Recommandations concernant le dépistage de l`intoxication au plomb

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Recommandations concernant le dépistage de l`intoxication au plomb
Recommandations
concernant le
dépistage de
l’intoxication au
plomb chez l’enfant
Les efforts des intervenants de la Santé Publique ont permis une chute drastique des cas
d’intoxication au plomb chez les enfants, particulièrement via la diminution progressive
de la teneur en plomb de la peinture commerciale (de 1950 à 1978) et la disparition du
plomb dans l’essence depuis 1990. Toutefois, comme l’intoxication au plomb provoque
des dommages permanents, le meilleur traitement reste la prévention.
Cependant, le plomb reste présent dans la peinture ancienne, le plâtre et la poussière
des vieilles maisons, de même que dans leur système d’approvisionnement en eau d’origine. De plus, des dépôts résiduels de plomb persistent encore dans le sol suite à l’usage
ancien d’essence au plomb, de pesticides à l’arséniate de plomb et de dépôts de peinture
industrielle sur des infrastructures extérieures dans lesquelles la teneur en plomb reste
élevée. Récemment, un avis de Santé Canada encourage la prudence avec certains produits
de consommation courante. Certains maquillages, jouets et bijoux pourraient être peints
avec des peintures contenant du plomb.
Les données probantes canadiennes, via le Groupe d’étude canadien sur l’examen médical
périodique, datent de 1994 et recommandaient de procéder à un dosage de la plombémie
à l’âge de 1 an et de 2 ans chez les enfants à risque élevé d’intoxication au plomb. Cette
recommandation n’a pas fait l’objet d’une révision récente au Canada mais, aux États-Unis,
le US Preventive Services Task Force avait recommandé en 1996 le dépistage universel
de routine des enfants asymptomatiques mais l’observance de cette directive a été très
faible. La recommandation de ce groupe d’étude a été révisée en décembre 2006 au profit
d’un dépistage sélectif pour les enfants à risque. Auparavant en 2005, le CDC (Centers for
Disease Control and Prevention) et l’association Américaine de Pédiatrie ont redéfini les
enfants à risque comme étant les suivants :
✓Les enfants vivant ou se rendant régulièrement dans les habitations construites
avant 1950 ;
✓Les enfants dont un frère, une sœur, un enfant qui partage le même logement ou
un compagnon de jeu a souffert d’une exposition au plomb ;
✓Les enfants vivant avec un adulte exposé au plomb à cause de son travail ou de son
passe-temps ;
✓Les enfants qui vivent à proximité d’industries traitant le plomb ou de voies de circulation très fréquentées.
Mise à àj jour : novembre 2004
✓Les enfants vivant ou se rendant régulièrement dans des habitations construites
avant 1978, où des travaux de rénovation sont en cours ou ont été achevés récemment dans les derniers 6 mois ;
ABCdaire — Suivi collaboratif des 0 à 5 ans
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D’autres enfants à risque sont susceptibles de souffrir d’intoxication au plomb, tels que :
✓Les enfants présentant un retard de développement avec des habitudes persistantes
de pica ;
✓Les enfants issus de l’adoption internationale exposés dans leur milieu d’origine à
de la peinture au plomb, un ameublement ou leur berceau détériorés ou de l’eau
contaminée par un système d’aqueduc désuet ;
✓Les enfants immigrants en provenance de pays à risque, particulièrement d’Asie,
d’Afrique ou de l’Europe de l’Est.
Plus récemment, une vigilance accrue a mis en évidence des sources insoupçonnées
de produits contenant du plomb (cosmétiques pour les yeux, jouets et bijoux d’enfants,
remèdes traditionnels), la plupart importés de l’étranger et ayant échappé aux normes
usuelles de fabrication locales canadiennes ou américaines (voir Annexe #1 à la suite de
cette section).
Déceler des plombémies supérieures à 10 µg/dL permet de repérer ces cas et d’intervenir
pour éviter les complications dues à l’exposition au plomb ou éviter que la plombémie
n’atteigne ultérieurement un niveau toxique. Cependant, les études récentes rapportent
que même des niveaux inférieurs à 10 µg/dL peuvent avoir un impact sur le quotient
intellectuel de l’enfant et sur sa performance scolaire future.
Le spectre de traitement de l’intoxication au plomb varie de la décontamination des
résidences et du sol environnant jusqu’au traitement chélateur de l’enfant en milieu spécialisé selon la gravité de l’atteinte. Les normes canadiennes et américaines diffèrent encore
à ce sujet. Dans tous les cas, le praticien est tenu de déclarer une éventuelle intoxication
au plomb au département de Santé Publique pour approfondir l’évaluation de la source
de contamination et définir le meilleur choix thérapeutique.
Références
1. Groupe d’étude canadien sur l’examen médical périodique. Guide canadien de médecine
clinique et préventive, Santé Canada, 1994.
2. Rischitelli, Nygren, Bougatsos, Freeman et Helfand, Screening for Elevated Lead Levels
in Childhood and Pregnancy :An Update Summary of Evidence for Preventive Services
Task Force, Pediatrics, volume 118, numéro 6, décembre 2006.
3. American Academy of Pediatrics, Committee on Environmental Health, Lead exposure
in children: prevention, detection and management, Pediatrics, 2005; 116 : 1036-1046.
4. Stephen N Tsekrekos, Irena Buka, Lead levels in Canadian children: Do we have to review
the standard?,Peadiatric Child Health, vol 10, numéro 4, avril 2005.
5. Woolf, Goldman etBellinger, Update on the Clinical Management of Childhood Lead
Poisoning, Pediatric Clinics of North America, 54 (2007), p. 271-294.
6. Binns, Campbell et Brown, Interpreting and Managing Blood Lead Levels of Less Than
10 ug/dL in Children and Reducing Childhood Exposure to Lead: Recommendations of
the Centers for Disease Control and Prevention Advisory Committee on Childhood Lead
Poisoning Prevention, Pediatrics, volume 120, numéro 5, novembre 2007, p. 1285-1298.
Recommandations concernant le dépistage de l’intoxication au plomb…
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7. Bellinger, D. C. Very low exposures and children’s neurodevelopment.Current opinion
inPediatrics, 2008, numero 20, p. 172-177.
8. Lanphear, Dietrich, Auingeret Cox. Cognitive deficits associated with blood lead concentration <10 ug/dL in US children and adolescents. Public Health Reports, novembre/
décembre 2000, volume 115.
9. Henreting, Fred M. ‘Lead.’ Ed. Goldfrank et al. 7eed. New York : McGraw-Hill, 2002.
1200-27 et de Margaret D. Sanborn, Alan Abelsohn, Monica Campbell and Erica Weir,
‘Identifying and managing adverse environmental health effects : 3. Lead exposure’
CMAJ May 14, 2002; 166(10) : 1287-1292. http://cmaj.ca/cgi/content/full/166/10/1287.
Annexe 1 • Sources d’intoxication au plomb chez l’enfant
Environnement
✓ Jouets, berceau ou meubles antiques
✓ Aliments contaminés : légumes du jardin, épices importées, suppléments de calcium, farine
✓ Cosmétiques (ex : khôl)
✓ Artisanat (glaçure de céramique, pigments de peinture, vitraux avec soudure de plomb)
✓ Eau du robinet (premier jet matinal, eau chaude)
✓ Poussière
✓ Remèdes traditionnels (ex : litarigio, azarcon, balibali)
✓ Produits importés à base d’herbes ou suppléments diététiques
✓ Plats de cuisine importés en céramique ou en étain
✓ Methamphétamine
✓ Peinture industrielle
✓ Plâtre industriel
✓ Sol contaminé
Activités diverses
✓ Brûler du bois peint
✓ Loisirs (tir de précision, teinture de verre, glaçure de céramique, vitraux)
✓ Rénovation intérieure, décapage de boiseries
✓ Métiers (réparation d’auto, démolition, mines, fonderie, plomberie, manufacture de
batteries, peinture industrielle, soudure, construction et rénovation)