HISTORIQUE RÉTABLIRONS-NOUS LA GLOIRE DU RATIER DE

Transcription

HISTORIQUE RÉTABLIRONS-NOUS LA GLOIRE DU RATIER DE
HISTORIQUE
RÉTABLIRONS-NOUS LA GLOIRE DU RATIER DE PRAGUE ?
C’est sous ce titre que Karel Stepanek, cynologue tcheque et rédacteur en chef du magazine «
Chien, l’ami des hommes » a été amené a promouvoir cette race au passé tres chargé. Son
appel publié dans son magazine en 1969 a par chance été entendu par plusieurs cynologues et
cynophiles.
Les préférences et les modes changent, comme la culture, les données sociales et
économiques. Les changements se font aussi sentir dans l’évolution, la sauvegarde et la
popularité des races canines. L’intéret pour certaines races grandit et se perd de nouveau au fil
du temps. Ce processus se répete sans cesse et c’est exactement ce qui est arrivé a ce petit
ratier. Au plus bas de sa popularité, il a presque été totalement oublié. Il est tres étonnant
qu’une race tcheque aussi bien enracinée dans l’histoire puisse avoir été pareillement négligée
par les cynologues tcheques.
Le ratier (krysarik) était déja présent a la cour de Boheme au Moyen Age, le roi polonais
Boleslav II le Téméraire (1058 – 1080) possédait deux ratiers, qui sont mentionnés dans un
écrit par le chroniqueur polonais Gall Anonym. Il est tres probable que ces ratiers étaient un
cadeau du roi Vladislav II. On raconte que le roi de Boheme Vaclav IV (1378 – 1419)
emmenait souvent son ratier favori lors de ses visites incognito a l’auberge « U Krale
Brabantského».
Le professeur et historien Weiss intéressé par la vie de l’empereur Rodolphe II de Habsbourg
(1576 – 1611), a écrit que Rodolphe II avait 4 ratiers dans sa meute de chiens de chasse, mais
qu’il en eu bientôt une vingtaine. Son élevage était remarquable et bien souvent certains de
ses ratiers prirent part aux festins royaux.
Sa propagation était certainement due au fait qu’il était souvent offert comme cadeau a
d’autres souverains européens et tenait le rôle de chien de compagnie dans les cours royales.
De cette façon, il fut également présent dans des familles de la haute bourgeoisie.
L’historien français Jules Michelet, (1798-1874) bien connu pour sa documentation
rigoureuse, décrit trois ratiers d’origine tcheque dans son livre «Histoire de France ». Il
mentionne entre autre ce cadeau vivant que l’empereur et roi de Boheme Charles IV (13161378) fit au roi de France Charles V, le Sage, lors d’une visite en 1377.A sa mort en 1380,
Charles V légua ses chiens a son fils Charles VI, le Bien-Aimé.
La défaite de la "Montagne blanche" (1620) fut le déclin de toute la vie culturelle, politique
et sociale tcheque pendant pres de 300 ans, ce qui bien entendu ne fut pas favorable a la survie
de la race.
Heureusement, elle se retrouva tant bien que mal parmi le simple peuple, ou elle a
miraculeusement survécu. Durant ces années, il est vite apparu que malgré son aspect de petit
chien de compagnie, plutôt fragile et gracieux, il s’avérait etre un chasseur de rats habile et
intrépide. C’est ainsi que ce chien de roi fut obligé de se rendre utile, pas uniquement comme
compagnon mais en partageant la vie de ceux de l’arriere cour ! Toutefois au fil du temps cela
ne le préserva pas de la perte de son identité, ceci en faveur du pinscher nain, avec lequel on
le confondit fréquemment.
Dans les années 30, grâce a Messieurs Théodore Rotter et Otakar Karlik, la race refit
momentanément surface. Ils s’étaient rendu compte qu’il ne s’agissait pas de minis pinschers
nains atypiques, mais bien de l’ancienne race tcheque. Ayant passé des annonces dans les
journaux, ils acheterent les meilleurs spécimens qu’ils purent trouver et en débuterent
l’élevage. Ils firent en meme temps des recherches intensives concernant les sources
historiques. Malheureusement ils n’eurent pas de succes en ce qui concerne l’enregistrement
et la reconnaissance de la race, étant dans l’impossibilité de prouver une lignée suivie de 6
générations.
Finalement leur engagement fut anéanti par l’occupation allemande durant la deuxieme
guerre mondiale et le régime communiste qui s’instaura ensuite dans le pays.
C’est durant cette période mouvementée que Théodore Rotter perdit tous ses biens, y compris
sa documentation concernant son élevage. Le publiciste Emil Jech de Roztok, avait aussi
apporté une contribution essentielle en recherchant les racines historiques de la race et en
prouvant l’existence de ce petit ratier déja sous Vladislav II.
Ce n’est que dans les années 60 que l’ingénieur Jan Findejs, cynologue passionné, réussit a
retrouver quelques spécimens bien typés, pour se dévouer avec persévérance a la
réhabilitation de la race.
Cependant, durant de nombreuses années, l’ironie du destin a voulu qu’on ne reconnaisse pas
cette ancienne race tcheque, meme dans des expositions qui avaient lieu dans son pays.
Souvent des sujets tres représentatifs, furent pris pour des pinschers nains par des juges
ignorants qui les disqualifierent pour leur trop petite taille, sans vraiment remarquer les
différences de son phénotype. Cette méconnaissance causa presque a nouveau sa disparition,
rendant également le côté financier de l’élevage quasiment inexistant.
Ce n’est que dans les années 80 que le ratier de Prague retrouve sa place dans les familles
tcheques. Il gagne rapidement de plus en plus de popularité puisque au début de ce XXIe
siecle quelques 1700 ratiers sont représentés en République Tcheque.