Le train d`enfer d`ABB Sécheron

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Le
train d’enfer
d’ABB Sécheron
«Vous exposer ce que je décris aujourd’hui était inimaginable il y a
quatre ou cinq ans.» Ainsi s’exprimait Jean-Luc Favre, directeur général
d’ABB Sécheron, lors d’une conférence de presse organisée en novembre
dernier à l’aéroport de Genève. Leader mondial pour les transformateurs
de traction des locomotives, l’entreprise du bout du lac affiche une
progression fulgurante depuis 2001. Signe patent de vitalité, la société
lance des innovations qui s’inscrivent comme des premières mondiales
et porte des projets d’envergure comme le train pour la banlieue
d’Alger. En voiture s’il vous plaît!
Catherine Crausaz
La mobilité est un maître mot pour ABB
Sécheron. Ses produits se trouvent partout où des composants sont mis en mouvement grâce à l’énergie électrique, soit
aussi bien dans des locomotives, que des
funiculaires ou des navires. La technologie ABB est présente dans pratiquement
tous les moyens de transport. Si bien que
les affaires vont bon train pour ABB
Sécheron, qui figure parmi les principales entreprises industrielles de la place de
Genève.
Nombre d’emplois en constante progression, forte augmentation du chiffre d’affaires, carnet de commandes bien rempli,
ABB Sécheron a réussi sa reconversion.
Les années 1995 à 2001 ont été marquées par plusieurs vagues de licenciements (six en sept ans). Au terme de cette
restructuration en profondeur, la compagnie a redéfini sa stratégie et recentré ses
activités sur le marché ferroviaire mon-
dial et la distribution d’énergie électrique
en Suisse. Désormais centre d’excellence
mondial en matière de rail pour le groupe, ABB Sécheron a conclu des alliances
stratégiques avec Bombardier, Alstom
Transport, Siemens et Stadler Rail.
Pour le directeur Jean-Luc Favre (au centre, costume
sombre), la progression fulgurante d’ABB Sécheron
s’explique notamment par une nouvelle approche du
Savoir être local
Mais quels sont les secrets de cette
renaissance réussie qui va de paire avec
une croissance spectaculaire? «C’est
l’approche», affirme avec assurance le
directeur Jean-Luc Favre. ABB ne se
concentre plus sur un produit, mais travaille autour d’un marché. «Avant, nous
bénéficiions de partenaires privilégiés.
Aujourd’hui, nous nous positionnons
comme indépendants sur un marché
mondial.» Ainsi ABB se profile avec un
portefeuille de produits et propose des
solutions globales. L’autre force du groupe est sa capacité à être local là où il le
faut. «Les Chinois veulent bien des technologies ABB, mais pour autant que les
produits soient fabriqués chez eux»,
illustre Jean-Luc Favre. Ainsi 2007 sera
marquée par le lancement de la production à Datong.
L’entreprise réalise une grande partie de
son chiffre d’affaires à l’exportation. «Et les
bénéfices sont au rendez-vous, alors que
nous travaillons avec la main-d’œuvre la
plus chère au monde», se félicite Jean-Luc
Favre, qui croit dur comme fer à l’excellence et au savoir-faire helvétique. La
société genevoise fabrique déjà en Inde.
Prochain marché à conquérir: la Russie.
marché: «La stratégie est globale et nous avons réduit
le nombre de sites.» (Photo: CC)
Portrait express
• Fondée en 1879 et basée à Genève, ABB Sécheron est entrée en 1969 dans le groupe
BBC Brown Boveri, qui est plus tard devenu ABB.
• Dirigée par Jean-Luc Favre, la société emploie 274 collaborateurs. Depuis 2001,
ABB Sécheron a créé plus de 70 emplois, dont 70 % à la production.
• Après diverses réorganisations entre 1995 et 2001, l’entreprise est aujourd’hui en
pleine croissance. En 2005, elle a réalisé un chiffre d’affaires de 117 millions de
francs, dont 60 % dans le secteur du rail. La barre des 200 millions devrait être franchie en 2010.
• ABB Sécheron s’est spécialisée dans le marché mondial du rail et dans le marché
helvétique de transmission et de distribution d’énergie électrique. A Genève, sur le
site de Meyrin-Satigny qui a été inauguré en 1992, la société produit des transformateurs de traction et de l’équipement électrique de moyenne tension.
• ABB Sécheron est membre du groupe ABB Suisse SA à Baden. Spécialisée dans le
développement et la vente de systèmes et de solutions d’automatisation assistées
par la technologie de l’information ainsi que d’installations à haute et moyenne tension, ABB Suisse a enregistré un chiffre d’affaires de 2,2 milliards de francs en 2005.
• Leader dans la technique de l’énergie et de l’automatisation, ABB emploie actuellement quelque 107 000 personnes dans plus de 100 pays à travers le monde. Le
groupe a réalisé un chiffre d’affaires de 22,4 milliards de dollars en 2005. En Suisse,
ABB compte quelque 5000 collaborateurs.
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Dans le tunnel du Lötschberg
Parmi les dernières innovations qui font
la fierté de l’entreprise figurent des transformateurs multi-performants pour les
trains de la SNCF. «C’est la première fois
que la France ouvre ses marchés à quelqu’un d’autre qu’Alstom», commente le
directeur d’ABB Sécheron. L’autre innovation dont peut se targuer la lauréate du
Prix de l’industrie 2005 du canton de
Genève est l’alimentation en énergie du
tunnel de base du Lötschberg, un tunnel
à deux voies d’une longueur de 34,6 km.
ABB va livrer clés en main l’équipement
de distribution d’énergie de traction (16,7
Hz) et l’équipement d’énergie d’infrastructure (50 Hz).
ABB Sécheron va par ailleurs équiper le
projet Glattalbahn à Zurich avec deux
partenaires. Elle fait également son
entrée en Afrique du Nord avec un
contrat de plus d’un million de francs de
matériel fourni au géant Alstom dans le
cadre du projet de transport de la banlieue d’Alger.
Effectif en hausse, chiffre d’affaires en progression, carnet de commandes bien rempli, les affaires vont bon train
pour ABB Sécheron, qui emploie 274 personnes à Meyrin (GE). (Photo: DR)
Une plate-forme peut en cacher une autre
ABB propose une large palette de produits pour la traction
électrique ferroviaire, notamment des transformateurs de
traction pour locomotives et automotrices sous tous les systèmes d’alimentation, marché sur lequel le groupe ABB est
leader mondial.
L’usine genevoise d’ABB Sécheron SA fabrique des transformateurs de traction depuis l’adoption de l’alimentation en
tension alternative. Il y a six ans, elle se spécialisait dans les
transformateurs de traction ferroviaire, dont elle détient 50 %
du marché mondial. L’un des derniers-nés d’ABB en collaboration avec Bombardier permettra au nouvel Autorail Grande
Capacité (AGC) de la SNCF d’être totalement polyvalent.
Captant les différentes tensions d’alimentation de la caténaire
ou fonctionnant en autonome (diesel) sur les lignes non électrifiées, une même rame pourra circuler sur l’ensemble du
réseau ferroviaire français.
Cette innovation est particulièrement remarquable. Si, à l’origine, ce type de rame avait été développé pour combiner les
deux systèmes d’alimentation électrique français (1,5 kV
Du 24 au 26 novembre dernier, ABB Suisse s’est présenté au public dans l’aéroport de Genève au travers d’une exposition mettant en scène tous les moyens
de transport. (Photo: CC)
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continu et 25 kV/50 Hz, et la motorisation diesel), l’association de tous ces systèmes dans un même véhicule n’était pas
prévue. Le transformateur avait donc été conçu pour prendre
la place du générateur diesel, excluant ainsi la cohabitation
des deux motorisations. Pourtant, lorsqu’il a été question de
construire des rames associant les trois systèmes de traction,
ABB a relevé le défi et en a démontré la faisabilité.
Transformateur en toiture
A l’origine, ABB a conçu un transformateur de traction compact, robuste et fiable qui s’installe sous la caisse dans le
même espace que le moteur diesel/générateur permettant à
Bombardier de fabriquer un seul modèle de caisse pour tous
les modes de traction. Le transformateur abaisse la tension
pour alimenter non seulement les moteurs de traction, mais
également les auxiliaires (climatisation, éclairage, signalisation, systèmes d’information) ainsi que les systèmes de sécurité (freins, chargeurs de batterie).
Ensuite, pour s’adapter à toutes les configurations et permettre la réalisation d’un train pouvant circuler partout, ABB a dû
imaginer un transformateur placé ailleurs dans le train afin de
conserver le système de propulsion diesel et ceci sans affecter
ni la structure du véhicule, ni sa capacité. Le transformateur
est installé en toiture. Le reste de la rame est doté d’un plancher bas continu offrant une meilleure accessibilité aux voyageurs à mobilité réduite ainsi qu’à ceux transportant une bicyclette, une poussette, etc. Le plancher bas permet par ailleurs
de réduire le temps d’arrêt en gare et, par conséquent, d’optimiser l’exploitation de la capacité des lignes.
Idéal pour toute la France
A l’issue du programme de livraison, plus de 500 rames AGC
circuleront sur les 29 500 km du réseau SNCF, dont 15 800 km
de lignes non électrifiées, 5800 km alimentées en 1,5 kV
continu et 7900 km en 25 kV alternatif. Un train idéal en
quelque sorte, capable de circuler partout en France, de
Dunkerque à Nice et de Brest à Strasbourg.
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