Interview Dennis Martin FRA.

Transcription

Interview Dennis Martin FRA.
DENNIS MARTIN
GENTLEMAN
& WARRIOR
A l'occasion de la sortie de son livre "Working With
Warriors", Dennis Martin a eu la gentillesse de m’
accorder une interview exclusive, dans laquelle il nous
livre ses réflexions sur le combat, l'entraînement et les
métiers de la sécurité... enjoy !!
Rico : Tout d’abord Dennis, je
voudrais vous remercier chaleureusement
d’avoir accepté de répondre à ces
quelques questions pour notre
site. Pourriez-vous, s’il vous
plaît vous présenter en quelques
mots ?
Au début, était-ce vraiment le métier que
vous vouliez faire, ou était-ce seulement
pour l’argent ?
Dennis Martin : Je
m’appelle Dennis Martin, je suis
de Liverpool en Angleterre, et je
suis ravi de répondre à tes
questions, Rico.
R : Commençons par vos
jeunes années, quel genre
d’adolescent étiez-vous à
l’époque ?
D.M. : J’ai eu une éducation
plutôt normale. Je n’ai jamais été
vraiment intéressé par les sports comme
le football pendant que j’étais à l’école.
J’ai découvert le Judo à l’âge de 15 ans,
et ce fut le début de tout ce que j’ai fait
depuis.
R : Quand avez-vous commencé à
travailler comme portier à Liverpool ?
Dennis démontrant le «Chin-Jab» sur Terry
O’Neill.
D.M. : Le premier boulot de sécurité
que j’ai pris était uniquement pour
l’argent. Pour me faire un peu d’argent en
prévision de Noël, j’ai travaillé dans un
restaurant indien du centre ville qui était
ouvert toute la nuit, mon boulot
consistait à m’assurer qu’aucun client ne
1]
quitte le restaurant sans payer.
Après ça, on m’a demandé de
m’occuper du Blue Angel Club [qui fut, le
premier « vrai » night-club de
Liverpool et la propriété d’Allen
Williams, le premier manager
des Beatles]. Finalement, j’ai
travaillé régulièrement au Blue
Angel, avant de commencer à
travailler au Victoriana avec
Terry O’Neill.
A ce moment-là, le boulot à
commencé à devenir plus
amusant et plus éducatif.
R : Travailler avec des mecs
comme Tommy Mac, Gary
Spiers et Terry O’Neill a
évidemment du être une grande
expérience, à la fois en tant que
portier et en tant pratiquant d’arts
martiaux, mais j’ai l’impression que vous
vous amusiez beaucoup aussi, n’est-ce
pas ?
D.M. : En y réfléchissant, c’est vrai qu’on
rigolait beaucoup, Terry, en particulier,
était constamment en train de s’amuser.
Travailler avec Gary et Terry, c’était
comme regarder un duo de comiques ! dangereux que ce qu’il n’était quand j’ai
On était de vrais amis et on passait commencé.
également la plus grande partie de notre Je travaille toujours régulièrement au
temps libre ensemble.
centre-ville et c’est un excellent stimulant
pour continuer à s’entraîner dur.
R : En parlant de Terry et de ses
fulgurantes techniques de jambe, je
R : Vous avez travaillé en de
pense qu’il est une des rares preuves
vivantes que les coups de pied à la tête
(high kicks) peuvent être efficaces dans
un combat de rue. A votre avis, pourquoi
Terry était-il capable de rendre ces
nombreuses occasions dans le domaine
de la protection rapprochée, en tant que
garde du corps. Comment ces
expériences ont-elles changées vos
habitudes d’entraînement ?
techniques efficaces, alors que d’autres
excellents portiers et pratiquants d’arts
martiaux, échouaient dans ce contexte
particulier ?
Séance de tir durant une formation de
D.M. : Je pense qu’il y a deux
facteurs principaux :
Premièrement, Terry a développé une
maitrise absolue de la technique.
Ses coups sont naturels, comme-ci il ne
gardes du corps.
Ensuite, « Lofty » Wiseman (3) et moimême avons réalisé ensemble un
syllabus détaillé dans lequel il a incorporé
beaucoup de méthodes utilisées durant la
produisait aucun effort, et délivré depuis
une hauteur impressionnante.
Terry pouvait lever son genou à hauteur
de son oreille quand il frappait.
Deuxièmement, Terry a la faculté
d’analyser le danger à une vitesse
hallucinante. Pour utiliser des termes
actuels : sa boucle OODA est
extrêmement rapide et efficace.
Au moment même ou son adversaire
commençait à concevoir l’idée de
battre, il était déjà inconscient !
Franchement, il fallait le voir pour
croire… je me souviens encore de
première fois où j’ai vu Terry allonger
seconde guerre.
Si on y réfléchit bien, nos impératifs
étaient fort semblables à ceux de
l’époque : un groupe de personnes à
l’entraînement disparate et un temps de
Den’ en plein jogging avec Danna Feller, Miss
Israël 1979 (notez le regard du Bobby de
faction).
D.M. : Dans la protection
se rapprochée, la priorité est de protéger le
VIP, ce que nous appelons la « protection
le des tiers », ce qui est une orientation
la fondamentalement différente de la
un protection personnelle.
type pour le compte, c’est resté gravé
dans ma mémoire.
R : Vous avez un passé de karatéka «
traditionnel », pourquoi avez-vous
R : Il semble qu’au départ, votre commencé à vous entrainer et finalement
entraînement au Karaté vous donnait un à enseigner les techniques de closeénorme avantage sur les gens «normaux». combat de la seconde guerre mondiale
De nos jours, beaucoup de monde (WWII Combatives) ?
s’entraîne au MMA (1), au Muay Thaï et
autres. A votre avis, comment cela
D.M. : C’est dans la suite logique de
affecte-t-il le métier de portier ?
ta dernière question. Quand nous avons
proposé la première formation pour garde
D.M. : Nous rencontrons, en effet,
plus de gens entrainés dans un style ou
une autre, et de plus en plus le MMA
semble devenir LA méthode de choix.
du corps en Angleterre, en 1985, nous
recherchions un système pour entraîner
des personnes qui avaient tous des
profils et des expériences différentes :
Cependant, dans nos villes, la plus des pratiquants d’A.M. de haut niveau,
grande menace reste les couteaux et les des soldats et des novices complets. Je
armes à feux.
me suis tourné vers les travaux de W.E.
L’utilisation d’armes lors d’attaques de Fairbairn (2), pour construire une ébauche
gangs, a rendu le métier bien plus de cours.
2]
préparation et de formation limité. Ce qui
réclame un système pouvant être utilisé
de façon spontanée, tout en étant
complètement intégré avec l’utilisation
des armes à feux et des autres armes
personnelles.
R : Ce que j’ai toujours apprécié dans
la mentalité des « Combatives », c’est que
l’on mélange différents aspects de
l’entrainement (mains nues, couteau,
baton, armes à feu, premiers soins,
tactiques, …) en une seule méthode
«intégrée». A l’ACDS, notre philosophie
est de s’entraîner pour être efficace « de 0
à 1000m ». Quelle est l’importance de ce
concept d’ « intégration » dans votre
entraînement ?
D.M. : C’est essentiel !
C’est le concept de base du CQB!
Plutôt que de séparer les spécialités,
nous les intégrons dans l’entraînement
pour produire ce que nous appelons une
« transition fluide » entre les niveaux de
force.
Den’
en patrouille avec
le Robbery Reaction
Team de la police
Sud-africaine
R : Un grosse partie de notre
entraînement est centrée sur le couteau,
principalement parce que c’est l’arme la
plus couramment employée dans la rue et
probablement une des plus dangereuses.
Comment couvrez-vous ce sujet
particulier dans vos cours ?
O’Neill comme portier, me prêta le livre
« Unlimited Power » de Tony Robbins,
et j’ai tout de suite accroché sur ce
concept. Finalement, j’ai été certifié
comme praticien en P.N.L. par son
fondateur, Richard Bandler (7).
L’entraînement neuronal travaille sur
différents « états » et, de ce fait, est
D.M. : En ce qui concerne la défense très efficace dans le cadre de la
contre armes blanches, le meilleur
protection personnelle, car elle permet
système que j’ai rencontré jusqu’ici est le d’installer l’état d’esprit requis pour
système « G.U.N. » enseigné par Gary
agir en étant soumis à un stress
Klugiewicz (4) du Milwaukee Sheriff’s
intense. Marcus à créé un programme
Department. A la base, ce système à été
appelé « Mind’s Eye Shooting Program
», et je lui ai donné un coup de main
développé pour les agents pénitenciers,
qui évoluent dans un environnement ou
sur certains drills et exercices.
les risques d’attaques à l’arme blanche
Nous avons enseigné ce programme
sont très élevés. Les agents ne portent
sur trois continents différents et les
pas d’arme à feu dans l’enceinte de la
résultats sont, franchement,
prison, ce qui rend les conditions quasi
impressionnants.
similaires à ce que le grand public connait Comme tu le sais, le tir est quelque chose
ici en Europe, où les permis CCW (5) sont de facilement « quantifiable », nous avons
plutôt rares. Nous enseignons aussi
donc pris des notes sur la vitesse et la
l’utilisation offensive du couteau pour des précision afin de savoir si la méthode
produit des résultats, ce qui est le cas…
gens qui en ont l’utilité, en nous basant
essentiellement sur des méthodes issues, bien au-delà de ce à quoi nous nous
elles aussi, de ce qui était enseigné
attendions. Cela nous a donné les bases
durant la seconde guerre.
pour pouvoir appliquer les concepts
similaires dans des domaines moins «
R : Vous êtes, avec Marcus Wynne
quantifiables » et plus subjectifs, comme
(6), un des pionniers de l’utilisation de la
celui du combat à mains nues. A ce sujet,
P.N.L. (Programmation NeuroMarcus Wynne présentera son
Linguistique) dans le cadre de
programme « Mind’s Eye Shooting » en
Scandinavie dans le courant de cette
l’entraînement aux « Combatives ».
année. Les lecteurs peuvent prendre
Comment avez-vous découvert cette
méthode et en quoi, à votre avis, peut-elle contact avec moi, via mon site
améliorer l’entraînement ?
www.cqbservices.com si je peux les
renseigner de quelque façon que ce soit.
D.M.: J’ai eu l’occasion de visiter le
centre d’entraînement de Marana en
R : Dennis, merci encore pour cette
Arizona, quand Marcus Wynne y formait
petite interview, et cet excellent livre
les Federal Air Marshall, c’est lui qui m’a
qu’est « Working With Warriors »
parlé pour la première fois de la P.N.L. De
retour à la maison, mon vieil ami Tommy
McNally, qui avait fait débuter Terry
Working With Warriors
Par Dennis Martin
Dennis Martin
Website:
www.cqbservices.com
Milo Books Publisher
ISBN: 978-1903854792
Toutes les photos utilisées
dans cette interview sont la
propriété de M. Martin et sont
utilisées avec son aimable
autorisation.
3]
Notes:
(1)M.M.A. : Mixed Martial Arts, une
dénomination générique désignant les sports de
type « free-fight »
(2)Major William E. Fairbairn, considéré
unanimement comme le père fondateur du closecombat. Un excellent article de Phil M. (a.k.a.
TheBristolBloke) sur le site de Dennis : http://
www.cqbservices.com/?page_id=59
(3)John « Lofty » Wiseman Légende vivante du
non moins légendaire 22nd SAS (Special Air
Service), « Lofty » dispense encore actuellement
ses connaissances en survie avec la Trueways
Survival School (http://www.survival-school.org/
Default.aspx?tabid=372 )
(4)Gary Klugiewicz Un article de Gary sur le
système G.U.N. (Grab Undo Neutralize) http://
www.policeone.com/columnists_internal.asp?
view=94340&vid=102828
(5) Le Concealed Carry Weapon (C.C.W.) est un
terme générique qui désigne, dans les pays anglosaxons, le port légal d’une arme à feu par un
citoyen. Dans la majorité des cas, l’arme doit être
portée de façon à ne pas être vue par un tiers, d’où
le terme « concealed » qui signifie « cachée /
dissimulée ».
(6) « Operator » bien connu des professionnels
de la profession, auteur de romans à succès,
instructeur de renom, spécialiste de la P.N.L. …
meet Mr. Marcus Wynne : www.marcuswynne.com
(7) Richard Bandler est le co-fondateur de la
Programmation Neuro-Linguistique (P.N.L.) avec
John Grinder.
Son site web : www.richardbandler.com
INTERVIEW PAR
ERIC «RICO» LEMAIRE
www.acdsbelgium.org
[email protected]