La figurine Spahi SeCretS De faBriCatiOn

Transcription

La figurine Spahi SeCretS De faBriCatiOn
La figurine Spahi
Secrets de fabrication
La passion pour les petits soldats
a largement répondu à la fantaisie
imaginaire enfantine de beaucoup d’entre nous… à l’époque
des culottes courtes où une bonne
note, un bon point, une gentillesse
donnaient bien souvent droit à
une récompense.
La passion des petits soldats ne date pas d’hier.
A Siout, en Haute-Égypte, la tombe du prince Emsah
(XIIe dynastie), contenait une collection de soldats en
bois polychrome représentant des Abyssins et
des Égyptiens ! Cette première collection connue avait
été inhumée avec ce haut personnage il y a quelques
quatre mille ans.
Pendant des siècles, le bois, la terre, la paille ou le
chiffon ont servi à confectionner des sujets que l’on
peut apparenter aux petits soldats. Une longue
évolution, qui conduira jusqu’au petit personnage
en plomb du Moyen-Âge, presque exclusivement à
thème religieux. Mais avant d’arriver aux sujets
militaires, une étape intermédiaire déterminante est
la réalisation de « soldats de cartes ». Ces figurines
plates en carton, souvent dessinées et peintes avec
talent, se découpaient et tenaient verticalement au
moyen d’un petit tasseau de bois ou d’une pliure. Au
XVIIIe siècle, le Dauphin de France étudiait la science
militaire sur des figurines en carton peintes par JeanBaptiste Denis Le Sueur.
Ces petits soldats dits de « Strasbourg » connurent
une popularité grandissante, et de nombreux lieux
de productions se créèrent, naturellement Epinal,
mais aussi Verdun, Metz, Nancy, Tourcoing, Colmar,
Nantes, Paris, …. et bien d’autres.
C’est à la fin du XVIIe siècle que, de l’autre côté du
Rhin, naissaient les premiers éditeurs de figurines
plates en étain appelées là-bas « zinnfigur ».
Les premiers fondeurs se nomment Heinrichsen,
Allgeyer, Bergmann, ou Hilpert. Ils fabriquent des
jouets plats, qui prennent le nom de « Nuremberg »,
du nom du lieu de fabrication.
En France, ils sont le plus souvent désignés sous
le vocable « plat d’étain ». Initialement rangés dans
des boîtes en copeau de sapin, les petits soldats sont
d’abord vendus au poids. Une jolie étiquette collée
sur le couvercle indique le nombre de figurines ainsi
que le thème du contenu. Puis vient le temps de la
boîte en carton et la vente à la pièce.
Mais plus tard, la genèse de la
collection a bien souvent baigné
dans cette nostalgie, alimentée par
la passion. « Prenez la tâche de
collectionner quoi que ce soit et
vous retrouverez le lingot du bonheur en petite monnaie.
Une manie, c’est le plaisir passé à l’état d’idée », disait Balzac
dans le Cousin Pons .
On admet volontiers que l’objet est recherché par un
attachement à un genre culturel défini, à un événement,
se révélant être le dérivatif qui permet de rêver, et nous
savons, ô combien, le rêve est nécessaire.
Monsieur Dominique Vanthier, comme beaucoup de ses
congénères, a servi son pays pendant la guerre d’Algérie,
Sous-lieutenant au 5e Régiment de Spahis Algériens. Mais
une fois son képi galonné posé sur l’étagère des souvenirs,
il a commencé à collectionner toutes sortes de figurines
ayant un rapport avec les Spahis.
Puis, de l’achat plaisir, il est passé à la recherche d’objets
rares ou anciens. Aujourd’hui c’est d’une collection riche
de plus de 1500 pièces que Dominique Vanthier, soucieux
de pérenniser sa collection, a fait don à l’Association
« Le Burnous ».
Cette collection a donc rejoint le musée des Spahis de
Senlis. « L’objet de la Saison » nous donne l’occasion d’en
présenter un large extrait.
Petit à petit, chez certain fondeurs, les sujets plats
prennent de l’épaisseur. Ainsi naîssent les demirondes-bosses. Au lendemain de la Révolution, le
fondeur français Charles-Florent Lucotte commence
à imposer les petits soldats en ronde-bosse. Cette
technique, qui représente le personnage en trois
dimensions, permet une approche plus réaliste du
sujet. En 1858, trois autres artisans parisiens, Cuberly,
Blondel et Gerbeau, s’associent et créent sous leurs
initiales CBG, des cavaliers et des fantassins en plomb
massifs.
En 1930, l’utilisation par M. Quirin de l’aluminium
pour la fabrication des jouets obtient un succès
considérable tant sur le rapport économique que
sur le plan pratique, l’aluminium étant (presque)
incassable. Le vocable de cette qualité première va
servir de slogan à la société Quiralu et à ses imitateurs.
La venue de la matière plastique bouleverse
profondément le monde de la figurine. Le prix
de revient d’une figurine est sans rapport avec les
figurines métalliques. La légèreté, la solidité,
les couleurs chatoyantes émerveillent les enfants
qui n’ont plus dans
leurs caisses à jouets
des soldats devenus
ternes parce que trop
écaillés, à force de
recevoir des billes ou
des cailloux !
Les fabricants doivent
alors se plier aux
exigences de ce nouveau
marché, ou disparaître.
Hélas, les plus grands
noms disparaîtront !
Décembre 2013 - février 2014
Arrivée de la figurine Spahi
En ce qui concerne les Spahis, si dès 1830 apparaissent
dans notre armée les premiers escadrons de
cavalerie indigène, c’est à la date du 7 décembre 1841
que le roi Louis-Philippe signe l’ordonnance
royale créant le corps unique de cavalerie indigène qui
donnera naissance aux régiments de Spahis.
La somptuosité de l’uniforme des Spahis inspire très
vite les imagiers et fondeurs de figurines.
En soldat de papier Gustave Fishbach dessine ses premières
planches de Spahis en 1871, très vite suivi par les imagiers
d’Epinal. La série « Pro-Patria » de H. Bouquet, incorpore
les Spahis dans les années 1928 à 1931. Plus près de nous,
Georges Klaenchi publie deux planches en couleurs du
5e régiment de Spahis en 1945.
En plat d’étain, c’est la maison Allgeyer qui produit les
premiers Spahis, vraisemblablement vers 1850, et en
France, CBG sort des Spahis algériens et marocains vers
1930.
La figurine en ronde-bosse donne une très large place aux
Spahis, d’abord en plomb, puis en plomb creux, enfin en
aluminium afin d’accroître la solidité de la figurine, mais
aussi les coûts. Cette production évoluera bien entendu vers
les matières plastiques, mais de nombreux essais en matière
composée tentèrent les fabricants, poudre d’ardoise,
terre cuite, pâte à bois, papier-mâché, plâtre et d’autres
matériaux similaires.
Peut-être verrons-nous
demain apparaître de
nouveaux matériaux
ou de nouvelles
techniques ? Mais il
restera toujours de quoi
nourrir nos rêves et
notre imagination.
’objet de la
Musée des Spahis
Place du parvis Notre-Dame
60300 Senlis
T +33 (0)3 44 29 49 93
[email protected]
www.musees-senlis.fr
Horaires
mardi de 14h à 18h
mercredi-jeudi-vendredi
de 10h à 12h et de 14h à 18h
Samedi-dimanche et
jours fériés*
de 11h à 13h et de 14h à 18h
* sauf les 25 décembre,
1er janvier et 1er mai
Accès
Depuis Paris (45 km) ou
Lille (175 km), autoroute A1,
sortie 8 Senlis
SNCF : Gare du Nord Chantilly
puis bus ligne 15.
Tarifs
Billet unique donnant accès
aux musées de Senlis.
Tarifs au 1er janvier 2013 :
Pass musées : 4 euros
Billet unique : 3 euros
Gratuité le 1er dimanche
de chaque mois
et pour les moins de 18 ans.
Daniel Guédras
Ci-dessus
Plan © Pierre Milville, 2009
En couverture
Photographies :
Vue du musée des Spahis © musées de Senlis
Photographie © Daniel Guédras
Pages intérieures, photographies :
© Daniel Guédras
Conception graphique :
© musées de Senlis, 2013
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