La fonction de l`orgasme : un one-woman

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La fonction de l`orgasme : un one-woman
Février 2016 - Catherine Verne - Pour le spectacle LA FONCTION DE L’ORGASME
La fonction de l'orgasme : un one-woman-show pétillant et engagé pour la
jubilatrice cause du plaisir sexuel
Une façon réjouissante de lire ou relire "la fonction de l'orgasme" de Wilhelm Reich. Un one woman show
pétillant et engagé pour la jubilatrice cause du plaisir sexuel. Le spectacle s'ouvre sur un reportage en mode
selfie que bientôt vient animer en chair et en os, Constance Larrieu. Son ambition : explorer les mystères de
l'orgasme. Pour cela, elle commence par s'adresser aux experts scientifiques qui ont planché sur l'épineuse et
séculaire question. Et là n'est pas la mondre qualité de ce délicat travail, que de sensibiliser le public à une
synthèse de découvertes prenant l'allure d'un cours magistral destiné à des spécialistes qui auraient confondu
le théâtre Jacques Coeur de Lattes avec une salle de colloque universitaire. C'est que la verve de l'actrice sait
distiller attention et jubilation malgré l'austérité que pourrait revêtir ce parcours singulier dans l'histoire du
savoir. Ainsi introduit au palpitant mystère du palpitant orgasme, on la suit volontiers de tableau en tableau au
long de son spectacle, tous aussi engagés et poétiques les uns que les autres, gageure quant au sujet traité :
jamais le propos ne frise la vulgarité et la comédienne alliant crudité et élégance, évite avec brio l'obscène
facilité du grivois de comptoir. Sa présence scénique est empreinte de délicatesse et d'ingénuité tendre quand
elle ponctue son monologue d'animations poétiques, ou cocasses, mais la démarche est aussi politique,
élevant l'orgasme au rang de salut pour notre société en péril. Le rebondissement final a toutes les qualités
d'un dénouement dramatique, après la montée de la tension palpable, Constance Larrieu donnant à sa sortie
un éclat étonnant et juste, qui nous cueille comme l'avait fait habilement son entrée tout en finesse. Bref,
difficile après cette performance d'associer désormais Wilhelm Reich à "la fonction de l'orgasme" plutôt que la
figure réjouissante de son interprète fantaisiste à la scène, Constance Larrieu. Encore le terme "figure" ne
restitue-t-il pas l'investissement total que l'actrice se propose en jouant son rôle, car c'est tout son corps qui
illustre et souligne en permanence son docte propos: un corps mimant la vie, la danse, le chant, la jouissance
jusqu'à son acmé, un corps en un mot que la pensée sur l'orgasme fait jubiler. Un corps qui réclame un
supplément de sexe dans ce monde frustré, mécaniste et agressif. Manifestement l'actrice semble pour le
coup ressentir un sincère plaisir à incarner son personnage exalté, et il le faut sans doute pour traiter un sujet
si "sensible".