rences de sexe en rotation mentale - Risc

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rences de sexe en rotation mentale - Risc
DOCTORAT AIX-MARSEILLE UNIVERSITÉ
délivré par
AIX-MARSEILLE UNIVERSITÉ
THÈSE
pour obtenir le grade de
DOCTEUR D’AIX-MARSEILLE UNIVERSITÉ
Formation doctorale : Psychologie
Effets d’une situation de comparaison sociale dans
les différences liées au sexe en rotation mentale:
Une étude avec des jumeaux dizygotes.
Présentée et soutenue publiquement par :
François MALTESE
Le 19 septembre 2013
Directrice de thèse : Michèle CARLIER
Codirecteur de thèse : Pascal HUGUET
JURY
Delphine MARTINOT, Professeure, Université Blaise Pascal – Clermont II.
Robert VLIETINCK, Professeur, MD et PhD, Université catholique de
Louvain, Belgique.
Michèle CARLIER, Professeure émérite, Aix-Marseille Université.
Pascal HUGUET, Directeur de recherche au CNRS, Aix-Marseille Université.
Rapporteur
Rapporteur
Directrice
Codirecteur
p. 2
On mesure l’intelligence d’un individu à la quantité
d’incertitudes qu’il est capable de supporter.
Emmanuel Kant.
p. 3
A la mémoire de Pierrette ma maman
Nicolas mon papa
Alexandra Delphine ma sœur
Et Jean Christian.
Vous êtes dans mon cœur.
p. 4
Remerciements
Madame la Professeure Delphine Martinot et Monsieur le Professeur émérite Robert
Vlietinck m’ont fait l’honneur de bien vouloir accepter d’être les rapporteurs de ce
travail de thèse. Ils ont également accepté de bien vouloir faire partie de mon jury et
de m’offrir un regard critique sur mes travaux. Je voudrais leur exprimer ici ma plus
sincère gratitude et mes chaleureux remerciements.
J’adresse mes plus sincères remerciements, à Madame la Professeure émérite Michèle Carlier, directrice et, à Monsieur le Directeur de Recherche Pascal Huguet,
codirecteur, pour avoir dirigé et codirigé cette thèse, ainsi que pour la confiance qu’ils
ont su me témoigner durant cet ambitieux projet.
Je voudrais exprimer toute ma reconnaissance et mes plus sincères remerciements
à ma directrice de thèse Madame Michèle Carlier. Sa rigueur scientifique, sa puissance de travail, la vivacité de son raisonnement, n’ont d’égal que sa disponibilité
exceptionnelle, son enthousiasme, sa vitalité, sa réactivité et ses qualités humaines.
Je serai, m’a-t-elle dit un jour, son dernier doctorant,... j’espère être le plus reconnaissant. Et que dire de nos discussions autour de la musique et tout particulièrement de l’opéra... même s’il m’arrive, Chère Michèle, de ne pas être toujours
d’accord avec toi. Je mesure tout ce que je te dois.
Je voudrais également très sincèrement exprimer toute ma gratitude à mon codirecteur de thèse Pascal Huguet. Je lui suis reconnaissant de m’avoir accepté dans sa
prestigieuse équipe du LPC et ceci malgré les contraintes que mon activité professionnelle ont imposé à nos conditions de travail. Son expertise, sa rigueur scientifique, mais aussi sa simplicité ont fait que je ne suis jamais sorti d’une réunion de
travail sans de pertinentes remarques ou d’intéressantes hypothèses à explorer.
Je remercie les deux directeurs successifs du Laboratoire de Psychologie Cognitive,
Jonathan Grainger, Directeur de recherche, et Johannes Ziegler, Directeur de recherche pour m’avoir accueilli dans leur laboratoire en me permettant de réaliser ce
travail de thèse. Je tiens également à remercier l’ensemble des membres du laboratoire, chercheurs et administratifs.
Je tiens spécialement à remercier tous les membres de l’équipe Cognition et contexte social pour les bouillonnantes réunions d’équipe auxquelles j’ai été convié et
l’amicale chaleur de leur accueil.
Je tiens à remercier l’équipe néerlandaise conduite par Madame la Professeure Dorret Boomsma et par le Professeur Eco de Geus, mais aussi Tinca Polderman, Aafke
van Santen, Felice van Weegen, les expérimentateurs des jumeaux au Pays Bas.
Je remercie les étudiants de master qui m’ont accompagné dans la recherche de
participants : Magalie Brissaud, Camille Capomaccio, Aude Putzu, et tout particulièrement Alizée Vigier pour son aide lors des passations du samedi avec les jumeaux.
p. 5
Je tiens à remercier l’ensemble des participants jumeaux de cette étude.
Je remercie David Gimmig et Jean Delpech, mes prédécesseurs dans l’équipe qui
ont élaboré le dispositif informatique du test.
Je voudrais remercier David Roubertoux pour son aide dans le traitement des données de la variabilité de la fréquence cardiaque dont Il m’a permis de venir à bout.
Je voudrais maintenant remercier l’ensemble des doctorants du laboratoire de Psychologie Cognitive que j’ai croisé tout au long de ces années et tout spécialement
mes colocataires de l’équipe 1. Merci à Claire, Idriss, Olivia, Nelly et Clément pour
les beaux moments passés ensemble et les interminables discussions.
Je tiens à remercier le Professeur Laurent Papazian, mon chef de service à la réanimation de l’hôpital Nord de Marseille pour son soutien indéfectible, sa confiance et
son amitié durant toutes ces années. Sans sa compréhension rien n’aurait été envisageable. Merci Laurent.
Je remercie l’ensemble du personnel médical, soignant et administratif du service de
réanimation DRIS qui m’a si souvent encouragé à poursuivre dans cette voie. Une
pensée toute personnelle pour Claudine et sa relecture.
Je remercie mes sœurs Rosalie, Marie et Alexandra, leurs conjoints et mes neveux
et nièces pour leurs encouragements, ainsi que mes amis, Martine et Edouard (sans
oublier Clément) pour leur soutien et une amitié de plus de trente ans...
Enfin, je remercie de tout mon cœur ma femme Béatrice et ma fille Aurélie. Merci de
m’avoir supporté au quotidien, d’avoir su gérer mes accès d’humeur, d’avoir accepté
mes absences et pardon pour tous ces moments que cette thèse nous a volés. Je
vous aime et je suis fier de vous.
p. 6
Effets d’une situation de comparaison sociale dans les différences liées au
sexe en rotation mentale: Une étude avec des jumeaux dizygotes.
Résumé : Le test de rotation mentale (TRM) est robuste pour faire émerger une grande différence de sexe en faveur des hommes. Il existe un stéréotype, communément admis, de moins
bonnes performances des femmes en aptitude spatiale. Deux théories explicatives cohabitent.
La première, biologique, est liée à une masculinisation du cerveau des garçons sous l‟action
des androgènes durant la vie fœtale. Dans cette hypothèse, et en raison d‟un transfert
d‟hormones supposé durant la vie intra-utérine, les femmes qui ont un cojumeau doivent avoir
des performances meilleures que celles ayant une cojumelle (Vuoksimaa et al., 2010). L‟autre
hypothèse, que nous défendons, suppose que les différences de sexe au TRM peuvent être
socialement construites ou activées par des éléments du Contexte évaluatif et ceci quel que
soient les compétences des personnes. Nous avons, pour la première fois dans une étude gémellaire, confronté ces deux hypothèses. Des paires de jumeaux jeunes adultes dizygotes de
même sexe (DZMS), 23 paires d‟hommes et 34 paires de femmes, et de sexe différent
(DZSD), 62 paires, ont passé un TRM informatisé dans deux conditions expérimentales où
l‟exactitude des réponses et les temps de réponse sont enregistrés. Dans une condition, les
consignes du test rendent la situation de comparaison au cojumeau possible (CSP) : « vous et
votre jumeau ferez le même test aujourd‟hui », dans l‟autre condition (CSI) la comparaison
est rendue improbable : « vous et votre jumeau ferez des tâches différentes ». Nos résultats
n‟accréditent pas la théorie biologique et sont en faveur d‟une explication en termes
d‟interférence du stéréotype.
Mots clés : Rotation Mentale, Différence de Sexe, Jumeaux, Menace du stereotype, Transfert
foetal d‟hormones.
Effets of a comparison situation in mental rotation sex differences: A dizygotictwinstudy.
Abstract: The mental rotation test (MRT) is the most robust test revealing that men outperform women. Two major causes have been proposed for explaining the origin of this difference. The first focused on brain masculinization under the action of androgen during the fetal
development. Vuoksimaa et al., (2010) showed that dizygotic opposite-sex female have greater performances than dizygotic same-sex female. For the second hypothesis, sex difference is
mainly due to social regulation factors and stereotype threat interaction. We test here this
second hypothesis. In a twin design we tested, for the first time, these two causal explanations. Same-sex dizygotic young adult pairs (23 pairs of males and 34 pairs of females), and
opposite-sex dizygotic pairs (62 pairs) took a computerized MRT in two experimental coaction conditions. In the first condition, the experimental situation make the co-twin comparison possible (CSP): “you and your co-twin do the same test today”, and in the other experimental condition called, improbable comparison situation (CSI), they are told that: “you and
your co-twin do different test today”. Accuracy and responses time where analyzed. Our results do not support the biological model but, in contrary, support the social regulation and
stereotype threat model.
Key-words: Mental Rotation, Sex Differences, Twins, Stereotype Threat, Hormone Transfer
Theory.
Laboratoire de Psychologie Cognitive - CNRS UMR 7290, Aix-Marseille Université, Centre StCharles, Fédération 3C - Comportement, Cerveau, Cognition, Bâtiment 9, Case D, 3, Place Victor
Hugo 13331 Marseille Cedex 3 France
p. 7
Sommaire
Sommaire .............................................................................................................. 8
Introduction générale ........................................................................................... 21
PREMIÈRE PARTIE. PRÉSENTATION DU CADRE THÉORIQUE ET EMPIRIQUE .... 29
1.
De la cognition visuo-spatiale au test de rotation mentale : les différences de
sexe ......................................................................................................................30
1.1.
La cognition visuo-spatiale .......................................................................... 30
1.2.
La tâche de rotation mentale ....................................................................... 35
1.2.1.
Les principales versions de la tâche ......................................................... 36
1.2.2.
Les différences de sexe au TRM .............................................................. 38
2.
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux
approches théoriques ........................................................................................... 40
2.1.
L’hypothèse biologique de la différence de sexe en rotation mentale .......... 40
2.1.1.
Introduction .............................................................................................. 40
2.1.2.
L’approche phylogénétique de la différence de sexe ................................ 41
2.1.3.
Les différences liées aux effets des hormones ......................................... 42
2.1.3.1.
Les études avec des populations « tout venant ».................................. 42
2.1.3.2.
Les études avec des populations porteuses d’anomalies génétiques ... 45
2.1.3.3.
Les indices indirects d’une masculinisation cérébrale ........................... 46
2.1.4.
Les études gémellaires dans les différences de sexe en rotation mentale47
2.1.4.1.
Les jumeaux dizygotes ......................................................................... 49
2.1.4.2.
Les études gémellaires qui étayent la théorie du transfert d’hormones . 54
2.2.
Les facteurs de régulation sociale dans la différence de sexe en rotation
mentale ................................................................................................................. 65
2.2.1.
2.2.1.1.
2.2.2.
L’interférence du stéréotype ..................................................................... 65
La menace du stéréotype dans les études sur la rotation mentale ........ 67
L’orientation à la comparaison sociale ..................................................... 72
p. 8
2.2.2.1.
L’échelle d’orientation à la comparaison sociale ................................... 74
Un corrélat physiologique de l’interférence du stéréotype : la variabilité de
2.2.3.
la fréquence cardiaque ......................................................................................... 80
2.2.3.1.
Rappels anatomo-physiologiques de l’activité cardiaque ...................... 80
2.2.3.2.
La variabilité de la fréquence cardiaque et sa mesure .......................... 83
2.2.3.3.
Intérêts et limites de la variabilité de la fréquence cardiaque ................ 87
2.3.
Conclusion .................................................................................................. 92
DEUXIÈME
PARTIE.
UNE
APPROCHE EXPÉRIMENTALE DE LA DIFFÉRENCE DE
SEXE EN ROTATION MENTALE
: UNE ÉTUDE AVEC DES JUMEAUX DIZYGOTES 93
1.
Objectifs et hypothèses de l’étude ............................................................... 94
2.
Méthode ...................................................................................................... 99
2.1.
Les participants ........................................................................................... 99
2.2.
La mise en place de l’étude ....................................................................... 101
2.3.
La procédure expérimentale ...................................................................... 103
2.4.
L’enregistrement de la fréquence cardiaque .............................................. 104
2.5.
Les tâches ................................................................................................. 106
2.5.1.
Le test informatisé de rotation mentale .................................................. 106
2.5.1.1.
Les types d’items ................................................................................ 107
2.5.1.2.
Les différents stimuli proposés ............................................................ 109
2.5.1.3.
Les types de présentation possible ..................................................... 110
2.5.1.4.
Les modalités de présentation ............................................................ 111
2.5.1.5.
Les blocks ........................................................................................... 112
2.5.1.6.
Le déroulement de la passation .......................................................... 113
2.5.1.7.
Les conditions expérimentales ............................................................ 113
2.5.2.
Les questionnaires ................................................................................. 115
2.6.
La fin de la passation ................................................................................ 117
2.7.
Résumé des principales hypothèses testées sur la différence de sexe ..... 119
p. 9
2.8.
Le traitement statistique des données ....................................................... 122
2.9.
Les données recueillies ............................................................................. 123
2.9.1.
Les données du TRM ............................................................................. 123
2.9.2.
Les données de la variabilité de la fréquence cardiaque ........................ 125
3.
Les résultats de l’étude ............................................................................. 127
3.1.
La différence de sexe dans le test de rotation mentale est effectivement la
manifestation de la différence dans l’aptitude des participants à faire de la rotation
mentale ............................................................................................................... 127
3.1.1.
L’exactitude des réponses aux figures sans rotation .............................. 127
3.1.2.
Les temps de réponse aux figures sans rotation .................................... 128
3.1.3.
Conclusion ............................................................................................. 128
3.2.
La différence de sexe au TRM a une origine biologique ............................ 129
3.2.1.
Chez tous les dizygotes en situation de comparaison sociale possible .. 129
3.2.2.
Conclusion ............................................................................................. 132
3.3.
La différence de sexe au TRM est la conséquence de la menace d’un
stéréotype négatif chez les femmes .................................................................... 133
Dans l’exactitude des réponses ............................................................. 134
3.3.1.
3.3.1.1.
Chez tous les dizygotes de sexe différent ........................................... 134
3.3.1.2.
Uniquement chez les dizygotes de même sexe .................................. 135
3.3.1.3.
Conclusions ........................................................................................ 136
3.3.2.
Sur la moyenne des médianes des temps de réponse aux bonnes
réponses à tous les items confondus .................................................................. 137
3.3.2.1.
Chez tous les dizygotes de sexe différent ........................................... 137
3.3.2.2.
Uniquement chez les dizygotes de même sexe .................................. 138
3.3.2.3.
Conclusions ........................................................................................ 139
3.4.
La stratégie de résolution du test est le témoin de l’interférence du
stéréotype ........................................................................................................... 140
3.4.1.
Dans l’exactitude de la réponse selon le type de figure à comparer ....... 140
p. 10
3.4.1.1.
3.4.2.
Conclusions ........................................................................................ 142
Dans les temps de réponse selon le type de figure à comparer ............. 144
3.4.2.1.
La moyenne des médianes des TR aux figures identiques ................. 144
3.4.2.2.
La moyenne des médianes des TR aux figures différentes ................. 146
3.4.2.3.
La moyenne des médianes des TR aux figures en miroir .................... 147
3.4.2.4.
Résumé des moyennes des médianes des TR selon le type de figure à
comparer ............................................................................................................ 148
3.4.3.
Selon la nature de la figure et la catégorie d’angle de rotation (petits,
moyens ou grands) ............................................................................................. 149
3.4.3.1.
La moyenne des médianes des temps de réponse pour les figures
identiques avec un petit angle de rotation ........................................................... 150
3.4.3.2.
La moyenne des médianes des temps de réponse pour les figures
identiques avec un angle moyen de rotation ....................................................... 151
3.4.3.3.
La moyenne des médianes des temps de réponse pour les figures
identiques avec un grand angle de rotation ........................................................ 151
3.4.3.4.
La moyenne des médianes des temps de réponse pour les figures
différentes avec un petit angle de rotation .......................................................... 152
3.4.3.5.
La moyenne des médianes des temps de réponse pour les figures
différentes avec un angle moyen de rotation ...................................................... 153
3.4.3.6.
La moyenne des médianes des temps de réponse pour les figures
différentes avec un grand angle de rotation ........................................................ 154
3.4.3.7.
La moyenne des médianes des temps de réponse pour les figures en
miroir avec un petit angle de rotation .................................................................. 154
3.4.3.8.
La moyenne des médianes des temps de réponse pour les figures en
miroir avec un angle moyen de rotation .............................................................. 155
3.4.3.9.
La moyenne des médianes des temps de réponse pour les figures en
miroir avec un grand angle de rotation ................................................................ 156
3.4.3.10.
Conclusion pour les moyennes des médianes des temps de réponse
par type de figure et catégorie d’angle. ............................................................... 157
3.4.4.
Conclusions ........................................................................................... 160
p. 11
3.5.
La variabilité de la fréquence cardiaque permet d’inférer le mécanisme de
l’interférence du stéréotype ................................................................................. 161
3.5.1.
3.6.
Conclusions ........................................................................................... 162
Le besoin de comparaison sociale chez les jumeaux explique une partie de
la différence de sexe ........................................................................................... 164
L’orientation à la comparaison sociale chez les jumeaux dizygotes ....... 164
3.6.1.
3.6.1.1.
Conclusions ........................................................................................ 165
L’orientation à la comparaison sociale explique une partie de la différence
3.6.2.
de sexe au TRM ................................................................................................. 165
3.6.2.1.
Le SCO chez les femmes ................................................................... 166
3.6.2.2.
Le SCO chez les hommes .................................................................. 167
3.6.2.3.
Conclusions ........................................................................................ 167
3.7.
L’interférence du stéréotype se manifeste par une modification du niveau
d’anxiété des participants ................................................................................... 167
3.7.1.
Conclusions ........................................................................................... 168
4.
Discussion générale .................................................................................. 169
5.
Conclusion générale et perspectives ......................................................... 187
6.
Communications et publications des résultats de cette recherche. ............ 194
Références ........................................................................................................ 197
Index des auteurs .............................................................................................. 216
p. 12
Liste des figures
Figure 1. Item du test de pliage de feuille dénommé : « Paper and Folding Test » (la
bonne réponse est ici D) ............................................................................................... 33
Figure 2. Test du niveau d’eau de Piaget (Water Level Test). Choisir parmi les quatre
dessins de récipients inclinés, celui qui représente correctement la surface du
liquide. Ici, dessin n°1. (Dessin François Maltese) .................................................... 34
Figure 3: Exemple de formes tridimensionnelles inspirées par celles de Shepard et
Metzler. ............................................................................................................................ 35
Figure 4: Exemple d'item de la version papier et crayon du TRM. Les bonnes réponses
sont cochées. (Delpech, 2010)...................................................................................... 37
Figure 5. Les différents types de grossesses gémellaires (dessin François Maltese). 51
Figure 6. Pourcentage des différents types de gémellité.................................................. 51
Figure 7. D’après Vuoksimaa et al. (2010). Moyenne des scores au TRM par type de
gémellité (uniquement chez les DZ)............................................................................. 57
Figure 8. Schéma de la différenciation sexuelle du cerveau des filles et des garçons
par les hormones. Dessin de François Maltese d’aprèsBakker & Baum (2008). ... 61
Figure 9. Anatomie et innervation du cœur humain d’après Castaigne, Godeau, Lejonc
& Schaeffer, (1989) ......................................................................................................... 81
Figure 10. Représentation ECG d'un battement cardiaque. Dessin François Maltese.. 83
Figure 11. Intervalle R - R entre deux battements cardiaques consécutifs (dessin
François Maltese). .......................................................................................................... 84
Figure 12. Illustration de la VFC (en sec) (B) à partir d'un ECG de patient rendu
anonyme (A). (Dessin François Maltese). ................................................................... 84
Figure 13. Schèma des hypothèses et attentes principales de l’étude. .......................... 98
Figure 14. Photo de gauche : la disposition des électrodes sur le thorax. Photo Vrije
Universiteit Amsterdam. Photo de droite : le boitier AMS, d’enregistrement de la
fréquence cardiaque. ................................................................................................... 105
Figure 15. Exemple d'enregistrement de la fréquence cardiaque durant la passation.
Tracé rouge = FC ; Tracé bleu = mouvement du participant ; Tracé vert = rMSSD.
10 = durée d’attente avant le début de la passation ; 14 = durée du TRM ; 12 =
durée des questionnaires. « E » marques de début de tâche. ............................... 106
Figure 16. Ici les deux figures sont identiques. La figure de droite représente une
rotation de 100° de la figure de gauche. .................................................................... 107
Figure 17. La figure de droite est l'image en miroir de la figure de gauche après
rotation de 140°. ........................................................................................................... 107
Figure 18. Dans la figure de gauche, il y a seulement 3 cubes sur la branche
horizontale, alors que sur la figure de droite il y a 4 cubes (ici la rotation est de
60°). ................................................................................................................................ 108
Figure 19. Les cinq figures originales. .............................................................................. 109
Figure 20. Les cinq figures en miroir dérivés des cinq figures originales. .................. 110
Figure 21. Les cinq figures altérées dans leurs structures, dérivées de figures
originales....................................................................................................................... 110
Figure 22. Figure identique, ici deux fois A. ..................................................................... 110
Figure 23. Exemple de figure en miroir, ici la figure E. ................................................... 111
Figure 24. Figures différentes en structure. Ici la figure de droite est la figure altérée
Ca de la figure de gauche C. ....................................................................................... 111
p. 13
Figure 25. La séquence informatisée de présentation des stimuli du TRM. ................. 112
Figure 26. Déroulement du TRM. ........................................................................................ 113
Figure 27. Exemple de présentation à l'écran d'un item du SCOWTwin (ici, Q11-R)... 116
Figure 28. Les informations apparaissant à l’écran à la fin de fin de passation. ......... 117
Figure 29. Pourcentage de BR au TRM et taille d’effet de la différence chez les femmes
en fonction du type de gémellité (à gauche = A, dans l’étude de Vuoksimaa et al.
2010 et à droite B, dans notre recherche en situation de Comparaison Sociale
Possible) en fonction du sexe du participant et du type de gémellité (DZ =
Dizygotes, MS = Même sexe, et SD = Sexe différent). ............................................. 131
Figure 30. Chez les DZSD, pourcentage moyen de bonnes réponses pour toutes les
figures au TRM (et ESM à 95%), en fonction du sexe du participant (H = Homme et
F = Femme), et de la condition expérimentale (CSP = Comparaison Sociale
Possible et CSI = Comparaison Sociale Improbable. .............................................. 135
Figure 31. Moyenne des médianes (en seconde et ESM à 95%) des TR aux BR à tous
les items, en fonction du sexe du participant (H = Homme ; F = Femme) et de la
condition (CSP = Comparaison Sociale Possible ; CSI = Comparaison Sociale
Improbable). .................................................................................................................. 139
Figure 32. Résumé du pourcentage de BR selon le type de figure (Identique, Différente,
en Miroir) chez tous les DZSD (ESM à 95%) et taille d’effet (d de Cohen), selon le
sexe du participant (H = Homme ; F = Femme), la condition expérimentale (CSP =
Comparaison Sociale Possible ; CSI = Comparaison Sociale Improbable). ......... 143
Figure 33. Chez les DZSD, anova sur la moyenne des médianes des RT aux BR aux
figures identiques (en seconde, ESM à 95% et d de Cohen) en fonction du sexe et
de la condition (CSP = Comparaison Sociale Possible et CSI = Comparaison
Sociale Improbable). .................................................................................................... 145
Figure 34. Chez les DZSD, anova sur la moyenne des médianes des RT aux BR aux
figures différentes (en seconde, ESM à 95% et d de Cohen) en fonction du sexe et
de la condition (CSP = Comparaison Sociale Possible et CSI = Comparaison
Sociale Improbable). .................................................................................................... 146
Figure 35. Chez les DZSD, anova sur la moyenne des médianes des RT aux BR aux
figures en miroirs (en seconde, ESM à 95% et d de Cohen) en fonction du sexe et
de la condition (CSP = Comparaison Sociale Possible et CSI = Comparaison
Sociale Improbable). .................................................................................................... 147
Figure 36. Tableau résumé des moyennes des médianes des TR aux BR en secondes
(et ESM à 95%), et taille d’effet (²partiel), chez les SD (H = Homme et F = Femme) en
fonction de la condition expérimentale (CSP = Comparaison Sociale Possible et
CSI = Comparaison Sociale Improbable) par type de figures (Ident = Identiques ;
Diff = Différentes ; Mir = en Miroir). ............................................................................ 148
Figure 37. Chez les DZSD, moyenne des médianes (et ESM à95%) des TR aux BR et
tailles d’effets de l’interaction sexe * condition (²p) par type de figure (Identique,
Différente et en Miroir), en fonction du sexe du participant (H = Hommes ; F =
Femmes) et de la condition expérimentale (CSP = Comparaison Sociale Possible ;
CSI = Comparaison Sociale Improbable). ................................................................. 159
Figure 38. Chez les DZSD, Moyenne des médianes des TR aux BR par type de figure
(identique, différente, en miroir), catégorie d’angle [(petit = 20-40-60), (moyen =
80-100-120), et grand (140-160-180)], par sexe du participant et condition
expérimentale (CSP = A = Comparaison Sociale Possible, CSI = B = Comparaison
Sociale Improbable). .................................................................................................... 159
p. 14
Liste des tableaux
Tableau 1. Proportion de naissances gémellaires en France pour 1000 accouchements
de 1902 à 2011. ............................................................................................................... 50
Tableau 2. Principales études étayant l'hypothèse du transfert d'hormones entre
jumeaux. (DZSDF = dizygote de sexe différent fille ; DZMSF = dizygote de même
sexe fille ; DZSDG = dizygote de sexe différent garçon ; DZMSG = dizygote de
même sexe garçon) ........................................................................................................ 55
Tableau 3. Vuoksimaa et al., moyenne des scores au TRM (entre parenthèse intervalle
de confiance à 95%) en fonction du type de gémellité .............................................. 56
Tableau 4. Items et facteurs du SCO (traduction de l’équipe Cognition et Contexte
Social). ............................................................................................................................. 77
Tableau 5. Effectif (N), âges (écart-type) [étendue], par sexe du participant (H = Homme
et F = Femme), type de gémellité (DZMS = Dizygotes de même sexe ; DZSD =
Dizygotes de sexe différent), par condition (CSP = Comparaison Sociale
Possible ; CSI = Comparaison Sociale Improbable). ................................................. 99
Tableau 6. Les questionnaires utilisés pour notre recherche dans l’ordre de
passation : nombre d’items, échelle, exemple d’item, et variable étudiée. .......... 118
Tableau 7. Performances des hommes et des femmes au TRM pour chaque type de
figure (identique, différente et en miroir) n’ayant pas subi de rotation (angle 000°),
chez tous les DZ et uniquement les DZSD [moy et (écart-type)]............................ 128
Tableau 8. Statistiques descriptives des TR aux BR aux figures identiques, différentes,
et en miroir sans rotation. Performances des hommes et des femmes [moy
(seconde) et (écart-type)]. ........................................................................................... 128
Tableau 9. Moyenne, erreur standard et intervalle de confiance à 95% du pourcentage
(fréquence) total de bonnes réponses au TRM en fonction du sexe du participant
et du type de gémellité auquel il appartient. ............................................................. 130
Tableau 10. Anova chez tous les DZ en situation de comparaison sociale possible, sur
le pourcentage (fréquence) total de bonnes réponses au TRM en fonction du sexe
du participant et de celui de son cojumeau .............................................................. 130
Tableau 11. Résumé de l’anova chez tous les jumeaux dizygotes SD, sur le
pourcentage (fréquence) de bonnes réponses au TRM, en fonction du sexe du
participant et de la condition expérimentale (Comparaison Sociale Possible = CSP
ou Comparaison Sociale Improbable ou CSI)........................................................... 134
Tableau 12. Résumé de l’anova chez tous les jumeaux dizygotes MS, sur le
pourcentage (fréquence) de bonnes réponses au TRM, en fonction du sexe du
participant et de la condition expérimentale (Comparaison Sociale Possible = CSP
ou Comparaison Sociale Improbable ou CSI)........................................................... 136
Tableau 13. Anova de la moyenne des médianes des TR aux BR pour toutes les
figures chez tous les DZSD, en fonction du sexe du participant et de la condition
expérimentale. .............................................................................................................. 137
Tableau 14. Résumé chez les DZSD de l’anova sur le pourcentage de BR en fonction
du sexe du participant et de la condition, et à mesures répétées sur le facteur
« type de figure » à trois modalités (identique, différentes et en miroir). ............. 141
Tableau 15. Pourcentage de BR (ESM et Intervalle de confiance à 95%) en fonction du
type de figure à comparer chez les DZSD. ................................................................ 141
p. 15
Tableau 16. Chez les DZSD, moyenne, ESM et intervalle de confiance à 95% des
pourcentages de BR (fréquence) au TRM selon le sexe du participant, le type de
figure (identique, différente, en miroir) et la condition (CSP = Comparaison
Sociale Possible, CSI = Comparaison Sociale Improbable) ................................... 141
Tableau 17. Résumé chez les DZSD de l’anova sur les moyennes des médianes des TR
aux BR en fonction du sexe du participant et de la condition, et à mesures
répétées sur le facteur « type de figure » à trois modalités (identique, différentes
et en miroir). .................................................................................................................. 144
Tableau 18. Anova de la moyenne des médianes des TR aux BR aux figures identiques
chez tous les DZ, en fonction du sexe du participant, du sexe du cojumeau et de
la condition expérimentale. ......................................................................................... 145
Tableau 19. Anova de la moyenne des médianes des TR aux BR aux figures différentes
chez tous les DZSD, en fonction du sexe du participant et de la condition
expérimentale. .............................................................................................................. 146
Tableau 20. Anova de la moyenne des médianes des TR aux BR aux figures en miroirs,
cheztous les DZSD, en fonction du sexe du participant et de la condition
expérimentale. .............................................................................................................. 147
Tableau 21. Anova de la moyenne des médianes des TR aux BR aux figures identiques
avec un petit angle de rotation (20°,40° et 60°), chez tous les DZSD, en fonction du
sexe du participant et de la condition expérimentale. ............................................. 150
Tableau 22. Anova de la moyenne des médianes des TR aux BR aux figures identiques
avec un angle moyen de rotation (80°, 100° et 120°), chez tous les DZSD, en
fonction du sexe du participant et de la condition expérimentale. ........................ 151
Tableau 23. Anova de la moyenne des médianes des TR aux BR aux figures identiques
avec un grand angle de rotation (140°, 160° et 180°), chez tous les DZSD, en
fonction du sexe du participant, et de la condition expérimentale. ....................... 152
Tableau 24. Anova de la moyenne des médianes des TR aux BR aux figures différentes
avec un petit angle de rotation (20°, 40° et 60°), chez tous les DZSD, en fonction
du sexe du participant, et de la condition expérimentale. ...................................... 152
Tableau 25. Anova de la moyenne des médianes des TR aux BR aux figures différentes
avec un angle moyen de rotation, chez tous les DZ, en fonction du sexe du
participant, du sexe du cojumeau et de la condition expérimentale. .................... 153
Tableau 26. Anova de la moyenne des médianes des TR aux BR aux figures différentes
avec un grand angle de rotation (140°, 160° et 180°), chez tous les DZSD, en
fonction du sexe du participant et de la condition expérimentale. ........................ 154
Tableau 27. Anova de la moyenne des médianes des TR aux BR aux figures en miroir
avec un petit angle de rotation (20°, 40° et 60°), chez tous les DZSD, en fonction
du sexe du participant et de la condition expérimentale. ....................................... 155
Tableau 28. Anova de la moyenne des médianes des TR aux BR aux figures en miroir
avec un angle moyen de rotation (80°, 100° et 120°), chez tous les DZSD, en
fonction du sexe du participant et de la condition expérimentale. ........................ 156
Tableau 29. Anova de la moyenne des médianes des TR aux BR aux figures en miroir
avec un grand angle de rotation (140°, 160° et 180°), chez tous les DZSD, en
fonction du sexe du participant et de la condition expérimentale. ........................ 157
Tableau 30. Nombres d’enregistrements de la VFC (N), selon le sexe du participant, le
type de gémellité et la condition expérimentale (CSP = Comparaison sociale
possible ; CSI = Comparaison sociale improbable). ................................................ 161
p. 16
Tableau 31. Résumé de l’anova sur la différence de VFC entre la ligne de base et le
TRM, en fonction du sexe du participant, du sexe du cojumeau et de la condition
expérimentale. .............................................................................................................. 162
Tableau 32. Résumé de l’anova à mesures répétées de la VFC durant la ligne de base
et durant le TRM, en fonction du sexe du participant, de sexe du cojumeau et de
la condition expérimentale. ......................................................................................... 162
Tableau 33. Résumé de l’anova sur le SCO envers son cojumeau (SCOWT) en fonction
du sexe du participant, du sexe du cojumeau et de la condition expérimentale
chez tous les DZ. .......................................................................................................... 164
Tableau 34. Résumé de l’anova sur le SCO envers son cojumeau (avec le SCO envers
les proches ou amis en covariable) en fonction du sexe du participant, du sexe du
cojumeau et de la condition expérimentale chez tous les DZ. ............................... 164
p. 17
Abréviations
CSI
Comparaison Sociale Improbable
CSP
Comparaison Sociale Possible
DZ
Dizygote
DZMS
Dizygote de même sexe
DZSD
Dizygote de sexe différent
ESM
Erreur Standard de Mesure
Faible-SCO
Faible Orientation à la Comparaison Sociale
Fort-SCO
Forte Orientation à la Comparaison Sociale
MS
Mêmesexe
MZ
Monozygote
rMSSD
Racine carré de la moyenne des différences au carré
d’intervalles succéssifs ou root Mean Square of the Successive
Différences en anglais
SCO
Social Comparison Orientation
SCOWoutT
Orientation à la Comparaison Sociale envers les proches et
amis.
SCOWT
Orientation à la Comparaison Sociale envers le cojumeau
SD
Sexe différent
SNA
Système Nerveux Autonome
SPSS
Statistical Package of Social Science
ST
Stereotype threat ou menace du stéréotype
TRM
Test de Rotation Mentale
VFC
Variabilité de la Fréquence Cardiaque
p. 18
Liste des annexes
Tableau récapitulatif des partenaires de l’ANR de ce programme ..........................226
Exemple de tests en faveur des hommes ou des femmes .....................................227
Exemple de tests de visualisation spatiale .............................................................228
Exemple de tests de perception spatiale ................................................................228
Exemple de tests de rotation mentale ....................................................................229
Principaux gènes impliqués dans la différenciation sexuelle ..................................230
Exemple de version Papier et Crayon du Test de TRM .........................................231
Affiche couleur au format A4 et A3 (+ environ 1000 affichettes, 1/6ième de page) réalisées pour présenter l’étude. ..................................................................................237
Annonce sous la forme d’un encart en couleur au format ¼ de page, publiée à plusieurs reprises dans un journal à large diffusion gratuite (Métro) dans ses éditions
de Marseille et Toulon .............................................................................................238
Formulaire de consentement éclairé des participants (participants mineurs compris)
............................................................................................................................. .....239
Courrier aux chefs d’établissements scolaires ........................................................240
Courrier aux étudiants et parents des établissements scolaires ............................241
Notice d’information adressée aux participants après contact téléphonique ..........243
Documents de passation .........................................................................................244
Formulaire de consentement à signer obligatoirement en début de passation ......246
Questions de l’entretien semi-directif .....................................................................248
Dessin décrivant au participant l’emplacement des électrodes sur le thorax et le dos.
............................................................................................................................. .....250
Photo d’un ordinateur de passation PC portable Dell® avec un écran de 12 pouces
............................................................................................................................. .....250
Les consignes du TRM telles qu’elles apparaissent à l’écran selon la condition expérimentale ................................................................................................................. 251
Les consignes du TRM selon la condition expérimentale. .....................................252
Questionnaire de restitution de la condition expérimentale ....................................253
Questionnaire d’anxiété ..........................................................................................254
Questionnaire d’orientation à la comparaison sociale (SCO) envers le cojumeau ..255
Questionnaire d’orientation à la comparaison sociale envers les proches et amis
(SCOWoutT) ..........................................................................................................256
Chez tous les DZ, moyenne du pourcentage de BR (entre parenthèse écart-type) et
taille d’effet (d de Cohen) en fonction du sexe du participant et de celui du cojumeau.
............................................................................................................................. .....257
Données descriptive des Scores et TR ..................................................................258
La tâche informatisée de rotation mentale .............................................................258
p. 19
« Je pourrais peut-être rappeler que c'est uniquement parce que les hommes sont inégaux que nous
pouvons les traiter également. Si tous les gens étaient
complètement égaux par leurs dons et par leurs goûts, il
nous faudrait les traiter différemment pour obtenir une
quelconque forme d'organisation sociale.... Il y a toute la
différence du monde entre le fait de traiter les gens de
façon égale et une tentative pour les rendre égaux. Tandis que le premier est la condition d'une société libre, la
seconde signifie, comme Tocqueville l'a décrite, une
nouvelle forme de la servitude. »
Friedrich August von Hayek (1899-1992). Philosophe
et Économiste Autrichien. Prix Nobel d’économie en
1974. Prononcé à University College, Dublin, le 17 décembre 1945. Originellement édité par Hodge, Figgis &
Co., Ltd., Dublin, et B. H. Blackwell, Ltd, Oxford, 1946.
p. 20
« Nous transportons avec nous des modes de pensée et d’action sur lesquels nous ne songeons jamais à
nous interroger et qui fonctionnent comme s’ils allaient de
soi. C’est un fonctionnement par « prétérition » : il n’est
pas nécessaire pour qu’il soit efficace d’en avoir conscience. Il nous a été inculqué à travers les gestes, les paroles, les attitudes, les comportements de nos parents,
des adultes en général, relayés par tous les messages et
signaux explicites et implicites du quotidien. C’est ce
socle-là, des représentations ordinaires, qu’il est difficile
mais pas impensable d’ébranler ».
Françoise Héritier
Anthropologue
Le monde de l’éducation, juin 2000.
Introduction générale
Le présent travail de recherche contribue à apporter un éclairage nouveau aux
études sur les différences cognitives entre les hommes et les femmes. L’hypothèse
générale que nous allons défendre est celle d’une contribution de facteurs de régulations sociales dans la différence de performance liée au sexe en rotation mentale
(RM). Nous montrerons l’impact, cognitif et comportemental, mais aussi physiologique, d’une situation de comparaison sociale et d’interférence d’un stéréotype négatif, dans la différence de sexe en RM. L’originalité de notre approche tient, en partie,
de la population de jumeaux étudiée qui nous permet de contrôler certaines des variables qui limitent quelquefois les conclusions des travaux dans le domaine. Pour la
première fois, une étude gémellaire analysera les effets d’une situation de comparaison sociale dans la différence de sexe, au moyen d’un test informatisé de TRM1 dont
1
TRM pour Test de Rotation Mentale (MRT = Mental Rotation Test pour les anglo-saxons).
Introduction générale
les conditions de passation seront manipulées. Notre échantillon de jumeaux dizygotes (DZ), de même sexe (DZMS), ou de sexe différent (DZSD), nous permettra
d’étayer ou d’infirmer la théorie du transfert d’hormones intra-utérin défendue par
deux travaux récents, dont nous discuterons des limites (Vuoksimaa et al., 2010 ;
Heil, Kavsek, Rolke, Beste & Jansen 2011). L’élégance, mais aussi la difficulté de ce
travail de recherche, vient de sa situation à l’interface de plusieurs champs disciplinaires de la psychologie qu’il tente de rapprocher. Il intègre des concepts issus de la
psychologie sociale cognitive et de la génétique du comportement. Il prend appui sur
des techniques investiguant indirectement l’activité neurovégétative des participants,
pour contribuer à distinguer les diverses hypothèses proposées par la littérature.
Ce travail de recherche fait partie intégrante, d’un projet d’étude beaucoup
plus vaste, soutenu par un financement de l’Agence Nationale de la Recherche 2
(ANR), dont le coordinateur est Pascal Huguet, Michèle Carlier étant responsable de
l’axe 1 dans lequel nous nous insérons. Cet ambitieux programme est une coopération entre deux équipes de la Fédération de Recherche 3C à Marseille et d’une
équipe Néerlandaise coordonnée par Dorret Boomsma du Department of Biological
Psychology, Vrije Universiteit, Amsterdam, Netherlands 3. Ce programme dénommé :
« Psychologie sociale de la cognition et génétique des différences comportementales », a un quadruple objectif. (1) Apporter un nouveau regard sur les études gémellaires. (2) Accroitre nos connaissances sur les mécanismes de comparaison sociale à l’œuvre chez les frères et sœurs, jumeaux MZ ou DZ, et non jumeaux. (3)
Mettre en évidence ces phénomènes de comparaisons sociales aux travers de divers
corrélats physiologiques. Enfin, (4) estimer l’importance des facteurs génétiques
dans les performances cognitives des personnes (Voir en annexe, p. 225, un tableau
récapitulatif des partenaires de ce programme).
Ce travail de thèse constitue une partie de ce projet gigantesque, destinée à
répondre plus particulièrement aux points 1, 2 et 3, sachant qu’il ne porte que sur
des jumeaux DZ de Même Sexe (DZMS) ou de Sexe Différent (DZSD).
Le lecteur pourrait s’interroger sur l’intérêt d’étudier les différences cognitives
entre les sexes. La dernière publication du programme PISA4, publiée en 2009 par
2
ANR Projet Blanc -201 « TWINS » VU University Amsterdam.
Département de psychologie biologique, université libre d’Amsterdam, Pays Bas.
4
PISA : Programme for International Student Assessment ou Programme international pour le suivi
des acquis des élèves.
3
p. 22
Introduction générale
l’OCDE5, dont l’objectif est d’évaluer les performances des systèmes éducatifs des
pays membres et non membres de l’Union Européenne, nous donne au moins deux
raisons de le faire : d’une part mieux comprendre l’origine des inégalités sociales et
sociétales entre les sexes, et, d’autre part, améliorer notre connaissance de la manière dont se font les apprentissages et ainsi permettre à nos pratiques éducatives
d’évoluer. En France, le problème est d’actualité. Le Premier ministre français, JeanMarc Ayrault, a présenté le 30 novembre 2012, après avoir réuni à Matignon
l’ensemble du gouvernement en « comité interministériel aux droits des femmes »,
un plan gouvernemental en faveur de l’égalité femmes-hommes. Celui-ci comporte
diverses mesures parmi lesquelles figure la lutte contre les stéréotypes, notamment à
l’école. Le premier ministre rappelle qu’un projet de Loi sur les droits des femmes
sera présenté au Parlement au printemps 2013.
Le choix d’une tâche de RM pour étudier les différences de sexe pourrait aussi
questionner le lecteur. Nous avons opté pour cette aptitude particulière, essentiellement pour quatre raisons. Tout d’abord, parce qu’il s’agit d’une compétence qui nous
est particulièrement utile dans la vie de tous les jours (e.g. pour s’orienter dans un
lieu non familier, pour retrouver son chemin sur une carte, pour décrire un chemin à
quelqu’un, pour décider de la route la plus rapide pour se rendre à un endroit, pour
identifier les points cardinaux ou pour assembler un puzzle par exemple). Deuxièmement, parce qu’elle figure dans la littérature cognitive comme étant l’une des plus
robuste à faire émerger des différences de performances en faveur des hommes
(Halpern, 2011 ; Linn & Petersen, 1985 ; Voyer, Voyer & Bryden, 1995). Troisièmement, parce qu’elle véhicule un puissant stéréotype négatif de sexe, selon lequel, les
femmes sont moins compétentes que les hommes en orientation dans l’espace. La
quatrième raison était de pouvoir nous inscrire dans le contexte expérimental de
deux travaux récents particulièrement intéressants, afin d’en compléter les conclusions (Vuoksimaa et al., 2010 ; Heil, Kavsek, Rolke, Beste, & Jansen, 2011).
La situation de comparaison sociale intègre plusieurs facteurs de régulation
susceptibles d’expliquer, dans la littérature, les différences de performance liées au
sexe. Nous nous focaliserons dans ce travail de recherche sur l’impact dans la performance au TRM des femmes, de l’interférence d’un stéréotype négatif dont elles
sont communément victimes (i.e. celui de leurs moins bonnes compétences en orien-
5
Organisation de Coopération et de Développement Économiques
p. 23
Introduction générale
tation spatiale). Nous proposerons à des femmes venues au laboratoire avec leur
cojumelle ou leur cojumeau de réaliser un TRM dans lequel, une situation de comparaison avec le cojumeau sera activée (plausible) ou pas. Nous intégrerons dans ce
travail l’analyse d’un indice de l’activité neurovégétative de la charge mentale : la variabilité de la fréquence cardiaque (voir plus loin dans l’introduction). L’objectif est
d’éclairer par un corrélat physiologique de la charge cognitive et émotionnelle des
participants, les mécanismes de l’interférence d’un stéréotype à l’œuvre dans la différence de sexe.
La psychologie sociale cognitive nous informe des mécanismes de comparaison sociale à l’œuvre, dans un contexte de coaction évaluatif. On imagine aisément
l’importance que peut revêtir ces situations de comparaison chez des jumeaux élevés ensemble, et soumis, depuis leurs plus jeunes âges, à un environnement comparatif aussi bien familial que socioéducatif. Dans ce travail de recherche, par delà les
processus habituels de comparaison sociale, c’est aussi l’importance du besoin individuel de se comparer à son jumeau, et ses répercussions en situation d’évaluation,
qui nous ont intéressés. En effet, bien que la tendance des personnes à la comparaisonsociale semble être une composante universelle (Festinger, 1954 ; Gilbert, Price
& Allan, 1995 ; Suls & Weeler, 2000), plusieurs équipes ont montré dans les années
1990 (Gilbert, Giesler & Morris, 1995 ; Hemphill & Lehman, 1991) que ce besoin de
comparaison ne relevait pas exclusivement du contexte situationnel, mais également
d’une dimension individuelle. Ainsi, pour certaines personnes, ce besoin de se comparer aux autres est plus impérieux que pour d’autres. Ces travaux ont conduit Gibbons & Buunk (1999) à développer une échelle d’orientation à la comparaison sociale ou « Social Comparison Orientation » ou SCO 6 , également appelée INCOM
(Iowa-Netherland Comparison Orientation Measure). Notre hypothèse est que la performance au TRM d’un jumeau varie d’une part, en fonction de son orientation à la
comparaison sociale, et d’autre part, avec la perception du caractère plausible et pertinent, ou non, de cette comparaison selon le contexte de présentation de la tâche.
Les femmes DZSD, qui ont un besoin important à se comparer à leur frère (ForteSCO), ont-elles des performances différentes de celles qui ont moins besoin de se
comparer (Faible-SCO), suivant que la comparaison au frère soit possible ou pas ?
6
Nous conserverons par la suite dans ce travail de thèse, le terme anglo-saxon de SCO pour parler
de cette échelle.
p. 24
Introduction générale
Vuoksimaa et al. (2010) ; Heil, Kavsek, Rolke, Beste, & Jansen (2011), ont
conduit récemment les deux seules études réalisées à ce jour évaluant les différences de performances liées au sexe dans un TRM avec une population de jumeaux. Ces travaux confirment l’hypothèse d’une contribution biologique à ces différences de sexe. Celle-ci serait l’expression de la masculinisation cérébrale du cerveau des garçons sous l’action des hormones androgènes durant la vie fœtale. En
prenant appui sur la théorie du transfert d’hormones possible intra-utérin, ces auteurs
montrent que les jeunes femmes ayant un cojumeau ont des performances significativement meilleures au TRM que celles ayant une cojumelle. Cependant, et les auteurs en font honnêtement mention, les dispositifs expérimentaux de ces deux
études ne permettaient pas d’explorer d’autres origines, notamment sociale, à ces
différences. Cette question sera l’un des objectifs de cette thèse. Nous tenterons
également de revenir sur certaines des limites méthodologiques de ces deux études.
Le TRM est un test d’évaluation cognitive complexe dans lequel les contraintes de pression temporelle (i.e. temps pour réaliser la tâche) ou la nature et le
mode de présentation des stimuli (2D ou 3D) sont des éléments pertinents dans la
compréhension des différences de sexe (Voyer & Doyle, 2010 ; Voyer & Hou, 2006).
Ces différences existent aussi en termes de temps de réponses. Bryden, George et
Inch (1990) analysent les courbes de temps de réponses en RM chez les hommes et
les femmes (en millisecondes par degré d’angle de rotation). Chez les femmes ils
obtiennent une moyenne de 31 msec/degré d’angle, alors que chez les hommes ils
obtiennent une moyenne de 20 msec/degré d’angle). Notre hypothèse est que ces
différences dans les temps de réponses selon le sexe du participant et la condition
expérimentale pourraient traduire comportementalement, pour partie, l’interférence
du stéréotype. Ces temps de réponses pourraient varier en fonction de la plausibilité
perçue d’une situation de comparaison ou non, et/ou du besoin individuel des personnes à se comparer. Ces temps de réponses, traduisant la vitesse à laquelle le
participant réalise la RM, pourraient être différents selon le sexe en fonction de
l’angle de rotation de la figure à comparer ou du type de figure à comparer (i.e. des
figures identiques, des figures différentes dans leurs constructions ou des figures en
miroir l’une de l‘autre).
La variabilité de la fréquence cardiaque (VFC) est un indice de l’efficacité du
contrôle du système nerveux autonome neurovégétatif. Il existe physiologiquement
une fluctuation, battement par battement autour d’une valeur moyenne, de la fré-
p. 25
Introduction générale
quence cardiaque que l’on appelle la VFC. Elle peut être estimée au moyen de différentes méthodes et indices statistiques. La littérature montre qu’une diminution de
cette VFC est associée, non seulement aux indices de gravité de certaines pathologies somatiques : infarctus ou mort subite (European Society of Cardiology and the
North American Society of Pacing and Electrophysiology, 1996) et au surentrainement sportif (Hedelin, Wiklund, Bjerle & Henrikson-Larsen, 2000), mais également à
certaines pathologies psychiatriques : dépression ou attaque de panique (Kavachi,
Sparrow, Vokonas & Weiss, 1995) ou à une surcharge émotionnelle, une anxiété
élevée ou une situation importante de stress (Mittleman et al., 1995). La VFC au
cours du TRM, et en fonction de la condition expérimentale, pourrait permettre
d’éclairer notre compréhension des modifications physiologiques à l’œuvre, lors
d’une situation d’interférence d’un stéréotype.
Dans la situation de menace d’un stéréotype, la crainte pour le représentant
du groupe stigmatisé (i.e. ici les femmes) est d’échouer, et de venir confirmer par là
même, le stéréotype négatif de son groupe d’appartenance. Cela pourrait se traduire
chez ces femmes, dans la condition où la situation de comparaison avec le frère est
rendue plausible, par un accroissement de la charge mentale et cognitive en lien
avec le stéréotype négatif de leurs moins bonnes compétences spatiales. Cette surcharge émotionnelle et cognitive des femmes durant le test devrait se traduire par
une diminution de la VFC par rapport à une ligne de base. Dans la condition non
menaçante de non comparaison possible, on ne devrait pas constater de modification de la VFC. On s’attend à constater une modification de la VFC suivant la condition d’activation ou non de la situation de comparaison sociale chez les femmes.
Pour la première fois à notre connaissance, ce travail de recherche montrera
les effets d’une situation de comparaison sociale dans la différence liée au sexe au
TRM. Des paires de jumeaux dizygotes de SD (i.e. seul groupe susceptible d’être
affecté par l’interférence d’un stéréotype lié au sexe) ont passé le TRM dans un contexte expérimental où la comparaison avec le cojumeau était rendue (au travers des
consignes), possible ou pas. Nous montrerons que la différence liée au sexe sera
réduite, jusqu'à ne plus être significative, lorsque les consignes de la tâche ne rendront pas saillante la comparaison entre les sexes.
Nous examinerons chez les DZSD, les effets d’une situation de comparaison
sociale dans la différence de sexe, en fonction d’une dimension de la personnalité
distinguant les personnes dans la propension et le besoin qu’elles ont à vouloir se
p. 26
Introduction générale
comparer (SCO). L’influence de ce SCO sera observée à l’intérieur du couple gémellaire, mais également dans les relations qu’entretiennent les jumeaux avec leur entourage proche.
Nous confronterons les performances au TRM selon la condition expérimentale, des femmes ayant un cojumeau à celles ayant une cojumelle. Ceci nous permettra d’apporter des éléments susceptibles d’infirmer ou d’étayer la piste biologique
et hormonale d’une masculinisation cérébrale du cerveau des garçons, dans la différence de sexe (Vuoksimaa et al., 2010 ; Heil, Kavsek, Rolke, Beste, & Jansen, 2011).
Nous décrirons précisément en fonction de la nature des figures, de
l’importance de l’angle de rotation, du temps de réponse ou de la vitesse de rotation,
les performances comportementales de femmes ou d’hommes, en situation de comparaison ou non avec un cojumeau de SD.
Enfin, l’étude d’un corrélat neurophysiologique de l’activité émotionnelle et
mentale (VFC) nous permettra de proposer une explication sur le mécanisme à
l’œuvre dans la situation de comparaison.
Le présent travail est organisé en deux parties.
Dans une première partie nous présenterons la littérature scientifique actuelle
et le cadre théorique et empirique de notre recherche. Nous ne tenterons pas d’être
exhaustifs sur le sujet, mais nous essaierons d’organiser notre propos de façon à
ancrer nos hypothèses générales dans le débat théorique qui les sous-tend.
Cette première partie sera divisée en deux chapitres. Dans le chapitre 1, nous
définirons rapidement les principaux domaines de la cognition spatiale, pour présenter plus longuement le test de rotation mentale (TRM). Nous présenterons les principaux travaux de la littérature sur la différence de sexe au TRM. Nous décrirons les
principales versions du test, ce qui nous permettra d’exposer les motifs de notre
choix pour une version informatisée.
Dans le chapitre 2, nous exposerons la littérature relative aux deux principales
théories explicatives de la différence de sexe auTRM. L’objectif principal de notre
approche expérimentale étant de pouvoir les confronter. Ainsi, dans un premier souschapitre, nous aborderons l’hypothèse biologique de la différence de sexe. Nous
évoquerons brièvement la piste phylogénétique pour ensuite présenter la théorie
hormonale d’une différence en faveur des garçons en lien avec la masculinisation de
leurs cerveaux. Nous aborderons successivement cette littérature par le biais des
travaux portant sur des populations tout-venant, puis chez des porteurs d’anomalies
p. 27
Introduction générale
génétiques. Nous évoquerons pour finir les études avec jumeaux qui étayent cette
théorie hormonale.
Dans un deuxième sous-chapitre, nous aborderons les théories relatives à
l’impact de facteurs de régulations sociales. Nous évoquerons tout particulièrement
l’interférence du stéréotype et notamment, les travaux portant sur la différence de
sexe au TRM. Nous traiterons d’une dimension particulière de la personnalité :
l’orientation à la comparaison sociale. Nous présenterons pour finir la variabilité de la
fréquence cardiaque comme indice de la charge mentale et émotionnelle des participants durant l’exécution d’une tâche cognitive.
La deuxième partie de ce travail présentera une approche expérimentale gémellaire des différences liées au sexe dans un test informatisé de RM. Nous exposerons successivement nos objectifs et attentes, puis nous décrirons le dispositif expérimental et enfin les résultats de nos travaux que nous discuterons à la lumière de
nos attentes et hypothèses. Nous conclurons ce travail de recherche en proposant
des pistes d’investigations futures, avant d’élargir le débat sur la portée sociétale de
notre contribution.
Je propose maintenant au lecteur, de bien vouloir accepter de me suivre tout
au long de ce passionnant cheminement.
p. 28
Première partie.
Présentation du cadre théorique et empirique
De la cognition visuo-spatiale au test de rotation mentale : les différences de sexe
« La connaissance scientifique possède en
quelque sorte des propriétés fractales: nous aurons
beau accroître notre savoir, le reste, si infime soit-il,
sera toujours aussi infiniment complexe que l'ensemble de départ ».
Isaac Asimov écrivain américain
(1920 - 1992)
1. De la cognition visuo-spatiale au test
de rotation mentale : les différences de
sexe
1.1. La cognition visuo-spatiale
Au delà des différences somatiques liées à l’expression des chromosomes X
ou Y hérités de nos parents, des disparités liées au sexe existent dans les champs
de la cognition, du comportement ou de la personnalité. On retrouve classiquement
dans la littérature (Halpern, 2011 ; Hines, 2004 ; Kimura, 2001 ; Maccoby & jacklin,
1974), des tâches pour lesquelles, en moyenne, un sexe obtient des performances
supérieures à l’autre (cf. annexe, p. 226, pour une illustration). Les conclusions des
méta-analyses dans le domaine révèlent cependant de grandes disparités de la différence de sexe, en termes de taille d’effet, de type de tâche, d’âge des participants ou
du contexte7 de l’évaluation.
7
Le terme contexte pouvant revêtir en français plusieurs acceptions, nous écrirons contexte (avec un
« c » minuscule) lorsque nous parlerons des conditions et des modalités de présentation du test, et
Contexte (avec un « C » majuscule), lorsque nous évoquerons l’environnement (notamment social) et
les circonstances dans lesquelles est réalisé le test.
De la cognition visuo-spatiale au test de rotation mentale : les différences de sexe
Hyde (2005) a réalisé une méta-analyse de second ordre à partir de 128 méta-analyses précédemment publiées sur les différences de sexe. Elle montre que
78% des tailles d’effets sont inférieures à d = 0,35 (ce qui correspond à un effet « petit à modéré », selon les termes de Cohen, 1988), 6% de ces tailles d’effets sont
comprises entre d = 0,66 et d = 1, et seulement 2% ont une importance supérieure à
un écart-type (et ces dernières sont toutes dans le domaine de la performance motrice). Hyde conclut son article, en arguant qu’il existe plus de ressemblances que de
différences entre les hommes et les femmes dans la plupart des variables psychologiques (gender similarities hypothesis). Ces conclusions ont été critiquées par Lippa
(2006), qui lui fait reproche de ne pas avoir inclus dans sa méta-analyse, quelquesuns des travaux aboutissant aux plus grandes tailles d’effets. Sa position personnelle
suggère que si pour de nombreuses variables psychologiques la taille d’effet de la
différence de sexe est probablement modeste, il existe néanmoins des tâches dans
lesquelles ces disparités peuvent être importantes.
L’objectif de ce chapitre est de présenter les raisons pour lesquelles notre
choix s’est naturellement porté sur une tâche de rotation mentale. La tâche « idéale »
pour nous permettre d’étudier les effets d’une composante sociale dans la différence
liée au sexe, devait répondre à un cahier des charges précis. Nous exposerons ces
raisons tout au long de ce chapitre. Parmi les critères importants, il fallait que la
tâche proposée à nos participants soit dans la littérature parmi les plus robustes et
importantes (en termes de taille d’effet) à faire émerger une différence en faveur d’un
sexe. Si une composante sociale est capable d’expliquer, dans une tâche où la différence de sexe est habituellement grande, une part importante de la disparité de performance homme-femme, alors on peut imaginer que celle-ci revêt une importance
primordiale dans des tâches où les tailles d’effets sont moins classiquement en faveur d’un sexe. L’alternative du choix d’une tâche verbale ne s’est pas vraiment posée. En effet, bien qu’il existe en moyenne des meilleures performances des femmes
dans ce domaine, celles-ci sont trop peu discriminantes et inconstantes. Hyde & Linn
(1988), font une imposante méta-analyse de 165 études sur les aptitudes verbales.
Elles montrent que c’est surtout en production verbale (citer en un temps limité un
maximum de mots commençant par exemple par la lettre « p ») que les femmes ont
des performances significativement meilleures que les hommes (d = 0,33). Cette différence se réduit considérablement, jusqu’à ne plus apparaître significative, en ana-
p. 31
De la cognition visuo-spatiale au test de rotation mentale : les différences de sexe
grammes ou en compréhension verbale et peut même être faiblement favorable aux
hommes (d = 0,16) dans le domaine des similitudes (en quoi bleu et rouge se ressemblent-il ?). L’ensemble de la littérature fait ainsi clairement ressortir que les plus
constantes et les plus larges différences liées au sexe sont retrouvées dans le
champ de la cognition visuo-spatiale. Toutefois, même dans ce domaine, il existe de
fortes disparités selon les tâches. Le paragraphe suivant abordera la cognition visuospatiale. L’objectif étant de faire apparaitre plus clairement les raisons de notre choix
pour un test de rotation mentale.
La cognition visuo-spatiale est un vaste domaine dont les premiers travaux
peuvent être mis au crédit de Sir Francis Galton qui suggérait en 1883, qu’un visage
humain est perçu comme une entité globale, en un coup d’œil, plutôt que comme un
assemblage de traits indépendants. D’emblée nous pouvons constater lorsque l’on
évoque les différences liées au sexe à propos de compétences visuo-spatiales, la
grande diversité des aptitudes regroupées sous la même dénomination. Ces compétences nous permettent d’appréhender, de concevoir et d’interagir avec le monde qui
nous entoure. Elles font partie des processus mentaux parmi les plus basiques et
intégrés de la cognition humaine et mobilisent, pour certaines d’entres-elles,
d’importantes ressources cognitives. C’est particulièrement le cas du TRM et c’est
l’une des raisons de notre choix pour ce test. En 1985, Linn & Petersen réalisent une
analyse factorielle à partir des données recueillies dans de nombreuses tâches visuo-spatiales. Celle-ci leur permet de catégoriser 172 tailles d’effets en trois domaines distincts que nous décrirons plus loin : la visualisation spatiale, la perception
spatiale, et la rotation mentale. Plus récemment, deux autres types de tâches ont été
inclues dans la cognition visuo-spatiale. La première, l’habileté spatiale dynamique
(D’Oliveira, 2004 ; Law, Pellegrino & Hunt, 1993 ; Pellegrino & Hunt, 1991) fait référence à la capacité à traiter des éléments en mouvement et à prendre en compte les
mouvements relatifs des objets, autrement dit, à tenir compte d’un point de départ,
d’une trajectoire et d’un point d’arrivée d’un objet en mouvement dans l’espace. La
seconde, la génération et le maintien d’images visuelles (De Beni, Pazzaglia & Gardini, 2007 ; Halpern, 2011), nécessite de se créer une image mentale (à la fois en
mémoire à court et à long terme) pour répondre à une question, par exemple :
« Créer une image visuelle d’un éléphant. De quelle forme est sa queue ? ». Pour
Linn & Petersen (1985), la cognition spatiale se définit comme l’habileté nécessaire
p. 32
De la cognition visuo-spatiale au test de rotation mentale : les différences de sexe
pour raisonner spatialement et les compétences mises en œuvre pour se représenter, transformer, générer et rappeler des informations symboliques et non linguistiques. Avant d’aborder dans le chapitre suivant la tâche de rotation mentale, au
cœur de notre travail de recherche, nous décrirons brièvement ci-après, la visualisation spatiale et la perception spatiale. Nous citerons fréquemment deux métaanalyses régulièrement évoquées dans la littérature cognitive et spatiale, d’une part
celle de Linn & Petersen (1985) et d’autre part celle de Voyer, Voyer & Bryden
(1995). Nous le ferons car ces méta-analyses se recouvrent assez peu (32 études
sur 176 dans la méta-analyse de Voyer, Voyer et Bryden, 1995, soit 18 %, sont déjà
citées dans la méta-analyse de Linn & Petersen, 1985).
La visualisation spatiale :
Elle correspond à l’aptitude nécessaire à manipuler des informations spatiales
complexes, lorsque plusieurs étapes sont requises pour produire la réponse. Ces
tâches laissent entrevoir de multiples solutions stratégiques tout aussi efficaces.
Nous verrons plus loin, que s’il existe également différentes stratégies possibles de
résolution du TRM, toutes ne sont pas pareillement efficientes. Une tâche classique
de visualisation spatiale est le Test de pliage de papier (Paper and Folding Test).
Des figures à gauche représentent la séquence de pliage d’une feuille de papier carrée avant qu’on la poinçonne avec une pointe. La partie droite du test propose 5 représentations des localisations des perforations après dépliage de la feuille. Les participants ont un temps limité pour donner le maximum de réponses, le test comporte
généralement deux sous-parties séparées par une courte pause (voir fig. 1, cidessous).
Figure 1. Item du test de pliage de feuille dénommé : « Paper and Folding Test » (la bonne
réponse est ici D).
Voir pour une présentation brève de quelques tâches sélectionnées - cf. annexe, p. 227. Les tailles d’effets des différences liées au sexe sont très petites avec
ce type de tâches. Dans une méta-analyse comportant 81 études avec des partici-
p. 33
De la cognition visuo-spatiale au test de rotation mentale : les différences de sexe
pants de tout âge, Linn & Petersen (1985) obtiennent une taille d’effet moyenne de d
= 0,13 en faveur des hommes. Voyer, voyer & Bryden, (1995) reportent 116 études
avec des participants de tout âge et montrent une taille d’effet moyenne en faveur
des hommes de d = 0,19.
La perception spatiale :
Les tâches de perceptions spatiales évaluent la capacité à déterminer des relations spatiales malgré des informations distractives. Elles nécessitent d’intégrer des
caractéristiques structurelles d’objets visuels tels que leur poids, leur forme ou leur
volume. Elles impliquent de tenir compte d’un référentiel constitué par l’axe du corps
du participant et d’intégrer la présence d’éléments distracteurs. Pour ces tâches, il
s’agit plus pour le participant de résister à de fausses perceptions visuo-spatiales
distractives, que de mettre en place une véritable stratégie de résolution. Le sujet
doit prendre en compte des notions de réalisme en termes de propriétés physiques
des objets pour proposer la solution. La tâche classique est ici la tâche piagétienne
(1956), du niveau d’eau (Water Level Test), dans lequel le participant doit choisir la
bonne solution parmi des propositions irréalistes (voir fig.2, ci-dessous).
Figure 2. Test du niveau d’eau de Piaget (Water Level Test). Choisir parmi les quatre dessins de
récipients inclinés, celui qui représente correctement la surface du liquide. Ici, dessin n° 1.
(Dessin François Maltese)
Voir l’annexe, p. 227, pour une présentation de quelques tâches sélectionnées. Pour Linn & Petersen (1985) qui analysent 62 études avec des participants de
tout âge, et pour Voyer, Voyer & Bryden (1995) qui présentent 92 études comprenant
aussi des participants de tout âge, les tailles d’effet moyenne de la différence de
sexe en perception spatiale sont identiques et modérés (ds = 0,44). On peut noter
que dans cette dernière méta-analyse, il aurait fallu ajouter 16743 études non significatives au seuil de 5% pour que le résultat global devienne non significatif (FSN =
16743).
p. 34
De la cognition visuo-spatiale au test de rotation mentale : les différences de sexe
1.2. La tâche de rotation mentale
La rotation mentale (RM) peut être définie comme la capacité à imaginer la
forme qu’aura un objet, lorsqu’il aura subi une rotation d’importance variable, dans
l’espace bi- ou tridimensionnel (dans le plan ou en profondeur). Par exemple, à quoi
ressemble la lettre « p » si on lui fait subir une rotation de 180° dans le plan de la
page ? On parle de RM car lorsqu’on interroge les personnes sur la manière dont
elles ont résolu la tâche, celles-ci déclarent « faire tourner dans leurs têtes » une représentation de la figure. Une vérification empirique de cette manière de procéder est
également obtenue par l’analyse des temps mis pour répondre, qui augmentent linéairement avec l’importance de la rotation.
En 1968, Roger Shepard afin de confirmer la théorie d’une RM, imagine, à
partir de stimuli ne possédant à la base aucune orientation canonique, une structure
tridimensionnelle qui sera à l’origine de la première recherche systématique sur la
RM. Shepard & Metzler (1971) présentent à leurs participants, des dessins en perspective de formes réalisées à l'aide de cubes empilés (cf. fig. n°3, ci-dessous).
Figure 3: Exemple de formes tridimensionnelles inspirées par celles de Shepard et Metzler.
Les formes sont, soit identiques, soit des images en miroir l'une de l'autre, et
peuvent varier par des rotations, soit dans le plan, soit en profondeur. La tâche consiste pour le participant à décider, aussi rapidement que possible, si les formes sont
identiques, malgré des différences possibles d'orientation (i.e. si les objets peuvent
être tournés de manière à se superposer parfaitement). Les auteurs prédisent que
quand les formes différent en orientation, les sujets doivent imaginer pour pouvoir les
apparier, la rotation de l'une, pour la superposer sur l’autre. Dans ce cas, le temps de
réponse doit augmenter avec la distance angulaire entre les formes. Cette hypothèse
s’avère exacte : il existe une relation systématique entre l’angle de rotation et le
temps de réponse, et entre l’angle de rotation et le taux d’erreur (Cooper & Shepard,
p. 35
De la cognition visuo-spatiale au test de rotation mentale : les différences de sexe
1973 ; Jordan & Huntsmann, 1990 ; Just & Carpenter, 1985 ; Van Selst & Jolicoeur,
1994). La vitesse moyenne à laquelle les participants effectuent cette RM est estimée à environ une seconde pour 60° de rotation (17 millisecondes / degré d’angle).
1.2.1.
Les principales versions de la tâche
Un accroissement du temps de réponse en fonction de l’écart angulaire entre
les figures a été mis en évidence avec différentes versions du test de RM. La différence liée au sexe a été étudiée à partir de stimuli en deux ou trois dimensions (les
stimuli en deux dimensions, comme les lettres par exemple, ne peuvent bien entendu
subir de rotation que dans le plan, alors que les stimuli en trois dimensions peuvent
être tournés également en profondeur). Les tailles d’effets de la différence de sexe
avec les stimuli en 2D sont toutefois modestes (d = 0,26 pour Linn & Petersen,
1985). Parmi les tâches de RM en 2D on peut citer, le Flags and Cards tiré de
French, Ekstrom & Price (1963) ou la sous-partie spatiale du Primary Mental Ability
de Thurstone & Thurstone (1941). De nombreuses études portant sur la différence
de sexe ont utilisé des tâches en 2D, par exemple, Cooper & Shepard (1973), avec
la rotation de lettres ; Cooper (1975), avec des figures représentant des formes non
figuratives planes ; Lejeune & Decker (1994), avec un personnage tenant un objet
dans une main ; Lautrey & Chartier (1987), avec des rotations d’oursons, etc. Collins
& Kimura (1997) trouvent une taille d’effet supérieure à un écart type avec des présentations difficiles de stimuli en 2D. C’est aussi la difficulté à manipuler des stimuli
complexes qui crée la différence de sexe et non pas uniquement une présentation en
2D ou 3D.
Cependant les plus grandes tailles d’effets sont généralement obtenues à partir de présentations 3D des stimuli (Lizarraga & Ganuza, 2003, avec la rotation de
cubes ; Moore et Johnson, 2008, avec une version simplifiée et colorée de stimuli
issus de Shepard et Metzler.
En 1978, Vandenberg et Kuse (V.K.) élaborent un test version papier-crayon
de la tâche de Shepard et Metzler (1971) pour permettre des passations collectives.
Peters et al. en redessineront en 1995 une nouvelle transcription, car les copies initiales du test de V.K. (1978), étaient très altérées. Plus tard, sont apparues des versions informatisées du test, susceptibles d’être proposées par internet et des versions pour enfants.
p. 36
De la cognition visuo-spatiale au test de rotation mentale : les différences de sexe
Dans la version papier et crayon de Peters et al. (1995), les participants doivent comparer une figure cible présentée à gauche, à quatre figures stimuli à droite
(deux de ces figures sont des rotations de la figure cible et deux sont différentes, voir
fig. 4, ci-dessous). Il existe toujours deux bonnes réponses par item. Pour limiter la
part du hasard le participant doit cocher les deux figures qui ont tourné pour obtenir
un point. Le test se compose de deux subtests (de 12 items) à compléter en trois
minutes, séparés par une minute de pause. Cette version a beaucoup été utilisée en
particulier en France dans une étude avec des jumeaux MZ et DZ de même sexe –
Spitz et al., 1996. Dans la version initiale de V.K. (1978) le test comportait vingt items
dans une passation en deux parties, de trois ou cinq minutes chacune (selon la population évaluée) et séparées par une minute de pause. Une version courte et informatisée en 10 items a été élaborée par Moè & Pazzaglia (2006). Une autre, plus
courte (internet à 6 items) a été utilisée par Lippa, Collaer & Peters (2010).
Figure 4: Exemple d'item de la version papier et crayon du TRM. Les bonnes réponses sont
cochées. (Delpech, 2010)
Le TRM que nous proposerons à notre population de jumeaux sera une version informatisée élaborée en 2007, par Jean Delpech dans le cadre de sa thèse
(Delpech, 2010) et par David Gimmig (ingénieur en informatique et doctorant dans
l’équipe cognition et contexte social dirigée par Pascal Huguet) à partir des stimuli
imaginés par Shepard & Metzler (1971). Nous avons opté pour une présentation par
paire d’objets 3D vus sous des angles de rotations différents. Nous n’ignorons pas
que Collins & Kimura (1997) ; Neubauer, Bergner & Schatz (2010) montrent que le
type de version (2D vs 3D) affecte différemment les performances des hommes et
des femmes.
Pour l’anecdote, Shepard & Metzler (1971) ne testent pas les différences de
sexe dans leur expérience princeps. Notre version par paires, bien que différente de
la tâche de Vandenberg et Kuse, présentera l’énorme avantage de nous permettre
p. 37
De la cognition visuo-spatiale au test de rotation mentale : les différences de sexe
d’exploiter les temps de réponses des participants. Il s’agira donc d’une tâche de
choix de similitudes entre deux figures ayant subi une rotation dont nous recueillerons le temps de réponse. Nous décrirons en détail dans la partie expérimentale de
ce travail les caractéristiques de notre tâche (cf. annexe p. 258).
1.2.2.
Les différences de sexe au TRM
Le TRM est parmi les tâches d’évaluation cognitive celui qui, depuis plus de
quarante ans, est le plus robuste à faire apparaître des différences liées au sexe en
faveur des hommes. Dans la méta-analyse de Linn & Petersen (1985) la taille
moyenne d’effet (29 études), tous âges confondus, mesurée avec le V.K. (1978) et
Le Primary Mental Abilities de Thurstone (test en 2D), est de d = 0,73. Pour la seule
tâche de V.K. (1978) (voir plus haut, chap. 1.2.1, p. 36), elle est de d = 0,94 (métaanalyse de 18 tailles d’effets). Masters & Sanders (1993) montrent que dans 14
études sur 14 (publiées entre 1975 et 1992), les performances des hommes sont
supérieures à celles des femmes avec des tailles d’effets variant de d = 0,69 à d =
1,27. Plus récemment, Voyer, Voyer & Bryden (1995) reportent 286 études sur la
différence de sexe en habileté spatiale et retrouvent une taille d’effet moyenne liée
au sexe de d = 0,37 pour l’ensemble des tâches d’habiletés spatiales mesurées. La
taille de l’effet variant considérablement en fonction du type d’épreuve. Pour ce qui
concerne la rotation mentale, ces auteurs étudient les résultats de 50 recherches
conduites entre 1947 et 1992 avec quatre types de tests (le test de rotation de carte,
le generic mental rotation task, le mental rotation test (V.K., 1978) et le primary mental abilities spatial relation). Aucune étude ne révèle une supériorité des femmes, 34
montrent une supériorité des hommes et 16 pas de différence. La taille moyenne de
l’effet est de d = 0,56 tous âges confondus (FSN = 25304). Elle est de d = 0.33 chez
les enfants de moins de 13 ans, d = 0,45 chez les adolescents de 13 à 18 ans et d =
0.66 chez les jeunes adultes. Pour le test de TRM de V.K. (1978) la taille d’effet
moyenne était de d = 0,67 (elle grimpe à d = 0,94 pour la différence entre les plus
hauts scores).
Pour Collins & Kimura (1997) c’est plus la difficulté de la tâche que la version
3D qui est responsable de la large différence de sexe. Ils révèlent une taille d’effet
liée au sexe en faveur des hommes importante (d = 1,1) dans une tâche de RM en
deux dimensions. Il semblerait donc que ce soit plus la difficulté à faire tourner une
p. 38
De la cognition visuo-spatiale au test de rotation mentale : les différences de sexe
figure complexe que la nature tridimensionnelle de celle-ci qui soit à l’origine de la
différence de sexe. Encore plus récemment, Hyde (2005), dans une méta-analyse
portant sur 46 méta-analyses, montre que la différence de sexe variait considérablement en magnitude en fonction de l’âge des participants et du contexte (cf. p 31)
dans lequel les mesures étaient réalisées. Dans une revue récente de la littérature
Geiser, Lehmann & Eid (2008) montrent que les hommes ont des performances supérieures aux femmes dans la tâche de V.K. (1978), à tous les âges de la vie (avec
une légère progression avec l’âge), avec des tailles d’effets variant de d = 0,52 à d =
1.49. Enfin, Voyer (2011), effectue une méta-analyse pour étudier plus spécifiquement la part de la contrainte temporelle sur les performances d’hommes et de
femmes à partir de 36 échantillons inclus dans 26 études réalisées entre 1989 et
2010. La différence de performance moyenne en faveur des hommes est de d =
0,70, celle-ci variant en fonction du test utilisé et des conditions de temps disponible.
Les versions 2D et 3D affectent différemment la différence de sexe (Neubauer, Berger & Schatz, 2010 ; Peters & Battista, 2008). Pour compléter cette approche globale
et méta-analytique, il convient de préciser que la part de variance expliquée par la
seule variable « sexe » dans la différence de performance aux tests de rotation mentale est comprise en moyenne entre 5 à 8% de la variance totale suivant les études,
ce qui est loin d’être négligeable. Elle est de plus robuste à travers les cultures (voir
Peters, Lehmann, Takahira, Takeuchi & Jordan, 2006 ; Voir Lippa, Collaer & Peters,
2010 pour une étude comprenant 53 pays et 200.000 participants). Elle apparait,
mais bien évidement avec d’autres stimuli que ceux issus de Shepard & Metzler, dès
le plus jeune âge : 5 mois dans l’étude de Moore & Johnson (2008), voir aussi (Levine, Huttenlocher, Taylor & Langrock, 1999 ; Quinn & Liben, 2008).
p. 39
2. La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches théoriques
L’objectif de ce second chapitre est de présenter les deux approches théoriques que nous testerons dans notre travail de recherche. Le premier sous-chapitre
développera la théorie biologique de la différence de sexe au TRM. Le second souschapitre présentera une hypothèse alternative sociale liée à une situation de comparaison possible entre un homme et une femme.
2.1. L’hypothèse biologique de la différence de
sexe en rotation mentale
2.1.1.
Introduction
L’explication biologique de la différence de performance cognitive entre les
hommes et les femmes est fondée sur le postulat d’une masculinisation du cerveau
des hommes durant la vie fœtale, sous l’action des hormones androgènes en général et de la testostérone en particulier. Pour les tenants de cette théorie, des différences d’organisation cérébrale seraient à l’origine des meilleures performances d’un
sexe ou de l’autre, en fonction des structures impliquées dans la capacité cognitive
évaluée. Nous aborderons cette approche biologique selon deux points de
vue. Premièrement, à la faveur des arguments phylogénétiques dans lesquels
s’ancre cette piste biologique, et deuxièmement, au travers des études mettant en
évidence des différences somatiques entre les hommes et les femmes dans la réalisation de tâches spatiales. Parmi cette littérature impliquant une origine hormonale à
la différence de sexe, des travaux ont été conduits avec des populations « tout venant », d’autres avec des participants porteurs d’anomalies génétiques, et enfin, récemment, au moyen d’études gémellaires. Nous focaliserons notre attention tout particulièrement sur ces dernières. En effet notre recherche expérimentale explorera la
théorie du transfert d’hormones intra-utérin et sa possible implication dans la différence de sexe en TRM.
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
2.1.2. L’approche phylogénétique de la différence de sexe
La théorie évolutionniste de la différence de sexe (dite des chasseurscueilleurs), est en lien direct avec une conception phylogénétique d’une spécialisation sexuée du travail aux débuts de l’humanité. Notre thèse ne porte pas sur cette
question, néanmoins cette approche argumente la théorie biologique de la différence
de sexe et nous l’aborderons brièvement au travers de quelques travaux. Les différences de sexe seraient le fruit d’une évolution adaptative, biologique et cognitive,
des hommes et des femmes en rapport avec leurs attributions et fonctions dans la
société (Kimura, 1999 ; Silverman et al., 2000 ; Silverman, Choi & Peters, 2007).
Deux séries d’arguments accréditent cette thèse. Tout d’abord, certains auteurs infèrent la piste de l’évolution par défaut, du fait que ces différences ne peuvent être imputées à d’autres origines notamment sociales. En effet, celles-ci sont retrouvées
précocement chez l’enfant, dès quatre ou cinq mois (Levine, Huttenlocher, Taylor &
Langrock, 1999 ; Quinn & Liben, 2008 ; Moore & Johnson, 2008) et ne peuvent être
imputées, pour ces auteurs, aux effets de la socialisation liée au fait qu’un frère et
une sœur partagent un même environnement. De la même façon, on retrouve des
disparités de performance dans de très nombreuses cultures, ce qui renforce le caractère universel de celles-ci et leur origine « innée » (Geary & DeSoto, 2001 ; Lippa
et al., 2010).
Mais la théorie évolutionniste repose aussi sur l’idée que chaque sexe aurait
développé des aptitudes cognitives en rapport avec son rôle dans la société. Ainsi,
les meilleures performances des hommes dans les tâches d’habiletés spatiales trouveraient leur origine, dans leur adaptation à leur fonction de chasseurs. Les hommes
auraient développé au fil de l’évolution, de meilleures aptitudes dans la vision lointaine et stéréoscopique des proies et dans l’orientation sans repères adaptés à la
poursuite d’un gibier. Les femmes, devant être capables de bien gérer des lieux de
cueillette ou de localiser leur progéniture, auraient acquis une vision plus large et
verbale de leur environnement proximal (voir Kimura, 1999 ; Eagly & Wood, 1999 ;
Wood & Eagly, 2002). Cette théorie dite des chasseurs-cueilleurs est supportée par
les résultats de plusieurs études. Le lecteur pourra se référer par exemple aux travaux de Watson & Kimura (1991) ; Silverman et al. (2000) ; Silverman, Choi & Peters
p. 41
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
(2007) ; Cherney & Poss (2008). Notons que cette théorie évolutionniste est très controversée, notamment par les spécialistes de la préhistoire pour qui cette spécialisation des fonctions n’est pas réaliste et procéderait d’une vision romantique et occidentale des civilisations primitives.
2.1.3. Les différences liées aux effets des hormones
Les androgènes et plus particulièrement la testostérone participeraient à la différence de sexe en cognition spatiale. L’effet de ces hormones se manifesterait de
deux manières possibles. Premièrement, en masculinisant de façon permanente (ou
organisationnelle) le cerveau des garçons durant la vie fœtale et/ou, deuxièmement,
en fonction des variations physiologiques (ou situationnelles) des taux de certaines
hormones à différentes périodes de la vie (puberté, cycle menstruel, nycthémère,
vieillissement, etc.). Dans notre travail de recherche, nous n’étudierons pas l’impact
des niveaux d’hormones dans la différence de performance liée au sexe, les travaux
dans le domaine étant encore de nos jours controversés. Toutefois, très récemment
et en utilisant un paradigme avec jumeaux, Vuoksimaa, Kaprio, Eriksson & Rose
(2012) montrent un lien entre les taux salivaires de testostérone dosés à l’âge de 14
ans, et la performance au TRM en temps limité réalisée à l’âge adulte (21 à 23 ans).
2.1.3.1. Les études avec des populations « tout
venant »
Les cerveaux des garçons et des filles ne sont pas strictement identiques.
Quelques gènes contenus dans le chromosome Y (mais pas exclusivement, voir annexe p. 229, les principaux gènes impliqués), façonnent les structures et
l’organisation cérébrale, dès la vie intra-utérine, mais également après la naissance.
Nous savons que des récepteurs de ces hormones sont présents dans le cerveau
dès le plus jeune âge. Mais nous savons également, que notre cerveau est le produit
d’un substrat organique façonné par un environnement socioculturel capable de renforcer, modeler ou consolider nos connexions neuronales cérébrales. Tant et si bien,
que plus les enfants grandissent, et moins l’on est sûr de pouvoir attribuer aux gènes
et aux hormones ces différences de sexe. Par exemple, tout enfant venant au monde
p. 42
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
en bonne santé, possède des zones cérébrales lui donnant la capacité d’acquérir le
langage. Cependant, le formatage de ces circuits neuronaux, dépend de capacités
auditives et de la pratique du langage, et c’est pourquoi un bébé s’exprime comme
les membres de la communauté dans lequel il vit. Que faut-il pour faire un garçon ?
En fait, un tout petit bout de chromosome Y (situé sur le bras court) et une séquence
génique connue sous l’acronyme anglo-saxon de SRY 8 (sex-determining region of
Y). La fonction de ce gène a été mise en évidence à partir de deux populations extrêmement rares : celle de personnes au phénotype d’hommes, mais porteurs de deux X (et pas de Y) et ayant toutes les caractéristiques d’hommes parce
qu’un gène SRY s’était « greffé » (translocation) sur l’un des chromosomes X, et
celle de personnes XY au phénotype de femmes, dont le gène SRY avait disparu ou
muté. Environ cinq semaines après la conception, le gène SRY (qui code pour la protéine TDF : Testis Determining Factor) provoque l’évolution d’une gonade « unisexe », en testicule. Ceux-ci commencent à sécréter la testostérone dès la sixième
semaine. Chez le fœtus mâle, les testicules sécrètent de grandes quantités de testostérone (métabolisée en dihydrotestostérone (DHT) par le biais de l’enzyme réductase et en œstrogène par l’enzyme aromatase). En accédant au cerveau, la DHT
active les récepteurs d’androgènes présents dans plusieurs régions cérébrales qui
ont pour fonction de masculiniser le cerveau. De la même façon, l’œstrogène active
les récepteurs cérébraux d’œstrogène ce qui aura comme résultat la déféminisation
du cerveau. Ces mutuelles actions de masculinisation et de déféminisation mènent à
la création et à l’organisation du cerveau des garçons. Le cerveau des fœtus femelles résulte d’une impossibilité de masculinisation et de déféminisation due à
l’incapacité pour l’œstradiol de pénétrer dans le noyau et de modifier l’expression de
gènes, sous l’effet de L’α-fœtoprotéine (voir schéma, p. 61).
La période cruciale pour cette masculinisation du cerveau des fœtus garçons
se situe entre la 8ième et la 24ième semaine de grossesse, mais se prolonge au-delà
des premières semaines de vie (Hines, 2004). Les études portant sur cette masculinisation sont délicates à mener car les manipulations d’hormones sont éthiquement
inconcevables chez l’homme, et les dosages réalisés in-utero ne peuvent être proposés que lors d’une indication médicale d’amniocentèse. Pour une revue récente des
8
De nombreux autres gènes jouent un rôle important, on peut citer par exemple : LHX9, EMX2, MF33,
WT1, SF1, SOX9, Dax1, etc.
p. 43
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
conséquences d’une exposition durant la vie fœtale aux androgènes dans les différences de comportements ou d’aptitudes cognitives relatives au sexe, voir Manson,
(2008). Knickmeyer, Baron-Cohen, Raggatt & Taylor, (2005) mettent en évidence
une relation entre le taux de testostérone fœtale et la qualité des relations sociales
ultérieures chez les filles et les garçons. Auyeung, et al. (2009) montrent un lien significatif entre le taux de testostérone fœtale prélevé dans le liquide amniotique et
les scores à un questionnaire9 mesurant une activité typiquement masculine de jeu
chez 100 filles et 112 garçons de 9 ans. Grimshaw, Sitarenios & Finegan (1995)
montrent chez des fillettes de 7 ans, une corrélation négative significative (p = ,02 ; r
= - ,63) entre le taux de testostérone fœtale prélevé durant le second trimestre de
grossesse et les performances en vitesse de rotation dans une tâche de RM (rotation
d’image d’oursons). Parmi ces fillettes, celles qui ont les taux de testostérone fœtale
les plus élevés ont les vitesses de rotation les plus rapides. Chura, et al. 2010 mesurent le taux de testostérone fœtale par ponction de liquide amniotique entre la 13 ième
et la 20ième semaine de gestation chez 28 fœtus males. Puis ils réalisent une acquisition IRM de ces garçons à l’âge de dix ans. Leurs résultats révèlent une relation positive entre le taux de testostérone fœtal et la taille et l’asymétrie du corps calleux. Ces
auteurs suggèrent que l’effet organisationnel de la testostérone fœtale doit jouer un
rôle dans le dimorphisme sexuel structurel et fonctionnel du cerveau ainsi que dans
son développement cognitif et comportemental. L’effet masculinisant de la testostérone chez les garçons, peut aussi être appréhendé par son versant « déféminisant »
chez les filles. Récemment, Whitehouse, et al. (2010) avec un échantillon de 78
filles, montrent une corrélation négative entre le taux de testostérone fœtale prélevé
sur le cordon ombilical durant le second trimestre de grossesse et les performances
langagières de ces filles à 10 ans. Plus le taux de testostérone au second trimestre
de grossesse est élevé et plus ces fillettes à 10 ans auront des difficultés langagières.
9
Le Pre-School Activities Inventory (PSAI) de Golombok & Rust (1993) développé et validé pour
évaluer les comportements de jeu de garçons et de filles. Échelle en 24 items que les mères
complètent pour définir les activités et intérêts de leurs enfants. Les scores élevés reflètent des
comportements de jeu plus typiquement masculin.
p. 44
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
2.1.3.2. Les études avec des populations porteuses d’anomalies génétiques
Le CAH (Congenital Adrenal Hyperplasia), est une maladie génétique portée
par le chromosome 6. Elle se traduit par un déficit enzymatique 10, et une surproduction d’androgènes dès la 7ième semaine de vie. Des études montrent que les femmes
porteuses du CAH ont des performances spatiales « masculinisées » (Hampson,
Rover & Altmann, 1998 ; Hines et al., 2003 ; Mueller et al., 2008). Dans une métaanalyse récente portant sur les performances dans plusieurs tâches spatiales de participants porteurs de CAH (9 études de 1973 à 2006), Puts, McDaniel, Jordan &
Breedlove (2008) montrent que : (i) Les femmes avec CAH ont de meilleures performances que celles non porteuses de l’affection (taille moyenne de l’effet d = 0,47) ;
(ii) les hommes avec CAH ont de moins bonnes performances que ceux du groupe
contrôle (taille d’effet moyenne de d = 0,60). Cependant, cette méta-analyse ne distingue pas les tâches de RM 2D vs 3D (on sait qu’elles impactent différemment la
différence de sexe). De plus, les effectifs sont petits et ne permettent pas de conclure.
Hines et al. (2003) dans l’une des seules études utilisant le TRM, testent 40
femmes et 29 hommes avec CAH et 59 participants contrôles. Ces effectifs sont remarquables dans une étude comportant des porteurs d’une maladie génétique rare.
Les hommes du groupe contrôle ont des performances meilleures que les femmes
du groupe contrôle (d = 0,89), mais il n’y a pas de différence significative entre les
performances des femmes (CAH et contrôle). Ce sont paradoxalement les performances des hommes qui sont affectées par la maladie (d = 0,58).
Berenbaum, Korman Bryk & Beltz (2012), obtiennent des résultats particulièrement intéressants en comparant les données de participants porteurs de CAH avec
celles de leurs frères et sœurs non porteurs. Ce plan d’observation, par comparaison
aux germains, est adroit car il permet de contrôler de nombreuses variables environnementales. Ces auteurs montrent d’une part, que les femmes avec CAH ont des
performances meilleures au TRM que leur sœurs non porteuses et, d’autre part, que
les hommes avec CAH ont des performances inférieures à celles des hommes du
10
Dans la forme la plus fréquente de la maladie (95% des patients), il s’agit d’un déficit en 21hydroxylase. Ce déficit pouvant être, suivant les formes de la maladie, plus ou moins important.
p. 45
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
groupe contrôle. Une intéressante analyse de médiation conduite sur les scores des
femmes permet aux auteurs de proposer un schéma explicatif avec une cascade
d’événements allant de l’anomalie génétique vers les performances en aptitudes
spatiales via les androgènes et les activités typiquement masculines.
Les femmes porteuses du Syndrome de Turner, caractérisé par la perte de
tout ou partie d’un chromosome X, ne présentent pas en général de déficience intellectuelle mais sont souvent décrites comme ayant des difficultés en mathématique et
de moins bonnes performances dans les habiletés visuo-spatiales (Haberecht, Menon, Warsofsky, Neely & Reiss, 2001 ; Ross, Roeltgen & Zinn, 2006).
2.1.3.3. Les indices indirects d’une masculinisation cérébrale
Rapport 2D/4D : Le ratio de la longueur de l’index (2D) sur la longueur de l’annulaire
(4D) apparait dès la 14ième semaine de vie. Cependant cet indice est controversé
dans la littérature. Ainsi, Galis, Ten Broek, van Dongen & Wijnaendts (2009) trouvent
chez 327 fœtus humains, un rapport de doigts plus grand chez les filles que chez les
garçons. Deux méta-analyses récentes (Hönekopp, Bartholdt, Beier & Liebert, 2007 ;
Hönekopp & Watson, 2010), montrent que ce rapport de doigts est plus petit chez les
hommes que chez les femmes, en particulier avec la main droite.
Cependant des études montrent une relation entre cet indice et certaines variables cognitives et spatiales. Elles sont controversées. Des travaux affirment un lien
entre ce rapport et la performance au TRM. Ainsi pour Sanders, Bereczkei, Csatho &
Manning (2005) ce rapport est négativement corrélé avec le score au TRM chez les
hommes mais pas chez les femmes. Mais, Burton, Henninger & Hafetz (2005) trouvent le résultat inverse. Enfin, Coolican & Peters (2003) ne trouvent aucune corrélation significative entre le rapport de doigts (main droite ou gauche) et la performance
au TRM. Hönekopp et al. 2007 ; Muller et al. 2011, montrent qu’il n’est pas associé
aux taux de testostérone circulante. Cependant, cela ne signifie pas que ce rapport
ne puisse pas être le témoin indirect d’une masculinisation organisationnelle fœtale.
Dermatoglyphes (ou empreintes digitales) : Ils se forment durant la vie intra-utérine
majoritairement sous l’effet des gènes mais aussi des hormones. Des études montrent que les participants qui ont un pattern de dermatoglyphes plutôt masculin ont de
meilleures performances dans les tâches spatiales (Kimura & Carson, 1995 ; San-
p. 46
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
ders & Waters, 2001). Mais d’autres recherches ne retrouvent pas cet effet notamment avec le TRM (Kimura & Clarke, 2001). Enfin, Dressler & Voracek (2010) ne
trouvent aucun lien entre deux marqueurs supposés de l’imprégnation hormonale
fœtale (i.e. le rapport 2D/4D et les dermatoglyphes).
Enfin, pour mémoire, un troisième indice de l’imprégnation hormonale durant
la vie intra-utérine, les émissions otoacoustiques, a été proposé. Il demeure très controversé et il n’existe pas, à notre connaissance de travaux impliquant cet indice et la
cognition spatiale.
2.1.4. Les études gémellaires dans les différences de sexe en rotation mentale
Les études gémellaires peuvent concourir à la compréhension des différences
de sexe en TRM selon deux approches différentes. La première approche ambitionne d’estimer le poids des facteurs génétiques, en montrant qu’ils diffèrent chez
les hommes et les femmes. L’importance de ces facteurs étant inférée de méthodes
épidémiologiques au travers de calculs d’héritabilité (génétique quantitative), ou plus
récemment, des données de la génétique moléculaire, visant à identifier des gènes
candidats (dans leur mode d’expression, et/ou leurs interactions avec des facteurs
environnementaux) à l’aide de marqueurs génétiques. Cette première approche, bien
que passionnante, n’est pas l’objet de ce travail de recherche. Nous n’investiguerons
pas quantitativement ou qualitativement la part des gènes dans la différence de sexe
au TRM. Pour un complément d’information dans ce domaine, voir Boomsma, Busjahn & Peltonen, 2002 ; Carlier & Roubertoux, 2010 ; Maltese, 2013 en révision ;
Ramus, 2011.
Une deuxième approche, repose sur la théorie d’une masculinisation du cerveau des hommes en lien avec l’expression directe ou indirecte de gènes situés sur
le chromosome Y. Les attentes (sur la base du postulat d’un transfert d’hormones
possible entre les jumeaux), visent alors à comparer les performances de femmes
ayant un cojumeau à celles de femmes ayant une cojumelle. Notre travail de recherche trouve une partie de son originalité dans la réponse à cette question.
Nous présenterons, dans ce sous-chapitre, les caractéristiques de la situation
de gémellité chez les dizygotes, d’abord, d’un point de vue génétique, puis dans un
second temps, en abordant les spécificités psychologiques de cette situation gémel-
p. 47
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
laire. Nous présenterons, une fois ce préalable posé, les études étayant le transfert
d’hormones.
p. 48
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
2.1.4.1. Les jumeaux dizygotes
« Non, les jumeaux ne sont pas des
couples d’exception, mais des couples tout
simplement excessifs ; s’ils étaient des êtres
et des couples qui fassent exception à la
règle, s’ils constituaient un monde à part, ils
ne seraient qu’objets d’anecdote ».
R. Zazzo.
(Les jumeaux, le couple et
la personne. p. 7)
Ce travail de thèse étudiera, pour les raisons que nous détaillerons plus loin,
les performances cognitives d’une population de jumeaux dizygotes. Depuis la nuit
des temps, les jumeaux fascinent et interrogent notre imaginaire collectif. Ils sont,
dans de nombreuses cultures, à la base de mythes et croyances très forts. Nous
n’évoquerons pas dans ce travail cet aspect fort intéressant de nos croyances collectives, bien qu’elles influencent cependant l’environnement social dans lequel évoluent ces personnes (pour une revue voir, Danion-Grilliat & Malliard, 2006). L’objectif
de ce paragraphe est de présenter brièvement les spécificités et les intérêts de cette
population pour notre recherche.
D’abord, un constat : les naissances gémellaires ont presque doublé en
France ces quarante dernières années (cf. tableau 1. ci-après, p. 50). Pour des données démographiques récentes en France, voir le site internet de l’Institut National
des Études Démographiques : www.ined.fr ; Pison & Couvert, 2004). Cet état de fait,
ne rend pas pour autant ce type d’étude plus aisé à conduire (cf. Partie 2. Chap. 2.1,
p. 99). En 2012, en France, près d’une naissance sur 60 est gémellaire. La fréquence des naissances de jumeaux a fortement progressé depuis les années 1970,
sous l’influence principale de deux facteurs : les traitements contre la stérilité, et l’âge
de plus en plus tardif de conception chez les femmes, augmentant la probabilité de
grossesse multiple.
Il existe deux types de gémellité (voir fig. 5 et 6. ci-dessous, p. 51). D’une part,
les jumeaux monozygotes (MZ) issus de la division plus ou moins précoce, d’un
ovule (zygote) fécondé par un spermatozoïde. Ils partagent, sauf cas rarissimes dus
p. 49
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
à des mutations intervenant après la division du zygote, 100%11 de leur patrimoine
génétique, et sont toujours de même sexe (MS).
Accouchements gémellaires pour 1000 accouchements en France
18
16
14
12
10
8
1902
1906
1910
1914
1918
1922
1926
1930
1934
1938
1942
1946
1950
1954
1958
1962
1966
1970
1974
1978
1982
1986
1990
1994
1998
2002
2006
2010
6
Tableau 1. Proportion de naissances gémellaires en France pour 1000 accouchements de
1902 à 2011.
La proportion de MZ est relativement stable selon l’âge de la mère ou l’origine
géographique, elle est d’environ 4‰ naissances. D’autre part, les jumeaux dizygotes
(DZ) issus de deux ovules fécondés par deux spermatozoïdes. Ils partagent en probabilité 50% des formes alléliques qui différent entre les parents (comme les germains). Ils peuvent être de même sexe (MS) ou de sexe différent (SD), Fille (F) ou
garçon (G). Leur fréquence a augmenté ces dernières décennies. On compte environ
70% de DZ pour 30% de MZ, mais ce chiffre varie selon les études.
11
« Ce qui est sûr c’est qu’ils ont le même ADN », explique Jean-François Bach, membre de
l'Académie nationale de médecine et secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences. En revanche,
ils n’ont pas forcément les mêmes « marques épigénétiques », lesquelles sont « des modifications
biochimiques de la chromatine (qui enveloppe l’ADN), qui vont altérer l’expression des gènes ». « Ce
qui est intéressant, poursuit-il, c’est que ces marques épigénétiques semblent dépendre dans une
certaine mesure de l’environnement ». Par « environnement », on entend à la fois l’environnement
physique, chimique, mais aussi les expériences de vie, les comportements, etc. Discours solennel à
l’Académie des sciences, 17 juin 2008.
p. 50
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
Figure 5. Les différents types de grossesses gémellaires (dessin François Maltese).
MZ 30%
DZ sexe
différent
35%
DZ même
sexe 35%
Figure 6. Pourcentage des différents types de gémellité.
Au-delà de la proximité génétique qui caractérise la paire de jumeaux, c’est la
problématique de la relation particulière qui unit ces personnes que nous allons envisager dans ce paragraphe. Ce lien fascinant qui relie les jumeaux a d’abord été étudié chez les monozygotes. Zazzo, disciple de Wallon, introduit la notion de
« couple » et celle de « partenariat de vie » dès 1960 (il faudra atteindre vingt cinq
ans de plus pour que cette notion gagne le grand public au travers d’un autre best
seller : le paradoxe des jumeaux). Il observe que des monozygotes grandissant dans
un même milieu avaient tendance à développer des personnalités différentes, alors
que ceux qui étaient élevés séparément avaient des traits communs surprenants.
p. 51
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
Même lorsqu'ils sont génétiquement identiques, et bien qu'ils soient élevés de façon
semblable dans le même environnement, les jumeaux ne sont pas ressemblants.
Pour Zazzo (1960, 1984) la personnalité se façonne dans et par le couple gémellaire : « un couple, c'est-à-dire une distribution plus ou moins stable des tâches, des
activités quotidiennes .../... un couple dont chaque membre est absolument « un », et
où s’affirme pour chacun, par l’autre et par rapport à l’autre, sa personnalité ». Le
couple devient l’espace ou chacun des protagonistes crée ses rôles en fonction de
ceux de l’autre. Force est de constater que peu de travaux se sont exclusivement
focalisés sur les liens spécifiques ou les comportements des jumeaux de sexe différent. Plus nombreux, en revanche, sont ceux mettant en évidence, d’une part, une
ressemblance plus grande chez les MZ que chez les DZ, et d’autre part, une plus
grande ressemblance chez les jumeaux que chez les frères et sœurs non jumeaux.
Cette plus grande proximité se retrouve par exemple dans les domaines de la cognition (QI, fonctions exécutives et attention, Polderman et al., 2006), de la personnalité
(recherche de sensation, Koopmans, Boomsma, Heath & van Doornen, 1995) ou du
comportement social (coopération plus grande chez les MZ que chez les DZ, Segal
& Hershberger, 1999). Penninkilampi-Kerola, Moilanen & Kaprio (2005) montrent
avec un grand échantillon d’adolescents finlandais, que le lien unissant les jumeaux
variait en fonction du type de gémellité et du sexe. Des auteurs, d’inspiration psychanalytique, estiment que le lien gémellaire entre MZ affecte l’évolution de ces enfants en raison de la nature profonde de l’intimité qui les unit, de leur interdépendance mutuelle prolongée, ou de leur relation de rivalité réciproque (Adelman & Siemon, 1986 ; Davison, 1992). Les études empiriques dans le domaine n’étayent toutefois pas ces approches théoriques sur les difficultés des jumeaux à s’individualiser.
Hirt (1981) avec un échantillon de 40 MZ, 40 DZMS, 40 DZSD et un groupe témoin
de 40 non-jumeaux, ne retrouve aucune différence entre jumeaux sur le plan de la
séparation/individuation évalué avec une échelle comportant cinq thèmes dont
l’individuation passée, actuelle ou la rivalité familiale. Pearlman (1990) avec 30 MZ,
30 DZ et 30 non-jumeaux ne révèle aucune différence entre les trois groupes sur des
échelles d’estime de soi, de relation d’objet ou de séparation/individuation. Foy, Vernon & Jang (2001) examinent les liens d’intimité de MZ (128), de DZMS (62) et de
DZSD (24). Les participants âgés de 16 à 73 ans, complètent des questionnaires
d’intimité en référence à leur cojumeau mais également en référence à leur plus
p. 52
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
proche ami(e) de même sexe ou de sexe différent. Les auteurs montrent comme attendu, que le niveau d’intimité le plus fort est rapporté envers son cojumeau. Mais
contrairement à leurs attentes, les MZ ne reportent pas de niveau d’intimité plus élevé envers leur cojumeau ou leurs amis proches que les DZMS ou les DZSD. De façon également contre-intuitive, les jumeaux qui ont les niveaux d’intimité les plus
élevés à l’encontre de leur cojumeau n’ont pas significativement moins de liens
d’intimité avec leurs amis proches. Les MZ par rapport au DZ, ont tendance à partager plus longtemps la même chambre, à s’habiller de façon identique ou à partager
la même classe à l’école (Trias, Ebeling, Penninkilampi-Kerola & Moilanen, 2007).
Dans une thèse soutenue en 2006, Blakeley-Smith étudie la façon dont se comportent des adolescents jumeaux et non-jumeaux en situation de compétition et de
comparaison entre eux. Ceux dont les relations étaient les plus proches et les moins
conflictuelles, réagissaient de façons plus positives en situation de compétition et de
comparaison. Enfin, dans une étude récente, Fortuna, Goldner & Knafo (2011) étudient la proximité, les conflits, la dépendance et la rivalité, dans un grand échantillon
de 1281 de paires de jeunes enfants jumeaux. Leurs résultats montrent comme attendu, des MZ perçus comme plus proches et plus dépendants que les DZ. Cependant, Les DZMS montrent moins de dépendance et plus de conflits et rivalité que les
DZSD. Enfin par comparaison au groupe témoin des frères et sœurs non jumeaux,
les DZ sont significativement, plus proches et plus co-dépendants.
Tous les jumeaux, qu’ils soient de même sexe ou de sexe opposé, font l’objet,
d’abord de la part de leurs parents, puis très vite de l’ensemble des proches et éducateurs, d’un phénomène inévitable (presque irrépressible) de comparaison. Dès la
plus jeune enfance, la personnalité ou les compétences de l’un sont toujours appréciées par comparaison à l’autre. Ce phénomène s’expliquerait, en partie, par le besoin de différenciation que l’entourage social éprouve, du « malaise » qu’il ressent
face à la situation gémellaire. Les liens qui unissent les jumeaux sont extrêmement
complexes et puissants et peu d’études concernent exclusivement les DZSD. A
l’incroyable complicité des premières années, s’ajoute peu à peu, et de manière prégnante à la puberté, une rivalité nécessaire. Ils savent qu’ils peuvent compter sur
l’autre, qui devient généralement la figure majeure d’attachement, mais ont également « obligation » de se singulariser pour s’affranchir de cette relation pseudofusionnelle capable d’entraver leur émancipation. Cette rivalité s’exprime à
p. 53
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
l’adolescence, chez les jumeaux de sexe différent, au travers des stéréotypes de
sexe, dans la mesure où par définition ces derniers, leurs permettent d’exprimer leur
différence d’identité sexuelle. En d’autres termes, pour pouvoir s’affranchir du couple
gémellaire, le jumeau issu de DZSD, doit s’identifier au stéréotype de l’homme ou de
la femme, y compris dans ses performances. C’est ce qui pourrait rendre plus saillante encore, la menace du stéréotype chez les jumeaux de sexe différent. Avec
cette hypothèse, on peut s’attendre, dans une tâche fortement connotée comme
étant défavorable aux femmes (i.e. les performances spatiales), à ce que les performances de celles-ci, soient particulièrement affectées lorsque le stéréotype de sexe
est activé. C’est pour partie, ce que nos travaux tenteront de démontrer.
2.1.4.2. Les études gémellaires qui étayent la
théorie du transfert d’hormones
Peu d’études, et nous les présenterons dans ce sous-chapitre, ont exploré
spécifiquement la théorie du transfert d’hormones entre jumeaux avec une tâche de
rotation mentale. Toutefois, des travaux existent (pour une méta-analyse récente,
voir Tapp, Maybery & Whitehouse, 2011), qui ont étudié l’hypothèse du transfert
d’hormones entre jumeaux dans d’autres domaines que la cognition spatiale (langage, personnalité). Voir page suivante, un résumé des études parmi les plus significatives (cf. tableau n° 2, p. 55). Ces résultats sont pour certains controversés.
A notre connaissance et à ce jour, seules trois études ont exploré l’hypothèse
d’une origine en partie biologique à la différence de sexe au TRM. Nous ne présenterons que brièvement la première (Cole-Harding, Morstad & Wilson, 1988) car elle ne
fit malheureusement l’objet que d’un résumé dans la revue Behavior Genetics, et il
nous manque de nombreux éléments de compréhension. Dans cette étude, les auteurs reprennent des données d’une cohorte de jumeaux inclus dans le Colorado
Alcohol Research on Twins and Adoptees. Les participants (dont on ignore le
nombre), passent trois fois un TRM (avant que de l’alcool ne leur soit donné dans le
cadre d’une autre étude). Les résultats révèlent que les hommes ont des performances meilleures au TRM que celles des femmes, mais, surtout, que les femmes
qui ont un cojumeau ont des performances significativement meilleures que celles
qui ont une cojumelle, jusqu'à atteindre, lors de la troisième passation de la tâche,
des performances identiques à celles de leurs frères. Les auteurs concluent leur ré-
p. 54
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
sumé en suggérant que la possible exposition intra-utérine des filles aux hormones
de leur frère soit, au moins partiellement, responsable de leurs meilleures performances au TRM. Cependant pour ces mêmes auteurs, ces résultats peuvent également être compatibles avec une explication en relation avec des facteurs de socialisation comme le fait par exemple, pour les filles, de pouvoir disposer d’un environnement plus typiquement masculin et susceptible d’améliorer leur performances pour
les rapprocher de celles des garçons.
Tableau 2. Principales études étayant l'hypothèse du transfert d'hormones entre jumeaux.
(DZSDF= dizygote de sexe différent fille ; DZMSF=dizygote de même sexe fille ;
DZSDG=dizygote de sexe différent garçon ; DZMSG=dizygote de même sexe garçon)
Trait
Auteurs
Recherche de
sensation
Resnick et al.
(1993)
Agressivité
CohenBendahan et
al. (2005a)
Vocabulaire
Van Hulle et
al. (2004)
Rotation mentale
Résultats
Les DZSDF sont plus désinhibées et ont
des scores plus élevées en recherche de
sensations que les DZMSF.
Les DZSDF sont plus agressives que les
DZMSF (échelle de retrait et d’agression
verbale)
Les parents d’enfants de 20 à 38 mois
reportent des compétences en vocabulaire plus grandes chez les DZMSF que
chez les DZSDF. Chez les garçons,
DZSDG > DZMSG
Taille d’effet
(d de Cohen)
0,38 ; 0,33 ;
0,37 ; 0,20 et
0,18
0,34 et 0,49
0,34 et 0,22
Vuoksimaa et
al. (2010a)
Heil et al.
(2011)
DZSDF > DZMSF
0,30
DZSDF > DZMSF
0,38
Latéralisation
du langage
CohenBendahan et
al. (2004)
DZSDF ont des patterns plus masculins
(plus grand avantage pour l’oreille droite)
que les DZMSF
0,38
Rapport de
doigts 2D/4D
Voracek et
Dressler
(2007)
Rapport 2D/4D plus masculin chez les
DZSDF que chez les DZMSF
0,57
Volume cérébral
Peper et al.
(2009)
Volume cérébral et cérébelleux plus
grand chez les enfants.
DZMSG > DZMSF et DZSDF > DZMSF.
0,29 à 0,46
Les tailles d’effets des études présentées dans le tableau n°2 ci-dessus et qui
étayent la théorie du transfert d’hormone prénatal sont comprises entre 0,20 et 0,40
c'est-à-dire « moyennes » dans la terminologie de Cohen, sauf pour le rapport de
p. 55
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
doigts 2D/4D ou celle-ci est importante. Il sera intéressant de comparer ces tailles
d’effets à celles liées à l’interférence du stéréotype.
Nous allons présenter maintenant en détail, deux études récentes dans le
domaine alimentant la théorie biologique.
a) Vuoksimaa, et al. (2010):
Ces auteurs proposent un TRM papier et crayon à un échantillon de 804 jumeaux jeunes adultes d’environ 22 ans et recrutés à partir d’un registre finlandais de
jumeaux (FinnTwin12 study, Kaprio, Pulkkinen & Rose, 2002). L’effectif se compose
de 351 femmes et 223 hommes appartenant à des paires de jumeaux de même sexe
(MZ et DZ), et de 120 femmes et 110 hommes appartenant à des paires de DZSD.
Les participants passent le TRM de Vandenberg et Kuse dans la version réécrite en
1995 par Peters et al. (2 x 12 items, en temps limité de 3 minutes, séparé par une
minute de pause - cf. en annexe un exemple de la tâche, p. 230). Ils doivent, pour
obtenir un point, retrouver les deux figures parmi les quatre proposées qui sont identiques à la figure cible - cf. plus haut, p. 37. Les scores varient de 0 à 24 points (voir
ci-dessous, tableau n° 3, les moyennes des scores).
Tableau 3. Vuoksimaa et al., moyenne des scores auTRM (entre parenthèse intervalle de confiance à 95%) en fonction du type de gémellité
DZMS femmes
(n=351)
DZSD femmes
(n=120)
9,01 (8,5 ; 9,53)
10,26 (9,53 ; 10,99)
DZMS hommes
(n=223)
12,87 (12,17 ;
13,56)
DZSD hommes
(n=110)
13,74 (12,76 ;
14,71)
Parmi les participants, les auteurs ne trouvent pas de différence, ni chez les
femmes, ni chez les hommes, entre ceux provenant de paires de DZMS, et ceux appartenant à des paires de MZ. Comme classiquement observé, les hommes provenant de paires de MS ont des performances supérieures aux femmes appartenant à
des paires de MS (d = 0,87). Cependant, et c’est là le résultat le plus remarquable de
cette étude, parmi les femmes, celles appartenant à des paires de sexe différent, ont
des performances significativement meilleures que celles appartenant à des paires
de même sexe (d = 0,30). Cette différence demeure significative lorsque les auteurs
excluent les MZ du calcul (d = 0,30). Chez les hommes, cette différence n’est pas
p. 56
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
significative. Toutefois, parmi les paires de DZSD, les hommes ont des performances
meilleures que celles des femmes (d = 0,74). Pour conclure sur les résultats de cette
étude, les auteurs ont conduit des analyses en régression qui montrent que les
femmes DZSD ont des performances meilleures que les femmes DZMS, même lorsque les variables âge des jumeaux, poids à la naissance, durée de la grossesse, âge
de la mère à la naissance des jumeaux ou pratique des jeux vidéo sont contrôlées.
(Voir fig. 7, ci-après)
15
14
Score à la MRT
13
12
d = 0,30
11
10
9
8
7
6
DZMSF
DZSDF n=120
DZMSG
DZSDG n=110
Figure 7. D’après Vuoksimaa et al. (2010). Moyenne des scores au TRM par type de gémellité
(uniquement chez les DZ)
Pour la première fois cette étude finlandaise met en évidence une composante
biologique, en termes d’organisation cérébrale, dans la différence de performance
entre les hommes et les femmes au TRM. Si d’une part, on retient le postulat d’un
possible transfert d’hormones entre jumeaux durant la vie intra-utérine, et si, d’autre
part, la supériorité des garçons est en partie le fruit d’un fonctionnement cognitif et
cérébral différent, en lien avec la masculinisation hormonale de leur cerveau, alors
les auteurs imaginent que les cojumelles de ces garçons pourraient bénéficier, durant la vie intra-utérine, du passage des androgènes de leur frère et avoir par conséquent un fonctionnement « plus efficient » en rotation mentale. C’est ce dont attestent les résultats de leur étude. Il est toutefois important de noter dans cette recherche que, si les performances des DZSDF sont meilleures que celles des DZSSF,
p. 57
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
elles n’égalent pas celles des garçons, qu’ils soient de MS ou de SD (cf. fig.7, p. 57).
Il apparaîtrait donc que d’autres composantes, probablement sociales, puissent être
à l’œuvre dans la différence de sexe. La mise en évidence d’un facteur de régulation
sociale tel qu’une situation de comparaison entre jumeau de sexe différent est précisément l’un des objectifs de mon travail de thèse. La contribution d’une composante
biologique à la performance n’excluant pas, chez les auteurs finlandais de cet article,
la participation de facteurs environnementaux post-nataux (dont par ailleurs, ils ne
précisent pas la nature).
Il s’agit là d’une des principales limites de cette recherche, dont l’objectif initial
n’était toutefois pas d’explorer une composante sociale à la différence de sexe.
L’étude de Vuoksimaa et al (2010), n’a malheureusement fait l’objet que d’un court
article dans une excellente revue de psychologie et le format de celui-ci, n’a probablement pas permis aux auteurs de fournir l’ensemble des éléments du Contexte expérimental. Cependant, nous avons pu nous entretenir avec le premier auteur de
cette publication, et des limites, du point de vue de la psychologie sociale, nous sont
apparues dans ce travail par ailleurs remarquable. En voici, quelques-unes :

Dans l’étude de Vuoksimaa et al. (2010), les passations du TRM n’ont pas
toutes été standardisées, certains participants ont passé la tâche individuellement, et
d’autres collectivement par groupes de 2 à 9 personnes. On ne sait d’ailleurs pas si
ces passations collectives étaient mixtes ou pas. C’est là bien évidemment, d’un
point de vue de la psychologie sociale, un risque de biais important (voir par ex, Huguet & Régnier, 2007). En effet, si un nombre significatif de passations ont été réalisées en situation de mixité, elles pourraient avoir accentué la différence liée au sexe
en faveur des hommes.

Les auteurs remercient à l’issue de leur article, les divers expérimentateurs qui
ont participé aux passations. Or, on sait peu de choses de ceux-ci, ni leur nombre, ni
leur sexe, ni leur âge, ni leur présence ou pas durant les passations, etc. toutes
choses qui ont une importance cruciale dans le recueil des données. En effet, la littérature sur les effets de la présence d’un expérimentateur est vaste et maintenant
bien établie (pour un exemple, Conty, Gimmig, Belletier, George & Huguet 2010).

Les participants de cette étude font parti d’une cohorte issue de registre fin-
landais de jumeaux. On peut réfléchir aux motivations de ces jumeaux inclus dès leur
plus jeune âge dans des protocoles longitudinaux de recherche, sur leur connais-
p. 58
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
sance de la passation de tests et du contexte expérimental. Enfin, on peut
s’interroger sur la « naïveté » de leurs comportements et sur la représentativité de
leurs performances en tant que « professionnels » de l’expérimentation rompus à
l’évaluation.

Des éléments importants du Contexte de passation nous sont inconnus. Les
participants filles et garçons passent-ils ensemble la tâche ? Le TRM est-il complété
de
manière
isolée
ou
dans
la
cadre
d’une
passation
incluant
d’autres
tâches susceptibles d’activer par exemple, des stéréotypes de sexe en lien avec la
performance ? Quelle est la durée totale d’une passation ? Les participants sont-ils
indemnisés ou récompensés en nature ? Le TRM papier et crayon est sensible aux
conditions de passation. En effet, lorsque des différences significatives entre les
sexes portent sur une ou deux bonnes réponses en plus ou en moins (Performances
des DZMSF = 9/24 et performances des DZSDF = 10.26/24), et même avec un
grand effectif (DZSDF = 120), cela implique que les durées de passations du test
doivent être rigoureusement contrôlées (« tops » de départ et de fin de tâche), ce qui
est un peu plus difficile à réaliser lorsque plusieurs expérimentateurs proposent la
tâche et qu’elle est réalisée par plusieurs participants à la fois. Il faudrait toutefois
que l’erreur soit systématiquement de la même nature (i.e. temps rallongé lors des
passations collectives) pour que le résultat soit modifié, ce qui reste à démontrer.

La passation papier et crayon nous informe sur la justesse des réponses mais
ne nous fournit aucune information sur la manière dont les participants ont réalisé la
tâche. Existe-t-il par exemple une influence de la nature de l’item ? Sur le plan comportemental, comment se traduisent les meilleures performances des DZSDF ? Nous
aurons à cœur dans notre travail de recherche d’explorer les différences comportementalesliées au sexe au TRM, notamment au travers de l’étude des temps de réponses.

Enfin, cette approche expérimentale permet de suspecter un transfert
d’hormones entre jumeaux dizygotes. Mais si on sait que les DZ sont quasiment tous
dichorioniques/diamniotiques12, environ 30% des MZ le sont également (si la division
de l’œuf se produit précocement dans les quatre premiers jours - voir par exemple
12
"dichorionique diamniotique", c'est-à-dire que les jumeaux sont complètement séparés l'un de
l'autre, ayant chacun un placenta, un sac amniotique et l'enveloppe extérieure, appelé chorion.
p. 59
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
Derom, Derom & Vlietinck, 1995). Le transfert d’hormones, notamment pour des raisons éthiques n’a jamais été directement mis en évidence. Le passage intra-utérin
de la testostérone chez les filles issues de paire de dizygote de sexe opposé, pourrait se produire selon deux modalités différentes : soit directement par transfert fœtofœtal entre jumeaux dans l’utérus (dans ce cas la nature des annexes pourrait avoir
un rôle), soit au travers d’un passage via la circulation sanguine de la mère (fœtomaternel). Cohen-Bendahan, Van Goozen, Buitelaar & Cohen-Kettenis (2005), testent l’hypothèse d’un transfert hormonal via la mère. Ils ont étudié la relation entre les
taux sériques de testostérone chez la mère et le sexe du fœtus avec 17 DZF, 9 DZM
et 29 DZOS. Ces auteurs n’observent aucune différence entre les taux sanguins de
testostérone chez la mère attendant des jumeaux de même sexe ou de sexe opposés. Ils concluent que si un transfert d’hormones est possible, celui-ci ne passe pas
par la circulation sanguine maternelle mais doit être direct.

Pour Bakker (2006) chez les hommes, la testostérone sécrétée par les testi-
cules fœtaux et convertie en œstradiol (par une enzyme, l’aromatase), se fixe à des
récepteurs spécifiques des œstrogènes et pénètrent le noyau des cellules cérébrales
où elle activerait alors l’expression de certains gènes masculinisant et déféminisant
le cerveau. L’α-fœtoprotéine, durant la période embryonnaire, aurait pour mission de
protéger le cerveau féminin du processus de masculinisation cérébrale en se liant
aux œstrogènes (les ovaires ne secrètent pas d’œstradiol avant la puberté) et en
empêchant celle-ci de se fixer à son récepteur pour pénétrer le noyau de la cellule
(voir ci-dessous, fig. 8). On explique mal pourquoi, la testostérone provenant des testicules du frère et passant dans la circulation sanguine de la sœur, ne subirait pas le
même phénomène de capture par l’α-fœtoprotéine féminine ? N’ayant pas de compétence spécifique dans le domaine, je laisse cette question aux biologistes ou endocrinologues.
p. 60
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
Figure 8. Schéma de la différenciation sexuelle du cerveau des filles et des garçons par les hormones. Dessin de François Maltese d’après Bakker & Baum (2008).
p. 61
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
b) Heil, Kavsek, Rolke, Beste et Jansen (2011):
La seconde étude, Heil, Kavsek, Rolke, Beste & Jansen (2011), est publiée
par une équipe allemande dans Biological Psychology. Elle comporte deux expériences qui étayent et complètent les résultats de Vuoksimaa et al. (2010). Les auteurs incluent dans leur effectif de jumeaux, un groupe de comparaison composé de
femmes non jumelles ayant, soit un frère, soit une sœur, plus âgé mais proche en
âge. Dans l’étude 1, l’échantillon se compose de 400 femmes âgées de 19 à 39 ans.
Parmi celles-ci, 100 femmes proviennent de paires de DZSD et 100 femmes de
paires de DZMS. Le groupe de non jumeau est composé de 100 femmes ayant un
frère plus âgé d’environ 18 mois (cette différence d’âge peu importante permet de
limiter la survenue de changements important dans l’environnement familial), et de
100 femmes ayant une sœur plus âgée d’environ 18 mois. Les participants, jeunes
adultes d’environ 23 ans, passent un TRM sous forme d’un auto-questionnaire à
compléter par correspondance (les consignes sont fournies avec le test et les participants renvoient le test par le même canal). Le test est issu de la version papiercrayon de Peterset al. (1995) en temps limité (idem Vuoksimaa et al. (2010), mais
avec une pause de quatre minutes entre les deux subtests). Les résultats montrent
que les femmes qui ont un cojumeau ont des performances au TRM meilleures que
celles ayant une cojumelle (d = 0.38). De plus, les femmes ayant un cojumeau ont
des performances meilleures que celles ayant un frère plus âgé (d = 0,32) ce qui limite les interprétations sociales. Les auteurs accréditent ainsi la thèse du transfert
d’hormones prénatal.
Cependant, il pouvait leur être reproché un manque de fiabilité de ces données réalisées à distance, aussi ces mêmes auteurs ont conduit une seconde étude.
Dans celle-ci, deux groupes de femmes sont constitués, le premier groupe réalise le
test de la même manière que dans l’étude 1, c'est-à-dire à domicile et par correspondance et un second groupe passe le même test, individuellement au laboratoire
en présence d’un expérimentateur. Enfin, dans un second temps, le groupe « domicile » réalise deux semaines plus tard le même test au laboratoire. Heil, Kavsek,
Rolke, Beste & Jansen (2011) ne montrent pas de différence significative entre le
groupe laboratoire (n = 75) et le groupe domicile (n = 75), ni entre la première passation au domicile et la seconde réalisée au laboratoire, ni d’interaction entre ces conditions. Cette deuxième étude renforce donc leur hypothèse d’un transfert d’hormones
p. 62
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
prénatal en validant ce mode de passation du TRM par auto-questionnaire à domicile. L’intérêt d’une passation par correspondance, dans la mesure où elle ne modifie
pas les données, est pour ces chercheurs de rendre alors possible la passation de
grands échantillons de personnes qu’il est difficile de faire venir dans un laboratoire
en particulier pour des échantillons provenant de pays différents. Ces passations par
correspondance évitent de recourir à des collaborations internationales, parfois complexes à mettre en œuvre. Il est important de rappeler, que dans cette étude, comme
dans l’étude précédente de Vuoksimaaet al. (2010), il n’existe pas de conditions expérimentales qui auraient permis d’investiguer d’autres hypothèses alternatives à
celle du transfert d’hormones.
Les mêmes limites que celles formulées à Vuoksimaa et al. (2010) peuvent
être exprimées à l’encontre de l’étude de Heil, Kavsek, Rolke, Beste & Jansen (2011)
- cf. plus haut, p. 58 à 61. Mais d’autres observations peuvent aussi être relevées.
Par exemple, on ne peut pas vraiment parler d’études portant sur les différences de
sexe dans la mesure où seules des femmes sont évaluées. Nous aurions aimé avoir
également la performance des cojumeaux des femmes appartenant à ces paires de
DZSD. Les auteurs identifient les femmes DZ uniquement à partir de leurs croyances
rapportées du type de gémellité auxquelles elles appartiennent (les participants de
l’étude 1 ne rencontrent jamais les auteurs de cet article et les données démographiques sont recueillies grâce à un questionnaire (dont on ne connait pas les questions) qu’ils renvoient avec le TRM. Il existe dans la littérature de nombreux cas de
jumeau se présentant comme MZ et qui sont en réalité génétiquement des DZ, voir
par exemple, Carlier & Spitz (2004) ou Derom, Bryan, Derom, Keith & Vlietinck
(2001). Enfin, pour les passations à domicile, les participants sont informés au travers des consignes du test qu’ils reçoivent par courrier, qu’ils doivent avoir recours à
une tierce personne pour contrôler le temps mis pour réaliser chacun de deux subtests (3 minutes) et pour chronométrer le temps de pause (4 minutes). Encore une
fois, lorsque la différence de performance, même si elle est significative, varie de
10,12/24 pour les DZSD à 8,73/24 pour les DZMS, les conditions de chronométrage
doivent être rigoureusement contrôlées, ce qui est difficile à faire lorsque la passation
se déroule par correspondance, particulièrement, si on ne sait pas qui et comment
on mesure le temps. Cependant, rien n’indique que ces erreurs systématiques de
mesure permettent d’expliquer les différences entre les hommes et les femmes. On
p. 63
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
peut également noter, que les passations réalisées au laboratoire sont faite individuellement en présence d’un expérimentateur (ce qui constitue potentiellement un
risque de biais, voir plus haut). Enfin, s’il n’existe pas dans cette étude de différences
significatives entre un test auto-administré et un test réalisé au laboratoire, les auteurs ne se sont pas placés dans une situation expérimentale qui leur aurait permis
de tester des mécanismes de régulations sociales ou contextuels, qui influencent, on
le sait maintenant, les performances des personnes. Le contrôle de la situation contextuelle de passation du test de TRM semble même dans ce paradigme, plus délicat
à réaliser. Il devient en effet extrêmement difficile de s’assurer de la personne, du
moment, du temps de passation, ou des conditions dans lesquelles est complété le
test.
Ces deux études (Vuoksimaa et al., 2010 ; Heil, Kavsek, Rolke, Beste & Jansen 2011) accréditent l’hypothèse d’une supériorité des hommes au TRM due à la
masculinisation de leurs cerveaux sous l’action des androgènes durant la vie fœtale
(androgènes dont bénéficieraient les femmes issues de DZSD). Ces auteurs
n’excluent pas la participation de facteurs post-nataux sans les définir, ni les tester.
Nous tenterons dans notre travail de recherche de proposer une explication supplémentaire à cette différence de sexe au TRM. Nous démontrerons pour la première
fois dans une étude avec des jumeaux, et il s’agit là de l’hypothèse fondatrice de ce
travail, la contribution dans la différence de sexe au TRM de facteurs de régulation
sociale en lien avec une situation de comparaison. Ces facteurs sociaux, n’excluent
pas la participation de variables biologiques, mais ils pourraient être plus saillants et
puissants que ceux-ci en termes de tailles d’effets.
p. 64
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
2.2. Les facteurs de régulation sociale dans la différence de sexe en rotation mentale
L’évaluation d’une tâche impliquant des compétences, que celles-ci soit motrices ou a fortiori cognitives et complexes, consiste à donner du sens à une information individuelle en la replaçant dans un Contexte social (Festinger, 1954). En effet,
la performance n’est pas l’exact reflet de la compétence des personnes. Les tâches
d’aptitudes (dont fait partie leTRM) se caractérisent notamment, par le Contexte social de passation. Interpréter une performance dans une tâche d’aptitude revient à
prendre en compte le résultat de la tâche, mais également à tenir compte des inférences qui pourront être faites à partir de cette performance (par l’individu ou
l’entourage social) notamment lorsque la tâche est sexuellement connotée.
2.2.1.
L’interférence du stéréotype
Nous présenterons dans ce sous-chapitre les stéréotypes, et tout particulièrement ceux liés au sexe en rotation mentale. Nous évoquerons leur interférence
dans la performance. La thèse que nous défendrons dans ce travail est celle d’une
diminution des performances des femmes au TRM lorsque le Contexte expérimental
introduit une situation de comparaison possible avec un homme (en l’occurrence le
frère car nous expérimenterons avec des jumeaux).
Printice & Miller (2006) montrent que les personnes ont tendance à ancrer une
différence liée au sexe soit, à l’identité attribuée à l’individu (son sexe, sa race, son
statut, etc.), soit, à des différences d’origine biologique. Leyens, Yzerbyt & Schadron
(1999, p.12) définissent les stéréotypes comme : « des croyances partagées concernant les caractéristiques personnelles, généralement des traits de personnalité, mais
souvent aussi des comportements, d’un groupe de personnes ». Cela revient à considérer que tous les membres d’un groupe social ont en commun toutes les caractéristiques contenues dans le stéréotype. Le problème avec les stéréotypes n’est pas
tant de savoir s’ils sont exacts ou erronés, s’ils sont positifs ou négatifs, ni même de
savoir comment ils apparaissent et se propagent, le problème vient qu’ils généralisent à outrance l’ensemble des caractéristiques d’un groupe social, à l’ensemble des
membres dudit groupe social (e.g. les hommes/les femmes ; les Blancs/les Noirs ;
les jeunes/les âgés, les scientifiques/les littéraires, etc.). Or ces généralisation ex-
p. 65
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
cessives (à outrance) créent des discriminations, des stigmatisations, et plus important encore, sont parfaitement injustes parce qu’elles nient les différences interindividuelles qui font la richesse et la pluralité de l’humanité. Les stéréotypes contribuent à
surestimer les différences entre les groupes, et à sous-estimer les variations à
l’intérieur de chaque groupe. Ils doivent donc à ce titre être combattus. D’autant que
nous sommes tous susceptibles d’être affectés par un stéréotype, au moins en certaines circonstances.
On doit le concept de menace du stéréotype (« stereotype threat» ou ST) à
Steele & Aronson (1995, p. 797) « stereotype threat is being at risk of confirming, as
self-characteristic, a negative stereotype about one’s group »13. Dans leur expérience
princeps, ils testent le stéréotype américain selon lequel les Noirs sont moins intelligents que les Blancs. Ils proposent un test verbal standardisé à des étudiants Noirs
et Blancs. Dans une condition, la tâche est présentée comme évaluant l’intelligence
et dans l’autre condition comme une simple tâche de résolution de problème. Les
résultats montrent que les Noirs ont des performances inférieures aux Blancs dans la
condition d’activation du stéréotype, mais qu’ils obtiennent des performances identiques aux Blancs dans la condition ou le stéréotype n’est pas activé. Ce phénomène
du ST a été, depuis la fin du siècle dernier, expérimenté et reproduit dans de très
nombreuses situations. On peut citer ici, l’exemple des mathématiques, où un stéréotype existe au désavantage des femmes (Ambady, Shih, Kim & Pittinsky, 2001 ; Huguet & Régner, 2009 ; Inzlicht & Ben-Zeev, 2000 ; Spencer, Steele & Quinn, 1999).
Nous verrons plus loin, le ST dans le TRM. La place des stéréotypes, notamment
ceux en lien avec les aptitudes scolaires (mathématique ou lecture) évoluent avec le
temps et l’âge de la population cible du stéréotype (enfants ou adultes). Dans une
étude récente Martinot, Bagès & Désert (2012), montrent que la réputation des collègiennes françaises concernant leurs moins bonnes aptitudes en mathématique était
en amélioration, alors que celle des meilleures aptitudes des garçons dans le domaine était en diminution chez les collégiens. Cette étude montre la nécessité
d’actualiser régulièrement les connaissances que nous avons sur les stéréotypes de
sexe, notamment ceux en rapport avec des aptitudes scolaires.
13
« La menace du stéréotype, est le risque de venir confirmer, comme une caractéristique
personnelle, un stéréotype négatif concernant le groupe auquel on appartient ».
p. 66
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
L’activation d’un stéréotype négatif peut, paradoxalement, améliorer les performances des individus qui ne sont pas concernés par celui-ci. C’est l’effet
d’ascenseur du stéréotype (ou stereotype lift ou SL). Walton & Cohen (2003) font
une méta-analyse de 43 études. Ils montrent que les membres non concernés par un
stéréotype négatif ont de meilleures performances lorsqu’ils réalisent une tâche avec
des personnes affectées par ledit stéréotype (d = 0,24). L’activation d’un stéréotype
négatif peut ainsi entraîner une baisse des performances des membres du groupe
stéréotypé (i.e. les femmes en orientation spatiale), et/ou améliorer les performances
du groupe non concerné par ce stéréotype, voire bénéficiant d’un stéréotype positif
dans le domaine (i.e. les hommes dans les aptitudes spatiales).
L’induction du ST a été expérimentée de multiples manières dans de nombreux travaux mettant en évidence d’une part, l’importance du rôle joué par les consignes et, d’autre part, celui exercé par le contexte situationnel, rendant la comparaison au sexe opposé prégnante ou non. Dans notre travail de recherche la situation
de comparaison sera rendue plausible ou pas, au moyen des consignes apparaissant sur l’écran de l’ordinateur de passation et lues par l’expérimentateur.
2.2.1.1. La menace du stéréotype dans les études
sur la rotation mentale
Moè & Pazzaglia (2006), Wraga, Helt, Jacobs & Sullivan (2007) font
l’hypothèse que les moins bonnes performances des femmes au TRM sont en parties dues au fait qu’elles se considèrent comme moins performantes que les hommes
dans ce type de test. Moè & Pazzaglia (2006) manipulent expérimentalement les
croyances de 107 femmes et 90 hommes. En fonction des consignes, trois groupes
sont créés : « les hommes sont meilleurs que les femmes », « les femmes sont meilleures que les hommes » et un groupe de comparaison dans lequel les consignes ne
font pas de référence au sexe du participant. Elles retrouvent, chez les femmes qui
pensent être plus compétentes que les hommes, ou chez les hommes qui pensent
être plus compétents que les femmes, des performances supérieures en rotation
mentale à celles du groupe de comparaison. Heil, Jansen, Quaiser-Pohl & Neuburger (2012) répartissent aléatoirement des participants dans trois groupes selon les
consignes du TRM: « les femmes sont meilleures que les hommes » ; « les hommes
sont meilleurs que les femmes » et « neutre ». Les auteurs font une double cotation :
p. 67
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
« libérale » (Moè & Pazzaglia, 2006), c'est-à-dire qu’un point est accordé pour
chaque bonne réponse (score max = 48), ou « standard » (un point uniquement si les
deux bonnes réponses sont données (max = 24). La méthode de cotation permet
d’inférer un choix stratégique (i.e. la tendance à deviner serait plus représentative
des hommes). Les résultats montrent : i) dans le groupe « neutre » quel que soit le
mode de cotation les meilleures performances des hommes (libéral d = 0,98 et standard d = 0,86) ; ii) cet effet augmente dans le groupe « les hommes sont meilleurs » (libéral d = 1,78 et standard d = 1,17); et iii) la différence de sexe n’est plus
significative dans le groupe « les femmes sont meilleures ». Ces résultats répliquent
ceux de Moè & Pazzaglia (2006). Mais alors que les femmes ont des performances
vraiment différentes dans les deux directions, en fonction des croyances induites
(sans modification de la stratégie), les hommes modifient leur comportement stratégique à deviner, selon les croyances induites. Ce qui signifie que les croyances affectent différemment les hommes et les femmes.
Le sentiment d’appartenir à un groupe stigmatisé doit être réellement perçu
pour influencer la performance. Ainsi, Titze, Jansen & Heil (2010) ne répliquent pas
les résultats de Moè & Pazzaglia (2006) lorsqu’ils proposent à des enfants de dix ans
un TRM en passation collective dans lequel les croyances sont manipulées au
moyen des consignes (i.e. les garçons sont meilleurs, les filles sont meilleures ou
neutres). Les auteurs ne montrent pas (comme avec les adultes) une augmentation
ou une diminution des performances des enfants en fonction du sexe et des consignes (probablement car ils ne se sentent pas menacés par des stéréotypes concernant les hommes ou les femmes). Des études dans lesquelles le stéréotype négatif ne fonctionne pas ont été rapportées à propos des mathématiques. C’est le phénomène de la stratification du stéréotype auquel les filles sont plus volontiers associées (Steele, 2003). En 2009, Moè fait passer deux versions du TRM en temps limité, avant et après manipulation des consignes. Cette étude croise trois types
d’instructions (supériorité des hommes, des femmes ou neutre) avec deux consignes
sur la difficulté (facile versus très difficile). Les résultats montrent que la différence
liée au sexe entre avant et après la manipulation est significative : (i) chez les
hommes à qui l’on a dit que les hommes sont meilleurs et que la tâche était facile (d
= 0,61), (ii) chez les femmes à qui l’on a dit que les femmes sont meilleures et que la
p. 68
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
tâche était facile (d = 0,72) ou difficile (d = 1,09), (iii) chez les hommes du groupe
contrôle à qui l’on a dit que la tâche était difficile (d = 0,75).
On peut conclure des travaux qui précédent que l’interférence du stéréotype
dans la performance du participant nécessite, d’une part, que celui-ci se perçoive
réellement comme faisant parti d’un groupe ciblé par un stéréotype négatif, et,
d’autre part, qu’il attache de l’importance au domaine évalué.
Le phénomène de la menace du stéréotype peut aussi être étudié au travers
des conditions nécessaires à sa manifestation. McGlone & Aronson (2006) procèdent de manière originale. Ils manipulent le stéréotype avant un TRM, en rendant
saillant, au travers d’un questionnaire, l’expression de dimensions de l’identité sociale des participants (sexe, qualité d’étudiant dans une université privée ou résidence dans le nord des USA). Leurs résultats montrent que les femmes sont les
moins performantes dans la condition où le sexe est activé, et ont leurs meilleures
performances dans la condition où leur qualité d’étudiante est activée. Cependant les
performances des hommes demeurent toujours supérieures aux femmes et sont insensibles aux différentes activations identitaires. Wraga et al. (2007), observent les
modifications d’activités cérébrales (IRMf) consécutives à l’induction d’un stéréotype
positif ou négatif durant un TRM. L’activité cérébrale est plus importante dans les
aires relatives aux processus d’information émotionnelle, chez les femmes qui ont
reçue une information négative (renforçant le stéréotype habituel). A l’inverse les
meilleures performances des femmes (dans le groupe stéréotype positif) se traduisent par une augmentation de l’activité cérébrale des régions dévolues aux processus visuels et dans une moindre part dans celles en lien avec la mémoire de travail.
Malheureusement, cette étude n’évalue pas d’hommes ce qui aurait permis de comparer les modifications observées dans les deux sexes. Car, Moè & Pazzaglia (2006)
montrent que ce sont principalement les performances des hommes au TRM qui,
altérées par les consignes, font que la différence liée au sexe diminue.
Moè (2012) ne vérifie pas l’hypothèse de meilleures performances des
femmes à qui l’on dit que l’avantage des hommes en TRM est dû à un stéréotype
communément admis, mais faux, versus celles à qui l’on tient le discours d’une origine biologique ou génétique à cette différence. Elle active d’abord chez tous les participants le stéréotype d’une supériorité des hommes. Quatre groupes sont ensuite
crées : un groupe contrôle, un groupe « origine génétique ou biologique », un groupe
p. 69
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
« différences dues à des croyances communément admises, mais fausses », et un
groupe : « les femmes sont plus prudentes et prennent plus de temps à donner leurs
réponses lorsque le temps imparti pour la tâche est limité ». Elle montre d’une part,
des performances meilleures des hommes de celles des femmes dans tous les
groupes (l’activation d’un stéréotype semble plus puissante que l’internalisation des
raisons qui le soutiennent), et d’autre part, l’auteure ne retrouve pas de différence de
sexe en lien avec l’internalisation d’une cause. Pour les deux sexes les performances sont moins bonnes dans le groupe «génétique ou biologique », et sont meilleures dans les groupes « explications relatives au stéréotype » et « à la pression
temporelle ».
Cependant dans ce paradigme les passations sont collectives, bien que plusieurs recherches (Huguet & Régner, 2007 ; Inzlicht & Ben-Zeev, 2000) montrent la
plus grande sensibilité des femmes aux stéréotypes négatifs en présence d’hommes.
Il convient de garder à l’esprit que le mécanisme du ST est par essence situationnel.
On sait (Huguet & Régner, 2007 ; Monteil & Huguet, 2002) combien le Contexte de
présentation d’une tâche peut avantager un sexe ou l’autre (en la reliant à telle ou
telle compétence supposée), et combien le Contexte environnemental de l’évaluation
(classe mixte ou pas), peut être capable per se de modifications des performances
en direction d’un sexe ou de l’autre. On peut illustrer ceci par l’étude de Huguet &
Régner (2007, étude 1). Ils proposent à 40 adolescents d’environ douze ans de passer individuellement en classe, une tâche cognitive identique (i.e. la figure de Rey et
Osterrieth évaluant les capacités perceptives, l’attention, les capacités de rétention
mnésique). La tâche est présentée à la moitié des participants comme un test de
géométrie (donc de mathématique et donc stéréotypiquement défavorable aux filles),
et à l’autre moitié comme un jeu de mémoire. Les résultats montrent une interaction
significative (avec une grande taille d’effet) entre le sexe du participant et la manière
dont la tâche était dénommée (η² = ,20). Les garçons obtiennent des performances
supérieures aux filles dans la condition « géométrie » d’activation du stéréotype,
alors que les filles obtiennent des performances supérieures aux garçons dans la
condition « jeu de mémoire ». Ces mêmes auteurs reconduisent l’expérience (étude
2) mais, cette fois-ci, dans le contexte plus écologique d’une passation collective en
classe. L’interaction sexe*dénomination de la tâche est significative dans les classes
mixtes (η² = ,06), les garçons obtenant des performances supérieures aux filles dans
p. 70
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
la condition « géométrie » et l’inverse dans la condition « dessin ». L’interaction n’est
plus significative malgré une bonne puissance du test, dans la condition de classe de
même sexe. En conclusion de cette étude, les stéréotypes affectent les performances des élèves qui en sont la cible. Mais il est cependant possible d’en réduire
l’influence en les rendant non pertinents pour la tâche en question (grâce à une manipulation des consignes par exemple).
Toutefois l’effet du ST ne permet pas, à lui seul, d’éclairer l’ensemble du phénomène. Le ST peut expliquer les meilleures performances des hommes lorsque le
stéréotype leur est favorable, mais explique mal pourquoi les performances des
femmes n’égalent pas celles des hommes lorsque celui-ci est falsifié. D’autres facteurs de régulations sociales doivent probablement exister, et se combiner, pour
aboutir aux moins bonnes performances des femmes au TRM. Les femmes à la faveur des manipulations du Contexte, améliorent significativement leurs performances, mais celles-ci demeurent inférieures à celles des hommes (même si ces
différences deviennent parfois non significatives). Nous évoquerons dans le prochain
chapitre, une dimension individuelle de la personnalité des personnes susceptible
d’expliquer les moins bonnes performances des femmes. Dans notre recherche nous
activerons ou pas, au travers des consignes des tâches proposées, le stéréotype des
moins bonnes performances des femmes dans le domaine (en reliant ou pas la tâche
à des aptitudes en mathématique, en sciences ou à l’intelligence). De plus dans la
condition de comparaison possible, la tâche sera présentée comme un test alors que
dans la condition de non comparaison possible, elle sera proposée comme une activité (cf. les consignes des tâches présentées en annexe p. 250). Nous faisons
l’hypothèse que les performances des femmes qui ont un frère seront significativement moins bonnes lorsque le ST sera activé (i.e. lorsque le tâche sera reliée aux
compétences en mathématique, sciences ou intelligence). Nous nous attendons à
une amélioration significative de la performance de ces femmes lorsque la comparaison au frère ne sera pas rendue probable. Pour la première fois les conditions de
passation du TRM seront donc manipulées dans une étude avec jumeaux de SD.
p. 71
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
2.2.2.
L’orientation à la comparaison sociale
La principale motivation des personnes à s’engager dans la comparaison sociale est d’acquérir des informations sur elles-mêmes. Un consensus actuel, parmi
les spécialistes du domaine, identifie au moins trois raisons sous-jacentes à cette
comparaison : l’autoévaluation, l’amélioration de soi et la valorisation de soi. Pour
Gilbert, Price & Allan (1995) la nécessité de se comparer aux autres est une caractéristique du comportement humain probablement inscrite phylogénétiquement. Ce
besoin de se comparer à autrui, est éminemment différent de celui d’imiter autrui,
notamment, en raison de ses buts. Pour Gilbert, Giesler & Morris (1995) les processus de comparaison sociale sont spontanés, sans effort et non-intentionnels, de plus,
ils sont relativement automatiques. Il est curieux de constater le sort réservé à l’étude
de la comparaison sociale au cours du siècle passé. L’un des pionniers dans ce domaine, Léon Festinger, propose dès 1954 une théorie de la comparaison sociale,
mais il faut attendre la fin des années 1970 et les travaux de Suls & Miller (1977)
pour voir la psychologie sociale se réinvestir de cette thématique de recherche. La
comparaison à autrui oriente nos comportements, elle façonne nos opinions et
croyances,
elle
influence
nos
sentiments,
elle
détermine
notre
capacité
d’engagement, etc. Elle semble modifier également nos performances, ce qui nous
ramène plus directement à la problématique de cette thèse. L’objectif premier de la
comparaison sociale est d’acquérir de la connaissance sur soi-même. Cela revient
dans le domaine des compétences, à essayer de mettre en parallèle sa propre performance dans un domaine spécifique, avec celle d’autrui dans ce même domaine.
Autrui n’étant bien évidemment pas choisi au hasard (ni dans la population générale,
ni a fortiori dans le couple gémellaire). Le référent de comparaison n’est pas obligatoirement la même personne dans tous les domaines (Wood, 1989). Certaines situations en particulier de stress ou de nouveauté, peuvent temporairement accroitre le
besoin de comparaison (Molleman, Pruyn & Van Knippenberg, 1986). Ce désir
d’apprendre sur soi-même au travers des autres est universel même s’il n’est pas
toujours clairement avoué par les personnes. Ainsi, Wood, Taylor & Lichtman (1985)
montrent que des patients ont initialement nié s’être engagés dans une comparaison
sociale avec d’autres patients porteurs d’un cancer même si, plus tard dans
l’interrogatoire, ils en fournissaient des indices. La théorie de Festinger (1954), sug-
p. 72
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
gère que seules les personnes qui ont un certain niveau d’incertitude sur la pertinence de leur positions ou choix, notamment par défaut de preuves objectives,
s’engagent dans la comparaison sociale (voir aussi : Taylor, Buunk & Aspinwall
(1990). Buunk & Gibbons dans Suls & Wheeler (2000) définissent la comparaison
sociale comme la situation dans laquelle nous nous servons d’autrui pour obtenir des
informations sur le monde qui nous entoure et sur notre connaissance de nous
même.
Le propos de ce chapitre n’est pas de tenter d’embrasser l’ensemble de la littérature relative à la comparaison sociale car celle-ci, immense, dépasserait le cadre
de mon travail de recherche. Plus modestement, nous soutiendrons l’hypothèse selon laquelle le besoin de se comparer à son cojumeau dans la vie de tous les jours,
est une composante dimensionnelle de la personnalité individuelle de chacun des
jumeaux, et un reflet des liens qui caractérisent la paire. Nous regarderons si le besoin de se comparer à son cojumeau diffère du besoin de se comparer aux autres
(proches, amis, entourage). Nous examinerons, pour la première fois à notre connaissance avec une population de jumeaux, le besoin de comparaison en fonction du
type de gémellité (DZMS ou DZSD). Les variations d’intensité dans ce besoin de se
comparer, chez les DZSD, pourraient expliquer une partie de la différence de sexe
au TRM. Si cela est le cas, les performances au TRM des femmes qui ont un besoin
important de se comparer à leurs frères (FortSCO14), devraient être plus particulièrement affectées dans une tâche qui leur est stéréotypiquement défavorable, lorsque
la situation de comparaison est possible. Il sera extrêmement intéressant d’observer
la manière dont cette variable dimensionnelle influence les performances des
hommes, dans un contexte où cette fois-ci, le stéréotype leur est favorable. Cette
approche d’une différence cognitive de sexe en lien avec le SCO est novatrice avec
un échantillon de jumeaux.
Le phénomène de comparaison sociale a peu été étudié chez les jumeaux
bien que diverses pressions, venant des parents ou des proches, encouragent voire
même contraignent les jumeaux à se comparer dans de nombreux domaines aussi
bien physiques qu’au niveau de leurs aptitudes (Noller, Conway & Blakeley-Smith,
2008 ; Watzlavik, 2009). Ceci est particulièrement vrai pour les MZ (dont l’apparence
physique favorise ce processus de comparaison), mais doit être également vrai,
14
SCO = Social Comparison Orientation ou Orientation à la Comparaison sociale (voir Chap.2.2.2.1).
p. 73
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
dans une moindre mesure, pour les DZ, y compris de sexe différent. Watzlawik
(2009) a questionné 204 adolescents germains 15 (jumeaux ou non) pour connaitre
sur quels aspects ou traits les jumeaux et les germains perçoivent leurs ressemblances et leurs différences. Il montre que les MZ perçoivent moins de différences
avec leur cojumeau (mais pas plus de similarité) que les DZ ou les germains proches
en âges (moins de deux ans d’écart). Il peut cependant être reproché à ces études,
le caractère peu écologique de ces évaluations réalisées à partir de questionnaires
rétrospectifs d’une situation. En effet, l’engagement dans la comparaison sociale a
pu être relié dans divers travaux au Contexte situationnel de coaction, y compris
dans des tâches relevant de processus automatiques (Voir par exemple dans la
tâche de Stroop16, Dumas, Huguet, Monteil & Ayme, 2005 ou dans une tâche de détection de cible en lien avec des conjonctions illusoires 17, Muller & Butera, 2007).
Sanders, Baron & Moore (1978) montrent également que ces effets de coactions
peuvent être plus ou moins présents, en fonction du sentiment perçu par les deux
participants du caractère identique de la tâche qu’ils réalisent et donc de leur motivation (intérêt ou besoin) à vouloir se comparer. Nous manipulerons dans notre travail
de recherche le sentiment perçu par les participants du caractère identique de la
tâche qu’ils auront à réaliser. Toutefois on peut imaginer que la situation de comparaison s’applique par défaut chez des jumeaux habitués à se comparer dès leur plus
jeune âge, et convoqués au laboratoire pour une étude. Nombreux sont ceux qui ont
spontanément évoqué le fait qu’on allait les comparer.
2.2.2.1. L’échelle d’orientation à la comparaison
sociale
Bien que la tendance à s’engager dans la comparaison sociale semble être
une caractéristique humaine universelle (Gilbert, Giesler & Morris 1995) et peut être
irrépressible, des chercheurs ont montré que certaines personnes étaient réticentes
à admettre s’engager dans la comparaison avec autrui (Helgeson & Taylor, 1993 ;
15
Germain: qualifie deux frères ou sœurs descendant d’un même père et d’une même mère.
L’effet Stroop, mesure l’interférence produite par une information non pertinente (un nom de
couleur) lors de l’exécution d’une tâche où la consigne est de nommer le plus rapidement possible, la
couleur dans laquelle est écrit un mot. (Ex : VERT versus BLEU).
17
Les conjonctions illusoires consistent à penser qu’un objet cible est présent alors qu’en fait, seuls
ses éléments constitutifs sont présentés. Le symbole cible # aura tendance à être perçu parmi des
distracteurs, si les symboles = et //, sont présentés très rapidement. (Treisman et Paterson, 1984).
16
p. 74
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
Hemphill & Lehman, 1991 ; Schoeneman, 1981 ; Wood, Taylor & Lichtman, 1985). Il
apparaît également que l’ampleur et la fréquence avec laquelle une personne à recours à cette comparaison à l’autre, variaient selon les individus, et selon les circonstances (stress, anxiété, etc.). Certains s’engagent rarement dans la comparaison sociale et d’autres souvent (Brickman & Bulman, 1977 ; Hemphill & Lehman, 1991).
C’est ainsi que des chercheurs ont introduit dans les années 1990, la notion
d’Orientation à la Comparaison Sociale (Buunk & Mussweiler, 2001 ; Gibbons &
Buunk, 1999 ; Michinov & Michinov, 2001). Afin d’explorer cette dimension de la personnalité, Gibbons & Buunk, ont imaginé en 1999 une échelle, qu’ils nomment INCOM18 ou Social Comparison Orientation (ou SCO 19). Ces auteurs imaginent que le
niveau psychologique d’interdépendance des personnes est fonction de la motivation
des gens à s’engager dans la comparaison avec les autres. L’échelle évalue explicitement les différences individuelles dans la tendance à comparer ses réalisations, sa
situation et ses expériences avec celles des autres (Buunk & Gibbons, 2005). Cette
échelle Gibbons & Buunk (1999) répartit les personnes sur un continuum allant d’un
fort à un faible niveau d’orientation à la comparaison sociale. Elle se compose de
onze items (nous présenterons en détail dans la deuxième partie de ce travail,
l’échelle traduite en français, proposée à nos participants – cf. annexe, p. 254). Voici,
à titre d’exemples, deux items proposés : « J'aime bien toujours savoir ce que les
autres feraient dans une situation similaire » ou « Je ne suis pas le genre de personne qui se compare souvent aux autres » (item inversé). Les participants répondent sur une échelle en cinq points qui va de : « je suis fortement en désaccord» (=
1), à « je suis totalement d’accord » (= 5). Plus le score à l’INCOM est élevé et plus
le besoin de se comparer aux autres est important. Cet échelle a été étalonnée à
partir d’un effectif considérable de néerlandais (n = 599) et d’américains (n = 2460)
de tout âge, issus de 22 échantillons différents. La distribution de la courbe des
scores est normale (coefficient de dissymétrie= -,18). La moyenne des réponses est
identique à la médiane des réponses dans les deux pays (Moyenne = 32,7 et Médiane = 33), ce qui indique qu’il y a autant de personnes ayant un grand besoin de se
comparer que de personnes n’en ressentant que peu la nécessité. La cohérence in18
“Iowa-Netherlands “ Comparison Orientation Measure.
Orientation à la Comparaison Sociale ou OCS en français mais nous conserverons l’acronyme
anglais dans notre travail.
19
p. 75
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
terne évaluant la fidélité de l’échelle est excellente (alpha de Chronbach allant de ,78
à ,85 dans les 22 échantillons néerlandais et américains).
Enfin les corrélations test-retests sont élevées, elles varient de 0,71 (à 4 semaines) à 0,60 (à un an) aux E.U et en Espagne. Au Pays-Bas cette corrélation est
égale à 0,72 à sept mois et demi (Buunk, Zurriaga, Peiró, Nauta & Gosalvez, 2005 ;
Gibbons & Buunk, 1999). Une étude récente valide la SCO dans la population allemande (Schneider et Schupp, 2011). Les réponses au SCO n’ont montré pour Buunk
& Gibbons (2007) aucun lien avec le phénomène de désirabilité sociale, la corrélation par exemple, avec l’échelle de mensonge d’Eysenck (Eysenck et Eysenck,
1975) n’est pas significative (0,08). Par contre, la SCO a montré une association
forte avec le concept de lien interpersonnel. Une analyse de la structure factorielle de
la SCO conduite à partir des échantillons américains et néerlandais (analyse en
composante principale et rotations varimax) à permis d’extraire deux facteurs principaux. Un premier facteur (valeur propre = 4,17 expliquant 38% de la variance) et un
deuxième facteur (valeur propre = 1,08 expliquant 10% de la variance. Après rotation
varimax, le premier facteur, nommé « aptitude », comporte 6 items, et le second facteurappelé « opinions », comporte 5 items (cf. tableau n°4, page suivante 77).
p. 76
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
Tableau 4. Items et facteurs du SCO (traduction de l’équipe Cognition et Contexte Social).
Cependant, bien que la structure factorielle à deux facteurs s’ajuste mieux aux
données, la structure à un facteur unique demeure pertinente et fiable, car les deux
facteurs sont fortement liés (Gibbons & Buunk, 1999). La SCO a montré des corrélations, parfois importantes, avec plusieurs autres échelles de personnalité. Ainsi,
parmi les corrélations les plus importantes figure le lien avec la conscience de soi
(,38 à ,49 suivant les échantillons) révélant que les personnes ayant une SCO élevée, ont tendance à être particulièrement consciente d’elle-même en présence des
autres et engagent volontiers une réflexion sur leurs propres pensées et sentiments.
Toutefois, la SCO est différente de la compétition, l’objectif de la comparaison à
l’autre n’étant pas d’être meilleur que l’autre, mais d’avoir une référence à sa propre
p. 77
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
performance pour accroître sa propre connaissance de soi. La SCO fait plutôt référence à une orientation pro-sociale et interpersonnelle des personnes. Elle est fortement corrélée (0,45) avec l’échelle d’orientation interpersonnelle de Swap & Rubin
(1983), laquelle évalue l’attirance à l’égard d’autrui (voir, Reuchlin, 1984). La SCO
est négativement corrélée (-0,32) avec l’échelle d’estime de soi de Rosenberg (1979)
indiquant que plus le besoin de comparaison est fort et moins les personnes ont un
niveau d’estime d’eux important. Elle est également négativement corrélée (-0,28)
avec l’échelle révisée d’optimisme (Life Orientation Test - R, Scheier, Carver, &
Bridges, 1994). Dans l’inventaire de personnalité des Big Five (Costa, Jr. & McCrae,
1985), elle est positivement corrélée (0,34) au névrosisme (tendance à éprouver facilement des émotions désagréables comme la colère, l'inquiétude, la dépression ou
vulnérabilité), et négativement corrélée (-0,28) à l’ouverture (curiosité intellectuelle,
capacité à remettre en question ses valeurs). Elle est également corrélée avec
l’échelle de stress perçu (0,23).
De nombreux travaux ont utilisé la SCO. Ils révèlent par exemple, que les personnes qui ont un besoin important de se comparer aux autres (Fort-SCO), ont par
rapport aux personnes qui en ont moins besoin (Faible-SCO) :

des scores en névrosisme plus élevés (Buunk, Nauta & Molleman, 2005 ; Gibbons & Buunk, 1999) ;

sont plus attirées par les personnes aux comportements non similaires aux leurs
(Michinov & Michinov, 2001) ;

sont plus satisfaites de leurs relations lorsqu’elles s’engagent dans une comparaison descendante (Buunk, Oldersma & de Dreu, 2001) ;

sont plus jalouses en présence d’un rival possédant des attributs désirables (Dijkestra & Buunk, 2002).
Cependant, plusieurs résultats sont surprenants voire contradictoires. Ainsi
Dans un échantillon néerlandais, les personnes High SCO sont également moins
ouvertes aux expériences (Buunk, Nauta & Molleman, 2005 ; Gibbons & Buunk,
1999), alors que dans l’échantillon américain, cette relation n’est pas significative et
même plutôt de sens opposé (Buunk & Gibbons, 1999).
La SCO a été utilisée pour étudier l’épuisement professionnel de médecins
(Buunk, Ybema, Gibbons & Ipenburg, 2001), les conséquences émotionnelles
p. 78
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
d’infirmières néerlandaise au travail (Buunk, Van der Zee & Van Yperen, 2001), le
syndrome dépressif (Buunk & Brenninkmeijer, 2001), les patients porteurs ou ayant
été porteurs de cancers (Van der Zee, Oldersma, Buunk & Bos, 1998), les prises de
risque chez les adolescents (In, Buunk, & Gibbons, 2005). Mussweiler & Rüter
(2003) pensent même que cette comparaison sociale est inévitable et qu’elle constitue une norme routinière. Toutefois ces travaux expliquent encore mal la manière
dont l’orientation à la comparaison sociale influence les expériences émotionnelles.
Dans notre travail de recherche, et pour des raisons essentiellement d’effectif,
nous n’explorerons pas les deux facteurs du SCO décrit par Gibbons & Buunk
(1999). Nous prendrons le parti de distinguer parmi notre échantillon, les jumeaux
ayant un besoin important de se comparer (Fort-SCO), à ceux qui n’en expriment
que peu la nécessité (Faible-SCO). Nous examinerons la force de ce besoin de
comparaison au cojumeau, en fonction de l’importance du besoin de comparaison
aux autres (proches, amis et relations). Les jumeaux qui ont un besoin fort de comparaison au cojumeau ont-ils le même besoin de comparaison aux autres (entourage, ami(e)s, proches) ? En d’autres termes, le lien gémellaire oriente-t-il spécifiquement le besoin de comparaison en direction du cojumeau au détriment de la
comparaison aux autres ? Nous regarderons enfin la manière dont ce besoin dimensionnel de comparaison chez les jumeaux (relevant de la personnalité, de
l’environnement éducatif ou familial mais aussi de la trajectoire de vie des jumeaux)
se traduit comportementalement (en termes de vitesse de rotation au TRM par
exemple) dans la condition ou la situation de comparaison sociale est possible. La
force de cette orientation à la comparaison sociale pourrait varier en fonction du type
de gémellité (DZMS ou DZSD) ou suivant du sexe du participant.
À notre connaissance, l’orientation à la comparaison sociale n’a jamais été
étudiée, pour explorer la nature des liens relationnels gémellaires, avec une population de jumeaux dizygotes (même sexe ou sexe différent).
p. 79
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
2.2.3. Un corrélat physiologique de
l’interférence du stéréotype : la variabilité de la
fréquence cardiaque
Afin de mieux appréhender les mécanismes sous-jacents associés aux facteurs de régulations sociales impliqués dans une situation de comparaison sociale
chez les jumeaux, nous nous sommes intéressés à la variabilité de la fréquence cardiaque (VFC). L’une des originalités de ce travail de thèse tient dans l’enregistrement
en continu durant la passation de la tâche, d’un indicateur du stress émotionnel et de
la charge mentale des participants. Nous débuterons ce chapitre par quelques rappels anatomo-physiologiques du fonctionnement cardiaque. Nous poursuivrons par
une définition de la VFC et une description des principales façons de l’analyser.
Nous terminerons par l’intérêt, les limites et les attentes que nous fondons de cet
indicateur, pour expliquer les phénomènes comportementaux observés chez les jumeaux lors d’une situation de comparaison sociale.
2.2.3.1. Rappels anatomo-physiologiques de
l’activité cardiaque
Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité dans les
pays occidentaux. C’est l’une des raisons qui a motivé la recherche médicale dans
les années 1960, à tenter de découvrir des indices de l’activité cardiaque prédictifs
du risque de mortalité associés à certaines pathologies cardiovasculaires (infarctus,
troubles du rythme, etc.). La VFC est connue des physiologistes depuis fort longtemps (le XVIIIème siècle). Elle a dans la seconde moitié du siècle dernier retrouvé un
regain d’intérêt. Très vite, d’autres secteurs de la médecine (psychiatrie, anesthésie,
soins intensifs, médecine du sport, etc.), les neurosciences, mais aussi la psychologie, ont perçu l’intérêt de la VFC dans leurs domaines respectifs. Bien que mon travail de recherche n’entre pas dans les champs disciplinaires de la médecine ou de la
biologie, quelques rappels anatomo-physiologiques du fonctionnement cardiaque
sont nécessaires à la compréhension du discours qui va suivre. Ils permettront aux
lecteurs de concevoir l’utilisation que nous ferons de la VFC dans l’interprétation
comportementale d’une situation de comparaison chez des jumeaux. Pour des in-
p. 80
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
formations complémentaires sur l’anatomie et la physiologie cardiaque, voir, Waugh,
Grant, Chambers & Cosserate (2011).
Rappels anatomo-physiologiques
Le cœur est un muscle creux dont la fonction de double pompe (cœur droit et
cœur gauche) est d’assurer la circulation du sang. Il pourvoit ainsi à la satisfaction
des besoins énergétiques de l’organisme quelles que soient les conditions ou
l’activité de la personne (voir fig. 9, ci-dessous). Il est situé dans le médiastin antérieur (la partie médiane et antérieure du thorax).
Figure 9. Anatomie et innervation du cœur humain (d’après Castaigne, Godeau, Lejonc &
Schaeffer, (1989), p. 39).
Pour
l’homéostasie
assurer
20
les
besoins
énergétiques
des
cellules
(et
maintenir
du milieu intérieur), l’activité cardiaque et la pression sanguine doi-
vent être constamment régulées au travers de la fréquence et de la force de la contraction (débit et index cardiaque21). Bien que le cœur possède une capacité intrinsèque à assurer son propre rythme (environ 100 battements à la minute), la fré20
Homéostasie : Notion définie par Claude Bernard au début du 20 ième siècle, comme la capacité de
l'organisme de maintenir un état de stabilité relative des différentes composantes de son milieu interne
et ce, malgré les changements constants de l'environnement externe.
21
Le débit cardiaque est le volume de sang distribué par le cœur par unité de temps (environ 5 L/Min
chez l’homme au repos). L’index cardiaque est égal au débit cardiaque / m² de surface corporelle
(environ 3l/min/m², pour un homme de 70 kg et de surface corporelle = 1.70m²).
p. 81
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
quence cardiaque (FC) est sous le contrôle de deux systèmes principaux. Une régulation par le système nerveux autonome à court et moyen termes, et une régulation
hormonale à moyen termes (adrénaline, noradrénaline, hormones thyroïdiennes,
etc.), et long termes (système rénine-angiotensine). Nous n’entrerons pas dans ce
travail, dans les détails de cette régulation hormonale. Le contrôle de la fréquence
cardiaque par le système nerveux autonome, en fonction des besoins de l’organisme
et d’évènements extérieurs, est la résultante d’un équilibre permanent entre deux
tonus. Ces deux dispositifs sont, d’une part, un système cardio-accélérateur (système nerveux sympathique) et, d’autre part, un système cardio-modérateur (système
nerveux parasympathique). La balance entre ces deux tonus est fonction d’activités
réflexes et de récepteurs sensibles à : (i) la pression sanguine (barorécepteurs carotidiens), (ii) à des modifications chimiques du milieu intérieur (chémorécepteurs), ou
à (iii) d’autres reflexes (oculo-cardiaque, laryngé, etc.). Le système nerveux autonome (Benarroch, 1993) est lui-même sous la dépendance d’un circuit complexe du
système nerveux central appelé : le réseau autonome central. Il existe ainsi une régulation centrale, corticale préfrontale et limbique (émotions), modifiant la fréquence
cardiaque en situation d’anxiété, d’émotion, stress, ou en cas de stimuli physiques
(douleurs, chaud, froid, etc.).
Le rythme cardiaque et ses variations sont à la base du calcul de la VFC. Le
paragraphe qui suit présentera brièvement la contraction cardiaque dans sa composante électrique et électrocardiographique (ECG). Nous exploiterons dans la partie
expérimentale de ce travail de recherche un indice calculé à partir des intervalles RR de l’enregistrement ECG. Chaque battement du cœur se décompose en une succession d’évènements mécaniques et électriques. Comme pour tous les muscles, la
contraction du cœur, est la résultante de la propagation d’une impulsion électrique
(onde de dépolarisation). L’ECG est une représentation bidimensionnelle en fonction
du temps, des variations du potentiel électrique produites par le cœur en activité. Le
potentiel électrique généré par l’activité musculaire est connu depuis les travaux de
Matteucci en 1842. Toutefois, c’est à Augustus D. Waller, physiologiste anglais, que
l’on doit la première publication en 1887, d’un électrocardiogramme humain. L’ECG
est aujourd’hui une technique courante, peu coûteuse, indolore et sans danger. Nous
détaillerons dans la partie expérimentale (Partie 2, Chap.2.4, p.104), le dispositif que
nous avons utilisé dans notre travail de recherche. Celui-ci enregistrera en continu et
p. 82
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
de façon non invasive, au moyen d’électrodes collées à la surface du corps, les phénomènes électriques liés à la contraction du cœur. Voici brièvement décrit, les
étapes successives de dépolarisation / repolarisation au cours d’un battement cardiaque. Ces ondes sont conventionnellement appelées P, Q, R, S et T (voir fig.10, cidessous).
R
T
P
Q
0
S
200
Temps
400
(ms)
600
Figure 10. Représentation ECG d'un battement cardiaque. Dessin François Maltese.
L’onde P (de petite amplitude) correspond à la dépolarisation des oreillettes
(l’onde de repolarisation des oreillettes n’est pas visible sur l’ECG normal car elle est
masquée par la dépolarisation des ventricules). La contraction des ventricules est
représentée par le complexe QRS. L’onde T coïncide avec la repolarisation des ventricules.
2.2.3.2. La variabilité de la fréquence cardiaque
et sa mesure
La fréquence cardiaque est conventionnellement définie par le nombre de battements du cœur par minute. D’apparence stable, la durée d’une contraction varie
constamment à l’intérieur de cet intervalle de temps d’une minute. La FC varie également selon la respiration. Elle diminue à l’expiration et augmente à l’inspiration ou
durant l’activité physique ou le stress. Ces oscillations produites par la respiration
sont appelées : Arythmie Sinusale Respiratoire ou cohérence cardiaque (Bernardi,
Porta, Gabutti, Spicuzza & Sleight, 2001). Le terme de VFC est un terme très ancien,
bien que partiellement impropre (car ce n’est pas directement la fréquence cardiaque
qui est analysée mais la succession d’intervalles de temps séparant deux battements
cardiaques successifs durant une période donnée). Dès 1773, Hales décrit les intervalles de temps entre les battements du cœur comme une série de nombre dont la
p. 83
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
variabilité pourrait être analysée. Sur l’ECG, la VFC est obtenue en étudiant les intervalles de temps entre R-R adjacents durant une période de temps donnée (cf. fig.
n°11, ci-dessous).
R
T
P
Q S
R
Intervalle R - R
T
P
Q
S
Figure 11. Intervalle R - R entre deux battements cardiaques consécutifs (dessin François Maltese).
Sur la fig. 12, ci-dessous, est représentée une illustration des variations temporelles de durée des contractions cardiaques obtenues à partir d’un ECG.
A
B
Figure 12. Illustration (B) de la VFC (en sec) à partir d'un ECG de patient rendu anonyme
(A). (Dessin François Maltese).
p. 84
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
Les mesures de la VFC :
Diverses méthodes de calcul de la VFC sont utilisées suivant le type
d’information recherché. Elles peuvent être schématiquement regroupées en trois
catégories. Premièrement, les méthodes dites temporelles, ou l’on mesure les variations de la fréquence cardiaque dans le temps. Deuxièmement, les méthodes dites
fréquentielles, dans lesquelles on analyse la périodicité des variations de la FC. Et
enfin, les méthodes non linéaires se fondant sur le diagramme de Poincaré (voir paragraphe ci-après pour une description de ces différentes méthodes). Quelle que soit
la méthode utilisée, il est important de pouvoir disposer d’enregistrements suffisamment longs (variable selon le type de méthode), de bonnes qualités (sans trop
d’artéfacts) et dont les conditions de recueil auront été standardisées. Voir plus loin,
Partie 2, Chap. 2.4, p. 114, le détail des conditions d’enregistrement de nos participants.
1. Dans le domaine temporel, deux méthodologies existent (Task Force, 1996).
L’approche statistique, qui consiste à calculer des indices de dispersion des intervalles R-R sur la durée considérée, à partir de moyennes, écart-types ou pourcentages. On peut ainsi calculer : Le SDNN (en millisecondes) : c’est l’écart type de tous
les intervalles R-R sur la durée de l’enregistrement considéré. Le SDNN évalue la
variabilité globale de la fréquence cardiaque et est surtout utilisé comme un excellent
prédicteur du risque de mortalité associé à diverses pathologies. Il nécessite toutefois pour être exploitable, un enregistrement long (de plus de 24h) et de bonne qualité, car cet indice est très sensible aux artéfacts. Le RMSSD22 (en millisecondes) :
c’est la racine carré de la moyenne des différences au carré entre les intervalles R-R
successifs. Le pNN50 (exprimé en pourcentage) : c’est le pourcentage des intervalles R-R normaux différents de plus de 50 ms par rapport à l’intervalle R-R adjacent. RMSSD et pNN50, sont utilisés pour mesurer la variabilité battement par battement. Comme cette variabilité dépend principalement du système parasympathique, ils sont de bons indices du tonus vagal.
22
rMSSD: Root Mean Square of the Successive Différences (i.e. R-R intervalle)
p. 85
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
a)
L’approche Géométrique :
Elle est basée sur l’analyse d’histogrammes de distribution des intervalles R-R normaux. En abscisse figure la durée des intervalles R-R et en ordonnée le nombre
d’intervalles R-R pour chaque durée considérée. En fait, plus l’histogramme est étroit
et plus la variabilité des intervalles R-R est faible.
2. Dans le domaine fréquentiel :
Les mesures effectuées partent du principe que l’évolution de la FC peut être
assimilée à un signal périodique constitué de la superposition d’oscillations simples,
dont chacune est définie par son amplitude et sa fréquence. L’intérêt de la mesure
réside ici dans sa capacité à fournir une évaluation de la VFC pour des fréquences
données. Cette méthode ne se conçoit que pour des enregistrements relativement
courts (pas pour des durées de 24h) réalisés dans des conditions standardisés. Le
principe consiste à obtenir grâce à une transformée de Fourier un spectre des
basses et des hautes fréquences. Les spectres de basses fréquences correspondent
à l’activité du tonus sympathique. Les spectres de hautes fréquences correspondent
surtout à la modulation du tonus vagal principalement par la respiration.
3. Analyse non linéaire :
Ces techniques utilisent le diagramme de Poincaré généralement construit à
partir d’enregistrement long (24h), en faisant correspondre à chaque intervalle R-R
l’intervalle précédent. Il reflète le tonus vagal et prend plusieurs formes en fonction
des conditions du participant.
Dans notre travail de recherche nous utiliserons, comme classiquement dans
ce type d’étude comportementale et compte tenu des attentes que nous fondons du
dispositif utilisé et des conditions d’enregistrement, le rMSSD pour estimer la VFC
(Klaver, de Geus & de Vries, 1993).
p. 86
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
2.2.3.3. Intérêts et limites de la variabilité de la
fréquence cardiaque
Une grande variabilité de la fréquence cardiaque est un signe de bonne adaptabilité de l’organisme au Contexte situationnel. Elle reflète la mise en œuvre de mécanismes de contrôles et de régulations adaptés et efficaces. A l’inverse, une variabilité peu importante de la fréquence cardiaque est l’un des signes précurseurs de dépassement des mécanismes adaptatifs de l’organisme, et d’une insuffisance de contrôle du système nerveux autonome. La VFC a donné lieu à une littérature très
abondante. L’objectif de ce sous-chapitre n’est pas de faire une revue de cette littérature, mais de présenter quelques utilisations de cet indicateur dans divers domaines
de la médecine et particulièrement pour ce qui concerne notre propos, de la psychologie (pour une revue récente, Thayer & Lane, 2009).
D’une manière générale, d’importantes études épidémiologiques ont montré
qu’une réduction de la VFC était un facteur de risque dans toutes les causes de mortalité ou morbidité (Liao, Carnethon, Evans, Cascio & Heiss, 2002 ; Thayer & Lane,
2009). Dans le domaine médical, une diminution de la VFC a été associée à la souffrance fœtale in-utero (Lee & Hon, 1963), aux facteurs de risques ou d’aggravations
de pathologies cardiovasculaires (Carpeggiani et al., 2004 ; de Guevara et al., 2004 ;
Thayer & Lane, 2007), à la défaillance multi-organiques et à une mortalité accrue en
soins intensifs (Buchman, Stein & Goldstein, 2002), ou comme indice de la profondeur d’anesthésie en peropératoire (Deschamps & Denault, 2008). Dans le domaine
des troubles psychiatriques, une diminution de la VFC est retrouvée dans le syndrome dépressif majeur (Gehi, Mangano & Pipkin, 2005) avec une ré-augmentation
de celle-ci après traitement antidépresseur (Bär et al., 2004 ; Mc Farlane et al.,
2001) ; dans l’anxiété phobique et le trouble panique (Kawachi et al., 1995 ; Yeragani
et al., 1993) ; dans l’anxiété généralisée (Cohen & Benjamin, 2006 ; Thayer & Lane,
2000) ; dans le Syndrome de Stress Post Traumatique (Mellman, Knorr & Pigeon,
2004) ; ou la schizophrénie (Jae et al., 2009). La VFC a également été utilisée en
médecine du sport comme outil de suivi de l’entrainement des sportifs et la prévention du surentrainement (Gamelin, Berthoin & Bosquet, 2009 ; Hedelin, Wiklund,
Bjerle & Henrikson-Larsen, 2000).
p. 87
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
En psychologie, la VFC a également donné lieu à une littérature abondante.
Celle-ci se distribue en deux domaines : la régulation émotionnelle (pour une revue,
Appelhans & Luecken, 2006 ; Thayer & Brosschot, 2005) et les répercussions cognitives (pour une revue, Thayer & Johnsen, 2004).
Une réponse émotionnellement adéquate dans un Contexte situationnel donné consiste à sélectionner parmi un large répertoire de réponses comportementales
possibles, la meilleure réponse, en inhibant les moins adaptées. Des manipulations
expérimentales de l’anxiété, de l’inquiétude ou de la peur, produisent des diminutions
de la VFC (pour une revue récente voir, Kreibig, 2010). De nombreux travaux ont
montré un lien entre une diminution de la VFC et des émotions négatives (Appelhans
& Luecken, 2006 ; Kawachi et al., 1995). Récemment Dimitriev, Dimitriev, Saperova
& Karpenko (2008) montrent avec un échantillon de 219 étudiantes, une diminution
très significative de la VFC (rMSSD, SDNN, pNN50 : ps < 0,00001) entre des mesures réalisées en situation de stress (immédiatement avant un examen semestriel
universitaire) et hors situation évaluative. Des personnes récemment endeuillées
ayant une VFC élevée obtiennent de meilleurs scores dans l’utilisation de stratégies
de coping actives et d’acceptation, et des scores plus faibles dans les échelles de
stratégies de coping passives, que les personnes ayant une VFC réduite (O’Connor,
Allen & Kaszniak, 2002). Dans une revue de 2009, Servant et al. montrent que la
VFC est un bon indicateur de la capacité des personnes à réguler les émotions.
Dans le domaine cognitif, une diminution de la VFC est associée à de moins
bonnes capacités attentionnelles visuelles (Duschek, Muckenthaler, Werner & Reyes
del Paso, 2009), auditive, de mémoire de travail ou de vigilance (Tripathi, Mukundan
& Mathews, 2003). La simple présence d’un expérimentateur durant la réalisation
d’une tâche cognitive (détection de lettre) modifie significativement la réactivité cardiaque (Gendolla & Richter, 2006). Dans un contexte évaluatif stressant (tâche
d’arithmétique sous pression temporelle), les étudiants (n = 63) qui ont un niveau
d’anxiété trait élevé (n = 36), ont une diminution plus importante de la VFC durant la
tâche par rapport à la condition repos, que ceux (n = 27) qui ont un niveau d’anxiété
trait faible (Miu, Heilman & Miclea, 2009). Très récemment, des étudiants (n = 33)
passent successivement deux subtests d’une batterie cognitive évaluant la mémoire
de travail. Le second subtest est précédé d’une diapositive dans laquelle les mots
« test expérimental » sont écrits en noir sur fond rouge dans une condition et noir sur
p. 88
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
fond neutre dans une autre condition. Une mesure de la VFC est réalisée durant 3
minutes entre les deux subtests et à la fin de la passation. Les auteurs montrent que
les participants qui ont vu la couleur rouge, ont une diminution de la VFC entre les
deux passations et que cette baisse de la VFC est associée à de moins bonnes performances la seconde fois. Ainsi, la vue d’un subtil signal menaçant (la couleur
rouge) suffit à entrainer des modifications de la VFC (Elliot, Payen, Brisswalter, Cury
& Thayer, 2011). Une baisse de la VFC ne reflète pas seulement l’anxiété, elle rend
aussi compte d’une altération des fonctions exécutives (Suchy, 2009) telles que la
charge mentale (Jorna, 1992 ; Richter, Wagner, Heger & Weise, 1998). Ainsi lors de
la réalisation de tâches cognitives complexes, une diminution de la VFC est significative d’une dégradation du fonctionnement cognitif (Hansen, Johnsen & Thayer,
2003 ; Porges, 1992 ; Thayer & Lane, 2000). Enfin, à notre connaissance au moins
une étude (Croizet et al., 2004) s’est intéressée à la VFC en situation de menace du
stéréotype. Ces auteurs ont proposé une tâche adaptée des matrices de Raven à
des étudiants issus de différentes filières universitaires (psychologie versus
sciences), dans deux conditions expérimentales, l’une menaçante (i.e. la tâche est
une mesure de l’intelligence) versus non. Ils montrent que dans la condition menaçante le groupe affecté par le stéréotype de moins bonnes aptitudes intellectuelles
(i.e. psychologie), a des performances significativement moins bonnes que celles du
groupe non affecté par le stéréotype (i.e. sciences). Mais ils montrent surtout que
dans la condition non évaluative de l’intelligence, les performances des deux
groupes ne différent pas. Ils montrent en outre qu’une diminution de la VFC est associée aux moins bonnes performances des étudiants de psychologie dans la condition évaluative. Ainsi la VFC pourrait être un médiateur de la relation entre la performance des participants et la menace du stéréotype. Cette étude ne s’est toutefois
pas intéressée à la différence liée au sexe.
Des travaux ont également investigué l’origine génétique de la VFC (Snieder,
van Doornen, Boomsma & Thayer, 2007). Récemment Wang et al. (2009) testent
l’héritabilité de la VFC (via le rMSSD) en condition de stress par rapport à une situation de repos selon l’origine ethnique ou le sexe du participant. Ils ne montrent pas
de différence d’héritabilité de la VFC en situation de stress, liée au sexe ou à l’origine
ethnique, avec 427 Européens et 308 Afro-Américains. Des études montrent que les
femmes ont une VFC plus élevées que les hommes (Evans et al., 2001 ; Snieder,
p. 89
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
van Doornen, Boomsma & Thayer, 2007 ; Thayer et al., 2003), mais d’autres travaux
sont discordants sur cette question (Liao et al., 1995). Nous aurons l’occasion dans
ce travail de thèse d’examiner cette controverse et d’alimenter le débat à la lumière
de nos résultats.
Notre travail de recherche tentera de répondre à plusieurs questions. Une différence de sexe dans la VFC existe-t-elle durant la tâche en fonction de l’activation
ou pas d’une situation de comparaison sociale ? Existe-t-il une différence de VFC
selon le type de gémellité (jumeaux de même sexe, femmes ou hommes, et de sexe
différent), ou en d’autres termes, la VFC est-elle un argument permettant d’alimenter
ou d’infirmer la théorie du transfert d’hormone intra-utérin ? A notre connaissance la
VFC n’a jamais été étudiée dans la différence de sexe au TRM avec une population
de jumeaux a fortiori, lorsque le contexte social de passation du test est manipulé
(i.e. situation de comparaison sociale avec le cojumeau plausible ou pas).
Si la diminution de la VFC est un indice de la charge cognitive et en particulier
émotionnel des personnes, alors les femmes, dans la situation qui leur est stéréotypiquement défavorable (i.e. de comparaison à leur frère), pourraient modifier leur
VFC. La richesse de notre paradigme expérimental est d’offrir pour la première fois
l’opportunité d’activer ou pas cette situation de comparaison entre jumeaux pour en
observer les conséquences.
La VFC a enfin été proposée par Beh (1990) comme un témoin de
l’engagement, notamment motivationnel, des participants dans une tâche. L’auteure
a enregistré la VFC de 40 participants répartis dans deux groupes selon leurs motivations dans l’accomplissement d’une tâche cognitive. Elle montre que la VFC des
participants ayant un faible engagement dans la tâche ne différait pas en pré-test ou
durant la tâche, alors que celle des participants ayant un niveau élevé d’engagement
diminuait durant la réalisation de la tâche. Pour Beh, seuls les participants ayant un
engagement fort dans la tâche sont marqués par l’effort mental qu’ils investissent
dans celle-ci et voient leurs VFC diminuer. Les jumeaux sont depuis leur plus jeune
âge habitués à être comparés sur leurs performances. Le raisonnement des femmes,
dans la condition où la comparaison à leur frère est explicitement affirmée par les
consignes du test, pourrait être le suivant : « on m’évalue dans une tâche spatiale
dont on me dit qu’elle est, de plus, associée aux performances en mathématique, en
science et à l’intelligence (cf. Partie 2, p. 113, les consignes de la tâche), et on va me
p. 90
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
comparer à mon frère qui, comme tous les hommes, est meilleur que moi dans ce
type de tâche. Dès lors, quel intérêt ai-je à m’investir à fond dans une tâche puisque
de toute façon je ne serai pas meilleure que lui ? ». L’objet de comparaison est inaccessible et les femmes pourraient ne pas avoir toute la motivation nécessaire à
s’engager dans la tâche. D’autres travaux plus récents étayent cette hypothèse. Venables & Fairclough (2009) ont montré que l’engagement dans une tâche est corrélé
à une augmentation de la fréquence cardiaque. Wright (1996) montre que
l’engagement dans une tâche est associé à une augmentation de l’activité du système nerveux sympathique. Korobeynikov, Mazmanian, Korobeynikova & Jagiello
(2011) étudient la VFC en fonction de la motivation à réussir ou à éviter l’échec chez
des athlètes de haut niveau (judoka et lutteurs). Ils montrent que la combinaison
d’une forte motivation dans la réussite et d’une forte motivation à éviter l’échec entraine les plus grandes variations physiologiques. Voir aussi dans la même thématique, Capa, Audiffren & Ragot (2008a) qui présentent une étude où les participants
ayant une forte motivation d’accomplissement ont à la fois les meilleures performances et la plus grande diminution de la VFC par rapport aux participants ayant
une faible motivation d’accomplissement, et aussi, Capa, Audiffren & Ragot (2008b)
dans une autre tâche.
Limites de la VFC :
La VFC est toutefois un indicateur difficile à interpréter, particulièrement en
psychologie. Elle semble être un indice de l’état émotionnel, de la charge mentale,
de l’engagement dans une tâche, voire un reflet de l’envahissement de pensées intrusives. Elle varie selon l’âge, le sexe, la position, l’heure de la journée, l’activité
physique, l’anxiété trait, les traitements, la personnalité, les pathologies associées, le
cycle menstruel, etc. Notre étude avec jumeaux permet de contrôler plusieurs de ces
paramètres rendant notre approche particulièrement pertinente, mais pas tous (voir,
Partie 2, p. 103, les conditions d’enregistrement de la FC et de recueil d’informations
complémentaires sur les caractéristiques des participants). Le calcul du rMSSD nécessite pour être interprétable, un enregistrement suffisamment long et de bonne
qualité (sans trop d’artefacts). Enfin, le rMSSD, n’est le reflet que la variabilité à court
terme de la FC, centrée sur le rythme respiratoire et représentant majoritairement
l’activité cardio-modératrice parasympathique.
p. 91
La différence de sexe en rotation mentale ou la confrontation de deux approches
théoriques
2.3. Conclusion
Il apparaît clairement à l’exposé de ce cadre théorique que de nombreuses interrogations persistent sur l’origine de la différence liée au sexe en rotation mentale.
Très probablement de nombreuses variables, biologiques, contextuelles de la tâche,
situationnelles ou sociales participent de cette différence à des degrés divers. Dans
la partie expérimentale qui va suivre nous présenterons notre étude dans laquelle
seront confrontées plusieurs de ces pistes explicatives fréquemment mises en avant
par les spécialistes des différences liées au sexe. Parmi celles-ci, nous explorerons
la théorie biologique du transfert d’hormones (dans une tâche toutefois un peu différente de celle de Vuoksimaa et al, (2010) ou Heil, Kavsek, Rolke, Beste & Jansen
(2011). Mais surtout, nous aurons l’occasion pour la première fois d’expérimenter
une approche en termes de facteurs de régulations sociales dans un contexte gémellaire. Nous étudierons les effets d’une situation de comparaison sociale (et
d’interférence du stéréotype négatif, chez les femmes, de moins bonnes performances spatiales) dans la différence liée au sexe au TRM. Nous aurons l’occasion
d’observer l’expression comportementale de la différence de performance entre les
hommes et les femmes, au travers de l’analyse des temps de réponses en fonction
de : la nature des stimuli, du sexe du participant, de celui de son cojumeau, de la
plausibilité d’une situation de comparaison entre jumeaux ou de l’importance du besoin dimensionnel de comparaison entre les deux cojumeaux. Nous serons de surcroît en mesure d’exploiter un corrélat physiologique de l’altération psychologique lié
à une situation de comparaison sociale dans la différence de sexe.
p. 92
Deuxième partie.
Une approche expérimentale
de la différence de sexe en rotation mentale : une étude avec
des jumeaux dizygotes
Présentation de l’étude
1.Objectifs et hypothèses de l’étude
Le travail de recherche dont la présentation va suivre, est à plus d’un titre atypique des travaux de thèse habituellement soutenus.
Infirmier Diplômé d’État depuis près de trente ans (1984), je suis spécialisé en
réanimation adulte. J’ai exercé ces fonctions à temps plein, de jour ou de nuit durant
plus de 25 ans (1983 - 2009). J’ai parallèlement poursuivi ces dix dernières années
des études de psychologie à Aix-Marseille Université. Je suis psychologue en titre
depuis 2008, et j’exerce cette activité professionnelle depuis environ quatre ans toujours en réanimation, dans le service dirigé par le Pr. Papazian : Détresses Respiratoires et Infections Sévères à l’hôpital Nord de l’Assistance Publique Hôpitaux de
Marseille. Ce travail de thèse (ainsi que ma formation initiale de psychologue) ont été
réalisés de bout en bout, en parallèle d’une activité professionnelle hospitalière à
temps plein.
Ce travail de recherche se présente également sous la forme peu habituelle
d’une seule et même étude. La difficulté à recruter les paires de jumeaux font qu’un
projet de recherche en plusieurs étapes (étude 1, 2, 3...) était difficilement concevable dans le temps d’un travail de thèse. Les contraintes liées aux spécificités de la
population concernée font que d’une part, plusieurs années (avril 2008 à décembre
2011) ont été nécessaires pour constitué l’effectif de nos participants de DZSD, et
d’autre part, que les moyens mis en œuvre pour recruter ces participants, vont dépasser ceux habituellement employés pour recruter des étudiants sur un campus
universitaire.
Le présent travail de recherche a pour objectif principal d’étudier les effets
d’une situation de comparaison sociale et d’interférence du stéréotype dans les performances cognitives au TRM d’une population de jumeaux dizygotes de sexe différent (i.e. seul groupe dans lequel peut exister une interférence d’un stéréotype lié au
sexe). L’hypothèse générale que nous défendrons est celle de l’existence principalement de facteurs de régulations sociales à l’origine des moins bonnes performances des femmes au TRM. Voir pour les principales hypothèses et attentes, la fig.
13, p. 98.
Notre effectif de jumeaux jeunes adultes va nous permettre de confronter pour
la première fois, les deux principales théories proposées pour expliquer les moins
bonnes performances des femmes au TRM. D’une part, notre paradigme expérimen-
Présentation de l’étude
tal nous permettra de montrer les effets sur la performance d’une situation de comparaison sociale, tout en contrôlant de nombreuses variables qui biaisent généralement
les études avec des populations tout venant (âge, environnement socioéconomique,
pratique de certaines activités favorisant la compétence, etc.). D’autre part, nous répliquerons (avec une tâche certes un peu différente) les travaux récents de Vuoksimaa et al. (2010) et Heil, Kavsek, Rolke, Beste & Jansen (2011) qui étayent une origine biologique à la différence de sexe.
Nous nous attendons à ne pas trouver de différence de performance au TRM
chez les DZ de même sexe, suivant que la condition expérimentale rende plausible
ou pas la comparaison au cojumeau. Nous devrions répliquer les résultats classiques
de la littérature dans le domaine à savoir qu’en moyenne les hommes ont des performances significativement meilleures que les femmes au TRM.
Dans le groupe des DZ de sexe différent, nous faisons l’hypothèse que les
femmes qui ont la conviction d’être évaluées par comparaison à un homme
n’exprimeront pas, pour au moins deux raisons, leur véritable compétence dans le
domaine. Premièrement en raison de l’interférence d’un stéréotype négatif puissant
communément admis, selon lequel les hommes ont de meilleures aptitudes spatiales
que les femmes, les craintes de celles-ci sont alors de venir confirmer au travers de
leurs performances ce stéréotype négatif. Deuxièmement, parce que cet homme à
qui ont va les comparer est également leur frère, référent social de comparaison depuis leur plus jeune âge. La distance entre la performance réalisée et la compétence
réelle sera plus grande chez les femmes, dans la condition où elles infèrent qu’elles
seront comparées à un homme. Selon cette hypothèse, nous nous attendons dans la
situation où la comparaison à un homme ne sera pas rendu plausible (au travers des
consignes du test), à ce que les performances des femmes au TRM soient meilleures
jusqu’à ne plus être significativement différentes de celles des hommes. Nous mettrons ainsi en évidence le fait que c’est la situation de comparaison à un homme (et
l’interférence menaçante du stéréotype qui s’y rattache) qui est délétère des performances des femmes au TRM. Nous nous attendons également à ce que la situation
de comparaison possible améliore les performances des hommes par le phénomène
d’ascenseur du stéréotype. Nous traduirons comportementalement les effets d’une
situation de comparaison, en termes de temps de réponse et de vitesse de rotation
p. 95
Présentation de l’étude
par type de figure et degré d’angle de rotation, en fonction du sexe du participant et
du sexe de son cojumeau.
Nous faisons également l’hypothèse que, bien que très certainement des facteurs biologiques existent dans la différence liée au sexe au TRM, ceux-ci sont moins
prépondérants que les facteurs situationnels et sociaux. En d’autres termes nous
pensons que l’interférence sociale en lien avec une situation de comparaison est
plus puissante à affecter les performances des femmes au TRM, que l’avantage
hormonal qu’elles auraient à avoir « bénéficier » durant la vie intra-utérine de la présence de leur frère. Nous nous attendons, dans la situation ou la comparaison sociale n’est pas plausible, à ce qu’il n’y ait pas de différence significative entre les performances des femmes qui ont une cojumelle et celle qui ont un cojumeau.
Notre dispositif expérimental enregistrera la VFC des participants durant le
TRM que nous comparerons avec une ligne de base. La diminution de la VFC est le
reflet de difficultés adaptatives de l’organisme en situation de dépassement et de
surcharge mentale. Une diminution de la VFC a été associée à de nombreuses origines psychologiques (charge mentale ou cognitive, stress, émotion, motivation,
etc.). Nous pensons qu’une situation d’interférence d’un stéréotype négatif est en
mesure d’accroitre le stress émotionnel et la charge cognitive des personnes. Nous
formons l’hypothèse que les femmes en situation de comparaison sociale à leur frère
subiront cette surcharge cognitive et nous nous attendons à trouver une diminution
de la VFC lorsque la situation de comparaison sera possible. Il ne devrait pas y avoir
de modification de la VFC dans le contexte où la comparaison est improbable car
cette condition, non menaçante, n’est pas celle qui suscite a priori une surcharge
émotionnelle et cognitive susceptible de dépasser les capacités adaptatives de
l’organisme. Toutefois, on pourrait observer, dans la situation ou la comparaison sera
rendu plausible, une diminution de la VFC chez les hommes comme expression de
leur engagement maximal dans la tâche. A l’instar des femmes, on ne s’attend pas à
des modifications de la VFC chez les hommes lorsque la situation de comparaison
ne sera pas rendue plausible.
Nous étudierons également la manière dont l’importance dimensionnelle du
besoin de comparaison sociale des participants, influence la performance au TRM
chez des jumeaux dizygotes en fonction du type de gémellité (MS ou SD). Nous
pourrons pour la première fois décrire l’importance de ce phénomène. Nous nous
p. 96
Présentation de l’étude
attendons à ce que parmi les femmes DZSD, celles qui ont les besoins de comparaisons les plus importants (Fort-SCO) aient les performances au TRM les moins
bonnes lorsque la comparaison au frère est possible. En d’autres termes, les femmes
qui ont un besoin fort de se comparer à leur frère (Fort-SCO), devraient avoir de
moins bonnes performances que les femmes qui ont un besoin moins important de
comparaison (Faible-SCO), en particulier lorsque la tâche leur est stéréotypiquement
défavorable.
p. 97
Présentation de l’étude
Figure 13.Schèma des hypothèses et attentes principales de l’étude.
p. 98
Présentation de l’étude
2.Méthode
2.1. Les participants
Une partie des paires de jumeaux inclus dans notre travail de recherche, les
jumeaux dizygotes de MS et treize paires de DZSD ont été recrutée au Pays Bas.
Notre échantillon comprend 119 paires (soit 238) de jumeaux dizygotes (cf. tableau
n°5). L’effectif se compose de 23 paires (n = 46) DZMS-Hommes et 34 paires (n =
68) DZMS-Femmes. Ces DZ de même sexe ont tous été recrutés et évalués au Pays
Bas à partir du registre néerlandais de jumeaux NTR23 (Willemsen et al., 2013). Le
diagnostic du type de gémellité (MZ ou DZ) a été effectué par l’équipe de Boomsma
à Amsterdam sur la base du polymorphisme de l’ADN. Parmi les 62 paires de DZSD
(n = 124), 13 paires (n = 26) ont été recrutées au Pays Bas par la même équipe
néerlandaise et 49 paires (n = 98) ont été recrutées à Marseille.
Tableau 5. Effectif (N), âges (écart-type) [étendue], par sexe du participant (H=Homme et
F=Femme), type de gémellité (DZMS = Dizygotes de même sexe ; DZSD = Dizygotes de sexe
différent), par condition (CSP = Comparaison Sociale Possible ; CSI = Comparaison Sociale
Improbable).
Gémellité
DZMS-H
DZMS-F
DZSD
Total Général
Condition
CSP
CSI
Total
CSP
CSI
Total
CSP
CSI
Total
CSP
CSI
TOTAL
N
24
22
46
34
34
68
60
64
124
118
120
238
Moyenne d’âge
17.72 (0.81) [16.83-19.52]
18.16 (1.45) [16.12-20.67]
17.93 (1.17) [16.12-20.67]
18.22 (1.5) [16.59-21.55]
18.30 (1.61) [16.46-22.26]
18.26 (1.54) [16.46-22.26]
19.22 (2.45) [15.79-25.64]
18.5 (1.67) [16.46-24.16]
18.85 (2.1) [15.79-25.64]
18.62 (2.05) [15.79-25.64]
18.38 (1.61) [16.12-24.16]
18.5 (1.84) [15.79-25.64]
La recherche de participants, en particulier en ce qui concerne les DZSD en
France a mobilisé, en l’absence de registre de jumeaux disponible, une quantité considérable d’énergie et une multiplicité des moyens. M, Carlier et quatre étudiantes en
23
Ce registre comporte environ à ce jour 25 000 jumeaux et multiples de plus de 18 ans et environ
62 000 jumeaux et multiples âgés de 0 à 18 ans. Pour des informations sur le NTR, le lecteur paut se
reporter au site internet : www.tweelingenregister.org.
p. 99
Présentation de l’étude
master de psychologie m’ont assisté dans cette démarche prospective. La communication, le discours à tenir et la nature des informations à donner aux potentiels candidats qui nous contacteraient a été concertée et mise au point en réunion d’équipe
(cf. annexe, p. 242). Il a été décidé d’exclure de cette étude les paires dans lesquelles, un des jumeaux était étudiant en psychologie afin que les tests proposés
soient parfaitement inconnus des participants. La recherche des jumeaux s’est organisée autour de trois grands médias : (i) l’affichage et la diffusion papier, (ii) internet
et les réseaux sociaux, et (iii) la rencontre individuelle d’interlocuteurs importants.
Une affiche couleur au format A4 et A3 (cf. annexe, p. 236) a été réalisée. Elle
a été apposée le plus largement possible dans les lieux où la population recherchée
(jeunes adultes de 17 à 26 ans) pouvait être présente. Environ 300 affiches ont ainsi
été exposées dans divers endroits stratégiques des trois universités du département : Aix-Marseille 1, 2 et 324, ainsi que dans plusieurs grandes écoles du département (Écoles Préparatoires, Instituts de Formation en Soins Infirmiers, Écoles Hôtelières, Écoles d’Ingénieurs, etc.). De manière plus large, les responsables d’autres
lieux susceptibles d’accueillir une population de jeunes adultes ont été contactés afin
que des affiches y soient apposées (dancing et boîtes de nuit, clubs sportifs, associations culturelles, cabinets libéraux de médecins ou d’imagerie médicale, etc.).
Avec l’autorisation de la direction des Hôpitaux de l’Assistance Publique de Marseille
et l’aimable accord des chefs de service, des affiches ont également été apposées
dans diverses salles d’attentes de services hospitaliers et plus particulièrement dans
les services d’urgences brassant un flux très important de population. Des affichettes
(environ 1000, 1/6ième de page, format A4, cf. annexes p. 236) ont également été
distribuées dans les boites aux lettres, restaurants et bibliothèques universitaires ou
les parkings de plusieurs grandes surfaces de Marseille.
Une annonce sous la forme d’un encart en couleur au format ¼ de page, a été
publiée à plusieurs reprises dans un journal à large diffusion gratuite (Métro) dans
ses éditions de Marseille et Toulon (cf. annexe, p. 237).
Le second média massivement utilisé fut internet via les réseaux sociaux
(création d’un compte Facebook) et un mailing considérable (environ 700 courriels
émis). Les associations françaises de jumeaux ont été contactées, ainsi que les per-
24
Réunies sous l’intitulé: « Aix-Marseille Université » le 01 janvier 2012.
p. 100
Présentation de l’étude
sonnels de l’université de Provence et ceux de l’Assistance Publique – Hôpitaux de
Marseille.
Enfin, nous avons contactés par courriel, une quarantaine de proviseurs et
chefs d’établissement de Marseille et des environs disposant de classes de terminales, BTS ou préparatoires dans le but de solliciter un rendez-vous pour présenter
notre étude. Douze ont répondu favorablement et nous les avons rencontrés personnellement. Après l’exposé de notre projet et avec leurs accords, nous leurs avons
laissés pour diffusion auprès des classes concernés, des formulaires présentant
notre recherche et proposant aux étudiants de participer. Ceux-ci pouvaient directement nous contacter par téléphone, SMS ou courriels, le formulaire comportait pour
les personnes mineures, l’autorisation des parents ou de la personne investit de
l’autorité parentale.
Pour finir avec les conditions de recrutement, une incitation à participer à
l’étude sous la forme d’une indemnité d’un montant de 15 euros par participant (rapidement augmentée à 20, puis 30 euros) a été mise en place. Nous prenions de plus
en charge les frais de transport des participants pour venir au laboratoire.
La première paire néerlandaise de jumeaux a été évaluée en novembre 2007
et la dernière paire néerlandaise en juin 2010. En France la première passation à eu
lieu en avril 2008 et la dernière en novembre 2011. Quatre années pleines ont ainsi
été nécessaires à la constitution de notre effectif de participants.
2.2. La mise en place de l’étude
Deux réunions de travail au Pays Bas ont eu pour but de finaliser le protocole
de collaboration entre l’équipe néerlandaise dirigée par Dorret Boomsma, spécialiste
des études gémellaires, et l’équipe française du LPC représentée par M. Carlier & P.
Huguet.
Préalablement au démarrage de mon travail de recherche, une troisième réunion a été organisée au LPC à Marseille avec deux membres de l’équipe néerlandaise (Tinca Polderman et Aafke van Santen) qui devaient assurer le recueil des
données au Pays Bas. Cette rencontre a permis de s’assurer que les expérimentateurs au Pays Bas suivaient les mêmes consignes que moi-même à Marseille. Elle
m’a permis aussi de me familiariser avec le dispositif informatique de passation, de
m’entrainer à la mise en place des électrodes d’enregistrement cardiaque et au re-
p. 101
Présentation de l’étude
cueil des données, etc. Nous tenons à remercier les membres du Laboratoire de
Psychologie Cognitive de Marseille qui nous ont servis de « cobayes » ces deux
jours là.
Afin de ne pas courir le risque de devoir exclure une paire de jumeaux pour
des raisons méthodologiques, particulièrement avec une population aussi difficile à
recruter, nous avons procéder à des essais. Cinq passations d’entrainement dans les
conditions de celles de l’étude ont été réalisées avant le début de l’expérimentation.
Ces essais ont été conduits avec des participants non jumeaux faisant parti de mon
entourage. Les paires étaient toujours composées d’un homme et d’une femme volontaires, non familier de ce type d’expérimentation et de même catégorie d’âge que
nos futurs jumeaux. Ma première passation a été conduite sous le regard de l’équipe
entière dont les remarques m’ont permis de standardiser très précisément la procédure au niveau des consignes. Ces essais nous ont permis d’optimiser les derniers
détails pratiques liés aux conditions d’accueil des participants ou de passation.
Pour des raisons pratiques liées à la présence indispensable des deux cojumeaux simultanément au laboratoire, et en raison de mon activité professionnelle à
temps plein, la quasi-totalité des passations a eu lieu les samedis matin ou aprèsmidi. Il fallait que les cojumeaux puissent trouver un créneau de temps libre commun
pour venir à Marseille (certaine paires ne vivaient plus sous le même toit, ni dans la
même ville).
Enfin, le consentement éclairé des participants est obtenu quel que soit leur
âge (participants mineurs compris), au moyen d’un document présentant l’étude et
qu’ils signent dès leurs arrivée au laboratoire (voir annexe, p. 238). Pour les personnes mineures, le consentement des parents ou du représentant légal est obtenu.
Les participants et leurs parents sont avertis que les informations qui leur sont communiqués sont volontairement abrégées afin de ne pas influencer leur comportement. Ils savent que l’étude ne présente aucun risque pour eux et qu’à l’issue de la
passation des explications complètes leur seront communiqués s’ils le désirent. De
fait, nombreux sont les participants qui à l’issu de la passation, nous ont questionnés
sur les motifs de l’étude. Il leur est précisé qu’ils peuvent à tout moment refuser de
participer sans que cela ne leur soient préjudiciable. Ils sont informés du traitement
anonyme des données les concernant. Les participants qui le souhaitent pourront
être informés des résultats de l’étude après publication des données. Dans cette in-
p. 102
Présentation de l’étude
tention, plusieurs participants ont coché une case dans le cahier de passation et laissés leurs courriels. Ils recevront à l’issue de la soutenance de cette thèse, un résumé
des conclusions de ce travail.
2.3. La procédure expérimentale
L’ensemble des formulaires de contact, de consentement éclairé, ou de déroulement de la passation figurent dans l’annexe, p. 238 et suivantes.
Toutes les passations de DZSD réalisées à Marseille ont été conduite par le
même expérimentateur (toujours moi-même), en présence d’une assistante (Alizée
Vigier, toujours la même jeune femme, ancienne étudiante de Master de l’équipe)
destinée à m’accompagner lors de la pose des électrodes. En effet, je ne souhaitais
pas être seul pour des raisons éthique et morale lors de la pose des électrodes, particulièrement lorsqu’il s’agissait de femmes.
Le jour convenu pour la passation les jumeaux sont accueillis, dès leurs arrivés sur le campus Saint Charles de l’université de Marseille, par moi-même et mon
assistante. Nous portons les badges nous identifiant comme membre du Laboratoire
de Psychologie Cognitive. Nous nous rendons dans le box n°2 d’expérimentation où
une information écrite sur l’étude leur est présenté dans laquelle la pose des électrodes thoraciques est mentionnée (avec un dessin décrivant la localisation de
celles-ci – cf. annexe, p.249). Je montre aux participants ma carte professionnelle
d’infirmier afin d’évacuer les éventuelles inquiétudes relatives à la pose des électrodes. Ils signent alors le formulaire de consentement éclairé. Nous n’avons pas
rencontré au cours de l’étude de participants qui aient refusé la pose des électrodes
bien qu’il était précisé que leur refus ne les empêcheraient pas de participer au reste
de l’étude. Nous tirons au sort (avec une pièce de monnaie) le participant n°1 qui
débutera la passation. Toutes les consignes seront données par moi-même à tous
les participants. La pose des électrodes du jumeau n°1 s’effectue en présence de
son frère ou de sa sœur. Le jumeau n°1 est ensuite confortablement installé dans le
box n°1 voisin, avec des magazines (livre de photos sur Marseille). Le jumeau n°2
est alors à son tour équipé des électrodes thoraciques et installé confortablement
dans le box n°2 avec de la lecture. La passation débute par le jumeau n°1, ce qui
laisse le temps au jumeau n°2 de se détendre. Une bouteille d’eau est mise à disposition de chaque participant.
p. 103
Présentation de l’étude
Les deux box de passation sont identiques. Il s’agit de deux petites pièces
sans fenêtre, éclairées indirectement de la même manière par plusieurs spots lumineux. Ils comportent un bureau sur lequel est posé l’ordinateur de passation et deux
chaises. Ils sont climatisés. Les murs sont de couleur neutre et sans affiche. Ils sont
séparés par un petit hall dans lequel se trouve également un bureau et où je me
tiens (ainsi que mon assistante) une fois les consignes données aux participants. Les
jumeaux réalisent seuls les tâches dans les box aux portes fermées. Ils ont pour
consignes d’ouvrir la porte dès qu’ils ont terminé l’exercice. Les passations se déroulant le samedi, les locaux du laboratoire sont particulièrement calmes et silencieux
ces jours là. Toutes les tâches sont informatisées, les deux ordinateurs de passation
sont strictement identiques (PC portable Dell® avec un écran de 12 pouces sans
connexion internet – cf. photographie en annexe, p 249). Mon assistante demeure
toujours à l’extérieur des box de passation. Elle n’a pas d’interaction avec les cojumeaux mais elle s’assure que le participant attend calmement dans le box (après
avoir ouvert la porte pour indiquer qu’il avait fini une tâche) et que je revienne pour lui
présenter les consignes de la tâche suivante. Elle m’assiste dans la récupération des
données informatiques et AMS à l’issue de la passation ainsi que dans l’installation
et le rangement du matériel des box.
2.4. L’enregistrement de la fréquence cardiaque
Un enregistrement de la fréquence cardiaque est réalisé en continu durant la
passation au moyen d’un dispositif mis au point par le département de psychologie
biologique et le département technique de la Vrije Universiteit d’Amsterdam aux Pays
Bas sous la direction d’Eco de Geus. Pour une description technique du dispositif,
voir de Geus, Willemsen, Klaver & van Doomen (1995). L’enregistreur d’un poids de
260 grammes environ fonctionne grâce à deux piles AA et une carte mémoire. Il est
connecté par des câbles électriques à des électrodes placées sur le thorax et le dos
du participant (cf. fig. 14, gauche, et annexe p. 249). Il est, durant la passation, placé
dans une petite sacoche que le participant porte à la ceinture lui offrant ainsi toute
liberté de mouvement. Silencieux, il dispose d’une diode verte sur sa face supérieure
qui clignote à différentes fréquences pour indiquer le bon déroulement de
l’enregistrement ou une éventuelle anomalie. Le boitier dispose d’un petit bouton noir
sur sa face supérieure (cf. fig. 14, droite) qui permet à l’expérimentateur de placer
p. 104
Présentation de l’étude
des marques au cours de l’enregistrement (cf. fig. 15, « E »). Ces marques de début
et de fin de tâches permettent de calculer la variabilité de la fréquence cardiaque durant la période située entre deux marques. Nous obtenons ainsi la variabilité de la
fréquence cardiaque (au moyen du rMSSD) durant le TRM. Cette VFC sera comparée à une ligne de base enregistrée durant une dizaine de minutes à l’issue de la
passation.
Figure 14. Photo de gauche : la disposition des électrodes sur le thorax. Photo Vrije Universiteit Amsterdam. Photo de droite : le boitier AMS, d’enregistrement de la fréquence cardiaque.
p. 105
Présentation de l’étude
On présente (fig. 15, ci-dessous), un exemple de tracé d’enregistrement permettant de calculer la VFC
Figure 15. Exemple d'enregistrement de la fréquence cardiaque durant la passation. Tracé
rouge = FC ; Tracé bleu = mouvement du participant ; Tracé vert = rMSSD. 10 = durée d’attente
avant le début de la passation ; 14 = durée du TRM ; 12 = durée des questionnaires. « E »
marques de début de tâche.
2.5. Les tâches
2.5.1.
Le test informatisé de rotation mentale
Le test proposé aux participants a été mis au point par Jean Delpech et David
Gimmig, sous la direction de Pascal Huguet, au laboratoire de psychologie cognitive
de Marseille. Il s’agit pour chaque essai, d’une tâche de décision ou les participants
ont à dire si deux représentations d’objets abstraits en 3 dimensions présentés simultanément, sont identiques ou différents (Voir Delpech, 2010).
Ils ont pour consigne de répondre aussi rapidement que possible et en faisant le moins d’erreurs possible (voir annexe p. 250). Ils subissent de fait une
pression temporelle (quelle que soit la condition expérimentale dans laquelle ils sont
placés). Ils doivent appuyer sur la touche « M » du clavier recouverte d’une pastille
p. 106
Présentation de l’étude
de couleur verte, s’il pense que les objets sont identiques et ils appuient sur la
touche « Q » du clavier recouverte d’une pastille rouge s’ils pensent que les objets
sont différents. On peut voir dans l’exemple de la fig.16, ci-dessous, les stimuli tels
qu’ils sont présentés aux participants au centre de l’écran de l’ordinateur. Les objets
(inspirés des stimuli de Shepard & Metzler, 1971) sont constitués de cubes empilés
et coudés en plusieurs endroits.
Figure 16. Ici les deux figures sont identiques. La figure de droite représente une rotation de
100° de la figure de gauche.
2.5.1.1. Les types d’items
Les deux objets présentés côte à côte peuvent être soit identiques, soit différents. Lorsque les deux objets sont différents, ils peuvent l’être de deux manières. Il y
a donc trois types de présentations :

soit les deux figures sont identiques avec une rotation de l’une par rapport à
l’autre (fig.16, ci dessus) ;

soit, une figure est l’image en miroir de l’autre (cf. fig.17) ;
Figure 17. La figure de droite est l'image en miroir de la figure de gauche après rotation de
140°.

soit, les deux figures diffèrent de par leurs structures (elles n’ont pas le même
nombre de cubes sur l’une des branches (cf. fig.18, voir les flèches), ou une branche
ne s’oriente pas dans la même direction.
p. 107
Présentation de l’étude
Figure 18. Dans la figure de gauche, il y a seulement 3 cubes sur la branche horizontale, alors
que sur la figure de droite il y a 4 cubes (ici la rotation est de 60°).
Ces deux types de figures différentes (structure ou en miroir) peuvent fournir
des indices sur la stratégie de résolution du problème mise en œuvre par les participants. En effet, la performance, c'est-à-dire le couple vitesse et précision de la réponse, est pour partie fonction de la stratégie de résolution de la tâche utilisée. Dans
notre test où des paires d’objets sont présentés simultanément à l’écran, il existe essentiellement deux stratégies de résolution possibles. Premièrement une stratégie
analogique ou globale de rotation mentale qui consiste, comme le reporte explicitement certains participants, à « faire tourner les objets dans ma tête », et deuxièmement une stratégie de rotation mentale analytique, qui consiste à décomposer la
structure de la figure à comparer en sous-parties (nombre de cubes, direction de la
branche, etc.) et à les faire tourner pour les comparer à la cible (Butler et al., 2006 ;
Clements-Stephens, Rimrodt, & Cutting, 2009 ; Moody, 1998 ; Peters et al., 1995).
La stratégie analytique est moins rapide que la stratégie analogique car cette façon
de faire de la rotation mentale, nécessite plusieurs étapes (en fait autant que de
sous-parties à comparer) avant de sélectionner la réponse. Elle présente toutefois
l’avantage d’être moins coûteuse en ressources mentales car la manipulation d’une
partie de la figure consomme évidemment moins de ressources cognitives que la
manipulation de la figure entière. Elle permet également de faire de la double vérification (en faisant tourner tantôt la figure de droite et tantôt la figure de gauche pour
la superposer à l’autre). Cette stratégie analytique offre également l’avantage d’être
utilisable lorsque la charge cognitive est élevée (par exemple en raison de la pression temporelle et/ou de l’interférence du stéréotype). Toutefois la stratégie analytique serait plus efficace avec les figures différant de par leur structure, qu’avec des
figures en miroir (car elle consiste précisément à se focaliser sur des éléments structurels afin de les comparer). A l’opposé, avec des figures en miroir, la stratégie ana-
p. 108
Présentation de l’étude
logique ou globale, serait la plus efficiente (en raison de l’ambigüité de la localisation
dans l’espace des éléments qu’il est nécessaire de comparer).
En résumé, la stratégie analytique est plus efficiente, moins rapide et moins
coûteuse en ressources mentales, alors que la stratégie analogique ou globale est
plus rapide, plus coûteuse en ressources cognitives et plus efficace essentiellement
avec les figures en miroir.
Notre hypothèse est que la différence de sexe au TRM est le fruit, pour partie,
de la stratégie de résolution principalement utilisée par les hommes et les femmes
selon le Contexte situationnel du test. Les femmes, en situation de menace du
stéréotype vont vouloir répondre le plus rapidement possible et utiliseront principalement pour cela, une stratégie analogique. Celle-ci plus coûteuse cognitivement dans un Contexte où leurs ressources, notamment en mémoire de travail,
sont limitées par le stress ou les pensées intrusives, aboutira à leurs moins bonnes
performances que celles de leur frère, en situation de comparaison sociale possible.
Les hommes qui bénéficient, dans la situation de comparaison sociale possible, du
stéréotype de meilleurs réalisateurs, vont vouloir confirmer ce stéréotype en
s’assurant de l’exactitude de leurs réponses. Ils utiliseront essentiellement pour
cela, la stratégie analytique qui permet de faire des doubles vérifications même si
cette stratégie est plus coûteuse en temps.
2.5.1.2. Les différents stimuli proposés
Les stimuli sont constitués de 5 figures originales A, B, C, D et E (cf. fig. 19)
Figure 19. Les cinq figures originales.
A partir de ces cinq figures originales dérivées des stimuli de Shepard & Metzler
(1971) sont déclinées (voir Delpech, 2010) :

cinq figures qui sont le miroir des cinq originales: (Am, Bm, Cm, Dm et Em)
(cf. fig. 20),
p. 109
Présentation de l’étude
Figure 20. Les cinq figures en miroirdérivés des cinq figures originales.

cinq figures qui diffèrent de la figure originale (cf. fig. 21) par une différence
dans la structure (nombre de cubes, orientation ou différence dans les branches).
(Aa, Ba, Ca, Da et Ea).
Figure 21. Les cinq figures altérées dans leurs structures, dérivées de figures originales.
2.5.1.3. Les types de présentation possible
Les deux figures sont identiques : c’est la présentation simultanée de deux figures
ayant subi une rotation et issues de la même figure originale A, B, C, D ou E. (cf. fig.
22).
Figure 22. Figure identique, ici deux fois A.
Les deux figures sont différentes et en miroir : présentation simultanée d’une figure originale A, B, C, D ou E ayant subi une rotation et de sa figure en miroir Am,
Bm, Cm, Dm ou Em après rotation (cf. fig. 23).
p. 110
Présentation de l’étude
Figure 23. Exemple de figure en miroir, ici la figure E.
Les deux figures sont différentes et n’ont pas la même structure : présentation
simultanée d’une rotation de la figure originale A, B, C, D ou E et d’une rotation de la
figure correspondante altérée Aa, Ba, Ca, Da ou Ea (cf. fig.24).
Figure 24. Figures différentes en structure. Ici la figure de droite est la figure altérée Ca de la
figure de gauche C.
2.5.1.4. Les modalités de présentation
Pour la moitié des présentations de chaque type d’item, la figure distractive
(en miroir ou altérée) est présentée à gauche, et pour l’autre moitié, à droite. Les figures originales A, B, C, D et E sont systématiquement présentées en ayant subi
une rotation d’angle variable. L’objectif de ce type de présentation est de minimisé
l’ « effet d’apprentissage ».
Il y a 10 angles de rotation possibles de 0° à 180° par incrémentation de 20°.
Les angles sont : 0° ; 20° ; 40° ; 60° ; 80° ; 100° ; 120° ; 140° ; 160° et 180°.
Le test comporte de fait 5 figures présentées sous 10 angles différant soit 50
problèmes de chaque type. Afin d’égaliser les types de présentation, il y a 50 présentations d’objets différents « en miroir », 50 présentations d’objet différents « structure » (soit 100 présentations différentes) et pour égaliser les présentations différentes et identiques 100 présentations identiques. La tâche comporte donc au final
200 items répartis en 5 blocks de 40 essais. Le test est précédé par un block de familiarisation et d’entrainement. Celui-ci, plus court, se compose de 24 items comme
suit : la figure A ou D est présentée sous 3 angles de rotation (0°, 100°, et 180°) dans
p. 111
Présentation de l’étude
chacune des quatre configurations (identique x 2, différent en miroir et différent en
structure. Soit 2 figures (A ou D) X 3 angles (0°- 100°-180°) X 4 configurations = 24
items.
2.5.1.5. Les blocks
Voici présenté ci-dessous (cf. fig. 25) la séquence de présentation de chaque
item du TRM. Chaque essai se déroulait comme suit : un écran vide s’affiche pendant 1s, puis une croix de fixation apparaissait au centre de l’écran pendant 500 ms
afin de capter l’attention du sujet, et enfin un item est présenté pour une durée
maximale de 30 s (au-delà de ce délai, un nouvel item est automatiquement proposé). Toutefois dès que le participant donne une réponse, l’item suivant apparait automatiquement. Ils ont cependant comme consigne de répondre le plus rapidement
possible sans faire d’erreurs.
Écran vide
1s
Croix de fixation 500ms
Attente pour la réponse: max 30s
Écran vide
1s
Croix de fixation 500ms
Etc
…
Figure 25. La séquence informatisée de présentation des stimuli du TRM.
Chaque block se compose de 40 items :

10 items différents en miroir, un pour chacun des 10 angles de 0° à 180°.

10 items différents en structure, un pour chacun des 10 angles de 0° à 180°.

20 items identiques, deux pour chacun des 10 angles de 0° à 180°.
p. 112
Présentation de l’étude
2.5.1.6. Le déroulement de la passation
Le participant est installé confortablement face à l’ordinateur de passation (cf.
annexe, p. 249, une photographie du dispositif). Les consignes apparaissent à
l’écran (défilement contrôlé par la touche « espace » du clavier) et sont lues simultanément par l’expérimentateur (toujours moi-même) qui s’assure de leur compréhension au travers d’exemples. A l’issue des consignes le participant réalise, toujours en
présence de l’expérimentateur, un block de familiarisation ou d’entrainement à la
tâche. Celui-ci est destiné à accoutumer le participant à la manipulation (touche
« M » du clavier recouverte d’une pastille de couleur verte, si les objets sont identiques et touche « Q » du clavier recouverte d’une pastille rouge si les objets sont
différents) et au contexte de présentation des stimuli. La consigne de la tâche : « répondez aussi rapidement que possible et en faisant le moins d’erreurs possible », apparaît à l’écran au début de chaque block y compris pour le block de familiarisation. A la fin de chaque block, une pause de 30 secondes permet au participant
de se détendre, boire ou relaxer son dos. A la fin de la pause une sonnerie de faible
intensité retentit pour l’avertir que la passation va reprendre. A la fin des 5 blocks
test, un écran apparaît pour dire au participant qu’il a fini la tâche et qu’il peut ouvrir
la porte du box (cf. fig. 26).
1
• Présentation des stimuli et des consignes de la tâche par
l'expérimentateur.
2
• Familiarisation en présence de l'expérimentateur = 1
Block de 24 items d'entrainement à la tâche.
3
• TEST = 5 Blocks de 40 items (200) séparés par un repos
de 20 secondes. Le participant réalise le test seul.
Figure 26. Déroulement du TRM.
2.5.1.7. Les conditions expérimentales
La condition dans laquelle le participant réalise le TRM (cf. tableau 6, p. 118),
est automatiquement gérée par l’ordinateur. Les participants sont placés, soit dans la
condition de comparaison sociale possible (CSP) (n = 118, un numéro impair leur est
p. 113
Présentation de l’étude
attribués), soit placés dans la condition de comparaison sociale improbable (CSI) (n
= 120, numéro pairs). Selon la condition dans laquelle ils sont évalués, les consignes
du TRM sont bien évidemment différentes (cf. annexe, p. 250). Nous avons reproduis
ci-après, les consignes données aux participants dans les deux conditions. Nous
avons souligné et mis en italique, pour les rendre saillants au lecteur, les mots qui
affectent la situation de comparaison sociale et le stéréotype (bien évidemment, ils
n’apparaissent pas à l’écran souligné et/ou en italique).
En situation de comparaison sociale possible (CSP) :
« Le prochain test est destiné à mesurer vos aptitudes dans le domaine du
raisonnement analytique. Cette capacité intellectuelle importante est fortement en
relation avec les aptitudes en mathématiques et en sciences, et plus généralement
avec l'intelligence.
Vous et votre jumeau ferez exactement le même test. Le test qui va suivre est
parfaitement identique pour vous et votre jumeau. »
En situation de comparaison improbable (CSI) :
« Les deux activités à venir mesurent les capacités perceptives et attentionnelles des gens. C'est à dire leur capacité à percevoir correctement les détails d'objets relativement abstraits et à leur prêter attention. Elles sont toujours en développement pour mon travail scientifique qui comporte un grand échantillon d'européens,
ainsi que des jumeaux. Ces deux activités ne sont qu'une partie d'une étude plus
large.
Pour obtenir des informations sur un nombre maximum de tâches, vous et
votre jumeau ferez des activités différentes. Les deux activités à venir ne seront
vraiment pas les mêmes pour vous et votre jumeau ».
Les participants sont placés dans une condition ou une autre selon : (1)
l’appellation des tâches (test vs activité) ; (2) reliées ou non aux mathématiques ou
aux sciences ; dans un contexte (3) ou la comparaison au cojumeau est possible ou
improbable.
p. 114
Présentation de l’étude
2.5.2.
Les questionnaires
La passation se termine par une dernière partie composée de huit questionnaires informatisés, cependant nous ne décrirons que les quatre questionnaires pertinents dans notre étude (cf. Tableau n°6 p. 118 qui présente un résumé des questionnaires). Les participants répondent aux questions qui apparaissent à l’écran en
cliquant sur l’ordinateur et ouvrent la porte lorsqu’ils ont terminé pour indiquer à
l’expérimentateur qu’ils ont fini. Ils doivent obligatoirement répondre à une question
pour faire apparaître la suivante. Ils ne peuvent ni laisser de question sans réponse
ni revenir en arrière après avoir validé une réponse. Il n’y a pas de limite de temps
pour réaliser la tâche mais ils ont pour consignes de répondre spontanément et
honnêtement aux questions. Ces questionnaires étudient premièrement, la perception qu’ont eue les participants de la situation de test et permettent de savoir s’ils
peuvent a posteriori restituer la consigne selon laquelle leur cojumeau a fait ou non
la même chose qu’eux ; deuxièmement, on évalue leur niveau d’anxiété durant la
passation et enfin troisièmement, le besoin de comparaison d’une part, au cojumeau
et d’autre part, à l’entourage. Afin d’obtenir des réponses dans tous ces domaines et
pour ne pas alourdir au-delà du raisonnable la durée de passation (sous peine
d’obtenir des réponses non réfléchies), des versions simplifiées et adaptées aux jumeaux ont été réalisées. Voici ci-après une description, dans l’ordre de passations,
des différents questionnaires.

Questionnaire de restitution de la condition expérimentale :
L’objectif de ce questionnaire constitué de 5 items est de vérifier que le participant se souvient des consignes. L’item Q10 par exemple pose ainsi clairement la
question : « Est-ce que votre jumeau a aussi réalisé ce même test (TRM) aujourd’hui ? ». Cela nous permettra de vérifier le lien existant entre une modification
comportementale au TRM selon la condition expérimentale, le sexe du cojumeau et
l’expression des participants sur le domaine. Afin d’éviter que les participants choisissent une position systématiquement neutre au centre de l’échelle par désirabilité
sociale, nous avons opté pour une échelle de Likert en 6 points (qui va de 1 = Totalement pas d’accord, à 6 = totalement d’accord). Ils répondent toutefois à la question
Q10 par oui ou non (cf. annexe, p. 252).
p. 115
Présentation de l’étude

Questionnaire d’anxiété
Il est inspiré de l’échelle d’anxiété État (20 items) de l’inventaire d’anxiété
(State - Trait Anxiety Inventory) de Spielberger, Gorsuch & Lushene (1970 ; 1983),
traduction française de Bouchard, Ivers, Gauthier, Pelletier & Savard (1998), et adapté pour une version avec jumeaux. Dans notre variante informatisée, le questionnaire
comporte 8 items (dont 4 inversés). Les participants ont à répondre sur une échelle
de Likert en 6 points qui va de : 1 = totalement en désaccord à 6 = complètement
d’accord. Le score varie de 8 = pas d’anxiété à 48 = anxiété extrême (cf. en annexe,
p. 253).

L’échelle d’Orientation à la comparaison sociale envers le cojumeau
Elle reprend l’échelle en 11 items développée par Gibbons & Buunk en 1999
(voir plus haut Chap. 2.2.2.1, p. 74). Cette échelle a été dans un premier temps traduite en français dans d’équipe à Marseille (voir Jonas & Huguet 2008 pour une
étude avec cette traduction). Dans un second temps, elle a été adaptée à notre population de jumeaux (et dénommée SCOWithTwin, cf. en annexe p. 254). Les participants complètent le questionnaire en cliquant sur la réponse de leur choix et en
validant celle-ci pour passer à la suivante (échelle de Likert en 6 points : de 1 = totalement en désaccord à 6 = totalement d’accord, cf. fig. 27, ci-dessous). Les items
Q05 et Q11 sont inversés. Les scores à l’échelle varient de 11 pour les participants
qui n’auraient aucun besoin de se comparer à leur cojumeau, à 66 pour les participants ayant un besoin constant de se référer à l’opinion ou aux aptitudes de leur cojumeau.
Figure 27. Exemple de présentation à l'écran d'un item du SCOWTwin (ici, Q11-R).
p. 116
Présentation de l’étude

L’échelle d’Orientation à la comparaison sociale excluant le cojumeau
Une deuxième échelle dérivée du SCO de Gibbons & Buunk (1999), a été
conçue pour estimer la tendance des participants à avoir besoin de se comparer à
leurs proches à l’exclusion de leur cojumeau (petit(e) ami(e), copain, famille, entourage, etc.). Sa construction est identique au SCOWithTwin (voir plus haut, p. 131).
Elle a été dénommée SCOWithoutTwin (cf. en annexe, p. 255). Le besoin individuel
des participants à obtenir des informations auprès de leur entourage, permettra de
préciser la nature du lien gémellaire en fonction du type de gémellité (même sexe
hommes ou femmes et sexe différent).
2.6. La fin de la passation
A la fin des questionnaires, une dernière information apparait à l’écran (cf. fig.
28).
Figure 28. Les informations apparaissant à l’écran à la fin de fin de passation.
Les participants ouvrent la porte du box pour m’indiquer qu’ils ont terminé. Le
dispositif d’enregistrement de la fréquence cardiaque est retiré. Un entretien semidirectif est réalisé (cf. annexe, p. 247). Il permet de recueillir des informations sur le
vécu de la passation par le participant ainsi que ses croyances en rapport avec les
objectifs de la recherche. Enfin, diverses données : anthropométriques (poids, taille,
photocopies des mains, etc.) ; relatives à la fratrie ou en rapport avec le contexte de
la naissance (les participants avaient pour consignes de venir au laboratoire avec
p. 117
Présentation de l’étude
leurs carnets de santé : poids et taille à la naissance, durée de la grossesse, mode
de naissance (césarienne ou naturelle), ordre de naissance (premier-né versus second-né) sont notés etc. Certaines de ces informations ne seront pas traitées dans le
cadre de cette thèse et donneront lieu à investigations futures.
Les participants sont ensuite indemnisés pour leurs participations à l’étude.
Avant d’être raccompagnés, ils disposent d’un temps pour poser les questions qu’ils
souhaitent. Ils conservent mon numéro de téléphone et mon courriel et peuvent me
contacter pour me proposer d’autres paires de jumeaux ou poser des questions. Des
participants m’ayant contacté après la passation pour connaitre les principaux résultats de l’étude, une information leur sera adressée, à l’issue de la soutenance de
thèse.
Tableau 6. Les questionnaires utilisés pour notre recherche dans l’ordre de passation : nombre
d’items, échelle, exemple d’item, et variable étudiée.
NOM DU QUESTIONNAIRE :
QUESTIONNAIRE
DE RESTITUTION
DE LA CONSIGNE
ANXIÉTÉ
ORIENTATION À
LA COMPARAISON SOCIALE
AVEC JUMEAU
ORIENTATION À
LA COMPARAISON SOCIALE
EXCLUANT LE
COJUMEAU
NOMBRE
D’ITEMS
5
8
11
11
ECHELLE :
EXEMPLE
D’ITEM :
VARIABLE
ÉTUDIÉE :
DE 1= « COMPLÈTEMENT
D’ACCORD » À 6=
« TOTALEMENT
EN DÉSACCORD ».
Est-ce que votre
jumeau a aussi
réalisé le même
test que vous aujourd’hui ?
RESTITUTION A
POSTERIORI
DES CONSIGNES
IDEM
EN FAISANT CE
TEST (OU ACTIVITÉ) ... je me suis
senti(e) anxieux
(se).
ANXIÉTÉ : À
PARTIR DU
QUESTIONNAIRE DE
SPIELBERGER.
IDEM
J'aime souvent
échanger mes opinions et expériences avec celles
de mon jumeau.
SCO AVEC LE
JUMEAU.
IDEM
Je ne suis pas une
personne qui se
compare souvent
avec les autres.
SCO AVEC LES
PROCHES (EN
EXCLUANT LE
JUMEAU).
p. 118
Présentation de l’étude
2.7. Résumé des principales hypothèses testées
sur la différence de sexe
Voici reprises nos hypothèses dans l’ordre dans lequel elles seront examinées :
1.
La différence de sexe dans le test de rotation mentale est la manifesta-
tion de différences dans l’aptitude des participants à faire de la rotation mentale. Si l’hypothèse est exacte, alors on ne doit pas trouver de différence entre les
hommes et les femmes pour les items du TRM pour lesquels il n’y a pas de rotation mentale à faire.
2.
Il existe une origine biologique à la différence de sexe au TRM ancrée
dans l’organisation cérébrale des fœtus males ou femelles durant la vie intrautérine. Notre situation expérimentale de comparaison sociale possible (CSP) est
proche de celle dans laquelle sont placés les participants de Vuoksimaa et al. (2010)
qui appartiennent à des cohortes de jumeaux suivies longitudinalement durant de
nombreuses années dans des études dont l’objet est traditionnellement de comparer
leurs performances. On peut penser, de plus, que la situation de comparaison sociale est celle qui s’applique par défaut chez les jumeaux élevés ensemble dès lors
que celle-ci est imaginée comme plausible. Dans cette condition expérimentale nous
nous attendons à observer de meilleures performances chez les femmes qui
ont un cojumeau (DZSD-F) que chez celles qui ont une cojumelle DZSS-F).
3.
L’interférence d’un stéréotype négatif, de moins bonnes aptitudes spa-
tiales chez les femmes que chez les hommes, explique au moins en partie, la
différence liée au sexe au TRM. Si cette hypothèse est exacte on s’attend alors à
observer dans le groupe des DZSD (seul groupe susceptible d’être affecté par
un stéréotype de sexe) de meilleures performances chez les femmes lorsque la
situation de comparaison sociale est improbable (CSI) par rapport à la situation
où la comparaison est possible (CSP). Si cette hypothèse est l’explication principale
de la différence de sexe alors les femmes en CSI auront des performances très
proches de celles des hommes.
p. 119
Présentation de l’étude
4.
L’interférence du stéréotype va se traduire, chez les DZSD en situation
de comparaison sociale possible, par une modification de la stratégie majoritaire de résolution du test, par rapport à celle naturellement utilisée par chaque
sexe lorsque la comparaison sociale est improbable.
La littérature montre que deux types de stratégie sont principalement utilisés
pour faire de la rotation mentale (cf. plus haut, p. 108) : une stratégie analogique ou
globale, plus rapide mais moins sure, et une stratégie analytique (qui décompose la
figure) qui prend plus de temps, mais qui est plus efficace pour s’assurer de la bonne
réponse et nécessite de surcroit moins de ressources cognitives.
En situation d’interférence du stéréotype (CSP), on s’attend :

chez les femmes, à plus de précipitation dans les réponses en raison de la
surcharge de stress générée par la crainte de confirmer le stéréotype négatif de leur
sexe. Elles utiliseront majoritairement une stratégie analogique plus rapide pour
toutes les figures. Si notre hypothèse est exacte on s’attend, d’une part, à des
temps de réponses globalement plus courts chez les femmes que chez les
hommes, et, d’autre part, à un pourcentage moindre de bonnes réponses (car la
stratégie analogique est celle qui nécessite également le plus de ressources cognitives, notamment en mémoire de travail, lesquelles font défaut en situation
d’interférence du stéréotype) ;

les hommes qui auront à cœur de défendre leur statut stéréotypique de meil-
leurs réalisateurs, vont vouloir privilégier l’exactitude de la réponse au détriment de la
vitesse. Ils recourront majoritairement à la stratégie analytique plus sûre pour garantir l’exactitude de la réponse (car elle permet de faire des doubles vérifications)
mais plus coûteuse en temps (ils auront vérifié durant le block d’essais qu’ils disposent en fait de suffisamment de temps). Si notre hypothèse est exacte, on s’attend,
à des temps de réponse chez les hommes globalement plus longs que chez les
femmes en CSP, et aussi à un meilleur pourcentage de bonnes réponses.
Lorsque la situation de comparaison sociale sera improbable (CSI) :
Chaque sexe utilisera majoritairement la stratégie qu’il emploie naturellement
(i.e.en dehors de toute interférence d’un stéréotype) pour faire de la rotation mentale.
La littérature (Butler et al., 2006 ; Clements-Stephens, Rimrodt, & Cutting, 2009 ;
p. 120
Présentation de l’étude
Moody, 1998 ; Peters et al., 1995) montre que les hommes utilisent principalement
une stratégie analogique et que les femmes emploient essentiellement une stratégie
analytique. On s’attend ainsi chez les hommes à des TR plus rapides en CSI qu’en
CSP, et l’inverse chez les femmes, à des TR plus longs en CSI qu’en CSP. Nous
pensons qu’en situation de comparaison improbable chaque sexe exprimera au
mieux ses compétences dans le domaine, et nous nous attendons dès lors, à des
pourcentages de bonnes réponses chez les hommes et les femmes très proches.
5.
La variabilité de la fréquence cardiaque est un témoin physiologique de
la charge mentale et du stress émotionnel. On s’attend à trouver une modification de la VFC chez les femmes en situation d’interférence du stéréotype négatif. En effet, dans la situation de comparaison sociale possible à leur frère (CSP) les
femmes vont subir une surcharge cognitive durant le TRM qui entrainera une diminution de leur VFC. Les hommes, non menacés par cette comparaison, ne modifieront
pas leur VFC. Dans le Contexte où la comparaison sociale est improbable, rendant la
situation non menaçante pour les deux sexes, on s’attend à ne pas trouver de modification de la VFC.
6.
Le besoin de comparaison sociale envers son cojumeau explique, chez
les jumeaux dizygotes de sexe différent, une partie de la différence de sexe. On
s’attend, dans le seul groupe dans lequel peut exister une interférence du stéréotype
lié au sexe, c'est-à-dire dans le groupe des DZSD, à ce que dans la condition où la
comparaison sociale est possible, les femmes qui ont un besoin important de comparaison à leur frère (Fort-SCO) aient de moins bonnes performances que celles qui
ont un besoin de comparaison moins important (Faible-SCO).
7.
Le niveau d’anxiété va traduire l’interférence du stéréotype chez les
femmes en situation de comparaison sociale possible à leur frère. On s’attend
en CSP, dans le groupe des DZSD, à ce que les femmes qui sont les plus anxieuses
aient également les moins bonnes performances par rapport à celles qui sont peu
anxieuses.
p. 121
Présentation de l’étude
2.8. Le traitement statistique des données
Le traitement statistique des données sera réalisé au moyen du logiciel
SPSS25 Statistics 17.0. Nous procéderons, comme cela est habituellement le cas
dans les travaux publiés sur les différences liées au sexe au TRM, par des analyses
de variance. Ces dernières seront conduites en considérant l’ensemble des participants (différences inter-sujets). Nous examinerons les différences entre les DZMS et
les DZSD pour étudier la piste biologique et nous nous focaliserons sur les DZSD
pour appréhender la situation de comparaison sociale et l’interférence du stéréotype
de sexe.
Lorsque l’interaction entre le sexe du cojumeau et la condition expérimentale
sera significative, nous explorerons les données, une première fois, uniquement chez
les participants appartenant à des paires de DZSD, et une seconde fois, uniquement
chez les DZMS afin de vérifier que c’est bien la situation de comparaison sociale à
un cojumeau de sexe différent qui affecte la performance au TRM.
Nous rejetterons l’hypothèse nulle de la non différence entre les groupes au
seuil de p =, 05, toutefois nous regarderons ce qui se passe pour les seuils proches
de la significativité (compris entre ,051 et ,07), surtout lorsqu’il s’agira d’une interaction. On sait en effet depuis longtemps que, dans l’analyse de variance, l’interaction
est moins sensible au rejet de l’hypothèse nulle que les facteurs principaux et que sa
puissance est moins grande (Wahlsten, 1990). Dans le cas de comparaisons multiples, on a toujours le risque d’augmenter la probabilité d’erreur de type I (faux positifs). Nous prendrons donc des précautions en planifiant ces comparaisons en fonction de nos hypothèses, sans utiliser toutefois systématiquement la correction de
Bonferroni qui est un test très conservateur et à donc l’inconvénient d’augmenter la
probabilité des erreurs de type II (faux négatifs – voir par exemple Perneger, 1998).
Les tailles d’effets seront calculées au moyen du « d » de Cohen26 (Cohen,
1977, 1992), ou de l’êta au carré partiel « ²partiel ». Nous préciserons chaque fois
que cela sera nécessaire, la puissance observée du test statistique. Dès lors qu’une
25
SPSS: Statistical Package for the Social Sciences.
26
J. Cohen (1992) propose de mesurer la taille d’une différence entre deux groupes A et B à l’aide de
la formule :
qui est donc une mesure proportionnelle à l’écart-type. Cohen propose de
qualifier d de petit lorsque d est inférieur à .20, de moyen lorsque d est autour de .50 et de grand lorsque d est supérieur à .80.
p. 122
Présentation de l’étude
interaction entre deux ou plusieurs variables sera significative, nous décomposerons
cette interaction pour préciser les effets simples de chaque variable. Nous ferons, à
chaque fois qu’une interaction simple ou double sera significative, une analyse des
contrastes simples27 afin de décrire précisément la manière dont les variables indépendantes interagissent avec la variable dépendante en contrastant les groupes pour
la variable donnée.
Pour ne pas trop alourdir la description des analyses, nous ferons pour
chaque variable étudié, des tableaux présentant les effets principaux et d’interactions
significatifs. Nous indiquerons pour ceux-ci, le nombre de degré de liberté (ddl ou df),
la valeur du F, la significativité (p), la taille de l’effet (η²partiel), et la puissance statistique du test - cf. exemple ci-dessous.
ddl
F
p
η²partiel
Puis Obs
Variable
Les statistiques descriptives seront données soit sous forme de tableaux, soit
dans les figures ou dans le texte, suivant les cas.
2.9. Les données recueillies
2.9.1.
Les données du TRM
Le TRM informatisé que nous avons utilisé nous permet d’analyser la performance du participant, d’une part, au travers du pourcentage de ses bonnes réponses
(exactitude des réponses) et, d’autre part, selon ses temps de réponse (TR) aux
bonnes réponses.
La spécificité de notre test est de nous permettre d’analyser ces données
(exactitude et TR), selon :

la nature de la figure à comparer (toutes, identiques, différentes et en miroir) ;

l’importance de l’angle de rotation d’une figure par rapport à l’autre (0°, 20°, ...,
180°) ;

la catégorie d’angle de rotation (les petits angles : 20-40-60 ; les angles moyens :
80-100-120 ; et les grands angles : 140-160-180).
27
Simple main effects en anglais
p. 123
Présentation de l’étude
Pour étudier les temps de réponse, nous avons calculé pour chaque participant la médiane des TR aux BR par type de figure et angle de rotation. La médiane
nous paraissait la valeur centrale la plus représentative de la performance du participant compte tenu d’une part, que certaines présentations (les figures différentes et
en miroir) ne comportent que 5 items (cf. plus haut p. 109), et d’autre part, que nous
ne prenons en compte que les bonnes réponses (la moyenne des TR aurait été trop
sensible aux valeurs extrêmes). Nous avons ensuite calculé pour chaque participant
les moyennes de ces médianes par type de figure, d’angle ou de catégorie d’angle.
Enfin, nous avons dérivé à partir des temps de réponse, la vitesse à laquelle
chaque participant fait la rotation mentale [pour mémoire elle était d’une seconde
pour 60° de rotation pour Shepard & Metzler (1971)]. Pour obtenir cette vitesse de
rotation par participant (VR) nous avons divisé la somme des moyennes des médianes des TR aux BR par la somme des angles. Nous obtenons ainsi une vitesse
de rotation en milliseconde par degré d’angle de rotation. Ainsi par exemple, pour
obtenir la vitesse de rotation pour toutes les figures confondues, nous avons divisé la
somme des moyennes des médianes aux figures identiques + aux figures différentes
+
aux
figures
en
miroir,
par
la
somme
des
angles
c'est-à-dire
20+40+60+80+100+120+140+160+180 = 900 pour un type de figure et donc 900 x 3
= 2700, pour toutes les figures.
VR pour toutes les figures =
VR pour les figures identiques =
VR pour les figures différentes =
VR pour les figures en miroir =
p. 124
Présentation de l’étude
Enfin, nous avons calculé la VR pour chaque type de figure (identique, différentes ou en miroir) et pour chaque type de catégorie d’angle de rotation (petit,
moyen ou grand angle). (cf. ci-dessous, l’exemple de la formule pour les figures identiques et petits angles)
VR figures identiques et petits angles =
Dans leur article de 1971, Shepard & Metzler fournissent assez peu
d’indications sur la manière dont ils ont calculés la vitesse à laquelle les participants
font la rotation mentale. Les huit participants adultes de l’étude ont une moyenne de
BR, aux 1600 items présentés, qui est excellente. Celle-ci varie de 95% à plus de
99% de BR (moyenne à 96,8%). Les moyennes des temps de réponses
s’échelonnent d’un peu plus d’une seconde pour les figures n’ayant pas subies de
rotation à environ 5 secondes pour les figures ayant subies une rotation de 180°. Ces
TR moyens sont proches de ceux que nous obtenons dans notre travail lorsque nous
ne distinguons pas les participants en fonction du sexe ou de la condition. Les auteurs estiment la vitesse de rotation moyenne des participants à une seconde pour
60° d’angle (soit environ 17 millisecondes par degré d’angle de rotation).
Nous aurons, dans ce travail de recherche, la possibilité d’étudier la vitesse de
rotation de manière plus précise, et en particulier, uniquement pour les figures identiques pour lesquelles la rotation mentale est obligatoire (en effet, il n’est pas toujours
nécessaire de faire la rotation mentale des figures lorsqu’elles sont différentes en
structure), mais aussi par catégorie d’angle de rotation (petit, moyen ou grand).
2.9.2. Les données de la variabilité de la fréquence cardiaque
Nous avons recueilli la fréquence cardiaque des participants durant
l’ensemble de la passation et l’heure de début de chacune des activités ou tâches
(cf. § 2.4. p. 104). Nous disposons ainsi d’une valeur de la variabilité de la fréquence
cardiaque (rMSSD) à divers moments de la passation. Nous prendrons comme ligne
de base, la VFC obtenue durant une période d’au moins dix minutes à la fin de la
p. 125
Présentation de l’étude
passation lorsque les participants demeurent seuls dans leur box et qu’ils répondent
aux questionnaires (cette décision a été prise en accord avec l’équipe néerlandaise
qui a élaboré le dispositif d’enregistrement de la VFC - de Geus, 1995). Nous avons
créé une variable VFC en retranchant la valeur moyenne de rMSSD durant le TRM à
la valeur moyenne du rMSSD durant la ligne de base. Nous avons également conduit
des analyses de variance à mesures répétées pour échantillons indépendants avec
comme facteur, le rMMSD durant le TRM et durant la ligne de base.
p. 126
Les résultats de l’étude
3.Les résultats de l’étude
3.1. La différence de sexe dans le test de rotation
mentale est effectivement la manifestation de la
différence dans l’aptitude des participants à faire
de la rotation mentale
Il est important pour la suite de notre propos de s’assurer que les différences
de sexe dans le test que nous avons proposé à nos participants sont bien le fruit
d’une activité de rotation mentale. Nous allons tout d’abord vérifier qu’il n’existe pas
de différence de sexe lorsqu’il n’y a pas de rotation mentale à effectuer (i.e. lorsque
les figures à comparer sont les mêmes, qu’elles soient identiques, différentes ou en
miroir, et qu’elles n’ont pas subies de rotation). Il s’agit dans ce cas d’une simple
tâche de comparaison de cible pour laquelle il n’existe pas dans la littérature de différence liée au sexe. Nous traiterons les données une première fois en termes de
pourcentage de bonnes réponses et une seconde fois au niveau des temps de réponse aux bonnes réponses.
3.1.1. L’exactitude des réponses aux figures
sans rotation
Une anova avec un facteur indépendant (le sexe du participant) et des mesures répétées (figures identiques avec un angle de 000°, différentes à 000° et en
miroir à 000°) a été conduite sur le pourcentage de bonnes réponses chez tous les
DZ. L’analyse révèle un effet principal du type de figure [F (1, 236) = 65,34 ; p < ,000
; η²partiel = 0,217 ; Puis Obs = 1], mais pas d’effet principal du sexe du participant
[F (1, 236) = 0,216 ; p < ,643 ; η²partiel = 0,001 ; Puis Obs = 0,075] et pas
d’interaction entre le sexe du participant et le type de figure [F (1, 236) = 0,039 ;
p < ,844 ; η²partiel = 0,000 ; Puis Obs = 0,054]. Les performances des hommes sont
très proches de celles des femmes (cf. tableau n° 7, pour les statistiques descriptives). La même analyse a été conduite uniquement chez les DZSD, elle aboutit,
comme attendu, à un effet principal du type de figure [F (1, 121) = 47,36 ; p < ,000 ;
p. 127
Les résultats de l’étude
η²partiel = 0,439 ; Puis Obs = 1] et à l’absence d’effet du sexe du participant [F (1, 122)
= 0,115 ; p < ,735 ; η²partiel = 0,001 ; Puis Obs = 0,063].
Tableau 7. Performances des hommes et des femmes au TRM pour chaque type de figure
(identique, différente et en miroir) n’ayant pas subi de rotation (angle 000°), chez tous les DZ et
uniquement les DZSD [moy et (écart-type)].
Identiques Ang 000°
Différentes Ang 000°
en MiroirAng 000°
Tous les DZ
(moy et écart-type)
Hommes
Femmes
0,986 (0,04) 0,981 (0,05)
0,794 (0,23) 0,789 (0,23)
0,902 (0,15)
0,89 (0,17)
DZSD
(moy et écart-type)
Hommes
Femmes
0,985 (0.039) 0,982 (0,052)
0,794 (0,24)
0,758 (0,24)
0,884 (0,17)
0, 90 (0,17)
3.1.2. Les temps de réponse aux figures sans rotation
Le même plan d’analyse a été utilisé pour la moyenne des médianes des TR
aux BR chez tous les DZ. L’effet principal du sexe du participant est non significatif
(F < 1) mais on observe une interaction sexe * type de figure proche du seuil [F (1,
234) = 2,5 ; p < ,084 ; η²partiel = 0,021 ; Puis Obs = 0,499] qui s’explique par le fait que
les femmes sont moins rapides que les hommes pour les figures en miroir (cf. tableau n° 8). Chez les DZSD, il n’existe pas d’effet principal du sexe du participant, ni
d’interaction sexe du participant * type de figure.
Tableau 8. Statistiques descriptives des TR aux BR aux figures identiques, différentes, et en
miroir sans rotation. Performances des hommes et des femmes [moy (seconde) et (écarttype)].
Identiques Ang 000°
Différentes Ang 000°
en Miroir Ang 000°
3.1.3.
Tous les DZ
(moy et écart-type)
Hommes
Femmes
3,64 (1,7)
3,66 (1,8)
2,94 (1,2)
2,87 (1,1)
4,17 (1,9)
4,79 (2,4)
DZSD
(moy et écart-type)
Hommes
Femmes
3,64 (1,78)
3,28 (1,71)
2,61 (0,95)
2,50 (0,97)
3,90 (1,87)
4,26 (2,62)
Conclusion
Ces premières analyses réalisées sur une tâche de comparaison de cible confirment notre hypothèse. Il n’existe pas de différence entre les hommes et les
femmes sur la fréquence (pourcentage) de bonnes réponses lorsque l’on présente
p. 128
Les résultats de l’étude
deux fois la même figure sans rotation, que celles-ci soient identiques, différentes ou
en miroir. Toutefois, les femmes sont moins rapides que les hommes pour les figures
en miroir sans rotation, peut être en raison de l’ambigüité perceptive de ce type de
figure. Si des différences liées au sexe du participant apparaissent avec d’autres
types d’angle de rotation c’est donc bien la rotation mentale qui les génère.
3.2. La différence de sexe au TRM a une origine
biologique
La question à laquelle nous allons répondre maintenant est celle de savoir si,
en raison de l’hypothèse d’un transfert d’hormones possible entre les fœtus durant la
vie intra-utérine, les femmes qui ont un cojumeau, et qui sont supposées avoir bénéficié des hormones de leur frère, ont des performances meilleures au TRM que celles
qui ont une cojumelle. Pour répondre à cette question nous allons confronter les performances des femmes appartenant au groupe des DZMS à celles des femmes appartenant au groupe de DZSD.
3.2.1. Chez tous les dizygotes en situation de
comparaison sociale possible
L’objectif principal de cette thèse est de pouvoir confronter, pour la première
fois dans une étude gémellaire, deux théories permettant d’expliquer les meilleures
performances des hommes habituellement constatées au TRM. Nous avons dans ce
but tout d’abord répliqué, dans ce paragraphe, les conditions de l’étude de Vuoksimaa et al. (2010) étayant la piste biologique. J’ai conscience cependant que le traitement des données tel qu’il est réalisé dans l’étude finlandaise fragilise les conclusions qu’en tirent les auteurs. En effet, nous n’avons trouvé aucune indication dans
leur article précisant que les auteurs avaient tenu compte du fait que les cojumeaux
de même sexe sont emboîtés dans une même paire. Toutefois l’intention, ici, étant
de répliquer les deux précédentes études avec jumeaux étayant l’origine biologique
de la différence de sexe (Vuoksimaa et al., 2010 ; Heil, Kavsek, Rolke, Beste & Jansen, 2011), nous reprenons le même plan d’analyse.
Nous avons donc conduit, dans la condition de comparaison sociale possible,
une anova sur le pourcentage (fréquence) total de bonnes réponses au TRM en
p. 129
Les résultats de l’étude
fonction du sexe du participant et de celui de son cojumeau (cf. statistiques descriptives, tableau n°9)
Tableau 9. Moyenne, erreur standard et intervalle de confiance à 95% du pourcentage (fréquence) total de bonnes réponses au TRM en fonction du sexe du participant et du type de
gémellité auquel il appartient.
Variable Dépendante : Pourcentage total de BR au TRM
Sexe
homme
femme
Gémellité
Même Sexe
Sexe Différent
Même Sexe
Sexe Différent
Moyenne
,897
,884
,834
,762
Erreur Standard
,019
,017
,016
,017
Intervalle de confiance à 95%
Limite Basse
Limite Haute
,859
,934
,851
,918
,802
,866
,729
,796
L’analyse statistique (cf. tableau n°10) montre un effet principal du sexe du
participant avec des performances meilleures chez les hommes (89% de BR)
d’environ 10% que chez les femmes (79,8% de BR). Un effet principal du sexe du
cojumeau avec des performances meilleures pour les paires de MS (86,5% de BR)
que pour les SD (82,3% de BR). L’interaction entre les deux facteurs n’est pas significative mais est à une valeur proche du seuil (p < ,08) avec une puissance du test
peu importante (,398).
Tableau 10. Anova chez tous les DZ en situation de comparaison sociale possible, sur le pourcentage (fréquence) total de bonnes réponses au TRM en fonction du sexe du participant et de
celui de son cojumeau
Sexe
Sexe du cojumeau
Sexe * Sexe du cojumeau
df
1, 114
F
28,68
5,96
2,94
p
,000
,016
,089
η²partiel
,201
,050
,025
Puis Obs
1
,678
,398
On confirme dans notre étude, en situation de comparaison sociale possible, les classiques meilleures performances des hommes au TRM avec une
taille d’effet conforme à la littérature (d = 0,95).
Nous avons en outre conduit une analyse des contrastes simples pour les variables de l’interaction. Celle-ci montre un effet significatif du sexe dans les deux
types de gémellité : premièrement, parmi les paires de jumeaux de SD [F (1, 114) =
25,84 ; p < ,000 ; η²partiel = ,185 ; Puis Obs = ,999] avec les performances des
hommes (88,4% de BR) meilleures de 12,2% que celles des femmes (76,2% de BR),
p. 130
Les résultats de l’étude
et, deuxièmement, pour les paires de jumeaux de MS [F (1, 114) = 6,41 ; p < ,013 ;
η²partiel = ,053 ; Puis Obs = ,710] avec les performances des hommes (89,7% de BR)
meilleures de 6,3% que celles des femmes (83,4% de BR). De manière beaucoup
plus intéressante et pour répondre directement à la question du transfert d’hormones
possible et de ses effets sur la performance des femmes, on retrouve un effet significatif du type de gémellité (MS ou SD) uniquement chez les femmes [F (1, 114) =
9,49 ; p < ,003 ; η²partiel = ,077 ; Puis Obs = ,863 ; d = 0,63] avec les performances
des femmes ayant un cojumeau (76,2% de BR) moins bonnes (de 7,2%) que les
performances des femmes ayant une cojumelle (83,4% de BR). Ce résultat
n’accrédite pas la thèse biologique et va même dans le sens contraire à celui
attendu. Chez les hommes, il n’y a pas de différence dans le pourcentage (fréquence) total de BR au TRM selon qu’ils appartiennent à des paires de MS ou de
SD. Nous avons dans la figure ci-après (cf. fig. 29) reproduis côte à côte, les résultats de l’étude de Vuoksimaa et al. (2010) et ceux de notre recherche. Les données
de l’étude finlandaise ont été converties en pourcentage de BR afin d’être comparées
aux nôtres. Nous ne connaissons pas exactement les effectifs de DZMS finlandais
(nous savons que le groupe des MS se compose de 351 femmes [monozygotes et
dizygotes] et de 223 hommes [monozygotes et dizygotes]).
110
100
A. Vuoksimaa et coll. 2010
B. Maltese et coll.2013
ns
d = 0,63
90
80
70
ns
60
50
d = 0,30
40
30
DZMS (n=?)
DZSD
(n=120)
DZMS (n=?)
DZSD
(n=110)
DZMS
(n=34)
DZSD
(n=30)
DZMS
(n=24)
DZSD
(n=30)
Figure 29. Pourcentage de BR au TRM et taille d’effet de la différence chez les femmes en fonction du type de gémellité (à gauche = A, dans l’étude de Vuoksimaa et al. 2010 et à droite B, dans
notre recherche en situation de Comparaison Sociale Possible) en fonction du sexe du participant et du type de gémellité (DZ = Dizygotes, MS = Même sexe, et SD = Sexe différent).
p. 131
Les résultats de l’étude
Bien qu’il soit peu vraisemblable que la condition expérimentale dans laquelle
la comparaison sociale est improbable (CSI) soit assimilable à celle des travaux de
Vuoksimaa et al. (2010), nous avons aussi testé l’hypothèse du transfert d’hormones
dans cette situation en utilisant le même plan d’analyse statistique. Nos résultats
vont dans le même sens que précédemment et confirment, là encore, que les
femmes qui ont un cojumeau n’ont pas de meilleures performances au TRM que
celles qui ont une cojumelle.
3.2.2.
Conclusion
Nous ne confirmons pas l’hypothèse d’une origine biologique à la différence
de sexe au TRM. Nos résultats vont même à l’encontre des deux études précédentes (Vuoksimaa et al., 2010 et Heil, Kavsek, Rolke, Beste & Jansen, 2011) qui
accréditent cette origine biologique. Dans notre recherche, les performances des
femmes ayant un cojumeau sont moins bonnes que celles des femmes ayant
une cojumelle (cf. fig. 29). Cependant, bien que nos résultats n’accréditent pas la
piste d’une différence de sexe d’origine biologique, plusieurs divergences paradigmatiques ne permettent pas de comparer directement nos résultats à ceux de Vuoksimaa et al. (2010). Nous discuterons plus loin (Chap. 4 p. 171) des différences entre
nos résultats et ceux des deux études précédentes.
p. 132
Les résultats de l’étude
3.3. La différence de sexe au TRM est la conséquence de la menace d’un stéréotype négatif chez
les femmes
Dans la littérature sur les différences de sexe en rotation mentale, les auteurs
interprètent généralement les performances globales des participants au test. Celuici étant administré, en fonction des objectifs spécifiques de chaque étude, dans un
Contexte (consignes ou pression temporelle) différent selon les conditions expérimentales. Ainsi, dans les deux études avec jumeaux (Vuoksimaa et al., 2010 et Heil,
Kavsek, Rolke, Beste & Jansen, 2011) les auteurs comparent la moyenne des performances de participants appartenant à différents groupes de gémellité (MS ou SD),
dans une version papier et crayon du TRM (Peters et al., 1995) réalisée dans les
mêmes conditions expérimentales.
Pour tester notre hypothèse d’une différence de sexe en rotation mentale ancrée dans l’interférence du stéréotype des moins bonnes aptitudes spatiales des
femmes, nous allons nous focaliser sur le traitement des données des participants
appartenant au seul groupe dans lequel un stéréotype lié au sexe peut se vérifier,
c'est-à-dire, le groupe des dizygotes de sexe différent. En effet, bien qu’il soit fort
probable que les femmes appartenant au groupe des DZMS puissent être sensibles,
lorsque la situation d’évaluation affirme un lien entre la performance au test et les
aptitudes en mathématiques, sciences ou à l’intelligence, à une représentation stéréotypique de la performance d’un homme, celle-ci n’a aucune raison d’affecter différemment la performance des deux sœurs et donc de générer de la différence à
l’intérieur de la paire.
Nous allons donc examiner les données des DZSD, d’une part, en termes
d’exactitude des réponses (pourcentage total de BR), et d’autre part, en termes de
temps mis pour donner la bonne réponse (moyenne des médianes des TR aux BR
pour tous les types d’items confondus, c'est-à-dire sans tenir compte du type de figure). Nous explorerons ces données plus en détails dans le paragraphe suivant (cf.
§. 3.4. p. 140) en fonction du type de figure à comparer (identiques, différentes ou en
miroir) ou de la catégorie d’angle de rotation (petits, moyens et grands)], lorsque
nous aborderons la question de la traduction comportementale de l’interférence du
stéréotype.
p. 133
Les résultats de l’étude
3.3.1.
Dans l’exactitude des réponses
3.3.1.1. Chez tous les dizygotes de sexe différent
Il s’agit là de l’explication alternative à la différence de sexe que nous défendons dans cette thèse. Pour vérifier notre hypothèse nous avons conduit une analyse
de variance chez tous les DZSD sur le pourcentage total de bonnes réponses au
TRM en fonction du sexe du participant, et de la condition expérimentale (CSP ou
CSI). (cf. tableau n°11)
Tableau 11. Résumé de l’anova chez tous les jumeaux dizygotes SD, sur le pourcentage (fréquence) de bonnes réponses au TRM, en fonction du sexe du participant et de la condition
expérimentale (Comparaison Sociale Possible = CSP ou Comparaison Sociale Improbable ou
CSI).
Sexe
Sexe * Condition
df
1, 120
F
7,35
12,12
p
0,008
0,001
η²partiel
0,058
0,092
Puis Obs
,767
,932
Les résultats révèlent un effet principal du sexe du participant, avec les performances des hommes (85,2% de BR) meilleures que celles des femmes (79,8% de
BR) et une interaction significative entre le sexe du participant et la condition expérimentale. L’analyse des contrastes simples de cette interaction montre : un effet du
sexe du participant uniquement significatif en situation de comparaison sociale possible [F (1, 120) = 18,58 ; p < ,000 ; η²partiel = ,134 ; Puis Obs = ,990] avec
les performances des hommes (88,4% de BR) supérieures (12,2%) à celles des
femmes (76,2% de BR). De manière beaucoup plus intéressante, la différence
entre les hommes et les femmes n’est plus significative en situation de comparaison sociale improbable, avec les performances des femmes très proches de
celles des hommes (pourcentage de BR chez les hommes = 81,9% et chez les
femmes = 83,5%). L’analyse des contrastes simples nous apporte également une
information importante, l’effet de la condition expérimentale est significatif pour
les deux sexes : chez les femmes [F (1, 120) = 6,73 ; p < ,011 ; η²partiel = ,053 ; Puis
Obs = ,731] et chez les hommes [F (1, 120) = 5,42 ; p < ,022 ; η²partiel = ,043 ; Puis
Obs = ,637]. Mais alors que les femmes améliorent leurs performances (7,2% de
BR en plus) en situation de comparaison sociale improbable par rapport à la
condition de comparaison possible (83,5% vs 76,2%), les hommes voient leurs
p. 134
Les résultats de l’étude
performances diminuer (6,5% de BR en moins) en situation de comparaison
sociale improbable par rapport à la condition ou la comparaison est possible
(81,9% vs 88,4%). (cf. fig. 30).
1
DZSD-H
DZSD-F
d = 0,59
0,95
d = 1,30
d = 0,66
0,9
ns
0,85
0,8
0,884
0,835
0,819
0,75
0,762
0,7
CSP
CSI
Figure 30. Chez les DZSD, pourcentage moyen de bonnes réponses pour toutes les figures au
TRM (et ESM à 95%), en fonction du sexe du participant (H=Homme et F=Femme), et de la condition expérimentale (CSP=Comparaison Sociale Possible et CSI=Comparaison Sociale Improbable.
3.3.1.2. Uniquement chez les dizygotes de même
sexe
Afin de s’assurer que la différence de performance que l’on observe chez les
DZSD est bien le fruit d’une différence liée au sexe des participants, nous avons vérifié les données des DZMS, chez lesquels aucune menace d’un stéréotype lié au
sexe du cojumeau ne peut exister. Nous avons conduit une analyse de variance
chez tous les DZMS sur le pourcentage total de bonnes réponses au TRM en fonction du sexe du participant, et de la condition expérimentale (CSP ou CSI). (cf. tableau n°12)
p. 135
Les résultats de l’étude
Tableau 12. Résumé de l’anova chez tous les jumeaux dizygotes MS, sur le pourcentage (fréquence) de bonnes réponses au TRM, en fonction du sexe du participant et de la condition
expérimentale (Comparaison Sociale Possible = CSP ou Comparaison Sociale Improbable ou
CSI).
Sexe du participant
Sexedu participant * Condition
df
1, 110
F
5,27
3,49
p
0,024
0,064
η²partiel
0,046
0,031
Puis Obs
,624
,458
L’analyse montre un effet principal du sexe du participant, avec les hommes
(88,2% de BR) meilleurs que les femmes (84,8% de BR) et une interaction sexe du
participant et condition expérimentale proche du seuil de significativité. L’analyse des
contrastes simples de cette interaction montre (i) un effet du sexe du participant uniquement dans la condition où la comparaison est possible [F (1, 110) = 8,91 ; p <
,003 ; η²partiel = ,075 ; Puis Obs = ,841] avec les hommes (89,7% de BR) meilleurs de
6,3% de BR en plus) que les femmes (86,8% de BR), mais beaucoup plus intéressant pour notre hypothèse, (ii), il n’existe pas, aussi bien dans le groupe des
hommes que dans le groupe des femmes, de différence significative entre les
deux conditions de comparaison (les DZMS-Hommes obtiennent 89,7% de BR en
CSP et 86,8% de BR en CSI ; les DZMS-Femmes obtiennent 83,4% de BR en CSP
et 86,2% de BR en CSI).
3.3.1.3. Conclusions
Nos résultats montrent :

que les hommes sont meilleurs que leurs cojumelles dans la condition où la
comparaison sociale est possible avec une taille d’effet importante (d = 1,30), mais
qu’il n’existe plus de différence liée au sexe lorsque la comparaison sociale est improbable (les performances des femmes sont même un peu meilleures que celles
des hommes) ;

que les hommes obtiennent leurs meilleures performances lorsque la compa-
raison à leur sœur est possible (d = 0,59), alors que les femmes ont leurs meilleures
performances lorsque la comparaison sociale est improbable (d = 0,66),

qu’il n’existe pas de différence entre les deux conditions expérimentales pour
les paires de même sexe homme ou femme.
L’ensemble de ces analyses sur le pourcentage de BR au TRM, confirme
notre hypothèse d’une différence de sexe, pour partie, en lien avec
l’interférence d’un stéréotype sur les aptitudes spatiales des hommes et des
p. 136
Les résultats de l’étude
femmes. C’est la première fois que l’interférence d’un stéréotype est ainsi mise
en évidence au TRM avec une population de jumeaux. Ce stéréotype, en défaveur des femmes, fait qu’elles n’expriment pas leurs réelles compétences lorsqu’elles
sont en situation de pouvoir être comparées à un homme (dans notre paradigme
gémellaire l’homme à qui on les compare est aussi le référent de comparaison depuis leur plus jeune âge). Notre étude avec jumeaux montre pour la première fois
que la différence liée au sexe disparaît, dans le groupe des SD (seul groupe où
il peut exister une interférence du stéréotype liée au sexe), lorsque la situation
de comparaison sociale est improbable. Nous montrons également que
l’interférence du stéréotype affecte les performances des hommes qui ont une
cojumelle, ceux-ci améliorent leurs performances lorsqu’ils sont en situation
d’être comparés à leurs sœurs par rapport à la situation où la comparaison est
improbable (ascenseur du stéréotype).
3.3.2. Sur la moyenne des médianes des temps
de réponse aux bonnes réponses à tous les items
confondus
Un traitement des données au niveau des moyennes des TR aurait pu, en raison d’un nombre de bonnes réponses différents selon les items, accroitre le poids de
certains types d’items dans l’analyse. Nous avons donc choisi de traiter les données
au niveau de la moyenne des médianes des TR pour tous les types de présentation
(cf. chap. 2.9.1. p 123/124).
3.3.2.1. Chez tous les dizygotes de sexe différent
Nous avons conduit une analyse de variance sur la moyenne des médianes
des temps de réponses aux bonnes réponses pour toutes les types de présentation
confondus, en fonction du sexe du participant et de la condition expérimentale, celleci montre (cf. tableau n°13 et fig. n°31).
Tableau 13. Anova de la moyenne des médianes des TR aux BR pour toutes les figures chez
tous les DZSD, en fonction du sexe du participant et de la condition expérimentale.
Sexe * Condition
df
1, 120
F
13,46
p
0,000
η²partiel
0,101
Puis Obs
,954
p. 137
Les résultats de l’étude
Une interaction significative entre le sexe du participant et la condition expérimentale. L’analyse des contrastes simples de cette interaction montre : (i) un effet
du sexe du participant dans les deux conditions, avec en CSP [F (1, 120) =
7,17 ; p < ,008 ; η²partiel = ,056 ; Puis Obs = ,757], les femmes plus rapides que les
hommes (1,16 seconde de moins), et en CSI [F (1, 120) = 6,29 ; p < ,013 ; η²partiel =
,050 ; Puis Obs = ,702] les hommes plus rapides que les femmes (1,05 seconde
de moins), et (ii) un effet de la condition expérimentale pour les deux sexes,
avec les hommes [F (1, 120) = 5,75 ; p < ,018 ; η²partiel = ,046 ; Puis Obs = ,663]
plus rapides en CSI qu’en CSP (1,02 seconde de moins) et l’inverse chez les
femmes [F (1, 120) = 7,78 ; p < ,006 ; η²partiel = ,061 ; Puis Obs = ,790] qui sont plus
rapides en CSP qu’en CSI (1,19 seconde de moins).
3.3.2.2. Uniquement chez les dizygotes de même
sexe
Il nous fallait, pour s’assurer que la différence de performance dans les TR
observée chez les DZSD était bien le fruit d’une différence liée au sexe des participants, vérifier les données des DZMS, chez lesquels aucune menace d’un stéréotype de sexe ne peut exister. L’analyse confirme notre hypothèse et ne montre
pas d’interaction significative entre le sexe du participant et la condition expérimentale dans le groupe des jumeaux de MS.
p. 138
Les résultats de l’étude
7000
Hommes
6500
d = 0,62
6000
5500
Femmes
d = 0,69
d = 0,67
d = 0,64
5000
4500
4000
3500
4,86 s
4,83 s
3,67 s
3000
3,81 s
2500
CSP
CSI
Figure 31. Moyenne des médianes (en seconde et ESM à 95%) des TR aux BR à tous les items,
en fonction du sexe du participant (H = Homme ; F = Femme) et de la condition (CSP = Comparaison Sociale Possible ; CSI = Comparaison Sociale Improbable).
3.3.2.3. Conclusions
L’analyse des TR aux BR du TRM confirme notre hypothèse. Il existe un effet
d’interférence du stéréotype de sexe relatif aux aptitudes spatiales au niveau du
temps mis par les hommes et les femmes pour donner la bonne réponse suivant que
la comparaison sociale soit possible ou improbable. En effet, alors qu’il n’existe pas
de différence de performance pour les paires de même sexe en fonction de la condition expérimentale, il apparait une différence significative du temps mis pour répondre pour les paires de sexe différent. Comportementalement, les hommes qui ont
une cojumelle sont plus rapides (de 1,02 seconde) pour donner leurs réponses lorsque la comparaison à leur sœur est improbable et c’est l’inverse chez les femmes qui
ont un cojumeau qui sont plus promptes (de 1,19 seconde) pour donner leurs réponses lorsqu’elles sont en situation de comparaison possible avec leur frère. C’est
la première fois qu’une étude gémellaire analyse les temps de réponse des participants en offrant ainsi l’opportunité d’examiner l’expression comportementale de l’interférence d’un stéréotype, dans le temps mis pour répondre.
p. 139
Les résultats de l’étude
3.4. La stratégie de résolution du test est le témoin de l’interférence du stéréotype
Après avoir mis en évidence les effets sur la performance au TRM de
l’interférence du stéréotype dans la différence liée au sexe, nous allons maintenant
pouvoir plus précisément décrire sa traduction comportementale. La richesse de
notre dispositif nous permet d’observer, en fonction de la nature des figures à comparer (identiques, différentes ou en miroir) et de l’importance de l’angle de rotation,
les modifications comportementales des jumeaux, selon le Contexte situationnel de
comparaison sociale possible ou improbable. Nous détaillerons ces modifications
comportementales d’abord en termes de fréquences des bonnes réponses, puis en
fonction du temps mis pour répondre. L’objectif est d’inférer à partir de ces indices
(mais essentiellement à partir des différences de temps mis pour répondre), les modifications dans la stratégie de résolution du test mis en œuvre par les participants
selon le Contexte situationnel.
3.4.1. Dans l’exactitude de la réponse selon le
type de figure à comparer
Pour étudier les effets de l’interférence du stéréotype, nous allons à nouveau
nous focaliser sur le groupe des DZSD. Nous allons examiner à présent le pourcentage (fréquence) de BR par type de figure. Nous avons conduit chez tous les dizygotes de sexe différent une anova (modèle linéaire général) sur le pourcentage (fréquence) de BR au TRM, avec deux facteurs inter-sujets (le sexe du participant et la
condition expérimentale), et un facteur intra-sujet : le type de figure, à trois modalités
(figures identiques, différentes et en miroir). Ce qui nous intéresse dans cette analyse c’est surtout l’interaction entre le type de figure et le sexe ou la condition. Nous
retrouvons la différence inter-sujet précédemment décrite, à savoir un effet principal
du sexe du participant et une interaction significative entre le sexe du participant et la
condition, toutefois nous ne la rappellerons pas ici. On observe (cf. tableau n°14) :
Un effet du type de figure à comparer, avec les meilleures performances pour les
figures identiques puis les figures en miroir, et les moins bonnes performances pour
les figures différentes en structure (cf. tableau n°15, pour les statistiques descriptives).
p. 140
Les résultats de l’étude
Tableau 14. Résumé chez les DZSD de l’anova sur le pourcentage de BR en fonction du sexe
du participant et de la condition, et à mesures répétées sur le facteur « type de figure » à trois
modalités (identique, différentes et en miroir).
df
1, 119
Type de figure
F
91,14
p
0,000
η²partiel
0,605
Puis Obs
1
Tableau 15. Pourcentage de BR (ESM et Intervalle de confiance à 95%) en fonction du type de
figure à comparer chez les DZSD.
Type de figure
Figures identiques
Figures différentes
Figures en miroir
Moyenne
,880
,717
,823
Intervalle de confiance à 95%
Erreur
standard Borne inférieure Limite supérieure
,009
,862
,899
,013
,691
,743
,015
,794
,853
Toutefois de manière très intéressante, il n’y a pas d’interaction significative
entre le sexe du participant et le type de figure à comparer ou entre la condition expérimentale et le type de figure. Les données montrent (cf. tableau n° 16), d’une part,
que la différence de performance en faveur des hommes en CSP ne diffère pas et
demeure du même ordre de grandeur quel que soit le type de figure à comparer
(+11,6% pour les identiques, +13,9% pour les différentes et +11,7% pour les figures
en miroir), et d’autre part, que les performances des hommes et des femmes sont
très proches en CSI, pour tous les types de figure (légèrement favorable aux femmes
pour les identiques (+2,4% de BR) et pour les figures en miroirs (+1,9% de BR), et
légèrement favorable aux hommes pour les différentes (+0,7% de BR).
p. 141
Les résultats de l’étude
Tableau 16. Chez les DZSD, moyenne, ESM et intervalle de confiance à 95% des pourcentages
de BR (fréquence) au TRM selon le sexe du participant, le type de figure (identique, différente,
en miroir) et la condition (CSP = Comparaison Sociale Possible, CSI = Comparaison Sociale
Improbable)
Sexe
Condition
CSP
homme
CSI
CSP
femme
CSI
Figure
Moyenne
Identique
Différente
En miroir
Identique
Différente
En miroir
Identique
Différente
En miroir
Identique
Différente
En miroir
,935
,781
,886
,872
,726
,809
,819
,642
,769
,896
,719
,828
ESM Intervalle de confiance à 95%
Borne inféLimite supérieure
rieure
,019
,897
,973
,027
,728
,833
,030
,826
,946
,018
,835
,908
,026
,675
,777
,029
,751
,867
,019
,781
,857
,027
,589
,695
,030
,709
,829
,018
,859
,932
,026
,668
,770
,029
,770
,886
3.4.1.1. Conclusions
C’est la première fois qu’une étude gémellaire s’intéresse aux performances d’hommes ou de femmes au TRM en fonction de la nature de la figure
à comparer.
Dans le groupe des dizygotes SD, seul groupe dans lequel peut interférer un
stéréotype de sexe, nous montrons que la situation de comparaison sociale
possible ou improbable modifie, avec le même ordre de grandeur, les performances pour tous les types de figure. En CSP, les hommes ont des performances meilleures que les femmes d’environ 12 à 14%, et en CSI, la différence
de sexe n’apparait plus pour aucun type de figure à comparer (cf. fig. n° 32).
De plus, les performances des femmes lorsque la situation de comparaison est improbable, sont non seulement très proches de celles des hommes,
mais même parfois légèrement meilleures (figures identiques et en miroir).
Nous pouvons affirmer qu’il n’y a pas chez les femmes de défaut de compétence par rapport aux hommes dans l’aptitude cognitive à traiter un type particulier de figure.
p. 142
Les résultats de l’étude
1
Identiques
d = 1,15
Différentes
En Miroir
d = 0,79
0,95
Différences H / F en CSI NS
d = 1,04
0,9
0,85
0,8
0,75
0,7
0,935
0,886
0,895
0,871
0,819
0,828
0,808
0,780
0,769
0,65
0,725
0,718
H-CSI
F-CSI
0,642
0,6
H-CSP
F-CSP
Figure 32. Résumé du pourcentage de BR selon le type de figure (Identique, Différente, en
Miroir) chez tous les DZSD (ESM à 95%) et taille d’effet (d de Cohen), selon le sexe du participant (H = Homme ; F = Femme), la condition expérimentale (CSP = Comparaison Sociale Possible ; CSI = Comparaison Sociale Improbable).
p. 143
Les résultats de l’étude
3.4.2. Dans les temps de réponse selon le type
de figure à comparer
Les TR devraient nous fournir une indication sur la stratégie employée par les
participants en fonction de leur sexe et de la condition de comparaison sociale. Nous
avons conduit chez tous les dizygotes de sexe différent (seul groupe dans lequel un
stéréotype de sexe peut exister) une anova (modèle linéaire général) sur la moyenne
des médianes des TR aux BR du TRM, avec deux variables indépendantes (le sexe
du participant et la condition expérimentale), et une mesures répétées sur un facteur : le type de figure, à trois modalités (figures identiques, différentes et en miroir).
Elle montre (cf. tableau n°17) : (i) Un effet principal du type de figure, (ii) une interaction significative entre le type de figure et le sexe du participant, et surtout (iii), une
double interaction significative entre le type de figure, le sexe du participant et
la condition expérimentale. La mise en évidence d’un effet du type de figure, nous
incite donc à traiter à présent les moyennes des médianes des TR aux BR par type
de figure.
Tableau 17. Résumé chez les DZSD de l’anova sur les moyennes des médianes des TR aux BR
en fonction du sexe du participant et de la condition, et à mesures répétées sur le facteur
« type de figure » à trois modalités (identique, différentes et en miroir).
Type de figure
Figure * Sexe du participant
Figure * sexe du participant *
condition
df
1, 119
F
72,05
5,73
p
0,000
0,004
η²partiel
0,548
0,088
Puis Obs
1
0,859
5,09
0,008
0,079
0,812
3.4.2.1. La moyenne des médianes des TR aux figures identiques
Une anova a été conduite chez les DZSD uniquement pour la moyenne des
médianes des TR aux BR aux figures identiques, en fonction du sexe du participant,
et de la condition expérimentale, elle montre une interaction sexe du participant *
condition (cf. tableau n° 18).
p. 144
Les résultats de l’étude
Tableau 18. Anova de la moyenne des médianes des TR aux BR aux figures identiques chez
tous les DZ, en fonction du sexe du participant, du sexe du cojumeau et de la condition expérimentale.
df
1, 120
Sexe * Condition
F
12,42
η²partiel
0,094
p
0,001
Puis Obs
0,938
L’analyse des contrastes simples de cette interaction met en évidence : (i) un
effet du sexe du participant uniquement en CSP [F (1, 120) = 9,97 ; p < ,002 ;
η²partiel = ,077 ; Puis Obs = ,880] avec les femmes (4,12 sec) plus rapides (1,76 seconde de moins) que les hommes (5,88 sec), alors qu’il n’y a pas de différence significative dans le temps mis pour répondre en fonction du sexe du participant en CSI,
et, (ii), un effet de la condition expérimentale significatif pour les deux sexes
(cf. fig. n°33), avec les hommes [F (1, 120) = 5,76 ; p < ,018 ; η²partiel = ,046 ; Puis
Obs = ,663] plus rapides (1,31 seconde de moins) en CSI (4,56 sec) qu’en CSP
(5,88 sec), et les femmes [F (1, 120) = 6,68 ; p < ,011 ; η²partiel = ,053 ; Puis Obs =
,727] plus rapides (1,41 seconde de moins) en CSP (4,12 sec) qu’en CSI (5,53
sec).
7,5
Hommes
7
Femmes
d = 0,60
6,5
d = 0,66
6
5,5
5
4,5
5,88
5,53
4
4,56
4,12
3,5
3
CSP
CSI
Figure 33. Chez les DZSD, anova sur la moyenne des médianes des TR aux BR aux figures identiques (en seconde, ESM à 95% et d de Cohen) en fonction du sexe et de la condition (CSP =
Comparaison Sociale Possible et CSI = Comparaison Sociale Improbable).
p. 145
Les résultats de l’étude
3.4.2.2. La moyenne des médianes des TR aux figures différentes
La même anova que précédemment (cf. §. 3.4.2.1.1. p. 144) a été conduite
uniquement pour les figures différentes, elle montre : (cf. tableau n° 19)
Tableau 19. Anova de la moyenne des médianes des TR aux BR aux figures différentes chez
tous les DZSD, en fonction du sexe du participant et de la condition expérimentale.
df
1, 120
Sexe * condition
F
7,36
p
0,008
η²partiel
0,058
Puis Obs
0,768
L’analyse des contrastes simples de l’interaction significative entre le sexe du
participant et la condition, montre : (i), un effet du sexe du participant uniquement
en CSP [F (1, 120) = 5,05 ; p < ,026 ; η²partiel = ,040 ; Puis Obs = ,606] avec les
femmes plus rapides que les hommes (0,76 seconde de moins), (ii), un effet de la
condition expérimentale pour les deux sexes, avec les femmes [F (1, 120) =
3,91 ; p < ,050 ; η²partiel = ,032 ; Puis Obs = ,501] plus rapides (0,66 seconde de
moins) en CSP (3,05 sec) qu’en CSI (3,70 sec), et chez les hommes proches du
seuilde significativité [F (1, 120) = 3,46 ; p < ,065 ; η²partiel = ,028 ; Puis Obs = ,455]
lesquels sont plus rapides (0,62 seconde de moins) en CSI (3,19 sec) qu’en CSP
(3,80 sec). (cf. fig. n°34)
4,5
Hommes
4,3
Femmes
d = 0,46
4,1
d = 0,51
3,9
3,7
3,5
3,3
3,1
3,80
3,70
2,9
3,05
2,7
3,19
2,5
CSP
CSI
Figure 34. Chez les DZSD, anova sur la moyenne des médianes des TR aux BR aux figures différentes (en seconde, ESM à 95% et d de Cohen) en fonction du sexe et de la condition (CSP =
Comparaison Sociale Possible et CSI = Comparaison Sociale Improbable).
p. 146
Les résultats de l’étude
3.4.2.3. La moyenne des médianes des TR aux figures en miroir
La même anova que précédemment (cf. p. 144) a été conduite chez tous les
dizygotes de SD uniquement pour les figures en miroir (cf. tableau n° 20)
Tableau 20. Anova de la moyenne des médianes des TR aux BR aux figures en miroirs, chez
tous les DZSD, en fonction du sexe du participant et de la condition expérimentale.
df
1, 120
Sexe * Condition
F
13,72
η²partiel
0,103
p
0,000
Puis Obs
0,957
L’analyse des contrastes simples de l’interaction significative montre : (i) un effet du sexe du participant pour la première fois significatif en CSI et proche du
seuil de significativité en CSP. En CSI, [F (1, 120) = 11,47 ; p < ,001 ; η²partiel = ,087 ;
Puis Obs = ,919] les hommes (3,67 sec) sont plus rapides (1,7 sec de moins) que
les femmes (5,37 sec) et en CSP [F (1, 120) = 3,52 ; p < ,063 ; η²partiel = ,029 ; Puis
Obs = ,461] les femmes (3,84 sec) sont plus rapides (0, 97 sec de moins) que les
hommes (4,82 sec), (ii) un effet de la condition expérimentale pour les deux
sexes, avec les hommes [F (1, 120) = 5,06 ; p < ,026 ; η²partiel = ,041 ; Puis Obs =
,608] plus rapides (1,14 sec de moins) en CSI (3,67 sec) qu’en CSP (4,82), et les
femmes [F (1, 120) = 8,92 ; p < ,003 ; η²partiel = ,069 ; Puis Obs = ,842] plus rapides
(1,52 sec de moins) en CSP (3,84 sec) qu’en CSI (5,37 sec). (cf. fig. n°35)
6,5
Hommes
6
Femmes
d = 0,70
5,5
d = 0,63
5
4,5
4
3,5
5,37
4,82
3,84
3
3,67
2,5
CSP
CSI
Figure 35. Chez les DZSD, anova sur la moyenne des médianes des RT aux BR aux figures en
miroirs (en seconde, ESM à 95% et d de Cohen) en fonction du sexe et de la condition (CSP =
Comparaison Sociale Possible et CSI = Comparaison Sociale Improbable).
p. 147
Les résultats de l’étude
3.4.2.4. Résumé des moyennes des médianes des
TR selon le type de figure à comparer
Pour tous les types de figures, les femmes qui ont un cojumeau sont plus
promptes à donner leurs réponses dans la situation où la comparaison à leur frère
est possible. C’est l’inverse chez les hommes qui prennent toujours plus de temps
pour donner leurs réponses dans la situation où ils pourraient être comparés à leur
sœur.
Ces résultats accréditent notre hypothèse d’une différence de sexe ancrée dans une stratégie de résolution du test différente chez les hommes et
chez les femmes, en fonction de la situation possible ou improbable
d’interférence du stéréotype. Enfin, notre hypothèse d’une différence entre les
hommes et les femmes au TRM due, en partie, à l’interférence d’un stéréotype est
également confirmée par le fait que les temps de réponse des femmes, lorsque la
comparaison est improbable, sont proches des TR des hommes en situation de
comparaison possible indiquant probablement qu’une stratégie naturelle et différente
de résolution du test est alors mis en œuvre (cf. fig. n°36, chez les SD).
6,5
SD-H
0,046
6,0
SD-F
0,053
0,069
5,5
0,041
5,0
4,5
4,0
0,028
5,88
0.032
5,53
5,36
3,5
4,81
4,56
3,0
4,12
3,80
3,70
3,05
2,5
3,84
3,67
3,19
2,0
Ident CSP
Ident CSI
Diff CSP
Diff CSI
Mir CSP
Mir CSI
Figure 36. Tableau résumé des moyennes des médianes des TR aux BR en secondes (et ESM à
95%), et taille d’effet (²partiel), chez les SD (H = Homme etF=Femme) en fonction de la condition
expérimentale (CSP=Comparaison Sociale Possible et CSI = Comparaison Sociale Improbable)
par type de figures (Ident = Identiques ; Diff = Différentes ; Mir = en Miroir).
p. 148
Les résultats de l’étude
3.4.3. Selon la nature de la figure et la catégorie
d’angle de rotation (petits, moyens ou grands)
Nous allons dans ce paragraphe étudié la différence de sexe au TRM chez les
DZSD selon le type de figure (e.g. identiques, différentes et en miroirs) et en fonction
de la catégorie d’angle de rotation (e.g. petits angles, angles moyens ou grands
angles). Il nous fallait au préalable justifier ce type d’analyse en mettant en évidence
un effet du type de figure par catégorie d’angle dans les moyennes des médianes
des TR aux BR. Nous avons conduit dans ce but chez tous les DZSD, une analyse
de variance (modèle linéaire général) sur les moyennes des médianes des TR aux
BR au TRM, avec deux facteurs inter-sujet (le sexe du participant et la condition expérimentale) et deux facteurs intra-sujets : le type de figure à trois modalités (identiques, différente, en miroir) et le type d’angle de rotation à trois modalités (petits,
moyens et grands). L’analyse montre (cf. tableau n°21), une triple interaction proche
du seuil de significativité entre le type de figure, le sexe du participant, la catégorie
d’angle de rotation et la condition expérimentale. Ce résultat nous incite à examiner
les TR par type de figure et catégorie d’angle.
Tableau 21. Résumé de l’analyse de variance chez les DZSD, sur les moyennes des médianes
des TR aux BR au TRM, avec deux facteurs inter-sujet (le sexe du participant et la condition
expérimentale) et deux facteurs intra-sujets : le type de figure à trois modalités (identiques,
différente, en miroir) et le type d’angle de rotation à trois modalités (petits, moyens et grands).
Type de figure (Fig)
Fig * Sexe
Fig * Sexe * Condition
Angle (Ang)
Fig * Ang
Fig * Ang * Sexe * Condition
df
1, 119
‘’
‘’
‘’
1, 117
‘’
F
71,64
5,70
4,89
71,02
32,62
2,26
p
0,000
0,004
0,009
0,000
0,000
0,067
η²partiel
0,546
0,088
0,076
0,544
0,527
0,072
Puis Obs
1
0,857
0,796
1
1
0,645
p. 149
Les résultats de l’étude
3.4.3.1. La moyenne des médianes des temps de
réponse pour les figures identiques avec un petit
angle de rotation
Nous avons conduit chez tous les DZSD une anova sur la moyenne des médianes des TR aux BR aux figures identiques avec un petit angle de rotation (20°,
40° et 60°) en fonction du sexe du participant et de la condition expérimentale. Celleci montre (cf. tableau n°22) :
Tableau 22. Anova de la moyenne des médianes des TR aux BR aux figures identiques avec un
petit angle de rotation (20°,40° et 60°), chez tous les DZSD, en fonction du sexe du participant
et de la condition expérimentale.
Sexe * Condition
df
1, 120
F
6,95
p
0,003
η²partiel
0,069
Puis Obs
0,843
L’analyse des contrastes simples de l’interaction significative montre : (i) un
effet du sexe du participant uniquement en CSP [F (1, 120) = 6,60 ; p < ,011 ;
η²partiel = ,052 ; Puis Obs = ,722] avec les femmes (3,67 sec) plus rapides (1,22 sec
de moins) que les hommes (4,89 sec), (ii) un effet de la condition expérimentale
pour les deux sexes, avec les hommes [F (1, 120) = 4,16 ; p < ,044 ; η²partiel = ,034
; Puis Obs = ,525] plus rapides (0,95 seconde de moins) en CSI (3, 93 sec) qu’en
CSP (4,89 sec) et l’inverse avec les femmes [F (1, 120) = 4,80 ; p < ,030 ; η²partiel =
,039 ; Puis Obs = ,585] plus rapides (1,02 seconde de moins) en CSP (3,67) qu’en
CSI (4,69).
Nous avons dérivé de ces temps de réponses, une vitesse de rotation en milliseconde par degré d’angle de rotation (VR, de la même manière que Shepard &
Metzler en 1971), en divisant la somme des temps de réponse par la somme des
angles de rotation (cf. §. 2.9.1. p. 123, 124). La VR chez les hommes qui ont une
cojumelle [F (1, 120) = 4,16 ; p < ,044 ; η²partiel= ,034 ; Puis Obs = ,525] est plus
élevée (23,8 ms/°d’angle de moins) en CSI (98,44 ms/°) qu’en CSP (122,28 ms/°),
alors que la VR chez les femmes qui ont un cojumeau [F (1, 120) = 4,80 ; p <
,030 ; η²partiel = ,039 ; Puis Obs = ,585] est plus élevée (25,6 ms/° de moins) en CSP
(91,76 ms/°) qu’en CSI (117,38 ms/°).
p. 150
Les résultats de l’étude
3.4.3.2. La moyenne des médianes des temps de
réponse pour les figures identiques avec un angle
moyen de rotation
La même anova que précédemment (cf. § 3.4.3.1. p. 150) a été conduite pour
les angles moyens (80°, 100° et 120°), elle montre (cf. tableau n°23) :
Tableau 23. Anova de la moyenne des médianes des TR aux BR aux figures identiques avec un
angle moyen de rotation (80°, 100° et 120°), chez tous les DZSD, en fonction du sexe du participant et de la condition expérimentale.
Sexe * Condition
df
1, 120
F
10,74
p
0,001
η²partiel
0,082
Puis Obs
0,902
L’analyse des contrastes simples de la double interaction significative montre :
(i) un effet du sexe du participant en CSP [F (1, 120) = 8,00 ; p < ,005 ; η²partiel =
,063 ; Puis Obs = ,802] avec les femmes plus rapides que les hommes (1,75 seconde de moins), et proche du seuil en CSI [F (1, 120) = 3,20 ; p < ,076 ; η²partiel =
,026 ; Puis Obs = ,426] avec l’inverse, c'est-à-dire les hommes plus rapides que
les femmes (1,07 seconde de moins), (ii) un effet de la condition expérimentale
pour les deux sexes, avec les hommes [F (1, 120) = 5,69 ; p < ,019 ; η²partiel = ,045
; Puis Obs = ,658] plus rapides en CSI qu’en CSP (1,45 seconde de moins), et
l’inverse chez les femmes [F (1, 120) = 5,05 ; p < ,026 ; η²partiel = ,040 ; Puis Obs =
,606] plus rapides en CSP qu’en CSI (1,37 seconde de moins).
L’analyse de la vitesse de rotation montre que les hommes qui ont une cojumelleont une VR plus élevée (14,5 ms/° de moins) en CSI (48,10 ms/°) qu’en CSP
(62,65 ms/°), et que les femmes qui ont un cojumeau ont une VR plus élevée
(13,7 ms/° de moins) en CSP (45,13 ms/°) qu’en CSI (58,83 ms/°).
3.4.3.3. La moyenne des médianes des temps de
réponse pour les figures identiques avec un
grand angle de rotation
La même anova que précédemment (cf. § 3.4.3.1. p. 150) a été conduite pour
les grands angles (140°, 160° et 180°), elle montre (cf. tableau n°24) :
p. 151
Les résultats de l’étude
Tableau 24. Anova de la moyenne des médianes des TR aux BR aux figures identiques avec un
grand angle de rotation (140°, 160° et 180°), chez tous les DZSD, en fonction du sexe du participant, et de la condition expérimentale.
Sexe * Condition
df
(1, 120)
F
14,19
p
0,000
η²partiel
0,106
Puis Obs
0,962
L’analyse des contrastes simples de l’interaction significative montre : (i) un
effet du sexe du participant en CSP [F (1, 120) = 12,33 ; p < ,001 ; η²partiel = ,093 ;
Puis Obs = ,936] avec les femmes (4,63 sec) plus rapides (3,83 seconde de moins)
que les hommes (7,09 sec), et en proche du seuil en CSI [F (1, 120) = 3,20 ; p <
,076 ; η²partiel = ,026 ; Puis Obs = ,427] les hommes (5,41 sec) plus rapides (2,54
seconde de moins) que les femmes (6,62 sec), (ii) un effet de la condition expérimentale pour les deux sexes, avec chez les hommes [F (1, 120) = 5,96 ; p < ,016
; η²partiel = ,047 ; Puis Obs = ,678] une plus grande rapidité (1,67 seconde de moins)
en CSI ( 5,41 sec) qu’en CSP (7,09 sec), et l’inverse chez les femmes [F (1, 120)
= 8,33 ; p < ,005 ; η²partiel = ,065 ; Puis Obs = ,817] plus rapides (1,98 seconde de
moins) en CSP (4,63 sec) qu’en CSI (6,62).
L’analyse de la vitesse de rotation montre chez les hommes qui ont une cojumelle une VR plus élevée en CSI (10,4 ms/° de moins) qu’en CSP, et chez les
femmes qui ont un cojumeau une VR plus élevée en CSP (12,4 ms/° de moins)
qu’en CSI.
3.4.3.4. La moyenne des médianes des temps de
réponse pour les figures différentes avec un petit
angle de rotation
Nous avons conduit chez tous les DZSD une anova sur la moyenne des médianes des TR aux BR aux figures différentes avec un petit angle de rotation (20°,
40° et 60°) en fonction du sexe du participant et de la condition expérimentale. Celleci montre (cf. tableau n°25) :
Tableau 25. Anova de la moyenne des médianes des TR aux BR aux figures différentes avec un
petit angle de rotation (20°, 40° et 60°), chez tous les DZSD, en fonction du sexe du participant,
et de la condition expérimentale.
Sexe * condition
df
1, 120
F
4,71
p
0,032
η²partiel
0,038
Puis Obs
0,577
p. 152
Les résultats de l’étude
L’anova met en évidence une interaction significative entre le sexe du participant et la condition expérimentale. L’analyse des contrastes simples de cette interaction montre : (i) un effet de la condition expérimentale uniquement pour les
hommes [F (1, 120) = 4,05 ; p < ,046 ; η²partiel = ,033 ; Puis Obs = ,515] qui sont plus
rapides (0,65 seconde de moins) en CSI (2,82 sec) qu’en CSP (3,47 sec). Il y a une
interférence du stéréotype chez les hommes mais pas d’interférence du stéréotype chez les femmes pour ce type d’item.
L’analyse de la vitesse de rotation montre un effet de la condition expérimentale uniquement chez les hommes qui ont une cojumelle qui ont une VR
plus élevée en CSI (16,1 ms/° de moins) qu’en CSP.
3.4.3.5. La moyenne des médianes des temps de
réponse pour les figures différentes avec un
angle moyen de rotation
La même analyse que précédemment (cf. § 3.4.3.4 p. 152) a été conduite
pour les angles moyens (80°, 100°, et 120°), elle montre (cf. tableau n°26) :
Tableau 26. Anova de la moyenne des médianes des TR aux BR aux figures différentes avec un
angle moyen de rotation, chez tous les DZ, en fonction du sexe du participant, du sexe du cojumeau et de la condition expérimentale.
Sexe * condition
df
1, 120
F
7,62
p
0,007
η²partiel
0,060
Puis Obs
0,782
L’analyse des contrastes simples de cette interaction montre : un effet du
sexe du participant uniquement en CSP [F (1, 120) = 5,18 ; p < ,025 ; η²partiel =
,041 ; Puis Obs = ,617], avec les femmes (2,94 sec) plus rapides (0,9 seconde de
moins) que les hommes (3,83 sec), (ii) un effet de la condition expérimentale
uniquement chez les femmes [F (1, 120) = 4,64 ; p < ,033 ; η²partiel = ,037 ; Puis
Obs = ,570] lesquelles sont plus rapides (0,83 seconde de moins) en CSP (2,94
sec) qu’en CSI (3,77 sec). Pour les figures différentes avec un angle moyen
l’interférence du stéréotype n’affecte que les performances des femmes qui ont
un cojumeau.
p. 153
Les résultats de l’étude
L’analyse de la vitesse de rotation montre, un effet de la condition expérimentale uniquement chez les femmes, lesquelles ont une VR pour la première
fois plus élevée en CSP (8,2 ms/° de moins) qu’en CSI.
3.4.3.6. La moyenne des médianes des temps de
réponse pour les figures différentes avec un
grand angle de rotation
La même analyse que précédemment (cf. § 3.4.3.4 p. 152) a été conduite
avec les grands angles (140°, 160° et 180°), elle montre (cf. tableau n°27) :
Tableau 27. Anova de la moyenne des médianes des TR aux BR aux figures différentes avec un
grand angle de rotation (140°, 160° et 180°), chez tous les DZSD, en fonction du sexe du participant et de la condition expérimentale.
Sexe * condition
df
1, 120
F
5,48
p
0,021
η²partiel
0,044
Puis Obs
0,641
L’analyse des contrastes simples de l’interaction montre : (i) un effet du sexe
du participant uniquement en CSP [F (1, 120) = 4,00 ; p < ,048 ; η²partiel = ,032 ;
Puis Obs = ,510] avec les femmes (3,85 sec) plus rapides (1,83 seconde de moins)
que les hommes (4,46 sec), (ii) un effet de la condition expérimentale uniquement chez les femmes [F (1, 120) = 3,88 ; p < ,051 ; η²partiel = ,031 ; Puis Obs =
,498] qui sont plus rapides (0,89 seconde de moins) en CSP (3,53 sec) qu’en CSI
(4,43 sec). L’interférence du stéréotype n’affecte, pour les items différents avec
un grand angle de rotation, que les femmes qui ont un cojumeau.
L’analyse de la vitesse de rotation révèle que les femmes ont un cojumeau
ont une VR également plus élevée (cf. angles moyens § 3.4.3.5.) en CSP (5,5
ms/° de moins) qu’en CSI.
3.4.3.7. La moyenne des médianes des temps de
réponse pour les figures en miroir avec un petit
angle de rotation
Nous avons conduit chez tous les DZSD une anova sur la moyenne des médianes des TR aux BR aux figures en miroir avec un petit angle de rotation (20°, 40°
p. 154
Les résultats de l’étude
et 60°) en fonction du sexe du participant et de la condition expérimentale. Celle-ci
montre (cf. tableau n°28) :
Tableau 28. Anova de la moyenne des médianes des TR aux BR aux figures en miroir avec un
petit angle de rotation (20°, 40° et 60°), chez tous les DZSD, en fonction du sexe du participant
et de la condition expérimentale.
Sexe du participant * condition
df
(1, 120)
F
14,31
p
0,000
η²partiel
0,059
Puis Obs
0,965
Une interaction sexe du participant et condition expérimentale significative.
L’analyse des contrastes simples de cette interaction montre : (i) un effet du sexe
du participant pour la première fois uniquement en CSI [F (1, 120) = 14,10 ; p <
,000 ; η²partiel = ,105 ; Puis Obs = ,961] dans lequel les hommes (3,46 sec) sont plus
rapides (2,10 seconde de moins) que les femmes (5,57) (ii) un effet de la condition
expérimentale pour les deux sexes, avec chez les hommes [F (1, 120) = 4,17 ; p
< ,043 ; η²partiel = ,034 ; Puis Obs = ,527] une plus grande rapidité (1,16 seconde de
moins) en CSI (3,46 sec) qu’en CSP (4,63), et chez les femmes [F (1, 120) = 9,76 ;
p < ,002 ; η²partiel = ,075 ; Puis Obs = ,873] une plus grande rapidité (1,77 seconde
de moins) en CSP (3,79 sec) qu’en CSI (5,57 sec). Pour les figures en miroir avec
un petit angle de rotation, l’interférence du stéréotype affecte les deux sexes
de manière opposée, les femmes répondent plus rapidement alors que les
hommes prennent plus leur temps pour répondre.
L’analyse de la vitesse de rotation montre un effet de la condition expérimentale pour les paires de jumeaux SD avec chez les hommes qui ont une cojumelleune VR plus élevée en CSI (29,1 ms/° de moins) qu’en CSP, et chez les
femmes qui ont un cojumeau une VR plus grande en CSP (41,7 ms/° de moins)
qu’en CSI.
3.4.3.8. La moyenne des médianes des temps de
réponse pour les figures en miroir avec un angle
moyen de rotation
La même analyse que précédemment (cf. § 3.4.3.7. p.154) a été conduite
pour les angles moyens (80°, 100° et 120°), elle montre (cf. tableau n°29) :
p. 155
Les résultats de l’étude
Tableau 29. Anova de la moyenne des médianes des TR aux BR aux figures en miroir avec un
angle moyen de rotation (80°, 100° et 120°), chez tous les DZSD, en fonction du sexe du participant et de la condition expérimentale.
Sexe du participant * condition
df
1, 120
F
11,86
p
0,001
η²partiel
0,090
Puis Obs
0,927
Une interaction significative entre le sexe du participant et la condition expérimentale. L’analyse des contrastes simples met en évidence : (i) un effet du sexe
participant en CSI, [F (1, 120) = 9,17 ; p < ,003 ; η²partiel = ,071 ; Puis Obs = ,852]
avec les hommes (3,99 sec) plus rapides (2,79 seconde de moins) que les
femmes (5,68 sec), et proche du seuil en CSP, [F (1, 120) = 3,46 ; p < ,065 ; η²partiel
= ,028 ; Puis Obs = ,455] avec les femmes (4,01 sec) plus rapides (2,21 seconde de
moins) que les hommes (5,08 sec), (ii) un effet de la situation de comparaison
sociale possible ou improbable pour les deux sexes, avec toutefois, (i) un effet
proche du seuil de la significativité chez les hommes qui ont une cojumelle [F (1,
120) = 3,69 ; p < ,057 ; η²partiel = ,030 ; Puis Obs = ,479] lesquels sont plus rapides
(1,08 seconde de moins) en CSI (3,99 sec) qu’en CSP (5,08 sec) et (ii) chez les
femmes qui ont un cojumeau [F (1, 120) = 8,70 ; p < ,004 ; η²partiel = ,068 ; Puis Obs =
,833] une plus grande rapidité (1,67 seconde de moins) en CSP (4,01 sec) qu’en CSI
(5,68 sec). Le Contexte situationnel de comparaison sociale possible ou improbable affecte le temps de réponse des hommes et des femmes appartenant à
des paires de jumeaux de sexe différent. Les femmes répondent plus rapidement lorsque la comparaison est possible alors que les hommes répondent
plus rapidement lorsque la comparaison est improbable.
L’analyse de la vitesse de rotation révèle que les hommes qui ont une cojumelle ont une VR plus élevée en CSI (11 ms/° de moins) qu’en CSP, et les
femmes qui ont un cojumeau qui ont une VR plus élevée en CSP qu’en CSI
(15,4 ms/° de moins).
3.4.3.9. La moyenne des médianes des temps de
réponse pour les figures en miroir avec un grand
angle de rotation
La même analyse que précédemment (cf. § 3.4.3.7. p. 154) a été conduite
pour les grands angles (140°, 160° et 180°), elle montre (cf. tableau n°30),
p. 156
Les résultats de l’étude
Tableau 30. Anova de la moyenne des médianes des TR aux BR aux figures en miroir avec un
grand angle de rotation (140°, 160° et 180°), chez tous les DZSD, en fonction du sexe du participant et de la condition expérimentale.
Sexe du participant * condition
df
(1, 120)
F
11,70
p
0,001
η²partiel
0,089
Puis Obs
0,924
L’analyse des contrastes simples de l’interaction montre : (i) un effet du sexe
du participant dans les deux conditions, en CSP, [F (1, 120) = 4,23 ; p < ,042 ;
η²partiel = ,034 ; Puis Obs = ,533] les femmes (3,79 sec) sont plus rapides (1,09 seconde de moins) que les hommes (4,89 sec), et en CSI, [F (1, 120) = 7,79 ; p < ,006
; η²partiel = ,061 ; Puis Obs = ,791] les hommes (3,65 sec) sont plus rapides (1,43
seconde de moins) que les femmes (5,09 sec), (ii) un effet de la condition expérimentale pour les deux sexes, avec chez les hommes [F (1, 120) = 5,57 ; p < ,020
; η²partiel = ,044 ; Puis Obs = ,649] une plus grande rapidité (1,23 seconde de moins)
en CSI (3,65 sec) qu’en CSP (4,89 sec), et chez les femmes [F (1, 120) = 6,14 ; p <
,015 ; η²partiel = ,049 ; Puis Obs = ,691] une plus grande rapidité (1,3 seconde de
moins) en CSP (3,79 sec) qu’en CSI (5,09 sec). Ici encore, le temps de réponse
des hommes et des femmes varie, pour les paires de jumeaux de sexe différent, selon que la situation de comparaison soit possible ou improbable. Les
femmes répondent plus rapidement lorsqu’elle est possible et les hommes
plus rapidement lorsqu’elle est improbable.
La vitesse de rotation est plus élevée chez les hommes qui ont une cojumelle en CSI (7,7 ms/° de moins) qu’en CSP, et elle est plus élevée chez les
femmes qui ont un cojumeau en CSP qu’en CSI (8,3 ms/° de moins).
3.4.3.10. Conclusion pour les moyennes des médianes des temps de réponse par type de figure et
catégorie d’angle.
Pour les paires de jumeaux de SD (cf. fig. n°37 et 38), quels que soient le type
de figure (identique, différente ou miroir) et la catégorie d’angle de rotation (petit,
moyen ou grand), les hommes ont toujours des TR plus longs que les femmes
en CSP, et les femmes ont toujours des TR plus longs que les hommes en CSI.
Ces résultats étayent notre hypothèse d’une différence de sexe ancrée dans des
p. 157
Les résultats de l’étude
stratégies de résolution de la tâche différentes selon le sexe du participant en situation d’interférence d’un stéréotype.
Les temps de réponse des femmes en CSI sont proches des temps de réponse des hommes en CSP quel que soit le type de figure ou la catégorie d’angle de
rotation, indiquant que c’est bien la comparaison possible avec leur frère qui affecte
la manière dont les femmes répondent en CSP.
Quel que soit le sexe du participant et la condition, les TR sont plus longs pour
les grands angles que pour les petits angles, aussi bien pour les figures identiques
que pour les différentes. Ces résultats sont conforment à la littérature et attestent du
fait que les participants font bien de la rotation mentale. Pour les figures en miroir, il
n’y a pas de différence de TR selon la catégorie de l’angle, probablement en raison
de l’ambigüité perceptive de ces figures qui rend la perception de la non similarité
moins dépendante de l’angle de rotation (il faut répondre NON à la question : les figures sont-elles identiques ?).
p. 158
Les résultats de l’étude
7
H-CSP
6,5
H-CSI
F-CSP
Sexe*Condition
²p = 0,094
6
F-CSI
Sexe*Condition
²p = 0,103
5,5
5
4,5
Sexe*Condition
²p = 0,058
4
3,5
3
2,5
Identiques
Différentes
en Miroir
Figure 37. Chez les DZSD, moyenne des médianes (et ESM à95%) des TR aux BR et tailles d’effets
de l’interaction sexe * condition (²p) par type de figure (Identique, Différente et en Miroir), en
fonction du sexe du participant (H = Hommes ; F = Femmes) et de la condition expérimentale
(CSP = Comparaison Sociale Possible ; CSI = Comparaison Sociale Improbable).
8
Hommes-CSP
7
A
Femmes CSP
6
5
4
3
2
Ident
Petit
Ident
Moyen
Ident Diff Petit
Diff
Grand
Moyen
Diff
Grand
En Mir
Petit
En Mir
Moyen
7
Hommes-CSI
6
En Mir
Grand
B
Femmes CSI
5
4
3
2
Ident
Petit
Ident
Moyen
Ident Diff Petit Diff
Grand
Moyen
Diff
Grand
En Mir
Petit
En Mir
Moyen
En Mir
Grand
Figure 38. Chez les DZSD, Moyenne des médianes des TR aux BR par type de figure (identique,
différente, en miroir), catégorie d’angle [(petit = 20-40-60), (moyen = 80-100-120), et grand (140160-180)], par sexe du participant et condition expérimentale (CSP = A = Comparaison Sociale
Possible, CSI = B = Comparaison Sociale Improbable).
p. 159
Les résultats de l’étude
3.4.4.
Conclusions
L’ensemble des résultats que nous venons de présenter accrédite notre hypothèse d’une différence de sexe au TRM en lien avec une stratégie de résolution de la
tâche différente selon le Contexte situationnel du test. La stratégie de résolution varie
chez les femmes, comme nous en avions fait l’hypothèse, mais également chez les
hommes. Si l’on considère que la stratégie « naturelle28 » des participants est celle
qu’ils emploient dans la situation où la comparaison sociale est improbable, alors,
nos données montrent que les deux sexes utilisent une stratégie de résolution du
test « non naturelle » et différente en situation de comparaison sociale possible au
frère ou à la sœur.
Comportementalement, nous montrons que l’interférence du stéréotype affecte les deux sexes,

les femmes ont des TR plus courts en CSP qu’en CSI, et c’est l’inverse pour
les hommes qui ont des TR plus courts en CSI qu’en CSP, indiquant des modifications dans la stratégie utilisée. Les TR des femmes en CSI sont proches des TR des
hommes en CSP et l’inverse s’observe chez les hommes, indiquant que les deux
sexes semblent posséder le même répertoire stratégique de résolution de la tâche.
Les hommes stéréotypiquement meilleurs que les femmes semblent adopter, lorsque
la situation active le stéréotype, une stratégie qui améliore encore leurs performances. Nous discuterons plus loin (cf. Chap. 4 p. 179) des hypothèses sur l’origine
de ces changements de stratégie dans les deux sexes en fonction du Contexte situationnel de résolution du test ;

nous montrons également que, lorsque la situation de comparaison est pos-
sible, l’ampleur de la différence (en termes de taille d’effet) du temps mis pour répondre par les hommes et les femmes appartenant à des paires de SD, est plus importante pour les figures identiques et en miroir et moindre pour les figures différentes. Cela conforte notre hypothèse d’une stratégie de résolution de la tâche différente (analogique versus analytique), chez les hommes et les femmes, selon que la
28
Nous appelons« naturelle », la stratégie majoritairement employée par un sexe ou l’autre pour
réaliser la rotation mentale, hors situation de comparaison sociale. Il n’y a bien sûr dans cette
acception aucun déterminisme biologique.
p. 160
Les résultats de l’étude
situation de comparaison soit possible ou pas. Nous discuterons plus loin de ces résultats à la lumière de notre interprétation (cf. Chap. 4 p.179).
3.5. La variabilité de la fréquence cardiaque permet d’inférer le mécanisme de l’interférence du
stéréotype
En
raison
de
divers
incidents
techniques
survenus
au
cours
de
l’enregistrement de la fréquence cardiaque (asynchronie des horloges, décollement
des électrodes durant une tâche, un participant a même éteint l’enregistreur durant la
passation du TRM, ou enfin l’absence d’heure notée en début de tâche), certains
enregistrements sont manquants ou n’ont pu être exploités. Nous disposons ainsi de
l’enregistrement valide de la fréquence cardiaque chez 185 jumeaux dizygotes dont
114 DZSD (cf. tableau n° 31). Pour être cohérent avec l’idée que l’interférence du
stéréotype ne peut intervenir que dans le groupe des DZSD, et bien que l’effectif soit
réduit, nous avons choisi de ne traiter que les données des DZSD. L’hypothèse étant
qu’en situation d’interférence du stéréotype, les femmes qui ont un cojumeau traduiront la surcharge mentale par une diminution de la VFC. D’autre part, nous pensons
que le groupe MS n’est pas forcément un bon groupe contrôle car il est difficile
d’imaginer ce qui se passe dans la tête des femmes y compris dans la situation où
on les compare à leurs sœurs. Elles pourraient en effet prendre pour référence, dans
cette situation faisant un renvoi explicite aux mathématiques et aux sciences, un
homme « imaginaire ou stéréotypique ».
Tableau 31. Nombres d’enregistrements de la VFC (N), selon le sexe du participant et la condition expérimentale (CSP = Comparaison sociale possible ; CSI = Comparaison sociale improbable).
Sexe
Homme
Femme
Total
Condition expérimentale
N
CSP
CSI
Total
CSP
CSI
Total
29
28
57
28
29
57
114
p. 161
Les résultats de l’étude
Nous avons créé une variable : « différence de VFC » qui retranche la valeur
moyenne du rMSSD durant le TRM à la valeur moyenne du rMSSD durant la ligne de
base. Nous avons conduit une analyse de variance sur cette « différence de VFC »,
en fonction du sexe du participant et de la condition expérimentale. Celle-ci ne
montre ni effet principal ni effet d’interaction significatif (cf. tableau n°32).
Tableau 32. Résumé de l’anova sur la différence de VFC entre la ligne de base et le TRM, en
fonction du sexe du participant et de la condition expérimentale chez les DZSD.
Sexe du participant
Condition
Sexe du participant * Condition
df
1, 110
F
,444
,769
,275
p
,507
,382
,601
η²partiel
,004
,007
,002
Puis Obs
,101
,140
,082
Une autre manière de tester notre hypothèse est de conduire chez tous les dizygotes de sexe différent une anova (modèle linéaire général) avec un facteur intrasujet : le rMSSD, à deux modalités (au cours du TRM et durant la ligne de base) et
deux facteurs inter-sujets (le sexe du participant et la condition expérimentale).
L’analyse ne met en évidence aucun effet principal ni d’interaction (cf. tableau n°33).
Tableau 33. Résumé de l’anova à mesures répétées de la VFC (rMSSD) durant la ligne de base
et durant le TRM, en fonction du sexe du participant et de la condition expérimentale.
VFC
VFC * Sexe du participant
VFC * Condition
VFC * Sexe du participant * Condition
3.5.1.
df
1,110
F
,128
,444
,769
,275
p
,721
,507
,382
,601
η²partiel
,001
,004
,007
,002
Puis obs
,065
,101
,140
,082
Conclusions
Nous avons fait l’hypothèse qu’une diminution de la VFC est la traduction du
dépassement des capacités adaptatives de l’organisme. Nous pensons que, lors de
la passation du TRM, la situation de comparaison sociale avec un homme est menaçante pour une femme en raison d’un stéréotype puissant et communément admis,
de leurs moins bonnes aptitudes spatiales. Cette situation de menace d’un stéréotype doit engendrer chez les personnes qui en sont victimes, une surcharge mentale
et un stress émotionnel. Nous nous attendons à ce que les femmes en situation
p. 162
Les résultats de l’étude
d’interférence du stéréotype aient une diminution de leur VFC durant le test par comparaison à leur VFC de base enregistrée durant les questionnaires. Nos résultats
n’étayent pas notre hypothèse de la surcharge cognitive chez les femmes en situation de menace du stéréotype. Nous ne montrons pas de différence significative de la
VFC chez les femmes durant le TRM en fonction de la condition expérimentale.
Nous pensions également que les hommes qui, eux, bénéficient d’un stéréotype positif dans le domaine, pourraient diminuer leur VFC durant le TRM en signe
de leur engagement maximal dans la tâche. Cependant nos résultats ne confirment
pas non plus cette hypothèse.
Nous discuterons plus loin (cf. Chap. 4 p. 183) des conclusions de nos résultats à la lumière d’une part, des limites méthodologiques de l’étude et, d’autre part,
d’une explication alternative à notre hypothèse.
p. 163
Les résultats de l’étude
3.6. Le besoin de comparaison sociale chez les
jumeaux explique une partie de la différence de
sexe
3.6.1. L’orientation à la comparaison sociale
chez les jumeaux dizygotes
Il n’existe pas à notre connaissance de travaux investiguant le besoin de comparaison sociale chez les jumeaux dizygotes. Pour étudier cette dimension de la personnalité, nous avons conduit une analyse de variance sur le score au SCO envers
son cojumeau29 (SCOWT), en fonction du sexe du participant, du sexe du cojumeau
et de la condition expérimentale (cf. tableau n° 34).
Tableau 34. Résumé de l’anova sur le SCO envers son cojumeau (SCOWT) en fonction du sexe
du participant, du sexe du cojumeau et de la condition expérimentale chez tous les DZ.
Sexe du participant
df
1, 230
F
7,42
p
0,007
η²partiel
0,031
Puis Obs
0,774
L’anova met en évidence un effet principal du sexe du participant, avec un
besoin de comparaison sociale plus grand (d = 0,33) chez les femmes [41,31
(10,06)] que chez les hommes [38,11 (9,33)]. Il n’y a pas d’effet principal du sexe
du cojumeau ou de la condition, ni d’interaction significative. Nous avons complété
cette analyse en refaisant la même anova que précédemment mais en mettant en
covariable le SCO envers les proches du participant (afin d’étudier le SCO envers le
cojumeau indépendamment du besoin individuel de se comparer aux autres, amis ou
proches).
Tableau 35. Résumé de l’anova sur le SCO envers son cojumeau (avec le SCO envers les
proches ou amis en covariable) en fonction du sexe du participant, du sexe du cojumeau et de
la condition expérimentale chez tous les DZ.
SCOWoutT
Sexe du participant
Sexe du cojumeau
29
df
1, 229
F
27,76
9,18
4,18
p
0,000
0,003
0,042
η²partiel
0,108
0,039
0,018
Puis Obs
0,999
0,855
0,531
SCO envers son cojumeau que nous appellerons désormais SCOWT (SCO With Twin en anglais)
p. 164
Les résultats de l’étude
Cette analyse montre (cf. page précédente, tableau n°35), un effet principal du
sexe du participant avec une orientation à la comparaison sociale plus grande (d =
0,33) chez les femmes (41,06) que chez les hommes (38,11), un effet principal du
sexe du cojumeau, avec un SCO plus grand parmi les paires de SD (40,35) que
parmi les paires de MS (39,32). Toutefois la taille d’effet liée au sexe du cojumeau
est petite (d = 0,10). Il n’y a pas d’effet principal de la condition ni d’interaction significative. Cette différence entre les hommes et les femmes est intéressante dans la
perspective de ce travail qui porte sur les stéréotypes de genre.
3.6.1.1. Conclusions
Nous montrons que le besoin de se comparer à son cojumeau est différent selon le sexe du participant et qu’il est plus grand pour les paires de SD que de MS.
D’une manière générale nous répliquons avec une population de jumeaux, les résultats de la littérature classique sur la différence de sexe au SCO, à savoir que le besoin de comparaison est plus grand chez les femmes que chez les hommes.
3.6.2. L’orientation à la comparaison sociale explique une partie de la différence de sexe au
TRM
Nous pensons que l’importance dimensionnelle du besoin de comparaison sociale envers le cojumeau explique une partie de la différence de sexe dans la situation d’interférence du stéréotype. La menace du stéréotype relatif aux moins bonnes
performances spatiales des femmes par rapport aux hommes ne peut affecter la performance de celles-ci, que dans le groupe de celles qui ont un frère lorsque la situation de comparaison est possible. C’est pourquoi nous allons examiner le besoin de
comparaison uniquement chez les DZSD.
Nous avons au préalable vérifié que l’échelle de SCO envers le cojumeau
(SCOWT) que nous avons utilisée avait une cohérence interne suffisante. Pour cela,
nous avons calculé l’alpha de Crombach en prenant en compte toutes les questions
(11 items) du questionnaire chez les DZSD. Celui-ci est égal à 0,857 donc excellent.
De plus, la cohérence de l’échelle (alpha de Crombach) n’augmente pas si l’on retire
l’un ou l’autre des items, indiquant la pertinence de toutes les questions.
p. 165
Les résultats de l’étude
L’hypothèse que nous allons tester à présent est celle de savoir si, dans le
groupe des femmes qui ont un cojumeau, celles qui ont le plus besoin de se comparer à leur frère ont tendance à avoir de moins bonnes performances au TRM lorsque
la situation de comparaison sociale est possible. Nous avons conduit dans ce but
plusieurs corrélations partielles entre le pourcentage de bonnes réponses au TRM et
le score au SCOWT. La procédure des corrélations partielles décrit la relation linéaire
entre deux variables tout en contrôlant les effets d’une autre variable. Nous souhaitions pouvoir égaliser les participants sur leurs capacités cognitives.
Nous avons recueilli, bien que cela ne fasse pas partie spécifiquement de ce
travail de recherche, une mesure de l’intelligence générale de nos jumeaux. Ils ont
pour cela complété une version informatisée des Matrices Progressives de Raven
qui apparaissent comme l'une des meilleures mesures du facteur g (Raven, 2000).
Nous avons donc conduit des analyses de corrélations partielles (rPartiel) entre
le pourcentage de BR au TRM et le score au SCOWT en contrôlant les participants
sur leurs niveaux d’intelligence générale. Nous traiterons, dans un premier paragraphe des données des femmes, puis dans un second paragraphe des données
des hommes
3.6.2.1. Le SCO chez les femmes
Nous avons dans un premier temps considéré uniquement les femmes ayant
un cojumeau dans la condition de comparaison sociale est possible (n = 30). Après
contrôle des participantes sur le score aux APM (valeur moyenne = 18,1/36), la corrélation entre le SCO et le score au TRM est significative p = ,034 et rPartiel= -,395. La
part de variance expliquée par cette corrélation est de 15,6%. Ainsi plus le score au
SCO est élevé (besoin important de se comparer à son frère) et moins les performances au TRM sont bonnes, dans la situation où la comparaison est possible.
Nous avons reproduis la même analyse, mais cette fois dans la condition où la
comparaison sociale est improbable. La corrélation partielle est faible et n’est plus
significative (p = ,566), et rPartiel= -,107.
C’est la première fois qu’une étude gémellaire met en évidence un lien
entre la performance au TRM des femmes en situation d’interférence d’un stéréotype négatif et l’orientation à la comparaison sociale.
p. 166
Les résultats de l’étude
3.6.2.2. Le SCO chez les hommes
Nous avons reproduis la même plan d’analyse chez les hommes qui ont une
cojumelle. Les corrélations partielles sont très faibles, aussi bien pour le groupe placé en situation de comparaison sociale possible (p = ,716 ; rPartiel= -,071), que pour le
groupe où la comparaison est improbable (p = ,460 ; rPartiel= -,138).
3.6.2.3. Conclusions
Nos résultats confirment notre hypothèse. Les femmes sont d’autant
plus sensibles à l’interférence du stéréotype, relatif à leurs moins bonnes aptitudes spatiales que les hommes, qu’elles ont le plus besoin de se comparer à
leur frère. Lorsque la situation de comparaison est possible, les femmes ayant un
cojumeau et qui ont le plus besoin de se comparer à leur frère, ont les moins bonnes
performances au TRM. A l’inverse, lorsque la comparaison sociale est improbable, la
corrélation partielle n’est plus significative et devient très faible.
Chez les hommes, il n’existe pas de lien entre le besoin de se comparer à la
sœur et le pourcentage de BR au TRM, que la situation de comparaison sociale soit
possible ou improbable.
3.7. L’interférence du stéréotype se manifeste par
une modification du niveau d’anxiété des participants
Nous pensons que le niveau d’anxiété des participants peut traduire
l’interférence du stéréotype. Nous nous attendons à ce que les femmes les plus anxieuses aient également les moins bonnes performances au TRM lorsque la situation
rendra possible la comparaison au frère.
Nous avons pris la précaution au préalable de vérifier que l’échelle d’anxiété
que nous avons utilisée et qui est une version réduite et informatisée de l’échelle initiale de Spielberger Trait, avait une cohérence interne suffisante. Pour cela, nous
avons calculé l’alpha de Crombach en prenant en compte toutes les questions (8
items) du questionnaire chez les DZSD. Celui-ci est égal à 0,822 donc excellent. De
plus, la cohérence de l’échelle (alpha de Crombach) n’augmente pas si l’on retire l’un
ou l’autre des items, indiquant la pertinence de toutes les questions.
p. 167
Les résultats de l’étude
Nous avons donc conduit des analyses de corrélations partielles (rPartiel) entre
le pourcentage de BR au TRM et le score au questionnaire d’anxiété, en contrôlant
les participants sur leurs niveaux d’intelligence générale. Le même plan d’analyse a
été conduit chez les DZSD-Femmes et chez les DZSD-Hommes, une fois en CSP et
une seconde fois en CSI.
Chez les femmes, La corrélation partielle en CSP est égale à rPartiel= -,233 ce
qui va dans le sens attendu mais elle n’est toutefois pas significative. En CSI, la corrélation partielle est très petite (rPartiel= -,071). Lorsque l’on ne contrôle plus les participantes sur le niveau d’intelligence générale, alors la corrélation entre le score au
questionnaire d’anxiété et le pourcentage de BR au TRM est égal à r = -304 avec un
seuil de significativité à p = ,102.
Aucune corrélation partielle n’est significative chez les hommes, ni en CSP ni
en CSI.
3.7.1.
Conclusions
Il pourrait exister, uniquement chez les femmes en situation de comparaison
sociale possible avec leur frère, un lien entre le niveau d’anxiété et le score au TRM
mais ceci reste à confirmer. Dans cette condition, les femmes les plus anxieuses auraient aussi les moins bonnes performances au TRM.
p. 168
Discussion générale
4.Discussion générale
Pour introduire cette discussion, j’aimerais rapporter quelques extraits d’une
conversation que j’ai eue récemment avec une infirmière du service de réanimation
dans lequel je travaille et à qui j’expliquais que ma thématique de recherche portait
sur les différences entre les hommes et les femmes dans le domaine de la cognition
spatiale. Alors que j’évoquais l’existence dans nos sociétés d’un puissant stéréotype
concernant les moins bonnes aptitudes spatiales des femmes, cette infirmière me fit
part spontanément de cette anecdote : « Tu as raison, tu sais que je prends des
cours de dessin et au début d’un cours portant sur la technique de la perspective,
notre professeur nous a dit qu’en général les femmes comprenaient moins bien que
les hommes ce cours, car d’après lui les hommes sont plus doués dans le spatial
que les femmes. J’ai aussitôt eu peur de donner une mauvaise image en ratant
l’exercice, ..., et finalement je n’ai pas réussi à bien faire ce qu’il demandait. J’ai perdu confiance en moi. J’ai raté d’ailleurs comme presque toutes les femmes dans
notre cours. A l’inverse, tous les hommes (ils ne sont pourtant que 4 sur 15 dans le
groupe), ont tous très bien réussi. Quand j’ai refait l’exercice toute seule à la maison,
là, j’ai fait un super dessin que j’ai remis au prof la semaine suivante ».
Nous avons fait le choix, pour expérimenter la différence de sexe en rotation
mentale, d’une population de jumeaux dizygotes jeunes adultes. Bien que cette population soit particulièrement difficile à recruter en France, nous poursuivions un
triple objectif : premièrement, contrôler certains facteurs liés à la socialisation des
participants souvent proposés dans la littérature comme pouvant expliquer les différences liées au sexe (notamment la pratique de certaines activités favorisant les aptitudes spatiales - Quaiser-Pohl, Geiser, & Lehmann, (2005), deuxièmement, contrôler
de nombreuses variables qui limitent quelquefois les conclusions des travaux avec
une population tout venant (âge, niveau d’éducation, catégorie socio-économique,
etc.), et enfin, troisièmement, nous permettre d’explorer la piste du transfert
d’hormone intra-utérin dans la différence de sexe au TRM en répliquant les travaux
de Vuoksimaa et al. (2010).
L’objectif principal de cette thèse a consisté à examiner la pertinence d’une
hypothèse générale selon laquelle les différences de performances entre les
hommes et les femmes au TRM pouvaient être socialement construites ou activées
p. 169
Discussion générale
par des éléments du Contexte évaluatif et par conséquent être, en partie, indépendantes des compétences des personnes.
De manière plus spécifique, notre objectif dans ce travail de recherche a été
de répondre principalement à deux questions :
1.
La première porte sur les hypothèses étiologiques des différences de sexe au
TRM et nous avons élaboré un dispositif expérimental pour nous permettre de confronter, pour la première fois, deux des principales théories :

l’explication biologique qui ancre une partie des différences entre les hommes
et les femmes dans une organisation cérébrale différente sous l’action des androgènes. L’hypothèse du transfert d’hormones entre jumeaux durant la vie fœtale,
permet d’étayer cette piste (Vuoksimaa et al., 2010 ou Heil, M., Kavsek, Rolke, Beste
& Jansen, 2011),

une explication alternative relevant de la psychologie sociale, en lien avec
l’interférence d’un stéréotype de sexe sur les aptitudes spatiales, et sa menace, dans
un Contexte situationnel ou la comparaison sociale sera rendue possible ou improbable.
2.
La deuxième question porte sur la manière dont l’interférence d’un stéréotype
affecte comportementalement la performance des participants.
Je vais discuter les résultats de notre recherche en reprenant, les unes après
les autres, nos hypothèses à l’origine de ce travail.
Hypothèse n°1 : la différence de sexe dans le test de rotation mentale est la
manifestation de différences dans l’aptitude des participants à faire de la rotation mentale.
Des différences liées au sexe (Voyer, Voyer & Bryden, 1995) existent dans le
domaine de la rotation mentale. Elles sont robustes dans la littérature, constamment
en faveur des hommes, et importantes en termes de taille d’effet (environ un écarttype). Nous confirmons dans notre étude en situation de comparaison sociale
possible, les classiques meilleures performances des hommes au TRM avec
une taille d’effet conforme à la littérature (d = 0,95). Cependant, le test informatisé
que nous avons utilisé dans cette recherche, bien que construit à partir des stimuli
originaux de Shepard & Metzler (1971), est différent du test papier et crayon majori-
p. 170
Discussion générale
tairement utilisé dans les travaux sur la rotation mentale. Dès lors, notre première
préoccupation a été de s’assurer que le test élaboré dans l’équipe évaluait bien
l’aptitude des participants à faire de la rotation mentale. Nous montrons qu’il
n’existe pas de différence liée au sexe du participant, et ceci quel que soit le
type de figure, lorsque les stimuli n’ont pas subi de rotation. Pour ces figures, Il
n’y a pas de différence liée au sexe (en particulier pour les DZSD, seul groupe dans
lequel peut se produire une interférence du stéréotype) ni en termes de BR, ni en
termes de TR. Dès lors, on peut conclure que les différences qui apparaîtront lorsqu’une figure aura tourné seront dues à l’aptitude des participants à imaginer dans
leurs têtes la rotation de la figure. Nous montrons, de plus, que notre test est bien
un test de rotation mentale car les temps de réponses, à l’instar de ceux décrits
par Shepard & Metzler (1971), augmentent avec l’importance de l’angle de rotation. Ces résultats valident donc notre test dans sa capacité à évaluer l’aptitude à la
rotation mentale des participants, bien qu’il s’agisse d’une tâche informatisée de
comparaison de cible où les stimuli sont présentés par deux. Il nous fallait le vérifier
avec d’aller plus avant.
Hypothèse n°2 : Il existe une origine biologique à la différence de sexe au TRM
ancrée dans l’organisation cérébrale des fœtus males ou femelles durant la vie
intra-utérine.
La véritable originalité de notre travail de recherche tiens à sa capacité à pouvoir confronter, pour la première fois, deux des principales théories sur l’origine de la
différence de sexe en rotation mentale. Cette différence a-t-elle, pour partie, comme
le soutiennent Vuoksimaa et collaborateurs (2010) ou Heil et collaborateurs
(2011), une origine biologique? Nous avons, pour répondre à cette question, répliqué
le plan d’analyse de l’étude de Vuoksimaa et al. (2010), et comparé les performances des femmes ayant un cojumeau à celles ayant une cojumelle. Si les meilleures performances des hommes en rotation mentale sont, premièrement, le fruit
d’une organisation cérébrale plus efficiente dans le domaine spatial, et, deuxièmement, que celle-ci est, pour une part, la conséquence de l’action des androgènes durant la vie fœtale, et si, enfin, un transfert d’hormones est possible entre les jumeaux
durant la vie intra-utérine, alors les femmes qui ont un cojumeau doivent avoir de
meilleures performances au TRM que celles qui ont une cojumelle. Nos résultats
p. 171
Discussion générale
infirment cette hypothèse biologique. Dans notre étude, il n’apparait pas de différence de performance significative au TRM chez les dizygotes selon le sexe du cojumeau en situation de comparaison sociale possible. Toutefois, bien que
l’interaction entre le sexe du participant et le sexe du cojumeau ne soit pas significative au seuil de p = 0,08, nous avons examiné les contrastes simples de cette interaction pour vérifier s’il n’existait pas peut être une tendance à de meilleures performances chez les femmes ayant un cojumeau ? Nos résultats montrent un effet
inverse : les femmes qui ont un cojumeau ont un pourcentage moins élevé de
bonnes réponses que celles qui ont une cojumelle.
Dans la manière de traiter nos résultats nous avons fait l’hypothèse que dans
l’étude de Vuoksimaa et al. (2010) les participants étaient, par défaut, placés dans
d’une situation de comparaison sociale possible, premièrement, parce que les jumeaux ont une tendance naturellement forte à se comparer (comme l’atteste nos
résultats sur l’orientation à la comparaison sociale) et deuxièmement, parce qu’ils
sont issus d’une cohorte de jumeaux rompus depuis leur plus jeune âge à être comparer dans différents domaines. Cependant, nous avons vérifié, bien que nous
n’ayons pas d’argument pour le justifier, qu’il n’y avait pas de différence de performance en fonction du sexe du cojumeau dans notre situation de comparaison sociale
improbable.
Nous ne répliquons pas les résultats des deux études précédentes. Quelles
pourraient en être les raisons ? Deux types d’hypothèses, au moins, sont possibles :
1.
La première porte sur des différences dans le test utilisé :
Le test que nous avons employé est très différent de celui utilisé dans les
deux études précédentes. Dans notre test, il s’agit d’une tâche de comparaison de
cible où, pour chaque item, le participant doit faire la rotation mentale d’une figure
pour la comparer à la cible avant de donner sa réponse. Le pourcentage de bonnes
réponses, pour les hommes et les femmes toutes conditions confondues, est globalement excellent (supérieur à 80%). Malgré les consignes demandant aux participants de répondre le plus rapidement possible, ceux-ci, dès le bloc d’entrainement,
ont la possibilité d’expérimenter le délai maximum dont ils disposent pour répondre.
On peut penser qu’ils prennent conscience qu’ils disposent d’un temps relativement
long pour répondre.
p. 172
Discussion générale
Dans le test papier et crayon (Peters et al., 1995) utilisé par Vuoksimaa et al.
(2010), il est beaucoup plus difficile d’obtenir un point car il faut pour cela découvrir
les deux items qui sont des représentations de la figure cible après rotation. La probabilité de donner la bonne réponse au hasard est donc plus grande dans notre test
que dans celui de Peters et al. (1995). Le test papier et crayon est beaucoup plus
difficile que notre test informatisé.
Dans l’étude finlandaise, les femmes qui ont un cojumeau ont en moyenne
10,26 bonnes réponses sur 24 items (soit 42,7% de BR) et les femmes qui ont une
cojumelle ont en moyenne 9,01 BR sur 24 (soit 37,5% de BR). Elles améliorent donc
leurs performances d’environ 5%. Dans notre test, les femmes qui ont un cojumeau
(76,2% de BR) ont des performances inférieures à celles qui ont une cojumelle
(83,3%) de plus de 7%.
De mon point de vue, il serait extrêmement intéressant de pouvoir reproduire
notre étude avec un délai de réponse maximum beaucoup plus court (moins de 5
secondes). Cela rendrait notre test plus difficile et aboutirait probablement à des
pourcentages moyens de bonnes réponses plus proches de ceux du test classique
papier et crayon. Toutefois raccourcir le temps mis pour répondre accentuerait probablement la différence en faveur des hommes car, et nous le verrons plus loin,
ceux-ci utilisent naturellement plus souvent une stratégie analogique qui est plus rapide. Les femmes seraient alors pénalisées car leur stratégie analytique naturelle de
résolution de la tâche requiert plus de temps. Cette question a d’ailleurs fait l’objet
d’un débat lors de la mise en place de notre paradigme avec l’équipe néerlandaise.
L’argument de cette dernière était, que si nous raccourcissions par trop notre délai
pour répondre, nous risquions d’augmenter la pression évaluative vécue par les participants quelle que soit alors la situation expérimentale de comparaison au cojumeau (possible ou improbable). De plus, dans la version classique papier et crayon,
les participants disposent de 3 minutes pour répondre à 12 items ce qui accorde en
moyenne 15 secondes par item et ce délai est largement supérieur à la moyenne des
médianes des TR quel que soit le type de figure que nous relevons dans notre paradigme (inférieur à 5 secondes) ce qui attenue l’hypothèse du poids d’une pression
temporelle différente dans les deux tests.
2.
La seconde hypothèse pouvant expliquer le fait que nous ne répliquons pas la
différence de performance de l’étude de Vuoksimaa et al. (2010) est peut être en lien
p. 173
Discussion générale
avec l’importance relative de la taille d’effet des deux explications confrontées. Dans
l’étude de Vuoksimaa et al. (2010), la différence en faveur des femmes ayant un cojumeau par rapport à celles ayant une cojumelle est modérée (d = 0,30). Elle correspond, chez les femmes qui ont un cojumeau, à une meilleure moyenne d’environ une
bonne réponse (10.26 – 9.01 = 1.25 réponse) par rapport à celles ayant une cojumelle. Le « bénéfice » pour ces femmes, d’avoir profité d’une partie des hormones
de leurs frères, est significatif, certes, mais d’importance modeste.
Dans notre travail de thèse, la différence de sexe liée au Contexte social de
comparaison possible et à l’interférence d’un stéréotype est plus importante en
termes de taille d’effet (selon Cohen, 1992). En effet, en situation de comparaison
sociale possible, les femmes qui ont un cojumeau (76,2 % de BR) ont des performances moins bonnes (7.1%) que celles qui ont une cojumelle (83.3% de BR) et la
taille de l’effet de la différence est de (d = 0,63) qui peut être qualifiée d’importante.
Il est, de notre point de vue, tout à fait concevable qu’une origine biologique à
la différence de sexe cohabite avec une origine Contextuelle et sociale, mais que
l’importance relative des deux causes n’ait pas le même poids. Il est possible que
notre situation de comparaison sociale possible soit plus menaçante que celle vécue
par les participants de l’étude de Vuoksimaa et al. (2010) car nos consignes font
également référence aux mathématiques, aux sciences et à l’intelligence.
L’interférence d’un stéréotype négatif chez les femmes serait dans ce cas plus délétère pour les performances de celles-ci en situation de comparaison à un homme,
que l’avantage réel, mais petit, qu’elles tireraient à avoir in utero bénéficié d’une partie des hormones de leur frère. En situation de comparaison improbable, la taille
d’effet de la différence en faveur des femmes provenant de paires de MS par rapport
à celles provenant de paires de SD est réduite (d = 0,30).
L’objectif de ce travail est de pouvoir confronter deux théories explicatives de
la différence de sexe au TRM et nous avons voulu pour cela répliquer l’étude de
Vuoksimaa et al. (2010) et en particulier leur traitement statistique des données. Il
existe cependant dans l’étude finlandaise un biais non discuté par les auteurs.
L’analyse de variance nécessite l’indépendance des sujets à l’intérieur des groupes
or les auteurs considèrent les participantes provenant du groupe des MS comme
étant indépendantes alors qu’elles ne le sont pas puisqu’elles sont emboîtées dans
p. 174
Discussion générale
une même paire de jumeau. Leur risque est donc d’augmenter la probabilité de rejeter l’hypothèse nulle (selon laquelle il n’existe pas de différence entre les groupes).
La critique de leur analyse statistique, pour rendre compte des différences
entre l’étude finlandaise et la notre, n’est cependant pas complètement satisfaisante
car l’étude de Heil, Kavsek, Rolke, Beste & Jansen (2011), confirme les résultats de
Vouksimaa et al. (2010) avec une taille d’effet comparable. Or, cette étude a tenu
compte du biais touchant à l’indépendance des observations, en comparant 100 jumelles appartenant 100 paires de DZMS (chacune appartenant à une paire) à 100
jumelles provenant de paires de DZSD. Notons que les auteurs ne donnent aucune
indication sur la manière dont s’est opéré le « choix » de la jumelle DZMS inclut dans
la recherche.
L’une des manières de prendre en compte le biais statistique dans l’étude de
Vuoksimaa et al. (2010) serait d’utiliser un traitement multiniveau ou hiérarchique des
données. Le groupe social d’appartenance (i.e. ici le couple gémellaire) dans la mesure où il exerce tout un jeu d’influences entre les co-jumeaux, n’est pas sans effet
sur les comportements individuels des personnes. Les modèles hiérarchiques linéaires30 ou modèles multiniveaux ont été conçus pour modéliser des données qui
ont une structure « emboîtées » les unes dans les autres, et où les individus
n’appartiennent qu’à une seule unité de niveau supérieur (Bressoux, 2010). Ces modèles sont depuis quelques années utilisées en psychologie sociale - voir par
exemple l’étude des élèves d’une classe (Huguet et al., 2009) où chaque élève
n’appartient qu’à une classe, et les classes sont située dans des écoles (chaque
classe ne fait partie que d’une école). Dans la situation qui nous intéresse, une population de participants (niveau 1) est incluse dans une population de paire de jumeaux
(niveau 2). Raisonner au niveau 1 (inter-sujets) accroit la taille de l’échantillon mais
également le risque de première espèce (conclure qu’une différence existe alors qu’il
n’y en a pas). Réfléchir au niveau 2 (différence intra-paire) réduit la taille de
l’échantillon et agrège les caractéristiques individuelles au score moyen de la paire.
La tentative de résolution de ce dilemme est à la base des modèles de traitement
des données multiniveaux. Pour des raisons pratiques, je n’ai pas eu la possibilité de
me former aux traitements multiniveaux et aux logiciels qui permettent de le faire. Je
sais néanmoins qu’au travers d’une collaboration avec John Nezlek (qui a pu traiter
30
Modèle hiérarchique linéaire ou HLM pour les anglo-saxons (Hierarchical Linear Model)
p. 175
Discussion générale
une partie de nos données) nous confirmons nos résultats avec un traitement statistique multiniveau.
Enfin, il n’existe pas, à ce jour, de preuves scientifiques formelles qui attestent
de l’existence d’un transfert d’hormones entre jumeaux humains (même si des travaux sur l’animal existent), alors que les preuves d’une origine sociale de la différence de sexe, et de la menace du stéréotype en particulier, sont multiples.
Hypothèse n°3 : l’interférence d’un stéréotype négatif, de moins bonnes aptitudes spatiales chez les femmes que chez les hommes, explique la différence
liée au sexe au TRM.
Il s’agit là de l’explication alternative à l’origine de la différence de sexe au
TRM que nous défendons. Différemment posée, la question est celle-ci : les femmes
ont-elles des compétences moins bonnes que les hommes à faire de la rotation mentale, ou, comme nous le pensons, les moins bonnes performances des femmes habituellement observées lors de tâches spatiales ne reflètent, pour partie, que
l’expression de l’interférence d’un stéréotype communément admis de leurs moins
bonnes aptitudes dans le domaine ?
Nous mettons pour la première fois en évidence, dans une étude gémellaire,
l’effet d’interférence d’un stéréotype dans la performance au TRM. Les résultats de
nos travaux montrent que les performances des participants varient, pour les
femmes comme pour les hommes, et uniquement lorsqu’ils appartiennent au groupe
des jumeaux de sexe différent. Nous montrons que ces différences de performances
affectent le pourcentage de BR au TRM, c'est-à-dire l’exactitude des réponses, et se
traduisent également, et pour la première fois dans une étude avec jumeaux, par des
modifications du temps mis pour donner la BR. Nous confortons cet effet
d’interférence du stéréotype, dans notre paradigme gémellaire, en examinant la performance des paires de jumeaux de même sexe. En effet chez ces derniers, il
n’existe pas, ni dans le groupe des hommes, ni dans celui des femmes, de différence
significative dans le pourcentage de BR ou le temps mis pour répondre, en lien avec
la situation de comparaison possible ou improbable.
Nous montrons, et c’est là probablement l’élément fondamental de cette recherche, qu’il n’y a pas de différences de compétences entre les hommes et les
femmes dans la capacité, avec notre paradigme, à faire de la rotation mentale,
p. 176
Discussion générale
même s’il existe probablement des stratégies différentes selon le sexe (ce point sera
abordé plus loin, voir § hypothèse n°4, p. 175). En effet, nos données montrent que
les femmes et les hommes ont des performances très proches lorsque le Contexte
de passation n’active pas une comparaison possible entre les participants.
Pour être plus précis dans la manière dont l’interférence du stéréotype se manifeste lorsque le Contexte situationnel de coaction l’active, nous pouvons dire que :

premièrement, les meilleures performances des hommes sont obtenues dans
la situation où ils pensent qu’on pourrait les comparer à leur sœurs (avec une taille
d’effet importante d = 0,59) par rapport à la condition où la comparaison est improbable, laquelle représente la situation neutre d’évaluation de la performance. Il apparait que les hommes, supposés être les meilleurs réalisateurs dans le domaine, tiennent absolument à confirmer leur leadership (sous peine de ne plus faire parti symboliquement du groupe des hommes) et améliorent encore leurs performances dans
la situation où on pourrait les comparer à leurs sœurs. L’exactitude des réponses
devient le principal objectif des hommes, plus encore que lorsqu’ils réalisent le test
dans des conditions neutres de passation. Les hommes bénéficient donc d’un « ascenseur du stéréotype » même si cet avantage n’est pas retrouvé dans d’autres situations ou Contexte (Smeding, Dumas, Loose & Régnier, 2013).

Le constat est inverse chez les femmes qui obtiennent significativement de
moins bonnes performances lorsqu’elles pensent que l’on pourrait les comparer à
leur frère (avec une taille d’effet importante d = 0,66). La crainte, chez elles, de confirmer par leur prestation, le stéréotype négatif des moins bonnes performances des
femmes dans le domaine spatial, affecte indéniablement leur performance. C’est
donc bien la comparaison à un homme, dans un test perçu comme évaluant des
compétences spatiales, qui est délétère ici pour les femmes. Cet effet de comparaison à un homme est, peut être, encore accentué dans notre paradigme par le fait
que l’homme a qui ont les compare est également, depuis leur plus jeune âge, leur
référent social de comparaison (familial, scolaire, etc.).
De manière très intéressante, l’analyse des TR montre un effet opposé suivant
le sexe du participant. Les hommes répondent plus rapidement lorsque la comparaison à leur sœur est improbable, un peu comme s’ils n’avaient pas à faire la preuve
de leur supériorité stéréotypique dans le domaine, et prennent à l’inverse plus de
temps pour donner leurs réponses lorsque la comparaison est possible, comme s’ils
p. 177
Discussion générale
étaient particulièrement attentif alors à l’exactitude de la réponse en s’obligeant peut
être à la vérifier avant de la donner. Chez les femmes on constate l’effet inverse,
elles donnent plus rapidement leurs réponses lorsque la situation de comparaison à
leur frère est possible, un peu comme si elles n’avaient rien à perdre puisqu’elles
sont supposées être moins compétentes, mais elles prennent plus de temps lorsque
la comparaison est improbable et qu’elles tentent alors vraisemblablement de répondre le plus efficacement possible (l’exactitude de la réponse redevient l’objectif
principal).
La mise en évidence de cet effet de menace du stéréotype dans notre étude
est d’autant plus affirmé que notre paradigme gémellaire nous permet de contrôler
de nombreuses variables liées à la socialisation telles que, par exemple, la possibilité
offerte aussi bien à la fille et au garçon de pratiquer des activités supposées améliorer les compétences dans le domaine (e.g. jeux video) ou des variables environnementales liées aux conditions ou au cadre de vie des participants (statut socio économique de la famille – voir par exemple, Régnier, Huguet & Monteil, 2002) qui biaisent parfois les conclusions de certaines études. L’avantage de notre étude avec
jumeaux est de pouvoir contrôler plusieurs variables communes aux deux participants de la paire, ce qu’il est difficile de faire avec des participants pris au hasard.
Une question peut interpeller le lecteur. Nous venons de dire que la différence
de sexe au TRM était, en partie, liée à l’interférence d’un stéréotype. Mais alors
comment expliquer la différence de performance (bien que celle-ci soit réduite) entre
le groupe des jumeaux de MS hommes (88,3% de BR) et le groupe des MS
femme (84,7% de BR) ? Plusieurs hypothèses existent :

Vraisemblablement, mais il est difficile d’imaginer ce qui se passe dans la tête
des participants durant la passation, il est probable que le stéréotype de sexe n’a pas
obligatoirement besoin de la présence physique d’un participant du sexe opposé
pour s’exprimer pleinement (de nombreux travaux en attestent). La simple référence
à une tâche sexuellement connotée suffit vraisemblablement à entrainer un stress,
voire des pensées intrusives, chez les participantes.

Il est probable également que ces femmes se référent, durant la passation du
test, aux performances d’un homme imaginaire et stéréotypique à qui elles pourraient être comparées même si en l’occurrence elles réalisent le test en même temps
que leur sœur.
p. 178
Discussion générale
Nos données montrent que, dans le Contexte évaluatif d’une compétence spatiale, en situation de mixité, les performances des hommes et des femmes vont être
modifiées, celles des femmes seront altérées alors que celles des hommes seront
maximisées. La réalité est que dans la vie courante, de nombreuses aptitudes relèvent ou paraissent relever de compétences spatiales. Celles-ci pourraient, dès lors,
être sensibles au même phénomène et contribuer à entretenir le stéréotype en ne
permettant pas aux femmes d’exprimer leurs compétences réelles. Les exemples
sont nombreux, de la géométrie à l’école, à la conception de représentations en 3D
dans le domaine professionnel – voir par exemple, Huguet & Régner (2007) ; Dumas, Huguet, Monteil, Rastoul & Nezlek (2005).
Enfin, dans notre recherche nous nous focalisons sur la situation de comparaison sociale possible que nous interprétons à la lumière de l’interférence d’un stéréotype. Il nous semble cependant évident que d’autres facteurs de régulation sociale doivent intervenir dans la différence de sexe au TRM. Certains de ces facteurs
ont déjà fait la preuve, dans la littérature, de leurs effets. On peut ainsi citer, par
exemple, le choc sous la pression31, mais cette question n’est pas le propos de ce
travail de recherche - voir par exemple, Gimmig, Huguet, Caverni & Cury, 2006 ;
Régner et al., 2010.
Hypothèse n°4 : L’interférence du stéréotype va se traduire, en situation de
comparaison sociale possible (CSP), par une stratégie majoritaire de résolution
du test différente selon le sexe du participant.
Nous sommes pour la première fois en mesure d’observer, chez des hommes
et des femmes jumeaux jeunes adultes, la traduction comportementale d’une situation de menace du stéréotype au TRM. Un peu à la manière d’un interrupteur que
l’on allume ou éteint, nous avons étudié, en comparant les TR et les pourcentages
de bonnes réponses dans les deux conditions expérimentales, les effets d’une interférence du stéréotype dans les comportements des participants. Si l’on considère
que la stratégie employée par les jumeaux en situation de comparaison improbable,
31
Choc sous la pression ou Choking under pressure des anglo-saxons (Beilock et Carr, 2001 ; Beilock,
2010).
p. 179
Discussion générale
est la stratégie « naturelle32 » des participants pour résoudre le test, nous pouvons
alors décrire les modifications comportementales qui ont lieu en situation
d’interférence du stéréotype. Nos résultats montrent, en particulier, des différences
dans le temps mis pour répondre selon le sexe du participant et le Contexte situationnel de passation du test. L’analyse des temps de réponse ouvre une fenêtre sur
la stratégie mise en place par les participants (voir plus loin, §. b. p. 177). Nous
n’imaginons pas cependant que ce choix stratégique soit conscient ou délibéré, mais
nous pensons qu’il reflète plutôt la situation émotionnelle du participant lors de la
passation. La stratégie utilisée (ou qui s’impose ?) a évidement des répercutions
dans le pourcentage de réponses exactes selon le type de figure à comparer car
toutes ne sont pas également efficientes.
a) Nous allons focaliser notre attention dans le paragraphe qui suit sur
l’exactitude des réponses données.
Pour la première fois une étude gémellaire s’intéresse aux performances
d’hommes ou de femmes au TRM en fonction de la nature des figures à comparer.
Nous montrons, dans le groupe des jumeaux de sexe différent, que la situation de comparaison sociale possible ou improbable modifie, mais avec le même
ordre de grandeur, les performances quel que soient les types de figure. En CSP, les
hommes ont des performances meilleures que les femmes d’environ 12 à 14%, et en
CSI, la différence liée au sexe n’apparait plus pour aucun type de figure à comparer.
Cela montre, une fois de plus, qu’il n’existe pas de différence de compétence dans la
capacité à percevoir et à traiter les différents types de stimuli chez les hommes et les
femmes. Les figures identiques prennent pour les deux sexes plus de temps car ce
sont les seuls items où il faut répondre OUI à la question « les figures sont-elles
identiques ? ». Le participant doit pour cela vérifier que tous les éléments qui composent la figure correspondent à la cible, même si pour certains items dits « occlus »
une partie de la figure n’est pas directement perceptible une fois la rotation faite. A
contrario, les TR pour les figures différentes sont les plus courts pour les deux sexes
car, ici, il faut répondre NON à la question précédente et il suffit pour cela d’identifier
un élément de la figure (cube ou branche) qui ne correspond pas à la cible. Enfin,
32
Nous appelons« naturelle », la stratégie majoritairement employée par un sexe ou l’autre pour
réaliser la rotation mentale, hors situation de comparaison sociale. Il n’y a bien sûr dans cette
acception aucun déterminisme biologique.
p. 180
Discussion générale
pour les figures en miroir, bien qu’il faille également répondre NON à la question posée, les TR sont pour les deux sexes plus longs que pour les figures différentes en
CSI car l’ambiguïté perceptive des figures ne rend pas la tâche aisée (voir § 2.5.1.1.
p. 107). Nous pouvons alors conclure, que s’il n’existe pas de différence liée sexe
dans la capacité à percevoir et à traiter l’information visuelle en CSI, c’est donc
qu’une régulation sociale ou Contextuelle est à l’origine de la différence en CSP.
b) Le changement dans la stratégie de résolution de la tâche mis en œuvre
par les participants selon la condition expérimentale, est essentiellement perceptible
par l’étude des temps pour donner la bonne réponse suivant le Contexte et donc par
la vitesse avec laquelle les participants font la rotation mentale. C’est la question que
nous allons aborder à présent. Notre étude, pour la première fois, nous a permis
d’étudier ces temps de réponses en fonction de la condition expérimentale mais surtout du type de figure ou d’angle de rotation.
Nous mettons premièrement en évidence, un effet du type de figure dans le
temps mis par le participant pour donner sa réponse. Il existe en effet une double
interaction significative chez les DZSD entre le type de figure (identique, différente ou
en miroir), le sexe du participant (homme ou femme) et la condition expérimentale
(CSP ou CSI). Deuxièmement, l’analyse des TR valide la capacité de notre test à
évaluer l’aptitude des participants à faire de la rotation mentale car, conformément à
la littérature, les temps mis pour répondre augmentent avec l’importance de l’angle
de rotation.
Deux types de stratégies peuvent être utilisés pour réaliser le test. Une stratégie analytique qui décompose la figure. Elle est plus sûre mais plus coûteuse en
temps, ou une stratégie analogique ou globale, plus rapide mais cognitivement plus
coûteuse en ressources mentales. La littérature montre que majoritairement les
hommes emploient plutôt une stratégie analogique et les femmes utilisent principalement la stratégie analytique. Nous montrons qu’en situation d’interférence du stéréotype, les deux sexes modifient leur stratégie majoritaire « naturelle » de résolution
du test.
Les TR sont toujours plus grands et pour tous les types de figures chez les
hommes en CSP qu’en CSI (d = 0,60 pour les identiques ; d = 0,46 pour les différentes et d = 0,63 pour les figures en miroir). A l’inverse les TR sont toujours plus
grands et pour tous les types de figures chez les femmes en CSI qu’en CSP (d =
p. 181
Discussion générale
0,66 pour les identiques ; d = 0,51 pour les différentes et d = 0,70 pour les figures en
miroir).
Chez les femmes, alors que la stratégie « naturelle » est plutôt analytique, on
montre qu’en situation d’interférence du stéréotype, elles se précipitent et sont plus
promptes à donner leurs réponses avec comme corolaire un pourcentage de BR inférieur à celui qu’elles obtiennent en CSI. Cette plus grande rapidité en CSP nous
incite à penser qu’elles n’utilisent plus majoritairement la stratégie analytique (qui
prendrait plus de temps) mais qu’en raison du stress lié à la comparaison possible
avec leur frère et à la menace du stéréotype, elles font alors plus souvent de
l’analogique. La traduction comportementale de l’interférence du stéréotype chez les
femmes s’exprime donc par le fait qu’elles utilisent moins leur stratégie « naturelle »
analytique pour faire plus souvent de l’analogique, ce qui altère leurs performances.
Deux hypothèses peuvent expliquer ce comportement. Premièrement, les femmes
en situation d’interférence du stéréotype semblent plus sensibles à la consigne de
répondre le plus rapidement possible, qu’à celle de répondre en faisant le moins
d’erreur possible, un peu comme si répondre en faisant le moins d’erreur possible
était moins réaliste face à leur frère. Deuxièmement, il est possible que dans la situation de comparaison sociale possible, l’objectif de surpasser leur frère leur semble
irréaliste (on peut parler de comparaison par le haut trop grande) et que dans ces
conditions elles n’aient plus l’engagement motivationnel maximum nécessaire pour
réaliser le test au mieux de leurs compétences.
Il s’avère que la stratégie analogique, plus coûteuse en ressources cognitives,
est aussi, en partie, responsable de leurs moins bonnes performances en CSP, notamment dans un contexte où leurs ressources cognitives (particulièrement en capacité de mémoire de travail) sont partiellement consommées par le stress, l’anxiété ou
les pensées intrusives.
Les hommes ont des temps de réponse plus longs en CSP qu’en CSI ce qui
semble indiquer qu’ils n’emploient plus, majoritairement, leur stratégie naturelle analogique mais qu’ils utilisent plus souvent la stratégie analytique dans ce Contexte. En
effet, celle-ci permet de s’assurer de l’exactitude de la réponse lorsque cette dernière
revêt une grande importance pour le participant. Elle permet de vérifier, sous-partie
par sous-partie, la correspondance de la figure à la cible. Elle permet, en outre, de
faire une double vérification en faisant une première fois tourner la figure de droite
p. 182
Discussion générale
pour la comparer à celle de gauche puis l’inverse. L’emploie majoritairement de cette
stratégie est, de plus, accréditée par un pourcentage plus élevé de BR chez les
hommes en CSP qu’en CSI. Déjà réputé pour être les meilleurs réalisateurs, ils ont
un statut à défendre et l’obtention de la BR revêt alors une grande importance. En
fait, seuls les hommes ont véritablement à perdre dans la confrontation avec leurs
sœurs dans une tâche spatiale où ils sont supposés être les meilleurs.
Nous résultats montrent que les deux sexes semblent posséder le même répertoire stratégique mais que le Contexte situationnel de passation du test fait qu’ils
optent préférentiellement pour l’une ou l’autre des stratégies disponibles. La différence de sexe au TRM n’est donc pas liée, ni à un défaut de compétence des
femmes, ni au manque chez les femmes de la stratégie optimale pour résoudre le
test.
Notre hypothèse d’un choix stratégique différent selon le sexe et la condition
chez les DZSD est renforcée par le constat que ces différences de TR sont plus importantes pour les figures identiques et en miroir et moindre pour les figures différentes. Ce qui peut s’expliquer par le fait que pour les figures différentes la perception d’une différence dans le nombre de cube a un effet surgissant (« pop up »)
aboutissant, d’une part, à des TR plus court, et d’autre part, ne rendant plus obligatoirement nécessaire le fait de faire de la rotation mentale.
Nos résultats nous conduisent à penser que les deux stratégies possibles de
résolution du test (analogique et analytique) sont également accessibles et susceptibles d’être mise œuvre par les deux sexes, mais que l’interférence du stéréotype et
les croyances qui s’y rattachent conduisent les participants à modifier la stratégie
qu’ils auraient naturellement majoritairement utilisée si aucune contrainte situationnelle de comparaison sociale n’était possible.
Hypothèses n°5 : La variabilité de la fréquence cardiaque est un témoin physiologique de la charge mentale et du stress émotionnel.
La VFC est un témoin des capacités adaptatives de l’organisme et un indice
physiologique de la charge mentale des participants. Notre hypothèse d’une diminution de la VFC chez les femmes en situation d’interférence du stéréotype est infirmée
par nos données. Nous n’observons pas, chez les femmes en CSP, de modifications
p. 183
Discussion générale
de la VFC durant le TRM par rapport à une ligne de base recueillie durant les questionnaires.
Deux types explications peuvent en être à l’origine :

Premièrement, des difficultés méthodologiques :
Notre enregistrement de la ligne de base n’a peut être pas été suffisamment
long (10 minutes au maximum) et n’a peut être pas été réalisé suffisamment à distance de la passation du test (les questionnaires succèdent immédiatement au
TRM), pour permettre le retour complet à l’équilibre de l’organisme et pour permettre
à la fréquence cardiaque de retrouver ses variations habituelles au repos. Il aurait
fallu pouvoir disposer d’une vraie ligne de base en demandant par exemple aux participants, comme cela est parfois le cas pour d’autres types d’études, de porter
l’enregistreur durant la journée et la nuit qui suivent le test. Cependant, cette exigence aurait surement rendu encore plus difficile le recrutement des jumeaux.
Nous avons eu, pour quelques enregistrements, des difficultés à exactement
positionner, dans le décours complet de la passation, le moment où les participants
réalisaient le TRM (il est possible que certains enregistrements aient inclus une partie de la phase d’entrainement).
Certains participants, que nous n’avons pas exclus du traitement statistique,
prenaient des médicaments au moment de la passation dont on a du mal à estimer
les répercutions sur la vigilance, l’anxiété ou l’activité cardiaque. Au nombre de ceuxci figuraient des anxiolytiques, antihistaminiques, corticoïdes, œstroprogestatif, ou ...,
un participant m’a même dit avoir fumé du cannabis l’avant-veille de la passation.
Ces trop nombreux incidents techniques ont fait que nous ne disposions peut
être pas d’un effectif suffisant pour mettre en évidence statistiquement une diminution de la VFC au TRM (nous ne disposons de l’enregistrement valide que pour 57
femmes en CSP). Peut être faudrait-il dans le futur accroitre notre effectif pour infirmer ou confirmer nos résultats ?

Deuxièmement, l’explication que nous assumions n’est peut être pas la bonne.
Pour de nombreux auteurs (Beh, 1990 ; Korobeynikov, Mazmanian, Korobey-
nikova & Jagiello, 2011 ; Venables & Fairclough, 2009 ; Wright, 1996), la VFC est
principalement un témoin de l’engagement motivationnel dans une tâche. Pour Beh,
seuls les participants ayant un engagement fort dans la tâche sont marqués par
l’effort mental qu’ils investissent dans celle-ci et voient leurs VFC diminuer. Si nous
p. 184
Discussion générale
faisons l’hypothèse que les femmes en CSP, parce que le référent de comparaison
est stéréotypiquement le meilleur réalisateur, ne s’engagent pas au maximum dans
la tâche (ce que semble traduire une certaine précipitation dans les réponses), alors
il devient concevable que l’absence de différence de VFC entre la ligne de base et le
TRM ne soit en fait qu’un reflet du non engagement des femmes en situation
d’interférence du stéréotype étayant, par là même, l’origine Contextuelle et sociale
de la différence de sexe. Il serait très intéressant pour explorer cette théorie, de corréler les résultats de la VFC avec ceux d’autres marqueurs physiologiques des émotions comme par exemple la réponse électrodermale.
Hypothèse n°6 : Le besoin dimensionnel de comparaison sociale envers son
cojumeau explique, chez les jumeaux dizygotes de sexe différent, une partie de
la différence de sexe.
C’est la première fois qu’une étude gémellaire met en évidence un lien entre la
performance au TRM des femmes en situation d’interférence d’un stéréotype négatif
et l’orientation à la comparaison sociale, c'est-à-dire le besoin d’information en provenance du cojumeau. Nos travaux valident d’abord la version informatisée française
du SCO que nous avons proposé à nos participants ce qui permettra à cette échelle
de pouvoir être reprise, dans le futur, dans d’autres études. Nos résultats confirment
notre hypothèse. Les femmes sont d’autant plus sensibles à l’interférence du stéréotype, relatif à leurs moins bonnes aptitudes spatiales que les hommes, qu’elles ont
plus besoin de se comparer à leur frère. Lorsque la situation de comparaison est
possible, les femmes ayant un cojumeau et qui ont le plus besoin de se comparer à
leur frère, ont les moins bonnes performances au TRM. A l’inverse, lorsque la comparaison sociale est improbable, la corrélation partielle n’est plus significative et devient très faible. Il conviendrait désormais de pouvoir répliquer ces résultats dans une
population générale non gémellaire et plus importante. Il était prévu, à l’origine du
projet, d’expérimenter également avec une population de frères et sœurs non jumeaux mais proche en âge (moins de deux ans de différence). J’ai été contraint de
renoncer à ce projet car au terme de presque deux ans de recherche et de passations, nous n’avions que trois paires de participants dans notre effectif. Il semblerait
qu’en France le délai moyen qui sépare deux grossesses soit en général supérieur à
deux ans.
p. 185
Discussion générale
Chez les hommes, il n’existe pas de lien entre le besoin de se comparer à la
sœur et le pourcentage de BR au TRM, que la situation de comparaison sociale soit
possible ou improbable. En effet, on comprendrait mal pourquoi les hommes, réputés
être les meilleurs réalisateurs, auraient besoin de recourir à des informations sur la
manière dont leurs sœurs réalisent le test. Le besoin de recourir à ce type
d’informations s’ancre dans la nécessité d’évaluer ses aptitudes et opinions dans un
Contexte où il existe une incertitude. Or, les hommes n’ont pas d’incertitudes relatives à leurs capacités et, pour ce qui concerne les jumeaux relativement à leur
soeur, depuis leur plus jeune âge.
Hypothèse n°7 : Le niveau d’anxiété va traduire l’interférence du stéréotype
chez les femmes en situation de comparaison sociale possible à leur frère.
L’interférence du stéréotype chez les femmes qui ont un cojumeau dans la
condition de comparaison sociale possible au frère devrait se traduire par un niveau
d’anxiété élevé. Nous nous attendons à ce que les femmes les plus anxieuses aient
également les moins bonnes performances au TRM lorsque la situation rendra possible la comparaison au frère.
Nous avons tout d’abord validé la version informatisée, traduite, réduite et
adaptée à une population gémellaire de l’échelle d’anxiété que nous avons utilisée et
qui s’inspire de l’échelle de Spielberger Trait. Notre échelle a une excellente cohérence interne.
Nous ne pouvons pas confirmer notre hypothèse bien que nos données vont
dans le bon sens et montrent, chez les femmes, en situation de comparaison sociale
possible avec leur frère, un lien entre le niveau d’anxiété et le score au TRM mais
ceci reste à confirmer. Dans cette condition expérimentale, les femmes les plus anxieuses ont aussi une tendance à avoir les moins bonnes performances au TRM.
En fait, il est très difficile de mettre en évidence l’anxiété relative spécifiquement à la situation d’interférence du stéréotype, car celle-ci doit vraisemblablement
se conjuguer à l’anxiété générale relative à la situation d’évaluation.
p. 186
Conclusion générale et perspectives
« Ainsi souvent il arrive que des individus, parce
qu'ils ont en eux quelque mauvais signe naturel, leur
naissance – en quoi ils ne sont pas coupables puisque
la nature ne peut choisir son origine –, l'excès de
quelque humeur jetant à bas les barrières et remparts
de la raison, ou encore quelque habitude qui exagère
l'allure de manières louables ; il arrive, dis-je, que ces
individus, portant l'empreinte d'un défaut, livrée de la
nature ou insigne du hasard, leurs autres vertus –, fussent-t-elles aussi pures que la grâce, aussi infinies que
l'homme les peut contenir –, prendront dans le jugement d'ensemble la corruption de ce défaut particulier ;
la parcelle d'impureté détruit et couvre de sa souillure
toute la noble substance »
(Shakespeare, Hamlet, I, 4, Traduction de
Pierre Messiaen, 1949).
5.Conclusion générale et perspectives
Quand arrive le moment de conclure ce travail de recherche, le sentiment
d’avoir quelque peu contribué à apporter un éclairage supplémentaire à la compréhension de la différence liée au sexe dans le domaine de la rotation mentale, est
nuancé par la frustration des multiples perspectives de recherche qu’il ouvre et les
enthousiasmantes questions qui demeurent encore non résolues.
L’ambition de cette thèse était de pouvoir confronter, pour la première fois
dans une étude avec jumeaux, deux approches théoriques divergentes de la différence de sexe au TRM. Pour cela, nous avons répliqué deux études gémellaires
(Vuoksimaa et al., 2010 et Heil, Kavšek, Rolke, Beste, & Jansen, 2011) qui étayent
une origine biologique à la différence de sexe, tout en nous donnant les moyens
d’expérimenter une explication alternative. Celle-ci repose sur une interprétation liée
à des facteurs de régulation sociale et plus spécifiquement à la menace d’un stéréo-
p. 187
Conclusion générale et perspectives
type négatif dans une situation de comparaison sociale possible entre un homme et
une femme.
L’importance du Contexte social de réalisation d’une tâche est mise en évidence depuis fort longtemps par les psychologues de la cognition en général, et de
la cognition sociale en particulier. Elle s’ancre dans l’incapacité de notre cerveau à
encoder de l’information indépendamment du Contexte social dans lequel celle-ci a
été appréhendée. Ce Contexte fait référence bien sûr aux caractéristiques, notamment de pression temporelle, des stimuli, mais également au contexte social dans
lequel la tâche est réalisée. Les stéréotypes font parti de l’environnement contextuel
d’une information. Ils nous permettent de catégoriser une personne dans un groupe
à partir de quelques caractéristiques personnelles (et le sexe est une dimension particulièrement accessible). De plus, l’appartenance d’un individu à un groupe fait
qu’on lui attribue l’ensemble des caractéristiques dudit groupe. Les stéréotypes sociaux, en simplifiant le monde qui nous entoure, nous permettent d’avoir l’impression
de le comprendre. Un lecteur non averti pourrait alors se demander où se situe le
problème avec les stéréotypes ? La question essentielle avec les stéréotypes n’est
pas tant de savoir où, quand et comment ils apparaissent, ni même de savoir s’ils ont
ou non un fond de vérité, le problème des stéréotypes est qu’ils généralisent à tous
les membres d’un groupe (i.e. les femmes), les caractéristiques dudit groupe (i.e.
leurs moins bonnes performances spatiales). Il existe très certainement des représentants prototypiques de chaque groupe stéréotypé (i.e. des hommes particulièrement doués pour faire de la rotation mentale), le problème, en l’occurrence, est qu’il
existe également des femmes particulièrement brillantes pour faire de la rotation
mentale lesquelles se retrouvent en difficulté lorsqu’on généralise le fait que les
femmes sont moins douées que les hommes. C'est-à-dire que ces femmes sont confrontées, en plus de la pression normalement associée à toute situation évaluative de
test, à gérer une menace supplémentaire liée à la crainte de confirmer la mauvaise
réputation de leur groupe de sexe. Cette situation d’interférence d’un stéréotype
d’infériorité des femmes en aptitude spatiale, nous le montrons dans notre recherche, n’a même pas besoin d’être explicite, elle s’applique par défaut dès lors
qu’une comparaison à un homme est rendue possible. Ce Contexte menaçant, en
consommant des ressources cognitives et mentales, en absorbant des capacités attentionnelles, en générant de l’anxiété, bref en modifiant l’état interne des personnes,
p. 188
Conclusion générale et perspectives
fait que ces stéréotypes négatifs sont souvent : « le passager clandestin33 » de la
situation de test.
Les conclusions de notre travail montrent qu’il n’existe pas de différence de
compétence entre les hommes et les femmes dans l’aptitude à faire de la rotation
mentale, ni dans la perception des stimuli, ni dans le traitement de ces derniers.
Nous observons, dans la condition où la comparaison sociale est improbable, une
différence dans le type de stratégie « naturelle » majoritairement mise en œuvre par
un sexe ou par l’autre. Ce choix stratégique (il ne s’agit pas, bien évidement, d’un
choix au sens d’une mise en relation de deux options possibles) permet de comprendre les différences de sexe que l’on observe – voir la méta-analyse récente,
dans la version papier et crayon du test, de Voyer, (2011). Lorsque la pression temporelle est forte, employer une stratégie analytique est pénalisant car elle nécessite
de réaliser de multiples opérations incompatibles avec l’obligation de donner la
bonne réponse dans un délai imparti. Les femmes semblent naturellement plutôt utiliser une stratégie analytique, ce qu’attestent leurs résultats en CSI (TR plus longs),
mais, dans notre paradigme malgré la pression temporelle induite par les consignes,
le délai pour répondre est suffisamment long ce qui leur permet aussi d’obtenir leurs
meilleurs scores.
Ce travail de recherche nous a également permis d’examiner les modifications
comportementales observées chez les hommes et les femmes, cette fois, dans une
situation d’interférence d’un stéréotype. Celles-ci se traduisent, en particulier, par des
TR différents pour les deux sexes selon la condition.
Les hommes qui ont un statut de meilleurs réalisateurs s’attachent en CSP à
assurer l’exactitude de leurs réponses, pour ne pas être l’élément contrestéréotypique du groupe des hommes (i.e. être un homme c’est être performant en
orientation spatiale car c’est ce que stipule la croyance généralement admise). Il est
vrai que dans notre paradigme, ces derniers pouvaient aisément se rendre compte,
lors de la phase d’entrainement, du temps dont ils pouvaient disposer et se sont appliqués à utiliser la stratégie la plus sûre pour donner la bonne réponse, c'est-à-dire,
décomposer la figure. C’est l’une des limites de notre paradigme qui a peut être contribué à maximiser encore les performances des hommes.
33
Expression utilisée par Pascal Huguet lors d’une conférence donnée le 20 novembre 2012 au
college de France sur les stéréotypes de sexe.
p. 189
Conclusion générale et perspectives
A l’inverse chez les femmes, l’inaccessibilité du niveau de la cible de comparaison par le haut ou ascendante34 (un homme, qui est de plus leur frère jumeau), fait
que l’on observe une précipitation dans les réponses. Parce qu’elles doutent de leur
capacité à avoir les meilleures performances, les femmes s’attachent à répondre le
plus consciencieusement possible à la consigne mainte fois répétée qui est de répondre le plus rapidement possible. Elles vont, pour cette raison, privilégier la stratégie analogique qui est celle qui permet de répondre rapidement mais qui présente le
double désavantage pour elles, d’une part, de ne pas être leur stratégie « naturelle »
de réalisation du test, et, d’autre part, d’être coûteuse en ressources cognitives dans
un Contexte où celles-ci sont en partie consommées par la menace liée au stéréotype. Ce comportement permet aussi d’expliquer une partie de la discordance que
l’on observe dans nos données entre le pourcentage de bonnes réponses (précision)
qui est moindre chez les femmes en CSP qu’en CSI, et, paradoxalement, le fait que
lorsqu’elles donnent une bonne réponse, elles le fassent rapidement (vitesse pour
faire de la rotation mentale plus grande en CSP qu’en CSI). Elles donnent moins de
bonnes réponses car la stratégie qu’elles utilisent n’est pas la plus efficiente dans le
Contexte situationnel d’interférence du stéréotype, mais lorsque la réponse est
bonne, elle est donnée dans un délai plus court.
Toutefois, nous ne pouvons pas exclure à l’issue de ce travail, une composante biologique à la différence de sexe au TRM. D’une part, il existe peut être un
effet un effet situationnel des taux d’hormones (en fonction du cycle menstruel ou de
variations physiologiques de celles-ci) pouvant interférer avec l’hypothèse du transfert in-utero. Chabanne, Peruch & Thinus-Blanc (2004) montrent par exemple que la
performance spatiale des femmes dans une tâche de navigation dans un environnement virtuel est moins bonne durant la phase post-ovulatoire que durant la phase
menstruelle. Cependant cette question ne faisait pas l’objet de notre recherche et
nous n’avons pas procédé, pour dosage, à des prélèvements biologiques (salive ou
sang). D’autre part, le transfert fœtal d’hormones pourrait interférer dans la performance non pas principalement par le biais d’une organisation spécifique des structures cérébrales des hommes et des femmes, mais essentiellement par la médiation
d’autres variables. Pour Berenbaum, Korman-Bryk & Beltz (2012), les femmes qui
34
En anglais on parle d’Upward Comparison.
p. 190
Conclusion générale et perspectives
ont un cojumeau améliorent leurs aptitudes spatiales par le truchement de modifications de la personnalité, par un accroissement de l’intérêt pour des activités typiquement masculine et/ou par des modifications des comportements sociaux. Il apparait
toutefois que cet avantage biologique, s’il existe pour ces femmes (et notre étude ne
le montre pas), est modeste, et que la menace d’un stéréotype négatif est, en
l’occurrence, plus puissante à interférer dans la performance que cet avantage biologique. On peut rappeler, à ce stade de la conclusion, que le transfert fœtal
d’hormones entre jumeaux humain n’a jamais été clairemement attesté.
D’autres investigations seront nécessaires dans le futur.
Un apport important de notre étude vient du fait que pour la première fois une
étude gémellaire attribue, en partie, les modifications de la performance des hommes
ou des femmes en situation de comparaison sociale, à un changement de la stratégie majoritairement utilisée. Cependant nous ne disposons pas dans notre recherche
d’indicateur formel et objectif de la stratégie employée par les participants et nous
avons inféré celle-ci des temps de réponses et de la vitesse de rotation selon la condition. La stratégie mise en œuvre mériterait d’être plus précisément décrite et expliquer dans le futur notamment par l’utilisation d’autres indices. On pourrait questionner les participants, par exemple à l’issu de chaque block, pour qu’ils nous décrivent
explicitement la manière dont ils ont réalisés le test, mais les auto-questionnaires ont
également leurs limites. L'oculométrie 35 pourrait être également un bon moyen de
vérifier notre hypothèse. Il serait intéressant de reproduire notre paradigme informatisé de comparaison de cible avec un dispositif d’oculométrie et on pourrait alors
s’attendre à moins de saccades oculaires chez les participants qui font de la rotation
mentale en utilisant la stratégie analogique ou globale versus ceux qui mettent en
œuvre une stratégie analytique. Nous pourrions alors vérifier les changements stratégiques pour les deux sexes selon que l’interférence d’un stéréotype soit présent ou
pas. Quelques travaux existent et ont concerné d’autres aptitudes que le TRM et jamais, à notre connaissance, en manipulant le Contexte social de passation du test.
La traduction physiologique d’une augmentation de la charge cognitive, mentale et émotionnelle des femmes en situation de menace du stéréotype, que nous
avons essayé de démontrer par l’étude de la variabilité de la fréquence cardiaque,
mériterait que l’on s’y attache à nouveau avec un dispositif permettant de tenir
35
En anglais Eye-tracking
p. 191
Conclusion générale et perspectives
compte des biais que nous avons exposés précédemment dans la partie discussion
(cf. p. 179). D’autres indices de la VFC, notamment dans le domaine fréquentiel des
hautes fréquences (HF) ou basses fréquences (BF), pourraient être utiles pour distinguer l’activité sympathique (BF) ou parasympathique (HF) du cœur. On pourrait
également coupler les données de la VFC avec ceux de la réponse électrodermale,
laquelle est un outil valide de mesure physiologique des émotions grâce à la différence de potentiel entre deux zones cutanées liée à la variation d’activité des
glandes sudoripares (Gil, 2009).
Les limites de notre étude tiennent aussi, en partie, dans notre effectif de jumeaux. Le recrutement des 62 paires de jumeaux de sexe différent a été en effet
particulièrement difficile car s’il existe quelques associations de jumeaux en France,
elles ne comportent que très peu de jumeaux dizygotes de sexe différent. Les études
gémellaires sont difficiles à mettre en place en France en l’absence de registre de
jumeaux disponible, et il faudra sûrement engager un jour une vrai réflexion scientifique, éthique mais aussi politique sur la manière de concilier ces problématiques de
recherche avec le respect du caractère privée et confidentiel de certaines données. Il
demeure néanmoins que notre effectif est petit.
Les effets d’un stéréotype négatif dans la différence de sexe, que nous observons avec le TRM, peuvent très certainement, pour une part, être reproductibles
dans d’autres domaines de la cognition (test de raisonnement, géométrie, etc.), dès
lors que des compétences spatiales peuvent être supposées requises. Ce qui pose
la question, bien connue des psychologues sociaux, de l’évaluation en milieu scolaire
ou universitaire - voir par exemple, Huguet & Régnier, (2009) ; Martinot & Désert,
(2007).
Pour conclure ce travail il conviendrait d’élargir le débat en ouvrant une réflexion sur les questions que posent à la société les stéréotypes de sexe. Il n’est pas
suffisant de démontrer leurs effets délétères sur la performance (des femmes dans
les aptitudes spatiales ou des hommes dans d’autres domaines d’ailleurs !), sans
qu’une réflexion ne s’engage sur ce qu’il conviendrait de faire, au niveau sociétal,
pour lutter contre ces stéréotypes.
La lutte contre les stéréotypes, et plus particulièrement ceux liés au sexe, est
une priorité du gouvernement français en 2013, témoignant, par là même, de
l’importance du problème. Une mission gouvernementale a été crée dans ce but
p. 192
Conclusion générale et perspectives
sous l’impulsion du premier ministre en novembre 2012. La solution pourrait passer,
comme souvent pour tout ce qui touche aux évolutions de la société, par l’école et le
monde de l’éducation qui reste certainement le principal moteur de changement.
Dans le milieu de la recherche, la lutte contre les stéréotypes passe, au minimum, par quatre axes de réflexions.
Il nous faut, premièrement, poursuivre les recherches dans le domaine (en
sciences cognitive, de l’éducation, sociale, différentielle, comportementale, en génétique du comportement, etc.) pour affiner notre connaissance des mécanismes et
des effets des stéréotypes. J’espère avoir quelque peu contribué, par le biais ce travail, à éclairer notre compréhension.
Il est nécessaire, deuxièmement, de mieux diffuser et vulgariser les résultats
de nos recherches auprès d’autres chercheurs mais aussi auprès des spécialistes de
l’éducation et surtout auprès du grand public en favorisant le dialogue et en nourrissant notre savoir des connaissances des uns et des autres.
Il est indispensable, troisièmement, que les résultats des recherches empiriques soient intégrés à la réflexion sur les pratiques éducatives, les outils pédagogiques (i.e. les manuels scolaires) mais aussi la manière dont l’école évalue les enfants et les étudiants pour qu’à termes ces modifications de comportement se propagent au monde professionnel.
Enfin, quatrièmement, il conviendra de suivre dans le temps l’évolution de ces
changements de pratiques éducatives en les évaluant régulièrement pour, d’une
part, en apprécier quantitativement les conséquences et, d’autre part, pouvoir les
affiner et les faire évoluer au grè des changements de la société et de l’avancée de
la recherche fondamentale et expérimentale dans le domaine.
Pour conclure,...
« Savoir, et ne point faire usage de ce qu'on sait, c'est pire qu'ignorer ».
Emile Chartier, dit ALAIN
Extrait des Propos sur l’éducation, (p.196)
(Première édition: 1932. lu dans collection Quadrige/PU
p. 193
6.Communications et publications des
résultats de cette recherche.
Les conclusions de certaines parties de ce travail de thèse ont donné lieu à
deux communications orales au 43rd Annual Meeting of the Behavior Genetics
Association de Marseille – June 28 / July 2 2013.
Pascal Huguet, François Maltese, Dorret Boomsma, Michèle Carlier
Explaining sex differences in 3-D Mental Rotation Tasks (MRT) using dizygotic
twins: From hormonal to cultural factors (negative stereotypes about women
and spatial skills)
Mental rotation tasks (3-D MRT) are known to produce large and robust sex differences, with males outperforming females. The comparison of dizygotic twins with
same sex (DZSS) versus dizygotic twin with opposite sex (DZOS) is considered as
highly relevant for testing the prenatal masculinization hypothesis: If females with a
male co-twin is masculinized as a result of intra-uterine exposure, they should performed better in MRT than females with a female co-twin (and eventually perform as
well as males). Recently, two teams published data supporting this hypothesis
(Vuoksimaa et al., 2010, Psychol Sc; Heil & al., 2011, 86:90-93). Here, we provide
provocative data with a sample of 238 young twins (114 DZSS & 124 DZOS) recruited in the Netherlands and France for a study relying on stereotype threat research (Huguet & Régner, 2009, JESP, 45: 1024-1027; Régner et al., 2010, Psych
Sc, 21:1646-1648 ; Schmader et al., 2008, Psych Review, 115: 336-356). Participants performed a (computer-based) MRT while simply believing that their co-twin
was working on the same task versus a different task (the task being actually the
same in both conditions), thereby removing social comparison with the co-twin on the
task at hand in the latter condition. In the former condition (task characterized as
"identical"), females with a male co-twin actually performed /lower /than females with
a female co-twin, whereas both groups performed equally well in the latter condition
(task characterized as "different"). Furthermore, females with a male co-twin performed better in the latter condition than in the former. These findings are clearly
consistent with stereotype threat research, and suggest caution in the exclusive use
of biological explanation of sex differences in 3D-MRT.
p. 194
Michèle Carlier, Pascal Huguet, Felice van Wegen, François Maltese, Dorret
Boomsma
Social comparison orientation: A new perspective in the study of co-twin relationships
Co-twin dependence varies by zygosity (MZ>DZ) – see Penninkilampi-Kerola, et al.,
2005, JSPR, 22:519-541 and Segal’s studies – and by gender (F>M). There is evidence that people’s level of psychological interdependence in general relies on the
motivation to engage in social comparison with others, a tendency whose the
strength varies between individuals (the Iowa-Netherlands comparison orientation
measure, hereafter referred to as social comparison orientation or SCO ; Gibbons &
Buunk, 1999, JPSP, 76, 129-142). Also considering that psychologically close others
are used automatically as routine standards for social comparison (Mussweiler &
Rüter, 2003, JPSP, 85:467-481), and that social comparisons with the co-twin are
often unavoidable, it is surprising that these comparisons did not receive much attention in twin research. Here we assess for the first time twins’ SCO using a sample of
418 young twins (age from 14.9 to 25.6 years; 90 MZ pairs, 57 same-sex DZ pairs
and 62 opposite-sex DZ pairs). Participants were recruited from the Netherlands Twin
Register (Boomsma et al., 2006 Twin Res. Hum. Genet.9:849-857), and from newspapers advertisements in France. Zygosity was determined on the basis of DNA polymorphism. Whereas one SCO scale focused on social comparison with the co-twin
(SCOWT), another focused on social comparison with other people in general, excluding the co-twin (SCOWoutT). We found: 1) A zygosity effect on mean SCOWT
(with SCOWoutT partialled out) : MZ > DZSS, and no difference between DZSS and
DZOS ; 2) Higher mean SCOWT (SCOWoutT partialled out) in females than in males
; 3) Within pair difference smaller in MZ than in DZSS pairs (correlations: MZ = .58,
DZ = .28, DZOS = .19). ADE model fits with the data. These findings indicate that the
SCO scale can reasonably be used in the study of twin relationships and more importantly suggest that social comparison processes may influence within-pair differences
at the behavioral level in testing situations.
Un article est en préparation:
Maltese, F., Carlier, M., Polderman, T. J. C., Boomsma, D.I., Delpech, J., Carbonnel,
L. & Huguet P. (2013).Sex difference in mental rotation in dizygotic twins: evidence for social regulation effect. In Prep.
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9782234017221
p. 215
Index des auteurs
A
Adelman ............................................................. 52
Berthoin.............................................................. 87
Beste .. 22, 23, 25, 27, 62, 64, 92, 95, 129, 132, 133,
170, 175, 187
Albaret .............................................................. 231
Allan ............................................................. 24, 72
Allen ................................................................... 88
Altmann .............................................................. 45
Ambady .............................................................. 66
Appelhans ........................................................... 88
Aronson ........................................................ 66, 69
Aspinwall ............................................................ 73
Aubert .............................................................. 231
Audiffren............................................................. 91
Auyeung.............................................................. 44
Ayme .................................................................. 74
Bjerle ............................................................ 26, 87
Blakeley-Smith .............................................. 53, 73
Boomsma............................... 22, 47, 52, 89, 90, 99
Bos...................................................................... 79
Bosquet .............................................................. 87
Bouchard .......................................................... 116
Breedlove ........................................................... 45
Brenninkmeijer ................................................... 79
Bressoux ........................................................... 175
Brickman............................................................. 75
Bridges ................................................................ 78
Brisswalter .......................................................... 89
B
Brosschot ............................................................ 88
Bagès .................................................................. 66
Bryan .................................................................. 63
Bakker................................................................. 60
Bryden ..................................23, 25, 33, 34, 38, 170
Bär ...................................................................... 87
Buchman ............................................................ 87
Baron .................................................................. 74
Buitelaar ............................................................. 60
Baron-Cohen ....................................................... 44
Bulman ............................................................... 75
Bartholdt............................................................. 46
Burton ................................................................ 46
Battista ............................................................... 39
Busjahn ............................................................... 47
Beh ............................................................. 90, 184
Butera ................................................................. 74
Beier ................................................................... 46
Butler ........................................................ 108, 120
Belletier .............................................................. 58
Buunk ............... 24, 73, 75, 76, 77, 78, 79, 116, 117
Beltz............................................................ 45, 190
C
Benarroch ........................................................... 82
Benjamin............................................................. 87
Ben-Zeev ....................................................... 66, 70
Bereczkei ............................................................ 46
Berenbaum ................................................. 45, 190
Berger ................................................................. 39
Bergner ............................................................... 37
Bernardi .............................................................. 83
Capa ................................................................... 91
Carlier .............................................. 22, 47, 63, 101
Carnethon ........................................................... 87
Carpeggiani ......................................................... 87
Carpenter ........................................................... 36
Carson ................................................................ 46
Carver ................................................................. 78
p. 216
Cascio ................................................................. 87
Delpech ...................................................... 37, 106
Caverni.............................................................. 179
Denault ............................................................... 87
Chabanne.......................................................... 190
Derom ................................................................ 63
Chambers............................................................ 81
Deschamps ......................................................... 87
Chartier ............................................................... 36
Désert ......................................................... 66, 192
Cherney .............................................................. 42
DeSoto ................................................................ 41
Choi .................................................................... 41
Dijkestra ............................................................. 78
Chura .................................................................. 44
Dimitriev ............................................................. 88
Clarke.................................................................. 47
Doyle .................................................................. 25
Clements-Stephens ................................... 108, 120
Dressler ........................................................ 47, 55
Cohen ................................ 31, 55, 67, 87, 122, 174
Dumas ................................................. 74, 177, 179
Cohen-Bendahan .......................................... 55, 60
Duschek .............................................................. 88
Cohen-Kettenis ................................................... 60
E
Cole-Harding ....................................................... 54
Collaer .......................................................... 37, 39
Collins ..................................................... 36, 37, 38
Conty .................................................................. 58
Conway ............................................................... 73
Coolican .............................................................. 46
Cooper .......................................................... 35, 36
Cosserate ............................................................ 81
Costa................................................................... 78
Couvert ............................................................... 49
Croizet ................................................................ 89
Csatho................................................................. 46
Cury ............................................................ 89, 179
Cutting ...................................................... 108, 120
D
D’Oliveira ............................................................ 32
Danion-Grilliat..................................................... 49
Davison ............................................................... 52
De Beni ............................................................... 32
de Dreu ............................................................... 78
de Geus................................................ 86, 104, 126
de Guevara ......................................................... 87
de Vries ............................................................... 86
Decker ................................................................ 36
Eagly ................................................................... 41
Ebeling ................................................................ 53
Eid ...................................................................... 39
Ekstrom .............................................................. 36
Elliot ................................................................... 89
Eriksson .............................................................. 42
Evans ............................................................ 87, 89
Eysenck ............................................................... 76
F
Fairclough ................................................... 91, 184
Festinger .................................................. 24, 65, 72
Finegan ............................................................... 44
Fortuna ............................................................... 53
Foy...................................................................... 52
French ................................................................ 36
G
Gabutti ............................................................... 83
Galis.................................................................... 46
Galton ................................................................. 32
Gamelin .............................................................. 87
Ganuza ............................................................... 36
Gardini ................................................................ 32
Gauthier ........................................................... 116
p. 217
Geary .................................................................. 41
Hines ....................................................... 30, 43, 45
Gehi .................................................................... 87
Hirt ..................................................................... 52
Geiser ......................................................... 39, 169
Hönekopp ........................................................... 46
Gendolla ............................................................. 88
Hou ..................................................................... 25
George .......................................................... 25, 58
Huguet .... 22, 37, 58, 66, 70, 74, 101, 106, 116, 175,
Gibbon ................................................................ 78
178, 179, 192
Gibbons ............ 24, 73, 75, 76, 77, 78, 79, 116, 117
Hunt ................................................................... 32
Giesler .................................................... 24, 72, 74
Huntsmann ......................................................... 36
Gil 192
Huttenlocher ................................................ 39, 41
Gilbert..................................................... 24, 72, 74
Hyde ............................................................. 31, 39
Gimmig ..................................................37, 58, 179
I
Goldner ............................................................... 53
Goldstein ............................................................ 87
Gorsuch ............................................................ 116
Gosalvez ............................................................. 76
Grant .................................................................. 81
Inch..................................................................... 25
Inzlicht .......................................................... 66, 70
Ipenburg ............................................................. 78
Ivers .................................................................. 116
Grimshaw ........................................................... 44
J
H
jacklin ................................................................. 30
Haberecht ........................................................... 46
Hafetz ................................................................. 46
Hales ................................................................... 83
Halpern ................................................... 23, 30, 32
Hampson ............................................................ 45
Jacobs ................................................................. 67
Jae ...................................................................... 87
Jagiello ........................................................ 91, 184
Jang .................................................................... 52
Jansen..... 22, 23, 25, 27, 62, 64, 67, 68, 92, 95, 129,
132, 133, 170, 175, 187
Hansen................................................................ 89
Heath .................................................................. 52
Hedelin ......................................................... 26, 87
Heger .................................................................. 89
Heil ... 22, 23, 25, 27, 55, 62, 64, 67, 68, 92, 95, 129,
132, 133, 170, 171, 175, 187
Heilman .............................................................. 88
Heiss ................................................................... 87
Helgeson ............................................................. 74
Helt ..................................................................... 67
Hemphill ................................................. 24, 74, 75
Henninger ........................................................... 46
Henrikson-Larsen .......................................... 26, 87
Johnsen ........................................................ 88, 89
Johnson ...................................................36, 39, 41
Jolicoeur ............................................................. 36
Jonas................................................................. 116
Jordan ...................................................... 36, 39, 45
Jorna ................................................................... 89
Just ..................................................................... 36
K
Kaprio ...................................................... 42, 52, 56
Karpenko ............................................................ 88
Kaszniak .............................................................. 88
Kavachi ............................................................... 26
Hershberger ........................................................ 52
p. 218
Kavsek. 22, 23, 25, 27, 62, 64, 92, 95, 129, 132, 133,
170, 175
Kavšek............................................................... 187
Kawachi ........................................................ 87, 88
Keith ................................................................... 63
Kim ..................................................................... 66
Kimura .............................. 30, 36, 37, 38, 41, 46, 47
Klaver.......................................................... 86, 104
Knafo .................................................................. 53
Knickmeyer ......................................................... 44
Knorr ................................................................... 87
Koopmans ........................................................... 52
Korman Bryk ............................................... 45, 190
Korobeynikov .............................................. 91, 184
Korobeynikova ............................................ 91, 184
Kreibig ................................................................ 88
Kuse ................................................. 36, 37, 56, 231
L
Lane .............................................................. 87, 89
Langrock ....................................................... 39, 41
Lautrey................................................................ 36
Law ..................................................................... 32
Lehman ................................................... 24, 74, 75
Lehmann ..................................................... 39, 169
Lejeune ............................................................... 36
Levine ........................................................... 39, 41
Leyens................................................................. 65
Liao ............................................................... 87, 90
Liben ............................................................. 39, 41
Lichtman ....................................................... 72, 74
Liebert ................................................................ 46
Linn ...................................23, 31, 32, 33, 34, 36, 38
Lippa .................................................. 31, 37, 39, 41
Lizarraga ............................................................. 36
Loose ................................................................ 177
Luecken .............................................................. 88
Lushene ............................................................ 116
M
Maccoby ............................................................. 30
Malliard .............................................................. 49
Mangano ............................................................ 87
Manning ............................................................. 46
Manson .............................................................. 44
Martinot ..................................................... 66, 192
Masters .............................................................. 38
Mathews............................................................. 88
Matteucci ........................................................... 82
Maybery ............................................................. 54
Mazmanian ................................................. 91, 184
Mc Farlane .......................................................... 87
McCrae ............................................................... 78
McDaniel ............................................................ 45
McGlone ............................................................. 69
Mellman ............................................................. 87
Menon ................................................................ 46
Metzler ...............................35, 36, 37, 39, 124, 170
Michinov ............................................................. 75
Miclea ................................................................. 88
Miller ............................................................ 65, 72
Mittleman ........................................................... 26
Miu ..................................................................... 88
Moè ................................................... 37, 67, 68, 69
Moilanen ...................................................... 52, 53
Molleman ..................................................... 72, 78
Monteil .......................................... 70, 74, 178, 179
Moody ...................................................... 108, 121
Moore................................................ 36, 39, 41, 74
Morris ...................................................... 24, 72, 74
Morstad .............................................................. 54
Muckenthaler ..................................................... 88
Mueller ............................................................... 45
Mukundan .......................................................... 88
Muller ........................................................... 46, 74
Mussweiler ................................................... 75, 79
p. 219
N
Q
Nauta ............................................................ 76, 78
Quaiser-Pohl ............................................... 67, 169
Neely .................................................................. 46
Quinn ....................................................... 39, 41, 66
Neubauer ...................................................... 37, 39
R
Neuburger .......................................................... 67
Nezlek ............................................................... 179
Noller .................................................................. 73
Raggatt ............................................................... 44
Ragot .................................................................. 91
Ramus................................................................. 47
O
Rastoul ............................................................. 179
O’Connor ............................................................ 88
Régner ................................................... 66, 70, 179
Oldersma ...................................................... 78, 79
Régnier ........................................ 58, 177, 178, 192
P
Reiss ................................................................... 46
Resnick ............................................................... 55
Payen .................................................................. 89
Pazzaglia ...................................... 32, 37, 67, 68, 69
Pearlman ............................................................ 52
Peiró ................................................................... 76
Pellegrino ............................................................ 32
Pelletier ............................................................ 116
Reuchlin .............................................................. 78
Reyes del Paso .................................................... 88
Richter .......................................................... 88, 89
Rimrodt .................................................... 108, 120
Roeltgen ............................................................. 46
Rolke .. 22, 23, 25, 27, 62, 64, 92, 95, 129, 132, 133,
Peltonen ............................................................. 47
Penninkilampi-Kerola .................................... 52, 53
Peper .................................................................. 55
Peruch .............................................................. 190
Peters 36, 37, 39, 41, 46, 56, 62, 108, 121, 133, 173
Petersen ................................ 23, 32, 33, 34, 36, 38
Pigeon ................................................................. 87
Pipkin .................................................................. 87
170, 175, 187
Rose.............................................................. 42, 56
Rosenberg........................................................... 78
Ross .................................................................... 46
Roubertoux ......................................................... 47
Rover .................................................................. 45
Rubin .................................................................. 78
Rüter................................................................... 79
Pison ................................................................... 49
Pittinsky .............................................................. 66
S
Polderman .................................................. 52, 101
Sanders .............................................. 38, 46, 47, 74
Porges ................................................................. 89
Saperova ............................................................. 88
Porta ................................................................... 83
Savard............................................................... 116
Poss .................................................................... 42
Schadron ............................................................ 65
Price........................................................ 24, 36, 72
Schatz ........................................................... 37, 39
Printice ............................................................... 65
Scheier ................................................................ 78
Pruyn .................................................................. 72
Schneider ............................................................ 76
Pulkkinen ............................................................ 56
Schoeneman ....................................................... 74
Puts..................................................................... 45
Schupp ................................................................ 76
p. 220
Segal ................................................................... 52
Van Doomen ..................................................... 104
Servant ............................................................... 88
van Doornen ............................................52, 89, 90
Shepard ............................. 35, 36, 37, 39, 124, 170
Van Goozen ........................................................ 60
Shih ..................................................................... 66
Van Hulle ............................................................ 55
Siemon ................................................................ 52
Van Knippenberg ................................................ 72
Silverman ............................................................ 41
van Santen ........................................................ 101
Sitarenios ............................................................ 44
Van Selst ............................................................. 36
Sleight ................................................................. 83
Van Yperen ......................................................... 79
Smeding ............................................................ 177
Vandenberg .............................................36, 37, 56
Snieder ............................................................... 89
Vanderberg ....................................................... 231
Sparrow .............................................................. 26
Venables ..................................................... 91, 184
Spencer ............................................................... 66
Vernon ................................................................ 52
Spicuzza .............................................................. 83
Vlietinck .............................................................. 63
Spielberger.........................................116, 167, 186
Vokonas .............................................................. 26
Spitz .............................................................. 37, 63
Voracek ........................................................ 47, 55
Steele............................................................ 66, 68
Voyer ...................... 23, 25, 33, 34, 38, 39, 170, 189
Stein ................................................................... 87
Vuoksimaa22, 23, 25, 27, 42, 55, 56, 58, 62, 63, 64,
Suchy .................................................................. 89
92, 95, 119, 129, 131, 132, 133, 169, 170, 171,
Sullivan ............................................................... 67
172, 174, 175, 187
Suls ......................................................... 24, 72, 73
W
Swap ................................................................... 78
Wagner ............................................................... 89
T
Wahlsten .......................................................... 122
Takahira .............................................................. 39
Waller ................................................................. 82
Takeuchi ............................................................. 39
Wallon ................................................................ 51
Tapp.................................................................... 54
Walton ................................................................ 67
Taylor ..................................... 39, 41, 44, 72, 73, 74
Wang .................................................................. 89
Ten Broek............................................................ 46
Warsofsky ........................................................... 46
Thayer................................................ 87, 88, 89, 90
Waters ................................................................ 47
Thinus-Blanc ..................................................... 190
Watson ......................................................... 41, 46
Thurstone ........................................................... 36
Watzlavik ............................................................ 73
Titze .................................................................... 68
Watzlawik ........................................................... 73
Trias .................................................................... 53
Waugh ................................................................ 81
Tripathi ............................................................... 88
Weeler ................................................................ 24
V
Weise.................................................................. 89
Weiss .................................................................. 26
Van der Zee ......................................................... 79
van Dongen ......................................................... 46
Werner ............................................................... 88
Wheeler .............................................................. 73
p. 221
Whitehouse .................................................. 44, 54
Wijnaendts ......................................................... 46
Wiklund ........................................................ 26, 87
Willemsen ................................................... 99, 104
Y
Ybema ................................................................ 78
Yeragani .............................................................. 87
Yzerbyt ............................................................... 65
Wilson................................................................. 54
Wood ...................................................... 41, 72, 74
Z
Wraga ........................................................... 67, 69
Zazzo ....................................................... 49, 51, 52
Wright......................................................... 91, 184
Zinn .................................................................... 46
Zurriaga .............................................................. 76
p. 222
Annexes
p. 223
Sommaire des annexes
Tableau récapitulatif des partenaires de l’ANR de ce programme ...................... 226
Exemple de tests en faveur des hommes ou des femmes ................................. 227
Exemple de tests de visualisation spatiale ......................................................... 228
Exemple de tests de perception spatiale ............................................................ 228
Exemple de tests de rotation mentale ................................................................ 229
Principaux gènes impliqués dans la différenciation sexuelle .............................. 230
Exemple de version Papier et Crayon du Test de TRM ...................................... 231
Affiche couleur au format A4 et A3 (+ environ 1000 affichettes, 1/6ième de page)
réalisées pour présenter l’étude. ........................................................................ 237
Annonce sous la forme d’un encart en couleur au format ¼ de page, publiée à
plusieurs reprises dans un journal à large diffusion gratuite (Métro) dans ses
éditions de Marseille et Toulon. .......................................................................... 238
Formulaire de consentement éclairé des participants (participants mineurs
compris) ............................................................................................................. 239
Courrier aux chefs d’établissements scolaire ..................................................... 240
Courrier aux étudiants et parents des établissements scolaires ......................... 241
téléphonique ...................................................................................................... 243
Document de passation ..................................................................................... 244
Formulaire de consentement à signer obligatoirement en début de passation ... 246
Questions de l’entretien semi-directif ................................................................. 248
Dessin décrivant au participant l’emplacement des électrodes sur le thorax et le
dos. ................ ................................................................................................... 250
Photo d’un ordinateur de passation PC portable Dell ® avec un écran de 12 pouce
.............................................................................................................................250
Les consignes du TRM telles qu’elles apparaissent à l’écran selon la condition
expérimentale .................................................................................................... 251
Les consignes du TRM selon la condition expérimentale. .................................. 252
p. 224
Questionnaire de restitution de la condition expérimentale ................................ 253
Questionnaire d’anxiété ..................................................................................... 254
Questionnaire
d’orientation
à
la
comparaison
sociale
(SCO)
envers
le
cojumeau............. ............................................................................................ ..255
Questionnaire d’orientation à la comparaison sociale envers les proches et amis
(SCOWoutT) ...................................................................................................... 256
Chez tous les DZ, moyenne du pourcentage de BR (entre parenthèse écart-type)
et taille d’effet (d de Cohen) en fonction du sexe du participant et de celui du
cojumeau. .......................................................................................................... 257
Données descriptive des Scores et TR .............................................................. 258
La tâche informatisée de rotation mentale ..........................................................258
p. 225
Tableau récapitulatif des partenaires de l’ANR de ce programme
Partenaire 1. Fédération de Recherche 3C. Laboratoire de Psychologie Cognitive.
Équipe 1 : Cognition et Contexte Social. UMR 7290.
Nom
Prénom
Fonction
Expertise
Psychologie et cognition so-
Huguet
Pascal
DR – CNRS
Carlier
Michèle
Pr Émérite de Psychologie.
Maltese
François
Doctorant Équipe 1
ciale
Psychologie
différentielle
et
génétique du comportement
(2008-
2013)
Partenaire 2. Fédération de Recherche 3C. Laboratoire de Neurosciences Cognitives.
UMR 7291
Nom
Prénom
Hasbroucq
Thierry
Vidal
Franck
Fonction
DR – CNRS
Expertise
Neurosciences cognitives
PR. HDR. Dr. Neurosciences Neurosciences cognitives
et Médecine
Médecine
Partenaire 3. Vrije Universiteit. Pays Bas.
Nom
Prénom
Fonction
PR. Vrije Universiteit
Boomsma
Dorret
Eco
Psychologie et Biologie.
Royal Netherlands Academy Etudes gémellaires
of Arts and Sciences.
De Geus
Expertise
PR. Vrije Universiteit
Netherlands Twin Register
Génétique ;
Enregistrements
psychophysiologiques
p. 226
Exemple de tests en faveur des hommes ou des femmes
p. 227
Exemple de test de visualisation spatiale
Exemples d’item du test des figures emboîtées
Test de pliage (paper and folding test)
Test de relation spatiale ou Puzzles visuels (WAIS IV) : « Quel groupe de formes
peuvent être assemblés pour reproduire la figure du haut ? »
Exemple de tests deperception spatiale
« Alignez la tige à l’intérieur du cadre jusqu’à ce que la tige soit verticale ».
p. 228
« Tracez d’un trait le niveau d’eau dans chacun des flacons ».
Exemple de test de rotation mentale
Exemples de paires de stimuli imaginées par Shepard & Metzler (1971).
Test de rotation de lettres utilisé par Cooper & Shepard (1973).
Test de rotation de polygones irréguliers utilisé parCooper (1975, 1976).
p. 229
Principaux gènes impliqués dans la différenciation sexuelle
(Plus de cinquante gènes à ce jour ont été impliqués dans la différenciation sexuelle)
Gènes
Nom
Localisation
SRY
Sex Determinig Region of chromosome Y
Yp11.31
WT1
Wilms Tumor 1
11p13
SOX9
SRY-related transcription factor 9
17q24.3
SF1
Steroidogenic Factor 1
9q33.3
DMRT 1 & 2
Doublesex and mab-3 related transcription factor 1
9p24.3
LIM1
Lim homebox 1
17q12
GATA4
Gata-binding
8p23.1
EMX2
Empty spiracles homebox 2
10q26.11
WNT4
Wingless-type MMTV integration site family, member 4
1p36.12
DAX1
Nuclear receptor subfamily 0, group B, member 1
Xp21.2
DHH
Desert hedgehog
12q13.12
XH2/ATR-X
X-linked helcase2/alpha-thalassémie
Xq21.1
AMH
Anti-Mullerian hormone
19p13.3
p. 230
Exemple de version Papier et Crayon du Test de TRM
Adapté du test de Vanderberg & Kuse (1978), consignes révisées par H. Crawford,
université du Wyoming, 1979. Traduction française par J.M. Albaret & Aubert, (1990).
Dans, Albaret, J. M., & Aubert, E. (1996). Etalonnage 15-19 ans du test de rotation
mentale de Vandenberg. Evolutions psychomotrices, 206-209.
p. 231
p. 232
p. 233
p. 234
p. 235
p. 236
Affiche couleur au format A4 et A3 (+ environ 1000 affichettes,
1/6ième de page) réalisées pour présenter l’étude.
p. 237
Annonce sous la forme d’un encart en couleur au format ¼ de page, publiée à plusieurs reprises dans un journal à large diffusion gratuite (Métro) dans ses éditions de Marseille et Toulon.
p. 238
Formulaire de consentement éclairé des participants
(participants mineurs compris)
p. 239
Courrier aux chefs d’établissements scolaire
p. 240
Courrier aux étudiants et parents des établissements scolaires
p. 241
p. 242
Notice d’information adressée aux participants après contact
téléphonique
p. 243
Document de passation
Fiche de renseignement (à remplir par l’expérimentateur) :
Nom : ..............................................................
Prénom : ..............................................................
Date de naissance :
......... / ....... / 19 ........
Sexe : (entourez la réponse) :
Homme
Poids de naissance :
.......................... Kg
Taille à la naissance :
....................... Cm
/
Femme
Mode de naissance : (entourez la réponse) :
naturelle / césarienne
Ordre de naissance : (entourez la réponse) :
premier né /
Durée de la gestation (en semaines):
second né
............................................
Niveau d’étude : .......................................................
(Entourez la réponse pour les questions suivantes)
Avec quelle main
- écrivez-vous ?
Droite / Gauche/ indifférent
- tapez-vous avec un marteau ?
Droite / Gauche/ indifférent
- vous brossez-vous les dents ?
Droite / Gauche/ indifférent
- coupez-vous avec des ciseaux ?
Prenez-vous un traitement médicamenteux ?
Droite / Gauche/ indifférent
OUI
/
NON
Si OUI, lequel :
 ...................................................................
 ...................................................................
 ...................................................................
 ...................................................................
Taille actuelle : ............................... cm
¨Poids actuel : ................................. Kg
p. 244
Photocopie des deux mains :
(numéro)
Pour les femmes :
Quelle est, même approximativement, la date de vos dernières règles ?
…… / …… /……..
Numéro de téléphone : ..........................................................
Adresse électronique : ..............................................................................
Numéro de téléphone de votre mère :
Pression artérielle :
Heure de début de passation :
Heure de fin de passation :
Pouls :
Pouls :
PAS :
PAS :
PAD :
PAD :
PAM :
PAD :
Cadre réservé au chercheur:
Date et heure de début de la passation:
Numéro de participant:
Condition: (entourer la bonne réponse)
HP
LP
Nom du fichier data :
p. 245
Formulaire de consentement.
À signer obligatoirement en début de passation
LABORATOIRE DE PSYCHOLOGIE COGNITIVE
(UMR 7290 Aix Marseille Université / CNRS)
Cette étude porte sur les activités mentales .
Vous aurez à donner votre avis sur des figures abstraites et
complexes présentées sur ordina teur. Ce qui vous est proposé est cla ssiquement utilisé en sciences cognitives mais les données recueillies
jusqu’ici sont limitées car elles portent sur des populations de pers onnes
n’ayant pas de co- jumeaux. On ne peut donc pas généraliser les résultats
à l’ensemble de la population.
Il ne nous est pas possible de vous donner des détails sur ce
que vous allez faire car vous seriez moins spontané(e) dans vos r éponses. Vous aurez, si vous le souhaitez, d’autres explications à l’issue
de la passation.
Aucun résultat personnalisé ne vous sera fourni et vos réponses
seront rendues anonymes. Si vous le souhaitez, un résumé des résultats
vous sera transmis à la fin de la recherch e.
Pendant la passation nous allons mesurer vos fréquences ca rdiaques et respiratoires au moyen d’électrodes. Ceci est totalement ind olore et sans aucun risque pour vous (l’appareil est du même type que c elui qui est utilisé par les coureurs à pied) .
Nous vous demandons de ne communiquer aucune information relative à
ce que vous venez de faire, afin que d’autres participants ne puissent
pas se préparer. Cela pourrait influencer les réponses spont anéesd’autres personnes suscept ibles de venir au laboratoire .
p. 246
L ABOR ATOIRE DE PSYCHOLOGIE COGNITIVE
(UMR 7290Aix Marseille Université / CNRS)
Recherche avec des jumeaux de sexe différent
Je soussigné(e) :
Nom :
Prénom :
Accepte de participer à l’étude réalisée par le laboratoire Psychologie cognitive sous
la responsabilité de Mme la Professeure M. Carlier et de M. le Directeur de Recherche Pascal Huguet.
OUI
NON
(entourez la réponse)
Je sais qu’une information partielle sur les buts de la recherche m’a été donnée avant
la passation et que je ne cours aucun risque pour ma santé.
Je sais qu’un refus de ma part n’aura aucune conséquence pour moi et que je peux
me retirer à tout moment de l’étude sans avoir à donner de justification.
Fait le :
Signature :
Entourez votre réponse
Je souhaite recevoir un résumé des résultats de la recherche
OUI
NON
Je communique mon adresse mél et/ou postale :
Au cas où une recherche complémentaire serait intéressante, j’accepte d’être recontacté(e)
OUI
NON
p. 247
Questions de l’entretien semi-directif
Entretien post-expérimental:
 Nom :
 Condition:
 Sexe :
Prénom :
Date :
Numéro de participant :
Cette étude a pour but d’évaluer les performances des hommes et des femmes en
fonction de conditions d’évaluations différente.
Comment avez-vous perçu la tâche ?
Avez-vous été gêné par certaines conditions ? chaleur, soif, éclairage, faim, électrodes...
Que pensez-vous que nous mesurions ?
p. 248
Avez-vous été surpris par certains aspects de la tâche ? par le comportement de
l’expérimentateur?
Avez-vous été déconcentré ou démotivé à certains moments de la passation ? si oui,
durant quelle tâche, et avez-vous pu vous reconcentrer ?
Que pensez-vous que cette expérience pour mesurer ?
 En haute pression : les capacités intellectuelles des personnes ?
 En basse pression : les capacités perceptives des personnes ?
Est-ce que selon vous, votre jumeau a fait des tâches identiques ou différentes des
votre ?
Demander aux participants de ne pas parler des tâches qu’ils viennent de réaliser à
d’autres jumeaux, car cela pourrait modifier leurs comportement.
p. 249
Dessin décrivant au participant l’emplacement des électrodes
sur le thorax et le dos.
Photo d’un ordinateur de passation PC portable Dell® avec un écran de
12 pouces
p. 250
Les consignes du TRM telles qu’elles apparaissent à l’écran selon la
condition expérimentale
Les consignes de pression temporelle.
En CSP :
En CSI :
p. 251
Les consignes du TRM selon la condition expérimentale.
En situation de comparaison sociale possible (CSP)
En situation de comparaison sociale improbable (CSI)
p. 252
Questionnaire de restitution de la condition expérimentale
MRT (le mot test en CSP est remplacé par activité en CSI)
Complètement
d’accord
CheckQ01
CheckQ02
D’accord
Le plus
souvent
d’accord
Le plus souvent pas
d’accord
Pas
d’accor
d
Totalement en
désaccord
Ce test permet une mesure fiable de la capacité de raisonnement
des personnes.
Ce test permet une mesure fiable de l'intelligence.
CheckQ03
Ce test permet une mesure fiable des capacités perceptives des
personnes.
CheckQ04
Ce test permet une mesure fiable des capacités attentionnelles des
personnes.
CheckQ05
Quelle importance ont la capacité ou les capacités mesurées par ce
test, pour vous personnellement?
Aucune
x
x
x
Beaucoup
CheckQ06
Ce test était extrêmement difficile.
CheckQ07
Ce test était extrêmement plaisant, intéressant.
Comment évaluez-vous votre performance à ce test?
CheckQ08
CheckQ09
Très basse
basse
moyenne
élevé
Très élevé
Comment évaluez-vous votre performance à ce test, comparée à la
moyenne des personnes de même sexe et de même âge que vous?
Bcp + basse / plus basse / identique / plus élevé / bcp + élevé
Est-ce que votre jumeau a aussi réalisé ce même test aujourd'hui?
CheckQ10
NON = 1
OUI = 2
Si OUI, aimeriez-vous comparer votre performance à ce test, à celle
de votre jumeau?
CheckQ11
Je détesterais /x
/ x / x/ Je voudrais absolument le comparer
p. 253
Questionnaire d’anxiété
Anxiety (MRT) :
Complètement
d’accord
D’accord
En faisant le test ... (ou activité en CSI)
Le plus
souvent
d’accord
Le plus souvent pas
d’accord
AQ01
... je me suis senti(e) anxieux (se).
AQ02R
... je me suis senti(e) bien.
AQ03
... je me suis senti(e) agité(e).
AQ04
... je me suis senti(e) inquiet (inquiète).
AQ05R
... je me suis senti(e) à l'aise.
AQ06
... je me suis senti(e) nerveux (se).
AQ07R
... je me suis senti(e) détendu(e).
AQ08R
... je me suis senti(e) calme.
Pas
Totalement en
d’accord
désaccord
p. 254
Questionnaire d’orientation à la comparaison sociale (SCO) envers le
cojumeau
SCOWith CoTwins
Complètement D’accord
d’accord
Le plus
souvent
d’accord
Le plus souvent pas
d’accord
Pas
d’accord
Totalement
en désaccord
SCO-Q01
Je compare souvent le comportement de mon jumeau, au comportement des autres personnes.
SCO-Q02
J'accorde toujours énormément d’attention à la façon dont je
fais les choses relativement à la manière dont mon jumeau les
faits.
SCO-Q03
Si je veux savoir si j'ai bien fait quelque chose, je compare ce
que j’ai fait à ce qu'a fait mon jumeau.
SCO-Q04
Je compare souvent mes compétences sociales (ma capacité à
m'insérer dans un groupe, à gérer les conflits, etc.) et ma popularité, aux compétences sociales et la popularité de mon jumeau.
SCO-Q05- R
Je ne suis pas une personne qui se compare souvent à son jumeau.
SCO-Q06
Je compare souvent les choses que j'ai faites dans ma vie aux
choses que mon jumeau a faites dans la sienne.
SCO-Q07
J'aime souvent échanger mes opinions et expériences avec
celles de mon jumeau.
SCO-Q08
J'essaye souvent de savoir ce que mon jumeau pense quand il
est face aux mêmes problèmes que moi.
SCO-Q09
Je cherche toujours à savoir ce que mon jumeau ferait dans
une situation similaire à la mienne.
SCO-Q10
Si je veux en savoir plus à propos de quelque chose, j'essaie
de savoir ce que mon jumeau pense de cette chose.
SCO-Q11 -R
Je ne compare jamais la situation dans laquelle je me trouve à
celle de mon jumeau.
p. 255
Questionnaire d’orientation à la comparaison sociale envers les
proches et amis (SCOWoutT)
SCOWithoutTwins
ComplèteD’accord
ment d’accord
Le plus
souvent
d’accord
Le plus souvent pas
d’accord
Pas
d’accord
Totalement
en désaccord
SCO-WoutTQ01
Je compare souvent la manière de faire de mes proches (petit(e) ami(e), membre de ma famille, etc.) à celle de faire des
autres personnes.
SCO-WoutTQ02
J'accorde toujours énormément d’attention à la façon dont je
fais les choses relativement à la manière dont les autres les font.
SCO-WoutTQ03
Si je veux savoir si j'ai bien fait quelque chose, je compare ce
que j’ai fait à ce que font les autres personnes.
SCO-WoutTQ04
Je compare souvent mes compétences sociales (ma capacité
à m'insérer dans un groupe, à gérer les conflits, etc.) et ma popularité avec les compétences et la popularité des autres.
SCO-WoutTQ05R
Je ne suis pas une personne qui se compare souvent avec les
autres.
SCO-WoutTQ06
Je compare souvent les choses que j'ai faites dans ma vie
avec les choses que les autres ont faites dans la leur.
SCO-WoutTQ07
J'aime souvent échanger mes opinions et expériences avec
celles des autres.
SCO-WoutTQ08
J'essaie souvent de savoir ce que les autres pensent quand ils
sont face aux mêmes problèmes que moi.
SCO-WoutTQ09
Je cherche toujours à savoir ce que les autres feraient dans
une situation similaire à la mienne.
SCO-WoutTQ10
Si je veux en savoir plus sur quelque chose, j'essaie de savoir
ce que les autres pensent de cette chose.
SCO-WoutTQ11R
Je ne compare jamais la situation dans laquelle je me trouve
avec celle des autres.
p. 256
Chez tous les DZ, moyenne du pourcentage de BR (entre parenthèse
écart-type) et taille d’effet (d de Cohen) en fonction du sexe du participant et de celui du cojumeau.
Score total
Figures identiques
Figures différentes
Figures en
miroirs
DZMS-H
0.883 (0.057)
0.922 (0.055)
0.792 (0.135)
0.895 (0.072)
DZSD-H
0.850 (0.114)
0.902 (0.106)
0.752 (0.147)
0.846 (0.15)
DZMS-F
0.847 (0.091)
0.90 (0.857)
0.735 (0.146)
0.856 (0.159)
DZSD-F
0.799 (0.113)
0.858 (0.112)
0.681 (0.149)
0.799 (0.183)
Hommes
0.864 (0.095)
0.91 (0.087)
0.769 (0.143)
0.867 (0.125)
Femmes
0.824 (0.104)
0.88 (0.101)
0.70 (0.15)
0.829 (0.173)
Taille d’effet
d = 0.40
d = 0.32
d = 0.41
d = 0.25
Même sexe
0.862 (0.080)
0.91 (0.075)
0.758 (0.144)
0.871 (0.132)
Sexe différent
0.825 (0.116)
0.88 (0.111)
0.716 (0.152)
0.822 (0.168)
Taille d’effet
d = 0.37
d = 0.30
d = 0.28
d = 0.32
p. 257
Données descriptive des Scores et TR
Moyenne, Ecart-type, Erreur Standard, et intervalle de confiance à 95%, des MS
Femme, SD Femme, MS Homme et SD Homme, des pourcentages de BR, TR et VR
au TRM par condition expérimentale (CSP =Comparaison Sociale Possible et CSI
=Comparaison Sociale Improbable).
CSP
SEM
MRT
N
Mean
SD
CSI
CI (95%) CI (95%)
N
Lower
Upper
SEM
CI (95%) CI (95%)
Lower
Upper
Mean
SD
0,915
0,896
0,925
0,872
0,077
0,074
0,049
0,132
0,013
0,013
0,011
0,023
0,888
0,869
0,903
0,824
0,942
0,922
0,946
0,919
5,078
5,539
4,612
4,564
1,634
2,133
1,719
2,266
0,280
0,377
0,366
0,400
4,507
4,770
3,850
3,747
5,648
6,308
5,374
5,381
3,658
4,190
3,054
3,230
4,633
5,271
4,424
4,644
Pourcentage de BR pour les figures identiques
MSF
SDF
MSM
SDM
34
30
24
30
0,886
0,819
0,920
0,935
0,092
0,133
0,061
0,051
0,016
0,024
0,012
0,009
0,853
0,769
0,894
0,916
0,918
0,869
0,946
0,954
34
32
22
32
Moyenne des médianes des TR pours les figures identiques
MSF
SDF
MSM
SDM
34
30
24
30
5,116
4,121
4,437
5,882
1,678
2,137
1,719
2,091
0,287
0,390
0,351
0,381
4,531
3,322
3,711
5,101
5,702
4,919
5,164
6,663
34
32
22
32
Moyenne des médianes des TR pours les figures identiques et petits angles (20-40-60)
MSF
SDF
MSM
SSM
34
30
24
30
4,367
3,670
3,662
4,891
1,414
1,972
1,372
1,808
0,242
0,360
0,280
0,330
3,874
2,934
3,083
4,215
4,881
4,407
4,241
5,566
34
32
22
32
4,145
4,695
3,739
3,937
1,395
1,596
1,545
1,961
0,239
0,282
0,329
0,346
Moyenne des médianes des TR pour les figures identiques et angles moyens (80-100-120)
MSF
SDF
MSM
SDM
34
30
24
30
5,322
4,513
4,750
6,265
1,735
2,458
1,885
2,248
0,297
0,448
0,384
0,410
4,717
3,594
3,954
5,426
5,928
5,431
5,546
7,105
34
32
22
32
5,404
5,883
4,942
4,801
1,800
2,399
1,710
2,475
0,308
0,424
0,364
0,437
4,776
5,018
4,184
3,918
6,032
6,748
5,700
5,703
Moyenne des médianes des TR pours les figures identiques et grands angles (140-160-180)
MSF
SDF
MSM
SDM
34
30
24
30
6,083
4,639
5,270
7,092
2,247
2,362
2,212
2,608
0,385
0,431
0,451
0,476
5,299
3,757
4,336
6,118
6,867
5,521
6,205
8,066
34
32
22
32
6,073
6,624
5,502
5,414
1,997
3,037
2,124
2,739
0,342
0,536
0,452
0,484
5,376
5,529
4,560
4,426
6,770
7,719
6,444
6,402
63,36
54,66
57,37
74,03
34
32
22
32
56,42
61,55
51,25
50,72
18,16
23,70
19,10
25,18
3,15
1,19
4,07
4,45
50,08
53,00
42,78
41,64
62,76
70,09
59,71
59,79
34,89
39,91
38,63
49,03
5,98
7,05
8,23
8,66
91,47
102,99
76,35
80,76
115,82
131,77
110,61
116,12
18,00
23,99
17,10
24,75
3,08
4,24
3,64
4,37
47,76
50,18
41,84
39,18
60,32
67,48
57,00
57,03
12,48
18,98
13,27
17,12
2,14
3,35
2,83
3,02
33,60
34,55
28,50
27,66
42,31
48,24
40,27
40,01
VR pour les BR aux figures identiques
MSF
SDF
MSM
SDM
34
30
24
30
58,85
45,79
49,31
65,36
18,65
23,75
19,10
23,23
3,19
4,33
3,90
4,24
50,34
36,92
41,24
56,68
VR pour les BR aux figures identiques et petits angles (20-40-60)
MSF
SDF
MSM
SDM
34
30
24
30
109,19
91,76
91,56
122,28
35,35
49,31
34,30
45,22
6,06
9,00
7,00
8,25
96,86
73,35
77,07
105,36
121,53
110,18
106,04
139,17
34
32
22
32
103,64
117,38
93,48
98,44
VR pour les BR aux figures identiques et angles moyens (80-100-120)
MSF
SDF
MSM
SDM
34
30
24
30
53,22
45,13
47,50
62,65
17,35
24,58
18,85
22,48
2,97
4,48
3,84
4,10
47,17
35,94
39,54
54,26
59,28
54,31
55,46
71,05
34
32
22
32
54,04
58,83
49,42
48,10
VR pour les BR aux figures identiques et grands angles (140-160-180)
MSF
SDF
MSM
SDM
34
30
24
30
38,02
28,99
32,94
44,32
14,04
14,76
13,82
16,30
2,48
2,69
2,82
2,97
33,11
23,48
27,10
38,23
42,92
34,51
38,78
50,41
34
32
22
32
37,95
41,40
34,39
33,83
p. 258
La tache informatisée
de rotation mentale.
François MALTESE36 – Avril 2011
Les expériences sur la rotation mentale ont débuté dans les années 70 avec
l’équipe de Shepard et de ses collègues (Shepard et Metzler, 1971 ; Cooper et Shepard, 1973 ; Metzler et Shepard, 1974 ; Metzler et Judd, 1976). La tâche que nous
proposons à nos participants est une version informatique de la tâche de rotation
mentale inspirée par Shepard & Metzler (1971). On compte en milliers le nombre
d’étude mettant en évidence une différence de sexe en faveur des hommes dans les
tâches de rotation mentale à trois dimensions.
36
Laboratoire de Psychologie Cognitive (LPC)
UMR CNRS 7290 – Aix-Marseille Université
Fédération 3C (Comportement, Cognition, Cerveau)
Case D, Centre Saint Charles
3 place Victor Hugo, 13331 Marseille Cedex 3
FRANCE
office: +33 488 576 910
Fax: +33 488 576 895
p. 259
1. Petite histoire du paradigme de Shepard et
Metzler:
L’histoire débute le 16 novembre 1968. Dans un état de demi-sommeil, alors
qu’il émerge d’un rêve inhabituel, Roger Shepard visualise une structure tridimensionnelle qui tournoyait majestueusement dans l’espace (Shepard, 1978).
Cette première structure est à l’origine de la première étude sur la rotation mentale.
Elle fût l’objet d’une méthodologie rigoureuse qui grâce aux données objectives et
quantitatives qui furent récoltées est devenue l’une des études phare de la psychologie cognitive. Elle value a Roger Shepard d’obtenir l’US National Medal of Science
en 1995.
1.1. L’expérience pilote de Roger Shepard et Jacqueline Metzler (1971).
Ils ont présenté à des participants des dessins en perspective de formes tridimensionnelles construites à l'aide de petits cubes. Les formes étaient soit identiques soit des images en miroir l'une de l'autre, et elles pouvaient différer par des
rotations soit dans le plan, soit en profondeur. La tâche consistait à décider, aussi
rapidement que possible, si les formes étaient identiques malgré des différences
possibles d'orientation (i.e., si les objets peuvent être tournés de manière à se superposer parfaitement). Les auteurs ont prédit que quand les formes différaient en
orientation, les sujets devaient imaginer la rotation de l'une afin d'obtenir un alignement avec l'autre et ainsi pouvoir les apparier; si ceci était le cas, les temps de réponse devraient augmenter avec la distance angulaire entre les formes. Etant donné
que les formes différentes étaient des images en miroir l'une de l'autre, les sujets ne
pouvaient pas simplement se baser sur des traits distinctifs pour faire leurs jugements. Les résultats ont montré que, aussi bien pour les rotations dans le plan que
pour celles en profondeur, le temps nécessaire pour vérifier que les formes sont
identiques augmentait en fonction proportionnelle de la différence angulaire entre les
formes. De plus, le taux de l'augmentation était le même pour les deux types de rotation. Ces résultats ont deux implications importantes. Premièrement, le type d'augmentation du temps de réaction impliquait que la rotation imaginée avait lieu à un
taux constant pour toutes les comparaisons. Deuxièmement, puisque les deux types
de rotation donnaient le même taux, ce qui était imaginé en rotation devait être l'objet
p. 260
tri-dimensionnel et non la figure à deux dimensions. En un mot, les rotations imaginées correspondent aux rotations physiques réelles des objets.
Plusieurs chercheurs depuis ont constatés une relation systématique entre
l’angle de rotation et le temps de réponse (Cooper & Shepard, 1973 ; Jordan &
Huntsmann, 1990 ; Just & carpenter, 1985 ; Van Selst & Jolicoeur, 1994).
La rotation mentale est l’un des arguments les plus fondé pour une approche
en termes de codage analogique du traitement. Tout se passe comme si on traitait
les images mentales de la même manière que nous traitons les objets physiques,
dès lors qu’on leur fait subir une rotation dans l’espace.
Shepard et Metzler constatent que plus la rotation angulaire est grande entre
les deux stimuli et plus le temps nécessaire pour décider de la similitude des objets
augmente. Tout se passe comme si les sujets devaient effectuer une rotation mentale pour amener les deux stimuli dans une même orientation, de la même façon
qu’ils le feraient avec des objets réels.
1.2. La tâche informatisée de MRT
Il s’agit pour chaque essai, d’une tâche de décision ou les participants ont à
dire si deux représentations d’objets abstraits en 3 dimensions présentés simultanément sont identiques ou différentes.
Ils ont pour consigne de répondre aussi rapidement que possible et en faisant le moins d’erreurs possible. Ils subissent donc une pression temporelle
(quelle que soit la condition de pression évaluative dans laquelle ils passent. Ils doivent appuyer sur la touche « M » du clavier recouverte d’une pastille de couleur
verte, s’il pense que les objets sont identiques et ils appuient sur la touche « Q » du
clavier recouverte d’une pastille rouge s’ils pensent que les objets sont différents.
Les objets sont constitués de cubes empilés et coudés en plusieurs endroits.
Fig.1 Ici le même objet : celui de droite est une rotation de 100° de celui de gauche.
p. 261
Ci-dessus (Fig.1) une représentation d’un essai dans lequel les deux figures
sont identiques. La seule différence est une rotation de 100° de la figure de droite.
1.3. Les types de problèmes.
Les deux objets présentés peuvent être soit identiques, soit différents. Lorsque deux objets présentés côte à cote sont différents, ils peuvent l’être de deux manières différentes. Il y a donc trois types de présentations.


Soit les deux figures sont identiques avec une rotation de l’une par rapport à
l’autre (fig. 1).
Soit, une figure est l’image en miroir de l’autre (fig. 2).
Fig.2 Ici deux figures dont l’une est l’image en miroir de l’autre et avec une rotation de 140°.

Soit, les deux figures diffèrent de par leur structure (elles n’ont pas le même
nombre de cubes sur l’une des branche (fig. 3, voir les flèches), ou une branche
ne s’oriente pas dans la même direction...
Fig.3 Dans la figure de gauche, il y a seulement 3 cubes sur la branche horizontale, alors que sur la
figure de droite il y a 4 cubes (ici la rotation est de 60°).
Ces deux sortes de différences (structure ou miroir) font référence à deux
types de problèmes qui diffèrent en fonction de la stratégie nécessaire à leur résolution.

La stratégie de rotation mentale : qui consiste à « faire tourner les objets dans
ma tête »
p. 262

Une stratégie analytique : qui consiste à décomposer la structure de chaque
figure en éléments plus petits et à comparer ces éléments deux à deux
(nombre de cubes, direction de la branche, etc.)
La stratégie analytique serait plus efficace avec les figures différant par leur
structure, alors que la stratégie de rotation mentale serait aussi efficace dans les
deux types de figures différentes mais serait plus coûteuse en ressources mentale.
Si la charge cognitive est trop élevée, la stratégie analytique reste toujours
possible, mais cela prendra un temps plus long pour résoudre les problèmes de figures en miroir. La performance sera plus faible parce que la différence entre deux
objets en miroir est plus ambiguë.
En résumé des différences de performances sur ces deux types de problèmes
(miroir et structure) nous informe sur la charge en ressources mentales nécessaire et
les capacités visuo-spatiales des sujets.
p. 263
1.4. Les stimuli
Les stimuli sont constitués de 5 figures originales A.B.C.D.et E (voir fig.4)
Fig.4: Les cinq figures originales.
A partir de ces cinq figures originales sont dérivées :

Cinq figures (fig. 5) : (Am ; Bm ; Cm ; Dm et Em) qui sont le miroir des
cinq originales (problème miroir)
Fig 5 : Les cinq figures en miroir dérivés des cinq figures originales.

Cinq figures (fig. 6) qui diffèrent de la figure originale par une différence
dans la structure (nombre de cubes, orientation ou différence dans les
branches). (Aa ; Ba ; Ca ; Da et Ea)
Fig 6. : Les cinq figures altérées dans leurs structures, dérivées des figures originales.
p. 264
1.5. . Les trois types de présentation (essai) possible
1.5.1.
Les deux figures sont identiques
Consiste en la présentation simultanée de deux figures ayant subi une rotation
et issu de la même figure originale A, B, C, D ou E. Dans l’exemple d’essai suivant, il
s’agit de deux fois l’objet A (fig. 7).
Fig 7: exemple d’essai identique, ici deux fois A.
1.5.2. Les deux figures sont différentes et
en miroir
C’est la présentation simultanée d’une figure issue d’une rotation d’une figure
originale ‘A, B, C, D ou E), et d’une présentation d’une rotation de l’objet correspondant en miroir (Am, Bm, Cm, Dm ou Em). Dans la fig 8 suivante, il s’agit à droite de la
figure E et à gauche de la figure Em (miroir).
Fig 8 Exemple d’essai en miroir, ici la figure E.
1.5.3. Les deux figures sont différentes et
n’ont pas la même structure.
Il s’agit de la présentation simultanée d’une rotation de la figure originale A, B,
C, D ou E et d’une rotation de la figure correspondante altérée Aa, Ba, Ca, Da ou
p. 265
Ea. Dans l’exemple suivant, il s’agit de la figure C à droite et de la figure altérée Ca à
gauche (voir fig. 9).
Fig 9 : Exemple d’essai différent en structure, ici la figure C.
1.6. Les modalités de présentation

Pour la moitié des présentations de chaque type de problème, la figure dis-
tractive (miroir ou altérée) est présentée à gauche, et pour l’autre moitié, à droite.
Les figures originales A, B, C, D et E sont systématiquement présentées en ayant
subi une rotation d’angle variable. L’objectif de ce type de présentation est de minimisé l’ « effet d’apprentissage ».

Il y a 10 angles de rotation possible de 0° à 180° par incrémentation de 20°.
Les angles sont : 0° ; 20° ; 40° ; 60° ; 80° ; 100° ; 120° ; 140° ; 160° et 180°.

Donc, il y a 5 figures présentées sous 10 angles différant soit 50 problèmes de
chaque type. Afin d’égaliser les types de présentation, il y a 50 présentations d’objets
différents « miroir », 50 présentations d’objet différents « structure » (soit 100 présentations différentes) et pour égaliser les présentations différentes et identiques 100
présentations identiques. La tâche comporte donc au final 200 essais.
p. 266
1.7. Les blocks
1.7.1.
Croix de
fixation
500ms
1.7.2.
La séquence de chaque présentation
Attente pour la
réponse: max 30s
Ecran
vide
1s
Etc …
Les blocks
Les essais sont rassemblés dans des blocks de 40 présentations. Chaque block se
compose :
o D’une présentation différente en miroir pour chacun des 10 angles de 0°
à 180°, soit 10 présentations.
o D’une présentation différente en structure pour chacun des 10 angles de
0° à 180°, soit 10 présentations.
o De deux présentations identiques pour chacun des 10 angles de 0° à
108°, soit 20 présentations.
1.8. Le déroulement de la passation
Présentation des consignes par l’expérimentateur (toujours moi) et vérification
de la compréhension de celle-ci.
Passation par le participant en présence de l’expérimentateur d’un block de
familiarisation destiné à permettre la manipulation du clavier par le participant et sa
familiarisation avec le dispositif.
Ce block de familiarisation est composé différemment des blocks tests. Il
comporte 24 essais décrit comme suit :
p. 267
La figure A ou D présentée sous 3 angles différant (0°, 100° et 180°) pour
chacun des 4 types de problème (identique x 2, différent miroir et différent structure)
Familiarisation : 24 essais
2 figures X 3 angles X 4 type de problème = 24 essais
Les figures présentées durant la tâche de familiarisation :
D_Same_100.
A_Diff_180.
A_Same2_18.
D_Mir_000.
D_Same2_180.
A_Same_000.
D_Diff_000.
A_Mir_100.
D_Same_000.
D_Same_180.
A_Same2_100.
A_Mir_180.
A_Same2_000.
D_Diff_100.
D_Mir_180.
D_Same2_000.
A_Same_100.
A_Diff_000.
A_Mir_000.
D_Mir_100.
D_Same2_100.
A_Same_180.
D_Diff_180.
A_Diff_100.
Puis le participant réalise la passation de 5 blocks tests. Les blocks tests sont
séparés par une pause de 20 secondes pour permettre au participant de se détendre, boire ou relaxer son dos. Une petite sonnerie lui indique la reprise de la passation.
Chaque block test se compose de 40 essais :
Block Test :
1figure X 10 angles X 4types de problème = 40 essais
1.9. Les données sous forme SPSS
La performance de chaque participant représenté par la variable MRTSc,
c’est le pourcentage de bonne réponse à l’ensemble de la tâche (de 0 à 100%). Le
score de chaque participant est donné pour chaque type de figure et d’angle. Soit :

Figure identique = « same ». Le score est la moyenne des bonnes réponses aux
5 figures originales X 2 = dix présentations identiques, soit un score de 0 à 100%
par tranche de 10%. Les variables SPSS sont :
SameAng000Scr ; SameAng020Scr ; SameAng040Scr ; SameAng060Scr ; Same
Ang080Scr ; SameAng100Scr ; Same Ang120Scr ; SameAng140Scr ; SameAng160Scr ; SameAng180Scr.
p. 268

Figure différente de part leur structure = « Diff ». Le score est la moyenne des
bonnes réponses aux 5 figures originales, soit un score de 0 à 100% par tranche
de 20%. Les variables SPSS sont :
DiffAng000Scr ; DiffAng020Scr ; DiffAng040Scr ; DiffAng060Scr ; DiffAng080Scr ;
DiffAng100Scr ; DiffAng120Scr ; DiffAng140Scr ; DiffAng160Scr ; DiffAng180Scr.

Figure différente en miroir = Mir. Le score est la moyenne des bonnes réponses
aux 5 figures originales, soit un score de 0 à 100% par tranche de 20%. Les variables SPSS sont :
MirAng000Scr ; MirAng020Scr ; MirAng040Scr ; MirAng060Scr ; MirAng080Scr ;
MirAng100Scr ; MirAng120Scr ; MirAng140Scr ; MirAng160Scr ; MirAng180Scr.
Le temps de réponse de chaque participant représenté par la variable
MRTRT, qui est la somme des temps de réponse en milliseconde pour chaque type
de problème et d’angle. Le temps de réponse de chaque participant est donné pour
chaque type de figure et d’angle en milliseconde. Soit :

SameAng000RT ; SameAng020RT ; SameAng040RT ; SameAng060RT ; Same
Ang080RT ; SameAng100RT ; Same Ang120RT ; SameAng140RT ; SameAng160RT ; SameAng180RT.

MirAng000RT ; MirAng020RT ; MirAng040RT ; MirAng060RT ; MirAng080RT ;
MirAng100RT ; MirAng120RT ; MirAng140RT ; MirAng160RT ; MirAng180RT.

DiffAng000RT ; DiffAng020RT ; DiffAng040RT ; DiffAng060RT ; DiffAng080RT ;
DiffAng100RT ; DiffAng120RT ; DiffAng140RT ; DiffAng160RT ; DiffAng180RT.
p. 269
L’entrainement à la tâche (Block de 24 Items)
MRT_Twins_Fichiers\I
Familiarisation FammagItem 1
Same
es\D_Same_100.gif
Familiarisation FamItem 2
Diff
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Diff_180.gif
Familiarisation FamItem 3
Same
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Same2_180.gif
Familiarisation FamItem 4
Mir
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Mir_000.gif
MRT_Twins_Fichiers\I
Familiarisation FammagItem 5
Same
es\D_Same2_180.gif
p. 270
MRT_Twins_Fichiers\I
Familiarisation FammagItem 6
Same
es\A_Same_000.gif
Familiarisation FamItem 7
Diff
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Diff_000.gif
Familiarisation FamItem 8
Mir
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Mir_100.gif
MRT_Twins_Fichiers\I
Familiarisation FammagItem 9
Same
es\D_Same_000.gif
MRT_Twins_Fichiers\I
Familiarisation FammagItem 10
Same
es\D_Same_180.gif
MRT_Twins_Fichiers\I
Familiarisation FammagItem 11
Same
es\A_Same2_100.gif
p. 271
Familiarisation FamItem 12
Mir
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Mir_180.gif
MRT_Twins_Fichiers\I
Familiarisation FammagItem 13
Same
es\A_Same2_000.gif
Familiarisation FamItem 14
Diff
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Diff_100.gif
Familiarisation FamItem 15
Mir
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Mir_180.gif
MRT_Twins_Fichiers\I
Familiarisation FammagItem 16
Same
es\D_Same2_000.gif
MRT_Twins_Fichiers\I
Familiarisation FammagItem 17
Same
es\A_Same_100.gif
p. 272
Familiarisation FamItem 18
Diff
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Diff_000.gif
Familiarisation FamItem 19
Mir
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Mir_000.gif
Familiarisation FamItem 20
Mir
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Mir_100.gif
MRT_Twins_Fichiers\I
Familiarisation FammagItem 21
Same
es\D_Same2_100.gif
MRT_Twins_Fichiers\I
Familiarisation FammagItem 22
Same
es\A_Same_180.gif
Familiarisation FamItem 23
Diff
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Diff_180.gif
p. 273
Familiarisation FamItem 24
Diff
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Diff_100.gif
Le block n°1:
Main_1
Item 1
MRT_Twins_Fichiers\I
Same1 mages\B_Same2_180.gif
Main_1
Item 2
MRT_Twins_Fichiers\I
Same1 mages\C_Same_100.gif
Main_1
Item 3
Mirror1
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Mir_160.gif
Main_1
Item 4
Diffure1
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\E_Diff_080.gif
p. 274
Main_1
Item 5
MRT_Twins_Fichiers\I
Same1 mages\A_Same2_100.gif
Main_1
Item 6
Diffure1
Main_1
Item 7
MRT_Twins_Fichiers\I
Same1 mages\A_Same_140.gif
Main_1
Item 8
MRT_Twins_Fichiers\I
Same1 mages\E_Same_060.gif
Main_1
Item 9
MRT_Twins_Fichiers\I
Same1 mages\C_Same2_160.gif
Main_1
Item 10
Mirror1
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\C_Diff_020.gif
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Mir_060.gif
p. 275
Main_1
Item 11
Mirror1
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\B_Mir_000.gif
Main_1
Item 12
MRT_Twins_Fichiers\I
Same1 mages\C_Same2_060.gif
Main_1
Item 13
Mirror1
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\B_Mir_100.gif
Main_1
Item 14
Diffure1
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\B_Diff_140.gif
Main_1
Item 15
Diffure1
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Diff_100.gif
Main_1
Item 16
MRT_Twins_Fichiers\I
Same1 mages\E_Same2_020.gif
p. 276
Main_1
Item 17
Mirror1
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Mir_120.gif
Main_1
Item 18
Mirror1
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\C_Mir_180.gif
Main_1
Item 19
MRT_Twins_Fichiers\I
Same1 mages\D_Same_180.gif
Main_1
Item 20
Diffure1
Main_1
Item 21
MRT_Twins_Fichiers\I
Same1 mages\A_Same_040.gif
Main_1
Item 22
Mirror1
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\B_Diff_040.gif
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Mir_020.gif
p. 277
Main_1
Item 23
Diffure1
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\C_Diff_120.gif
Main_1
Item 24
MRT_Twins_Fichiers\I
Same1 mages\B_Same_020.gif
Main_1
Item 25
MRT_Twins_Fichiers\I
Same1 mages\E_Same2_120.gif
Main_1
Item 26
MRT_Twins_Fichiers\I
Same1 mages\B_Same2_080.gif
Main_1
Item 27
Diffure1
Main_1
Item 28
MRT_Twins_Fichiers\I
Same1 mages\D_Same_080.gif
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\E_Diff_180.gif
p. 278
Main_1
Item 29
Mirror1
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\E_Mir_140.gif
Main_1
Item 30
MRT_Twins_Fichiers\I
Same1 mages\E_Same_160.gif
Main_1
Item 31
MRT_Twins_Fichiers\I
Same1 mages\A_Same2_000.gif
Main_1
Item 32
Diffure1
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Diff_060.gif
Main_1
Item 33
Diffure1
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Diff_000.gif
Main_1
Item 34
Mirror1
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\E_Mir_040.gif
p. 279
Main_1
Item 35
MRT_Twins_Fichiers\I
Same1 mages\B_Same_120.gif
Main_1
Item 36
Diffure1
Main_1
Item 37
MRT_Twins_Fichiers\I
Same1 mages\C_Same_000.gif
Main_1
Item 38
Mirror1
Main_1
Item 39
MRT_Twins_Fichiers\I
Same1 mages\D_Same2_140.gif
Main_1
Item 40
MRT_Twins_Fichiers\I
Same1 mages\D_Same2_040.gif
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Diff_160.gif
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\C_Mir_080.gif
p. 280
Une minute de pause
Le block n°2:
Main_2
Item 1
Mirror2
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\E_Mir_160.gif
Main_2
Item 2
Diffure2
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Diff_180.gif
Main_2
Item 3
Diffure2
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\C_Diff_140.gif
Main_2
Item 4
MRT_Twins_Fichiers\I
Same2
mages\C_Same_120.gif
Main_2
Item 5
Same2
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\B_Same2_100.gif
p. 281
Main_2
Item 6
Diffure2
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Diff_020.gif
Main_2
Item 7
Mirror2
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\B_Mir_020.gif
Main_2
Item 8
MRT_Twins_Fichiers\I
Same2
mages\A_Same_160.gif
Main_2
Item 9
Diffure2
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Diff_120.gif
Main_2
Item 10
Same2
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\C_Same_020.gif
Main_2
Item 11
MRT_Twins_Fichiers\I
Same2
mages\D_Same2_160.gif
p. 282
Main_2
Item 12
Same2
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Same2_060.gif
Main_2
Item 13
Mirror2
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\B_Mir_120.gif
Main_2
Item 14
Mirror2
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Mir_080.gif
Main_2
Item 15
Same2
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\C_Same2_180.gif
Main_2
Item 16
Diffure2
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\B_Diff_160.gif
Main_2
Item 17
MRT_Twins_Fichiers\I
Same2
mages\C_Same2_080.gif
p. 283
Main_2
Item 18
Mirror2
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\C_Mir_100.gif
Main_2
Item 19
MRT_Twins_Fichiers\I
Same2
mages\B_Same_140.gif
Main_2
Item 20
Diffure2
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\E_Diff_000.gif
Main_2
Item 21
Mirror2
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Mir_040.gif
Main_2
Item 22
Diffure2
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\C_Diff_040.gif
Main_2
Item 23
MRT_Twins_Fichiers\I
Same2
mages\E_Same2_040.gif
p. 284
Main_2
Item 24
Mirror2
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\C_Mir_000.gif
Main_2
Item 25
MRT_Twins_Fichiers\I
Same2
mages\B_Same_040.gif
Main_2
Item 26
MRT_Twins_Fichiers\I
Same2
mages\D_Same_000.gif
Main_2
Item 27
Same2
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\E_Same2_140.gif
Main_2
Item 28
Mirror2
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Mir_140.gif
Main_2
Item 29
MRT_Twins_Fichiers\I
Same2
mages\E_Same_180.gif
p. 285
Main_2
Item 30
Diffure2
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Diff_080.gif
Main_2
Item 31
MRT_Twins_Fichiers\I
Same2
mages\A_Same_060.gif
Main_2
Item 32
MRT_Twins_Fichiers\I
Same2
mages\B_Same2_000.gif
Main_2
Item 33
Mirror2
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Mir_180.gif
Main_2
Item 34
Same2
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\E_Same_080.gif
Main_2
Item 35
MRT_Twins_Fichiers\I
Same2
mages\D_Same_100.gif
p. 286
Main_2
Item 36
Mirror2
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\E_Mir_060.gif
Main_2
Item 37
Diffure2
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\B_Diff_060.gif
Main_2
Item 38
MRT_Twins_Fichiers\I
Same2
mages\A_Same2_020.gif
Main_2
Item 39
Diffure2
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\E_Diff_100.gif
Main_2
Item 40
Same2
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Same2_120.gif
p. 287
Une minute de pause
Le block n°3:
Main_3
Item 1
Diffure3
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Diff_100.gif
Main_3
Item 2
Same3
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Same_020.gif
Main_3
Item 3
Mirror3
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Mir_160.gif
Main_3
Item 4
MRT_Twins_Fichiers\I
Same3
mages\D_Same2_080.gif
Main_3
Item 5
Diffure3
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\C_Diff_060.gif
p. 288
Main_3
Item 6
Mirror3
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Mir_000.gif
Main_3
Item 7
Mirror3
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\B_Mir_040.gif
Main_3
Item 8
MRT_Twins_Fichiers\I
Same3
mages\C_Same_140.gif
Main_3
Item 9
Mirror3
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\C_Mir_120.gif
Main_3
Item 10
Same3
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\B_Same_060.gif
Main_3
Item 11
Diffure3
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Diff_000.gif
p. 289
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Same_120.gif
Main_3
Item 12
Same3
Main_3
Item 13
MRT_Twins_Fichiers\I
Same3
mages\B_Same2_120.gif
Main_3
Item 14
MRT_Twins_Fichiers\I
Same3
mages\A_Same_080.gif
Main_3
Item 15
Diffure3
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\C_Diff_160.gif
Main_3
Item 16
Diffure3
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\E_Diff_020.gif
Main_3
Item 17
MRT_Twins_Fichiers\I
Same3
mages\A_Same2_040.gif
p. 290
Main_3
Item 18
Mirror3
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Mir_100.gif
Main_3
Item 19
MRT_Twins_Fichiers\I
Same3
mages\E_Same_100.gif
Main_3
Item 20
MRT_Twins_Fichiers\I
Same3
mages\B_Same2_020.gif
Main_3
Item 21
Same3
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Same2_140.gif
Main_3
Item 22
Mirror3
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Mir_060.gif
Main_3
Item 23
MRT_Twins_Fichiers\I
Same3
mages\D_Same2_180.gif
p. 291
Main_3
Item 24
Mirror3
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\E_Mir_180.gif
Main_3
Item 25
Diffure3
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\B_Diff_180.gif
Main_3
Item 26
Mirror3
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\E_Mir_080.gif
Main_3
Item 27
Same3
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\C_Same2_000.gif
Main_3
Item 28
Same3
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\B_Same_160.gif
Main_3
Item 29
Diffure3
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\B_Diff_080.gif
p. 292
Main_3
Item 30
Same3
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\C_Same2_100.gif
Main_3
Item 31
Diffure3
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Diff_140.gif
Main_3
Item 32
MRT_Twins_Fichiers\I
Same3
mages\E_Same_000.gif
Main_3
Item 33
Same3
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\C_Same_040.gif
Main_3
Item 34
Mirror3
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\C_Mir_020.gif
Main_3
Item 35
MRT_Twins_Fichiers\I
Same3
mages\E_Same2_060.gif
p. 293
Main_3
Item 36
Same3
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\E_Same2_160.gif
Main_3
Item 37
Diffure3
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Diff_040.gif
Main_3
Item 38
MRT_Twins_Fichiers\I
Same3
mages\A_Same_180.gif
Main_3
Item 39
Mirror3
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\B_Mir_140.gif
Main_3
Item 40
Diffure3
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\E_Diff_120.gif
p. 294
Une minute de pause
Le block n°4:
Main_4
Item 1
Same4
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\E_Same_020.gif
Main_4
Item 2
Mirror4
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Mir_180.gif
Main_4
Item 3
Diffure4
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\B_Diff_000.gif
Main_4
Item 4
Diffure4
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\B_Diff_100.gif
Main_4
Item 5
Same4
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Same2_160.gif
p. 295
Main_4
Item 6
Diffure4
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Diff_160.gif
Main_4
Item 7
MRT_Twins_Fichiers\I
Same4
mages\B_Same_080.gif
Main_4
Item 8
MRT_Twins_Fichiers\I
Same4
mages\B_Same2_040.gif
Main_4
Item 9
Same4
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\C_Same_160.gif
Main_4
Item 10
Mirror4
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\E_Mir_100.gif
Main_4
Item 11
Mirror4
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Mir_120.gif
p. 296
Main_4
Item 12
Same4
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Same2_060.gif
Main_4
Item 13
Mirror4
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\C_Mir_040.gif
Main_4
Item 14
Diffure4
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Diff_120.gif
Main_4
Item 15
Mirror4
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Mir_020.gif
Main_4
Item 16
Same4
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\B_Same2_140.gif
Main_4
Item 17
Mirror4
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\C_Mir_140.gif
p. 297
Main_4
Item 18
Same4
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\C_Same2_120.gif
Main_4
Item 19
Diffure4
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\E_Diff_140.gif
Main_4
Item 20
MRT_Twins_Fichiers\I
Same4
mages\A_Same_100.gif
Main_4
Item 21
Diffure4
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\E_Diff_040.gif
Main_4
Item 22
Same4
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Same_000.gif
Main_4
Item 23
Mirror4
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\B_Mir_060.gif
p. 298
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\B_Same_180.gif
Main_4
Item 24
Same4
Main_4
Item 25
MRT_Twins_Fichiers\I
Same4
mages\E_Same2_080.gif
Main_4
Item 26
MRT_Twins_Fichiers\I
Same4
mages\C_Same2_020.gif
Main_4
Item 27
Diffure4
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Diff_060.gif
Main_4
Item 28
Same4
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Same_040.gif
Main_4
Item 29
MRT_Twins_Fichiers\I
Same4
mages\D_Same2_100.gif
p. 299
Main_4
Item 30
Mirror4
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Mir_080.gif
Main_4
Item 31
Diffure4
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\C_Diff_080.gif
Main_4
Item 32
MRT_Twins_Fichiers\I
Same4
mages\E_Same_120.gif
Main_4
Item 33
Diffure4
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Diff_020.gif
Main_4
Item 34
Same4
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Same_140.gif
Main_4
Item 35
Mirror4
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\E_Mir_000.gif
p. 300
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Same2_000.gif
Main_4
Item 36
Same4
Main_4
Item 37
MRT_Twins_Fichiers\I
Same4
mages\C_Same_060.gif
Main_4
Item 38
Diffure4
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\C_Diff_180.gif
Main_4
Item 39
Same4
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\E_Same2_180.gif
Main_4
Item 40
Mirror4
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\B_Mir_160.gif
p. 301
Une minute de pause
Le block n°5:
Main_5
Item 1
MRT_Twins_Fichiers\I
Same5
mages\B_Same2_060.gif
Main_5
Item 2
Same5
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Same_060.gif
Main_5
Item 3
Same5
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Same2_020.gif
Main_5
Item 4
Mirror5
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\B_Mir_080.gif
Main_5
Item 5
MRT_Twins_Fichiers\I
Same5
mages\C_Same2_140.gif
p. 302
Main_5
Item 6
Diffure5
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\C_Diff_100.gif
Main_5
Item 7
Mirror5
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\C_Mir_060.gif
Main_5
Item 8
MRT_Twins_Fichiers\I
Same5
mages\E_Same2_000.gif
Main_5
Item 9
Diffure5
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\B_Diff_120.gif
Main_5
Item 10
Mirror5
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Mir_140.gif
Main_5
Item 11
Mirror5
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Mir_000.gif
p. 303
Main_5
Item 12
Same5
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Same_120.gif
Main_5
Item 13
Diffure5
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\B_Diff_020.gif
Main_5
Item 14
MRT_Twins_Fichiers\I
Same5
mages\D_Same2_120.gif
Main_5
Item 15
Same5
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\C_Same2_040.gif
Main_5
Item 16
Diffure5
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\C_Diff_000.gif
Main_5
Item 17
Mirror5
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Mir_040.gif
p. 304
Main_5
Item 18
Same5
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\E_Same_040.gif
Main_5
Item 19
Mirror5
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\B_Mir_180.gif
Main_5
Item 20
Diffure5
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Diff_180.gif
Main_5
Item 21
Same5
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\C_Same_180.gif
Main_5
Item 22
Same5
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\B_Same2_160.gif
Main_5
Item 23
MRT_Twins_Fichiers\I
Same5
mages\B_Same_100.gif
p. 305
Main_5
Item 24
Diffure5
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Diff_040.gif
Main_5
Item 25
Mirror5
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\C_Mir_160.gif
Main_5
Item 26
Diffure5
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\E_Diff_060.gif
Main_5
Item 27
Same5
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\E_Same_140.gif
Main_5
Item 28
Same5
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Same2_180.gif
Main_5
Item 29
Mirror5
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\E_Mir_020.gif
p. 306
Main_5
Item 30
Same5
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\C_Same_080.gif
Main_5
Item 31
Diffure5
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\E_Diff_160.gif
Main_5
Item 32
MRT_Twins_Fichiers\I
Same5
mages\B_Same_000.gif
Main_5
Item 33
Same5
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\E_Same2_100.gif
Main_5
Item 34
Mirror5
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\E_Mir_120.gif
Main_5
Item 35
Diffure5
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Diff_080.gif
p. 307
Main_5
Item 36
Same5
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Same2_080.gif
Main_5
Item 37
Diffure5
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Diff_140.gif
Main_5
Item 38
MRT_Twins_Fichiers\I
Same5
mages\A_Same_020.gif
Main_5
Item 39
Mirror5
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\A_Mir_100.gif
Main_5
Item 40
Same5
MRT_Twins_Fichiers\I
mages\D_Same_160.gif
p. 308
p. 309
Effets d’une situation de comparaison sociale dans les différences liées au
sexe en rotation mentale: Une étude avec des jumeaux dizygotes.
Résumé : Le test de rotation mentale (TRM) est robuste pour faire émerger une grande différence de sexe en faveur des hommes. Il existe un stéréotype, communément admis, de moins
bonnes performances des femmes en aptitude spatiale. Deuxthéories explicatives cohabitent.
La première, biologique, est liée à une masculinisation du cerveau des garçons sous l‟action
des androgènes durant la vie fœtale. Dans cette hypothèse, et en raison d‟un transfert
d‟hormones supposé durant la vie intra-utérine, les femmes qui ont un cojumeau doivent avoir
des performances meilleures que celles ayant une cojumelle (Vuoksimaa et al., 2010). L‟autre
hypothèse, que nous défendons, suppose que les différences de sexe au TRM peuvent être
socialement construites ou activées par des éléments du Contexte évaluatif et ceci quel que
soient les compétences des personnes. Nous avons, pour la première fois dans une étude gémellaire, confronté ces deux hypothèses. Des paires de jumeaux jeunes adultes dizygotes de
même sexe (DZMS), 23 paires d‟hommes et 34 paires de femmes, et de sexe différent
(DZSD), 62 paires, ont passé un TRM informatisé dans deux conditions expérimentales où
l‟exactitude des réponses et les temps de réponse sont enregistrés. Dans une condition, les
consignes du test rendent la situation de comparaison au cojumeau possible (CSP) : « vous et
votre jumeau ferez le même test aujourd‟hui », dans l‟autre condition (CSI) la comparaison
est rendue improbable : « vous et votre jumeau ferez des tâches différentes ». Nos résultats
n‟accréditent pas la théorie biologique et sont en faveur d‟une explication en termes
d‟interférence du stéréotype.
Mots clés: Rotation Mentale, Différence de Sexe, Jumeaux, Menace du stereotype, Transfert
foetal d‟hormones.
Effets of a comparison situation in mental rotation sex differences: A dizygotictwinstudy.
Abstract:The mental rotation test (MRT) is the most robust test revealing that men outperform women. Two major causes have been proposed for explaining the origin of this difference. The first focused on brain masculinization under the action of androgenduring the fetal
development. Vuoksimaa et al., (2010) showed that dizygotic opposite-sex female have greater performances than dizygotic same-sex female. For the second hypothesis, sex difference is
mainly due to social regulation factors and stereotype threat interaction.We test here this
second hypothesis. In a twin design we tested, for the first time, these two causal explanations. Same-sex dizygotic young adult pairs (23 pairs of males and 34 pairs of females), and
opposite-sex dizygotic pairs (62 pairs) took a computerized MRT in two experimental coaction conditions. In the first condition, the experimental situation make the co-twin comparison possible (CSP): “you and your co-twin do the same test today”, and in the other experimental condition called, improbable comparison situation (CSI), they are told that: “you and
your co-twin do different test today”. Accuracy and responses time where analyzed. Our results do not support the biological model but, in contrary, support thesocial regulation and
stereotype threat model.
Key-words:Mental Rotation, Sex Differences, Twins, Stereotype Threat, Hormone Transfer
Theory.
Laboratoire de Psychologie Cognitive - CNRS UMR 7290, Aix-Marseille Université, Centre StCharles, Fédération 3C - Comportement, Cerveau, Cognition, Bâtiment 9, Case D, 3, Place Victor Hugo 13331 Marseille Cedex 3 France
p. 310