suspendu est un caisson en treillis de 10,65 m de haut et de 21 m de large. La disposition des entretoises a été conditionnée par le gabarit ferroviaire. Ce caisson, constitué d’éléments assemblés par le boulonnage, est continu sur toute la longueur de l’ouvrage, soit 2277 m (il est encore l’un des plus grands treillis au monde). Les câbles de suspension ont un entraxe de 23,5 m. Leur diamètre extérieur total est de 58,6 cm. Ils sont constitués de 37 torons réalisés à l’aide de 11 248 fils parallèles de 5 mm de diamètre. Dans le projet initial, quatre voies de circulation ont été mises en place, mais l’extension prévue à six voies conduit à réaliser un caisson d’une largeur plus importante que prévue. Pour diminuer les effets du vent, les deux voies centrales ont été réalisées à l’aide d’un caillebotis en acier. Le trafic augmentant, une voie supplémentaire a été créée en 1990 à la place de la glissière de sécurité. Cette voie pouvant être réversible, dans un sens ou dans l’autre. En raison d’une forte augmentation du trafic, il fut décidé en 1989 de réaliser la phase finale du projet. C’est-à-dire que les six voies ont été créées et ouvertes à la circulation le 6 novembre 1998, et la plate-forme de chemin de fer fût construite au niveau inférieur du caisson et inaugurée le 29 juillet 1999. Une augmentation du trafic était prévue dès la conception du pont, mais elle fût 5 fois plus importante que prévue. Lors de la réhabilitation, les ingénieurs ont dû prendre en compte la masse des trains modernes car ils sont 2,5 fois plus lourds que ceux des années 60. Par ailleurs Lisbonne se trouve dans une zone sismique, et lors de sa conception il en a été tenu compte, mais il a fallu faire de nouveaux calculs pour sa réhabilitation. Un autre aspect important a été celui de la durabilité de l’ouvrage. Après 30 ans de service dans un environnement agressif, il a fallu analyser le vieillissement de la peinture et prendre en compte l’éventuelle perte de résistance due à la corrosion des éléments de la structure. La solution choisie pour le système de suspension du pont, lors de sa réhabilitation, consiste en deux câbles secondaires situés au-dessus des câbles existants et ancrés extérieurement à proximité des ancrages précédents. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 SECTION TRANSVERSALE DE L’OUVRAGE ETAT INITIAL (4 VOIES) ETAT INTERMEDIAIRE (5 VOIES) ETAT FINAL (6 VOIES) SYSTEME DE SUSPENSION (REHABILITATION) e i g 46 … câbles possèdent un diamètre extérieur de 35,4 cm. Ils sont disposés à 3,7 m au Ces nouveaux dessus des câbles existants. Les 172 suspentes sont disposées tous les 23 m, en alternance avec celles du système initial déjà existantes. La poutre de rigidité est donc suspendue tous les 11,5 m. Ceci donne à l’ouvrage une excellente résistance à la fatigue en rendant la distribution des charges beaucoup plus uniforme. SCHEMA PARTIE NORD DE L’OUVRAGE Pour la plate-forme routière, l’élargissement du platelage supérieur a été effectué à l’aide de profilés disposés en console, boulonnés à la structure existante et posés en appui sur une nouvelle poutre longitudinale. Pour la plate-forme ferroviaire, installée à l’intérieur du caisson en treillis, il a fallu modifier sensiblement les éléments initiaux puisque seules les membrures principales de la partie inférieure de la poutre de rigidité ont été conservées. Les pièces du pont et les éléments de stabilité ont tous été remplacés. Deux plates-formes de travail en treillis ont été utilisées entre les piles P7-P8 et P17-P18 pour soutenir les tronçons au fur et à mesure du lancement de la structure. Chacun des tronçons avait une longueur comprise entre 16 et 20 m. Les différents éléments ont été entièrement assemblés par soudage. Dans le dessin « phase de montage », à droite, on peut voir les différentes étapeshde montage. En plus de la réhabilitation du pont, le viaduc d’accès et les massifs à encrage en béton ont bénéficié de travaux de réparation à l’aide de mortiers spéciaux et d’une nouvelle peinture. PHASE DE MONTAGE Grâce à la construction du nouveau pont Vasco de Gama, le pont 25 d’Avril a vu le trafic routier diminué, mais il continue à être l’ouvrage le plus important pour le trafic de banlieue. De plus, la réhabilitation décrite auparavant, a permis aux utilisateurs, qui l’empruntent quotidiennement, d’avoir une réelle amélioration de leur qualité de vie. ELEMENTS A REMPLACER DANS LE TREILLIS VUE SUR LE PONT Pont suspendu Longueur totale de l’ouvrage : Longueur totale de la traversée : Longueur travée centrale : Hauteur libre au-dessus de l’eau : Hauteur des pylônes : Diamètre des câbles principaux : Nombre de fils constituant un câble principal : Diamètre des fils : Longueur totale des fils d’acier contenu dans les câbles principaux : Diamètre des câbles secondaires : Nombre de fils constituant un câble secondaire : Diamètre des fils : Longueur totale des fils d’acier contenu dans les câbles principaux : Profondeur des pylônes sud au-dessous du niveau de l’eau : Profondeur des pylônes nord au-dessous du niveau de l’eau : Viaduc de l’accès Nord (Construit en béton précontraint) Longueur totale : Nombre de portées : Longueur de la plus grande de portée : Accès routier Nord et Sud Longueur totale : Nombre de structures de béton armé et précontraint : Longueur de la plus grande de portée : Quelques quantités Acier : Béton : Remblais : VUE DEPUIS UN PYLONE 3 214 [m] 2 277 [m] 1 013 [m] 70 [m] 190,50 [m] 58.60 [cm] 11 248 4,877 [mm] 54 196 [Km] 35,44 [cm] 4 104 4,98 [mm] 20 000 [Km] 83 [m] 35 [m] ATTACHE DES NOUVELLES SUSPENTE DETAIL A PLATE-FORME FERROVIAIRE 945,11 [m] 14 76 [m] 30 [Km] 32 76 [m] 72 600 [t] 263 000 [m3] 6 500 000 [m3] E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 PLATE-FORME FERROVIAIRE TRANSFORMEE e i g 47 PONT VASCO DE GAMA Armando RITO, 1995-1998 GAMEIRO Joao – GONÇALVES Tiago Journal de la construction de la suisse romande (Novembre 1997) François Busson Editions BATIR Le pont Vasco de Gama est le plus grand projet de génie civil d’Europe, mais aussi le plus grand pont d’Europe. Le Gouvernement Portugais a décidé sa construction en 1991 et contribue de manière décisive à résoudre le problème du trafic de l’Expo 98 d’une part, et fluidifie le trafic sur le pont 25 d’Avril d’autre part. En avril 1994, le groupe Lusoponte a obtenu la concession pour le projet, la construction, le financement et l’exploitation du pont. Le consortium, qui s’est réunit exclusivement pour ce projet, a comme actionnaires l’entreprise britannique Trafalgar House , l'entreprise française SGE , avec sa filiale Campenon Bernard SGE , et six entrepreneurs Portugais : Bento Pedroso Construçoes , Mota & Companhia , Somague-Sociedade de Construçoes , Sociedade Construçoes H.Hagen et EdiferConstruções Pires Coelho & Fernandes. Les raisons économiques, écologiques et les contraintes de protection civile ont inspiré le tracé du projet. Ce projet vient ainsi compléter le réseau routier et relier l’autoroute du Nord à celle du Sud. Il facilitera aussi l’accès à Setubal, l’Algarve et l’Espagne. Le pont est doté de six voies routières, trois dans chaque sens, mais il est possible d’élargir ces voies à huit. Quand au passage fluvial, il sera maintenu donnant ainsi l’accès aux navires en amont du fleuve. Les travaux ont débuté par l’accès nord du pont. On y a aménagé deux échangeurs routiers à quatre passages pour relier le pont à l’autoroute du nord A1 au périphérique intérieur et à la nationale 10 qui a desservis l’Expo 98.Dans ce même accès nord, un tunnel de 1800 mètres de long a été créé pour contenir 27 Km de câbles à haute tension, destinés à alimenter une partie de Lisbonne. La deuxième section de la partie nord, le viaduc nord de 488 m de long, annonce l’entrée sur le pont en passant par dessus une ligne ferroviaire et divers embranchements locaux. Dans le prolongement du viaduc nord, une partie passe au-dessus de l’Expo 98, elle est composée d’un tablier de double section trapézoïdale constituée de 462 voussoirs préfabriqués et long de 670 m. Ce tablier repose sur douze paires de piles en béton, en liaison direct avec le pont principal. Ce système de construction par encorbellements successifs a été utilisé pour la première fois au Portugal. PLAN VIADUC NORD (EN CONSTRUCTION) Le pont principal est un pont à haubans avec une travée centrale de 420 m et de deux travées latérales de 203 m, qui reposent sur six paires de piles et suspendues à deux pylônes en béton armé de 150 m de haut. Le tablier est constitué d’une structure composite formée de segments en béton armé qui reposent sur des entretoises métalliques. Ces entretoises s’appuient sur des poutres en béton armé situées de part et d’autre du tablier. Les pylônes en forme de H reposent sur des fondations profondes prévues pour résister aux chocs accidentels des navires jusqu’à 30 000 t. Ces fondations consistent en 44 pieux forés de 2,20 m de diamètre et atteignent des profondeurs supérieures à 65 m. Après que les piles aient été achevées et les pylônes érigés, le tablier central a été hissé et les tronçons suivants bétonnés. Le viaduc central a une longueur de 6,5 Km qui sont répartis sur 81 paires de piles reposant sur 584 pieux battus de 2,2 m de diamètre. Sur ces piles sont disposées 162 poutres en béton préfabriqué de 78 m de long pesant chacune 2000 t et formant le tablier. Le viaduc central traverse deux passes navigables et compte deux travées de 130 m de long qui s’élèvent à 30 m au-dessus de l’eau (contre 14 m en moyenne sur l’ensemble de l’ouvrage). Comme aménagements, ce viaduc central est élargi de 2 m tous les 2 Km, il permet aux véhicules en cas d’urgence de stationner. Le viaduc sud compte 85 trames de quatre piles, qui reposent sur des semelles sur pieux distantes de 45 m, destinées à supporter les 3840 m de tablier. Les pieux ont été forés sur la terre et battus sur le fleuve. Les travaux de bétonnage du tablier se sont déroulés simultanément sur deux doubles fronts, en coulant des travées de 45 m de long. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 PYLONES (EN CONSTRUCTION) e i g 48 … On compte environ 655 000 m3 de remblai juste pour l’accès sud. Cet accès de 3900 m relie l’autoroute A12 au pont et est équipé d’une aire de service de part et d’autre du pont. Cette section contient aussi toute la zone de péages, 18 couloirs de péages pour être précis. Environ 700 000 m3 de béton ont été mis en œuvre, c’est pourquoi 2 centrales à béton, d’une capacité de 96 m3/heure chacune, se sont installées à Bairolas (sur la rive nord du Tage), ainsi que 3 centrales à béton équipées de 5 mélangeurs et de stations sur le fleuve. 3300 personnes ont travaillé sur le pont et, aux heures de pointe, on a pu compté 3000 personnes qui travaillaient sur le chantier simultanément. Le coût de cet ouvrage s’élève à environ 897 millions d’euros. Sa mise en service s’est faite le 1er avril 1998, avant l’ouverture de l’exposition universelle. ACCES ET VIADUC SUD (EN CONSTRUCTION) COUPE DU PONT PRINCIPAL PYLONE ET TABLIER VIADUC CENTRAL (ZONE SURELEVEE) VUE DU PONT PRINCIPAL Quelques chiffres… Longueur totale de la traversée : Longueur totale de la structure (viaduc + pont) : Longueur de l’accès nord : Longueur du viaduc nord : Longueur du viaduc de l’Exposition : Longueur du pont principal : Longueur de la travée principale : Hauteur des pylônes du pont principal : Tirant d’air au-dessus de la passe navigable principale : Longueur du viaduc central : Longueur du viaduc sud : Longueur de l’accès sud : Nombre total de caissons : Volume total de béton : Poids total des armatures : Nombre total de poutres préfabriquées : Volume total des terrassements : Surface totale d’enrobés : 17 185 [m] 12 345 [m] 945 [m] 488 [m] (11 travées) 672 [m] (12 travées) 829 [m] 420 [m] 148 [m] 47 [m] 6531 [m] (80 travées) 3825 [m] (84 travées) 3895 [m] 81 730 000 [m3] 100 000 [t] 150 1 400 000 [m3] 400 000 [m2] E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 VUE DEPUIS LE VIADUC NORD VUE DEPUIS LE TAGE e i g 49 LISBONNE Exposition mondiale, 1998 TECHNIQUE ET ARCHITECTURE Grand drapé de béton tendu sur câbles du PAVIILON DU PORTUGAL, Alvaro SIZA et Eduardo SOUTO de MOURA N° 439, août 1998 Alors, l'Expo Mondiale de Lisbonne, mieux que celle universelle de Séville ou moins bien ? Effet induit, réaction à ce manque de Séville avec son côté patchwork, faisait grande foire tonique et sympathique. C'est que chaque pays résultat, l'Expo'98 joue le réalisme (environ avait été convié à concevoir un pavillon autonome (sur le thème L'ère des découvertes). D'où un 70% des constructions doivent rester, mais foisonnement incroyable d'objets, de formes, de couleurs qui ne participaient pas peu à cette Séville n'annonçait - elle pas les mêmes impression roborative. Lisboa a d'autres idées en tête. Certes le thème, Les océans, un patrimoine performances ?), amorce l'urbanisme, la ville pour le futur n'est pas en reste, mais au lieu de pavillons internationaux autonomes, tous sont réunis sous contrôle, atouts en main. Le terrain est sous de grandes structures parapluies, uniformisées sur rue intérieure par des bardages identiques. au Nord Est de la capitale, sur la rive droite Seuls les pavillons thèmatiques jouent les solitaires et les forts en gueule. du Tage, à cet endroit large comme une Rigueur en toile de fond que buvettes, chalands et restaurants ne parviennent pas à masquer. mer. De la raffinerie de pétrolequi l'occupait hier, ne reste qu'un des brûleurs cheminées Séville, en 1992, ressemblait aux années 80, à l'Espagne après le Caudillo. et le bassin des Olivais. La fête finie a fait place aux maux de tête : soucis financiers et quenouille urbaine. Bien que le projet Autour, les quartiers d'habitation, les cités ait été conçu pour durer et étendre Séville vers l'Ouest, les résultats n'ont pas suivi les attentes. qui leur tournaient le dos (leur pignon) et pâtissaient de cette proximité, sont plutôt mal lotis, mal reliés entre eux et au reste de la capitale. En revanche, ils sont tout proches du fleuve. Au delà des sirènes de l'événement médiatique, la société Parque Expo'98, aux capitaux exclusivement publics (Etat et mairie de Lisbonne), a privilégié d'abord un projet de reconversion urbaine baptisé Expo Urbe, intégrant l'Expo'98 elle même, avec deux objectifs majeurs: créer une "nouvelle centralité" et renouer la ville avec son fleuve. D'emblée, l'enjeu dépasse territorialement celui de l'Expo elle même. Urbe s'étend sur 340 ha, allongés sur 5 km le long du Tage et attend d'ici 2009 la construction de plus d'un million de m2 d'habitat, 450 000 m2 de bureaux, 153 000 m2 de commerces, 47 000 m2 d'équipements. Expo'98 n'occupe que 60 ha, déployés autour du dock des Olivais. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 E I Genève - hes / UER1 Construction et Environnement / Voyage d'étude / Portugal / 2 - 8 octobre 2004 / ab e e i g i g 50 LISBONNE Exposition mondiale, 1998 L'une et l'autre font partie d'un même et, tout seul au milieu de l'eau, celui des Océans (P. Chermayeff). ensemble. Loin de la culture du doute, Au Sud, une deuxième zone est consacrée aux pavillons étrangers (dont celui de la France) qui seront de la couture, de l'infiltration, de remplacés par des logements. Deux signaux cadrent le tout : au Sud, l'ancienne cheminée d'industrie, l'imbrication devenue tour Galp, avec un belvédère à 70 m de hauteur ; au Nord, la tour Vasco de Gama et des contemporaines, proliférations une trame (Profabril/Leonor Janeiro, Som/Nick Jacobs), avec elle aussi, terrasse à 100 m et restaurant à 80 m. Au hippodamienne, tout à fait dans l'esprit dessus du quai aménagé en promenade, un téléphérique donne une vision d'ensemble et offre une de la reconstruction de Lisbonne après agréable introduction à la visite. 1755 (tremblement de terre majeur), ordonne le territoire. Ou plutôt, les territoires, car ils se partagent en deux, l'un au Sud où se trouve l'Expo'98, l'autre au Nord, celui ci désaxé vers l'Ouest, chacun traversé par deux avenues en guise de double cardo, complété par des voies perpendiculaires dont le développement est parfois gêné à l'Ouest par le chemin de fer. Places, rond point, gare en interconnexion, bassin de plaisance, grand parc (80 ha) au pied du pont Vasco de Gama, quelques tours de bureaux et pavillons pensés pour resservir, brossent déjà à grands traits les lignes maîtresses du futur quartier, que l'habitat regroupé en îlots enveloppera en commençant par les extrémités Nord et Sud de l'Expo proprement dite. Celle ci s'articule autour de six grands pôles : la superbe gare métro bus parking de l'Oriente (S. Calatrava, arch.), véritable porte des lieux ; à deux pas et à main gauche, le pavillon Utopia (SOM et R. Cruz), qui demain mutera en une sorte de Palais Omnisports de Bercy ; plus au Nord, une grande halle homogène (A. Barreiros Ferreira et França Doria) où sont installés une partie des pavillons internationaux qui, la fête finie, disparaîtront pour laisser place à la Foire internationale de Lisbonne (type Porte de Versai lles / Villepinte) ; au bord de l'ancien dock des Olivais, le Pavillon du Portugal (Alvaro Siza / E. Souto de Moura) celui de la Connaissance des Mers (J, L. Carrilho da Graça) ; E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 E I Genève - hes / UER1 Construction et Environnement / Voyage d'étude / Portugal / 2 - 8 octobre 2004 / ab e e i g i g 51 LISBONNE Exposition mondiale, 1998 Le Pavillon Utopia, caparaçonné de zinc, est une vaste salle de spéctacles polyvalente, prise sous un beau ciel de lamellé collé Les océans, un patrimoine pour le futur Qui vaut le détour. Pour répondre au thème général Les océans, un patrimoine pour le futur, chacun des 140 pays participants a conçu le contenu et la scénographie de son exposition. La France, avec celle de Philippe Délis, s'en tire bien : parcours sérieux (trop ?) et densité de dossiers convoquant toute l'attention. D'autres pays font aussi bien (Russie, Yougoslavie, Panama, Italie), et d'autres beaucoup moins, qui prennent prétexte de la manifestation pour déballer leur verroterie. Au vrai, sur cette toile de fond très cadrée se détachent, au delà de la fête, des parades, des monstres marins, des champignons d'eau, les sols, la gare et les pavillons thématiques. Pour le citadin français habitué au granit gris, la marée de pavés blancs, ponctuée d'arabesques noires, semble précieuse et change la relation à l'espace urbain. La gare multimodale de l'Oriente est un morceau d'anthologie, un des projets majeurs de Calatrava et vaut le voyage. Prévue sur un talus coupant la vallée et séparant le côté Tage et Expo du reste de la ville, l'architecte l'a pensée trait d'union, transparence creusée dans le talus. Le plan est en croix. Sur l'axe Est Ouest : la gare de bus moitié en sous-sol, moitié sous de puissantes marquises. Sur l'axe Nord Sud, le métro (enterré), des galeries puis, au rez-de-chaussée, le grand passage piéton réunificateur, de part et d'autre des parkings et, là haut, en pont, les voies de chemin de fer et demain le tramway, protégés par une floraison blanche de métal, nappée de verre où la lumière se prend et se reprend en teintes aussi mouvantes que ses incidences. Devant, côté Expo, un centre commercial à l'emplacement calamiteux fait regretter aux amoureux des perspectives, un solide dégagement qui aurait servi de place au nouveau quartier. D'autant que là, à deux pas s'impose le pavillon Utopia, gros coquillage caparaçonné de zinc par Vieille Montagne et dévolu à l'océan, revu et corrigé par François Confino, sous une superbe charpente de lamellé collé. Tout près, le pavillon du Portugal, devrait plus tard servir aux Parlementaires, et s'affirme, sans doute pour cela, hiératique et un brin protocolaire, si ce n'est son extraordinaire voile de béton tendu au dessus de la place qu'il protège, ventru, titan léger. Le pavillon des Océans au milieu des eaux, donne dans le high techno sans états d'âme et rappelle le bon vieux temps des années 80 ; celui de la Connaissance des mers, géométrique, cadre une superbe cour L'Expo'98, à l'inverse de Séville, ne foisonne pas d'architectures-objets comme celle du Pavillon de la Réalité Virtuelle sous le ciel, où grimpe une rampe lente comme un cortège. Ceux du Futur, de la Jardins et eaux, thème récurrent, ponctuent le site de longues transversales, ici près des Pavillons de la Réalités Virtuelles et de la Connaissance des Mers Réalité virtuelle, illustrent respectivement l'actuel engouement pour le bois et une petite nostalgie d'un post moderne sans souci. La grande halle, où s'abritent les pavillons internationaux, donne dans un déconstruit musclé qui ne manque pas d'allure. Çà et là, des logements, des bureaux tentent la couleur, des déhanchements pour se faire voir. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 E I Genève - hes / UER1 Construction et Environnement / Voyage d'étude / Portugal / 2 - 8 octobre 2004 / ab e e i g i g 52 LISBONNE Exposition mondiale, 1998 C'est à la fois beaucoup et moins qu'à Séville. Alors trop sage Expo'98, seulement stimulée par l'éphémère des fêtes et des spectacles ? Sans doute. Son thème assez fabuleux aurait pu permettre plus de prospective, une symbiose terre et eau, un peu absentes ici. Là où l'Expo perd en diversité tonique, elle gagne en crédibilité et amabilité qui laissent des traces. Et puis, la ville perce avec des pôles forts déjà dédiés, même s'il reste beaucoup à construire. Au Nord, le Pont Vasco de Gama dresse ses haubans symboles. Ses 14km décuplent les possibilités de trafic Nord Sud, tirent Lisbonne vers sa périphérie, l'aéroport, de nouveaux rivages. La capitale en pleine transformation avait besoin d'un fer de lance Expo Urbe est une opportunité Partie haubanée du pont Vasco de Gamma. difficile à lâcher. La géométrie du Pavillon de la Connaissance des Mers avec son patio, où soudain en silence monte une rampe calme. Face au Pavillon de la Connaissance des Mers, celui du Futur, bardé de métal ondoyant et de bois. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 E I Genève - hes / UER1 Construction et Environnement / Voyage d'étude / Portugal / 2 - 8 octobre 2004 / ab e i g e i g 53 PAVILLON PORTUGAIS 98 Alvaro SIZA, 1998 BERNARD NATHALIE & AMMANN MAUDE EXPO LISBONA 98 Alvaro Siza GA ,Document extra 11, p. 122-129 Alvaro Siza, PHAIDON, Milan 1999 SITE INTERNET • www.instituto-camoes.pt/ bases/siza/obra24.htm • www.sievers.nl/ port/lb/lb071.html C’est en 1998 qu’a lieu la première exposition universelle sous le signe de l’écologie. Elle se situe à Lisbonne au Portugal. Le thème choisi: « les océans - notre patrimoine ». L’architecture devait aussi évoquer ce souci de protection de la planète et de durabilité. En effet, plus des deux tiers des bâtiments ne furent pas construits à des fins éphémères. L’expo fut le prétexte pour rénover le quartier de Doca dos Olivais. Les organisateurs d’Expo 98 n’avaient pas prévu de faire des pavillons nationaux autonomes. Ils leur avaient cependant assigné des grands halls d’exposition dans le Nord et le Sud du terrain. Ces grands halls temporaires seront remplacés par la suite par des surfaces de logement. Tandis que les cinq pavillons à thème dont celui du Portugal auront une importance capitale pour la nouvelle infrastructure du quartier des oliviers. Ainsi le pavillon des océans deviendra l’aquarium de Lisbonne, le pavillon de l’utopie une salle polyvalente, le pavillon de l’avenir un musée, le pavillon des connaissances de la mer un centre de recherche océanographique et le pavillon portugais deviendra soit un musée soit un bâtiment administratif. foto Situation: L’exposition se trouvait au bord d’un bassin portuaire de Lisbonne, le « Doca dos Olivais » dont les cinq pavillons principaux furent disposés tout autour. Parmi ceux-ci figure le pavillon portugais d’Alvaro Siza. Malgré une taille inférieur aux autres, il bénéficie d’une situation privilégiée de par sa proximité du plan d’eau ainsi qu’à l’entrée de l’exposition. Sa pureté et sa simplicité dans les formes honorent cet emplacement. Situé entre le pavillon de l’utopie, réalisé par l’architecte Regino Cruz, et le pavillon du cérémonial plaza, le bâtiment d’Alvaro Siza a une orientation Nord-Sud. Son esplanade traverse le bâtiment perpendiculairement soit d’Est en Ouest. Il s’intègre élégamment dans le site grâce à sa légèreté et à la forme curviligne de sa toiture qui pourrait rappeler un pont ou la voile d’ un bateau. Le pavillon se compose de deux parties. Un bâtiment principal, situé au Nord, s’ouvre sur un jardin d’oliviers, symbole du quartier Olivais, lieu de l’exposition. Au sud une place couverte, réservée aux cérémonies, est encadrée par deux constructions jouant le rôle de culée. L’espace généré par cette seconde partie met en valeur le cadre idyllique. Siza a cherché à authentifier le lieu en lui restituant, par son architecture, l’image de deux symboles: l’océan et les oliviers Système structurel et constructif: La structure est partagée en deux systèmes: Le premier système est composé par les culées et la toiture. Cet ensemble forme une place couverte créant une relation entre l’océan et l’exposition. Les culées sont des pans de murs unidirectionnels Nord-Sud rappelant l’entrée des temples romains et invitant ainsi le visiteur à entrer dans son espace. Elles sont rythmées de façon diverses ce qui donne un mouvement dynamique. La culée au Sud suit le rythme A-A-A-B-A-C-A-A et celle au Nord A-A-A-B-A-C-A-2A. Les deux culées sont liées par une toiture suspendue franchissant une portée de 65m. Elle est composée d’une dalle en béton précontraint de 20 cm soutenue par des câbles d’acier travaillant en traction. Ceux-ci traversent de part et d’autre les deux culées latérales. Siza, poussant le détail à l’extrême, allège encore l’expression de la toiture en la détachant de la façade laissant ainsi apparaître les câbles. Les murs porteurs sont en béton armé recouvert de calcaire sur la moitié inférieure de la façade et la partie supérieure est en béton peint. La structure ponctuelle est faite de profilés IPE en acier. Pour marquer la différence entre la partie fermée et la partie ouverte, Alvaro Siza a fait recouvrir complètement le béton armé des culées par de la pierre calcaire. Du côté de la place, les façades sont en faïence de couleur. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 54 PAVILLON PORTUGAIS 98 Alvaro SIZA, 1998 BERNARD NATHALIE & AMMANN MAUDE Il n’existe pas de système distributif horizontal à proprement parlé du fait que c’est un lieu d’exposition et que les visiteurs recherchent une promenade culturelle et spirituelle. Le visiteur est donc amené à se balader entre les différentes salles. Cependant il pourra accéder à une des salles voisines uniquement si un lien existe entre les deux. Le système vertical principal se situe à côté de l’entrée proposant un premier choix de parcours. foto Lorsque l’on regarde le pavillon dans son ensemble, il donne l’impression de légèreté malgré sa hauteur et son système constructif de l’enveloppe. Alvaro Siza a traité le moindre petit détail dans un souci de légèreté et d’élégance: l’exemple type en est la toiture. Dans le style des façades à proprement parlé, on retrouve le style Sizain soit les grandes fenêtres à la française au rez-de-chaussée, à l’étage, elles sont plus fines. L’ensemble de ces fenêtres marque la trame Dans la partie fermée, la hauteur d’étage est double, créant une ambiance favorable ainsi qu’une luminosité adéquate à l’exposition. Le patio central joue un rôle très important, il permet un apport de lumière indirecte ainsi qu’un repère visuel et rassure car amplifié par la présence d’un arbre. Les dimensions des pièces dépendent de leurs fonctions et de leur importance mais le module est à chaque fois respecté. Les plus grandes pièces se trouvent à proximité du patio, alors que les plus petites donnent sur la façade est. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 55 LE PAVILLON DE LA CONNAISSANCE DE LA MER Joao Luis, CARRILHO DA GRACA, 1995 -1998 CAILLE ALEXANDRE, SCEMAMA FABIEN EXPO LISBOA 98 Claudio Sat CASABELLA , N° 654, Mars 1998 SITE INTERNET •www.chez.com/ruivaz/mares.html •www.saveurs.sympatico.ca/portugal/exp avseas.html Généralités… C’est dans le cadre de l’Expo 98 à Lisbonne que prend place le pavillon de la connaissance de la mer. Entièrement dédié au monde sous-marin, ce pavillon propose de démontrer les divers processus de connaissances et de découvertes qui lient l’Homme et la mer depuis tout temps. Il retrace dans un contexte historique l’appropriation graduelle des Océans et de leurs fonds mystérieux. La vaste thématique de la mer se décline sur deux niveaux et est décomposée en plusieurs atmosphères différentes, chacune présentant une approche particulière liée à un sujet précis. On distingue notamment : • l’évolution des relations entre l’Homme et la mer • l’évolution de la navigation • l’évolution de la cartographie au cours des siècles • la voile, la recherche, la plongée et l’utilisation des océans Situation… Vue aérienne sur chantier L’entier de l’Expo 98 est situé à proximité de l’océan Atlantique. Le pavillon étudié est même implanté à côté d’un bras de mer qui créé une sorte de « port artificiel » intérieur. Typologie… Outre les espaces distributifs, l’exposition (environ 5314 m2) est bien entendu l’espace principal du bâtiment. L’exposition est structurée en quatre secteurs et deux sous-secteurs. Viennent ensuite le « grand vaisseau » et, pour terminer l’exposition, un espace de réflexion finale appelé « Avancer ». Rez-de-chaussée 1. Entrée 2. Couloir 3. Traverser les océans 4. Magellan 5. Rechercher 6. Challenger 7. Plonger Construction navale dans la Grande nef 2 Etage 8. Exploitation de la mer 9. Le Vaisseau 10. Avancer 11. Boutique 12. Sortie 1. ENTREE L’entrée est plongée directement dans une atmosphère particulière. En effet, une ambiance sonore reproduit l’immensité de l’océan dans cet espace et tend à provoquer chez le visiteur un sentiment de respect mêlé toutefois à une certaine appréhension, voire une certaine inquiétude devant les mystères des mondes sous-marin. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 Grande nef e i g 56 LE PAVILLON DE LA CONNAISSANCE DE LA MER Joao Luis, CARRILHO DA GRACA, 1995 -1998 CAILLE ALEXANDRE, SCEMAMA FABIEN 2. COULOIR Cet espace distributif est, comme pour l’entrée, baigné dans des textures sonores. Mais à cela s’ajoute toute une série d’images sous forme de diapositives projetées sur quatre écrans bien distincts. Images et sons permettent alors au visiteur d’observer et ressentir la manière dont s’établit la complicité de l’eau et des formes de vie variées. 3. TRAVERSER LES OCEANS Ce secteur propose de parcourir l’évolution des systèmes de navigation. Quatre disciplines sont ainsi soumises au visiteur : l’impulsion, la propulsion, la manœuvre et enfin l’orientation. 4. MAGELLAN Plus qu’un « simple » espace d’exposition, cette partie est un véritable hommage aux précurseurs de la navigation autour du monde, tel le navigateur portugais Magellan. Le visiteur peut ici observer la route parcourue par ce même navigateur sur un immense globe simulant la sphéricité terrestre. 5. CHERCHER Ce secteur est dédié aux océans en tant que stimulateur de la recherche et comme élément essentiel de la connaissance de notre planète. Les océans nous délivrent ici leurs secrets. On est passé ainsi par la croyance des monstres médiévaux à l’exactitude des observations des voyages maritimes de D. Joao de Castro, puis, par le suite, de naturalistes et chercheurs tels que Darwin et Charles Thompson. 6. CHALLENGER Une maquette du relief des fonds marins est ici présentée. On peut notamment y observer les quelques 362 stations de sondages effectués pendant l’expédition « Challenger ». 7. PLONGER Ce secteur présente le fastidieux et long processus de la découverte des fonds marins en abordant la plongée en apnée, le système de cloche, le scaphandre, le sous-marin et enfin le robot. 8. EXPLOITER L’exploitation de la mer est le thème central de ce compartiment, englobant non seulement l’exploitation de produits alimentaires et minéraux, mais aussi d’autres profits que l’Homme tire de la mer. Les thèmes de l’utilisation de la mer comme voie de communication, de la pêche industrielle et l’aquaculture sont ici aussi abordés. 9. LE VAISSEAU De grandes armatures en bois, acier et fibres, construites dans des chantiers navals, caractérisent ce grand vaisseau. Environ six kilomètres de câbles et trois de planches de bois projettent sur le mur le plan géométrique qui servit de base aux modèles navals. 10. AVANCER En guise de conclusion, le visiteur se voit ici offrir une véritable utopie du passé. Y sont présentés diverses machines et engins qui ne sont jamais parvenus au stade de fonctionnement. Coupe longitudinale E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 57 Restaurant sur l’eau José Carlos GONCALVES, 1998 MBALLA Landry, MORANDO Michele Architecture contemporaine José Carlos GONCALVES Asa Le restaurant se situe au sud du Parc des Nations. C’est un des quatre restaurants flottants situé dans la zone de l’expo 98. L’accès au restaurant se fait à travers des pontons flottants. Ce projet maintient le schéma demandé de circulation et d’accès promouvant l’entrée des visiteurs à travers l’esplanade. La volumétrie a été développée en ayant comme principale orientation quelques aspects du contexte, de conception et de fonctionnement. L’intention était d’accentuer l’horizontalité de la construction en cherchant à améliorer la relation des espaces intérieurs avec son contexte immédiat : l’eau ; et cherchant à interférer d’une manière minimale avec les vues sur le fleuve à partir de la promenade Ribeirinho. La forme proposée tirait partie de ce principe et s’orientait sur la longueur selon la direction du fleuve. Ainsi, cela a permis le développement des espaces intérieurs avec une relation égale à ceux de l’extérieur. Ces espaces sont disposés de manière à ce que toutes les ambiances intérieures profitent, malgré les différents aménagements, des mêmes qualités d’ambiances. Le restaurant présente un squelette dont la structure est semblable à un bateau. Récemment, le Parc des Nations a permis l’exécution de nouveaux travaux qui se sont éloignés du concept original du bâtiment. Plan Coupe transversale E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 58 E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 59 GARE DE L'ORIENT Santiago CALATRAVA, 1998 ANDRADES, FOURQUIER Bibliographie : -D'architectures N°92 MIALET, Frédédric EA-NANTE -Santiago Calatrava Philip Jodidio -Casabella (654) 1998 Cette construction a été bâtie à l'occasion de l'expo 98 à Lisbonne. Elle a pour fonction de desservir le vaste ensemble de 60 hectares utilisés pour l'événement Cette gare est un véritable pôle d’échanges entre différents types de dessertes ferroviaires, qui reçoit aussi des trams et plusieurs lignes de métro et se prolonge au nord par une gare routière. Quelques 2000 places de stationnement facilitent la connexion avec le réseau routier, interconnecté avec l’autre rive du Tage par le nouveau pont Vasco-de-Gama, l’un des plus longs d’Europe, également inauguré pour l’exposition. La gare est composée de trois niveaux. Les trains circulent au sommet de l'ouvrage situé à 9m du sol. Sous ce niveau on trouve la gare proprement dite, avec la salle des billets qui se déploient dans une vaste salle, tandis qu’au niveau du sol on trouve une galerie commerciale s’ouvrant directement sur une des portes d’entrée de l’exposition ainsi que sur la gare routière. Fiche Technique: Surfaces: gare ferroviaire: 59600 m2 dont aires commerciales (6500 m2) ; gare routière: 71100 m2 dont parking de 2000 places (66000 m2) total: 175000 m2, métros (9000 m2) et avenues inclus. La gare ferroviaire est composée de quatre quais doubles. Ils sont couverts par une nappe vitrée de 238 mètres de long et 78 mètres de large, soutenue par la juxtaposition de dix rangées de “parapluies” en acier hauts de 23 mètres. Chaque élément affecte la forme d’un arbre stylisé sur plan carré : le fût s’épanouit au quart de sa hauteur en quatre branches principales courbes reliées par des pannes en forme de triangle renversé aux diagonales du carré. Les files de poteaux implantées dans l’axe des quais structurent l’espace protégé, librement ouvert sur toute sa périphérie, tandis que les palmes vitrées forment une nappe de blancheur et de lumière qui vibre au-dessus des voyageurs. La gare routière s’articule sur cet ensemble par une galerie vitrée située au niveau du hall de la gare et qui en forme l’épine dorsale. Sur cette galerie se greffe, comme des palmes, une série d’auvents qui abritent les escaliers qui rejoignent le niveau inférieur où circulent les autobus. Ces palmes se déploient en porte-à-faux d’une manière très libre par l’intermédiaire de bracons obliques. Au-delà de sa fonction clef pendant la durée de la manifestation, la gare est appelée à jouer un rôle majeur dans la recomposition de toute cette partie de la grande banlieue de Lisbonne. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 60 E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 61 COIMBRA - HISTOIRE Portugal Guides Bleus Hachette Portugal Guides Voir Hachette Coimbra dans l'histoire Une origine romaine L'histoire de Coimbra remonte à la fondation de la cité romaine d'Aeminium. Quelques constructions occupaient les collines de part et d'autre du fleuve, et une petite citadelle avec un forum s'élevait au sommet de la butte qui dominait la rive droite. Au milieu du IVème s., les Barbares avaient déjà pillé la région et dévasté Conimbriga, une ville située au S. et alors bien plus importante; on décida donc de transférer le siège de l'évêché de Conimbriga à Aeminium, d'où naquit la contraction Coimbra. Déjà une vocation intellectuelle Occupée par les Maures au milieu du VIIIème s., la ville fut reprise en 1064 par Alphonse VI de Castille. II s'empara de la médina aux ruelles tortueuses, protégée par une enceinte fortifiée. Les Castillans ne chassèrent pas les musulmans, qui gardèrent leur école; ce foyer artistique et littéraire allait devenir un centre de culture mozarabe dont le rayonnement franchirait rapidement les frontières du futur comté portucalense. L'alcaçova: la cité des rois Bien que distante de l'Océan d'une quarantaine de kilomètres, Coimbra était un port actif. Sa conquête par les chrétiens s'accompagna de l'édification de forts confiés à la garde des Templiers. Après la victoire d'Ourique (1139), la cité marchande de Coimbra avait acquis une importance telle que le jeune roi Afonso Ier la choisit pour sa cour. Il occupa alors L'alcaçova, c'est à dire le château et ses dépendances, dont les murailles se trouvaient à l'emplacement de l'actuelle université historique. En contrebas, il fit élever la première cathédrale du royaume. Santa Clara : la cité des reines Bien que Coimbra fût déchue de son rang de capitale au profit de Lisbonne au XIIIème s., elle n'en continua pas moins de se développer et d'accueillir d'éminents personnages du royaume. La reine Isabel se retira, à la mort de son époux Dinis Ier, au palais jouxtant l'abbaye des Clarisses, dans le faubourg de Santa Clara; c est là que, plus tard, Ines de Castro fut assassinée. La citadelle du savoir L'alcaçova subit d'importantes transformations à la fin du règne de Manuel Ier et au début de celui de Joan III. Ce dernier rétablit l'université à Coimbra en 1537 et mit à sa disposition le château, qui devint alors le paços dos Estudos (palais des Etudes). Joâo III confia la direction du collège des Arts à un recteur de l'université de Paris, André de Gouveia. Désormais, le cycle complet d'études se déroulait à Coimbra, et il n'était plus question de pursuivre ses études à Paris ou à Salamanque. Par contrecoup, de nombreux étudiants étrangers affluèrent à Coimbra, et l'université devint l'un des grands foyers intellectuels de la Renaissance. La suprématie des Jésuites Cela ne dura pas longtemps, car les Jésuites établissaient au même moment leurs propres collèges. Près de l'université royale, ils élevèrent la grande église appelée plus tard Se Nova, et, en 1555, ils arrachèrent à leurs rivaux le collège des Arts. E II Genève Genève -- hes hes // UER1 UER1 Construction Construction et et environnement Environnement // Voyage Voyaged’étude d'étude/ /Portugal Portugal/ /ab 2 -/ 816octobre 2004 / ab E - 22 juin 2007 Le tombeau d'Ines de Castro La vengence de Pedro Fils du roi Afonso IV, Pedro a épousé Constance de Castille, mais aime la belle Galicienne Ines de Castro, dame d'honneur de sa femme. Persuadé par ses conseillers qu'une telle liaison pourrait menacer les intérêts de la Couronne, le roi fait écarter Ines de la cour. En 1345, Constance meurt en donnant à Pedro un troisième fils. Ines rejoint alors son amant à Coimbra et l'installe au monastère de Santa Clara. C'est trop d'audace pour Afonso IV: profitant de l'absence de son fils, il laisse ses conseillers assassiner la jeune femme (1355), après une parodie de jugement. Fou de douleur, le fils se révolte contre son père. Sa vengence interviendra deux ans plus tard, lorsqu'il montera sur le trône: le nouveua roi révèle officiellement les liens qui l'unissaient à Ines et fait arracher, sous ses yeux, le coeur de ses meurtriers. En 1361, il fait exhumer son corps. Revêtue d'un manteau pourpre, ceinte de la couronne, la dame d'honneur reçoit les hommages des nobles, contraints de lui baiser la main. Un cortège nocturne accompagne alors solennellement sa dépouille de Santa Clara de Coimbra au monastère d'Alcobaça. Ce sombre fait divers médiéval a été immortalisé par Luis de Camoes dans Les Lusiades et par Henry de Montherlant dans La Reine morte (1942). Les Espagnols en ont surout retenu la dimension tragique, tandis que les Portugais, davantage portés vers l'affectif, ont priviligié son côté lyrique et sentimental. g e i e i g 62 COIMBRA - HISTOIRE Portugal Guides Bleus Hachette Portugal Guides Voir Hachette Lorsque Joâo III le Pieux séjourna à Coimbra en 1577, il se garda bien de troubler l'ordre établi et préféra s'intéresser à Santa Cruz, qu'il fit réaménager. Entre 1580 et 1640, les souverains espagnols ne firent rien non plus pour déplaire aux Jésuites, qui, avec leurs inquisiteurs, devinrent les maîtres de Coimbra. Le renouveau de Pombal L'université végéta longtemps, et, en 1772, sa situation était même devenue désastreuse. Pombal décida alors de venir passer un mois à Coimbra. Les Jésuites ayant été expulsés du Portugal en 1759, le marquis avait le champ libre. L'université bénéficia d'un nouveau statut, ses programmes furent transformés. On mit à l'honneur des disciplines méprisées par l'Église, telles que les sciences et la médecine. Dans le cadre de cette réforme, un magnifique jardin botanique fut aménagé sur le flanc de la colline. Grâce à Pombal, Coimbra redevint l'une des villes les plus savantes du monde. Les allées et venues de l'université Au cours des septs derniers siècles, la vie de Coimbra fut liée aux péripéties de son université. Celle-ci, fondée à Lisbonne par le roi Dinis Ier en 1290, fut transférée à Coimbra en 1308. Au XIVème s., elle effectua des allers et retours entre les deux capitales successives, pour s'établir finalement à Lisbonne à aprtir de 1377. C'était compter sans Joao III le Pieux: très préoccupé par les idées subversives qui gagnaient la capitale, il éloigna les étudiants en les envoyant , en 1537, à Coimbra. Ils furent accueillis au couvent de Santa Cruz, dont le prieur était l'oncle de Camoes. Plus tard, l'université occupa le Palais royal. Jusqu'en 1911 (première année de la République), ce fut la seule du Portugal. Dans les années 1930, Salazar décida de l'agrandir et fit construire les bâtiments modernes et sans âme du centre universitaire, ainsi que l'observatoire. 1968 et 1974 : des journées chaudes Malgré la création de l'université de Lisbonne en 1911, Coimbra resta un centre intellectuel actif. Après la Seconde Guerre mondiale, en dépit des brimades et des arrestations, le ton ne cessa de monter dans les salles de cours et dans les rues contre le régime de Salazar. En 1968, suivant l'exemple de leurs camarades parisiens, les étudiants de Coimbra manifestèrent, drapeaux noirs et rouges en tête des cortèges, bravant la police, qui ouvrit le feu. On décida alors, " en signe de deuil ", de ne plus porter l'habit traditionnel, cette grande cape frangée d'autant de coups de ciseaux qu'on avait éprouvé de déceptions sentimentales. En avril 1974, lors de la révolution des billets, l'université occupa également le devant de la scène. Le quartier universitaire fut couvert d'affiches et de slogans. Coimbra aujourd'hui L'autre visage de Coimbra L'université est toujours au centre de la vie de Coimbra mais, depuis les années 1960, la ville est aussi devenue une importante cité industrielle : les quartiers du N. se prolongent par une banlieue résidentielle et de nombreuses usines. Les industries textiles (bonneterie et lainages) sont très développées, ce qui explique la présence de multiples boutiques de vêtements dans la ville basse. A cela s'ajoutent des manufactures de céramique, des fabriques de produits alimentaires (biscuiteries), une cervejaria (brasserie) moderne, ainsi que des chaînes de montage de camions et une usine de matériel photographique Le tout emploie plus de 15 000 personnes. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 E I Genève - hes / UER1 Construction et Environnement / Voyage d'étude / Portugal / 2 - 8 octobre 2004 / ab e i g e i g 63 COIMBRA - UNIVERSITE Portugal Guides Bleus Hachette Portugal Guides Voir Hachette Le clocher, symbole de l'université, est visible de toute la ville. Depuis l'achèvement de la tour en 1733, la plus connue des trois cloches, a cabra (la chèvre), a rythmé la vie de générations d'étudiants Sala Grande dos Actos Cette salle, aussi appelée Sala dos Capelos, accueille les grands événements. Les bancs des professeurs bordent les murs, sous les portraits des rois portugais. Museu de Arte Sacra La Via Latina Est une galerie à colonnades ajoutée au palais au XVIIIème s. Les armoiries royales, au-dessus de l'escalier, sont surmontées d'une statue de la sagesse. Capela de Sao Miguel L-int;rieur date des XVIIème et XVIIIème siècles. Les ayulejos, le plafond décoré et même l'autel manieriste sont eclipsés par le superbe buffet d'orgue, décoré d'angelots célébrants la gloire baroque. La Sala do Exame Privado Le plafond exubérant, peint par José Ferreira Araujo en 1701, domine une frise de portraits des anciens recteurs. Portrait de Dom Joao V E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 E I Genève - hes / UER1 Construction et Environnement / Voyage d'étude / Portugal / 2 - 8 octobre 2004 / ab Biblioteca Joanina La bibliothèque, qui doit son nom à Dom Joao V, date du début du XVIIIème s. Les salles richement rehaussées de dorures et de bois exotique abritent plus de 300 000 ouvrages. e ei i gg 64 E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 65 COIMBRA AMPHITHEATRE DE LA FACULTE DE DROIT, 1994-2000 Fernando TAVORA Luis ANTUNES, Helio PEREIRA Arquitectura Portuguesa Contemporania 1991-2001 Ed. ASA arq./a n°8, juillet/août 2001, pp. 34-39 Beaucoup d'attention a été donnée au recensement des espaces libres et construits existants, par rapport aux aspects fonctionnels, plastiques, patrimoniaux et paysagistes. Cet édifice médiéval de la Faculté de Droit est un des plus anciens bâtiments universitaires du pays. L'architecte chargé de construire le nouvel amphithéâtre voulait un projet non seulement contemporain mais aussi moderne car il contient toute l'expérience d'une architecture et d'un lieu. L'amphithéâtre comporte 458 places assises. La salle de forme rectangulaire basée sur deux carrés est structurée d'après un module de 0,5 m x 0,5 m qui a ensuite été généralisé à tout l'édifice. Ce module est basé sur la dimension frontale des chaises (0,5 m) et à la dimension transversale des marches (1,10 m). Une galerie entoure la salle sur trois cotés et l'on y trouve notamment une cabine de projection et de traduction. Cette galerie part de deux vestibules symétriques qui s'articulent avec deux entrées à partir de l'extérieur. Ces vestibules sont reliés aux édifices existants ainsi qu'à l'atrium central. Depuis les accès aux édifices existants, un couloir lie le nouvel édifice à l'accès principal de la Faculté de Droit, à la chapelle et au patio de l'université. De l'atrium part un escalier double qui conduit à l'étage supérieur où se situe la salle de lecture qui s'ouvre sur une terrasse. Signalons, de par leur importance fonctionnelle et plastique, les installations d'unités de climatisation qui ont été placées sur le haut de l'édifice. Ces unités sont contenues par des lames horizontales en cuivre. La construction de l'amphithéâtre est basée sur une structure en béton armé, alors que pour l'atrium et la salle de lecture c'est une structure métallique qui a été retenue. Les menuiseries sont en métal et les murs et les piliers sont plaqués de calcaire. Les finitions intérieures, comme d'une manière générale, toutes les finitions de l'édifice des accès et des murs extérieurs sont définies dans le sens de la conservation à long terme et de l'intégration à l'esprit des édifices et des espaces existants. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 66 E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 67 PARC VERDE DO MONDEGO, COIMBRA, CENTRO, PREMIERE PHASE:2006 MERCÊS VEIRA. CAMILO CORTESÃO. (MVCC), 2000-2004 AVEC JOÃO FERREIRA NUNES, CARLOS RIBAS Particia ROSINE L’ARCHITECTURE D’AUJOUR’HUI Portugal No. 366 Sept – Oct 2006 Le programme national de restructuration urbaine, Polis, propose la revalorisation des rives du Fleuve Mondego, avec la création d'accès et d’équipements qui lient la Ville à Rio. A l’issue d’un concours public, le projet du parc Vert naît avec la remise du projet de Mercês Veira et Camilo Cortesâo, en 1995. Coimbra est une ville millénaire. Un parcours à travers les fragments de l'ancienne muraille est un parcours à travers l'Histoire. Les rues y sont centenaires, les espaces fascinent. Elle est faite de mémoires: arabes, judaïques et chrétienne. Le paysage urbain se construit au bord du fleuve et lui donne son caractère contemporain. Le Plan de Détail du Parc Vert du Mondego entre le Pont de Santa Clara et le Pont Europe encadre un ensemble de projets et d'oeuvres, qui structurent les terrains en espaces de loisir et de culture et permet de se rapprocher de Rio. Le parc représente un espace vert de qualité, qui se déploie de Choupalinho à Lapa sur la rive ouest, et qui vient prolonger le parc Manuel Braga sur la rive Est. Le projet s’est développé en plusieurs phases. Le projet vise entre autre à relier les rives opposées du fleuve grâce à une nouvelle passerelle Dessinée par António Adāo da Fonseca et Cecill Balmond, pour piétons et cyclistes, et également à installer de nouveaux équipements nautiques. L’aménagement paysager s’inspire de la flore des plaines aquatiques inondables en offrant des cheminements sinueux parallèles au cours d’eau. Le parc offre 400,000m2 de détente, avec un parcours qui s’étend sur 4km longé par des aires de jeux ou de pic nique. Les berges sont ponctuées d’une naturalisation progressive. Saules et peupliers sont plantés en bordure du cours d’eau. Les abords sont recouverts de graminées à travers lesquelles circulent des sources minéralisées. Visible depuis la ville, le parc présente des éléments graphiques forts, tels que le point, la ligne et les surfaces en mouvement continu. La différenciation des surfaces se fait grâce aux matériaux qui expriment l’ambivalence entre urbanité avec le centre ville proche et élément naturel avec la proximité du fleuve. Historiquement, les circonstances offertes par le terrain, notamment la distribution des vergers (cultures d’agrumes) a favorisé un aménagement paysager avec des transitions graduelles imperceptibles. L’aménagement est dynamisé avec l’implantation de noyaux d’activités. En limites de parc, un système de digues protège les parkings sur les deux rives. En rive droite, dans le prolongement d’un mur de béton teinté, une série de serres, des restaurants et des bars constitue la principale densité d’animation du parc. On peut trouver dans cet espace divers types de revêtement, comme des moellons sur 6 200 m², une chaussée de 12 546 m², du béton de granit, des dallettes, du bois ainsi qu’une piste cyclable avec un revêtement bitumineux coloré de 1 228 m². Les murs de gabion revêtus de schiste (2 711 m3) marquant les limites du parc constituaient une maîtrise d’œuvre complexe, en raison des conduites pour arrosage au goutte-à-goutte de 109 124 ml. Le parc comprend également des escaliers d’accès au parc, un canal d’eau artificiel revêtu de schiste (1 005 m²), des passerelles en bois Ipê ainsi qu’un perron, pour une surface totale de 4 647 m² sur le fleuve, une surface engazonnée de 31 620 m² avec 526 arbres, 2 272 arbustes. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 68 Vue aérienne des deux rives du fleuve. Plan d’aménagement général Plan d’aménagement Phase I et II du parc vert de Mondego. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 69 COIMBRA PASSERELLE PIETONNE Ingénieurs: A. da Fonseca (ADF) et C. Balmond (ARUP) M. Schmid et B. Vaucher La famille des passerelles piétonnes compte un bon nombre de spécimens remarquables. Leurs belles apparences nous fait oublier leurs défauts, tels leur coût parfois exorbitant ou encore des vibrations incommodantes lorsque l’on marche dessus ou lorsque le temps est venteux. À la différence des ponts routiers ou ferroviaires, la commande d’une passerelle piétonne réveille chez l’ingénieur le désir de transformer la traversée en une expérience singulière invitant à faire des pauses au-dessus de l’eau. Histoire de l’Architecture Architecture d’aujourd’hui N 336 Description Trois arcs, deux axes et un belvédère. La nouvelle passerelle de Coimbra qui relie les deux rives du fleuve Mondego est un ouvrage plutôt discret. Loin de tout le super structurel des ponts high-tech, elle cultive l’ambiguïté. Vue de loin, elle laisse planer le doute quant aux matériaux utilisés en raison de sa forme générale. Une succession de trois arcs de faible hauteur travaillant en compression ainsi que de sa couleur, un blanc rosâtre. On serait tenté de croire qu’il s’agit d’un ouvrage réalisé en béton armé. Or c’est un pont métallique dont les soudures des caissons d’acier sont à peine perceptibles. L’arc central, d’une portée de 110m ne s’élève qu’à une dizaine de mètres au-dessus de l’eau. Cette cote résulte de deux facteurs : des culées situées aux niveaux des rives naturelles, quasiment au ras de l’eau, et d’une inclinaison maximale du tablier qui doit être praticable en chaise roulante. La promenade au-dessus de l’eau suit donc une légère courbe dont le sommet se trouve au milieu du fleuve. Sa pente est si faible que les trois arcs aplatis auraient pu être convertis en une simple poutre de section continue sur les 274 m de longueur totale, soutenue par des supports ponctuels enfoncés dans le lit du fleuve. Visuellement beaucoup plus lourde, cette solution n’aurait en outre pas dégagé sous l’ouvrage la hauteur libre exigée par les associations locales de sports nautiques. Mais le choix d’une construction en trois arcs aplatis et élancés rend l’ouvrage vulnérable, d’autant plus au mitan du fleuve là où la section est la plus mince et la plus exposée aux vents latéraux. Pour palier le danger d’une pression du tablier, les ingénieurs ont trouvé une astuce : les deux moitiés du pont sont légèrement désaxées et se rejoignent à mi-chemin par une plate-forme d’une largeur de 8m, soit deux fois la largeur du tablier courant. Afin d’augmenter la résistance aux forces latérales, les supports en V ne sont pas situés dans l’axe médian des tabliers, mais accrochés latéralement, côté aval sur la moitié est et côté amont sur la moitié ouest de la passerelle. Cette particularité géométrique produit un effet surprenant : le promeneur qui s’engage sur la passerelle ne voit pas le bout de l’ouvrage dans une ligne droite partant de sa position initiale. A mi chemin, il bute contre un garde-corps et se retrouve sur un belvédère comme suspendu au-dessus du fleuve. Pour continuer son chemin, il doit dévier de son cours E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 70 E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 71 CENTRE DES ARTS VISUELS, REHABILITATION, 2001-2003 ; COIMBRA ARCHITECTE: JOÂO MENDES RIBEIRO COLLABORTEURS : A. BACELAR, E. MOTA, M. NOGUEIRA, P. GRANDÂO, S. LOBO, V. CANAS FICHE: NUNO BARBOSA, HENRI WILLENER L’architecture d’aujourd’hui PORUTGAL Sept.-oct. 2006 n° 366 Ed. Jean Michel Place João Mende Ribeiro João Mendes Ribeiro est né en 1960 à Coimbra. Il est licencié en architecture de l’université de Porto. Il a son bureau à Coimbra et enseigne le projet depuis 1991 à l’université de cette ville. C’est un architecte qui a reçu de nombreux prix portugais et internationaux, parmi lesquels : Prémios Architécti en 2000 pour la Casa de Chá, Castelo de Montemor-o-Velho ; Mies Van Der Rohe Award en 2001 pour la Casa de Chá, Castelo de Montemor-o-Velho ; Prémio Diogo de Castilho en 2003 pour le Centro de Artes Visuias, Coimbra… . Son travail est reconnu dans le monde entier et est l’objet d’innombrables publications et expositions. Centre des arts visuels Le Centre des Arts Visuels de Coimbra occupe l’aile ouest de l’ancien Collège des Arts situé au Patio des Inquisitions, près d’une rue nommée la rue Sofia, une rue qui fut construite en 1535, qui part d’une place monumentale nommée place du 8-Mai qui était avant cela, l’ancien « Largo de Sansão » et traverse les champs du monastère Santa Cruz. En 1548, à la Renaissance, pendant la réforme de l’université de Coimbra, Dom João III commanda à Diogo de Castilho la construction de ce collège, dans les environs du monastère. Quelque temps après, lorsque le collège des Arts fut déplacé dans la ville haute, le bâtiment changea d’affectation et finit par devenir le siège du Saint-Office. Jusqu'à sa disparition en 1821. Pendant la révolution libérale, il fit office de prison et avait aménagé dans ses locaux, des tribunaux et des salles de torture. L’objectif de l’ intervention de rénovation dans le bâtiment était de reconvertir ces installations et salles, en un centre des arts visuels. Au rez-de-chaussée, des salles d’exposition ont été aménagées. C’est un espace modulable, qui a la particularité d’être équipé de panneaux mobiles qui permettent de réaménager l’espace en longs couloirs ou en petites salles. L’ensemble des parties archéologiques et les anciennes structures, situées sous un dallage escamotable, on été préservé et aujourd’hui reste facilement accessible. Un nouvel escalier métallique est ajouté, divisé en deux par un mur de refend qui conduit à l’étage supérieur. D’un coté, on peut trouver une nouvelle structure en bois avec des arrêtes vives et lisses reprenant la forme d’un parallélépipède qui est fermé au plafond interdisant ainsi la vue. Cette « boîte » abrite les laboratoires de photographie et les archives. Dans le reste de l’espace se trouvent les salles de réunion, les salles d’exposition, la bibliothèque, les bureaux étant situés de l’autre côté. Le plafond où se trouve la charpente de toiture, a été modifié de façon à mettre en valeur le solivage et les autres éléments structurels du toit. Un escalier léger en métal, à été inséré dans cet espace au bout du volume, du coté des bureaux, afin d’accéder à une passerelle qui surplombe le volume et traverse la charpente en bois. Des interventions de rénovation ont aussi eu lieu à l’extérieur du bâtiment. Le sol a été nivelé et pavé, une trame a été formée par l’ensemble des pavés posés qui font office de drainage formant une unité avec le bâtiment voisin, le Pátio da Inquisição. L’intention de cette reconversion, consiste à adapter les bâtiments existants à de nouvelles fonctions sans négliger leur valeur historique et architecturale. Cette stratégie implique un langage clairement contemporain pour créer un continuum entre le nouveau et l’ancien, le passé et le présent. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 72 Plan du niveau d’entrée donnant sur le cloître Grande boîte en contreplaqué (archives et les laboratoires) Niveau 1 avec les bureaux, les archives et les laboratoires Vue des combles surplombant la boîte des archives Coupe longitudinale AA Vue des bureaux Coupe transversale BB Ancienne salles de torture E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 Les sanitaires e i g 73 LA MAISON DE THE Joao, MENDES RIBEIRO, 1997 – 2000 CAILLE ALEXANDRE, SCEMAMA FABIEN CASA DE TE, MONTEMOR-OVELHO 2G, international architecture review, n° 20, 2001 Ed. Gustavo Gili, SA La maison de thé, un espace « entre quatre murs… » Le concept de base exploré dans le cadre de cette « rénovation » était d’insérer un volume « entre quatre murs », et plus précisément de révéler l’espace vernaculaire des ruines par l’ajout d’un volume contemporain. Pas tout à fait solide, pas tout à fait transparent, ce nouveau parallélépipède, placé au centre de l’espace intérieur induit par les murs en ruine, permet notamment de définir des vues et des espaces géométriques supplémentaires générés par les vides eux-mêmes (entre murs anciens et façades nouvelles, entre façade de verre et volume servant), qui donnent l’impression de n’être ni à l’extérieur, ni à l’intérieur. Le plan de la construction est simple : deux plans solides formés au sol par une plate-forme d’une part et par la toiture d’autre part, entre lesquels l’on peut distinguer un volume contenant les espaces de services de la maison de thé, délibérément séparé de l’enceinte périphérique de verre. Par ailleurs, le socle, étant lui-même détaché du sol, nous suggère une grande légèreté et favorise de surcroît une intervention habile, discrète mais néanmoins présente. La façade, quant à elle, est faite de verre, comme une peau légère soulignée par les reflets de lumière qu’offre ce matériau translucide. De plus, cette transparence laisse entrevoir en filigrane les ruines et permet aussi au volume de se fondre avec l’état ancien grâce aux reflets des murs en ruine sur les vitrages. La structure porteuse est composée de piliers en retrait par rapport à la façade de verre et sont par ailleurs recouverts d’un revêtement de fer. L’intention primaire de cette structure était de garder les piliers les plus éloignés possibles des murs et de permettre ainsi d’accentuer l’effet « dématérialisé et abstrait » que procure la « boîte de verre ». E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 74 LA MAISON DE THE Joao, MENDES RIBEIRO, 1997 – 2000 CAILLE ALEXANDRE, SCEMAMA FABIEN 3 2 1 Plan général des ruines et intervention : 1 Coupes longitudinale et transversale : 2 Coupe de principe : 3 E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 75 LISBONNE TOUR DE CONTROLE DU PORT ET SURVEILLANCE COTIERE, 2001 Gonçalo BYRNE Luis ANTUNES, Helio PEREIRA Techniques et Architecture N° 446, Juin-juillet 2003 Juchée au bout d'un promontoire artificiel, la tour de contrôle se penche en solitaire au dessus du Tage. La silhouette oblique de la tour de contrôle maritime est visible de loin. Elle se trouve à l'embouchure du Tage, sur la rive nord, en aval du Pont 25 de Avril. La tour du centre de surveillance côtière fut inaugurée le 16 juillet 2001. Les Anglais appelaient la côte occidentale de l'Europe la Côte Noire avant que les Portugais n'entament la construction des premiers phares au milieu du XVllle siècle. Aujourd'hui, la côte offre aux marins une physionomie entièrement différente et Le Portugal dispose d'un centre de surveillance côtière ultramoderne, unique en son genre en Europe. Le phare actif a été construit par l'architecte portugais Gonçalo Sousa Byrne, lauréat d'un concours. Devançant la silhouette citadine de Lisbonne, ce phare de forme inclinée attire l'attention d'abord par son esthétique et ensuite par son habillage impressionnant, en panneaux de cuivre rougeâtres et miroitants. D'après Gonçalo Byrne, la tour ne s'imposait pas. On pourrait même enterrer un tel programme. Tout est contrôlé désormais par des procédés technologiques sophistiqués, des radars, des images virtuelles sur des écrans. Cependant, l'administration du port a voulu une tour et les utilisateurs ont confié à l'architecte qu'ils avaient besoin de regarder la mer, le fleuve même les jours de brouillard. " D'une base en pierre, le corps du bâtiment s'allonge, gainé de cuivre, pour s'achever avec une cabine vitrée et des antennes. " La tête dans le ciel " : Gonçalo Byrne argumente ainsi le parti architectonique de la tour. Aux niveaux bas se trouvent l'accueil, l'auditorium et des salles de conférence ; au milieu, les bureaux. Le couronnement ceinturé de verre et de pare soleil en lames de cuivre accueille les radars. En toiture, un belvédère sur la ville est accessible. L'intérieur du bâtiment se compose d'un "tronc" d'accès central de neuf étages autour duquel se regroupe l'ensemble des salles. Outre les postes de travail figurent ici deux simulateurs et plusieurs salles de réunion servant à la formation du personnel. Un socle d'un étage, en pierre claire, ancre le bâtiment dans le sol. Un disque haut lui aussi d'un étage définit l'entrée principale. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 76 La structure est constituée d'un noyau en béton armé, sur pieux ancrés dans le sous sol de basalte. Le noyau central comprend escaliers, ascenseurs et zones techniques. Une couche d'oxyde s'est déjà formée sur la surface nue de la façade. Cette couche rend la surface du cuivre insensible aux facteurs atmosphériques et c'est elle qui confère à ce matériau son esthétique et sa longévité. Grâce à elle, les façades verticales et inclinées de la tour de contrôle portuaire se présenteront toujours dans un jeu de couleurs délicatement nuancées et riches en variations. L'enveloppe extérieure, recouvrant la tête du bâtiment haut de trois étages, a été conçue comme une façade entièrement vitrée derrière des lamelles de cuivre. Coupe détaillée sur les principes de structure primaire (béton), secondaire (acier) de peaux et façade en suspension (pierre et cuivre). La finesse du détail, la légèreté, la transparence sont capables de résister au climat marin. Surface au sol : 13 x 19 mètres, nombre d'étages : 9, hauteur: 38 mètres. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 77 LA TOUR DE BELEM Francisco de ARRUDA 1515-1521: GODOY ; LY Bibliographie : Web… Site Internet La tour de Belém, érigée entre 1515 et 1521, fait partie des oeuvres les plus marquantes du style manuélin. A l'origine, ce bastion aux allures de proue de navire était situé au milieu du fleuve. Les bateaux ennemis, qui entraient dans l'estuaire, savaient que la flotte nationale était prête à faire feu. Au cours des siècles, le Tage s'est ensablé et la tour est devenue partie intégrante du rivage. Au quinzième siècle, Lisbonne était déjà le point de départ et d'arrivée des caravelles. Le développement de la politique navale portugaise au seizième siècle et la multiplication des voyages maritimes font rapidement du port de Lisboa une escale obligatoire pour qui parcourt les routes du commerce international. Les richesses ramenées des Nouveaux Mondes permettront de construire les grands monuments à la gloire de l'épopée des découvertes portugaises. L'intensification du trafic rend nécessaire la protection de Lisbonne et de sa barre. C'est au Roi Don Manuel, successeur de Jean II, que revient la tâche de construire la Tour de Belém, en hommage au patron de la ville, Saint Vincent. Francisco de Arruda, nommé maître d'œuvre du bastion de Belém en entame la construction en 1514, à son retour du nord de l'Afrique où il a érigé de nombreuses fortifications. Six ans plus tard, la Tour est terminée. Sa forme architecturale si particulière donne la part belle aux éléments décoratifs d'influence islamique et orientale. Ses coupoles en quartiers qui coiffent les guérites en sont des exemples les plus marquants. Comme d'autres monuments de cette époque, sa décoration incorpore les symboles du prestige royal, propre de l'art manuélin : les gros cordages de pierre qui ceignent l'édifice, terminés par des nœuds imposants, les sphères armillaires, les croix de l'ordre militaire du Christ et des éléments naturalistes. A remarquer, la représentation d'un rhinocéros. Première sculpture en pierre de cet animal connue dans toute l'Europe, elle supporte la base d'une des guérites orientées à l'ouest, preuve manifeste des relations pionnières du Portugal avec d'autres peuples et d'autres terres. Ce monument est composé de deux parties distinctes : la tour proprement dite, encore de tradition médiévale, mais déjà plus élancée avec ses quatre salles voûtées et le bastion de conception moderne, par lequel on pénètre dans la fortification. D'autres forteresses furent construites postérieurement, plus modernes et mieux adaptées aux exigences militaires. La Tour de Belém finit par perdre sa fonction de défense de la barre du Tage. Elle servit alors de prison, ses dépôts devenant cachots, à partir de 1580, avec les occupations philippines. L'imposante tour carrée symbolise aujourd’hui l'aventure de l'expansion maritime portugaise. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 78 E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 79 CENTRE NAUTIQUE DE BELEM A. de Souza Oliveira & J. St Maurice & A. Campinis Poças 2000 BERNARD NATHALIE & AMMANN MAUDE CENTRE NAUTIQUE, BELEM Alberto de Souza Oliveira & Julio St Maurice & Antonio Campinos Poças Arquitectura Contemporanea 1991-2001, ed ASA • foto Le centre nautique de Belém: Dans le port de Belém le site comprend une grande plate-forme où jusqu’à peu on avait gardé quelques pavillons de l’exposition nationale du Portugal de 1998. De cet ensemble, le bloc le plus proche de la zone du quai est utilisé par diverses associations liées aux différentes activités nautique prenant de plus en plus d’importance à Belém. Après les récentes démolitions des pavillons en ruines la plate-forme se trouvait de nouveau disponible pour une nouvelle occupation ainsi qu’un nouveau agencement. L’intention de l’APL (association du port de Lisbonne) était de réorganiser cet espace et de le doter d’un appui efficace pour l’importante flotte basée dans ce port ainsi qu’à tous ceux utilisant ces infrastructures. La solution qui a été adoptée combine deux sources de compositions. L’une en relation avec les activités naval (réparation de bateau, entretint, …) et l’autre avec le front urbanistique de la ville. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 80 E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 81 CENTRE CULTUREL DE BELEM, LISBONNE GREGOTTI ASSOCIATI & manuel SALGADO, 1992 PORTMANN Doris, Jean-Philippe SCHOPFER Domus Auteur: Vittorio Gregotti Ed: Giovanna Mazzocchi Bordone Belém est une petite ville sur la côte Nord du Tage. Depuis le 16ème siècle, elle est entourée d'une architecture dite " Manuéline " dont les exemples typiques sont les monastères de Jeronimos. Aujourd'hui on y voit un bâtiment moderne, séculier, en totale opposition avec l'ambiance manuéline du site : Le Centre Culturel de Belém, élaboré par Vittorio Gregotti. Ce centre est constitué de 3 éléments principaux sur 3 niveaux : Un musée avec une bibliothèque, un théâtre, une salle des congrès. Le revêtement extérieur est en pierre de calcaire avec la partie haute en acier blanc. Les éléments principaux sont distribués par un axe central est-ouest, au dessus du socle, où se situent les parkings pour environ 700 véhicules. L'ensemble de l'édifice s'étend sur 110'000 m2. L'approche de l'axe central se fait par le square du côté est au rez-de-chaussée jusqu'à la cour principale du 1er étage assez étroite et entourée de magasins. Cette cour distribue le musée en passant par les entrées des 2 théâtres d'une capacité de 1500 personnes chacun, dont l'intérieur est en chêne. De loin, c'est le théâtre que l'on voit en premier avec sa tour de 35 mètres de hauteur. Le musée, avec ses galeries reparties sur les 3 niveaux, est la zone la plus large, donnant un espace plus généreux et social. Dans sa partie Nord, des ouvertures zénithales amènent la lumière sur la zone des expositions temporaires au 1er. Au dernier niveaux, le revêtement de sol est un pavé typique des régions de Lisbonne nommé " calzada ". L'axe central est coupé par des rampes orientées Sud Nord, de chaque coté du théâtre, amenant à la cour centrale de l'édifice. Au niveau des prolongements extérieurs, des terrasses au Sud donnent une magnifique vue sur le Tage et les jardins au Nord font face au monastère et aux petites maisons des environs. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 82 E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 83 EXTENSION DU PALAIS BELEM LISBONNE João Luis, CARRILHO DA GRACA, 1997 - 2000 PORTMANN Doris, Jean-Philippe SCHOPFER EXTENSION DU PALAIS BELEM LISBONNE Techniques et architecture Hétérodoxie moderne Portugal 2003 n° 466, juin – juillet 2003 Edition jeanmichelplace 1 Horizon blanc de rigueur Environnement naturel… Le palais présidentiel de Belém est situé sur les bords du Tage, sur le flanc nord-ouest de Lisbonne. Environnement construit… Le palais présidentiel de Belém est situé à deux pas du centre culturel construit par Vittorio Gregotti et Manuel Salgado en 1992, et aussi tout près du monastère Jeronimos du XVIe siècle. Nouvelle extension… La construction d’une nouvelle aile dévolue aux services de documentation et d’information implique nécessairement de repenser l’ensemble. Pour sa réalisation, l’architecte João Luis Carrilho da Graça a porté une attention toute particulière au site, à sa topographie ainsi qu’à la morphologie de ce petit quartier. 2 Concentrée à l’arrière du palais, en bordure du jardin d’Ultramar, son intervention ne se limite pas seulement à l’édification d’un bâtiment administratif fonctionnel, mais elle s’ élargit à la réorganisation de lieux par la combinaison équilibrée de plateaux paysagers. Le parti architectural est radical. Si l’essentiel des espaces disparaît sous un jardin suspendu, l’architecte affirme son choix par un vocabulaire et un rendu minimaliste qui détonnent avec les volumes du palais. Les nouveaux services administratifs occupent un élément horizontal de 60m de long, lisse et blanc mat fabriqué avec du béton armé (1). Immaculé et épuré, il incarne parfaitement l’architecture portugaise récente marquée par la modernité. Sa finesse exprime une légèreté trompeuse, sa matière traduit une certaine abstraction. Aucun effet d’ ornementation ne concurrence celle des ailes du palais présidentiel: ce pur à-plat de lumière met en valeur le jardin supérieur créé par le terrassement du terrain. Depuis les salles du palais, cette paroi dessine un nouvel horizon qui souligne les hauteurs de la colline de l’Ajuda. Cette nouvelle construction ou cet écran établit une tension surprenante avec les anciens bâtiments. Premièrement, il s’affranchit des règles de construction - l’écran est décollé du sol, sans point d’appui visible (2) et deuxièmement l’emplacement ferme la composition au nord de la parcelle comme achèvement du plan d’ensemble reportant à l’arrière l’accès au parking souterrain. Le restaurant (3), en rez-de-jardin, bénéficie d’un éclairage indirect et glisse sous la faille horizontale et vibrante par réflexion dans la ligne d’eau située à l’aplomb du champ du mur. A l’extrémité est, le bandeau blanc est découpé et offre la seule vue cadrée depuis le nouveau bâtiment vers les bâtiments anciens (4). La différence de niveau correspond au gabarit des espaces semi enterrés. Les bureaux (5) sont alignés et mono orientés à l’Est, et bénéficient d’un bandeau vitré sur toute la hauteur. 3 4 La composition graphique du jardin supérieur révèle le plan des services en sous face: • Une haie de lavandes marque la bordure • Un patio éclaire la bibliothèque et la salle de conférence • Des arbustes alternent avec des lanterneaux qui ponctuent le long corridor central • A l’ouest, une ancienne fontaine est incluse dans la composition graphique. Les détails du palais sont extrêmement soignés. Le choix des matériaux est sensible. Le traitement intérieur minimaliste est judicieusement ponctué de touches de couleur qui vibrent au gré de la lumière maritime de Lisbonne. 5 E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 84 Programme: Centre de documentation et d’information du Palais de la Présidence de la République SHON: Projet: Construction: 5’000 m2 1997 – 1998 1999 - 2002 6 Coupe transversale a-a sur le bâtiment. En vue l’élément horizontal de 60m long Coupe Longitudinale b-b sur les bureaux, salle de conférence et le patio 7 Plans du rez-de chaussée Plans du rez-de-jardin supérieur b 7 Le pliage du voile béton en U forme une double hauteur à l’extrémité. 8 7 1 a a 2 3 4 6 6 Depuis les salons du palais, l’écran suspendu dans le jardin souligne fortement la colline de l’Ajuda 9 4 Légende: 5 b E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 1 Gymnase 2 Archives 3 Bibliothèque 4 Patio 5 Salle de conférence 6 Bureaux 7 Restaurant 8 Serre 9 Fontaine e i g 85 ECOLE NORMALE SUPERIEURE DE SETUBAL Alvaro SIZA, 1986-1995 DE ROSA / DI STEFANO ALVARO SIZA Philip Jodidio Edition Taschen, 1999 EL CROQUIS alvaro siza 68/69 Paloma Poveda Cabanes El croquis editorial, 1994 ALVARO SIZA Editorial Blau, LDA, 1995 Mário Chaves Editorial Blau, LDA, 1995 Située sur la rive nord d’un profond estuaire formé par le Sado, la Marateca et le São Martinho, aujourd’hui troisième port du Portugal, la ville de Setubal compte environ 80'000 habitants. Située sur une colline qui domine les quartiers du centre, l’Ecole normale supérieure est entourée d’arbres et de pelouses, ce qui donne l’impression qu’elle est implantée dans un parc. Celle-ci est accessible par une voie peinte d’un rouge chaleureux rappelant l’architecture de Luis Barragàn que Siza admire. Au nord-est, au bord du chemin circulaire bordant la parcelle, se trouve le parking. On rentre dans le complexe, en suivant des murets qui nous mènent jusqu’à l’entrée du bâtiment. On accède au bâtiment en empruntant deux rampes, l’ une desservant le pavillon du concierge et la seconde menant les visiteurs dans la cour principale couverte d’une toiture en pente. Le bâtiment, conçu en forme de H crée deux patios dos-à-dos, d’ échelles différentes. La structure du bâtiment est en béton et les façades sont crépies. Les deux ailes, où sont disposées les classes sur deux étages, sont composées d’un portique extérieur en continu, la façade perpendiculaire à celles-ci est composée de deux volumes en saillie servant de réception. Ces trois façades forment la cour principale qui délimite l’atrium public. Cette cour centrale est gazonnée, ornée d’un seul et unique grand arbre qui pousse pratiquement dans l’axe central du projet. L’amphithéâtre, la salle de musique, la salle de gymnastique et l’habitat du concierge sont collés à la façade nord-ouest et sont connectés à l’école grâce à une galerie, contrairement à d’autres pavillons tels que locaux sportifs, loge, garages et locaux de service qui sont des pavillons indépendants et séparés du complexe scolaire. La bibliothèque et la cafétéria se situent sur le flanc de l’atrium formant ainsi une seconde cour légèrement surélevée, surplombant le paysage des champs destinés à l’exploitation agricole. Celleci peut être accessible depuis le sud-ouest. La forme des cours ainsi que leurs divers volumes s’adaptent aux différentes activités de l’école. Ces cours s’intègrent bien dans le complexe, ce qui génère une totale homogénéité. Cette stratégie crée une hiérarchie spatiale à travers le complexe et une relation particulière avec le paysage. Les façades sobres et élégantes contrastent avec un intérieur plus détaillé. A l’intérieur du bâtiment, on trouve d’agréables salles d’enseignement, donnant sur la cour, et d’autres éléments plus inattendus, comme l’entrée principale et l’escalier qui mène à l’étage. Les fenêtres créent un jeu de lumière en amenant des qualités et des couleurs différentes tout au long de l’année. Le plafond ondulé joue avec la trajectoire de la lumière du soleil. Pour ce projet, Alvaro Siza a apporté une attention particulière aux coûts de construction et de maintenance. Il a essayé d’obtenir les prix les plus bas possible. Le concept du projet a été d’obtenir un système orthogonal et modulable garantissant la simplicité et l’économie. L’architecte a démontré que malgré un programme rigoureux, on peut créer des espaces flexibles contenant un système de distribution simple et une structure modulable qui permettrait dans le futur de changer ou de créer de nouveaux espaces. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 86 Plan de situation Esquisses Plan rez-de-chaussée Coupe transversale E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 87 NOSSA SENHORA DO COBO COBO ESPICHEL, 1707 DZOUALI YVES THIERRY, MASTELLI DAMIEN NOSSA SENHORA DO COBO ESPICHEL CASABELLA , N° 695/696 SITE INTERNET •http://www.portugalmania.com •http://www.alquimista.ne Le Cap Espichel est au sud de Lisbonne à environ 45 km en voiture. On peut s’y rendre soit en longeant la "Costa da Caparica" et ses impressionnantes plages de sable fin s'étirant à perte de vue, soit par l’intérieur des terres, en direction de Setubal, puis de Sesimbra. Par cette seconde voie, une forêt de pins vous accompagne sur des routes sinueuses mais très agréables. Vous pourrez y découvrir au gré du hasard, des zones entières de somptueuses villas, des petits lacs, et d’authentiques villages. Sesimbra elle-même est une charmante station balnéaire assez animée. Tous les ans, un pèlerinage se déroule dans la dernière semaine de juillet depuis ce village jusqu’au Cap Espichel, à la pointe extrême de la péninsule. foto L’église de Cabo Espichel joint deux conditions: géographique et culturelle. D’abord il symbolise à la fois une arrivée, la fin d’un chemin. En effet il est sur les terres les plus à l’ouest du continent européen. Mais Cabo Espichel est également l’emblème d’une condition de passage pour les intrépides marins qui partaient à la conquête du Nouveau Monde. Il se pose comme un navire échoué sur son promontoire. Fortement intégré dans le milieu côtier, il se dresse comme un obstacle inébranlable à l’érosion qui brise ses falaises abruptes. L’église fut construite en 1707 suite à une apparition de la Vierge Marie. Huit ans après sont construites les ailes latérales bordant l’arraial (place centrale) qui sont destinées à l’accueil des pèlerins. L’ensemble dispose de 40 chambres au rez-de-chaussée et 39 chambres au 1er étage en plus des écuries, d’un réfectoire et même d’un petit théâtre. Terminé en 1770, l’aqueduc qui arrive du dernier village fait penser à une épine dorsale qui affleure la terre sauvage. Aujourd’hui une restauration partielle redonne la splendeur à l’église et a permis la reconstruction des arcades de l’aile sud. Mais il ne reste plus rien des intérieurs. Malgré sa détérioration, le sanctuaire reste impressionnant, presque magique. Abandonné depuis des siècles, il est souvent décrit comme étant l’un des bouts du monde, ce qui induit un profond respect. Un harmonieux équilibre se dégage toujours entre la simplicité de cette architecture et ce cadre naturel de falaises, de lumières et de vents faisant de ce promontoire un site tout à fait particulier. Ses portiques sont d’un style très simple mais ils ont eu une influence très grande sur la naissance de l’architecture contemporaine dans tout le Portugal. L’arraial, le grand espace allongé en terre battue qui constitue le cœur de l’ensemble est visiblement un point d’arrivée qui représente la fin d’un voyage symbolisant ainsi le rôle de l’église Nossa Senhora do Cabo, autrefois l’étape finale d’un pèlerinage. L’arraial rappelle une place ou un cloître mais plus qu’autre chose il évoque une route qui dans sa partie terminale offre protection et abri, comme s’il voulait accueillir le chemin. Il sépare deux mondes : l’un est l’incertain, l’océan, l’horizon infini et les terres lointaines, et l’autre est constitué par le continent et ce qui y est familier. Cet édifice est donc un avant-poste du territoire portugais. Si Cabo Espichel représente la fin d'un parcours, l’ensemble du sanctuaire est conçu comme un petit parcours sacré avec ses stations et ses propres trajets. Comme par exemple, à la "casa da agoua" qui ferme la perspective de l’arraial et ressemble à une chapelle entourée des ruines. La croix de pierre qui mesure le grand espace de l’arraial en se plaçant exactement sur son axe central à la hauteur de la dernière arche de l’aile la plus longue pour montrer le chemin de Santiago. Il y a encore bien d’autres parcours d’expiation et de prière. La chapelle de style arabe encastrée dans la falaise avec une petite terrasse pointe vers Lisbonne. La chapelle n’a qu’une pièce recouverte de peinture qui raconte l’histoire du sanctuaire. Le sanctuaire se prête bien au décor de films. Il a d’ailleurs été utilisé pour "Nuit Sauvage" de Cyril Collard qui se termine dans ce lieu en inondant de lumière le principal protagoniste pour le restituer symboliquement à la nature et à la vie justement quand son voyage touche à sa fin, et qu’il approche du plus difficile des passages. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 88 E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 89 "A cet âge, on est radical" Du côté de "L'Ecole de Porto"... J. M. GIGANTE, J.A. ROCHA, F. PORTUGAL e GOMES. Institut portugais des Télécommunications, Porto, 1993-95. En périphérie presque rurale, résistance à la déqualification architecturale: un bloc homogène en béton, métal et verre, sur jardin. Entretiens avec Fernando Tavora, Alvaro Siza, Gonçalo Byrne, Eduardo Souto de Moura et João Alvaro Rocha "Auquel de nous trois serait elle confiée la réalisation (1993-1997) d'un Techniques & Architecture N° 466, 2001 immeuble de bureaux à Porto où chacun aurait son agence? A Tàvora, Siza ou à moi? Siza, plein de sagesse dit à Tàvora, son aîné, maître et ami, qu'il convenait de laisser cela au plus jeune." Eduardo Souto de Moura se mit donc au projet: un bloc comme il aimait à en faire alors, planté au milieu des petites maisons sur la pente dominant le Douro. "A cet âge, on est radical" dit l'ancien qui saurait préféré un bâtiment plus intégré, fragmenté. C'est au restaurant, juste de l'autre côté du fleuve, où ils se retrouvaient parce que le poisson y est fameux, que Siza, ne s'étant qu'en apparence retiré des querelles amicales entre générations, dessina ce que l'on voit aujourd'hui: un bloc, mais qui s'ouvre un peu, dévoilant trois éléments bornant un patio, brèche ouverte sur le fleuve. " Un projet né de trois époques et d'une main sûre. " Le temps a passé et Souto de Moura qui relate cette histoire, regarde venir une nouvelle génération d'architectes. Lui n'a pas connu " le monde extérieur " aussi tôt qu'eux. Il se réjouit de cette ouverture, qui est leur chance. Il avait 22 ans en 1974, le Portugal s'ouvrait enfin, l'architecture c'était Siza et les maîtres portugais. Quant au pays, il était ce "rectangle" coupé de l'Europe qui bientôt, avec l'apport d'argent de la Communauté européenne, allait être profondément bouleversé. Souto de Moura a vécu les effets psychologiques de la transformation du Portugal Pour les " maîtres de Porto ", la nouvelle génération d'architectes au Portugal ne semble ni tout à fait la même que la précédente, ni tout à fait une autre. L'identité du pays, ses nouvelles conditions économiques et sociales, le chaos urbain sont au coeur du débat. Inscrite dans un processus historique et mobilisée par quelques phénomènes décisifs la permanence moderne, " l'Ecole de Porto ", l'avènement de l'Europe, le démantèlement du territoire, le mythe Siza et l'art de la matière, la production architecturale nouvelle ouverte au monde, aux influences suisses surtout, peut-elle être tenue encore pour portugaise? par la construction d'infrastructures et d'un réseau autoroutier sans précédent: l'émergence quasi spontanée d'un nouveau pays. "Pour Porto, Lisbonne, c'était le sud, lointain. Désormais, il faut trois heures d'autoroute. On voit une expo à la fondation Gulbenkian, on dîne sur place et on rentre avant minuit (...) Je viens d'accepter un travail dans le nord, à Valença do Minho, à une heure de Porto. Autrefois, aller là bas était une aventure. Maintenant, il nous arrive de Eduardo SOUTO de MOURA: Logements à Maia, Porto, 1998-2001 Dans un ensemble résidentiel, un des immeubles est précisément carrossé par les transparences aléatoires de pare-soleil en lamelles d'aluminium. passer le week-end à Borba dans l' Alentejo. C'était inimaginable avant. Je n'ai pas grandi avec ça. " Dans ce nouvel espace temps, l'architecte distingue d'autres distorsions dont celle d'une société qui se croit riche à présent, alors que le pays demeure pauvre comme il l'a toujours été, fondement selon lui de sa pérennité dans l'histoire et de sa souveraineté: "Nous avons toujours été pauvres et le Portugal s'en est toujours sorti. C'est l'histoire d'un pays fait de pierre et de mauvais bois qui est quand même parvenu à construire des bateaux et à partir pour les Grandes Découvertes. Et il l'a fait parce qu'il fallait manger. " Avec la fin programmée de l'aide européenne (échéance 2006), le Portugal connaît l'amertume de la crise et de la rigueur qui l'avaient, jusqu'ici, épargné. Peu de temps après son arrivée au pouvoir en avril 2002, la coalition cente droit et droite du gouvernement a ramené en six mois les 4,1 % de sa dette - taux le plus élevé de l'Europe - à 2,6 %. Les effets ne se sont pas fait attendre: une importante crise de l'emploi, un démantèlement dans bien des secteurs de la société et de E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 90 "A cet âge, on est radical" l'économie dont celui de la construction. Des projets ou des travaux en cours sont en suspens, nombreux sont les ateliers d'architecture qui se plaignent de n'être pas payés. On assiste à des phénomènes symptomatiques, inédits et paradoxaux pour ce "miraculé économique" que les spécialistes proclamaient hier pourvoyeur de main d'oeuvre: on voit affluer une communauté ukrainienne dans les grandes villes, Lisbonne, Sétubal, Porto; pendant que la demande de visas portugais pour l'Angola, ancienne colonie a augmenté à 1200 dossiers par mois. Phénomènes conjoncturels ou durables? Pour Fernando Tàvora, le Portugal, aujourd'hui comme hier, existe "à côté" - à côté des courants, des mouvements de l'histoire globale. Il a donné jour à une production architecturale unanimement reconnue, individualisée et multiforme, que par commodité, on a appelé "l'Ecole de Porto". Des circonstances particulières comme la dictature (1926-1974) un pouvoir incapable, dès la fin des années 1940, d'orienter le pays vers la modernité, préférant l'aliéner à une vision impériale, expliquent en partie l'existence à Porto, privé de la commande officielle, d'un mouvement culturel teinté d'idéologie. Gonçalo Byrne, architecte de Lisbonne né en 1941, personnalité très connue au Portugal, éclipsée sans doute par les succès de " l'Ecole " et de Siza, est un témoin capable d'expliquer, depuis la capitale, la réussite de cette tendance de Porto que l'on dit "portugaise". " Ils ont essaimé (je devrais dire: Siza a essaimé) ce que Venturi a décrit plus tard dans Complexity and contradictions in architecture: "une alternative hétérodoxe au mouvement moderne. Cette hétérodoxie est typique de la culture portugaise; quelque chose de pragmatique, anthropologique, sensible au paysage, minimal si l'on veut, plus que théorique, méthodologique ou dogmatique. Il y a eu avant cela, le travail de Tâvora bien sûr, qui a notamment mené au début des années 1960 une enquête sur l' architecture populaire au Portugal, laquelle démontrait que "la" maison portugaise n'existait pas, mais qu'il existait bien des types. Le pouvoir était confondu par ce genre de démonstration, comme l'ont été un peu plus tard, les épigones du moderne à Lisbonne qu'agaçaient les considérations de ceux de Porto". " Gonçalo Byrne travaille et a été formé à Lisbonne auprès de Teotonio Pereira et Nuno Portas, mais " le coeur tourné vers Porto ". Il émet quelques critiques en direction de la "petite école", devenue une véritable institution. Elle a fait de sa légendaire marginalité, de la "faiblesse théorique" dont elle s'honore, un dogme, une raison en soi, "un langage pour éterniser la grande époque et ses grands hommes ". Mais elle a su se doter de rhétoriques qui l'enrichissent: le chaos de la ville contemporaine, ses émergences, ses fragments ou les dialogues tranchés avec le patrimoine... Gonçalo Byrne regrette "la perte de fraîcheur du grand essor d'attention et de recherche qu'a été l'Ecole (...) et le mauvais usage qui est fait de Siza dont on retient les formes magnifiques, E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 91 "A cet âge, on est radical" mais pas leur mode de production une façon de réfléchir, de regarder les problèmes et d'y répondre avec une énorme sensibilité, une capacité d'adaptation et surtout un sens critique. Tout ce qu'il ne suffit pas, en l'absence de théorie, d'imiter ou de transformer en recette". Il ose la question: "Les architectes doivent-ils continuer de répondre à la ville contemporaine dans la situation où elle Alvaro SIZA projet en cours pour la fondation Ibere Camargo (exposition, auditorium, librairie), Porto Alegre (Bresil). Insription dynamique dans la pente, circulations en plans inclinés autour d'un grand atrium, et fluidité des espaces. se trouve, en pensant l'architecture comme un objet aussi beau soit-il ? ". Voilà longtemps que Siza, pressenti comme chef de file, a décliné l'avance. Il rejoint même les critiques envers l'institution, parle d'"académisme" de l'Ecole soucieuse de "respectabilité" et concédant du terrain aux "conformismes". Il fustige aussi "l'activité créatrice de l'Ecole mise entre parenthèses". De cette fameuse qualité portugaise, Siza regrette qu'elle ne soit visible qu'au titre d'exception au travers d'oeuvres individuelles qui, toutes générations confondues, ne manquent pas. "Mais la question n'est pas là! " . Il pointe la perte de contrôle sur le paysage consécutive aux directives européennes qui ont sacrifié la petite agriculture du pays et à quoi rien d'identifié ne s'est substitué, sinon des plans directeurs dessinés à la hâte le long des axes routiers ou aux confins des villes, des horizons urbanisés sans échelle, sans respect des gens. "Les objets peuvent être plus ou moins réussis, mais le plus grave est la dévastation du territoire, le ratage de cette discipline qu'est l'utilisation de la terre, en dépit des savoirs et de l'expérience accumulés (...). Nous assistons à la fin d'un ordre des choses qui préfigure peut être autre chose, que nous ne connaissons pas encore. Et sans doute était-ce inévitable. Mais dans l'immédiat la qualité est marginale et nous sommes devant un désastre". Il étend le constat de la faillite à l'échelle de l'Europe, et regrette que les motifs d'intervention sur la ville, même soutenus par des volontés politiques, économiques et sociales, finissent par sombrer faute de volonté culturellement ancrée. Il confie avoir retrouvé cette énergie vitale à Porto Alegre, au Brésil, pour le projet de la Fondation Ibere Camargo dont le chantier commence. "On sent là-bas un profond renouveau, beaucoup d'espace et d'énergie collective qui vont au delà de l'architecture. Je ne dirai pas cette société exemplaire - la misère y est trop importante - mais j'ai perçu une capacité transformatrice telle que le projet s'en est trouvé porté. Il semble qu'en Europe, à l'exception de l'Espagne qui connaît momentanément une période faste, les projets les plus transformateurs manquent de cette spontanéité. La récupération des centres historiques par exemple, qui s'en soucie vraiment? Elle est devenue un alibi. Ça ne vient pas du ventre du fond. Ça n'a rien d'authentique et je le regrette. Je pourrais dire la même chose de ce qui s'est passé en France, à Montreuil. Le projet ne se fait pas en définitive, après dix années de présence et avec pourtant le concours du politique, de la critique et de l'opinion. Je regrette ce manque d'énergie qui fait qu'après bien des efforts, tout E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 92 "A cet âge, on est radical" s'annule et s'évanouit. " Distinguer de l'ensemble de la profession et de la production jeunes architectes et nouvelles tendances, Siza ne le souhaite pas. Il relève cependant, et pas seulement chez les jeunes, une indifférence à la complexité de la discipline générée par "l'anxiété d'exister comme auteur, le besoin compréhensible d'affirmation de soi et le grand individualisme de chacun ". Il redoute que cet état d'esprit n'entraîne l'effacement de l'histoire, la méconnaissance des repères anciens et plus récents, ces fondements de l'architecture qui sont nécessaires à son évolution. Fernando Tavora se souvient de ses tentatives d'accrocher à ses premières maisons une expression moderne de "type Le Corbusier ". Il en rit: "Rien à voir avec Porto, n'est ce pas? ". Il se souvient des influences américaines de son diplôme " la maison sur la mer " (1952), des Ciam dans lesquels il représenta le Portugal. A 80 ans, ce grand pédagogue regarde avec intérêt la nouvelle architecture portugaise. Certes, il regrette l'uniformisation par les modèles puisés dans les revues sans grand effort critique, qui aliène les possibilités qu'offrent les situations concrètes. Lui qui a rêvé à un idéal d'enseignement au point de sacrifier sans doute une oeuvre personnelle plus importante, déplore que la multiplication du nombre d'écoles et d'étudiants ne soit pas synonyme de qualité, pas plus pour la pédagogie que pour l'espace. Mais il identifie ce qui distingue la nouvelle architecture au Portugal: "La maîtrise de l'échelle, la pérennité des matériaux traditionnels dans la construction contemporaine et cette façon bien portugaise de travailler les matériaux sophistiqués qui nous parviennent désormais, même si nous ne disposons pas des systèmes constructifs qui vont avec. Une façon nouvelle d'être artisanal". Cette dialectique artisanat industrie est reprise par Joào Alvaro Rocha, pas encore très vieux ni plus tout à fait jeune. " Les architectes suisses exercent une grande influence sur les nouvelles générations au Portugal. Mais nous travaillons dans une perspective particulière. Alors qu'ls veulent transformer leur capacité industrielle et technique pour donner à leurs oeuvres une valeur artisanale, nous devons quant à nous essayer d'industrialiser notre capacité et notre tradition artisanales. Car ce qui importe, l'instant décisif, c'est la façon dont on manipule le matériau. Sil existe une "manière" portugaise - et Siza est exemplaire à ce titre - c'est d'incorporer, d'utiliser tout ce qui se présente, de nous adapter avec nos arguments aux nouvelles conditions de production. " Eduardo Souto de Moura tente aussi d'élucider cette influence de l'architecture suisse auprès de ses plus jeunes confrères qu'il aime "pour leur franchise et leur audace ". Influence qu'ils lui doivent d'ailleurs en partie, car il a été le pourvoyeur au Portugal des idées et des travaux de cet autre petit pays. (A noter que le Tessin de Snozzi et de l'Ecole polytechnique de Lausanne est aussi depuis longtemps en contact avec l'Ecole de Porto). Après le passage des modernes et E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 93 "A cet âge, on est radical" la faillite du postmodernisme, Souto de Moura a trouvé auprès de personnalités comme Jacques Herzog et Peter Zumthor "l'air frais d'une troisième voie" qui pouvait souffler sur le Portugal. Ce qu'il tait, mais qu'il faut entendre, c'est que cette rencontre avec les Suisses fut opportune aussi pour sa propre recherche que la présence si proche de Siza pouvait rendre moins autonome. Siza et la Suisse - dans cet ordre - sont, selon lui, " les deux premières conditions de la nouvelle architecture portugaise ". " Avec Herzog, Zumthor et d'autres, on a vu qu'il était possible d'être contemporain avec la tradition. Non pas que nous soyons attachés plus que quiconque à elle, mais parce qu'elle demeure notre condition réelle. Les architectes suisses ont réussi des croisements qui semblaient incompatibles entre traditions locales, universelles et modernes. J'ai compris et beaucoup de jeunes aussi, qu'il est inutile chez nous de faire high tech, parce que nous n'en avons pas les moyens. Ici, le futur ne tient pas dans le débat global contre local. Les Portugais ont une culture du métissage une compréhension du concept de "local" à l'intérieur comme à l'extérieur du pays (...) Tout le monde, je crois, a en tête la chose la plus naturelle au monde qu'ont inventé les Suisses: la boîte avec sa peau qui varie en fonction des circonstances. Cette solution est très pragmatique et la nouvelle génération aussi, pas comme celles d'avant, plus tourmentées, qui buvaient du café toute la journée, fumaient toute la nuit et pensaient la tête dans les mains. " Alvaro SIZA. Esquisse pour une maison réalisée en 2002 à Oostende en Bélgique. Le nouveau bâtiment est le duplicata du gabarit d'un corps de ferme, avec ouvertures surdimensionnées, bardage bois, couverture de zinc, poétique subtile dans le plat pays. "A cet âge, on est radical" disait alors le maître au plus jeune. A présent, ne l'étant plus, celui-ci poursuit une chose qui lui semble plus essentielle "la na turalité ", " comprendre la relation énergétique des choses entre elles ". De l'art de devenir, un beau jour, un ancien. Fernando TAVORA. Faculté de Droit de Coimbra, 1994-2000. Extension du bâtiment historique: le nouvel amphithèâtre est couvert par une grande terrasse, les élèments fonctionnels neufs, les matières nobles affirment l'époque contemporaine. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 94 E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 95 Des mots de rien du tout Alvaro Siza Des mots de rien du tout Chiado : ce qu'Il est, ce qu'Il sera... Publications de l'Université de St-Etienne Ce qu'il est Des ruines. Des façades décharnées et des trous que de très vieux murs de soutènement libèrent comme autant d'entrées à de mystérieuses galeries. Un squelette très beau et incomplet, un objet froid et abstrait que révèle Lisbonne. Une sorte de miroir qui ne reflète pas. Et des gens pressés, d'autres qui regardent les pierres, les grues, les ouvriers. Ce qu'il peut être Une plaque tournante. Un palier pour s'arrêter, un passage obligé. Une apparition d'où l'on voit le paysage. Chiado essentiel, énorme, qui surplombe la rue do Crucifixo. Ce qu'il ne pourra jamais plus être Emouvante, fascinante machine où le passé est présent, où tout a le charme d'une ruelle - poussière dorée à la tombée du jour, graffitis délavés, éclats et fractures - le charme du kitsch et du démodé, celui aussi des ordures et des ambiances asphyxiantes, d'un joint fumé en cachette et d'un fugitif coup d'oeil sur le Tage. Des plaques commémoratives avec des noms oubliés, des collages d'un style incertain, des puits de lumière laissés à l'abandon, avec des animaux et des plantes bizarres, décadence. Nostalgie de ce que j'ai à peine connu. Alçada Baptista raconte tout cela et plus encore. Ce qu'il sera Semblable à ce qu'il était ? Il y a une part d'inauthenticité inévitable. Un semblant de maquette délibérément exposée au temps et capable de se dissoudre. Dans la rue Garrett, à gauche et en arrivant à l'hôtel Chiado, on remarque un magnifique portail de calcaire, de métal, de bois, de verre et de miroirs. Ce portail ouvre sur une haute galerie avec de la lumière au fond. L'envie d'entrer malgré l'absence de néons, de panneaux publicitaires, de haut parleurs et de "marches" populaires. Une lumière naturelle découpe la façade austère de style pombalino, des gens traversent la galerie à contre jour. Pénombres et reflets. Au fond réapparaît la façade de l'hôtel, hybride et encore une fois altérée, sans éclat particulier, comme au cours des dernières années. Ce qui fut autrefois une église ouvre les bras et lève la tête. On devine les ambiances tièdes derrière les rideaux. Les fenêtres répétées scandent avec régularité l'opacité du mur de calcaire. Il y a des portiers en uniforme, des habitants, des hommes d'affaire, des couples, des étrangers, des vendeurs de livres pornos, des bars, des restaurants, des tapisseries et des dorures, de la musique sur le silence. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 96 Des mots de rien du tout Chiado - Etudes des Rampes Aux fenêtres des étages supérieurs, rien, sinon un ou deux clients de l'hôtel qui écartent le rideau, et veillent d'un regard inquiet. Et ce regard remplit l'espace. La foule traverse la rue Nova do Almada en un torrent qui relie l'escalier de Saô Francisco à l'escalier Novissima, descend la rue do Crucifixo et se divise à l'entrée du métro du marbre noir et rose sur les fenêtres libérées, une porte qui ne paraît pas être neuve, rapidement devenue familière. La rue Crucifixo est moins triste, il y a des antiquaires, des coiffeurs, des bars et des bazars, des fleuristes et des libraires. Au fond, une des entrées de l'hôtel, des voitures qui sortent du parking, et le Grandella au coeur de tous les va et vient, de bas en haut et de haut en bas, animé de toutes parts, jusqu'à sa façade lumineuse qui donne sur la rue do Carmo avec, entre des sculptures refaites par les Beaux Arts tout proche, de grands vitraux. Est ce que tout est pareil ? Il y a des gens sans illusion, les vitrines sont monotones et, dit on, il manque une touche de modernisme. Ceux qui regardent mieux et plus encore ceux qui vivent là, remarquent le double chassis des fenêtres et bien d'autres choses. Ceux que l'impatience de jouir de la ville distrait, passent sans rien voir. Et c'est très bien comme çà. Et ce portail ? Un trou violent sans face ni moulure, un trou tout à coup, une sorte d'entonnoir imparfait qui enveloppe un escalier qui fût précieux avant l'usure du temps. Le temps, sculpteur de formes aléatoires, de cicatrices étranges sur l'enduit. Dans l'air, suspendue, la passerelle de l'ascenseur d'où l'on devine la ville haute. Lumière au bout de la galerie couverte de verdure et de lilas, comme dans un tableau de Malhoa, des silhouettes, des chaises en bambou et des boissons de couleurs étranges, le poids des murs de soutènement. Au coucher du soleil, les gens qui habitent au-dessus ouvrent leurs fenêtres ou bien traversent le patio do Carmo, accèdent aux rampes, s'arrêtent sur les paliers. La ville monte lentement, veille encore et soudain déchire le voile - Tage, Paço, pauvres îlots rigoureux, château, Rossio. Les ogives du couvent explosent. Quelqu'un rappelle, amusé, l'autre prévision. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 97 Construire une maison Alvaro Siza Des mots de rien du tout Publications de l'Université de St-Etienne Construire une maison est devenu une aventure. Il y faut de la patience, du courage et de l'enthousiasme. Le projet d'une maison se manifeste de différentes façons. Parfois subitement, d'autres fois lentement, péniblement. Tout dépend des possibilités que l'on a et de sa propre capacité à faire avec les stimulations qui se présentent, difficile et seul soutien dont l'architecte se saisit, comme d'une canne. Le projet d'une maison est pareil, ou presque, à n'importe quel autre murs, fenêtres, portes, toit. Et pourtant il est unique. Au gré de sa transformation, chaque élément se combine aux autres. A certains moments, le projet acquiert une vie propre. II se transforme alors en un animal d'humeur changeante, jambes tremblantes, yeux inquiets. Si ses transformations ne sont pas comprises ou si ses désirs sont satisfaits plus qu'il ne faut, il devient un monstre. Si l'on ne fixe de lui que ce qui paraît évident et beau, il devient ridicule. Si on le retient trop, il cesse de respirer, il meurt. Le projet est à l'architecte ce qu'est le personnage d'un roman à son auteur : il le dépasse constamment. Il ne doit pourtant pas le perdre. Le dessin le traque. Mais le projet est un personnage aux multiples auteurs et ce n'est qu'ainsi assumé qu'il devient intelligent. Dans le cas contraire, il est obsédant et dépourvu de pertinence. Le dessin est le désir d'intelligence. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 98 E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 99 VOCABULAIRE PORTUGAL Le Guide Vert Michelin Abside : extrémité arrondie d'une église, derrière le choeur. Ajimez : baie géminée. Altar mor : maître autel. Arbre de Jessé : représentation de la généalogie du Christ qui descendait de David, fils de Jessé. Arc en tiers-point : arc brisé dans lequel s'inscrit un triangle équilatéral. Arc outrepassé : arc en fer à cheval. Arc triomphal : dans une église, arcade se trouvant à l'entrée du choeur. Arcature lombarde : décoration en faible saillie, faite de petites arcades aveugles reliant des bandes verticales. Caractéristique de l'art roman. Artesonado : plafond à marqueterie où des baguettes assemblées dessinent des caissons en étoile. Décor mauresque, né sous les Almohades. Atlante (ou télamon) : statue masculine servant de support. Atrium : dans la maison romaine c'était le patio. Azulejos : carreaux de faïence vernissée. Cadeiral: désigne l'ensemble des stalles. Campanile : clocher isolé, souvent près d'une église. Castro : du latin castrum : ville fortifiée d'époque romaine ou préromaine et aussi camp romain, destiné à retarder l'assaillant. Chicane : passage en zigzag ménagé à travers un obstacle. Chrisme : monogramme du Christ, formé des lettres grecques khi (X) et rhô (P) majuscules, qui sont les deux premières lettres du mot Christos. Churrigueresque : dans le style des Churriguera, famille d'architectes espagnols du 18e s. Désigne un décor baroque surchargé. Citânia : terme désignant dans la péninsule Ibérique les ruines de forteresses romaines ou préromaines. Coro: lieu réservé aux chanoines ou autres membres du clergé dans une église. Endroit où se trouvent les stalles. Dôme : toit galbé, le plus souvent hémisphérique, surmontant la partie la plus haute d'un édifice. Empedrado : pavage caractéristique des trottoirs et des ruelles portugaises, constitué de pierres de types et de couleurs différents afin de former un motif décoratif. Enfeu : niche pratiquée dans le mur d'une église pour recevoir une tombe. Entablement : couronnement horizontal d'une ordonnance d'architecture comprenant une corniche, une frise et une architrave. Gâble : pignon décoratif très aigu. Gisant : effigie funéraire couchée. Glacis : talus d'un ouvrage fortifié en pente douce (où l'on glisse comme sur de la glace). Grotesque : de grotta (grotte en italien) : nom donné aux ornements fantastiques utilisés pendant la Renaissance, inspirés des monuments antiques italiens. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 100 VOCABULAIRE (suite) Lavabo : dans un cloître, fontaine destinée aux ablutions des moines. Levada : canal d'irrigation coulant entre des remblais, ou levées. Modillon : petite console soutenant une corniche. Moucharabieh : grillage en bois tourné placé devant une fenêtre. Mourarla : ancien quartier maure. Mozarabe : se dit de l'art des chrétiens vivant sous la domination musulmane après l'invasion de 711. Mudéjar : se dit de l'art des musulmans restés sous le joug chrétien après la Reconquête et caractérise les ceuvres (13e au 16e s.) où interviennent des réminiscences mauresques. Ostensoir : custôdia : pièce d'orfèvrerie composée d'une lunule en cristal entourée de rayons servant à exposer l'hostie consacrée. Padréo : monument commémoratif élevé par les Portugais sur les terres qu'ils découvraient. Péristyle : colonnes disposées autour ou en façade d'un monument. Plateresque : style né en Espagne au 16e s., caractérisé par un décor finement ciselé rappelant le travail des orfèvres d'où son nom venant de plata : argent Prédelle : partie inférieure d'un retable. Pulpito : chaire. Remplage : réseau léger de pierre découpée garnissant tout ou partie d'une baie, d'une rose ou la partie haute d'une fenêtre. Retable : architecture de marbre, de pierre ou de bois qui compose la décoration de la partie postérieure d'un autel. Rinceaux : ornements de sculpture ou de peinture empruntés au règne végétal et dormant souvent une frise. Rococo : style qui succéda à la fin du 18e s. au style baroque. Comme celui ci, il se i aractérise par le goût des ornements avec plus de joliesse mièvre. Salomonique : nom donné aux colonnes torses décorées d'un réseau végétal. Sé : du latin sedes qui signifie siège. Désigne le siège épiscopal, donc la cathédrale. Sphère armillaire : globe formé de cercles symbolisant la course des astres. Elle est très représentée dans l'art manuélin et fut l'emblème du roi Manuel. Stuc : matière que l'on peut mouler, composée principalement de plâtre. TaIha dourada : boiseries sculptées et dorées, caractéristiques de l'art baroque portugais. Triptyque : ouvrage de peinture ou de sculpture composé de trois panneaux articulés pouvant se refermer. Les mots en italique gras sont en portugais ou en espagnol E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 101 Gonçalo SOUZA BYRNE Gonçalo Souza BYRNE Dictionnaire de l'architecture du XXème siècle (IFA) Né en 1941 à Alcobaça, Portugal Architecte établi à Lisbonne. Actif au Portugal depuis 1970. Diplômé de l'École supérieure des beaux arts de Lisbonne en 1969, Gonçalo Byrne effectue d'abord un stage avec Raul Chorâo Ramalho puis travaille avec Nuno Teotônio Pereira et Nuno Portas. Dans l'ensemble d'habitations de Chelas à Lisbonne (1972-1974), réalisé avec Reis Cabrita, il fait oeuvre d'architecte et d'urbaniste, en organisant autour d'une place centrale quatre cents logements, répartis dans des blocs de six étages que relient des galeries. Le projet s'inspire beaucoup du rationalisme des années 1920. Byrne, soucieux de l'environnement, opte dans le Casal das Figueiras à Maison Ferreira, Alcanena, 1985 Setubal (1976) pour une hauteur moyenne et un style rural. Choisissant la forme typique du marché couvert pour le Palais des sports et des expositions de Braga (1977-1987), il adapte, malgré leur échelle, les installations au paysage, faisant de l'édifice un élément structurant le territoire. Son intérêt pour l'histoire constitue la base de son architecture. Il réaménage ainsi Département d'informatique et d'électronique de la faculté de Coimbra l'ambassade de France, le palais d'Abrantes, le Palais national d'Ajuda, le théâtre Dona Maria et surtout la Banque Caixa Geral de Depositos de Vidigueira. La sereine invention formelle de ses maisons, comme la maison d'Alcalena, montrent une attention aux valeurs spatiales et une insertion dans l'espace qui contribuent, au delà des apparences, à l'examen des structures et de la mémoire du site. I Genève - hes / UER1 Construction Environnement / Voyage d'étude / Portugal - 8 -octobre EE I Genève - hes / UER1 Construction etet environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab/ 2/ 16 22 juin 2004 2007 / ab e g ei i g 102 E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 103 Alvaro SIZA VIEIRA Alvaro SIZA VIEIRA Dictionnaire de l'architecture du XXème Siècle (IFA) Né en 1933 à Matosinhos, Portugal Architecte établi à Porto. Actif au Portugal et en Europe à partir de 1976. Tout en accomplissant ses études à l'École des beaux arts de Porto de 1949 à 1965, Alvaro Siza Vieira réalise ses premières oeuvres dès 1952, pour un cercle d'amis Habitations dans le quartier de Malagueira, Evora, 1976 et de proches, sur le littoral nord du Portugal. Le restaurant Boa Nova à Matosinhos (1958 1963), la maison A. Costa à Moledo (1964) et la maison C. Cardoso (1971), détachés du référent urbain, entretiennent des relations complexes et articulées avec l'environnement, et présentent à la fois une exigence expérimentale ainsi qu'une dimension intimiste. Siza revendique la modernité en tant que valeur fondamentale, mais l'influence de Fernando Tâvora* et à l'horizon celle d'Antoni Gaudi*, de Frank Lloyd Wright*, d'Alvar Aalto* et de l'architecture populaire portugaise l'amènent à prendre du recul par rapport à l'orthodoxie moderne. À partir de 1969, l'architecte s'ouvre progressivement à des thématiques nouvelles: d'une part, la perméabilité aux valeurs urbaines remplace le caractère fermé et exclusif des premières oeuvres ; d'autre part, des références historiques précises se substituent à la discrétion stylistique des débuts. Deux maisons à la Haye, 1984-1988 De grandes réalisations urbaines et des logements sociaux à Porto, tels Bouça (1973) ou Sào Vitor (1975), amorcent l'intégration des modèles rationalistes des années 1920 et 1930 aux valeurs spatiales de l'architecture populaire portugaise. D'autres réalisations possèdent une complexité formelle poussée à l'extrême, en s'articulant avec la morphologie du site, comme une banque à Oliveira de Azemeis (1971) ou la maison Beires à Povoa de Varzim (1973). Les deux tendances se rejoignent dans des oeuvres aussi diverses que la maison Antonio Siza, ou le quartier de Malagueira à Evora (1976). Ensuite, Siza réduit son activité professionnelle au Portugal, sollicité par des projets et des chantiers à l'étranger. Évitant la dispersion, il tend à se donner alors une légitimité historique en se référant aux fondateurs du Mouvement moderne* (Adolf Loos*, Le Corbusier*, Bruno Taut*, Hugo Haring*). I Genève - hes / UER1 Construction Environnement / Voyage d'étude / Portugal - 8-octobre 2004 / ab E IEGenève - hes / UER1 Construction et et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab/ 2 / 16 22 juin 2007 e i g e i g 104 Alvaro SIZA VIEIRA Son attention pour les techniques de construction lui permet de s'adapter à la nouvelle donne technologique et aux dimensions imposantes des projets. Dans les années 1980, son succès international est total et les commandes au Portugal augmentent. Travaillant aussi bien à petite qu'à grande échelle, il conçoit une maison à Ovar (1981), une banque à Vila do Conde (1969-1986), la boutique Nina à Porto (1983) et se penche dans le même temps sur la rénovation de grands ensembles urbains dans des zones périphériques et dégradées ou dans des centres historiques. Il intervient ainsi dans les quartiers du Kreuzberg à Berlin (1976-1988) et de Schilderswijk à La Banque Borges et Irmao, Vila do Conde, 1969-1986 Haye (1984-1994) et reconstruit le quartier du Chiado à Lisbonne (à partir de 1988). Il répond parallèlement à des commandes publiques d'envergure comme la faculté d'architecture de Porto (1984-1993) ou le musée d'Art contemporain de Saint Jacques de Compostelle en Espagne (1988). Son oeuvre évolue dans le sens d'une simplification, qui s'accompagne cependant d'une densité spatiale et formelle croissante. L'architecte place au centre de sa réflexion l'ancrage géométrique dans le site, le recours au biomorphisme, la perméabilité de l'espace à la lumière et l'histoire de l'architecture dans son ensemble. Clairvoyant, il anticipe les changements du site et insère chacune de ses oeuvres dans l'histoire, en mettant l'accent sur la continuité plus que sur la pureté de la rupture. L'oeuvre renoue ainsi avec une dimension que la modernité semblait avoir bannie: l'unité et la cohésion entre l'espace, la forme, la structure, la construction, les matériaux, ce qu'illustrent le refus du plan libre ou la gamme restreinte des formes retenues. Étonnante, surprenante, l'oeuvre de Siza, à l'écart des tendances principales, s'impose à l'attention de la critique sans jamais s'ériger en modèle. EEI Genève d’étude / Portugal / ab - 22 juin2004 2007/ ab I Genève- -hes hes/ UER1 / UER1Construction Constructionetetenvironnement Environnement/ Voyage / Voyage d'étude / Portugal / 2/ -16 8 octobre e ie g i g 105 Eduardo SOUTO MOURA Eduardo SOUTO MOURA Dictionnaire de l'architecture du XXème Siècle (IFA) Né en 1952, à Porto. Architecte établi à Porto. Actif au Portugal, en Italie et en Autriche depuis les années 1980. Eduardo Souto Moura étudie à l'École des beaux arts de Porto et travaille avec Alvaro Siza* de 1974 à 1979. Avec sa première réalisation, la restructuration en complexe d'habitation d'une ruine de granit dans le nord du pays à Gerês (1980-1982), il s'attache à résoudre le conflit entre modernité et mémoire des lieux. Dans la Maison des arts à Porto (1981-1991), il atteint une conceptualisation extrême: la liberté du plan et les murs blancs, presque abstraits, sont toutefois atténués par la présence de matériaux de couleurs et de textures différentes. Ses maisons, notamment celle d'Alcalena ou celle de la rue Do Padrâo à Porto, évoquent la tension entre les valeurs novatrices et la culture locale. L'architecte mesure l'intensité des plans des parois qui se rencontrent, se désarticulent, se superposent, dans une ligne poétique qui évoque en même temps Mies van der Rohe* et Frank Lloyd Wright*. Avec l'horizontalité minimaliste du bâtiment des sciences de la Terre de l'université d'Aveiro (1990-1994) il poursuit sa quête d'une transformation conceptuelle du site. Maison, Alcalena, 1992 I Genève- -hes hes/ UER1 / UER1Construction Constructionetetenvironnement Environnement/ Voyage / Voyage d'étude / Portugal / 2/ -16 8 octobre EEI Genève d’étude / Portugal / ab - 22 juin2004 2007/ ab e ie g i g 106 E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 107 Manuel TAINHA Manuel TAINHA Dictionnaire de l'architecture du XXème Siècle (IFA) Né en 1922 à Paço de Arcos, Portugal Architecte établi à Seixal. Actif au Portugal depuis 1955. Manuel Tainha obtient son diplôme de l'École supérieure des beaux arts de Lisbonne en 1950. Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation, université de Lisbonne, 1985-1990 Prenant du recul par rapport à l'influence internationaliste de ses premières productions, telle la piscine de Tamariz à Estoril (1955), il est le premier architecte portugais à considérer dans une perspective critique le caractère dogmatique et artificiel du Mouvement moderne*. Fondateur de la revue Bindrio (1959), il en dirige les six premiers numéros. L'oeuvre de Tainha, marquée par les apports de la modernité, riche en singularités, est traversée par les thématiques les plus diverses, depuis les conclusions de l'enquête sur l'architecture populaire (1955-1960), sensibles dans la pousada (hôtel d'État), d'Oliveira do Hospital (1957-1966), l'École des techniques agro-industrielles de Grândola (1959-1961) ou l'École des techniques agricoles d'Evora, jusqu'à une certaine sévérité, voire une véritable monumentalité. Ecole supérieure de technologie, Tomar, 1987-1994 On sent cette emphase dans le siège de la Chambre municipale de Lisbonne (1985-1990) et surtout dans la faculté de psychologie et des sciences de l'éducation de l'université de Lisbonne (1985-1990), tandis que la faculté des sciences et technologies de l'université de Coimbra (1990-1994) et l'École supérieure de technologie de Tomar (1987-1994), illustrent une réflexion sur le vernaculaire et sur la valeur plastique de la brique. I Genève - hes / UER1 Construction Environnement / Voyage d'étude / Portugal - 8 -octobre EE I Genève - hes / UER1 Construction etet environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab/ 2/ 16 22 juin 2004 2007 / ab e g ei i g 108 E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 109 Fernando TAVORA Fernando TAVORA Dictionnaire de l'architecture du XXème Siècle (IFA) Né en 1923 à Porto. Architecte et urbaniste établi à Porto. Actif dans le nord du Portugal depuis 1949. Fernando Tavora étudie à l'École des beaux arts de Porto sous la direction de Carlos Ramos*. Très intéressé par l'art et l'histoire, il publie en 1947 son premier livre, O Problema da Casa Portuguesa (Le Problème de la maison portugaise), et obtient son diplôme en 1950 avec la " maison sur la mer ", un projet très corbuséen. Tavora exerce en tant qu'urbaniste auprès de la Chambre de Porto: il travaille aux plans de Campo Alegre (1949) et du quartier de Ramalde (1952-1960), dans lesquels il applique l'esprit de la Charte d'Athènes*. Son projet pour le marché municipal de Vila da Feira (1953-1959) est fondé sur la valorisation des éléments préexistants, l'espace, le château, la morphologie du terrain. Dans le parc municipal de la Quinta da Conceiçâo à Matosinhos (1953-1960), Tavora tire également parti des anciennes structures et réalise des interventions discrètes (pavillon de tennis). Dans l'école de Gaia (1957-1961) et la maison d'Ofir (1957-1958), l'architecte allie les thèses rationalistes et les valeurs de la tradition locale, et se montre sensible à des ceuvres contemporaines en quelque sorte " régionalisées ", comme celles de Le Corbusier* à Chandigarh ou celles d'Alvar Aalto*. Pour le plan de la zone centrale d'Aveiro (19621965), il réinterprète le tissu urbain d'origine, mais préfère, pour certains aménagements à Porto (Barredo), travailler dans une optique de préservation globale, reprenant notamment les systèmes de construction traditionnels. Avec le souci de défendre les valeurs architecturales et sociales de la ville ancienne, il conçoit la maison de la rue Nova, à Guimaràes (1985-987). Fuyant la complexité formelle, Tâvora parvient à réconcilier tradition et modernité. Il reste l'une des figures de proue de l'École de Porto de 1951 à 1993. E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g 110 E I Genève - hes / UER1 Construction et environnement / Voyage d’étude / Portugal / ab / 16 - 22 juin 2007 e i g