Home Tests - Crips PACA
Transcription
Home Tests - Crips PACA
Les « Home Tests » Dossier documentaire Septembre 2003 M ars ei ll e : 18 , r ue S t an is l as t or r e nts 1 30 0 6 M ar s e i l l e – T é l . : 04 91 5 9 83 8 3 – F ax : 0 4 9 1 5 9 8 3 9 9 Ni ce : 6 , r u e de S u is s e 0 60 0 0 N ic e – T él. : 0 4 9 2 14 4 1 2 0 – F ax : 0 4 92 1 4 4 1 2 2 Co d e APE : 913 E – N ° S IR ET : 39 1 262 5 08 00 0 32 – A s s oc i at i on Lo i 19 0 1 Qu’est-ce que les « Home Tests » ? Sous l’appellation de « Home Test » ou test à domicile, sont regroupés deux types de test différents : - le test par auto-prélèvement à domicile (home sample collection ou home-access testing) : il s’agit d’un kit qui permet de prélever un échantillon de sang à domicile par le sujet lui-même, prélèvement en bout de doigt déposé sur un buvard avec un numéro de code. Le prélèvement est alors envoyé dans un laboratoire souvent par la poste. L’analyse est réalisée par le laboratoire. Le résultat est rendu par téléphone à la personne qui donne le numéro de code par un soignant ou un « conseiller qualifié » qui accompagne le résultat d’explications et de conseils. Ces tests par auto-prélèvement à domicile sont autorisés par la FDA et commercialisés aux Etats-Unis. - Le test par auto-prélèvement et auto-analyse à domicile (home selftesting ou home validated testing) : le kit acheté permet de faire le prélèvement comme précédemment puis l’on procède à l’analyse en mélangeant le réactif et on lit le résultat par coloration, un peu comme les tests de grossesse faits à domicile. Le mode d’emploi contient des messages d’information et de conseils. Il s’agit donc d’un test rapide en auto-lecture. Ces tests d’auto-analyse à domicile ne sont pas agréés par la FDA et non commercialisés aux Etats-Unis. Ils le sont au Canada où leur utilisation est réservée aux professionnels de santé. En Europe, aucune demande globale de mise sur le marché n’aurait été effectuée mais il semblerait que certains tests soient commercialisés, par exemple aux Pays-Bas, avec (?) une autorisation nationale. Ces tests avec auto-prélèvement et autoanalyse sont en tout cas en vente sur internet. Fiabilité des « home tests » Le prélèvement à domicile qui repose sur un prélèvement goutte de sang sur buvard pose le problème d’un test réalisé sur du sang complet, au lieu du sérum dans les tests classiques ELISA réalisés en France, et sur une très petite quantité de sang (quelques microlitres au lieu de quelques millilitres), ce qui rend le test moins sensible. Par ailleurs, l’auto-analyse dont il s’agit dans les kits vendus sur internet, utilise un test rapide. Le peu de renseignements rendus publics par les firmes qui commercialisent ces tests ne permettent pas de savoir quels sont les réactifs utilisés et aucune étude scientifique n’a été publiée sur l’efficacité de ces tests comparée aux sérologies classiques. On imagine aisément qu’une différence peut exister en ce qui concerne le délai de dépistage des contaminations récentes. CRIPS Provence-Alpes-Côte d'Azur, septembre 2003 1 Dans l’auto-analyse s’ajoute également la possibilité d’une fausse manœuvre de l’utilisateur pour la réalisation du test. Le mode d’emploi consultable sur internet n’est pas très simple et demande une grande rigueur dans l’emploi des réactifs. On ne sait pas quelles sont les marges d’erreur si la quantité de sang ou de réactif est insuffisante. Actuellement les kits ELISA utilisés en France privilégient la sensibilité à la spécificité. La législation actuelle sur le dépistage prévoit systématiquement deux examens ELISA par deux techniques différentes qui permettent de screener le plus large possible, d’où un nombre relativement important de résultats douteux, discordants ou faux positifs. Ceci ne pose pas de problème puisque le résultat d’un test positif ne peut-être rendu qu’après avoir pratiqué un test de confirmation, Western-Blot, qui lui est très spécifique des anticorps du VIH et qui éliminera ces faux positifs. Si le test réalisé en auto-test est très sensible, on augmente le risque de faux positifs puisqu’il n’y a pas dans ce cas de figure de test de confirmation. Si le test réalisé privilégie une meilleure spécificité, on décale le seuil de détectabilité des anticorps, d’où le risque de faux négatifs, surtout en cas de contamination récente. Le « Home test » facilite-t’il l’accès au dépistage ? Les rares études menées l’ont été aux Etats-Unis et concernent donc les tests par auto-prélèvement à domicile (et analyse en laboratoire). Elles mettent en évidence l’intérêt de l’anonymat dans ce pays où il n’existe pas de dispositif comparable à nos CDAG. Les caractéristiques des personnes testées à domicile ne sont pas différentes de celles des consultations de dépistage anonyme, excepté les conditions socio-économiques. En effet, les publics les plus précaires n’ont pas recours aux Home Tests, compte tenu de son coût autour de 40 €. Devant les réactions des professionnels de santé, il a été mis en place un « counseling » pré et post-test. En pré-test, l’information est donnée par la brochure avec le mode d’emploi. Pour le post-test, certains laboratoires ont un conseiller qui s’entretient avec la personne qui récupère son test. Dans d’autres, ce sont des messages pré-enregistrés qui sont diffusés en fonction du résultat du test. Au Canada, où les tests avec auto-prélèvement et auto-analyse sont commercialisés à l’usage des professionnels de santé, dans le cadre d’une consultation où d’un acte de soins, l’auto-test apparaît comme un accès facilité, car le test peut être pratiqué lors du premier contact avec un centre de santé. En revanche, un cadre éthique a été clairement établi autour de cette utilisation. Il ne s’agit pas de tests à domicile mais de tests rapides réalisés par des auxiliaires de santé. Certains auteurs plaident pour l’utilisation de tels kits de test dans les pays en développement, où le dépistage traditionnel est parfois difficile à réaliser, dans des procédures particulières, par exemple lors des accouchements afin de mettre en place une prévention de la transmission mère-enfant. Il apparaît depuis de nombreuses années que toute forme de dépistage simplifié sur le plan technique ou financier serait de toutes façons un progrès pour les pays du Sud. Encore faut-il CRIPS Provence-Alpes-Côte d'Azur, septembre 2003 2 s’assurer de la fiabilité de la méthode employée et pouvoir confirmer le diagnostic par une procédure classique. Le dispositif légal actuel du dépistage en France Il repose sur différents principes à la fois éthiques et de rigueur scientifique. - Le dépistage en France nécessite un consentement libre et éclairé. - Il est considéré comme un acte médical, doit être prescrit par un médecin et le résultat doit être rendu lors d’une consultation, qu’il soit positif ou négatif. L’accompagnement et le counseling mis en œuvre dès la demande du test et lors du résultat sont des facteurs favorisant la prise en charge des personnes atteintes après l’annonce du résultat. - Comme vu précédemment, le test de dépistage en France fait appel à deux ELISA différents, de façon à être le plus sensible possible. Un résultat positif (sur l’un ou les deux ELISA) doit obligatoirement être complété par un test très spécifique, le Western-Blot, sur un deuxième prélèvement. Il n’y a donc pas de possibilité de rendre un résultat faussement positif. Réflexions - La priorité d’un dépistage des personnes séropositives repose sur une prise en charge précoce pour un suivi puis un traitement au moment le plus adéquat. Un résultat positif appris dans la solitude d’un auto-test incite-t-il à une démarche de prise en charge ? - Les conséquences d’un faux résultat, faux positif ou faux négatif lié à la qualité intrinsèque du test ou à la mauvaise manipulation de l’utilisateur, ne sontelles pas plus graves que l’absence de dépistage d’une personne ? - L’accès à l’utilisation des auto-tests ouvre la possibilité de les employer dans des situations coercitives. Le test pourrait facilement être imposé par un parent, un conjoint, un employeur, un assureur… ou toute personne ayant autorité ou force morale et/ou physique sur l’intéressé. Le Conseil National du Sida relève déjà dans son rapport de 1998, le risque grave de dérapage médical et social de l’utilisation forcée des auto-tests, pratiqués sous la contrainte, qui mettrait en péril le respect du droit des personnes. - Le cadre législatif du dépistage du VIH en France est extrêmement rigide, même si l’on sait dans la pratique quotidienne qu’il existe des dépistages à l’insu des personnes, lors de bilans pré-opératoires par exemple, et que de nombreux résultats, négatifs en particulier, sont encore rendus sans accompagnement, ni explication. L’autorisation de diffusion et/ou de commercialisation d’auto-tests (auto-prélèvement + auto-analyse) nécessiterait une révision de la législation (textes de loi de 1985 et 1987 complétés par les arrêtés des 4 février 1994 et 2 novembre 1994) sur le CRIPS Provence-Alpes-Côte d'Azur, septembre 2003 3 dépistage. N’est-il pas dangereux d’ouvrir cette porte dans une période où certains principes éthiques sont déjà mis à mal, comme dans le dépistage obligatoire de présumés violeurs (sans aucun fondement scientifique de surcroît) ? - La commercialisation des auto-tests apporte des avantages incontestables dans deux domaines : - ils ne présentent aucun risque de blessure pour le personnel de santé. - leur coût est à la charge de la personne qui se fait dépister et non plus sur le budget de la sécurité sociale. Bibliographie : Toutes les références de la bibliographie sont disponibles et consultables au CRIPS PACA, rangées par ordre de présentation dans un classeur. - BRANSON BM., Home sample collection tests for HIV infection, JAMA, 2000, Vol 283, n°2, pp. 198-199 - CENTER FOR DISEASE CONTROL AND PREVENTION, HIV counseling and testing using rapid tests – United States 1995, MMWR, 1998, n° 47, pp. 211-215 - CHAMARET S., GONZALEZ CANALI G., Etude sur l'utilisation d'un "home test ", Transcriptase 1995, n° 36, pp. 14-15 - CONSEIL NATIONAL DU SIDA, DEFERT D. rapp., Avis du 19 juin 1998 : rapport sur l’opportunité de la mise sur le marché français des test à domicile de dépistage du VIH, in Ethique, Sida et Société, rapport d’activité du Conseil National du Sida, Tome III, La Documentation Française, Paris, 2000, pp. 79-86 - ELLIOTT R., JURGENS R., Dépistage rapide du VIH aux points de services : questions juridiques et éthiques, Montréal : Réseau Juridique Canadien VIH/sida, 2000, 116 p. - JANZE I., Du consentement éclairé à l’usage éclairé, Enable, 2000, n°3, pp. 3-4 - KRIEGER L., STRYKER J., What is the role of HIV testing at home ?, in : HIV prevention fact sheets, CAPS (Center for AIDS Prevention Studies), AIDS Research Institute, San Francisco, 1995, n° 11E ; 2 p. - LANG F., Autotest de dépistage du VIH et test d’autoprélèvement : arguments contre leur mise en route dans les pays européens, Enable, 2000, n°3, pp. 4-5 - MALONZA IM., RICHARDSON BA., KREISS JK., BWAYO JJ., STEWART GCJ., The effect of rapid HIV-1 testing on uptake of perinatal HIV-1 interventions : a randomized clinical trial, AIDS, 2003, vol. 17, n° 1, pp. 113-118 - McQUITTY M., McFARLAND W., KELLOG TA., WHITE E., KATZ MH., Home collection versus publicly funded HIV testing in San Francisco : who tests where ?, Journal Acquir Immune Defic syndr, 1999, Vol 21, n°5, pp. 417-422 - ONUSIDA, Méthodes de dépistage du VIH : ONUSIDA actualisation, Genève : ONUSIDA, 1997, Coll. : Meilleures pratiques, 7 p. - ORS (Observatoire Régional de la Santé) Provence-Alpes-Côte d'Azur, INSERM U379 (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale), Dépistage du VIH en Europe : le point sur les politiques et les pratiques de dépistage, ORS PACA, 2001, 107 p. - RESEAU JURIDIQUE CANADIEN, Progrès des technologies de test du VIH, Réseau juridique canadien, 2000, Feuillet n° 9, 2 p. CRIPS Provence-Alpes-Côte d'Azur, septembre 2003 4 - RESEAU JURIDIQUE CANADIEN, Test du VIH à domicile, Réseau juridique canadien, 2000, Feuillet n°11, 2 p. - REVOY N., Sida : les kits de dépistage sèment le trouble, Science et vie, 2003, 1030, pp.90-93 - ROTILY M., Controverse sur les tests de dépistage à domicile, Transcriptase, 1996, n° 49 numéro spécial Vancouver : XIème conférence internationale sur le sida 7-12 juillet 1996, pp. 28-30 - SHOPPER D., VERCAUTEREN G., Testing for HIV at home : what are the issues ?, AIDS, 1996, 10, pp. 1455-1465 - Conseil et dépistage volontaire : la place des tests rapides, Journal du Sida (Le), 2000, 126-127, p. X - Le Dépistage du VIH à domicile : pourquoi pas au Canada ?, Journal de l’Association médicale Canadienne, 2000, 162, p. 1547. Tous les documents et ouvrages référencés sont disponibles dans les deux centres de documentation du CRIPS Provence-Alpes-Côte d’Azur. CRIPS Provence-Alpes-Côte d'Azur, septembre 2003 5 CRIPS Provence-Alpes-Côte d’Azur Site web : http://paca.lecrips.net/ Nos deux centres de documentation : Marseille 18, rue Stanislas Torrents 13006 Marseille (6ème arrondissement, métro Estrangin-Préfecture) Tel. 04 91 59 83 83 Fax 04 91 59 83 99 eMail : [email protected] Nice 6, rue de Suisse 06000 Nice Tel. 04 92 14 41 20 Fax 04 92 14 41 22 eMail : [email protected] Heures d’ouverture 14h-18h, du lundi au jeudi, 14h-17h le vendredi, le matin sur rendez-vous CRIPS Provence-Alpes-Côte d'Azur, septembre 2003 6